3 FACES J A F A R P A N A H I

P R E S S B R E A K S

French Release : June 6th, 2018 Memento Films

Date : 08 MAI 18 Page de l'article : p.6-7 Journaliste : SARA SAIDI Pays : France Périodicité : Quotidien OJD : 73331

Page 1/3 un cinéma fruit de la pression Censure, autoritarisme, homophobie: que ce soit en Iran, en Russie, en Turquie, en Thaïlande ou au Kenya, le travail des cinéastes est souvent entravé. Radioscopie de cinq pays où les auteurs doivent braver le pouvoir et ses interdits.

, è —*'••* I ••>._. A -•M •*~\ . -k -*•* 3 Visages, dè Jafar Panahi (à droite sur la photo). Le cinéaste a tourné quatre films depuis que la justice iranienne lui a interdit de le faire. PHOTO DR

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 2753524500508 Date : 08 MAI 18 Page de l'article : p.6-7 Journaliste : SARA SAIDI Pays : France Périodicité : Quotidien OJD : 73331

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afar Panahi est un v entable cinéaste la semence «La compétition a Cannes cest il est donc impossible pour ha de ne une occasion qui pourrait ne plus jamais se Iran Jafar Panahi, «Iipas écrire et realiser de films » C est présenter'Ce serait une si bonne nouvelle qu u par ces mots que son neveu Hadi explique puisse etre present au Festival» s émeut Hadi I obstination du célèbre réalisateur iranien a qui était au œte de son oncle sur presque tous un opposant filmer en dépit des entraves qui depuis 2010 ses tournages «Jafai Panahi ce^tquelquun ont profondement transforme sa carriere si qui vous façonne Devant sa camera ûe^tpos non son art Jafar Panahi présentera son nou si ble de devenir exactement qui il veut et qui \ eau film 3 Visages en compétition maîs il ne vous \ oulez '» raconte t il plein d'admuation qui a du panache pourra pas venir en France pour accompagner pour I auteur du Cercle et de Sang et Or son film ni e\ entuellement recevoir un prix Accusé de propagande contre le système, si le jury décide de lui en décerner un II vit Requête. Interroges ses proches préfèrent frappe d'une interdiction de filmer et toujours sous le coup d une interdiction de fil demeurei le plus evasif possible sur les condi mer et de quitter le territoire qui ne doit lions de travail du cinéaste Apres 2010 et son de quitter le territoire jusqu'en 2030, s ache\ er qu en 2030 Bien qu il ait renonce de arrestation son etat de sante était fragile le cinéaste multiplie les tournages. fait a donner suite aux différentes invitations

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 2753524500508 Date : 08 MAI 18 Page de l'article : p.6-7 Journaliste : SARA SAIDI Pays : France Périodicité : Quotidien OJD : 73331

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donner une vision négative de l'Iran.» Had! le ses films sur les écrans en Iran !» affirme Had!. présente en éclaireur et visionnaire : «Dans Sa condamnation pour «action contre la sécu- Offside, il parlait des femmes qui voulaient rité nationale et propagande contre le système» entrer dans les stades de foot, dix ans après, rend son travail plus compliqué mais n'étant c'est devenu un sujet d'actualité.» pas assigné à résidence, il reste libre de ses «Notre cinéma en Iran a du potentiel, c'est mouvements, ce que dénonçait par ailleurs le dommage. Une telle condamnation n'est pas quotidien ultra-conservateur iranien Keyhan normale. Cependant, aujourd'hui, certains dans un article à charge publié le 18 avril. Con- tentent de le soutenir. C'est comme si nous tacté pai Libération, Jafar Panahi a donc pré- étions à la table des négociations. Nous espé- féré décliner notre demande d'interview pour rons que la situation va s'améliorer», explique éviter de faire trop de bruit alors que le Festi- Hadi. Pour un autre cinéaste iranien qui a pré- val de Cannes a joué de tous les canaux diplo- féré rester anonyme, ce genre de condamna- matiques pour réclamer sa présence sur la tion n'est pas adapté à la réalité contempo- Croisette. Une requête par ailleurs doublée raine «avec notamment les réseaux sociaux, il d'une lettre de l'association des réalisateurs est beaucoup moins facile de tout contrôler». iraniens au président Hassan Rohani. Une évolution de la société qui, selon Sha- «La différence entre Abbas Kiarostami, qui a gayegh, permet également à certains Iraniens toujours pu être libre de ses mouvements, et Ja- de découvrir son oeuvre : «Etant donné que la far Panahi, c'est que le premier a choisi de se plupart de ses films étaient interdits, les gens tenir à bonne distance des positions officielles qui ne font pas partie du milieu cinémato- et des problèmes sociaux et culturels pour graphique n'ont pas beaucoup entendu parler mieux s'y opposer de biais, quand le second, au de lui, mais peut-être que désormais, grâce au contraire, signe des films qui traitent f rontale- satellite et aux chaînes étrangères, ils vont ment de ces difficultés», explique Shagayegh, mieux le connaître.» étudiante en cinéma à Téhéran. «En Iran, des La jeune femme évoque le risque que Panahi films sombres et tristes, comme ceux de Panahi rejoigne les rangs de ces cinéastes «dont on ne à ses débuts, on en voit désormais beaucoup ! peut reconnaître en Iran la véritable valeur et Parfois même encore plus pessimistes et plus l'influence dans le cinéma qu'une fois morts». dramatiques in a ouvert la voie du cinéma ira- Ramin, lui, regrette le gâchis que cette con- nien contemporain. C'est grâce à son travail damnation et ses conséquences entraînent : qu'aujourd'hui on peut parler aussi facilement «S'il n'était pas interdit d'exercer, Panahi pour- des problèmes de société, de la corrup- rait être un formidable représentant de l'art et tion, etc.», explique Mohammad (I), photogra- de la culture iranienne à l'étranger.» «Le ci- phe et ancien étudiant en cinéma. néma iranien a beaucoup de grands cinéastes et ce devrait être un motif de fierté nationale, Gâchis. Pour Ramin, assistant de Panahi sur ajoute Hadi. Nous sommes contents de voir trois de ses films, les attaques renouvelées par que ça marche et ce malgré les difficultés et les la presse conservatrice contre le cinéaste sont obstacles.»Et de conclure : «J'espère qu'il va ar- imméritées : «Ce n'est pas le genre de personne river de belles choses cette année sur la Croi- à sortir du pays pour aller faire des films contre sette pour l'Iran et ses artistes!» l'Iran. Il révèle les vérités de la société qui peu- vent être résolues. Je ne pense pas que ce soit SARASAIDI

Correspondance à Téhéran (I) Certains prénoms ont été modifiés.

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 2753524500508 Date : 31 MAI / 06 JUIN 18 Page de l'article : p.15,17 Journaliste : Fabrice Leclerc Pays : France Périodicité : Hebdomadaire OJD : 529227

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HATCH CINÉMA

Par Fabrice Leclerc ST@Fab_Lcl

ans les premières minutes de « Trois visages », une mère télé- Dphone à son fils metteur en scène et lui demande s il travaille sur un nou- veau film. Sa réponse est négative, maîs on ne sait pas s'il ment Jafar Panahi joue- t-il son propre rôle dans son propre film ? Un jeu de miroirs comme le cinéaste ira- nien les aime, diluant la vérité sur sa per- sonnalité réelle pour mieux faire passer son message. Son film, ovationné à Cannes a été projeté en son absence puisqu'il est toujours sous le coup d'une interdiction de sortie du territoire après une décision de justice lavant o contraint il y a plusieurs années à DANS SON PAYS, ne plus tourner et à ne plus donner d interviews. Car sa vision aussi LES FILMS DE caustique que tendre de la société iranienne dérange ll a décidé de S'ECHANGENT respecter deux de ses trois EN DVD SOUS contraintes Jafar tourne ses films LE MANTEAU dans un espace fermé pour mieux DANS LES RUES observer le monde qui l'entoure. DE TEHERAN Sa voiture, déjà présente dans « Taxi Téhéran » et aujourd'hui ET SONT dans «Trois visages», est à la fois SECRETEMENT une prison et un studio de cinéma ENVOYES Jafar Panahi ne peut pas se A LETRANGER résoudre à baisser sa caméra, et POUR ÊTRE livre là une radiographie de la DIFFUSES AU société iranienne, toujours tiraillée entre modernité et tradition, CINEMA. quand une jeune femme tente de convaincre une actrice connue de la sortir du carcan familial pour aller étu- dier l'art dramatique Si Jafar Panahi est réduit au silence, ses actrices présentes au Festival de Cannes ont été ses meilleures porte-parole Pour Behnaz Jafari, « Trois visages » est un film empli de liberté. «Je croîs que toutes les femmes du monde aspirent à cela, explique-t-elle En Iran, nous continuons à nous battre. Et les deux personnages sont Empêché de venir présenter des femmes prêtes à payer le prix de leur « Trois -visages » à Cannes volonté de liberté. » Elle comme Marziyeh par l'Iran, Jafar Panahi s'est Rezaei se souviennent d'un tournage à l'ambiance bon enfant, même s'il fallait res- fait représenter par ter sur ses gardes. « Nous étions sous ten- ses actrices Behnaz Jafari sion car, par le passé, Jafar avait déjà connu et Marzryeh Rezaei. des descentes de police sur son plateau et la confiscation de son matériel et de sa pel- Nous les avons rencontrées. licule En lui disant oui,

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 7947044500505 Date : 31 MAI / 06 JUIN 18 Page de l'article : p.15,17 Journaliste : Fabrice Leclerc Pays : France Périodicité : Hebdomadaire OJD : 529227

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nous savions que nous accep- souvient Behnaz Jafan C'est lui tions aussi ces risques-là » qui nous remontait le moral Alors choix politique' Les quand nous lui parlions' Maîs SA FILLE SOLMAZ deux femmes divergent L'une une fois en haut du tapis rouge, préfère parler de résistance et j'ai vu les sourires et les regards EST VENUE À CANNES de liberté de choix « La poli- du public je me suis souvenue RECEVOIR SON tique m'a toujours fait peur des marques d affection que note Behnaz Jafan Maîs refu- Ion a reçues pendant le Festival, PRIX DU SCÉNARIO ser la proposition d un si grand et jai finalement compris que cinéaste n était même pas «Trois visages», notre tristesse était partagée Et concevable » « Tourner avec lui soi tie le G juin cela ma redonné le moral » était ma façon de le soutenir et Moi, remarque Marziyeh défendre son propos Pour moi cétait un Rezaei.je l'imaginais en train de fumer une choix politique» renchérit lejeune Mar- cigarette chez lui, à Téhéran, et de se ziyeh Rezaei moquer de nous Jafar est quelqu'un de très A Cannes, le réalisateur a été tenu au espiègle, vous savez »• fabrice Ucb e courant des festivités par des discussions quotidiennes avec une partie de sa famille, via les messageries vidéo Un pied de nez technologique qui lui ressemble Alors, évi- Le Festival a également été marqué demment, Behnaz Jafan et Marziyeh par I absence du réalisateur Kirill Rezaei avaient le cœur gros lorsqu'elles ont Serebrenmkov auteur dè «L été» retenu monté les marches « C était très triste, se à Moscou contre son gré

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 7947044500505 L'OBS Pays : France Date : 31 MAI / 06 JUIN Périodicité : Hebdomadaire 18 OJD : 359285 Page de l'article : p.86-87 Journaliste : NICOLAS SCHALLER

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CULTURE

L'Iran a empêché JAFAR PANAHI de venir présenter à Cannes son film "Trois Visages", récompensé par le prix du scénario. Mais son actrice BEHNAZ JAFARI était là. Elle témoigne

Par NICOLAS SCHALLER

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 5173044500524 L'OBS Pays : France Date : 31 MAI / 06 JUIN Périodicité : Hebdomadaire 18 OJD : 359285 Page de l'article : p.86-87 Journaliste : NICOLAS SCHALLER

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TROIS VISAGES, par Mar Panam, en salles le 6 min. ne l'empêchait, en revanche, de revenir sur s'étend jusque dans les contrées les plus ce tournage pas comme les autres à Ivara, reculées d'Iran grâce à la télé. « J'ai joué le village maternel du cinéaste. « Une zone dans une série qui passait tous les soirs non couverte par les antennes satellites, où pendant le ramadan, explique-t-elle. Un Quand, à Cannes, le prix du scénario a les portables ne fonctionnent pas, raconte mois durant lequel les gens jeûnent toute la couronné « Trois Visages » de Jafar l'actrice. A l'occasion, nous nous rendions journée et se réunissent la nuit tombée pour Panahi (ex aequo avec « Heureux comme à Mianeh, la ville la plus proche, pour faire manger devant la télé. » Un des villageois de Lazzaro », d'Alice Rohrwacher), c'est la nos courses et téléphoner, mais autrement « Trois Visages » l'appelle d'ailleurs fille du cinéaste iranien qui est montée sur nous étions coupés de l'extérieur. Quand je Athénée, le nom qu'elle porte dans la série. scène et a lu une lettre de lui. Panahi y suis arrivée surplace, Jafar Panahi avait déjà dédiait son prix à Abbas Kiarostami et se répété avec les villageois, tout était minutieu- "JE N'AI RIEN FAIT D'ILLÉGAL" remémorait ce jour de mai 1995 où, de sement préparé. Je me suis même demande retour de la Croisette avec le prix de la s'il n'avait pas choisi exprès ce lieu sans Au moment de tourner « Trois Visages », Caméra d'or pour « le Ballon blanc », il fut liaison téléphonique pour qu'on ne puisse pas Behnaz Jafari, comme son personnage, accueilli à l'aéroport de Téhéran par le réa- donner de nouvelles, ni en prendre. » Autre venait de fuir le plateau d'un autre film et lisateur du « Goût de la cerise » afin de contrainte, les prises de vues en plein air. de changer de numéro de portable. « Des célébrer l'événement. Le temps n'est plus « La situation était très stressante. Quand fans se l'étaient procuré, explique-t-elle. à la fête. Kiarostami est mort, et Panahi ne vous tournez dans un appartement, vous êtes Des gens me contactent tout le temps, par voyage plus, par crainte de ne pouvoir ren- protégés, vous avez le temps de réagir avant téléphone, par e-mail. Ils trouvent mon trer chez lui. Sous le coup de poursuites que les policiers débarquent. Là, non. Les pre- adresse, viennentfrapperàmaporte. Quand pour « activités contre la sécurité nationale miers jours, je m'attendais à ce qu'il arrive j'étais plus jeune, cela me mettait hors de et propagande contre le régime », il lui est quelque chose, j'étais sur le qui-vive, guet- moi. Je résistais, j'étais parfois violente. Les interdit d'exercer son métier, de parler à la tant le moindre bruit suspect. Panahi, lui, fans peuvent être dangereux, on ne sait presse et de sortir d'Iran. Huit ans que cela était très calme alors que c'est quelqu'un jamais ce qu'ils vous réservent. Avec l'âge, dure, au cours desquels Panahi a réalisé je me suis assagie. Je viens d'ouvrir une clandestinement quatre longs-métrages, librairie à Téhéran, Le Coin, où je donne dont « Ceci n'est pas un film » et « Taxi rendez-vous à mes fans quand ils désirent Téhéran », tournés respectivement chez me rencontrer. Certaines veulent devenir lui et dans un taxi, et aujourd'hui « Trois actrices, d'autres cherchent des conseils. Les Visages », enfin filmé à l'air libre. Chacun Iraniens me demandent souvent d'être leur y joue son propre rôle. porte-parole auprès des autorités. Mainte- Au début de ce road-movie sous haute nant que je suis venue à Cannes, ils vont pro- influence du maître Kiarostami, l'actrice bablement vouloir que je les représente à Behnaz Jafari reçoit une vidéo effroyable : travers le monde. » Elle qui se garde de s'ex- une jeune admiratrice s'y épanche sur son primer au nom de son réalisateur pour lui désir empêché de devenir comédienne et éviter toutes représailles. « Une chose que sur les multiples appels à l'aide qu'elle lui jepeuxdire, ajoute-t-elle, c'est qu'on est très a adressés sans réponse, avant de se pendre heureux que "Trois Visages" soit allé à face caméra. Suicide ou simulacre? Pour «Trois Visages»joue avec les frontières Cannes, mais je sais qu'au fond M. Panahi le savoir, Jafari et son ami réalisateur, Jafar dans un road movie entre aurait préféré que son film soit montre en Panahi, prennent la route à bord d'un 4x4 Iran et Turquie, fiction et réel. Iran avant d'être projeté dans les festivals. en direction du village de montagne où Ce qui compte pour lui, c'est que les Iraniens a été localisé l'envoi, à la frontière de la d'angoissé. Il avait tout planifié dans les puissent le voir. » Aucun des derniers Turquie. Leur rencontre avec les gens du moindres détails. Notre seule contrainte, longs-métrages de Panahi n'est sorti en cru, de culture azérie, sert de cadre à Panahi c'était le temps. On devait faire vite. Le tour- Iran. Son précédent, « Taxi Téhéran », pour faire un constat humble et malicieux nage a duré moins d'un mois. » ne comprenait même pas de générique, de son impuissance d'artiste à améliorer la Les trois visages du titre sont ceux de le cinéaste ayant tenu à protéger les vie de ses concitoyens et de la condition trois actrices de générations différentes. Il y noms de ses collaborateurs de peur qu'ils des actrices au pays des mollahs. aMarziyeh Rezaei, laplus jeune, empêchée ne soient inquiétés. Dans « Trois Visages », par sa famille d'assouvir son ambition artis- tout le monde est cité. « Mon rôle est celui tique, fly a Shahrzad (lire aussi la chronique d'une actrice connue, remarque Behnaz "LE TOURNAGE A DURÉ MOINS de Jérôme Garcinp. 93), la doyenne, une star Jafari, qui a refusé d'être payée pour D'UN MOIS" d'avant la révolution islamique, aujourd'hui l'interpréter : il n'y avait pas d'autre choix. A Cannes, en l'absence de Jafar Panahi, interdite de plateaux et recluse dans sa Il est interdit à Jafar Panahi de tourner, Behnaz Jafari avait la charge peu aisée de maison : Panahi filme sa présence, mais ne mais rien ne m'interdit de travailler avec lui. représenter le film, en compagnie de sa la montre jamais - sublime idée. Enfin, il y Je n'ai rien fait d'illégalj'aijoué dans un film jeune partenaire Marziyeh Rezaei. a Behnaz Jafari, l'actrice de « Shirin », qui n'est même pas politique. » On ne sau- Impossible pour elle de s'exprimer au nom d'Abbas Kiarostami, et du « Tableau noir », rait la contredire : l'art subtil de Panahi de Jafar Panahi ouàproposdu régime. Rien de Samira Makhmalbaf, dont la notoriété parle de lui-même.

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 5173044500524 Date : 17 / 23 MAI 18 Page de l'article : p.60

Pays : FR Périodicité : Hebdomadaire OJD : 164624

Page 1/1 .Festii?al de Cannes.

La leçon de mélancolie de Jafar Panahi Trots uisages, le nouveau film du cinéaste dissident iranien, a été projeté en sélection officielle. Il a ému la Croisette

urant la projection, selon l'usage can rôle) Tous deux s'interrogent d'où vient ce coup d'une interdiction dt filmernefait qu'ajuu nois, un fauteuil est reste vide dans film surgi de nulle part? Qui est cette jeune ter au caractère poignant, quoique leger, de Dk Grand Theatre Lumiere celui que fille? Qu'est elle devenue7 Et les voila partis Trois visages l'empathie qu'il éprouve pour Jafar Panahi, retenu dans son pays aurait pour un road movie aux confins de l'Iran, Les femmes opprimées [les eu. (nees du titre] est du occuper En 2010, le réalisateur iranien sur les traces de Mar?iyeh palpable et renvoie a son histon e personnelle", a ete condamne a vingt ans d'interdiction "D'une simplicité aussi trompeuse que son commente le magazine britannique Screen de filmer accuse de "propagande contre le titre, ce long metrage évoque trois actrices International. Tourne avec trois bouts de regime" pour avoir tourne un film sur la d'hier, d'aujourd'hui et de demain Onyretrouie ficelle, Ic long metrage se révèle etre une contestation qui, en 2009, avait suivi la tout le charme a l'état pur du cinema iranien tendre declaration d'amour au cinema et réélection de Mahmoud Ahmadmejad a la Résolument moderne par son menage sur la aux actrices adressée par un cinéaste empe présidence Ce qui ne l'a nullement empe liberte de choix, Trois \ isages nous ramené che de travailler et gagne par "la melancolie", che dc travailler i rois visages est son qua a de grands films du cinema vente comme Le poursuit la publication spécialisée "Trois tneme film en huit ans - et le quatrieme vent nous emportera d'Abbas Kiarostami visages resstmblt a uni tragédie feutrée, la qu'il réussit a sortir d'Iran, on ne sait trop {mort en 2016 et dont Jafar Panahi a ete l'assis misogynie persistante de l'Iran restant presente par quel miracle (la rumeur veut que, en tant] I a encore, un citadin envoyé en mission hot s cadi e, prête a fondre sur les personnages" 2011, Cea n'est pas un film ait voyage jusqu'à se f end dans un lointain village de montagne, La presse conservatrice iranienne, de Cannes sous la forme d'une cle USB cachée ce qui est l'occasion dune plongee dans l'etouf son côte, s'est bien gardée de commenter dans un gateau) /oir des croyances traditionnelles" analyse The le long metrage A l'annonce de la selec Projeté en compétition, Trois visages Hollywood Reporter. lion cannoise, elle s'était emportée contre démarre sur une de cts mises en abyme Le site en persan Radio Farda, installe la direction du festival "La question prmci dont le réalisateur cst friand pour évoquer les a Prague, a beau considérer T) ois visages pale est de savoir pourquoi quelqu'un qui a ete entraves qui sont les siennes l'actrice Behnaz comme une oeuvre mineure de Panahi, il le condamne [en b an] pourrait alla parader tn Jafan (qui joue son propre rôle) reçoit sur son tient toutefois pour ' l'un des meilleurs films societe, la tete haute" a par exemple tempête telephone portable une courte video, l'appel a itiques [sur la societe iranienne] de ces der Kayhan. Le quotidien ultraconservateur a l'aide désespère de Marziveh (Marziveh meres annees" "Lefait que Panahi soit sous le était offusque par l'initiative de profession Rezaei) Cette jeune Azérie du nord ouest nels du cinema iranien qui, dans une lettre de l'Iran reve de faire du cinema, maîs sa ouverte au president Hassan Rohani, avaient famille, conservatrice s'y oppose A l'écran "On \j retrouve tout demande que Jafar Panam soit autorise a se elle finit par se passer une corde autour du cou le charme à l'état pur rendre sur la Croisette pour présenter son

et, semble t il, se pendre Behnaz Jafan sol du cinéma iranien " hlm "De tels compromis ne font qu'encouru kate Jafar Panahi (lm aussi dans son propre The Hollywood Reporter ger les criminels "—

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 2932134500508 Date : 08 MAI 18 Page de l'article : p.1,3,4 Journaliste : JULIEN GESTER Pays : France et DIDIER PÉRON Périodicité : Quotidien OJD : 73331

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2,00 € Premiere edition N° 11490 MARDI8MAI2O18 www.liberation.fr

la houlette de Gate Blanchett et en l'absence dè * ' deux prétendants à la palme, identifiés comme dis- sidents dans leur pays. «»«.•«•»* • Géopolitique sur tapis rouge Du Kenya à la Russie, la sélection accueille de nombreux films frappés de censure. FOCUS, PAGE., «.. ^^^M| • Thierry Frémaux «Si Cannes est là, cest pour leS auteurs» INTERVŒWFAGESS-. -- I

Maies La contestation Linky. uu par Frêdêric réprimée au non compteur Beigbeder Nicaragua ou f aux ami? LeSmail96S le petit Frederic 2ansetdemi La repression du mouvement contre le regime Les nouveaux compteurs electriques ça a gambadait a\ ec son frere Charles au Jardin d Ortega continue avec des dizaines de vraiment un intérêt? C est dangereux9 II faut Si d acclimatation Et tentait de sécher la sieste morts des disparitions et des cas de torture s inquiéter pour ses donnees ? CheckNews a

chacun sa revolution PAGES 30 31 Reportage pres de Managua PAGES 10 ll repondu a vos questions PAGES 16 17

IMPRIMÉ EN FRANCE / PRIHTED IN FRANCE Allemagne 2 SO € Andorre 2 SO € Au riche 3 00 C Belgique 2 OO € Canada 5 DO S Danemark 29 Kr DOM 2 60 € Espagne 2 SO € Eta s Unis 5 00 S Finlande 2 90 € Grande Bretagne 2 00 E Grece 2 90 € Irlande 2,60 fi Israel 23 ILS Italie 2 SO € Luxembo ug 2 OO S Maroc 2O Dh Ho vegeSOKr Pays Bas 2 50 E Port igal(eont ) 2,70 O Sovene29O€ Suede 27 Kr Suisse 3,40 PS TOM 450 CFP Tunisie 3,OODT Zone CFA 2 30O CFA

