Anthropologieet Préhistoire,I09, L998,4I-62

Un nouveau site d'habitat du groupe de Villeneuve-Saint-G ermain à Pontpoint < le Fond de Rambourg>> ()

Rose-MarieAnnocAST, FrançoiseBosryN, Yann LonrN et Frédéric Pnopso

Résumé Le _ suivi systématiquedes sablièresa permis la découverte d'un nouveau site d'habitat du groupe de Villeneuve-Saint- Germain dansla moyennevallée de l'Oise.La caractéristiqueprincipale de cesite résidedans son eicellent étatde conservation lié à un choix d'implantation en bordure d'une butte sableuse.Trois unités d'habitation ont été intégralementfouillées avant rebouchagedu site. Les recoupementsentre structures ainsi que les premières données sur le *oliliet archéologiquefont envisagerune occupation longue du village.

Abstract

Excaaationsundertaken in adaanceof graael extraction in the Oise valley haae leaaeda new Early Neolithicsettlement (Villeneuae-Saint-Germain group). The main caractheristicof this site is a goodpreseruation of the pits tinkeâtu a particularchoice of implantationrunning alonga sandymound. Three longhouses and theirlatàral pits haaebeen cômpleity explored befoie the flting up of the site, The high density of structuresand thefirst studiesof the artefnctsassemblages show that titis aillage ,ot orrupira âuiing a long time.

1. IxrnopucrroN chacun ponctué par plusieurs buttes sableuses. Le site de Pontpoint < le Fond de Rambourg > Celles-ci constituent les points culminants du a été découvert et fouillé dans le cadre du méandre et correspondentaux courbesde niveau programme de surveillance systématique des supérieures à 31,,25m. Par contre, la courbe sablièresde la moyenne vallée de l'Oise. Deux des 30 m marque le passage dans les zones campagnes de fouilles successivesont été me- basseset inondables que nous avons pu observer nées sur ce site en 1996et en I997,1a seconde à proximité, lors des décapages effectués en ayant été financée par le Ministère de la Culture 7996 et en 1997, toujours dans le cadre des afin d'explorer dans leur intégralité trois unités sablières. La présence de limons très argileux d'habitation et d'avoir, pour l'étude, des en- et plastiques sous la terre végétale dénote le sembles scientifiquement cohérents.Cet habitat caractèreinhospitalier de ces zones bassesqui n'a donc fait l'objet que d'une fouille partielle et sont d'ailleurs pour Ia plupart encoreen pâtures a été rebouché en décembrc 1997.Le site a, en actuellement. Par ailleurs, durant l'hiver \994, efftet,été exclu du progranune d'exploitation des arurée de fortes crues, toutes ces terres étaient granulats par OGIF en raison du coût trop élevé inondées. Le choix fait par les néolithiques d'une éventuelle fouille d'un tel site aussi bien est donc manifeste et semble systématique et conservé. récurrent dans cette vallée puisque ces observa- Sa caractéristique majeure réside, en effet, tions sont concordantes avec celles faites sur la dans son excellent état de conservation lié à la butte la plus septentrionale du méandre pour le présenced'une couche sableusequi a recouvert Rubané récent (Alix et aI., L997)et celles issues les structures. Ce phénomène de scellement des premières observations faites sur la troi- résulte d'un choix d'implantation dans une zone sième butte du méandre. Une implantation du topographiquement intermédiaire. La moyenne Villeneuve-Saint-Germain a en effet été repéréeà vallée de l'Oise comporte une série de larges Pontpoint < le Trésor" (Pellerin & Prodeo,1994) méandres conune celui de Pont-Sainte-Maxence dans des conditions topographiques semblables où se trouve le site de Pontpoint (fig. l), (fig. 1). 42 Rose-Marie ARSoGAST et aI.

Fig. 1 - Localisation du site de Pontpoint dans le méandre de Pont-Sainte-Maxence.

2. PnÉSENTATIoN DU SITE du méandre de Pont-Sainte-Maxence dans un secteur où la pente, irrégulière, est nettement 2.1,.Stratigraphie et conservation accentuéevers le sud-est. La micro-topographie Les néolithiques se sont donc installés sur réalisée après décapage de la terre végétale le versant sud de l'une des buttes sableuses (hg.2) montre bien cette dépression au sud-est Un nouveau site d'habitat du groupe Ce Villeneuve-Saint-Germainà Pontpoint (Oise) 43

Limite du secteurintégralement fouillé

Structure laténienne IirF-r:r;=ll f{+f+g.HlMaison supposée

Fig. 2 - Micro-topographie montrant la dépressionvers le sud-est.

qui est à l'origine de la bonne conservation du végétale (couche 1) et le sable jaune (couche 4) site. comportant des fins litages calcaires(couches 5) Les observations stratigraphiques réalisées et constituant le substrat dans lequel ont été sur la coupe faite en bordure est du décapage creusées les strucfures, vient s'interposer un (fig. 3) montrent que le somrnet des sablesconsti- niveau de sable limoneux de couleur gris-beige. tuant la butte est affecté d'un léger pendage vers Par ailleurs, à partir du mètre 45, un second le sud-est. À partir du mètre 8, entre 1â terre niveau plus argileux et brun foncé apparaît 44 Rose-Marie ARSoGAST et al.

