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28e Pèlerinage de Pentecôte de Notre-Dame de à Notre de Chartres

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Association Notre Dame de Chrétienté Dossier de Préparation Mode d'emploi important Aux chefs de chapitre et à leurs adjoints…

Les premières pages qui suivent vous présentent le plan des sermons et méditations, trame que l'ensemble du pèlerinage 2010 va suivre. Comme les autres années, ce dossier comporte ensuite deux parties : - La première partie réunit des textes de formation doctrinale sur le thème. Ils vous permettront d'acquérir une connaissance de base aussi complète que possible. Dans ce document, nous accueillons avec une très grande joie toutes les communautés et associations amies qui ont pris sur leur temps précieux pour nous aider par leur contribution. Nous vous laissons maintenant en apprécier la force et la profondeur. Attention : ces textes ne sont évidemment pas prévus pour être lus sur la route. - Dans la deuxième partie sont regroupés des textes courts d'auteurs divers (, papes, auteurs spirituels, philosophes, penseurs, auteurs anciens ou contemporains, célèbres ou non,…) Ils vous fourniront une matière première de premier choix pour alimenter vos instructions et méditations. Vous saurez choisir les citations les plus adaptées à la physionomie de votre chapitre. Elles sont réparties par journée, mais cette répartition n’est pas absolue. Certaines, particulièrement denses et profondes, prolongeront avantageusement vos développements à tout moment de la marche. Dès maintenant, vous pouvez utiliser ce dossier pour nourrir votre vie de prière quotidienne que votre responsabilité de cadre du pèlerinage rend encore plus nécessaire.

Faites vôtre cet enchaînement de méditations et suivez-le du plus sérieusement. Il faudra donc travailler intensément dans vos chapitres, peut-être plus encore que d’habitude. Nous rappelons à nouveau que, sauf exception autorisée, chaque chapitre doit préparer ses propres méditations. Au delà des cadres déclarés, il est hautement souhaitable d'impliquer vos pèlerins dans la préparation de vos méditations si leurs dispositions le permettent. D'une part, cela permet de ne pas vous surcharger en travail. D'autre part, un pèlerin qui a préparé une méditation est souvent plus attentif aux méditations des autres, il sait ce que cela représente comme travail. La terre est mieux préparée pour le semeur. Une réunion interne à votre chapitre (la présence de quelques pèlerins est suffisante) est conseillée vers la mi-mars. Vous donnez à chacun les textes et citations correspondant au sujet choisi avec un délai de préparation. Cela laisse à chacun le temps du travail et à vous le temps de la relecture indispensable et de la correction éventuelle avant le pèlerinage. Par ailleurs, n'hésitez pas à user des services de vos aumôniers régionaux pour vérifier la qualité doctrinale et spirituelle de vos méditations et autres topos.

Le thème n'est pas seulement celui des méditations prévues au programme des trois jours. Votre propre communication sera vivante et convaincante dans la mesure où vous vous serez imprégnés de ce que vous voulez dire. Que ce travail de préparation fasse grandir votre amour de la vérité sans laquelle l'unité n'est qu'illusion et votre apostolat sans consistance.

Nous recommandons aussi d’œuvrer à maintenir, pendant la marche, un recueillement favorable, plus sérieusement encore que les autres années. Que votre degré d’exigence soit en rapport avec l’ambition du pèlerinage et le besoin réel des âmes dont vous avez la responsabilité. Mais soyez aussi bien convaincus que les plus beaux discours ne toucheront le cœur de vos pèlerins que si vous vous montrez accueillants, attentionnés, humbles et charitables et que les silences de votre chapitre permettent à la grâce d'arriver jusqu'à eux.

En attendant la joie de nous retrouver à l'occasion des différents rendez-vous de préparation et enfin sur la route de Notre-Dame de Chartres, que ce travail commun nous unisse profondément sous le regard de Notre-Dame. Et puis, nous avons tellement besoin de l’exemple que nous donnons les uns aux autres.

« Le temps que l'on consacre à la gloire de Dieu et au salut des âmes n'est jamais perdu. » Padre Pio

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Association Notre Dame de Chrétienté Mot de l'aumônier général

« M'est avis que Dieu et l'Église, c'est tout un » (Ste Jeanne d'Arc, procès).

Chers amis de chrétienté, Chers frères dans le Christ, Chers fils de l'Église.

Notre grand pèlerinage nous relancera cette année sur les routes de Chartres.

A l’appel du Christ et de Notre Dame, nous quitterons le monde et son esprit pour partir dans le désert et la privation. Avec persévérance, nous marcherons jusqu’au lieu de repos et de joie : jusqu’à la cathédrale qui sera pour nous l’image de la terre promise où le Bon Dieu nous attend pour nous combler de ses grâces. En tant que pécheurs, nous marcherons durement par esprit de pénitence pour demander pardon de nos fautes. En tant que chrétiens, nous porterons dans notre fatigue et notre prière incessante les intentions de la grande famille du Christ : l'Église. Nous marcherons cette année sous la grande bannière de la sainte Église catholique que le Christ a fondée en la confiant à saint Pierre et à ses successeurs. Elle porte en Elle le dépôt de la Foi et continue l’action du Christ dans le monde et sur le monde.

L'Église sera au cœur de notre pèlerinage parce que l’Église se trouve dans l’intime de notre vie. L’Église nous a baptisés. L'Église nous a catéchisés. L’Église nous nourrit et nous oriente. L'Église nous communique la grâce et nous conduit à la vie éternelle. Dieu s’est révélé comme un Père. L'Église est désignée par Jésus Christ comme une Mère. « Jésus s’approcha et leur parla ainsi : Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez, faites de toutes les nations des disciples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à garder tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde ». Mt. 28,18

« L'Église est notre mère ! »

Il y a dans cette phrase tout notre cœur. Par ce thème nous désirons rendre honneur à notre Sainte Mère l'Église. A l’heure où l'Église et le Saint Père sont si souvent attaqués avec une haine incroyable, nous voulons leur redire tout notre attachement.

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Association Notre Dame de Chrétienté

« L'Église est notre mère ».

C’est pour nous en même temps un acte de Foi, un cri d’amour et un motif d’espérance .

« L'Église est notre Mère ! » C’est d’abord un grand acte de Foi « Ce qui est certain, si vous voulez entrer dans l'Église catholique, c’est qu’il vous faut le faire en étant convaincu de sa divinité » (Cardinal Newman, 1885) Nous sommes fils de cette Église qui est fondée par le Christ et dont le Saint Père est le chef visible. C’est elle qui nous enfante à la vie de Dieu, c’est elle qui a la mission de nous enseigner, de nous sanctifier et de nous commander. Nous voulons toujours voir en elle la lumière du Christ qui nous éclaire et nous mène au Ciel. Sans elle pas de salut ! Nous croyons ! De toutes nos forces. Et nous proclamons notre acte de Foi et nous redisons notre soutien indéfectible au Saint-Père, face aux attaques persistantes et odieuses dont il est la victime silencieuse. Nous redisons que lorsque le Pape et l'Église sont attaqués c’est chaque catholique qui est attaqué. Notre appui ne leur manquera pas.

« L'Église est notre Mère ! » C’est un cri d’amour Nous aimons notre Mère. Et nous avons tant besoin d’être aimés par Elle. L'Église est notre famille ! Pas seulement une famille spirituelle. Notre attachement est aussi charnel : tous nos sens, toutes nos affections, tous nos mouvements sont liés à cette famille que nous donne Jésus-Christ et par laquelle nous nous aimons les uns les autres, nous nous portons les uns les autres ; dans laquelle nous nous sanctifions les uns avec les autres, avec laquelle nous nous sacrifions les uns pour les autres. Nous ne sommes ni apatrides ni orphelins, ni des désespérés puisque l'Église est notre refuge, notre famille et notre consolation.

Mais, pourquoi le cacher ? Notre amour a été souvent douloureux. « L'Église est notre Mère ! » est aussi le cri d’un amour angoissé. Car c’est bien souvent dans la douleur et l’incompréhension que nous avons appris l'aimer... Un amour pour une mère dont la « crise » a pu corrompre certaines attitudes. Au point que cette mère a pu ne plus se reconnaître elle-même en certaines décisions ou actions commises en son nom. Ses enfants en ont été effrayés. Pourtant nous avons voulu aimer notre mère : même dans la souffrance. Et jamais nous ne le regretterons.

« L'Église est notre Mère ! » Nous sommes ses enfants !

Nous avons vécu la triste situation, où on nous a dit, en raison de nos attachements, que nous n’étions plus de dignes enfants. Bien des fois nous avons tenté d’aimer sans nous sentir aimés. Y-a-t-il amour plus douloureux que celui là ?

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Association Notre Dame de Chrétienté Si nous avons été des enfants qui espérions un peu plus d’amour, nous sommes cependant restés fidèles. Il est temps cependant de regarder non pas ce qui a été fait, mais ce que l'Église peut encore donner de meilleur. Mais nous serons de ceux qui, sans nier le passé, veulent regarder surtout en avant car seul l’avenir peut se construire.

« L'Église est notre mère ! », c’est aussi et surtout un beau motif d’espérance ! Malgré la misère de ceux qui la composent (et combien nous faisons partie de ces miséreux !) , et les erreurs du passé, nous regardons l'Église telle que le Christ l’a façonnée : Elle est la blanche épouse immaculée. Elle est la Mère toujours belle. Et nous la verrons telle que le Christ l’a voulue et conservée : sans ride d’aucune sorte, sans les outrages du temps.

C’est Elle, et son chef que nous désirons servir, c’est pour elle que nous voulons offrir nos efforts, notre prière. Ce n’est qu’à elle que nous désirons confier l’avenir de nos âmes et de celles de nos enfants.

Que Notre Dame, Mère de l'Église nous apprenne à être des fils aimants.

Abbé Guilhem Le Coq Aumônier Général de Notre-Dame de Chrétienté

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Association Notre Dame de Chrétienté Index

Page Préambule

Mot de l'aumônier 3 Plan des sermons et méditations 8

Première partie : Formation doctrinale

Textes sur le thème général L'Église, sa nature 19 Les mystères du Rosaire (quelques exemples pour la méditation) 23

Textes pour le samedi Saint Pierre 27 L'Église, corps mystique du Christ 33 Recevoir l'enseignement de l'Église 37 L'enseignement de l'Église au risque du monde 47

Textes pour le dimanche Saint Jean-Marie Vianney 51 Une, Sainte, Catholique et Apostolique 63 Notre appartenance à l'Église 69 Saint , patron de l'Église universelle 73 Les sacrements : instruments de la grâce 77 « Hors de l'Église, point de salut » 81 Mater ecclesiae 89

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Association Notre Dame de Chrétienté Textes pour le lundi Saint Pie X 93 L'esprit d'obéissance 99 Notre engagement au service du Royaume de Dieu 105 Nos obstacles, le respect humain 109

Deuxième partie : Extraits et citations

Citations pour le samedi Mourir à soi-même 119 Notre pèlerinage 123 Présentation du saint sacrifice de la Messe 127 L'Église transmet la Grâce 131 Le sacrement de pénitence 134 L'Église, corps mystique du Christ 138 L'Église, enseignante 142 Nous sommes fils et filles de l'Église 148

Citations pour le dimanche Une, Sainte Catholique et Apostolique 152 La beauté de l'Église 162 Le Saint Esprit, âme de l'Église 166 L'Église, dispensatrice des sacrements 169 Hors de l'Église, point de salut 173 Mater Ecclesiae 177

Citations pour le lundi La hiérarchie de l'Église 182 L'Église et le monde 188 Nos difficultés d'engagement 196 Omnia instaurare in Christo 200

Quelques Prières 205

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Association Notre Dame de Chrétienté PENTECÔTE 2010

« L'Église est notre mère »

◊ PLAN DES SERMONS ET MÉDITATIONS ◊

POURQUOI CE THÈME ?

Lorsque nous observons la vie des saints, des bienheureux, mais aussi de toutes les honnêtes gens, nous constatons une confiance humble envers notre sainte mère l'Église. Dès le Moyen Age, c’est elle qui enseignait la Vérité dans ses écoles, soignait les corps dans ses hospices, les nourrissait par ses œuvres de charité, et consolait les âmes par les sacrements et l’Espérance de la Vie éternelle. A travers les âges, c’est elle qui va au secours des âmes à travers le monde, qui présente l’espérance à ceux qui n’en ont pas. Aujourd’hui, souvent, nous constatons, même chez les baptisés, un esprit critique par rapport à l’enseignement de l'Église, et parmi les membres mêmes de l'Église, un ébranlement des certitudes. La Foi est mise à mal par les attaques d’une prétendue science qui met en doute l’authenticité des sources, par le relativisme contemporain qui règne sans partage dans les médias. Nous le sentons bien, il y a une pensée unique que l’on veut nous imposer, il y a une arrogance du laïcisme qui prétend se passer de Dieu et élaborer un code de conduite sans référence à la loi divine, et il y a encore ce refus des lois morales qui pourtant sont là aussi pour assurer le bonheur aux hommes.

Dans ce contexte, il nous a paru utile et juste de faire de notre pèlerinage un hommage à l'Église notre Mère, Une, Sainte, Catholique et Apostolique.

L'Évangile de Saint Matthieu se termine par ces paroles de Notre-Seigneur : « Allez donc, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous toujours jusqu’à la fin du monde. » Mt 28, 19-20

Voilà le plan de notre pèlerinage 2010. Après avoir considéré sa nature, ce qu’elle est en réalité, nous allons honorer notre mère la sainte Église au travers de ses trois missions ENSEIGNER, SANCTIFIER, et GOUVERNER.

Nous suivrons cette recommandation que les réalités considérées et contemplées à chaque étape soient illustrées par les paroles et les exemples des saints et des papes.

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SAMEDI 22 MAI 2010

« Enseigner»

sous le patronage de Saint Pierre

Les chefs de chapitre présenteront dans la journée ce que nous savons de Saint Pierre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église » (Mt 16, 18). On redonnera dans les chapitres quelques éléments biographiques, en particulier sa vocation, ses épreuves (reniement, fuite devant le martyre) et son enseignement. On montrera en particulier comment la prédication et l’exemple de Saint Pierre illustrent parfaitement la vérité souvent oubliée, à savoir que l'Église est sainte, mais composée d’hommes imparfaits, soumis aux faiblesses et aux tentations.

Envoi du pèlerinage L’Eglise est née de la croix. Notre pèlerinage doit en A Notre-Dame de Paris être une mise en acte

Le pélé démarre, nous devons mourir à nous-mêmes, faire mourir le péché pour vivre d’une vie nouvelle. Le Christ meurt sur la croix et fonde l’Eglise, par laquelle nous recevons toutes les grâces venues de sa Passion. C’est cette réalité qui va nous accompagner sur les trois jours. Notre pèlerinage est une image et une mise en acte de l’Eglise en marche vers la Jérusalem céleste. Nous y serons accompagnés de la Vierge Marie, premier membre et modèle de l’Eglise. Cet envoi pourra expliquer succinctement cette image dans la perspective de ce pèlerinage et du thème choisi et engager les pèlerins à accueillir sérieusement et de tout leur cœur les grâces qui abonderont lors de ces trois journées.

Dès que le calme est Présentation du pèlerinage suffisant, si possible avant la halte du matin Cette présentation, faite par le chef de chapitre, est l’un des instants les plus importants du pèlerinage ; c’est là qu’on introduit les buts de notre marche tout en créant un climat de confiance avec les pèlerins. Cette présentation ne doit pas se limiter à un catalogue de directives mais doit de manière convaincante donner aux participants le désir de se conformer à l’esprit du pèlerinage tout au long de la marche. Pour cela, elle doit : • éclairer sur le déroulement, le style de la marche, et rappeler ce qu’est l’esprit de prière et de pénitence,

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Association Notre Dame de Chrétienté • introduire le thème qui fournit la trame des différentes instructions au long des 3 jours. • rappeler l’introduction donnée ci-dessus pour l’envoi du pèlerinage (beaucoup sont encore peu éveillés le samedi matin). • énoncer les règles pratiques, les points à respecter, en relisant et en commentant les « engagements du pèlerin », en particulier sur la tenue vestimentaire, les attitudes à avoir,… toutes ces habitudes de pudeur, vertu chrétienne si mal comprise dans notre monde envahi par l’hédonisme, l’érotisme et parfois l’inconscience. • inviter à la veillée du samedi soir ainsi qu’au Salut du dimanche soir. On pourra signaler que, dans un petit oratoire aménagé au camp de Choisel, le Saint- Sacrement attend ceux qui passeront par là. • Annoncer explicitement qu’il y aura des instants de recueillement silencieux et qu’un effort sera demandé à chacun. Il s’agit là de poursuivre le redressement commencé face à une tendance de ces dernières années vers une agitation et un bruit excessifs pour un pèlerinage. • De façon à éviter une fréquente confusion dans les chapitres, on veillera aussi à expliquer, le plus naturellement possible, pourquoi nous disons le Notre Père dans sa traduction traditionnelle.

Ces avis auront avantage à être rappelés au cours de la marche. Les chefs de chapitre seront attentifs donc, à ce que cette mise au point, bien nécessaire, allie clarté, précision, douceur et délicatesse. Au besoin, ils feront appel à un prêtre pour les aider.

Entre la halte du Présentation du Saint Sacrifice de la messe matin et la messe Il est bon ici, de rappeler ce qu’est la Sainte Messe : renouvellement non sanglant du Saint Sacrifice de la Croix. On veillera aussi à bien expliquer certains aspects du rite, en particulier ce qui risque d’étonner ou de ne pas être bien compris (le latin, la position à genoux, le prêtre tourné vers Dieu plutôt que vers le peuple, le silence, la communion sur la langue…). On mettra surtout en lumière la beauté de cette liturgie qui ouvre au sens du mystère, du sacré, de la transcendance et son lien avec la doctrine de l’Eglise. Cette présentation se fera avec un esprit de délicatesse et de charité, sans atténuer la conviction que nos paroles doivent refléter. Des séminaristes et religieux sont à votre disposition pour traiter ce sujet, n’hésitez pas à demander leur concours maintenant ou plus tard, surtout si cela n’a pu être réalisé avant cette messe du samedi.

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Association Notre Dame de Chrétienté Dans le topo sur la messe, il est important de montrer aussi cette année que l’Eglise se fait enseignante par la liturgie (surtout par les rites traditionnels qui ont une plus grande richesse). « Lex orandi, lex credendi - la loi de la prière, c’est la loi de la foi »

Sermon de la Messe L’Eglise, institution divine, nous sauve, le sacrement de pénitence pour chacun de nous. « Je crois à la sainte Eglise catholique ». Nous appartenons par le baptême à une société immense, visible et invisible, qui est le Corps mystique du Christ. C’est concrètement par elle que nous recevons la grâce, que nous sommes sauvés d’où que nous venions. En particulier, le sacrement de pénitence purifie nos âmes et répare les dégâts causés par les péchés que nous avons hélas commis après notre baptême. « Recevez l’Esprit Saint, les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez », dit Notre-Seigneur à ses apôtres.

Dans l’après-midi, Le sacrement de pénitence Cette instruction prolonge le sermon et accompagne les méditations de l’après-midi. Elle suscite l’horreur du péché et expose ce qu’est le sacrement de pénitence : la nécessité d’y avoir recours pour nous purifier, renforcer notre état d’amitié avec Dieu ou même retrouver la vie de la grâce. Elle montre comment la confession sacramentelle se déroule et l’immense bienfait qu’on en retire. Ce sujet sera certainement à reprendre au cours des trois jours avec l’aide des prêtres, religieux et séminaristes qui auront préparé des interventions à cet effet (notamment instruction pratique sur la manière de confesser ses péchés, et la nécessité d’une vraie contrition). L’expérience montre que, souvent, le « déclic » ne s’effectue pas dès le premier jour. Engager nos pèlerins à se confesser est bien nécessaire, mais l’exemple du chef et des adjoints se confessant au plus tôt sera probablement aussi très convaincant.

En début d’après-midi : L’Eglise, corps mystique du Christ Le catéchisme nous rappelle que l’Eglise est le Corps mystique du Christ. Notre Seigneur est la Tête, nous sommes les membres. Mais l’Eglise n’est pas seulement terrestre : l’Eglise militante. Elle comprend aussi tous ceux qui sont morts en état de grâce : l’Eglise souffrante du purgatoire et l’Eglise triomphante du Ciel. Elle n’est pas constituée que du clergé, même si elle est hiérarchique et que le clergé en représente les membres les plus éminents. Mais n’oublions pas que « les grandeurs de hiérarchie sont au service des grandeurs de sainteté » (cardinal Journet).

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Association Notre Dame de Chrétienté Cette instruction a donc pour but de montrer ce qu’est l’Eglise dans sa nature et qui en fait partie

En milieu d’après-midi : « Allez donc, enseignez toutes les nations... » (Mt 28, 19) Le Christ a chargé son Eglise, spécialement l’Eglise enseignante (le Pape et les évêques), de transmettre la Vérité qui illumine les intelligences et permet de marcher sûrement vers le Salut. « La Vérité vous libèrera » (Jn 8, 32), « Je te montrerai le chemin du Ciel » (St Curé d’Ars). Où l’Eglise puise-t-elle son enseignement ? A qui est confié le pouvoir d’enseigner (l’assistance du Saint-Esprit, l’infaillibilité) ? L’Eglise a tant de choses à dire sur le monde, elle enseigne la loi morale par fidélité à Dieu et pour le bien des hommes. Malheureusement l’histoire et l’actualité donnent bien des exemples de contestation de l’enseignement de l’Eglise pour le malheur des hommes. Cette instruction évoquera donc, par quelques exemples, des contestations de l’enseignement de l’Eglise et les conséquences qui en résultent. On restera très délicat dans cette explication, sans rien retirer de la vérité objective, dans la mesure où les pèlerins peuvent être douloureusement touchés eux-mêmes par les conséquences de désobéissances aux lois de l’Eglise (par exemple, avortement, divorce…).

L’instruction qui suit montre quelle doit être notre attitude face à l’enseignement de l’Eglise évoqué ci-dessus.

En fin d’après-midi : « La Vérité enseignée par l’Eglise ne peut être reçue que par un cœur pur, humble et confiant » (Père Emmanuel) Nous devons adopter une attitude humble, conserver le respect filial, on ne choisit pas ce que l’on veut croire. En matière de foi, on ne se fixe pas ses propres règles, on ne se fait pas sa « religion à la carte ». Cette confiance filiale se base sur la parole : « Les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle » (Mt 16, 18), et « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point » (Mt 24, 35). Il est bien nécessaire de redire notre acte de foi. C’est la vérité qui sauve et fait du bien, mais pour cela il faut connaître la bonne doctrine qui nous est donnée par l’Eglise et qui est contenue dans l’Ecriture sainte et la Tradition, le catéchisme et les bons livres, les définitions des papes et des conciles, les encycliques… Il s’agit, quelque soit notre âge, d’aller vers les sources sûres, vers l’enseignement infaillible de l’Eglise transmis au cours des siècles et de conserver la prudence nécessaire pour ne pas suivre de faux maîtres.

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DIMANCHE 23 MAI 2010

« Sanctifier »

Sous le patronage du Saint Curé d’Ars

Le Saint Curé d’Ars a consacré sa vie de prêtre à élever les âmes qui lui ont été confiées, non seulement par l’instruction, mais il les a arrachées au démon par sa propre pénitence, et il les a édifiées par l’exemple de sa vie toute consumée par le sacerdoce. Le Saint Père l’a élevé au rang de patron de tous les prêtres et lui a confié cette année sacerdotale. On veillera tôt dans la journée à présenter sa vie et son œuvre et à en tirer des exemples pour les différentes instructions.

Dès le départ de la marche Prière et rappels utiles Il est important de nous replacer dans la démarche du pèlerinage et du thème, marche de prière et de pénitence. Ceci se fera tout naturellement par une prière du matin. Cette prière pourra comporter une offrande de la journée, une demande à Dieu des grâces qui nous sont nécessaires (grâce de la première conversion ou d’une seconde conversion) et certainement l’invocation de la protection de la Sainte Vierge et des saints que nous vénérons. Les esprits étant reposés, il est bon de récapituler les étapes du samedi, d’en dresser un bilan rapide en insistant sur les résolutions qui en découlent pour chacun. Enfin, on annonce aux pèlerins le programme de la journée en leur apportant toutes les recommandations utiles. Il est impératif de demander quelques minutes de silence à l’issue de la prière du matin et de manière plus générale après chaque méditation.

En début de matinée L’Eglise est une, sainte, catholique et apostolique Pour cette première instruction, nous revenons à notre catéchisme. Il nous enseigne ces quatre « notes » de l’Eglise. Nous en expliquons et illustrons le sens. Le caractère de sainteté en particulier est d’abord et principalement dans l’essence de l’Eglise mais on exposera aussi comment cela transparaît par les œuvres et les vies des saints.

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En milieu de matinée La beauté de l’Eglise Nous poursuivons sur une contemplation de la beauté de l’Eglise, de ses trésors, de façon à nous exciter à aimer l’Eglise. Croyons-nous à ce lien profond de communication de vie divine qui unit tous ses membres : la communion des saints (notion à bien expliquer par la nature et par les conséquences) ? Pensons- nous à notre responsabilité vis-à-vis de toute l’Eglise « Toute âme qui s’élève, élève le monde » (Elisabeth Lesueur) ? Etre chrétien, ce n’est pas simplement être « ensemble » comme une vision « communautariste » nous y réduirait, c’est vivre de la même vie divine, de la grâce. On montrera comment la Sainte Famille est le modèle parfait de l’Eglise et de la famille chrétienne, qui est « l’Eglise domestique » (cf. CEC 1655). On mettra en lumière le rôle de , chef de la Sainte Famille et protecteur de l’Eglise universelle et combien il est important d’avoir une vraie dévotion envers lui.

Sermon de la Messe Fête de la Pentecôte, l’Eglise « consolidée » Le Saint-Esprit, âme de l’Eglise, la vivifie, la conduit vers la vérité tout entière, l’embrase du feu de l’amour et la comble de tous ses dons.

Début d’après-midi Comment l’Eglise sanctifie Concrètement, nous recevons la grâce par la prière et les sacrements. Pas de vie chrétienne, sans prière fréquente, soutenue : « la prière est la respiration de l’âme ». Mais nous voulons cette année surtout considérer l’importance des sacrements. Il faut donc les définir, les expliquer et montrer l’importance qu’il y a à en vivre. On montrera aussi l’importance à prendre des résolutions d’assiduité sur la confession et la messe.

Milieu d’après-midi Hors de l’Eglise, point de salut. L’Eglise catholique est l’Eglise fondée par le Christ, qui possède seule l’intégralité des moyens de salut, même s’il ne s’agit pas de nier des éléments bons présents dans d’autres communautés chrétiennes séparées, ou dans d’autres religions. Cette instruction montre ensuite qu’il existe un bon œcuménisme qui souhaite le retour de tous vers l’unique bercail (l’Eglise est missionnaire) et un mauvais œcuménisme, hélas beaucoup plus entendu ces dernières années, qui présente une certaine équivalence des religions, en prenant la sincérité comme valeur principale.

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Association Notre Dame de Chrétienté Vers la fin de l’après-midi, nous apercevons les flèches de la cathédrale de Chartres. La tradition veut que l’on chante un Salve Regina à ce moment après une simple génuflexion, pour des raisons pratiques.

Fin d’après-midi La Sainte Vierge « Mater Ecclesiae » En cette fin de journée, nous considérons la place et le rôle de la Sainte Vierge dans l’Eglise. Elle en est à la fois le modèle parfait, l’archétype, et la Mère, la Reine, la souveraine. Elle intercède toujours pour l’Eglise, ne cesse de se dévouer pour elle. Elle est son appui, son aide, son soutien, son refuge constant, son espérance, son étoile. Nous pouvons donc nous confier en elle. Ces idées que nous développons ici nous amènent naturellement à présenter la consécration mariale individuelle au Cœur Immaculé de Marie. Celle-ci sera faite ou renouvelée ce dimanche soir après le salut au Saint-Sacrement par ceux qui s’y sont préparés.

Pendant la journée, et pour faire écho à cette année dite du sacerdoce, des séminaristes se tiennent à la disposition des chapitres pour proposer un exposé sur le sacerdoce.

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LUNDI 24 MAI 2010

« Gouverner »

Sous le patronage de Saint Pie X, pape canonisé du monde contemporain

En début de journée et après une bonne prière du matin, nous nous remémorons les étapes franchies pendant les journées du samedi et du dimanche. Comme la veille, les esprits étant reposés, il est bon de récapituler les étapes du dimanche, d’en dresser un bilan rapide en insistant sur les résolutions qui en découlent pour chacune. Ce lundi, nous achevons cette progression dans la perspective de notre retour vers le quotidien. Dès le début de la journée, on veillera encore à créer les dispositions favorables à un engagement ferme et à inciter à prendre des résolutions concrètes. A quoi servirait-il de faire un pèlerinage si c’était pour revenir identique à ce que l’on était en y arrivant ?

Les chefs de chapitre présenteront, dès que possible dans la journée, un rappel sur la biographie et le rôle de Saint Pie X, grand pape de l’époque moderne. On soulignera en particulier comment il a su gouverner l’Eglise et la protéger (en particulier contre le modernisme, « égout collecteur de toutes les hérésies »).

Début de matinée « Qui vous écoute, m’écoute » (Luc 10, 16) Nous considérons maintenant l’importance du caractère hiérarchique de l’Eglise (la hiérarchie, l’autorité, dans l’Eglise plus encore que dans la société civile, viennent de Dieu), et l’obéissance que nous lui devons. Cette instruction sera l’occasion de montrer l’importance de l’esprit d’obéissance que nous devons conserver en tout temps, même si telle ou telle autorité nous déçoit. La juste notion de l’obéissance dans l’Eglise, souvent mal comprise, est capitale.

Milieu de matinée Un texte spécifique devra être lu dans tous les chapitres sur ce sujet très délicat de notre attitude lorsque l’autorité s’éloigne du bien ou semble s’éloigner du bien. L’obéissance n’est pas lâcheté, servilité, compromission, elle exige courage, sens de nos responsabilités, parfois devoir de résistance. Ce texte figurera dans le livret des pèlerins.

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Association Notre Dame de Chrétienté Fin de matinée L’Eglise et le monde Compte tenu de la nature de l’Eglise, il y a une collaboration nécessaire de toutes les structures humaines avec l’Eglise (Etats, familles, écoles,…). Nous évoquons ici les rapports qui doivent exister entre l’autorité de l’Eglise et les gouvernements. Pour ce qui nous concerne et du fait de la conjoncture actuelle, nos devoirs les plus accessibles seront d’encourager, de créer, de soutenir activement des structures moralement saines et pénétrées d’esprit chrétien qu’on pourrait appeler des « micro- chrétientés » (familles, associations, mouvements, paroisses, réseaux…). Nous n’aurons pas le droit de gémir sur la décadence sociale si nous n’avons pas fait notre possible sur ce point.

Début d’après-midi : Nos difficultés d’engagement, courage et respect humain. Il est bon, pour progresser, de savoir reconnaître nos difficultés. Le courage est souvent sans doute ce qui nous manque le plus. La paresse et le respect humain nous paralysent en bien des circonstances. En nous appuyant sur l’exemple des saints, nous verrons comment nous corriger de nos défauts et repartir de ce pèlerinage en vrais défenseurs de l’Eglise, en courageux soldats du Christ.

Sermon de la Messe: Envoi en mission, l’Eglise nous attend, Omnia instaurare in Christo Le sermon de la messe de ce lundi récapitule l’ensemble des sujets de méditation de notre pèlerinage et nous replace dans la perspective de notre retour.

Pour mémoire, en marge des méditations et instructions que les chefs de chapitre doivent préparer, il est demandé aux religieux et séminaristes de préparer, autant que possible, des instructions très courtes sur ces sujets : le chapelet, la messe, la pénitence, la vocation et en particulier le sacerdoce en cette année anniversaire de la mort du Saint Curé d’Ars. Vous pourrez ainsi les solliciter et les inclure avantageusement dans le rythme spirituel de votre chapitre.

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L’Eglise, sa nature

FFondementondement de l’Eglise

« Et moi je te dis : tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise » (Mt. 16, 18). Cette parole du Seigneur est capitale, centrale, dans l’Evangile ; elle est fondatrice de l’Eglise, comme la pierre est le fondement de tout édifice qui doit durer. Le Seigneur Jésus sait qu’Il va être mis à mort, qu’il va quitter cette terre – du moins physiquement -, laisser ses Apôtres orphelins – du moins apparemment - et, comme tout bon père de famille, il veut assurer sa succession. Il a mis ses disciples à l’épreuve, leur a fait passer une sorte d’examen, les questionnant comme un bon pédagogue : « Pour vous, qui suis-je ? » C’est Simon Pierre, le fidèle, le fougueux, celui qui s’est déjà montré un chef enthousiaste, qui répond au nom de tous : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. ». Et Jésus lui répond : « Heureux es-tu, Simon Bar-Iona, parce que ce ne sont pas la chair ni le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est dans les Cieux ! » Et après avoir prononcé les paroles qui établissent le premier Pape à la tête de son Eglise, Jésus l’assure que les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre celle- ci, ajoutant : « Je te donnerai les clefs du royaume des Cieux, et ce que tu lieras sur la terre se trouvera lié dans les Cieux, et ce que tu délieras sur la terre se trouvera délié dans les Cieux. » En complément de cette investiture de Pierre à la tête de son Eglise, Jésus, après sa Résurrection, se manifeste aux Onze et les investit pour qu’ils répandent cette Eglise à travers le monde : « Allez dans le monde entier, proclamez l’Evangile – la ‘Bonne Nouvelle’ - à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, celui qui refusera de croire sera condamné » (Marc, XVI, 15). Et ils partirent en mission.

L’Eglise est missionnaire « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie » Jean XX, 21. Qui dit ‘mission’, dit ‘permission’. Comme, dans l’Ancien Testament, les prophètes et les anges eux-mêmes n’interviennent jamais sans être envoyés, ainsi, dans le Nouveau, il n’y a pas de ministre de Dieu sans un ‘appel’, d’abord, mais aussi sans une ‘mission’ formelle venant de Dieu, en passant par la hiérarchie ecclésiastique, en passant par l’Eglise. Sans la mission, au moins sous la forme élémentaire d’une permission, le pouvoir sacerdotal, bien que demeurant valide, n’honorerait plus Dieu, n’offrirait plus un ‘sacrifice d’agréable odeur’ ; de même que sans la juridiction, le pouvoir de remettre ou retenir les péchés deviendrait inefficace, puisque c’est la juridiction qui détermine la matière de ce pouvoir. Il y a aussi dans l’Eglise des missions extra-hiérarchiques : un saint Benoît, un saint François d’Assise, qui n’étaient pas prêtres, sont reconnus comme des maîtres de perfection évangélique ; des femmes comme sainte Thérèse sont investies d’une mission réformatrice ; on peut même étendre la doctrine de la mission jusqu’aux états de vie chrétienne les plus communs. Chacun de nous trouve dans le mandat de Dieu et de son Eglise la principale force pour agir.

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L’Eglise est le peuple de Dieu « Allez dans le monde entier. » Dans l’Ancien Testament, Israël était choisi entre les nations infidèles pour adorer et pour servir le Dieu Très-Haut. L’Eglise de Dieu, l’Eglise du Nouveau Testament représente le nouveau groupement de l’humanité où Dieu entend établir son règne : c’est le peuple saint, le nouvel Israël des temps du Messie qui est venu et n’a pas été reconnu par les siens, l’Israël de la Nouvelle Alliance, l’héritière des promesses faites à et venues à leur accomplissement dans l’ordre nouveau inauguré par le Christ et réalisé à la Pentecôte. Saint Pierre s’adressant aux chrétiens convertis dans sa première Epître II, 9-10, leur dit : « Mais vous, vous êtes une race choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple que Dieu s’est acquis afin que vous annonciez les perfections de Celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière ; vous qui autrefois n’étiez pas son peuple, et qui êtes maintenant le peuple de Dieu ; vous qui n’aviez pas obtenu miséricorde, et qui maintenant avez obtenu miséricorde. »

L’Eglise est l’assemblée des appelés ‘Ecclesia’ veut dire assemblée, convocation, réunion. La Synagogue où se rassemblaient les Juifs qui attendaient le Messie était la préfiguration de l’Eglise, peuple de Dieu rassemblé autour du Christ. L’Eglise, c’est la multitude, prévenue par les grâces divines, convoquée autour du Christ, répondant librement à cette convocation et constituant un organisme surnaturel hiérarchisé. L’Eglise, c’est ‘l’Appelée’ (Cardinal Journet). Elle est partout où l’on se réunit en invoquant le nom de Jésus, selon le dessein et le désir de Jésus. « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux » (Mt. XVIII, 20). Et S. Paul, écrivant à Philémon, I, 2, salue « l’Eglise qui se réunit dans sa maison ».. L’Eglise, avec un grand ‘E’, ce n’est donc pas le bâtiment ‘église’, qu’on écrit toujours avec un petit ‘e’, mais l’assemblée des fidèles de Jésus-Christ.

L’Eglise est le Corps du Christ L’expression est de S. Paul, qui écrit aux Ephésiens I, 22 ces paroles très fortes en parlant du Christ : « Dieu a tout mis sous ses pieds et il l’a donné comme Chef suprême à l’Eglise, laquelle est son Corps, la Plénitude de celui qui remplit tout en tout ». Il écrit aussi aux Colossiens, II, 9 : « Vous vous trouvez en lui associés à sa Plénitude, lui qui est la Tête de toute Principauté et de toute Puissance ».. Plus fortement encore, il dit dans la I Cor. XII, 12 : « De même, en effet, que le corps est un, tout en ayant plusieurs membres, et que tous les membres du corps, en dépit de leur pluralité, ne forment qu’un seul corps, ainsi en est-il du Christ ». Jésus, d’ailleurs, s’identifie à l’Eglise quand, ayant terrassé Saul sur le chemin de Damas, il lui demande : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? » (Actes IX, 4) La tête et le corps ont même vie et même destinée. L’Eglise, qui est créature, compose avec le Christ qui est Dieu, un organisme spirituellement ‘un’. « L’Eglise, dit Bossuet, c’est Jésus-Christ répandu et communiqué ». Et sainte Jeanne d’Arc, devant ses Juges : « M’est avis que Jésus-Christ et l’Eglise, c’est tout un. »

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L’Eglise est l’Epouse du Christ C’est une expression fréquemment employée dans l’Ecriture pour désigner l’Eglise. L’Eglise est choisie par le Christ pour être son épouse ; elle est priée de consentir librement à cette merveilleuse alliance ; elle est élevée à une extraordinaire égalité avec son époux ; elle doit lui être fidèle ; celui-ci ne veut concevoir d’enfants que par elle.

L’Eglise est le Royaume de Dieu « Interrogé par les Pharisiens sur le moment où arriverait le Royaume de Dieu, Jésus leur répondit : (…) Sachez-le : le Royaume de Dieu est parmi vous. » « Que votre règne arrive, que votre volonté soit faite sur la terre comme au Ciel », a prescrit le Seigneur de demander à son Père dans la prière ; c’est donc que ce règne est attendu. Et Jésus a dit encore à Pierre « Je te donnerai les clefs du Royaume des Cieux » . Il y a donc bien déjà un Royaume, avec un Chef qui représente le vrai Roi et à qui l’on doit obéissance comme au Roi lui-même, car il lui a donné les pouvoirs de le représenter. Certes, les fidèles du Royaume sont encore exilés, souffrants, persécutés, mal accueillis dans leur pérégrination vers le Royaume céleste, mais ils ont les promesses du règne éternel : « Ne crains pas, petit troupeau, car il a plu à votre Père de vous donner le Royaume » (Luc XII, 32).

L’Eglise est la Cité de Dieu Il conviendrait de citer ici tout le Traité de Saint Augustin ayant ce titre de ‘Cité de Dieu’. L’Eglise est cette Cité en tant que communauté vivante au sein de laquelle habite le Seigneur. « Cette cité descend du ciel dès son origine, dit Saint Augustin, puisque, dans la traversée des siècles, c’est par la grâce de Dieu que ses habitants s’accroissent continuellement. » L’Eglise maintient la cité chrétienne en conformité avec les lois de la nature et avec la fin temporelle, mais aussi dans la dépendance d’une loi morale plus précise et plus parfaite que la vertu civique, parce que surnaturelle.

L’Eglise est notre Mère Nous devenons enfants de Dieu par le Baptême, et l’Eglise qui nous accueille est notre Mère. De même que l’origine et la base de la société naturelle, c’est la famille ; de même l’origine et le fondement de l’Eglise, c’est la paternité de Dieu et cette éternelle famille de la Trinité « de qui toute paternité dans le ciel et sur la terre tire son nom » (Ephésiens, III, 15). Comme dans toute famille digne de ce nom, il revient à l’Eglise notre Mère d’éduquer ses enfants, de les enseigner, de les conduire vers la perfection. L’Eglise est mère : - par sa fécondité ; - par sa tendresse et son amour pour chacun de ses enfants, de sa naissance à sa mort ; - par sa force à les défendre contre les démons, contre les hérésies, contre les scandales de mœurs. L’Eglise n’opère que pour l’amour. « Tout est à l’amour, en l’amour, pour l’amour et d’amour en la sainte Eglise », dit S. François de Sales.

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Conclusion

En résumé, l’Eglise peut être définie de diverses façons, mais, de par son fondateur, elle est essentiellement le Corps du Christ, l’Epouse du Christ, le troupeau des brebis du Christ, le lieu de l’habitation de l’Esprit Saint et de la Sainte Trinité ; elle est la maison de Dieu, le tabernacle, la cité, le peuple de Dieu, le royaume de Dieu. Elle est à la fois monarchie absolue, hiérarchie de droit divin autour de son Chef, le Pape, elle est aristocratie par la succession apostolique de l’épiscopat, démocratie par le peuple (‘demos’) immense d’élus et de saints Elle est encore, de par ses éléments créés, la communauté rassemblée en Dieu par le Christ ; et là, on peut distinguer : - l’Eglise militante, celle qui, par la foi et la charité, progresse dans le monde, - l’Eglise souffrante, composée de ceux qui se purifient au purgatoire ; - l’Eglise triomphante, celle qui est au ciel dans la gloire. Finalement, l’Eglise est la communion des saints.

Autorité de l’Eglise De par sa nature, l’Eglise se distingue des autres sociétés par sa fin, qui est toute surnaturelle ; cette fin consiste à continuer la mission de Jésus-Christ sur la terre, et de conduire ainsi les âmes au salut éternel. L’Eglise est le Corps mystique du Christ constamment informé par la vie qu’il reçoit de son Fondateur ; son autorité provient de Lui et s’exerce en son nom. Cette autorité est de nature particulière : tandis que les sociétés humaines ont une autorité provenant de Dieu, assurément, mais d’ordre purement naturel et restreinte à la recherche immédiate du bien temporel des sujets, l’Eglise possède une autorité éminemment surnaturelle. Celle-ci comprend un triple pouvoir : - un pouvoir d’ordre communiquant abondamment aux âmes la vie divine par les sacrements ; - une autorité doctrinale s’exerçant d’une manière infaillible sur tout ce qui a été révélé par Jésus-Christ ; - et un pouvoir de commandement capable d’obliger tous les fidèles à ce qui est jugé nécessaire ou utile pour leur bien surnaturel.

Autorité civile et autorité religieuse sont chacune souveraine dans sa sphère immédiate : « Rendez à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu » (Mat. XXII, 21). Mais dans les matières mixtes, tout ce qui a une connexion intime avec la fin surnaturelle dépend uniquement du pouvoir de l’Eglise ; l’Etat doit obéissance à l’Eglise en tout ce qui relève de son autorité propre (cf. Léon XIII, Encyclique ‘Immortale Dei’).

ABBAYE NOTRE-DAME DE RANDOL

Nous renvoyons maintenant à la Constitution ‘Lumen Gentium’ du IId Concile du Vatican, ainsi qu’au ‘Catéchisme de l’Eglise Catholique’ -C E C-, aux numéros 748 et suivants, qui donneront un aperçu complémentaire de notre sujet

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Les mystères du Rosaire

MMYSTERESYSTERES JOYEUX

L'Annonciation Fruit du mystère : l'humilité

Notre-Dame devient ainsi le premier tabernacle fait, non de main d'homme, mais de la main de Dieu. Nous aussi, depuis le jour de notre baptême, nous sommes devenus temples du Saint-Esprit. Méditons ce mystère qui nos dépasse infiniment.

La Visitation Fruit du mystère : la charité fraternelle

Nous sommes à l'images de la Vierge portant Dieu en son sein lorsque nous venons de recevoir Jésus dans la Sainte Eucharistie. Que cette dizaine du rosaire prolonge notre action de grâces si nous avons communié ce matin et méditons sur le grand mystère de la présence réelle de Jésus dans la Sainte Eucharistie.

La Nativité Fruit du mystère : l'esprit de pauvreté

A l'image des bergers et des mages, adorons Dieu. Soyons des âmes d'adoration qui reconnaissent en Dieu leur Créateur et leur Rédempteur. Alors nous serons vraiment dans la main de Dieu.

La Présentation de Jésus au temple Fruit du mystère : la pureté et l'obéissance

Le vieillard Siméon avait annoncé que le Christ serait signe de contradiction. L'Église, par son enseignement à temps et à contretemps, apparaît encore comme un signe de contradiction à nos contemporains. Demandons la grâce d'aimer l'Église, maîtresse de Vérité.

Le recouvrement de Jésus au temple Fruit du mystère : la recherche de Dieu en toutes choses

Considérerons le Verbe de Dieu qui enseigne au temple de Jérusalem. L'Église, dans sa mission d'enseignement, est assistéé par l'Esprit de Vérité, l'Esprit Saint. En ce week-end de Pentecôte, prions pour l'Église enseignante, le pape et les évêques successeurs des Apôtres.

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MYSTERES DOULOUREUX

L'Agonie au Jardin des Oliviers Fruit du mystère : le regret de nos péchés

« Mon âme est triste à en mourir » (Mc 14, 34) Voilà quelle profonde tristesse et angoisse le Christ a connues dans cette nuit d'agonie. Que la considération de ce mystère suscite en nous la vigilance pour ne pas offenser Dieu à nouveau.

La flagellation Fruit du mystère : la mortification du corps

« J'achève en ma propre chair ce qui manque aux souffrances du Christ » (Saint Paul) Apprenons cet esprit de pénitence, apprenons à offrir nos souffrances pour nous unir toujours davantage à celui qui est notre Vie.

Le couronnement d'épines Fruit du mystère : la mortification de l'esprit et du cœur

« Sans moi, vous ne pouvez rien faire » nous dit le Christ. Nous ne pouvons nous fabriquer notre salut nous-mêmes ou nous irons à notre perte. Soyons dociles à la grâce et à l'Église qui est notre Mère.

Le portement de la croix Fruit du mystère : la persévérance dans les épreuves

En chemin, Jésus laisse l'empreinte de sa sainte Face sur le voile de sainte Véronique. Dans notre âme se trouve l'image de Dieu, malheureusement abîmée par nos péchés. Que le Saint-Esprit, sanctificateur, vienne restaurer notre âme pour qu'elle retrouve sa vraie beauté.

Le Crucifiement Fruit du mystère : un grand amour de Dieu et des âmes

Si le sacrifice de la croix s'est accompli historiquement le vendredi saint, n'oublions pas qu'à chaque messe le Christ renouvelle ce sacrifice. Notre-Dame, vous qui demeurez auprès de la crois, faites-nous aimer la sainte messe, trésor de l'Église et pour toute l'Église, qui nous rend si accessibles les grâces de la Rédemption.

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MYSTERES GLORIEUX

La Résurrection Fruit du mystère : le Foi

« Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé ; celui qui ne croira pas, sera condamné » (Mc 16, 16). Que cette parole du Seigneur après sa résurrection nous encourage à être des apôtres, application concrète de notre état de confirmés.

L'Ascension Fruit du mystère : l'espérance et le désir du Ciel

« L'espérance, nous la tenons comme ancre de notre âme, sûre et solide, qui pénètre, par delà le voile, à l'intérieur du sanctuaire où Jésus est entré pour nous en avant coureur » (He 6, 19- 20). Que l'e Saint-Esprit qui nous a donné cette ancre au baptême, ravive l'élan de notre espérance.

La Pentecôte Fruit du mystère : la charité et la descente du Saint-Esprit dans nos âmes

« Il nous jeter, si pauvres que nous soyons, dans le feu de la pentecôte, qui calcine toute ce qui doit l'être et qui transforme et illumine en nous ces choses bénies que Dieu y a mises au jour de notre baptême » Cardinal Journet. Marie était au Cénacle avec les apôtres. Épouse du Saint-Esprit depuis l'Annonciation, elle l'est encore pour donner naissance à l'Église. Marie, Mère de l'Église, priez pour nous !

L'Assomption Fruit du mystère : ma grâce d'une bonne mort

Sans attendre le jour où – nous le souhaitons – nous entrerons dans la vision béatifique, Dieu « qui d'une manière admirable a créé la nature humaine dans sa noblesse et l'a restaurée d'une manière plus admirable encore » (offertoire) nous accorde d'avoir un avant goût du bonheur céleste par une vie d'intimité avec la Sainte Trinité.

Le Couronnement de Marie Fruit du mystère : la confiance en Marie

Parce que Marie doit avoir une place de choix dans la vie de chaque chrétien, des pèlerins se consacreront à Notre-Dame ou renouvelleront leur engagement de fils de Notre-Dame. Confions-les à la prière de Marie et demandons-lui de nous conduire nous aussi vers elle.

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Saint Pierre

Le pèlerinage honore cette année la Sainte Mère l’Eglise. Nous sommes invités en particulier à méditer les trois pouvoirs de l’Eglise pour agir en son sein selon son rang hiérarchique : enseigner, sanctifier et gouverner. Nos méditations de la journée vont porter sur le pouvoir d’enseigner. Pour entrer de manière féconde dans les méditations, nous nous plaçons sous le patronage de Saint Pierre. Il est en effet le dépositaire direct de l’enseignement du Christ et il en est le gardien. Une méditation en profondeur nous permettra d’agir de manière féconde tout au long du temps après la Pentecôte qui nous attend. L’évocation que nous allons faire de la vie de cet apôtre rappelle l’enseignement privilégié qu’il reçoit du Christ et met en relief ce qu’il enseigne à son tour comme chef de l’Eglise et prince des apôtres. Cette évocation doit disposer notre âme pour la journée à l’intelligence et à la sagesse afin d’entendre les méditations en profondeur.

La vocation de Pierre

Pour commencer, disposons notre âme à la contemplation d’une statue de saint Pierre tenant les clés du salut des âmes et du Paradis, comme la statue de Saint Petersbourg. Quoiqu’expressive, cette statue de pierre n’en donne pas moins l’image figée d’un chef hiératique, saint de toute éternité et honoré depuis deux mille ans. Cette contemplation est édifiante. Et pourtant, chef, saint et honoré par la seule volonté de Dieu. Supposons que l’esprit saint souffle sur cette statue et la voilà qu’elle s’anime. Nous voilà en présence d’un homme qui pêche consciencieusement sur le bord du lac de Tibériade parmi d’autres hommes auxquels il est tellement semblable. A une chose près : Dieu l’a choisi pour enseigner, sanctifier et gouverner son peuple. Un autre homme s’approche qui lui dit ainsi qu’à trois autres: « venez à ma suite, je ferai de vous des pécheurs d’hommes. ». L’évangile nous dit que Pierre laisse son filet et suit l’homme qui n’est autre le fils de Dieu lui-même. C’est le début de l’aventure chrétienne pour Pierre qui va successivement être enseigné par le Christ puis à son tour va enseigner. Jusqu’à subir le martyre. Nous savons peu de choses de Saint Pierre sinon ce que nous apprennent l’Evangile, les actes des apôtres et, un peu après, deux de ses lettres aux premières communautés chrétiennes. Nous nous appuyons également sur les témoignages de la tradition chrétienne (des Pères de l’Eglise et historiens ecclésiastiques des premiers siècles) et sur ce que les études historiques et scientifiques qui ont pu apporter une confirmation dans ce domaine. Le contexte historique est celui de la domination de l’empereur romain sur tout le bassin méditerranéen et de la soumission du peuple juif à ce pouvoir. Le peuple juif attend le messie, annoncé par les prophètes qui doit libérer le peuple de ce joug. Le contexte historique est marqué également par le pullulement de sectes religieuses et philosophiques qui ne se fondent que sur le charisme de gourous et meurent avec eux, faute de donner la vraie foi, la véritable espérance et la vraie charité.

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Les miracles du Christ et l’humilité de Pierre

Pour bien comprendre le cadre dans lequel les apôtres reçoivent l’enseignement du Christ il faut rappeler qu’Il vient instaurer la Nouvelle Alliance, autrement dit, restaurer l’union rompue de l’homme avec Dieu. Le Christ manifeste sa divinité (Transfiguration), confirme son autorité et sa puissance (enseignement aux docteurs et dans les synagogues) et aide la foi de ses disciples qui est bien fragile. Il les aide d’abord par des miracles. Nous apprenons que Jésus guérit un paralytique, un lépreux, un possédé, un homme à la main desséchée. Il guérit aussi la belle mère de Pierre qui était prise de fièvre. La vie publique de Jésus est marquée de nombreux miracles afin d’affermir la foi en la nouvelle alliance (guérison d’un paralytique, d’un lépreux, d’un possédé, noces de Cana). Pourtant la Foi de Pierre est fragile. Ainsi quand le Christ l’invite à marcher sur les eaux à sa suite, il s’engage mais rapidement sentant qu’il s’enfonce dans l’eau, le voici qui s’écrit : « Seigneur, au secours ! ». A quoi le Seigneur, prenant soin de lui, lui répond : « Homme de peu de foi. » Parallèlement Jésus commence son enseignement. Il emploie des paraboles afin d’être mieux compris. Et pourtant quand Jésus enseigne sur ce qui sort de la bouche des hommes (qui est impur) Pierre lui-même pose cette question : « que signifie cette parabole ? » Il commence aussi bien humblement à recevoir l’enseignement. Il sort peu à peu de son néant pour grandir dans la lumière de Dieu.

Une place privilégiée parmi les apôtres

Et quand enfin après un temps d’enseignement, Pierre affirme : « vous êtes le Christ, le fils du Dieu vivant », Jésus met en lumière chez lui l’intelligence venue de Dieu et non la sienne propre : « ce n’est ni la chair ni le sang qui te l’ont révélé, mais le Père céleste. » Cette foi ainsi affirmée est bien une foi reçue, c’est une vertu surnaturelle dans laquelle l’intelligence humaine n’a pas de part. Et dans cet acte de foi suscité par Dieu le Père, Pierre est élevé à la dignité de chef de l’Eglise : « tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise ». Jésus choisit Pierre, il l’enseigne, il l’élève. Et à lui et à tous les apôtres il confie la mission d’enseigner. Notons que Pierre reçoit une place privilégiée parmi les apôtres, que confirme le Christ un peu plus tard : « Jésus lui dit pour la troisième fois : Simon, fils de Jonas, M’aimes- tu? Pierre fut attristé de ce qu’Il lui avait dit pour la troisième fois : M’aimes-tu? Et il lui répondit: Seigneur, Tu sais toutes choses, Tu sais que je T’aime. Jésus lui dit: Pais mes brebis. Et ayant ainsi parlé, il lui dit: Suis-moi. » Jean 21,15-25 C’est ainsi qu’est instituée l’Eglise où Saint Pierre a reçu si grande part. Les promesses faites à St Pierre ont leur continuité. Et ce qui va faire sa grandeur, outre sa sainteté personnelle, c’est d’avoir été apôtre de Jésus Christ, prince des Apôtres, et premier dépositaire des divines promesses envers l’Eglise. Dans cette mission d’enseignement que Pierre accomplit avec les autres apôtres du vivant du Christ il n’en reste pas moins homme avec les imperfections d’une foi naissante. Elevé chef des apôtres, il demande encore au Christ : « Voici que nous avons tout quitté pour vous suivre : qu’aurons-nous en retour ? » A quoi Jésus leur promet de siéger sur douze trônes. Quand Jésus annonce sa Passion, Pierre refuse de permettre un tel martyre. Jésus répond

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encore : « arrière Satan ! Car tu n’as pas le sens de Dieu mais celui des hommes. ». Et puis il renie le Christ pendant la Passion.

Premiers enseignements de Saint Pierre aux juifs

Après la mort et la résurrection du Christ, Pierre est encore le sujet de faiblesses dans la foi, l’espérance et la charité. De l’observation des comportements de cette statue redevenue homme, devons-nous conclure à un abaissement ? à une forfaiture ? à une mystification ? Non. Notre première conclusion est que Pierre est une créature tâchée par le péché originel mais aimée de Dieu et choisie par Lui. Après avoir enseigné Pierre et les apôtres au cours de sa vie publique, Jésus les enseigne encore quarante jours après sa résurrection. Puis Il confie les apôtres à l’Esprit Saint afin qu’ils puissent mener à bien leur mission en plénitude et de manière achevée. Nous voyons Pierre prendre la parole avec foi le jour de la Pentecôte : « Israélites, écoutez ces paroles : Jésus de Nazareth, cet homme que Dieu a accrédité auprès de vous par les miracles (…) cet homme qui vous a été livré selon le dessein arrêté et la prescience de Dieu, vous l’avez fait mourir par la main des impies ». S’ensuit un autre article de foi donné à la lumière des prophètes de l’ancienne alliance : « comme était prophète et qu’il savait que Dieu lui avait juré par serment de faire assoir un de ses fils sur son trône, c’est dans cette prévision qu’il a parlé de la résurrection du Christ (…) c’est ce Jésus que Dieu a ressuscité, nous en sommes tous témoins ». Saint Pierre vit toujours de la vertu surnaturelle de foi qui se prolonge maintenant logiquement de l’esprit de foi (qui consiste à voir et faire voir les choses comme Dieu les voit). Ensuite, Pierre va enseigner pendant une durée de 25 années aux différentes communautés chrétiennes qu’il instruit avec les autres apôtres. Son enseignement se caractérise par des miracles, des conversions foudroyantes autour de lui, des discours, des lettres, des voyages, des conciles, mais aussi des persécutions à subir, toujours assisté de l’Esprit Saint. Dès le jour de la Pentecôte, les actes des apôtres relèvent que trois mille personnes reçoivent le baptême et Saint Pierre guérit un boiteux. Aux foules stupéfaites par le miracle, il affirme : « maintenant frères, je sais que c’est par ignorance que vous avez agi, comme du reste vos chefs. Dieu a ainsi réalisé ce qu’il avait annoncé d’avance par la voix de tous les prophètes, que son Christ aurait à souffrir. Repentez-vous donc et convertissez- vous pour que vos péchés soient effacés. ». Cette exhortation suscite cinq mille autres conversions. Il ne faut pas aller loin dans les actes des apôtres pour entendre parler déjà de « la multitude des fidèles. » La persécution ne se fait pas attendre puisqu’à l’instant même il est arrêté avec Saint Jean par les prêtres du Temple. D’autres emprisonnements surviendront. Dans ses premiers discours adressés aux foules de Jérusalem et aux prêtres, Saint Pierre affirme d’abord que le messie attendu est bien Jésus qui a été crucifié. Puis il exhorte à la conversion et au baptême pour la rémission des péchés.

Puis l’esprit de Dieu oriente son apostolat vers les gentils, principalement les romains, qui cultivent des croyances païennes. Guidé par un ange, il entre dans la maison d’un centurion de l’armée romaine. Le centurion, par une révélation, l’attend déjà depuis un moment. Pierre enseigne que la parole

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de Dieu n’est pas réservée aux Juifs : « je comprends en vérité que Dieu ne fait pas acception des personnes ; mais que, en toute nation, celui qui le révère et pratique la justice lui est agréable. » A ce romain, étranger à l’ancienne alliance, Pierre ne rappelle pas les prophètes mais rappelle l’histoire récente : ce qui vient de se passer en Judée, Jésus Christ, qui faisait le bien partout où il passait et qui guérissait les possédés du diable ; c’est par lui que les péchés sont remis (L'Evangile, Abbé Henri Escoffier). L’esprit de Dieu encore met dans la bouche de Saint Pierre des paroles d’apaisement pour les premiers disciples issus du judaïsme, surpris de voir les gentils mérités ainsi la révélation : « Jean a baptisé dans l’eau, a dit le Seigneur, mais vous autres vous serez baptisés dans l’esprit saint. » La dualité du monde établie par la coexistence des juifs et des païens pose le problème de la circoncision et la question provoque une réunion des chefs des apôtres à Jérusalem pour ce qu’on appelle le concile de Jérusalem, premier concile œcuménique (les conciles visant à traiter des questions touchant de la foi et les mœurs, et déclarer le contenu de la foi de l’Eglise; ce qui est nécessaire pour être sauvé). Pierre prend la parole en premier pour donner un avis qui sera retenu par les autres apôtres pour donner un décret qui sera porté aux communautés d’Antioche, de Syrie et de Cilicie par une délégation choisie (la circoncision n’est pas nécessaire mais il faut s’abstenir des idolothytes, du sang, des chairs étouffées et de la fornication).

Les épitres de Saint Pierre

Enfin, l’enseignement de Pierre ce sont les deux lettres qui nous ont été conservées par le temps, attestées comme authentiques et « canoniques » (elles appartiennent à la révélation écrite, ou Sainte Ecriture). La première épitre est adressée aux communautés chrétiennes de l’actuelle Turquie et l’autre n’est pas adressée à une communauté particulière mais a une portée générale. Saint Pierre évoque la régénération, le rôle des prophètes dans l’annonce du salut, la sainteté de vie, la charité fraternelle, l’union intime avec Jésus, la noblesse des Chrétiens, la conduite à tenir au milieu des païens, les devoirs envers les autorités publiques, les devoirs des serviteurs envers les maîtres, des femmes envers leurs maris et réciproquement, les devoirs mutuels des fidèles, de se garder des mœurs païennes d’autrefois, et de s’exciter à la pratique des vertus par la pensée de la fin prochaine, le bonheur des chrétiens dans l’épreuve, le devoir des presbytres, le devoir des jeunes, le devoir des fidèles en général, la confiance en Dieu. Cette énumération fait-elle apparaître que Pierre est un apôtre supérieur aux autres ? Non et même Saint Pierre est bien loin de l’exposé dogmatique de Saint Paul. Les exhortations se résument essentiellement à la sainteté de vie, à la charité et à l’union de vie avec Jésus et il passe en revue les devoirs envers la famille et la société. Pierre est un pécheur de profession, à la différence de Paul qui a été éduqué toute sa jeunesse auprès des prêtres juifs. L’esprit de Pierre, fécondé par l’Esprit Saint, est empreint d’intelligence, de sagesse, de force avec une grande simplicité : « saluez-vous les uns les autres en vous donnant le baiser de la charité ». Ces épîtres ont un caractère d’exhortation, elles sont écrites pour soutenir les premiers chrétiens, juifs ou gentils, en butte à l’influence et aux séductions du monde païen). Dans la deuxième épître qui nous est connue, Saint Pierre touche des sujets suivants : munificence des dons de Jésus, certitude du retour du Christ, agissement des faux docteurs, mœurs des faux docteurs, négation par les faux docteurs, raison de la longanimité divine,

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obligation de vivre saintement. Le chapitre de la sainteté fait échos à un des chapitre de la première lettre et mérite donc une citation : « dans la perspective de la dissolution universelle, quelles ne doivent pas être la sainteté de votre vie et votre piété ? » Puis Saint Pierre connaît le martyre à , cloué sur une croix, la tête vers le bas.

Conclusion

Dieu lui a donné l’auréole de gloire et les hommes le reconnaissent comme premier chef de l’Eglise chrétienne, comme saint et l’honorent depuis deux mille ans. Ils lui ont fait des statues. Voilà l’homme qui tient désormais les clés du Paradis. Saint Pierre, pécheur de Tibériade est un modèle de sagesse, pour s’être laissé enseigné par le Christ et avoir à son tour enseigné lui-même jusqu’au martyre. Saint Pierre, vous avez été aimé de Dieu et choisi par Lui pour enseigner. Vous avez ouvert votre esprit et vous vivez maintenant dans la plénitude de l’amour de Dieu. Intercédez auprès du Saint Esprit afin qu’à votre exemple, pendant ce pèlerinage, malgré notre manque de simplicité, nos trahisons et nos faiblesses, nous nous laissions aimer et choisir par Dieu. Que nous ouvrions notre esprit aux méditations du jour. Intercédez afin que, pendant ce temps après la Pentecôte de l’année liturgique nous sachions enseigner à notre tour et grandir en sainteté.

CHAPITRE SAINT PIERRE AUX LIENS

BBibliographieibliographie

Les actes des apôtres Les lettres de Pierre L’Eglise des premiers apôtres, Daniel Rops Trinité sainte et vie morale au temps de Saint Paul Saint Pierre et les premiers temps du christianisme, de l’abbé Fouard L’Evangile de Jésus Christ, du Père Lagrange

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L’Eglise, Corps Mystique du Christ

Quand le Christ, après avoir rempli sa mission ici-bas, a privé les hommes de sa présence sensible au jour de l’Ascension, il leur a laissé l'Église pour continuer en leurs âmes, jusqu’à la fin des temps, son œuvre de sanctification, et former en elle le royaume des Enfants de Dieu. C’est la raison pour laquelle le Christ ne peut se concevoir sans l'Église : au fond de toute sa vie, de tous ses actes, Jésus a en vue la gloire de son Père ; mais le chef- d’œuvre par lequel il doit procurer cette gloire, c’est l'Église. Le Christ vient sur la terre pour créer et constituer l'Église : c’est l’œuvre à laquelle aboutit toute son existence et qu’il affermit par sa passion et sa mort. L’amour de son Père a conduit le Christ sur la montagne du Calvaire, mais c’était pour y former l'Église et faire d’elle, en la purifiant par amour dans son sang divin, une épouse sans tache et immaculée.

Aussi désormais, personne ne va au Christ que par l'Église : nous n’appartenons au Christ que si nous appartenons, de fait ou de désir, à l'Église ; nous ne vivons de la vie du Christ que dans l’unité de l'Église. C’est par l'Église que se réalise le mystère de notre incorporation au Christ, qui l’a lui-même établie comme la dépositaire authentique de sa doctrine et de sa loi, comme la dispensatrice de ses grâces parmi les hommes. L'Église est tellement unie au Christ, elle possède tellement l’abondance de ses richesses, qu’on peut dire qu’elle est le Christ vivant à travers les siècles.

Or une image qui revient fréquemment sous la plume de Saint Paul -image expressive et profonde car elle exprime les relations intimes qui existent entre le Christ et l'Église- est celle qui nous présente l'Église comme un corps dont le Christ est la tête : Nous formons avec le Christ, un corps qui va se développant et doit atteindre sa pleine perfection. Il ne s’agit évidemment pas du corps physique du Christ, né de la Vierge Marie : depuis le jour où il est sorti vivant et glorieux du tombeau, le corps du Christ n’est plus susceptible d’accroissement. Il possède désormais la plénitude de perfection qui lui revient. Mais, dit Saint Paul, il y a un autre corps que le Christ se façonne au cours des siècles : ce corps c’est l'Église ; ce sont les âmes qui, par la grâce, vivent de la vie du Christ. Elles constituent toutes, avec le Christ, un seul corps, un corps mystique dont le Christ est la tête. Cette idée est très chère à Saint Paul, qui la met en relief en comparant l’union du Christ et de l'Église à celle qui existe dans l’organisme humain entre la tête et le corps : De même que dans un seul corps nous avons plusieurs membres, ainsi nous formons, malgré notre nombre, un seul corps dans le Christ (Rm 12, 4-5). Et dans une autre épître : L'Église est le corps et le Christ est la tête (1 Co 12,12).

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L'Église constitue donc, avec le Christ, un seul être. Selon la belle parole de Saint Augustin, écho fidèle de Saint Paul, le Christ ne peut se concevoir pleinement sans l'Église : ils sont inséparables, comme la tête est inséparable du corps. Le Christ et son Église forment un seul être collectif, le Christ total : Le Christ total est constitué d’un corps et d’une tête : La tête c’est le Fils unique de Dieu et son corps, c’est l'Église (De unitate Ecclesiæ 4).

Et si le Christ est la tête de l'Église, c’est parce qu’il a reçu la plénitude de la grâce, non pas seulement à titre individuel, mais en tant que chef de l'Église : S’il vient parmi nous et s’il prend place parmi les enfants des hommes, le Fils de Dieu s’y tient en qualité de chef qui représente, qui récapitule toute l’humanité en l’unifiant en son unique personne. C’est en ce sens qu’il peut être dit le nouvel : Il est le jeune chef de cette deuxième création et forme avec les baptisés cet unique corps dont il est la tête et auquel il communique une vie commune, sa vie même de Dieu, sa vie éternelle. Et cette union entre le Christ et ses membres est telle qu’elle va jusqu’à l’unité : Toucher à l'Église, aux âmes qui, par le baptême et leur vie de grâce, sont les membres de l'Église, c’est toucher au Christ lui-même. Aussi quand Saint Paul persécute l'Église en emprisonnant les chrétiens, il entend sur la route de Damas une voix qui demande : « Saul, pourquoi me persécutes-tu ? ». Il répond : « Qui êtes-vous Seigneur ? ». Et le Seigneur lui dit : « Je suis Jésus que tu persécutes. ». Le Christ ne dit pas : « Pourquoi persécutes-tu mes disciples ? », ce qu’il aurait pu dire avec autant de vérité, puisque lui-même était déjà remonté au Ciel et que Saint Paul ne recherchait que les chrétiens ; mais il dit « Pourquoi me persécutes-tu ? (…) Je suis Jésus que tu persécutes. ». Or si Jésus parle de la sorte, c’est bien parce que ses disciples lui appartiennent en propre ; parce que leur société forme son corps mystique. Aussi persécuter les âmes qui croient en Jésus-Christ, c’est persécuter le Christ lui-même. « Félicitons-nous, répandons-nous en action de grâces, s’écrie Saint Augustin, nous sommes devenus non seulement chrétiens, mais le Christ. Comprenez-vous, mes frères, la grâce de Dieu sur nous ? Admirons, tressaillons d’allégresse, nous sommes devenus le Christ ; lui, la tête, nous les membres ; l’homme total, lui et nous. Qu’est-ce que la tête et quels sont les membres ? Le Christ et l'Église. Prétention d’un orgueil insensé, si le Christ lui-même n’avait daigné nous promettre cette gloire, quand par la bouche de son apôtre Saint Paul, il a dit : Vous êtes le corps du Christ et ses membres. » (Jean 21, 8-9)

Dès lors, on peut dire que l'Église est la figure terrestre de l'amour du Christ. Et ceci parce que cet amour est le principe même de la vie de l'Église. L'unité des chrétiens découle d'une unité d'être et de vie, qui est la vie même de Dieu communiquée par le Christ. « Seule l'Église, en effet, peut procurer aux personnes une unité d'être, de vie et d'amour, comme celle qui unit les Personnes divines, car, seule elle a pour principe constitutif, pour fondement essentiel de son unité, une personne vivante : le fils de Dieu fait homme, Jésus- Christ ; seule également elle a pour principe constituant pour facteur de cette unité, une autre personne vivante : l'Amour substantiel, l'Esprit de Dieu » (Dom Charles Massabki, Le Christ, rencontre de deux amours, Ed. De la Source).

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Cet amour s'exprime dans le Corps mystique du Christ sous plusieurs formes. D'abord par la vie liturgique et sacramentelle de l'Église qui une perpétuelle continuation de la vie du Sauveur. « L'Église, dans sa vie hiératique, reproduit les états du Dieu incarné : avant d'être imités par les âmes individuelles, les états du Christ sont signifiés et reproduits par les sacrements et la liturgie. Les grâces d'oraison et les états mystiquesnt leur type et leur source dans la vie hiératique de lll'Eglisesont une réfraction, dans les membres, de l'image du Christ qui est parfaite dans le corps » (Humbert Clérissac, le Mystère de l'Église, Dismas). Il s'exprime aussi par la charité qui unit ainsi tous ses membres et qui rejaillit sur l'humanité toute entière : « Et si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui; si un membre est honoré, tous les membres s'en réjouissent avec lui. Vous êtes le corps du Christ, et vous êtes ses membres, chacun pour sa part. Dieu a établi dans l'Église premièrement des apôtres, secondement des prophètes, troisièmement des docteurs, ensuite ceux qui ont les dons (de faire des miracles), de guérir, d'assister, de gouverner, de parler diverses langues. » (1 Co, 12 25-27)

Cette charité n'est pas exclusive et s'étend à tous les hommes. Le Pape Pie XII nous rappelait ainsi, en pleine guerre mondiale, la largeur de l'amour de Dieu : « Le véritable amour de l'Église exige donc non seulement que nous soyons dans le Corps lui-même membres les uns des autres, pleins de mutuelle sollicitude, membres qui doivent se réjouir quand un autre membre est à l'honneur et souffrir avec lui quand il souffre ; mais il exige aussi que, dans les autres hommes non encore unis avec nous dans le Corps de l'Église, nous sachions reconnaître des frères du Christ selon la chair, appelés avec nous au même salut éternel. Sans doute il ne manque pas de gens, hélas ! aujourd'hui surtout, qui vantent orgueilleusement la lutte, la haine et la jalousie comme moyens de soulever, d'exalter la dignité et la force de l'homme. Mais nous, qui discernons avec douleur les fruits lamentables de cette doctrine, suivons notre Roi pacifique, qui nous a enseigné non seulement à aimer ceux qui n'appartiennent pas à la même nation ou à la même origine, mais à chérir nos ennemis eux-mêmes. L'âme pénétrée de la suave doctrine de l'Apôtre des Nations, célébrons avec lui la longueur, la largeur, la hauteur et la profondeur de l'amour du Christ ; amour que la diversité de peuples ou de mœurs ne peut briser, que l'immense étendue de l'océan ne peut diminuer, que les guerres enfin, entreprises pour une cause juste ou injuste, ne peuvent désagréger. »

Aussi, remercions Notre-Seigneur de nous associer ainsi à sa propre vie et soyons dès lors non pas des membres qui se condamnent, par le péché, à devenir des membres morts, mais soyons plutôt par la grâce qui vient de lui, par nos vertus modelées sur les siennes, par notre sainteté qui n’est qu’une participation à la sienne, des membres pleins de vie et de beauté surnaturelle, des membres dont le Christ puisse se glorifier, des membres qui fassent dignement partie de cette société qu’il a voulue « sans ride, ni tache, mais sainte et immaculée ».