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 9653524500504 Date : 08 MAI 18 Page de l'article : p.1,3,4 Journaliste : JULIEN GESTER Pays : France et DIDIER PÉRON Périodicité : Quotidien OJD : 73331

Page 2/4 Thierry Frémaux: «A Cannes, on montre ce qu'on veut» Le délégué général de détournement de subventions A l'époque, évidemment, il n'y évoquela diplomatie publiques, alors que Panahi peut avait pas de problèmes diploma- propre à un festival a priori sortir d'Iran, mais notre tiques avec les étrangers, mais il lettre demande au pouvoir ira- y avait tout le temps des scan- dont les choix sans nien de le laisser rentrer chez lui dales autour des films français, frontières doivent s'il quitte le pays pour venir à comme la Religieuse de Rivette. composer avec Cannes. Et bien évidemment, Puis le Festival a décidé de choisir des cas de dissidence dans les deux cas, il est très pro- lui-même tous les films, et c'est et de censure bable que leurs films restent invi- là que les problèmes ont com- à l'étranger. sibles dans leur pays respectif. mencé. Les cas les plus célèbres Concrètement, comment le étant les films de Yilmaz Gùney hierry Frémaux, délégué Festival travaille-t-il dans ce (Vol, la permission, Turquie, 1982) général du Festival de type de cas ? En collaboration et d'Andrzej Wajda (l'Homme de T Cannes, a des combats avec la diplomatie française, fer, Pologne, 1981), sortis clandes- plus profonds que la chasse aux pour influencer les autorités tinement de leur pays pour être selfies pendant la montée des des pays concernés? présentés sur la Croisette. Deux marches. Pilotant en coulisses les On travaille avec l'ambassadeur palmes d'or d'ailleurs. Une année, tractations délicates et décisions des droits de l'homme au Quai même Abbas Kiarostami ne nous tranchées qui conduisent à la sé- d'Orsay, François Croquette, avait pas présente son dernier lection officielle, il explique à qui s'occupe spécialement de film parce qu'il ne voulait pas se Libération quelle diplomatie pa- ces questions-là et nous a beau- mettre en danger vis-à-vis du rallèle s'exerce en marge d'une coup aidés. On est évidemment pouvoir iranien. Il a pu y avoir manifestation nécessairement passés par le ministre Jean-Louis aussi des histoires autour des politique. Le Drian, en adressant également drapeaux des pays représentés Difficile de faire abstraction, des lettres transmises aux autori- en compétition, que l'on faisait quand on considère la sélec- tés iraniennes et russes par les flotter au village international. tion 2018, du fait que cette ambassadeurs sur place. La ques- On a eu le problème lorsqu'un année, deux cinéastes en com- tion de la diplomatie est au cœur film de Hou Hsiao-hsien était sé- pétition ne pourront a priori du Festival, puisque le ministère lectionné, puisque l'on avait mis pas être là... des Affaires étrangères fait partie un drapeau de Taiwan, ce qui Oui, car on est, à quèlques jours du conseil d'administration, et avait suscité les protestations du Festival [l'entretien a eu lieu que la question du dialogue entre de l'ambassade chinoise, qui ne vendredi, nair], sans nouvelles. les peuples par l'entremise de reconnaît pas la souveraineté Ce n'est pas qu'elles sont mauvai- l'art figure dans nos statuts. Par taïwanaise. On avait dû les rece- ses, mais qu'il n'y en a pas. Pou- ailleurs, comme vous le savez, voir et jouer les innocents. tine a bien reçu la lettre, Rohani jusqu'au début des années 70, Vous aviez cédé? aussi, on a écrit plusieurs lettres, Cannes recevait les films présen- Non. Maîs on a arrêté les dra- via divers canaux. Sans réponse. tés par les pays eux-mêmes. peaux depuis. Les deux cas sont très différents. C'était l'Union soviétique qui Quel type de relations avez- Le film de Kirill Serebrennikov choisissait d'envoyer les films qui vous avec les interlocuteurs était déjà quasi tourné quand il a lui semblaient la représenter le officiels chinois? Vous êtes été arrêté, alors que Jafar Panahi mieux, par exemple. L'Iran, qui libres de voir et sélectionner est dans cette situation depuis disposait pourtant d'un cinéma ce que vous voulez ? des années. Serebrennikov est vivace, n'envoyait à l'époque pas De loin, ça pourrait donner le sen- assigné à résidence et suspecte de films ou n'était pas invité. timent qu'on est

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 9653524500504 Date : 08 MAI 18 Page de l'article : p.1,3,4 Journaliste : JULIEN GESTER Pays : France et DIDIER PÉRON Périodicité : Quotidien OJD : 73331

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Paul New- n'est pas un front ouvert par man dans le Rideau déchire de le Festival... Hitchcock. .Maîs on connaît bien C'est mon vœu le plus cher. On les gens de l'ambassade de Chine pourrait faire plus On a propose a Paris, et quand on y va, au moins dans les projets a venir que Can- une fois par an, il n'y a aucun pro- nes aille porter la parole du ci- blème. On montre ce qu'on veut, nema d'auteur dans les pays ou comme le film de Wang Bing cette c'est difficile avec les cinéastes annee, qui fait pourtant des films locaux.. qui déplaisent Mais la aussi, On pensait moins au cinéma quand ça se passe a l'étranger, le d'auteur qu'à la liberté d'ex- regime s'en soucie peu et ne fait pression... pas de vagues. On se souvient du Oui, mais je vous parle du cinema cas de Jiang Wen, dont le film les défendu par Cannes, dont la li- Démons a ma porte avait ete mon berte peut être entravée dans cer tre a Cannes en 2000 sans pro- tains endroits du monde. L'idée blème, maîs qui avait ete frappe est que le prestige de l'enseigne d'interdiction de tourner par son cannoise permette de montrer pays, et le film avait ete interdit en des choses pas évidentes dans tel Chine. Par la suite, la punition a ou tel pays. Tout comme il était ete levée, il s'est remis a faire l'ac- d'autant plus important de teur, a tourne des films commer- mettre le film de Serebrennikov ciaux et a repris une vie tout a fait en compétition au regard de sa normale situation, même si ce n'était pas La politique chinoise semble le critere premier avoir changé. A l'époque, des «Nous avons créé une contro- Jiang Wen ou des Yu Lik-wai verse plus Importante que étaient muselés, alors que dé- nous ne le souhaitions», a dit sormais, le pays laisse les films le patron de Netflix, Reed Has- se faire et circuler à l'étranger, ting, à Lille lors de Séries se contentant d'empêcher leur Mania, à propos du retrait diffusion domestique... de leurs films de la possible C'est tout a fait ça. C'est comme sélection cannoise... un Andrei Zviagumtsev, qui n'est Je viens encore de lire un article pas exactement un ami de Pou- expliquant que c'était la guerre tine, dont les films n'ont aucun entre Cannes et Netflix alors que problème a venir gagner des prix je dis que nous n'avons cesse tout a Cannes mais qui sont un peu l'hiver de nous parler et de tenter tues dans l'œuf en Russie. Il y a un de trouver une solution C'est affrontement permanent avec la clair que Cannes est au milieu censure, ils ne sont pas spéciale- d'une mutation massive du sec- ment contents qu'il représente le teur, et l'on est aussi possible- pays a Cannes ou aux oscars, mais ment l'instrument de telle ou il arrive a faire ses films librement. telle strategie. L'an dernier, on Quand on voit les responsables les a invites en leur demandant chinois, souvent, ils nous disent, de sortir les films en salles en dans une espèce de sourire : France. Ils ont refuse. Tres bien, - «Vous ne prenez pas les bons du coup, on revient aux regle- films » ments qui prévalaient aune epo- - «Ah bon ? Montrez-les nous » que ou les plateformes n'exis- Ils parlent peut-être des cinéastes taient pas. Quand on leur a dit officiels, maîs on regarde tout qu'il fallait sortir en salles pour de même, puisque le pays est si être en compétition, ils se sont grand... On cherche, parce que braques et les deux films qui peut-être qu'on passe a côte de tas nous interessaient, ils ont prefere de jeunes gens géniaux a force de ne pas les donner. Maintenant, le prendre l'habitude de travailler patron revient en France et fait avec les mêmes, mais en vérifiant, des déclarations comme s'il ve- chaque fois... on ne trouve rien. nait d'engueuler ses equipes en On a le sentiment que la ques- leur reprochant de ne pas avoir tion de la sortie en salles en trouve de solution. J'ai du mal a France est devenue cruciale comprendre mais c'est la sai-

avec le dossier Netflix, mais son 2 d'une histoire, et il y aura celle de la diffusion des une saison 3, etc. Il y a un grand films dans leur pays d'origine feu qui s'alimente, on voit l'emer- Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 9653524500504 Date : 08 MAI 18 Page de l'article : p.1,3,4 Journaliste : JULIEN GESTER Pays : France et DIDIER PÉRON Périodicité : Quotidien OJD : 73331

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gence d'une génération de spec- film est super, mais si Cannes est tateurs qui ne vont pas voir les «L'idée est que là, c'est pour les auteurs, pour films ou le type de films que Can- le prestige de l'enseigne Wang Bing, Serebrennikov et Pa- nes sacralise. On a quèlques gros nahi ou Godard, qui se plaint films qui n'ont pas besoin de cannoise permette souvent que les films ne sont nous. C'est bien d'avoir Star Wars de montrer des choses pas vus, pas discutés. Sinon, qui pour faire la fête et éviter qu'on le fera? ait des titres d'articles type «Hol- pas évidentes dans Recueilli par JULIEN GESTER lywood déserte Cannes». Et le tel ou tel pays.» et DIDIER PÉRON

Thierry Frémaux sur les marches du Palais des festivals, en mai 2016. PI IOTO PI IILIPPE QUAISSE PASCO Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 9653524500504 BOXOFFICE LE PLUS Pays : France Date : 09 MAI 18 Périodicité : Bimestriel Page de l'article : p.27

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3 VISAGES

MEMENTO FILMS Sortie le 06 juin 2018

Genre Drame Origine Iran Duree lh 24mn Realisateur(s) Jafar Panahi

Synopsis Une célèbre actrice iranienne reçoit la troublante video d une jeune fille implo- rant son aide pour échapper a sa famille conservatrice Elle demande alors a son ami, le réalisateur Jafar Panahi, de I aider a comprendre s il s agit d une manipulation Ensemble, ils prennent la route en direction du village de la jeune fille, dans les montagnes reculées du Nord Ouest ou les traditions ances- trales continuent de dicter la vie locale

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 7892624500508 GALA CROISETTE Pays : France Date : 08 MAI 18 Périodicité : Quotidien Page de l'article : p.24,25,26,...,30

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UNE AFFAIRE DE FAMILLE L'enfance est encore au cœur du nouveau Kore-eda, chronique d'une PARTOUT, L'ESPOIR, famille qui vit de rapines, mais trouve urgent de recueillir une petite fille perdue Pnx du jury en 2013 pour Tel pere, tel fils, le maître japonais MÊME DANS LES FILMS vivra la compétition pour la septième fois LES PLUS SOMBRES Shophfters Childhood is agam at the heart of Kore-eda's new film, about a shopliftmg family that takes in a lost young girl Wmning HOPE BREAKS THROUGH EVEN the 2013 Jury Pnze for Like Father, Like Son, the Japanese master will be presentmg at Cannes for the 7th time THEDARKESTFILMS

THREE FACES Jafar Panahi continue de se jouer de la censure, pour livrer, bon an, mal an, un film digne de notre plus grande attention Ici, l'ancien assistant d'Abbas Kiarostami se met en scene, sur les traces d'une jeune fille qui dit vouloir échapper a sa famille conservatrice.. Cannes a prie le gouvernement iranien par écrit de bien vouloir laisser Panahi venir présenter son œuvre ttonpeuttoujoursrêver Jafar Panahi continues to play with censorship, to give us, for better or worse, a film worthy of out undivided attention The long-time assistant director of Abbas Kiarostami, Panahi follows a young girl who wants to escape her conservative family. Fremaux made an officiai request to the Iranian government to allow Panahi come present his film, ttdreamon

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 4106034500502 GALA CROISETTE Pays : France Date : 08 MAI 18 Périodicité : Quotidien Page de l'article : p.24,25,26,...,30

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PLAIRE,AIMER ET COURIR VITE Vincent Lacoste et Pierre Deladonchamps sont les protagonistes de cette histoire d'amour, vécue le temps d'un été, dans les années 90. Un an après le choc 720 battements par minute, une relecture des années sida, par Christophe Honoré. Sony Angel. Vincent Lacoste and Pierre Deladonchamps are the protagonists in this love story, lasting just one summer during the 1990s. One year after the ground- breaking BPM (Beats per Minute), Christophe Honoré revisits the AIDS crisis years.

COLD WAR ASM IS PUREST WHITE La guerre froide vécue par un couple ll était une fois en Chine, pourrait être le titre du nouveau Jia Zhangke d'amoureux fous, de milieux opposés. On suit les (Prix du scénario en 2013 pour le puissant A Touch of Sm). Au centre de son pérégrinations tragiques entre Varsovie, récit, une jeune et jolie danseuse amoureuse d'un mafieux... A la Paris et Berlin. Par le réalisateur polonais Pawet photographie, Eric Gautier, l'un des meilleurs chefs opérateur français. Pawlikowski, grandi en Angleterre, oscar du The new film f rom Jia Zhangke (2013 Best Screenplay for the forceful meilleur film étranger 2015 pour Ida. A Touch ofSin) could be described as a boy-meets-girl story. At the centre The Cold War as experienced by of this taie is a pretty young dancer, who is in love with a local mobster. a madly-in-love couple from opposite worlds. Cinematography by Eric Gautier, one of the best DOPs in France. We follow the tragic wanderings between Warsaw, Paris and Berlin. By the Polish-British director Pawet Pawlikowski, who won the 2015 Oscar for Best Foreign Language Film for Ida.

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 4106034500502 GALA CROISETTE Pays : France Date : 08 MAI 18 Périodicité : Quotidien Page de l'article : p.24,25,26,...,30

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EN GUERRE Après avoir adapté Maupassant (Une vie), Stéphane Brizé revient au cinéma social qui lui avait si bien réussi en 2015 avec La loi du marché. Ici, le désarroi face à l'horreur économique se fait collectif et voit les ouvriers d'une usine se battre contre une délocalisation. Le titre dit tout de ce qui s'y joue. Encore un rôle en or pour Vincent Lindon. At War. After adaptmg Maupassant (A Woman's Life), Stéphane Brizé returns to socially engaged filmmaking, after his successful 2015 The Measure of a Man. Hère, the battle against economie horrors is a collective one, in which workers are strugglmg to nu keep their factory open. The {MOTTE title explains just what is at stake. Once again, a gréât rôle for Vincent Lindon.

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 4106034500502 GALA CROISETTE Pays : France Date : 08 MAI 18 Périodicité : Quotidien Page de l'article : p.24,25,26,...,30

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LAMOUR, LA MORT, LA GUERRE : NOTRE MONDE DE TOUJOURS LOVE, DEATH, WAR: OU R EVERYDAY WORLD

BURNING Retour du maître sud-coréen Lee Chang-dong, huit ans apres le Prix du scénario pour Poetry. Sur fond de pyromanie, Burning confronte deux garçons et une fille de 2O ans, lies par un étrange incident... Lee Chang-dong, ancien ministre de la culture de la Coree du Sud, a adapte ici une nouvelle d'Haruki Murakami, parue en 1983, librement inspirée de William Faulkner. The South Korean master Lee Chang-dong returns 8 year s after winnmg Best Screenplay for Poetry. Against a backdrop of pyromama, Burning confluents three 20-somethings, Imked by a strange incident Lee, former South Korean minister of culture, adapted a short 1983 story by Haruki Murakami, itself largeiy mspired by William Faulkner.

LAZZARO FELICE A la lisière du fantastique, l'histoire d'une amitie puissante et traversant les âges entre un jeune paysan a la bonté infinie et le fils d'une marquise qui règne avec des manières d'autrefois sur son petit monde rural... Grand prix en 2014 pour Les merveilles, Alma Rohrwacher, 35 ans, a écnt le scénario l'an dernier en residence a la Film Society du Lincoln Center de New York, sous le parrainage de Jaeger-LeCoultre. Bordenng on the fantastical, this is the stor of a powerful and timeless friendship between a kind peasant and the son of a marchioness who reigns over this small rural world with manners fram another age. Winning the 2014 Grand Prix for The Wenders, 35-year-old Alicia Rohrwacher wrote the script last year as the Lincoln Center Film Society and Jaeger-LeCoultre filmmaker in residence.

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 4106034500502 GALA CROISETTE Pays : France Date : 08 MAI 18 Périodicité : Quotidien Page de l'article : p.24,25,26,...,30

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DES FEMMES ET DES ENFANTS, EN HÉROS WOMEN AND CHILDREN AS HEROES

FILLES DU SOLEIL Révélée à Toronto avec Bang Gang en 2015, Eva Husson, 41 ans, met ici YOMEDDINE en scène deux femmes sur le front de guerre au Kurdistan : une guérillera Rarement représenté, le cinéma commandant Les filles du soleil (Golshifteh Farahani) et une journaliste égyptien a trouvé en Abu Bakr Shawky (Emmanuelle Bercot) qui rend compte de leur combat. une signature originale. Venu du Cifls of the Sun. First garnering attention in Toronto for the 2015 Bang documentaire, il signe un premier Gang, Eva Husson, 41 years old, films two women on the Kurdistan front: long-métrage entre rires et larmes, the commander (Golshifteh Farahani) leading the titular Filles du Soleil avec le désert pour décor, dont le and a joumalist (Emmanuelle Bercot) reporting on their combat. héros, un ancien lépreux, embarque dans une charrette tirée par son âne, à la recherche de ses racines...

film full of la> againsta ' former

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 4106034500502 GALA CROISETTE Pays : France Date : 08 MAI 18 Périodicité : Quotidien Page de l'article : p.24,25,26,...,30

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LE TO Dans l'URSS de Brejnev, ce n'était pas une sinécure de se dire fan de rock ! Kirill Serebrennikov, dédie son film aux stars russes des années 80, qui dans les pas de Bowie ou Led Zeppelin voulaient changer le monde... Assigné à résidence, le cinéaste russe sera l'un des absents du Festival. It was not easy being a fan of rock music in Brezhnev's USSR. Kirill Serebrennikov dedicates his film to Russian musicians of the 1980s, who, following in the footsteps of Bowie and Zeppelin, wanted to change the world. Under house arrest, the Russian f ilmmaker will not attend the Festival.

SEX.DRUGS AND RUSSIAN ET AUSSI ROCK'N'ROLL !

LE LIVRE D'IMAGE UNDER THE « C'est une petite histoire d'après un livre qui me semblait intéressant, L'Arabie SILVER LAKE heureuse... Voilà une des rares choses que Une femme disparaît, son jeune voisin, l'on sait du nouveau Godard tel qu'il l'a fou amoureux, part à sa recherche confié à la revue russe Séance. Frémaux a à travers Los Angeles... Quelque chose dit combien le génie des alpages « était un ti'After Mours dans ce second long homme assez facile : quand je lui ai de David Robert Mitchell (ItFollows) demande s'il accepterait la compétition, qui opte pour le registre loufoque il m'a dit de manière positive "C'est et dévoile la Cité des Anges sous un comme vous voulez" » jour inquiétant. The Image Book. 'It's a little story adapted A woman disappears and her neighbour, from an interesting book, l'Arabie madly in love, sets out to f ind her in Los heureuse.' That is one of the few things are Angeles. There is something of Scorsese's known about the new Godard film, as told After Mours in this second feature- by the director to the Russian magazine length film from David Robert Mitchell Séance. Frémaux said how much the (lt Follows) who opted for zaniness, French-Swiss director 'was such an easy- depicting LA. under a looming day. going man; When I asked hlm if ne would accept to be in compétition, he said in a UN COUTEAU positive way, "As you like.'" DANS LE CŒUR BLACKKKLANSMAN Avec Vanessa Paradis en productrice dè Spike Lee, l'ex-enfant prodige du cinéma films gay, le récit nous plonge dans l'univers américain, aujourd'hui sexagénaire, revient du porno, fin 70. En amorce, le meurtre avec un de ces films militants qui furent sa sauvage d'un acteur déclenche une signature. Et il est en « colère » a noté enquëte étrange... Dans son premier film Thierry Frémaux. Lee nous raconte ici (Les rencontres d'après minuit), Yann l'histoire du premier agent cle police noir Gonzalez assumait déjà son goût pour les de Colorado Springs infiltré dans le Ku ambiances orgiaques et vénéneuses. Klux Klan en 1978. Knife -é- Heart. Starring Vanessa Paradis as a Spike Lee, former diiid prodigy of producer of gay film, the story takes us into American cinema, now 60, returns with the world of porn in the 1970s. The savage one of his militant films, his signature. And murder of an actor leads to an unusual he is 'angry', observes Thierry Frémaux. investigation. In his first film (You and the Lee tells us the story of the first Night), Yann Gonzalez already showed his Black policeman of Colorado Springs, who

faste for poisonous and orgiastic ambiance. inf iltrated the Ku Klux Klan in 1978.

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 4106034500502 Date : 14 MAI 18 Page de l'article : p.21 Journaliste : MICHAËL MELINARD Pays : France Périodicité : Quotidien OJD : 35835

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COMPETITION Jafar Panahi, les mains libres Le cinéaste iranien n'a pas été autorisé à se rendre à Cannes. Il signe avec Trois visages un hommage aux femmes en lutte et au cinéma de son pays.