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au-dessous du sable limoneux. La dépression des buttes et d'un colmatage des dépressions s'est ainsi comblée jusqu'à l'obtention d'une est irréfutable et observéede façon systématique faible pente (0,6%). Les phénomènesd'érosion dans la moyenne vallée de l'Oise (Lespez,7990), se sont probablement atténués par la suite, la il n'en reste pas moins que ces phénomènes mécanisationde l'agriculfure n'ayant eu un effet sont irréguliers tant dans leur intensité que dans que sur les structures creuséessur le haut de leur périodicité. Il en résulte que l'interprétation la butte. D'ailleurs, la carte de répartition du d'une telle couche ainsi que la datation de sa mobilier archéologique contenu dans la couche mise en place ne sont pas évidentes a priori et de sable (fig. a) montre clairement un vide au doivent être discutées. niveau de la butte alors que la densité maximale Il faut rappeler avant tout qu'aucun argu- correspond à la zorre intermédiaire comprise ment stratigraphique ne peut être avancé pour entre les altitudes 29,83m et 30,43m. Le vide résoudre ces deux problèmes puisque les deux à l'est de la tranchée de reconnaissancene occupations principales du site (Néolithique et correspond à aucune réalité archéologiquer4ais Age du Fer) semblent s'exclure,aucune structure à une absence de pointage rendu impossible néolithique n'ayant été retrouvée dans le secteur par la présence de tas de déblais. Ce relevé de l'Age du Fer et inversement. Par ailleurs, la n'a pas non plus été fait préalablement à la seule fosse fouillée attribuable au Néolithique fouille des trois unités d'habitation mais la final était localiséedans un secteuroù la couche1 densité de mobilier était forte à l'emplacement n'était pas présente. De plus, cette couche de des maisons 50 et 60, moindre au niveau de la sable est homogène, malgré son épaisseur,ce maison 70. qui résulte d'un lessivage naturel postérieur L"existencede cette couchesoulève plusieurs à sa mise en place, provoquant la migration interrogations concomitantesquant aux modali- des particules fines vers le bas (phénomène tés de sa mise place, à son interprétation et à d'illuviation, Lespez, 1990).Aucune observation sa datation. L hypothèse du comblement de la directe n'a été faite sur le site permettant donc dépression suite au démantèlement de la butte de proposer un terminusante quem à la mise en sableusesemble être corroboréepar la composi- place de cettecouche de sable. tion de cette couche très homogène, à granulo- Plusieurs interprétations peuvent donc être métrie grossière,finalement très proche du sable proposées.Soit le niveau d'occupation néoli- encaissant.Par ailleurs, le phénomène d'érosion thique ancien a été largement conservéet scellé est égalementsensible au travers de l'analyse des rapidement, auquel cas le mobilier archéolo- structures archéologiques. La profondeur des gique est homogène et contemporain de l'oc- fossesprotohistoriques fouillées sur le haut de cupation. Dans ce cas de figure, il convient la butte (voir fig. q et surtout celle de la fosse de mentionner néanmoins que dans la mesure néolithique no 35 fouillée en bordure ouest du dé- où l'occupation du site a été assez longue, capagequi n'excèdepas 40 cm, apparaît comme cette couche ne peut être considéréecoûune un particulièrement faible en comparaison de la instantané,les zones d'activités et de circulation profondeur des fosses latérales des maisons 50 s'étant probablement déplacéesen fur et à me- et 60 qui peut atteindre I,2rn. Le substratsableux sure de l'édification des nouvelles maisons.Soit est d'ailleurs nettement affleurant au-dessusde cette couche contient les vestiges d'occupations la courbe de niveau 30,63m. successivesdu Néolithique ancien jusqu'à l'Âge Uérosion de la butte résulte de l'action des du Fer, ce qui, en l'absence de couchesarchéo- agents naturels tels que la pluie et le vent, et la logiques bien différenciées,se traduirait par la mise en place de la couchesableuse a pu se faire présencede matériel des différentesoccupations soit par un phénomène de colluvionnement, soit qui aurait été recouvert par des sédimentsissus par un dépôt éolien, les deux actions pouvant d'un colluvionnement régulier et continu. Soit aussi être simultanées. L'impact sur le sous-sol en-finles niveaux de sol ne sont pas conservés, de Ia mécanisationde l'agriculture n'est certaine- cette couche est issue d'un colluvionnement ment pas négligeable,mais ce phénomènerécent important et elle contient du mobilier archéolo- a affecté principalement les structures creusées gique remanié, et probablement mélangé. Ceci sur le haut de la butte, les autres étant mieux n'est donc pas sans conséquencespour l'étude protégées par les couches supérieures, et n'a du site et du mobilier issu de ce niveau. fait qu'amplifier un phénomène préexistant. En Compte tenu de la densité du mobilier repéré tout état de cause, si l'existence d'une érosion en surface et de sa répartition (fig. 4), il est 46 Rose-Marie ARnoGAST et al.

ffi Buttesableuse E Mobilierde surface

ffi Structurelaténienne ffi Maisonsupposée

Sondagecarrière * Limite du secteur intégralement @ fouillé

Fig.4 - Répartition du mobilier en surface. tout à fait légitime d'envisager la conservation pouvant indiquer la présenced'une fosse sous- du niveau d'occupation néolithique, conune cela jacente n'est observable, et la dispersion du a été observé sur le site de jablines < la Pente mobilier sur toute la surface, et donc forcément de Croupeton>, Seine-et-Marne (Bostyn et aI., en dehors des aires de fosses (fig. 5 à 8), n'est 1991). En effet, aucune concentration plus forte pas sans rappeler la répartition irrégulière du Un nouveau site d'habitat du groupe de Villeneuve-Saint-Germainà Pontpoint (Oise) 47

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Fig. 5 - Répartition du mobilier céramique entre la couche 1 et le remplissage des fosses.

mobilier autour et dans les deux maisons de étayer l'hypothèse d'une conservationdu niveau Jablines (Lanchon et aI., 1997).Le nettoyage de d'occupation néolithique. la surface intérieure de la maison 60 a montré Les observations faites sur les poteaux des également que du matérie1 archéologique, prin- maisons 50 et 60 montrent qu'ils comportent très cipalement lithique et céramique, y était présent. souvent un remplissage double constitué dans D'autres arguments peuvent être avancéspour la partie centrale de sable identique à celui de 48 Rose-MarieAnnoGAST et aL

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Fig. 6 - Répartition du mobilier lithique entre la couche 1 et le remplissage des fosses. la couche 1.. De forme sub-cylindrique, d'une de cette couche assezrapidement avant que le hauteur de 10 à 40 cm, ces poches régulières trou n'ait subi de dégradationstrop importantes. évoquent fortement la trace du poteau qui ap, On pourrait objecter néanmoins que si le ni- paraît en général en plus sombre dans le rem- veau d'occupation avait été totalement conservé, plissage. L'-hypothèse interprétative que nous on devrait retrouver des aménagements de sur- proposons est que le sédiment sableux serait face comme des foyers. Or aucune strucfure de venu combler les trous laissés par les poteaux ce type n'a été retrouvée dans l'espace interne qui auraient été récupérésaprès l'abandon de la des deux maisons alors qu'à jablines deux foyers maison. Ceci implique alors une mise en place ont été fouillés dans la pièce centralede l'une des Un nouveau site d'habitat du groupe de Villeneuve-Saint-Germain à Ponpoint (Oise) 49