Écoutons encore le Pape Pie XII dans sa conclusion de l'Encyclique Mystici Corporis Christi : « Supplions donc la très sainte Mère de tous les membres du Christ, au Cœur immaculé de laquelle Nous avons consacré avec confiance tous les hommes et qui maintenant

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au ciel resplendit dans la gloire de son corps et de son âme et règne avec son Fils, de multiplier ses instances auprès de lui, pour que les plus abondants ruisseaux de grâces découlent sans interruption de la Tête dans tous les membres du Corps mystique et que son patronage très efficace protège l'Église aujourd'hui comme jadis et lui obtienne enfin de Dieu, ainsi qu'à l'universelle communauté humaine, des temps plus tranquilles. »

FRATERNITÉ SAINT PIERRE

BBibliographieibliographie

Mystici Corporis Christi, Pie XII, 29 juin 1943 Le Mystère de l'Église, Humbert Clérissac

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Recevoir l’enseignement de l’Eglise

« M’est avis que le Christ et l’Eglise, c’est tout un. » Sainte Jeanne d’Arc.

Nous sommes membres de l’Eglise, et comme tels, nous recevons d’elle un enseignement. A la différence des sociétés civiles, l’Eglise a, sur ses membres, un pouvoir magistériel et non pas seulement un pouvoir de gouvernement : qu’est-ce donc qu’appartenir à l’Eglise ? Un contrat ? - Plus que cela, un lien vital qui nous greffe sur le Christ pour recevoir la sève vivifiante de la Grâce : « Je suis la vigne, vous êtes les sarments ». Le choix subjectif d’une opinion qui en vaut une autre, parce qu’elle me convient et qu’il faut bien en avoir une ? – Non, encore ; la Foi n’est pas une opinion, mais une adhésion de tout l’être au Christ, « la Voie, la Vérité, et la Vie », et à l’Eglise qui le continue.

Bien recevoir l’enseignement de l’Eglise suppose donc : − une attitude d’âme humble et filiale envers l’Eglise, − une intelligence ouverte à la Vérité et docile à l’enseignement du Magistère, − un cœur droit, prêt aux sacrifices nécessaires pour y conformer sa vie.

I. Une âme filiale envers l’Eglise.

Pour cette partie, nous nous mettons à l’école de l’abbé Berto, « romain jusqu’aux moëlles », dont toute la vie est un témoignage de cette piété filiale envers l’Eglise et le Pontife romain. « Après avoir, à bien des reprises et de bien des manières, parlé jadis à nos pères par les prophètes, Dieu, en ces temps qui sont les derniers, nous a parlé par son Fils... rayonnement de sa gloire et empreinte de sa substance » Hebr.I,1-2. (Messe du Jour de Noël) C’est à l’Eglise que le Christ a confié la Révélation en sa plénitude, comme un trésor sacré à transmettre. Accueillir le message du Christ exige donc de notre part une âme remplie de piété, de déférence et de docilité confiante envers notre Mère la sainte Eglise.

a. Piété pour le mystère de l’Eglise. Notre piété envers l’Eglise est inséparable de celle qui nous unit au Christ : « L’Eglise, c’est Jésus-Christ répandu et communiqué. » Bossuet. Jésus, le fils de Dieu, c’est-à-dire Dieu lui-même, après avoir vécu au milieu des hommes, nous a laissé son Eglise pour continuer Sa présence parmi nous au long des temps, nous transmettre sa Révélation sans altération, nous donner la grâce pour en vivre par ses

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Sacrements et nous guider sur le chemin. Cette mission a été confiée à Pierre et aux Apôtres, et à leurs successeurs. L’enseignement de l’Eglise, c’est la transmission de ce « dépôt sacré » de la Révélation, de génération en génération, jusqu’à la consommation des siècles.

Admiration pour « l’Eglise Epouse glorieuse » « Le Christ, nous dit saint Paul, a aimé l’Eglise et s’est livré lui-même pour elle afin de la sanctifier par Sa Parole, après l’avoir purifiée par le Baptême d’eau, afin de se la présenter à lui-même [comme une fiancée], glorieuse, sans tache ni ride, ni rien de semblable, mais irrépréhensible. » (Eph. V,27) Quel respect, quelle admiration filiale doivent être les nôtres, devant cette « Eglise Mère, toujours jeune, toujours belle, toujours glorieuse, toujours féconde, toujours en noces virginales avec l’Epoux ressuscité », selon les mots de l’abbé Berto ; et il continue : « Que lui importe d’ailleurs, à cette Epouse transcendante, ce que lui demandent ou ne lui demandent pas des hommes d’un jour ou les hommes du jour ? Elle ne prend conseil que de la croix et du Ciel. Le siècle fera ce qui lui plaît ; elle fera ce qui plaît à Dieu… comme elle a toujours fait, comme elle fait, comme elle fera toujours ; c’est son divin caractère que rien n’altérera. » (Notre-Dame de Joie. Correspondance) Et Pie XII : « Notre pieuse Mère brille d’un éclat sans tache dans les sacrements où elle engendre ses fils et les nourrit, dans la foi qu’elle garde toujours à l’abri de toute atteinte, dans les lois très saintes quelle impose à tous et les conseils évangéliques qu’à tous elle propose, enfin dans les grâces célestes et les charismes surnaturels par lesquels elle engendre avec une inlassable fécondité des troupes innombrables de martyrs, de confesseurs et de vierges. » (Mystici Corporis)

L’Eglise reste digne de notre attachement à travers les vicissitudes de son histoire. « Voici que je suis avec vous jusqu’à la consommation des siècles ». Cette promesse de son divin fondateur n’est pas vaine et se vérifie sans interruption tout au long de l’histoire. L’Eglise a connu bien des secousses au cours des âges : d’abord trois siècles de persécutions, puis la crise arienne; plus tard ce seront les scandales de la fin du premier millénaire, le Grand Schisme, etc… Si profonde que soit la crise actuelle, aujourd’hui comme à toutes les époques se vérifient les promesses du Christ à Pierre : « Les portes de l’Enfer ne prévaudront point contre elle. »(Mt.XVI, 18) Elle-même reste ce qu’elle est, fidèle à sa mission et à sa divine constitution : « Après le Concile, … l’Eglise, nous dit encore l’abbé Berto, demeurera le Corps et l’Epouse du Christ, la Mère des âmes, elle continuera à célébrer le sacrifice eucharistique, à distribuer les sacrements. Les évêques continueront à gouverner chacun leur diocèse et, au sommet de la hiérarchie catholique, Pierre dans son successeur, quel qu’il soit, demeurera dans la plénitude de la souveraineté apostolique, n’ayant en ce monde ni supérieur ni égal. Après comme avant le Concile : "Tu es le Rocher et sur ce rocher, Je bâtirai mon Eglise et toutes les forces de l’Enfer ne l’emporteront pas contre Elle." Telle est notre foi d’aujourd’hui, telle sera notre foi de demain, la seule qui puisse sauver le monde de la barbarie, de l’esclavage, de la destruction. » (Le Cénacle et le Jardin) Elle reste la fidèle gardienne et la garante de la Vérité : « L’Eglise ne se déjuge pas, ne se contredit pas, il suffit d’être instruit de ce qu’elle disait hier pour savoir ce qu’elle dira demain. »

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b. Respect envers la hiérarchie. L’Eglise est belle, l’Eglise est sainte, l’Eglise est voulue par le Christ… Et pourtant, concrètement, que d’imperfections, que de misères, que d’abus, que de scandales même ! Oui, malgré tout cela, l’Eglise reste sainte, parce que sa sainteté lui vient du Christ ; elle reste maîtresse de vérité, parce que c’est à Pierre que Notre-Seigneur a promis son assistance et que « là où est Pierre, là est l’Eglise ». Et il n’y a pas d’autre barque que celle-là pour nous sauver (même si le Seigneur a permis des défaillances parmi les Apôtres dès les origines). Ecoutons encore le Père Berto : « C’est le bonheur de l’Eglise, qui lui a été divinement prédit et promis, que toute sa solidité et sa stabilité lui sont communiquées par le Rocher sur lequel elle s’édifie pierre à pierre au long des siècles. Tout ce qui ne consent point à recevoir de lui sa consistance est inconsistant, à recevoir de lui sa forme est difforme ,à recevoir de lui sa règle est déréglé, à recevoir de lui son unité est désuni,… à recevoir de lui sa mesure est démesuré…Telle est la disposition instituée par la Sagesse éternelle et incréée, et toute prétendue sagesse humaine qui prétend substituer une autre disposition à la sienne n’est que folie, folie vouée à la stérilité et à la ruine. » (ibid. p.258-259)

Fidélité aux pasteurs tels qu’ils sont. Ce lien filial s’exprime concrètement par la déférence, le respect envers les membres de la hiérarchie et d’abord envers le Souverain Pontife. Quelles que puissent être leurs limites humaines, voire leurs défaillances, ils sont marqués d’un sceau sacré. Pie XII le rappelle : « Que si l’Eglise manifeste des traces évidentes de la condition de notre humaine faiblesse, il ne faut pas l’attribuer à sa constitution juridique, mais plutôt à ce lamentable penchant au mal des individus, que son divin Fondateur souffre jusque dans les membres les plus élevés de son Corps mystique dans le but d’éprouver la vertu des ouailles et des pasteurs, et de faire croître en tous les mérites de la foi chrétienne. » L’appartenance à l’Eglise visible, la « dépendance juridique envers la Hiérarchie, envers le Hiérarque suprême » n’est pas seulement un lien juridique, mais « est participation vitale au Corps Mystique dont le Christ est la Tête invisible et le Pape la tête visible. » (ibid.) Il n’y a pas d’opposition entre l’Eglise « officielle » et la fidélité à l’Evangile.

Souffrir avec l’Eglise. Tout n’est pas parfait ? - Certes. Selon le mot du père Clérissac, il faut savoir souffrir « non seulement pour l’Eglise, mais aussi par l’Eglise ». Pourquoi ? « S’il y a quelque vérité dans cette parole, c’est que nous avons parfois besoin d’être traités fortement, d’être tenus dans l’ombre, le silence et toutes les apparences de la disgrâce, et peut-être pour n’avoir pas assez saintement profité des faveurs et des avances de l’Eglise en d’autres temps. » (Humbert Clérissac o.p., Le Mystère de l’Eglise, ch.7). Ici, point de révolte ; point non plus de remise en cause. L’Abbé Berto, profondément blessé d’avoir vu « dans Rome même », la romanité « foulée aux pieds, tournée en dérision », écrivait à un enfant : « Il y a à Rome des personnes qui n’aiment ni la Sainte Vierge,ni le Pape, comme j’ai appris à les aimer, et comme je vous apprends à les aimer…Moi je dis que cette Eglise-là ne serait plus l’Eglise, qu’on ne peut trop aimer la Sainte Vierge, que le Pape seul est le Rocher de l’Eglise, enfin tout ce que tu sais depuis ta première enfance". Mais il ajoutait : "Cela ne peut durer toujours, ni longtemps. Ecrasée, étouffée, la romanité est immortelle. »

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c. Docilité aimante envers l’Eglise Mère. Comme une bonne mère, l’Eglise enseigne, et entend faire respecter ses exigences. « Devant la parole du Pape, nous dit le futur saint Pie X, il n’y a pas à examiner, mais à obéir. On ne doit pas mesurer si le commandement est grand ou difficile, chicaner sur le sens des mots, ni peser les jugements, ni discuter les ordres : ce serait faire injure directe à Jésus- Christ. Toute la force de l’Eglise est dans le Pape. » Mais la Mère Eglise sait combler ses fils fidèles : « Je l’ai vu de mes yeux et touché de mes mains : à Rome, il n’y a pas de bureaux. Il y a la Mère Eglise, à la fois toute majesté et toute douceur. Ah ! C’est inexprimable. On se sent tout petit et le dernier des derniers, et on a l’émerveillement d’être écouté comme si on était le premier des premiers, sous la seule condition, si facile, qu’on soit d’abord un enfant , et qu’on soit à genoux. » (V.A. Berto, ibid) Docilité et humilité : « Il faut aller pas à pas et adhérer de bon cœur aux mesures prises par l’Eglise, qui cherche à la fois à satisfaire la vraie piété et à éviter la fantaisie. Il faut se laisser éprouver par elle ; quand elle est sûre de l’esprit filial, de la docilité, qu’il n’y a pas d’entêtement ni de bizarrerie, il est sans exemple qu’elle soit sévère. Qu’on ne se croie pas plus sage qu’elle, c’est tout de même la moindre des choses ; or, au fond, elle n’en demande pas davantage, et celui qui croit et confesse qu’elle est plus sage que lui, elle l’aime et même elle le gâte. Soyez donc parfaitement tranquille ; ne mettant aucune réserve dans votre amour filial pour l’Eglise, l’Eglise ne mettra aucune réserve dans son amour maternel pour vous. » (V.A. Berto, Notre-Dame de Joie)

Humilité et vérité. S’il peut être juste et bienfaisant de reconnaître ses torts pour apaiser les blessures causées au prochain, sachons aussi être fiers de notre Mère la sainte Eglise, avec son glorieux cortège d’Apôtres et de martyrs, de confesseurs, de vierges et d’époux fidèles, avec les splendeurs de sa liturgie, la musique sacrée et les chefs d’œuvre de l’art chrétien; les expéditions héroïques pour porter l’Evangile sous les Tropiques ou dans les glaces du Grand Nord ; les œuvres de toute sorte, depuis l’aide portée aux misères les plus rebutantes (Saint Vincent de Paul, Mère Teresa, le père Damien chez les lépreux, etc.) jusqu’aux sommets de l’art et de la théologie, jusqu’à l’imprégnation chrétienne de toute notre culture occidentale. C’est à Pierre que cette Eglise a été confiée et notre esprit filial envers l’Eglise s’incarne dans notre confiance envers la personne du Pape régnant, confiance qui doit s’étendre jusqu’à ses options actuelles. Par lui, à travers lui, c’est Jésus qui s’adresse à nous. Le Christ n’est plus visiblement parmi nous, mais le successeur de Pierre tient sa place, guidé par le Saint-Esprit, gardé par la prière et les promesses du Fils de Dieu. On peut voir à Rome, une représentation du pape saint Grégoire le Grand avec, sur son épaule, une colombe qui lui parle à l’oreille : gracieuse image de l’Esprit-Saint inspirant le Souverain Pontife. A priori, Dieu nous parle par les ministres actuellement en charge, malgré leurs éventuelles pauvretés humaines, spirituelles, culturelles… ce qui appelle de notre part une attitude réceptive et bienveillante. Sainte Catherine de Sienne, investie pourtant de la mission exceptionnelle d’avertir le Pape de son temps, le nomme « le doux Christ en terre », et rappelle fermement le respect et l’obéissance qui lui sont dus. Pour nous, qui, dans le souci de rester fidèles, exerçons notre esprit critique sur des déviations et défaillances -trop souvent bien réelles-, sachons voir aussi les merveilles accomplies par la grâce, même de nos jours : les exemples de fidélité et de sainteté dans tous les états de vie, le bien accompli au prix de tant d’efforts et de tant d’obstacles surmontés. Et s’il nous est donné de pouvoir admirer la compétence, le savoir-faire, la piété, voire la

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sainteté, de tel évêque ou du Souverain Pontife, alors, rendons grâce à Dieu ! Ces dispositions d’une âme filiale, toute imprégnée de foi, de confiance, d’humilité, sont nécessaires pour ouvrir notre intelligence à l’enseignement de l’Eglise.

II. Une intelligence formée par l’Eglise

a. Avoir soif de la Vérité. ‘La Vérité vous rendra libres’. La Vérité existe objectivement, indépendamment de la perception que nous en avons, comme nous le rappelle le Pape Benoît XVI en nous mettant en garde contre le subjectivisme et le relativisme contemporains. La prendre telle qu’elle est, voilà l’humilité première, nécessaire à l’intelligence qui accepte le réel et reçoit dans la Foi la Révélation de Celui qui a dit : « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie ». Au Moyen Age, vivait en Italie un petit garçon qui, du haut de ses six ans, demandait aux bénédictins du Mont-Cassin chargés de son éducation : « Qu’est-ce que Dieu ? » Cette question, le jeune Thomas d’Aquin continuera à se la poser à toutes les étapes de sa formation et consacrera sa vie à y répondre, dans une quête inlassable de la Vérité. Avec quelle ardeur ! et au prix de quel écrasant labeur ! Remontant toujours aux sources, aux causes les plus profondes et les plus intemporelles, il a laissé à l’Eglise un enseignement où se trouvent en germe les réponses à des problèmes qui ne se poseront que bien après lui. Son exemple même nous délivre un double message : le premier, c’est que la connaissance de la vérité ne s’acquiert qu’au prix d’un travail assidu – et la simple vue du volume total de son œuvre est éloquente à cet égard ! Le second, c’est l’exigence et la droiture d’un esprit qui n’accepte que des vérités éprouvées, puisées aux sources de la tradition de l’Eglise, appuyées sur des autorités incontestables, fondées sur des arguments solides. Nous ne sommes pas saint Thomas ? Certes, mais à notre humble mesure, travaillons, sans négliger de remonter aux sources. Cultivons ce désir de nous instruire des vérités divines. Après tout, notre Foi n’est-elle pas le motif dernier le plus profond des choix -difficiles parfois- que nous faisons pour notre vie ? Il est important de ne pas en rester à des approximations, parfois lourdes de conséquences ; et n’admettons pas certaines imprécisions de langage qui véhiculent des idées inexactes : à force de les employer, on finit par se convaincre de leur contenu… Approfondir les raisons de nos orientations fondamentales leur donne leur portée réelle et permet de les éclairer, de les nuancer parfois et de les consolider toujours.

b. L’enseignement de l’Eglise est pour tous. Cet idéal qui peut paraître élevé, est pourtant accessible à tous. Ne disons pas que la doctrine est réservée aux « spécialistes », aux prêtres, aux théologiens. Recevoir l’enseignement de l’Eglise est le fait de tout chrétien : tout enfant qui apprend correctement les bases du catéchisme fait déjà de la théologie sans le savoir, comme M. Jourdain faisait de la prose ; et la Foi, reçue au Baptême, a besoin, pour se fortifier, de se nourrir de prière, certes, mais aussi de l’étude de la doctrine, à un niveau proportionné à son degré de culture intellectuelle : comment la religion pourrait-elle être prise au sérieux par des esprits très cultivés et très compétents dans d’autres domaines, et leur servir de guide, si leurs connaissances religieuses sont restées à un niveau élémentaire ?

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« Laissez venir à moi les petits enfants ». Il n’en est pas moins vrai que cette première formation reçue dans l’enfance est fondamentale et indispensable, avec l’étude systématique du catéchisme dont les formules précises, apprises par cœur, constituent de précieux points de référence ensuite ; première formation à la prière et à la vie sous le regard de Dieu dont l’empreinte est souvent décisive pour la vie : pensons à tant de saintes mères qui ont formé de grands saints : sainte Monique, mère de saint Augustin, sainte Aleth, mère de saint Bernard, la bienheureuse Jeanne d’Asa, mère de saint Dominique, les Bienheureux Louis et Zélie Martin, parents de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus ; d’autres qui ne sont pas sur les autels mais dont le comportement profondément chrétien a marqué leurs enfants, la mère de Don Bosco, celle de saint Pie X, etc. Les parents, premiers maîtres de leurs enfants, devront avoir reçu eux-mêmes auparavant ce qu’ils ont à transmettre. Et ces premiers fondements, s’ils sont nécessaires, ne dispensent pas d’une étude plus approfondie à la mesure des capacités de chacun. La formation doit s’appuyer sur les textes du Magistère, reçus avec objectivité : « Ne faisons pas dire au Pape ce qu’il ne dit pas, ne lui faisons pas ne pas dire ce qu’il dit, ne lui faisons pas dire ce qu’il dit autrement qu’il ne le dit Est, est ; non, non : Ce qui est est, ce qui n’est pas n’est pas. » (P.Berto, Le Cénacle et le Jardin, p.194)

c. Puiser aux "sources d’eau vive". Concrètement, où trouver cet enseignement ? D’abord dans les sources que nous offre l’Eglise : S’il est bon et souhaitable d’avoir un contact direct avec l’Ecriture Sainte, au moins les Evangiles, de bons commentaires sont utiles pour en saisir exactement le ‘message’. Il en existe d’accessibles, même sans formation proprement théologique, comme, par exemple, les ouvrages de Dom Delatte, Le mystère de Jésus du Père Bernard, Jésus de Nazareth de Benoît XVI… La Liturgie, par ses textes et ses rites, nous enseigne et nourrit notre méditation. Son utilisation des textes scripturaires, dans telle ou telle circonstance, jette une lumière riche de sens sur le passage cité, soulignée de façon privilégiée par le chant grégorien. Les textes officiellement promulgués par l’Eglise sont évidemment les sources- références : actes des Papes et des Conciles, encycliques, enseignements pontificaux –il en existe une édition claire et accessible, par thèmes, faite par les moines de Solesmes. Le Catéchisme de l’Eglise Catholique, sous une forme moins austère que les catéchismes de jadis, présente une synthèse des vérités de Foi, mises en rapport avec leurs sources, accompagnée de citations des Pères de l’Eglise, d’éléments de spiritualité, d’éclairages pour des problèmes contemporains ; dans le Compendium qui en est l’abrégé, ont été insérées des illustrations en rapport avec l’exposé, montrant que l’on peut s’appuyer sur les trésors de l’iconographie chrétienne pour la méditation et la transmission de la Foi, comme l’explique le Pape Benoît XVI dans la préface. Signalons enfin que certains textes pontificaux récents présentent des mises au point très claires sur des problèmes actuels. (cf. zenit.org) Donner la préférence aux Docteurs de l’Eglise, et aux auteurs recommandés par elle, -tels l’Imitation de Jésus-Christ, saint François de Sales, le bienheureux dom Marmion, dom Chautard, le cardinal Schönborn… exemples choisis parmi les plus accessibles- plutôt qu’à ceux qui attirent par leur originalité ou par des révélations inédites. Les exemples des saints, martyrs de tous les temps, saints reconnus par l’Eglise, des origines jusqu’à nos jours -les nombreux saints béatifiés ou canonisés au cours des dernières

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décennies- soulignent que la sainteté se trouve en tous temps, en tous lieux et dans tous les états de vie. Parmi les ouvrages récents, il en est de bons et même d’excellents. La fréquentation de l’enseignement de l’Eglise, puisé à ses sources, nous aidera à faire le tri ; car l’enseignement du Christ, c’est l’Eglise qui en est la gardienne et la garante. Une âme de Vérité est d’abord une âme d’Eglise.

III. Recevoir l’enseignement de l’Eglise, c’est en vivrvivre.

Le contenu de notre foi, enseigné par l’Eglise, plus qu’un bagage de connaissances théoriques, est une lumière qui doit tout naturellement s’épanouir en fruits de conversion et de sanctification dans toute notre vie. Pour l’accueillir, il faut un cœur ouvert.

a. Un cœur ouvert à la foi. La foi requiert droiture et pureté de cœur.

Droiture La foi est un don de Dieu, que l’on accueille ; mais un don qui demande, pour se développer, un cœur droit, prêt à être transformé et à y conformer sa vie… et sa pensée. Ainsi en fut-il pour Paul Claudel, venu assister aux Vêpres de Noël à Notre-Dame de Paris, dans les dispositions d’un dilettante, et converti en un instant. Mais quelles luttes ensuite, pour dépouiller le vieil homme et accomplir ce qu’il appellera lui-même « l’évangélisation progressive » de tous les cantons de son âme ! Aussi de Pierre Van der Meer de Walcheren, cet écrivain hollandais qui connaît, déjà, au début du XXe siècle, le tourment du désespoir, et du Père Alphonse Ratisbonne, et d' ; et de tant d’autres, certains, plus récents, rescapés de la drogue et d’autres désordres…: tous ont dû ouvrir leur cœur à la grâce, ce qui est en même temps accepter ses exigences. Mais combien d’autres, hélas! tout proches de la Foi, ne franchissent jamais le pas, arrêtés par tel point de doctrine, ou par telle exigence morale?

Un cœur purifié Ecoutons Sainte Catherine de Sienne : « C’est pour l’amour de vous et en haine du péché qu’est mort mon Fils unique, en répandant pour vous tout son sang… Il faut tout d’abord, vous purifier par la contrition du cœur et la détestation du péché, et par l’amour de la vertu, avant de recevoir le prix du Sang. Vous ne le pourriez recevoir si vous ne vous disposiez pas à devenir de bons rameaux unis au cep de la vigne, mon Fils unique. » Plus l’âme sera purifiée et délicate, tel un beau cristal, plus elle sera transparente à la Lumière fortifiante de l’Evangile et par là-même, mieux disposée à recevoir l’enseignement de l’Eglise. Il est des attachements, des passions, qui obscurcissent l’esprit et le rendent inapte à saisir les plus hautes vérités. C’est l’aveu même de saint Augustin, converti après des années de vie dans l’erreur et le désordre moral. A l’inverse, pensons à saint Thomas d’Aquin, d’une pureté et d’une droiture si exigeantes, allant prier auprès du Saint-Sacrement, la tête tout près du tabernacle, pour trouver telle solution qui lui manquait. Cette pureté de cœur a tant de prix aux yeux de Dieu qu’il lui arrive d’accorder à des âmes, unies à Lui et préoccupées d’accomplir sa Volonté, une sagesse sans commune mesure avec leur degré d’instruction : à sainte Jeanne d’Arc répondant à ses juges, à sainte Catherine

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de Sienne, s’adressant au pape de son temps, à sainte Thérèse de Lisieux, toute jeune dans son Carmel normand et dont la voix résonne encore universellement. Ce sont les âmes pures, les âmes de prière, « désencombrées » de mille futilités absorbantes, qui sont les plus aptes à recevoir la doctrine de l’Evangile (cf. la parabole du Semeur) dont l’Eglise est la dépositaire.

b. « Conformer sa vie au Christ » « Le Baptême pose en nous une exigence de sainteté ». Comme nous le rappelle ici le Catéchisme de l’Eglise Catholique, l’adhésion à la foi et à l’enseignement de l’Eglise engage tout notre être. Il y a une cohérence nécessaire entre ce que nous croyons et la manière dont nous vivons. Les rappels récents et répétés du Pape Benoît XVI concernant la chasteté avant le mariage, la contraception, une véritable écologie, l’engagement des chrétiens dans la cité…- pour ne citer que quelques points- sont significatifs à cet égard.

Rayonner Mais cette fidélité, pour être parfaite, doit rayonner. Notre-Seigneur a demandé à ses Apôtres de diffuser partout la foi. « Allez, enseignez toutes les nations, baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit… » Cet élan missionnaire doit être celui de chacun de nous. Si certains partent au loin pour annoncer le Christ, la plupart d’entre nous ont à exercer leur apostolat sur leur prochain le plus proche. L’apostolat est œuvre de formation : catéchisme, étude de la doctrine, discussions ; il est aussi combat « pour que , pour que chrétienté continue », et pour qu’il reste possible aux chrétiens de vivre selon la loi et l’enseignement divins ; mais le premier témoignage, le plus fort et le plus efficace à la portée de tous, est l’exemple.

L’exemple est la première prédication. L’exemple entraîne et encourage. A lui seul, il constitue déjà une prédication efficace pour toucher les cœurs. Des premiers chrétiens, on disait : « Voyez comme ils s’aiment ! » De saint Vincent de Paul : « Comme Dieu doit être bon, puisque Monsieur Vincent est si bon ! » Notre-Seigneur lui-même nous engage sur cette voie : « Je vous ai donné l’exemple pour que vous fassiez comme j’ai fait. » Et quel exemple ! Après avoir passé trente années de sa vie terrestre dans une condition modeste, nous donnant l’exemple de la fidélité cachée aux tâches modestes de la vie quotidienne, le Fils de Dieu incarné sort de l’obscurité pour une vie publique d’à peine trois ans terminée par la Passion. Au-delà de son efficacité visible, l’exemple est source de grâces, comme le confirment les exemples des saints. On a pu dire des martyrs des premiers siècles : « Sanguis martyrum, semen christianorum »; le sang des martyrs est semence de chrétiens. Et après eux bien des âmes fidèles peuvent en témoigner : comme sainte Clotilde auprès de son époux Clovis, sainte Monique près de son fils saint Augustin, ainsi l’exemple des pères et des mères, leurs prières, leurs larmes parfois, sont semences de grâces pour leurs enfants. « Les âmes s’allument les unes aux autres ». Saint Dominique, arpentant les routes du Languedoc pour convertir les Albigeois, faisait autant, en donnant l’exemple de la pauvreté évangélique et en suppliant Dieu pour le salut des pécheurs, que par l’ardeur de sa parole. L’enseignement de l’Eglise, bien reçu et bien vécu, est un flambeau qui rayonne et éclaire autour de lui.

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Conclusion : "Courage, j’ai vaincu le monde !"

Le christianisme n’a jamais été au goût du jour ; les chrétiens ressemblent aux truites qui nagent en remontant le courant, et particulièrement en notre temps où les progrès scientifiques ont créé des problèmes nouveaux, où les sollicitations contraires à la morale élémentaires vont se multipliant. Mais Jésus nous dit : « Venez à moi, vous tous qui ployez sous la charge et les soucis, et je vous soulagerai », et encore : « Courage, j’ai vaincu le monde ». Après lui, l’Eglise par la voix du Pasteur suprême, nous dit : « N’ayez pas peur ! » et répond? au fur et à mesure? aux besoins des temps, puisant dans les principes de sa doctrine les réponses aux questions du présent. les enseignements des Papes des 150 dernières années, sur toutes sortes de sujets, jusqu’aux textes les plus récents en témoignent. Le XXe siècle nous fournit de nombreux exemples de chrétiens qui ont su rester fidèles au prix de très lourds sacrifices : saint Maximilien Kolbe, s’offrant à la mort à la place d’un autre prisonnier dans un camp de concentration ; Mgr Nguyen Van Thuan, persécuté par les communistes ; sainte Jeanne Beretta Molla, qui a préféré mourir plutôt que d’accepter une intervention médicale qui aurait tué l’enfant qu’elle portait..., et tant d’autres. Accueillir l’enseignement de l’Eglise avec toutes ses conséquences est une voie exigeante. Ces chrétiens, courageux et fidèles, nous montrent qu’avec l’aide toute-puissante de la grâce divine, c’est possible. « Je peux tout en celui qui me fortifie », dit saint Paul. Et nous ? L’esprit évangélique est joie et liberté, mais aussi accueil de la Croix, renoncement, mortification, qui s’opposent à la mondanité, à la recherche systématique du confort -savoir discipliner l’usage que nous faisons de l’audio-visuel et d’internet, de certaines commodités qui ne sont pas indispensables. (Sur l’accueil de la croix et sa signification, on peut relire les sermons du Pape Benoît XVI à Lourdes en septembre 2008.) Cette maîtrise personnelle nous armera pour faire face aux difficultés. Armés du « bouclier de la Foi », enflammés de l’Amour de Dieu, nous pourrons faire face aux situations souvent difficiles qui se présentent et poursuivre droitement le chemin, avec la lumière et la force du Saint-Esprit. En ce jour (de Pentecôte), rappelons que depuis la première Pentecôte, nous vivons dans le dernier âge du monde, le temps du Saint-Esprit ; il n’y aura pas de Nouvel Age, pas de nouvelle Pentecôte. "Dans ces temps qui sont les derniers", nous sommes bénéficiaires de la plénitude de la Révélation et de la grâce. Si Dieu est avec nous, qui pourrions-nous craindre ? Que Notre-Dame nous soutienne et nous guide au long de notre route !

DOMINICAINES DU SAINT-ESPRIT

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L’enseignement de l’Eglise au risque du monde

L’enseignement de l’Eglise confronté au magistère du monde commence par un baptême de sang. Celui des premiers martyrs refusant soit les faux dieux soit le compromis avec le monde, ce qui revient au même : « Il y a 2000 ans, on avait déjà entrepris sur les rivages de la Méditerranée l’édification d’une sorte de Panthéon. Les chrétiens étaient cordialement invités à y faire entrer une statue de Jésus qui aurait côtoyé celle de Jupiter, de Mithra, d’Osiris, d’Attis ou d’Ammon. Le refus des chrétiens est le pivot de l’histoire… Nul ne peut comprendre le mystère de l’Eglise, nul n’est au diapason de la foi des premiers âges, qui ne mesure que le monde fut alors bien près de périr dans la fraternisation et la compréhension mutuelle de toutes les religions » (Chesterton).

Le pivot de l’histoire

Tout est dit : ce refus-pivot de l’histoire permettra en revanche Constantin, puis le baptême des nations et plus largement la chrétienté. L’enseignement de l’Eglise face au monde ne supporte pas moralement et politiquement trente six solutions : il faut qu’Il règne ! Selon le mode propre de Son Royaume. Ou bien cela donne (progressivement) la chrétienté (non sans trébuchements historiques) sous la double et unique loi de Dieu (les dix commandements de la loi naturelle et les huit béatitudes de la loi d’Amour) ; ou bien c’est la persécution (plus ou moins ouverte ou sournoise) des chrétiens. La solution médiane du compromis mondain est un leurre qui est une grosse tentation présente (laïcité ouverte ou positive) sous l’apparence du bien, analogue à celle des premiers chrétiens. Louis Veuillot fait également le rapprochement : « Notre histoire est le récit du triomphe de Dieu par la vérité désarmée de toute politique humaine à l’égard des princes et à l’égard du monde. Les païens étaient libéraux. Ils ont beaucoup voulu s’arranger avec l’Eglise. Ils ne lui demandaient que d’avilir un peu son Christ et de le faire descendre au rang particulier de divin. Alors le culte aurait été libre ; Jésus aurait eu des temples comme Orphée et comme Esculape, et les païens eux-mêmes, reconnaissant sa philosophie supérieure, l’auraient adoré. »

Une tentation sous l’apparence du mieux

La tentation s’est souvent reproduite dans notre histoire catholique de « s’ouvrir au monde » plutôt que de lui résister et le convertir, car c’est bien lui, en définitive, qui doit s’ouvrir à l’Eglise (comme le monde de Constantin ou celui de Clovis) et non l’inverse. Ce fut le risque notamment avec les prétendues « Lumières » du XVIIIe siècle, l’humanisme du XVIe siècle ou encore celui de l’arianisme. Citons toujours Chesterton : « L’arianisme avait toute apparence humaine d’être la forme naturelle sous laquelle on pouvait prévoir la

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disparition progressive de la superstition constantinienne. La foi était devenue une chose respectable, puis une chose rituelle. Elle s’était ensuite transformée en une chose rationnelle : et les rationalistes étaient prêts à en effacer les derniers vestiges, tout à fait comme à présent. Lorsque le christianisme reparut soudain et les renversa, ce fut presque aussi inattendu que l’apparition du Christ ressuscité des morts. »

Vivre notre temporel en chrétienté

Aujourd’hui, les nouveaux laïcistes (comme les anciens païens) n’empêchent pas de croire en Jésus-Christ, mais à la condition d’y croire seulement comme une opinion subjective, aussi respectable et aussi contestable que les opinions différentes ou contraires. C’est la condition paradoxalement dogmatique du pluralisme laïciste, à laquelle se plie aujourd’hui trop souvent une partie du clergé en aliénant la foi, sacrifiant à cette nouvelle idole profane du relativisme ou du sécularisme. Tel n’est pas l’enseignement de l’Eglise et sa pratique missionnaire constante. L’Eglise est une communauté (nécessaire à notre salut) qui agit (sur)naturellement dans la communauté politique en chrétienté (sacrale et non profane), sinon en contre-société ou contre-culture (en vue de la chrétienté) : « L’Eglise n’a pas pour tâche de faire du monde le Royaume, mais d’être fidèle au Royaume en montrant au monde ce qu’est une communauté de paix » (Hauerwas). On ne demande pas aux chrétiens d’éviter le désaccord avec le monde (qui passe) mais d’être fidèles à l’appel du Christ Roi, quoiqu’il en coûte, au risque de la dissidence, voire du martyre. C’est aussi la leçon de Péguy que Jean Madiran résume à sa manière : « Car mon jeune camarade, c’est un grand mystère, il ne suffit pas d’avoir la foi. Nous sommes faits pour vivre notre temporel en chrétienté. Ailleurs quand ce n’est pas le martyre physique, ce sont les âmes qui n’arrivent plus à respirer. »

Une minorité créative

Dans un monde apostat et de plus en plus sécularisé, la question se pose de savoir comment vivre l’enseignement de l’Eglise. Les premiers chrétiens précisément nous donnent l’exemple. Se reporter à l’épître à Diognète, avec l’héritage en plus. C’est ce qu’on peut appeler un « sain et légitime communautarisme » (d’ouverture) ou ce que Benoît XVI nomme une « minorité créative » : « Je dirais que normalement ce sont les minorités créatives qui déterminent l’avenir et en ce sens l’Eglise catholique doit se sentir comme une minorité créative qui possède un héritage de valeurs qui ne sont pas des choses du passé, mais qui sont une réalité vivante et actuelle. L’Eglise doit actualiser, être présente dans le débat public, dans notre lutte pour un concept véritable de liberté et de paix… »

Les deux étendards

On a vu comment, lors du voyage du Pape en Afrique, cette lutte, dans le contexte mondialiste de la culture de mort, fait parfois irrésistiblement penser à la méditation sur les deux étendards dans les exercices spirituels de saint Ignace : « l’un de Jésus-Christ, notre chef souverain et notre Seigneur ; l’autre de Lucifer, ennemi mortel de la nature humaine ». Car c’est bien de cela qu’il est question aussi dans la confrontation du magistère de l’Eglise

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avec celui du monde, dont il ne faudrait pas oublier le Prince qui le hante : « Deux amours ont bâti deux cités, l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu : la cité de la terre, l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi : la Cité de Dieu » (saint Augustin). C’est la raison pour laquelle la présence de l’Eglise en ce monde, dans le nécessaire débat public, ne peut se situer au sein de son Panthéon moderne ou même à son seuil où on l’invite toujours à faire un premier pas. Mais forcément hors du compromis avec le monde, au seul niveau où elle peut espérer le faire (re)naître à une nouvelle vie, c’est-à-dire le convertir par la grâce de la Résurrection : « Stat Crux dum volvitur orbis » (La Croix demeure tandis que le monde tourne) selon la devise des chartreux.

Le propre de l’amitié chrétienne

La question n’est pas d’être efficace à l’intérieur (de la majorité dominante) et inefficace à l’extérieur (comme nous le chante une volonté obsessionnelle d’inculturer la modernité). Ou l’inverse. Elle est d’être (efficacement si possible !) partout, dedans et dehors, mais comme il convient : dans les limites du droit naturel et chrétien, dans ce monde mais non de ce monde. Sans compromission ni dialectique. Elle est de témoigner par-dessus tout d’une amitié chrétienne surnaturelle, prioritaire, cohérente et solidaire temporellement. Au service de la vérité et de la charité, ennemie du mensonge et de la division. Une amitié priante au service du vrai, qui est connaturelle avec l’amitié politique au service du bien commun, dans ses collaborations comme dans ses résistances et ses refus nécessaires (points non négociables). Même dans sa dissidence, le communautarisme catholique se vit, non pas comme un désengagement, mais comme une présence totale à ce qui se fait dans son pays ainsi que dans le monde. Sa force est précisément dans cette présence homogène et missionnaire, comme l’avaient bien compris les premiers chrétiens ou leurs héritiers spirituels de l’Eglise du silence. Il faut que France et chrétienté ressuscitent : demain la chrétienté !

RÉMI FONTAINE

BBibliographieibliographie - Politique et morale, éléments de philosophie chrétienne. DMM. - La laïcité dans tous ses débats, christianisme et laïcisme en dix cas d’école. Editions de Paris. - Le communautarisme est-il un péché ? Editions Via Romana. - Le livre noir (et blanc) des évêques de France. Editions Renaissance catholique.

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

EXEXTRAITSTRAITS ETET CITATIONSCITATIONS

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Mourir à soi-même

Amen, amen, je te le dis : personne, à moins de renaître, ne peut voir le règne de Dieu.

EVANGILE SELON SAINT JEAN 3, 1-21

Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive.

EVANGILE SELON SAINT MARC 8,34

Mon fils, Vous ne pouvez jouir d’une parfaite liberté, si vous ne vous renoncez entièrement vous-même. Ceux qui gardent un esprit de propriété, qui s’aiment eux-mêmes, qui sont avides, curieux, inquiets, cherchant leurs aises préférablement à Jésus Christ, sont autant d’esclaves. Ils forment souvent des projets qui n’ont point d’exécution : car tout ce qui ne vient pas de Dieu se réduit à rien. Retenez bien ce mot court et plein de sens : quittez tout et vous trouverez tout. Renoncez à vos convoitises et vous trouverez le repos.

IMITATION DE JÉSUS CHRIST

LIV III, CHAPITRE 32

Parce que la grâce vient de Dieu, elle n’est donnée qu’à un cœur détaché de tout ce qui n’est pas Dieu. (…) La victoire parfaite, c’est de triompher de soi-même.

IMITATION DE JÉSUS-CHRIST

LIV. III, CH. 53.

Quand, dans l’obéissance, l’homme sort de lui-même et renonce à sa volonté propre, Dieu doit nécessairement entrer en lui.

MAÎTRE ECKHART

CONSEILS SPIRITUELS – XIIÈME SIÈCLE

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

La perfection et la valeur des actes, ne viennent pas de leur multiplicité, mais de la science du renoncement à soi-même. C’est à ce renoncement que l’on doit s’appliquer autant que possible, jusqu’à ce que Dieu daigne entreprendre lui-même la purification de l’âme.

SAINT JEAN DE LA CROIX,

NUIT OBSCURE, LIV. I, CH. VI

On n’acquiert pas la perfection en croisant les bras; il faut travailler à bon escient à se dompter soi-même et à vivre selon la raison, la Règle et l’obéissance, et non pas selon les inclinations que nous avons apportées du monde. La Religion tolère bien que vous apportiez vos mauvaises habitudes, passions et inclinations, mais non pas que vous viviez selon icelles. Elle vous donne des Règles pour servir à vos cœurs de pressoirs, pour en faire sortir tout ce qui est contraire à Dieu : vivez donc courageusement selon icelles et vous serez bienheureuses.

SAINT FRANÇOIS DE SALES

21ÈME ENTRETIEN

Ne pensez pas au monde. Laissez-le avec ses honneurs et ses vanités qui bientôt se passeront. Pensez seulement à plaire à Dieu et sauver vos âmes et ne vous inquiétez point des choses auxquelles vous ne pouvez remédier. Il faut se tenir sur ses gardes. Qu’avons-nous à faire, sinon de tendre à Dieu.

BIENHEUREUSE FRANÇOISE D’AMBOISE

CARMÉLITE, XVÈME SIÈCLE

La religion de Jésus-Christ est une religion de renoncement, de mort à soi même de crucifiement ; mais elle mène à la vraie vie, à la béatitude. Pour le chrétien la vie présente est l’épreuve, le point de départ ; le ciel, le point d’arrivée, la récompense. Tel est le plan divin, la joie par les larmes, la vie par la mort, la bienheureuse immortalité par le mépris de ce qui se passe.

SAINT CURE D’ARS

Je serais prête à renoncer à ma vie plutôt qu’à ma foi… L’absence de la foi résulte de l’égoïsme et de l’amour du gain personnel. La foi, pour être véritable, doit être un amour qui donne. Amour et foi vont de pair. Ils ont besoin l’un de l’autre.

BIENHEUREUSE MÈRE TÉRÉSA

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Ainsi donc, si nous passons notre vie à essayer de fuir la chaleur du feu qui doit nous adoucir et nous préparer à être vraiment nous-mêmes, si nous essayons d’empêcher notre substance de fondre dans le feu – comme si notre identité véritable devait être semblable à une cire dure- le sceau, en tombant finalement sur nous, nous écrasera. Nous n’aurons ni notre vrai nom, ni notre véritable physionomie, et l’événement qui devait être le couronnement de notre destinée sera notre destruction.

THOMAS MERTON

NOUVELLES SEMENCES DE CONTEMPLATION

Nos vrais ennemis sont en nous-mêmes.

BOSSUET

ORAISON FUNÈBRE DE MARIE-THÉRÈSE, REINE DE FRANCE

Il est toujours excellent de savoir qu’on n’est rien par soi-même, qu’on est absoulument pauvre et dénué, tant qu’on n’a pas fait la place nette pour que Dieu s’y installe. On n’a jamais rien à offrir à Dieu que ce que Lui-même nous a donné.

ANDRÉ CHARLIER

LETTRES AUX CAPITAINES

Dieu et l’âme font en commun une œuvre dont le succès, tout en dépendant entièrement de l’action du divin ouvrir, ne peut être compromis que par l’infidélité de l’âme. S’abandonner ! Tel est le grand devoir qui reste à remplir, après s’être acquitté fidèlement de toutes les obligations de son état. La perfection avec laquelle ce grand devoir sera accompli sera la mesure de la sainteté. Une âme saint n’est qu’en âme librement soumis à la volonté divine avec l’aide de la grâce. Tout ce qui suit le pur acquiescement est l’ouvrage de Dieu et non pas de l’ouvrage de l’homme.

PÈRE DE CAUSSADE (1675-1751)

L’ABANDON À LA PROVIDENCE DIVINE

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Notre pèlerinage

Mon vieux, j’ai senti que c’était grave… J’ai fait un pèlerinage à Chartres… J’ai fait 144 kms en trois jours… On voit les cloches de Chartres à 17 km sur la plaine… Dès que je l’ai vu, ça a été une extase. Je ne sentais plus rien, ni la fatigue, ni mes pieds. Toutes mes impuretés sont tombées d’un seul coup, j’étais un autre homme. J’ai prié une heure dans la cathédrale le samedi soir ; j’ai prié une heure le dimanche matin avant la grand’messe… J’ai prié comme je n’avais jamais prié, j’ai pu prier pour mes ennemis… Mon gosse est sauvé, je les ai donnés tous trois à Notre-Dame. Moi, je ne peux pas m’occuper de tout… Mes petits ne sont pas baptisés. A la Sainte Vierge de s’en occuper. [la femme de Péguy acceptera le baptême quelques temps plus tard…].

CHARLES PÉGUY

LETTRE À SON AMI LOTTE

L’ensemble de l’Europe s’est retrouvé autour de la « mémoire » de saint Jacques, au cours des siècles mêmes où elle s’édifiait comme un continent homogène et spirituellement uni. Pour cela, Goethe insinuera que la conscience de l’Europe est née en pérégrinant.

Le pèlerinage de saint Jacques a été l’un des éléments forts de la compréhension mutuelle des nations européennes, aussi diverses que les Latins, les Germains, les Celtes, les Anglo-Saxons et les Slaves.

Le pèlerinage rapprochait, mettait en contact et unissait entre elles ces nations qui, siècle après siècle, convaincues par la prédication des témoins du Christ, embrassaient l’Évangile et dans le même temps, on peut l’affirmer, naissaient comme peuples et nations. […] Par conséquent, moi, Jean-Paul, fils de la nation polonaise qui s’est toujours considérée comme européenne par ses origines, ses traditions, sa culture et ses relations vitales, slave parmi les Latins et latine parmi les Slaves ; moi, Successeur de Pierre sur le Siège de Rome, Siège que le Christ a voulu placer en Europe qu’il aime pour son effort réalisé dans la diffusion du christianisme dans le monde entier ; moi, évêque de Rome et Pasteur de l’Église universelle, depuis Compostelle, je lance vers toi, vieille Europe, un cri plein d’amour : rencontre-toi de nouveau ! Sois toi-même ! Découvre tes origines ! Avive tes racines ! Revis ces valeurs authentiques qui ont rendu ton histoire glorieuse, et bénéfique ta présence dans les autres continents.

JEAN-PAUL II.

APPEL À L’EUROPE (CATHÉDRALE DE COMPOSTELLE, LE 9 NOVEMBRE 1982).

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Le pèlerinage ramène à la condition de l’homme qui aime décrire sa propre existence comme un cheminement. De sa naissance à sa mort, chacun est dans la condition, toute particulière, d’homo viator. (…) En se soumettant volontairement à la Loi, Jésus, lui aussi, avec Marie et Joseph, se fit pèlerin vers la ville sainte de Jérusalem. L’histoire de l’Eglise est le journal vivant d’un pèlerinage jamais terminé. En route vers la ville des saints Pierre et Paul, vers la Terre Sainte ou vers les anciens ou nouveaux sanctuaires consacrés à la Vierge Marie et aux saints : tel est le but d’innombrables fidèles qui alimentent ainsi leur piété. (…) Le pèlerinage évoque le cheminement personnel du croyant sur les pas du Rédempteur : c’est un exercice d’ascèse salutaire, de repentance pour les faiblesses humaines, de vigilance constante sur sa propre fragilité, de préparation intérieure à la réforme du cœur. Par la veille, par le jeûne, par la prière, le pèlerin avance sur la voie de la perfection chrétienne, s’efforçant d’atteindre, avec le soutien de la grâce de Dieu, « l’état d’Homme parfait, la plénitude de la stature du Christ » (Ep 4-13)

JEAN-PAUL II

LE MYSTÈRE DE L’INCARNATION, BULLE D’INDICTION DU GRAND JUBILÉ DE L’AN 2000

J’ose le prédire : Chartres deviendra, plus que jamais, le centre de la dévotion à Marie en Occident, on y affluera, comme autrefois, de tous les points du monde.

CARDINAL PIE

31 MAI 1855

[Le pèlerinage] est une « marche vers le sanctuaire », c’est-à-dire un moment et une parabole du chemin qui mène au Royaume ; de fait, le pèlerinage aide le chrétien à prendre conscience de la dimension eschatologique de sa vie en tant que baptisé. Il est, en effet, un homo viator, dont l’existence se situe entre l’obscurité de la foi et la soif de la vision éternelle, entre les limites étroites du temps et l’aspiration à la vie qui ne finira pas, entre la fatigue éprouvée sur le chemin et l’attente du repos éternel, entre les larmes de l’exil et le désir du bonheur dans la patrie céleste, entre l’agitation de la vie active et l’attrait pour la sérénité de la contemplation.

[…] Le pèlerin sait que « la cité que nous avons ici-bas n’est pas définitive » (Héb 13, 14), et c’est pourquoi au-delà du but immédiat du sanctuaire, il avance, à travers le désert de la vie, vers le Ciel, qui est la vraie Terre promise. […] Lorsque le pèlerinage est accompli de la manière qui convient, le fidèle quitte le sanctuaire avec la résolution de « changer de vie », c’est-à-dire d’orienter sa vie vers Dieu avec plus de détermination […]. […] La joie du pèlerinage chrétien se présente comme le prolongement de l’allégresse ressentie par le pieux pèlerin d’Israël : « Quelle joie quand on m’a dit : nous irons à la maison du Seigneur ! » (Ps. 122, 1) ; elle contribue aussi à rompre la monotonie de la vie quotidienne en présentant une perspective différente de celle du monde […]. Cette joie se présente aussi comme une occasion d’exprimer la fraternité chrétienne, en accordant une place plus large à la convivialité et à l’amitié […].

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Le pèlerinage est essentiellement un acte cultuel : de fait, en marchant vers le sanctuaire, le pèlerin va à la rencontre de Dieu pour demeurer en sa présence, L’adorer et Lui ouvrir son cœur. Dans le sanctuaire […], sa prière prend des formes variées : prière de louange et d’adoration adressée au Seigneur pour sa bonté et sa sainteté ; prière d’action de grâces pour les dons reçus ; prière ayant pour but l’accomplissement d’un vœu, auquel le pèlerin s’était engagé face au Seigneur ; prière de demande de grâces nécessaires pour sa vie ; prière sollicitant le pardon de Dieu pour les péchés commis. La prière du pèlerin s’adresse très souvent à la bienheureuse Vierge Marie, aux anges et aux saints, qu’il considère à juste raison comme des intercesseurs auprès du Très-Haut. […] L’image sacrée, vénérée dans le sanctuaire, qui représente le Christ, ou la Vierge Marie, ou encore les anges ou les saints, est le signe de la présence divine et de l’amour providentiel de Dieu ; c’est pourquoi ce signe est saint. Cette image est aussi le témoignage des multiples prières qui se sont élevées devant elles, de génération en génération : prières de supplication dans les besoins, prières exprimant la douleur de celui qui est affligé, prières aussi de jubilation et de remerciement de la part de celui qui a obtenu grâces et miséricorde. La dimension apostolique : L’itinéraire du pèlerin reproduit, en un certain sens, celui de Jésus et de ses disciples, qui parcoururent les chemins de la Palestine pour annoncer l’Évangile du Salut. Le pèlerinage est donc une annonce de la foi, et les pèlerins sont des « messagers itinérants du Christ ». Le pèlerin, qui se rend dans un sanctuaire, est en communion de foi et de charité, non seulement avec les personnes qui accomplissent en sa compagnie le « saint voyage » (Ps. 84, 6), mais aussi avec le Seigneur Lui-même ; Il chemine près de lui, tout comme Il marcha avec les disciples d’Emmaüs (cf. Luc 24, 15 - 35). Le pèlerin est aussi en communion avec sa communauté d’origine, et par elle, avec toute l’Église, celle qui demeure dans le Ciel et celle qui chemine encore sur la terre. Il est encore en communion avec les fidèles qui, tout au long des siècles, ont prié dans ce même sanctuaire. Il est en communion avec la nature, qui entoure le sanctuaire, et dont il admire la beauté […]. Enfin, le pèlerin est en communion avec toute l’humanité, dont les souffrances et l’espérance se manifestent de diverses manières dans le sanctuaire, et qui a laissé en ce lieu de multiples signes de ses talents et de son art.

SACRÉE CONGRÉGATION POUR LE CULTE DIVIN ET LA DISCIPLINE DES SACREMENTS.

DIRECTOIRE SUR LA PIÉTÉ POPULAIRE ET LA LITURGIE, N° 286, 17 DÉCEMBRE 2001.

Pour arriver en haut de la montagne de la vraie perfection, suivez le Christ ; il est votre vrai guide. Faites-lui confiance, toujours, même en pleine nuit. Acceptez pour lui ce qui vous coûte mais avancez sans vous tendre, sans vous crisper, en bon montagnards. Et n’oubliez pas que pour faire une ascension, on ne se charge pas de bagages inutiles. Votre bâton, ce sera la Croix du Christ.

SAINT JEAN DE LA CROIX

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Alors que le chef est en tête pour ouvrir la route, le conseiller religieux est en queue pour relever, remettre sur le chemin, aider, écouter, animer, pardonner. Il attend tout en marchant et restant solidaire avec le clan ; il attend celui qui ne peut, pour un temps, marcher seul, celui qui a besoin de revivre la route d’Emmaüs, ou de connaître le chemin du prodigue, celui qui faiblit ou celui qui quête, comme sur le trajet de Jéricho, la miséricorde de Jésus. […] Alors le soir, quand tout est calme et que tous dorment, il peut dire avec Marie : « Le Seigneur fit pour moi de grandes choses ». Dieu, seul, agit. Nous ne sommes que des ouvriers inutiles !

PÈRE LALOUX S.J.

DANS « MAITRISÉS » N° 46-47, JUILLET 1979.

Et peut-être verrons-nous se lever dans le monde un nouveau type de sainteté, la sainteté routière. Chaque temps a ses saints. Au nôtre semblent convenir le héros de l’apostolat, les martyrs du devoir d’état. Et aussi les saints de la route. Des saints libres, joyeux, aimables ; néanmoins terriblement réglés et mortifiés. Des saints humoristes, fantaisistes, chantants ; néanmoins maîtres d’eux-mêmes et tendus vers la gravité de l’existence. Des saints dont le grand mérite sera d’accepter la volonté de Dieu simplement et gaiement comme ils ont accepté la route et sa discipline.

JOSEPH FOLLIET.

LA SPIRITUALITÉ DE LA ROUTE (1938).

Prie bien, ma chère petite, pour le succès du pèlerinage de Chartres dont je vais faire partie et qui groupera de nombreux pèlerins de notre belle France aux pieds de la très Sainte Vierge, afin d’obtenir les grâces dont notre Patrie a tant besoin pour se montrer digne de son passé. (…)

LOUIS MARTIN, PÈRE DE SAINTE THÉRÈSE DE L’ENFANT JÉSUS

EXTRAIT D’UNE LETTRE À SA FILLE PAULINE, 1872

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Présentation du saint sacrifice de la Messe

Perpétuellement les hommes ont besoin du sang du Rédempteur pour détruire les péchés qui offensent la justice divine. Le sacrifice de l’autel est comme l’instrument suprême par lequel les mérites de la Croix sont distribués aux fidèles.

PIE XII ENCYCLIQUE MEDIATOR DEI

Dieu tout-puissant et éternel, j’approche du sacrement de votre Fils unique. Notre- Seigneur Jésus-Christ, comme un malade auprès du médecin qui doit lui donner la vie ; je cours à la source de la miséricorde ; aveugle, je viens à la lumière de l’éternité ; pauvre et manquant de tout, je me présente au souverain Seigneur du ciel et de la terre. Je prie votre immense largesse de guérir mes infirmités, de purifier mes souillures, d’illuminer mes ténèbres, d’enrichir ma misère, de vêtir ma nudité. Très doux Seigneur, accordez-moi de recevoir le corps de votre Fils unique, né de la Vierge, avec une telle ferveur que je puisse Lui être intimement uni et compté parmi les membres de son corps mystique.

SAINT THOMAS D’AQUIN

L’effet principal de l’Eucharistie consiste à provoquer dans l’âme des actes fervents d’amour envers le Christ ; et, comme la propriété de l’amour est de transformer celui qui aime en son bien-aimé, l’Eucharistie, sacrement par excellence de notre amitié avec le Christ, nous transforme en Lui. Le Christ vient en chacun de nous avec son amour personnel, efficace, créateur et rédempteur. Par l’Eucharistie-sacrement, descendent sur les fidèles toutes les grâces de l’incarnation rédemptrice. Par 1’Eucharistie-sacrifice, monte vers la Très Sainte Trinité tout le culte de l’Eglise militante. Sans l’Eucharistie, l’Église de la terre serait sans Christ.

PÈRE PHILIPON

LES SACREMENTS DANS LA VIE CHRÉTIENNE

Allez donc à la communion, mes enfants, allez à Jésus avec amour et confiance ! Allez vivre de lui, afin de vivre pour lui. Ne dites pas que vous avez trop à faire. Le Divin Sauveur n’a-t-il pas dit : « venez à moi, vous qui travaillez et qui n’en pouvez plus ; venez à moi et je vous soulagerai » ? Pourriez-vous résister à une invitation si pleine de tendresse et d’amitié ?

SAINT CURÉ D’ARS

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Il faudrait toujours employer au moins un quart d’heure pour se préparer à bien entendre la messe. Il faudrait s’anéantir devant le bon Dieu, à l’exemple de son profond anéantissement dans le sacrement de l’Eucharistie, faire son examen de conscience ; car pour bien assister à la messe, il faut être en état de grâce.

SAINT CURÉ D’ARS

Ne dites pas que vous êtes pécheurs, que vous avez trop de misères et que c’est pour celui que vous n’osez pas en approcher. J’aimerais autant vous entendre dire que vous êtes trop malades, et que c’est pour cela que vous ne voulez point essayer de remède, que vous ne voulez point appeler le médecin (...) Quand nous recevons la Sainte Communion, nous percevons notre joie et notre bonheur. Si l’on pouvait comprendre tous les biens renfermés dans la Sainte Communion, il n’en faudrait pas d’avantage pour contenter le cœur de l’homme. L’avare ne courrait plus après ses trésors, l’ambitieux après sa gloire ; chacun quitterait la terre, en secouerait la poussière et s’envolerait vers les Cieux.

SAINT CURÉ D’ARS

Toutes les bonnes œuvres réunies n’équivalent pas au saint sacrifice de la messe, parce qu’elles sont les œuvres des hommes, et la messe est l’œuvre de Dieu. (…) Le martyre n’est rien en comparaison de la messe : c’est le sacrifice que l’homme fait à Dieu de sa vie ; la messe est le sacrifice que Dieu fait à l’homme de son corps et de son sang. (…) Oh ! Si l’on avait la foi, si l’on comprenait le prix du saint sacrifice, on aurait bien plus de zèle à y assister !

SAINT JEAN-MARIE VIANNEY

Parce que les rites sont chargés d’une signification précise et profonde, un changement de rite peut déclencher une guerre, un schisme ou une hérésie. (…) Le rite est une pensée en acte. Il est la pensée humaine incarnée dans un geste capable d’une intense force d’expression comme la plus exquise délicatesse mentale.

UN MOINE BÉNÉDICTIN

LA SAINTE LITURGIE

Qu’est-ce que la culture chrétienne ? Essentiellement la messe. Je n’affirme pas là mon opinion, ni l’opinion ou la théorie ou le vœu de l’un ou de l’autre, j’indique le pivot de deux mille ans d’histoire.

JOHN SENIOR

LA RESTAURATION DE LA CULTURE CHRÉTIENNE

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Ne t’éloigne pas de l’autel du sacrifice eucharistique sans ressentir douleur et amour pour Jésus-Christ, car c’est pour ton salut éternel qu’il a été crucifié. La Vierge des Douleurs te tiendra compagnie et inspirera ton oraison.

SAINT PADRE PIO

Chaque matin à la messe, centre de vos journées et de votre vie, mettez Jésus sur l’autel du cœur blessé de Marie, Mère de l’Église. Assistez à la messe près d’elle, avec elle, au pied de la Croix, comme saint Jean et sainte Madeleine.

(… ) Je vous disais déjà à propos de la communion, que votre cœur est un ciel pour Jésus, mais il l’est d’autant plus que Jésus y trouve Marie. C’est son Cœur qui vous révèlera les secrets intimes du Cœur de Jésus, de même que c’est le Cœur de Jésus qui vous révèlera le Cœur de Marie.

PÈRE D’ELBÉE

CROIRE À L’AMOUR

Le sacrifice eucharistique consiste essentiellement dans l’immolation non sanglante de la victime divine, immolation qui est mystiquement indiquée par la séparation des saintes espèces et par leur oblation faite au Père éternel. (…) Toutes les fois que le prêtre renouvelle ce que le divin Rédempteur accomplit à la dernière Cène, le sacrifice est vraiment consommé, et ce sacrifice, partout et toujours, d’une façon nécessaire et par nature, a un rôle public et social, puisque celui qui l’immole agit au nom du Christ et des chrétiens dont le divin Rédempteur est le chef, l’offre à Dieu pour la Sainte Eglise catholique, pour les vivants et les défunts.

PIE XII

ENCYCLIQUE MEDIATOR DEI

Le Sacrifice qui s’accomplit à la Messe, et celui qui fut offert sur la Croix ne sont et ne doivent être qu’un seul et même sacrifice, comme il n’y a qu’une seule et même Victime, Notre Seigneur Jésus-Christ qui s’est immolé une fois sur la Croix d’une manière sanglante. Car il n’y a pas deux hosties, l’une sanglante et l’autre non sanglante, il n’y en a qu’une, il n’y a qu’une seule et même Victime dont l’immolation se renouvelle tous les jours dans l’Eucharistie depuis que le Seigneur a porté ce commandement : « Faites ceci en mémoire de Moi ».

CATÉCHISME DU CONCILE DE TRENTE

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Ce Sacrifice est accompagné de cérémonies imposantes et majestueuses. Et non seulement il n’en est aucune qui puisse être regardée comme inutile et superflue, mais encore elles ont toutes pour but de faire briller davantage la majesté d’un si grand Sacrifice, et de porter les fidèles par ces signes salutaires et mystérieux qui frappent la vue, à la contemplation des choses divines voilées dans le Sacrifice.

CATÉCHISME DU CONCILE DE TRENTE

CHAP. 20, 9

La messe est le sacrifice du Calvaire, augmenté pourrions-nous dire, illustré, étendu à l’Eglise. A nous il appartient de porter l’immolation ; une communion ne doit pas être seulement un mouvement d’union avec le Christ mais aussi une immolation. Puisque nous nous unissons au Christ immolé, l’union avec Lui comporte nécessairement, pour nous, la participation à son immolation, à sa souffrance, à son sacrifice et même à sa mort.

PÈRE MARIE-EUGÈNE DE L’ENFANT JÉSUS

LA MESSE

L’Eglise, qui groupe en son sein toutes les nations, qui est destinée à vivre jusqu’à la consommation des siècles (…) a besoin de par sa nature même d’une langue universelle, définitivement fixée, qui ne soit pas une langue vulgaire.

PIE XI

EPIST. AP. OFFICIORUM, 1ER AOÛT 1922

Certes, je ne suis pas latiniste, mais j’aime m’adresser à Dieu dans la langue de l’Eglise, pas celle que j’emploie dans la rue ou même pour parler aux personnes que j’aime. Je chante Dieu en des termes que notre piété nous réserve, notre Latin. Pourquoi ne nous comprendrions-nous pas ? Les musiciens français disent bien « minuetto, andantino » et mieux encore. Ce ne sont pas pour autant des « attardés ».

ABBÉ VINCENT SERRALDA

RETROUVONS LA MESSE DES SAINTS

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

L’Église, transmet la Grâce

La plénitude de grâce qui est toute réunie dans le Christ, comme dans la Tête, se répand diversement dans les membres pour que le corps de l’Église soit parfait.

SAINT THOMAS

SOMME THÉOLOGIQUE IIA IIAE, Q. 183

Au cours du temps, le Seigneur Jésus forme son Eglise par les sacrements qui émanent de sa plénitude. C’est par eux qu’elle rend ses membres participants au mystère de la mort et de la résurrection du Christ, dans la grâce du Saint-Esprit qui lui donne vie et action. Elle est donc sainte, tout en comprenant en son sein des pécheurs, parce qu’elle n’a elle-même d’autre vie que celle de la grâce : c’est en vivant de sa vie que ses membres se sanctifient ; c’est en se soustrayant à sa vie qu’ils tombent dans les péchés et les désordres qui empêchent le rayonnement de sa sainteté. C’est pourquoi elle souffre et fait pénitence pour ces fautes, dont elle a le pouvoir de guérir ses enfants par le sang du Christ et le don de l’Esprit-Saint.

PAUL VI

PROFESSION DE FOI - LE 30 JUIN 1968

Voyez aussi comme Jésus-Christ inspire à Pierre une haute idée de sa personne, il promet de lui donner ce qui n’appartient qu’à Dieu seul, c’est-à-dire le pouvoir de remettre les péchés et de rendre l’Église immuable au milieu de toutes les tempêtes, des persécutions et des souffrances.

SAINT JEAN CHRYSOSTOME

HOMÉLIE 54

Quoique le Seigneur paraisse donner exclusivement à Pierre ce pouvoir de lier et de délier, il l’accorde également aux autres Apôtres (Mt 18, 18) et maintenant encore à toute l’Église dans la personne des évêques et des prêtres; mais Pierre a reçu d’une manière plus particulière les clefs du royaume des cieux et la primauté du pouvoir judiciaire, afin que tous les fidèles répandus dans l’univers comprennent que du moment où, de quelque manière que ce soit, on se sépare de l’unité de la foi ou de la société de Pierre, on ne peut être délivré des liens du péché, ni voir ouvrir devant soi les portes du royaume du ciel.

RABAN MAUR

E MOINE DU IX SIÈCKE

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

L’Église est sainte parce qu’elle seule possède le culte du Sacrifice suprême et le salutaire usage des sacrements, ces instruments efficaces de la grâce divine par lesquels Dieu nous communique la sainteté. En dehors d’elle, il est impossible d’être vraiment saint.

CATÉCHISME DU CONCILE DE TRENTE

N’est-ce pas une immense assurance que de pouvoir, par notre incorporation à l’Eglise, puiser la grâce et la vie à leurs sources authentiques et officielles. De plus, donnons à ceux qui nous gouvernent, avant tout au Souverain Pontife, vicaire du Christ, cette soumission intérieure, cette révérence filiale, cette obéissance pratique, qui font de nous les vrais enfants de l’Eglise.

DOM MARMION

C’est ici que, comme vous tous, mes Frères, j’ai reçu le bienfait divin par excellence, la grâce du baptême; c’est ici que, comme vous, je suis entré dans la famille de Dieu, en devenant frère de Jésus-Christ, membre de son Église, et en acquérant le titre d’héritier de la vie et de la félicité éternelle : noblesse qui est au-dessus de toute noblesse, fortune qui est au- dessus de toute fortune, espérance qui est au-dessus de toute espérance, gloire qui est au- dessus de toute gloire.

CARDINAL PIE

Qu’est-ce que cette grâce qui nous est donnée au baptême ? Quand le prêtre a fait couler l’eau sur notre front et qu’il a dit : «Je te baptise au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit», la grâce est descendue dans notre âme. Qu’est-elle ? Une chose mystérieuse, aussi mystérieuse que Dieu Lui-même : c’est une participation créée à la vie de Dieu, à la nature de Dieu. Voilà la richesse qui nous a été donnée par Dieu : notre foi en Dieu, notre relation établie avec Dieu par cette réalité qu’est la grâce, participation de la vie de Dieu, qui nous oriente vers Lui.

PÈRE MARIE EUGÈNE DE L’ENFANT-JÉSUS

AU SOUFFLE DE L’ESPRIT - PRIÈRE ET ACTION

MÈRE ET ÉDUCATRICE de tous les peuples, l’Eglise universelle a été instituée par Jésus-Christ pour que tous les hommes au long des siècles trouvent en son sein et dans son amour la plénitude d’une vie plus élevée et la garantie de leur salut.

BIENHEUREUX JEAN XXIII MATER ET MAGISTRA

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Dans son acception la plus générale, l’Eglise désigne la vaste société de tous ceux qui sont appelés au royaume des cieux (...). C’est une seule famille, car ils ont tous un même Père, qui est leur principe et leur fin ; ils sont tous destinés à la même félicité, la vision béatifique ; et ils tendent tous vers ce terme unique de la gloire, par le même moyen, la grâce, qui est semblable en tous. La grâce, en effet, peut être plus ou moins intense, plus ou moins active, mais elle est de la même espèce et du même ordre pour les anges et pour les hommes parce qu’elle est chez tous un épanchement de la même nature divine et les fait participer tous de la même manière à la vie propre et intime de Dieu.

PÈRE EDOUARD HUGON

HORS DE L’EGLISE, POINT DE SALUT ?

(...) Etant l’épouse de Jésus-Christ, elle (l’Eglise) a pour mission d’enfanter les hommes à la Vie Surnaturelle.

JEAN OUSSET

POUR QU’IL RÈGNE (CHAP 3), 1959

Oui, c’est l’heure de la mission ! Dans vos diocèses et dans vos paroisses, dans vos mouvements, associations et communautés, le Christ vous appelle, L’Eglise vous accueille comme maison et école de communion et de prière. Approfondissez l’étude de la Parole de Dieu et laissez-la éclairer votre intelligence et votre cœur ! Puisez votre force dans la grâce sacramentelle de la Pénitence et de l’Eucharistie ! Fréquentez le Seigneur dans ce « cœur à cœur » qu’est l’adoration eucharistique ! Jour après jour, vous recevrez un nouvel élan qui vous permettra de réconforter ceux qui souffrent et de porter la paix au monde.

JEAN-PAUL II

MESSAGE AUX JEUNES DU MONDE, 25 JUILLET 2002

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Le sacrement de pénitence

Notre Seigneur pratique sur la croix le commandement qu’il nous a donné: « Priez pour ceux qui vous persécutent. » (Mt 5.) « Et Jésus disait: Mon Père, pardonnez-leur. » S’il fait cette prière, ce n’est pas qu’il ne pût leur pardonner lui-même, mais il voulait par son exemple autant que par ses paroles, nous enseigner à prier pour nos persécuteurs. Or, il dit pardonnez- leur, mais à la condition qu’ils se repentiront, car Dieu est plein de miséricorde pour les vrais pénitents qui prennent la généreuse résolution d’effacer par la foi les longues iniquités de leur vie.

SAINT JEAN CHRYSOSTOME

Quel exemple plus puissant pour nous exciter à revenir à Dieu, que l’exemple de ce voleur qui obtient si facilement son pardon ? Le Seigneur pardonne promptement, mais la conversion a été prompte aussi; la grâce est plus abondante et s’étend bien plus loin que la prière, car Dieu accorde toujours plus qu’on ne demande, le larron le prie de se souvenir de lui, et Jésus lui répond: « En vérité, je vous le dis, vous serez avec moi dans le paradis », car la vie, c’est d’être avec Jésus-Christ, et là où est Jésus-Christ, là aussi est le royaume.

SAINT AMBROISE

Qui veut cheminer dans l’amour de Dieu et dans sa miséricorde ne peut pas se contenter de se libérer des péchés graves et mortels, mais fait la vérité, en reconnaissant aussi les péchés qui sont considérés comme moins graves … et vient à la lumière en accomplissant des œuvres dignes. Les péchés moins graves aussi, s’ils sont négligés, prolifèrent et produisent la mort.

SAINT AUGUSTIN

SUR L’EVANGILE DE JEAN, 2,13,35

Oh ! Si les pécheurs connaissaient ma miséricorde, il n’en périrait pas un si grand nombre. Parle aux âmes des pécheurs, pour qu’elles ne craignent pas de s’approcher de moi, parle-leur de ma miséricorde.

NOTRE-SEIGNEUR À SAINTE FAUSTINE

PETIT JOURNAL

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Tous les malheurs réunis ne sont rien en comparaison d’un seul péché, car un seul péché nous enlève la vie divine. Pour comprendre l’horreur du péché, prenons conscience de sa réalité. Quel chrétien aurait l’audace d’entrer furtivement dans une église, de violer le tabernacle, d’arracher le ciboire, de jeter à terre et de profaner les saintes Espèces ? Voudrions-nous faire cela, aurions-nous ce triste courage ? – Non. Même le chrétien le plus tiède n’oserait pas commettre ce sacrilège sur le corps de Notre-Seigneur. Or, que faisons- nous par le péché ? – Nous arrachons Dieu de notre cœur, pour livrer celui-ci à l’emprise du démon.