Cannes, envoyé spécial.

out n'est pas si terrible en ce bas monde. Car, même si Jafar Panahi, toujours sous le coup d'une inter- diction de sortie du terri- Ttoire, n'a pu être physiquement présent à Cannes, au moins a-t-il retrouvé la possibilité de faire du ci- néma ouvertement. Depuis 2011, ses longs métrages, Ceci n'est pas un film, Closed Curtain et Taxi Téhéran, ont été réalisés clandestinement. Leur dispositif filmique prenait en compte cette contrainte, d'autant que le ci- néaste iranien encourait vingt ans de prison. Avec Trois Visages, Panahi Behnaz Jafari, l'une des trois actrices, au côté du réalisateur Jafar Panahi, recouvre un semblant de liberté. Il dans son propre rôle. Mémento Films Distribution s'offre une échappée dans le nord- ouest de l'Iran, en terre azérie. Il in- carne son propre rôle dans cette pure des secousses du chemin de terre, tal et le conservatisme pointent. L'op- fiction qui, tout en rendant hommage permet une foule de rencontres. Les pression des femmes aussi. Panahi au cinéma iranien, interroge le men- villageois observent d'un oeil curieux signe un film ample, truffé de méta- songe et la place des femmes. En effet, les deux citadins à la recherche d'une phores et de symboles. Mais cette les Trois Visages sont ceux d'actrices « écervelée » qui rêve de devenir sal- poésie cinématographique, aussi im- de génération différente. Chacune timbanque. Hors champ, il croise aussi pressionnante soit-elle, se décline questionne l'imaginaire collectif. La la troisième comédienne du film, sur un rythme parfois indolent. Si on première, Behnaz Jafari, elle aussi Sharzhad, qui a connu son heure de arrive à passer outre, Trois Visages dans son propre rôle, accompagne gloire avant la révolution. Elle vit apparaît comme un splendide hom- Jafar Panahi sur les traces d'une ado- recluse, rejetée par des villageois dont mage aux femmes qui luttent pour lescente résolue à devenir comédienne certains l'avaient sans doute admirée. leur émancipation. Sinon, l'ennui malgré le veto parental. Or, cette ex- C'est l'un des nombreux clins d'œil prend le pas. Sans qu'il parvienne pédition se déroule avec un étrange de Panahi au septième art iranien dans complètement à occulter les qualités postulat de départ puisque la jeune lesquels figurent Kiarostami, les sé- de cet immense cinéaste, v femme a envoyé la vidéo de son suicide ries B glorifiant la virilité masculine MICHAËL MELINARD en interpellant la célèbre actrice. Reste ou son propre cas, évoqué dans un à savoir si la mise en scène macabre savoureux coup de fil à sa mère. Sur Trois Visages de Jafar Panahi I h 40 est réelle. Le périple, mené au rythme les étroits lacets, le confinement men- Iran

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 9385824500501 GRAZIA DAILY CANNES Pays : France Date : 14 MAI 18 Périodicité : Quotidien Page de l'article : p.3 Journaliste : Romana CARLTON et Gérardine MARTINEZ

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chante avec mon voice coder Conversations secrètes de Marguerite D «Un air La chronique de Romana CARLTON et Gérardine MARTINEZ dc I enhc-dcu\-&uerrcs encore encore voila India song se I e-} u un e Ke pie nd » - C'est quoi ce foulage de gueule ? « BLOODY SUNDAY» - Ne sois pas vulgaire pauvre thon, c'est la mélopée du désir ' Gérardine: Tiens il pleut en guise cle protestation. Dieu - Et pourquoi pas la ritournelle Romana: Ah, c'est ça qu'on a teleporte le déluge pour le jour du clito, au point ou tu en es 5 appelle la pluie Heureusement de la programmation qui, - Et liois visages, le film que i avais pense a mettre des o divine surprise, est aussi le ]our cle «Panaris»5 tongs, ça flip flop severe sur la de son fils, le seigneur TO Christ - Pa na hi, ma cherie ' L'Iranien Croisette - Plausible Maîs mon cœur cle Tatai Panahi ' Ne fais pas ta Fre- - Ah, c'est ça qu'on appelle des mécréante prefere l'hypothèse maux ' Tu veux que ]e te pitche ^ tongs matérialiste ll flotte parce qu il - Bale ' - Blood\ sundav en tous cas Je flotte - Maîs d'où tu parles le tarsi suis trempée au string et c'est pas - Quand même, il s'est passe un maintenant2 pour les raisons habituelles que tu truc lors de la presentation de - Oh moi, tu sais, toutes les decli sais T'ai quand même appelé un Manio a Un certain regard naisons de l'aubergine Bon de mes amants qui bosse à Meteo Comme de coutume, toute alors, Tafar Panahi prend la route France pour lui passer un savon l'équipe du hlm est montee sur la avec une copine actrice pour re - Alors, c'était quoi ce maudit scene de l'auditorium Lumiere trouver une jeune fille en detresse fatum orageux qui a r ax age le La realisatiice Nandita Das et ses - Tu es certaine que tu t'es pas Festiv al •> acteurs (la routine), les procluc trompe cle réalisateur et d'année •> - Deux explications I La deesse feu rs (la routine), quèlques techni On dirait un vieux Kiarostami Shiv a n aime pas du tout Manio ciens (la routine) maîs, moins la Et c'est quoi, le message -" (de pluie'1), le hlm indien tontine, tout un tas d'autres gens - Te sais pas trop, mon repondeur d'Un certain regard et elle a plus ou moins en san dont il n'est est tombe en rideau pendant envoyé un SMS a Parjanya, pas certain qu'ils faisaient tous la projo le dieu hindou de la pluie comme partie de la famille Au total, une - Il est pas un peu beaucoup tu le sais, qui a fonvarde une mini manif sympa d'une trentaine en tôle, Tafar Panahi -* mousson carabinée 2 Le dieu des de personnes « I hut s India», a — Maîs non, nuance ' II est assigne chrétiens est d'accord avec Shiva commente Fremaux au micro a residence, ça veut dire en VF et Par|anya au niveau bad karma - Décidément, ce Thierry est qu'il a le droit de sortir de maîs son ire perso concerne un drôle d'oiseau Maîs il voulait chez lui pour aller pisser Le Pape Franc,e>i\ Un homme Jt probablement rendre un crypto- a l'épicerie du coin pai oit de sa sainteté Wenders et hommasje a India S

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 2485924500504 CANARD ENCHAINE Pays : FR Date : 23 MAI 18 Périodicité : Hebdomadaire Page de l'article : p.6 Journaliste : D. F.

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lin petit palmarès des familles

T A FAMILLE qui compte, remporte le Pnx du jury pour '> Jj c'est celle qu'on choisit « Capharnaum », qui dépeint de former ensemble >, explique une famille décomposée par la en substance un personnage pauvrete Le fiston, 12 ans, d'« Une affaire de famille », le fugue et forme, lui aussi, une film de Hirokazu Kore-eda qui famille neuve dans un bidon- a remporte la Palme d'or a ville avec une Ethiopienne et Cannes Une < famille de vo- son bebé, dont il finit par s'oc- leurs a l'étalage », selon le titre cuper seul Les scènes mon- japonais original, qui se bâtit trant le gamin prenant soin du de bric, de broc et d'enfants re- nourrisson évoquent par leur cueillis puis formes à chapar- drôlerie tendre le « Kid » de Chaplin "Dogman" céleste C'est une utopie communau- taire, ou tout un village devient une grande famille, que dé- peint « Lazzaro Felice », film foutraque et fouillis d'Alice Rohrwacher, qui a curieuse- ment remporte le Prix du scénario En revanche, Marcello Fonte remporte a tres juste titre le der, contre une societe qui Prix d'interprétation mascu- exclut Grand maître des ta- line dans « Dogman », ae Mat- bleaux de famille a petites teo Garrone, pour son rôle bou- touches, Kore-eda excelle a fil- leversant de toiletteur pour mer les liens filiaux qui se fer- chiens au grand cœur et a la ment peu a peu entre pere et voix nasillarde, si tendre avec fils, mere et fille d'adoption sa petite fille maîs plombe par Même si ce film n'est peut-être un encombrant copain truand pas son chef-d'œuvre II faut l'entendre dire Dans un registre moins sub- « amore » à un chihuahua en til, la Libanaise Nadine Labaki hypothermie '

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 8708434500524 CANARD ENCHAINE Pays : FR Date : 23 MAI 18 Périodicité : Hebdomadaire Page de l'article : p.6 Journaliste : D. F.

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Deuxième tendance du pal- taciturne et une danseuse pas- marès les films plus politiques sionnée, entre la France et la qui revisitent et se réappro- Pologne, déchirées par la guer- prient l'Histoire Pour son re- re froide Dans un noir et blanc tour à Cannes, Spike Lee rem- au cordeau, il renouvelle la porte un Grand Prix stimulant réussite d'< Ida » (Oscar du avec « BlacKkKlansman », film meilleur film etranger 2013),, à la fois radical et nuancé, mi- ou la forme parfaite sublime litant et au second degré, sur le fond un policier noir des années 60 Quant a la Palme d'or spe- qui a infiltre le Ku Klux Klan ciale a Jean-Luc Godard pour Ou le comique vintage dans le son < Livre d'images usees style de la Blaxploitation venge jusqu'à la corde, rythmées de de la haine raciste Jusqu'à phrases interrompues, s'agit- l'épilogue, glaçant, sur Trump il d'une palme historique obli- et Charlottesville, qui redonne gée, décernée au fantôme du grand metteur en scene qu'il a toute sa force au propos ? ete ou bien d'une palme du foutage de gueule ? Ode de Pologne Oh my Godard ! Dans un style qui tranche du tout au tout, « Cold War », du Polonais Pawel Pawli- Plus justifie et en tout cas kowski, remporte un Prix de politiquement utile le Prix du la mise en scene plus que me- scénario ex aequo attribue au nte avec son histoire d'amour cinéaste iranien Jafar Panahi, romantique entre un pianiste interdit de travail et de sortie de son pays, pour « Trois vi- sages », sorte de road-movie mmimaliste a sa façon qui le montre en compagnie de son actrice partant élucider le sort d'une jeune villageoise, apres avoir reçu une video funeste « Trois visages » est d'ailleurs le seul survivant au palmarès de la demi-douzaine de films en compétition bâtis autour d'une disparition inquiétante et d'une enquête paradoxale Une autre tendance en mi- roir de l'époque, sans doute ? D. F.

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 8708434500524 ILLIMITE Pays : France Date : MAI 2018 Périodicité : Mensuel Page de l'article : p.8-10 OJD : 279300 Journaliste : Romain Thoral et Alex Vandervost

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8 Trombinoscope tomani Thoral &AlexVandervorst iphotos DR

Cannes: «EN GUERRE» la compète de Stéphane Brisé 2O18 Le plus Internationale II avait réveille le naturalisme a tendance Li Coree retient en compète maîs avec Moins d'habitués, militante en 201S avec La Loi du marché, un auteur qui n'est pas exactement déjà en lice a Cannes II n'y av ait pas de du même sérail que Pai k Chan-Wook plus de nouvelles têtes, raison que Brize ne revienne pas avec ou Bong Joon-Ho plus lom du genre la Sélection 2018 renoue Enguerre, qui prolonge la croisade maîs tout aussi pres de la grande avec un certain sens de la cntamcc sous Hollande par un Vincent forme Chang Dong (ex ministre dc la Lindt rn aussi frondeur que moustachu Culture che/ lui) s interesse au triangle radicalité Revue d'effectif et dont le pas se regle sul celui emgmatique (et amouieux?) foi me des conflits sociaux de ce printemps par deux hommes et une femme

j«NETEMO SAMETEM01 ET 2» de Ryusuke Hamaguchi Le o us vertiee de 'amour

\\ec Gomorra, Garrone avait révèle JLG et Cannes, ça a toujours ete fort et Happy Hour avait ravi les cinéphiles Pcnvcrs hallucinatoire dc la mafia Rien complique agitateur de consciences en 68 (du moins les cinéphiles j rponisants d étonnant a ce qu il renoue avec le crime («Je vousparle solidarite ai ec les ouvriers il n est jamais sorti ici) son Sensés déboule soidide a l'italienne maîs cette fois-ci et vous me parlez travelling, ^ ans êtes des dans les salles françaises ce mois-ci II > commis dans la banalité des HLM grisous cons'»), spectre honore maîs ibsent il est a donc de quoi miser une petite piece sur ou le patron d'une animalerie se heurte de la fete un an apres le portrait gl inçant Ic nouveau Hamaguchi qui suit les traces a un caïd local encore plus féroce que du Redoutable et ce, en même temps que d'une jeune femme troqu mt son amoureux ses rottweilers Li gueule béante de ces I affiche de Cannes 2018 rend hommage mystérieusement disparu eon ti e un sosie derniers le ti anit il v aura des crocs a Pierrot le fou. Fort ct complique, au temperament oppose Un remix de du sang et des aboiements on \ GUS dit Vertigo, donc ? Encore un ?

J«SHOPLIFTERS»_ de Hirokazu Kore-Eda

Kore-Eda sur la Croisette Surprise de reti ouv er E\ a Husson Le pa\s du Cedre a raiement mis cela devient un rituel notamment du réalisatrice de Bang" Gang1 en 2016, les pieds en compétition maîs le nom de la au nouveau rythme de tournage effréné dans le grand bassin de la Selection réalisatrice Nadine Labaki sonne peut-être du Japonais son ThirdMurder mature officielle Les Filles du soleil marque familier la Quinzaine et Un certain regard a peine dans nos esputs qu'il ie\ient un changement de braquet on > suivra lui jv aient de)a donne I occasion de se avec une héroïne va-nu-pieds recueillie un gl oupe de soldâtes km des tout en distmguei, a\ec des preoccupations moins par une famille de voleurs promettant le même genie d'iconoclasme, sensibles que celle de Capharnaûm; a l'étalage, dans ce qui s'annonce comme d'autant que le grand manitou cannois «La voix d un enfant qui reclame

un conte dc fccs social Thierry Fremaux a promis un «vrai film de une vie digne au nom de tous les deshei nes a hauteui de gosse femme» en réponse au séisme #metoo ^ de la Terre »

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 6475134500506 ILLIMITE Pays : France Date : MAI 2018 Périodicité : Mensuel Page de l'article : p.8-10 OJD : 279300 Journaliste : Romain Thoral et Alex Vandervost

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Le plus me, myself and aïe Le plus venèrrrrrrre Le plus grand sommeil

Le titre résume à lui tout seul la filmo de Spike Lee revient et il n'est pas content, Avec ItFollows (a la Semaine de la Christophe Honore, maître des romances surtout avec le climat trumpesque Sale critique en 2014), Mitchell redonnait parisiennes chantonnantes ou embrasées période qui l'incite a raconter le premier espoir aux nostalgiques d'horreur Mais gageons que ce film-là sera encore cas connu d'infiltration du Ku Klux Klan zombiesque. Les fans de « néonoir » lové plus personnel : Honoré organise une par un flic noir, comme l'annoncent les K dans un Los Angeles suave et interlope rencontre amoureuse, en 90, entre un en trop de ce titre impossible (qui rappelle (façon Chandler) peuvent, à leur tour, écrivain parisien et un étudiant rennais aussi le Sweet Sweetback's Baadasssss exulter Mitchell investit ce territoire-là, joué par Vincent Lacoste, en qui on devine Song de l'aïeul Melvin Van Peebles avec Andrew Garfield à la place de Bogart le parfait alter ego du cinéaste la boucle est bouclée) (et pourquoi pas ?).

«THREE FACES» «COLD WAR» «LETO» * I de Jafar Panahi de Pawel Pawlikowski de Kirill Serebrennikov Le plus sous scellé Le plus « coup de polish » Le plus sous-scellé (bis)

Le dissident politique Panahi Après l'engouement surprise prim On attend Serebi ennikov poui deux très poursuit son oeuvre contre vents Ida, Pawel Pawlikowski adopte bonnes raisons. d'abord il est, comme et marées, et défie cette fois le une envergure plus grande encore Jafar Panahi, assigné à résidence par son régime iranien avec une fable qui et esquisse une fresque historique gouvernement, et on espère que Cannes résonne fort avec les classiques mâtinée de romance entre un musicien lui fera défier l'ordre etabli aussi bien locaux de Kiarostami : trois portraits revenu de la Pologne stalinienne et que les âmes rcvêchcs qui lui inspirent dc femmes s'imbriquent dans un une chanteuse parisienne. Deux forces son film, ode a la rockstar Viktor Tsoi, road movie éthéré. Trois manières contraires qui promettent une passion chanteur du «Led Zeppelin russe» d'envoyer un soufflet féministe entre esthètes sous les auspices (ce qui constitue la deuxième bonne raison au visage des mollahs ? de la grande Histoire. de l'attendre de pied ferme).

^LE POIRIER SAUVAGE »_ «YOMEDDINE» «ASM IS PUREST WHITE» de Mûri Bilge Ceylan d'Abu Bakr Shawky de Jia Zhang-" Le plus glam Le plus kickstarté Le plus cendres et brigands

Seul cinéaste déjà palmé Le cinéma égyptien ne s'était pas Retour de Id Chine carnassière et rongée de cette compétition, le « Bergman renouvelé depuis longtemps. Alors voir par le ci une, comme on ne l'avait pas vue turc » revient en Anatolie un cinéaste concourir pour la Caméra à Cannes depuis, depuis . c'est bien ça, pour diagnostiquer les tourments d'or est d'autant plus réjouissant. Surtout depuis le dei niei Jia Zhang-Ke pi ésenté d'un jeune écrivain en quête que Yomeddine est annonce comme en officielle, A Touch ofSin. Cette fois, de publication Les premières une comédie grinçante (et financée par le portraitiste à la dure de la plus grande images dévoilées évoquent micromécenat) a dos d'âne, quelque part nation d'Asie sort de l'actualité de son pays une nouvelle prouesse formelle entre un western postmodcrnc pour esquisser une romance située de premier ordre La passe et une version moyen-orientale en 2001 - maîs sur fond dc gangstérisme. de deux ? d'un Don Quichotte lépreux. On ne se refait pas.

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 6475134500506 ILLIMITE Pays : France Date : MAI 2018 Périodicité : Mensuel Page de l'article : p.8-10 OJD : 279300 Journaliste : Romain Thoral et Alex Vandervost

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Le plus sulfureux

Rien de moins que la compète pour le deuxième film de Yann Gonzalez, cinq ans après ses rencontres d'après minuit. Le pitch, assez sulfureux, semble mixer sériai killer, industrie du porno et «film dans le film ». Vanessa Paradis se chargera, elle, d'électriser le tapis rouge pour cet objet au sympathique fumet de scandale.

«AYKA». de Sergey Dvortsevoy Le plus ric-rac

Consacré sur la Croisette à l'époque de Tulpa, auréolé du prix Un certain regard, le documentariste kazakh revient dix ans plus tard avec son deuxième long-métrage de fiction. Invité surprise de dernière minute, il endossera le rôle de l'outsider pour ce film dont on sait absolument rien pour l'instant, si ce n'est que Thierry Frémaux le juge suffisamment solide pour être palmable.

«EVERYBODYKNOWS» d'Asghar Farhadi Le plus sous scellé

Voir pages 12 & 13.

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 6475134500506 GALA CROISETTE Pays : France Date : 15 MAI 18 Périodicité : Quotidien Page de l'article : p.28

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ELLES ASSURENT

Parce que Jafar Panahi est toujours interdit de Croisette - assigné à résidence en Iran -, ses actrices Behnaz Jafari et Marzieh Rezaei - ainsi que la monteuse du film Mastaneh Mohajer - ont assuré pour lui la présentation de Trois visages en compétition pour la Palme d'Or, sur la Plage Majestic 71. Le cinéaste, interdit de tournage depuis huit ans, n'a pas dit son dernier mot. BRAVE HEARTS. Because Jafar Panahi is still barred fram coming to the Croisette - under house arrest in Iran - his actors Behnaz Jafari and Marzieh Rezaei, as well as the f ilm's editer Mastaneh Mohajer - presented Three Faces, competing for the Palme d'Or at the Majestic 71 beach. The film-maker, subject to a ban on making films for the past eight years, has not said his last word.

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 8836034500504 Date : 11 MAI 18 Journaliste : Jean-Claude Raspiengeas Pays : France Périodicité : Quotidien OJD : 91467

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étoiles filantes Le bâillon des dictatures

Cannes De notre envoyé special Le Festival de Cannes est une caisse de résonance qui inquiète les regimes autoritaires. Il n'est pas rare qu'un film sélectionne subisse des représailles et que son réalisateur soit sanctionne La cuvee 2018 n'échappe pas a la regle. Premier film kenyan se lectionne et seul representant de l'Afrique en compétition, Rafiki, de Wanuri Kahiu, vient d'être interdit au Kenya parce qu'on y voit la naissance d'un amour entre deux femmes. L'Iran est coutumier de ce type de rétorsions Jafar Panahi, dont le film Trois visages a les honneurs de la compétition, de- meure, depuis des années, assi gné à résidence, avec interdiction de tourner. Il réussit pourtant à contourner cet ukase et persiste a creer, malgre la surveillance dont il fait l'ob|et. La Russie de Vladimir Poutine n'est pas en reste. Kirill Serebren- nikov, dont le film L'Eté a ete pre- sente hier, n'a pas ete autorise a venir sur la Croisette Poursuivi pour détournement de fonds pu brics, accusation qu'il dénonce comme « absurde », il vit en re- sidence surveillée a Moscou et risque dix ans de prison Apres des demandes répétées du Festi val de Cannes, via la voie diplo- matique, Vladimir Poutine en personne s'est fendu, mercredi, d'une réponse II a déclare «Le réalisateur a un problème avec la justice de mon pays. J'aurais tellement voulu vous aider maîs en Russie la justice est indépen- dante » Propos rapportes publi- quement par Thierry Fremaux, le delegue general, et reçus par un immense éclat de rire des festivaliers Et quèlques huées. Il y a enfin le cas particulier de la Chine, cette annee, avec Wang Bmg qui a tourne clandes tinement Les Âmes mortes et Jia Zhang-Ke (Les Eternels), député du Shaanxi, qui vient de voter

les pleins pouvoirs a vie pour le presidentXi Jinpmg... Jean-Claude Raspiengeas

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 8710724500503 Date : 11 MAI 18 Journaliste : Jean-Claude Raspiengeas Pays : France Périodicité : Quotidien OJD : 91467

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étoiles filantes Le bâillon des dictatures

Cannes De notre envoyé special Le Festival de Cannes est une caisse de résonance qui inquiète les regimes autoritaires. Il n'est pas rare qu'un film sélectionne subisse des représailles et que son réalisateur soit sanctionne La cuvee 2018 n'échappe pas a la regle. Premier film kenyan se lectionne et seul representant de l'Afrique en compétition, Rafiki, de Wanuri Kahiu, vient d'être interdit au Kenya parce qu'on y voit la naissance d'un amour entre deux femmes. L'Iran est coutumier de ce type de rétorsions Jafar Panahi, dont le film Trois visages a les honneurs de la compétition, de- meure, depuis des années, assi gné à résidence, avec interdiction de tourner. Il réussit pourtant à contourner cet ukase et persiste a creer, malgre la surveillance dont il fait l'ob|et. La Russie de Vladimir Poutine n'est pas en reste. Kirill Serebren- nikov, dont le film L'Eté a ete pre- sente hier, n'a pas ete autorise a venir sur la Croisette Poursuivi pour détournement de fonds pu brics, accusation qu'il dénonce comme « absurde », il vit en re- sidence surveillée a Moscou et risque dix ans de prison Apres des demandes répétées du Festi val de Cannes, via la voie diplo- matique, Vladimir Poutine en personne s'est fendu, mercredi, d'une réponse II a déclare «Le réalisateur a un problème avec la justice de mon pays. J'aurais tellement voulu vous aider maîs en Russie la justice est indépen- dante » Propos rapportes publi- quement par Thierry Fremaux, le delegue general, et reçus par un immense éclat de rire des festivaliers Et quèlques huées. Il y a enfin le cas particulier de la Chine, cette annee, avec Wang Bmg qui a tourne clandes tinement Les Âmes mortes et Jia Zhang-Ke (Les Eternels), député du Shaanxi, qui vient de voter

les pleins pouvoirs a vie pour le presidentXi Jinpmg... Jean-Claude Raspiengeas

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 8710724500503 Date : 22 MAI 18 Journaliste : Céline Rouden

Pays : France Périodicité : Quotidien OJD : 91467

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Un palmarès prudent et beaucoup dè questions

Palme d'or spéciale : Le Livre Prix d'interprétation mascu- du Chinois Wei Shujun. reperes d'image de Jean-Luc Godard. line : l'Italien Marcello Fonte Prix Un certain regard: Prix de la mise en scène: dans Dogm a 11 de Matteo Gràns (Frontière) du Danois Le Palmarès du 71e Festival Cold War du Polonais Garrone. AliAbbasi. dè Cannes Pawel Pawlikowski. Caméra d'or (premier film Prix du jury œcuménique : Prix un *ceii«iriu t?A-asquo: toutes sections confondues) : Capharnaûm, de Nadine Labaki. Palme d'or : Une affaire de fa- Heureux comme Lazzaro de Girl du Belge Lukas Dhont. Mention spéciale du jury œcu- mille du Japonais Hirokazu l'Italienne Alice Rohrwacher Palme d'or du court métrage: ménique : BlacKkKlansman Kore-eda. et Trois visages des Iraniens AU These Créatures, de l'Aus- de Spike Lee. Grand prix : BlacKkKlansman Nader Saeivar et Jafar Panahi. tralien Charles Williams. Œil d'or du meilleur documen- 1 0 de l'Américain Spike Lee. Mention spéc^ " '•«• court taire (tf"*" co<-ti«ns confon- Prix du jury: Capharnaûm la Kazakhe Sama! Yesyamova métrage : Yan Sian Sinio dues) : Satnouni Road, de la Libanaise Nadine Labaki. dans Ay ka de Sergueï Dvortsevoy. Nian (Sur la frontière), de l'Italien Stefano Savona.