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Fig.7 - Répartition du mobilier osseuxentre la couche L et le remplissagedes fosses. maisons.Lepetit foyer localiséau nord de la mai- conune c'est le cas de la structure 6, on aurait son 50 (st. 6), aménagé dans une légère cuvette, probablement retrouvé les pierres de chauffe, ce a probablement fait office de foyer domestique qui n'est pas le cas. Invoquer l'absence réelle mais l'absence à l'intérieur de la maison peut de foyer durant l'occupation néolithique est également résulter du lessivage de la couche toujours possible, sinory la seule explication de sable. Cependant, si cette structure avait fait réside dans Ia disparition de la structure par l'objet d'un aménagementavec des blocs de grès démantèlement volontaire ou naturel. 50 Rose-Marie ARSoGAST et al.

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Fig. 8 - Répartition du mobilier en grès entre la couche 1 et le remplissage des fosses.

La seconde difficulté rencontrée dans l'inter- soit 20 cm en moyenne. Par contre, le nettoyage prétation de cettecouche réside dans le fait que le de la surface de la maison 60 a fait apparaître matériel archéologique en dehors des maisons, le matériel archéologique sur un même plan à la différence de ce qui a été observé à ]ablines, horizontal. Dans ce cas,il faut souligner que théo- n'est pas disposé à un niveau bien précis mais riquement, le niveau d'occupation contemporain plutôt dispersésur toute l'épaisseurde la couche, d'une unité d'habitation ne doit pas exister à Un nouveau site d'habitat du groupe de Villeneuve-Saint-Germainà Pontpoint (Oise) 51 l'aplomb des fossesqui sont censéesêtre utilisées des éléments de compréhension sur ces phé- comme espacesde rejets comblés progressive- nomènes complexes d'érosion et de colluvion- ment durant la période d'utilisation de la mai- nement. La couche de sable présente dans de son. Par ailleurs, la construction d'une nouvelle nombreux secteurs de la vallée résulte d'un maison implique forcément la destruction du lessivage post-dépositionnel d'un sédiment à sol plus ancien à l'endroit du creusement des granulométrie assez grossière. Il semble que fosses et éventuellement le piétinement d'une le niveau de sol soit resté presque le même zone abandonnée.Le remontagede tessonsentre pendant longtemps ce qui pourrait expliquer la la couche 1 de la fosse 7 (maison 50) et la présencede matériel du Néolithique final dans couche2 dela fosse46 (maison 60) résulte proba- le même horizon. Pour aborder réellement cette blement de ce type d'évolution de l'occupation question d'un point de vue archéologique, il de l'espacedomestique. Ainsi, dans le cas d'une faudrait envisager la fouille en place de cette implantation dense et de longue durée, ce qui couche selon les méthodes largement éprouvées est le casà Pontpoint,le mobilier retrouvé autour sur les sites du Paléolithique, en particulier dans les zones des maisons n'est pas forcément associé à la extérieures aux aires des maisons et maison la plus proche. de leurs fosses latérales, mais également faire appel à des études micro-morphologiques sur Il est nécessaireà ce stade de la discussionde ces couches.Pousser les remontagescéramique se reporter au mobilier archéologique.L analyse et lithique assezloin entre les différentes couches du mobilier présent en surface du décapage permettrait également d'aborder les relations faite au moment du pointage en surface, n'a entre les différents secteurs de cette petite par- pas révélé la présence d'un important matériel tie du village. Ces problèmes sont intégrés attribuable à l'Âge du Fer. On n'a noté Ia par ailleurs dans les recherches en cours sur présence que de quelques clous, d'une petite l'évolution géomorphologique de la moyenne perle en verre, d'un fragment de tuile et de vallée de I'Oise, et des éléments de réponse quelques tessons tournés. Par contre, sur la seront probablement apportés dans la synthèse surfacefouillée intégralement,et principalement paléo-environnementale(travaux de J.F. Pastre, à l'aplomb de la fosse 55, nous avons noté la C. Leroyer et N. Limondin en cours). présencede mobilier différent de celui provenant des fosses.Le matériel céramique comporte une forte proportion de tessons à pâte grossière 2.2. Les limites du site alors que f industrie en silex réalisée sur un Il est actuellement impossible de fixer des silex tertiaire, plus grenu et de moins bonne limites précises au village Villeneuve-Saint- qualité que celui des fosses,a étéutilisé pour le Germain de Pontpoint et ceci pour deux raisons. façonnage de haches polies, présentes en deux Tout d'abord, sur le décapagemême,la présence exemplaires dans le secteur. Cette partie de la du niveau, si elle a permis la bonne conserva- coucheL étant aussi la plus riche (fig. 5 à 8), il est tion des structures, constitue un handicap pour probable que nous soyons en présencedes restes l'estimation du nombre et de la localisation des d'une petite occupation du Néolithique final qui différentes unités d'habitation. Par ailleurs, la serait à mettre en relation avec la fossefouillée à grande majorité des surfacesjouxtant la parcelle l'avant de la maison 50. du ., Fond de Rambourg >>n'a pas été étudiée à ce jour. Nous ne nous prononcerons donc pas de Néanmoins, les observations faites dans un manière définitive sur f interprétation de cette rayon d'un kilomètre autour du site apportent couche, n'ayant pas d'argument décisif permet- des informations sur le territoire occupé à tant de trancher en faveur de l'une ou l'autre l'époque (fig. t). Versl'Est,les parcelles décapées hypothèse,même s'il nous semble probable que au lieu-dit < les Hautes Lanternes> sont locali- la couche d'occupation du Néolithique ancien sées en zorre inondables et n'ont livré aucune a été au moins partiellement conservée. Les trace d'occupation humaine même assezrécente analysesfaites sur le site de la < Butte de Rhuis, (Moyen Âg"). La petite parcelle décapéeen face dans un contexte stratigraphique (présencede la du village de Pontpoint n'a livré qu'un petit couche de sable) et chrono-culturel (occupation fosséde drainage non daté. La rupture de pente du Néolithique ancien, final et de l'Âge du encore visible aujourd'hui dans le paysage qui Fer) identique (Lespez, 1990), nous apportent correspond à la courbe de niveau des 30 m 52 Rose-Marie ARSOGAST et al.