UN CHARTREUX

AMOUR ET SILENCE

Le péché est le bourreau du bon Dieu et l’assassin de l’âme. C’est lui qui nous arrache du ciel pour nous précipiter en enfer. Et nous l’aimons ! ... quelle folie !

SAINT JEAN-MARIE VIANNEY

Oh ! Mon Dieu, que de péchés j’ai commis ! Que de grâces j’ai méprisées ! Que de bien j’aurais pu faire et que je n’ai pas fait !... Bientôt il me faudra paraître devant Vous pour être jugé… peut-être sera-ce aujourd’hui !... Mon Dieu, pardonnez-moi !... Mon Dieu, faites-moi miséricorde !... Ah ! de grâce, ne me perdez pas, ayez pitié de moi… ne me jetez pas en enfer ! Je ferai pénitence, je m’y dévoue pour toute la vie.

SAINT JEAN-MARIE VIANNEY

CITÉ PAR MONSEIGNEUR CONVERT

Nos fautes sont des grains de sable à côté de la grande montagne des miséricordes de Dieu.

SAINT JEAN-MARIE VIANNEY

L’expérience prouve que rien n’est plus propre à réformer les mœurs des personnes corrompues que la confidence réitérée de leurs pensées, de leurs paroles et de leurs actions à un ami sage et fidèle qui peut les aider de ses services et de ses conseils. De même, et pour la même raison, nous devons regarder comme très salutaire à ceux qui sont troublés des remords de leurs fautes, de découvrir les maladies et les plaies de leur âme au prêtre qui tient la place de Notre Seigneur Jésus-Christ et qui est soumis par les liens les plus sacrés au plus inviolable silence.

CATÉCHISME DU CONCILE DE TRENTE

CHAPITRE 23, 2

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Pour redonner la vraie paix à mon âme, l’unique moyen qu’il y a sur la terre c’est la confession, car c’est Jésus qui m’attend avec son cœur immense.

SAINTE JEANNE BERETTA MOLLA

La confession n’a pas seulement pour effet de purifier l’âme de ses souillures ; elle lui procure en outre la force nécessaire pour ne pas retomber. (…) Quant à l’examen, pour qui fréquente les Sacrements, il n’est pas nécessaire de se rompre la tête à rechercher tous les détails des fautes vénielles. Je voudrais plutôt qu’on s’appliquât à découvrir les causes et les racines de ses attaches et de ses négligences. (…) Quand vous voulez recevoir l’absolution, voici ce que vous avez à faire : en vous préparant à la confession, commencez par demander à Jésus-Christ et à Marie affligée une vraie douleur de vos péchés ; ensuite, faites brièvement votre examen, et pour la contrition, il suffit que vous fassiez un acte tel que celui-ci : Mon Dieu ! Je vous aime par-dessus toutes choses ; j’espère, par les mérites du sang de Jésus-Christ, le pardon de tous mes péchés, dont je me repens de tout mon cœur, parce qu’ils vous ont offensé, vous qui êtes une bonté infinie ; je les abhorre plus que tous les maux, et j’unis l’horreur que j’en ai à celle qu’en a eue mon Jésus au jardin de Gethsémani. Je forme le bon propos de ne plus vous offenser, moyennant votre grâce.

SAINT ALPHONSE DE LIGUORI

LA VÉRITABLE ÉPOUSE DE JÉSUS CHRIST

Confessez-vous humblement et dévotement tous les huit jours, et toujours s’il se peut quand vous communierez, encore que vous ne sentiez point en votre conscience aucun reproche de péché mortel ; car par la confession vous ne recevrez pas seulement l’absolution des péchés véniels que vous confesserez, mais aussi une grande force pour les éviter à l’avenir, une grande lumière pour les bien discerner, et une grâce abondante pour réparer toute la perte qu’ils vous avaient apportée. Vous pratiquerez la vertu d’humilité, d’obéissance, de simplicité et de charité ; et en cette seule action de confession, vous exercerez plus de vertu qu’en nulle autre. Ayez toujours un vrai déplaisir des péchés que vous confesserez, pour petits qu’ils soient, avec une ferme résolution de vous en corriger à l’avenir. Plusieurs se confessant par coutume des péchés véniels et comme par manière d’agencement (= pour être en règle), sans penser nullement à s’en corriger, en demeurent toute leur vie chargés, et par ce moyen perdent beaucoup de biens et profits spirituels. Si donc vous vous confessez d’avoir menti, quoique sans nuisance, ou d’avoir dit quelque parole déréglée, ou d’avoir trop joué, repentez-vous-en et ayez ferme propos de vous en amender car c’est un abus de se confesser de quelque sorte de péché, soit mortel soit véniel, sans vouloir s’en purger, puisque la confession n’est instituée que pour cela.

SAINT FRANÇOIS DE SALES

INTRODUCTION À LA VIE DÉVOTE ( II, 19 )

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Celui qui n’a pas soin de réparer la petite fente d’un vase verra toute sa liqueur s’en échapper (…) une imperfection suffit pour en attirer une autre.

SAINT JEAN DE LA CROIX

Cheminez simplement dans les voies du Seigneur, ne vous torturez pas l’esprit... Vous devez haïr vos péchés, mais avec une calme assurance, non pas avec une inquiétude lancinante.

SAINT PADRE PIO

VITRAIL – EGLISE SAINT AIGNAN (CHARTRES)

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

L’Eglise, corps mystique du Christ

C’est pour cela que le Christ l’a établie, après l’avoir acquise au prix de son sang, pour cela qu’il lui a confié sa doctrine et les préceptes de sa loi, lui prodiguant en même temps les trésors de la grâce divine pour la sanctification et le salut des hommes. Vous voyez donc, Vénérables Frères, quelle œuvre nous est confiée à Nous et à vous. Il s’agit de ramener les sociétés humaines, égarées loin de la sagesse du Christ, à l’obéissance de l’Eglise; l’Eglise, à son tour, les soumettra au Christ, et le Christ à Dieu. Que s’il Nous est donné, par la grâce divine, d’accomplir cette œuvre, Nous aurons la joie de voir l’iniquité faire place à la justice.

SAINT PIE X

ENCYCLIQUE E SUPREMI 4 OCTOBRE 1903

C’est maintenant, à propos du côté du Christ transpercé, qu’elle est fondée, maintenant qu’elle est formée, maintenant qu’elle est figurée, maintenant qu’elle est créée... C’est maintenant que la demeure spirituelle s’élève pour un sacerdoce saint.

SAINT AMBROISE

IN LUC. II, 87

Comme la tête influe sur les membres et la vigne sur les rejetons, le Christ communique aux justes la vertu qui précède toujours leurs bonnes œuvres, les accompagne et les suit, et sans laquelle ces actes ne pourraient être ni agréables à Dieu ni méritoires.

PÈRE EDOUARD HUGON

HORS DE L’EGLISE POINT DE SALUT ?

Le Chef et les membres, dit-il, ne forment ensemble qu’une seule personne mystique; et c’est pourquoi la satisfaction du Christ appartient à tous les fidèles comme aux membres de Jésus-Christ.

SAINT THOMAS

SOMME THÉOLOGIQUE, III, Q. 48

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

L’Eglise, dans sa constitution, peut être comparée à un corps ; il Nous reste à expliquer en détail pourquoi il faut l’appeler, non pas un corps quelconque, mais le Corps de Jésus- Christ. Et ceci se conclut de ce que Notre-Seigneur est le Fondateur, la Tête, le Soutien, le Sauveur de ce Corps mystique. (…)

Toutefois, il ne faut pas penser que le Christ étant la Tête, occupant une place si élevée, ne requiert pas l’aide de son Corps. Car il faut affirmer du Corps mystique ce que saint Paul affirme du corps humain : « La tête ne peut dire aux pieds : je n’ai pas besoin de vous » (1Co 12,21). Il est tout à fait évident que les fidèles ont absolument besoin de l’aide du divin Rédempteur, puisque lui-même a dit : « Sans moi vous ne pouvez rien faire » (Jn 15,5) et que selon la doctrine de l’Apôtre tout l’accroissement de ce Corps mystique pour son édification dérive de sa Tête, le Christ (cf. Eph. Ep 4,16 Col 2,19). Il faut pourtant maintenir, bien que cela paraisse vraiment étonnant, que le Christ requiert le secours de ses membres. Tout d’abord, parce que le Souverain Pontife tient la place de Jésus-Christ, et il doit, pour ne pas être écrasé par la charge de son devoir pastoral, appeler un bon nombre de fidèles à prendre une part de ses soucis et être chaque jour soutenu par la prière secourable de toute l’Eglise. De plus, comme le Sauveur dirige invisiblement l’Eglise par lui-même, il veut recevoir l’aide des membres de son Corps mystique pour accomplir l’œuvre de la Rédemption. Cela ne provient pourtant pas de son indigence et de sa faiblesse mais plutôt de ce que lui-même a pris cette disposition pour le plus grand honneur de son Epouse sans tache. Tandis qu’en mourant sur la croix il a communiqué à son Eglise, sans aucune collaboration de sa part, le trésor sans limite de sa Rédemption, quand il s’agit de distribuer ce trésor, non seulement il partage avec son Epouse immaculée l’œuvre de la sanctification des âmes, mais il veut encore que celle-ci naisse pour ainsi dire de son travail. Mystère redoutable, certes, et qu’on ne méditera jamais assez : le salut d’un grand nombre d’âmes dépend des prières et des mortifications volontaires, supportées à cette fin, des membres du Corps mystique de Jésus-Christ et du travail de collaboration que les pasteurs et les fidèles, spécialement les pères et mères de famille, doivent apporter à notre divin Sauveur. (…) Comme le Fils du Père éternel est descendu du ciel pour le salut éternel de nous tous, ainsi il a fondé ce Corps qu’est l’Eglise et il l’a enrichi de l’Esprit divin pour donner aux âmes immortelles le moyen d’atteindre leur bonheur, selon ces mots de l’Apôtre : « Tout est à vous, mais vous, vous êtes au Christ, et le Christ est à Dieu » (1 Co 3,23). Car si l’Eglise est ordonnée au bien des fidèles, elle est destinée aussi à la gloire de Dieu et de Celui qu’il a envoyé, Jésus-Christ.

PIE XII

L’EGLISE, ORPS MYSTIQUE DU CHRIST, 1943

La mission dite juridique de l’Eglise, son pouvoir d’enseigner, de gouverner et d’administrer les sacrements, n’ont de vigueur et d’efficacité surnaturelle pour édifier le Corps du Christ que parce que le Christ sur la croix a ouvert à son Eglise la source des dons divins, grâce auxquels elle peut enseigner aux hommes une doctrine infaillible, les diriger utilement par des pasteurs éclairés de Dieu et les inonder de la pluie de ses grâces surnaturelles.

PIE XII

L’ÉGLISE, CORPS MYSTIQUE DU CHRIST, 1943

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Dans cette doctrine du Corps mystique la théologie se révèle vraiment une science de vie et de sainteté, qui met à la portée de toutes les âmes la plus pure substance de l’Évangile et des Épîtres apostoliques. Nulle part n’apparaît avec plus de relief le rôle de Médiateur qui revient au Christ, Roi, Prêtre et Docteur de vérité. Comme Roi, Jésus régit notre activité, dirige nos pas vers Dieu, suprême béatitude ; car la fonction propre de la royauté c’est de diriger par les sentiers du bien, au terme où ils tendent, tous les membres d’une société. Docteur infaillible de la vérité surnaturelle, le Christ nourrit nos intelligences du pain de la divine parole. Prêtre éternel enfin, Jésus nous communique cette vie divine qu’il nous a acquise par le sacrifice du Calvaire, et qu’il nous transmet chaque jour, à l’autel, par l’admirable sacrement de la Passion.

FR. RÉGINALD GARRIGOU-LAGRANGE, O. P.

De même que Dieu, afin de répandre et de conserver dans le monde la foi au vrai Dieu et l’espérance du Messie, avait choisi les descendants d’Abraham pour former un peuple avec lequel il fit alliance et auquel il ne cessa de se révéler, ainsi Notre-Seigneur Jésus-Christ fonda l’Eglise, pour conserver et répandre dans le monde la doctrine qu’il avait prêchée aux hommes et leur communiquer les mérites de sa passion, par les moyens de salut qu’il a institués

ABBÉ GUILLAUME FERBERCK

JÉSUS-CHRIST ET SON EGLISE, 1913

De Jésus-Christ et de l’Église, il m’est avis que c’est tout un, et qu’il n’en faut pas faire difficulté.

SAINTE JEANNE D’ARC

PROCÈS DE STE JEANNE D’ARC, 1431

Là où sont les Trois le Père, le Fils et l’Esprit Saint, là se trouve l’Eglise, qui est le corps des trois.

TERTULLIEN

DE BAPTISMO,6

L’Eglise, c’est l’assemblée des enfants de Dieu… c’est Jésus-Christ, mais Jésus-Christ répandu et communiqué.

BOSSUET

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

C’est quand la nuit nous enveloppe que nous devons penser à l’aube qui poindra, que nous devons croire que l’Église chaque matin renaît par ses saints. « Qui l’a une fois compris – disait Bernanos – est entré au cœur de la Foi catholique, a senti tressaillir dans sa chair mortelle (…) une espérance surhumaine » (Jeanne, relapse et sainte)

JEAN-PAUL II

SERMON DE LA MESSE DU DIMANCHE 22 SEPTEMBRE 1996, REIMS

Il faut se servir de la vie des saints «y a-t-il rien de si utile et de si beau ? C’est l’Évangile mis en œuvre ».

SAINT FRANÇOIS DE SALES

Dans le magnifique dogme de la Communion des Saints, ne doutez jamais que vous êtes en réalité apôtres, si vous aimez, rien que parce que vous aimez. Jésus peut vous le cacher pour augmenter le mérite de votre foi, mais n’en doutez jamais. Remerciez-le tous les jours pour les âmes que vous sauvez, sans le savoir, par vos actes d’amour.

PÈRE D’ELBÉE

CROIRE À L’AMOUR

N’est-ce pas une immense assurance que de pouvoir, par notre incorporation à l’Eglise, puiser la grâce et la vie à leurs sources authentiques et officielles. De plus, donnons à ceux qui nous gouvernent, avant tout au Souverain Pontife, vicaire du Christ, cette soumission intérieure, cette révérence filiale, cette obéissance pratique, qui font de nous les vrais enfants de l’Eglise.

DOM MARMION

LE CHRIST, VIE DE L’ÂME

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

L’Eglise enseignante

Allez, enseignez toutes les nations les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint- Esprit ; leur apprenant à garder tout ce que je vous ai commandé : et voici que je suis avec vous tous les jours jusqu’à la consommation des siècles.

EVANGILE SELON SAINT MATTHIEU XXVIII, 19

Doivent être crus, de foi divine et catholique, toutes les choses qui sont contenues dans la parole de Dieu, soit écrites soit transmises par tradition, et que l’Église, soit par un jugement solennel, soit par le magistère ordinaire et universel, propose comme étant divinement révélé.

CONCILE DE VATICAN I

CONSTITUTION DOGMATIQUE DEI FILIUS , 26 AVRIL 1870, CH. 3, INTITULÉ « DE FIDE »

Que devons-nous croire ? Par la Foi divine et Catholique, doit être cru tout ce qui figure dans la Parole de Dieu et dans la Tradition ; et tout ce qui est proposé par l’Eglise, soit par déclaration solennelle, soit par le magistère ordinaire et universel, doit être cru comme divinement révélé.

CONCILE VATICAN I

Le charisme de vérité et de foi à jamais indéfectible, a été accordé par Dieu à Pierre et à ses successeurs en cette chaire afin qu’ils remplissent leur haute charge pour le salut de tous, afin que le troupeau universel du Christ, écarté des nourritures empoisonnées de l’erreur, soit nourri de l’aliment de la doctrine céleste, afin que toute occasion de schisme étant supprimée, l’Eglise soit conservée toute entière dans l’unité et qu’établie sur son fondement, elle tienne ferme contre les portes de l’enfer.

CONCILE VATICAN I

PASTOR ÆTERNUS

Il est nécessaire de s’en tenir avec une adhésion inébranlable à TOUT ce que les pontifes romains ont enseigné ou enseigneront, et, toutes les fois que les circonstances l’exigeront, d’en faire profession publique.

LÉON XIII

ENCYCLIQUE IMMORTALE DEI, NOVEMBRE 1885

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Toutes les fois donc que la parole de ce magistère déclare que telle ou telle vérité fait partie de l’ensemble de la doctrine divinement révélée, chacun doit croire avec certitude que cela est vrai ; car si cela pouvait en quelque manière être faux, il s’ensuivrait, ce qui est évidemment absurde, que Dieu Lui-même serait l’auteur de l’erreur des hommes.

LÉON XIII

ENCYCLIQUE SATIS COGNITUM , 29 JUIN 1896

Le magistère de l’Eglise - lequel, suivant le plan divin, a été établi ici-bas pour que les vérités révélées subsistent PERPÉTUELLEMENT et qu’elles soient transmises facilement et sûrement à la connaissance des hommes - s’exerce CHAQUE JOUR par le pontife romain et par les évêques.

PIE XI

ENCYCLIQUE MORTALIUM ANIMOS, 6 JANVIER 1928

La Foi catholique est d’une nature telle qu’on ne peut rien lui ajouter, rien lui retrancher ; ou on la possède tout entière, ou on ne la possède pas du tout. Telle est la foi catholique : quiconque n’y adhère pas avec fermeté ne pourrait être sauvé.

SYMBOLE DE SAINT ATHANASE

Chaque geste de révérence, chaque génuflexion que vous faites devant le saint sacrement est important, parce qu’il constitue un acte de foi au Christ, un acte d’amour envers le Christ.

JEAN-PAUL II

DISCOURS DU 29 SEPTEMBRE 1979

L’Église, mère des âmes, sait que son apostolat est un apostolat de vérité et que sacrifier même un iota du dépôt de la foi, aux larges courants des erreurs modernes, serait trahir sa mission de sauver le monde.

CARDINAL PACELLI, À LOURDES LE 2 JUIN 1935

DISCOURS ET PANÉGYRIQUE

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Telle est la nature de l’homme qu’elle ne peut facilement s’élever à la méditation des réalités divines sans des secours extérieurs. C’est pourquoi l’Eglise, comme une bonne mère, a institué certains rites dans la Messe – comme de prononcer à la Messe des choses à voix basse et d’autres d’un ton plus haut -, et a introduit des cérémonies comme les bénédictions mystiques, les lumières, les encensements, les ornements et autres choses semblables, suivant l’autorité et la tradition apostolique. Ainsi serait mise en valeur la majesté d’un si grand sacrifice et les esprits des fidèles seraient stimulés par le moyen de ces signes visibles de religion et de piété à la contemplation des réalités invisibles.

CONCILE DE TRENTE

SESSION XXII- CHAP.IV

La fin dernière de l’homme – c’est-à-dire le bonheur auquel il doit tendre - est beaucoup trop élevée pour qu’il puisse la découvrir par les seules lumières de son esprit. Il était donc nécessaire que Dieu lui-même lui en donnât la connaissance. Or cette connaissance n’est autre chose que la Foi, par laquelle et sans hésitation aucune, nous tenons pour certain tout ce que l’autorité de l’Eglise notre mère nous propose comme révélé de Dieu.

CATÉCHISME DU CONCILE DE TRENTE

Les fidèles, qui forment ce qu’on appelle l’Eglise enseignée, doivent écouter l’Eglise enseignante, composée du souverain pontife et des évêques, faire ce qu’elle commande et se soumettre à ses décisions. Mépriser l’Eglise, se serait mépriser Jésus-Christ lui-même, et ce divin Sauveur déclare que quiconque n’écoute pas l’Eglise doit être regardé et condamné comme un païen et un publicain, c’est-à-dire comme un infidèle et un grand pêcheur.

CATÉCHISME DU CONCILE DE TRENTE

En Marie, sa figure et son modèle, l’Eglise retrouve son visage de Mère, elle ne peut dégénérer (...) en parti, en organisation, en groupe de pression au service d’intérêts humains, si nobles soient-ils.

CARDINAL JOSEPH RATZINGER

ENTRETIEN SUR LA FOI, 1985

Nous, nous péchons, mais L’Eglise (...) qui est porteuse de foi, ne pèche pas.

CARDINAL JOSEPH RATZINGER

ENTRETIEN SUR LA FOI, 1985

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

C’est Dieu, c’est Jésus-Christ qui a fondé sur la terre et constitué l’Église; et c’est lui qui a divisé l’Église en deux parties, unies mais distinctes, l’Église enseignante et l’Église enseignée. L’Église enseignée est formée des laïques et des simples prêtres, lesquels ne sont, en aucun cas, juges de la foi. L’Église enseignante, par laquelle Dieu enseigne et gouverne les fidèles répandus sur toute la terre, est composée du Pape et des Évêques; et comme c’est Dieu lui-même qui parle par elle, qui, par elle, enseigne, commande, condamne, pardonne, tout ce que l’Église enseignante lie ou délie sur la terre, est en même temps infailliblement lié et délié dans les cieux. En d’autres termes, l’Eglise enseignante est infaillible; elle ne peut se tromper ni nous tromper; elle est immédiatement assistée de Dieu. (…)

Lorsque le Pape enseigne, lorsqu’il déclare à l’Église que telle doctrine est vraie ou fausse, que telle ligne de conduite est bonne ou mauvaise, c’est Jésus-Christ lui-même qui parle par la bouche de son Vicaire; et comme Jésus-Christ est la vérité infaillible, il ne souffre jamais que son Vicaire puisse enseigner l’erreur. Il l’assiste si puissamment, qu’il le maintient dans la vérité, selon la promesse qu’il lui en a faite: « J’ai prié pour toi, afin que ta foi ne puisse défaillir. « N’est-il pas tout simple que, tout homme qu’il est, le Pape, ainsi assisté par Notre Seigneur, ne puisse pas se tromper ?

MGR LOUIS-GASTON DE SÉGUR

LE PAPE EST INFAILLIBLE. OPUSCULE POPULAIRE.

N’y a-t-il aucune distinction entre les membres qui composent l’Eglise ? Entre les membres qui composent l’Eglise, il y a une distinction très importante, car il y a ceux qui commandent et ceux qui obéissent, ceux qui enseignent et ceux qui sont enseignés. Comment s’appelle la partie de l’Eglise qui enseigne ? La partie de l’Eglise qui enseigne s’appelle Eglise enseignante. Et la partie qui est enseignée, comment s’appelle-t-elle ? La partie de l’Eglise qui est enseignée s’appelle Eglise enseignée. Qui a établi cette distinction dans l’Eglise ? Cette distinction dans l’Eglise a été établie par Jésus-Christ lui-même. L’Eglise enseignante et l’Eglise enseignée sont donc deux Eglises distinctes ? L’Eglise enseignante et l’Eglise enseignée sont deux parties distinctes d’une seule et même Eglise, comme dans le corps humain la tête est distincte des autres membres, et cependant forme avec eux un corps unique. De qui se compose l’Eglise enseignante ? L’Eglise enseignante se compose de tous les évêques, soit dispersés dans l’univers, soit réunis en concile, avec, à leur tête, le Pontife romain. Et l’Eglise enseignée de qui est-elle composée ? L’Eglise enseignée est composée de tous les fidèles. Quelles sont donc les personnes qui ont dans l’Eglise le pouvoir d’enseigner ? Ceux qui ont dans l’Eglise le pouvoir d’enseigner sont le pape et les évêques, et, sous leur dépendance, les autres ministres sacrés.

CATÉCHISME DE SAINT PIE X

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

L’Eglise enseignante ne peut pas errer dans l’enseignement des vérités révélées par Dieu. Elle est infaillible, car, selon la promesse de Jésus-Christ, « l’Esprit de vérité » l’assiste continuellement. (Jn.XV, 26).

CATÉCHISME DE SAINT PIE X N°115, 1905

Le Pape ne peut pas errer quand il enseigne, lui seul, les vérités révélées par Dieu; il est infaillible comme l’Eglise, lorsque, comme Pasteur et Maître de tous les chrétiens, il définit les doctrines touchant la foi et les mœurs.

CATÉCHISME DE SAINT PIE X

N°116, 1905

Il vaudrait mieux, pour un voyageur, n’avoir point de guide, que d’en avoir un qui l’égarerait. Aussi l’Église est-elle incapable, ou de nous tromper dans la foi, ou de nous égarer dans la morale. Elle nous enseigne infailliblement tout ce qui est nécessaire au salut, c’est-à- dire ce que nous devons croire et ce que nous devons pratiquer.

PÈRE VINCENT–TOUSSAINT BEURRIER

CITÉ DANS ORATEURS SACRÉS, PAR M. L’ABBÉ MIGNE, T. 66, 1855, PP. 1966-1989

C’est le devoir impérieux et la noble coutume de la sainte Eglise que de rendre surtout hommage à la vérité quand elle est méconnue, de la professer quand elle est menacée.

CARDINAL PIE

ŒUVRES, V, 203, XIXÈME SIÈCLE

La majeure partie des maux du monde provient du manque de connaissance de Dieu et de sa Vérité.

ST PIE X

L’hérésie consiste dans un refus obstiné des vérités qui ont été définies et proposées par l’Église comme doctrines divinement révélées.

CODE DE DROIT CANONIQUE

CANON 1324 - 1325

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Le monde presque tout entier est, à l’heure actuelle, violemment agité et angoissé par des troubles, des controverses, des erreurs et des théories nouvelles, qui semblent donner à notre époque un caractère d’une importance historique exceptionnelle. Même la DOCTRINE et la vie chrétienne sont en péril en de nombreuses parties du monde ; des idées douteuses ou nettement dangereuses, que l’on agitait, il y a quelques années, à mi-voix et seulement dans certains petits cercles avides de nouveautés, sont prêchées maintenant sur les toits et se traduisent ouvertement en action.

PIE XI

INSOMNIA JUBILARIA

“JUGEMENT DERNIER” - TYMPAN DE LA CATHÉDRALE DE CHARTRES

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Nous sommes fils et filles de l’Eglise

Obéissez à vos conducteurs et ayez pour eux de la déférence, car ils veillent sur vos âmes comme devant en rendre compte.

EPÎTRE DE SAINT PAUL AUX HÉBREUX 13.17

On demande en quoi nous devons pratiquer la conformité à la volonté de Dieu ? – Je réponds : en toutes choses. Nous devons d’abord faire ce que Dieu veut, observer avec fidélité ses commandements et ceux de son Église, obéir humblement aux personnes qui ont autorité sur nous, remplir avec exactitude les devoirs de notre état.

PÈRE SAINT-JURE ET BX P. DE LA COLOMBIÈRE

LA DIVINE PROVIDENCE

Tout travail évangélisateur naît d’un triple amour : pour la Parole de Dieu, pour l’Eglise, et pour le monde. Ainsi faut-il faciliter l’accès de tous les fidèles à la Sainte Ecriture, afin que, plaçant la Parole de Dieu au centre de leur vie, ils accueillent le Christ comme Rédempteur, et que sa lumière éclaire tous les milieux de l’humanité. Etant donné que la Parole de Dieu ne peut se comprendre si on la sépare de l’Eglise et si on la met en marge, il est nécessaire de promouvoir l’esprit de communion et de fidélité au magistère, surtout chez tous ceux qui ont la mission de transmettre intégralement le message de l’Evangile. L’évangélisateur doit être un fils fidèle de l’Eglise et, en outre, il doit être rempli d’amour pour les hommes, pour savoir leur offrir la grande espérance que nous portons dans notre âme.

BENOÎT XVI

6 AVRIL 2009

Aimons le Seigneur, notre Dieu, aimons son Eglise, lui comme notre Père, elle comme notre Mère. Que vous sert de confesser le Seigneur, de le prêcher, de reconnaître son Fils, de le proclamer assis à la droite du Père, si vous blasphémez son Eglise ?... Si vous étiez au service d’un patron et que vous eussiez imputé un crime à son épouse, oseriez-vous entrer dans sa maison ? Ayez donc, mes bien-aimés, ayez tous unanimement Dieu pour Père et l’Eglise pour Mère.

PÈRE EDOUARD HUGON

HORS DE L’EGLISE, POINT DE SALUT ?

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Il ne peut avoir Dieu pour Père, celui qui n’a pas l’Eglise pour Mère.

SAINT CYPRIEN

Ne mettant aucune réserve dans votre amour filial pour l’Eglise, l’Eglise ne mettra aucune réserve dans son amour maternel pour vous.

ABBÉ VICTOR-ALAIN BERTO

CORRESPONDENCE, 1951

On ne devient fils de Dieu qu’en devenant fils de l’Eglise.

DOM DELATTE

CONTEMPLER L’INVISIBLE, 1889

L’Eglise ne se soutient que par la sainteté de ses enfants : un saint Dominique et un saint François du temps du Pape Innocent III supportaient sur leurs épaules la Basilique de Latran. Voyez ce qu’a fait pour l’Eglise un Saint Benoît (...). Vous n’avez pas cette force là sans doute mais songez-y, c’est toujours par des actes intérieurs que se remportent les victoires de Dieu. (...) Nous sommes de l’Eglise, nous appartenons (...) à cette famille immense. Ce n’est qu’en vertu de cette appartenance à l’Eglise et, par elle à Jésus-Christ, que nous entrons avec Jésus- Christ dans la famille incréée de la Sainte Trinité. Nous avons notre place et notre part d’action dans ce Corps immense et nous n’avons point le droit de nous en désintéresser. (…) Jusqu’alors (avant l’Incarnation et la Rédemption), en effet, les enfants de Dieu étaient semés par le monde sans aucun lien qui les groupât entre eux, mais maintenant, ils vont se trouver réunis dans le sein de leur Mère, c’est à dire de cette société parfaite qui s’appelle l’Eglise. (...) Nous devons toujours et en toute chose (...) revendiquer hautement les droits de notre Mère. (...). Le principe universel de solution est toujours celui-ci : ce droit appartient au Seigneur, donc il appartient à l’Eglise son épouse.

DOM DELATTE

CONTEMPLER L’INVISIBLE, 1889

Personne ne peut être en société avec Dieu, s’il ne s’unit auparavant à la société de l’Église.

VÉNÉRABLE BÈDE

EVANG., VIIE SIÈCLE

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Le baptême (...) nous fait enfants de Dieu, membres de l’Eglise et héritiers du paradis, et nous rend capables de recevoir les autres sacrements.

ST PIE X

CATÉCHISME DE ST PIE X, 1905

Que signifie le mot Église ? Il désigne le peuple que Dieu convoque et rassemble de tous les confins de la terre, pour constituer l’assemblée de ceux qui, par la foi et par le Baptême, deviennent fils de Dieu, membres du Christ et temple de l’Esprit Saint.

BENOÎT XVI

COMPENDIUM DU CATÉCHISME DE L’EGLISE CATHOLIQUE, NO 147, 2005

Sachez-le, c’est la faiblesse de l’Église qui fait sa force insurmontable contre vous. Oui vraiment, il n’y a pas dans l’histoire du monde un plus grand et un plus consolant spectacle que les embarras de la force aux prises avec la faiblesse. Quand un homme condamné à lutter contre une femme, si cette femme n’est pas la dernière des créatures, elle peut le braver impunément. Elle lui dit: frappez, mais vous vous déshonorerez, vous ne me vaincrez pas. Eh bien ! L’Église n’est pas une femme, elle est bien plus qu’une femme, c’est une mère.

MONTALEMBERT

DISCOURS À L’ASSEMBLÉE, CITÉ PAR MGR RICARD, LA MISSION DE LA FRANCE, XIXE SIÈCLE

Souvent Nous nous disons en Nous-mêmes : Non, le bon Dieu n’abandonnera pas un peuple qui ne se lasse pas de donner au monde de si éclatants témoignages de sa fidélité à son Eglise, de son amour filial au Vicaire du céleste Rédempteur.

LÉON XIII

DISCOURS AUX PÉLERINS FRANÇAIS DU 2 MAI 1879

Voilà pourquoi il importe, très chers enfants, pour le bien de votre patrie, comme pour celui de la religion, que vous continuiez à hardiment professer votre foi et votre union avec ce Saint Siège Apostolique ; foi et union qui ont valu jadis à la France le titre glorieux de Fille aînée de l’Eglise. Et ce titre glorieux, vous ne le perdrez jamais, pourvu que vous vous efforciez toujours de disposer des trésors de la grâce, dont le Seigneur vous comble, en faveur de la justice et de la vérité.

LÉON XIII

DISCOURS AUX PÉLERINS FRANÇAIS DU 2 MAI 1879

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Les catholiques doivent se reprendre et s’affirmer comme des fils de lumière, d’autant plus intrépides et prudents qu’ils voient une puissance ténébreuse mettre plus de persistance à ruiner autour d’eux tout ce qu’il y a de bienfaisant et de sacré ; s’imposer au respect de tous par la force invisible de l’unité; prendre avec clairvoyance et courage (...) l’initiative de tous les progrès sociaux; se montrer les défenseurs patients des faibles et des déshérités, se tenir enfin au premier rang parmi ceux qui ont l’intention loyale, à quelque degré que ce soit, de concourir à faire régner partout, contre l’ennemi de tout ordre, les éternels principes de la justice et de la civilisation chrétienne.

LÉON XIII

LETTRE AU CARDINAL LANGÉNIEUX, ARCHEVÊQUE DE REIMS, 6 JANV., 1896

L’AUDIENCE DU MERCREDI - VATICAN

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Association Notre Dame de Chrétienté MEDITATIONS

Saint Jean-Marie Vianney

Saint Jean-Marie VIANNEY (1786-1859)

Préambule : Apprécions, comme il convient, le choix du patronage du St Curé d’Ars pour cette 2ème journée de ce pèlerinage qui nous fait méditer sur le mystère de l’Eglise. En ce Dimanche de Pentecôte 2010, notre humble et saint Curé se trouve aujourd’hui encadré par 2 Papes : hier, St Pierre, demain St Pie X ! Au cœur de cette « année sacerdotale » décidée par notre Pape Benoit XVI, nous avons la grâce de prier et d’honorer St Jean-Marie Vianney avec l’opportune coïncidence que nous offre l’histoire. C’est en effet un Dimanche de Pentecôte (31 Mai 1925) que fut canonisé par Pie XI notre Saint Curé, antérieurement béatifié par St Pie X (Dimanche 8 Janvier 1905) qui avait en permanence sous ses yeux sur son bureau une statuette du Curé d’Ars !

Pour soutenir notre méditation sur le mystère de l’Eglise, rien de mieux donc que de se plonger dans la vie de St Jean-Marie Vianney qui a passé sa vie à SANCTIFIER la modeste paroisse qui lui avait été confiée… Mais résumer en quelques pages la vie de notre Saint est une vraie gageure : si les évènements et le déroulement de cette vie sont en effet parfaitement connus et répertoriés, la plénitude de sa sainteté s’accommode mal d’un résumé qui risquerait d’appauvrir la merveilleuse réussite de la grâce divine dans cette âme sacerdotale. Pour ne rien laisser perdre de l’essentiel, nous suivrons simplement le plan en 2 parties qu’adopte la plupart des biographies de St Jean-Marie Vianney : les étapes de sa formation sacerdotale, son ministère à Ars.

I - L’Education du futur Curé d’Ars

Enfance Né le 8 Mai 1786 à Dardilly (à 8 km au N.O. de Lyon), Jean-Marie est le 4ème enfant d’une famille qui en compta 6 : Catherine, décédée peu après son mariage, Jeanne-Marie morte à 5 ans, François, Jean-Marie, Marguerite dite « Gothon » et François-cadet. Précoce en piété grâce à l’exemple de sa Mère, il affectionna très tôt les leçons de catéchisme et d’histoire sainte qu’elle assurait en famille de même qu’il désira dès ses 4 ans l’accompagner à la messe matinale quand elle pouvait s’y rendre. Quand plus tard on admira qu’il eût si tôt goûté la prière et l’autel, il répondra avec grande émotion : « Après Dieu, je le dois à ma Mère… Elle était si sage ! La vertu passe facilement du cœur des mères dans le cœur des enfants… Jamais un enfant qui a le bonheur d’avoir une bonne mère ne devrait ni la regarder ni penser à elle sans pleurer ! » Mères ou futures mères de notre temps, nourrissez-vous de cette belle leçon d’une mère de Saint. Et Madame Vianney, connaissant l’efficacité de l’exemple, ne craignait pas, à l’occasion, de dire à ses autres enfants : « Voyez, Jean-Marie est bien plus obéissant que vous : il fait aussitôt ce qu’on lui demande. » Jean-Marie n’en

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avait pas moins un caractère impétueux, témoin le délicieux fioretti du chapelet : à 4 ans, il refuse d’abord de donner à sa petite sœur Gothon un joli chapelet auquel il tenait beaucoup mais qu’elle voulait posséder ; à l’instigation de sa Mère « Oui, donne-le lui, pour l’amour du Bon Dieu… », Jean-Marie cède, tout en pleur, et pour le consoler, sa Mère lui donne alors une rustique statuette en bois de Notre-Dame : « Oh que je l’aimais cette statue, dira-t-il à 70 ans de distance, je ne pouvais m’en séparer ni le jour ni la nuit, et je n’aurais pas dormi tranquille si je ne l’avais pas eue à côté de moi dans mon petit lit… La Sainte Vierge, c’est ma plus vieille affection : je l’ai aimée avant même de la connaître. » Piété mariale d’un cœur de 4 ans qui ne se démentira jamais et qu’il saura transmettre plus tard dans son ministère par de fréquents pèlerinages à Fourvières avec sa paroisse et par son enthousiasme lors de la proclamation en 1854 du dogme de l’Immaculée Conception…

A 7 ans, Jean-Marie est confronté aux tragédies de la Révolution. Ses parents, dès qu’ils comprirent le drame des prêtres jureurs issus de la Constitution civile du clergé, ne fréquentèrent plus que les prêtres fidèles qui se cachaient pour exercer leur ministère. Jean- Marie fut sans doute impressionné par le silence des cloches et la désertification des Eglises, mais il restait très attentif aux offices clandestins auxquels se rendait sa famille et il se montrait fort zélé pour transmettre aux petits bergers qu’il fréquentait les enseignements qu’il avait retenus : chapelet, cantiques, petites processions, c’était « presque toujours moi qui faisais le Curé » dira-t-il plus tard. Partageant volontiers son goûter avec d’autres enfants plus pauvres, il ne craignait pas de reprendre ceux qui se montraient parfois violents ou grossiers. Et c’est aussi dans sa famille qu’il puisa l’exemple d’une charité concrète qu’il développa si bien auprès de tous les pauvres de sa paroisse : les Vianney n’avaient-ils pas reçu jusqu’à 20 pauvres pour la soupe du soir et le coucher !

En 1795, Jean-Marie peut suivre les cours de la petite école qui s’était ouverte à Dardilly après la tornade révolutionnaire et il y fit des progrès sensibles en lecture, écriture, calcul, histoire et géographie. Mais à cette époque le culte catholique continuait d’être exercé clandestinement par moins d’une trentaine de prêtres fidèles pour tout le lyonnais. Dardilly se trouvait rattaché à Ecully où 4 prêtres se répartissaient un ministère héroïque sous le couvert de quelques activités professionnelles qui leur donnaient une contenance pour aller et venir dans la plus grande discrétion. Aussi n’est-ce qu’en 1797, à 11 ans, que Jean-Marie put faire sa première confession, à l’issue de laquelle le prêtre émerveillé par la candeur de cette âme d’enfant décida de l’envoyer à Ecully avec quelques autres pour préparer sa première communion. Celle-ci fut célébrée en 1799, « au temps des fenaisons », alors que sévissait un regain de persécution qui imposait les plus grandes précautions…Souvenir merveilleux malgré tout, qu’il saura évoquer plus tard en des paroles brûlantes d’amour : « Quand on communie, on sent quelque chose d’extraordinaire un bien-être qui parcourt tout le corps… Nous sommes obligés de dire, comme St Jean : « c’est le Seigneur ! » O mon Dieu, quelle joie pour un chrétien qui en se levant de la table sainte s’en va avec tout le ciel dans son cœur ! » Ravivons notre amour eucharistique à cette flamme ardente du Saint Curé…

Adolescence Après sa première communion, Jean-Marie revient à Dardilly. Auprès de son Père et de son frère ainé François, il va participer aux travaux exigeants de la ferme. Pour s’encourager à suivre au mieux le rythme des adultes, il jetait devant lui, après l’avoir embrassée, une petite statuette de Notre-Dame que lui avait donnée une religieuse, et il

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renouvelait son geste pour progresser plus loin. Le soir, au retour des champs, il préférait rester en arrière du groupe des paysans pour réciter paisiblement son chapelet.

En 1802, le Concordat permet au culte catholique de retrouver sa liberté. Avec grande joie, la famille Vianney va pouvoir de nouveau sanctifier le Dimanche. Jean-Marie aimerait bien, même en semaine, aller à la messe, mais les travaux des champs, surtout en été, lui en laissent rarement le loisir. Il lui restait la prière et c’est à cette époque que s’affermit en lui le désir de devenir prêtre « pour sauver les âmes, car, à 17 ans, il constatait bien déjà la décadence religieuse issue du manque de prêtre après les sanglants massacres de la révolution. Il s’ouvrit de son désir à sa pieuse mère qui l’accueillit dans ses bras en pleurant de joie ! Pour Mathieu, son père, ce fut plus difficile : Jean-Marie était indispensable à la ferme après la dot de Catherine qui venait de se marier et le « rachat » de François appelé par la conscription… Il fallut deux ans pour convaincre le Père, mais Jean-Marie priait intensément… Par bonheur, les circonstances devinrent favorables avec la nomination de Mr l’Abbé Charles Balley à Ecully, dont le premier soin fut d’ouvrir chez lui une école presbytérale pour éduquer des vocations naissantes. Mathieu Vianney se laissa enfin fléchir et malgré un premier refus de Mr Balley (« il n’avait plus de place ! »), celui-ci fut conquis dès sa rencontre avec Jean- Marie « Oh ! Pour celui-là, je l’accepte. Soyez tranquille, mon ami, je me sacrifierai pour vous s’il le faut ! »

Dure ascension vers le Sacerdoce A 19 ans, Jean-Marie commençait à étudier pour devenir Prêtre… Les débuts furent très éprouvants : Mr Balley constata vite que ce jeune homme au jugement sûr, à la piété profonde était un écolier de 20 ans dont la mémoire rouillée, malgré ses efforts, ne retenait presque rien des rudiments du latin, en dépit de ses prières, de ses mortifications et de l’aide de ses camarades. Découragé devant l’inanité des résultats, Jean-Marie fut alors tenté de tout abandonner et de s’en retourner à Dardilly. Mr Balley, perspicace, le fit réagir en soulignant qu’il renonçait ainsi au sacerdoce et donc au salut des Ames auquel il était si attaché. Jean- Marie conjura cette terrible tentation et choisit (on était en 1806…) de péleriner jusqu’à La Louvesc (100 Km !) en mendiant sa nourriture pour obtenir de St François Régis la grâce de « savoir assez de latin pour faire sa théologie ». A son retour, il reprit plus sereinement ses études auprès de Mr Balley.

Au Carême 1807, Jean-Marie, avec sa sœur Marguerite, reçut la Confirmation à Ecully des mains du Cardinal Fesch, archevêque de Lyon depuis 1802. Il choisit St Jean-Baptiste comme patron, ce qui lui permit dès lors de signer « Jean-Baptiste, Marie ou Jean-Marie Baptiste ».

A l’automne 1809, coup de tonnerre : Jean-Marie reçoit à Dardilly une feuille de route lui enjoignant de se présenter au bureau de recrutement de Lyon en dépit de l’exemption obtenue par le Cardinal Fesch (Oncle de Bonaparte…) pour tous les séminaristes ! Le suppléant que Mathieu Vianney avait fini par trouver pour son fils s’étant désisté à la dernière minute, Jean-Marie dût partir… C’est alors qu’une grave fièvre l’obligea à être hospitalisé deux semaines à l’Hôtel-Dieu de Lyon. Encore affaibli, il rejoint Roanne en voiture avec son détachement où une rechute plus importante le conduit de nouveau à être hospitalisé. Six semaines après, le 6 Janvier 1810, il reçoit sa feuille de route avec l’ordre de rejoindre, seul, son détachement à la première étape. Epuisé par sa marche forcée et par un sac

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trop lourd pour ses forces de convalescent, il s’arrête pour se reposer un moment dans un petit bois des Monts du Forez. Il est alors rejoint par un déserteur qui, voyant sa fatigue extrême, le soulage de son sac et l’entraîne jusqu’à la commune des Nouës où il est recueilli, avec l’appui du maire, par une veuve courageuse qui avait 4 jeunes enfants. Devenu « réfractaire malgré lui », Jean-Marie restera presqu’un an aux Nouës : il y fit rapidement l’admiration de tous par sa bonne humeur, ses services et sa profonde piété.

En Janvier 1811, bénéficiant de l’amnistie accordée par Napoléon, Jean-Marie peut regagner Dardilly où sa Mère tant aimée décède le 8 Février à 58 ans… Mr Balley avait hâte de reprendre avec lui son protégé pour continuer sa formation. Le 28 Mai de cette même année, il le présente à la tonsure, première étape de la cléricature. Sous la direction immédiate de ce saint prêtre, Jean-Marie se trouve à bonne mais rude école. Il suit avec zèle l’esprit de pénitence et les mortifications de son modèle et il apprend de lui à célébrer la messe avec une grande piété.

En Novembre 1812, Mr Balley envoie Jean-Marie au séminaire de Verrières près de Montbrison. Les quelques mois qu’il y passe sont pour lui très difficile car ses résultats sont « d’une extrême faiblesse ». Malgré ses faiblesses notoires, Mr Balley réussit à faire entrer son protégé au grand séminaire de Lyon. Jean-Marie y reste un semestre au terme duquel il est renvoyé parce qu’il est incapable de passer les examens en latin ! Mr Balley sauve alors ce pauvre séminariste en obtenant, trois mois plus tard, qu’il soit interrogé, dans l’intimité de la cure d’Ecully et en français (!), par le Supérieur du Séminaire et le vicaire général de Lyon. Ceux-ci sont alors très satisfaits des réponses de Jean-Marie, mais la décision de l’appel aux ordres relève de Mr Courbon qui, en l’absence du Cardinal Fesch, assure la direction du diocèse de Lyon. Porté à l’indulgence par l’exemple même du Cardinal (qui avait un urgent besoin de prêtres pour son immense diocèse…), Mr Courbon se borne à demander : « L’Abbé Vianney est-il pieux ? A-t-il de la dévotion à la Sainte Vierge ? Sait-il dire son chapelet ? – Oui, c’est un modèle de piété. – Un modèle de piété ! Eh bien, je l’appelle : la grâce de Dieu fera le reste ! » Et le 2 Juillet 1814, avec une immense joie, Jean-Marie reçoit à la cathédrale St Jean les ordres mineurs et le sous-diaconat. Puis il termine ses études de théologie avec Mr Balley à Ecully avant d’être ordonné diacre le 23 Juin 1815 à la primatiale St Jean par Mgr Simon, évêque de Grenoble. Après un dernier examen canonique dans l’intimité de la cure d’Ecully où il fut interrogé sur les points les plus difficiles de la théologie morale, l’examinateur fut très content de ses réponses, étonné même qu’il y mît tant de netteté et de précision. Il est alors décidé qu’il serait ordonné prêtre à Grenoble le 13 Août. Dans l’allégresse de cette décision, Jean-Marie fait à pied, seul, le trajet Lyon-Grenoble (100km !) en dépit de l’insécurité des routes en cette période troublée. Il arrive à Grenoble le Samedi 12 au soir, et le Dimanche 13 Août 1815 (13ème après la Pentecôte…) Mgr Simon ordonne cet unique diacre au visage ascétique : « Ce n’est pas trop de peine pour ordonner un bon prêtre ! » dira-t-il. A plus de 29 ans, Jean-Marie Vianney montait enfin à l’autel… Sans doute évoquait-il, des années plus tard, les impressions intraduisibles de cet évènement si longtemps désiré et attendu, lorsqu’il s’écriait dans ses catéchismes : « Oh ! Que le prêtre est quelque chose de grand ! Le prêtre ne se comprendra bien que dans le ciel… Si on le comprenait sur la terre, on mourrait, non de frayeur mais d’amour ! ... »

De retour à Ecully, l’abbé Vianney apprend, par Mr Balley lui-même, qu’il est nommé vicaire auprès de lui : grande joie pour sa famille de Dardilly comme pour les paroissiens d’Ecully ! Jean Marie va ainsi continuer à se former en théologie et s’initier au ministère sous

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l’autorité de son cher protecteur. Il découvre aussi, de plus en plus, la sainteté de son curé, et tous deux vont bientôt se livrer à une surenchère de pénitences et de mortifications. Il en est ainsi jusqu’en Février 1817 où Mr Balley, très affaibli par un ulcère à la jambe doit laisser l’abbé Vianney assurer presque seul le ministère. Enfin, le 17 Décembre1817, Mr Balley se confesse une dernière fois à son vicaire, qui lui donne l’extrême-onction et lui transmet, pour les cacher et les détruire, ses instruments de pénitence ! L’on sait l’usage qu’en fit par la suite Jean-Marie Vianney…

Malgré le désir des paroissiens de garder ce jeune prêtre qu’ils admirent déjà tellement, Mgr Courbon le nomme à Ars en lui disant : « Il n’y a pas beaucoup d’amour du bon Dieu dans cette paroisse, vous y en mettrez ! » Le Mercredi 9 Février 1818, Jean-Marie quitte Ecully avec ses maigres bagages pour arriver aux alentours d’Ars (à environ 30 km d’Ecully). Une brume épaisse l’égare quelque peu, mais un petit berger, Antoine Givre, le remet sur le bon chemin et jaillit alors du cœur de ce saint prêtre le célèbre remerciement : « Tu m’as montré le chemin d’Ars, je te montrerai le chemin du ciel ! » C’était, en un raccourci saisissant, le programme d’un apostolat qui allait le dévorer pendant plus de 40 ans !

II – Le pastorat d’Ars

L'arrivée à Ars Après son bref dialogue avec Antoine Givre, l’Abbé Vianney s’agenouille et prie quelques instants l’Ange Gardien de la paroisse pour obtenir la conversion de ses futurs paroissiens. C’est là, sans doute qu’il murmure, à la vue des chaumières (une quarantaine) éparpillées autour d’une pauvre petite église : « Que c’est petit ! », ajoutant par un pressentiment surnaturel : « Cette paroisse ne pourra contenir tous ceux qui plus tard y viendront. » Désormais, son intense zèle pastoral allait devenir le chemin de sa sainteté…

Son installation officielle est réalisée le Dimanche 13 février 1818, et il commence aussitôt à visiter ses ouailles : une soixantaine de foyers. Il constate vite que ses paroissiens ne sont ni meilleurs ni pires que ceux de la plupart des paroisses françaises à cette époque. Malgré quelques familles (une dizaine au plus…) aux habitudes sérieusement chrétiennes, les séquelles de la funeste révolution ont atteint l’ensemble du troupeau : affaissement général de la pratique religieuse, ignorance dramatique des connaissances de la religion, spécialement parmi les 25-40 ans. Restaient cependant quelques faibles braises, entretenues vaille que vaille dans les décennies précédentes par les rares et courageux prêtres réfractaires qui avaient traversé l’orage à leur risque et péril : confréries du St Sacrement et du Rosaire, confrérie du Scapulaire, récit, par quelques vieillards, du pèlerinage de toute la paroisse – avec un enthousiasme à court terme…- lors du jubilé de la cathédrale St Jean à Lyon en 1734 (jubilé rarissime, chaque fois que la St Jean-Baptiste -24 Juin- coïncide avec la Fête-Dieu, ce fut à nouveau le cas en 1886 et… en1943 !), quelques processions et pèlerinages locaux qui étaient trop souvent le prétexte à des réjouissances populaires fort peu religieuses…

L’Abbé Vianney ne s’arrête pas à se lamenter du constat de cette pauvreté spirituelle, même s’il en est très affecté en raison du danger réel pour le salut des âmes.

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Le quotidien d’un Saint curé Un « curé », c’est celui qui prend « soin » (=cura en latin…) des âmes qui lui sont confiées. Jamais ce titre n’a été mieux vécu que par Jean-Marie Vianney, justifiant parfaitement ainsi que Pie XI le désigne, en 1929, comme patron de tous les curés du monde et que Benoît XVI, pour cette année sacerdotale, le choisisse comme patron de tous les prêtres, tant il est vrai que tout prêtre doit avoir le SOIN des AMES.

Jean-Marie va commencer par l’essentiel : la prière. Bréviaire et chapelet sont récités le plus souvent à l’église, mais aussi en arpentant les chemins et les bois de son territoire paroissial. Il va même réussir assez rapidement à attirer les plus convaincues de ses ouailles aux Vêpres du Dimanche et à raviver la confrérie du St Rosaire. Très tôt le matin, il se rend à l’église bien avant l’heure de sa Messe. Sa prière personnelle jaillissait parfois malgré lui à haute voix et plusieurs témoignèrent de ce qu’ils l’avaient surpris pleurant à chaudes larmes en s’exclamant : « Mon Dieu, accordez-moi la conversion de ma paroisse ! Je consens à souffrir tout ce que vous voudrez tout le temps de ma vie, oui, pendant cent ans les douleurs les plus aiguës pourvu qu’ils se convertissent ! »

Mais la prière ne lui suffit pas : il y joint la pénitence et il va se livrer toute sa vie à des austérités effrayantes (jeûnes rigoureux, coucher sur la dure, disciplines sanglantes…) étant persuadé qu’« il faut qu’il en coûte pour sauver les âmes » (Bossuet). Ce n’était pas chez lui recherche malsaine de performances ascétiques, mais volonté ardente de s’unir à la Rédemption de Jésus « en achevant dans sa chair ce qui manque à la Passion du Christ pour son Corps qui est l’Eglise » (St Paul). Déjà bien entraîné à des pénitences rigoureuses par la fréquentation de son cher Abbé Balley, il ne renoncera jamais, jusqu’à sa mort, à ce véritable régime sacrificiel, même si les dix premières années de son ministère à Ars furent par lui- même, plus tard, qualifiées d’« excessives » : « Quand on est jeune, dira-t-il à un prêtre, on fait des imprudences ! »

La conversion d’une paroisse Jean-Marie va se consacrer à son ministère avec un zèle ardent et par les moyens les plus classiques d’une efficacité confirmée. Il commence d’abord par restaurer son Eglise dont l’aspect quelque peu délabré, voire même misérable, ne pouvait guère attirer les fidèles. Toute sa vie, il embellira et agrandira cette Eglise : autel transformé avec un tabernacle imposant, ouverture successive de plusieurs chapelles latérales (1820, chapelle de la Ste Vierge – 1823, celle de St Jean-Baptiste – 1837, celle de Ste Philomène – 1838, celle de l’Ecce Homo, puis un peu plus tard celle des Saints Anges). En 1822, il fait restaurer le plafond de la nef et en 1845 agrandir le chœur. Statues, tableaux, reliquaires en grand nombre vont décorer l’église pour « parler » au cœur des fidèles. Enfin il s’attache à renouveler les ornements liturgiques en achetant les plus beaux qu’il puisse trouver à Lyon. Dans toutes ces restaurations, il redit souvent son refrain préféré : « Rien n’est trop beau pour le Bon Dieu… Mais au ciel, tout sera plus beau encore ! »

Dès son arrivée, Jean-Marie Vianney s’attaque vigoureusement à cette ignorance qui entraîne l’indifférence religieuse et qu’il affirmait être un véritable PECHE : « Nous sommes sûrs, disait-il en chaire, que ce seul péché en damnera plus que tous les autres ensemble, parce qu’une personne ignorante ne connaît ni le mal qu’elle fait, ni le bien qu’elle perd en péchant ». Aussi va-t-il secouer énergiquement ses paroissiens pour les amener à une

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nécessaire SANCTIFICATION du DIMANCHE, une halte hebdomadaire indispensable pour un enseignement religieux régulier par le sermon et une fidélité fondamentale au 4ème commandement de Dieu. De même, l’Abbé Vianney va s’attacher avec grand zèle au catéchisme des enfants. De la Toussaint à l’époque des communions, il les rassemble tous les matins à 6 heures en semaine, avant Vêpres le Dimanche. Il les attire par de petites ruses affectueuses (les images…), mais il exige le mot à mot et le « par cœur », et n’hésite pas à repousser la première communion à l’année suivante s’il ne les trouvait pas prêts.

La conversion des mœurs requière aussi tous ses soins. Avec une prédication énergique et le sacrement de Pénitence auquel il s’applique chaque jour, il combat sans complaisance les maux qui lui paraissaient les plus graves : blasphèmes, cabarets, danses du Dimanche soir. Sans ménagement, il invective ses paroissiens sur ces différents points, admonestant sévèrement « ceux qui vivent comme s’ils étaient sûrs de n’avoir point d’âme à sauver ! » A ce régime, dès 1830 la danse avait complètement disparu du centre d’Ars, avec, de surcroît, l’appui du Maire… Il lui arriva même de payer le salaire du violoneux…pour qu’il aille jouer ailleurs !

Pour les toilettes inconvenantes, il agit avec autant de fermeté : « La jeune fille cherchera à attirer les yeux du monde. Par ses parures recherchées et indécentes, elle annoncera qu’elle est un instrument dont l’enfer se sert pour perdre les âmes. Elle ne saura qu’au tribunal de Dieu le nombre de crimes qu’elle aura fait commettre ! » Dans le monde où nous vivons, 150 plus tard, qui d’entre nous oserait affirmer que notre saint Curé n’avait pas entièrement raison ?! Enfin, pour convertir en profondeur les mœurs de ses paroissiens, ce saint prêtre n’hésitait pas à refuser parfois l’absolution aux récidivistes, tant qu’il jugeait que la « racine du péché » n’était pas arrachée.

Les grandes épreuves Les combats de Jean-Marie Vianney contre les désordres et les péchés lui attirèrent rapidement humiliations et souffrance morale : lettres anonymes, dénonciations calomnieuses, rien ne lui fut épargné. Le nouvel évêque de Belley – diocèse auquel était désormais rattaché Ars – Mgr Devie, après enquête sérieuse et promptement menée, réduisit à néant ces imputations calomnieuses. La réaction du saint Curé fut au diapason du respect et de l’admiration que lui témoignait la majorité de ses paroissiens : « Pendant quatre ou cinq ans, j’ai été bien calomnié, bien contredit. Oh ! J’avais des croix presque plus que je n’en pouvais porter. Je me mis à demander l’amour des croix et je fus heureux. Je me dis : vraiment, il n’y a de bonheur que là… La croix doit apporter la paix dans nos cœurs. Toutes nos misères viennent de ce que nous ne l’aimons pas ».

Comme les épreuves suscitées par les hommes ne réussissaient pas à abattre l’Abbé Vianney, le « grappin » (sobriquet donné au démon par notre saint…) s’en mêla. Son harcèlement commença fin 1824 pour se poursuivre…jusqu’en 1858 ! Cris épouvantables et haineux, tapage nocturne impressionnant ébranlant la cure de coups violents, persécutions et agressions physiques, Satan se déchainait avec fureur, spécialement la veille des pèlerinages amenant de nombreux pénitents : « C’est bon signe, disait le saint Curé, le démon m’a bien agité cette nuit : nous aurons demain beaucoup de monde… Le grappin est bien bête : il m’annonce lui-même l’arrivée des grands pécheurs… Il y aura demain un gros poisson : le grappin est en colère ! Tant mieux ! » Et malgré les nuits blanches – pourtant déjà si

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courtes…- que Satan lui faisait passer, notre saint Curé était au confessionnal fidèlement dès deux heures du matin ! Mais « au bout du compte, écrit Catherine Lassagne, les luttes de Mr Vianney avec le démon contribuèrent à rendre sa charité plus vive et plus désintéressée. » Précisons au passage que ces attaques du démon n’avaient rien de commun avec des hallucinations : le docteur qui rencontra très régulièrement Jean-Marie Vianney pendant 17 ans témoigna très clairement de « son parfait équilibre psychique et moral ».

Les oeuvres prioritaires Les écoles (La Providence) : Pour remédier à la désolante ignorance constatée dès son arrivée, l’Abbé Vianney décida très tôt qu’il fallait de toute urgence créer deux écoles à Ars. Tout en continuant de réveiller vigoureusement par ses sermons, ses visites et ses conseils la responsabilité et les devoirs des parents, il s’occupa d’abord de trouver un instituteur pour les garçons : ce fut Mr Gaillard, qui, en accord avec l’excellent Maire, Antoine Mandy s’implanta dans un local prêté par la commune. Bon chrétien, il s’efforcera de regrouper les garçons au moins pendant la saison où ils n’étaient pas occupés aux travaux des champs…

Pour les filles, l’Abbé Vianney choisit d’abord parmi ses ouailles deux jeunes filles simples et pieuses, Catherine Lassagne et Benoîte Lardet, qu’il envoya début 1823 auprès des religieuses de St Joseph de Cluny à Fareins pour se former à leur future tâche. En Mars 1824, il acquit, au chevet de l’église, une maison neuve à un étage suffisante pour loger deux maîtresses et une vingtaine d’écolières. En Novembre 1824 s’ouvrait la « Providence » avec 16 filles d’Ars et des environs immédiats. Mais en Janvier 1827, notre saint Curé, bouleversé d’avoir fréquemment rencontré dans la campagne des orphelines sans gîte ou des filles abandonnées par des parents indignes ou indigents, décida d’agrandir son premier local pour les recevoir. En Novembre 1827, ces orphelines devinrent pensionnaires de la Providence, tandis que les premières écolières se retrouvaient externes. L’école était gratuite, les familles qui le pouvaient apportaient des fournitures en nature. Jamais l’abbé Vianney ne demanda quelque rétribution financière, se confiant à la seule Providence pour faire vivre l’école par les dons qu’il sollicitait régulièrement auprès de quelques bienfaiteurs choisis. Il avait seulement promis aux institutrices le vivre et le couvert. Catherine Lassagne demeura 22 ans à la tête de cette fondation qui augmenta rapidement ses effectifs jusqu’à plus de 60 enfants ! Et ce fut pour cette école que notre saint Curé réalisa ses deux premiers miracles : la multiplication du blé au grenier de la Providence en 1829 et celle de la farine dans le pétrin en 1834, miracles qu’il attribua, bien sûr, « à ses saints auxquels il avait cassé la tête »…par ses prières et celles des enfants ! La réussite de cette œuvre correspondait parfaitement à ce que souhaitait son fondateur : les jeunes filles acquéraient à la Providence une instruction élémentaire suffisante en plus d’une formation solide aux travaux pratiques du ménage. Mais elles avaient surtout acquis, dans ce milieu familial tout baigné de bonté et de piété, assez de vertus pour affronter les périls moraux et les épreuves du monde. St Pie X proclamera lui-même la Providence « un modèle d’éducation populaire ». Ce fut du reste l’œuvre préférée de notre saint Curé qui réalisait ainsi ce qu’il affirmait par la suite à un prêtre : « La plus belle œuvre que l’on puisse faire dans le siècle où nous vivons, c’est l’éducation chrétienne de la jeunesse ». Voilà bien une parole inspirée qu’il convient de clamer à temps et à contre temps aux familles et aux écoles de notre époque… !

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L’œuvre des œuvres : Catéchismes et Confessions. En plus de son amour enflammé pour la Sainte Eucharistie qui irradiait de sa personne à chaque Messe, à chaque adoration du St Sacrement, à chaque Procession de la Fête-Dieu (qu’il assurait tous les ans, avec une joie débordante, dans un déploiement luxueux de tentures et de fleurs…), notre saint Curé se consumera, corps et âme, pendant plus de 40 ans, pour la conversion des fidèles par le Catéchisme et le Sacrement de Pénitence.

C’est à la Providence qu’il inaugura son « catéchisme de 11 heures » qu’il donnera tous les jours à l’école jusqu’en 1845, puis à l’Eglise en raison des nombreux paroissiens et pèlerins qui se pressaient pour l’écouter. Sa simplicité, sa familiarité même, faisait merveille pour réchauffer les cœurs en éclairant les intelligences. Mais le charisme spécifique de St Jean-Marie Vianney, ce fut au confessionnal surtout qu’il l’exerça : ce confessionnal devint son plus terrible instrument de pénitence et de mortification, bien plus encore que les persécutions du démon ! Etouffant en été dans l’étuve de sa petite église jusqu’à la suffocation, gelant en hiver au point de « ne plus sentir ses pieds de la Toussaint à Pâques », souffrant fréquemment de névralgies faciales, de sévères maux de dents et de rhumatismes douloureux, il passa sa vie au confessionnal. Véritable « martyr de la confession », il assurait des permanences de 10 à 16 heures par jour qui auraient exténuées 6 prêtres ! Pendant plus de 40 ans, jusqu’à la dernière semaine de sa vie, il restera inlassablement le « médecin des âmes » que chacun voulait rencontrer. C’est ce ministère prodigieux qui va attirer très tôt des centaines, puis des milliers de pèlerins. C’est ce ministère héroïque qui CONVERTIRA d’abord ses paroissiens et ensuite ces cohortes de pénitents (jusqu’à 300/400 par jour !) venus de la France entière. C’est au confessionnal que notre saint Curé saura exhorter à une contrition sincère, absoudre avec la miséricorde divine dont son cœur débordait, conseiller, guider, encourager, aidé certes par ses nombreuses intuitions surnaturelles puisées au cœur de sa prière quasi permanente. Beaucoup ont attesté que le plus grand miracle de Curé d’Ars, ce fut la conversion d’une multitude de pécheurs. Il fallait parfois de 6 à 8 jours pour aborder ce saint confesseur ! A beaucoup il disait en pleurant : « Sauvez votre pauvre âme ! Que c’est dommage de perdre une âme qui a tant coûté à Notre Seigneur ! Quel mal vous a-t-il donc fait pour le traiter de la sorte ? » Il avait le don des larmes et touchait ainsi le cœur de pécheurs endurcis : « Pourquoi pleurez-vous tant, mon Père ? », Et lui de répondre : « Je pleure parce que vous ne pleurez pas assez ! » Pour les pénitences sacramentelles, il était le plus souvent porté à l’indulgence ; sa « recette » était simple : « Je donne une petite pénitence et je fais le reste à leur place… ». L’on comprit vite ce que cela signifiait pour ce prêtre héroïque qui, non content de s’astreindre à cette harassante présence au confessionnal, n’en continuait pas moins ses mortifications multiples pour la conversion de ses pénitents.

Les fruits de cet apôtre Dès 1820, Ars pouvait être regardé comme une paroisse fervente. Le 6 Août 1823, notre Saint Curé conduit en procession les deux tiers de sa paroisse à Fourvière, et le 7 Novembre de la même année, il peut écrire à sa « bonne Mère des Nouës », Mme Fayot : « Je suis dans une paroisse pleine de religion qui sert le bon Dieu de tout son cœur. En 1827, Catherine Lassagne évoquera « les grâces de conversion que Mr le Curé a obtenues par ses prières et surtout par la célébration du Saint Sacrifice… Il s’est fait une révolution dans les cœurs… Presque tout le monde travaillait de toutes ses forces à sortir du péché : on avait honte… de ne pas faire le bien et de ne pas pratiquer sa religion. Tous étaient dans de saintes

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dispositions ». Et l’Abbé Vianney lui-même, pourtant avare de compliments avec ses paroissiens, pouvait conclure : « Mes frères, Ars n’est plus Ars ! J’ai confessé et prêché dans des jubilés, des missions : je n’ai rien trouvé comme ici ! » En moins de 10 ans, Ars était devenu un vrai « village de chrétienté »… Beaucoup d’hommes se rendaient aux champs le chapelet aux doigts ; quant la cloche sonnait pour la prière du soir, de nombreux paroissiens se rendaient à l’église ; l’on avait (re)pris l’habitude de réciter l’Angélus trois fois par jour là où l’on se trouvait ; bénédicité et grâces aux repas étaient rarement oubliés… Quelques villageois voisins se moquaient un peu : « Votre Curé fera de vous des capucins ! », mais ils s’attiraient la réponse : « Notre Curé est un Saint et nous devons lui obéir ! ». L’Abbé Vianney vérifiait ainsi le bien-fondé d’une pastorale très simple qu’il poursuivra toute sa vie : priorité à son intense prière personnelle et à son héroïque mortification, visites régulières à tous les foyers pour bien connaître ses ouailles et les encourager ou les reprendre selon les cas, ferveur enthousiaste pour le culte eucharistique et particulièrement pour la Sainte Messe, restauration attentive de la sanctification du Dimanche, prêches énergiques pour dénoncer les vices et les mauvaises mœurs, présence quasi permanente au confessionnal pour « sauver les âmes, éducation des enfants par le catéchisme et de bonnes écoles, … les journées de notre saint Curé étaient vraiment harassantes !

Les fruits répondaient aux efforts déployés par Jean-Marie Vianney. Dès 1827, l’harmonie et la paix qui rayonnaient du village d’Ars attiraient de plus en plus de pèlerins auprès de l’auteur d’une si profonde et édifiante transformation. L’afflux des pèlerins fut bientôt considérable. Chacun comprenait que rencontrer ce saint prêtre était une grâce exceptionnelle. Son zèle ardent pour le salut des âmes, son amour intense et son émotion visible dans la célébration de la Messe bouleversaient les pèlerins et contribuaient à étendre sa renommée.

Mais cet apostolat éreintant ne suffisait pas à éteindre un appétit qu’il portait en secret depuis des années : le désir de la solitude ! A trois reprises il chercha à s’enfuir d’Ars pour vivre en ermite et « pleurer les péchés de sa pauvre vie »… Il avait demandé plusieurs fois à son évêque de se retirer : peine perdue, malgré lettres et supplications !

La première tentative, vers 1840, passera quasi inaperçue. Parti d’Ars, seul, vers 2 heures du matin, il parcourt quelques kilomètres, puis se met à réfléchir : « Est-ce bien la volonté de Dieu ? La conversion d’une seule âme ne vaut-elle pas mieux que toutes les prières que je pourrais faire dans la solitude ? » Et il retourne à sa cure !

Le 3 Mai 1843, terrassé brusquement par une fièvre violente, on le porte sur son lit et dans les heures qui suivent, on le croit perdu. Il est assailli d’angoisses terribles devant le jugement de Dieu : « Je voudrais vivre encore pour pleurer mes péchés et faire quelque bien ! » Le 11 Mai, l’agonie semble imminente et il reçoit avec grande foi les derniers sacrements. Le 12 au matin, après la première des 100 messes qu’il avait promises à sa chère Ste Philomène, il s’écrie : « Je suis guéri ! » Cette guérison miraculeuse, il l’attribue aussitôt à la Sainte Vierge et à Ste Philomène, mais les médecins exigent un repos absolu avec un régime alimentaire…normal. Il s’y soumit presque trois mois, n’assurant qu’un service paroissial « allégé » (mais relatif, car il continue de se lever à 2 heures !). Dans la nuit du 12 Septembre, il quitte Ars à pied pour se rendre à Dardilly chez son frère ainé afin d’y prendre un peu de repos. Toute sa paroisse – désolée et prévenue par quelques indiscrétions – est sur

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le qui-vive et de nombreux pèlerins ne tarderont pas à le rejoindre à Dardilly. Malgré la volonté explicite des paroissiens de Dardilly de garder ce saint Curé – l’enfant du pays…- celui-ci, le 18 Septembre, part avec son frère sur le cheval de la ferme pour Notre-Dame de Beaumont (tout près de Marlieu, à 50 km de Dardilly) où Mgr Devie lui avait enfin permis de se retirer. Le Mardi 19 Septembre, après la célébration de sa messe au sanctuaire de Beaumont, l’Abbé Vianney affirme sans ambages : « Le bon Dieu ne me veut pas ici : retournons à Ars ! » L’accueil de ses ouailles et des pèlerins fut quasi triomphal. Avec grande émotion, il s’écria : « Je ne vous quitterai plus, mes enfants ! »

La troisième tentative a lieu cependant le lundi 5 Septembre 1853 ! Mr Vianney est décidé à rejoindre une communauté vouée à l’Adoration perpétuelle et ouverte l’année précédente à La Neylière (près de St Symphorien-sur-Coise, dans le Rhône) par le R.P.Jean- Claude Colin fondateur des Pères Maristes. Par bonheur, l’abbé Toccanier, le nouveau vicaire nommé récemment auprès de notre saint Curé, prévenu par Catherine Lassagne, décide de l’accompagner. Lorsqu’il le voit sortir de sa cure après minuit, Mr Toccanier lui fait faire le tour du village (où tous s’étaient mobilisés pour empêcher leur pasteur de partir…) en tentant de le dissuader de son projet par ses exhortations et ses prières. Il le reconduit ainsi à l’église où, brusquement, Mr Vianney se remet à son confessionnal et à 7 heures célèbre sa messe. L’alerte avait été chaude ! « J’ai fait l’enfant ! » dira-t-il simplement… Ars gardera désormais jusqu’à sa mort ce saint pasteur d’âmes dont les qualités fondamentales étaient son ineffable douceur et sa profonde humilité.