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 4819334500508 Date : 22 MAI 18 Journaliste : Céline Rouden

Pays : France Périodicité : Quotidien OJD : 91467

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— Le 71e Festival de Cannes tribu de chapardeurs recueillant s'est achevé samedi par une fillette maltraitée par sa famille l'attribution de la Palme a ému la Croisette et fait l'unanimité d'or au beau film du cinéaste de la critique. Ce prix vient couron- Japonais Hirokazu Kore-eda, ner une œuvre délicate que le réa- « Une affaire de famille ». lisateur, déjà sélectionné cinq fois ^_ Une édition marquée en compétition et prix du jury en par les revendications 2013 pour Tel père, tel fils, construit des femmes et les questions depuis des années. Peintre d'une posées sur l'avenir du festival société japonaise auscultée par le dans une industrie en plein prisme des liens familiaux, il est de- bouleversement. venu aujourd'hui l'un des maîtres du cinéma d'auteur international. Le Festival de Cannes doit-il se Le reste du palmarès est plus réinventer? Après avoir fêté avec contestable dans sa volonté de ré- faste son 70e anniversaire l'année compenser des engagements plu- dernière, l'édition qui s'est achevée tôt que des oeuvres cinématogra- samedi semble être celle du doute. À phiques. Ainsi du grand prix et du l'image d'un palmarès qui n'a suscité prix du jury qui ont récompensé ni scandale, ni grand enthousiasme. respectivement le brûlot anti- Le jury, présidé par Gate Blanchett, Trump de Spike Lee, BlacKkKlans- ne s'est en effet pas trompé en décer- man, et la chronique très mélodra- nant la Palme d'or au très beau film matique du sort fait aux enfants du Japonais Hirokazu Kore-eda. des rues de Beyrouth, Caphar- Cette bouleversante histoire d'une naùm de la Libanaise Nadine La-

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 4819334500508 Date : 22 MAI 18 Journaliste : Céline Rouden

Pays : France Périodicité : Quotidien OJD : 91467

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Hirokazu Kore-eda (Palme d'or) reçoit l'accolade de Thierry Fremaux (de dos), délégué general du festival, sous le regard de Pierre Lescure, son president, lors de la cérémonie de clôture le 19 mai a Cannes. Tristan Pen mgs/Getty images/'AFP

marque la compétition pour leur choix de valeurs sûres au détriment neurs du festival a signer une charte Le jury ne s'est pas grâce et leur originalité du souhait de renouvellement ex- s'engageant a revoir leurs pratiques Les prix d'interprétation sont prime par Thierry Fremaux, le dele et notamment a instaurer la parite trompé en décernant logiquement alles a l'Italien Mar- gué general du Festival de Cannes, dans tous les comites de selection la Palme d'or au cello Fonte, pour son incroyable qui avait presente cette annee une L'absence du geant Netflix, ensuite, performance de Dogman de Mat- selection exigeante et de haut ni- pour cause de legislation française, très beau film de teo Garrone, et a une actrice ka veau, avec de nombreux réalisa- qui l'oblige a sortir les films en salles, Hirokazu Kore-eda. zakhe inconnue, Samal Yesyamova, teurs présents pour la premiere et risque de priver a l'avenir le festi- impressionnante dans le film par fois en compétition II est révéla- val d'auteurs majeurs L'absence des ailleurs assez dérangeant de Serguei teur de l'embarras ressenti tout au grandes « majors » américaines, en- baki. Le jury n'a pas oublie d'ins- Dvortsevoy Enfin une Palme d'or long d'une edition marquée par les fin, pour lesquelles Cannes ne serait crire a ce palmarès Trois visages, le speciale, une premiere dans l'his- bouleversements en cours dans l'in- plus le lieu strategique de presenta- film de l'Iranien Jafar Panahi, as- toire du festival, est venue recom dustrie Ceux suscites par l'affaire tion des films dans la perspective de signe a residence dans son pays, et penser Jean-Luc Godard, 87 ans, en Weinstem d'abord. Les femmes, Gate la course aux Oscars. ceux d'Alice Rohrwacher, Heureux compétition et qui présentait pour- Blanchett en tête, ont revendique D'où une compétition |ugee moins comme Lazzaro et de Pawel Paw- tant un film plutôt obscur haut et fort cette annee une egalite « glamour » et plus recentrée sur le hkowski, Cold War qui avaient Ce palmarès prudent a fait le de traitement amenant les sélection- cinema d'auteur, notamment en provenance de l'Est Elle a provoque en tout cas les interrogations de la presse professionnelle américaine « Cannes a t-il un avenir7», s'est ainsi demande le magazine Vartety invitant le festival a « passer moins de temps a edicter des regles et da vantage a dérouler le tapis rouge » Si elle est volontairement provoca- trice, la question doit cependant être prise au sérieux par les orga- nisateurs d'une manifestation a la croisee des chemins Céline Rouden

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 4819334500508 Date : 14 MAI 18 Pays : France Page de l'article : p.32-33 Périodicité : Quotidien Journaliste : OLIVIER NUC OJD : 305701

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L'ÉVÉNEMENT « Trois Visages » : la bonne mine de Panahi

OLIVIER MUG » (Soliviernuc rant a une carriere artistique Sans se glant le trafic), renforcent le cœur du départir de sa légèreté et de son art de la propos la possibilité de produire de contemplation, le disciple de Kiarosta- l'art dans un pays ou la culture est sé- Assigne a residence, le réalisateur ira- mi, chouchou des festivals de cinema vèrement contrôlee Les habitants du nien Jafar Panahi figure cette annee en internationaux, signe un grand film po- village composent une galerie de por- compétition, comme son compatriote litique, dans la lignée de Taxi Téhéran traits attachante, les dialogues sont jus- Asghar Farhadi Si ce dernier se perd tes, les images, frappantes de sincérité dans une production bavarde et peu Rencontres surréalistes avec Trois Visages, Panahi s'inscrit joli- inspirée (Everybody Knaws), Panahi L'action - passablement alanguie - se ment dans la compétition • poursuit avec grâce une filmographie déroule dans un village montagneux du d'une grande délicatesse Dans Trois nord-ouest de l'Iran Avec sa compa- Visages, le cinéaste utilise le procede gne de voyage, l'actrice Behnaz Jafari, "w" «Trois visages» classique de la mise en abyme avec une assise a la place du passager, Panahi Drame de Jafar Panahi douce virtuosité Son film montre en met en scene une serie de rencontres Avec Jafar Panahi, Behnaz Jafari, effet le réalisateur lui-même, assigne a surréalistes Chacune des anecdotes, Maedeh Erteghaei residence dans son vehicule - il ne dont la plupart tournent autour de la Durée I h 40 franchit jamais le seuil des maisons - a circulation (un taureau reproducteur • L'avis du Figaro: •••O la recherche d'une jeune femme aspi- barrant la route, le code des klaxons ré- Sortie le 6 juin

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 5315824500502 Date : 21 MAI 18 Pays : France Page de l'article : p.23 Périodicité : Quotidien Journaliste : ERIC NEUHOFF OJD : 305701

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CULTURE Un palmarès sans passion FESTIVAL DE CANNES Après une 71e édition terne et médiocre, les choix du jury n'ont pas vraiment surpris.

ERICNEUHOFF La passion était restée chez elle Pas de eneuhoff(â>lefigaro fr grosse dispute, aucune polémique Même le Lars Von Trier est passe com- I e monde va mal Cela n'est me une lettre a la poste Spike Lee fut pas nouveau Le Festival de Cannes ne applaudi et recompense, yo La comedie se porte pas tellement mieux II parait était comme d'habitude sur le banc de que le cinema doit refléter la societe II touche Le Grand Bain fut projeté hors nous semblait que, pour cela, ll y avait la compétition et le film de Pascal Thomas television Ces choses-la ont change (la suite de Celles qu'on n'a pas eues), Sur la Croisette, on leve le poing II fal- même pas retenu lait fêter le cinquantenaire de Mai 68 Le palmarès ne surprit pas beaucoup Des rebelles en robe du soir se tor- Enorme deception, cependant rien tillaient gauchement sur les marches le pour le romantique et aerien Leto de Ki- concert de Sting et de Shaggy provoqua rill Serebrennikov, qui était pourtant le malaise Soudain, on se serait cru aux assigne a residence dans son pays (on Vieilles Charrues Sur les ecrans, l'ima- préféra choisir l'Iranien Jafar Panahi, gination n'était guère au pouvoir qui était dans la même situation les Dans la selection, se récapitulaient mollahs vont trembler) Les Russes des enfants maltraites, des syndicalistes n'avaient qu'a pas etre aussi méchants dépressifs, des nourrissons abandon- avec les Kirghizes L'actrice d'Ayka fut nes, des lépreux égyptiens, des produc- donc récompensée Bravo a la camera trices de pornos gays, des mafieux d'or pour le subtil Girl ou un adolescent chinois Evidemment, les sériai killers reve d'être danseuse etoile étaient de la partie C'est bien le moins Les responsables avaient l'air plutôt Rien pour les Français embarrasses Cette histoire de MeToo ne Actualite oblige, les dames avaient le leur facilitait pas la tache Certains assu- vent en poupe Comment expliquer rent maintenant que Cannes était un lu- autrement le prix du jury a Nadine La panar a ciel ouvert II serait devenu un baki dont le Capharnaum dégouline de couvent au bord de la Mediterranee (ll y bons sentiments et de violons7 Idem a déjà des moines sur l'île de Lerms) Sur pour la pesante Alice Rohrwacher, qui scene, des saintes couronnaient des décroche le prix du scénario (ex-aequo, martyrs Asia Argento glaça l'assemblée quand même) avec Heureux comme avec son discours Les mâles dominants Lazzaro Le merveilleux Marcello Fon- se recroquevillaient dans leur fauteuil te, toiletteur pour chiens dans Dogman, Pour la premiere fois de leur vie, leur mélange de Charles Denner, de Luis hantise était que leur nom resonne sous Rego et de Gad Elmaleh, a rafle le prix les plafonds du Theatre Lumiere d'interprétation Ouf Dans les remer- Le cru 2018 fut mi-figue mi-raison ciements, il était question de «reflechir

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 6552334500502 Date : 21 MAI 18 Pays : France Page de l'article : p.23 Périodicité : Quotidien Journaliste : ERIC NEUHOFF OJD : 305701

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ensemble » Etrange meeting Cold War, bouleversante romance polonaise, se contenta du prix de la mise en scene 00 PALME D'OR ll est extrêmement complique de Une affaire de fami//e, repartir les mains vides C'est pourtant d'Hirokazu Kore-eda l'exploit que réussit la brochette française, ce qui ne chagrinera person- GRANDPRIX ne Le politiquement correct n'alla pas BlacKkKIansman, de Spike Lee jusqu'à donner une médaille aux balourdes Filles du soleil Mais comment PRIX DU JURY une bluette aussi indigente et préten- Capharnaum, de Nadine Labaki tieuse qu'Un couteau dans le coeur a-t- elle pu figurer dans la course7 Thierry PRIX D'INTERPRÉTATION Fremaux avait sûrement oublie de I MASCULINE chausser ses lunettes Marcello Fonte, dans Dogmon La robe de geisha portée par Gate Blanchett annonçait la couleur Palme PRIX DE LA MISE d'or au Japonais Kore-eda pour sa jolie EN SCÈNE chronique Une affaire de famille Le Cold War, de Pawel Pawhkowski pompon fut atteint avec la creation d'une palme speciale pour Jean-Luc PRIX DU SCÉNARIO Godard C'est Bécassine, vedette de son Alice Rohrwacher pour Heureux Livre d'image, qui va être aux anges comme Lazzaro et Jafar Panahi Quelle mascarade' Quitte a jouer les pour Trois visages malins, a faire comme si Godard était toujours l'auteur du Mépris, pourquoi PRIX D'INTERPRÉTATION pas la vraie palme9 Ce scandale aurait FÉMININE eu de la gueule Samal Yeslyamova dans Ayko Cannes a un mente en comparaison, les prix littéraires paraissent presque PALME D'OR SPÉCIALE vertueux Pauvre cinema On lui fait Le Livre d'image bien des misères II s'en remettra Le de Jean-Luc Godard public se précipitera pour voir Leto Voila, c'est plie On enroule le tapis rouge Les balayeuses nettoient les paves qui n'ont pas vole On peut enfin se consacrer aux informations sérieu- ses C'était comment, le mariage du prince Harry ?•

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 6552334500502 Date : 21 MAI 18 Pays : France Page de l'article : p.23 Périodicité : Quotidien Journaliste : ERIC NEUHOFF OJD : 305701

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Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 6552334500502 Date : 20 MAI 18 Page de l'article : p.36 Journaliste : BARBARA THÉATE Pays : France (AVEC S.B.) Périodicité : Hebdomadaire OJD : 177854

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Cannes

Envoyées spéciales Cannes (Alpes Maritimes)

Ce fut une édition en demi-teinte, sans véritable coup de cœur ni révé- lation, aPimage d'une société que les réalisateurs venus du monde entier ont racontée • déprimée et dépri- mante. Etablir un palmarès donnait, cette année, presque aussi mal à la tête que dei égal dei un film de Jean- Luc Godai d. Celui du jury ale mél ite d avoii lécompeiisé les meilleuis candidats et de celebi el avant tout le coeur. T>e nôtre a battu pour le film de Hirokazu Kore-eda, Une affaire de famille, justement recompense de la Palme d'or, la première japonaise depuis plus de vingt ans. Consensuel, cc treizieme long métrage du cinéaste, déjà Prix du jury en 2013 avec Tèl Pere, tel fils, a une portée universelle qui pourra parler a un large public et connaître un beau succes en salles. On aime l'humanité qui perce de cette chro- La Palme du cœur nique douce-amère sur les familles qu'on subit et qu'on choisit, les touches d'humour qui apportent A l'écran, dans quasi tous les grand prix vient récompenser un de l'air. Et une tendresse qui ne verse films, les héroïnes ont tenu le haut Spike Lee aussi inspire cinémato- Palme d'or jamais dans le sentimentalisme. de l'affiche Des femmes malmenées graphiquement que remonté contre Une affaire de famille, Contrairement à Nadine Labaki qui, mais qui ne lâchent rien. Coté prix l'Amérique raciste de Donald Trump du Japonais Hirokazu dans Capharnawn, joue la smen- cl'intei pré tat! on, on am ait bien vu Et le pi ix elu se énai io atti ibué à Jafar Kore-eda (sortie non datée) chèi e et un cei tain miseï ab iiieme la comédienne inébi anlable cles Panahi poui Trois Visages sonne Grand Prix paul dénancei le soit des enfants, Étei nels de Jia Zhang-Ke l'intense comme un geste foit poui soutenu BlacKkKlansman, victimes oubliées des conflits qui dé- amolli eu se de Cold Well de Pawel un i ealisateui toujoui s assigné à i e- de l'Américain Spike Lee chiientlemonde T e pi ix du jury qui Pawlikowski Mai s c'est, conti e toute sidence en Ti an. Les pi emiei s mots (en salles le 22 août) lui a ete décerne semble davantage attente, l'actrice kazakhe et incon- de Cate Blanchett ont d'ailleurs ete Palme d'or spéciale défendre une cause humanitaire nue de Ayka qui a éte récompen- pour lui et pour Kiriiï Serebrenniko\ Jean-Luc Godard urgente qu'une œuvre cinémato- sée. Tellement bouleversée qu'elle (Leto), en prison en Russie. (Le Livre d'image, graphique totalement convaincante. trouvait difficilement ses mots en sortie non datée). anglais, et à peine mieux en russe. On Pourquoi Godard? Prix du jury Le poing d'Asia Argento ne s'} attendait pas: Ic parcours dc Si Cannes avait choisi dc sélection- Capharnaum, À Cannes cette annee, c'était aussi cette mère qui abandonne son enfant ner dc jeunes réalisateurs pour de la Libanaise Nadine Labaki l'occasion parfaite de célébrer le à la maternite est une epreuve aussi changer des cinéastes abonnes, les (sortie non datée) courage des femmes au cinéma. douloureuse pour le personnage que vétérans ont une nouvelle fois rafle Prix d'interprétation féminine Dans un festival militant de l'apres- pour le spectateur. la mise. Si ce n'est pour marquer le la Kazakhe Samal Esljamova Weinstein, elles ont pris une par- Chez les hommes, il y a bien cinquantenaire de Mai-68, à quoi (Ayka de Serguei Dvortsevoi, tie du pouvoir. Asia Argento, qui eu le flic infiltré dans le Riu bon donner une Palme spéciale à sortie non datée). remettait le prix d'interprétation Klux Klan joué par John David Jean-Luc Godard, sorte de remer- Prix d'interprétation féminine, a rappelé, poing et verbe Washington (le fils de Denzel) ciements pour services rendus au masculine l'Italien Marcello hauts, que c'est ici qu'elle a éte \ io- dans BlacKkKlansman de Spike septième art qui apparaît injusti- Fonte (Dogman de Matteo lée par le producteur américain, en Lee, les rockeurs russes de Leto, fié au regard de son Livre d'image Garrone, ll juillet). 1997. Deux des trois réalisatrices en mais c'est I incroyable Marcello conceptuel et ennuyeux ? Prix de la mise en scène compétition ont donc éte primées Fonte qui, avec Dogman de Matteo Pour le reste, à part regretter les le Polonais Pawel Pawlikowski (Eva Husson, avec ses ratées Filles Garrone, a fait l'unanimité en toi- absences au palmarès de Leto et des pour Cold War (31 octobre) du soleil n'a justement i ien eu). Alice letteiu canin qui ti cuve plus d'hu- fi ançaït>Enguet re etPlaue, aimer et Prix du scénario Rohrwac hei, déjà lam éate du gl and manité chez ses clients à poils que courir vit?, on ne pousseia aucun l'Italienne Alice Rohrwacher pi ix en 2014 poui Les Met veilles, dans son entoui age. auti e coup de gueule paiticuliei pour Heureux comme Lazzaro a i eçu le pi ix du meilleui scenai io Même si Cate Blanchett a assui e Conti ail ement à d'auti es éditions où (sortie non datée) et poui sa deconcei tarte fable mys- que « la. dimension politique n'a pas l'on avait le sentiment de ne pas avoil les Iraniens Jafar Panahi

tico-societale, mettant en scène un prévalu dans les choix dujury », cer- vu les mêmes films que les ]ures. • et NaderSaeivarpour Candide des temps modernes face tains prix apparaissent au moins Trois Visages (6 juin) à la cruauté du monde. aussi engagés qu'artistiques. Le BARBARATHEATE(AVECS.B.)

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 5790334500509 Date : 15 MAI 2018 Page de l'article : p.13 Journaliste : THOMAS SOTINEL Pays : France Périodicité : Quotidien OJD : 269584

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FESTIVAL DE CANNES Behnaz Jafari, une star à la campagne

CE FUT SANS DOUTE la préparation la plus dant le ramadan. J'y joue une directrice d'or- courte depuis LArroseur arrosé, «fai reçu le phelinat qui est odieuse avec les orphelins ». scénario deJafarPanahi, je l'ai lu très rapide- Comme on le voit dans Trois visages, ment, j'ai répondu oui le jour même, et le len- Benhaz Jafari est accueillie partout en Iran. demain nous prenions la route dans la voi- « Comme si je faisais partie de la famille des ture de M. Panahi, et le tournage a com- gens. Mais H suffit que je dise quelque chose mencé.» Behnaz Jafari, l'actrice, n'a pas qui ne leur plaît pas pour qu'ils se fâchent», abandonné une équipe en plein tournage raconte-t-elle. pour suivre le cinéaste, comme Behnaz Ja- fari, le personnage, le fait dans Trois visages. « Je suis aussi colérique que dans le film » Actrice de théâtre, de cinéma (on l'a vue Lorsqu'on lui demande si elle voit quelque dans Une famille respectable, de Massoud différence entre sa version de fiction et la Bakhshi, sorti en France en 2012), cette vedette qu'elle est, elle cherche conscien- quadragénaire altière est devenue, ces cieusement et répond: «Non, j'ai été moi- dernières années, une vedette des séries même, fe suis aussi colérique que ce qu'on télévisées que diffuse la télévision gou- voit dans le film. Cette scène de dispute, vernementale. Comme elle l'explique quand je frappe mon interlocutrice, c'est « c'est le seul moyen de toucher l'ensemble moi qui aie demande une troisième prise. de la population. Les Iraniens regardent Jafar Panahi était content des deux pre- essentiellement des chaînes étrangères mières, mais j'ai voulu pousser plus loin, et pour la musique, les informations. Les seuls je me suis mise à vraiment taper sur ma par- programmes produits en Iran qu'Us regar- tenaire. Elle était stupéfaite et attendait visi- dent, ce sont les séries ». blement que le réalisateur dise de couper. De retour à Téhéran, après avoir accom- Mais il ne l'a pas fait», conclut-elle avec un pagné le film à Cannes, sans Jafar Panahi, sourire sardonique. toujours privé de passeport, elle retour- Pendant un mois, la petite équipe a vécu nera sur scène où elle joue dans Roméo et dans la région turcophone autour de Ta- Juliette, de Shakespeare, et finira de tour- briz, dans des conditions matérielles pré- ner « la série qui passera tous les jours pen- caires et surtout dans l'angoisse d'une in-

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 4811924500509 Date : 15 MAI 2018 Page de l'article : p.13 Journaliste : THOMAS SOTINEL Pays : France Périodicité : Quotidien OJD : 269584

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tervention des autorités iraniennes qui ont interdit le métier de cinéaste au réali- sateur, lequel vit par ailleurs sous la me- nace d'une peine de prison jamais exécu- tée. «Nous vivions avec une épée de Damo- clès au-dessus nos têtes, se souvient Behnaz Jafari. Jafar Ponant était très an- xieux. Finalement, la seule fois où nous avons eu affaire à des policiers, c'est en tour- nant dans une zone interdite pour cause d'insécurité. Jafar Ponant s'est caché dans une voiture, les policiers m'ont reconnue et nous ont dit d'aller tourner ailleurs. » C'est un cinéaste de Tabriz, qui avait demande et obtenu l'autorisation de tourner un film avec Behnaz Jafari, et accepté de servir de prête-nom pendant le film, qui a produit les documents nécessaires. La contrainte politique et administrative n'a pas réussi à lester l'extraordinaire légè- reté de Trois visages. L'insouciance dont fait preuve à l'écran Jafar Panahi tendrait à confirmer le jugement que porte sur lui Behnaz Jafari : « C'est le meilleur partenaire que j'aie jamais eu. » Pour jouer avec lui, elle a pris des risques, elle qui travaille avec des entreprises d'Etat. Mais elle les balaie d'un «j'espère que tout se passera bien ». rn THOMAS SOTINEI

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 4811924500509 Date : 20 MAI 18

Pays : France Périodicité : Quotidien OJD : 274892 Edition : Paris, Oise

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C'est quoi Palm_ .cettee

Un cœur en or L'annonce de la Palme d'or a surpris la plupart des festivaliers samedi soir. Ils s'attendaient à ce que le jury recompense un film aux ambitions sociales comme « En guerre », de Stephane Bnze. aux enjeux politiques et internationaux tels « Trois Visages », de Jafar Panahi, ou « Capharnaiim », de Nadine Labaki. Maîs non. Lejury achoisi une Palme intimiste avec « Une affaire de famille », du Japonais Hlrokazu Kore-eda. « Nous avons eu un vrai coup de cœur pour ce film plein de grâce et d'élégance », s'est justifie le cinéaste Denis Villeneuve samedi soir lors de la conference de presse du jury. Le long-métrage nous conte le destin d'une famille inventée par Osamu et Nobuyo, couple de voleurs qui recueille des enfants délaissés par leurs parents et qui vit chez une vieille dame considérée comme la grand- mère de cette tribu insolite. Si ça n'est pas le meilleur film de Kore-Eda, habitué du Festival, déjà recompense ici en 2004 pour « Nobody Knows»parunprix d'interprétation masculine, on comprend que cette histoire toute en délicatesse, tendre et généreuse avec ses personnages si attachants, ait touche le jury avec son si joli message : la vraie famille, c'est celle que l'on se cree. OOGO « Une affaire cfe famille », de Hirokazu Kore-Eda, avec LilyFranky, Sakura Ando... 2 h I. Sortie prochainement.

Hirokazu Kore-Eda, primé pour« Une affaire de famille».

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 4320334500509 LE PETIT NICOIS Pays : France Date : MAI 18 Périodicité : Hebdomadaire Page de l'article : p.11 Journaliste : Pascal Gaymard

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CULTURE Evénement Un 71 ème Festival de Cannes sous le signe du renouveau Ce jeudi 12 Avril, le président du Festival de Cannes, Pierre Lescure, et son Délégué général, Thierry Frémaux, ont dévoilé et commenté la 71ème Sélection Officielle qui augure d'une nouvelle décennie faite de changements et d'aménagements.