devait déjà exister au Néolithique, et on peut fosse 35 pouvant être également une fosse sud. considérer qu'elle constitue la limite sud-est du L'identification de ces cinq unités d'habitation village. Vers le nord-ouest, la présence d'un constitue un minimum et n'exclut aucunement bois communal sur le haut de la butte qui la possibilité de l'existence d'autres habitations s'étend jusqu'aux secteursétudiés jusqu'en 1996 tout autour. Les observations faites sur le au lieu-dit < les Près VérI,, ne permet pas de secteur fouillé qui montrent une densité très développer les observationsdans cette direction. forte de strucfures renforcent indirectement cette Par contre, lors de la fouille de la dernière hypothèse. En effet, la présence des fosses 62 parcelle au ((Près Vér/ >, ont été mis au jour et 63 à l'emplacement de quelques poteaux des chablis néolithiques, datés par le mobilier de la paroi sud de la maison 60 (fig. 9) est céramique et lithique qu'ils ont livré et qqi peut-être à attribuer à l'existence d'une autre est comparable à celui du site de Pontpoint. A maison situéeà l'avant de la maison 60 à laquelle titre d'hypothèse, on peut proposer l'existence pourrait être associéela fosse 40. Ce cas de dans ce secteur d'une zorte fréquentée par les superposition de deux unités d'habitation serait villageois de Ponpoint qui a étédéboisée soit en alors comparableà celui des maisons50 et70.La vue d'une mise en culture ou de la réalisation forte similitude des observationsentre le secteur de pâturages,soit dans le but unique d'acquérir sud de la maison 60 et l'espace compris entre des poteaux pour la construction des maisons. les maisons 50 et 60 nous amène également à Dans la mesure où aucune structure d'habitat penser que les fosses61 et 59 sont probablement du Néolithique ancien n'a été retrouvée dans les fossesnord d'une autre maison situéeplus au toute la zone surveillée qui s'étend au nord et sud. Ce bilan partiel montre donc que le nombre à l'ouest, on peut affirmer que l'on se trouve de 7 constitue un nombre minimum d'unités là en dehors du village à proprement parler. d'habitation pour la constitution du village de Vers le nord/nord-est, des sablières anciennes Pontpoint. ont détruit toute cette partie de la butte, ôtant tout espoir d'avoir des renseignementssur son occupation. 3.1. Les maisons : architecture et Malgré les incertitudes dont nous venons chronologie de parler, il semble néanmoins fondamental Paradoxalement,alors que l'on pouvait s'at- d'insister sur f importance de cesdonnées qui ne tendre à une bonne conservation des maisons, sont accessiblesque parce qu'il existe un suivi la lecture des plans s'est avérée difficile pour de la totalité des travaux faits dans ce secteurpar plusieurs raisons. La présence de poches de une même équipe. La notion de territoire peut limon et de chablis (fig. 9) dans lesquelles les alors être appréhendée,permettant de dépasser limites des structures n'étaient pas identifiables une vision peut-être un peu trop restreinte du est venue perfurber la compréhension de la seul village. maison 70. De plus, le recouvrement partiel des maisons 50 et 70 amène d'autres difficultés en particulier dans l'attribution de poteaux à l'une ou l'autre des maisons. Les remplissagesn'étant 3. LEs STnUCTURESD'HABITAT pas différents, ils ne sont d'aucun secoursdans Une surfacede L200m2 environ a été fouillée la discussion. intégralement (couche L et structures sous- La maison 50 a une forme légèrement jacentes) permettant d'étudier exhaustivement trapézoïdale, d'une longueur de 27 m pour trois unités d'habitation. À l'autre extrémité du une largeur à l'entrée de 7,5 m. La paroi décapage,en position topographique légèrement sud est rectiligne et comporte t4 poteaux plus élevée, une fosse (st. 35) a également régulièrement implantés tous les mètres vers été fouillée laissant supposer l'existence d'une l'avant, beaucoup plus espacés vers l'arrière. ' autre maison (no 90) à proximité. La forte Par contre la paroi nord est plus irrégulière et densité de matériel recueilli dans un sondage comporte de nombreux manques. Les divisions réalisé dans une fosse localisée au sud de la intérieuresne sont pas évidentes.La partie avant, maison 60 nous fait envisager également la d'une longueur de 5 m environ, est divisée par présence d'une autre maison dans cette zone. trois tierces,auxquelles a été rajouté un poteau Dans ces deux derniers cas, l'emplacement au niveau de la deuxième travée. Le couloir, figuré de la maison est hypothétique (fig. 2),la constitué de deux tierces très rapprochéeset situé Un nouveau site d'habitat du groupe de Villeneuve-Saint-Germainà Pontpoint (Oise) 53

