Coloquio Jules Supervielle
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COLOQUIO JULES SUPERVIELLE Coordinador: ]osé Pedro Dîaz - Actas del Coloquio Supervielle 25, 26 y 27 de octubre de 1995 Montevideo - Uruguay Ministère des Affaires Etrangères Ambassade de France en Uruguay Ediciones de la Banda Oriental 1 PREFACIO· Solo en estos aiios, en esta ûltima década del siglo, se nos hizo posible estudiar y celebrar, en compafifa de escritores y profesores universitarios de varios pafses, la obra de los Ires poetas que el Uruguay dio a Francia, integrândola asf de marrera mas viva a nuestra cu_ltura. Con intervalos de solo un par de afios se cumplieron 1 en Francia y en Uruguay 1 tres encuentros en los que se estudiaron las obras de Isidore Ducasse, Jules Laforgue y Jules Supervielle. El resultado de los dos primeros encuentros fue recogido en dos vohimenes: el primero, que reune los trabajos presentados en el coloquio de Montevideo de 1992, lleva el tftulo de "Lautréamont & Laforgue: La quête des origines" y fue editado por la Academia Nacional de Letras del Uruguay: el segundo contiene el conjunto de los trabajos lefdos en las sesiones que ~e llevaron a cabo en las ciudades francesas de Pau y de Tarbes en· 1994, y se titula "Lautréamont et Laforgue dans son siècle": este integra los "Cahiers Lautréamont", livraisons XXXI-XXXII, que se editan en Francia. Tanto la organizaci6n de estas encuentros, coma la posterior publîcaci6n de los trabajos que se presentaron, es fruto de la generosa disposiciôn del Servicio Cultural de la Embajada de Francia en nuestro pais y en particular del empefio de uno de sus mâs entusiastas integrantes, el Prof. Daniel Lefort. El tercero de estos encuentros Io debemos especialmente a la devociôn del Prof. Michel Collot por los valores que en esta ocasién deberîan considerarse. Cuando estimé que ya estaba ·po_r aparecer el volumen de la Colecciôn La Pléiade que rellne, precisamen te -gracias a la magnitud y delicadeza de su trabajo-, toda la obra poética de Supervielle1, Tapa: imaginé que serfa interesante que ese tomo se presentara en el Uruguay, en Montevideo. Retrato del poetaJules Supervielle Para ello sugiriô la realizaci6n de un coloquio académico en el que estudiosos de di versos Xilografia de Federico Lanau. (RevistaL.a Pluma, marzo de 1928). pafses se ocuparian de la obra del poeta. Ese fue el punto de parti da de loque ahora es este volumen. El mismo Prof. Collot"convoc6 a algunos de los especialistas que lo acompa- © EDIC!ONES DE LA BANDA ORIENTAL S.R.L. Gaboto 1582 -Tel.: 48 3206 - Fax: 49 8138 11.200 - Montevideo El volumen aludido solo apareciô algunos meses después de realizado el Coloquio: Jules Supervielle: Oeuvres poétiques complètes. Édition publiée sous la direction de Michel Collot Queda hecho el dep6sito que marca la ley avec la collaboration de Françoise Brunot-Maussang, Do1ninique Combe, Christabel Grare, Impreso en el Uruguay - 1997 James Hiddleston, Hayun-Ja Kùn-Schmidt, Michel Sandras. NRF Gallimard. 1996. 6 fiaron a preparar aquella edici6n y a otros colegas. Y a ellos se sumaron otros investiga- 1 dores uruguayos. Este encuentro ofreci6 ta1nbién la oportunidad de escuchar di versas exposiciones de los profesores visitantes en nuestraFacultad de Humanidades y Ciencias de la Educaci6n. En la realizaciôn del correspondiente programa contamos con la generosa contribu ci6n de la Embajada de Francia, de la Alliance Française de Montevideo y de nuestra Universidad de la Republica. La publicaci6n de este volumen fue posible rnerced a la amistosa colaboraci6n de Ediciones de la Banda Oriental. J.P.D. LAS CIRCUNSTANCIAS JULES SUPERVIELLE ENTRE L'AMERIQUE ET L'EUROPE MICHEL COLLOT Je suis heureux que ce premier colloque interna~on:if consacré à 1' oeuvre de Supervielle ait lieu à Montevideo. Car les liens de Superviellè avec l'Uruguay sont très forts, plus étroits et plus constants sans doute que ceux qui unis~a.ientà ce pays les deux autres poètes français nés à Montevideo, Laforgue et Lautréamont, qu'on a célébrés ici il y a trois ans. Ces liens ne relèvent pas de l'anecdote biographique, ils concernent la formation de la sensibilité de Supervielle et le déroulement de sa carrière littéraire, sur lesquel1es l'édition de la Pléiade apporte un jour nouveau. Sans doute Supervielle est-il avant tout un écrivain français, et il s'est voulu tel, s'abstenant soigneusement d'écrire en espagnol. Mais, plus j'ai avancé dans la préparation del' édition de la Pléiade, plusj 'ai pris conscience des nombreux ràpports que son oeuvre entretient avec l'Uruguay et avec le Rio de la Plata, avec ses paysages, avec ses écrivains et avec ses artistes. Je crois qy._' il n'aurait pu devenir le grand poète français