La première fournée des films de la Compé- qui n'est pas libre de ses mouvements dans tition Officielle ne compte que 18 films et son pays, Jafar Panahi, « Trois Visages ». S'il gageons qu'ils seront entre 20 et 22 d'ici le fallait se livrer au petit jeu des pronostics, mardi 8 mai, date de la cérémonie d'ouver- Jafar Panahi pourrait faire un bien joli vain- ture du 71ème Festival de Cannes. Force est queur d'autant que rien ne dit qu'il sera ef- de contacter que la première impression est fectivement présent. particulièrement mitigée. Ses principaux concurrents seront très cer- tainement Spike Lee qui dans « Black Klans- 1906 films vus... man » lance un cri de colère sur le Souvent, le reproche fait à Thierry Frémaux traitement de la communauté noire aux était que les réalisateurs invités étaient des Etats-Unis. Comment aussi ne pas penser à « abonnés » du Festival, « que c'était tou- la sublime, libanaise, Nadine Labaki, « Capa- jours les mêmes », que des « pays voire des harnaùm » qui apparaît déjà comme l'un continents n'étaient pas représentés ». Au- des films les plus attendus du Festival. Il y tant de reproches qui peuvent très vite aura aussi un autre paria en provenance de énerver le Délégué général. « Nous sélec- Russie, Kirill Serebrennikov avec « Leto ». Et tionnons toujours les meilleurs films sans puis, il y aura quatre films extrême-orien- aucune contingence de quotas ou de situa- taux avec Hirokazu Kore-eda, « Shoplifter » tion géographique ». Et cette année, les trois autant que le nombre des films français d'où comités de sélections ont eu du travail émerge une figure emblématique, Jean-Luc puisqu'ils ont visionné plus de 1900 films Godard, « Le Livre d'Images »... (1906). Pour la clôture, rien n'est décidé La conférence de presse sera assurément pour l'instant... Depuis quèlques jours, le des plus suivie. Stéphane Brizé revient avec film d'ouverture était déjà connu avec une « En guerre », Christophe Honoré avec « sublime montée des marches où Pénélope Plaire, aimer et courir vite », et la toute nou- Cruz et Javier Bardem feront le spectacle velle Eva Husson signe avec « Les filles du aux côtés du réalisateur iranien, Asghar Fa- soleil » un film qui pourrait bien parler à la rhadi, « Everybody Knows ». présidente militante de la cause des femmes, Gate Blanchett. Jafar Panahi, Palme d'Or ? Il sera accompagné d'un autre compatriote

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 1044824500505 LE PETIT NICOIS Pays : France Date : MAI 18 Périodicité : Hebdomadaire Page de l'article : p.11 Journaliste : Pascal Gaymard

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Des changements qui font chronologie des films sera changée et la le buzz séance en soirée officielle deviendra la vraie Les Italiens, quant à eux, seront présents première projection du film en Compétition. avec deux films, celui d'Alice Rohrwacher, « Pour les journalistes, cela augure une vraie Lazarro Felice » tourné en Super 16, et sur- autre manière de travailler. Quant à ceux qui tout Matteo « Gomorra » Garrone pour « voudraient se prêter au petit jeu des selfies Dogman ». Parmi les documentaires, on re- sur le tapis rouge, c'est désormais formelle- tiendra celui des « Ames mortes » de Wang ment interdit car « moches, irrespectueux Bing, un hommage des millions de morts de et dangereux tant pour les chutes que pour la Révolution culturelle en Chine soit 8hl5 l'image du Festival ». Pierre Lescure et d'images poignantes... Pour ceux qui sont Thierry Frémaux ont parlé de la même voix plus grand public, le dernier volet de Star pour préserver la magie du plus grand Fes- Wars sur « Solo »... ou « Le Grand Bain » de tival de cinéma du monde. Gilles Lellouche seront pour eux. Enfin, la Pascal Gaymard

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 1044824500505 Date : 17 MAI 18 Journaliste : Renée Carton Périodicité : Bi-hebdomadaire

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Cinéma Le festival de Cannes Comment dire la violence

Le monde violent, du Moyen-Orient les spectateurs de la soirée de gala. Le cinéaste de « Jungle Fever » et à l'Amérique en passant par l'hor- Toujours aussi fou ou aussi créatif, « Malcolm X » ne peut s'empêcher de reur économique, les cinéastes dans son cas c'est la même chose. Lars relier les suprématistes blancs d'hier l'abordent par le réalisme oula von Trier imagine une sorte d'artiste à ceux d'aujourd'hui, et les victimes fable, l'émotion ou la réflexion, du crime en série, Jack (Matt Dillon, noires des années 1970 à celles des an- pour bousculer le spectateur, le qui arrive à jouer de toutes sortes de nées Trump. Une fin trop démonstra- faire frémir ou espérer. Ou tout cela nuances dramatiques et ironiques). tive pour certains, utile pour d'autres, à la fois comme on peut le consta- On a droit à quelques-unes de ses qui n'enlève rien en tout cas à la force ter avec la sélection cannoise. oeuvres sanglantes, très sanglantes, du film. ponctuées de commentaires et de ré- Autre combat, celui des « Filles du • Laviolence,leDanoisLarsvonTrier férences artistiques et historiques (y soleil » (21 novembre). Le deuxième en est l'un des explorateurs les plus compris de la période nazie), dans la film d'Eva Husson après « Bang audacieux et les plus discutés. Sept ans conversation du héros avec un certain Gang » ne manque pas d'ambitions ni après des propos choquants sur Hitler, Verge (Bruno Ganz). de répondant. La jeune réalisatrice a il est de retour à Cannes hors compéti- Que peut-on montrer, que peut- enquête longuement avant d'écrire tion avec « The House that Jack Built », on dire, quelles sont les limites ? Dans une fiction qui se veut réaliste sur le dont certaines scènes ont fait fuir son film que l'on peut juger aussi ta- combat des femmes kurdes et le mar- lentueux qu'insupportable, Lars von tyr des Yézidis. Cela donne une jour- Trier répond ainsi à sa manière pro- naliste (Emmanuelle Bercot) qui va vocatrice à tous ses détracteurs. Cou- assister à une bataille décisive d'un Avoir cette semaine rageux ou inconscient, en tout cas bataillon de femmes constitué d'an- maître des images. ciennes prisonnières des hommes en • Deux films sortent cette Spike Lee quant à lui continue le noir, et qui, entre deux mouvements semaine dans la foulée de leur combat contre le racisme qui ronge en avant, écoute le récit des horreurs projection à Cannes. On pourra toujours son pays et il sait raconter qu'elles ont subi. Une volonté de tout voir dès ce jeudi « En guerre », des histoires. « BlackKKKlansman » dire, tout montrer qui se révèle contre- de Stéphane Brizé, avec Vincent (sortie le 22 août) s'inspire du récit de productive. Trop de flash-back et de Lindon, et à partir de samedi Ren Stallworth, un policier afro-amé- premier degré. Dommage. « l'Homme qui tua Don Qui- ricain qui, en 1978, réussit à infiltrer chotte », le grand œuvre tant le Ku Klux Klan dans la bonne ville de Des fables inspirées attendu de Terry Gilliam. Colorado Springs. On verra comment D'autres batailles prennent des Et du 18 au 20 mai, « Cannes à en suivant John David Washington formes cinématographiques moins Paris » permettra de découvrir (qui a la voix et sans doute beaucoup explicitement violentes. Ainsi « Trois au Gaumont Opéra quelques- du talent de son père Denzel) et Adam Visages » (6 juin). Jafar Panahi conti- uns des films en compétition. Driver dans des scènes à la hauteur du nue à faire du cinéma malgré l'inter- meilleur cinéma américain. diction censée l'en empêcher après

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 5149034500508 Date : 17 MAI 18 Journaliste : Renée Carton Périodicité : Bi-hebdomadaire

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« The House that Jack Built » sa condamnation pour « propagande contre le régime ». Et continue à aus- culter la société iranienne. Après son taxi à Téhéran, il nous emmène cette fois dans une région reculée en com- pagnie d'une actrice célèbre, Behnaz Jafari, qui a reçu l'appel à l'aide d'une jeune fllleviaunevidéo où onla voit en train de se pendre. Le duo mène l'en- quête dans un village où les traditions « BlacKKKlansman » ancestrales régnent encore - pesant lourdement sur le sort des femmes -, ce qui n'empêche pas de regarder sages, décors aux allures de western, et des séries à la télévision. Un mes- les personnages ne s'oublient pas. sage cinématographique ironique et chaleureux. L'image pensée Dans « Heureux comme Lazarro », Hors catégorie, « le Livre voici des paysans dans un hameau très d'image ». La nouvelle œuvre de Jean- isolé. Ils vivent comme des serfs, au ser- Luc Godard est-elle un film ou une créa- vice d'une marquise pour laquelle ils tion artistico-politique ? Le cinéma, cultivent le tabac, mais ne le savent pas. le langage, l'image, le monde arabe, la Parmi eux, un jeune homme, Lazarro révolution... : il s'agit d'un collage, que (Adriano Tardiolo, étonnant), qui ne re- d'aucuns ont qualifié d'« abscons », fuse jamais rien, exploité parmi les ex- d'images de fiction et d'actualité, ploités. Alice Rohrwacher, grand prix ponctué de citations généralement du jury en 2014 pour « les Merveilles », tronquées et de commentaires plus en fait le héros d'une fable, avec un loup ou moins compréhensibles du maître. et, comme le titre l'indique, une sorte de Cela va très vite et bien malin, ou d'une résurrection. Une fable qui se veut aus- culture hors norme, qui reconnaîtra si « manifeste politique », sur « la tragé- tous ces extraits montres pendant à die qui a dévasté (son) pays, lepassage peine quèlques secondes. Contre « le to- d'un Moyen Âge matériel à un Moyen talitarisme de l'imagefilmée », « limage Âge humain ». La démonstration est pensée », a expliqué le maître. un peu lourde, mais les images, les pay- Renée Carton

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 5149034500508 Date : 16 MAI 18 Page de l'article : p.11 Journaliste : Thierry Gandillot Pays : France et Olivier De Bruyn Périodicité : Quotidien OJD : 122744

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IDEES & DEBATS art&culture Pour sa 71e édition, le Festival de Cannes propose une sélection plutôt convaincante. Les tops et les flops de la compétition qui entre dans sa dernière ligne droite. Cannes 2018 à mi-parcours : coups de coeur et coups de griffe nes gens tentent de faire entendre leur monde par « A Touch of Sul », revient en voix et leurs guitares électriques à Thierry Gandillot force également avec « Les Eternels ». Leningrad. Un hymne à la liberté créa- et Olivier De Bruyn Cest une histoire d'amour, de passion, de trice et le portrait fervent d'une jeunesse courage et de lâchetés aussi. Le réalisa- &@DeBruynOlivier qui prône l'exaltation de tous les sens : Serebrennikov signe une fiction inven- tive où l'apologie du geste émancipateur teur du Shanxi est un es temps changent à Cannes. L'un résonne avec force dans la Russie de peu le Balzac de la Chine des signes les plus manifestes - si Vladimir Poutine. nouvelle. Les deux heu- L l'on exclut l'interdiction des sel- Même virulence chez l'Iranien Jafar res vingt et une minutes du film passent fies sur le tapis rouge - est l'absence en Panahi, condamné en 2010 à une inter- dans l'enchantementde voir l'œuvred'un sélection des « poids lourds » habituels. diction d'exercer son métier pour « actes grand cinéaste qui mériterait une récom- Au regard des treize films jusqu'ici et propagandes hostiles à la République pense de premier rang. Quant à son visionnés, c'est plutôt une bonne chose. islamique d'Iran ». Trois ans après le héroïne, interprétée par la merveilleuse Parmi les coups de cœur de cette pre- triomphe de « Taxi Téhéran », Panahi Zhao Tao, on la voit clairement au pal- mière semaine, on notera les œuvres de signe avec « Trois visages » une nou- marès pour un prix d'interprétation. deux cinéastes frappés parla censure de velle merveille d'intelligence et de leur pays, le Russe Kirill Serebrennikov malice. Les visages qui donnent leur Godard et Spike Lee déçoivent et l'Iranien Jafar Panahi. Interdit de nom au film sont ceux de trois femmes, A cinquante-cinq ans, Hirokazu Kore- déplacement sur la Croisette. des actrices d'hier, d'aujourd'hui et, peut- eda a déjà été sélectionné sept fois à Can- Serebrennikov apparaît pour la pre- être, de demain qui luttent pour vivre nes. Cette édition sera-t-elle celle de la mière fois en compétition avec « L'Eté », leur vie de femme. Leur combat contre palme ? Dans « Une affaire de un film où il évoque la scène rock de son l'obscurantisme donne lieu à une œuvre famille », le réalisateur japonais pour- pays au début des années 1980. Dans ce majeure et à... une palme en puissance. suit dans son exploration des liens fami- contexte peu frivole, une poignée déjeu- Jia Zhang-ke, révélé à Cannes et au liaux, toujours plus complexes qu'on ne

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 0968924500504 Date : 16 MAI 18 Page de l'article : p.11 Journaliste : Thierry Gandillot Pays : France et Olivier De Bruyn Périodicité : Quotidien OJD : 122744

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l'imagine. Une nouvelle lois Kore-eda fait mouche et livre une œuvre pleine de charme, dont il ouvre un à un les tiroirs avec beaucoup de délicatesse. Deux autres héroïnes se font remar- quer dans cette première mi-temps de compétition. La Polonaise de « Cold War », de Pawel Pawlikowski, amou- reuse malheureuse durant les décen- nies de guerre froide, et la Japonaise du subtil « Asako », de Ryusuke Hamagu- chi, aux prises avec ses indécisions sen- timentales. Deux films stimulants qui brusquent les académismes, contraire- ment à d'autres fictions empêtrées dans les conventions, qu'elles soient signées par des néophytes (l'Egyptien Abu Bakr Shawky avec « Yomeddine ») ou par des vétérans à bout de souffle (Jean-Luc Godard avec son épuisant « Livre d'image »). Déception aussi pour le très attendu retour en compétition de Spike Lee - sa dernière sélection remontant à... 1991. « BlacKkKlansman », inspire de faits réels, raconte l'histoire dè Ron Stal- Iworth, un policier afro-américain qui a réussi à infiltrer le Ku Klux Klan dans les années 1970, jusqu'à devenir le res- ponsable d'un chapitre local du Colo- rado. Le réalisateur de « Do The Right Thing » filme cette histoire avec effica- cité mais sans une once d'inspiration. •

CANNES, SÉLECTION OFFICIELLE

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 0968924500504 Date : 16 MAI 18 Page de l'article : p.11 Journaliste : Thierry Gandillot Pays : France et Olivier De Bruyn Périodicité : Quotidien OJD : 122744

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« Les Eternels », de Jia Zhang-ke, et « Trois visages », de Jafar Panahi, pourraient être récompensés à Cannes. Photos Ad Vitam, Mémento Films

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 0968924500504 LES ECHOS WEEK END Pays : France Date : 11 / 12 MAI 18 Périodicité : Hebdomadaire Page de l'article : p.53-55 Journaliste : Olivier De Bruyn

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CULTURE

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 9059624500503 LES ECHOS WEEK END Pays : France Date : 11 / 12 MAI 18 Périodicité : Hebdomadaire Page de l'article : p.53-55 Journaliste : Olivier De Bruyn

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Everybody Knows 2010, Juliette Binoche avait déjà sollicite Abbas maîtrise inouïe du récit et du suspense Son cinema d'Asghar Farhadi Kiarostami - Palme d'or en 1997 avec Le Goût obéit a une logique narrative implacable et les auec Pénélope Cruz de la cense, un chef-d œuvre d une sensibilité spectateurs, de toute évidence, aiment la retrouver et Xauier Bardem, inouïe sur un homme qui cherchait a se de film en film » Les spectateurs adhèrent fera Pouuerture suicider - pour jouer sous sa direction peu a ces films dépourvus de cliches «exotiques» du Festiual frivole Resultat Copie conforme, une fiction ou lexigence ne rime jamais avec ennui qui avait permis a l'actrice de remporter le Prix Tout comme les grands acteurs qui se pressent d'interprétation En 2013, Asghar Farhadi, pour tourner avec Farhadi et les sélectionneurs fort du triomphe d'Une separation -1 million du Festival de Cannes qui ne rateraient pour rien d'entrées en France et Oscar du meilleur film au monde le nouveau film du prodige perse etranger - avait déjà tourne dans I Hexagone Les cinéastes iraniens, Asghar Farhadi en Le Passe, interprète par Berenice Bejo et tête, favoris du plus grand festival du monde ? Tahar Rahim Bilan une seconde performance Il y a de cela Depuis une vingtaine d'années, ai 2018 Pénélope Cruz commerciale pour le réalisateur (I million les films des meilleurs réalisateurs, malgre et Javier Bardem prennent la pose sur le tapis d'entrées en France) et un prix d interprétation leur âprete, leur prédilection pour rouge du Festival de Cannes face a des cannois pour Berenice Bejo I impressionnisme esthetique et leur refus photographes en quête de cliches people et «Asghar Farhadi profite de sa notoriété pour de céder aux lois ordinaires du spectacle, sont glamour Signe des temps le couple espagnol alterner les films tournes dans son pays natal, régulièrement honores a Cannes (voir encadre n arbore pas ses plus beaux atours pour comme "Le Client, en 2016 et les fictions tournées p 56-57), a Venise et Berlin aussi, et rencontrent présenter une production hollywoodienne a I etranger, comme 'Le Passe" ou "Everybody souvent d'importants succes dans les salles ou une fiction concoctée par Pedro Almodovar, Knows", explique Alexandre Mallet-Guy, Parmi les metteurs en scene les plus connus maîs pour assurer la promotion, en ouverture son producteur et distributeur français, a la tête Jafar Panahi - l'auteur de Taxi Téhéran, du festival, de Everybody Knows, le nouveau film de la societe Mémento Ma collaboration avec lm Ours d'or a Berlin en 2015 (580000 spectateurs de l'Iranien Asghar Farhadi, un auteur remonte a 2009 avec "A propos d Elly" Le film en France) -, qui presente en compétition Three désormais capital sur la carte du cinema avait déjà attire 100000 spectateurs Un chiffre Faces, un film sur la condition feminine dans mondial, un de ces metteurs en scene qui conséquent pour un film d auteur de ce genre l'Iran contemporain, et Mohammad Rasoulof amiante les comédiens internationaux soucieux Ce succes bien reel ne pouvait pas laisser prévoir - Prix Un Certain Regard l'an dernier pour d afficher leurs ambitions artistiques lors la déflagration suscitée par "Une separation" Un homme intègre, brûlot sur la corruption de la quinzaine cannoise Les cinéastes iraniens, Apres avoir obtenu l'Ours d'or au festival de des institutions Ces deux cinéastes talentueux, experts en fictions poétiques, contemplatives Berlin, le film a fait figure de phénomène Asghar en guerre contre le regime en place a Téhéran, et politiques, chouchous des stars ^ y révélait aux yeux du plus grand nombre son ont séduit bien au-delà des cercles de la Le phénomène ne date pas d aujourd'hui En talent pour décrire les réalités de son pays et sa cmephihe pure De même, les noms de Marjane

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 9059624500503 LES ECHOS WEEK END Pays : France Date : 11 / 12 MAI 18 Périodicité : Hebdomadaire Page de l'article : p.53-55 Journaliste : Olivier De Bruyn

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Satrapi, l'auteur de la BD et du film d'animation dans le paysage comme la réalisatrice Ida ayatollah ou un organisme lie au pouvoir soit Persepolis - Prix special du jury a Cannes Panahandeh avec Nahid - un portrait acide contre le film Certains jeunes cinéastes ont en 2007 - ou Golshifteh Faraham (voir de la condition feminine en Iran - ou Vahid décide de s'affranchir de ces autorisations et, encadre p 56) sont connus et apprécies du Jahlvand avec Cas de conscience - une de ce fait pratiquent désormais en guérilleros » grand public En France comme ailleurs radiographie sociale et morale -, deux cinéastes Profitant des possibilités offertes par qui jettent un regard sans concession sur les nouvelles technologies numeriques, EXIL ET RÉSISTANCE les réalités de leur pays «Depuis quèlques les cinéastes, une fois leurs films achevés, Mamad Haghighat, installe a Paris depuis 1977, annees, une partie du cinema iranien est devenue s'empressent de les proteger en envoyant des réalisateur et entre autres auteur d'un livre un cinema de guérilla, explique Mamad copies hors des frontieres de leur pays pour reference (Histoire du cinema iranien, Editions Haghighat Auparavant, les réalisateurs échapper aux éventuels censeurs Par le passe, du centre Georges Pompidou) a beaucoup se pliaient a des regles strictes ils devaient leurs aînés ne pouvaient pas pratiquer de la œuvre a la revelation du cinema de son pays fournir leurs scénarios au ministere de la Culture sorte et certains ont dû se resoudre a fuir l'Iran en organisant des le début des annees 90 et de Guidance islamique pour obtenir pour échapper a l'oppression du regime Parmi de nombreux festivals et rétrospectives les autorisations de tournage, puis retourner ces exiles, de grands noms Amir Naden, dont Un cinema dont il connaît toutes les richesses devant les mêmes bureaux de censure, une fois on peut actuellement redécouvrir la et tous les paradoxes «L'année derniere, il y a leurs films termines pour obtenir l'autorisation filmographie a Paris (I), Bahman Ghobadi ou eu 80 films officiellement produits en Iran Et de sortie Et rien ne garantissait qu'ils encore Moschen Makhmalbaf et sa fille Samira dans les faits bien plus, environ 140 Parmi eux, l'obtiendraient il était fort possible qu'un Makhmalbaf, des auteurs qui ont connu les beaucoup de films commerciaux et environ 10% honneurs du Festival de Cannes par le passe de films d'auteur ambitieux Les cinéastes qui ont D'autres metteurs en scene iraniens majeurs, choisi de rester en Iran signent majoritairement comme Jafar Panahi ou Mohammad Rasoulof, des comédies inoffensives Les aspects sociaux «DEPUIS QUELQUES ont choisi de rester dans leur pays, malgre n'y sont abordes que rarement et encore, les interdictions de tournage, les privations de avec des pincettes Et, bien sur, il ne s'agit pas ANNÉES, UNE PARTIE passeport, voire les peines de prison Plébiscites de s'amuser avec la religion » Si cette opulente dans les festivals et par le public international, production témoigne de la vitalite de la creation DU CINÉMA IRANIEN les deux cinéastes mènent un combat locale, elle n'entretient aucun rapport avec les permanent pour pouvoir donner naissance films découverts dans les grands festivals qui EST DEVENUE UN CINÉMA a leurs films et jouent avec les ambivalences se distinguent par leur exigence artistique et leur du pouvoir «Les films de Panahi et de Rasoulof description audacieuse de la societe iranienne DE GUÉRILLA.» ne sortent pas dans les salles iraniennes, précise Ces dernieres annees, de nombreux Mamad Haghighat, maîs ils s'échangent sav nouveaux auteurs engages sont ainsi apparus le manteau, en DVD ou autres Ces deux

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 9059624500503 LES ECHOS WEEK END Pays : France Date : 11 / 12 MAI 18 Périodicité : Hebdomadaire Page de l'article : p.53-55 Journaliste : Olivier De Bruyn

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cinéastes ont choisi de rester en Iran car ils general a la conference de presse du 12 avril que sortait sur les ecrans français Au Revoir, redoutent de ne pas pouvoir travailler et faire dernier «Nous allons officiellement demander un film bouleversant sur une héroïne qui de films intéressants en France ou dans un autre aux autorites iraniennes que Panahi puisse venir désirait quitter I Iran Ces gens ne sont pas pays europeen En Iran malgre les difficultés a Cannes tout en ayant la possibilité ensuite rationnels Avec eux on peut s attendre a tout Panahi peut tourner Taxi Téhéran pour de rentrer dans son pays » Un vœu pieux ' tout le temps A I epoque de mon arrestation une somme ridicule 20 000 euros avec une petite Peut etre ou pas «Auparavant les autorites avec Panahi le regime voulait mettre en garde camera numerique ll tourne pendant étaient plus bornées souligne Mamad Hagighat et intimider la societe civile et culturelle dix sept jours dans les rues et prétendre Quand elles apprenaient que certains films Aujourd km ça ne leur semble plus nécessaire quilest interdit ne correspond pas a la réalité étaient sélectionnes a Cannes ou ailleurs elles Demain personne ne sait » Si les autorites voulaient I arrêter elles le feraient mettaient tout en oeuvre pour faire taire leurs sans problème car Panahi comme tant d autres auteurs Désormais elles agissent avec plus de UNE NOUVELLE ÈRE? en Iran est étroitement surveille » subtilité Elles savent que ces cinéastes bénéficient Pour sa part Asghar Farhadi de la même En 2010 les deux cinéastes ont ete interdits d une notoriété importante et que les attaquer generation que Panahi et Rasoulof n a jamais de tournage et condamnes a des peines frontalement ne servirait a rien sinon a leur faire opte pour le cinema < enrage » de ses deux de prison pour «actes et propagandes hostiles a de la publicite et a nuire a I image du regime confrères Et bénéficie dans son pays ou la Republique islamique d Iran » ce qui a entraîne sur la scene internationale Elles ont compris tous ses films sortent dans les salles une forte mobilisation de la communaute qu il ne servait pas a grand chose défaire de la mansuétude du regime et d une cote internationale Depuis les autorites de Téhéran pression ce ne sont pas des films qui feront de popularité impressionnante «A Téhéran semblent avoir compris qu il était dans leur tomber le regime Cela dit rien n est jamais note son producteur Alexandre Mallet Guy intérêt de ne plus intervenir aussi violemment prévisible en Iran e est la grande regle Et les il est impossible de se balader avec Asghar dans même si a la fin de I annee derniere Rasoulof autorites tirent parfois les oreilles des cinéastes la rue sans qu il signe des autographes C est a de nouveau ete prive de passeport alors qu il connus moins pour faire peur a ces derniers une sorte de rock star ' Contrairement a Rasoulof devait assurer la promotion de son nouveau que pour intimider les réalisateurs débutants > ou a Panahi il n attaque pas directement film en Europe AI heure ou nous écrivons Le retentissement international du Festival le regime son cinema plus societal que politique ces lignes on ignore toujours si Jafar Panahi de Cannes joue un rôle capital pour les n est jamais frontal » «Farhadi calcule sera autorise a venir en personne présenter cinéastes iraniens en resistance qui savent comme un joueur d échecs et réfléchit beaucoup Three Faces sur la Croisette quy projeter un film les protege même si avec avant de placer ses pions renchérit Mamad C est bien évidemment ce que souhaitent les ayatollahs la certitude n est jamais de mise Haghighat Son succes international rendfiere les organisateurs du Festival comme «On ne peut rien anticiper avec ce regime nous la population iranienne et le gouvernement le déclarait Thierry Fremaux son delegue déclarait Mohammad Rasoulof en 2011 alors en gros le respecte Quand il a reçu I Oscar