Fig. 9 - Détail des trois unités d'habitation. aux deux tiers de la maisory est incomplet. I1 central, délimité par le couloir et la troisième manque au moins un poteau, absencequi ne peut tierce avant, comporte des poteaux épars qui ne se justifier par la conservatiory compte tenu de s'organisent pas en tierces. L"un d'entre eux ne la profondeur des autres à proximité. L'-espace se situe pas sur l'un des axes longitudinaux, et 54 Rose-Marie ARSoGAST et aL le plus grand présente des traces évidentes de négatifs du poteau lui-même. Dans cette hypo- feu qu'aucun autre ne possède. L'arrière de la thèse,il faut alors considérer qu'après abandon maison est marqué par une rangée régulière de de la maison,les poteaux ont étérécupérés et non poteaux.L espacearrière, d.'unelongueur de7 m, pas laissés sur place, voués à une dégradation semble divisé en deux par deux poteaux. naturelle progressive. Le plan de la maison 60 présente le même Le bilan architectural reste donc limité et type d'irrégularité. La paroi nord, qui comporte les comparaisons malaisées. Les données de 16 poteaux, est nettement mieux conservéeque Ponpoint ne font que compléter un corpus la paroi sud où seuls 7 poteaux ont pu être mal documenté pour cette période. En dehors des caractéristiques identifiés. Sa forme semble légèrement plus générales des maisons da- nubiennes (orientation, rectangulaire que celle de la maison 60 mais architecture en bois), on peut noter la présencedes l'absence des poteaux de la paroi sud vers trois tiercesà l'avant ainsi que cela existe sur le site de Poses,Eure, l'avant limite les observations. La longueur est (Bostyn et aL, 1gg7), d'Échilleuses (Simonin, estiméeà 25 m si l'on considèreque la première 1996)ou de jablines, Seine-et-Marne,(Bostyn ef tierce constitue l'avant la maison. Le couloir se aI.,I99I). situe au milieu de la maison lors que l'espace Malgré les superpositions partielles des mai- arrière, d'une longueur d'une dizaine de mètres, sons/ aucun recoupement entre poteaux n'a été semble divisé en deux pièces par une série de observé, n'apportant pas de données stratigra- poteaux très rapprochés. On peut se demander phiques sur la position chronologique relative dans quelle mesure les poteaux situés à l'avant des maisons 50 et 70. Les fosses 54 et 45 doivent être associésà la maison 60 et si on ne se se recoupent mais la surface concernée est trouve pas face à une situation semblableà celle trop restreinte et les remplissages sont trop des maisons 50 et 70. En effet, la position des proches pour pouvoir fournir des renseigne- fosses62 et 63, décaléepar rapport à l'alignement ments d'ordre chronologique. Le problème des des fosses 55 à 58 et qui empiète légèrement relations stratigraphiques entre fossess'est posé sur la rangée de poteaux de la paroi sud, dans trois autres cas, entre les fosses44 et 44bis, évoque rine diachronie entre les deux ensembles. les fosses 7 et 46 et entre les fosses 56 et 61. Dans la mesure où l'on se situe en limite de Dans les deux premiers cas, il s'agit de discuter la zorre fouillée, on peut en effet envisager des relations entre les maisons 50 et 60 alors l'existence d'une autre maison dont l'arrière que dans le troisième, la fouille de la fosse 6L viendrait chevaucherl'avant de la maison 60. La attestela présenced'une autre unité d'habitation fosse40 ne serait plus alors isolée mais pourrait vers le sud à laquelle appartiendrait également faire partie de cette unité. la fosse 59 que nous avons à peine effleurée. L"emplacementexact de la maison 70 reste Nous avons rencontré les mêmes problèmes de hypothétique dans la mesure où le nombre de lecture des stratigraphies. Les sédiments des poteaux que nous avons retrouvé est faible. Les comblements étant très proches d'une fosse à axes des parois nord et sud sont donnés par l'autre, il s'est avéré impossible de trancher. Il plusieurs poteaux qui laissent penser que la est donc nécessaired'avoir recours aux analyses maison avait une forme légèrementtrapézoidale. du mobilier pour préciser la chronologierelative Il semble inutile d'essayer de discuter de l'or- entre les maisons. ganisation interne de la maison dans la mesure où nous n'avons retrouvé qu'une seuletierce qui 3.2. Les fosses : remplissages et soit indiscutable. interprétation La profondeur des poteaux des trois maisons Chaque maison comporte 6 fosses,2 ou 3 est très variable, et aucune constantene peut être au nord et 3 ou 4 au sud. Le creusement des dégagée.Les poteaux de tiercessont globalement .fosses au sud s'est fait de façon quasi continue plus profonds. Ainsi que nous le soulignions le long de la paroi alors que les fossesnord sont précédemment, les poteaux et particulièrement nettement individualisées les unes des autres. ceux des tierces, présentent la particularité de La morphologie et les remplissagesde cesfosses comporter des remplissages ayant une double sont variables mais semblent répétitifs d'une composante, limoneuse sur le pourtour et sa- maison à l'autre. bleuse dans la partie centrale. La netteté et la Les fosses7 et 55 se différencient des autres régularité des traces nous ont fait penser aux par leur forme oblongue,longues de 8 m environ Un nouveau site d'habitat du groupe de Villeneuve-Saint-Germainà Pontpoint (Oise) pour une largeur de 4 m. Le profil de ces de ces fosses comme dépotoirs sur plusieurs fossesest en ,.IJ > très évasé et leur profondeur années destinés aux rejets de consommation maximaleest de 0,8m sousla couchede sable.En quotidienne. L absencede ce type de fosse au plus d'être toutes les deux situéesà proximité du sud de la maison 70 doit être mentionnée bien couloir, et d'être toutes les deux les plus richesen que nous n'ayons pas d'explication simple à mobilier, le rapprochement entre cesdeux fosses proposer. Par contre, pour les trois maisons (et réside également dans les modalités de leur probablement pour la quatrième, la maison 80), remplissage (fig. 10). Elles comportent, en efftet, nous avons pu observer l'existence d'une fosse une couche de 15 à 20 cm d'épaisseur de limon à parois verticales à partir du tiers de la noir très organique et particulièrement dense en hauteur, localiséeau nord et vers l'avant (il s'agit mobilier archéologique qui tapisse le fond de des fosses 44bis, 48, 52 et 61). Le creusement la fosse.La suite du remplissageconstitué d'un a été arrêté dans tous les cas sur un des limon brun-noir est beaucoup plus indigent en niveaux argileux présents dans le substrat, matériel archéologique.Par ailleurs, le mobilier rendant la fosse imperméable. La stagnation est concentré dans une large moitié nord de la de l'eau au Néolithique a d'ailleurs pu être fosse et est affecté d'un pendage systématique confirmée par la coloration grisâtre du fond et du bord de fosse vers Ie fond de la fosse, ce surtout par les observations faites les jours de qui laisse supposer une direction des rejets à pluie. Le comblement comporte peu de mobilier partir de la maison et donc l'existence d'une archéologiquemais toujours une phase de rejets ouverture à cet endroit-là. Ce phénomène n'a à environ 10 cm du fond de la fosse. rien d'exceptionnel puisqu'à chaque fois que Les fosses localisées au nord-ouest (st. 46, ce type d'observations peut être fait sur un 47 et 20) et celles localisées au sud (st. 44, site danubien, on observe les mêmes zones de 56 et 41) présentent de fortes similitudes qui concentration (c'est le cas à Jablines, Lanchon permettent de les présenter conjointement. De et al., 1997, à Échilleuses,Sirnonin, !996, ou forme oblongue, de 3 à 4 m de long et de 2 à encore dans la vallée de lAisne, Chataigner & 3 m de large, leur profil dessineune cuvette aux Plateaux, 1986).La densité du mobilier ainsi que bords très évasés.Le remplissage est toujours ses caractéristiques (nombre élevé d'esquilles nettement stratifié et comporte des phases de d'os par exemple) évoquent une utilisation rejets de mobilier alternées avec des phases