La mort d’un Saint En Juillet 1859, Jean-Marie Vianney eut le pressentiment de sa mort prochaine : « Si un prêtre venait à mourir à force de peines et de travaux endurés pour la gloire de Dieu et le salut des âmes, ce ne serait pas mal ! » Son rêve allait se réaliser. Le vendredi 29 Juillet au soir, il s’alita épuisé plus qu’à l’ordinaire : « C’est ma pauvre fin : allez chercher mon confesseur » murmura-t-il. La chaleur était torride, des mouches s’abattaient sur son visage malgré les efforts de son garde-malade : « Laissez-moi avec mes pauvres mouches, il n’y a d’ennuyeux que le péché… » Il était dans une paix profonde et conserva toute sa connaissance jusqu’à son dernier soupir : « Qu’il fait bon mourir quand on a vécu sur la croix ! » Il reçut les derniers sacrements le 3 Août avec grande foi et piété. Il ne parlait que très faiblement. Une vingtaine de prêtres s’étaient rassemblés dans sa chambre pour le viatique : « Que le bon Dieu est bon : quand on ne peut plus aller le voir, c’est Lui qui vient ! Mais c’est triste de communier pour la dernière fois ! » Et le Jeudi 4 Août, à 2 heures du matin, alors qu’éclatait sur Ars un violent orage, juste après les paroles liturgiques de la recommandation de l’âme : « Que les Saints Anges de Dieu viennent à sa rencontre et l’introduisent dans la céleste Jérusalem », Jean-Marie Baptiste Vianney, rendant son âme sans agonie, s’endormait comme le « bon serviteur qui a bien rempli sa tâche ». Tout Ars était en pleurs, mais le ciel, lui, n’était que joie et allégresse…

La Gloire d’un Saint Pendant 48 heures, une foule recueillie défila devant son « pauvre cadavre » et l’on prit, pour la première fois, une photographie du Curé d’Ars. Ses obsèques, fixées au Samedi 6 Août, furent présidées par Mgr de Langalerie qui prononça l’homélie sur le thème : « Bon et fidèle serviteur, entrez dans la joie de votre Maître… » 300 prêtres, 6.000 fidèles participèrent

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à cet office dans un recueillement saisissant et une piété édifiante. L’on continua à défiler devant le corps jusqu’à l’inhumation dans un caveau creusé au milieu de la nef.

Le 21 Novembre1862, l’évêque de Belley ouvrait la procédure en vue de la béatification. Le 3 Octobre 1872, le pape Pie IX déclarait Jean-Marie Baptiste Vianney « vénérable » et St Pie X (élu Pape le 4 Août 1903, 44 ans après la mort de notre vénérable…) béatifiait à Rome cet humble et merveilleux CURE d’ARS, le Dimanche 8 Janvier 1905 devant une foule de 30.000 fidèles.

Les 2, 3 et 4 Août 1905, un triduum solennel rassembla au village d’Ars 3 cardinaux, 25 évêques et 22.000 fidèles de toute la France : l’on pouvait désormais honorer le Bienheureux « en son corps » découvert intègre lors de son exhumation et exposé dans une magnifique châsse.

Enfin, le 31 Mai 1925, en la solennité de la Pentecôte, le Pape Pie XI, entouré de 35 cardinaux et de 300 évêques, canonisait notre Bienheureux Jean-Marie Vianney.

Oui, le Saint Curé d’Ars et plus près de nous Saint Padre Pio sont des saints pasteurs qui ont mis inlassablement en œuvre une PASTORALE toujours très ACTUELLE pour la renaissante urgente des familles et des paroisses de notre temps. Regardez, frères pèlerins, la célèbre statue de notre saint réalisée par le sculpteur Cabuchet : c’est parce que St Jean-Marie Vianney, toute sa vie, a intensément contemplé son Seigneur –« Mon Dieu, je Vous aime »- qu’il a pu, rempli de la grâce divine, convertir tant de pécheurs, sauver tant d’âmes… Catholiques français, prêtres et fidèles du monde entier, soyons fiers et dignes d’un si noble modèle ! Que nous reste-t-il à faire pour le salut de notre temps sinon suivre et imiter le mieux possible son exemple ? « Seigneur, donnez-nous des prêtres, donnez-nous de saints prêtres, DONNEZ-NOUS BEAUCOUP DE SAINTS PRETRES ! »

FRÈRE MARTIN PRÊTRE, ANCIEN PÈLERIN

N.B. : L’œuvre définitive pour bien connaître la vie du St Curé d’Ars est celle écrite par Mgr Trochu en 1925 et rééditée en 1979 par les éditions Resiac : 650 pages, un monument de science et de profondeur spirituelle, dans une langue toute de finesse et d’élégance…

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Une, sainte, catholique et apostolique

La volonté de Dieu c’est notre sanctification. (1 Thé. 4, 3) Et notre sanctification passe obligatoirement par Jésus-Christ qui est venu dans le monde pour nous racheter et nous ouvrir la voie du salut. Je suis la Voie, la vérité et la vie, et personne ne vient au Père que par moi, a dit Jésus-Christ (Jn 14. 6). Il n’y a donc de salut qu’en Lui, car nul autre nom sous le ciel n’a été donné aux hommes par lequel nous devions être sauvés, (saint Pierre Ac, 4, 11). Pour assurer ce salut Jésus-Christ a fondé l’Eglise, société religieuse qui a pour objet direct la félicité éternelle des l’hommes, alors que les sociétés humaines ont pour objet leur félicité et leur prospérité temporelles. Jésus confie son enseignement à ses Apôtres. Allez enseigner toutes les nations,… leur apprenant à observer toutes les choses que je vous ai commandées. (Mt. 28, 19-20) Pour enseigner les peuples Jésus-Christ a fondé son Eglise. Et moi je te dis que tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, (Mt. 16, 18). « C’est à dire, explique le pape saint Léon en 461, comme mon Père t’a manifesté ma divinité, ainsi moi, je te fais connaître ton excellence, ton autorité suprême. Je te dis que tu es pierre, parce que tu es inébranlable par ma vertu, afin que ce qui m’appartient en propre devienne ta propriété. » Et les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle, précise Jésus (Mt. 16, 18). Bâtie sur des fondements inébranlables, l’Eglise, malgré toutes les manœuvres des hommes et des démons résistera. Ses ennemis seront confondus : Celui qui habite dans le ciel s’en rira, le Seigneur se moquera d’eux, (Ps. 2, 4) Cela signifie que Dieu se moque de tous ceux qui s’opposent à son Eglise, en rendant inutiles les efforts qu’ils font contre elle depuis 2000 ans.

L’Eglise est la barque du salut dont Pierre a été établi le maître. Il monta dans l’une de ces barques qui était à Pierre, (Luc 5, 3). Elle est la voie pour aller vers Dieu. Pendant le déluge, seuls ceux qui étaient dans l’Arche furent sauvés. Saint Jérôme écrivait au pape saint Damase : «Je sais que l’Eglise est bâtie sur cette pierre ; quiconque aura mangé hors de cette maison, est un profane, » (Epist. 57). « C’est par la Eglise catholique, laquelle est le moyen général de salut, que peut s’obtenir toute la plénitude des moyens de salut. Car c’est au seul collège apostolique dont Pierre est le chef, que furent confiées, selon notre foi, toutes les richesses de la Nouvelle Alliance, afin de constituer sur la terre un seul Corps du Christ auquel il faut que soient pleinement incorporés tous ceux qui, d’une certaine façon, appartiennent déjà au peuple de Dieu ». (cf. Unitatis redintegratio n°3.) J’ai prié pour toi, Pierre, afin que ta foi ne défaille pas, (Luc 22, 32). Pierre et ses successeurs sont assurés de l’assistance du Saint Esprit. C’est l’indéfectibilité de la foi. Je prierai pour vous, et il vous donnera le Saint Esprit afin qu’il demeure éternellement avec vous ; l’Esprit de vérité demeurera auprès de vous et il sera avec vous, (Jn 14, 16). L’Eglise, dirigée par le successeur de Pierre, ne peut errer dans la foi, car seul le Pape détient son pouvoir du Christ et il est seul à avoir l’assurance d’être assisté du Saint Esprit. Ainsi, Vatican I précise que «Le jugement du Siège apostolique auquel aucune autorité n’est supérieure, ne doit être remis en question par personne, et personne n’a le droit de juger ses décisions. » (Dz 1830). Le pape saint Nicolas Ier est formel : « Celui qui agit contre l’Eglise romaine, qui est la mère de la foi, viole la foi. »

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Mais nous sommes probablement au temps annoncé par saint Paul ? (2 Tim. 4, 2-4) Il viendra un temps où les hommes ne supporteront plus la saine doctrine ; et dans leur démangeaison d’entendre ce qui les flatte, ils se donneront des maîtres selon leurs désirs, et détourneront l’oreille de la vérité pour l’ouvrir à des fables. Or au Concile Vatican II les libéraux ont obtenu un aggiornamento (une mise à jour). Ils alléguaient qu’avec une mise à jour, au goût du jour évidemment, l’Eglise, débarrassée de ses intransigeances, serait mieux acceptée ! Ils n’ont pas entendu le cardinal Browne, Maître Général des Dominicains, qui avait dit au début du Concile : « Prenez garde, oui prenez garde de ne pas avilir les exigences de l'Evangile. Prenez garde, en ouvrant les fenêtres, en ouvrant l’Eglise au monde d'aujourd'hui, en l'abaissant au niveau des caprices de l'homme moderne et moderniste de ne pas dissoudre l’Eglise dans ce monde apostat, si désireux d'éteindre la lumière du Christ. Et prenez garde de ne pas faire de l’Eglise l'un des puissants agents de dissolution générale de la société, de la civilisation, de la Foi, du sens de Dieu ». C’est précisément ce qui a été fait et la fumée de Satan a pénétré dans le Temple de Dieu, constatait Paul VI. Des prêtres ont repoussé certaines traditions de l’Eglise alors que tradition vient de Tradere : transmettre ! Transmettre le patrimoine spirituel de l’Eglise. D’autres ont parlé pour plaire au monde et des fidèles se sont laissés abuser parce que l’erreur la plus nuisible est celle qui est la plus proche de la vérité. Ils ont écouté un Evangile interprété et l’équivoque a pénétré dans les esprits. Certains admettent que la doctrine peut évoluer pour s’adapter au monde, d’autres pensent que l’Eglise n’est pas seule détentrice des paroles de la vie éternelle. La prière personnelle a été abandonnée, la piété a baissé, le sens du Sacré s’est estompé et les séminaires sont désertés. C’est l’anesthésie générale des forces combattives contre le mal et contre les erreurs. Des catholiques doutent de la Présence réelle dans l’hostie et beaucoup ont adopté une morale tolérante pour vivre en paix dans le monde. Ils veulent bien de Dieu à condition qu’il ne leur impose rien. La fréquentation des confessionnaux est une exception pratiquée par quelques anciens. Le plus grand nombre est devenu indifférent en face du bien et du mal et on vit en paix, dans le péché, dit saint Bernard. Jean-Paul II, inquiet de la situation religieuse dans notre pays, avait demandé à la France : France, qu’as-tu fait des promesses de ton Baptême ? Mais qui a réfléchi sur cette question ? Si la foi catholique avait été mieux défendue, elle serait encore vive, la piété intacte, les séminaires actifs et les églises pleines. Quel enfant n’éprouverait pas une grande peine de voir sa mère malade ? Et la maladie de notre Mère la Sainte Eglise se trouve dans l’infidélité et la désobéissance de beaucoup de ses fils et dans le départ d’un grand nombre. Devait-on tout accepter et se taire ? Non, car la force des méchants vient de la faiblesse de ceux qui se taisent. Le Pape saint Félix III en 492 dit aussi que « L’erreur à laquelle vous ne vous opposez pas, vous l’approuvez ; la vérité que vous ne défendez pas, vous la tuez. » C’est donc un devoir de combattre pour la foi et de défendre la vérité. Des catholiques se sont heureusement levés dès 1966 pour défendre la foi, (la revue Itinéraires et l’abbé Coache parmi les premiers).

L’Eglise ne peut se concevoir sans Jésus-Christ son chef invisible, et sans son Vicaire son chef visible. C’est Pierre - seul - qui a reçu le pouvoir d’ordre et de juridiction. A toi, Pierre, je donnerai les clefs du royaume des cieux. Tout ce que tu lieras sur la terre, sera lié aussi dans les cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera aussi délié dans les cieux, (Mt.16, 19). C’est par trois fois et à Pierre seulement, et que Jésus a dit : Pais, mes agneaux, (Jn 21, 15-17) c’est-à-dire, enseigne, gouverne, commande. C’est Pierre qui détient, à titre unique, la garde des moyens de la grâce et la garde de la Vérité révélée. « Pierre seul a été choisi, dit saint Léon, pour être le chef des apôtres et de tous les Pères de l’Eglise ; afin que

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Pierre gouvernât tous ceux sur lesquels Jésus-Christ règne en souverain, » (Serm. III de Assumpt. ad Pontif.). « Afin qu’un seul chef étant établi, tout occasion de schisme disparût, » dit aussi saint Jérôme (Lib. 1 contra Jovin.). Or certains refusent d’obéir au Pape en déclarant qu’il ne défend pas la foi catholique et qu’il est en désaccord avec cette Tradition dont ils pensent être les interprètes authentiques. En réalité ils opposent leur jugement à celui du Vicaire du Christ. D’autres précisent « qu’il faut obéir au Pape dans la mesure où il accomplit sa charge et défend le bien commun de l’Eglise. » Mais qui a le pouvoir de juger si le Pape accomplit sa charge et défend le bien commun de l’Eglise ? C’est le libre examen. L’Église se trouve alors privée du jugement indiscutable du Souverain Pontife, qui ne serait pas le juge suprême puisqu’il serait jugé par les fidèles (Vatican I, Dz 1827). Et qui êtes-vous pour juger votre prochain ? demande saint Jacques (Jc. 4, 13). Les protestants avaient dit : « nous refusons d’obéir au Pape parce que nous sommes fidèles à l’Écriture et que le Pape n’y est pas fidèle. » Ils se dispersent dans l’erreur.

Ce n’est pas au jugement privé que notre Seigneur a confié l’explication des choses contenues dans le dépôt de la foi, c’est au magistère de l’Église. Seule l’Eglise, l’Epouse du Christ, est gardienne de la vérité. Il faut rappeler que le pouvoir de juridiction du Pape est plénier et suprême, non seulement dans les choses qui touchent à la foi et aux mœurs, mais aussi quant à la discipline et au gouvernement de l'Eglise. Saint Thomas enseigne que « L’on doit plus se reposer sur la décision du pape, à qui il appartient de décider en matière de foi, que sur aucun des plus sages docteurs, » (Quodlib.10.art,6). Et saint Alphonse de Liguori écrivait « J’affirme que ceux qui disent que le souverain pontife quel qu’il soit, peut errer dans ses décrets sur la foi, apportent dans l’Eglise la peste et la ruine. » Voilà ce qui arrive quand les pasteurs se paissent eux-mêmes. Ils marchent dans des voies qu’ils ont inventées, (Ps. 80, 13) Ils s’écartent des jugements droits, (Daniel 13. 9) et ils entraînent les fidèles. La prudence commande de se garder de juger les comportements car, s’ils sont compréhensibles pour Dieu, il est rare qu’ils le soient pour les hommes. Il faut donc demander humblement la grâce de la compréhension à la lumière du Saint Esprit. Ceux qui l’ont reçue ont une grande patience et sont indulgents. Les autres, dépourvus d’esprit de conciliation et de l’humilité, prononcent leurs sentences. « Du trône factice où il s’assied, l’orgueil se fait très volontiers un tribunal. Et telle est la joie qu’il trouve à édicter ses sentences, que, pour les prononcer, il n’attend même pas les procès » (Mgr Gay, Vie chrétienne t. 1 p. 389). Il est vrai, écrit Bourdaloue qui cite saint Grégoire : « Qu’il est beaucoup plus difficile de se taire que de parler. L’un procède d’une discrétion sage, d’une retenue modeste et humble, d’une charité compatissante aux faiblesses d’autrui et d’un empire absolu sur soi-même ; au lieu que l’autre, en mille rencontres, n’est l’effet que d’une impétuosité naturelle, et souvent d’une envie secrète de censurer. » Nous ne serons cohéritiers du Christ que si nous sommes soumis à l’Eglise ; soumission de l’intelligence aux enseignements et soumission de la volonté aux commandements. Si quelqu’un ne veut pas obéir à l’Eglise, qu’il soit regardé comme un païen et un publicain, a précisé Jésus (Mt. 18, 17). A sainte Marguerite Marie Alacoque qui lui dit qu’elle dépend de ses supérieures, Jésus répond « Je ne l’entends pas autrement, car tout puissant que je suis, je ne veux rien de toi qu’avec la dépendance de ta supérieure. Ecoute bien : tous religieux séparés et désunis de leurs supérieurs se doivent regarder comme des vases de réprobation. Ces âmes sont tellement rejetées de mon cœur […] qu’elles iront d’un enfer à l’autre, […] puisque tout supérieur tient ma place, soit qu’il soit bon ou mauvais. C’est pourquoi

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l’inférieur pensant le heurter se fait autant de blessures mortelles à l’âme ; et après tout c’est en vain qu’il gémira à la porte de ma miséricorde, il ne sera point écouté si je n’entends la voix du supérieur. » (Vie de Ste Marguerite Alacoque t 2 p. 175) Dans Quæ in Patriarchatu du 1 septembre 1876 sur l’autorité Pie IX écrivait : « A quoi bon reconnaître hautement la charge de la suprématie de saint Pierre et de ses successeurs ? A quoi bon répéter si souvent des déclarations de foi catholique et d’obéissance au Siège Apostolique, lorsque ces belles paroles sont démenties par ses actes ? Bien plus, est-ce que la rébellion n’est pas rendu plus inexcusable par le fait que l’on reconnaît que l’obéissance est un devoir ? […] Il s’agit en effet, vénérables frères et bien-aimés fils, d’accorder ou de refuser obéissance au Siège Apostolique. […] non seulement quant à la foi, mais encore quant à la discipline… » Saint Augustin rappelle que « Dieu veut l’obéissance, car l’obéissance est la preuve d’amour par excellence, parce que l’obéissance est l’immolation de la volonté propre » (Lib. 35 Moral. C, 10). « Lorsque Dieu fait entendre sa voix, il faut obéir et non raisonner, » ajoute-t-il (Lib. Civit.). On en est loin ! C’est Jésus qui envoie ses Apôtres : Comme mon Père m’a envoyé, moi je vous envoie, (Jn 20, 21). C’est le Pape qui envoie en mission, au nom de Jésus-Christ. « Quiconque cherche à se soustraire à l’autorité du vicaire du Christ… porte atteinte de ce fait à l’autorité du Christ lui-même. » enseignait Innocent IV (Bulle Eger oui levia, en 1245). Si vous n’êtes pas avec moi vous êtes contre moi, dit Notre Seigneur (Mt 12, 30). Sont-ils pour le Christ ceux qui ne sont pas avec son Vicaire ? Il est temps que certains se réforment avant de vouloir réformer l’Eglise. Qu’ils craignent aussi d’être jugés pour les fautes des pauvres fidèles qu’ils auraient entraînés hors du chemin avec leurs discours…! Qu’ils se souviennent plutôt qu’il y a des brebis qui ont dévié du bon chemin parce qu’elles ont été circonvenues par des modernistes ou des libéraux. C’est vers ces brebis que les pasteurs doivent s’activer pour ré- instruire les fidèles avec charité. Catton l’Ancien disait : Delenda Carthago (il faut détruire Carthage). Alors Messieurs les clercs, dites : Delenda Modernistes, combattez-les et ne vous trompez pas d’ennemis. Le Christ demande l’humilité et l’acceptation des croix. L’obéissance vaut mieux que tous les sacrifices, (1, Reg. 15, 22). « La Contre-révolution doit s’appuyer sur l’Eglise et la servir humblement, au lieu de s’imaginer orgueilleusement qu’elle la sauve ». Les clercs et les fidèles devraient savoir qu’il ne peuvent rien pour l’Eglise qu’en lui obéissant. L’obéissance vaut mieux que tous les sacrifices, (1, Reg. 15, 22). Ne pas obéir au Chef de l’Eglise est donc une faute. Si quelqu’un ne veut pas obéir à l’Eglise, qu’il soit regardé comme un païen et un publicain. (Mt. 18, 17) Le Christ demande l’humilité et l’acceptation des croix. « Tous les fils de l’Église doivent se souvenir que la grandeur de leur condition doit être rapportée non à leurs mérites, mais à une grâce spéciale du Christ ; s’ils n’y correspondent pas par la pensée, la parole et l’action, ce n’est pas le salut qu’elle leur vaudra, mais un plus sévère jugement ». (Lumen gentium, n. 14). Les exemples ne manquent pas pour montrer que Dieu punit toujours la désobéissance. Adam et Eve furent punis dès leur premier péché. Notre situation est-elle plus désolée que celle décrite par saint Bernard en Languedoc. Les basiliques sont sans fidèles, les fidèles sans prêtres, les prêtres sans honneur et, pour tout dire d’un mot, il n’y a plus que des chrétiens sans Christ…On va jusqu’à priver les enfants des chrétiens de la vie du Christ en leur refusant la grâce du baptême… Ô douleur ! L’Eglise s’est relevée. Et elle se relèvera quand, libérée de tous ses ennemis, elle reprendra sa marche en avant pour répandre les trésors divins dont elle a été constituée l’unique trésorière et l’unique distributrice. A la fin mon cœur Immaculé triomphera a dit Notre Dame. L’Eglise vit son agonie comme le Christ, à cause de l’orgueil des hommes. Il faut déraciner de nos cœurs et de nos esprits toutes ces fausses idées dont ils se sont imprégnés.

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Dès à présent, le royaume de Dieu est au dedans de vous, dit Jésus (Luc 17, 21). Le nom de Dieu est sanctifié par notre charité ? Dieu règne-t-il dans les cœurs quand les hommes refusent d’obéir à ses lois ? Soyez mes témoins jusqu’aux extrémités de la terre (Act. 1, 8). Rendre témoignage du Christ, c’est annoncer ses grandeurs et sa divinité, c’est faire connaître la vérité. Sur le plan spirituel, « c’est se remplir l’esprit et le cœur des maximes de Jésus-Christ et conformer sa vie à celle du divin Maître, » écrivait Bourdaloue. C’est s’imprégner des Béatitudes. Bienheureux les miséricordieux, les pacifiques, les doux, les affamés de justice… Saint Paul dit aussi : Revêtez-vous de Notre Seigneur Jésus-Christ, (Rom. 13, 14), et Que l’amour de vos frères demeure en vous, (He, 13, 1). Car, la Charité anéantit toutes les iniquités, est-il écrit dans les Proverbes. (Pro. 10, 12) Enfin, peut-on ignorer que la Croix est le vrai chemin du salut ?

O prêtres ! Vous êtes les vicaires de Jésus-Christ et vous remplissez ses fonctions, (S. Augustin Serm. XXXIV ad Fratr.). « Eclairez les esprits, dirigez les consciences, réconfortez et soutenez les âmes qui se débattent dans le doute en gémissant dans la souffrance. » (cf. Pie XII Menti Nostræ) Cet apostolat exige de s’éprendre d’enthousiasme et d’un zèle surnaturel pour le règne social de Jésus-Christ. Que l’Immaculée Conception soit la lumière du prêtre. Qu’il exerce son ministère avec foi, humilité et douceur, dans la prière et la méditation. Qu’il soit d’une grande bonté pour ses frères. Qu’il oublie les discordes, les critiques, les sentences et qu’il prêche la paix et la concorde. Que sa chaire ne soit pas une tribune mais le siège de la parole de Dieu, empreinte de cette onction sacerdotale qui met du baume sur les plaies. Qu’il prêche avec une grande charité, parce que la charité est patiente et pleine de bonté, elle n’est pas envieuse, elle n’agit pas avec témérité, elle ne s’enfle pas d’orgueil, elle n’est pas ambitieuse, elle souffre tout et supporte tout, écrivait saint Paul. (1 Cor. 1-13) Au reste, qu’est-ce que la Foi sans la Charité ? Prions Dieu qu’il donne à tous les fidèles assez d’humilité, de foi, de courage et de charité pour accepter l’autorité de l’Eglise pour qu’il n’y ait qu’une seule bergerie. Que les fidèles soient comme la Très Sainte Vierge Marie au pied de la Croix. Gardons la foi en Dieu et en Sa Sainte Eglise. Offrons à Jésus-Christ les pleurs de la Sainte Vierge, les douleurs de l’Eglise et faisons des sacrifices pour l’unité de l’Eglise.

UN PÈLERIN

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CATHÉDRALE SAINT ETIENNE - AUXERRE

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Notre appartenance à l’Eglise

1. “Je suis fille de l’Église catholique”

« Qui es-tu ? » a demandé le juge Fauvety à la Supérieure des Ursulines de Sisteron, ce 8 Thermidor (26 juillet) 1794. Sœur Thérèse Consolin répond simplement : « Je suis fille de l’Église Catholique ». Cette réponse est profonde : la religieuse qui sait très bien qu’elle va à la mort ne se connaît plus d’autre identité que celle-là : être fille de l’Église Catholique. La question de notre appartenance à l’Église Catholique est donc tout d’abord une question de filiation. Sainte Thérèse d’Avila, mourante, répète plusieurs fois de suite : « Béni soit Dieu, mes filles, je suis fille de l’Église ». Notre identité chrétienne est d’être fils et filles de l’Église. Pie XII, disait, le 20 février 1946, que les laïcs doivent avoir « une toujours plus claire conscience non seulement d’appartenir à l’Église mais d’être l’Église, ce qui veut dire la communauté des fidèles sur la terre sous la conduite du Chef commun, le Pape, et des évêques en communion avec lui ».

2. Par le Baptême

Il y a donc plus qu’une appartenance à l’Église il y a une filiation qui nous fait être l’Église. Cette filiation se réalise par le Baptême. Saint Cyprien (IIIème siècle) écrit dans l’une de ses lettres : « Pour que quelqu’un puisse avoir Dieu pour Père il doit d’abord avoir l’Église pour mère » (Ep. 74). Expression vigoureuse : c’est l’Église notre mère qui nous fait fils de Dieu par le Baptême. La splendide prière de bénédiction de l’eau de la Vigile pascale parle de notre naissance surnaturelle en termes inoubliables : « Que l’Esprit-Saint féconde cette eau préparée pour la régénération des hommes par l’immixtion mystérieuse de sa vertu divine. Après avoir ainsi conçu le pouvoir de sanctifier qu’elle puisse faire émerger du sein immaculé de cette divine fontaine une nouvelle créature, une race céleste. Et alors la grâce dans sa maternité va faire naître à une seule et unique enfance tous ceux que séparaient auparavant soit le sexe dans le corps soit l’âge dans le temps ». C’est une misère que de devoir traduire l’admirable texte latin ! Ce texte fait bien saisir combien notre identité surnaturelle d’enfants de notre Mère la Sainte Église transcende notre identité naturelle.

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3. Par la Profession de la Foi

Benoît XVI disait aux jeunes à Paris, le 12 septembre 2008 : « Témoignez de Dieu, car en tant que jeunes, vous faites pleinement partie de la communauté catholique en vertu de votre baptême et en raison de la commune profession de foi. L’Église vous fait confiance, je tiens à vous le dire ».

4. Baptême et Profession de Foi ne suffisent pas

C’est plus complexe. Le Catéchisme de l’Église Catholique donne de l’appartenance à l’Église une description un peu compliquée mais vraiment complète : “Sont incorporés pleinement à la société qu’est l’Église ceux qui, ayant l’Esprit du Christ, acceptent intégralement son organisation et tous les moyens de salut institués en elle et qui, en outre, grâce aux liens constitués par la profession de Foi, les Sacrements, le gouvernement ecclésiastique et la communion, sont unis dans l’ensemble visible de l’Église avec le Christ qui la dirige par le Souverain Pontife et les évêques. L’incorporation à l’Église, cependant, n’assure pas le salut pour celui qui, faute de persévérer dans la charité reste bien“ de corps” au sein de l’Église, mais non « de cœur » (C.E.C. 837).

5. Nécessaire visibilité de l’Église. Splendeur et misère de cette visibilité.

Nécessaire visibilité de l’Église. - S’adressant à de jeunes étudiants en Droit de Vienne, le 3 juin 1956, Pie XII leur disait de façon presque provocatrice : « En fondant son Église le Christ n’a pas voulu simplement lancer un vague mouvement spiritualiste, mais édifier une société solidement organisée ». - Léon XIII dit admirablement dans son Encyclique Satis cognitum (29 juin 1896) les raisons de cette nécessaire visibilité : « Si nous regardons en elle le but dernier qu’elle poursuit et les causes immédiates par lesquelles elle produit la sainteté dans les âmes, assurément l’Église est spirituelle ; mais si nous considérons les membres dont elle se compose, et les moyens mêmes par lesquels les dons spirituels arrivent jusqu’à nous, l’Église est extérieure et nécessairement visible…« La Foi vient par l’audition et l’audition par la parole du Christ ». Et la Foi elle-même… de sa nature sans doute est renfermée dans l’esprit, mais elle doit cependant éclater au-dehors par l’évidente profession qu’on en fait… De même rien n’est plus intime à l’homme que la grâce céleste, qui produit en lui la sainteté, mais extérieurs sont les instruments ordinaires et principaux par lesquels la grâce nous est communiquée : nous voulons parler des Sacrements qui sont administrés avec des rites spéciaux, par des hommes nommément désignés pour cette fonction… Parce que l’Église est un corps, elle est visible aux yeux ». Pie XII a une formule frappante lorsqu’il dit que « l’Église Catholique est le grand mystère visible » et il ajoute « comme est visible son Chef sur terre, le Vicaire du Christ, comme sont visibles ses ministres, visible sa vie, visible son culte, visible son œuvre et son activité pour le salut et la sanctification des hommes. Visible est également son indéfectibilité ».

Splendeur et misère de cette visibilité Le Catéchisme du Concile de Trente explique une chose claire : « L’Église militante

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renferme deux sortes de personnes, les bons et les méchants. Les méchants participent aux mêmes Sacrements et professent la même Foi que les bons ; mais ils diffèrent d’eux par la conduite et les mœurs. Les bons ne sont pas ceux qui sont unis seulement par la profession de la même Foi et la participation aux mêmes sacrements mais ceux qui sont attachés les uns aux autres par l’esprit de grâce et le lien de la charité » (Ed. Itinéraires, p. 97). Notre attitude vis à vis de cette double appartenance est très bien décrite par Pie XII dans Mystici Corporis (29 juin 1943) : « Que si l’Église manifeste des traces évidentes de la condition de notre humaine faiblesse, il ne faut pas l’attribuer à sa constitution juridique, mais plutôt à ce lamentable penchant au mal des individus, que son divin Fondateur souffre jusque dans les membres les plus élevés de son Corps mystique dans le but d’éprouver la vertu des ouailles et des pasteurs, et de faire croître, en tous, les mérites de la Foi chrétienne. Le Christ, en effet, n’a pas voulu que les pécheurs fussent exclus de la société formée par Lui ; si donc certains membres de l’Église souffrent de maladie spirituelle, ce n’est pas une raison de diminuer notre amour envers l’Église, mais plutôt d’augmenter notre piété envers ses membres » (E.P.S. 1065).

6. La Beauté de la communion des Saints

Léon XIII dans Miræ caritatis (28 mai 1902) définit ainsi la communion des Saints : « Une communication mutuelle de secours, d’expiations, de prières, de bienfaits entre les fidèles, soit ceux qui sont déjà en possession de la patrie céleste, soit ceux qui sont encore condamnés aux flammes expiatrices, soit enfin ceux qui sont encore voyageurs sur cette terre, mais qui ne forment tous qu’une seule cité ayant pour chef le Christ et pour forme la charité ». On a l’habitude de distinguer deux aspects dans la Communion des Saints. On peut la comprendre soit comme la communion de tous aux mêmes « choses saintes », soit comme la communion des Saints (c’est-à-dire des baptisés consacrés à Dieu et au culte de Dieu) entre eux. Dans le rite oriental, juste avant la Communion, le prêtre en montrant le Corps du Christ aux fidèles leur dit : « Sancta sanctis » : « Les choses saintes aux Saints ». Et, bien entendu, parmi les choses saintes la plus excellente est l’Eucharistie : « Le bien commun spirituel de toute l’Église est contenu substantiellement dans le Sacrement lui-même de l’Eucharistie » (III/65/3/1). Nul, peut-être, mieux que Péguy n’a mis en valeur le lien créé entre tous les fidèles par l’Eucharistie non seulement dans l’espace mais aussi dans le temps : « Le plus humble prêtre dans la dernière des paroisses françaises donne, le dernier des fidèles dans la plus humble des paroisses françaises reçoit le même corps de Jésus, Corpus Domini nostri Jesu Christi, que donnait et que recevait, que donnait ou recevait Saint Augustin et Saint Paul, (Saint Aignan, Saint Loup, Saint Gatien) (Sainte Geneviève) (Saint Germain), Saint Louis et Saint François, Jeanne d’Arc, Pascal, Corneille. Le même corps absolument identiquement le même… Tout chrétien qui prie, monsieur Laudet, secundum verbum orationis, tout malheureux homme qui dit son Notre Père fait une référence directe, immédiate, instantanée à Jésus qui le prononça pour la première fois. Il imite, il saisit, il atteint directement Jésus priant, comme dans la communion il saisit directement le Corps de Jésus. Dans ce merveilleux cortège de la prière c’est toujours Jésus-Christ qui marche devant et tout homme qui marche après est toujours éternellement le second ». Péguy parle excellemment du « cortège de la prière » qui emboîte le pas au Christ. Il serait difficile de mesurer avant l’éternité ce que nous nous devons les uns aux autres dans le

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domaine surnaturel. Nous aurons la révélation dans l’au-delà de tous ceux qui ont prié pour nous au ciel et sur la terre. C’est une des plus perceptibles facettes de ce diamant qu’est la communion des Saints. Prendre l’exemple de la Sainte Vierge est le plus éclairant. D’abord, parce que comme le dit le Cardinal Journet : « La Vierge c’est déjà l’Église dans le plus pur d’elle-même ». Ensuite parce que « désormais la Vierge sera placée au cœur de l’Église militante pour la soutenir par le silence de sa contemplation et de son amour ». En lisant cette phrase du grand théologien de l’Église comment ne pas penser à ce qu’écrit Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus : « Je compris que si l’Église avait un corps, composé de différents membres, le plus nécessaire, le plus noble de tous ne lui manquait pas, je compris que l’Église avait un Cœur et que ce Cœur était brûlant d’AMOUR. Je compris que l’Amour faisait agir les membres de l’Église, que si l’Amour venait à s’éteindre, les Apôtres n’annonceraient plus l’Évangile, les Martyrs refuseraient de verser leur sang… je compris que l’Amour était tout, qu’il embrassait tous les temps et tous les lieux… en un mot qu’il est éternel !… Dans le cœur de l’Église, ma Mère, je serai l’Amour… ainsi je serai tout ». Magnifique exposé de ce qui fait le cœur de la Communion des Saints et sa réelle beauté. Mieux encore que Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, la Très Sainte Vierge a été au cœur de la communion des Saints, spécialement, si l’on ose ainsi parler, au moment de la naissance de l’Église. Le Cardinal Journet décrit cela admirablement : « Elle a soulevé l’Église naissante par la puissance de sa contemplation et de son amour. Elle lui a été plus utile encore que les apôtres qui agissaient en-dehors. Elle a été pour elle la racine cachée où s’élabore la sève qui éclate dans les fleurs et dans les fruits. Elle n’a pas eu les clés du Royaume, mais elle a conduit et soutenu par sa prière ceux qui les avaient, et ceux aussi qui s’en venaient frapper à sa porte. Ce rôle est le sien aujourd’hui encore. Ce que certains ont appelé son sacerdoce relève au vrai des grandeurs non de hiérarchie, mais de sainteté ». On peut conclure avec le Cardinal Journet encore : « Il y a deux points autour desquels se rassemble l’Église, l’Eucharistie et le Souverain Pontife. Et dans nos cœurs la prière à la Vierge. Avec cela l’Église restera plus forte que le monde. Elle a ses racines dans le Ciel et ses feuilles dans les tempêtes ». « Ô Sainte Église Catholique, par la grâce de l’Esprit-Saint nous croyons que tu es, que tu vis, que tu « souffres, combats et vis et que tes tentes se déploient d’une mer à l’autre ». Credo Sanctam Ecclesiam Catholicam. Camp de ceux qui croient, de ceux qui espèrent, de ceux qui aiment au profond de leur âme, montrez-la, ô chers fils, cette Église, mère des âmes, visible sur la montagne, lumière des peuples, visible dans sa vie, dans son histoire, dans ses luttes et dans ses triomphes, dans son culte, ses sacrements, ses ministres, sa hiérarchie ; visible en cette Rome où le Vicaire du Christ est le centre de son unité et la source de l’autorité, comme celui à qui doivent être unis tous les autres pasteurs et de qui ils reçoivent immédiatement leur juridiction et leur mission. Il lui appartient de les confirmer dans la Foi, en tant que premier et universel Pasteur, et Pasteur des Pasteurs, de prévenir et de corriger les abus, de garder inviolable le dépôt de la doctrine du Christ et de la Sainteté de la morale, de condamner authentiquement l’erreur » Pie XII : 17 Février 1942.

ABBAYE NOTRE-DAME DE FONTGOMBAULT

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Saint Joseph, patron de l’Eglise universelle

GGénéalogieénéalogie Il est à noter que deux évangélistes, saint Matthieu (1, 1-16) et saint Luc (3, 23-38), nous fournissent la généalogie de saint Joseph : « David engendra Salomon … engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle est né Jésus, qui est appelé Christ » (Mt1,16). Leur but est d’établir que Jésus est descendant de David, et donc de sang royal, condition nécessaire pour que sa qualité de Messie soit reconnue par ses contemporains. À première vue, la démonstration ne semble pas rigoureuse puisque Jésus, né d’une Vierge, n’a pas de sang commun avec l’époux de sa mère.

Joseph assume la paternité légale de Jésus

Il faut, pour apprécier la démonstration, se replacer dans la coutume juridique de l’époque, pour laquelle la paternité légale, disons adoptive, mettait l’enfant en pleine possession de tous ses droits d’héritier. Or Joseph a totalement exercé ce type de reconnaissance paternelle, après mûre réflexion et avec quelques hésitations dont l’Écriture sainte se fait l’écho : « Voici de quelle manière arriva la naissance de Jésus-Christ. Marie, sa mère, ayant été fiancée à Joseph, se trouva enceinte, par la vertu du Saint-Esprit, avant qu’ils eussent habité ensemble. Joseph, son époux, qui était un homme de bien et qui ne voulait pas la diffamer, se proposa de rompre secrètement avec elle. Comme il y pensait, un ange du Seigneur lui apparut en songe, et dit : Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre avec toi Marie, ta femme, car l’enfant qu’elle a conçu vient du Saint-Esprit ; elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus ; c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. Tout cela arriva afin que s’accomplît ce que le Seigneur avait annoncé par le prophète : Voici, la vierge sera enceinte, elle enfantera un fils, et on lui donnera le nom d’Emmanuel, ce qui signifie Dieu avec nous. Joseph s’étant réveillé fit ce que l’ange du Seigneur lui avait ordonné, et il prit sa femme avec lui. Mais il ne la connut point jusqu’à ce qu’elle eût enfanté un fils, auquel il donna le nom de Jésus » (Mt1, 18- 25). L’ange de Dieu, en enjoignant à saint Joseph de donner un nom à l’enfant, reconnaît implicitement son droit parental, et l’étendue du rôle de père dont il accepte de se charger.

Fuite en Egypte Après la Nativité, l’ange s’adressera encore à saint Joseph, puisqu’il est le chef de la sainte Famille, pour l’avertir de sauver le nouveau-né du danger imminent qui le menace : « Un ange du Seigneur apparut en songe à Joseph, et dit : Lève-toi, prends le petit enfant et sa mère, fuis en Égypte, et restes-y jusqu’à ce que je te parle ; car Hérode cherchera le petit enfant pour le faire périr. Joseph se leva, prit de nuit le petit enfant et sa mère, et se retira en Égypte. Il y resta jusqu’à la mort d’Hérode, afin que s’accomplît ce que le Seigneur avait annoncé par le prophète : J’ai appelé mon fils hors d’Égypte » (Mt 2, 13-15). La protection dont saint Joseph a entouré Jésus, il est naturel de penser qu’il en fait également bénéficier l’Église. Car l’Église c’est le Christ continué, c’est le Corps mystique du Christ. Jésus est la

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Tête de ce Corps et nous en sommes les membres. Ici-bas saint Joseph a pris soin du Fils de Dieu incarné ; au paradis, il intercède pour tous les baptisés. D’où son titre de « protecteur », ou de « patron » de la sainte Église.

Retour d’Égypte et établissement à Nazareth D’ailleurs, on voit dans la suite du récit évangélique que saint Joseph a pris son rôle à cœur et s’en est acquitté consciencieusement : « Quand Hérode fut mort, un ange du Seigneur apparut en songe à Joseph, en Égypte, et dit : Lève-toi, prends le petit enfant et sa mère, et va dans le pays d’Israël, car ceux qui en voulaient à la vie du petit enfant sont morts. Joseph se leva, prit le petit enfant et sa mère, et alla dans le pays d’Israël. Mais, ayant appris qu’Archélaüs régnait sur la Judée à la place d’Hérode, son père, il craignit de s’y rendre ; et, divinement averti en songe, il se retira dans le territoire de la Galilée, et vint demeurer dans une ville appelée Nazareth » (Mt 2, 19-23). Saint Joseph a fait preuve de prudence en évitant un retour en Judée. Ce fait stimule notre confiance en lui, en sa capacité de nous aider à déjouer certains pièges du démon et de son empire des ténèbres.

Recouvrement de Jésus au temple On ignore à quel âge saint Joseph a quitté ce monde. Les Évangiles parlent abondamment de lui au moment de la Nativité du Seigneur. Ils prouvent aussi qu’il était encore présent auprès de Jésus et Marie, douze ans plus tard : « Lorsqu’il fut âgé de douze ans, ils y montèrent (à Jérusalem), selon la coutume de la fête. Puis, quand les jours furent écoulés, et qu’ils s’en retournèrent, l’enfant Jésus resta à Jérusalem. Son père et sa mère ne s’en aperçurent pas. Croyant qu’il était avec leurs compagnons de voyage, ils firent une journée de chemin, et le cherchèrent parmi leurs parents et leurs connaissances. Mais, ne l’ayant pas trouvé, ils retournèrent à Jérusalem pour le chercher. Au bout de trois jours, ils le trouvèrent dans le temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant. Tous ceux qui l’entendaient étaient frappés de son intelligence et de ses réponses. Quand ses parents le virent, ils furent saisis d’étonnement, et sa mère lui dit : Mon enfant, pourquoi as- tu agi de la sorte avec nous? Voici, ton père et moi, nous te cherchions avec angoisse. Il leur dit : Pourquoi me cherchiez-vous? Ne saviez-vous pas qu’il faut que je m’occupe des affaires de mon Père? Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait. Puis il descendit avec eux pour aller à Nazareth, et il leur était soumis. » (Luc 2, 42-51).

Baptême de Jésus Par contre, lorsque Jésus, à l’âge adulte, entre sur la scène de la vie publique, il n’est plus question de saint Joseph que de façon accidentelle. Ainsi, au cours du récit du Baptême de Jésus, qui manifeste sa qualité de Fils de Dieu, saint Luc a-t-il tenu à noter que ses contemporains le pensaient fils de Joseph : « Tout le peuple se faisant baptiser, Jésus fut aussi baptisé ; et, pendant qu’il priait, le ciel s’ouvrit, et le Saint-Esprit descendit sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe. Et une voix fit entendre du ciel ces paroles : Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi j’ai mis toute mon affection. Jésus avait environ trente ans lorsqu’il commença son ministère, étant, comme on le croyait, fils de Joseph » (Luc 3, 21-23). Probablement saint Joseph était-il déjà mort à cette époque, comme tend à le prouver l’attitude de Jésus qui, du haut de la Croix, demande à son bien aimé de prendre soin de sa mère après son propre décès : « Jésus, voyant sa mère, et auprès d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère: Femme, voilà ton fils. Puis il dit au disciple: Voilà ta mère. Et, dès ce moment, le disciple la prit chez lui » (Jn 19, 26-27). Cette disposition se comprend mieux si Marie se trouve alors dans l’état du veuvage.

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Le Saint et le Patriarche Un personnage de l’Ancien Testament n’est pas sans présenter une belle analogie avec l’époux de Marie : le patriarche Joseph, onzième fils de Jacob appelé aussi Israël. La Bible est plutôt loquace sur ce Joseph-ci, puisqu’elle narre sa vie en quatorze chapitres (Gn 37-50). Cette abondance a encouragé la liturgie à puiser là des éléments scripturaires qu’elle applique au père adoptif du Seigneur. Voyez par exemple l’épître de la Messe votive Adjutor, qui fait descendre sur Saint Joseph la bénédiction que Jacob-Israël prononça sur son fils Joseph : « Joseph est le rejeton d’un arbre fertile, Le rejeton d’un arbre fertile près d’une source ; les branches s’élèvent au-dessus de la muraille. Ils l’ont provoqué, ils ont lancé des traits ; les archers l’ont poursuivi de leur haine. Mais son arc est demeuré ferme, et ses mains ont été fortifiées par les mains du Puissant de Jacob. Il est ainsi devenu le berger, le rocher d’Israël. C’est l’œuvre du Dieu de ton père, qui t’aidera ; c’est l’œuvre du Tout-Puissant, qui te bénira des bénédictions des cieux en haut, des bénédictions des eaux en bas, des bénédictions des mamelles et du sein maternel. Les bénédictions de ton père s’élèvent au-dessus des bénédictions de mes pères » (Gn 49, 22-26). Car, outre le nom qu’ils portent en commun, plusieurs épisodes de leurs vies peuvent être mis en parallèle, et nous éclairer ainsi sur certains traits du caractère de notre Saint.

Songe de Joseph Et d’abord, le Patriarche, comme le Saint, est un habitué des messages divins reçu dans le sommeil : « Israël aimait Joseph plus que tous ses autres fils, parce qu’il l’avait eu dans sa vieillesse ; et il lui fit une tunique de plusieurs couleurs. Ses frères virent que leur père l’aimait plus qu’eux tous, et ils le prirent en haine. Ils ne pouvaient lui parler avec amitié. Joseph eut un songe, et il le raconta à ses frères, qui le haïrent encore davantage. Il leur dit : Écoutez donc ce songe que j’ai eu! Nous étions à lier des gerbes au milieu des champs ; et voici, ma gerbe se leva et se tint debout, et vos gerbes l’entourèrent et se prosternèrent devant elle. Ses frères lui dirent : Est-ce que tu régneras sur nous ? Est-ce que tu nous gouverneras? Et ils le haïrent encore davantage, à cause de ses songes et à cause de ses paroles. Il eut encore un autre songe, et il le raconta à ses frères. Il dit : J’ai eu encore un songe! Et voici, le soleil, la lune et onze étoiles se prosternaient devant moi » (Gn 37, 3-9). La haine des frères du patriarche Joseph, qui ne veulent pas que leur cadet règne sur eux, fait fortement penser à la violence sanguinaire d’Hérode s’acharnant contre le Roi-Messie nouveau-né! Et pourtant, ce n’est pas un royaume terrestre concurrent de celui du tyran que le Christ est venu fonder, mais un royaume spirituel, une Église qui travaille au salut des âmes en dispensant les sacrements et en prodiguant avec autorité les enseignements qu’elle a elle- même reçus de son Sauveur.

Elévation de Joseph Les frères rebelles du patriarche eurent pour leur part amplement l’occasion de constater que l’accession au pouvoir politique de leur frère était, pour eux aussi, une aubaine providentielle. Devenu le second de Pharaon, il prendra les dispositions nécessaires pour conjurer la famine touchant l’Égypte et la Palestine, et leur évitera donc de mourir de faim. « Pharaon dit à Joseph : Puisque Dieu t’a fait connaître toutes ces choses, il n’y a personne qui soit aussi intelligent et aussi sage que toi. Je t’établis sur ma maison, et tout mon peuple obéira à tes ordres. Le trône seul m’élèvera au-dessus de toi. Pharaon dit à Joseph : Vois, je te donne le commandement de tout le pays d’Égypte. Pharaon ôta son anneau de la main, et le mit à la main de Joseph ; il le revêtit d’habits de fin lin, et lui mit un collier d’or au cou. Il

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le fit monter sur le char qui suivait le sien ; et l’on criait devant lui : À genoux! C’est ainsi que Pharaon lui donna le commandement de tout le pays d’Égypte. (Gn 41, 37-43) ... Il y eut famine dans tous les pays ; mais dans tout le pays d’Égypte il y avait du pain. Quand tout le pays d’Égypte fut aussi affamé, le peuple cria à Pharaon pour avoir du pain. Pharaon dit à tous les Égyptiens : Allez à Joseph, et faites ce qu’il vous dira. La famine régnait dans tout le pays. Joseph ouvrit tous les lieux d’approvisionnements, et vendit du blé aux Égyptiens. La famine augmentait dans le pays d’Égypte. Et de tous les pays on arrivait en Égypte, pour acheter du blé auprès de Joseph ; car la famine était forte dans tous les pays ».(Gn 41, 53- 57). « Allez à Joseph pour avoir du pain », disait le Pharaon, et il couvrait d’or son intendant pour lui marquer son estime et sa gratitude. Dieu a bien plus honoré saint Joseph en lui confiant son Fils unique Incarné, le plus précieux des trésors. Et Il dit ses fidèles : « Allez à saint Joseph pour trouver Jésus, le Pain vivant descendu du Ciel ».

Joseph et la séductrice Prudence, générosité, piété, confiance en Dieu, fidélité, toutes ces qualités se retrouvent dans nos deux personnages. Mais c’est surtout par la chasteté qu’ils se ressemblent, bien qu’ils aient mis cette vertu en pratique dans des circonstances bien différentes : saint Joseph en vivant auprès de la plus belle des femmes tout en respectant sa virginité, le patriarche Joseph en repoussant les avances malhonnêtes d’une dévoyée : « Il arriva que la femme de son maître porta les yeux sur Joseph, et dit : Couche avec moi! Il refusa, et dit à la femme de son maître : Mon maître ne prend avec moi connaissance de rien dans la maison, et il a remis entre mes mains tout ce qui lui appartient. Il n’est pas plus grand que moi dans cette maison, et il ne m’a rien interdit, excepté toi, parce que tu es sa femme. Comment ferais- je un aussi grand mal et pécherais-je contre Dieu? Quoiqu’elle parlât tous les jours à Joseph, il refusa de coucher auprès d’elle, d’être avec elle » (Gn 39, 7-10).

Conclusion Saint Joseph peut être pris comme modèle tant par les fidèles mariés qui ont charge d’une famille, que par les prêtres et religieux qui vivent leur vœu de chasteté comme une consécration à Dieu de tout leur être, corps et âme. À ce titre-là aussi, comme ayant répondu dans sa vie aux différents vocations chrétiennes, il est patron de l’Église universelle. Tous peuvent donc le prier dans les tentations contre la chair, et au sein des difficultés familiales.

ABBAYE NOTRE-DAME DE TRIORS

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Les sacrements : instruments de la grâce

DDéfinitionéfinition

Le Christ, notre Rédempteur, en tant que Chef mystique, fait couler sans cesse dans les membres de son corps, les forces de grâces de la vie surnaturelle. Avec la prière, que Notre Seigneur a proclamée nécessaire et efficace, et dont Il nous a donné dans le Pater, le sublime modèle, les sacrements sont nos moyens d’obtenir la grâce et de maintenir notre union à Dieu. Depuis les premières années de catéchismes, on retient, et les circonstances de la vie le rappellent, qu’il y en a sept, imposés par le Concile de Trente, comme article de foi : le Baptême, la Confirmation, la Pénitence, l’Eucharistie, l’Extrême-Onction, l’Ordre et le Mariage. Ils sont, tout à la fois, des signes et des sources de la grâce : ils la représentent et la produisent.

Outils pour le salut

De même que des pas, sur le sable ou sur la neige, décèlent le passage d’un être vivant, et que certains signaux commandent à une foule tels mouvements ou attitudes ainsi, l’eau, le pain, le vin, l’huile, qui sont en soi peu de choses, vont unis à des formules et à des gestes, exprimer de sublimes réalités.

« La parole, dit saint Augustin, s’ajoute à l’élément, et le sacrement existe. » Maître de ses présents et de la manière de les accorder, Dieu aurait pu nous octroyer la grâce sans le secours d’aucun intermédiaire. Mais tenant compte de notre nature matérielle et spirituelle, sa bonté associe notre corps et notre âme au grand œuvre de notre sanctification.

« C’est une loi établie par tous les mystères du christianisme, dit Bossuet, qu’en passant à l’intelligence, ils se doivent premièrement présenter aux sens, et il l’a fallu en cette sorte pour honorer celui qui, étant invisible par sa nature, a voulu paraître, pour l’amour de nous sous une forme sensible ».

Ainsi Notre Seigneur nous révèle encore son amour quand il adapte à notre tempérament, à nos inclinations, à nos besoins, la réception de l’admirable « don de Dieu » qu’est la grâce.

Leur action spirituelle dans les âmes Comment des éléments matériels produisent-ils une action spirituelle aussi profonde ?

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N’est-ce pas étonnant ? Non. Le ciseau du sculpteur et le pinceau du peintre ne font-ils pas apparaître, dans le marbre ou sur la toile, des chefs-d’œuvre, par le génie de l’artiste ? A plus forte raison, la toute-puissance de Dieu, qui, du néant, créa l’univers et l’homme, sait opérer les merveilles de la grâce par des moyens inattendus.

« Sept choses, enseigne le Catéchisme du Concile de Trente, sont nécessaires à l’homme pour vivre, conserver la vie et l’employer utilement. Il faut qu’il naisse, croisse, se nourrisse, qu’il se guérisse par des remèdes s’il tombe malade, qu’il répare ses forces quand elles s’affaiblissent, qu’il ait autour de lui des magistrats investis de l’autorité nécessaire à procurer le bien public, et enfin, qu’il perpétue le genre humain par la génération légitime des enfants. Or ces sept choses s’appliquent facilement à la vie spirituelle, qui consiste dans l’union de nos âmes avec Dieu, et expliquent la raison du nombre des sept sacrements. »

Les Sacrements sont faits pour l’homme…

Il nous faut naître à la grâce en purifiant notre âme de la tache originelle. L’ablution du Baptême symbolisera cette purification, en même temps que le sacrement nous infusera la vie nouvelle du chrétien. Il nous faut croître et nous fortifier spirituellement. L’huile, qui assouplit et endurcit les membres des athlètes, signifiera l’énergie morale que nous transmettra le sacrement de Confirmation, afin que nous devenions soldats du Christ. Pour entretenir constamment notre vie surnaturelle, « le Pain vivant » sera, par la merveille de l’Eucharistie, notre puissante nourriture. Nous devons nous repentir de nos fautes, mais nous désirons savoir qu’elles sont pardonnées. Un jugement, prononcé sur elles, dans le sacrement de Pénitence, nous rassurera ; l’absolution effacera nos péchés ; elle nous restituera la santé morale et la grâce dont ils nous dépouillèrent. Il nous faut des guides et des soutiens de notre foi et de notre piété, des dispensateurs du secours divin. Les saintes onctions, les paroles décisives du sacrement de l’Ordre marqueront les élus, chargés de cet office sacerdotal et de la majesté du culte investis de la paternité des âmes. Pour perpétuer la race et stabiliser la famille, voici le contrat sacré du sacrement de Mariage, qui sanctifie et consolide l’union des époux, qui garantit l’éducation saine et religieuse des enfants. Enfin, à l’heure de paraître devant Dieu, le sacrement de l’Extrême-Onction tranquillise et réconforte l’âme, et il élimine les restes des fautes pardonnées.

… gages de l’amour infini de Dieu pour eux.

Notre Seigneur est SEUL l’auteur de la justification et des sacrements, fruits de ses mérites. Ce dogme qui nous vient de l’Evangile, des origines du christianisme et de la tradition, a été défini par le concile de Trente et Saint Pie X l’a confirmé solennellement à l’encontre de l’hérésie moderniste. Avec quelle véhémence Saint Paul réprimandait ceux qui l’oubliaient : « Est-ce que Paul a été crucifié pour vous ? Est-ce au nom de Paul que vous avez été baptisés ? Qu’est ce qu’ ? Qu’est-ce que Paul ? Simplement les ministres de

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Celui en qui vous avez cru… Ne vous considérez donc que comme les ministres du Christ et les dispensateurs des mystères de Dieu. »

Les sacrements, vie de l’Eglise et des fidèles.

Mais il est clair que l’institution des sacrements par Notre Seigneur ne comporte pas les détails de leur constitution. Le jour où Il a concédé à son Eglise de continuer sa mission jusqu’à la fin du monde, Il lui a aussi accordé de mettre au point les sacrements, dont il lui léguait le dépôt. Elle n’a certes la liberté, ni d’en changer l’essence, ni d’en accroître le nombre. Mais elle a le droit et le devoir de régler ce qui favorise le respect, de fixer ou de modifier les rites, pour les rendre majestueux, attrayants, dignes d’attiser la piété. Le saint Concile déclare : « Il convenait que les mystères sacrés soient célébrés et conférés avec des cérémonies religieuses, destinées à représenter la sainteté qu’ils exigent de ceux qui les administrent. Puis les effets de chaque sacrement sont figurés d’une manière plus expressive par des rites, qui les mettent comme sous les yeux, et qui impriment plus profondément, dans l’esprit des fidèles, l’idée de leur sainteté. »

Certaines dispositions de l’âme sont requises pour obtenir par les sacrements, la grâce sanctifiante. Les Sacrements ne sont pas des rites magiques. A une mystique italienne, Notre Seigneur dit : « Tel je te trouve, tel Je me donne. » Si tous produisent en nous la grâce, indépendamment des mérites du ministre et du sujet, hâtons-nous de préciser que l’action du sacrement est facilitée par les bonnes dispositions de l’âme, tandis que la tiédeur lui fait une atmosphère peu propice. Oui, notre ferveur ou notre indifférence influe sur notre sanctification. Le pénitent, dont le repentir est plus sincère, et le communiant, qui s’approche de la Sainte Table avec plus de piété, sont enrichis de grâces plus abondantes. Le concile de Trente encore une fois enseigne que chacun obtient la justice et la sainteté selon la mesure de ses dispositions et de sa coopération. On ne trompe pas le Bon Dieu. Il nous reste à conclure que nous devons hautement estimer les sacrements, les fréquenter souvent, et nous préparer à les bien recevoir. Ainsi nous témoignerons à Jésus notre gratitude d’un aussi grand bienfait. Considérons toujours plus leur rôle capital dans l’existence d’un vrai chrétien. Ils la règlent, ils la soutiennent, ils l’illuminent. Par l’usage des sacrements, nous manifestons, en effet, au dehors de notre adhésion à la foi au Christ. Un fidèle qui s’y empresse, témoigne qu’il croit à l’Incarnation et à la Rédemption, qui nous ont mérité pareille grâce, et il affirme sa docilité envers l’Eglise, qui nous ordonne,ou nous conseille des les recevoir. Par eux aussi, il s’efforce de rencontrer Dieu et de s’unir à Lui et d’étendre son règne.

« Mais prenons bien garde, Il ne peut régner efficacement autour de nous s’Il ne règne d’abord en nous ; Il ne peut être proposé au monde comme Roi, si nous ne sommes pas déjà ses fidèles sujets ; son royaume ne peut se répandre si nous n’en sommes pas de zélés et saints propagateurs. Que chacun de nous réfléchisse s’il ne sacrifie pas un peu à l’humeur du siècle en Le détrônant sans cesse. Règne-t-Il vraiment en nous ? Notre âme, nos pensées sont-elles bien toutes imbibées de l’odeur du Christ ? Sommes-nous soumis à son autorité suprême ? Avons- nous dans nos mœurs tout restauré dans le Christ ? Avec nos prochains, agissons-nous comme le Christ le ferait ? Nos communions fréquentes sont-elles vraiment une union avec

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notre divin Roi ? Nos confessions sont-elles telles qu’elles touchent le cœur de Dieu ? Nos prières, plus des louanges et des remerciements que des retours sur soi-même ? Nos cœurs tout désireux d’être auprès du sien et de brûler d’amour ? Tout court, je vous dirai : le Christ, avant d’être le Roi de l’univers, de l’Église, du monde, est-il bien le vôtre ? […] Notre devoir est donc de porter le plus possible d’âmes auprès de notre Roi dans le bercail de son Église. C’est le baptême, en nous introduisant dans l’Église du Christ, qui nous communique cette richesse d’être des membres du Corps du Christ. Nous devons -chrétiens !- avoir haute estime de cette grande dignité, nous devons brûler de zèle pour en faire bénéficier le plus grand nombre, et étendre ainsi le royaume de notre Roi. (Mgr Gilles Wach, sermon pour la fête du Christ Roi 2009) »

Conclusion

Puissants moyens de salut, gratuitement à notre disposition, mais moyens seulement, les Sacrements doivent être mis en œuvre par nous afin de « rendre cent pour un » selon le mot de saint Marc. Pratiquer est nécessaire, mais à la condition de bien pratiquer. Les Sacrements doivent se recevoir pieusement et de façon réfléchie. Il convient de combattre durement ici tout esprit de routine. Il ne faut pas imaginer obtenir aussitôt, par eux, sans préparation, sans effort d’amélioration morale, des consolations surnaturelles ici-bas et, plus tard, l’éternelle béatitude. Il serait trop commode d’avoir une garantie de salut au rabais. La sainteté du Sauveur n’est point descendue à ces petitesses. Celui qui chassait les vendeurs du Temple peut-il admettre les combinaisons d’un maquignonnage spirituel ?

Que doit-on donc chercher dans les Sacrements ? La force d’éclairer et d’amender l’âme, pour mieux croire, obéir plus docilement, aimer et servir Dieu « de tout son cœur ». Car, leur premier but est de nous procurer, avant la grâce de bien mourir, celle de bien vivre. La sève divine de la grâce monte dans les branches que sont les âmes des fidèles. Ainsi resplendissent la gloire et les bienfaits de la Rédemption.

INSTITUT DU CHRIST ROI SOUVERAIN PRÊTRE

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« Hors de l’Église, point de salut »

Que signifie l’expression « Hors de l’Église, point de salut » ? Quelques points de repères sur le sens de cette expression et sur ses conséquences à propos de la nature divine de l’Église et de l’œcuménisme comme retour à l’unité religieuse. La formule « Extra Ecclesiam nulla salus », dont on trouve déjà des équivalences parmi les Pères apostoliques, est attestée chez Origène (vers 249–253) : « Que personne donc ne s’illusionne, que personne ne se trompe lui-même : hors de cette demeure -c’est-à-dire hors de l’Église- personne n’est sauvé (extra hanc domum, id est extra Ecclesiam, nemo salvatur) ; celui qui en sort est lui-même responsable de sa mort ». Confronté aux persécutions et aux apostasies des chrétiens, son contemporain saint Cyprien, évêque de Carthage au IIIe siècle (251), rappelait à ceux qui quittaient l’Église, qu’ils refusaient ainsi le salut : « Celui qui quitte l’Église (Quisquis ab Ecclesia segregatus) pour se joindre à une [secte] adultère, se sépare des promesses de l’Église. Il ne parviendra pas aux récompenses du Christ, celui qui délaisse l’Église du Christ (qui relinquit Ecclesiam Christi). [...] Il ne peut avoir Dieu pour Père celui qui n’a pas l’Église pour mère. Si, hors de l’arche de Noé, quelqu’un n’a pu être sauvé, quelqu’un ne pourra être sauvé hors de l’Église. » Mais pourquoi l’Église catholique est-elle seule détentrice des promesses du Salut ? Quelle est notre manière d’appartenir à l’Église ? Notre époque pose cependant désormais cette question de façon différente : peut-on être sauvé si -sans avoir pris la décision d’en sortir- l’on n’appartient pas à l’Église catholique ? C’est un point crucial par rapport au monde contemporain, pour ce qui est de notre rapport avec ceux qui ne croient pas ou qui ont une autre foi. De cette réponse dépend aussi notre zèle apostolique, notre esprit missionnaire et la façon que nous avons d’être vis à vis des autres religions et de ceux qui ne croient pas. Quels sont ceux qui sont hors de l’Église ? Ce sont les infidèles, c’est-à-dire ceux qui n’ont pas été baptisés et qui ne croient pas en Dieu ou en Jésus-Christ ; les juifs, c’est-à-dire ceux qui ne veulent point reconnaître Jésus-Christ pour le Messie. Mais aussi les hérétiques, c’est-à-dire ceux qui soutiennent avec opiniâtreté quelque opinion contraire à la croyance de l’Église catholique, ou qui refusent de croire quelqu’une des Vérités que l’Église catholique enseigne ; les schismatiques, c’est-à-dire ceux qui sont détachés de la communion de l’Église catholique. Tous ceux-ci ont pu naître en dehors de l’Eglise et donc n’avoir pas fait personnellement la démarche de la quitter. A eux s’ajoutent les apostats, c’est-à-dire ceux qui ont personnellement renoncé à la foi catholique et les excommuniés, c’est-à-dire ceux que l’Église a retranchés de son sein.

1. Pourquoi l’Église catholique est-elle la seule ?

a. Dans l’intention du Divin Fondateur L’axiome que nous étudions, est présent dans tout le Nouveau Testament. Mais dans l’Ancien déjà, l’épisode de la maison de Rahab, dans le livre de Josué (2,17-19), est une figure de l’Église qui aborde cette problématique : Rahab est une ancienne pécheresse, elle a été purifié par l’Esprit Saint et sa maison, à Jéricho, est entourée d’un fil écarlate qui en

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protège tous les habitants pendant la bataille. Ce fil protecteur et salvateur est le Sang du Christ versé pour nous. Hors de cette maison c’est la mort assurée. L’Église a aussi eu comme figure ancienne l’arche de Noé, durant le déluge, d’où il était aussi insensé de sortir que nécessaire d’y entrer avant. Mais attention, cette comparaison de l’Arche qui signifie que l’on est sauvé en appartenant au Christ et à l’Église ne dit pas pour autant que cette seule appartenance suffit au salut. « M’est avis que l’Église et le Christ c’est tout un » affirmait Sainte Jeanne d’Arc qui n’est pas docteur de l’Église mais une paysanne formée par des visions célestes. Si cette unité du Christ et de l’Église est rapprochée des paroles du Christ qui dit de Lui-même qu’Il est la Vie, alors en dehors de Lui, et de son Église, c’est la mort car Lui seul nous sauve. St Pierre l’avait déjà confessé : « A qui irions-nous Seigneur ? Vous seul avez les paroles de la vie éternelle. » Autre signe de l’Église selon St Ambroise c’est la primauté de St Pierre justement : « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église. » Donc où est Pierre, là est l’Église selon un autre adage connu. Dans les temps troublés du IVe siècle, St Jérôme se fiera au même principe envers le pape Damase : « Pour moi, ne suivant pas d’autre Premier que le Christ, je m’associe à votre Béatitude, c’est à dire à la Chaire de Pierre. » Le salut se fait par incorporation au Christ et à l’Église. Voilà donc deux piliers solides de l’Église : le Divin Fondateur et le Trône de Pierre. A cette Église Il donne sa Vie et son Esprit pour continuer, grâce à la succession apostolique, son action dans le temps et l’espace.

b. Dans l’ordre de l’efficience Le Catéchisme de l’Église Catholique nous dit que le salut vient de Dieu seul, mais parce que nous recevons la vie de la foi à travers l’Église, celle-ci est notre mère : « Nous croyons l’Église comme la mère de notre nouvelle naissance, et non pas en l’Église comme si elle était l’auteur de notre salut » (Faustus de Riez, Spir. 1, 2 : CSEL 21, 104). Parce qu’elle est notre mère, elle est aussi l’éducatrice de notre foi. L’Église, en effet, est le «bercail» dont le Christ est l’entrée unique et nécessaire (Jn 10, 1-10). Le Seigneur Jésus a doté sa communauté d’une structure qui demeurera jusqu’au plein achèvement du Royaume. Il y a, avant tout, le choix des Douze avec Pierre comme leur chef (cf. Mc 3, 14-15). Ils représentent les douze tribus d’Israël (Mt 19, 28 ; Lc 22, 30). Les douze Apôtres (cf. Mc 6, 7) et les autres disciples (Lc 10, 1-2) participent à la mission du Christ, à son pouvoir, mais aussi à son sort puisqu’ils seront martyrs (Mt 10, 25 ; Jn 15, 20). Par tous ces actes, le Christ prépare et bâtit son Église. Mais l’Église est née du don total du Christ pour notre salut, anticipé dans l’institution de l’Eucharistie et réalisé sur la Croix. Ainsi l’Église est née du cœur transpercé du Christ mort sur la Croix (Luc. 2, 85-89). L’Église est nécessaire car elle seule, aujourd’hui, dispense les sacrements, « signes efficaces du salut. » Sans eux, le peuple des croyants se réduirait à une association qui rassemblerait ses adhérents le dimanche pour évoquer la mémoire du fondateur. Par les sacrements, Dieu nous donne sa grâce, sans aucun mérite de notre part, mais par les mérites de Jésus-Christ, en vue de la vie éternelle. A propos du lien entre le Christ et l’Église, et même si ces deux réalités sont indissociables, il faut bien rappeler que le salut est donné uniquement par le Christ, en tant que source ; il est donné par l’Église en tant que moyen, car elle rend présent le Christ dans le monde. L’Église est l’habitation de la Ste Trinité parmi les hommes. Cette présence du Christ dans le monde fait tout le rôle et l’importance du sacerdoce.

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On ne peut distinguer l’Église du Christ de l’Église catholique. Si on la considère comme une réalité uniquement intérieure, alors cette “Église Corps du Christ”, distincte de l’Église catholique, rejoint la notion protestante d’une « Église invisible pour nous, visible aux seuls yeux de Dieu. » comme le dit Calvin. Ce qui est contraire à l’enseignement de l’Église. En effet Léon XIII, parlant de l’Église, affirme : « C’est parce que [l’Église] est corps qu’elle est visible à nos regards. » (Encyclique Satis cognitum). Et le pape Pie XI ne dit pas autre chose : « Son Église, le Christ Notre Seigneur l’a établie en société parfaite, extérieure par nature et perceptible aux sens. » (Encyclique Mortalium animos 1928). Pie XII conclura donc : « C’est s’éloigner de la vérité divine que d’imaginer une Église qu’on ne pourrait ni voir ni toucher, qui ne serait que “spirituelle” (pneumaticum), dans laquelle les nombreuses communautés chrétiennes, bien que divisées entre elles par la foi, seraient pourtant réunies par un lien invisible. » Encyclique i 1943.

La foi catholique oblige donc à affirmer l’identité de l’Église du Christ et de l’Église. C’est ce que fait le pape Pie XII, dans cette encyclique, en identifiant «le Corps mystique de Jésus-Christ» à «cette véritable Église de Jésus-Christ – celle qui est sainte, catholique, apostolique, romaine.» Rappelons enfin l’exclamation du Bienheureux pape Pie IX au consistoire de 1861 : « Il n’y a en effet qu’une seule religion vraie et sainte, fondée et instituée par le Christ Notre-Seigneur. Mère et nourrice des vertus, destructrice des vices, libératrice des âmes, indicatrice du vrai bonheur ; elle s’appelle : Catholique, Apostolique et Romaine.»

c. Ce que requiert l’appartenance à l’Église L’appartenance à l’Église se marque par une triple unité : Du fait que l’Église du Christ est l’Église catholique, la triple unité de foi, de sacrement et de communion hiérarchique est nécessaire. Ces trois liens sont constitutifs de l’unité de l’Église. La nécessité de la foi est admise de façon commune mais il faut encore préciser la nature de cette foi nécessaire au salut. Elle n’est pas « ce sentiment intime engendré par le besoin divin » dénoncé par saint Pie X mais bien « une vertu surnaturelle par laquelle, sous l’inspiration et avec le secours de la grâce de Dieu, nous croyons que ce qui nous a été révélé par lui est véritable : nous le croyons, non point à cause de la vérité intrinsèque des choses vues dans la lumière naturelle de notre raison, mais à cause de l’autorité même de Dieu qui nous révèle ces vérités, et qui ne peut ni se tromper ni nous tromper. » (Concile Vatican I, sess. 3, c. 3, DzH n°3008) C’est pourquoi celui qui refuse ne serait-ce qu’une vérité de foi connue comme révélée, perd la foi indispensable au salut : « Celui qui, même sur un seul point, refuse son assentiment aux vérités divinement révélées très réellement abdique tout à fait la foi, puisqu’il refuse de se soumettre à Dieu en tant qu’il est la souveraine vérité et le motif propre de foi. » comme le dit le Pape Léon XIII (Encyclique Satis cognitum, 1896) qui n’est pas connu pourtant pour être très réactionnaire. « Celui croira et sera baptisé sera sauvé. » (Mc 16, 16) Il faut donc bien les deux éléments, la Foi et le baptême. Les sacrements, et d’abord le baptême, donnent ce lien communautaire qui unit à travers le temps et l’espace l’Église de la terre à celle du Ciel. Telle est donc « l’Église catholique, acquise par son sang, comme l’unique demeure du Dieu vivant […] le corps unique animé et vivifié par un Esprit unique, maintenu dans la cohésion et la concorde par l’unité de foi. d’espérance et de charité, par les liens des sacrements, du culte et de la doctrine. » Pie IX (encyclique Amantissimus de 1862) Ce lien doit être possédé soit de fait, soit au moins «par un certain désir ou vœu

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inconscient» (Pie XII, Mystici Corporis, 1943). Mais de ce désir, l’Église n’est pas juge. En matière juridique –ce qui est le cas ici– l’Église ne peut juger des réalités intérieures à la conscience de chacun, mais seulement de ce qui apparaît : « De l’état d’esprit et de l’intention, parce que ce sont choses intérieures, l’Église ne juge pas ; mais en tant qu’ils paraissent au dehors, elle doit en juger » (Léon XIII, Lettre apostolique Apostolicæ curæ du 13/09/1896). Dès lors, même si, dans sa pastorale, comme une bonne mère, elle incline à espérer l’appartenance des dissidents, quels qu’ils soient, “de désir au moins inconscient” lorsqu’elle les approche quand ils se trouvent dans le péril de mort, cependant, juridiquement, l’Église ne le présume pas en temps normal. C’est pourquoi elle a toujours exigé, ad cautelam, leur abjuration du schisme ou de l’hérésie lorsqu’ils reviennent à l’Église catholique. A plus forte raison ne présume-t-elle pas la bonne foi des dissidents considérés en corps constitué, en communauté visiblement séparée de l’Église catholique, ainsi que l’envisage l’œcuménisme.