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dans la rue auec une caméra numerique. Au Revoir, de Mohammad Rasoulof (sorti en 2011).

du meilleur film etranger en 2012 pour "Une le nombre de réalisatrices en activite, une a aucune activite sexuelle et s'abstiennent separation", on l'a même félicite en haut lieu vingtaine, soit plus que dans de nombreux pays de consommer des boissons alcoolisées Cela, ce n'était jamais arrive a Kiarostami européens -, si le public se rue en masse Le public iranien pourra probablement Quand 'Le Goût de la cense' a remporte dans les salles - une centaine de nouveaux decouvrir prochainement Everybody Knows, de la Palme d'or a Cannes en 1997, la population cinemas ont ouvert l'an passe et un multiplexe Farhadi, maîs pour apprécier des oeuvres plus en était heureuse, maîs pas les dirigeants, de 25 salles, le plus important du Moyen- audacieuses et critiques, il lui faudra utiliser qui avaient d'ailleurs tout fait pour que la copie Orient, ouvrira prochainement a Téhéran - des voies détournées Maîs il en a l'habitude du film n'arrive jamais a temps au Festival » le spectateur iranien doit se contenter de voir fl) « Amir Naden et le cinema moderne iranien » Une « démocratisation » culturelle serait-elle des films locaux lénifiants Seule une poignee (rétrospective en plus de 40 films) Centre en cours ? La prudence est de mise Car de fictions étrangères (pas plus de cinq) sortent Pompidou Jusqu'au U juin si de nombreux signes témoignent de la bonne chaque annee et encore faut-il, «comme sante du cinema iranien - entre autres il se doit», que les personnages ne s'adonnent

GOLSHIFTEHFARAHANI, LA STAR QUE TOUT LE MONDE S'ARRACHE

Jim Jarmusch ne jure que par son regard (Paterson), les autorites m'ont confisque mon passeport J'étais force ll m'a fallu du temps pour Hollywood adore son charme singulier (Mensonges soupçonnée d'avoir ete manipulée par la CIA m'adapter tiya toujours quelque chose e/Etat de Ridley Scott, le dernier episode de Pirates Jai ete a deux doigts de ne pas tourner dans d abîme en moi [ ] Je tente de des Caraïbes') Le cinema francais plebiscite A propos d Elly", d'Asghar Farhadi, qui a eu me servir de cette douleur dans mes sa personnalité atypique Les Deux Amis, de Louis le courage de me faire tourner en Iran Ensuite, rôles » Elle sera a l'affiche de plusieurs Garrel Santa & Cie dAlainChabat En une décennie, j'ai eu l'opportunité de partir et je l'ai saisie » films attendus Les filles du soleil Golshifteh Farahani, nee en 1983 dans une famille Exilée I actrice mené désormais une carriere de la Francaise Eva Husson (en d artistes s'est imposée dans le cinema mondial éclectique maîs elle n'a jamais oublie I Iran «Au bout compétition a Cannes), ou elle incarne En France depuis dix ans la comédienne ne voulait de deux mois d'exil, je suis tombée dans une une combattante kurde, et Le dossier pas quitter I Iran maîs les réalités de son pays en ont déprime noire [ ] J'ai tres mal vécu cet elotgnement Mona Lina, de I Israélien Eran Riklis, ou décide autrement «Quandje suis revenue a Téhéran, elle campe une Libanaise soupçonnée apres le tournage de 'Mensonges d'Etat", d'être une informatrice du Mossad

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2010 2003 A cinq heures Copie conforme, delapres-midi,de d Abbas Kiarostami, Samira Makhmalbaf qui tourne hors DIX FILMS IRANIENS Prix du jury d'Iran Prix HONORÉS AU FESTIVAL d interprétation 2003 pour Juliette Binoche DE CANNES Sang et or, de Jafar

de Abbas Kiarostami Panahi Prix du jury 2013 Depuis vingt ans, Palme dor Un Certain Regard Le Passe, d'Asghar le cinema iranien Farhadi (son premier accumule les 2000 2007 film tourne hors d'Iran) recompenses Le Tableau noir, de Persepolis (photo), Prix d interprétation au Festival de Cannes Samira Makhmalbaf de Marjane Satrapi feminine pour Prix du jury Prix special du jury Berenice Bejo

1995 2000 2016 Le Ballon blanc, Jafar Un temps pour Le Client, Panahi Camera d'or l'ivresse des chevaux, d'Asghar Farhadi de Bahman Ghobadi et Prix du scénario 1997 de Hassan et Prix d interprétation Le Goût de la cense Yektapanah Camera masculine pour (photo ci-contre), d'or ex œquo Shahab Hossemi

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 9059624500503 LES INROCKUPTIBLES Pays : FR Date : 16 MAI 18 Périodicité : Hebdomadaire Page de l'article : p.22 OJD : 35898

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Trois visages dè Jafar Panahi

est assigne a residence (dans le film il cache a sa mere qu'il tourne) la jeune actrice est prisonnière de la culture patriarcale de son village alors quen lisière du bled survit dans la precarite une ancienne star du cinema perse pre-revolution (les trois visages du titre sont ceux des trois actrices qui incarnent trois générations) Derrière la rigidité religieuse Un regard raffiné sur l'Iran et le patriarcat est la vraie cible son peuple, qui cible le patriarcat. du cinéaste comme le synthétise Jafar Panahi et la célèbre comédienne le récit des génisses et du taureau iranienne Behnaz Jafari reçoivent reproducteur conte par un éleveur par telephone la video d une jeune local Ironiquement cette domination postulante actrice d un village recule masculine transparaît aussi dans qui se pend en direct parce que la relation pourtant tres amicale sa famille refuse qu'elle se lance dans et chaleureuse entre Panahi et Jafari ce metier Vraie video ou 9 lui la tutoyant alors qu'elle le vouvoie manipulation Et Panahi et Jafari et l'appelle "monsieur" Ce détail sont-ils eux-mêmes ou jouent-ils un est-il volontaire ou non9 rôle' Partant enquêter dans le village Toujours est-il qu il indique que de la jeune fille ils découvrent la prédominance masculine nest pas rapidement que la video est un I apanage des "ploucs ' maîs subsiste mensonge (pas de suicide) fonde sur aussi chez les Iraniens les plus urbains du vrai (la fille est bien une apprentie cultives et ouverts au monde comédienne empêchée) Cest surtout II n'en demeure pas moins que Panahi un prétexte a dépeindre I Iran profond, lutte contre les conservatismes ses traditions sa méfiance vis-a-vis de son pays avec une patience des urbains sa bigoterie, maîs aussi une placidité une attention aux autres son sens de I hospitalité sa gentillesse une intelligence et une malice dignes et louverture d esprit de certains déloges A I instar du cinema des villageois de Kiarostami (dont il fut I assistant et Ni méprisant ni démagogique n a jamais paru aussi formellement le regard de Panahi sur ces populations proche) les films de Panahi sont locales est complexe raffine profond des armes de combat hyper subtiles En filigrane transparaît aussi une vision contre la bêtise épaisse dont arrière de la place des artistes dans il est toujours victime Serge Kaganski ce pays dirige par les mollahs Selection officielle, en compétition. et baigne de culture islamique peu En salle le 6 juin ouverte a la liberte on sait que Panahi

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 7589924500504 Date : 21 MAI 18 Page de l'article : p.24-25 Journaliste : JULIEN GESTER Pays : France et DIDIER PÉRON Périodicité : Quotidien OJD : 73331 tie affaire» Page 1/4

Les choix du jury du Festival ont distingué bonnes intentions, indignations rhétoriques et cinéma convenu, reléguant celui de Godard a l'hommage avec une palme d'or spéciale, et délaissant nombre de beaux films de cette édition. La récompense suprême revient au Japonais Hirokazu Kore-eda. Par monde, empli de tous les malheurs à réparer ballées de tous les signes délicats, minutieux JULIEN GESTER du moment. Succédant à un palmarès 2017 et kawaï - certes non dénués de cruauté, mais et DIDIER PÉRON d'impétrants survoltés (The Square de Ruben une cruauté de bon aloi - du Japon tel qu'on Photo OLIVIER METZGER Ostlund et 120 Battements par minute de le fantasme depuis l'Occident. Le film qui lui Robin Campillo), la palme d'or attribuée à Une vaut le couronnement cannois suprême est ) édition 2018 du Festival de Cannes, affaire de famille, treizième long métrage du à la fois l'un de ses plus accomplis, et le même qui s'est achevée samedi soir par un Japonais Hirokazu Kore-eda (SS ans et déjà qu'une dizaine de ses prédécesseurs dans la L embarrassant concert «improvisé» de prix du jury en 2013 pour Tel père, tel fils), pa- filmographie de l'auteur. Sting sur les marches, était annoncée comme raît au summum de cet effet de rondeur, au celle du grand ravalement, la disrupture bord de l'enfilage de pantoufles tièdes, quand OVER-BRONZÉ d'anévrisme d'une manifestation guettée par bien même elle distingue un beau film, réalisé Sans verser dans la déploration de l'oubli le ronronnement. Malgré diverses initiatives, par un bon cinéaste, dont on suit l'œuvre de- frappant nos chouchous - tels les superbes aux portées variées (on y revient), le palmarès puis longtemps, sans désagrément ni ébahis- Burningdu Coréen Lee Chang-dong; Plaire, composé par le jury sous la présidence de l'ac- sement. Une œuvre qui creuse, depuis une aimer et courir vite du Français Christophe trice australienne Gate Blanchett sera venu quinzaine d'années et le succès de Nobody Honoré; Un couteau dans le cœur du Français draper ce bel esprit rénovateur d'un confor- Knows (après de premiers films plus singu- Yann Gonzalez ou Asako I&II du Japonais table plaid de bonnes intentions bien tempé- liers tel After Life ouMaborosi), un sillon as- Ryusuke Hamaguchi -, il eût été plus fracas- rées, et de cinéma de partout, pour tout le sez immuable de chroniques familiales em- sant ou remarquable, même en élisant

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 7633334500507 Date : 21 MAI 18 Page de l'article : p.24-25 Journaliste : JULIEN GESTER Pays : France et DIDIER PÉRON Périodicité : Quotidien OJD : 73331

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comme le jury l'a fait, seulement des films film et a divisé comme aucun autre dans ce forts en mélo et en dénonciation des maux du Festival. A Libération, cette immersion dans monde, de décerner la palme à d'autres pré- la vie de gosses des rues fangeuses de Bey- tendants, plus électrisants, y compris par routh a paru d'une maladresse et d'une obscé- leurs travers. nité totales - à l'image du discours de remer- La blague d'Edouard Baer sur la présence voi- ciements et de lancement d'alerte de pure sine dans la salle de l'humoriste over-bronzé forme tenu par la cinéaste sur scène. Le film Stéphane De Groodt et du documentariste- est ainsi fait qu'un succès commercial paraît commandeur nonagénaire Claude Lanzmann lui être promis, ainsi qu'une pluie d'autres ré- résume bien l'esprit de cette cérémonie de compenses: avec ses airs de SlumdogMillio- clôture, qui était là pour ménager les propor- naire à la sauce naturaliste, il semble taillé tions de ce cocktail so Cannes 2018 de cinéma, pour les oscars. de glamour et d'indignation sachant rester L'autre réalisatrice au palmarès est l'Italienne présentable et légère sur le tapis rouge - «I Alice Rohrwacher pour son troisième long send an SOS to the world», chantait opportu- métrage, Heureux comme Lazzaro (elle avait nément Sting dans son costard a priori pas gagné un grand prix en 2014 pour les Mer- chiné aux puces de la Napoule. veilles), qui partage son prix du scénario avec Après une introduction rendant hommage l'absent iranien Jafar Panahi (qui a coécrit son aux deux cinéastes en compétition retenus Trois Visages avec Nader Saeivar), représenté à demeure par les autorités de leurs pays sur scène par sa fille. Le prix de la meilleure (le Russe Kirill Serebrennikov, auteur du beau actrice speechless revient à la Kazakhe Samal Leto, et l'Iranien Jafar Panahi, réalisateur Yeslyamova, en jeune exilée kirghize à Mos- de Trois Visages), le déroulé des prix remis cou lancée dans un tunnel d'adversités dans aura en effet généreusement saupoudré l'or Ayka de Sergueï Dvortsevoy, et celui du sur des points chauds aussi variés et distants meilleur acteur pas taillé pour jouer au basket sur le planisphère que le racisme antinoirs à Marcello Fonte, adorable protagoniste du aux Etats-Unis, les bidonvilles beyrouthins, moins aimable Dogman de Matteo Garrone, l'esclavage moderne en Italie ou l'exploitation où il joue un toiletteur pour chiens d'un quar- d'une jeune femme kirghize à Moscou. Sur la tier périphérique de Naples àlaviebriséepar deuxième marche du palmarès, le grand prix, un engrenage de violence. A rebours d'une le cinéaste afro-américain Spike Lee s'est ar- tendance des jurys des dernières éditions à rogé le premier trophée cannois de sa longue primer dans cette case les performances de carrière (dédié «à la république de Brooklyn»), chef op en roue libre, le prix de la mise en pour Tassez emballant BlacKkKlansman, far- scène est revenu au Polonais Pawel Paw- ce-traque de l'infiltration du Ku Klux Klan par likowski (l'homme d'Ida, carton oscarisé un flic noir dans les années 70 et tir tendu en en 2013), dont le Cold War baigne dans un jus direction de l'administration Trump et ses désespérément académique, malgré la virtuo- accointances avec le suprémacisme blanc sité plastique de ses enluminures noires et américain. blanches d'un amour impossible entre musi- ciens à l'ère soviétique. Enfin, la caméra d'or, SAUCE NATURALISTE qui élit le meilleur premier film toutes sélec- Dans une édition forcément marquée par les tions confondues, a prolonge la rumeur très répliques de l'affaire Weinstein (Asia Argento, favorable suscitée par l'impressionnant Girl, remettante d'un prix, porta sur scène avec vi- récit de la transition de genre d'une danseuse rulence la voix de ses victimes lors de la céré- classique née dans un corps garçon, du jeune monie, rappelant que le producteur l'a violée Belge Lukas Dhont (déjà gratifié de la Queer à Cannes, où il était «ici en maître»), et dont Palm et d'un prix d'interprétation au sein de la présidente du jury portait un engagement la section Un certain regard). féministe de longue date, parmi les trois réali- L'affaire est tristement anecdotique, mais il satrices en compétition (sur vingt et un films faut bien la mentionner : la seule excentricité présentés), deux repartent primées. D'abord du soir fut la palme d'or spéciale, arrachée par Nadine Labaki, prix du jury, alors que beau- le jury au règlement, pour la décerner à Jean- coup la voyaient viser plus haut depuis que Luc Godard, dont le parcours et le stupéfiant son Capharnaùm s'est arraché au marché du Livre d'image présente à Cannes méritaient mieux qu'un gadget doré (une palme god ?)

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 7633334500507 Date : 21 MAI 18 Page de l'article : p.24-25 Journaliste : JULIEN GESTER Pays : France et DIDIER PÉRON Périodicité : Quotidien OJD : 73331

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Le Japonais Hirokazu Kore-eda a obtenu samedi soir la palme d'or avec Une affaire de famille, son treizième long métrage.

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pour le commun des mortels les artistes Au rang des innovations ont encoie le dion de fane ce qu ils veulent) extra-artistiques, maîs le chambardement du protocole de reve laiton des films (plus de projections de presse pas d'incident majeur a quèlques heures de la premiere dite «de gala») aura eu quèlques effets sensibles sur à déplorer à la suite de leur reception II ne s agit surtout pas de rems l'interdiction des selfles truire ici la question des inconvénients poses dans la production de I information par un sur le tapis rouge journal comme celui ci maîs de constater que (enfin, pour le commun l'on aura eu tout au long de cette edition le sentiment que les films imprimaient moins des mortels, les artistes le flux festivalier qu a cette epoque toute re cente ou la conversation euphorique ou per ont encore le droit fide portant sur chaque oeuvre suivait cette de faire ce qu'ils veulent). montee ondulatoire qui débutait par la pre miere projection de presse le matin ou la veille au soir, pour gagner en puissance jus- gratifiant surtout sa longe\ ite et son aura qu a I apothéose du gala Les films se seront mentamee de pythie Ses representants Mitra d'autant plus chasses les uns les autres que les Farahani et Fabrice Aragno a défaut d inter- ovations ou sifflets av aient lieu au même mo vention Facetime sur le modele de la géniale ment dans les différentes salles du Palais ou conference de presse donnee samedi dernier a retardement pour les journalistes censés en par le gourou de Rolle ont laisse planer ce bel porter la connaissance au public Maîs peut adage tout godardien sur I assistance avant etre était ce aussi le fait d une edition certes de quitter la scene «Et n oubliez pas "on ri cst pas faiblarde, maîs finalement chiche en cri jamais siifflsammen t triste pour que le monde ses collecte es de sideration suraigue ••• soit meilleur' » Le jury voulait sans doute dire la même chose a travers son palmarès maîs I a dit moins bien LE PALMARÈS TRAIN-TRAIN DE LA COMPETE Palme d'or Les déclarations d intention du sélection- Hirokazu Kore eda pour Une affaire neur en chef maîs aussi leurs commenta- de famille teurs avaient donc annonce une edition quasi degagiste et la plus marquée par un es- Grand prix du Festival de Cannes prit de defrichage et de renouvellement de Spike Lee pour BlacKkKlansman l'ère Fremaux AI heure du bilan, on constate que les principaux phénomènes de type re Prix du Jury velation ou flambée ascensionnelle de cote Nadine Labaki pour Caphamaum sur la Croisette a I exception de I excellent Japonais Hamaguchi (AMko I & II) étaient Palme d'or spéciale a dénicher dans les marges de la compétition Jean Luc Godard pour Je Livre d image (a Un certain regard pour Un grand voyage vers la nuit du Chinois Bi Gan Sofia de la Prix d'interprétation masculine Franco-Marocaine Meryem Benm Barek Marcello Fonte pour Dogman I ovm Border du Suédois Ali Abbasi de Mateo Garrone d ailleurs prime dans sa section) voire celles de la selection officielle les Français Camille Prix de la mise en scène Vidal-Naquet (Sauvage) et Jean-Bernard Pawel Pawlikowski pour Cold War Marlin (Shéhérazade) I acteur et neo-ci- neaste americain Paul Dano (Wildhfe) et le Prix du scénario tandem luso-amencain Gabriel Abrantes et Trois: Visages dè laf ar Panahi Daniel Schmidt (Diamantmo) a la Semaine Lazzaro de Alice Rohrwacher de la critique qui a beaucoup marque les premiers jours du Festival a\ ant de s effon Prix d'interprétation feminine drer I Italien Stefano Savona (Samouni Sama! Yeslyamova pour Ayka Road) au sem d une Quinzaine des réalisa de Serguei Dvortsevoy teurs particulièrement faible et lestée par une foule de film de gros bras ou en quête de Camera d'or sens pesant trois tonnes I Americain Jim Lukas Dhont pour GirJs (qui a Cummings (ThunderRoad) et le Français Mi- également reçu la Queer palm) chael Dacheux (IAmour debout) a l'Acid Dans le cas saillant de Bi Gan et son Gt and Palme d'or du court-métrage voyage on ne s explique d ailleurs toujours Charles Williams pour pas que Thierry Fremaux se soit prive de All these créatures cette cartouche et de son plan séquence a la SD hallucinatoire de pres d'une heure qui Prix Un certain regard eussent ete propices a exploser d un coup Ali Abbasi pour Grans d eclat le tram-train de la compete

Au rang des innovations extra artistiques pas Grand prix Semaine de la critique d incident majeur a déplorer a la suite de I in Gabriel Abrantes et Daniel Schmidt terdiction des selfles sur le tapis rouge (enfin pour Diamantmo Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 7633334500507 Date : 14 MAI 18 Page de l'article : p.4 Journaliste : MARCOS UZAL Pays : France Périodicité : Parution Irrégulière

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rement qu'il s'agit là d'un EN COMPÉTITION film hommage délibérément conçu comme tel. TROIS VISAGES On ne fera pas de procès à ce de laî ar Panahi avec Jaf ar cinéaste qui en a déjà subi Panahi, Behnaz Jafari... bien trop - rappelons qu'il est I h 40. En salles le 6 juin. depuis 2010 assigné à resi- dence dans son pays pour s'être ouvertement opposé au our qui connaît un peu pouvoir iranien-, mais on le cinéma du défunt peut néanmoins rester cir- P Abbas Kiarostami, conspect face à cette manière Trois Visages donne d'abord d'investir avec un tel mi- le désagréable sentiment métisme la place laissée va- d'un pillage éhonte de cante par son maître disparu l'œuvre du grand cinéaste en 2016. Le problème est que iranien, dont Jafar Panahi fut le cinéma de Kiarostami agit l'assistant. Rares sont les alors comme une sorte éléments du récit ou les plans d'écran sur le film de Panahi, qui n'évoquent Close Up la dimension référentielle (1990), Et la vie conti- empêchant parfois d'accéder nue (1991), le Goût de la ce- pleinement à la réalite qu'il rise (1997) ou encore le Vent est censé explorer ou révéler. nous emportera (1999), sans qu'aucune mention au géné- Expédition. Tout com- rique (sauf erreur de notre mence lorsque l'actrice Beh- part) ne vienne indiquer clai- naz Jafari (qui joue son pro-

Jafar Panahi (au centre), dans son film Trois Visages présente en compétition à Cannes. PHOTO DR

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 4285824500509 Date : 14 MAI 18 Page de l'article : p.4 Journaliste : MARCOS UZAL Pays : France Périodicité : Parution Irrégulière

Page 2/2 «Trois Visages», la figure du maitre MIMÉTISME Assigné à domicile depuis huit ans en Iran, Jafar Panahi marche de façon ambiguë dans les pas de son mentor Kiarostami.

pre rôle) reçoit la vidéo d'une toutes les couches qui la jeune femme, aspirante ac- composent. trice, exprimant son déses- poir face caméra avant de se Religion. Même s'il se pendre. Jafari la soumet à maintient quelque peu en re- l'expertise de Panahi (lui trait, se cantonnant essen- aussi dans son propre rôle) tiellement au rôle de chauf- pour savoir si ces images fil- feur, d'intermédiaire, de témoin, c'est aussi son propre mées au portable relèvent ou statut de cinéaste qu'inter- non d'une mise en scène. rogé ici indirectement Pa- Afin d'en avoir le cœur net, nahi, célébré par les uns en ils décident d'en retrouver tant que figure de résistance l'émettrice et s'embarquent et banni par les autres en tant alors dans une expédition en qu'artiste contestataire. 4 x 4 qui les mène dans un vil- Le personnage le plus savou- lage près de la frontière tur- reux du film est un homme que. A travers cette jeune co- qui lui fait livrer le prépuce médienne à qui l'on ne de son fils afin qu'il le trans- permet pas de devenir «sal- mette à un acteur qui symbo- timbanque», et l'actrice célè- lise pour lui la virilité abso- bre qui déclenche les expres- lue. Il le conserve dans le sel sions d'admiration sur son depuis des années, faute passage, mais aussi des at- d'avoir obtenu l'autorisation tentes exagérées dépassant de l'enterrer près d'un tem- ple. La puissance de la fic- grandement le cadre de son tion remplace alors l'aura de art, Panahi évoque ce rôle la religion, et le cinéaste de- aussi central que paradoxal vient le porteur d'une mis- de son art en Iran : à la fois sion trop grande pour lui. objet de vénération culturelle D'autant que l'on sait que ce et de discorde politique, drôle de colis n'arrivera sans adoré tant qu'il ne trouble doute jamais à son destina- pas l'ordre social. C'est ainsi taire : l'acteur en question n'a que son film devient intéres- plus le droit de revenir en sant, et plus profondé- Iran, tandis que le cinéaste ment kiarostamien, lorsqu'il ne peut plus en sortir... C'est dépasse la simple citation dans ces notes d'humour, pour évoquer de quelle ma- dont le film est émaillé, que nière le cinéma reste une Panahi parvient à être le plus référence centrale dans la lui-même et le film à se mon- société iranienne, où cinéas- trer autre chose qu'un am- tes et acteurs semblent révé- bigu et démonstratif exercice

rés avec la même ardeur par d'admiration. MARCOS UZAL

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 4285824500509 MEDIA + Pays : France Date : 14 MAI 18 Périodicité : Quotidien Page de l'article : p.16