Structure 7 Structure 46 A3le: lp:

1-sable gris 2- limon sableuxbrun noir 2bis-limon noir 3- limon trèssableux brun clair 4- limon sablo-argileuxbrun clair

D2 l Est

l- 2- limon sableuxbrun noir 2bis-limon noir 3- limon trèssableux brun clair 5- sablegris-orangé 6- limon argileuxgrisâtre

Fig. 10 - Coupes dans les fosses7 et 55. 56 Rose-MarieAnnoGAST et aL

Structure44

lour,, B I

'..t.t,at. ,',1.

I - sable gris 2- limon argilo-sableuxnoir 3- limon argilo-sableuxbrun clair 4- limon argilo-sableuxbrun noir 5- limon argilo-sableuxbrun orangé

2- limon argilo-sableuxbrun noir 3- limon sableux sris norr 4- limon noir char"géen charbonsde bois 5- limon sableux brun oransé 6- limon argilo-sableux bruî tbncé 7- limon sableuxjaune gris

Fig. 11 - Coupes des fosses44 et 47. de comblements par des sédiments stériles fond d'un surcreusementd'une des fosses,deux (fig. 11).Par ailleurs, le mobilier, bien qu'en faible chevilles osseusesd'une femelle aurochs adulte quantité, présente des particularités. Il s'agit ont été déposées(Arbogast, 1993).Le caractère toujours de rejetstrès ponctuels, comme un vase exceptionnel de dépôt d'une partie spécifique dans la couche 3 de la structure 47, de plusieurs de l'animal en contexte non funéraire doit être denticulés façonnés directement sur des petits signalé et suggère probablement la perduration rognons et dont on a pu remonter l'ensembledes des relations avecle monde animal sauvagedans petits éclats de retouche dans la structure 44 ou une sociétéagro-pastorale (Arbogast, I99B). encore des rejets de plusieurs mandibules dans La fosse 54, pour sa la fosse 56, qui semblent refléter une activité part, a livré peu spécifique. de mobilier archéologique, mais de nombreux macro-restesparmi lesquels on peut signaler la Pour terminer, il faut mentionner l'existence présence abondante de coquilles de noisettes de trois fosses au remplissage original. La carbonisées.Les tamisages ne sont pas encore fosse 62 a livré presqu/exclusivement deux terminés, et il est donc possible que d'autres bucranes d'aurochs déposés sur le fond, l'un restespuissent y être identifiés. à l'endroit et le second à l'envers, c'est-à-dire que les cavitésinternes du crâne étaient dirigées Enfin, la fosse 39 nous a surpris par l'aspect vers le ciel. L'une des cornes du crâne posé à de son remplissage.D'une profondeur maximale l'envers croisait la corne droite de l'autre. Ce type de 40 cm, cette fosseprésentait la caractéristique de dépôt est bien connu en contexte funéraire d'avoir un remplissage homogène sur toute la sur le site de Menneville, Aisne (Farruggia et hauteur, composé d'un sédiment très argileux aI., 1996) mais reste peu décrit en contexte particulièrement difficile à fouiller. Nous avons d'habitat. On peut signaler en effet la mention pu observer la présence d'une quantité impor- faite par M. Schneider de la présence dans une tante de charbon de bois, d'esquilles osseuses alvéole d'une fosse du Rubané ancien du site brûlées, de tessonsde poteries en très mauvais de Dachstein en Alsace de trois bucranes de état de conservation et de très petites dimen- bovidés déposésintentionnellement (Schneider, sions, tous ces artefactsétant imprélevables.par 1980). Par ailleurs, à Trosly-Breuil, Oise, au ailleurs, en de nombreux endroits, des boules Un nouveau site d'habitat du groupe de Villeneuve-Saint-Germainà Pontpoint (Oise)