2. Le salut est offert à tous L’adage « hors de l’Eglise, point de salut » ne vise pas à exclure mais au contraire presse d’entrer dans l’Église. Rappelons encore que le Salut ne vient que de Dieu. Lui seul se réconcilie les hommes après le péché originel, qui nous a rendu «ennemis» de Dieu (selon l’expression de St Paul aux Romains 5,10). Le Christ est celui que Dieu a envoyé pour nous réconcilier avec Lui, et Il a institué l’Église pour administrer les moyens du Salut. L’appel au salut est général : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive. » (Jn. 7,37) Aucune restriction, aucune condition pour venir, le salut est offert à tous sans exception. Il est vrai que Dieu veut sauver tous les hommes, sans exception. Pas un seul humain, en tous temps, en tous lieux, n’est hors du Cœur de Dieu (1 Tm 2,4), voilà pourquoi « le Christ s’est livré en rançon pour tous » (1 Tm 2,6). Dieu se propose à tous. Pour être sauvé, il faut, croire tout ce que Jésus-Christ a enseigné, et faire tout ce qu’il a commandé. C’est ainsi qu’on devient membre du Corps mystique du Christ et que l’on reçoit la vie divine. Le Christ qui est la tête de ce Corps, communique à ses disciples une grâce qui les rend conforme et unis à Lui. Le pouvoir sacramentel et juridictionnel a été transmis à l’Église pour continuer l’œuvre de Notre Seigneur dans le temps et l’espace. Le message du Christ est pour tous les hommes comme St Paul le dit dans ses épîtres (1Cor 1,24 et Éph. 2,14) et pour tous les temps comme on le trouve dans St Matthieu (28,19- 20). Ainsi recevoir en soi ce message et y répondre c’est faire un avec le Christ comme le montre la parabole de la vigne et des sarments (Jn. 15,4). C’est aussi être une cellule vivante de ce Corps dont Il est la tête (Éph. I,22-23). Au contraire, refuser le Christ ou son message c’est être hors de l’Église : croire c’est être sauvé, ne pas croire alors c’est ne pas être sauvé. (Mc. 16,15-16) Sous cette formule simple il faut voir le fait de croire comme une adhésion totale de l’intelligence et de la volonté et un agir en adéquation avec cette adhésion. C’est en ce sens aussi que Notre Seigneur parle à Nicodème de renaître pour vivre : se convertir, revenir vers le Dieu qui nous a créés et sauvés pour vivre de cette vie divine (Jn. 3,5 et ss). Il ne suffit donc pas d’appartenir à l’Église de façon formelle, il faut une vraie conversion (Mt. 22,11-14 et 25,41) d’où la nécessité de la Charité d’abord, qui est une vertu théologale donnée par Dieu, supérieure encore à la Vérité, et ensuite de la Foi et des œuvres demandées par elle. Ces remarques nous permettent d’éclairer le double problème des justes antérieurs au Christ et, malgré tout, éclairés par Lui, ou celui des milliards d’êtres restés dans l’ignorance après sa venue. Le centurion romain ou la Cananéenne n’étaient pas des Juifs disciples fidèles du Christ, et pourtant ils ont été exaucés (Mt. 7,10 et 15,28). Et pourtant tous sont appelés à

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être disciples, à être sauvés comme on le trouve dans le quatrième évangile (12,32 et 10,16). Notons que l’on peut envisager le cas de personnes qui appartiendraient matériellement à l’Église de façon stérile, c’est à dire sans vivre de la grâce du Christ, ou d’autres qui, à l’inverse, vivraient de cette grâce sans appartenir explicitement à l’Église. Le danger de monter en épingle ces situations est de finir par séparer l’Église et le Corps du Christ. Il ne faut pas perdre de vue que la cause de l’Église n’est autre que la grâce qui constitue le Corps mystique du Christ. Saint Ambroise aborde le délicat problème du désir du baptême, question fréquente à son époque et qui a d’autres conséquences maintenant. Certes, hors de l’Église il n’y a pas de salut, mais celui qui meurt en désirant le baptême sans l’avoir reçu « n’a pas perdu la grâce qu’il a demandée. » et l’évêque de Milan de faire appel au Livre de la Sagesse (4,7) : « Quelle que soit la mort du juste, son âme sera dans le repos. » Par ailleurs comment les pécheurs peuvent-ils être membres de l’Église ? En effet si l’Église est l’Épouse du Christ, une épouse sans tache, sainte et immaculée, comment les pécheurs en sont-ils membres ? Ils ont reçu dans leur âme le baptême qui est un sacrement à caractère, donc indélébile, et même pécheurs, il subsiste en eux des dons divins en dépit de leurs choix qui les ont amenés à pécher. Ainsi les pécheurs sont membres de l’Église de manière partielle et ne la souillent donc pas car leur péché les met hors de l’Église, sous la domination du prince de ce monde. L’appartenance des membres justes est pleine et entière, directe et salutaire pour eux mais celle des membres pécheurs n’existe que par la capacité à réapparaître si le pécheur se convertit. Dans le jugement de Dieu, il y aura une différence infinie entre un païen qui n’aura pas connu la loi chrétienne et un chrétien qui, l’ayant connue, y aura intérieurement renoncé ; et Dieu, suivant les ordres mêmes de sa Justice, traitera bien autrement l’un que l’autre. Le pape Pie XII va identifier « Église » et « Corps mystique de Jésus-Christ ». On peut ainsi distinguer plusieurs degrés d’appartenance à l’Église. Dans l’encyclique Mystici Corporis de 1943, le vénérable Pape dit que les personnes ne partageant pas notre foi peuvent appartenir invisiblement à l’Église sans le savoir. S’ils sont sauvés, ils le sont donc par l’Église et le Christ ! Une plénitude de grâce se reçoit donc dans le corps de l’Église, mais Dieu peut toucher quiconque qui, par sa conduite, se rapprochera des actes du Corps de l’Église.

3. L’ouverture aux autres : œcuménisme et désir d’unitd’unité

Les questions de liturgie quant à la réforme faite pour satisfaire les protestants sont volontairement laissée de côté dans ce texte. La question est, au fond, de savoir si les autres religions sont des voies qui peuvent conduire au salut, c’est à dire au Christ. Ainsi faut-il essayer de convertir les adeptes des autres religions et de les ramener à l’unité ou le dialogue suffit-il pour les sauver ? Il est logique de vouloir faire partager la Foi catholique au plus grand nombre puisqu’elle est offerte à tous. Mais cela ne peut se faire à n’importe quel prix sous prétexte de faciliter l’adhésion. La Vérité ne peut être mise de côté ou diminuée pour trouver un accord sur un plus petit dénominateur commun. Il existe donc un sain désir d’unité afin que tous rejoignent l’Unique Bercail du Christ : c’est pour cela que des milliers de missionnaires et de religieuses ont donné leur vie afin de gagner des âmes à Notre Seigneur loin de leur patrie et se sont exposés à mille dangers. Mais dans l’histoire récente de l’Église, les choses ont changé et l’on est passé de l’esprit missionnaire qui est un esprit de charité pour ceux qui ne sont pas

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dans la grâce et la lumière du Christ, à un esprit œcuménique qui, peu à peu, va relativiser les choses et trouver, qu’après tout, il est possible de se sauver partout puisque toutes les religions ont une part de vérité et que les gens y sont sincères ! Ce fut là la fin de l’esprit missionnaire et il ne sert plus à rien d’essayer de convertir ceux qui sont dans l’erreur ou les ténèbres. Cette idée, très courante parmi les modernistes du XXe siècle, a remporté de grandes victoires à la suite du concile Vatican II.

Car qu’est-ce que le véritable œcuménisme ? On en trouve l’exposé dans l’encyclique du Pape Pie XI Mortalium animos de 1928 qui sera complétée par une instruction du Saint Office en 1949. Le postulat de base est que « l’Église catholique possède la plénitude du Christ. » Ainsi donc les autres confessions n’ont rien à lui apporter. D’autre part, l’unité ne peut donc être recherchée en adaptant le dogme catholique ou en assimilant peu à peu les diverses croyances. Le seul but possible est le retour de ces frères séparés à la véritable Église de Dieu. Cet enseignement papal nous dit clairement que Rome est le centre et le fondement de l’unité chrétienne. « L’union œcuménique trouve donc sa raison d’être et sa finalité en quelque chose qui existe déjà dans l’histoire, qui n’est pas un avenir, et que les séparés doivent reprendre. » (Iota Unum) Le faux œcuménisme moderniste prétend qu’il est possible de se sauver justement en dehors de l’Église pour peu que l’on soit sincère. Mais la bonne foi ne fait pas tout et l’on dit bien que « l’enfer est pavé de bonnes intentions ». Ce nouvel œcuménisme veut considérer comme égales entres elles les églises et leurs doctrines. L’unité souhaitée par Rome, cœur et centre de la Foi, de l’unité et de la vérité, est vue plutôt comme un rassemblement inter- confessionnel en attendant une hypothétique unité future, à peine nécessaire puisque l’on peut se sauver dans sa propre église quelle qu’elle soit. La foi catholique affirme au contraire que l’unité de l’Église existe, c’est même une de ses caractéristiques, et n’est pas à faire. Elle peut être approfondie et augmentée mais elle existe. L’Église catholique possède la vérité et la succession apostolique et ne peut donc être tenue à égalité avec les communautés chrétiennes qui n’ont ni l’un ni l’autre. L’apostolat de l’Église est marqué par le souci des âmes et le désir de leur conversion de tous ceux qui ne connaissent pas le Christ. Sa prière à cette intention est fréquente, et notamment le Vendredi Saint. Mais ce n’est pas l’activité religieuse inter-confessionnelles, la vie en commun où l’on ne cherche pas la vérité mais le consensus. Quels sont alors les conséquences pratiques de l’œcuménisme ? On trouve une égalité voulue pour une pleine communion et un dialogue constructif. Mais pour discuter à égalité il faut que chacun ait quelque chose à apporter à l’autre. Il faudrait donc que les protestants puissent nous apporter un surplus de vérité ! Or il est tout à fait discutable qu’ils aient mis davantage en lumière certains aspects de doctrine et c’est oublier que l’Église est Mère et Maîtresse donc enseignante suprême de la doctrine. Il est vrai que l’œcuménisme met la doctrine au second plan comme une chose de moindre importance. On trouve dans un article de La Croix1, la conception de l’œcuménisme moderne qui lui fait écrire : « Que chacun s’enracine dans sa propre réalité ecclésiale et dans sa propre tradition, pour faire grandir la part de Corps du Christ qu’incarne sa propre église, tout en restant accueillant aux dons des autres églises. » Cette unité dans la diversité doctrinale aboutit finalement au pluralisme doctrinal.

1. cité dans la plaquette de l’AFS sur la connaissance du protestantisme

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Nous trouvons encore l’idée des églises sœurs qui forment ensemble l’Église de Dieu tel un puzzle avec de multiples morceaux qui ne forme qu’une image. Sous couvert d’une part de vérité que peuvent avoir les églises séparées on en vient à les mettre sur un pied d’égalité avec l’Église catholique. Ainsi l’unité œcuménique diminue la part du surnaturel pour ne froisser personne et tend à sa disparition puisque l’œcuménisme est aussi vu comme une fraternité entre les hommes de différentes religions appuyé sur une base naturelle. La transcendance de Dieu est cachée voire supprimée. Tout ce qui peut faire conflit ou gêner ceux qui « se reconnaissent mutuellement comme partenaires » (encyclique Ut unum sint §29) est supprimé. Donc les problèmes doctrinaux sont laissés de côté. Derrière ce rêve œcuménique on trouve la mise à l’écart de l’ordre surnaturel afin de mieux l’oublier. Dieu n’est plus le premier servi, le Christ-Roi est rejeté !

Conclusion : le désir d’unité de Benoît XVI dans la ChCharité et la Vérité.

La formule « hors de l’Église point de salut », célèbre, bien que trop souvent mal comprise, ne s’applique donc pas aux hommes qui ne connaissent pas Dieu. Cette formule n’est pas une réfutation du dialogue avec les autres religions et cultures mais un avertissement pour ceux qui rejettent le Christ en toute conscience. Voyons, pour finir, la dernière actualité de ce désir de sauver tous les hommes dans l’Église avec le travail du Saint Père. La levée de l’excommunication des évêques sacrés par Mgr Lefebvre fut un acte voulu par le pape dans un esprit d’unité entre chrétiens. La volonté de Benoît XVI de renouer des liens avec les fidèles attachés à la liturgie traditionnelle a été motivée par « la nécessité de reconstruire l’unité à l’intérieur de l’Église catholique » et de valoriser une «non rupture avec la tradition ». C’est ce qu’a affirmé le cardinal Bertone, secrétaire d’État, dans un entretien accordé le 14 décembre à la chaîne de télévision française KTO. « Il a vu les causes de cette scission et la nécessité de reconstruire l’unité à l’intérieur de l’Église catholique ». Le pape «est conduit par la préoccupation de l’unité du premier cercle à l’intérieur de l’Église . Et cela doit être une préoccupation essentielle pour le pape, qui est le ministre et le garant de la communion dans l’Église» ajoute plus loin le cardinal. Enfin, « l’autre raison de son action est cette non discontinuité, cette non rupture avec la tradition », a dit encore le cardinal Bertone. «La tradition fait partie de l’Église, c’est un patrimoine que nous avons besoin de connaître et de valoriser et non pas de mettre de côté ou de laisser dans les bibliothèques. Donc, il a voulu la valoriser de cette façon, en y mettant des conditions bien précises, qui ne sont pas toujours observées ».

Dans son discours de début d’année aux membres de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Benoît XVI a souligné combien, par le biais de sa promotion de la fidélité doctrinale, ce dicastère collabore au ministère d’unité de l’Église. Cette unité, qui est avant tout unité de foi, « est d’abord soutenue par le dépôt sacré dont le Successeur de Pierre est le premier défenseur... L’évêque de Rome...doit sans cesse proclamer que Jésus est le Seigneur. Sa Potestas Docendi implique l’obéissance à la foi pour que la vérité, qui est le Christ, continue de briller dans toute sa grandeur... et qu’il n’y ait qu’un seul troupeau groupé autour du Pasteur unique ». « Dans cet esprit je compte tout particulièrement sur ce dicastère pour surmonter les questions doctrinales qui freinent encore la pleine communion de la Fraternité St. Pie X avec l’Église ». Puis le Pape a remercié la Congrégation pour son action en faveur « de l’intégration de groupes et de fidèles anglicans à la vie de l’Église catholique ». Leur fidèle adhésion « à la

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vérité reçue du Christ et proposée par le Magistère n’est aucunement contraire au mouvement œcuménique. Elle montre au contraire que le but final est la communion pleine et visible de tous les disciples du Seigneur ». En effet le Saint Père travaille aussi à cette unité avec les Anglicans. Anthony Chadwick, chapelain de la Traditional Anglican Communion (TAC) en France, avait d’ailleurs remercié le Saint-Père, dans une réunion publique, pour la constitution apostolique qui a été donnée aux anglicans. Selon lui, cette Constitution et le Motu Proprio Summorum Pontificum ne sont pas seulement des « bricolages internes à l’Église pour refaire l’unité », mais participent d’un même mouvement à une volonté du Saint-Père de rechristianiser l’Europe.

Par rapport à l’islam, Benoît XVI a choisi de refonder sur une exigence de vérité le dialogue avec l’islam lors de son voyage en Terre sainte, de le déplacer du plan théologique au plan culturel. Et d’affirmer toujours plus nettement la nécessité d’une réciprocité dans la tolérance, à l’heure où la survie des minorités chrétiennes en terre d’islam est de plus en plus menacée. Cependant, en baptisant lui-même, à Pâques 2008, un journaliste d’origine musulmane, le pape a réaffirmé que cet impératif de coexistence n’inciterait pas l’Église à renoncer à son identité.

Tout ce qui est bon vient de Dieu. Le bien, quel qu’il soit, conduit toujours à Dieu, qui « a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en Lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle. » Une, sainte, catholique et apostolique, l’Église universelle est le Corps mystique du Christ, l’administratrice des moyens du salut. C’est le refus et le rejet conscient du Christ qui condamne l’homme car ce dernier, en se coupant de Dieu, se coupe également de sa grâce salvatrice sans laquelle rien n’est possible. L’Église est le seul authentique chemin de salut, car elle nous unit dès cette vie au Christ qui s’est défini lui-même comme le chemin, la vérité et la vie (Jn 14,6). Les Communautés séparées de l’Église catholique romaine ne sont pas formellement détentrices des éléments de sanctification et de vérité. La plénitude du don de Dieu n’est assurée qu’à l’homme sincère qui professe la Foi catholique, vit des sacrements et obéit à l’unique hiérarchie.

SAINTE CROIX DE RIAUMONT

BBibliographieibliographie

Théologie du Verbe incarné, Cardinal Journet Connaissance élémentaire du protestantisme, Action Familale et Scolaire L’œcuménisme, levier de la protestantisation de l’Église, Action Familale et Scolaire La Bienheureuse Vierge Marie et l’œcuménisme, Action Familale et Scolaire

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Mater Ecclesiae

Ce titre de « Ò Mère de l’Eglise », le pape Paul VI l'a attribué explicitement à la Vierge Marie le 21 novembre 1964, après avoir signé et approuvé la constitution dogmatique du second Concile du Vatican sur l’Eglise. Ajouté dans les litanies de Lorette, ce titre est approuvé pour le culte public.

Est-ce une nouveauté ? Non. Le 29 mai 1968, dans un de ses entretiens du mercredi, Paul VI, reprenant l’enseignement du Concile (cf. L.G. 56, 61, 63), disait : « Oui, bienheureuse es-tu, Marie, à qui nous avons eu le bonheur immérité d’attribuer explicitement le titre que les siècles chrétiens t’ont toujours reconnu. »

Quel est le sens du mot (explicitement) employé par le Saint-Père ? Implicite ce qui est virtuellement contenu dans une proposition, un fait, sans être formellement exprimé. Explicite vient du latin, explicitus, développé. Est donc explicite la proposition qui exprime clairement et distinctement ce qui est dit, de manière à écarter équivoque ou incertitude, et rend inutile toute explication.

Où faut-il placer le début de la dévotion à Marie notrnotre Mère ? Au commencement. L’Évangile de saint Jean nous rapporte le premier miracle de Jésus, qui fut pour les disciples le signe qui manifesta sa gloire : « et ils crurent en lui. » Jésus et Marie Étaient parmi les invités. Vous connaissez l’histoire : le vin manqua. Remarquez bien, c’est Marie qui informe Jésus du besoin des nécessiteux, c’est sa première intercession en leur faveur ; et que dit-elle aux serviteurs ? « Ce qu’il vous dira, faites le. » Gardons ce premier conseil éducateur et, toujours avec Jean et Marie, tenons-nous au pied de la croix : « Jésus, voyant sa mère et, auprès d’elle, le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : « Femme, voilà votre fils ». » Ensuite, Jésus dit au disciple : « ‘Voilà votre mère’ et, depuis ce jour là, Jean la prit chez lui. » Il fit ce qu’il avait entendu. Première manifestation de la dévotion à Marie.

Suivons le développement de la doctrine mariale au cours du temps. En Orient, saint Epiphane (IVe s.) est le premier à décerner à Marie le titre de « Mère des vivants ». Adam donna à sa femme le nom d’Eve parce qu’elle a été la mère de tous les vivants. Marie était donc déjà connue dans les premiers siècles de l’Eglise comme nouvelle Eve à côté du Christ nouvel Adam.

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Saint Ambroise, Évêque de Milan, qui a baptisé saint Augustin, voit Marie (dans le récit de Luc 2, 7) comme la figure de l’Eglise, la première a coopérer à la naissance et à l’Éducation du Christ avec son amour maternel. (P.L. XV, 1555, texte repris dans L.G. n¡ 68). Saint Augustin (354-430) parle souvent de la Vierge Marie ; lisons ceci dans son livre De la nature et de la grâce : « Ici, mettons à part la Vierge Marie, dont je ne veux pas qu’il soit question quand il s’agit du péché, par respect pour Notre-Seigneur. Comment, en effet, pouvons-nous savoir les privilèges de grâce qu’elle a reçus pour s’affranchir totalement du péché, elle qui a mérité de concevoir et d’enfanter celui qui n’a jamais eu aucun péché ? » (Sermon 80). Comment pouvons-nous savoir ? Ecoutons encore, avec les chrétiens d’Afrique du Nord, ce que leur dit le plus illustre des docteurs de l’Eglise latine : « Est-ce que la Vierge Marie n’est pas devenue mère tout en restant vierge ? Ainsi en est-il de l’Eglise : elle est tout ensemble vierge et mère et, à le bien prendre, elle enfante même Jésus-Christ, parce que ce sont ses membres qui reçoivent le baptême. Si donc l’Eglise enfante les membres de Jésus-Christ, elle a une parfaite ressemblance avec la Vierge Marie. » (Sermon 213). L’Eglise scrutera le donné de la Révélation au cours du temps, et le pape Pie IX donnera aux chrétiens le dogme de l’Immaculée Conception : Marie exempte du péché originel en vertu des mérites de son Fils sur la croix.

Un exemple de la vigilance des pasteurs de l’Eglise qui, pour garder la foi dans sa pureté, indiquent les erreurs et précisent le sens des mots : Le concile d’Ephèse, en 431, déclare Marie « Mère de Dieu », Théotokos en grec, non pas mère de la Divinité, mais mère d’un homme qui était Dieu : une seule personne, deux natures, l’humaine et la divine, sans confusion, sans changement, sans division, sans séparation. Etaient ainsi condamnés ceux pour qui le Christ n’avait pas un vrai corps, mais une apparence, et les adeptes de Darius et Nestorius qui niaient que Jésus fut Dieu. Actuellement, les juifs ne voient pas encore que le Messie qu’ils attendent, c’est Jésus de Nazareth et qu’il est Dieu. Le Coran connaît Marie (une erreur historique l’identifie à Marie sœur d’Aaron et de Moïse), mais la connaît comme mère vierge de Jésus ; plusieurs sourates combattent âprement la divinité de Jésus ; la Vierge Marie n’est donc pas pour eux la Mère de Dieu.

Témoins sur notre parcours. Saint Anselme, abbé du Bec et Évêque de Cantorbery (1033), nous donne cette belle affirmation : « Mater Dei est mater nostra » : la Mère de Dieu est notre mère. La liturgie nous apporte une précieuse découverte, une strophe du Salve Regina, dont voici la traduction : « Vierge Mère de l’Eglise, porte Éternelle de la gloire, prie pour nous, en toi nous espérons tous. » que l'on trouve dans deux manuscrits, l’un à Tolède, l’autre à Rome ; la notation neumatique indique XIIe-XIIIe siècle, ce qui révèle un usage dans la chrétienté, même s’il est rare. (Cf. notation du chant).

Rupert de Deutz, abbé bénédictin au XIIe siècle, a dégagé du « Voici ta mère », de Jésus à saint Jean, la maternité spirituelle de Marie envers nous. Il nous expose que Marie enfanta son premier-né sans douleur, mais souffrit une immense peine lorsque, debout en vue de la croix, elle nous mit au monde : « A cette heure même en vue de laquelle elle avait conçu du Saint-Esprit, elle achevait le plan divin de l’incarnation rédemptrice lors de la passion de son aîné, et ainsi elle devint véritablement notre mère à tous. » (In Jo., 13 ; PL 789 cd-790

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ab), et il écrit encore : « Marie est Mère de l’Eglise, et l’Eglise est mère de Marie ; l’Eglise aime Marie, mais Marie aime plus encore que l’Eglise. » (In Cat. 4; PL 168). Saint Grignion de Montfort, au XVIIIe siècle, dans son Traité de la vraie dévotion à Marie, fait sienne l’interprétation de quelques Pères sur le verset 13e du psaume 86 : « Un homme et un homme est né en elle, dit le Saint-Esprit. Le premier homme qui est né en Marie est l’homme Dieu, Jésus-Christ. Le second est un homme pur, enfant de Dieu et de Marie par adoption. Si Jésus-Christ, le chef des prédestinés est né en elle, les prédestinés qui sont les membres de ce chef doivent aussi naître en elle par une suite nécessaire. Une même mère ne met pas au monde la tête ou le chef sans les membres, ni les membres sans la tête, autrement ce serait un monstre de nature ; de même dans l’ordre de la grâce, le chef et les membres naissent d’une même mère. » Le pape Pie X, à ceux qui travaillaient à faire connaître le « Traité » écrit ceci : « Accédant à votre prière, nous recommandons très vivement le Traité de la dévotion à la Sainte Vierge, si admirablement écrit par le bienheureux de Montfort, et à tous ceux qui liront ce traité, nous accordons de grand cœur la bénédiction apostolique. Il est vraiment si beau », ajoute-t-il avec conviction. Tobie, avant de mourir, parla ainsi à son fils : « Tu honoreras ta mère tous les jours de sa vie, car tu dois te souvenir de ce qu’elle a souffert à cause de toi. » (Tob. 4, 4). Pour être vraie, la dévotion à Marie ne doit pas oublier la compassion de la Vierge-Mère. Le pape Pie XII, dans son encyclique Mediator Dei (Médiateur entre Dieu et les hommes), sur la liturgie, déclare ceci : « La liturgie est donc le culte chrétien que notre Rédempteur rend au Père comme chef de l’Eglise, c’est aussi le culte rendu par la société des fidèles à son chef et, par lui, au Père Éternel, c’est en un mot le culte intégral du Corps mystique de Jésus-Christ, c’est à dire du chef et de ses membres. » Pie XII utilise cette expression, le « Corps mystique », qui désigne dorénavant l’Eglise, l’expression de corps eucharistique étant réservée au pain et au vin transsubtantiés à la sainte messe.

Le Magistère. Au terme de ce rapide survol des siècles chrétiens, nous avons vu comment la maturation s'est effectuée pour aboutir au terme explicite de « Mère de l'Eglise », qui était implicitement contenu dans le : « Voici ta Mère » de Jésus à saint Jean. Dans le Catéchisme de l’Eglise Catholique est approuvé par le pape Jean-Paul II le 25 juin 1991 (dont la Constitution Apostolique, pour ordonner sa publication, date du 11 octobre 1992), le n. 963, sur Marie, Mère du Christ, Mère de l’Eglise, renvoie au discours de Paul VI du 21 novembre 1964.

La consécration. Une consécration, au sens large du mot, est un acte qui situe une personne ou une chose dans une appartenance plus ou moins étroite à Dieu. Le baptême consacre à Dieu le chrétien ; ce sacrement, comme celui de la confirmation, imprime sur l’homme un caractère indélébile ; ces deux sacrements (ainsi que celui de l’Ordre) ne peuvent être réitérés ; le sceau baptismal est une marque spirituelle de l’appartenance à Dieu.

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La consécration que l’on peut faire de soi-même à Marie revêt différentes formes : − Au baptême par exemple, les parents peuvent consacrer l’enfant à Marie, afin qu’elle veille plus particulièrement sur lui. − Plus tard, le jour de la première communion et le jour de l’engagement solennel de vie chrétienne, l’enfant, devenu responsable de ses actes, prononce lui-même la consécration à sa Mère du ciel, ce qui est généralement proposé lors de la cérémonie. − On peut adhérer de même à une consécration collective durant un pèlerinage ou dans le cadre d’un mouvement de jeunesse, d’une société, etc. − Enfin, l’on peut ressentir le besoin de se consacrer plus profondément à Marie, afin de mieux tenir les obligations de son baptême. Il faut lire tout le Traité de la vraie dévotion à Marie, de Grignion de Montfort, pour comprendre le bien-fondé de cette consécration. En voici la substance : « Cette dévotion consiste à se donner tout entier à la très Sainte Vierge pour être tout entier à Jésus-Christ par elle. Il faut lui donner notre corps, notre âme avec toutes ses puissances, nos biens extérieurs, nos biens intérieurs et spirituels, qui sont nos mérites, nos vertus et nos bonnes œuvres passées, présentes et futures. On se consacre ainsi tout ensemble à la Très Sainte Vierge et à Jésus-Christ ; à la Sainte Vierge comme un moyen parfait que Jésus-Christ a choisi pour s’unir à nous et nous unir à lui. »

Tout le monde sait que cette parfaite consécration, celui qui devait être le pape Jean- Paul II l’avait faite sienne de longue date ; et l’on connaît sa devise papale : TOTUS TUUS « Je suis tout à vous, ma chère Maîtresse avec tout ce que j’ai. » C’est lui qui a consacré le monde entier au Cœur Immaculée de Marie, en l’année sainte de la Rédemption 1984, à Fatima même, là où la Vierge en avait fait la demande à Lucie, Jacinthe et François, les trois petits bergers. Dans le texte de cette consécration, nous trouvons : « Mère des hommes et des peuples – Mère de l’Eglise »

Conclusion Saint Jean Eudes, au 17e siècle, dévôt au Cœur Immaculée de Marie, dont la première fête est célébrée en février 1648, clame haut son admiration : « L’amour de Dieu n’a rien produit d’aussi grand et d’aussi parfait que le Cœur de Marie, c’est le chef d’Œuvre de l’Amour Éternel. » Ce Cœur admirable, c’est celui d’une Mère, Marie, Mère de l’Eglise.

ABBAYE NOTRE-DAME DE L’ANNONCIATION

BiBibliographiebliographie

Maria, études sur la sainte Vierge, tome VII, chapitre VI Marie et l‘Eglise, par Mgr G. Philips, Beauchesne, Paris, 1964.

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Une, Sainte, Catholique et Apostolique

Tout le mystère de l’Eglise gît dans l’équation et la convertibilité de ces deux termes : le Christ et l’Eglise. [...] Ce principe éclaire ou plutôt il appelle et exige les grands attributs de la vraie Eglise : pourquoi l’unité, si ce n’est parce que la Vérité est dans l’Eglise, et l’Eglise dans la Vérité ? Pourquoi la sainteté, si ce n’est parce que la Grâce est dans l’Eglise et l’Eglise dans la Grâce ? Pourquoi la catholicité, si ce n’est parce que l’universelle Rédemption se fait par l’Eglise, et que l’Eglise se fait par l’universelle Rédemption ? Pourquoi l’apostolicité, sinon parce que le Christ est dans les Apôtres, et les Apôtres dans le Christ ?

PÈRE HUMBERT CLÉRISSAC

LE MYSTÈRE DE L’EGLISE, 1918

Il est remarquable que des quatre notes, ce soit celle de catholicité qui ait prévalu pour caractériser la vraie Eglise. C’est qu’elle comprend les autres et leur donne, mises ensemble, une singulière force d’attestation. La catholicité implique essentiellement l’unité : elle n’est que l’unité diffuse. Or, l’unité appelle une hiérarchie et une tradition apostoliques, elle entraîne aussi la sainteté, qui n’est que l’unité de la morale avec la doctrine.

PÈRE HUMBERT CLÉRISSAC

LE MYSTÈRE DE L’EGLISE, 1918

Si les quatre notes de l’Eglise suggèrent sa personnalité, c’est qu’elles s’animent pleinement, et n’ont toute leur force et leur portée, qu’entendues dans un sens personnel. Donnez à l’Eglise une conscience et une mémoire : vous entendez aussitôt cette conscience crier son unité, vous la voyez élaborer, et exiger sa sainteté. La mémoire de ses origines apostoliques l’empêchera d’y forfaire ; et puisque le dépôt reçu des apôtres est définitif, ne doit céder la place à aucune économie nouvelle, il est donc aussi universel : l’Eglise se proclame catholique et elle se sait indéfectible.

PÈRE HUMBERT CLÉRISSAC

LE MYSTÈRE DE L’EGLISE, 1918

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Personne ne peut infirmer et mettre en doute que Jésus-Christ, afin d’appliquer à toutes les générations humaines les fruits de sa Rédemption, a édifié ici, sur la terre, sur Pierre, une Église unique qui est une, sainte, catholique et apostolique.

PIE IX

LETTRE «JAM VOS OMNES» À TOUS LES PROTESTANTS ET NON CATHOLIQUES, 1868

On appelle encore la véritable Eglise, Eglise Romaine, parce que les autres caractères de l’unité, de la sainteté, de la catholicité et de l’apostolicité ne se rencontrent que dans l’Eglise qui reconnaît pour chef l’Evêque de Rome, successeur de saint Pierre.

CATÉCHISME SAINT PIE X, 1905

L’EGLISE EST UNE

Cette unité dans la profession d’une même foi, dans la participation aux mêmes sacrements et dans la soumission aux mêmes pasteurs, s’impose indubitablement à tout homme loyal, comme marque de la véritable Eglise.

ABBÉ GUILLAUME FERBERCK

JÉSUS-CHRIST ET SON EGLISE, 1913

L’Eglise n’a pas cessé d’être une. Les hérésies et les schismes ont, hélas ! divisé la société des chrétiens ; l’Eglise, elle, n’a jamais été divisée, d’aucune manière, et ne le sera jamais, même par de nouveaux schismes ou de nouvelles hérésies.

ABBÉ VICTOR-ALAIN BERTO

INTERVENTION AU CONCILE VATICAN II, 1963

Aucune déchirure ne doit briser l’harmonie entre la foi et la vie : l’unité de l’Eglise est blessée non seulement par les chrétiens qui refusent ou déforment la vérité de la foi, mais encore par ceux qui méconnaissent les obligations morales auxquelles l’Evangile les appelle.

JEAN-PAUL II

VERITATIS SPLENDOR (§ 26), 1993

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Car comme le corps est un et a plusieurs membre, et comme tous les membres d’un corps ne forment qu’un seul corps, ainsi en est-il du Christ. Nous avons tous été baptisés dans un seul Esprit pour former un seul corps, soit juifs, soit Grecs, esclaves ou libres, et nous avons tous été abreuvés du même Esprit.

SAINT PAUL

2ÈME EPITRE AUX CORINTHIENS (XII, 12-13), IER SIÈCLE

Bien que 1’Eglise soit répandue par toute la terre, elle conserve avec un soin extrême la foi qui a été prêchée par les apôtres. Elle la prend pour régie de sa foi, qu’elle professe partout de la même manière, comme si tous ceux qui lui appartiennent n’avaient qu’un même esprit, qu’un même cœur, qu’une même parole. Bien que les langues du monde soient différentes, la foi est la même partout. Les Eglises de la Germanie ne croient pas et n’enseignent pas autrement que les Eglises d’Espagne, des Gaules.

SAINT IRÉNÉE, ÉVÊQUE DE LYON 177

Le Pontife romain, comme successeur de Pierre, est le principe perpétuel et visible et le fondement de l’unité qui lie entre eux soit les évêques, soit la multitude des fidèles.

CONCILE VATICAN II, 1964

LUMEN GENTIUM, (§ 23)

Quel étonnant mystère ! Il y a un seul Père de l’univers, un seul Logos de l’univers et aussi un seul Esprit Saint, partout identique ; il y a aussi une seule vierge devenue mère, et j’aime l’appeler l’Église

SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE

LE PÉDAGOGUE (1, 6), IIE SIÈCLE

Ces diverses parties de l’Eglise [Eglise militante, Eglise souffrante, Eglise triomphante] constituent une seule Eglise et un seul corps, parce qu’elles ont le même chef qui est Jésus-Christ, le même esprit qui les anime et les unit, et la même fin qui est la félicité éternelle dont les uns jouissent déjà et que les autres attendent. (...) La véritable Eglise est une, parce que ses fils, à quelque temps et à quelque lieu qu’ils appartiennent, sont unis entre eux dans la même foi, le même culte, la même loi et la participation aux mêmes sacrements, sous un même chef visible, le Pontife Romain.

CATÉCHISME DE SAINT PIE X, 1905

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

La comparaison de l’Église avec le corps jette une lumière sur le lien intime entre l’Église et le Christ. Elle n’est pas seulement rassemblée autour de lui ; elle est unifiée en lui, dans son Corps. Trois aspects de l’Église – Corps du Christ sont plus spécifiquement à relever : l’unité de tous les membres entre eux par leur union au Christ ; le Christ Tête du Corps ; l’Église, Épouse du Christ

CATÉCHISME DE L’EGLISE CATHOLIQUE, § 789, 1992

L’Église est Une de par sa source : « De ce mystère, le modèle suprême et le principe est dans la trinité des personnes l’unité d’un seul Dieu Père, et Fils, en «l’Esprit Saint « (UR 2). L’Église est une de par son Fondateur : « Car le Fils incarné en personne a réconcilié tous les hommes avec Dieu par sa Croix, rétablissant l’unité de tous en un seul Peuple et un seul Corps » (GS 78, §3). L’Église est une de par son « âme « : « L’Esprit Saint qui habite dans les croyants, qui remplit et régit toute l’Église, réalise cette admirable communion des fidèles et les unit tous si intimement dans le Christ, qu’il est le principe de l’Unité de l’Église » (UR 2). Il est donc de l’essence même de l’Église d’être une. Dès l’origine, cette Église une se présente cependant avec une grande diversité qui provient à la fois de la variété des dons de Dieu et de la multiplicité des personnes qui les reçoivent. Dans l’unité du Peuple de Dieu se rassemblent les diversités des peuples et des cultures. Entre les membres de l’Église existe une diversité de dons, de charges, de conditions et de modes de vie ; « au sein de la communion de l’Église il existe légitimement des Églises particulières, jouissant de leurs traditions propres » (LG 13). « La grande richesse de cette diversité ne s’oppose pas à l’unité de l’Église. Cependant, le péché et le poids de ses conséquences menacent sans cesse le don de l’unité. Aussi l’apôtre doit-il exhorter à « garder l’unité de l’Esprit par le lien de la paix » (Ep 4, 3).

CATÉCHISME DE L’EGLISE CATHOLIQUE, § 813 & 814, 1992

Où se trouve le péché, là aussi la multiplicité, là le schisme, là l’hérésie, là le conflit ; mais où se trouve la vertu, là aussi l’unité, là l’union qui faisait que tous les croyants n’avaient qu’un corps et une âme.

ORIGÈNE

HOMÉLIES SUR EZÉCHIEL (9, 1), IIIE SIÈCLE

Dès la descente vers nous du Verbe incarné, toutes les Églises chrétiennes de partout ont tenu et tiennent la grande Église qui est ici [à Rome] pour unique base et fondement parce que, selon les promesses mêmes du Sauveur, les portes de l’enfer n’ont jamais prévalu sur elle.

SAINT MAXIME LE CONFESSEUR

OPUSCULES THÉOLOGIQUES ET POLÉMIQUES, VIIE SIÈCLE

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Aujourd’hui, amène-moi les âmes des hérétiques et des apostats et immerge-les dans l’océan de ma miséricorde ; dans mon amère passion, elles me déchiraient le corps et le cœur, c’est-à-dire mon Eglise. Lorsqu’elles reviennent à l’unité de l’Eglise, mes plaies se cicatrisent, et de cette façon elles me soulageront dans ma passion.

JÉSUS-CHRIST À SAINTE FAUSTINE

NEUVAINE À LA MISÉRICORDE DIVINE (5ÈME JOUR), XXE SIÈCLE

De la doctrine de Notre-Seigneur Jésus-Christ, de cette tunique sans couture, déchirée, lacérée, mise en lambeaux, que serait-il advenu si l’Eglise n’avait défendu et solennellement affirmé au milieu de tant de voix discordantes, l’intégrité surnaturelle qu’elle avait reçue de son Epoux : la Révélation et la Foi ?

DOM DELATTE

CONTEMPLER L’INVISIBLE, 1889

Que tous, ils soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé.»

EVANGILE DE SAINT JEAN (XVII, 21), IER SIÈCLE

Rien n’est plus scandaleux, en effet, que la division entre les chrétiens; tandis que l’union parfaite entre ceux qui ont une même foi, est un sujet d’édification, et un motif de foi pour ceux qui ne croient point. C’est ce que le Sauveur avait dit dès le commencement : « Tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de la charité les uns pour les autres » si la division règne parmi eux, on ne les reconnaîtra plus pour les disciples d’un Maître pacifique ; et si je ne suis point moi-même ami de la paix, ils ne reconnaîtront point que vous m’avez envoyé.

SAINT JEAN CHRYSOSTOME

Malgré les divisions entre chrétiens, l’Eglise du Christ continue d’exister en plénitude dans la seule Eglise catholique.

CARDINAL JOSEPH RATZINGER

DÉCLARATION « DOMINUS IESUS » SEPTEMBRE 2000

L’Eglise est un peuple uni de par l’unité du Père, du Fils et de l’Esprit Saint.

SAINT CYPRIEN

LA PRIÈRE DU SEIGNEUR, 23

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

L’EGLISE EST SAINTE

Jésus-Christ ne pouvait enseigner qu’une doctrine sainte et pure et instituer que des moyens de salut capables de sanctifier ceux qui les reçoivent avec de bonnes dispositions. (...) La sainteté qui doit distinguer les membres de l’Eglise et que le Christ donne comme une marque de l’Eglise ne doit point être seulement une sainteté ordinaire, mais se manifester, au moins chez quelques-uns de ses membres, par la pratique des plus éminentes vertus.

ABBÉ GUILLAUME FERBERCK

JÉSUS-CHRIST ET SON EGLISE, 1913

Nous devons nous remettre à dire au Seigneur : «nous, nous péchons, mais l’Eglise qui T’appartient et qui est porteuse de Foi ne pèche pas.»

CARDINAL JOSEPH RATZINGER

ENTRETIEN SUR LA FOI, 1985

Tandis que le Christ saint, innocent, sans tache, venu uniquement pour expier les péchés du peuple, n’a pas connu le péché, l’Église, elle, qui renferme des pécheurs dans son propre sein, est donc à la fois sainte et appelée à se purifier, et poursuit constamment son effort de pénitence et de renouvellement.

CATÉCHISME DE L’EGLISE CATHOLIQUE, § 827, 1992

La sainte Église est image de Dieu, dans la mesure où elle réalise la même union que Lui, des croyants à Dieu.

SAINT MAXIME LE CONFESSEUR

MYSTAGOGIE, VIIE SIÈCLE

[Dans le Credo], après l’article qui traite du Saint-Esprit, on parle immédiatement de l’Eglise catholique pour indiquer que toute la sainteté de cette Eglise dérive de l’Esprit-Saint qui est la source de sainteté.

CATÉCHISME DE SAINT PIE X, 1905

La véritable Eglise est sainte parce que Jésus-Christ, son chef invisible, est saint, que beaucoup de ses membres sont saints, que sa foi, sa loi, ses sacrements sont saints et qu’en dehors d’elle il n’y a pas et il ne peut pas y avoir de véritable sainteté.

CATÉCHISME DE SAINT PIE X, 1905

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Le Christ s’est livré pour l’Eglise afin de la sanctifier en purifiant par le bain d’eau qu’une parole accompagne ; car il voulait se la présenter à lui-même toute resplendissante, sans tache ni ride ni rien de tel, mais sainte et immaculée.

SAINT PAUL

EPH, V, 26-27, IER SIÈCLE

L’Église ne se défend pas, ni ne s’adapte, mais sanctifie

SAINT PIE X

Si l’Eglise n’existe pas, si elle n’est pas la dépositaire authentique et officielle de la vérité, de la grâce et du pardon, si le pouvoir de sanctification ne lui a pas été conféré, que devient la vertu de sanctification des sacrements ? (...) L’Eglise ne se soutient que par la sainteté de ses enfants : un saint Dominique et un saint François du temps du Pape Innocent III supportaient sur leurs épaules la Basilique de Latran. Voyez ce qu’a fait pour l’Eglise notre Père Saint Benoît, ce qu’a fait Dom Guéranger, simplement en écrivant son Année Liturgique. Voyez-vous le poids d’une vie ?

DOM DELATTE

CONTEMPLER L’INVISIBLE, 1889

L’EGLISE EST CATHOLIQUE

Il est évident que le Christ a voulu que son Eglise fût catholique parce qu’il lui a promis de demeurer avec elle, tous les jours, jusqu’à la consommation des siècles, et il a ordonné à ses apôtres d’aller enseigner toutes les nations, de prêcher l’Evangile à toute créature.

ABBÉ GUILLAUME FERBERCK

JÉSUS-CHRIST ET SON EGLISE, 1913

Il dominera d’une mer jusqu’à l’autre, des rivages du fleuve jusqu’aux bornes de l’univers... Tous les rois de la terre l’adoreront ; toutes les nations lui obéiront.

PSAUME 70 (8 ET 11)

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Catholique veut dire littéralement «embrassant la totalité» et signifie qu’elle a un rapport au tout. C’est une expression pour dire que l’Eglise est destinée au monde entier, à toutes les cultures et tous les temps.»

CARDINAL JOSEPH RATZINGER

VOICI QUEL EST NOTRE DIEU, 2000

Là où est le Christ Jésus, là est l’Église Catholique.

SAINT IGNACE D’ANTIOCHE

LETTRE À SMYRNE, 8, 2, IER SIÈCLE

Elle est catholique parce qu’en elle le Christ est présent. [...] Elle est catholique parce qu’elle est envoyée en mission par le Christ à l’universalité du genre humain.

CATÉCHISME DE L’EGLISE CATHOLIQUE § 830-831, 1992

J’appelle la véritable Eglise catholique, ce qui veut dire universelle, parce qu’elle embrasse les fidèles de tous les temps et de tous les lieux, de tout âge et de toute condition, et que tous les hommes du monde sont appelés à en faire partie.

CATÉCHISME DE SAINT PIE X, 1905

[L’Eglise] doit dominer le monde, parce qu’étant l’épouse de Jésus-Christ, elle a pour mission d’enfanter les hommes à la Vie surnaturelle ; que c’est la fin dernière de tout l’univers ; que c’est là ce pour quoi tout a été fait ; qu’il n’est donc rien qui puisse échapper à l’admirable unité de ce plan ; que tout, absolument tout, doit être subordonné à cette raison suprême.

JEAN OUSSET

POUR QU’IL RÈGNE, 1959

On viendra de l’Orient et de l’Occident, de l’Aquilon et du Midi et l’on prendra place dans le Royaume de Dieu.

EVANGILE DE SAINT LUC (XIII, 29), IER SIÈCLE

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Il faut demeurer dans l’Eglise, et l’Eglise est dans Rome, « super hanc petram ». Où serait-elle donc si elle n’était pas sur le Rocher où le Seigneur lui-même a annoncé qu’il la bâtirait toute entière ? Si on ne bâtit pas sur le Rocher, ce n’est pas l’Eglise qu’on bâtit. Quoi de plus clair, et comment comprendre que cette vérité si claire, si simple, si pacifiante, soit devenus inaccessible à tant de gens ?

ABBÉ VICTOR-ALAIN BERTO

CORRESPONDENCE, 1959

Ayant tout de commun avec Lui, riche de Ses biens, dépositaire de la Vérité, l’Eglise catholique, maîtresse des âmes, reine des cœurs, domine le monde parce qu’elle est l’épouse de Jésus-Christ.

SAINT PIE X

DISCOURS POUR LA BÉATIFICATION DE JEANNE D’ARC, 1909

L’EGLISE EST APOSTOLIQUE

Comme mon Père m’a envoyé, ainsi je vous envoie

EVANGILE DE SAINT JEAN (XX, 21), IER SIÈCLE

Allez, enseignez toutes les nations ; baptisez-les, au nom du Père et du Fils et du Saint- Esprit, et apprenez-leur à garder tout ce que je vous ai commandé.

EVANGILE DE SAINT MATHIEU (XXVIII, 19), IER SIÈCLE

L’Eglise doit professer la doctrine des apôtres, car c’est à eux que le Christ a ordonné de prêcher sa doctrine à tous les peuples de la terre. En vertu de ce commandement, les apôtres ont enseigné la doctrine du Sauveur, en défendant, à qui que ce soit, d’y rien changer.

ABBÉ GUILLAUME FERBERCK

JÉSUS-CHRIST ET SON EGLISE, 1913

L’Eglise perpétue dans sa doctrine, sa vie et son culte, et elle transmet à chaque génération, tout ce qu’elle est elle-même, tout ce qu’elle croit. Cette Tradition qui vient des Apôtres se poursuit dans l’Eglise, sous l’assistance du Saint-Esprit

CONCILE VATICAN II,

DEI VERBUM (§ 8), 1965

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Chaque chrétien participe à sa manière propre, unique et irremplaçable à la mission que l’Eglise a reçue du Christ. Chacun d’eux a sa vocation personnelle, et aux différentes vocations correspondent des dons différents.

JEAN-PAUL II

N’AYEZ PAS PEUR, 1982

L’apostolicité renvoie à la liaison horizontale de l’Eglise qui traverse tous les temps. Elle est liée à son origine historique dans le groupe de ces onze hommes choisis par Jésus. Elle n’est pas une quelconque mythologie, ou une idéologie qu’on aurait inventée par la suite : elle est vraiment ancrée dans l’événement historique de Jésus-Christ et surgit toujours à nouveau de cette origine apostolique.

CARDINAL JOSEPH RATZINGER

VOICI QUEL EST NOTRE DIEU, 2000

Parce qu’elle est « convocation « de tous les hommes au salut, l’Église est, par sa nature même, missionnaire envoyée par le Christ à toutes les nations pour en faire des disciples

CATÉCHISME DE L’EGLISE CATHOLIQUE, § 767, 1992

Aussi l’Église, pourvue des dons de son fondateur, et fidèlement appliquée à garder ses préceptes de charité, d’humilité et d’abnégation, reçoit mission d’annoncer le Royaume du Christ et de Dieu et de l’instaurer dans toutes les nations ; elle constitue de ce royaume le germe et le commencement sur terre

CATÉCHISME DE L’EGLISE CATHOLIQUE, § 768, 1992

L’Église est apostolique parce qu’elle est fondée sur les apôtres, et ceci en un triple sens : – elle a été et demeure bâtie sur « le fondement des apôtres » (Ep 2, 20 ; Ap 21, 14), témoins choisis et envoyés en mission par le Christ lui-même (cf. Mt 28, 16-20 ; Ac 1, 8 ; 1 Co 9, 1 ; 15, 7-8 ; Ga 1, 1 ; etc.) ; - elle garde et transmet, avec l’aide de l’Esprit qui habite en elle, l’enseignement (cf. Ac 2, 42), le bon dépôt, les saines paroles entendues des apôtres (cf. 2 Tm 1, 13-14) ; – elle continue à être enseignée, sanctifiée et dirigée par les apôtres jusqu’au retour du Christ grâce à ceux qui leurs succèdent dans leur charge pastorale : le collège des évêques, « assisté par les prêtres, en union avec le successeur de Pierre, pasteur suprême de l’Église » (AG 5)

CATÉCHISME DE L’EGLISE CATHOLIQUE, § 857, 1992

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On appelle encore la véritable Eglise Apostolique, parce qu’elle remonte sans interruption jusqu’aux Apôtres ; et parce qu’elle croit et enseigne tout ce qu’ont cru et enseigné les Apôtres ; et parce qu’elle est dirigée et gouvernée par leurs légitimes successeurs.

SAINT PIE X

CATÉCHISME DE SAINT PIE X, 1905

Dans l’unité de l’Eglise, promouvoir et garder la foi et la vie morale, c’est la tâche confiée par Jésus aux apôtres, tâche qui se poursuit dans le ministère de leurs successeurs.

JEAN-PAUL II

VERITATIS SPLENDOR (§ 27), 1993

BASILIQUE SAINT PAUL HORS LES MURS - ROME

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La beauté de l’Eglise

Le voile du temple se déchira encore pour figurer la division des deux peuples, et la profanation de la synagogue. Le voile ancien se déchire pour laisser l’Eglise déployer et suspendre les voiles nouveaux de la foi chrétienne. Le voile de la synagogue disparaît, pour nous permettre de voir des yeux de notre âme les profonds mystères de la religion.

SAINT AMBROISE

Le Christ s’est livré pour l’Eglise afin de la sanctifier en purifiant par le bain d’eau qu’une parole accompagne ; car il voulait se la présenter à lui-même toute resplendissante, sans tache ni ride ni rien de tel, mais sainte et immaculée.

SAINT PAUL

EPH, V, 26-27, IER SIÈCLE

Et je vis la Cité Sainte, Jérusalem nouvelle, qui descendait du ciel, de chez Dieu ; elle s’est faite belle, comme une jeune mariée pour son époux.

SAINT JEAN

APOCALYPSE, XXI, 2, IER SIÈCLE

Il me transporta donc en esprit sur une montagne de grande hauteur, et me montra la Cité sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel de chez Dieu, avec en elle la gloire de Dieu. Elle resplendit autant qu’une pierre des plus précieuses, comme du jaspe cristallin.

SAINT JEAN

APOCALYPSE, XXI, 10-11, IER SIÈCLE

L’Église a été plantée comme un paradis dans le monde

SAINT IRÉNÉE DE LYON

IIE SIÈCLE

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Louée soit à jamais cette grande Mère majestueuse, aux genoux de qui j’ai tout appris

PAUL CLAUDEL

Levez-donc les yeux, fils bien-aimés, dignes représentants d’une nation qui se glorifie du titre de fille aînée de l’Eglise, et regardez les grands exemples qui vous ont précédés, levez les yeux et admirez ces splendides cathédrales qui demeurent parmi vous un vivant symbole de cette Eglise catholique au sein de laquelle vous avez grandi.

PIE XII

MESSAGE AUX FRANÇAIS POUR LE 5ÈME ANNIVERSAIRE DE LA RÉHABILITATION DE JEANNE D’ARC, 1956 (25 JUIN)

Notre-Seigneur a été jaloux de demeurer éternellement avec nous, et il nous a donné l’Eglise comme il nous a donné l’Eucharistie.

DOM DELATTE

CONTEMPLER L’INVISIBLE, 1889

Il est une chose remarquable, c’est le soin avec lequel le Seigneur a voulu comme calquer la création de l’Eglise sur la création du premier homme. […] Là aussi, le Seigneur commence par prendre un peu de boue, il la façonne, puis il envoie l’Esprit vivifiant. Oui, si nous considérons après la venue de l’Esprit-Saint, les apôtres sont une création surnaturelle absolument incomparable.

DOM DELATTE

CONTEMPLER L’INVISIBLE, 1889

Le Seigneur n’est pas venu simplement apporter au monde une religion, créer des individus qui fussent baptisés ; il est venu créer le surnaturel sur la terre.

DOM DELATTE

CONTEMPLER L’INVISIBLE, 1889

Je ne puis comprendre un chrétien, ayant conscience de ce qu’il est dans l’Eglise, un chrétien à qui tout rappelle la solidarité organique qui l’unit à l’Eglise, je ne puis, dis-je, parvenir à comprendre un chrétien qui se renfermerait sur lui-même, sans avoir au cœur le souci constant de tout ce qui intéresse et concerne la sainte Eglise de Dieu.

DOM DELATTE

CONTEMPLER L’INVISIBLE, 1889

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Mon Seigneur Jésus, Vous êtes «avec nous jusqu’à la consommation des siècles», non seulement dans la Sainte Eucharistie, mais aussi par votre Grâce... Votre grâce est dans l’Eglise, elle est et vit dans toute âme fidèle. [...] Votre grâce agit sans cesse dans l’Eglise pour la rendre plus parfaite.

CHARLES DE FOUCAULD

LETTRES ET CARNETS

En dépit d’imperfections humaines qui ne font que rappeler quel haut pari est son incarnation, l’Eglise ne s’accorde jamais mieux, en définitive, qu’avec la pleine lumière de l’histoire. Cette pleine lumière, les catholiques ne s’emploieront jamais assez à s’offrir à elle et à la faire surgir. N’est-elle par leur vraie demeure ?

JEAN DUMONT

L’EGLISE AU RISQUE DE L’HISTOIRE, 1982

Nous croyons en la force de l’Eglise, puisque nous croyons qu’Elle ne sera jamais vaincue et qu’Elle subsistera jusqu’à la fin des temps.

JEAN OUSSET

POUR QU’IL RÈGNE, 1959

Dans le seul domaine de la charité, je prétends que l’Eglise est incomparable. (...) Voulez-vous me dire quelles sont les autres institutions qui présentent un bilan égal, c’est-à-dire qui, en tous les points du monde, - avec une permanence de vingt siècles consécutifs, avec une formation pénétrant jusqu’au fond de l’âme - ont réalisé ou réalisent, au service de la misère humaine, un labeur égal à celui de l’Eglise ? Cherchez dans l’annuaire des institutions actuelles. Cherchez dans le passé. Cherchez, et vous ne trouverez pas.

MGR RODHAIN

MESSAGE DU SECOURS CATHOLIQUE, 1956

Perle précieuse dans le trésor de l’Eglise. L’Eglise elle-même étant ce trésor caché, dont parle l’Evangile, et qui est le royaume de Dieu. (...) Espérance dans une Eglise puissante et une, qui a suscité tant d’œuvres admirables, toujours opportunes et toujours adaptées aux besoins des temps.

JEAN OUSSET

POUR QU’IL RÈGNE, 1959

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Eglise digne de Dieu, digne d’honneur, digne d’être proclamée bienheureuse, digne de louange, digne de voir ses vœux exaucés, dignement chaste et qui préside à l’universelle assemblée de la charité, qui possède la loi du Christ, qui est ornée du nom du Père, je te salue au nom de Jésus-Christ, Fils du Père.

SAINT IGNACE D’ANTIOCHE

IER SIÈCLE

Ce qui est admirable, incomparable et tout à fait divin, c’est que cette Eglise qui a toujours duré, a toujours été combattue. Mille fois elle a paru à la veille d’une destruction universelle ; et toutes les fois qu’elle a été dans cet état, Dieu l’a relevée par des coups extraordinaires de sa puissance.

PASCAL

XVIIE SIÈCLE

Quoi ! Nous aurons vu vieillir nos mamans de la terre sans jamais nous lasser de contempler ces cheveux blanchis, ces traits défaits, ces mains tremblantes, ce regard qui va s’éteignant, nous aurons pensé mourir de douleur quand le cercueil nous a dérobé l’enveloppe flétrie d’une âme et d’un amour que nous savons pourtant l’un et l’autre immortels, et devant l’Eglise Mère, toujours jeune, toujours belle, toujours glorieuse, toujours féconde, toujours en noces virginales avec l’Epoux ressuscité, nous aurons l’impiété, il faut redire le mot, il n’y en a pas d’autre, l’impiété maudite de lui trouver des laideurs, et de l’inviter à se farder, nous ses fils, elle notre Mère ? Se peut-il rien de plus exécrable ?

ABBÉ VICTOR-ALAIN BERTO

CORRESPONDENCE, 1961

Pour nous, nous souvenant que Dieu n’a pas jugé qu’il fût au-dessous de la dignité de la Sainte Vierge de faire d’elle la figure de l’Eglise, chantons à l’Eglise le « Tota pulchra es » et ne lui demandons que d’être elle-même pour captiver nos cœurs du plus puissant, du plus véhément, du plus exclusif amour.

ABBÉ VICTOR-ALAIN BERTO

CORRESPONDENCE, 1961

L’Église romaine conserve toujours la vraie doctrine de Dieu.

SAINT ATHANASE

LETTRE AU PAPE FÉLIX, IVE SIÈCLE

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Ne te sépare point de l’Église; rien n’est plus fort que l’Église. Ton espérance, c’est l’Église; ton salut, c’est l’Église; ton refuge, c’est l’Église. Elle est plus haute que le ciel et plus large que la terre. Elle ne vieillit jamais mais reste toujours en pleine force.

SAINT JEAN CHRYSOSTOME

HOM. DE CAPTO EUROPIO, N° 16, IVE SIÈCLE

Maintenant, ils voient l’Église et ils disent : Elle va mourir, et bientôt son nom va disparaître; il n’y aura bientôt plus de chrétiens; ils ont fait leur temps. Et pendant qu’ils disent cela, je les vois mourir tous les jours; et cependant l’Église demeure debout, annonçant la puissance de Dieu à toutes les générations qui se succèdent.

SAINT AUGUSTIN

COMMENTAIRE SUR LES PSAUMES (LXX, 12), IVE-VE SIÈCLES

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Saint Esprit, âme de l’Eglise

Comme [l’Eglise] est la seule qui soit gouvernée par le Saint Esprit, elle est aussi la seule qui soit infaillible dans la Foi et dans la règle des mœurs. Au contraire toutes les autres qui usurpent le nom d’églises sont sous la conduite de l’esprit du démon, et tombent nécessairement dans les plus funestes erreurs de doctrine et de morale.

CATÉCHISME DU CONCILE DE TRENTE

L’Eglise, déjà conçue, et qui était sortie, pour ainsi dire, des flancs du nouvel Adam dormant sur la croix, s’est manifestée pour la première fois aux hommes d’une manière éclatante le jour solennel de la Pentecôte

LÉON XIII

En raison de son rôle vivifiant, on dit aussi que le Saint-Esprit est « l’âme de l’Église ». Qui est elle-même appelée «l’Épouse du Christ». Ce sont là autant de comparaisons tendant à nous donner une idée de l’union intime de Dieu, par le Saint-Esprit, avec les créatures humaines bien disposées et appartenant explicitement ou implicitement à l’Eglise Universelle du Christ. En effet, le Saint-Esprit éclaire l’Eglise de telle sorte que celle-ci est infaillible, lorsque ses Chefs religieux parlent et agissent dans le cadre de leur mission. Il la dirige aussi, même dans les tempêtes des siècles. Enfin, Il la sanctifie en ses divers membres fidèles, en y faisant circuler la Grâce et « germer » les âmes saintes.

ABBÉ LUCIEN ARÈNE MANUEL D’INSTRUCTION ET D’EDUCATION RELIGIEUSES

L’Esprit Saint est l’architecte de l’Eglise. Nous, nous dépendons de lui et pour que notre travail soit efficace, il faut qu’il soit fait en collaboration avec l’Esprit Saint. Nous sommes les petits apprentis, nous lui faisons passer les outils, nous plaçons les pierres comme il nous le dit…

P. MARIE-EUGÈNE, INSTITUT ND DE VIE

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Les apôtres ne descendirent pas de la montagne comme Moïse, portant dans leurs mains des tables de pierre ; ils sortirent du Cénacle portant l’Esprit Saint dans leur cœur… ; ils allèrent en effet prêcher dans le monde entier comme s’ils étaient eux-mêmes la loi vivante, comme s’ils étaient des livres animés de la grâce de l’Esprit Saint.

SAINT JEAN CHRYSOSTOME

HOMÉLIES SUR L’EVANGILE DE MATTHIEU

L’Eglise a été construite par l’Esprit Saint.

SAINT AMBROISE

DE SPIRITU SANCTO, II, 110

L’Eglise elle-même parle les langues de tous les peuples. Au début l’Eglise était limitée à un seul peuple, où elle parlait les langues de tous…Celui qui n’est pas dans cette Eglise, encore maintenant, ne reçoit pas l’Esprit Saint. Qui est séparé et est détaché de l’unité des membres - unité qui parle les langues de tous - qu’il se rende compte qu’il ne l’a pas… L’Eglise est le corps du Christ. Dans ce corps, tu es membre : étant membre de ce corps qui parle toutes les langues, toi aussi, sois-en certain, tu parles toutes les langues... Nous aussi donc, nous recevons l’Esprit Saint si nous aimons l’Eglise, si nous sommes compagnons dans la charité, si nous nous réjouissons de posséder le nom de catholique et la foi catholique. Croyez-le, frères, dans la mesure où quelqu’un aime l’Eglise, il a l’Esprit Saint…

SAINT AUGUSTIN

DISCOURS SUR L’EVANGILE DE JEAN, 32,7-8

Comme l’Esprit a sanctifié l’humanité du Christ, ainsi continue-t-il à sanctifier son corps mystique, c’est-à-dire l’Eglise.

SAINT CYRILLE

COMMENTAIRE DE L’EVANGILE DE JEAN, XI, 11

Si par sa mort notre Sauveur est devenu, au sens plein du mot, la Tête de l’Eglise, par son sang également, l’Eglise a été enrichie de la communication surabondante de l’Esprit qui lui fut faite par Dieu après l’élévation du Fils de l’homme sur le gibet de souffrances et sa glorification.

PIE XII

L’ÉGLISE, CORPS MYSTIQUE DU CHRIST, 1943

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Notre union, donc, avec et dans le Christ, vient d’abord de ce que la société chrétienne, de par la volonté de son Fondateur, formant un corps social parfait, il y faut une union de tous les membres qui leur permette de tendre à une même fin. Or, plus noble est la fin à laquelle tend cet accord, plus divine est la source d’où elle procède, plus sublime est aussi l’unité qui en résulte. Et précisément, la fin est ici très haute : c’est la sanctification continuelle des membres de ce Corps, à la gloire de Dieu et de l’Agneau qui a été immolé (Ap 5,12-13). Et la source est très divine : c’est non seulement le bon plaisir du Père éternel et la volonté expresse de notre Sauveur, mais, dans nos intelligences et nos cœurs, l’inspiration intérieure et l’impulsion du Saint-Esprit. Si l’on ne peut faire le moindre acte salutaire que dans l’Esprit saint, comment les multitudes innombrables de toute nation et de toute origine peuvent-elles conspirer d’un même accord pour la gloire suprême du Dieu un et trine, sinon par la force de Celui qui procède du Père et du Fils par un amour unique et éternel ?

PIE XII

L’EGLISE, CORPS MYSTIQUE DU CHRIST,1943

Quand il eut fondé l’Eglise dans son sang, il la consolida le jour de la Pentecôte par une force spéciale venue du ciel. En effet, après avoir solennellement confirmé dans sa mission éminente celui qu’il avait déjà auparavant désigné comme son Vicaire, il était monté aux cieux ; et assis à la droite du Père, il voulut manifester et proclamer officiellement son Epouse par la venue visible de l’Esprit Saint, accompagnée du bruit d’un vent violent et de langues de feu .Comme au début de sa mission d’évangélisation, son Père éternel l’avait manifesté par le moyen du Saint-Esprit descendant sous la forme d’une colombe et se reposant sur lui, de même, au moment où les apôtres allaient commencer leur fonction sacrée de prédication, le Christ Notre-Seigneur leur envoya du ciel son Esprit qui, les touchant sous forme de langues de feu, indiquait, comme du doigt même de Dieu, la mission et la fonction surnaturelles de l’Eglise.

PIE XII L’ÉGLISE, CORPS MYSTIQUE DU CHRIST, 1943

Depuis la Pentecôte, l’Eglise est pleine de saints… C’est lui en effet, le Saint, qui sanctifie, aide et instruit l’Eglise, l’Esprit Saint Paraclet.

SAINT CYRILLE

CATÉCHÈSES, XVI, 14

Tous les saints, tous les anges sont à nous. Nous pouvons nous servir de l’intelligence de St Thomas, du bras de St Michel, du cœur de Jeanne d’Arc et de Catherine de Sienne

PAUL CLAUDEL

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

L’Eglise, dispensatrice des sacrements

La vie quotidienne elle-même d’une famille authentiquement chrétienne constitue la première expérience d’Eglise. (…) Plus les époux et les parents chrétiens grandiront dans la conscience que leur Eglise domestique participe à la vie et à la mission de l’Eglise universelle, plus aussi les enfants pourront être formés au sens de l’Eglise.

JEAN-PAUL II

CHRISTI FIDELES LAICI, 1998

Le baptême nous donne la vie même de Dieu que Jésus-Christ possède par nature et qu’Il nous donne par adoption. Par le baptême, nous devenons les enfants adoptifs de Dieu, comme Jésus-Christ est Fils de Dieu par nature, et nous constituons une unique famille divine dont la vie est la vie même de Dieu, de sorte que, comme le dit Saint Paul, Jésus-Christ est l’aîné d’une multitude de frères ». (…) « Mais si le baptême nous fait vivre ainsi, dans une totale unité de vie, de la vie de Jésus-Christ, il nous fait donc traverser sa mort sur la croix et sa résurrection : c’est l’enseignement de Saint Paul affirmant que par le baptême nous sommes morts et ressuscités avec Lui.

JEAN DAUJAT

CONNAÎTRE LE CHRISTIANISME

Parmi tous les sacrements, le Baptême tient la première place, parce qu’il est la porte de la vie spirituelle. Par lui, nous devenons membres du Christ et de son Corps, l’Eglise.

CONCILE DE FLORENCE (XV°S)

DÉCRET POUR LES ARMÉNIENS.

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Reste toujours étroitement uni à l’Eglise catholique : elle seule peut te donner la paix véritable, parce qu’elle seule possède pleinement la présence sacramentelle du Christ, qui est la source de toute paix.

SAINT PADRE PIO

Servez-vous des trésors de vie accumulés en vous, servez-vous des vertus surnaturelles qui ont été déposées au centre de votre cœur, au jour béni de votre baptême. (...) Dieu donne, Il donne sans réserve, sans se lasser. « Dieu ne donne pas son Esprit avec mesure » (Jn 3,34). Il donne à flots, Il donne toujours, Il se tient à la porte de l’âme ; seulement cette porte à laquelle Dieu ne cesse de frapper, l’âme peut la tenir fermée, obstinément fermée à toutes les sollicitations : elle peut répondre au Seigneur : « Non, je ne veux pas. » Elle peut se draper dans toutes ses habitudes irrégulières, s’envelopper de sa lâcheté, elle peut même dire à Dieu, comme on dirait à un domestique : « Attendez-là dans l’antichambre ; quand j’aurai besoin de vous, je vous ferai appeler. » Et pourtant, c’est pour cette âme baptisée que tout l’ordre surnaturel avait été créé. « Tout est à vous, vous êtes au Christ et le Christ est à Dieu » (1 Co 3,23). Toutes les complaisances de Dieu, toutes les tendresses de Dieu sont pour elle. Les souffrances du Seigneur, les sacrements, la Confirmation, l’Eucharistie, cette présence patiente et séculaire de Notre-Seigneur Jésus- Christ dans son tabernacle, la Pénitence, l’Ordre, tout cet ensemble de richesses et de grâces surnaturelles étaient pour elle. Et tout cela sera vain. Oui, c’est pour cela que le sang du Seigneur a coulé, et c’est en vain… Et il me semble qu’en face de cette âme qui s’oppose obstinément à Dieu, je vois, non seulement Notre-Seigneur Jésus-Christ avec son sang, mais encore l’Église tout entière, les Confesseurs, les Martyrs, les Apôtres, les Docteurs, les Vierges venant heurter à la porte de ce cœur et faire le siège de cette âme pour en vaincre les résistances, et cette âme refuse de se rendre … Ah ! Si nous nous laissions faire ! Si, réprouvant tout ce qui en nous, s’oppose à Dieu, nous retournions à l’homme de notre baptême…

DOM PAUL DELATTE

CONTEMPLER L’INVISIBLE

Or par où sommes-nous capables de Le recevoir ainsi, cet Homme-Dieu ? par le baptême. Car quand j’aurais toute la sainteté des esprits bienheureux, si je n’avais pas le caractère du baptême, je ne pourrais me présenter à la table de Jésus-Christ, ni participer à son sacrement. C’est donc le baptême qui fait en nous la première consécration du temple de Dieu, ou plutôt c’est par le baptême, et par le caractère de chrétien que le baptême nous confère, que nous devenons les temples de Dieu.

BOURDALOUE, S.J. 1632-1704

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Que le Christ est bon, d’avoir laissé les Sacrements à son Eglise ! Ils satisfont tous les besoins. Vénère-les et sois-en reconnaissant au Seigneur et à son Eglise.

SAINT JOSÉ MARIA ESCRIVÀ DE BALAGUER

CHEMIN

Le baptême est le sacrement d’entrée dans la communauté chrétienne, le rite officiel de notre incorporation au Christ et à son Église. Une âme chrétienne n’est jamais seule en face de son Christ. Nous le savons par la Foi, c’est à la race humaine tout entière que Dieu a envoyé son Fils pour rassembler tous les hommes dans l’unité d’un même corps mystique. L’individualisme religieux de la piété moderne a trop méconnu cette portée sociale des grâces du baptême et des autres sacrements. Pourtant, le plus grand bienfait du baptême consiste à nous faire entrer dans l’Église, ce mystérieux achèvement du Christ. Le baptême fait de nous simultanément des enfants de Dieu et de l’Église, des membres vivants unis à tout le corps mystique du Christ. Le chrétien y reçoit Dieu pour Père, l’Église comme Mère et tous les hommes comme frères en Jésus-Christ.

PÈRE PHILIPON

«LES SACREMENTS DANS LA VIE CHRÉTIENNE»

Qu’entend-on par le mot sacrement ? Par le mot sacrement on entend un signe sensible et efficace de la grâce, parce que tous les sacrements signifient, par le moyen de choses sensibles, la grâce divine qu’ils produisent dans notre âme. Pourquoi appelez-vous les sacrements signes sensibles et efficaces de la grâce ? J’appelle les sacrements signes sensibles et efficaces de la grâce, parce que tous les sacrements signifient, par le moyen de choses sensibles, la grâce divine qu’ils produisent dans notre âme. Expliquez par un exemple comment les sacrements sont des signes sensibles et efficaces de la grâce ? Dans le Baptême, l’acte par lequel on verse l’eau sur la tête de la personne, et les paroles « Je te baptise (c’est-à-dire je te lave), au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit », sont un signe sensible de ce que le Baptême opère dans l’âme : de même que l’eau lave le corps, ainsi la grâce donnée par le Baptême purifie l’âme du péché.

CATÉCHISME DE SAINT PIE X

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Hors de l’Eglise, point de salut

Or, où est la voie qui nous donne accès auprès de Jésus-Christ ? Elle est sous nos yeux : c’est l’Eglise.

SAINT PIE X

ENCYCLIQUE ESUPREMI 4 OCTOBRE 1903

L’Eglise est ton espérance, l’Eglise est ton salut, l’Eglise est ton refuge.

SAINT PIE X

HOMÉLIE « DE CAPTO EUTROPIO », N.6.

Tous ceux qui désirent obtenir leur Salut éternel doivent s’attacher à [l’Eglise] et entrer dans son sein, comme autrefois il fallut entrer dans l’arche pour éviter de périr dans les eaux du déluge.

CATÉCHISME DU CONCILE DE TRENTE

L’Église est sainte parce qu’elle seule possède le culte du Sacrifice suprême et le salutaire usage des sacrements, ces instruments efficaces de la grâce divine par lesquels Dieu nous communique la sainteté. En dehors d’elle, il est impossible d’être vraiment saint.