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Cannes: le cinéaste Jafar part. C'est peut-être aussi un message comme quoi la présence physique Panahi a l'espoir de peut ëtre éliminée par l'autonté ou par montrer son film «Trois le temps Maîs la présence artistique, visages» en Iran qui influence l'histoire de l'art ne peut jamais étre éliminée», a souligne Mastaneh Mohajer Le réalisateur iranien Jafar Panahi, en principe interdit de faire des films, a le «grand espoir» de pouvoir montrer L'équipe du film a été très applaudie en Iran «Trois visages», son long samedi lors de la proiection officielle métrage en lice pour la Palme d'or à Cannes, où le siège réserve au projeté samedi à Cannes, a annonce réalisateur, interdit de voyager à dimanche son équipe «Son grand l'étranger, est resté vide Les enfants espoir est de pouvoir montrer ses du réalisateur et les actrices de son films, et particulièrement ce film, en film ont eté accueillis par la ministre Iran», a dit à la presse sa monteuse, française de la Culture, Françoise Mastaneh Mohajer «Je pourrais même Nvssen, en haut des marches vous avouer qu'il a plusieurs fois dit qu'il était prêt a ne pas présenter son film au Festival. Maîs pouvoir Malgre l'absence de Jafar Panahi, le projeter en Iran, c'est son grand «ic croîs que notre tristesse s'est en espoir. C'est vraiment ce ( ..) sur quoi quelque sorte allégée quand on a vu il se concentre» l'empathie qui régnait autour de nous et l'intérêt que les gens portaient a ce film», a indique l'actrice Benhaz Deuxième film iranien presente Jafan, qui a notamment joué dans «Le cette année en compétition, après Tableau noir» dc Samira Makhmalbaf, «Everybody Knows» d'Asghar ainsi que dans des sénés telévisées Farhadi. «Trois visages» dresse le populaires portrait de trois femmes iraniennes. Jouant de l'ambiguïté entre réalité et fiction - comme dans «Taxi Téhéran», «Je croîs que M Panahi a vécu des Ours d'or à Berlin en 2015 -, Jafar moments tres difficiles évidemment Panahi y raconte l'histoire d'une durant ces dernières années, maîs célèbre actrice iranienne (Behnaz je croîs que c'est un choix qu'il a Jafan. dans son propre rôle), qui reçoit fait et qu'il y tient ll va rester fidèle la vidéo d'une jeune fille (Marziyeh à son choix, tel que je le connais», Re7aci) implorant son aide pour a-t-elle ajoute Cinéaste dissident, échapper a sa famille conservatrice Jafar Panahi, 57 ans, est pour la ct pouvoir devenir comédienne Elle premiere fois en lice pour la Palme part alors avec son ami, le réalisateur d'or à Cannes, un festival qui l'a Jafar Panahi (joué par Jafar Panahi déjà accueilli plusieurs fois dans lui-même), dans le village de la ]eune d'autres sections II a été condamné fille, dans les montagnes reculées du en 2011 à six ans de prison et 20 ans nord-ouest de l'Iran, pour comprendre d'interdiction de réaliser ou d'écriie s'il s'agit ou non d'une manipulation. des films, voyager ou s'expnmer A travers ce film. Jafar Panahi évoque dans les medias, pour «propagande aussi trois générations, celles du passé, contre le régime» après avoir soutenu du present et de l'avenir, à travers trois le mouvement de protestation personnages d'aclnces, dont l'une de 2009 contre la reélection de i este hors champ, évoquée maîs jamais l'ultraconser\ateui Mahmoud montrée a l'écran «II y a une gl aude Ahmadmejad a la présidence de la absence et une grande présence de sa République islamique

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 2390924500501 Date : 09 MAI 18 Page de l'article : p.8-9

Périodicité : Quotidien

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Cinéma - Festivals - Marchés

Festival de Cannes : pour Asghar Farhadi, « il faut exprimer son soutien » à Jafar Panahi Montrer en festival les films de réalisateurs iraniens ce qui me réjouis, e est de voir que malgre les restrictions qui sous surveillance, comme celui de Jafar Panahi a Cannes pèsent sur lui et la situation dans laquelle il est place depuis cette annee, est utile pour eux « en tant que cinéastes » des annees, il ne s'est pas laissé abattre, il n est pas même si cela n'a pas forcement d'incidence sur leur devenu quelqu'un d'isolé, de déprime, maîs qu il a continue le « situation personnelle », a estime mardi 8 mai son travail », a-t-il ajoute compatriote Asghar Farhadi « ll faut essayer, il faut prendre les mesures que l'on peut prendre pour exprimer son soutien Condamné pour propagande contre le régime et faire en sorte qu'il puisse venir Maîs il ne faut pas oublier Selon Asghar Farhadi, les invitations dans des festivals que l'essentiel pour lui et pour un cinéaste, c'est que son film sont utiles pour les artistes dans sa situation « Cela les aide soit vu » a explique Asghar Farhadi, réalisateur du film en tant que cinéastes dans leur travail parce que leurs films d'ouverture du 71e Festival de Cannes Everybody Knows, sont vus » « Maîs en ce qui concerne leur situation avec Pénélope Cruz et Javier Bardem, projeté mardi soir personnelle, je ne pense pas du tout que ça les aide Au contraire cela peut irriter ceux qui font peser sur eux ces Thierry Frémaux n'est pas optimiste restrictions », a-t-il ajoute Jafar Panahi a ete condamne en Jafar Panahi I autre réalisateur iranien en lice cette annee 2011 a six ans de prison et vingt ans d'interdiction de realiser pour la Palme d'or avec Three Faces ne devrait pas pouvoir ou écrire des films, voyager ou s'exprimer dans les medias, venir défendre son film en France étant interdit de pour « propagande contre le régime » apres avoir soutenu travailler et de voyager par les autorites iraniennes Lundi 7 le mouvement de protestation de 2009 contre la réélection de mai, le delegue general du Festival, Thierry Frémaux, a l'ultraconservateur Mahmoud Ahmadmejad a la présidence de reconnu ne pas être tres « optimiste » sur sa possible venue la Republique islamique Détenu pendant deux mois en 2010, Le film doit être projeté samedi 12 mai au soir en compétition il bénéficie d'une liberte conditionnelle, qui peut être « Je ne suis pas tres optimiste parce que pour I instant il n'y révoquée a tout instant Ce qui ne l'a pas empêche de a eu aucun signe de detente » a indique également Asghar remporter en 2015 l'Ours d'or du Festival de Berlin pour Taxi Farhadi, quèlques jours avant I ouverture du festival « Maîs Téhéran, réalise clandestinement en Iran

Cannes 2018 : jury de la Caméra d'or La réalisatrice française Marie Amachoukeli (SRF), la Le jury de la Camera d'or, préside cette annee par la réalisatrice, écrivain et critique de cinema franco-américaine Suisse Ursula Meier, désigne le meilleur premier film issu Iris Brey (SFCC), le president de Cmephase (Ficam) de la Selection officielle, de la Quinzaine des réalisateurs ou Sylvain Page (France), la directrice de la photographie de la Semaine de la critique La Camera d'or sera remise le française Jeanne Lapoirie (AFC) et les réalisateurs et 19 mai Rappelons que les deux derniers lauréats de la scénaristes français Arnaud et Jean-Marie Larrieu sont les Camera d'or sont des productions françaises Jeune membres du jury de la Caméra d'or du 71e Festival de femme, de Leonor Serraille (Un Certain Regard, 2017) et Cannes (du 8 au 19 mai), ont annonce les organisateurs, Divines de Houda Benyamma (La Quinzaine des lundi 7 mai réalisateurs, 2016)

Cannes 2018 : le jury de la section Un Certain Regard au complet La réalisatrice et scénariste palestinienne Annemarie Rappelons que le president du jury est l'acteur américain Jacir, le réalisateur russe Kantemir Balagov, I actrice Benicio del Toro Cette selection parallèle, créée par Gilles française Virginie Ledoyen et la directrice executive du Jacob en 1978 et compétitive depuis 1998, décerne festival du film de Tellunde (Etats-Unis) Julie Huntsinger notamment le prix Un Certain Regard, attribue en 2017 a Un sont les quatre membres du jury de la section Lin Certain homme intègre, du réalisateur iranien Mohammad Rasoulof Regard, deuxieme compétition de la Selection officielle du 18 films concourent pour ce prix en 2018 dont six premiers Festival de Cannes (du 9 au 19 mai), ont annonce les longs métrages Donbass, du réalisateur ukrainien Sergei organisateurs lundi 7 mai Loznitsa, ouvrira le festival mercredi 9 mai

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 6999524500506 Date : 12/18 MAI 18 Page de l'article : p.14 Journaliste : Samuel Douhaire Pays : FR Périodicité : Hebdomadaire OJD : 546430

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CES CINEASTES ETRANGERS INTERDITS DE CROISETTE

Deux cinéastes sélectionnes en Vin Li compétition au 71e Festival de Cannes En 1994, Zhang Yimou parvient a ne pourront pas, saut revirement de présenter Vivre ' en compétition derniere minute, accompagner leur Problème les autorites chinoises n'ont film sur la Croisette • l'Iranien Jafar pas donne leur autorisation En Panahi (3 Visages) et le Russe Kirill représailles, Pekin refuse d'accorder Serebrennikov (L'Eté, lire aussi p 47) un visa de sortie a Ym Li, dont sont en effet assignes a residence dans le deuxieme long metrage, L'Histoire leur pays respectif Le premier est de Xmghua, est sélectionne a Un sous la menace d'une condamnation certain regard I e hlm avait pourtant a six ans de prison - une peine reçu l'approbation de la commission confirmée, maîs pas encore appliquée de censure pour sa diffusion en Le second, opposant déclare au regime Chine comme a l'étranger de Vladimir Poutine, est accuse de Andrzej Wajda fraude « massive » et de détournement Pendant la guerre froide, Cannes d'argent public affaire « absurde », bataillait chaque annee avec les pays selon lui Ils ne sont pas les premiers du bloc soviétique pour inviter artistes a être prives de Festival des réalisateurs dissidents En 1978, sur une decision politique arbitraire Gilles Jacob, alors delegue general Mohammad Rasoulof du Festival, se rend a Varsovie En 2011, le réalisateur iranien pour visionner L'Homme de marbre, - sous la menace, comme Jafar Panahi, d'Andrzej Wajda, qu'il souhaite d'une peine de prison - est attendu a sélectionner Refus de la censure Un certain regard pour présenter son polonaise, qui ne souhaite pas que deuxieme long metrage, Au revoir le cinéaste contestataire vienne sur En vain au moment de partir pour la Croisette Le film, sans son auteur, la Croisette, Rasoulof est convoque fera pourtant bien le voyage grâce par la police, a Téhéran Depuis, a l'ingéniosité des proches de Wajda et il a pu revenir a Cannes en 2013 (pour de Jacob lui même, qui annonce Lei, manuscrits ne brûlent pas) et a la presse « un film surprise » Pour en 2017 (pour le superbe Un homme garder le secret jusqu'au bout, il fait intègre, prix Un certain regard) même inscrire sur les bobines un faux Maîs, depuis le 16 septembre dernier, titre j'irai cracher sur vos tombes il est prive de passeport — Samuel Douhaire

3 Visages sera en compétition sans son auteur assigne a residence en Iran Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 0377524500508 Date : 04/10 JUIN 2018 Page de l'article : p.13 Journaliste : I. D. Pays : France Périodicité : Hebdomadaire OJD : 2798292

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POUVOIR ETRE FEMME près Taxi Téhéran, le réalisateur Airanien assigné à résidence dans son pays a tourné, toujours en fraude, un film itinérant. Cette fois, il emmène à son bord une célèbre actrice de télé- vision sur les traces d'une adolescente L qui - sa famille l'ayant empêchée d'ac- I complir son rêve - se serait suicidée I Regard aigu sur la société iranienne, f ses traditions séculaires et la place des femmes, Rois visages, Prix du , scénario au Festival de Cannes, est I une merveille Interprété avec grâce et force par Behnaz Jafari (à g.), Marziyeh Re/aei et le réalisateur Jafar Panahi lui même (à dr.), ce road-movie intelligent, glaçant, et drôle aussi exalte la force des images et la liberté du cinéma. I. D. Trois visages de Jafar Panahi. Sortie le Gjuin

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 2677934500524 Date : 14 MAI 18 Journaliste : Jean-Claude Raspiengeas Pays : France Périodicité : Quotidien OJD : 91467

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Festival de Cannes

Joanna Kulig, en chanteuse qui se débat dans ses propres filets dans Cold War. Source: Festival de Cannes

Un vent nouveau venu d'ailleurs

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 6485824500501 Date : 14 MAI 18 Journaliste : Jean-Claude Raspiengeas Pays : France Périodicité : Quotidien OJD : 91467

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expérimental démodé. à lisser l'image de la Chine. Bien étoilesfilantes Ce vieux farceur a plus d'un au contraire. Trafics d'influence, tour dans son sac. Viendra- pouvoir de la pègre aux ramifica- viendra pas ? Ce faux suspens tions économiques, destruction Godard, tenait la Croisette en haleine. des villes offerte à la spéculation, La conférence de presse s'est te- déplacement des populations for- « le grand nue devant un téléphone por- ment la toile de fond de cette pro- table où l'icône, cigare au bec, menade agitée qui unit, sépare et obscuranteur » déversait ses oracles ironiques. réunit de nouveau un parrain re- Les journalistes défilaient un doute qui va chuter et son asso- par un pour poser leurs ques- ciée qui trinque pour lui. Cannes tions. Par un ultime sursaut Leur éloignement et leurs re- De notre envoyé spécial de décence, ils se retenaient trouvailles tendues ressemblent II existe dans la vie des éclai- de se prosterner. à l'univers de Melville, dans la reurs. Leur lumière aide à mieux Vers la fin de son non-film sécheresse, l'âpreté et l'efficacité voir, ouvre le chemin, dégage les (mais y a-t-il une fin?), J.-L. G de cette randonnée dans la Chine perspectives. Il en est d'autres qui assène : «Mais la langue ne d'aujourd'hui. Enfin, 3 Visages, la prennent un malin plaisir à tout sera jamais le langage. » nouvelle fable sur trois périodes rendre opaque, confus, incom- C'est bien le problème. préhensible. Appelons-les Jean-Claude Raspiengeas __ Trois films des « obscuranteurs ». en compétition, polonais, Au cours de sa vie, Jean-Luc chinois et iranien, ont éclaire Godard est passé d'éclaireur à •Sk^sur la-croix.com le premier week-end « grand obscuranteur ». Comme _ 82 femmes dè cinéma du festival, par leur style l'a démontré sa dernière, et peut- ont monté les marches autant que par leur propos. être ultime, prestation, au Festi- à Cannes pour « l'égalité val de Cannes. Délire d'un vieux salariale » et « la parité » Cold War radoteur qui n'a plus rien à dire suivre ses personnages pris dans de Pawel Pawlikowski mais se répète ad nauseam, lais- l'étau d'une perpétuelle attente (Sortie le 31 octobre) sant croire que ses élucubrations et faire vibrer ce feu sous la glace, sont celles d'un génie. Ses exé- Pawel Pawlikowski ne sort pas du Les Éternels^** gètes habituels se sont empressés format carré, ni d'un noir et blanc de Jia Zhang-ke d'élever ce Livre d'image au rang cendreux, qui, par des procédés (Sortie le 26 décembre) de chef-d'œuvre absolu. Et défi- anciens, offre une voie d'avenir. nitif. Les historiens du futur Le film doit beaucoup aussi à l'in- 3 visages -** se régaleront d'exhumer ces terprétation magistrale des deux de Jafar Panahi hyperboles critiques... comédiens principaux : Tomasz (Sortie le 6 juin) Le reclus de Relie, en Suisse, Kot, en chef d'orchestre hiéra- sert, une nouvelle fois, un brouet tique, énigmatique, mutique et Cannes indigeste, images trafiquées, voix impassible ; Joanna Kulig, en De notre envoyé spécial caverneuses d'outre-tombe, pour chanteuse qui se débat dans ses L'avenir du cinéma est-il dans nous étourdir d'aphorismes qui, propres filets. le noir et blanc ? Après Leto en effet, donnent à penser. Celui- Autre histoire d'amour, plus ba- (L'Été), déjà favori au concours ci, en ouverture : «Les maîtres du riolée, plus violente, Les Éternels des pronostics, du Russe Kirill monde devraient se méfier de Bé- du Chinois Jia Zhiang-ke, dont les Serebrennikov, empêché de ve- cassine parce qu'elle se tait. » héros se recrutent dans les cercles nir à Cannes, le Polonais Pawel Tout est à l'avenant dans ce de jeux clandestins et les tripots. Pawlikowski (Ida, Oscar en 2015) maelstrôm de séquences ha- Malgré son élection comme dé- a présente une histoire d'amour chées, puisées dans l'histoire du puté au Parlement chinois, le ci- fou et impossible entre deux mu- cinéma, et de phrases inachevées. néaste n'a pas perdu la main et siciens dans les années 1950, au Le tout oseille entre les spasmes ce qu'il montre n'est pas édul- temps de la guerre froide. Cette d'un lointain surréalisme et les coré par ses responsabilités poli- période délimite le cadre histo- fonds de tiroir d'un cinéma tiques qui eussent pu le conduire rique et géographique des erre-

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 6485824500501 Date : 14 MAI 18 Journaliste : Jean-Claude Raspiengeas Pays : France Périodicité : Quotidien OJD : 91467

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ments des deux personnages, pris dans l'incandescence toxique de leurs sentiments empêchés. L'un, transfuge, brûle ses vaisseaux et fuit vers Paris ; l'autre s'enferme dans le piège de l'appareil com- muniste et se condamne à renon- cer à l'objet de son désir, à le su- blimer avant de le détruire. Pour

Powel Pawlikowski ne sort pas du format carre, ni d'un noir et blanc cendreux, qui, par des procédés anciens, offre une voie d'avenir.

du cinéma iranien de, et avec, Jafar Panahi, interdit de tourner pendant vingt ans mais qui réus- sit à déjouer la surveillance des autorités. Tout commence par l'appel à l'aide d'une adolescente, via Facebook, sur le point de se suicider. Authentique détresse ou canular? Le cinéaste qui a reçu cette troublante vidéo, accompa- gné par une actrice désemparée, part à la recherche de cette incon- nue. Prétexte pour Jafar Panahi de sortir de son enfermement, de donner, une nouvelle fois, de ses nouvelles avec une malice que l'adversité ne parvient pas à en- tamer. Et de se plonger dans un Iran rural où l'attendent frugalité et hospitalité. Ce très beau film est irradié par la poésie tranquille et la ré- sistance apaisée de son auteur dont témoignent les sublimes plans-séquences qui tissent ce conte perse. Quelle nouvelle du monde nous transmet Jafar Pa- nahi? L'espérance viendra des femmes. Elles sont le pilier du monde. Elles préparent et assure- ront l'avenir. Son message tombe à point nommé dans un festival dominé par l'exigence de cette re- connaissance... Jean-Claude Raspiengeas

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 6485824500501 Date : 15 MAI 2018 Page de l'article : p.1,13 Journaliste : JACQUES Pays : France MANDELBAUM Périodicité : Quotidien OJD : 269584

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FESTIVAL DE CANNES Le minimalisme

L'acuité de son regard sur les TROIS VISAGES maux de la société iranienne virtuose de SELECTION OFFICIELLE (plus marquée que chez Kiaros- En compétition tami : absence de liberté, sort des femmes, misère du petit peuple), uatre jours après associée à la grâce et à l'humour son compatriote qu'il sait conférer à son inso- Jafar Panahi Asghar Farhadi, lence, règle très rapidement son c'est à l'Iranien Ja- cas auprès des autorités. Lesquel- Le film du réalisateur iranien Qfar Panahi d'en- les commencent par interdire ses trer en lice. On ne films, avant de lui interdire carré- se présente comme une nouvelle saurait imaginer tandem plus ment de les tourner lorsque le disparate. Exilé de son pays, co- réalisateur rejoint les opposants variation destinée à figurer queluche du cinéma d'auteur à l'ex-président Mahmoud sa claustration, alors qu'il reste grand public, Asghar Farhadi est Ahmadinejad. Emprisonné puis passé maître dans l'art des récits jugé en 2010, condamné à six ans assigné à résidence dans son pays bien ficelés et de l'inquiétude mo- de prison et à une interdiction de rale. Revers de la médaille - et cas tourner la moindre image durant fréquent de l'art cinématographi- vingt ans, il est depuis lors que -, l'éloignement de la terre assigné à résidence. natale ne favorise pas toujours l'inspiration qui guidait l'artiste Un étrange commerce lorsqu'il tournait à domicile. A L'Iran étant de toute évidence un contrario, Jafar Panahi, moins cé- pays prodigieux, aucune de ces lèbre, est sans doute plus chéri mesures de rétorsion n'a réussi à des cinéphiles «hardcore», qui empêcher Jafar Panahi de tour- voient en ce fils spirituel et an- ner des films et de les faire sortir cien assistant du maître Abbas du pays, selon des voies mysté- Kiarostami la continuation du ci- rieuses qui n'appartiennent qu'à néma moderne iranien, sous les lui. De sorte qu'un étrange auspices d'une requalification ba- commerce s'est noué depuis lors roque du néoréalisme. entre les grands festivals qui, La carrière de ce fils d'un pein- intercédant en vain auprès des tre en bâtiment élevé dans les plus hautes autorités iraniennes quartiers déshérités de Téhéran pour inviter l'auteur, sélection- et les récompenses prestigieuses nent régulièrement ses films et qui la jalonnent l'attestent. les projettent en son absence. Caméra d'or à Cannes pour Le Tout cinéphile sait d'évidence Ballon blanc (1995), Lion d'or à que ce hors-champ ne fait qu'y Venise pour Le Cercle (2000), prix renforcer son aura. Depuis lors, Un certain regard à Cannes pour Ceci n'est pas un film (2011), Pardé Sang et or (2003), Ours d'argent à (2013) ou Taxi Téhéran ont, Berlin pour Hors Jeu (2006), Ours chacun à sa manière, mis en d'or pour Taxi Téhéran (2015)... scène l'enfermement du cinéaste

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 5811924500508 Date : 15 MAI 2018 Page de l'article : p.1,13 Journaliste : JACQUES Pays : France MANDELBAUM Périodicité : Quotidien OJD : 269584

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accule a l'inaction et s'employant trouble definitif sur le sentiment famille veut garder de force au a la contourner, sur un ton ou le qui nous permet de départager la village et qui en appelle a l'inter- tragique le dispute a la malice, réalité de la fiction Trois visages cession de Mme Jafari, qu'enfin avec pour enjeu l'affirmation se presente ainsi comme une Mme Jafari et M Panahi, dans l'in- opiniâtre de sa survie, comme nouvelle variation destinée a figu- quietude de savoir si c'est une vi- homme et comme artiste rer la claustration du metteur en vante ou une morte qui veut con- La gravite de ces attendus -voila scene, qui oseille depuis quatre tinuer sa carriere théâtrale, se bien le plus stupéfiant - n'empê- films entre l'appartement et la rendent de concert a son village che pourtant rien au jeu qui carac- voiture C'est ici de nouveau la pour en avoir le coeur net, en térise l'esthétique de ce cinema voiture, maîs prise pour un d'autres termes pour tenter d'éta- Au contraire, eu égard aux condi- voyage qui nous emmené plus blir la vente sur la nature réelle tions drastiques des nouveaux lom - dans les regions turcopho- ou fictive du suicide en question tournages de Panahi, il accuse ce nes et montagneuses du Nord- II s'ensuit, comme on dit, une mmimalisme virtuose, jetant un Ouest iranien- dont Panahi, dans cascade de péripéties plus ou son rôle récurrent de cinéaste-ac- moins étranges, drôles et pitto- teur, prend le volant resques confrontant notre couple d'enquêteurs aux autochtones, Vivante ou morte? dans une quête de vente qui tient La séquence d'ouverture, filmée plus du jeu de cache-tampon que au telephone portable et en de la poursuite du Graal contre-plongée par l'intéressée, On y croise, notamment, un est celle d'une jeune fille qui se vieux sage, un tenant croma- pend dans une grotte, non sans gnonesque du patriarcat, une avoir adresse, de la plus confuse vieille qui teste sa tombe, des des manieres a un personnage conducteurs folâtres, des fans de Une cascade qu'on ignore, un pathétique series televisees, et une jeune appel a l'aide Brise net par le saut fille qui voudrait, coûte que de péripéties dans le vide de la fatale héroïne, coûte, vivre sa vie dans une so- plus ou moins ce plan inaugural est suivi d'un ciete passablement passionnée raccord qui va s'évertuer d'en par la mort Le tout est terrible- étranges, drôles renouer et d'en démêler les fils ment kiarostamien, avec des ré- et pittoresques On passe alors a bord d'un 4x4 miniscences précises de Ou est la poussiéreux comme les aime le maison de mon ami (1987), du confronte cinema iranien qu'on apprécie, a Goût de la cerise (1997) et du Vent notre couple bord duquel se tiennent a la place nous emportera (1999) Autant du passager une femme voilée a de films qui jouent, eux aussi, la d'enquêteurs demi-hystérique et a celle du vie contre la mort, l'exorcisme aux autochtones conducteur un type qui s'efforce de la fatalité Une situation dé- de la raisonner, maîs dont on sormais familière a Jafar Panahi, n'entend que la voix dont la fidelite au maître défunt II appert bientôt que la pre- est une maniere de jouer sa pro- miere est la fameuse actrice pre liberte • me M Jafari (c'est bien elle), que le JACQUES MANDEIBAUM second est le célèbre cinéaste M Panahi (c'est bien lui), que la Film iranien de Jafar Panahi fille qui a envoyé le message déli- Avec Behnaz Jafari Jafar Panahi rant, dénommée Marziyeh, est MarziyehRezaei (lh40) une eleve du conservatoire que sa Sortie en salle Ie 6 juin

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 5811924500508 Date : 15 MAI 2018 Page de l'article : p.1,13 Journaliste : JACQUES Pays : France MANDELBAUM Périodicité : Quotidien OJD : 269584

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Behnaz Jafari, sur la plage du Majestic, à Cannes, 13mai. STEPHAN VANFLETEREN POUR -LEMONDE.