ou paquetsd'argile plus homogènes'individuali- 4. RÉpanurroN spATTALEDU MoBTLTER saient assezbien du restedu remplissage.À titre 4.1..Répartition entre la couche 1 et les d'hypothèse, et en l'absence de comparaisons, fosses nous proposons d'interpréter cette fossecomme Ayant toujours à l'esprit les une fosse de préparation de l'argile pour la problèmes d'in- terprétation de la couche 1 déverloppés confection du mobilier céramiqu". Urr" colonne précé- demment, nous ne nous livrerons de sédiment a été prélevée sur toute la hauteur pas à de trop larges commentaires sur la répartition de la fosse en vue d'une étude micromorpholo- du mobi- lier entre le remplissagedes fosseset la couche1. gique qui pourra peut-être nous apporter des Il faut signaler dès à présent élémentsde réponse à cette question. que la maison 70, bien que figurée sur les plans de répartition (fig. s Il apparaît donc que la fonction de dépotoir à 8), ne peut être utiliséedans cescomparaisons, n'est clairement attestée que dans le cas des la couche 1 étant en effet, quasiment inexistante fossessud localiséesà l'aplomb du couloir. Les dans ce secteur. Par ailleurs, la qualité de l'in- autres creusements n'ont été utilisés comme formation n'est pas comparable à celle recueillie espace de rejets que de façon plus ponctuelle, sur le site de Jablines < la Pente de Croupeton > et les observations que nous avons pu faire (Lanchonet a|.,1997) dans la mesureoù la surface sur les trois unités d'habitation, même si elles fouillée n'est pas ici continue et où les surfaces demandent à être confirmées par des données intérieures des maisons n'ont pu être étudiées sur d'autres sites, tendraient à montrer que car décapéesà la pelle mécanique. Malgré ces certains d'entre eux ont pu avoir des fonctions réserves,ces cartes de répartition peuvent être plus spécifiques. commentées.Le mobilier archéologiqueest assez abondant dans la couche1 exceptépour la faune, ce qui est probablement lié au problème de 3.3. Le foyer conservation de cette catégorie de matériel. On peut noter que les zones de plus forte densité Une petite fosse (st. 6) de forme circulaire a de mobilier ne sont pas en relation directe avec été creuséesur une profondeur de 30 cm maxi- le creusementdes fosses,ce qui corroborel'idée mum. Des blocs de grès disposés en couronne que le remplissage des fosses et la mise en dans cette cuvette ont servi comme pierres de place de la couche 1 sont deux phénomènes chauffe. Le remplissagecomporte deux couches indépendants et diachronespour partie. bien différentes,la couche 2 qui correspond à la phase d'utilisation du foyer et qui est constituée des blocs de grès dans une matrice limoneuse 4.2. Répartition du mobilier autour des brun-noir, alors que la couche L, composée de maisons sable gris, correspond à son comblement après Les plans de répartition linéaire (fig. 12 abandon. Les blocs de grès, qui représentent à 14) qui viennent compléter les plans de un poids total de 11 832 g, ont éclaté sur place répartition par m2 1fig.5 à S) appellent plusieurs ce qui témoigne d'une absencede déptacement commentaires. D'un point de vue global, on et probablement de vidange après la dernière remarque immédiatement que la quantité de phase d'utilisation. Aucun mobilier datant n'a mobilier, quel qu'il soit, fourni par les trois été retrouvé dans le remplissage. maisons est très variable : la maison 60 est de Ce type de structure est assez rarement loin la plus riche alors que la maison 70 appanît conservé. En dehors de petites structures de comme particulièrement pauvre. La maison T0 combustion sur le site de Jablines ,,la Pente s'individualise également par le fait que les de Croupeton>, Seine-et-Marne (Bostyn et aI., fortes concentrations de mobilier ne sont pas I99t) qui sont localiséesà f intérieur d'une des localiséesau même endroit que dans les deux deux maisons, les autres exemples connus sont autres maisons. En effet, alors que les aires localisés sur le site de Gurgy, Yonne (Delor, situéesau sud des maisons 50 et 60 ont recueilli 1991),et sur le site de Poses,Eure (Bostyn et al., la majorité des rejets domestiques,ceux-ci sont 1997).Cependant, ces structures sont beaucoup nettement plus abondants dans les fossesnord plus grandesque celle de Pontpoint, leur surface de la maison 70. faisant de 5 à 8 mètres carrés, et celle de Si l'on passe au niveau de la fosse, on Posesest constituéenon seulementde grès mais remarque des comportements différents d'une égalementde blocs de silex et de calcaire. maison à l'autre en fonction du type de matériau 58 Rose-Marie ARSoGAST et aL

18000 8000 CERAMIQUE 16000 7000 14000 6000 12000 U) 5000 10000 tt) .: 4000 8000 I ,o* 6000 2000 4000 1000 2000 0 0

8000 l 8000 7000 16000 14000 6000 12000 (t) 5000 P +ooo Ë roooo 8,* o 8000 2000 6000 4000 1000 2000 0

7000 6000 s000 6000 4000 5000 ê 4000 ^- 3000 (t) 2000 P 3ooo o. 1000 2ooo 0 1000 0

7000 6000 6000 5000 5000 a 4000 ! 4000 U) P rooo À 3000 À zooo 2000 1000 0

Fig. 12 - Répartition linéaire du mobilier de la maison 50. pris en compte. La maison 50 présente la' au niveau du couloir. La fosse nord située plus grande homogénéité dans la répartition au niveau du couloir arrive en seconde place de ses rejets domestiques : tous les types de pour la quantité de déchets qu'elle contient. matériaux suivent la même loi et ont été rejetés Vient ensuite la fosse sud adjacente à la fosse préférentiellement dans la fosse sud localisée riche. Les deux fosses sifuées vers l'avant ont Un nouveau site d'habitat du groupe de Villeneuve-Saint-Germainà Pontpoint (Oise) Sg

9000 8000 CERAMIQUE 7000 6000 I 8000 (h E )uru 16000 ^o 4ooo 14000 lJr 12000 3000 a 10000 2000 E sooo 1000 Oi 6000 0 4000 2000 0

9000 8000 18000 7000 t6000 6000 14000 5000 12000 -o(t 4000 a 10000 .: Rfrx) À 3000 Ê eooo 2000 4000 1000 2000 0 0

7000 6000

5000 6000

4000 5000 a '6 1000 4000 a 2000 = 3ooo I000 o. 2ooo

0 1000 0

7000 6000 6000 5000 5000 rt) 4000 € 4000 iov) À 1000 3000

2000 À 2ooo

I000 1000

0 0

Fig. 13 - Répartition linéaire du mobilier de la maison 60.

été utilisées de façon très marginale. Les rejets sud la plus occidentale. Par ailleurs, le rôle de la maison 60 présentent beaucoup plus de la fosse nord avant est nettement plus d'irrégularités. La fosse sud à l'aplomb du marqué pour tous les types de matériaux. couloir n'est pas systématiquement la plus Enfin, la fosse nord au niveau du couloir ne riche. En effet, le grès est plus présent dans tient pas la seconde place excepté pour le la fosse sud du milieu que dans la fosse silex. 60 Rose-Marie ARSoGAST et aI.