que nous connaissons, s'il n'avait fait passer dans notre langue une expérience ei une culture pour une part étrangères. Ce n'est pas un hasard si quelques-uns des acteurs qui ont contribué en France à la révolution du langage poétique, entre 1870 et 1920, venaient d'ailleurs, comme Laforgue et Lautréamont, mais aussi Apollinaire ou Tzara. Dans cette entrepi'ise qui visait à briser ou à déplacer les cadres imposés par la tradition littéraire et par la langue française elle.. même, des poètes venus d'autres horizons, qui avaient par là même vis-à• vis d'elles une certaine distance, devaient jouer un rôle important. Et combien de poètes nés en France ou en terre française ont, à cette époque, reçu ou cherché dans leur contact avec l'étranger une impulsion décisive, comme Segalen, Claudel, ou Saint-John Perse? Naturellement, ce mouvement n'est pas à sens unique, et en Amérique latine en particulier, l'essor des littératures nationales a eu souvent recours aux modèles européens: le modernismo en est l'illustration la plus frappante, et Montevideo fut un moment baptisée "l' Athènes de l'Amérique". Entre l'Europe et l'Amérique se sont noués dans toute cette période des échanges complexes, à la faveur d'une sorte de chassé-croisé permanent, aux conséquences inattendues, parfois paradoxales: c'est en allant à Paris qu'on avait le plus de chances d'être reconnu comme écrivain américain; et c'est en revenant à Montevideo, que Supervielle eut, nous le verrons, l'occasion de mettre en pratique les enseignements de la modernité européenne. L'itinéraire de SuperVielle est un bel exemple de ce va-et-vient fécond, même s'il a été, dans son cas, particulièrement difficile. Car, entre 1'Europe et l'Amérique, il n'y a pas IO 11 seulement pour lui une distance géographique, mais une déchirure existentielle. Sa Que l'écri~ure ait partie liée pour Supervielle avec ce trouble et avec ces ruptures, en première traversée del' Atlantique a coïncidé avec la mort de ses pa~ents: témoignent ses premiers essais poétiques.C'est l'année même où il découvre sa véritable identité, qu'il copie ses premiers poèmes sur un carnet de comptes de la banque familiale: "Je suis né à Montevideo, mais j'avais à peine huit mois quand je partis un jour pour deux fables en français, inspirées de La Fontaine; et quelques "chanzas" en espagnol, la France dans les bras de ma mère qui devait y mourir, la même semaine que nion père. 1 inspirées de la poésie gauchesca. Et quand Supervielle renouera à l'adolescence avec la Oui, tout cela en une mênze phrase" • poésie, ce sera pour confier à des cahiers d'écoliers ses tristesses d'orphelin, et tenter de Réunir en une seule phrase la naissance et la mort, l'Uruguay et la France, n'est-ce pas dissiper les /(brumes" de son "passé"7. Mais cettepoésiealanaïvetéetlafadeurdes pieux situer l'écriture dans un écart à la fois géographique et existentiel? L' oeuvre de souvenirs. Par "peur de la folie'', dira+il8, il a longtemps "fermé la porte de ses poèmes" Supervielle est partagée entre deux mondes: entre l'Europe et l'Amérique, mais aussi à son "moi profond"9: celui de l'enfance et de Montevideo . Les modèles que lui entre la vie et la mort. L'écriture sera pour lui entre autres choses une tentative pour fournissait sa culture littéraire, ex cl u·sivement scolaire :'èhénier, Hugo, Musset, Lamartine, rapprocher ces deux mondes. ne lui permettaient pas plus d'exprimer son intimé étrangeté que son américanité. Après la mort de ses parents, Supervielle a été adopté par son oncle et sa tante, qui l'ont Il n'y parviendra qu'en renouant d'une part ~vec ses racines américaines et en élevé à Montevideo comme s'il était }ellr propre fils. Il a vécu avec eux une enfance découvrant d'autre part la modernité poétique européenne. au terme d'un long parcours, heureuse et des expériences marquantes, notamment dans l'estancia familiale, située non fait de multiples allers et retours, dont je voudrais retracer ici rapidement les principales Join de Montevideo, mais de 1'autre côté du fleuve Santa Luc fa. 11 passait là toutes ses fins étapes. de semaine et ses vacances, s'enivrant de nature et de liberté, au contact des animaux et Une fois passé le baccalauréat, engagé dans des études qui ne le motivent guère, des gauchos. C'est là qu'il s'est "senti devenir poète"; il dit y avoir pris ses premières neurasthénique, Supervielle n'a de cesse d'aller se ressourcer en Uruguay, où il passe ses "leçons de choses", qui furent aussi "les prentière leçons de poésie que lui donna le grandes vacances en 1901, 1902, 1903. C'est là qu'il rencontre Pilar Saavedra, qu'il monde extérieur"2. Il y a ressenti notamment les ''fortes impressions d'espace" qu'on épousera à Montevideo en 1907.