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 5811924500508 Date : 21 MAI 18 Page de l'article : p.26-27 Journaliste : LUC CHESSEL, Pays : France ÉLISABETH FRANCK-DUMAS, Périodicité : Quotidien DIDIER PÉRON OJD : 73331

Page 1/4 Un cru entre références et interférences Retour sur un festival marque interdit de continuer à procréer pour ne plus trouvé au cœur d'une poignée de films parmi par une large propension à la exposer d'autres innocents aux supplices les plus beaux du Festival, chez qui la reprise de la pauvreté et des autres dégâts de la dé- (en prélèvement direct sur la Nouvelle Vague citation, voire à l'autocitation... brouille. On le voit par ailleurs, à 12 ans, s'oc- française chez Christophe Honoré et son mais aussi par lenfance vécue cuper d'un bébé qui rampe dans la crasse Plaire, aimer et courir vite, où trois gar- comme une tannée, l'amour avant d'être confié à la mafia. A priori plus çons partagent les mêmes draps) ou la réin- envisagé comme une aventure kawaï, le dessin animé de Mamoru Hosoda, vention du canevas aura servi de matière à trois, ou des mises en scène Miraï, ma petite sœur, montre comment incandescente, très loin des codes de la co- visant l'immersion totale dans une famille se détraque avec l'arrivée du se- médie sentimentale. Dans le sublime Bur- leur sujet cond enfant, l'aîné piquant des crises et je- niiig de Lee Chang-dong, par exemple : arburer à trois films par jour sur une tant divers objets à la figure du poupon. Les Jongsu est amoureux de Haemi qui lui est période prolongée produit des effets ennuis du personnage principal de Sofia de ravie par Ben. La belle Haemi disparaît un C psychotropes plus ou moins pronon- Meryem Benm'Barek se cristallisent sur un beau jour, et Jongsu se lance à sa recherche, cés selon les accrédités et les films auxquels déni de grossesse qui oblige la jeune femme avec toute la perplexité et l'hébétude par ils s'exposent. Quelque chose de ce binge marocaine quand l'heure des contractions lesquelles il envisage le monde. La femme watching collectif dérègle progressivement arrive à accoucher dans une pièce aveugle disparue en vient à figurer à elle seule ce la netteté de chaque film pris l'un après puis à se démener pour retrouver le père et sens profond de l'univers qui toujours nous l'autre pour les faire glisser dans un conti- lui faire reconnaître l'enfant. Le tout dans un échappe. Et le rival, Ben, qui maîtrise avec nuum de sens trouvé, perdu, réinventé, re- pays où les relations sexuelles hors mariage une nonchalance upper class et blasée les mixé. C'est ainsi que plus que jamais la sont passibles d'emprisonnement. Les déra- codes de l'opacité contemporaine, en de- trame des films s'effiloche pour nouer pages incontrôlés des danseurs de Climax vient un brillant symptôme, celui de tout ce d'autres interférences et signaux. Revue de - réalisé par Gaspar Noé - sous l'emprise qui cloche dans le monde. détail de quelques-uns de ces courts-circuits d'une mystérieuse drogue poussent une Dans Asako I&II, le monde est aussi au dia- stimulants. mère attentive à enfermer son gamin dans pason du singulier ménage à trois mis en un placard électrique dont elle perd la clé place par Ryusuke Hamaguchi, et c'est un tandis qu'une danseuse donne un grand soubresaut cosmique, le grand tremblement LESENFINTSFIRDEIUX coup de pied dans le ventre d'une femme en- de terre de 2011, qui marquera le passage Le plan d'ouverture d'Ayka de Sergueï ceinte. Une image récurrente du Poirier d'un amour à l'autre. A quèlques années Dvortsevoy montre une rangée de bébés sau- sauvage, de Nuri Bilge Ceylan, résume les d'intervalle, Asako est tombée violemment cissonnés dans des langes dans une mater- échecs et renoncements d'un des personna- amoureuse du mystérieux Baku, qui l'aban- nité remplie des stridences de leurs pleurs. ges éternel joueur et perdant, que ses parents donne, puis de Ryohei, jeune salaryman Ces ravissantes petites créatures congestion- avaient oublié enfant dans son panier-ber- rangé qui s'avère être le sosie de Baku. nées témoignent dès le seuil de ce drame ceau les jours de moisson, le retrouvant re- Qu'aime-t-on donc, quand on aime ? La pa- d'une fille-mère aux abois, sans argent, dans couvert de fourmis. Le sériai killer de Lars tiente étude sentimentale déployée ici en de- Moscou, des promesses forcément non te- von Trier (The House that Jack Built) esti- vient aussi un précis d'érotisme feutré, étude nues d'une condition humaine si rude mant que l'éducation porte rarement ses des corps et de ce qu'ils déclenchent d'alchi- qu'elle plaide plutôt si l'on se fie à certains fruits, administre une dernière leçon à ses mie, de désir en sourdine. cinéastes pour une stérilisation générale ou deux fils en les butant au fusil à lunette. Portés à des sommets déchirants, les mêmes l'avortement pour tous. Car cette année, accents nostalgiques forment ce qu'il y a de nombreux films à bébés et à problèmes indi- plus beau dans Leto de Kirill Serebrennikov, quaient que l'enfant est la cause ou le LETRIINGLEIMOUREUX chronique d'un mouvement de soviet rock support des difficultés insurmontables L'amour à trois : qu'en faire et qu'en montrer qui s'enflamma et disparut avec l'éclat éphé- qu'endurent les adultes. On le voit dans Ca- de nouveau? La figure irrigue souvent la fic- mère d'un feu de Bengale, et dont la légende phamaûm de Nadine Labaki, où un gamin tion amoureuse, sa seule mention fait se le- a le goût magnifique et douloureux des re- intente un procès à ses parents parce qu'ils ver un catalogue d'images de cinéma aimées grets amoureux. ont commis le crime de le jeter dans un - ils/elles sont à trois dans un lit, un train, un monde insupportable et il veut qu'il leur soit bateau... Cette année, le triangle s'est re-

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Alors que le Festival dè Cannes s'est toujours édition auront aussi fait des pas en arrière et montré très frileux face à la VR (réalité vir- des volte-face : le cinéma s'y retournait tuelle), faut-il voir une réponse du cinéma à en permanence sur lui-même. Le vieux cette nouvelle forme d'images dans la façon concept, toujours tranchant, de «cinéma dont de nombreux réalisateurs envisagent filmé» se sera trouvé maints nouveaux exem- leurs films comme des expériences immersi- ples. La pratique de la citation directe, omni- ves? D'un côté, l'increvable académisme présente toutes sélections confondues, est post-Rosetta du réalisme coup-de-poing, en sans doute inhérente à la création cinémato- simili-temps réel et à caméra portée-gigotée graphique, mais n'a pas pour autant toujours d'Ayka de Sergueï Dvortsevoy, collant à la la même fonction : critique et politique nuque d'une jeune ouvrière kirghize malme- chez Spike Lee, montrant carrément dans née de toutes parts, de One Day de Zsôfia BlacKkKlansman un extrait du grand film Szilâgyi, compilant en un jour tous les tracas ennemi Naissance d'une nation de Griffith. d'un mois de la vie d'une mère de famille de Fétichiste pour Un couteau dans le cœur Budapest, de Capharnaùm de Nadine La- de Yann Gonzalez et son érotomanie de la ré- baki, pesante traversée de la misère des rues férence. Déférente chez Panahi (Trois Visa- de Beyrouth à hauteur d'enfants et, last but ges), reprenant des pans entiers de feu son not least, d'En guerre de Stéphane Brizé, aîné Kiarostami. Ludique et topographique nous projetant, caméra sur la tempe, dans le dans le Los Angeles de David Robert Mitchell tumulte d'une lutte syndicale. De l'autre côté (Under the Silver Lake), qui revisite une du réel, l'immersion s'apparente à un trip, à ville surfilmée... L'autocitation d'auteur se- une descente d'acide (Climax de Gaspard rait une autre de ses formes : Jia Zhang-ke Noé) ou à un rêve éveillé (Un grand voyage refondant des plans de son Still Hf e (2006) vers la nuit de Bi Gan). A l'inverse des sacca- dans la narration des Eternels, Lars von des informes des travellings épaule, on se re- Trier mélangeant des séquences de ses films trouve alors porté par les coulées planantes précédents à des images de guerre et de des- de plans-séquences à la steadicam, plus ou truction, en une méditation douteuse sur moins aériens (Bi Gan) ou oppressant (Gas- l'histoire et la violence, ou encore Gilliam pard Noé). Ailleurs, l'idée d'immersion est jouant lourdement au cours de son récit avec intégrée dans des scénarios où l'expérience la légende maudite qui précède son Don du spectateur redouble celle de personnages Quichotte au carré. De tous ces «films dans infiltrés (BlacKkKlansman de Spike Lee, le film» (la salle de cinéma où Bi Gan nous Gongjak de Yoon Jong-bin), de journalistes fait entrer avec son héros, les tournages mis embedded (les Filles du soleil d'Eva Hus- en abyme de Gonzalez et Panahi) au «Film son) ou d'apprentis nageurs plongés dans des films», il y a un saut : celui que fait une piscine (le Grand Bain de Gilles Lellou- Jean-Luc Godard dans le Livre d'image en che). Et puis il y a les films qui semblent di- reprenant toutes les images du monde et du rectement branches sur le cerveau de leurs cinéma (y compris le sien) pour les briser et auteurs, nous immergeant alors au cœur de les refondre en un poème où l'art s'autodé- leur processus créateur, pour le pire (The truit et renaît à chaque seconde, et ne rime House that Jack Built de Lars von Trier) ou avec lui-même que pour mieux déboucher le meilleur (le Livre d'image de Jean-Luc sur le monde entier et sa transformation Godard). nécessaire. LUC CHESSEL, ÉLISABETH LECINEMITOREFEREHCE FRANCK-DUMAS, DIDIER PÉRON En un mouvement inverse, les films de cette etMARCOSUZAL

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De gauche à droite et de haut en bas : Une affaire de famille dè Hirokazu Kore-eda LE PACTE Buming de Lee Chang-dong PINIIOUSE FILM

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Le Livre d'image de Jean-Luc Godard DR, Un grand voyage vers la nuit de Bi Gan DR

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F E STIVAL DE CANNES Cannes Festival

COMPETITION Une nouvelle aventure

A new adventure

as to #c;irt'sf j»V/icr«/ioiïs «lit/ 'v, the 7Itt ( alinea /cntival" line up delivery uuduclty and renewal.

A new décade itarting emd Tbicny Fi anaux dirccfoi of Hic Canne1! Film Festnal silice 20O7 promises us an adventurous edition mai ked bv strong generation^ renewal and no more selfies with the stars on thatfamed red carpet' You come to Cannes to see nottobeseen' the festival s architect dectared, at the admittednsk ofbeing out of synch wiîh the times The invasive practice of ego portraiture, which slows, dawn the parade and fai mshes the aura of the w orM f, most media cova ed event after the Olympia Games was even labelled disrespectful by lis pi esident Piei re Lescur e The 2018 Festival has other tui pi ises rn itoi e tao

A broad spectrum So ambitious auteur cinema versus caste so hot ne nouvelle decenn e commence et avec elle la promesse engagée Eclectique as to scorch the red carpef Thisyear the movie par Thierry Fremaux delegue general du Festival depu s 2007 en genres, en world sflagship prefersto quitthe tranquil waters dune ed lion aventureuse marquée par un «fort renouvellement of glamour cruismg v, ith Hollywood s upper ernst U générations generationnel » et la fin annoncee des selfies durant la trad t onnelle montee for more challengmg waters No less than seven des marches « A Cannes on vient pour voir et non pour etre vu ' » a et esthétiques, fmi films are competmg in the officiai selection, argumente le grand ordonnateur au risque revendique « d etre en décalage l'affiche du one beiny Egvptian director AB Shawky 6 avec son temps » La pratique envahissante des « egoportra ls » qui ralentit 71e Festival Yomccklme abuut a leptr on ctjuurnev the had les cortèges et désacralise laura de la manifestation la plus médiat see au de Cannes* roleplayedby a non piofesswnalactor In the monde apres les Jeux Olympiques a même ete qual fiée « d irrespectueuse » joue la carte Special Sci eemngs Chinese du ectoi 'Wang Smg par son president Pierre Lescure Ledition 2018 reserve d autres surpr ses dehvei 9 cr fidal wave of a documentai y docking de l'audace et in attfhi Î5mm Dead Soûls tackleshiï country •> Changement de cap du renouveau. cultural i evolution Cinema d auteur ambitieux contre castmgs susceptibles d enflammer le red carpet "> Cette annee le vaisseau amiral a prefere qu iter les eaux tranquilles Dissidence réservées aux crc sieres glamour (gratin de stars made in Hollywood Loreal Two film makers on course for the Palme d'Or etc) pour une mer carrément démontée i Sept premiers longs-métrages may well not take up their invitations Russian concourent dans la prest gieuse catégorie dont Yomeddme de I Egyptien AB Shawky qui relate lepopee dun lépreux joue par un comédien non professionnel Autre pastille qui gratte la gorge présentée en Séances G Jafar Panahi spéciales le documentaire fleuve de 8 h 15 du ch POIS Wang Ring (les ames mortes) qui s interesse a la revolution culturelle de son pays

Dissidence Deux cinéastes en course pour la Palme d or pourraient ne pas honorer leur mv tat on cannoise Le metteur en scene russe et homme de theatre Kirill

Serebrenn kov vise par une affaire de détournement de fonds publics est * Du 8 au 19 mai assigne a res dence tout comme le cinéaste dissident iranien Jafar Panahi festival-cannes org

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va nqueur de I Ours d or a Berl n en 2015 avec son tres émouvant Taxi Téhéran Reponses des autorites gouvernementales en question durant le festival

Dieux vivants Nul besoin de prier ou de mettre un cierge le pape Franco s «heros» du documenta re (Le pape François-Un homme de paroie) de Wim Wenders programme en Séances spéciales ne montera pas les marches du Palas pour saluer la foule Autre pape celui de la Nouvelle Vague Jean Luc Godard 87 ans revient pour la 7" fois en compétition avec un nouvel essa » d xit lh erry Fremaux intitule Le (ivre d image

Viva Italia ! On le disait mourant depuis le milieu des annees 70 le cinema ital en semble t film and stage director Ku U Set ebrenmko\ is avo r repris des couleurs dont se fait echo régulièrement le Festival de piesenth undei house ai i est ha\ mg been accused Cannes la 68e edition comptait quatre product ens transalpines la 71e en of misappi oprwtmq public money as is dissident a retenu deux Dans la course Matteo Garrone Mab tue du tapis rouge et littman directoi Jafaî Panahi, turner of Berlin s lauréat de deux Grands Prix du Jury (Comorra en 2008 et Reality en 2012) 2015 Golden Béai with lus very moving Taxi presente Dogman qui revsite I un des crimes les plus choquants de I taie Responsesfj om the respective qoiernmental des annees SO Apres Les merveilles qu avait envoûte la Croisette en 2014 author ities duruig the Festi\al (Grand Prix également) Alice Rohrwacher autre chouchou de Cannes se penche dans Heureux comme Lazzaro sur « un innocent ne dans un Livmggods hameau paysan reste a I écart du monde moderne No need to play or light a candie the heio ofWim Wenders ?doLumentary u-on the Une affiche aux couleurs de l'amour walhmg the red step? andgreeting the crowdt1 Dans le cl mat tendu et suspicieux de I apres We nstem le festival de Cannes Pope Fi ancis A Man of His Wei d is shaking prône loptmisme et «la paix des menages» en ayant choisi comme as a Special Servenmg The Nouvelle \ ag ue s emblème pour son affiche un tendre ba ser échange par Jean Paul Cf id (ord) Teun F ut naiv 87 return^ to Canne1*, Belmondo et Anna Kar na dans Pierrot ie fou de maitre Godard Déjà I ed lion for the teverith time in compétition u, i fh 2016 affichait la superbe Villa Malaparte du Mépris covedette du film du a nev, esso> as Thierry Fremaux calh it réalisateur franco suisse au cote de Michel P cco i et de Er gitte Bardot titledi,? livre d image

Viva Italia1 Rumoured to be on its last legs since the mid Seventies Italian cinema if, nonetheless handing on in there as the Cannes Festival regularly îuggetfs tfs 68th edition selectedfour Italian productions the71sthaschosent\\o Matteo Garrone a red carpet regular and u inner of two (grandprix (bomorra in 2008 and Reality in 2012)présents Dogman revisitmg one of Italy s most shocking crimes of the 1980s After I lie W onders that entranced the C rosette in 2014 (Grandprix too) C annesfaioiirite Alice RohrAacher bnngs Lazzaro delice about ananeman bom in afarmmg hamlet that lias steered clear of the modes n world

Aposterfor love In the tense and suspicions post Weinstem climate the Cannes Festival advocates optimism and peace in the home choosinq for lis poster a tender hiss c\chanqcdby Jean Paul Belmondo and Anna Kai ina in Mr Godard s Pierrot Le Fou The 2016 poster show ed the superb \illa Malapai te featui ed in Contempt anotlier of the Franco Sviissmastei striumphs stas ring Michel Piccoli and Brigitte Bardot

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t Todos lo Saben Ewtybofy fnows JAsghar d'Asghar Farhadi (Iran) Farhad a;ecPerelopeCruz eIJaverBardem Yomeddine de A B Shawky (Egypte) Leto (L'été) de Kirill Serebrennikov (Russie) -LJ Le Pape François Dhomme Lazzaro Felice rfeparo/ede W i rn Aerdars U. d'Alice Rohrwacher (Italie) presente Hors coimpet tien Z Zimna Wojna (Guerre froide) o de Pawel Pawhkowski (Pologne) U Three faces i de Jafar Panahi (Iran) En guerre de Stephane Br ? Z Under the Silver Lake avec Vincent Linclon lll de David Robert Mitchell (Etats-Unis) BlacKkKIansman de Spike Lee (Etats-Unis) Capharnaiim de Nadine Labaki (Liban) Buh-Ning de Lee Chang-Dong (Coree) Shopi ifters de Kore-Eda Hirokazu (Japon) Ash is Purest White de Jia Zhang-ke (Chine) Les filles du soleil de Eva Husson (France) Plaire, aimer et courir vite de Christophe Honore (France) Netemo Sametemo de Ryusuke Hamaguchi (Japon) Le livre d'image de Jean-Luc Godard (France-Suisse) Dogman de Matteo Garrone (Italie) En guerre

de Stephane Brize (France)

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 9670044500524 L'OBS Pays : France Date : 31 MAI / 06 JUIN Périodicité : Hebdomadaire 18 OJD : 359285 Page de l'article : p.93 Journaliste : JÉRÔME GARCIN

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HUMEUR

Par JÉRÔME GARCIA le village d'où la victime est originaire, le cinéaste et A liez comprendre. A Cannes, l'actrice décident d'en avoir le cœur net En route, une ^^ le film le moins coûteux de la ^^^k Sélection officielle a été l'un route de plus en plus étroite et sinueuse, ils observent une vieille dame se coucher dans sa tombe, croisent i^^^L des plus riches en émotions. un taureau priapique, se voient offrir le prépuce d'un f^^^^L Et son réalisateur, empêché, garçon, apprennent le langage codé des klaxons, i ^^^^ l'un des plus inventifs, donc boivent le thé et découvrent un monde ancestral M^^J^^^^ l'un des plus libres. Jafar i ^^^^L Panahi, assigné à résidence où les actrices sont considérées comme des femmes M ^^^^k dans son pays, n'a pas été de mauvaise vie et le cinéma, comme l'art de ,^^. .^^^^^. autorisé à présenter «Trois manipuler les foules. Sans jamais s'éloigner, en Visages » (en salles le 6 juin) sur la Croisette et y apparence, de la pittoresque comédie villageoise ni s'interdire d'avoir de l'humour, Jafar Panahi signe recevoir le prix du scénario. Il y serait pourtant venu, y compris en automobile (on le savait apte à conduire un film éminemment politique sur la condition des un taxi dans Téhéran, on le découvre habile à piloter femmes et des artistes dans l'Iran carcéral d'Ali un 4x4 dans les montagnes escarpées qui jouxtent Khamenei. Quant au troisième visage du titre, il est la frontière turque). Mais les mollahs ne lui interdisent invisible. C'est celui d'une actrice, Kobra Saeedi, alias pas seulement de tourner, ils lui défendent aussi de Shahrzad, qui fit les beaux jours du cinéma populaire voyager. Double peine dont, à l'écran, fl réussit, matois avant la révolution et n'a désormais plus le droit de et industrieux, à faire son miel Sans presque jamais tourner. Elle vit cloîtrée dans une maison isolée devant sortir de sa voiture - quelle métaphore ! -, Jafar Panahi laquelle veille, assoupi au volant de sa voiture, Jafar part pour l'enclave azérie de l'Iran, près de Tabriz. Panahi, le gardien de la rébellion. J. G. Il y emmène l'actrice Behnaz Jafari, qui a quitté le plateau où elle tournait après avoir reçu sur son smartphone une vidéo d'une grande violence. On y voit une jeune fille exaltée, rêvant de devenir comédienne, qui interpelle la vedette du « Tableau noir » de Makhmalbaf et de « Shirin » de Kiarostami, lui reproche de n'avoir jamais répondu à ses appels, et se pend par désespoir. Traumatisée, Behnaz Jafari veut savoir si l'adolescente s'est vraiment suicidée ou si c'est une mise en scène macabre. Après avoir localisé

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 0853044500506 Date : 01 / 02 JUIN 18 Page de l'article : p.42 Pays : FR Périodicité : Hebdomadaire OJD : 401493

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TROIS \ LSAGES U a rt lare à la tradition I rois ans apres « Taxi Téhéran », le réalisateur iranien Jai ar Panahi revient devant et derrière la camera avec « Trois Visages », récit dans lequel il brouille à nouveau les pistes entre fiction et réalité Dans leurs propres rôles, lui et la célèbre actrice Behnaz Jafari se rendent dans un village montagnard pour retrouver une jeune fille ayant envoyé une video alarmante à la comédienne Au bord du suicide, elle lui demandait de l'aide pour échapper a sa famille conservatrice Le cinéaste clandestin, interdit de travail et de voyages, s'accroche à l'histoire de cette adolescente pour brocarder les traditions ancestrales de son pays qui nuisent aux libertés artistiques et individuelles Edifiant Trois Visages de et avec laf ar Panahi, avec Behnaz lafon

Tous droits réservés à l'éditeur MEMENTO 0236044500507 Date : 31 MAI / 06 JUIN 18 Page de l'article : p.77 Journaliste : B. A. Pays : France Périodicité : Hebdomadaire OJD : 101551

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LA CRITIQUE

Trois Visages, JafarPanahi Si Jai ar Panahi n'a pu recevoir en personne le prix du scénario dont l'a honore le dernier Festival de Cannes, c'est parce que les magistrats de son Iran natal l'ont assigne a residence et condamne a ne plus toucher une camera pendant vingt ans. Tourne et diffuse clandestinement, Trois Visages évoque ainsi, sous la forme d'un quasi- thriller, la condition de l'artiste, la tyrannie des tra- ditions et la revendi- cation de la liberte d'expression, dont il est prive. En contre- partie d'une facture visuelle et techni- que tres modeste, l'urgence du propos et la vigueur des dia- ^ logues percutent la _" conscience B. A. De et avec JafarPanahi, BehnazJafan 1h40

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