CATÉCHISME DU CONCILE DE TRENTE

Apprenez, mon Fils, que le Royaume de France est prédestiné par Dieu à la défense de l’Eglise romaine qui est la seule véritable Eglise du Christ. Ce royaume sera un jour grand entre tous les royaumes, il embrassera les limites de l’empire romain et il soumettra tous les peuples à son sceptre… Il durera jusqu’à la fin des temps ! Il sera victorieux et prospère tant qu’il sera fidèle à la foi romaine, mais il sera rudement châtié toutes les fois où il sera infidèle à sa vocation.

SAINT RÉMI

A CLOVIS LORS DU BAPTÊME DE 496.

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Le genre humain s’est partagé en deux camps ennemis. Le premier est le royaume de Dieu sur la terre, la véritable Eglise de Jésus Christ. Le second est le royaume de Satan. Sous son empire et sa puissance se trouvent tous ceux qui refusent d’obéir à la loi divine et multiplient leurs efforts pour se passer de Dieu.

LÉON XIII

La mission de l’Eglise et de chacun de ses fidèles reste toujours la même : ramener au Christ la vie toute entière : la vie personnelle, la vie privée, la vie publique ; ne pas se donner de trêve avant que sa doctrine et sa loi ne l’aient entièrement renouvelée et modelée. Il est notre Seigneur, notre Roi, notre Paix. Quand la vie cesse d’être chrétienne, elle est exposée à tomber bien vite dans l’incrédulité et dans la barbarie.

PIE XII

Nous appelons foi ferme une foi absolue, sans réserve et sans réticence, une foi qui ne bronche pas devant les ultimes conséquences de la vérité, qui ne recule pas devant ses plus rigoureuses applications. Ne vous laissez pas duper, comme tant d’autres après mille expériences désastreuses, par le songe creux de gagner à vous l’adversaire à force de marcher à sa remorque et de vous modeler sur lui.

PIE XII

DISCOURS À L’UNION INTERNATIONALE DES LIGUES FÉMININES CATHOLIQUES

Ceux-là se trompent donc dangereusement qui croient pouvoir s’attacher au Christ tête de l’Eglise sans adhérer fidèlement à son Vicaire sur la terre. Car en supprimant ce Chef visible, et en brisant les liens lumineux de l’unité, ils obscurcissent et déforment le Corps mystique du Rédempteur au point qu’il ne puisse plus être reconnu ni trouvé par les hommes en quête du port du salut éternel.

PIE XII

L’EGLISE, CORPS MYSTIQUE DU CHRIST, 1943

Ne pourraient pas se sauver les hommes qui, n’ignorant pas que l’Église a été fondée par Dieu par l’intermédiaire de Jésus-Christ, comme étant nécessaire, n’auraient toutefois pas voulu y entrer ou y persévérer.

CONCILE VATICAN II

LUMEN GENTIUM

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Celui qui quitte l’Eglise pour se joindre à une [secte] adultère, se sépare des promesses de l’Eglise. Il ne parviendra pas aux récompenses du Christ, celui qui délaisse l’Eglise du Christ. [...] Il ne peut avoir Dieu pour Père celui qui n’a pas l’Eglise pour mère. Si, hors de l’arche de Noé, quelqu’un a pu être sauvé, quelqu’un pourra être sauvé hors de l’Eglise.

SAINT CYPRIEN

Quand l’apôtre nous déclare qu’il n’y a qu’un Dieu, qu’une foi, qu’un baptême, ceux-là doivent trembler qui osent soutenir que toute religion peut ouvrir la porte de la béatitude éternelle. Qu’ils sachent bien que, au témoignage du Sauveur lui-même, on est contre Jésus- Christ par cela seul que l’on n’est pas avec Jésus-Christ (Luc, XI-23) ; que l’on disperse malheureusement tout, quand on ne recueille pas avec lui ; et que sans aucun doute, ils périront éternellement, ceux qui ne s’attachent pas à la foi catholique ou ne la conservent pas entière et pure.

GRÉGOIRE XVI

15 AOÛT 1832

L’enseignement intégral de la vérité révélée, dans la fidélité à la Tradition, par la parole et le témoignage de sa propre vie, est le chemin le plus approprié pour réaliser l’unité de l’Eglise, si désirée par Notre Sauveur.

JEAN-PAUL II

DISCOURS DU 17 SEPTEMBRE 1994

Garde le dépôt de la foi. Mais qu’est-ce que ce dépôt ? C’est ce qui t’a été confié, et non ce qui a été trouvé par toi : c’est ce que tu as reçu, et non ce que tu as inventé. Ce n’est pas affaire d’invention personnelle, mais de doctrine, non d’usage privé, mais de tradition publique. Tu ne dois pas en être l’auteur, mais le gardien.

SAINT VINCENT DE LERINS

CITÉ PAR LA CARDINAL SUHARD, LETTRE PASTORALE DE CARÊME 1947

Même des petits enfants, ne laissez pas à la malice le temps de s’en emparer, sanctifiez- les quand ils sont encore des poupons, consacrez-les par l’Esprit avant qu’ils n’aient fait leurs dents […].

SAINT GRÉGOIRE DE NAZIANCE (IVÈME SIÈCLE)

SERMON SUR LE BAPTÊME

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

[… Il serait clairement contraire à la foi catholique de considérer l’Église comme un chemin de salut parmi d’autres. […] Avec l’avènement de Jésus-Christ sauveur, Dieu a voulu que l’Église par lui fondée fût l’instrument du salut de toute l’humanité. Cette vérité de foi n’enlève rien à la considération respectueuse et sincère de l’Église pour les religions du monde, mais en même temps, elle exclut radicalement la mentalité indifférentiste « imprégnée d’un relativisme religieux qui porte à considérer que ‘toutes les religions se valent’ ». S’il est vrai que les adeptes d’autres religions peuvent recevoir la grâce divine, il n’en est pas moins certain qu’objectivement ils se trouvent dans une situation de grave indigence par rapport à ceux qui, dans l’Église, ont la plénitude des moyens de salut. […] La parité, condition du dialogue [avec les autres religions], signifie égale dignité personnelle des parties, non pas égalité des doctrines et encore moins égalité entre Jésus- Christ – Dieu lui-même fait homme – et les fondateurs des autres religions. L’Église en effet, guidée par la Charité et le respect de la liberté, doit en premier lieu annoncer à tous la vérité définitivement révélée par le Seigneur, et proclamer la nécessité, pour participer pleinement à la communion avec Dieu Père, Fils et Saint-Esprit, de la conversion à Jésus-Christ et de l’adhésion à l’Église par le baptême et les autres sacrements.

CONGRÉGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI (CARD. RATZINGER)

DÉCLARATION « DOMINUS IESUS » (ARTICLES 20 ET 22), LE 6 AOÛT 2000

Cette affirmation [qu’il faut appartenir à l’Église pour être sauvé] ne vise pas ceux qui, sans qu’il y aille de leur faute, ignorent le Christ et son Église : « En effet, ceux qui, sans faute de leur part, ignorent l’Évangile du Christ et son Église, mais cherchent pourtant Dieu d’un cœur sincère et s’efforcent, sous l’influence de sa grâce, d’agir de façon à accomplir sa volonté telle que leu conscience la leur révèle et la leur dicte, ceux-là peuvent arriver au salut éternel ».

CATÉCHISME DE L’EGLISE CATHOLIQUE, 1992

ARTICLE 847

Sans le moindre scrupule, on décide de retarder le baptême des nouveaux-nés. C’est une grande atteinte à la justice et à la Charité, car on les prive ainsi de la grâce de la foi, du trésor inestimable de l’inhabitation de la Sainte Trinité dans l’âme, laquelle vient au monde entachée du péché originel.

SAINT JOSE MARIA ESCRIVA DE BALAGUER

QUAND LE CHRIST PASSE, N°78

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

L’un des maux les plus graves dont souffre aujourd’hui le catholicisme, particulièrement en France, c’est que les catholiques n’y sont plus assez fiers de leur foi… Au lieu de dire en toute simplicité ce que nous devons à notre Église et à notre foi, au lieu de montrer ce qu’elles nous apportent et que nous n’aurions pas sans elles, nous croyons de bonne politique, ou de bonne tactique, dans l’intérêt de l’Église même, de faire comme si, après tout, nous ne nous distinguions en rien des autres. Quel est le plus grand éloge que beaucoup d’entre nous puissent espérer ? Le plus grand que puisse leur donner le monde : « c’est un catholique, mais il est vraiment très bien, on ne croirait pas qu’il l’est. »

ETIENNE GILSON

CHRISTIANISME ET PHILOSOPHIE

Que personne donc ne s’illusionne, que personne ne se trompe lui-même : hors de cette demeure, c’est-à-dire hors de l’Eglise, personne n’est sauvé.

ORIGÈNE

PREMIÈRE MESSE BASSE D’UN JEUNE PRÊTRE

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Mater ecclesiae

Marie doit éclater, plus que jamais, en miséricorde, en force et en grâce dans ces derniers temps : en miséricorde, pour ramener et recevoir amoureusement les pauvres pécheurs et dévoyés qui se convertiront et reviendront à l’Église catholique ; en force contre les ennemis de Dieu, les idolâtres, schismatiques, mahométans, juifs et impies endurcis, qui se révolteront terriblement pour séduire et faire tomber, par promesses et menaces, tous ceux qui leur seront contraires ; et enfin elle doit éclater en grâce pour animer et soutenir les vaillants soldats et fidèles serviteurs de Jésus-Christ qui combattront pour ses intérêts.

SAINT LOUIS-MARIE GRIGNION DE MONTFORT

TRAITÉ DE LA VRAIE DÉVOTION

La merveille de la maternité de Marie se reflète dans l’Église qui, par la grâce unique du Saint-Esprit, engendre Dieu dans l’humanité et l’humanité en Dieu. L’universalité de la médiation maternelle de Marie se réalise aussi et s’achève par l’Église.

R. P. HUMBERT CLÉRISSAC.

LE MYSTÈRE DE L’ÉGLISE.

Précisément parce qu’elle est la Mère de l’Eglise, la Vierge est également la Mère de chacun de nous, qui sommes les membres du Corps mystique du Christ. De la Croix, Jésus a confié sa Mère à chacun de ses disciples et, dans le même temps, il a confié chacun de ses disciples à l’amour de sa Mère.

BENOÎT XVI

EXTRAIT DE L’AUDIENCE GÉNÉRALE DU PAPE DU 2 JANVIER 2008.

O Marie, Vierge puissante, vous êtes la grande et illustre protectrice de l’Église ; vous êtes l’aide merveilleuse des chrétiens ; vous êtes terrible comme une armée en ligne de bataille. Vous qui seule avez détruit toutes les hérésies dans le monde entier, protégez-nous dans notre détresse, dans notre lutte et dans notre défense difficile contre l’ennemi; et, à l’heure de notre mort, accueillez nos âmes au Paradis.

SAINT JEAN BOSCO

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Marie se manifeste non seulement comme la Vierge puissante et consolatrice dans les heures de détresse pour la cité terrestre et pour la vie corporelle ; elle se montre surtout comme la Vierge secourable, forte comme une armée rangée en bataille, dans les périodes de dévastation de la sainte Eglise et d’agonie spirituelle de ses enfants. Elle est reine pour toute l’histoire du genre humain, non seulement pour les temps de détresse mais pour les temps d’apocalypse.

R.TH. CALMEL, O.P.

BRÈVE APOLOGIE POUR L’EGLISE DE TOUJOURS

Cependant la tunique de Jésus qui était d’un seul tenant depuis le haut ne fut point partagée ; elle fut tirée au sort mais demeura indivise et entière. Cette tunique, dont quelques pieux auteurs nous rapportent qu’elle avait été tissée par les mains de Notre-Dame, est l’image fidèle de la robe somptueuse des rites sacrés que la Tradition de l’Église, depuis les origines, a tissés tout autour des signes sacramentels, particulièrement tout autour du Corps Eucharistique de Jésus. Ce n’est pas sans une intercession spéciale de la Vierge Marie, Mère et Médiatrice, que l’Église a taillé et arrangé exactement ces vêtements de gloire. Et la même intercession de la Vierge Immaculée obtiendra à l’Église de les préserver dans leur intégrité et leur noblesse.

R. – TH. CALMEL, O.P.

BRÈVE APOLOGIE POUR L’ÉGLISE DE TOUJOURS.

L’antidote c’est la Sainte Vierge. Le Sainte Vierge est avant tout un climat : elle nous met secrètement dans certaines dispositions. Les paroles que nous recevons sont alors soumises à l’épreuve de ce climat comme un alliage à la lumière des rayons X, ou comme une poussière est filtrée par un tamis. Tout ce qui est trouble et ténébreux est infailliblement éliminé par ce climat. C’est de cette manière que la Sainte Vierge détruit les hérésies : non pas par mode de définitions dogmatiques, ex-cathedra et par en haut, mais par le fond, en nous faisant détecter immédiatement tout parfum qui n’est pas celui du Christ dans les doctrines proposées. La Sainte Vierge peut nous aider à exercer chacun pour notre compte cette infaillibilité de l’Eglise. Si vous n’êtes pas capables d’être alertés par une doctrine avant d’avoir compris en quoi elle est redoutable, vous avez perdu un instinct essentiel de la foi. On ne voit pas tout de suite la réponse à un sophisme : on sent qu’il est faux bien avant de savoir pourquoi. Pour la parole de Dieu, c’est la même chose : on sent que telle doctrine grince – tout en restant désarmé parfois longtemps devant l’argumentation novatrice. La Sainte Vierge est le guide, le fil d’Ariane qui nous conduit avec sûreté pendant ces périodes de troubles.

PÈRE M.D. MOLINIE

LE COURAGE D’AVOIR PEUR

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Contemplons cette nouvelle beauté qui éclate dans les traits de Celle en qui le Seigneur vient de déclarer une seconde maternité : cette beauté est le Chef-d’Œuvre de l’Esprit-Saint en cette journée. Un feu divin transporte Marie, un amour nouveau s’est allumé dans son cœur; Elle est toute entière à cette autre mission pour laquelle Elle avait été laissée ici-bas. La grâce apostolique est descendue en Elle. La langue de feu qu’Elle a reçue ne parlera pas dans les prédications publiques, mais Elle parlera aux Apôtres, les dirigera, les consolera dans leurs labeurs. Elle s’énoncera, cette langue bénie, avec autant de douceur que de force, à l’oreille des fidèles qui seront l’attraction vers Celle en qui le Seigneur a fait l’essai de toutes ses merveilles. Comme un lait généreux, la parole irrésistible de cette Mère universelle donnera aux premiers enfants de l’Église la vigueur qui les fera triompher des assauts de l’enfer ; et c’est en partant auprès d’Elle qu’Etienne ira ouvrir la noble carrière des Martyrs.

DOM GUÉRANGER

Il y a deux points autour desquels se rassemble l’Eglise : l’Eucharistie et le Souverain Pontife, et dans nos cœurs la prière à la Vierge. Avec cela l’Eglise restera plus forte que le monde, elle a ses racines dans le ciel et ses feuilles dans les tempêtes.

SAINT CURE D’ARS

Pourquoi Marie est-elle restée sur la terre, avant d’aller retrouver son Fils là-haut, après l’Ascension ? Je pense que ce fut pour instruire les disciples, mais que ce fut surtout pour remplir le rôle de l’apostolat du silence, dans la prière, la souffrance et l’amour. Tandis que les apôtres couraient à la poursuite des âmes, Marie priait auprès de l’Hostie que lui avait laissée la messe de saint Jean. Et quand il y eut beaucoup de chrétiens déjà, beaucoup d’âmes hosties, priantes et aimantes pour cet apostolat caché, alors Marie put partir ; son rôle fut continué, avec bien moins de perfection évidemment, mais la même mission d’hosties offertes, avec Marie dans leurs cœurs.

PÈRE D’ELBÉE

CROIRE À L’AMOUR

(…) Elle est vraiment « Mère des membres ‘du Christ’... ayant coopéré par sa charité à la naissance dans l’Eglise des fidèles qui sont les membres de ce Chef ». C’est pourquoi encore elle est saluée comme un membre suréminent et absolument unique de l’Eglise, modèle et exemplaire admirables pour celle-ci dans la foi et dans la charité, objet de la part de l’Eglise catholique, instruite par l’Esprit-Saint, d’un sentiment filial de piété, comme il convient pour une mère très aimante.

CONCILE VATICAN II

LUMEN GENTIUM

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

(…) Et la connaissance de la véritable doctrine catholique sur Marie constituera toujours une clé pour la compréhension exacte du mystère du Christ et de l’Eglise. Nous avons cru opportun de consacrer, dans cette séance publique, un titre en l’honneur de la Vierge, suggéré de divers côtés dans le monde catholique et qui Nous est particulièrement cher, parce qu’il synthétise admirablement la place privilégiée reconnue par ce Concile à la Vierge dans la sainte Eglise. C’est donc pour sa gloire et pour notre réconfort que Nous proclamons la Très Sainte Vierge Marie MÈRE DE L’EGLISE, c’est-à-dire de tout le peuple de Dieu, aussi bien des fidèles que des pasteurs, que nous l’appelons Mère très aimante ; et Nous voulons que, dorénavant, avec ce titre si doux, la Vierge soit encore davantage honorée et invoquée par tout le peuple chrétien. (…) De même que la maternité divine est le fondement de la relation spéciale de Marie avec le Christ et de sa présence dans l’économie du salut opéré par le Christ Jésus, de même elle constitue le fondement principal des rapports entre Marie et l’Eglise, car elle est Mère de Celui qui, depuis le premier instant de l’Incarnation dans son sein virginal, s’est uni, en tant que chef, à son Corps mystique qui est l’Eglise. Marie, donc, en tant que Mère du Christ, est Mère aussi de tous les pasteurs et fidèles, c’est-à-dire de l’Eglise.

PAUL VI

ALLOCUTION DE CLÔTURE DE LA 3E SESSION DU CONCILE VATICAN II, 21 NOVEMBRE 1964

Au jour de la Pentecôte, apôtres et disciples sont rassemblés au Cénacle. La Mère est au milieu de ses enfants. Tout à coup des flammes apparaissent, elles se posent sur eux et en font des hommes nouveaux. Emportés par l’allégresse et l’amour, ils courent annoncer « les merveilles de Dieu ». On ne peut s’empêcher de penser à ce qui s’est passé trente-trois ans plus tôt à Nazareth. parlait à Marie : « L’Esprit Saint viendra sur toi, la Vertu du Très-Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi l’Etre saint qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu. » A la naissance du Corps mystique, comme à la naissance du Christ, Marie est toute consentante, et l’Esprit Saint intervient pour accomplir, avec son concours, l’œuvre de Dieu. (…) La place, la fonction de Marie dans l’Eglise, c’est d’être le cœur ; de son impulsion, tous les membres reçoivent la vie.

ABBÉ HENRI CAFFAREL

MARIE, NOTRE MÈRE

A partir du moment du Fiat, Marie commença à nous porter tous dans son sein.

SAINT ANSELME

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Puisqu’elle est la médiatrice de toutes les grâces, c’est seulement à mesure que l’on approche d’elle que nous pouvons devenir un canal de grâces, intermédiaire des grâces qui viennent du Père par le Fils (qui les a méritées) et par l’Immaculée (qui en est la distributrice) et qui se déverseront sur nous et par nous sur les autres.

SAINT MAXIMILIEN KOLBE

LETTRE AUX CLERCS DE CRACOVIE

Notre désir est non seulement que nous soyons nous-mêmes consacrés sans limites à l’Immaculée, mais encore que toutes les âmes du monde entier, celles qui existent maintenant et celles qui viendront ensuite, se consacrent à elle d’une façon illimitée… Celui qui est consacré totalement à l’Immaculée a déjà atteint la sainteté

SAINT MAXIMILIEN KOLBE

LETTRE AU PÈRE KOSIURA

NOTRE-DAME DE LA SAINTE ESPÉRANCE – MESNIL SAINT LOUP

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Association Notre Dame de Chrétienté MEDITATIONS

Saint Pie X, la douce fermeté d’un saint pape

Présenté aux chrétiens comme modèle des pasteurs des temps modernes, dernier Pape à avoir été canonisé par l’Eglise, saint Pie X fût l’homme que Dieu se choisit pour gouverner son peuple à l’époque des plus terribles attaques contre l’Eglise. Une époque qui, par certains côtés, est fort semblable à la nôtre, pleine de contradictions et de bouleversements, et qui n’a, pour répondre aux grandes questions de la vie, qu’un malheureux sentimentalisme paré de rationalisme, et accompagné d’une méfiance systématique envers Jésus-Christ et Son Église.

L’incroyable destinée du fils d’un facteur Huitième enfant d’une modeste famille de Vénétie, Giuseppe Sarto est né à Riese le 2 juillet 1835, sous l’empire d’Autriche, état encore profondément catholique qui avait hérité des territoires de l’ancienne république de Venise. Son père est le facteur de la commune, et il reçoit l’éducation chrétienne simple et pieuse d’une famille profondément catholique. Il fait ses études dans la ville voisine de Castelfranco Veneto, où il doit se rendre chaque jour à pied pour aller au collège. Il passe ensuite au séminaire épiscopal de Padoue, où le Patriarche de Venise lui procure une place gratuite, en raison de ses mérites, de ses qualités et des difficultés économiques de sa famille. Le 19 septembre 1858, il est ordonné prêtre et célèbre sa première messe pour le repos de l’âme de son père. Ses qualités de pasteur et son dévouement au labeur apostolique l’amènent alors à gravir, année après année, les étapes de la hiérarchie ecclésiastique : vicaire à Tombolo, puis curé à Salzano, et chanoine à Trévise ; en 1884, il est nommé évêque de Mantoue. Et en 1893, Léon XIII le nomme patriarche de Venise puis Cardinal quelques jours plus tard. Mais il ne peut pas rejoindre immédiatement son évêché, parce que le gouvernement italien très anticlérical, qui prétend contrôler les nominations épiscopales et placer l’Église sous sa domination, ne lui en donne pas la permission. Il devra attendre un an et demi avant de pouvoir se rendre auprès de son troupeau à Venise. A la mort de Léon XIII, le Conclave est convoqué : le cardinal Sarto s’organise alors pour se rendre à Rome et achète, par soucis d’économie, un billet aller-retour. La chose ne manque pas d’étonner un prêtre de son entourage, don Ernesto Vercelli, qui lui souhaite, en plaisantant, de ne pas avoir besoin d’utiliser ce billet de retour ; le cardinal Sarto lui répond alors sur le même ton : « Je ne pense pas que le Saint-Esprit va agir aussi mal à propos ». La simplicité de sa réponse dévoile la proximité respectueuse qu’il entretenait avec le peuple vénitien pendant son épiscopat : il aimait se promener dans la ville, visiter fréquemment les paroisses, s’entretenir avec tous, grands et petits, avec le naturel d’un père et l’œil attentif du pasteur. Entré en conclave Cardinal, il en sort Pape. Sa première bénédiction est donnée depuis la loge interne de Saint-Pierre, pour exprimer sa protestation contre le nouvel état franc- maçon qui gouverne et profane la ville de Rome. Dès le début de son pontificat, le nouvel élu démontre ainsi qu’il ne cherchera pas de compromis à bon marché avec les ennemis de l’Église. Quelques temps plus tard, avec l’encyclique « Instaurare omnia in Christo » (« Tout restaurer dans le Christ »), il affirmera nettement son programme : œuvrer efficacement pour

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procurer à l’Église un renouveau capable de la défendre contre les assauts qu’elle subit de toutes parts. Ce renouveau doit être avant tout doctrinal, contre les erreurs modernes qui s’infiltraient dans les consciences ; il doit être pastoral, car son souci principal est le salut des âmes ; et il doit enfin être diplomatique, afin de mobiliser directement les chefs d’état dans cette lutte pour la foi dont il prend maintenant la tête.

Les états laïques contre l’Église Les puissances laïques ont toujours cherché à contrôler l’Eglise, d’abord par les armes, puis de manière plus pernicieuse ; les menaces sont de plus en plus oppressantes en ce début du XXème siècle. La première réaction de saint Pie X est d’abolir le «droit de veto » des souverains laïcs au Conclave, par le décret « Commissum nobis », afin de préserver la liberté de l’Eglise. Mais cette politique sera malheureusement à l’origine de durs conflits avec plusieurs nations chrétiennes, dont le plus douloureux sera celui qui agitera la France pendant de nombreuses années. En France, dès 1902 le ministre Combes avait décrété des mesures contre l’Eglise ; en 1904, Loubet, président de la Troisième République, se rapproche du roi d’Italie, qui avait promulgué une suite de lois antichrétiennes et qui entravait la vie de l’Eglise dans la Péninsule. Le Pape proteste alors énergiquement contre ce rapprochement de la France avec un « roi qui, contre tout droit, en détenant la souveraineté civile, empêche la liberté et l’indépendance nécessaire (de l’Eglise) » ; la rupture diplomatique aboutira à la loi du 9 décembre 1905, par laquelle le parlement français abolissait le Concordat. La République s’acharne alors farouchement contre l’Eglise : ses biens sont spoliés par l’État, qui devient d’un coup propriétaire de tous les lieux de cultes ; les évêques sont chassés de leurs palais et les religieux et religieuses sont expulsés de leurs couvents à coups de baïonnette. On propose alors au Pape de chercher un accord avec le gouvernement pour éviter les conséquences dramatiques d’une rupture définitive, le prix à payer étant une soumission de fait à l’état libéral. La réponse de saint Pie X est claire : « Mieux vaut perdre tous les biens de l’Eglise que de s’accorder avec les francs-maçons ». La défense des droits de Dieu ne prévoit pas de compromis pour sauvegarder une situation économique ou politique confortable. Non seulement saint Pie X n’accepta pas de céder devant les pressions du gouvernement, mais il protesta fortement, avec l’encyclique « Vehementer Nos », convaincu qu’il était nécessaire d’ajouter à la détermination politique une dénonciation de l’injustice. Encore une fois, certains catholiques furent incapables de faire corps avec leur pasteur persécuté : prêts à tout céder pour obtenir la tranquillité et ne pas paraître réfractaires au progrès, ils plaidaient une alliance des principes chrétiens avec le libéralisme relativiste – c’était le mouvement du « Sillon ». Contre leurs erreurs, il fallut au Pape rappeler avec clarté la doctrine de l’Eglise sur les devoirs que les états eux-mêmes, en tant que créatures de Dieu, ont envers Jésus-Christ et son Vicaire. Son attitude de père, cependant, modérait la fermeté de cette intransigeance sur les principes, en tenant compte, dans leur application, des situations concrètes. Sur cette terre, il est en effet utopique d’exiger la perfection avant d’avoir agi : lorsqu’on peut faire du bien dans des situations difficiles, il est possible de faire usage d’une noble diplomatie, pourvu qu’on ne cède pas d’un millimètre sur les fondements divins de notre foi. En Italie aussi, la « democrazia cristiana » voulait convaincre les catholiques d’accepter la logique libérale. Saint Pie X prit ses distances et interdit aux catholiques d’y adhérer. Mais une partie des fidèles sentait la nécessité de participer efficacement à la vie publique, afin d’arrêter l’avancée du socialisme athée, sans pour autant céder aux principes libéraux de l’état maçonnique. Le Pape mit alors en œuvre une réelle défense politique du

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catholicisme, malgré la situation difficile et complexe jugeanr qu'une coopération avec d’autres forces politiques est possible, pour éviter un plus grand mal, à condition que la distinction des motivations reste visible : « distincts, mais coopérants » tel était le mot d’ordre. Saint Pie X, avec intelligence et bon sens, travailla alors en faveur du « Pacte Gentiloni », un accord clair selon lequel les catholiques pouvaient être élus et électeurs là où les candidats s’engageaient à ne pas combattre l’Eglise. Il ne s’agissait pas là d’un accord général avec les démocrates-chrétiens, mais d’évite, au cas par cas, la victoire d’un ennemi plus dangereux encore. L’initiative eut du succès et l’on parvint à éviter l’avancée du marxisme, sans compromettre les principes du catholicisme. Prudence d’un Pasteur soucieux du bien de ses brebis, amour de son peuple dont il connaissait les souffrances quotidiennes, mais en même temps fermeté doctrinale et regard surnaturel sur les choses de ce monde : telles étaient les règles qui dirigeaient l’action de ce grand Pape.

La doctrine catholique, cœur du combat Pour un pape, le souci principal est celui de la préservation de la foi. Saint Pie X se préoccupait de la politique des états dans la mesure où ils interviennent sur le chemin qui conduit les âmes jusqu’à Dieu. Mais le pire ennemi des âmes, en cette époque comme en la nôtre, était bien moins l’Etat anticlérical, ennemi visible et déclaré, que la corruption de la foi à l’intérieur de l’Église. Un mouvement, de lointaine inspiration protestante, se répandait de plus en plus dans le clergé et parmi les fidèles, sous de faux prétextes : on parlait de conciliation avec la culture moderne, de retour à une pureté de l’Évangile supposée perdue, de sentiment religieux, et d’évolution des dogmes. Il s’agissait du « modernisme » qui, malgré son nom, n’est pas synonyme de modernité, mais bien plutôt d’un refus de la Tradition de l’Eglise. Les instigateurs de ce mouvement étaient Loisy, Tyrrell, Blondel, Laberthonnière, Duchesne... Animés d’un mépris envers tout ce qui était transmis par la tradition catholique, ils modifiaient subtilement l’essence même de la foi tout en se proclamant catholiques : sous prétexte de rationalisme, ils doutaient de tout et minaient l’édifice catholique jusque dans ses fondements. Saint Pie X mit alors en garde tous les catholiques, dans l’encyclique « Pascendi Dominici Gregis », en dénonçant le langage ambigu de leurs écrits : si une page peut y être authentiquement catholique, la suivante peut être remplie des pires erreurs. Pour mieux dénoncer le modernisme, qu’il n’hésite pas à qualifier « d’égout collecteur de toutes les hérésies », saint Pie X ne se contente pas de condamner ; il explicite, développe, et met à jour les fondements de leurs dérives. Pour les modernistes, la foi n’est plus une vertu surnaturelle par laquelle nous soumettons notre intelligence à Dieu qui se révèle ; ce qu’ils appellent la foi n’est plus qu’un état d’âme, un sentiment, un état de la conscience dans lequel s’épuise le rapport individuel entre Dieu et l’Homme. Il n’y a donc plus, selon eux, une doctrine donnée par Dieu et transmise par son Eglise, mais des dogmes qui doivent évoluer et changer de signification suivant les époques et suivant les exigences du sentiment commun. Voilà démoli l’édifice de la religion au profit du subjectivisme, l’objectivité du bien au profit du relativisme moral : tout est permis pourvu qu’on le « ressente » comme bon, pourvu que tout le monde le reconnaisse comme bon. Mais lorsque cet état d’âme disparaît, pourquoi dès lors continuer à prier et à observer la loi de Dieu ? Le catholique répond que l’homme doit vénérer Dieu comme son Créateur, qu’il reconnaît comme tel en observant le seul ordre de la nature ; que Dieu a parlé aux hommes

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par Jésus-Christ, son Fils, qui s’est incarné pour que les hommes se sauvent en entrant dans Son Eglise. Chez les modernistes, cette doctrine catholique est substituée par « l’immanentisme », notion obscure qui ruine la foi chez le croyant, transformant l’adhésion de l’intelligence à une vérité objective en une religion de l’intérieur, une religion réduite au cœur et au sentiment individuel. Cela ne peut qu’aboutir à une religion subjective, à une croyance que chacun accommode selon ses goûts et selon sa sensibilité. Saint Pie X, avec sa clairvoyance et sa détermination hors du commun, percevant les dangers de cette doctrine qui « détruisait le fondement même de la foi », mit en évidence les bases philosophiques de cette erreur dont les fondements restaient jusque là insaisissables.

L’attitude chrétienne face au monde moderne Le grave danger qui menace la chrétienté moderne, depuis le début du XXème siècle, est la tentation de changer la foi selon les modes et les revendications du monde, au lieu de s’efforcer de faire comprendre l’enseignement divin, sans le modifier, à ses contemporains. Le monde moderne, certes, a plus de difficulté qu’auparavant à comprendre la réalité de la foi, à cause des perverses véhiculées depuis la Révolution française et diffusées par la puissance des moyens de communication, tenus par les ennemis de Dieu. Quelle que soit la force et la diffusion de ces erreurs, le catholique ne doit cependant pas baisser les bras. Il doit au contraire s’efforcer d’étudier les erreurs les plus insidieuses, de les mettre au jour pour les expliquer aux plus faibles, en dévoilant les dangers qu’elles cachent. Cela demande non seulement un effort constamment renouvelé, mais surtout un amour profond pour les âmes. Ce n’est pas aimer son prochain que de l’abandonner à ses opinions fausses pour ne pas le contrarier ; au contraire, aimer chrétiennement son prochain, c’est désirer son plus grand bien, c’est-à-dire Jésus-Christ lui-même, c’est désirer pour lui la Vérité unique et immuable de Dieu, la seule voie qui peut le mener au ciel, et donc à son véritable bonheur. Saint Pie X nous montra en ce domaine l’exemple le plus convaincant : il ne voulait pas se présenter au Jugement Dernier et entendre de la bouche du Père de Miséricorde le reproche de ne pas avoir « confirmé ses frères dans la foi ». Il était le pasteur du troupeau, il devait donc rendre compte de chacune des âmes de ses fidèles. Avec un zèle inouï, non seulement il condamna les erreurs, mais il demanda même à tous les évêques de prêter le « serment antimoderniste », conscient de la charge de gardiens de la foi qui leur a été confiée, et de la structure hiérarchique de l’Église.

Le Catéchisme Saint Pie X était profondément convaincu qu’il ne suffit pas de condamner ce qui est faux, mais qu’il faut d’abord édifier sur ce qui est vrai et ce qui est bon : rien ne sert de combattre l’erreur si l’on ne proclame pas avant tout la Vérité. Voilà donc le Pasteur Suprême de l’Église qui s’improvise, comme un jeune catéchiste, prédicateur de l’Évangile : il explique chaque dimanche l’évangile du jour à ceux qui se rassemblent autour de lui dans le « Cortile di San Damaso », au Vatican. Voulant encourager tous les curés à expliquer l’enseignement de l’Église à leurs ouailles, chaque dimanche, il leur donne ainsi l’exemple avec le peuple de Rome dont il est l’Évêque. Homme du peuple, doué d’un sens du réel qui laisse aujourd’hui encore en admiration, saint Pie X savait qu’il devait procurer à chaque chrétien les instruments de base pour connaître la foi. Cet instrument offert à tous les chrétiens, c’est le livre qui est passé à l’histoire comme « Le catéchisme de Saint Pie X », texte aujourd’hui encore irremplaçable

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pour tous, même pour les théologiens chevronnés : le catéchisme se voulait une œuvre simple et accessible à tous, pour que chacun puisse connaître et approfondir l’enseignement du Christ ; le Pape voulut qu’il devienne le livre de chevet de tout baptisé, qui a le devoir de connaitre sa foi avant de se charger de n’importe quelle responsabilité, familiale, sociale ou politique. Une autre préoccupation majeure du saint Pape était celle de la formation des prêtres : de trop nombreux séminaires à travers le monde avaient délaissé une formation fidèle à l’enseignement de saint Thomas d’Aquin, le Docteur Commun, dont la théologie ancrée sur une philosophie réaliste, procurait au contraire les réponses les plus profondes et les plus sensées aux problèmes de la modernité. Avec le motu proprio « Doctoris Angelici », saint Pie X désigna à nouveau la philosophie thomiste comme la meilleure réponse aux déviances de la modernité.

Défense de la doctrine liée à la défense de la liturgie L’homme exprime sa foi, sa vie sociale religieuse et sa soumission à Dieu par le moyen de ses actes : la liturgie, qui règle la façon de louer Dieu publiquement, se sert donc de gestes, de paroles, et d’objets sacrés de toutes sortes, que l’Église a fait siens au cours des siècles pour embellir son culte et pour rendre plus significatives les réalités les plus sacrées. L’Église, en effet, par la solennité de ses cérémonies, par la révérence qu’elle témoigne à l’Eucharistie dans le Saint-Sacrifice de la Messe, et par des rites qui se distinguent radicalement de nos habitudes profanes, veut ainsi que notre intelligence du mystère s’approche autant que possible de ces réalités célestes. Saint Pie X, conscient que la liturgie est en quelque sorte la théologie des simples, et qu’elle peut guider le plus ignorant des hommes jusqu’à des hauteurs inaccessibles au philosophe orgueilleux, mit donc un soin particulier à préserver et à enrichir la liturgie catholique. Il entreprit une réforme du Bréviaire et du Missel dans une attitude très éloignée de la soif insatiable de changements : il eut le souci de réviser en modifiant par petites touches, en transmettant fidèlement une richesse qui ne nous appartient pas, sans la dénaturer. Sa vision pastorale de la liturgie l’amena aussi à promulguer le fameux Motu Proprio sur la musique sacrée, « Tra le sollecitudini », qui confirmait la pratique séculière de l’Eglise dans sa préférence pour la musique grégorienne, tout en encourageant les splendeurs de la polyphonie sacré. La loi de la prière est connexe à la loi de la foi : on ne peut donc pas restaurer l’une sans l’autre, en raison de la nature même de l’homme qui s’en sert.

L’œcuménisme de saint Pie X Toute l’attitude œcuménique de saint Pie X peut se résumer par sa célèbre expression : « jetons des ponts en or pour qu’ils viennent jusqu’à nous » ; voilà encore une fois la preuve du bon sens, de l’amour du prochain et de la douceur du Pape. Il nous montre ainsi que l’on doit être disponible à céder sur les choses secondaires, pourvu qu’on se souvienne que l’unité se fait autour de l’unique Vérité qu’est Jésus-Christ. « Des ponts en or », disait saint Pie X, parce qu’il faut aimer ceux qui se sont séparés de l’Eglise Catholique : il faut les aider avec douceur à retrouver la voie du Christ, en sachant reconnaître parfois les beautés de leurs liturgies, comme la richesse de certaines de leurs traditions. Mais tout cela serait vain si cet or qu’on dispose sur le chemin des égarés n’est pas destiné à construire un pont qui les mène à la vraie et unique Église du Christ, le bercail guidé par l’unique pasteur qu’est le Pontife Romain. « Pour qu’ils viennent jusqu’à nous », ajoutait alors saint Pie X, non point par présomption ou par égocentrisme, mais parce que l’Église Catholique est l’Église du Christ.

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L’unité véritable ne se réalise que dans la Vérité : si l’on peut et l’on doit reconnaître ce qu’il y a de bon chez l’autre, nous ne pouvons pas transiger sur la doctrine de la foi. La doctrine de Jésus-Christ n’est pas la nôtre, elle ne nous appartient pas, elle n’est pas une possession à laquelle nous pourrions renoncer pour le bien de la paix. C’est l’enseignement même de Dieu qui s’est donné aux hommes, et qui se transmet jusqu’à nous par son Église.

Un modèle pour nous, chrétiens modernes Saint Pie X est définitivement un modèle pour nous, chrétiens modernes : il a été canonisé par Pie XII afin de demeurer un exemple pour les évêques, pour les prêtres, pour les fidèles. Chacun à notre niveau nous sommes aujourd’hui, après lui, les défenseurs des droits de Dieu et de son Église contre toutes sortes d’ennemis. A l’image de saint Pie X, nous devons alors conjuguer défense de la Foi et Amour du prochain : il n’y a pas de vraie Charité en dehors de la Vérité, et il n’y a pas de défense de la Vérité sans Charité. Celui qui aime véritablement son frère désire pour lui la Vérité, veut le mener jusqu’au Ciel et veut lui faire connaître Jésus-Christ. Mais celui qui aime sincèrement la Vérité sait la rendre douce et agréable, et pour la répandre dans le monde, il sait aussi regarder son prochain, quel qu’il soit, avec bienveillance et compréhension. La défense des droits de Dieu passe aussi, aujourd’hui, par une attitude convaincue et ferme, au risque de s’opposer à l’avis du plus grand nombre et même aux autorités politiques : lorsque les gouvernants agissent contre la loi de Dieu, contre la loi inscrite dans la nature même, il n’est plus temps de tergiverser, d’hésiter ou de tolérer. Il est temps de s’opposer à la ruine de nos sociétés, à la perversion imposée jusque dans le cœur de nos enfants. Il est temps d’agir pour le bien de nos familles, pour la survie de notre pays. Lorsque l’Etat impose le crime de l’avortement, lorsque les lois favorisent la perversion des mœurs, lorsque les gouvernants s’opposent au repos du dimanche, à la liberté de l’Église ou au maintien de nos traditions chrétiennes, il est un devoir pour tout catholique de crier haut et fort son refus du chaos et de « proclamer sur les toits » l’enseignement de l’Église, comme nous le demande l’évangile. C’est une responsabilité urgente pour chacun de lutter contre les ennemis de la foi, et de se battre jusqu’au dernier souffle pour la victoire du vrai, du bien et du juste. La situation présente de la Chrétienté n’est pas des plus glorieuse. La crise que l’Église traverse depuis un demi-siècle est loin d’être terminée : tant que les erreurs condamnées par saint Pie X seront répandues parmi les pasteurs eux-mêmes, il ne saura être question de reconstruire la société chrétienne. Il est donc légitime de confier à l’intercession de Saint Pie X non seulement la restauration de la civilisation chrétienne, mais aussi avant tout l’union de tous les pasteurs, prêtres et évêques, sous l’autorité du Pape, pour la défense des principes catholiques. Mettre à la première place la défense de la Vérité, quel qu’en soit le prix, constitue la grandeur de l’enseignement de Saint Pie X. Lorsqu’à sa suite, nous aussi, nous serons calomniés, mal compris, méprisés, parfois par ceux qui nous sont le plus proche, que ses mots retentissent dans nos cœurs : « Vous serez appelés papistes, cléricaux, rétrogrades, intransigeants. Soyez-en fiers ! ».

INSTITUT DU BON PASTEUR

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L’esprit d’obéissance

DDifficultésifficultés de l’obéissance ; son grand prix devant Dieu

L’obéissance n’a jamais été une vertu facile : soumettre notre volonté à celle d’un autre, qui a autorité sur nous, nous paraît humiliant. Si Adam et Eve, au paradis terrestre, ont trouvé trop dur d’obéir au commandement de Dieu, à bien plus forte raison l’obéissance sera- t-elle difficile pour l’homme déchu. En outre, toute obéissance se rend à une autorité légitime qui commande en vue du bien commun. Or, dans notre société individualiste et égalitariste, les notions de bien commun et d’autorité sont gravement obscurcies. Il nous est donc encore plus difficile d’entrer dans le véritable esprit d’obéissance. Cependant, Dieu n’a jamais cessé, tout au long de l’histoire sainte, de manifester combien l’obéissance est précieuse à ses yeux et indispensable au bien de l’homme : à Abraham, qui avait poussé l’obéissance jusqu’à accepter de sacrifier son fils unique, Dieu dit : « Je le jure par moi-même – parole du Seigneur – parce que tu as fait cela, parce que tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique, je te comblerai de bénédictions, je rendrai ta postérité aussi nombreuse que les étoiles du ciel (…). Par ta postérité se béniront toutes les nations de la terre, parce que tu as obéi à ma voix. » (Gn 22, 16-18). Dans le Deutéronome, tout ce que Dieu attend de son peuple, Israël, se ramène à ces deux choses : qu’il l’aime et qu’il obéisse de tout son cœur à ses lois : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu et tu garderas toujours ses observances, ses lois, coutumes et commandements. » (Dt 11, 1). Israël doit choisir entre deux voies : celle de l’amour et de l’obéissance, qui mène à la vie, ou bien celle du mépris et de la révolte, qui conduit à la mort : « Vois, je te propose aujourd’hui vie et bonheur, mort et malheur. Si tu écoutes les commandements du Seigneur ton Dieu (…) et que tu aimes le Seigneur ton Dieu (…), tu vivras et tu te multiplieras. Mais si ton cœur se dévoie, si tu n’écoutes pas (…), je vous déclare aujourd’hui que vous périrez certainement (…). Je te propose la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie, (…) en aimant le Seigneur ton Dieu, en écoutant sa voix et en t’attachant à lui. Car là est ta vie. » (Dt 30, 15- 20). S’il faut obéir à Dieu en tout, parce qu’il est le Seigneur et que ses volontés sont toujours bonnes et sages, il n’en va pas de même à l’égard des hommes : ceux-ci n’ont jamais qu’une autorité limitée et peuvent abuser de leur pouvoir. Aussi, après avoir rappelé la nature de l’obéissance et la grandeur de l’obéissance chrétienne, parlerons-nous des limites que toute obéissance doit respecter, même dans l’Église. Il apparaîtra alors que l’obéissance bien comprise est une vertu éminente, qui exige lucidité et courage.

Nature de l’obéissance

L’obéissance, au sens strict, est une partie de la justice. La justice nous fait rendre à chacun ce qui lui est dû. A Dieu, qui est notre créateur, le principe de notre existence et de tous les biens, nous devons un culte d’adoration : c’est la vertu de religion qui nous fait rendre ce devoir promptement et joyeusement. A l’égard de nos parents, de notre patrie et de tous ceux qui nous ont donné plus que nous ne pourrons jamais leur rendre, nous avons un devoir

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de piété filiale. Enfin, à un supérieur humain quel qu’il soit, nous devons deux choses : d’abord, le respect, en raison de l’excellence attachée à sa fonction. Ensuite, l’obéissance, non pas toujours et partout, mais toutes les fois que le supérieur, investi d’une autorité légitime, donne un ordre en vue du bien commun, dans le domaine où il a autorité. Il faut bien comprendre que toute la raison d’être de l’obéissance est dans la poursuite du « bien commun » par les membres d’une même société. Dieu a voulu que l’homme atteigne sa fin non pas tout seul mais avec l’aide de ses semblables. Lorsque les membres d’une société poursuivent ensemble leur bien sous la direction d’une autorité, il en résulte un bien propre à la société comme telle, le « bien commun ». Ce bien dépasse le bien individuel de chacun des membres et il rejaillit sur tous. Ce qui fonde le droit du supérieur à donner des ordres et le devoir de lui obéir, c’est donc le fait qu’il est chargé de coordonner les actes de ceux qui lui sont soumis en vue du bien commun. Ainsi, dans la famille, l’obéissance que les enfants doivent à leurs parents vient de ce qu’ils reçoivent d’eux le bienfait inestimable de la vie et de l’éducation. De même, aux fidèles d’Antioche qui répugnaient à payer leurs impôts et trouvaient dur d’être soumis à des pouvoirs qui n’étaient pas toujours chrétiens, saint Jean Chrysostome disait : « Le pouvoir est pour vous un bienfait de premier ordre, et vous lui êtes redevables de la paix et des avantages de la vie sociale. Grâce à l’action du pouvoir, les Etats jouissent d’une infinité de biens. Otez les magistrats, les villes seront dévastées (…) ; partout, le bouleversement, partout la faiblesse livrée en proie à la force. » (Homélies sur l’Epître aux Romains, hom. 23). Il en va de même dans l’Église : l’obéissance due au Pape, aux évêques et à tous ceux qui participent à leur autorité est fondée, en définitive, sur le fait qu’ils ont la charge non plus seulement du bien commun temporel mais du salut éternel des âmes. C’est une immense responsabilité, que l’obéissance filiale des fidèles doit rendre plus légère à porter, comme le dit l’épître aux Hébreux : « Obéissez à vos chefs et soyez-leur dociles, car ils veillent sur vos âmes, comme devant en rendre compte ; afin qu’ils le fassent avec joie et non en gémissant, ce qui vous serait dommageable. » (Hb 13, 17). Il existe un deuxième motif, plus profond encore, de rendre à tous nos supérieurs le devoir de l’obéissance : c’est qu’en obéissant, nous nous insérons librement dans l’ordre universel établi par Dieu : « S’il y a des souverainetés, dit saint Jean Chrysostome, si les uns commandent, si les autres obéissent (…), cet ordre des choses a pour auteur la divine sagesse. » (ibid.) La lutte, comme le remarque ce grand docteur de l’Église, résulte souvent, non pas de l’inégalité, mais d’une égalité mal comprise : là où chacun prétend avoir en toutes choses la même dignité et les mêmes droits, l’affrontement est inévitable. C’est pourquoi Dieu a établi partout des relations d’inférieur à supérieur, non seulement entre les hommes, mais même chez les animaux et entre les membres d’un même corps : partout, le bien de tous naît de la collaboration entre une direction sage du supérieur et une obéissance docile de l’inférieur. Il s’ensuit que « les chrétiens n’ont plus lieu de s’écrier : mais vous nous rabaissez, puisque vous soumettez aux princes de la terre les héritiers du royaume céleste. Ils ne sauraient s’exprimer de la sorte, dès lors qu’ils obéissent, non plus aux rois d’ici-bas, mais à Dieu : la soumission qu’on leur accorde remonte directement au Créateur. » (ibid.)

Grandeur de l’obéissance chrétienne

La pratique de l’obéissance suppose donc d’abord un sens profond de la justice et du bien commun. Mais le chrétien a encore un motif plus élevé pour obéir, à savoir la charité, reine des vertus. C’est la charité qui rend l’obéissance pleinement agréable à Dieu et

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capable de mériter la vie éternelle. « On doit garder l’obéissance, écrit saint Grégoire le Grand, non pas par crainte servile mais par charité, non pas par peur du châtiment mais par amour de la justice » (Moralia in , l. 35, c. 14). Saint Grégoire parle ici de la justice naturelle, mais plus encore de la justice chrétienne, surnaturelle, qui procède de l’union au Christ par la foi et la charité. L’obéissance va de soi pour le vrai chrétien, car il a conscience d’accomplir en la pratiquant la volonté du Christ, aimé comme un père et comme un ami. Il sait que son obéissance fait de lui un instrument pour l’édification du Royaume de Dieu, même si, en apparence, elle contredit ses désirs les plus légitimes. La bienheureuse Mère Teresa nous offre un exemple magnifique d’obéissance chrétienne. Le 10 septembre 1946, elle perçoit pour la première fois l’appel à tout quitter pour fonder une congrégation nouvelle, qui ferait connaître l’amour du Christ aux plus pauvres d’entre les pauvres. Dès ce moment, Mère Teresa n’a aucun doute sur l’origine divine de l’appel : la congrégation sera l’œuvre du Christ, non la sienne. Mais précisément parce qu’il s’agit de l’œuvre du Christ, elle ne veut rien faire sans avoir l’accord de son évêque et de sa supérieure religieuse. Pendant quinze mois, elle va connaître un vrai martyre, car le désir d’agir au plus vite pour sauver les âmes la tourmente. Elle supplie son évêque : « Excellence, laissez-moi y aller. Jésus a tant soif des âmes. » Mais l’évêque, de son côté, a conscience de sa responsabilité comme supérieur et ne veut pas donner son accord avant d’avoir mûrement réfléchi et pris conseil. Finalement, le 6 janvier 1948, il dit à Mère Teresa : « Vous pouvez y aller. » Ayant obtenu encore l’autorisation de sa supérieure religieuse et celle de Rome, elle écrit à son évêque le 15 août suivant : « Tout est très sombre – plein de larmes – mais je pars de ma pleine volonté avec la bénédiction de l’obéissance. » Mère Teresa avait reçu un appel direct du Christ, par des locutions intérieures. Mais elle savait que cela ne suffit pas : seule l’obéissance aux représentants visibles du Christ dans l’Église peut donner l’assurance de faire la volonté de Dieu. Cette obéissance à des supérieurs humains qui sont eux-mêmes de pauvres pécheurs est parfois très coûteuse, et elle est toujours pénible à notre orgueil. Les Pères de l’Eglise en avaient bien conscience. C’est pourquoi ils ont célébré à l’envie la valeur ascétique de l’obéissance. Au roi Saül, qui avait prétendu garder pour lui une partie d’un butin voué à Dieu par anathème, et offrir le reste en sacrifice, le prophète réplique : « Le Seigneur aime-t-il les holocaustes et les sacrifices autant que l’obéissance à la parole du Seigneur ? Non ! L’obéissance est préférable au sacrifice, la docilité à la graisse des béliers. » (1S 15, 22). Et saint Grégoire explique à ce sujet : « C’est à bon droit que l’obéissance est préférée aux sacrifices, car, par les sacrifices, on immole une chair étrangère, mais par l’obéissance, on immole sa propre volonté. » (Moralia in Job, l. 35, c. 14). Le précepte du supérieur, dit-il encore, est comme un glaive par lequel on s’immole soi-même après avoir réprimé l’orgueil de son libre arbitre.

Les limites de l’obéissance

A Dieu, qui est notre Père et notre Seigneur, il faut obéir en toutes choses. Il est impossible qu’il veuille ou qu’il permette quelque chose qui ne soit pas, en définitive, pour notre vrai bien. Mais aux hommes, nul n’est tenu d’obéir en tout : toute autorité humaine a ses limites, et une obéissance vraiment humaine, c’est-à-dire intelligente et libre, se doit de les connaître. Les limites de l’obéissance viennent toujours, en fait, de celles de l’autorité du supérieur. Si un supérieur légitime commande en vertu de son autorité dans le domaine de sa

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juridiction, nous sommes tenus d’obéir, non pas par admiration, par affection pour lui, ou parce que son ordre nous paraît sage, mais parce qu’il commande en vertu de son autorité. Au contraire, si parfois on peut ou même on doit ne pas obéir, c’est qu’il y a abus de pouvoir. Dans ce cas, il n’y a pas de vrai commandement, mais seulement une apparence d’ordre, et il n’y a pas matière à obéir.

L’abus de pouvoir peut se faire de trois façons : − Tout d’abord, si l’autorité n’est pas légitime. Un exemple typique est celui des prêtres installés de force par la Constitution civile du clergé pendant la Révolution française. Ces prêtres, ayant été nommés sans l’accord de leur évêque légitime et ayant prêté un serment schismatique, n’avaient aucun droit de célébrer les sacrements. C’est ainsi que le futur abbé Desgenettes, qui devait un jour fonder la célèbre confrérie de Notre-Dame des Victoires à Paris, refusa absolument de se confesser à un prêtre jureur, à l’âge de neuf ans. Comme le prêtre insistait, il lui répondit qu’il savait que le Pape avait condamné la Constitution et que lui, en conséquence, n’avait pas le droit de confesser. « Ou allons-nous, demanda le prêtre, si des gamins ont des relations avec la cour de Rome ? » Et le « gamin » de rétorquer : « Vous en avez bien, vous, avec la cour de Satan ! » − Ensuite, il peut arriver que l’autorité soit légitime, mais qu’elle empiète sur un domaine qui n’est pas le sien. C’est là-dessus que le Bienheureux Noël Pinot fonda son refus immédiat de prêter serment à la Constitution civile du clergé : la république, disait-il n’a aucune autorité pour faire ou défaire des curés, pas plus que l’Église ne pourrait se permettre de nommer les juges de paix. Ce qui était en cause alors, ce n’était pas la légitimité du pouvoir civil en place, mais les limites de sa juridiction. − Enfin, un supérieur légitime qui commande dans le domaine de son autorité peut parfois contrevenir à l’ordre d’un supérieur plus élevé. C’est cela, en définitive, qui fonde le devoir de résistance à un ordre ou à une loi contraires au droit naturel ou à un ordre formel de Dieu : aucune autorité humaine ne peut légitimement s’opposer à celle de Dieu, auteur de la loi naturelle. Aux membres du Sanhédrin, qui prétendaient interdire aux Apôtres de prêcher au nom de Jésus, saint Pierre réplique : « S’il est juste aux yeux de Dieu de vous obéir plutôt qu’à Dieu, à vous d’en juger. Nous ne pouvons pas, quant à nous, ne pas publier ce que nous avons vu et entendu. (…) Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. » (Ac 4, 19-20 ; 5, 29). Le Dr Takashi Nagaï, un célèbre chrétien japonais, reçut un jour, pendant son service militaire, un ordre abominable : si les Chinois qui encerclaient son camp venaient à attaquer, il devait arroser d’essence tous les prisonniers et y mettre le feu. Exécuter un tel ordre aurait été un crime. Ne pas le faire, c’était le peloton d’exécution assuré. Que faire ? Dans cette détresse, il se mit à dire son rosaire avec tant de ferveur qu’il ne vit plus le temps passer. Trois heures plus tard, l’officier qui lui avait donné l’ordre terrible vint le tirer de sa prière pour lui dire que, de façon incompréhensible, les Chinois s’étaient retirés.

Il existe donc des cas où la résistance à l’abus de pouvoir s’impose : c’est lorsque l’ordre donné est clairement contraire au droit naturel, ou à l’ordre d’un supérieur plus élevé, de sorte que son exécution entraînerait un préjudice certain pour le bien commun. Mais parfois aussi, le souci du bien commun commandera d’exécuter un ordre plus ou moins abusif, pourvu qu’il ne commande rien de mauvais en soi : le respect de l’autorité est en effet si important qu’il vaut mieux subir personnellement une petite injustice de sa part plutôt que de paraître la mépriser en lui résistant.

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L’obéissance à l’Église

Ces différentes sortes d’abus de pouvoir peuvent se rencontrer aussi dans l’Église. Mais ici surtout, il faut tenir compte de la dignité éminente des supérieurs, et aussi de la sagesse divine qui fait concourir au bien des âmes même les erreurs de ceux qui ont autorité. L’Église possède par institution divine deux sortes de pouvoir : d’abord un pouvoir de magistère, pour enseigner infailliblement les vérités de foi ou de mœurs. Lorsque son enseignement est donné avec la garantie d’infaillibilité, notre intelligence est tenue d’y adhérer en vertu de la foi elle-même, qui fait adhérer à toute vérité enseignée par Dieu. C’est « l’obéissance de la foi » dont parle saint Paul (Rm 1, 5). L’Église a aussi un pouvoir de gouvernement, pour conduire les âmes vers leur fin ultime, qui est la vie éternelle. On doit donc obéir au Pape, aux évêques et à tout supérieur légitime dans l’Église, en tout ce qui concerne la foi et les mœurs, à proportion de l’engagement de leur autorité. Par exemple, si un évêque défend de fréquenter tel lieu d’apparition ou de pèlerinage parce qu’il a jugé qu’il s’y trouve des choses suspectes quant à la foi, quant aux mœurs, ou bien contraires à l’obéissance – cas de prêtres, de religieux ou de laïcs en rupture publique avec l’autorité –, alors, les fidèles n’ont pas à prétexter de leur besoin spirituel pour désobéir : aucune révélation privée, aucune dévotion particulière n’est indispensable au salut, mais l’obéissance à l’Église l’est réellement. Dans l’histoire de l’Église, on rencontre des cas de résistance héroïque à des prêtres ou à des évêques ayant manifestement fait défection dans la foi ou se comportant de façon malhonnête et scandaleuse. Tel saint Bruno qui, au temps où il était chanoine de Reims, s’opposa de toutes ses forces à l’archevêque Manasses, prélat indigne, plus occupé à piller son diocèse qu’à le gouverner. Mais on trouve aussi, et plus encore, des exemples d’obéissance héroïque à des ordres manifestement injustes mais n’imposant rien d’intrinsèquement mauvais. Le cas de Padre Pio est très significatif. Il avait reçu du Pape Pie XI, trompé par des rapports calomnieux, l’interdiction de célébrer la messe en public, et s’était vu imposer de sévères restrictions pour les confessions. En apprenant l’ordre, il pleura et s’exclama : « Mon témoignage m’est enlevé par ceux-là mêmes qui devraient le défendre. » Il savait donc fort bien que l’ordre était injuste. Néanmoins, il se soumit tant que dura l’interdiction : il était convaincu, en effet, que, par le mérite et par l’exemple d’une telle obéissance, le Seigneur saurait faire un bien qui compenserait la perte infligée à tous ceux qui n’auraient pas son témoignage. Ce n’est pas par sa prédication et par ses miracles que Notre-Seigneur a achevé la rédemption du monde, mais c’est en se faisant « obéissant jusqu’à la mort, et à la mort sur une croix » (Ph 2, 8).

FRATERNITÉ SAINT-VINCENT-FERRIER

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L’Eglise et la société civile : notre engagement au service du Royaume de Dieu

Le destin de l’homme Notre bref séjour sur la terre a pour raison d’être de nous permettre de préparer le passage dans notre vraie patrie : le ciel, pour lequel nous avons été créés. « Vous nous avez fait pour Vous, ô mon Dieu », nous enseigne Saint Augustin. L’Eglise, seule, possède la vérité sur la véritable vocation de l’homme et sur la nature des obstacles qui peuvent empêcher son accomplissement. Ainsi chacun d’entre nous expérimente la blessure intime évoquée par Saint Paul : « Je vois le bien, je l’approuve, je fais le mal ». C’est la conséquence tragique du péché originel commis par nos premiers parents.

Nécessité de la société Or il est de la nature de l’homme de vivre en société et d’abord d’appartenir à une famille qui est, à bon droit, appelée la cellule de base de la société. Cette famille est le lieu où se transmet la vie et la société civile est, au fond, un rassemblement de familles qui se regroupent afin de pourvoir, ensemble, plus commodément aux différents besoins de l’homme : besoins matériels(se nourrir, se vêtir, se défendre des attaques de la nature…) mais aussi besoins psychologiques (être intégré à un groupe, être reconnu…) et sociaux (soif de justice, dévouement à un but commun…) La nature blessée de l’homme doit être, pour rester fidèle à la réalité de la nature humaine, une donnée majeure de l’organisation de la vie en société. En effet toute organisation sociale nécessite des règles partagées qui permettent de vivre ensemble et repose, légitimement, sur une conception de l’homme.

La société n’est pas neutre Dans bien des domaines la neutralité est impossible et il sera nécessaire d’opérer des choix dits « de société ». Les principes d’organisation de la société civile –ce qu’on appelle communément la politique- ne peuvent pas ne pas prendre position sur les choix que la vie en collectivité amène chacun à poser. Faut-il, ou non, autoriser la polygamie, l’avortement, la contraception mais aussi le port de la burka, les Organismes Génétiquement Modifiés, le travail dominical… La réponse à chacune de ces questions dépend de la conception que chacun se fait de l’homme et de la femme : quelques kilos de matière appelés à disparaître sans trace après la mort, le simple élément constitutif d’une plus vaste communauté (l’oumma) sans laquelle aucun être humain ne peut véritablement exister, un être unique –créé à l’image de Dieu- et appelé à Le rejoindre… La nature humaine, blessée, a besoin des béquilles que sont les lois pour agir droitement. L’exercice de la vertu sera facilité s’il est favorisé par la loi civile. Le rôle de l’organisation politique est de rendre possible l’accomplissement habituel et serein du bien. C’est à cette aune que se juge la valeur des institutions politiques d’un pays et non à leur plus

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ou moins grand niveau de démocratie, chacun donnant d’ailleurs à ce terme un sens bien différent de celui du voisin.

L’importance des institutions La nature des institutions joue un rôle primordial dans la sanctification des citoyens. Ce sont des saints, parce qu’étant saints ils sont plus ardemment que d’autres épris du salut des âmes qui nous l’enseignent. « Nous nous tuons, Madame, écrivait saint Jean Eudes à la reine Anne d’Autriche, à force de crier contre quantité de désordres qui sont dans la France et Dieu nous fait la grâce de remédier à quelques-uns. Mais je suis certain, Madame, que, si Votre Majesté voulait employer le pouvoir que Dieu lui a donné, elle pourrait plus faire, à elle seule, pour la destruction de la tyrannie du diable et pour l’établissement du règne de Jésus-Christ, que tous les missionnaires et prédicateurs ensemble. » Et saint Alphonse de Liguori, docteur de l’Eglise : « Si je parviens à gagner un roi, j’aurai plus fait, pour la cause de Dieu, que si j’avais prêché des centaines et des milliers de missions. Ce qu’un souverain, touché par la grâce de Dieu, peut faire, dans l’intérêt de l’Eglise et des âmes, mille missions ne le feront jamais. » Plus proche de nous le père Calmel (o.p.) écrivait : « Un des droits fondamentaux de notre nature blessée et rachetée est d’être soutenue par des institutions conformes à son droit naturel, tenant compte de son état de fait de chute et de rédemption. »

Tous nos actes ont une portée morale Dans l’encyclique Caritas in Veritate Benoît XVI enseigne que tous les actes même les plus anodins de la vie quotidienne ont une portée morale. Tous les domaines d’activité : économie, finance, science, moyens de communication sociale, … doivent être soumis aux « normes fondamentales de la loi morale que Dieu a inscrite dans nos cœurs » (§ 68) le tout reposant sur une « base anthropologique » (§ 73) et donc une conception de l’homme. Le pape récuse ainsi « l’absolutisme de la technique » (§75). Il rappelle avec force qu’il est faux de penser que tout ce qui est possible est permis.

La société n’est plus chrétienne Les malheurs des temps ont rendu la voix de l’Eglise si ce n’est peu audible, du moins peu mise en pratique. La culture de mort continue d’étendre son emprise sur les sociétés civiles : révisions des lois de bioéthique et premières adoptions d’enfants par des couples homosexuels en France, prise en charge de l’avortement par l’Etat dans le cadre de la réforme du système de santé aux USA, projet du gouvernement espagnol autorisant l’avortement jusqu’à 14 semaines de grossesse pour les jeunes filles à partir de 16 ans… Le droit des parents à élever leurs enfants selon leurs convictions est de plus en plus dénié. L’Etat s’arrogeant le droit d’en faire des « citoyens rationnels qui adhèrent aux valeurs de la République Française » (Eric Besson, ministre de l’immigration et de l’identité nationale, le 11 novembre 2009).

Pour une civilisation chrétienne Entre le socialisme qui ne voit dans l’homme qu’un producteur et le libéralisme qui ne s’intéresse qu’à sa dimension de consommateur l’Eglise peine à faire entendre sa conception de l’homme : être unique, vivant en société, aimé par Dieu et appelé à L’aimer, Le louer et Le servir, et par cela sauver son âme. L’homme n’est pas un élément, parmi

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d’autres, de la nature. Au contraire toute la création est au service de l’homme afin de lui permettre d’accomplir sa vocation de fils de Dieu créé, racheté et maintenu dans l’être par un Dieu qui a revêtu sa nature humaine. L’idéal de christianisation des institutions paraît, cependant, bien lointain. Les chiffres sont sans appel : si encore 67% des Français se disent catholiques ils ne sont plus que 4,5 % à aller à la messe tous les dimanches. La belle devise de saint Pie X « Omnia instaurare in Christo », « Tout restaurer dans le Christ » si elle reste un programme d’action semble néanmoins désigner un bien pour longtemps encore, à vue humaine, inaccessible.

Dieu veut avoir besoin de nous Est-ce dire qu’il suffit de s’en remettre à la puissance et à la justice de Dieu pour que les choses rentrent dans l’ordre ? Ce n’est pas là l’économie divine. Dieu veut se servir de causes secondes pour coopérer à l’avènement du Royaume. Sans être un père de l’Eglise, l’auteur de « La divine comédie » exhortait déjà ses contemporains à sortir de leur léthargie : « Les places les plus brûlantes dans l’enfer sont réservées à ceux qui, aux périodes de crises morales, se sont maintenus dans la neutralité ». (Dante)

Qu’écrirait-il aujourd’hui ? Ne sommes-nous pas parfois de ces interrogateurs de Jeanne qui lui demandaient : « Vous dîtes que Dieu veut délivrer le peuple de France de ses calamités ; mais s’il le veut, il ne lui est pas nécessaire de mettre en mouvement les hommes d’armes » et se virent rétorquer : « En nom Dieu, les hommes d’armes batailleront et Dieu donnera la victoire. »

Que faire ? Mais à quelles batailles sommes-nous appelés ? A celles où la Providence nous a placés en état d’agir. La sanctification par l’accomplissement du devoir d’état est une sanctification par l’accomplissement des devoirs de tous nos états : états de créatures, de conjoints, d’enfants, de parents mais aussi de citoyens, de professionnels, de voisins… Aucun devoir d’état ne peut être récusé tant que nous restons dans l’état qui, précisément, nous l’impose. Entre l’Etat totalitaire acquis aux mirages de la pensée unique, mélange complexe d’hédonisme libertarien et de dictature du relativisme, et le citoyen existent une multitude de structures intermédiaires qu’il est possible de réanimer, ou plus vraisemblablement de recréer. « On ne met pas du vin nouveau dans de vieilles outres » nous dit l’Ecriture. Selon les goûts et les tempéraments de chacun les micro chrétientés à rebâtir attendent ceux qui auront mis leurs talents et leur générosité au service du bien commun en créant ou réanimant : un club de sport, une troupe de théâtre, une école, un groupe scout, une association de défense de la vie ou d’aide aux mères en difficultés, un cercle d’étude… C’est bien toute une société qu’il s’agit de reconstruire depuis les fondations comme le disait Pie XII il y a déjà 50 ans. L’abbé Berto, le fondateur des dominicaines du Saint-Esprit s’était, lui, donné pour règle de conduite : « Ne rien demander, ne rien refuser. » Ce programme est-il le nôtre ? L’avènement de Benoît XVI au souverain pontificat et plusieurs mesures déjà prises en faveur de la réhabilitation de la Tradition catholique dans l’Eglise ont, semble-t-il fondamentalement changé les données : « L’espoir changea de camp, le combat changea d’âme » (Les châtiments, Victor Hugo).

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De plus en plus d’observateurs le constatent : le monde moderne, sans repères ni boussoles s’écroule sur lui-même rongé par le doute et inquiet pour sa pérennité, les crises de différentes natures se succèdent l’une cachant l’autre. Les personnes sont-elles aujourd’hui plus heureuses qu’hier ? Les drames de l’avortement, du divorce et des familles recomposées constituent des souffrances indicibles et bien banalisées que ne viennent pas compenser quelques points supplémentaires de PIB ou l’accès facilité aux vacances exotiques. A quoi rêvent les enfants d’aujourd’hui : à passer les vacances avec papa et maman. Tout simplement. Cet aveu en dit plus sur la détresse d’une génération que de longues enquêtes sociologiques.

L’assurance de la victoire L’heure est à la reconquête des intelligences, des cœurs et des institutions avec en tête l’assurance de la victoire finale et, peut-être une trame d’examen de conscience que nous livre saint Ambroise : « Dieu ne nous jugera pas sur ce que aurons donné mais sur ce que nous aurons gardé ».

RENAISSANCE CATHOLIQUE

CATHÉDRALE SAINT ETIENNE – VIENNE (AUTRICHE)

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EXEXTRAITSTRAITS ETET CITATIONSCITATIONS

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Mourir à soi-même

Amen, amen, je te le dis : personne, à moins de renaître, ne peut voir le règne de Dieu.

EVANGILE SELON SAINT JEAN 3, 1-21

Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive.

EVANGILE SELON SAINT MARC 8,34

Mon fils, Vous ne pouvez jouir d’une parfaite liberté, si vous ne vous renoncez entièrement vous-même. Ceux qui gardent un esprit de propriété, qui s’aiment eux-mêmes, qui sont avides, curieux, inquiets, cherchant leurs aises préférablement à Jésus Christ, sont autant d’esclaves. Ils forment souvent des projets qui n’ont point d’exécution : car tout ce qui ne vient pas de Dieu se réduit à rien. Retenez bien ce mot court et plein de sens : quittez tout et vous trouverez tout. Renoncez à vos convoitises et vous trouverez le repos.

IMITATION DE JÉSUS CHRIST

LIV III, CHAPITRE 32

Parce que la grâce vient de Dieu, elle n’est donnée qu’à un cœur détaché de tout ce qui n’est pas Dieu. (…) La victoire parfaite, c’est de triompher de soi-même.

IMITATION DE JÉSUS-CHRIST

LIV. III, CH. 53.

Quand, dans l’obéissance, l’homme sort de lui-même et renonce à sa volonté propre, Dieu doit nécessairement entrer en lui.

MAÎTRE ECKHART

CONSEILS SPIRITUELS – XIIÈME SIÈCLE

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

La perfection et la valeur des actes, ne viennent pas de leur multiplicité, mais de la science du renoncement à soi-même. C’est à ce renoncement que l’on doit s’appliquer autant que possible, jusqu’à ce que Dieu daigne entreprendre lui-même la purification de l’âme.

SAINT JEAN DE LA CROIX,

NUIT OBSCURE, LIV. I, CH. VI

On n’acquiert pas la perfection en croisant les bras; il faut travailler à bon escient à se dompter soi-même et à vivre selon la raison, la Règle et l’obéissance, et non pas selon les inclinations que nous avons apportées du monde. La Religion tolère bien que vous apportiez vos mauvaises habitudes, passions et inclinations, mais non pas que vous viviez selon icelles. Elle vous donne des Règles pour servir à vos cœurs de pressoirs, pour en faire sortir tout ce qui est contraire à Dieu : vivez donc courageusement selon icelles et vous serez bienheureuses.

SAINT FRANÇOIS DE SALES

21ÈME ENTRETIEN

Ne pensez pas au monde. Laissez-le avec ses honneurs et ses vanités qui bientôt se passeront. Pensez seulement à plaire à Dieu et sauver vos âmes et ne vous inquiétez point des choses auxquelles vous ne pouvez remédier. Il faut se tenir sur ses gardes. Qu’avons-nous à faire, sinon de tendre à Dieu.

BIENHEUREUSE FRANÇOISE D’AMBOISE

CARMÉLITE, XVÈME SIÈCLE

La religion de Jésus-Christ est une religion de renoncement, de mort à soi même de crucifiement ; mais elle mène à la vraie vie, à la béatitude. Pour le chrétien la vie présente est l’épreuve, le point de départ ; le ciel, le point d’arrivée, la récompense. Tel est le plan divin, la joie par les larmes, la vie par la mort, la bienheureuse immortalité par le mépris de ce qui se passe.

SAINT CURE D’ARS

Je serais prête à renoncer à ma vie plutôt qu’à ma foi… L’absence de la foi résulte de l’égoïsme et de l’amour du gain personnel. La foi, pour être véritable, doit être un amour qui donne. Amour et foi vont de pair. Ils ont besoin l’un de l’autre.

BIENHEUREUSE MÈRE TÉRÉSA

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Ainsi donc, si nous passons notre vie à essayer de fuir la chaleur du feu qui doit nous adoucir et nous préparer à être vraiment nous-mêmes, si nous essayons d’empêcher notre substance de fondre dans le feu – comme si notre identité véritable devait être semblable à une cire dure- le sceau, en tombant finalement sur nous, nous écrasera. Nous n’aurons ni notre vrai nom, ni notre véritable physionomie, et l’événement qui devait être le couronnement de notre destinée sera notre destruction.

