La Mort Aux Trousses
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LA MORT AUX TROUSSES North by northwest DE ALFRED HITCHCOCK FICHE TECHNIQUE lm fi USA - 1959 - 2h16 Réalisateur : che fi Alfred Hitchcock Scénario : Ernest Lehmann Montage : George Tomasini Photo : Robert Burks Musique : Bernard Herrmann Interprètes : Roger Thornhill, pris pour un espion dénommé Kaplan, est Cary Grant enlevé par deux hommes qui essaient de le tuer. Thornhill se rend au palais des Nations-Unies pour retrouver (Roger Thornhill) SYNOPSIS Townsend, qu’il croit être un de ses ravisseurs. Townsend Eva-Marie Saint est assassiné et Thornhill, pris pour le meurtrier, se sauve (Eve Kendall) à Chicago par le train. Pendant le voyage, il est séduit par James Mason Eve Kendall, qui l’aide à se cacher. Thornhill obtient un (Philip Vandamm) rendez-vous avec Kaplan dans un champ désert. Jessie Royce Landis CRITIQUE (Clara Thornhill) Leo G. Carroll Considéré par Hitchcock comme un “divertissement très amusant”, La mort aux trousses naît d’abord du désir du (Le «professeur») cinéaste de tourner une séquence sur le mont Rushmore, Philip Ober dans le Dakota du Sud (célèbre pour les figures géantes (Lester Townsend) des présidents américains sculptées à même la roche). A Josephine Hutchinson l’origine, Hitchcock voulait intituler son film, “L’Homme sur le nez de Lincoln”. Dès la première ébauche du scéna- (Mrs. Townsend) rio, le rôle est prévu pour James Stewart. Mais au fur et à Martin Landau mesure que se dessine le personnage, Hitchcock réalise (Leonard) que Cary Grant correspond mieux au personnage de Roger 1 Thornhill, personnage cynique, lant que «le réalisateur garde le contre, Thornhill ne peut qu’en- égoïste et puéril. (…) La mort aux contrôle artistique total du film, chérir dans une vente publique, trousses fourmille en moments quels qu’en soient le coût et la mais «pour de faux»). Mais ce qui forts - autant de scènes d’antho- durée.» (…) menace vraiment le pauvre publi- logie. Outre le clou du film, la Dominique Auzel citaire c’est qu’après un malen- scène de l’avion dans le désert Alfred Hitchcock - Les essentiels tendu (il se lève au moment où on qui ne manquera pas de poser Milan appelle un nom qui n’est pas le des problèmes techniques, il y sien et personne, même sa mère, a cette scène finale sur le mont ne le croira jamais), il va perdre Rushmore, ce symbole suprême Si Roger Thornhill se conduit son nom, son identité, son élé- de l’ordre établi et de la liberté. comme un enfant, c’est sans doute gance (il ne changera de costume Hitchcock y installe le dénoue- parce que tout le monde - de sa qu’à la toute fin), son humanité ment du film, un moment où il y mère qui le ridiculise à Eve qui (dans le champ de maïs, il est a trahison et où les instincts de le déshabille pour lui faire pren- sulfaté comme un insecte et finit violence abondent. C’est comme si dre une douche, en passant par même ectoplasme, sous forme de le cinéaste voulait montrer que le Vandamm qui le soûle, et par le reflet sur un écran de télé) et sur- rêve américain (représenté par le directeur de l’agence de rensei- tout son destin. (…) Il n’est qu’une lieu) peut tourner au cauchemar. gnement qui voudrait lui faire cible, un bouc émissaire, un être Et justement, cette scène vaudra porter des costumes trop petits rampant, toujours en bas (il jette à Hitchcock quelques démêlés - le traite comme un retardé des pièces sur la fenêtre d’Eve, avec le pouvoir fédéral. D’abord, mythomane. Plus le film avance, comme un gosse jette des cailloux il obtient des autorités compéten- plus Cary Grant deviendra, soit ; sur le Mont Rushmore, Leonard tes un accord de principe, puis l’homme qui rétrécit, soit celui le surplombe) ou enfermé comme quelques fonctionnaires zélés, à qui grandit trop vite et prend une sardine (dans la couchette la lecture du scénario, se rétrac- ainsi conscience de sa petites- du train, la douche d’Eve ou la tent pour cause de «profanation» se. Il se venge donc en se vau- chambre d’hôpital de Rapid City). flagrante. L’affaire devient même trant dans les postes de police Son immaturité sexuelle est humi- publique. Un journaliste écrira : et en se faisant une moustache à liante, jusqu’aux pistolets qui ne «Que monsieur Hitchcock rentre la Hitler dans les toilettes de la tirent qu’à blanc ! chez lui en Angleterre et dessine gare de Chicago. Il est écrasé par Serge Grünberg des personnages en train de folâ- l’énormité du building de l’ONU, Spécial Hitchcock trer sur le visage de la reine». par le poids lourd qui manque Cahiers du Cinéma n°528 Hitchcock sera autorisé, enfin, à de le tuer, par les têtes déme- utiliser l’image de ce «sanctuaire» surées du Mont Rush-more. Tous de la démocratie en utilisant des les autres personnages, eux, ont