'ill 8(XX) çn 6(XX} o ",, "lt 4u) I 4(xx) 1 2tx) x 2(xx)

l,

8(XX) (a Eq) # 6(xx) o 4(XX) zlù-N) o

I 2tX) I(XX) tt(x) v)

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I 2(X) t60 (, l(rx) t2o v) 'â 6{x) .! so 2(X) o

Fig. 14 - Répartition linéaire du mobilier de la maison 70.

il n'y a donc pas de règle stricte dans apportera des données supplémentairessur cet la dispersion des rejets autour de la maison, aspectde l'étude du site. bien que l'on note des tendancesgénérales déjà mises en évidence sur d'autres sites (Cuiry- lès-Chaudardes,Hachem, IggS; Échilleuses, Si- 5. CoxcrusroN monin, 1996; Iablines, Lanchon et al., I99T ou encore Poses,Bostyn et aI., 1997).La fosse sud Les études de mobilier sont en cours actuelle- au niveau du couloir reste le lieu privilégié ment mais montrent déià des différences impor- tantesentre les unités d'habitation (la des rejets domestiques. Cependant, le travail fosse35 est également incluse dans ces comparaisons). réalisé sur la faune de Cuiry-lès-Chaudardes Au travers des caractéristiquesdes différents types montre une variabilité qui ne peut être saisie de mobilier, il apparaît que différentes phases et interprétée qu'à partir d'un nombre suffisant du Villeneuve-Saint-Germain sont représentées d'unités d'habitation. Nous nous garderonsdonc sur le site, en particulier une phase probable- de tirer des conclusionssur les différencesobser- ment ancienne (représentéepar la maison 50 au vées, d'autant que l'analyse qualitative en cours moins). L"absencede bracelets en schiste mais Un nouveau site d'habitat du groupe de Villeneuve-Saint-Germainà Pontpoint (Oise) GI

l'abondance d'éléments de parure en calcaire, Bosryru F., 1994. Caractérisationdes productions la présence de décors céramiques proches sty- et de Ia diffusion des industries lithiques listiquement du RRBP de Pont-Sainte-Maxence du groupe Néolithiquedu Villeneuae-Saint- (Alix et aI., 1997), une industrie lithique com- Germain.Doctorat de l'Universit('de ParisX- portant un débitage laminaire dominant mais Nanterre,2 vol.,745 pages. ayant des petits modules, sont autant de critères y., qui rapprochent plus la maison 50 du Rubané Bosryru F., HacuEM L. & LarucHoN I99I. Récent du Bassin Parisien que du Villeneuve- Le Sitenéolithique de la Pentede Croupeton jablines Saint-Germain.Le matériel céramique comporte à (Seine-et-Marne): premiers résul- des traits évolués qui ne permettent cependant tats.In : Actesdu 15' colloqueinterrégional sur pas d'attribuer ce site au RRBP. Tout en ne le Néolithique,ChâIons-sur-Marne, 22 et 23 oc- négligeantpas l'impact que peut avoir la donnée tobre1988. Voipreux, AssociationRégionale spatiale, le plus notable ici semble être que le pour la Protection et l'étude du Patrimoine caractèreancien de la maison 50 ne se traduit Préhistorique:45-82. pas particulièrement dans la céramique mais BosryN F., ANoRÉ M. F., LaNCHoN Y., MaR- bien dans le reste du mobilier (lithique, faune TIAL E. & Pnauo I.,7997.un nouveausite et parure). Il conviendra donc de préciser dans d'habitat du groupe de Villeneuve-Saint- quelles mesures les usages économiques ont, Germain à Poses (Eure). liz : C. Jeunesse ou n'ont pas, évolué de façon synchrone à la (éd.), Le Néolithiquedqnubien et sesmarges thématique décorative développée sur la céra- entre Rhin et Seine.Actes du XXI( colloque mique. Les changements importants tant dans interrégionalsur Ie Néolithique,Strasbourg, l'approvisionnement carné que dans f industrie oct 1-995.Cahiers de lAssociation pour la lithique ne semblents'enregistrer clairement que Promotion de la RechercheArchéologique dans une secondeétape du développement du VSG. en Alsace,supplément, 3:447-466. Si ces tendances se confirment, le site de CunrarcNrER Ch. & Plannaux M., 1986.Ana- Pontpoint constitueraun jalon entre le site RRBP lyse spatiale des habitats rubanés et infor- de Pont-Sainte-Maxenceet les autres sites VSG matique, Bulletin de la SociétéPréhistorique fouillés dans la val1ée de l'Oise. À l'échell" Françnise,83 (10):379-324. du Néolithique ancien du Bassin parisien, il sera alors intéressantde voir si cette diachronie CoNsreNTrN C", FaRRuccrR I.-p. & Gur- dans les transformations des différents types CHARD Y., 1995.Deux sites du groupe de de matériaux se retrouve de façon récurrente, Villeneuve-Saint-Germain à Bucy-le-Long en particulier sur les sites considérés comme (Aisne).Reuue Archéologique de Picardie,'1.-Z : des sites anciens ou de transition comme par 3-59. exemple Villeneuve-la-Guyard (Prestreau,1992 ; Deron I.-P., 1991. L habitat néolithique de Bostyn,1994; Constantin et a1.,1995). Gurgy, " les Plantes du Mont ", 1989-1990 (note préliminaire). Bulletin de la Société Préhistorique Bibliographie Française,88 1 : 18-20. FaRnucGrA Alrx Ph., AnnoGAST R.-M., pnveRo E.& pno- J.-P.,GurcueRD Y. & HecHEM L., 7996. , DEo F., 1997. Le méandre de Pont-Sainte- Les ensemblesfunéraires rubanés de < Maxence (Oise) au Néolithique ancien. Iru : Menneville Derrière le village ) (Aisne). In : P. Duhamel (éd.), C. ]eunesse(éd.), Le Néolithiquedanubien et La Bourgogneentre les sesmarges entre Rhin et Seine.Actes du colloque bassinsrhénan, rhodanien et parisien.Carrefour sur Ie Néolithiquede Strasbourg,oct. 1995. oufrontière ? Actesdu XVilI' ColloqueInterré- Cahiers de lAssociation pour 1aPromotion gionalsur Ie Néolithique.Dijon, 25-27 octobre de la RechercheArchéologique en Alsace, L991. ReaueArchéologique de l'Est. Dijon, supplément, 3 : 359-399. supplém ent, 1.4: 1,I9-17 4.

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Adressedes auteurs : R.-M. ARBoGAST_ CNRS Y. Lonw _ CRAVO F. PRoDEo _ AFAN 21.,rue des Cordeliers F-60200 Compiègne (France)

F. BosryN _ AFAN ERA 28 du CNRS 36, aIIéeThalès F-59650 Villeneuve dAscq (France)