THOMAS MERTON

NOUVELLES SEMENCES DE CONTEMPLATION

Nos vrais ennemis sont en nous-mêmes.

BOSSUET

ORAISON FUNÈBRE DE MARIE-THÉRÈSE, REINE DE FRANCE

Il est toujours excellent de savoir qu’on n’est rien par soi-même, qu’on est absoulument pauvre et dénué, tant qu’on n’a pas fait la place nette pour que Dieu s’y installe. On n’a jamais rien à offrir à Dieu que ce que Lui-même nous a donné.

ANDRÉ CHARLIER

LETTRES AUX CAPITAINES

Dieu et l’âme font en commun une œuvre dont le succès, tout en dépendant entièrement de l’action du divin ouvrir, ne peut être compromis que par l’infidélité de l’âme. S’abandonner ! Tel est le grand devoir qui reste à remplir, après s’être acquitté fidèlement de toutes les obligations de son état. La perfection avec laquelle ce grand devoir sera accompli sera la mesure de la sainteté. Une âme saint n’est qu’en âme librement soumis à la volonté divine avec l’aide de la grâce. Tout ce qui suit le pur acquiescement est l’ouvrage de Dieu et non pas de l’ouvrage de l’homme.

PÈRE DE CAUSSADE (1675-1751)

L’ABANDON À LA PROVIDENCE DIVINE

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Notre pèlerinage

Mon vieux, j’ai senti que c’était grave… J’ai fait un pèlerinage à Chartres… J’ai fait 144 kms en trois jours… On voit les cloches de Chartres à 17 km sur la plaine… Dès que je l’ai vu, ça a été une extase. Je ne sentais plus rien, ni la fatigue, ni mes pieds. Toutes mes impuretés sont tombées d’un seul coup, j’étais un autre homme. J’ai prié une heure dans la cathédrale le samedi soir ; j’ai prié une heure le dimanche matin avant la grand’messe… J’ai prié comme je n’avais jamais prié, j’ai pu prier pour mes ennemis… Mon gosse est sauvé, je les ai donnés tous trois à Notre-Dame. Moi, je ne peux pas m’occuper de tout… Mes petits ne sont pas baptisés. A la Sainte Vierge de s’en occuper. [la femme de Péguy acceptera le baptême quelques temps plus tard…].

CHARLES PÉGUY

LETTRE À SON AMI LOTTE

L’ensemble de l’Europe s’est retrouvé autour de la « mémoire » de saint Jacques, au cours des siècles mêmes où elle s’édifiait comme un continent homogène et spirituellement uni. Pour cela, Goethe insinuera que la conscience de l’Europe est née en pérégrinant.

Le pèlerinage de saint Jacques a été l’un des éléments forts de la compréhension mutuelle des nations européennes, aussi diverses que les Latins, les Germains, les Celtes, les Anglo-Saxons et les Slaves.

Le pèlerinage rapprochait, mettait en contact et unissait entre elles ces nations qui, siècle après siècle, convaincues par la prédication des témoins du Christ, embrassaient l’Évangile et dans le même temps, on peut l’affirmer, naissaient comme peuples et nations. […] Par conséquent, moi, Jean-Paul, fils de la nation polonaise qui s’est toujours considérée comme européenne par ses origines, ses traditions, sa culture et ses relations vitales, slave parmi les Latins et latine parmi les Slaves ; moi, Successeur de Pierre sur le Siège de Rome, Siège que le Christ a voulu placer en Europe qu’il aime pour son effort réalisé dans la diffusion du christianisme dans le monde entier ; moi, évêque de Rome et Pasteur de l’Église universelle, depuis Compostelle, je lance vers toi, vieille Europe, un cri plein d’amour : rencontre-toi de nouveau ! Sois toi-même ! Découvre tes origines ! Avive tes racines ! Revis ces valeurs authentiques qui ont rendu ton histoire glorieuse, et bénéfique ta présence dans les autres continents.

JEAN-PAUL II.

APPEL À L’EUROPE (CATHÉDRALE DE COMPOSTELLE, LE 9 NOVEMBRE 1982).

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Le pèlerinage ramène à la condition de l’homme qui aime décrire sa propre existence comme un cheminement. De sa naissance à sa mort, chacun est dans la condition, toute particulière, d’homo viator. (…) En se soumettant volontairement à la Loi, Jésus, lui aussi, avec Marie et Joseph, se fit pèlerin vers la ville sainte de Jérusalem. L’histoire de l’Eglise est le journal vivant d’un pèlerinage jamais terminé. En route vers la ville des saints Pierre et Paul, vers la Terre Sainte ou vers les anciens ou nouveaux sanctuaires consacrés à la Vierge Marie et aux saints : tel est le but d’innombrables fidèles qui alimentent ainsi leur piété. (…) Le pèlerinage évoque le cheminement personnel du croyant sur les pas du Rédempteur : c’est un exercice d’ascèse salutaire, de repentance pour les faiblesses humaines, de vigilance constante sur sa propre fragilité, de préparation intérieure à la réforme du cœur. Par la veille, par le jeûne, par la prière, le pèlerin avance sur la voie de la perfection chrétienne, s’efforçant d’atteindre, avec le soutien de la grâce de Dieu, « l’état d’Homme parfait, la plénitude de la stature du Christ » (Ep 4-13)

JEAN-PAUL II

LE MYSTÈRE DE L’INCARNATION, BULLE D’INDICTION DU GRAND JUBILÉ DE L’AN 2000

J’ose le prédire : Chartres deviendra, plus que jamais, le centre de la dévotion à Marie en Occident, on y affluera, comme autrefois, de tous les points du monde.

CARDINAL PIE

31 MAI 1855

[Le pèlerinage] est une « marche vers le sanctuaire », c’est-à-dire un moment et une parabole du chemin qui mène au Royaume ; de fait, le pèlerinage aide le chrétien à prendre conscience de la dimension eschatologique de sa vie en tant que baptisé. Il est, en effet, un homo viator, dont l’existence se situe entre l’obscurité de la foi et la soif de la vision éternelle, entre les limites étroites du temps et l’aspiration à la vie qui ne finira pas, entre la fatigue éprouvée sur le chemin et l’attente du repos éternel, entre les larmes de l’exil et le désir du bonheur dans la patrie céleste, entre l’agitation de la vie active et l’attrait pour la sérénité de la contemplation.

[…] Le pèlerin sait que « la cité que nous avons ici-bas n’est pas définitive » (Héb 13, 14), et c’est pourquoi au-delà du but immédiat du sanctuaire, il avance, à travers le désert de la vie, vers le Ciel, qui est la vraie Terre promise. […] Lorsque le pèlerinage est accompli de la manière qui convient, le fidèle quitte le sanctuaire avec la résolution de « changer de vie », c’est-à-dire d’orienter sa vie vers Dieu avec plus de détermination […]. […] La joie du pèlerinage chrétien se présente comme le prolongement de l’allégresse ressentie par le pieux pèlerin d’Israël : « Quelle joie quand on m’a dit : nous irons à la maison du Seigneur ! » (Ps. 122, 1) ; elle contribue aussi à rompre la monotonie de la vie quotidienne en présentant une perspective différente de celle du monde […]. Cette joie se présente aussi comme une occasion d’exprimer la fraternité chrétienne, en accordant une place plus large à la convivialité et à l’amitié […].

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Le pèlerinage est essentiellement un acte cultuel : de fait, en marchant vers le sanctuaire, le pèlerin va à la rencontre de Dieu pour demeurer en sa présence, L’adorer et Lui ouvrir son cœur. Dans le sanctuaire […], sa prière prend des formes variées : prière de louange et d’adoration adressée au Seigneur pour sa bonté et sa sainteté ; prière d’action de grâces pour les dons reçus ; prière ayant pour but l’accomplissement d’un vœu, auquel le pèlerin s’était engagé face au Seigneur ; prière de demande de grâces nécessaires pour sa vie ; prière sollicitant le pardon de Dieu pour les péchés commis. La prière du pèlerin s’adresse très souvent à la bienheureuse Vierge Marie, aux anges et aux saints, qu’il considère à juste raison comme des intercesseurs auprès du Très-Haut. […] L’image sacrée, vénérée dans le sanctuaire, qui représente le Christ, ou la Vierge Marie, ou encore les anges ou les saints, est le signe de la présence divine et de l’amour providentiel de Dieu ; c’est pourquoi ce signe est saint. Cette image est aussi le témoignage des multiples prières qui se sont élevées devant elles, de génération en génération : prières de supplication dans les besoins, prières exprimant la douleur de celui qui est affligé, prières aussi de jubilation et de remerciement de la part de celui qui a obtenu grâces et miséricorde. La dimension apostolique : L’itinéraire du pèlerin reproduit, en un certain sens, celui de Jésus et de ses disciples, qui parcoururent les chemins de la Palestine pour annoncer l’Évangile du Salut. Le pèlerinage est donc une annonce de la foi, et les pèlerins sont des « messagers itinérants du Christ ». Le pèlerin, qui se rend dans un sanctuaire, est en communion de foi et de charité, non seulement avec les personnes qui accomplissent en sa compagnie le « saint voyage » (Ps. 84, 6), mais aussi avec le Seigneur Lui-même ; Il chemine près de lui, tout comme Il marcha avec les disciples d’Emmaüs (cf. Luc 24, 15 - 35). Le pèlerin est aussi en communion avec sa communauté d’origine, et par elle, avec toute l’Église, celle qui demeure dans le Ciel et celle qui chemine encore sur la terre. Il est encore en communion avec les fidèles qui, tout au long des siècles, ont prié dans ce même sanctuaire. Il est en communion avec la nature, qui entoure le sanctuaire, et dont il admire la beauté […]. Enfin, le pèlerin est en communion avec toute l’humanité, dont les souffrances et l’espérance se manifestent de diverses manières dans le sanctuaire, et qui a laissé en ce lieu de multiples signes de ses talents et de son art.

SACRÉE CONGRÉGATION POUR LE CULTE DIVIN ET LA DISCIPLINE DES SACREMENTS.

DIRECTOIRE SUR LA PIÉTÉ POPULAIRE ET LA LITURGIE, N° 286, 17 DÉCEMBRE 2001.

Pour arriver en haut de la montagne de la vraie perfection, suivez le Christ ; il est votre vrai guide. Faites-lui confiance, toujours, même en pleine nuit. Acceptez pour lui ce qui vous coûte mais avancez sans vous tendre, sans vous crisper, en bon montagnards. Et n’oubliez pas que pour faire une ascension, on ne se charge pas de bagages inutiles. Votre bâton, ce sera la Croix du Christ.

SAINT JEAN DE LA CROIX

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Alors que le chef est en tête pour ouvrir la route, le conseiller religieux est en queue pour relever, remettre sur le chemin, aider, écouter, animer, pardonner. Il attend tout en marchant et restant solidaire avec le clan ; il attend celui qui ne peut, pour un temps, marcher seul, celui qui a besoin de revivre la route d’Emmaüs, ou de connaître le chemin du prodigue, celui qui faiblit ou celui qui quête, comme sur le trajet de Jéricho, la miséricorde de Jésus. […] Alors le soir, quand tout est calme et que tous dorment, il peut dire avec Marie : « Le Seigneur fit pour moi de grandes choses ». Dieu, seul, agit. Nous ne sommes que des ouvriers inutiles !

PÈRE LALOUX S.J.

DANS « MAITRISÉS » N° 46-47, JUILLET 1979.

Et peut-être verrons-nous se lever dans le monde un nouveau type de sainteté, la sainteté routière. Chaque temps a ses saints. Au nôtre semblent convenir le héros de l’apostolat, les martyrs du devoir d’état. Et aussi les saints de la route. Des saints libres, joyeux, aimables ; néanmoins terriblement réglés et mortifiés. Des saints humoristes, fantaisistes, chantants ; néanmoins maîtres d’eux-mêmes et tendus vers la gravité de l’existence. Des saints dont le grand mérite sera d’accepter la volonté de Dieu simplement et gaiement comme ils ont accepté la route et sa discipline.

JOSEPH FOLLIET.

LA SPIRITUALITÉ DE LA ROUTE (1938).

Prie bien, ma chère petite, pour le succès du pèlerinage de Chartres dont je vais faire partie et qui groupera de nombreux pèlerins de notre belle France aux pieds de la très Sainte Vierge, afin d’obtenir les grâces dont notre Patrie a tant besoin pour se montrer digne de son passé. (…)

LOUIS MARTIN, PÈRE DE SAINTE THÉRÈSE DE L’ENFANT JÉSUS

EXTRAIT D’UNE LETTRE À SA FILLE PAULINE, 1872

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Présentation du saint sacrifice de la Messe

Perpétuellement les hommes ont besoin du sang du Rédempteur pour détruire les péchés qui offensent la justice divine. Le sacrifice de l’autel est comme l’instrument suprême par lequel les mérites de la Croix sont distribués aux fidèles.

PIE XII ENCYCLIQUE MEDIATOR DEI

Dieu tout-puissant et éternel, j’approche du sacrement de votre Fils unique. Notre- Seigneur Jésus-Christ, comme un malade auprès du médecin qui doit lui donner la vie ; je cours à la source de la miséricorde ; aveugle, je viens à la lumière de l’éternité ; pauvre et manquant de tout, je me présente au souverain Seigneur du ciel et de la terre. Je prie votre immense largesse de guérir mes infirmités, de purifier mes souillures, d’illuminer mes ténèbres, d’enrichir ma misère, de vêtir ma nudité. Très doux Seigneur, accordez-moi de recevoir le corps de votre Fils unique, né de la Vierge, avec une telle ferveur que je puisse Lui être intimement uni et compté parmi les membres de son corps mystique.

SAINT THOMAS D’AQUIN

L’effet principal de l’Eucharistie consiste à provoquer dans l’âme des actes fervents d’amour envers le Christ ; et, comme la propriété de l’amour est de transformer celui qui aime en son bien-aimé, l’Eucharistie, sacrement par excellence de notre amitié avec le Christ, nous transforme en Lui. Le Christ vient en chacun de nous avec son amour personnel, efficace, créateur et rédempteur. Par l’Eucharistie-sacrement, descendent sur les fidèles toutes les grâces de l’incarnation rédemptrice. Par 1’Eucharistie-sacrifice, monte vers la Très Sainte Trinité tout le culte de l’Eglise militante. Sans l’Eucharistie, l’Église de la terre serait sans Christ.

PÈRE PHILIPON

LES SACREMENTS DANS LA VIE CHRÉTIENNE

Allez donc à la communion, mes enfants, allez à Jésus avec amour et confiance ! Allez vivre de lui, afin de vivre pour lui. Ne dites pas que vous avez trop à faire. Le Divin Sauveur n’a-t-il pas dit : « venez à moi, vous qui travaillez et qui n’en pouvez plus ; venez à moi et je vous soulagerai » ? Pourriez-vous résister à une invitation si pleine de tendresse et d’amitié ?

SAINT CURÉ D’ARS

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Il faudrait toujours employer au moins un quart d’heure pour se préparer à bien entendre la messe. Il faudrait s’anéantir devant le bon Dieu, à l’exemple de son profond anéantissement dans le sacrement de l’Eucharistie, faire son examen de conscience ; car pour bien assister à la messe, il faut être en état de grâce.

SAINT CURÉ D’ARS

Ne dites pas que vous êtes pécheurs, que vous avez trop de misères et que c’est pour celui que vous n’osez pas en approcher. J’aimerais autant vous entendre dire que vous êtes trop malades, et que c’est pour cela que vous ne voulez point essayer de remède, que vous ne voulez point appeler le médecin (...) Quand nous recevons la Sainte Communion, nous percevons notre joie et notre bonheur. Si l’on pouvait comprendre tous les biens renfermés dans la Sainte Communion, il n’en faudrait pas d’avantage pour contenter le cœur de l’homme. L’avare ne courrait plus après ses trésors, l’ambitieux après sa gloire ; chacun quitterait la terre, en secouerait la poussière et s’envolerait vers les Cieux.

SAINT CURÉ D’ARS

Toutes les bonnes œuvres réunies n’équivalent pas au saint sacrifice de la messe, parce qu’elles sont les œuvres des hommes, et la messe est l’œuvre de Dieu. (…) Le martyre n’est rien en comparaison de la messe : c’est le sacrifice que l’homme fait à Dieu de sa vie ; la messe est le sacrifice que Dieu fait à l’homme de son corps et de son sang. (…) Oh ! Si l’on avait la foi, si l’on comprenait le prix du saint sacrifice, on aurait bien plus de zèle à y assister !

SAINT JEAN-MARIE VIANNEY

Parce que les rites sont chargés d’une signification précise et profonde, un changement de rite peut déclencher une guerre, un schisme ou une hérésie. (…) Le rite est une pensée en acte. Il est la pensée humaine incarnée dans un geste capable d’une intense force d’expression comme la plus exquise délicatesse mentale.

UN MOINE BÉNÉDICTIN

LA SAINTE LITURGIE

Qu’est-ce que la culture chrétienne ? Essentiellement la messe. Je n’affirme pas là mon opinion, ni l’opinion ou la théorie ou le vœu de l’un ou de l’autre, j’indique le pivot de deux mille ans d’histoire.

JOHN SENIOR

LA RESTAURATION DE LA CULTURE CHRÉTIENNE

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Ne t’éloigne pas de l’autel du sacrifice eucharistique sans ressentir douleur et amour pour Jésus-Christ, car c’est pour ton salut éternel qu’il a été crucifié. La Vierge des Douleurs te tiendra compagnie et inspirera ton oraison.

SAINT PADRE PIO

Chaque matin à la messe, centre de vos journées et de votre vie, mettez Jésus sur l’autel du cœur blessé de Marie, Mère de l’Église. Assistez à la messe près d’elle, avec elle, au pied de la Croix, comme saint Jean et sainte Madeleine.

(… ) Je vous disais déjà à propos de la communion, que votre cœur est un ciel pour Jésus, mais il l’est d’autant plus que Jésus y trouve Marie. C’est son Cœur qui vous révèlera les secrets intimes du Cœur de Jésus, de même que c’est le Cœur de Jésus qui vous révèlera le Cœur de Marie.

PÈRE D’ELBÉE

CROIRE À L’AMOUR

Le sacrifice eucharistique consiste essentiellement dans l’immolation non sanglante de la victime divine, immolation qui est mystiquement indiquée par la séparation des saintes espèces et par leur oblation faite au Père éternel. (…) Toutes les fois que le prêtre renouvelle ce que le divin Rédempteur accomplit à la dernière Cène, le sacrifice est vraiment consommé, et ce sacrifice, partout et toujours, d’une façon nécessaire et par nature, a un rôle public et social, puisque celui qui l’immole agit au nom du Christ et des chrétiens dont le divin Rédempteur est le chef, l’offre à Dieu pour la Sainte Eglise catholique, pour les vivants et les défunts.

PIE XII

ENCYCLIQUE MEDIATOR DEI

Le Sacrifice qui s’accomplit à la Messe, et celui qui fut offert sur la Croix ne sont et ne doivent être qu’un seul et même sacrifice, comme il n’y a qu’une seule et même Victime, Notre Seigneur Jésus-Christ qui s’est immolé une fois sur la Croix d’une manière sanglante. Car il n’y a pas deux hosties, l’une sanglante et l’autre non sanglante, il n’y en a qu’une, il n’y a qu’une seule et même Victime dont l’immolation se renouvelle tous les jours dans l’Eucharistie depuis que le Seigneur a porté ce commandement : « Faites ceci en mémoire de Moi ».

CATÉCHISME DU CONCILE DE TRENTE

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Ce Sacrifice est accompagné de cérémonies imposantes et majestueuses. Et non seulement il n’en est aucune qui puisse être regardée comme inutile et superflue, mais encore elles ont toutes pour but de faire briller davantage la majesté d’un si grand Sacrifice, et de porter les fidèles par ces signes salutaires et mystérieux qui frappent la vue, à la contemplation des choses divines voilées dans le Sacrifice.

CATÉCHISME DU CONCILE DE TRENTE

CHAP. 20, 9

La messe est le sacrifice du Calvaire, augmenté pourrions-nous dire, illustré, étendu à l’Eglise. A nous il appartient de porter l’immolation ; une communion ne doit pas être seulement un mouvement d’union avec le Christ mais aussi une immolation. Puisque nous nous unissons au Christ immolé, l’union avec Lui comporte nécessairement, pour nous, la participation à son immolation, à sa souffrance, à son sacrifice et même à sa mort.

PÈRE MARIE-EUGÈNE DE L’ENFANT JÉSUS

LA MESSE

L’Eglise, qui groupe en son sein toutes les nations, qui est destinée à vivre jusqu’à la consommation des siècles (…) a besoin de par sa nature même d’une langue universelle, définitivement fixée, qui ne soit pas une langue vulgaire.

PIE XI

EPIST. AP. OFFICIORUM, 1ER AOÛT 1922

Certes, je ne suis pas latiniste, mais j’aime m’adresser à Dieu dans la langue de l’Eglise, pas celle que j’emploie dans la rue ou même pour parler aux personnes que j’aime. Je chante Dieu en des termes que notre piété nous réserve, notre Latin. Pourquoi ne nous comprendrions-nous pas ? Les musiciens français disent bien « minuetto, andantino » et mieux encore. Ce ne sont pas pour autant des « attardés ».

ABBÉ VINCENT SERRALDA

RETROUVONS LA MESSE DES SAINTS

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

L’Église, transmet la Grâce

La plénitude de grâce qui est toute réunie dans le Christ, comme dans la Tête, se répand diversement dans les membres pour que le corps de l’Église soit parfait.

SAINT THOMAS

SOMME THÉOLOGIQUE IIA IIAE, Q. 183

Au cours du temps, le Seigneur Jésus forme son Eglise par les sacrements qui émanent de sa plénitude. C’est par eux qu’elle rend ses membres participants au mystère de la mort et de la résurrection du Christ, dans la grâce du Saint-Esprit qui lui donne vie et action. Elle est donc sainte, tout en comprenant en son sein des pécheurs, parce qu’elle n’a elle-même d’autre vie que celle de la grâce : c’est en vivant de sa vie que ses membres se sanctifient ; c’est en se soustrayant à sa vie qu’ils tombent dans les péchés et les désordres qui empêchent le rayonnement de sa sainteté. C’est pourquoi elle souffre et fait pénitence pour ces fautes, dont elle a le pouvoir de guérir ses enfants par le sang du Christ et le don de l’Esprit-Saint.

PAUL VI

PROFESSION DE FOI - LE 30 JUIN 1968

Voyez aussi comme Jésus-Christ inspire à Pierre une haute idée de sa personne, il promet de lui donner ce qui n’appartient qu’à Dieu seul, c’est-à-dire le pouvoir de remettre les péchés et de rendre l’Église immuable au milieu de toutes les tempêtes, des persécutions et des souffrances.

SAINT JEAN CHRYSOSTOME

HOMÉLIE 54

Quoique le Seigneur paraisse donner exclusivement à Pierre ce pouvoir de lier et de délier, il l’accorde également aux autres Apôtres (Mt 18, 18) et maintenant encore à toute l’Église dans la personne des évêques et des prêtres; mais Pierre a reçu d’une manière plus particulière les clefs du royaume des cieux et la primauté du pouvoir judiciaire, afin que tous les fidèles répandus dans l’univers comprennent que du moment où, de quelque manière que ce soit, on se sépare de l’unité de la foi ou de la société de Pierre, on ne peut être délivré des liens du péché, ni voir ouvrir devant soi les portes du royaume du ciel.

RABAN MAUR

E MOINE DU IX SIÈCKE

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

L’Église est sainte parce qu’elle seule possède le culte du Sacrifice suprême et le salutaire usage des sacrements, ces instruments efficaces de la grâce divine par lesquels Dieu nous communique la sainteté. En dehors d’elle, il est impossible d’être vraiment saint.

CATÉCHISME DU CONCILE DE TRENTE

N’est-ce pas une immense assurance que de pouvoir, par notre incorporation à l’Eglise, puiser la grâce et la vie à leurs sources authentiques et officielles. De plus, donnons à ceux qui nous gouvernent, avant tout au Souverain Pontife, vicaire du Christ, cette soumission intérieure, cette révérence filiale, cette obéissance pratique, qui font de nous les vrais enfants de l’Eglise.

DOM MARMION

C’est ici que, comme vous tous, mes Frères, j’ai reçu le bienfait divin par excellence, la grâce du baptême; c’est ici que, comme vous, je suis entré dans la famille de Dieu, en devenant frère de Jésus-Christ, membre de son Église, et en acquérant le titre d’héritier de la vie et de la félicité éternelle : noblesse qui est au-dessus de toute noblesse, fortune qui est au- dessus de toute fortune, espérance qui est au-dessus de toute espérance, gloire qui est au- dessus de toute gloire.

CARDINAL PIE

Qu’est-ce que cette grâce qui nous est donnée au baptême ? Quand le prêtre a fait couler l’eau sur notre front et qu’il a dit : «Je te baptise au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit», la grâce est descendue dans notre âme. Qu’est-elle ? Une chose mystérieuse, aussi mystérieuse que Dieu Lui-même : c’est une participation créée à la vie de Dieu, à la nature de Dieu. Voilà la richesse qui nous a été donnée par Dieu : notre foi en Dieu, notre relation établie avec Dieu par cette réalité qu’est la grâce, participation de la vie de Dieu, qui nous oriente vers Lui.

PÈRE MARIE EUGÈNE DE L’ENFANT-JÉSUS

AU SOUFFLE DE L’ESPRIT - PRIÈRE ET ACTION

MÈRE ET ÉDUCATRICE de tous les peuples, l’Eglise universelle a été instituée par Jésus-Christ pour que tous les hommes au long des siècles trouvent en son sein et dans son amour la plénitude d’une vie plus élevée et la garantie de leur salut.

BIENHEUREUX JEAN XXIII MATER ET MAGISTRA

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Dans son acception la plus générale, l’Eglise désigne la vaste société de tous ceux qui sont appelés au royaume des cieux (...). C’est une seule famille, car ils ont tous un même Père, qui est leur principe et leur fin ; ils sont tous destinés à la même félicité, la vision béatifique ; et ils tendent tous vers ce terme unique de la gloire, par le même moyen, la grâce, qui est semblable en tous. La grâce, en effet, peut être plus ou moins intense, plus ou moins active, mais elle est de la même espèce et du même ordre pour les anges et pour les hommes parce qu’elle est chez tous un épanchement de la même nature divine et les fait participer tous de la même manière à la vie propre et intime de Dieu.

PÈRE EDOUARD HUGON

HORS DE L’EGLISE, POINT DE SALUT ?

(...) Etant l’épouse de Jésus-Christ, elle (l’Eglise) a pour mission d’enfanter les hommes à la Vie Surnaturelle.

JEAN OUSSET

POUR QU’IL RÈGNE (CHAP 3), 1959

Oui, c’est l’heure de la mission ! Dans vos diocèses et dans vos paroisses, dans vos mouvements, associations et communautés, le Christ vous appelle, L’Eglise vous accueille comme maison et école de communion et de prière. Approfondissez l’étude de la Parole de Dieu et laissez-la éclairer votre intelligence et votre cœur ! Puisez votre force dans la grâce sacramentelle de la Pénitence et de l’Eucharistie ! Fréquentez le Seigneur dans ce « cœur à cœur » qu’est l’adoration eucharistique ! Jour après jour, vous recevrez un nouvel élan qui vous permettra de réconforter ceux qui souffrent et de porter la paix au monde.

JEAN-PAUL II

MESSAGE AUX JEUNES DU MONDE, 25 JUILLET 2002

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Le sacrement de pénitence

Notre Seigneur pratique sur la croix le commandement qu’il nous a donné: « Priez pour ceux qui vous persécutent. » (Mt 5.) « Et Jésus disait: Mon Père, pardonnez-leur. » S’il fait cette prière, ce n’est pas qu’il ne pût leur pardonner lui-même, mais il voulait par son exemple autant que par ses paroles, nous enseigner à prier pour nos persécuteurs. Or, il dit pardonnez- leur, mais à la condition qu’ils se repentiront, car Dieu est plein de miséricorde pour les vrais pénitents qui prennent la généreuse résolution d’effacer par la foi les longues iniquités de leur vie.

SAINT JEAN CHRYSOSTOME

Quel exemple plus puissant pour nous exciter à revenir à Dieu, que l’exemple de ce voleur qui obtient si facilement son pardon ? Le Seigneur pardonne promptement, mais la conversion a été prompte aussi; la grâce est plus abondante et s’étend bien plus loin que la prière, car Dieu accorde toujours plus qu’on ne demande, le larron le prie de se souvenir de lui, et Jésus lui répond: « En vérité, je vous le dis, vous serez avec moi dans le paradis », car la vie, c’est d’être avec Jésus-Christ, et là où est Jésus-Christ, là aussi est le royaume.

SAINT AMBROISE

Qui veut cheminer dans l’amour de Dieu et dans sa miséricorde ne peut pas se contenter de se libérer des péchés graves et mortels, mais fait la vérité, en reconnaissant aussi les péchés qui sont considérés comme moins graves … et vient à la lumière en accomplissant des œuvres dignes. Les péchés moins graves aussi, s’ils sont négligés, prolifèrent et produisent la mort.

SAINT AUGUSTIN

SUR L’EVANGILE DE JEAN, 2,13,35

Oh ! Si les pécheurs connaissaient ma miséricorde, il n’en périrait pas un si grand nombre. Parle aux âmes des pécheurs, pour qu’elles ne craignent pas de s’approcher de moi, parle-leur de ma miséricorde.

NOTRE-SEIGNEUR À SAINTE FAUSTINE

PETIT JOURNAL

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Tous les malheurs réunis ne sont rien en comparaison d’un seul péché, car un seul péché nous enlève la vie divine. Pour comprendre l’horreur du péché, prenons conscience de sa réalité. Quel chrétien aurait l’audace d’entrer furtivement dans une église, de violer le tabernacle, d’arracher le ciboire, de jeter à terre et de profaner les saintes Espèces ? Voudrions-nous faire cela, aurions-nous ce triste courage ? – Non. Même le chrétien le plus tiède n’oserait pas commettre ce sacrilège sur le corps de Notre-Seigneur. Or, que faisons- nous par le péché ? – Nous arrachons Dieu de notre cœur, pour livrer celui-ci à l’emprise du démon.

UN CHARTREUX

AMOUR ET SILENCE

Le péché est le bourreau du bon Dieu et l’assassin de l’âme. C’est lui qui nous arrache du ciel pour nous précipiter en enfer. Et nous l’aimons ! ... quelle folie !

SAINT JEAN-MARIE VIANNEY

Oh ! Mon Dieu, que de péchés j’ai commis ! Que de grâces j’ai méprisées ! Que de bien j’aurais pu faire et que je n’ai pas fait !... Bientôt il me faudra paraître devant Vous pour être jugé… peut-être sera-ce aujourd’hui !... Mon Dieu, pardonnez-moi !... Mon Dieu, faites-moi miséricorde !... Ah ! de grâce, ne me perdez pas, ayez pitié de moi… ne me jetez pas en enfer ! Je ferai pénitence, je m’y dévoue pour toute la vie.

SAINT JEAN-MARIE VIANNEY

CITÉ PAR MONSEIGNEUR CONVERT

Nos fautes sont des grains de sable à côté de la grande montagne des miséricordes de Dieu.

SAINT JEAN-MARIE VIANNEY

L’expérience prouve que rien n’est plus propre à réformer les mœurs des personnes corrompues que la confidence réitérée de leurs pensées, de leurs paroles et de leurs actions à un ami sage et fidèle qui peut les aider de ses services et de ses conseils. De même, et pour la même raison, nous devons regarder comme très salutaire à ceux qui sont troublés des remords de leurs fautes, de découvrir les maladies et les plaies de leur âme au prêtre qui tient la place de Notre Seigneur Jésus-Christ et qui est soumis par les liens les plus sacrés au plus inviolable silence.

CATÉCHISME DU CONCILE DE TRENTE

CHAPITRE 23, 2

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Pour redonner la vraie paix à mon âme, l’unique moyen qu’il y a sur la terre c’est la confession, car c’est Jésus qui m’attend avec son cœur immense.

SAINTE JEANNE BERETTA MOLLA

La confession n’a pas seulement pour effet de purifier l’âme de ses souillures ; elle lui procure en outre la force nécessaire pour ne pas retomber. (…) Quant à l’examen, pour qui fréquente les Sacrements, il n’est pas nécessaire de se rompre la tête à rechercher tous les détails des fautes vénielles. Je voudrais plutôt qu’on s’appliquât à découvrir les causes et les racines de ses attaches et de ses négligences. (…) Quand vous voulez recevoir l’absolution, voici ce que vous avez à faire : en vous préparant à la confession, commencez par demander à Jésus-Christ et à Marie affligée une vraie douleur de vos péchés ; ensuite, faites brièvement votre examen, et pour la contrition, il suffit que vous fassiez un acte tel que celui-ci : Mon Dieu ! Je vous aime par-dessus toutes choses ; j’espère, par les mérites du sang de Jésus-Christ, le pardon de tous mes péchés, dont je me repens de tout mon cœur, parce qu’ils vous ont offensé, vous qui êtes une bonté infinie ; je les abhorre plus que tous les maux, et j’unis l’horreur que j’en ai à celle qu’en a eue mon Jésus au jardin de Gethsémani. Je forme le bon propos de ne plus vous offenser, moyennant votre grâce.

SAINT ALPHONSE DE LIGUORI

LA VÉRITABLE ÉPOUSE DE JÉSUS CHRIST

Confessez-vous humblement et dévotement tous les huit jours, et toujours s’il se peut quand vous communierez, encore que vous ne sentiez point en votre conscience aucun reproche de péché mortel ; car par la confession vous ne recevrez pas seulement l’absolution des péchés véniels que vous confesserez, mais aussi une grande force pour les éviter à l’avenir, une grande lumière pour les bien discerner, et une grâce abondante pour réparer toute la perte qu’ils vous avaient apportée. Vous pratiquerez la vertu d’humilité, d’obéissance, de simplicité et de charité ; et en cette seule action de confession, vous exercerez plus de vertu qu’en nulle autre. Ayez toujours un vrai déplaisir des péchés que vous confesserez, pour petits qu’ils soient, avec une ferme résolution de vous en corriger à l’avenir. Plusieurs se confessant par coutume des péchés véniels et comme par manière d’agencement (= pour être en règle), sans penser nullement à s’en corriger, en demeurent toute leur vie chargés, et par ce moyen perdent beaucoup de biens et profits spirituels. Si donc vous vous confessez d’avoir menti, quoique sans nuisance, ou d’avoir dit quelque parole déréglée, ou d’avoir trop joué, repentez-vous-en et ayez ferme propos de vous en amender car c’est un abus de se confesser de quelque sorte de péché, soit mortel soit véniel, sans vouloir s’en purger, puisque la confession n’est instituée que pour cela.

SAINT FRANÇOIS DE SALES

INTRODUCTION À LA VIE DÉVOTE ( II, 19 )

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Celui qui n’a pas soin de réparer la petite fente d’un vase verra toute sa liqueur s’en échapper (…) une imperfection suffit pour en attirer une autre.

SAINT JEAN DE LA CROIX

Cheminez simplement dans les voies du Seigneur, ne vous torturez pas l’esprit... Vous devez haïr vos péchés, mais avec une calme assurance, non pas avec une inquiétude lancinante.

SAINT PADRE PIO

VITRAIL – EGLISE SAINT AIGNAN (CHARTRES)

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

L’Eglise, corps mystique du Christ

C’est pour cela que le Christ l’a établie, après l’avoir acquise au prix de son sang, pour cela qu’il lui a confié sa doctrine et les préceptes de sa loi, lui prodiguant en même temps les trésors de la grâce divine pour la sanctification et le salut des hommes. Vous voyez donc, Vénérables Frères, quelle œuvre nous est confiée à Nous et à vous. Il s’agit de ramener les sociétés humaines, égarées loin de la sagesse du Christ, à l’obéissance de l’Eglise; l’Eglise, à son tour, les soumettra au Christ, et le Christ à Dieu. Que s’il Nous est donné, par la grâce divine, d’accomplir cette œuvre, Nous aurons la joie de voir l’iniquité faire place à la justice.

SAINT PIE X

ENCYCLIQUE E SUPREMI 4 OCTOBRE 1903

C’est maintenant, à propos du côté du Christ transpercé, qu’elle est fondée, maintenant qu’elle est formée, maintenant qu’elle est figurée, maintenant qu’elle est créée... C’est maintenant que la demeure spirituelle s’élève pour un sacerdoce saint.

SAINT AMBROISE

IN LUC. II, 87

Comme la tête influe sur les membres et la vigne sur les rejetons, le Christ communique aux justes la vertu qui précède toujours leurs bonnes œuvres, les accompagne et les suit, et sans laquelle ces actes ne pourraient être ni agréables à Dieu ni méritoires.

PÈRE EDOUARD HUGON

HORS DE L’EGLISE POINT DE SALUT ?

Le Chef et les membres, dit-il, ne forment ensemble qu’une seule personne mystique; et c’est pourquoi la satisfaction du Christ appartient à tous les fidèles comme aux membres de Jésus-Christ.

SAINT THOMAS

SOMME THÉOLOGIQUE, III, Q. 48

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

L’Eglise, dans sa constitution, peut être comparée à un corps ; il Nous reste à expliquer en détail pourquoi il faut l’appeler, non pas un corps quelconque, mais le Corps de Jésus- Christ. Et ceci se conclut de ce que Notre-Seigneur est le Fondateur, la Tête, le Soutien, le Sauveur de ce Corps mystique. (…)

Toutefois, il ne faut pas penser que le Christ étant la Tête, occupant une place si élevée, ne requiert pas l’aide de son Corps. Car il faut affirmer du Corps mystique ce que saint Paul affirme du corps humain : « La tête ne peut dire aux pieds : je n’ai pas besoin de vous » (1Co 12,21). Il est tout à fait évident que les fidèles ont absolument besoin de l’aide du divin Rédempteur, puisque lui-même a dit : « Sans moi vous ne pouvez rien faire » (Jn 15,5) et que selon la doctrine de l’Apôtre tout l’accroissement de ce Corps mystique pour son édification dérive de sa Tête, le Christ (cf. Eph. Ep 4,16 Col 2,19). Il faut pourtant maintenir, bien que cela paraisse vraiment étonnant, que le Christ requiert le secours de ses membres. Tout d’abord, parce que le Souverain Pontife tient la place de Jésus-Christ, et il doit, pour ne pas être écrasé par la charge de son devoir pastoral, appeler un bon nombre de fidèles à prendre une part de ses soucis et être chaque jour soutenu par la prière secourable de toute l’Eglise. De plus, comme le Sauveur dirige invisiblement l’Eglise par lui-même, il veut recevoir l’aide des membres de son Corps mystique pour accomplir l’œuvre de la Rédemption. Cela ne provient pourtant pas de son indigence et de sa faiblesse mais plutôt de ce que lui-même a pris cette disposition pour le plus grand honneur de son Epouse sans tache. Tandis qu’en mourant sur la croix il a communiqué à son Eglise, sans aucune collaboration de sa part, le trésor sans limite de sa Rédemption, quand il s’agit de distribuer ce trésor, non seulement il partage avec son Epouse immaculée l’œuvre de la sanctification des âmes, mais il veut encore que celle-ci naisse pour ainsi dire de son travail. Mystère redoutable, certes, et qu’on ne méditera jamais assez : le salut d’un grand nombre d’âmes dépend des prières et des mortifications volontaires, supportées à cette fin, des membres du Corps mystique de Jésus-Christ et du travail de collaboration que les pasteurs et les fidèles, spécialement les pères et mères de famille, doivent apporter à notre divin Sauveur. (…) Comme le Fils du Père éternel est descendu du ciel pour le salut éternel de nous tous, ainsi il a fondé ce Corps qu’est l’Eglise et il l’a enrichi de l’Esprit divin pour donner aux âmes immortelles le moyen d’atteindre leur bonheur, selon ces mots de l’Apôtre : « Tout est à vous, mais vous, vous êtes au Christ, et le Christ est à Dieu » (1 Co 3,23). Car si l’Eglise est ordonnée au bien des fidèles, elle est destinée aussi à la gloire de Dieu et de Celui qu’il a envoyé, Jésus-Christ.

PIE XII

L’EGLISE, ORPS MYSTIQUE DU CHRIST, 1943

La mission dite juridique de l’Eglise, son pouvoir d’enseigner, de gouverner et d’administrer les sacrements, n’ont de vigueur et d’efficacité surnaturelle pour édifier le Corps du Christ que parce que le Christ sur la croix a ouvert à son Eglise la source des dons divins, grâce auxquels elle peut enseigner aux hommes une doctrine infaillible, les diriger utilement par des pasteurs éclairés de Dieu et les inonder de la pluie de ses grâces surnaturelles.

PIE XII

L’ÉGLISE, CORPS MYSTIQUE DU CHRIST, 1943

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Dans cette doctrine du Corps mystique la théologie se révèle vraiment une science de vie et de sainteté, qui met à la portée de toutes les âmes la plus pure substance de l’Évangile et des Épîtres apostoliques. Nulle part n’apparaît avec plus de relief le rôle de Médiateur qui revient au Christ, Roi, Prêtre et Docteur de vérité. Comme Roi, Jésus régit notre activité, dirige nos pas vers Dieu, suprême béatitude ; car la fonction propre de la royauté c’est de diriger par les sentiers du bien, au terme où ils tendent, tous les membres d’une société. Docteur infaillible de la vérité surnaturelle, le Christ nourrit nos intelligences du pain de la divine parole. Prêtre éternel enfin, Jésus nous communique cette vie divine qu’il nous a acquise par le sacrifice du Calvaire, et qu’il nous transmet chaque jour, à l’autel, par l’admirable sacrement de la Passion.

FR. RÉGINALD GARRIGOU-LAGRANGE, O. P.

De même que Dieu, afin de répandre et de conserver dans le monde la foi au vrai Dieu et l’espérance du Messie, avait choisi les descendants d’Abraham pour former un peuple avec lequel il fit alliance et auquel il ne cessa de se révéler, ainsi Notre-Seigneur Jésus-Christ fonda l’Eglise, pour conserver et répandre dans le monde la doctrine qu’il avait prêchée aux hommes et leur communiquer les mérites de sa passion, par les moyens de salut qu’il a institués

ABBÉ GUILLAUME FERBERCK

JÉSUS-CHRIST ET SON EGLISE, 1913

De Jésus-Christ et de l’Église, il m’est avis que c’est tout un, et qu’il n’en faut pas faire difficulté.

SAINTE JEANNE D’ARC

PROCÈS DE STE JEANNE D’ARC, 1431

Là où sont les Trois le Père, le Fils et l’Esprit Saint, là se trouve l’Eglise, qui est le corps des trois.

TERTULLIEN

DE BAPTISMO,6

L’Eglise, c’est l’assemblée des enfants de Dieu… c’est Jésus-Christ, mais Jésus-Christ répandu et communiqué.

BOSSUET

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C’est quand la nuit nous enveloppe que nous devons penser à l’aube qui poindra, que nous devons croire que l’Église chaque matin renaît par ses saints. « Qui l’a une fois compris – disait Bernanos – est entré au cœur de la Foi catholique, a senti tressaillir dans sa chair mortelle (…) une espérance surhumaine » (Jeanne, relapse et sainte)

JEAN-PAUL II

SERMON DE LA MESSE DU DIMANCHE 22 SEPTEMBRE 1996, REIMS

Il faut se servir de la vie des saints «y a-t-il rien de si utile et de si beau ? C’est l’Évangile mis en œuvre ».

SAINT FRANÇOIS DE SALES

Dans le magnifique dogme de la Communion des Saints, ne doutez jamais que vous êtes en réalité apôtres, si vous aimez, rien que parce que vous aimez. Jésus peut vous le cacher pour augmenter le mérite de votre foi, mais n’en doutez jamais. Remerciez-le tous les jours pour les âmes que vous sauvez, sans le savoir, par vos actes d’amour.

PÈRE D’ELBÉE

CROIRE À L’AMOUR

N’est-ce pas une immense assurance que de pouvoir, par notre incorporation à l’Eglise, puiser la grâce et la vie à leurs sources authentiques et officielles. De plus, donnons à ceux qui nous gouvernent, avant tout au Souverain Pontife, vicaire du Christ, cette soumission intérieure, cette révérence filiale, cette obéissance pratique, qui font de nous les vrais enfants de l’Eglise.

DOM MARMION

LE CHRIST, VIE DE L’ÂME

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L’Eglise enseignante

Allez, enseignez toutes les nations les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint- Esprit ; leur apprenant à garder tout ce que je vous ai commandé : et voici que je suis avec vous tous les jours jusqu’à la consommation des siècles.

EVANGILE SELON SAINT MATTHIEU XXVIII, 19

Doivent être crus, de foi divine et catholique, toutes les choses qui sont contenues dans la parole de Dieu, soit écrites soit transmises par tradition, et que l’Église, soit par un jugement solennel, soit par le magistère ordinaire et universel, propose comme étant divinement révélé.

CONCILE DE VATICAN I

CONSTITUTION DOGMATIQUE DEI FILIUS , 26 AVRIL 1870, CH. 3, INTITULÉ « DE FIDE »

Que devons-nous croire ? Par la Foi divine et Catholique, doit être cru tout ce qui figure dans la Parole de Dieu et dans la Tradition ; et tout ce qui est proposé par l’Eglise, soit par déclaration solennelle, soit par le magistère ordinaire et universel, doit être cru comme divinement révélé.

CONCILE VATICAN I

Le charisme de vérité et de foi à jamais indéfectible, a été accordé par Dieu à Pierre et à ses successeurs en cette chaire afin qu’ils remplissent leur haute charge pour le salut de tous, afin que le troupeau universel du Christ, écarté des nourritures empoisonnées de l’erreur, soit nourri de l’aliment de la doctrine céleste, afin que toute occasion de schisme étant supprimée, l’Eglise soit conservée toute entière dans l’unité et qu’établie sur son fondement, elle tienne ferme contre les portes de l’enfer.

CONCILE VATICAN I

PASTOR ÆTERNUS

Il est nécessaire de s’en tenir avec une adhésion inébranlable à TOUT ce que les pontifes romains ont enseigné ou enseigneront, et, toutes les fois que les circonstances l’exigeront, d’en faire profession publique.

LÉON XIII

ENCYCLIQUE IMMORTALE DEI, NOVEMBRE 1885

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Toutes les fois donc que la parole de ce magistère déclare que telle ou telle vérité fait partie de l’ensemble de la doctrine divinement révélée, chacun doit croire avec certitude que cela est vrai ; car si cela pouvait en quelque manière être faux, il s’ensuivrait, ce qui est évidemment absurde, que Dieu Lui-même serait l’auteur de l’erreur des hommes.

LÉON XIII

ENCYCLIQUE SATIS COGNITUM , 29 JUIN 1896

Le magistère de l’Eglise - lequel, suivant le plan divin, a été établi ici-bas pour que les vérités révélées subsistent PERPÉTUELLEMENT et qu’elles soient transmises facilement et sûrement à la connaissance des hommes - s’exerce CHAQUE JOUR par le pontife romain et par les évêques.

PIE XI

ENCYCLIQUE MORTALIUM ANIMOS, 6 JANVIER 1928

La Foi catholique est d’une nature telle qu’on ne peut rien lui ajouter, rien lui retrancher ; ou on la possède tout entière, ou on ne la possède pas du tout. Telle est la foi catholique : quiconque n’y adhère pas avec fermeté ne pourrait être sauvé.

SYMBOLE DE SAINT ATHANASE

Chaque geste de révérence, chaque génuflexion que vous faites devant le saint sacrement est important, parce qu’il constitue un acte de foi au Christ, un acte d’amour envers le Christ.

JEAN-PAUL II

DISCOURS DU 29 SEPTEMBRE 1979

L’Église, mère des âmes, sait que son apostolat est un apostolat de vérité et que sacrifier même un iota du dépôt de la foi, aux larges courants des erreurs modernes, serait trahir sa mission de sauver le monde.

CARDINAL PACELLI, À LOURDES LE 2 JUIN 1935

DISCOURS ET PANÉGYRIQUE

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Telle est la nature de l’homme qu’elle ne peut facilement s’élever à la méditation des réalités divines sans des secours extérieurs. C’est pourquoi l’Eglise, comme une bonne mère, a institué certains rites dans la Messe – comme de prononcer à la Messe des choses à voix basse et d’autres d’un ton plus haut -, et a introduit des cérémonies comme les bénédictions mystiques, les lumières, les encensements, les ornements et autres choses semblables, suivant l’autorité et la tradition apostolique. Ainsi serait mise en valeur la majesté d’un si grand sacrifice et les esprits des fidèles seraient stimulés par le moyen de ces signes visibles de religion et de piété à la contemplation des réalités invisibles.

CONCILE DE TRENTE

SESSION XXII- CHAP.IV

La fin dernière de l’homme – c’est-à-dire le bonheur auquel il doit tendre - est beaucoup trop élevée pour qu’il puisse la découvrir par les seules lumières de son esprit. Il était donc nécessaire que Dieu lui-même lui en donnât la connaissance. Or cette connaissance n’est autre chose que la Foi, par laquelle et sans hésitation aucune, nous tenons pour certain tout ce que l’autorité de l’Eglise notre mère nous propose comme révélé de Dieu.

CATÉCHISME DU CONCILE DE TRENTE

Les fidèles, qui forment ce qu’on appelle l’Eglise enseignée, doivent écouter l’Eglise enseignante, composée du souverain pontife et des évêques, faire ce qu’elle commande et se soumettre à ses décisions. Mépriser l’Eglise, se serait mépriser Jésus-Christ lui-même, et ce divin Sauveur déclare que quiconque n’écoute pas l’Eglise doit être regardé et condamné comme un païen et un publicain, c’est-à-dire comme un infidèle et un grand pêcheur.

CATÉCHISME DU CONCILE DE TRENTE

En Marie, sa figure et son modèle, l’Eglise retrouve son visage de Mère, elle ne peut dégénérer (...) en parti, en organisation, en groupe de pression au service d’intérêts humains, si nobles soient-ils.

CARDINAL JOSEPH RATZINGER

ENTRETIEN SUR LA FOI, 1985

Nous, nous péchons, mais L’Eglise (...) qui est porteuse de foi, ne pèche pas.

CARDINAL JOSEPH RATZINGER

ENTRETIEN SUR LA FOI, 1985

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C’est Dieu, c’est Jésus-Christ qui a fondé sur la terre et constitué l’Église; et c’est lui qui a divisé l’Église en deux parties, unies mais distinctes, l’Église enseignante et l’Église enseignée. L’Église enseignée est formée des laïques et des simples prêtres, lesquels ne sont, en aucun cas, juges de la foi. L’Église enseignante, par laquelle Dieu enseigne et gouverne les fidèles répandus sur toute la terre, est composée du Pape et des Évêques; et comme c’est Dieu lui-même qui parle par elle, qui, par elle, enseigne, commande, condamne, pardonne, tout ce que l’Église enseignante lie ou délie sur la terre, est en même temps infailliblement lié et délié dans les cieux. En d’autres termes, l’Eglise enseignante est infaillible; elle ne peut se tromper ni nous tromper; elle est immédiatement assistée de Dieu. (…)

Lorsque le Pape enseigne, lorsqu’il déclare à l’Église que telle doctrine est vraie ou fausse, que telle ligne de conduite est bonne ou mauvaise, c’est Jésus-Christ lui-même qui parle par la bouche de son Vicaire; et comme Jésus-Christ est la vérité infaillible, il ne souffre jamais que son Vicaire puisse enseigner l’erreur. Il l’assiste si puissamment, qu’il le maintient dans la vérité, selon la promesse qu’il lui en a faite: « J’ai prié pour toi, afin que ta foi ne puisse défaillir. « N’est-il pas tout simple que, tout homme qu’il est, le Pape, ainsi assisté par Notre Seigneur, ne puisse pas se tromper ?

MGR LOUIS-GASTON DE SÉGUR

LE PAPE EST INFAILLIBLE. OPUSCULE POPULAIRE.

N’y a-t-il aucune distinction entre les membres qui composent l’Eglise ? Entre les membres qui composent l’Eglise, il y a une distinction très importante, car il y a ceux qui commandent et ceux qui obéissent, ceux qui enseignent et ceux qui sont enseignés. Comment s’appelle la partie de l’Eglise qui enseigne ? La partie de l’Eglise qui enseigne s’appelle Eglise enseignante. Et la partie qui est enseignée, comment s’appelle-t-elle ? La partie de l’Eglise qui est enseignée s’appelle Eglise enseignée. Qui a établi cette distinction dans l’Eglise ? Cette distinction dans l’Eglise a été établie par Jésus-Christ lui-même. L’Eglise enseignante et l’Eglise enseignée sont donc deux Eglises distinctes ? L’Eglise enseignante et l’Eglise enseignée sont deux parties distinctes d’une seule et même Eglise, comme dans le corps humain la tête est distincte des autres membres, et cependant forme avec eux un corps unique. De qui se compose l’Eglise enseignante ? L’Eglise enseignante se compose de tous les évêques, soit dispersés dans l’univers, soit réunis en concile, avec, à leur tête, le Pontife romain. Et l’Eglise enseignée de qui est-elle composée ? L’Eglise enseignée est composée de tous les fidèles. Quelles sont donc les personnes qui ont dans l’Eglise le pouvoir d’enseigner ? Ceux qui ont dans l’Eglise le pouvoir d’enseigner sont le pape et les évêques, et, sous leur dépendance, les autres ministres sacrés.

CATÉCHISME DE SAINT PIE X

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

L’Eglise enseignante ne peut pas errer dans l’enseignement des vérités révélées par Dieu. Elle est infaillible, car, selon la promesse de Jésus-Christ, « l’Esprit de vérité » l’assiste continuellement. (Jn.XV, 26).

CATÉCHISME DE SAINT PIE X N°115, 1905

Le Pape ne peut pas errer quand il enseigne, lui seul, les vérités révélées par Dieu; il est infaillible comme l’Eglise, lorsque, comme Pasteur et Maître de tous les chrétiens, il définit les doctrines touchant la foi et les mœurs.

CATÉCHISME DE SAINT PIE X

N°116, 1905

Il vaudrait mieux, pour un voyageur, n’avoir point de guide, que d’en avoir un qui l’égarerait. Aussi l’Église est-elle incapable, ou de nous tromper dans la foi, ou de nous égarer dans la morale. Elle nous enseigne infailliblement tout ce qui est nécessaire au salut, c’est-à- dire ce que nous devons croire et ce que nous devons pratiquer.

PÈRE VINCENT–TOUSSAINT BEURRIER

CITÉ DANS ORATEURS SACRÉS, PAR M. L’ABBÉ MIGNE, T. 66, 1855, PP. 1966-1989

C’est le devoir impérieux et la noble coutume de la sainte Eglise que de rendre surtout hommage à la vérité quand elle est méconnue, de la professer quand elle est menacée.

CARDINAL PIE

ŒUVRES, V, 203, XIXÈME SIÈCLE

La majeure partie des maux du monde provient du manque de connaissance de Dieu et de sa Vérité.

ST PIE X

L’hérésie consiste dans un refus obstiné des vérités qui ont été définies et proposées par l’Église comme doctrines divinement révélées.

CODE DE DROIT CANONIQUE

CANON 1324 - 1325

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Le monde presque tout entier est, à l’heure actuelle, violemment agité et angoissé par des troubles, des controverses, des erreurs et des théories nouvelles, qui semblent donner à notre époque un caractère d’une importance historique exceptionnelle. Même la DOCTRINE et la vie chrétienne sont en péril en de nombreuses parties du monde ; des idées douteuses ou nettement dangereuses, que l’on agitait, il y a quelques années, à mi-voix et seulement dans certains petits cercles avides de nouveautés, sont prêchées maintenant sur les toits et se traduisent ouvertement en action.

PIE XI

INSOMNIA JUBILARIA

“JUGEMENT DERNIER” - TYMPAN DE LA CATHÉDRALE DE CHARTRES

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Nous sommes fils et filles de l’Eglise

Obéissez à vos conducteurs et ayez pour eux de la déférence, car ils veillent sur vos âmes comme devant en rendre compte.

EPÎTRE DE SAINT PAUL AUX HÉBREUX 13.17

On demande en quoi nous devons pratiquer la conformité à la volonté de Dieu ? – Je réponds : en toutes choses. Nous devons d’abord faire ce que Dieu veut, observer avec fidélité ses commandements et ceux de son Église, obéir humblement aux personnes qui ont autorité sur nous, remplir avec exactitude les devoirs de notre état.

PÈRE SAINT-JURE ET BX P. DE LA COLOMBIÈRE

LA DIVINE PROVIDENCE

Tout travail évangélisateur naît d’un triple amour : pour la Parole de Dieu, pour l’Eglise, et pour le monde. Ainsi faut-il faciliter l’accès de tous les fidèles à la Sainte Ecriture, afin que, plaçant la Parole de Dieu au centre de leur vie, ils accueillent le Christ comme Rédempteur, et que sa lumière éclaire tous les milieux de l’humanité. Etant donné que la Parole de Dieu ne peut se comprendre si on la sépare de l’Eglise et si on la met en marge, il est nécessaire de promouvoir l’esprit de communion et de fidélité au magistère, surtout chez tous ceux qui ont la mission de transmettre intégralement le message de l’Evangile. L’évangélisateur doit être un fils fidèle de l’Eglise et, en outre, il doit être rempli d’amour pour les hommes, pour savoir leur offrir la grande espérance que nous portons dans notre âme.

BENOÎT XVI

6 AVRIL 2009

Aimons le Seigneur, notre Dieu, aimons son Eglise, lui comme notre Père, elle comme notre Mère. Que vous sert de confesser le Seigneur, de le prêcher, de reconnaître son Fils, de le proclamer assis à la droite du Père, si vous blasphémez son Eglise ?... Si vous étiez au service d’un patron et que vous eussiez imputé un crime à son épouse, oseriez-vous entrer dans sa maison ? Ayez donc, mes bien-aimés, ayez tous unanimement Dieu pour Père et l’Eglise pour Mère.

PÈRE EDOUARD HUGON

HORS DE L’EGLISE, POINT DE SALUT ?

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Il ne peut avoir Dieu pour Père, celui qui n’a pas l’Eglise pour Mère.

SAINT CYPRIEN

Ne mettant aucune réserve dans votre amour filial pour l’Eglise, l’Eglise ne mettra aucune réserve dans son amour maternel pour vous.

ABBÉ VICTOR-ALAIN BERTO

CORRESPONDENCE, 1951

On ne devient fils de Dieu qu’en devenant fils de l’Eglise.

DOM DELATTE

CONTEMPLER L’INVISIBLE, 1889

L’Eglise ne se soutient que par la sainteté de ses enfants : un saint Dominique et un saint François du temps du Pape Innocent III supportaient sur leurs épaules la Basilique de Latran. Voyez ce qu’a fait pour l’Eglise un Saint Benoît (...). Vous n’avez pas cette force là sans doute mais songez-y, c’est toujours par des actes intérieurs que se remportent les victoires de Dieu. (...) Nous sommes de l’Eglise, nous appartenons (...) à cette famille immense. Ce n’est qu’en vertu de cette appartenance à l’Eglise et, par elle à Jésus-Christ, que nous entrons avec Jésus- Christ dans la famille incréée de la Sainte Trinité. Nous avons notre place et notre part d’action dans ce Corps immense et nous n’avons point le droit de nous en désintéresser. (…) Jusqu’alors (avant l’Incarnation et la Rédemption), en effet, les enfants de Dieu étaient semés par le monde sans aucun lien qui les groupât entre eux, mais maintenant, ils vont se trouver réunis dans le sein de leur Mère, c’est à dire de cette société parfaite qui s’appelle l’Eglise. (...) Nous devons toujours et en toute chose (...) revendiquer hautement les droits de notre Mère. (...). Le principe universel de solution est toujours celui-ci : ce droit appartient au Seigneur, donc il appartient à l’Eglise son épouse.

DOM DELATTE

CONTEMPLER L’INVISIBLE, 1889

Personne ne peut être en société avec Dieu, s’il ne s’unit auparavant à la société de l’Église.

VÉNÉRABLE BÈDE

EVANG., VIIE SIÈCLE

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Le baptême (...) nous fait enfants de Dieu, membres de l’Eglise et héritiers du paradis, et nous rend capables de recevoir les autres sacrements.

ST PIE X

CATÉCHISME DE ST PIE X, 1905

Que signifie le mot Église ? Il désigne le peuple que Dieu convoque et rassemble de tous les confins de la terre, pour constituer l’assemblée de ceux qui, par la foi et par le Baptême, deviennent fils de Dieu, membres du Christ et temple de l’Esprit Saint.

BENOÎT XVI

COMPENDIUM DU CATÉCHISME DE L’EGLISE CATHOLIQUE, NO 147, 2005

Sachez-le, c’est la faiblesse de l’Église qui fait sa force insurmontable contre vous. Oui vraiment, il n’y a pas dans l’histoire du monde un plus grand et un plus consolant spectacle que les embarras de la force aux prises avec la faiblesse. Quand un homme condamné à lutter contre une femme, si cette femme n’est pas la dernière des créatures, elle peut le braver impunément. Elle lui dit: frappez, mais vous vous déshonorerez, vous ne me vaincrez pas. Eh bien ! L’Église n’est pas une femme, elle est bien plus qu’une femme, c’est une mère.

MONTALEMBERT

DISCOURS À L’ASSEMBLÉE, CITÉ PAR MGR RICARD, LA MISSION DE LA FRANCE, XIXE SIÈCLE

Souvent Nous nous disons en Nous-mêmes : Non, le bon Dieu n’abandonnera pas un peuple qui ne se lasse pas de donner au monde de si éclatants témoignages de sa fidélité à son Eglise, de son amour filial au Vicaire du céleste Rédempteur.

LÉON XIII

DISCOURS AUX PÉLERINS FRANÇAIS DU 2 MAI 1879

Voilà pourquoi il importe, très chers enfants, pour le bien de votre patrie, comme pour celui de la religion, que vous continuiez à hardiment professer votre foi et votre union avec ce Saint Siège Apostolique ; foi et union qui ont valu jadis à la France le titre glorieux de Fille aînée de l’Eglise. Et ce titre glorieux, vous ne le perdrez jamais, pourvu que vous vous efforciez toujours de disposer des trésors de la grâce, dont le Seigneur vous comble, en faveur de la justice et de la vérité.

LÉON XIII

DISCOURS AUX PÉLERINS FRANÇAIS DU 2 MAI 1879

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Les catholiques doivent se reprendre et s’affirmer comme des fils de lumière, d’autant plus intrépides et prudents qu’ils voient une puissance ténébreuse mettre plus de persistance à ruiner autour d’eux tout ce qu’il y a de bienfaisant et de sacré ; s’imposer au respect de tous par la force invisible de l’unité; prendre avec clairvoyance et courage (...) l’initiative de tous les progrès sociaux; se montrer les défenseurs patients des faibles et des déshérités, se tenir enfin au premier rang parmi ceux qui ont l’intention loyale, à quelque degré que ce soit, de concourir à faire régner partout, contre l’ennemi de tout ordre, les éternels principes de la justice et de la civilisation chrétienne.

LÉON XIII

LETTRE AU CARDINAL LANGÉNIEUX, ARCHEVÊQUE DE REIMS, 6 JANV., 1896

L’AUDIENCE DU MERCREDI - VATICAN

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Une, Sainte, Catholique et Apostolique

Tout le mystère de l’Eglise gît dans l’équation et la convertibilité de ces deux termes : le Christ et l’Eglise. [...] Ce principe éclaire ou plutôt il appelle et exige les grands attributs de la vraie Eglise : pourquoi l’unité, si ce n’est parce que la Vérité est dans l’Eglise, et l’Eglise dans la Vérité ? Pourquoi la sainteté, si ce n’est parce que la Grâce est dans l’Eglise et l’Eglise dans la Grâce ? Pourquoi la catholicité, si ce n’est parce que l’universelle Rédemption se fait par l’Eglise, et que l’Eglise se fait par l’universelle Rédemption ? Pourquoi l’apostolicité, sinon parce que le Christ est dans les Apôtres, et les Apôtres dans le Christ ?

PÈRE HUMBERT CLÉRISSAC

LE MYSTÈRE DE L’EGLISE, 1918

Il est remarquable que des quatre notes, ce soit celle de catholicité qui ait prévalu pour caractériser la vraie Eglise. C’est qu’elle comprend les autres et leur donne, mises ensemble, une singulière force d’attestation. La catholicité implique essentiellement l’unité : elle n’est que l’unité diffuse. Or, l’unité appelle une hiérarchie et une tradition apostoliques, elle entraîne aussi la sainteté, qui n’est que l’unité de la morale avec la doctrine.

PÈRE HUMBERT CLÉRISSAC

LE MYSTÈRE DE L’EGLISE, 1918

Si les quatre notes de l’Eglise suggèrent sa personnalité, c’est qu’elles s’animent pleinement, et n’ont toute leur force et leur portée, qu’entendues dans un sens personnel. Donnez à l’Eglise une conscience et une mémoire : vous entendez aussitôt cette conscience crier son unité, vous la voyez élaborer, et exiger sa sainteté. La mémoire de ses origines apostoliques l’empêchera d’y forfaire ; et puisque le dépôt reçu des apôtres est définitif, ne doit céder la place à aucune économie nouvelle, il est donc aussi universel : l’Eglise se proclame catholique et elle se sait indéfectible.

PÈRE HUMBERT CLÉRISSAC

LE MYSTÈRE DE L’EGLISE, 1918

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Personne ne peut infirmer et mettre en doute que Jésus-Christ, afin d’appliquer à toutes les générations humaines les fruits de sa Rédemption, a édifié ici, sur la terre, sur Pierre, une Église unique qui est une, sainte, catholique et apostolique.

PIE IX

LETTRE «JAM VOS OMNES» À TOUS LES PROTESTANTS ET NON CATHOLIQUES, 1868

On appelle encore la véritable Eglise, Eglise Romaine, parce que les autres caractères de l’unité, de la sainteté, de la catholicité et de l’apostolicité ne se rencontrent que dans l’Eglise qui reconnaît pour chef l’Evêque de Rome, successeur de saint Pierre.

CATÉCHISME SAINT PIE X, 1905

L’EGLISE EST UNE

Cette unité dans la profession d’une même foi, dans la participation aux mêmes sacrements et dans la soumission aux mêmes pasteurs, s’impose indubitablement à tout homme loyal, comme marque de la véritable Eglise.

ABBÉ GUILLAUME FERBERCK

JÉSUS-CHRIST ET SON EGLISE, 1913

L’Eglise n’a pas cessé d’être une. Les hérésies et les schismes ont, hélas ! divisé la société des chrétiens ; l’Eglise, elle, n’a jamais été divisée, d’aucune manière, et ne le sera jamais, même par de nouveaux schismes ou de nouvelles hérésies.

ABBÉ VICTOR-ALAIN BERTO

INTERVENTION AU CONCILE VATICAN II, 1963

Aucune déchirure ne doit briser l’harmonie entre la foi et la vie : l’unité de l’Eglise est blessée non seulement par les chrétiens qui refusent ou déforment la vérité de la foi, mais encore par ceux qui méconnaissent les obligations morales auxquelles l’Evangile les appelle.

JEAN-PAUL II

VERITATIS SPLENDOR (§ 26), 1993

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Car comme le corps est un et a plusieurs membre, et comme tous les membres d’un corps ne forment qu’un seul corps, ainsi en est-il du Christ. Nous avons tous été baptisés dans un seul Esprit pour former un seul corps, soit juifs, soit Grecs, esclaves ou libres, et nous avons tous été abreuvés du même Esprit.

SAINT PAUL

2ÈME EPITRE AUX CORINTHIENS (XII, 12-13), IER SIÈCLE

Bien que 1’Eglise soit répandue par toute la terre, elle conserve avec un soin extrême la foi qui a été prêchée par les apôtres. Elle la prend pour régie de sa foi, qu’elle professe partout de la même manière, comme si tous ceux qui lui appartiennent n’avaient qu’un même esprit, qu’un même cœur, qu’une même parole. Bien que les langues du monde soient différentes, la foi est la même partout. Les Eglises de la Germanie ne croient pas et n’enseignent pas autrement que les Eglises d’Espagne, des Gaules.

SAINT IRÉNÉE, ÉVÊQUE DE LYON 177

Le Pontife romain, comme successeur de Pierre, est le principe perpétuel et visible et le fondement de l’unité qui lie entre eux soit les évêques, soit la multitude des fidèles.

CONCILE VATICAN II, 1964

LUMEN GENTIUM, (§ 23)

Quel étonnant mystère ! Il y a un seul Père de l’univers, un seul Logos de l’univers et aussi un seul Esprit Saint, partout identique ; il y a aussi une seule vierge devenue mère, et j’aime l’appeler l’Église

SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE

LE PÉDAGOGUE (1, 6), IIE SIÈCLE

Ces diverses parties de l’Eglise [Eglise militante, Eglise souffrante, Eglise triomphante] constituent une seule Eglise et un seul corps, parce qu’elles ont le même chef qui est Jésus-Christ, le même esprit qui les anime et les unit, et la même fin qui est la félicité éternelle dont les uns jouissent déjà et que les autres attendent. (...) La véritable Eglise est une, parce que ses fils, à quelque temps et à quelque lieu qu’ils appartiennent, sont unis entre eux dans la même foi, le même culte, la même loi et la participation aux mêmes sacrements, sous un même chef visible, le Pontife Romain.

CATÉCHISME DE SAINT PIE X, 1905

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

La comparaison de l’Église avec le corps jette une lumière sur le lien intime entre l’Église et le Christ. Elle n’est pas seulement rassemblée autour de lui ; elle est unifiée en lui, dans son Corps. Trois aspects de l’Église – Corps du Christ sont plus spécifiquement à relever : l’unité de tous les membres entre eux par leur union au Christ ; le Christ Tête du Corps ; l’Église, Épouse du Christ

CATÉCHISME DE L’EGLISE CATHOLIQUE, § 789, 1992

L’Église est Une de par sa source : « De ce mystère, le modèle suprême et le principe est dans la trinité des personnes l’unité d’un seul Dieu Père, et Fils, en «l’Esprit Saint « (UR 2). L’Église est une de par son Fondateur : « Car le Fils incarné en personne a réconcilié tous les hommes avec Dieu par sa Croix, rétablissant l’unité de tous en un seul Peuple et un seul Corps » (GS 78, §3). L’Église est une de par son « âme « : « L’Esprit Saint qui habite dans les croyants, qui remplit et régit toute l’Église, réalise cette admirable communion des fidèles et les unit tous si intimement dans le Christ, qu’il est le principe de l’Unité de l’Église » (UR 2). Il est donc de l’essence même de l’Église d’être une. Dès l’origine, cette Église une se présente cependant avec une grande diversité qui provient à la fois de la variété des dons de Dieu et de la multiplicité des personnes qui les reçoivent. Dans l’unité du Peuple de Dieu se rassemblent les diversités des peuples et des cultures. Entre les membres de l’Église existe une diversité de dons, de charges, de conditions et de modes de vie ; « au sein de la communion de l’Église il existe légitimement des Églises particulières, jouissant de leurs traditions propres » (LG 13). « La grande richesse de cette diversité ne s’oppose pas à l’unité de l’Église. Cependant, le péché et le poids de ses conséquences menacent sans cesse le don de l’unité. Aussi l’apôtre doit-il exhorter à « garder l’unité de l’Esprit par le lien de la paix » (Ep 4, 3).

CATÉCHISME DE L’EGLISE CATHOLIQUE, § 813 & 814, 1992

Où se trouve le péché, là aussi la multiplicité, là le schisme, là l’hérésie, là le conflit ; mais où se trouve la vertu, là aussi l’unité, là l’union qui faisait que tous les croyants n’avaient qu’un corps et une âme.

ORIGÈNE

HOMÉLIES SUR EZÉCHIEL (9, 1), IIIE SIÈCLE

Dès la descente vers nous du Verbe incarné, toutes les Églises chrétiennes de partout ont tenu et tiennent la grande Église qui est ici [à Rome] pour unique base et fondement parce que, selon les promesses mêmes du Sauveur, les portes de l’enfer n’ont jamais prévalu sur elle.

SAINT MAXIME LE CONFESSEUR

OPUSCULES THÉOLOGIQUES ET POLÉMIQUES, VIIE SIÈCLE

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Aujourd’hui, amène-moi les âmes des hérétiques et des apostats et immerge-les dans l’océan de ma miséricorde ; dans mon amère passion, elles me déchiraient le corps et le cœur, c’est-à-dire mon Eglise. Lorsqu’elles reviennent à l’unité de l’Eglise, mes plaies se cicatrisent, et de cette façon elles me soulageront dans ma passion.

JÉSUS-CHRIST À SAINTE FAUSTINE

NEUVAINE À LA MISÉRICORDE DIVINE (5ÈME JOUR), XXE SIÈCLE

De la doctrine de Notre-Seigneur Jésus-Christ, de cette tunique sans couture, déchirée, lacérée, mise en lambeaux, que serait-il advenu si l’Eglise n’avait défendu et solennellement affirmé au milieu de tant de voix discordantes, l’intégrité surnaturelle qu’elle avait reçue de son Epoux : la Révélation et la Foi ?

DOM DELATTE

CONTEMPLER L’INVISIBLE, 1889

Que tous, ils soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé.»

EVANGILE DE SAINT JEAN (XVII, 21), IER SIÈCLE

Rien n’est plus scandaleux, en effet, que la division entre les chrétiens; tandis que l’union parfaite entre ceux qui ont une même foi, est un sujet d’édification, et un motif de foi pour ceux qui ne croient point. C’est ce que le Sauveur avait dit dès le commencement : « Tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de la charité les uns pour les autres » si la division règne parmi eux, on ne les reconnaîtra plus pour les disciples d’un Maître pacifique ; et si je ne suis point moi-même ami de la paix, ils ne reconnaîtront point que vous m’avez envoyé.

SAINT JEAN CHRYSOSTOME

Malgré les divisions entre chrétiens, l’Eglise du Christ continue d’exister en plénitude dans la seule Eglise catholique.