maquettes et sous certaines con- des occupations “sérieuses” : Eve ditions concernant les cadrages. est une prostituée de haut vol Le tournage achevé, Hitchcock va ; elle passe des coups de télé- entrer en conflit avec la Metro phone importants (dans Blow Goldwin Mayer. Son film est trop Out, De Palma réinterprétera la long : 2h16, une durée inhabituel- scène des deux cabines pour en le pour l’époque. Mais Hitchcock révéler tout le contenu violem- n’aura pas à amputer son film, son ment sadique). Vandamm est un agent ayant pris soin d’inclure homme d’affaires et un amateur dans le contrat une clause stipu- d’art (lors de leur deuxième ren- 2 ENTRETIEN AVEC ALFRED et ensuite il, la peignent en pro- HITCHCOCK fitant de toute l’expérience qu’ils La scène était invraisemblable. ont acquise. Il y a une très grande Non, ce n’est pas cela du tout. Le Lequel de vos deux derniers films différence. Oui, le thème est celui méchant était en danger, non le préférez-vous ? de The wrong man : I’homme inno- héros. Ça c’est important pour le Vertigo et North by northwest cent. Si je me sers de ce thème, spectateur. Si c’est bon, il s’en va sont des films très différents, c’est parce qu’il me permet de content. Sinon, il sent que ce n’est qui n’ont pas du tout été réalisés résoudre une part importante de pas bon, sans savoir pourquoi. dans le même esprit. Vertigo, c’est mon travail artistique et tech- Entretien réalisé par Jean une féerie psychologique, presque nique. Je crois dur comme fer à Domarchi de la nécrophilie. Le héros veut l’art cinématographique, moi. Je et Jean Douchet faire I’amour avec une morte. Mais ne crois pas aux dialogues. Je fais Cahiers du Cinéma n°102 - Déc.59 North by northwest, c’est un film du suspense et j’essaie de jouer d’aventures qui est traité avec avec les spectateurs comme le une certaine légèreté d’esprit. chat avec la souris. Donc, pour Vertigo est beaucoup plus impor- que les spectateurs ressentent tant pour moi que North by nor- l’anxiété, le suspense, etc..., vous thwest, qui est un divertissement devez avoir sur l’écran un héros très amusant. auquel ils puissent s’identifier. Je crois qu’il est vain de vouloir Votre film apparaît comme une leur faire ressentir les senti- suite de scènes brillantes qui ments d’un gangster. C’est impos- n’ont pas toujours de relation sible, car ils ne connaissent pas précise avec le sujet. Ainsi, lors- ce genre d’individu. Mais l’homme BIOGRAPHIE que Cary Grant entre par la fenê- de la rue, I’homme ordinaire, ils tre... le comprennent. C’est comme s’ils Alfred Joseph Hitchcock naît le 13 Oui, il n’y a pas de relation avec faisaient partie intégrante des août 1899 à Leytonstone dans la le sujet. C’est une plaisanterie, aventures racontées par le film. banlieue de Londres. Ses parents, C’est parce que, quand quelqu’un William et Emma, sont épiciers en entre dans une pièce par la porte, Dans North by northwest, vous gros et Alfred est le dernier de ce n’est pas suffisant pour donner semblez avoir voulu refaire leurs trois enfants : l’aîné William à la scène son mouvement propre. Saboteur. Pourquoi ? est né en 1890 et la cadette Eileen Il faut toujours qu’il y ait quelque Parce que je n’étais pas satisfait en 1892. Dès son plus jeune âge, il chose qui la remplisse vraiment. de Saboteur. Les héros n’étaient est un enfant solitaire et peureux. pas intéressants. Les acteurs Il avoue lui-même ne pas avoir eu North by northwest reprend les n’étaient pas bons. Et puis, ce d’amis dans son enfance et avoir thèmes de la plupart de vos n’était pas un vrai film. Il y avait passé son temps à jouer seul. films. Celui de The wrong man, beaucoup de mauvaises choses, Certains éléments marquants de par exemple, I’innocent que l’on beaucoup d’énormes fautes dans son enfance se retrouveront dans accuse injustement. la scène de la Statue de la Liberté ses films. Ainsi, il est plusieurs Ne croyez pas que je rabâche par exemple. fois question du métier d’épi- sans cesse. Les peintres pei- cier - cf. Agent secret, Frenzy. De gnent toujours la même fleur. Ils Oui ! même, l’aversion très visible de commencent par la peindre lors- Eh bien dites-moi quelles sont ces Hitchcock pour la police - en fait qu’ils n’ont aucune expérience, erreurs ? pour les policiers, montrés incom- 3 Le centre de Documentation du Cinéma[s] Le France, qui produit cette fi che, est ouvert au public du lundi au jeudi de 9h à 12h et de 14h30 à 17h30 et le vendredi de 9h à 11h45 et accessible en ligne sur www.abc-lefrance.com Contact : Gilbert Castellino, Tél : 04 77 32 61 26 [email protected] pétents - peut s’expliquer par un FILMOGRAPHIE La corde rapide séjour au commissariat, Les amants du Capricorne 1949 alors qu’il était âgé de seulement The pleasure garden 1925 Le grand alibi 1950 4 ou 5 ans.