CARDINAL JOSEPH RATZINGER

DÉCLARATION « DOMINUS IESUS » SEPTEMBRE 2000

L’Eglise est un peuple uni de par l’unité du Père, du Fils et de l’Esprit Saint.

SAINT CYPRIEN

LA PRIÈRE DU SEIGNEUR, 23

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L’EGLISE EST SAINTE

Jésus-Christ ne pouvait enseigner qu’une doctrine sainte et pure et instituer que des moyens de salut capables de sanctifier ceux qui les reçoivent avec de bonnes dispositions. (...) La sainteté qui doit distinguer les membres de l’Eglise et que le Christ donne comme une marque de l’Eglise ne doit point être seulement une sainteté ordinaire, mais se manifester, au moins chez quelques-uns de ses membres, par la pratique des plus éminentes vertus.

ABBÉ GUILLAUME FERBERCK

JÉSUS-CHRIST ET SON EGLISE, 1913

Nous devons nous remettre à dire au Seigneur : «nous, nous péchons, mais l’Eglise qui T’appartient et qui est porteuse de Foi ne pèche pas.»

CARDINAL JOSEPH RATZINGER

ENTRETIEN SUR LA FOI, 1985

Tandis que le Christ saint, innocent, sans tache, venu uniquement pour expier les péchés du peuple, n’a pas connu le péché, l’Église, elle, qui renferme des pécheurs dans son propre sein, est donc à la fois sainte et appelée à se purifier, et poursuit constamment son effort de pénitence et de renouvellement.

CATÉCHISME DE L’EGLISE CATHOLIQUE, § 827, 1992

La sainte Église est image de Dieu, dans la mesure où elle réalise la même union que Lui, des croyants à Dieu.

SAINT MAXIME LE CONFESSEUR

MYSTAGOGIE, VIIE SIÈCLE

[Dans le Credo], après l’article qui traite du Saint-Esprit, on parle immédiatement de l’Eglise catholique pour indiquer que toute la sainteté de cette Eglise dérive de l’Esprit-Saint qui est la source de sainteté.

CATÉCHISME DE SAINT PIE X, 1905

La véritable Eglise est sainte parce que Jésus-Christ, son chef invisible, est saint, que beaucoup de ses membres sont saints, que sa foi, sa loi, ses sacrements sont saints et qu’en dehors d’elle il n’y a pas et il ne peut pas y avoir de véritable sainteté.

CATÉCHISME DE SAINT PIE X, 1905

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Le Christ s’est livré pour l’Eglise afin de la sanctifier en purifiant par le bain d’eau qu’une parole accompagne ; car il voulait se la présenter à lui-même toute resplendissante, sans tache ni ride ni rien de tel, mais sainte et immaculée.

SAINT PAUL

EPH, V, 26-27, IER SIÈCLE

L’Église ne se défend pas, ni ne s’adapte, mais sanctifie

SAINT PIE X

Si l’Eglise n’existe pas, si elle n’est pas la dépositaire authentique et officielle de la vérité, de la grâce et du pardon, si le pouvoir de sanctification ne lui a pas été conféré, que devient la vertu de sanctification des sacrements ? (...) L’Eglise ne se soutient que par la sainteté de ses enfants : un saint Dominique et un saint François du temps du Pape Innocent III supportaient sur leurs épaules la Basilique de Latran. Voyez ce qu’a fait pour l’Eglise notre Père Saint Benoît, ce qu’a fait Dom Guéranger, simplement en écrivant son Année Liturgique. Voyez-vous le poids d’une vie ?

DOM DELATTE

CONTEMPLER L’INVISIBLE, 1889

L’EGLISE EST CATHOLIQUE

Il est évident que le Christ a voulu que son Eglise fût catholique parce qu’il lui a promis de demeurer avec elle, tous les jours, jusqu’à la consommation des siècles, et il a ordonné à ses apôtres d’aller enseigner toutes les nations, de prêcher l’Evangile à toute créature.

ABBÉ GUILLAUME FERBERCK

JÉSUS-CHRIST ET SON EGLISE, 1913

Il dominera d’une mer jusqu’à l’autre, des rivages du fleuve jusqu’aux bornes de l’univers... Tous les rois de la terre l’adoreront ; toutes les nations lui obéiront.

PSAUME 70 (8 ET 11)

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Catholique veut dire littéralement «embrassant la totalité» et signifie qu’elle a un rapport au tout. C’est une expression pour dire que l’Eglise est destinée au monde entier, à toutes les cultures et tous les temps.»

CARDINAL JOSEPH RATZINGER

VOICI QUEL EST NOTRE DIEU, 2000

Là où est le Christ Jésus, là est l’Église Catholique.

SAINT IGNACE D’ANTIOCHE

LETTRE À SMYRNE, 8, 2, IER SIÈCLE

Elle est catholique parce qu’en elle le Christ est présent. [...] Elle est catholique parce qu’elle est envoyée en mission par le Christ à l’universalité du genre humain.

CATÉCHISME DE L’EGLISE CATHOLIQUE § 830-831, 1992

J’appelle la véritable Eglise catholique, ce qui veut dire universelle, parce qu’elle embrasse les fidèles de tous les temps et de tous les lieux, de tout âge et de toute condition, et que tous les hommes du monde sont appelés à en faire partie.

CATÉCHISME DE SAINT PIE X, 1905

[L’Eglise] doit dominer le monde, parce qu’étant l’épouse de Jésus-Christ, elle a pour mission d’enfanter les hommes à la Vie surnaturelle ; que c’est la fin dernière de tout l’univers ; que c’est là ce pour quoi tout a été fait ; qu’il n’est donc rien qui puisse échapper à l’admirable unité de ce plan ; que tout, absolument tout, doit être subordonné à cette raison suprême.

JEAN OUSSET

POUR QU’IL RÈGNE, 1959

On viendra de l’Orient et de l’Occident, de l’Aquilon et du Midi et l’on prendra place dans le Royaume de Dieu.

EVANGILE DE SAINT LUC (XIII, 29), IER SIÈCLE

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Il faut demeurer dans l’Eglise, et l’Eglise est dans Rome, « super hanc petram ». Où serait-elle donc si elle n’était pas sur le Rocher où le Seigneur lui-même a annoncé qu’il la bâtirait toute entière ? Si on ne bâtit pas sur le Rocher, ce n’est pas l’Eglise qu’on bâtit. Quoi de plus clair, et comment comprendre que cette vérité si claire, si simple, si pacifiante, soit devenus inaccessible à tant de gens ?

ABBÉ VICTOR-ALAIN BERTO

CORRESPONDENCE, 1959

Ayant tout de commun avec Lui, riche de Ses biens, dépositaire de la Vérité, l’Eglise catholique, maîtresse des âmes, reine des cœurs, domine le monde parce qu’elle est l’épouse de Jésus-Christ.

SAINT PIE X

DISCOURS POUR LA BÉATIFICATION DE JEANNE D’ARC, 1909

L’EGLISE EST APOSTOLIQUE

Comme mon Père m’a envoyé, ainsi je vous envoie

EVANGILE DE SAINT JEAN (XX, 21), IER SIÈCLE

Allez, enseignez toutes les nations ; baptisez-les, au nom du Père et du Fils et du Saint- Esprit, et apprenez-leur à garder tout ce que je vous ai commandé.

EVANGILE DE SAINT MATHIEU (XXVIII, 19), IER SIÈCLE

L’Eglise doit professer la doctrine des apôtres, car c’est à eux que le Christ a ordonné de prêcher sa doctrine à tous les peuples de la terre. En vertu de ce commandement, les apôtres ont enseigné la doctrine du Sauveur, en défendant, à qui que ce soit, d’y rien changer.

ABBÉ GUILLAUME FERBERCK

JÉSUS-CHRIST ET SON EGLISE, 1913

L’Eglise perpétue dans sa doctrine, sa vie et son culte, et elle transmet à chaque génération, tout ce qu’elle est elle-même, tout ce qu’elle croit. Cette Tradition qui vient des Apôtres se poursuit dans l’Eglise, sous l’assistance du Saint-Esprit

CONCILE VATICAN II,

DEI VERBUM (§ 8), 1965

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Chaque chrétien participe à sa manière propre, unique et irremplaçable à la mission que l’Eglise a reçue du Christ. Chacun d’eux a sa vocation personnelle, et aux différentes vocations correspondent des dons différents.

JEAN-PAUL II

N’AYEZ PAS PEUR, 1982

L’apostolicité renvoie à la liaison horizontale de l’Eglise qui traverse tous les temps. Elle est liée à son origine historique dans le groupe de ces onze hommes choisis par Jésus. Elle n’est pas une quelconque mythologie, ou une idéologie qu’on aurait inventée par la suite : elle est vraiment ancrée dans l’événement historique de Jésus-Christ et surgit toujours à nouveau de cette origine apostolique.

CARDINAL JOSEPH RATZINGER

VOICI QUEL EST NOTRE DIEU, 2000

Parce qu’elle est « convocation « de tous les hommes au salut, l’Église est, par sa nature même, missionnaire envoyée par le Christ à toutes les nations pour en faire des disciples

CATÉCHISME DE L’EGLISE CATHOLIQUE, § 767, 1992

Aussi l’Église, pourvue des dons de son fondateur, et fidèlement appliquée à garder ses préceptes de charité, d’humilité et d’abnégation, reçoit mission d’annoncer le Royaume du Christ et de Dieu et de l’instaurer dans toutes les nations ; elle constitue de ce royaume le germe et le commencement sur terre

CATÉCHISME DE L’EGLISE CATHOLIQUE, § 768, 1992

L’Église est apostolique parce qu’elle est fondée sur les apôtres, et ceci en un triple sens : – elle a été et demeure bâtie sur « le fondement des apôtres » (Ep 2, 20 ; Ap 21, 14), témoins choisis et envoyés en mission par le Christ lui-même (cf. Mt 28, 16-20 ; Ac 1, 8 ; 1 Co 9, 1 ; 15, 7-8 ; Ga 1, 1 ; etc.) ; - elle garde et transmet, avec l’aide de l’Esprit qui habite en elle, l’enseignement (cf. Ac 2, 42), le bon dépôt, les saines paroles entendues des apôtres (cf. 2 Tm 1, 13-14) ; – elle continue à être enseignée, sanctifiée et dirigée par les apôtres jusqu’au retour du Christ grâce à ceux qui leurs succèdent dans leur charge pastorale : le collège des évêques, « assisté par les prêtres, en union avec le successeur de Pierre, pasteur suprême de l’Église » (AG 5)

CATÉCHISME DE L’EGLISE CATHOLIQUE, § 857, 1992

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On appelle encore la véritable Eglise Apostolique, parce qu’elle remonte sans interruption jusqu’aux Apôtres ; et parce qu’elle croit et enseigne tout ce qu’ont cru et enseigné les Apôtres ; et parce qu’elle est dirigée et gouvernée par leurs légitimes successeurs.

SAINT PIE X

CATÉCHISME DE SAINT PIE X, 1905

Dans l’unité de l’Eglise, promouvoir et garder la foi et la vie morale, c’est la tâche confiée par Jésus aux apôtres, tâche qui se poursuit dans le ministère de leurs successeurs.

JEAN-PAUL II

VERITATIS SPLENDOR (§ 27), 1993

BASILIQUE SAINT PAUL HORS LES MURS - ROME

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La beauté de l’Eglise

Le voile du temple se déchira encore pour figurer la division des deux peuples, et la profanation de la synagogue. Le voile ancien se déchire pour laisser l’Eglise déployer et suspendre les voiles nouveaux de la foi chrétienne. Le voile de la synagogue disparaît, pour nous permettre de voir des yeux de notre âme les profonds mystères de la religion.

SAINT AMBROISE

Le Christ s’est livré pour l’Eglise afin de la sanctifier en purifiant par le bain d’eau qu’une parole accompagne ; car il voulait se la présenter à lui-même toute resplendissante, sans tache ni ride ni rien de tel, mais sainte et immaculée.

SAINT PAUL

EPH, V, 26-27, IER SIÈCLE

Et je vis la Cité Sainte, Jérusalem nouvelle, qui descendait du ciel, de chez Dieu ; elle s’est faite belle, comme une jeune mariée pour son époux.

SAINT JEAN

APOCALYPSE, XXI, 2, IER SIÈCLE

Il me transporta donc en esprit sur une montagne de grande hauteur, et me montra la Cité sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel de chez Dieu, avec en elle la gloire de Dieu. Elle resplendit autant qu’une pierre des plus précieuses, comme du jaspe cristallin.

SAINT JEAN

APOCALYPSE, XXI, 10-11, IER SIÈCLE

L’Église a été plantée comme un paradis dans le monde

SAINT IRÉNÉE DE LYON

IIE SIÈCLE

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Louée soit à jamais cette grande Mère majestueuse, aux genoux de qui j’ai tout appris

PAUL CLAUDEL

Levez-donc les yeux, fils bien-aimés, dignes représentants d’une nation qui se glorifie du titre de fille aînée de l’Eglise, et regardez les grands exemples qui vous ont précédés, levez les yeux et admirez ces splendides cathédrales qui demeurent parmi vous un vivant symbole de cette Eglise catholique au sein de laquelle vous avez grandi.

PIE XII

MESSAGE AUX FRANÇAIS POUR LE 5ÈME ANNIVERSAIRE DE LA RÉHABILITATION DE JEANNE D’ARC, 1956 (25 JUIN)

Notre-Seigneur a été jaloux de demeurer éternellement avec nous, et il nous a donné l’Eglise comme il nous a donné l’Eucharistie.

DOM DELATTE

CONTEMPLER L’INVISIBLE, 1889

Il est une chose remarquable, c’est le soin avec lequel le Seigneur a voulu comme calquer la création de l’Eglise sur la création du premier homme. […] Là aussi, le Seigneur commence par prendre un peu de boue, il la façonne, puis il envoie l’Esprit vivifiant. Oui, si nous considérons après la venue de l’Esprit-Saint, les apôtres sont une création surnaturelle absolument incomparable.

DOM DELATTE

CONTEMPLER L’INVISIBLE, 1889

Le Seigneur n’est pas venu simplement apporter au monde une religion, créer des individus qui fussent baptisés ; il est venu créer le surnaturel sur la terre.

DOM DELATTE

CONTEMPLER L’INVISIBLE, 1889

Je ne puis comprendre un chrétien, ayant conscience de ce qu’il est dans l’Eglise, un chrétien à qui tout rappelle la solidarité organique qui l’unit à l’Eglise, je ne puis, dis-je, parvenir à comprendre un chrétien qui se renfermerait sur lui-même, sans avoir au cœur le souci constant de tout ce qui intéresse et concerne la sainte Eglise de Dieu.

DOM DELATTE

CONTEMPLER L’INVISIBLE, 1889

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Mon Seigneur Jésus, Vous êtes «avec nous jusqu’à la consommation des siècles», non seulement dans la Sainte Eucharistie, mais aussi par votre Grâce... Votre grâce est dans l’Eglise, elle est et vit dans toute âme fidèle. [...] Votre grâce agit sans cesse dans l’Eglise pour la rendre plus parfaite.

CHARLES DE FOUCAULD

LETTRES ET CARNETS

En dépit d’imperfections humaines qui ne font que rappeler quel haut pari est son incarnation, l’Eglise ne s’accorde jamais mieux, en définitive, qu’avec la pleine lumière de l’histoire. Cette pleine lumière, les catholiques ne s’emploieront jamais assez à s’offrir à elle et à la faire surgir. N’est-elle par leur vraie demeure ?

JEAN DUMONT

L’EGLISE AU RISQUE DE L’HISTOIRE, 1982

Nous croyons en la force de l’Eglise, puisque nous croyons qu’Elle ne sera jamais vaincue et qu’Elle subsistera jusqu’à la fin des temps.

JEAN OUSSET

POUR QU’IL RÈGNE, 1959

Dans le seul domaine de la charité, je prétends que l’Eglise est incomparable. (...) Voulez-vous me dire quelles sont les autres institutions qui présentent un bilan égal, c’est-à-dire qui, en tous les points du monde, - avec une permanence de vingt siècles consécutifs, avec une formation pénétrant jusqu’au fond de l’âme - ont réalisé ou réalisent, au service de la misère humaine, un labeur égal à celui de l’Eglise ? Cherchez dans l’annuaire des institutions actuelles. Cherchez dans le passé. Cherchez, et vous ne trouverez pas.

MGR RODHAIN

MESSAGE DU SECOURS CATHOLIQUE, 1956

Perle précieuse dans le trésor de l’Eglise. L’Eglise elle-même étant ce trésor caché, dont parle l’Evangile, et qui est le royaume de Dieu. (...) Espérance dans une Eglise puissante et une, qui a suscité tant d’œuvres admirables, toujours opportunes et toujours adaptées aux besoins des temps.

JEAN OUSSET

POUR QU’IL RÈGNE, 1959

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Eglise digne de Dieu, digne d’honneur, digne d’être proclamée bienheureuse, digne de louange, digne de voir ses vœux exaucés, dignement chaste et qui préside à l’universelle assemblée de la charité, qui possède la loi du Christ, qui est ornée du nom du Père, je te salue au nom de Jésus-Christ, Fils du Père.

SAINT IGNACE D’ANTIOCHE

IER SIÈCLE

Ce qui est admirable, incomparable et tout à fait divin, c’est que cette Eglise qui a toujours duré, a toujours été combattue. Mille fois elle a paru à la veille d’une destruction universelle ; et toutes les fois qu’elle a été dans cet état, Dieu l’a relevée par des coups extraordinaires de sa puissance.

PASCAL

XVIIE SIÈCLE

Quoi ! Nous aurons vu vieillir nos mamans de la terre sans jamais nous lasser de contempler ces cheveux blanchis, ces traits défaits, ces mains tremblantes, ce regard qui va s’éteignant, nous aurons pensé mourir de douleur quand le cercueil nous a dérobé l’enveloppe flétrie d’une âme et d’un amour que nous savons pourtant l’un et l’autre immortels, et devant l’Eglise Mère, toujours jeune, toujours belle, toujours glorieuse, toujours féconde, toujours en noces virginales avec l’Epoux ressuscité, nous aurons l’impiété, il faut redire le mot, il n’y en a pas d’autre, l’impiété maudite de lui trouver des laideurs, et de l’inviter à se farder, nous ses fils, elle notre Mère ? Se peut-il rien de plus exécrable ?

ABBÉ VICTOR-ALAIN BERTO

CORRESPONDENCE, 1961

Pour nous, nous souvenant que Dieu n’a pas jugé qu’il fût au-dessous de la dignité de la Sainte Vierge de faire d’elle la figure de l’Eglise, chantons à l’Eglise le « Tota pulchra es » et ne lui demandons que d’être elle-même pour captiver nos cœurs du plus puissant, du plus véhément, du plus exclusif amour.

ABBÉ VICTOR-ALAIN BERTO

CORRESPONDENCE, 1961

L’Église romaine conserve toujours la vraie doctrine de Dieu.

SAINT ATHANASE

LETTRE AU PAPE FÉLIX, IVE SIÈCLE

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Ne te sépare point de l’Église; rien n’est plus fort que l’Église. Ton espérance, c’est l’Église; ton salut, c’est l’Église; ton refuge, c’est l’Église. Elle est plus haute que le ciel et plus large que la terre. Elle ne vieillit jamais mais reste toujours en pleine force.

SAINT JEAN CHRYSOSTOME

HOM. DE CAPTO EUROPIO, N° 16, IVE SIÈCLE

Maintenant, ils voient l’Église et ils disent : Elle va mourir, et bientôt son nom va disparaître; il n’y aura bientôt plus de chrétiens; ils ont fait leur temps. Et pendant qu’ils disent cela, je les vois mourir tous les jours; et cependant l’Église demeure debout, annonçant la puissance de Dieu à toutes les générations qui se succèdent.

SAINT AUGUSTIN

COMMENTAIRE SUR LES PSAUMES (LXX, 12), IVE-VE SIÈCLES

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Saint Esprit, âme de l’Eglise

Comme [l’Eglise] est la seule qui soit gouvernée par le Saint Esprit, elle est aussi la seule qui soit infaillible dans la Foi et dans la règle des mœurs. Au contraire toutes les autres qui usurpent le nom d’églises sont sous la conduite de l’esprit du démon, et tombent nécessairement dans les plus funestes erreurs de doctrine et de morale.

CATÉCHISME DU CONCILE DE TRENTE

L’Eglise, déjà conçue, et qui était sortie, pour ainsi dire, des flancs du nouvel Adam dormant sur la croix, s’est manifestée pour la première fois aux hommes d’une manière éclatante le jour solennel de la Pentecôte

LÉON XIII

En raison de son rôle vivifiant, on dit aussi que le Saint-Esprit est « l’âme de l’Église ». Qui est elle-même appelée «l’Épouse du Christ». Ce sont là autant de comparaisons tendant à nous donner une idée de l’union intime de Dieu, par le Saint-Esprit, avec les créatures humaines bien disposées et appartenant explicitement ou implicitement à l’Eglise Universelle du Christ. En effet, le Saint-Esprit éclaire l’Eglise de telle sorte que celle-ci est infaillible, lorsque ses Chefs religieux parlent et agissent dans le cadre de leur mission. Il la dirige aussi, même dans les tempêtes des siècles. Enfin, Il la sanctifie en ses divers membres fidèles, en y faisant circuler la Grâce et « germer » les âmes saintes.

ABBÉ LUCIEN ARÈNE MANUEL D’INSTRUCTION ET D’EDUCATION RELIGIEUSES

L’Esprit Saint est l’architecte de l’Eglise. Nous, nous dépendons de lui et pour que notre travail soit efficace, il faut qu’il soit fait en collaboration avec l’Esprit Saint. Nous sommes les petits apprentis, nous lui faisons passer les outils, nous plaçons les pierres comme il nous le dit…

P. MARIE-EUGÈNE, INSTITUT ND DE VIE

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Les apôtres ne descendirent pas de la montagne comme Moïse, portant dans leurs mains des tables de pierre ; ils sortirent du Cénacle portant l’Esprit Saint dans leur cœur… ; ils allèrent en effet prêcher dans le monde entier comme s’ils étaient eux-mêmes la loi vivante, comme s’ils étaient des livres animés de la grâce de l’Esprit Saint.

SAINT JEAN CHRYSOSTOME

HOMÉLIES SUR L’EVANGILE DE MATTHIEU

L’Eglise a été construite par l’Esprit Saint.

SAINT AMBROISE

DE SPIRITU SANCTO, II, 110

L’Eglise elle-même parle les langues de tous les peuples. Au début l’Eglise était limitée à un seul peuple, où elle parlait les langues de tous…Celui qui n’est pas dans cette Eglise, encore maintenant, ne reçoit pas l’Esprit Saint. Qui est séparé et est détaché de l’unité des membres - unité qui parle les langues de tous - qu’il se rende compte qu’il ne l’a pas… L’Eglise est le corps du Christ. Dans ce corps, tu es membre : étant membre de ce corps qui parle toutes les langues, toi aussi, sois-en certain, tu parles toutes les langues... Nous aussi donc, nous recevons l’Esprit Saint si nous aimons l’Eglise, si nous sommes compagnons dans la charité, si nous nous réjouissons de posséder le nom de catholique et la foi catholique. Croyez-le, frères, dans la mesure où quelqu’un aime l’Eglise, il a l’Esprit Saint…

SAINT AUGUSTIN

DISCOURS SUR L’EVANGILE DE JEAN, 32,7-8

Comme l’Esprit a sanctifié l’humanité du Christ, ainsi continue-t-il à sanctifier son corps mystique, c’est-à-dire l’Eglise.

SAINT CYRILLE

COMMENTAIRE DE L’EVANGILE DE JEAN, XI, 11

Si par sa mort notre Sauveur est devenu, au sens plein du mot, la Tête de l’Eglise, par son sang également, l’Eglise a été enrichie de la communication surabondante de l’Esprit qui lui fut faite par Dieu après l’élévation du Fils de l’homme sur le gibet de souffrances et sa glorification.

PIE XII

L’ÉGLISE, CORPS MYSTIQUE DU CHRIST, 1943

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Notre union, donc, avec et dans le Christ, vient d’abord de ce que la société chrétienne, de par la volonté de son Fondateur, formant un corps social parfait, il y faut une union de tous les membres qui leur permette de tendre à une même fin. Or, plus noble est la fin à laquelle tend cet accord, plus divine est la source d’où elle procède, plus sublime est aussi l’unité qui en résulte. Et précisément, la fin est ici très haute : c’est la sanctification continuelle des membres de ce Corps, à la gloire de Dieu et de l’Agneau qui a été immolé (Ap 5,12-13). Et la source est très divine : c’est non seulement le bon plaisir du Père éternel et la volonté expresse de notre Sauveur, mais, dans nos intelligences et nos cœurs, l’inspiration intérieure et l’impulsion du Saint-Esprit. Si l’on ne peut faire le moindre acte salutaire que dans l’Esprit saint, comment les multitudes innombrables de toute nation et de toute origine peuvent-elles conspirer d’un même accord pour la gloire suprême du Dieu un et trine, sinon par la force de Celui qui procède du Père et du Fils par un amour unique et éternel ?

PIE XII

L’EGLISE, CORPS MYSTIQUE DU CHRIST,1943

Quand il eut fondé l’Eglise dans son sang, il la consolida le jour de la Pentecôte par une force spéciale venue du ciel. En effet, après avoir solennellement confirmé dans sa mission éminente celui qu’il avait déjà auparavant désigné comme son Vicaire, il était monté aux cieux ; et assis à la droite du Père, il voulut manifester et proclamer officiellement son Epouse par la venue visible de l’Esprit Saint, accompagnée du bruit d’un vent violent et de langues de feu .Comme au début de sa mission d’évangélisation, son Père éternel l’avait manifesté par le moyen du Saint-Esprit descendant sous la forme d’une colombe et se reposant sur lui, de même, au moment où les apôtres allaient commencer leur fonction sacrée de prédication, le Christ Notre-Seigneur leur envoya du ciel son Esprit qui, les touchant sous forme de langues de feu, indiquait, comme du doigt même de Dieu, la mission et la fonction surnaturelles de l’Eglise.

PIE XII L’ÉGLISE, CORPS MYSTIQUE DU CHRIST, 1943

Depuis la Pentecôte, l’Eglise est pleine de saints… C’est lui en effet, le Saint, qui sanctifie, aide et instruit l’Eglise, l’Esprit Saint Paraclet.

SAINT CYRILLE

CATÉCHÈSES, XVI, 14

Tous les saints, tous les anges sont à nous. Nous pouvons nous servir de l’intelligence de St Thomas, du bras de St Michel, du cœur de Jeanne d’Arc et de Catherine de Sienne

PAUL CLAUDEL

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

L’Eglise, dispensatrice des sacrements

La vie quotidienne elle-même d’une famille authentiquement chrétienne constitue la première expérience d’Eglise. (…) Plus les époux et les parents chrétiens grandiront dans la conscience que leur Eglise domestique participe à la vie et à la mission de l’Eglise universelle, plus aussi les enfants pourront être formés au sens de l’Eglise.

JEAN-PAUL II

CHRISTI FIDELES LAICI, 1998

Le baptême nous donne la vie même de Dieu que Jésus-Christ possède par nature et qu’Il nous donne par adoption. Par le baptême, nous devenons les enfants adoptifs de Dieu, comme Jésus-Christ est Fils de Dieu par nature, et nous constituons une unique famille divine dont la vie est la vie même de Dieu, de sorte que, comme le dit Saint Paul, Jésus-Christ est l’aîné d’une multitude de frères ». (…) « Mais si le baptême nous fait vivre ainsi, dans une totale unité de vie, de la vie de Jésus-Christ, il nous fait donc traverser sa mort sur la croix et sa résurrection : c’est l’enseignement de Saint Paul affirmant que par le baptême nous sommes morts et ressuscités avec Lui.

JEAN DAUJAT

CONNAÎTRE LE CHRISTIANISME

Parmi tous les sacrements, le Baptême tient la première place, parce qu’il est la porte de la vie spirituelle. Par lui, nous devenons membres du Christ et de son Corps, l’Eglise.

CONCILE DE FLORENCE (XV°S)

DÉCRET POUR LES ARMÉNIENS.

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Reste toujours étroitement uni à l’Eglise catholique : elle seule peut te donner la paix véritable, parce qu’elle seule possède pleinement la présence sacramentelle du Christ, qui est la source de toute paix.

SAINT PADRE PIO

Servez-vous des trésors de vie accumulés en vous, servez-vous des vertus surnaturelles qui ont été déposées au centre de votre cœur, au jour béni de votre baptême. (...) Dieu donne, Il donne sans réserve, sans se lasser. « Dieu ne donne pas son Esprit avec mesure » (Jn 3,34). Il donne à flots, Il donne toujours, Il se tient à la porte de l’âme ; seulement cette porte à laquelle Dieu ne cesse de frapper, l’âme peut la tenir fermée, obstinément fermée à toutes les sollicitations : elle peut répondre au Seigneur : « Non, je ne veux pas. » Elle peut se draper dans toutes ses habitudes irrégulières, s’envelopper de sa lâcheté, elle peut même dire à Dieu, comme on dirait à un domestique : « Attendez-là dans l’antichambre ; quand j’aurai besoin de vous, je vous ferai appeler. » Et pourtant, c’est pour cette âme baptisée que tout l’ordre surnaturel avait été créé. « Tout est à vous, vous êtes au Christ et le Christ est à Dieu » (1 Co 3,23). Toutes les complaisances de Dieu, toutes les tendresses de Dieu sont pour elle. Les souffrances du Seigneur, les sacrements, la Confirmation, l’Eucharistie, cette présence patiente et séculaire de Notre-Seigneur Jésus- Christ dans son tabernacle, la Pénitence, l’Ordre, tout cet ensemble de richesses et de grâces surnaturelles étaient pour elle. Et tout cela sera vain. Oui, c’est pour cela que le sang du Seigneur a coulé, et c’est en vain… Et il me semble qu’en face de cette âme qui s’oppose obstinément à Dieu, je vois, non seulement Notre-Seigneur Jésus-Christ avec son sang, mais encore l’Église tout entière, les Confesseurs, les Martyrs, les Apôtres, les Docteurs, les Vierges venant heurter à la porte de ce cœur et faire le siège de cette âme pour en vaincre les résistances, et cette âme refuse de se rendre … Ah ! Si nous nous laissions faire ! Si, réprouvant tout ce qui en nous, s’oppose à Dieu, nous retournions à l’homme de notre baptême…

DOM PAUL DELATTE

CONTEMPLER L’INVISIBLE

Or par où sommes-nous capables de Le recevoir ainsi, cet Homme-Dieu ? par le baptême. Car quand j’aurais toute la sainteté des esprits bienheureux, si je n’avais pas le caractère du baptême, je ne pourrais me présenter à la table de Jésus-Christ, ni participer à son sacrement. C’est donc le baptême qui fait en nous la première consécration du temple de Dieu, ou plutôt c’est par le baptême, et par le caractère de chrétien que le baptême nous confère, que nous devenons les temples de Dieu.

BOURDALOUE, S.J. 1632-1704

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Que le Christ est bon, d’avoir laissé les Sacrements à son Eglise ! Ils satisfont tous les besoins. Vénère-les et sois-en reconnaissant au Seigneur et à son Eglise.

SAINT JOSÉ MARIA ESCRIVÀ DE BALAGUER

CHEMIN

Le baptême est le sacrement d’entrée dans la communauté chrétienne, le rite officiel de notre incorporation au Christ et à son Église. Une âme chrétienne n’est jamais seule en face de son Christ. Nous le savons par la Foi, c’est à la race humaine tout entière que Dieu a envoyé son Fils pour rassembler tous les hommes dans l’unité d’un même corps mystique. L’individualisme religieux de la piété moderne a trop méconnu cette portée sociale des grâces du baptême et des autres sacrements. Pourtant, le plus grand bienfait du baptême consiste à nous faire entrer dans l’Église, ce mystérieux achèvement du Christ. Le baptême fait de nous simultanément des enfants de Dieu et de l’Église, des membres vivants unis à tout le corps mystique du Christ. Le chrétien y reçoit Dieu pour Père, l’Église comme Mère et tous les hommes comme frères en Jésus-Christ.

PÈRE PHILIPON

«LES SACREMENTS DANS LA VIE CHRÉTIENNE»

Qu’entend-on par le mot sacrement ? Par le mot sacrement on entend un signe sensible et efficace de la grâce, parce que tous les sacrements signifient, par le moyen de choses sensibles, la grâce divine qu’ils produisent dans notre âme. Pourquoi appelez-vous les sacrements signes sensibles et efficaces de la grâce ? J’appelle les sacrements signes sensibles et efficaces de la grâce, parce que tous les sacrements signifient, par le moyen de choses sensibles, la grâce divine qu’ils produisent dans notre âme. Expliquez par un exemple comment les sacrements sont des signes sensibles et efficaces de la grâce ? Dans le Baptême, l’acte par lequel on verse l’eau sur la tête de la personne, et les paroles « Je te baptise (c’est-à-dire je te lave), au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit », sont un signe sensible de ce que le Baptême opère dans l’âme : de même que l’eau lave le corps, ainsi la grâce donnée par le Baptême purifie l’âme du péché.

CATÉCHISME DE SAINT PIE X

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Hors de l’Eglise, point de salut

Or, où est la voie qui nous donne accès auprès de Jésus-Christ ? Elle est sous nos yeux : c’est l’Eglise.

SAINT PIE X

ENCYCLIQUE ESUPREMI 4 OCTOBRE 1903

L’Eglise est ton espérance, l’Eglise est ton salut, l’Eglise est ton refuge.

SAINT PIE X

HOMÉLIE « DE CAPTO EUTROPIO », N.6.

Tous ceux qui désirent obtenir leur Salut éternel doivent s’attacher à [l’Eglise] et entrer dans son sein, comme autrefois il fallut entrer dans l’arche pour éviter de périr dans les eaux du déluge.

CATÉCHISME DU CONCILE DE TRENTE

L’Église est sainte parce qu’elle seule possède le culte du Sacrifice suprême et le salutaire usage des sacrements, ces instruments efficaces de la grâce divine par lesquels Dieu nous communique la sainteté. En dehors d’elle, il est impossible d’être vraiment saint.

CATÉCHISME DU CONCILE DE TRENTE

Apprenez, mon Fils, que le Royaume de France est prédestiné par Dieu à la défense de l’Eglise romaine qui est la seule véritable Eglise du Christ. Ce royaume sera un jour grand entre tous les royaumes, il embrassera les limites de l’empire romain et il soumettra tous les peuples à son sceptre… Il durera jusqu’à la fin des temps ! Il sera victorieux et prospère tant qu’il sera fidèle à la foi romaine, mais il sera rudement châtié toutes les fois où il sera infidèle à sa vocation.

SAINT RÉMI

A CLOVIS LORS DU BAPTÊME DE 496.

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Le genre humain s’est partagé en deux camps ennemis. Le premier est le royaume de Dieu sur la terre, la véritable Eglise de Jésus Christ. Le second est le royaume de Satan. Sous son empire et sa puissance se trouvent tous ceux qui refusent d’obéir à la loi divine et multiplient leurs efforts pour se passer de Dieu.

LÉON XIII

La mission de l’Eglise et de chacun de ses fidèles reste toujours la même : ramener au Christ la vie toute entière : la vie personnelle, la vie privée, la vie publique ; ne pas se donner de trêve avant que sa doctrine et sa loi ne l’aient entièrement renouvelée et modelée. Il est notre Seigneur, notre Roi, notre Paix. Quand la vie cesse d’être chrétienne, elle est exposée à tomber bien vite dans l’incrédulité et dans la barbarie.

PIE XII

Nous appelons foi ferme une foi absolue, sans réserve et sans réticence, une foi qui ne bronche pas devant les ultimes conséquences de la vérité, qui ne recule pas devant ses plus rigoureuses applications. Ne vous laissez pas duper, comme tant d’autres après mille expériences désastreuses, par le songe creux de gagner à vous l’adversaire à force de marcher à sa remorque et de vous modeler sur lui.

PIE XII

DISCOURS À L’UNION INTERNATIONALE DES LIGUES FÉMININES CATHOLIQUES

Ceux-là se trompent donc dangereusement qui croient pouvoir s’attacher au Christ tête de l’Eglise sans adhérer fidèlement à son Vicaire sur la terre. Car en supprimant ce Chef visible, et en brisant les liens lumineux de l’unité, ils obscurcissent et déforment le Corps mystique du Rédempteur au point qu’il ne puisse plus être reconnu ni trouvé par les hommes en quête du port du salut éternel.

PIE XII

L’EGLISE, CORPS MYSTIQUE DU CHRIST, 1943

Ne pourraient pas se sauver les hommes qui, n’ignorant pas que l’Église a été fondée par Dieu par l’intermédiaire de Jésus-Christ, comme étant nécessaire, n’auraient toutefois pas voulu y entrer ou y persévérer.

CONCILE VATICAN II

LUMEN GENTIUM

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Celui qui quitte l’Eglise pour se joindre à une [secte] adultère, se sépare des promesses de l’Eglise. Il ne parviendra pas aux récompenses du Christ, celui qui délaisse l’Eglise du Christ. [...] Il ne peut avoir Dieu pour Père celui qui n’a pas l’Eglise pour mère. Si, hors de l’arche de Noé, quelqu’un a pu être sauvé, quelqu’un pourra être sauvé hors de l’Eglise.

SAINT CYPRIEN

Quand l’apôtre nous déclare qu’il n’y a qu’un Dieu, qu’une foi, qu’un baptême, ceux-là doivent trembler qui osent soutenir que toute religion peut ouvrir la porte de la béatitude éternelle. Qu’ils sachent bien que, au témoignage du Sauveur lui-même, on est contre Jésus- Christ par cela seul que l’on n’est pas avec Jésus-Christ (Luc, XI-23) ; que l’on disperse malheureusement tout, quand on ne recueille pas avec lui ; et que sans aucun doute, ils périront éternellement, ceux qui ne s’attachent pas à la foi catholique ou ne la conservent pas entière et pure.

GRÉGOIRE XVI

15 AOÛT 1832

L’enseignement intégral de la vérité révélée, dans la fidélité à la Tradition, par la parole et le témoignage de sa propre vie, est le chemin le plus approprié pour réaliser l’unité de l’Eglise, si désirée par Notre Sauveur.

JEAN-PAUL II

DISCOURS DU 17 SEPTEMBRE 1994

Garde le dépôt de la foi. Mais qu’est-ce que ce dépôt ? C’est ce qui t’a été confié, et non ce qui a été trouvé par toi : c’est ce que tu as reçu, et non ce que tu as inventé. Ce n’est pas affaire d’invention personnelle, mais de doctrine, non d’usage privé, mais de tradition publique. Tu ne dois pas en être l’auteur, mais le gardien.

SAINT VINCENT DE LERINS

CITÉ PAR LA CARDINAL SUHARD, LETTRE PASTORALE DE CARÊME 1947

Même des petits enfants, ne laissez pas à la malice le temps de s’en emparer, sanctifiez- les quand ils sont encore des poupons, consacrez-les par l’Esprit avant qu’ils n’aient fait leurs dents […].

SAINT GRÉGOIRE DE NAZIANCE (IVÈME SIÈCLE)

SERMON SUR LE BAPTÊME

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

[… Il serait clairement contraire à la foi catholique de considérer l’Église comme un chemin de salut parmi d’autres. […] Avec l’avènement de Jésus-Christ sauveur, Dieu a voulu que l’Église par lui fondée fût l’instrument du salut de toute l’humanité. Cette vérité de foi n’enlève rien à la considération respectueuse et sincère de l’Église pour les religions du monde, mais en même temps, elle exclut radicalement la mentalité indifférentiste « imprégnée d’un relativisme religieux qui porte à considérer que ‘toutes les religions se valent’ ». S’il est vrai que les adeptes d’autres religions peuvent recevoir la grâce divine, il n’en est pas moins certain qu’objectivement ils se trouvent dans une situation de grave indigence par rapport à ceux qui, dans l’Église, ont la plénitude des moyens de salut. […] La parité, condition du dialogue [avec les autres religions], signifie égale dignité personnelle des parties, non pas égalité des doctrines et encore moins égalité entre Jésus- Christ – Dieu lui-même fait homme – et les fondateurs des autres religions. L’Église en effet, guidée par la Charité et le respect de la liberté, doit en premier lieu annoncer à tous la vérité définitivement révélée par le Seigneur, et proclamer la nécessité, pour participer pleinement à la communion avec Dieu Père, Fils et Saint-Esprit, de la conversion à Jésus-Christ et de l’adhésion à l’Église par le baptême et les autres sacrements.

CONGRÉGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI (CARD. RATZINGER)

DÉCLARATION « DOMINUS IESUS » (ARTICLES 20 ET 22), LE 6 AOÛT 2000

Cette affirmation [qu’il faut appartenir à l’Église pour être sauvé] ne vise pas ceux qui, sans qu’il y aille de leur faute, ignorent le Christ et son Église : « En effet, ceux qui, sans faute de leur part, ignorent l’Évangile du Christ et son Église, mais cherchent pourtant Dieu d’un cœur sincère et s’efforcent, sous l’influence de sa grâce, d’agir de façon à accomplir sa volonté telle que leu conscience la leur révèle et la leur dicte, ceux-là peuvent arriver au salut éternel ».

CATÉCHISME DE L’EGLISE CATHOLIQUE, 1992

ARTICLE 847

Sans le moindre scrupule, on décide de retarder le baptême des nouveaux-nés. C’est une grande atteinte à la justice et à la Charité, car on les prive ainsi de la grâce de la foi, du trésor inestimable de l’inhabitation de la Sainte Trinité dans l’âme, laquelle vient au monde entachée du péché originel.

SAINT JOSE MARIA ESCRIVA DE BALAGUER

QUAND LE CHRIST PASSE, N°78

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

L’un des maux les plus graves dont souffre aujourd’hui le catholicisme, particulièrement en France, c’est que les catholiques n’y sont plus assez fiers de leur foi… Au lieu de dire en toute simplicité ce que nous devons à notre Église et à notre foi, au lieu de montrer ce qu’elles nous apportent et que nous n’aurions pas sans elles, nous croyons de bonne politique, ou de bonne tactique, dans l’intérêt de l’Église même, de faire comme si, après tout, nous ne nous distinguions en rien des autres. Quel est le plus grand éloge que beaucoup d’entre nous puissent espérer ? Le plus grand que puisse leur donner le monde : « c’est un catholique, mais il est vraiment très bien, on ne croirait pas qu’il l’est. »

ETIENNE GILSON

CHRISTIANISME ET PHILOSOPHIE

Que personne donc ne s’illusionne, que personne ne se trompe lui-même : hors de cette demeure, c’est-à-dire hors de l’Eglise, personne n’est sauvé.

ORIGÈNE

PREMIÈRE MESSE BASSE D’UN JEUNE PRÊTRE

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Mater ecclesiae

Marie doit éclater, plus que jamais, en miséricorde, en force et en grâce dans ces derniers temps : en miséricorde, pour ramener et recevoir amoureusement les pauvres pécheurs et dévoyés qui se convertiront et reviendront à l’Église catholique ; en force contre les ennemis de Dieu, les idolâtres, schismatiques, mahométans, juifs et impies endurcis, qui se révolteront terriblement pour séduire et faire tomber, par promesses et menaces, tous ceux qui leur seront contraires ; et enfin elle doit éclater en grâce pour animer et soutenir les vaillants soldats et fidèles serviteurs de Jésus-Christ qui combattront pour ses intérêts.

SAINT LOUIS-MARIE GRIGNION DE MONTFORT

TRAITÉ DE LA VRAIE DÉVOTION

La merveille de la maternité de Marie se reflète dans l’Église qui, par la grâce unique du Saint-Esprit, engendre Dieu dans l’humanité et l’humanité en Dieu. L’universalité de la médiation maternelle de Marie se réalise aussi et s’achève par l’Église.

R. P. HUMBERT CLÉRISSAC.

LE MYSTÈRE DE L’ÉGLISE.

Précisément parce qu’elle est la Mère de l’Eglise, la Vierge est également la Mère de chacun de nous, qui sommes les membres du Corps mystique du Christ. De la Croix, Jésus a confié sa Mère à chacun de ses disciples et, dans le même temps, il a confié chacun de ses disciples à l’amour de sa Mère.

BENOÎT XVI

EXTRAIT DE L’AUDIENCE GÉNÉRALE DU PAPE DU 2 JANVIER 2008.

O Marie, Vierge puissante, vous êtes la grande et illustre protectrice de l’Église ; vous êtes l’aide merveilleuse des chrétiens ; vous êtes terrible comme une armée en ligne de bataille. Vous qui seule avez détruit toutes les hérésies dans le monde entier, protégez-nous dans notre détresse, dans notre lutte et dans notre défense difficile contre l’ennemi; et, à l’heure de notre mort, accueillez nos âmes au Paradis.

SAINT JEAN BOSCO

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Marie se manifeste non seulement comme la Vierge puissante et consolatrice dans les heures de détresse pour la cité terrestre et pour la vie corporelle ; elle se montre surtout comme la Vierge secourable, forte comme une armée rangée en bataille, dans les périodes de dévastation de la sainte Eglise et d’agonie spirituelle de ses enfants. Elle est reine pour toute l’histoire du genre humain, non seulement pour les temps de détresse mais pour les temps d’apocalypse.

R.TH. CALMEL, O.P.

BRÈVE APOLOGIE POUR L’EGLISE DE TOUJOURS

Cependant la tunique de Jésus qui était d’un seul tenant depuis le haut ne fut point partagée ; elle fut tirée au sort mais demeura indivise et entière. Cette tunique, dont quelques pieux auteurs nous rapportent qu’elle avait été tissée par les mains de Notre-Dame, est l’image fidèle de la robe somptueuse des rites sacrés que la Tradition de l’Église, depuis les origines, a tissés tout autour des signes sacramentels, particulièrement tout autour du Corps Eucharistique de Jésus. Ce n’est pas sans une intercession spéciale de la Vierge Marie, Mère et Médiatrice, que l’Église a taillé et arrangé exactement ces vêtements de gloire. Et la même intercession de la Vierge Immaculée obtiendra à l’Église de les préserver dans leur intégrité et leur noblesse.

R. – TH. CALMEL, O.P.

BRÈVE APOLOGIE POUR L’ÉGLISE DE TOUJOURS.

L’antidote c’est la Sainte Vierge. Le Sainte Vierge est avant tout un climat : elle nous met secrètement dans certaines dispositions. Les paroles que nous recevons sont alors soumises à l’épreuve de ce climat comme un alliage à la lumière des rayons X, ou comme une poussière est filtrée par un tamis. Tout ce qui est trouble et ténébreux est infailliblement éliminé par ce climat. C’est de cette manière que la Sainte Vierge détruit les hérésies : non pas par mode de définitions dogmatiques, ex-cathedra et par en haut, mais par le fond, en nous faisant détecter immédiatement tout parfum qui n’est pas celui du Christ dans les doctrines proposées. La Sainte Vierge peut nous aider à exercer chacun pour notre compte cette infaillibilité de l’Eglise. Si vous n’êtes pas capables d’être alertés par une doctrine avant d’avoir compris en quoi elle est redoutable, vous avez perdu un instinct essentiel de la foi. On ne voit pas tout de suite la réponse à un sophisme : on sent qu’il est faux bien avant de savoir pourquoi. Pour la parole de Dieu, c’est la même chose : on sent que telle doctrine grince – tout en restant désarmé parfois longtemps devant l’argumentation novatrice. La Sainte Vierge est le guide, le fil d’Ariane qui nous conduit avec sûreté pendant ces périodes de troubles.

PÈRE M.D. MOLINIE

LE COURAGE D’AVOIR PEUR

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Contemplons cette nouvelle beauté qui éclate dans les traits de Celle en qui le Seigneur vient de déclarer une seconde maternité : cette beauté est le Chef-d’Œuvre de l’Esprit-Saint en cette journée. Un feu divin transporte Marie, un amour nouveau s’est allumé dans son cœur; Elle est toute entière à cette autre mission pour laquelle Elle avait été laissée ici-bas. La grâce apostolique est descendue en Elle. La langue de feu qu’Elle a reçue ne parlera pas dans les prédications publiques, mais Elle parlera aux Apôtres, les dirigera, les consolera dans leurs labeurs. Elle s’énoncera, cette langue bénie, avec autant de douceur que de force, à l’oreille des fidèles qui seront l’attraction vers Celle en qui le Seigneur a fait l’essai de toutes ses merveilles. Comme un lait généreux, la parole irrésistible de cette Mère universelle donnera aux premiers enfants de l’Église la vigueur qui les fera triompher des assauts de l’enfer ; et c’est en partant auprès d’Elle qu’Etienne ira ouvrir la noble carrière des Martyrs.

DOM GUÉRANGER

Il y a deux points autour desquels se rassemble l’Eglise : l’Eucharistie et le Souverain Pontife, et dans nos cœurs la prière à la Vierge. Avec cela l’Eglise restera plus forte que le monde, elle a ses racines dans le ciel et ses feuilles dans les tempêtes.

SAINT CURE D’ARS

Pourquoi Marie est-elle restée sur la terre, avant d’aller retrouver son Fils là-haut, après l’Ascension ? Je pense que ce fut pour instruire les disciples, mais que ce fut surtout pour remplir le rôle de l’apostolat du silence, dans la prière, la souffrance et l’amour. Tandis que les apôtres couraient à la poursuite des âmes, Marie priait auprès de l’Hostie que lui avait laissée la messe de saint Jean. Et quand il y eut beaucoup de chrétiens déjà, beaucoup d’âmes hosties, priantes et aimantes pour cet apostolat caché, alors Marie put partir ; son rôle fut continué, avec bien moins de perfection évidemment, mais la même mission d’hosties offertes, avec Marie dans leurs cœurs.

PÈRE D’ELBÉE

CROIRE À L’AMOUR

(…) Elle est vraiment « Mère des membres ‘du Christ’... ayant coopéré par sa charité à la naissance dans l’Eglise des fidèles qui sont les membres de ce Chef ». C’est pourquoi encore elle est saluée comme un membre suréminent et absolument unique de l’Eglise, modèle et exemplaire admirables pour celle-ci dans la foi et dans la charité, objet de la part de l’Eglise catholique, instruite par l’Esprit-Saint, d’un sentiment filial de piété, comme il convient pour une mère très aimante.

CONCILE VATICAN II

LUMEN GENTIUM

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

(…) Et la connaissance de la véritable doctrine catholique sur Marie constituera toujours une clé pour la compréhension exacte du mystère du Christ et de l’Eglise. Nous avons cru opportun de consacrer, dans cette séance publique, un titre en l’honneur de la Vierge, suggéré de divers côtés dans le monde catholique et qui Nous est particulièrement cher, parce qu’il synthétise admirablement la place privilégiée reconnue par ce Concile à la Vierge dans la sainte Eglise. C’est donc pour sa gloire et pour notre réconfort que Nous proclamons la Très Sainte Vierge Marie MÈRE DE L’EGLISE, c’est-à-dire de tout le peuple de Dieu, aussi bien des fidèles que des pasteurs, que nous l’appelons Mère très aimante ; et Nous voulons que, dorénavant, avec ce titre si doux, la Vierge soit encore davantage honorée et invoquée par tout le peuple chrétien. (…) De même que la maternité divine est le fondement de la relation spéciale de Marie avec le Christ et de sa présence dans l’économie du salut opéré par le Christ Jésus, de même elle constitue le fondement principal des rapports entre Marie et l’Eglise, car elle est Mère de Celui qui, depuis le premier instant de l’Incarnation dans son sein virginal, s’est uni, en tant que chef, à son Corps mystique qui est l’Eglise. Marie, donc, en tant que Mère du Christ, est Mère aussi de tous les pasteurs et fidèles, c’est-à-dire de l’Eglise.

PAUL VI

ALLOCUTION DE CLÔTURE DE LA 3E SESSION DU CONCILE VATICAN II, 21 NOVEMBRE 1964

Au jour de la Pentecôte, apôtres et disciples sont rassemblés au Cénacle. La Mère est au milieu de ses enfants. Tout à coup des flammes apparaissent, elles se posent sur eux et en font des hommes nouveaux. Emportés par l’allégresse et l’amour, ils courent annoncer « les merveilles de Dieu ». On ne peut s’empêcher de penser à ce qui s’est passé trente-trois ans plus tôt à Nazareth. Gabriel parlait à Marie : « L’Esprit Saint viendra sur toi, la Vertu du Très-Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi l’Etre saint qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu. » A la naissance du Corps mystique, comme à la naissance du Christ, Marie est toute consentante, et l’Esprit Saint intervient pour accomplir, avec son concours, l’œuvre de Dieu. (…) La place, la fonction de Marie dans l’Eglise, c’est d’être le cœur ; de son impulsion, tous les membres reçoivent la vie.

ABBÉ HENRI CAFFAREL

MARIE, NOTRE MÈRE

A partir du moment du Fiat, Marie commença à nous porter tous dans son sein.

SAINT ANSELME

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Puisqu’elle est la médiatrice de toutes les grâces, c’est seulement à mesure que l’on approche d’elle que nous pouvons devenir un canal de grâces, intermédiaire des grâces qui viennent du Père par le Fils (qui les a méritées) et par l’Immaculée (qui en est la distributrice) et qui se déverseront sur nous et par nous sur les autres.

SAINT MAXIMILIEN KOLBE

LETTRE AUX CLERCS DE CRACOVIE

Notre désir est non seulement que nous soyons nous-mêmes consacrés sans limites à l’Immaculée, mais encore que toutes les âmes du monde entier, celles qui existent maintenant et celles qui viendront ensuite, se consacrent à elle d’une façon illimitée… Celui qui est consacré totalement à l’Immaculée a déjà atteint la sainteté

SAINT MAXIMILIEN KOLBE

LETTRE AU PÈRE KOSIURA

NOTRE-DAME DE LA SAINTE ESPÉRANCE – MESNIL SAINT LOUP

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

La hiérarchie de l’Eglise

(L’Eglise) Ce corps est gouverné en ce monde par une autorité déléguée, visible, humaine, hiérarchique, dont le pouvoir découle des apôtres, non de la base, c’est-à-dire des fidèles, et encore moins du pouvoir terrestre ou d’une « autodésignation » spontanée. Ce pouvoir, il le tient du Christ, qui a dit à ses apôtres: « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis... » (Jn 15, 16; cf. 6, 70; 15, 19.)

CONCILE VATICAN II,

SACROSANCTUM CONCILIUM

Le protestant admet, le catholique croit. Le catholique reçoit l’Eglise comme un autre Christ ; dès qu’elle parle en son nom, il se soumet en toute obéissance comme au Christ lui- même. Telle est l’attitude qui procure le salut : écouter le Christ, écouter l’Eglise, accepter sa doctrine, se soumettre à ses directions.

DOM MARMION

LE CHRIST, IDÉAL DU MOINE.

Pierre est le prince du chœur apostolique, la bouche des disciples, la colonne de l’Eglise, l’affermissement de la foi, le fondement de la confession, le pécheur de l’univers, qui retire le genre humain des abîmes de l’erreur, pour le remettre dans la voie du ciel.

SAINT JEAN CHRYSOSTOME

HOMIL. DE DECEM TALENT

Ce ne sont ni la grande prudence, ni la grande bonté, ni d’autres dons excellents que Dieu pourrait avoir départis au supérieur qui fondent le devoir de lui obéir, mais le fait qu’il tient sa place et son autorité, comme le dit l’éternelle Sagesse : « Qui vous écoute m’écoute, et qui vous méprise me méprise ».

SAINT IGNACE DE LOYOLA

LETTRE AUX JÉSUITES DU PORTUGAL, LE 26 MARS 1553

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Pour ne nous écarter en rien de la vérité, nous devons toujours être disposés à croire que ce qui nous paraît blanc est noir, si l’Église hiérarchique le décide ainsi. Car il faut croire qu’entre Jésus-Christ, notre Seigneur, qui est l’Époux, et l’Église, qui est son Épouse, il n’y a qu’un même Esprit qui nous gouverne et nous dirige pour le salut de nos âmes, et que c’est par le même Esprit et le même Seigneur qui donna les dix commandements qu’est dirigée et gouvernée notre Mère la sainte Église.

SAINT IGNACE DE LOYOLA

EXERCICES SPIRITUELS, § 365

L’essence du catholicisme consiste dans la soumission de l’intelligence à l’enseignement du Christ transmis par l’Eglise, et dans la soumission de la volonté à l’autorité du Christ exercée par l’Eglise.

BIENHEUREUX COLOMBA MARMION

Le pape, c’est le grand prêtre, le souverain pontife; c’est le prince des évêques, l’héritier des apôtres; c’est Abel par la primauté, Noé par le gouvernement, Abraham par la qualité de patriarche, Melchisédech par l’ordre, Aaron par la dignité, Moïse par l’autorité, Samuel par la judicature, Pierre par la puissance, Jésus-Christ lui-même par l’onction. C’est à lui que les clefs ont été données, que les brebis ont été confiées. Il y a bien d’autres portiers du ciel, d’autres pasteurs; mais lui porte ces deux titres avec d’autant plus de gloire, qu’ils lui appartiennent d’une manière plus spéciale et plus excellente. Les autres ont chacun le troupeau qui leur a été assigné; à lui seul ont été confiés tous les troupeaux qui n’en forment qu’un. Il est, lui seul, le pasteur, non seulement des brebis, mais des pasteurs, mais de tous.

SAINT BERNARD

DE CONSIDERAT., LIB. II, CAP. 8

Qu’en serait-il de l’unité de foi et de charité, si un accord des volontés, garanti par un pouvoir autorisé, lui-même obéissant au vouloir supérieur de Dieu, ne proposait pas et n’exigeait pas l’unité de pensée et d’action ? Et tout le dessein de notre salut ne dépend-il pas d’un exercice libre et responsable de l’obéissance ? Qu’est le péché, sinon une désobéissance au commandement divin, qu’est notre salut sinon une adhésion humble et joyeuse au plan miséricordieux, que le Christ a instauré pour celui qui lui obéit comme disciple, comme fidèle, comme témoin ? N’y a-t-il pas moyen de voir sous le signe de l’obéissance notre profession chrétienne, notre insertion dans l’Eglise, notre intégration, sanctifiante et béatifiante, dans la volonté de Dieu ? PAUL VI

AUDIENCE GÉNÉRALE, MERCREDI 16 OCTOBRE 1968

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Association Notre Dame de Chrétienté EXTRAITS ET CITATIONS

Notre obéissance, c’est croire avec l’Eglise, penser et parler avec l’Eglise, servir avec elle. Cela est bien dans ligne de ce que Jésus avait prédit à Pierre: «Un autre te mènera où tu ne voudrais pas». Se laisser mener là où nous ne voulons pas aller est une dimension essentielle de notre service. C’est justement cela qui nous rend libres. En étant ainsi guidés, ce qui peut être contraire à nos idées et à nos projets, nous expérimentons ce qui est nouveau – la richesse de l’amour de Dieu.

BENOÎT XVI

HOMÉLIE DE LA MESSE CHRISMALE LE JEUDI SAINT. 20 MARS 2008

Obéissez à vos conducteurs et ayez pour eux de la déférence, car ils veillent sur vos âmes comme devant en rendre compte; qu’il en soit ainsi, afin qu’ils le fassent avec joie, et non en gémissant, ce qui ne vous serait d’aucun avantage.

SAINT PAUL

EPÎTRE AUX HÉBREUX 13, 17

Se livrer à Dieu, c’est aussi cet esprit de détachement qui ne tient à rien, ni pour les hommes ni pour les choses, ni pour le temps, ni pour les lieux. C’est adhérer à tout, accepter tout, se soumettre à tout.

SAINTE THÉRÈSE COUDERC

Considère chaque jour la charge très lourde qui pèse sur le pape et sur les évêques, pour mieux les vénérer, les aimer d’une affection véritable, pour mieux les aider par ta prière.

SAINT JOSÉ MARIA ESCRIVA DE BALAGUER

FORGE,136

Garde le dépôt de la foi. Mais qu’est-ce que ce dépôt ? C’est ce qui t’a été confié, et non ce qui a été trouvé par toi : c’est ce que tu as reçu, et non ce que tu as inventé. Ce n’est pas affaire d’invention personnelle, mais de doctrine, non d’usage privé, mais de tradition publique. Tu ne dois pas en être l’auteur, mais le gardien.

SAINT VINCENT DE LERINS

CITÉ PAR LA CARDINAL SUHARD, LETTRE PASTORALE DE CARÊME 1947

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Parmi les commandements du Christ, celui-là n’est pas le moindre qui nous ordonne d’être incorporés par le baptême dans le corps mystique du Christ, qui est l’Eglise, et de rester unis au Christ et à son vicaire par lequel il gouverne lui-même [le Christ] de façon visible son Eglise sur terre. C’est pourquoi nul ne sera sauvé si, sachant que l’Eglise a été divinement instituée par le Christ, il n’accepte pas cependant de se soumettre à l’Eglise ou refuse l’obéissance au Pontife romain vicaire du Christ sur terre.

PIE XII

LETTRE DU SAINT-OFFICE À L’EVÊQUE DE BOSTON

La mission dite juridique de l’Eglise, son pouvoir d’enseigner, de gouverner et d’administrer les sacrements, n’ont de vigueur et d’efficacité surnaturelle pour le Corps du Christ que parce que le Christ sur la croix a ouvert à son Eglise la source des dons divins, grâce auxquels elle peut enseigner aux hommes une doctrine infaillible, les diriger utilement par des pasteurs éclairés de Dieu et les inonder de la pluie de ses grâces surnaturelles. (…) Puisque le Christ occupe une place si éminente, il est à bon droit le seul à conduire l’Eglise et à la gouverner, et pour cette raison encore on doit le comparer à la tête. De même que la tête, en effet - pour nous servir des paroles de saint Ambroise - est le « sommet royal « du corps et que tous les membres, à qui elle préside pour pourvoir à leurs besoins, sont naturellement dirigés par elle, douée à cette fin de qualités supérieures, ainsi le divin Rédempteur tient en main le timon de toute la société chrétienne et en dirige le gouvernail. Et puisque régir la communauté des hommes n’est autre chose que les conduire à leur fin propre par une providence efficace, par des secours convenables et des moyens adaptés, il est facile de constater que notre Sauveur, archétype et modèle des bons pasteurs, s’acquitte à merveille de toutes ces fonctions. (…)

PIE XII

L’EGLISE, CORPS MYSTIQUE DU CHRIST, 1943

L’obéissance à la vérité doit « rendre chaste » notre âme, et conduire ainsi à la parole juste et à l’action juste. En d’autres termes, parler pour susciter les applaudissements, parler en fonction de ce que les hommes veulent entendre, parler en obéissant à la dictature des opinions communes, cela est considéré comme une sorte de prostitution de la parole et de l’âme. La «chasteté» à laquelle fait allusion l’Apôtre Pierre est de ne pas se soumettre à ces règles, ne pas rechercher les applaudissements, mais rechercher l’obéissance à la vérité…

BENOÎT XVI

HOMÉLIE DE LA MESSE DE LA COMMISSION THÉOLOGIQUE INTERNATIONALE - 6 OCTOBRE 2006

Soumission et usage de la raison, en quoi consiste le vrai christianisme. (…) Travaillons à bien penser ; voilà le principe de la morale.

PASCAL

PENSÉES

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Nul ne peut entrer dans la vie éternelle que par l’obéissance. C’est la clef de l’obéissance qui a ouvert la porte du paradis, fermée par la désobéissance d’Adam.

NOTRE-SEIGNEUR À SAINTE CATHERINE DE SIENNE

Comme l’enfant est sous la tutelle de ses père et mère de la terre, le chrétien est sous la tutelle de son Père qui est dans les Cieux ; croyant à la parole de Dieu comme il croit à la parole de son père ; ayant la foi à Dieu comme il a la foi à son père.

PÈRE EMMANUEL

LETTRE À UNE MÈRE SUR LA FOI

Ecoute, mon fils, les préceptes de ton Maître, prête-moi l’oreille de ton cœur : accueille les avis d’un tendre Père afin de les accomplir efficacement et de revenir par le labeur de l’obéissance a Celui dont t’éloignait la lâcheté de la désobéissance. Cette divine exhortation je te l’adresse maintenant, à toi qui, renonçant à tes propres volontés pour militer sous le vrai Roi, le Christ Notre-Seigneur, prends en mains les armes puissantes et glorieuses de l’obéissance.

SAINT BENOÎT

RÈGLE DE SAINT BENOÎT (PROLOGUE)

Le premier pas dans la carrière de l’humilité est une obéissance pratiquée sans délai. Telle est la marque distinctive de ceux qui estiment ne rien posséder de plus cher que le Christ. Que ce soit par fidélité à leurs engagements sacrés, par crainte de l’enfer ou espérance de la gloire éternelle, pour eux un ordre donné par le supérieur est pareil à un ordre divin, et dès qu’il leur a été signifié, ils ne pourraient souffrir d’en retarder l’exécution. C’est d’eux que le Seigneur a dit : « Au premier son de ma voix, mon serviteur a obéi », et il dit d’autre part à ceux qui ont mission d’enseigner : « Qui vous écoute, m’écoute. » On les voit, ces moines vertueux, mettre à l’instant de côté tout intérêt personnel, renoncer à leur propre volonté, quitter sur-le-champ l’occupation de leurs mains, laisser leur ouvrage inachevé ; on les voit voler sur la trace de l’obéissance, et passer si promptement à l’exécution de l’ordre entendu, que, sous la vive impulsion de la crainte de Dieu, il ne reste plus d’intervalle entre l’injonction du maître et les accomplissements du disciple ; les deux choses semblent n’en faire qu’une et s’effectuer au même moment, tant ils se sentent pressés de marcher à la vie éternelle, tant ils ont d’ardeur à se lancer dans la voie étroite dont le Seigneur a dit : « Etroite est la voie qui mène à la vie. » Ainsi, loin de vivre à leur guise et de s’assujettir à la satisfaction de leurs désirs, marchant au contraire selon le gré et la volonté d’autrui, ils se retirent dans les monastères, où ils ne souhaitent rien de mieux que de se placer sous la conduite d’un Abbé. Telle est sans conteste la vraie façon d’imiter le Seigneur qui s’est donné en exemple lorsqu’il dit : « Je suis venu non pour faire ma volonté, mais pour accomplir la volonté de celui qui m’a envoyé. »

SAINT BENOÎT

RÈGLE DE SAINT BENOÎT

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L’Eglise et le monde

Si les lois de l’État sont en contradiction ouverte avec la loi divine, si elles renferment des dispositions préjudiciables à l’Église ou des prescriptions contraires aux devoirs imposés par la religion, si elles violent dans le pontife suprême l’autorité de Jésus-Christ, dans tous ces cas, il y a obligation de résister, et obéir serait un crime dont les conséquences retomberaient sur l’État lui-même. Car l’État subit le contrecoup de toute offense faite à la religion. On voit ici combien est injuste le reproche de sédition formulé contre les chrétiens. En effet, ils ne refusent ni aux princes ni aux législateurs l’obéissance qui leur est due ; ou, s’ils dénient cette obéissance, c’est uniquement au sujet de préceptes dénués d’autorité parce qu’ils sont portés contre l’honneur dû à Dieu, par conséquent en dehors de la justice, et n’ont rien de commun avec de véritables lois.

LÉON XIII

SAPIENTIÆ CHRISTIANÆ, 10 JANVIER 1890

S’il en est quelques-uns qui, pour l’amour de la loi chrétienne, osent résister en face aux impies, non seulement ils ne trouvent pas d’appui chez leurs frères, mais on les taxe d’imprudence et d’indiscrétion, on les traite de fous.

SAINT GRÉGOIRE VII 1015-1085

Ce n’est pas l’Église qui est descendue dans l’arène politique ; on l’y a entraînée et pour la mutiler et pour la dépouiller. Le devoir de tout catholique n’est-il donc pas d’user des armes politiques qu’il tient en main pour la défendre et aussi pour forcer la politique à rester dans son domaine et à ne s’occuper de l’Église que pour lui rendre ce qui lui est dû.

SAINT PIE X

NOTRE CHARGE APOSTOLIQUE, 25 AOÛT 1910.

Vouloir que l’Eglise de Jésus-Christ se démette du droit et du devoir de juger en dernier ressort de la moralité des actes d’un agent moral quelconque, particulier ou collectif, père, maître, magistrat, législateur, même roi ou empereur, c’est vouloir qu’elle abdique son essence, qu’elle déchire son acte d’origine et les titres de son histoire, enfin, qu’elle outrage et mutile Celui dont elle tient la place sur la terre...

CARDINAL PIE

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L’Eglise ne prétend aucunement se substituer aux puissances de la terre, qu’elle même regarde comme ordonnées à Dieu et nécessaires au monde...Elle ne s’ingère pas à la légère à tout propos dans l’examen des questions intérieures du gouvernement public.

CARDINAL PIE

LETTRE À M. LE MINISTRE DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE ET DES CULTES, OEUVRES IV, XIXE SIÈCLE

L’accord parfait du sacerdoce et de l’empire est le droit commun et l’état normal des sociétés chrétiennes.

CARDINAL PIE

ENTRETIEN AVEC LE CLERGÉ DIOCÉSAIN, 1853

Jésus-Christ est la pierre angulaire de tout l’édifice social, lui de moins, tout s’ébranle, tout se divise, tout périt.

CARDINAL PIE

OEUVRES V, XIXE SIÈCLE

Les peuples ne sont entrés dans l’Eglise qu’à la suite de leurs princes et l’Eglise n’a régné sur les nations, sur leurs lois, sur leurs institutions, sur leurs mœurs, que quand elle a pris possession du cœur des rois.

CARDINAL PIE

OEUVRES, III, 247, XIXÈME SIÈCLE

L’un des maux les plus graves dont souffre aujourd’hui le catholicisme, particulièrement en France, c’est que les catholiques n’y sont plus assez fiers de leur foi… Au lieu de dire en toute simplicité ce que nous devons à notre Eglise et à notre foi, au lieu de montrer ce qu’elles nous apportent et que nous n’aurions pas sans elles, nous croyons de bonne politique, ou de bonne tactique, dans l’intérêt de l’Eglise même, de faire comme si, après tout, nous ne nous distinguions en rien des autres. Quel est le plus grand éloge que beaucoup d’entre nous puissent espérer ? Le plus grand que puisse leur donner le monde : c’est un catholique, mais s’il est vraiment très bien, on ne croirait pas qu’il l’est.

ETIENNE GILSON

CHRISTIANISME ET PHILOSOPHIE

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Je suis frappée de ce fait, que les incroyants éprouvent plus de sympathie pour les êtres de foi profonde que pour ceux dont les convictions se font souples et utilitaires. Ils vont plus, ces chers incroyants, aux « intransigeants » de la foi qu’à ceux qui, à force de compromis et de subtilités, cherchent à faire « accepter » la foi. Il faut, cependant, que l’indomptable affirmation soit enveloppée dans la plus intelligente sympathie, la plus vivante et délicate charité…

ELISABETH LESEUR

Dans son immense pitié pour le genre humain, notre Rédempteur lui avait obtenu le salut sur le bois de la croix ; mais, avant de monter de ce monde à son Père, pour consoler l’anxiété de ses apôtres et de ses disciples, il leur dit : « Voici que je suis avec vous, tous les jours, jusqu’à la consommation du siècle » (Matth., 28, 30). Agréable à entendre, cette parole est génératrice d’espérance et de sécurité. C’est elle, Vénérables Frères, qui nous réconforte toutes les fois que, comme du haut d’un observatoire élevé, nous parcourons du regard soit l’ensemble de la société humaine accablée de tant de maux et de calamités, soit l’Église elle- même, livrée sans trêve aux attaques et aux embûches. Cette divine promesse releva d’abord les apôtres abattus et, après les avoir ainsi relevés, elle les embrasa d’ardeur pour répandre à travers le monde la semence de la doctrine évangélique ; mais, depuis, dans sa lutte contre les portes de l’enfer, l’Église y a également trouvé un aliment de victoire.

PIE XI

LETTRE ENCYCLIQUE « MISERENTISSIMUS »

D’une manière très globale, nous constatons que les repères sont brouillés. Les gens n’ont plus de critères de discernement pour opérer un choix libre. Ils se trouvent de ce fait encore plus vulnérables par rapport à des actes posés par l’extérieur, par des pressions morales, par des médias qui font l’opinion publique. L’Église a donc l’impérieux devoir d’avoir une parole claire et sans concession sur tous les sujets qui touchent à la morale. […] Il ne faut pas que l’Église se contente d’entrer dans un dialogue consensuel avec le monde. Elle a longtemps semblé croire que le monde désire dialoguer avec elle. Ce n’est pas le cas ! Et si c’était vraiment le cas, peut-être serait-ce l’indice que le sel s’est affadi. Pour ma part, je crois en la mission prophétique de l’Église. Cette mission prophétique n’est pas soumise aux lois de la communication. Si Jésus avait soumis son annonce à la communication, cela se saurait, et il ne serait certainement pas mort sur la Croix pour nous sauver. gr M MARC AILLET, ÉVÊQUE DE BAYONNE, LESCAR ET OLORON

L’HOMME NOUVEAU DU 4 JUILLET 2009.

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Loin de se soumettre aux lois de la communication humaine que l’on prétend lui imposer, l’Eglise ne peut se soustraire à sa mission prophétique. N’appelons pas « bourde » ou « gaffe », ce qui n’est rien d’autre qu’un témoignage rendu à la Vérité.

MGR MARC AILLET, ÉVÊQUE DE BAYONNE, LESCAR ET OLORON

MESSAGE DU 25 MARS 2009.

Le Christ ne s’est pas présenté pour rallier les opinions majoritaires ou se conformer à la pensée correcte de son temps. Il est venu pour dévoiler une ambition plus haute : appeler les pécheurs à la conversion et à la sainteté.

CARDINAL ANDRÉ VINGT-TROIS, ARCHEVÊQUE DE PARIS ET PRÉSIDENT DE LA CONFÉRENCE DES EVÊQUES DE FRANCE

DISCOURS DE CLÔTURE DE L’ASSEMBLEE PLÉNIÈRE DES EVEQUES DE FRANCE, 3 AVRIL 2009.

Il n’y a pas de signe plus assuré de la ruine d’un Etat que le mépris du culte divin.

MACHIAVEL

L’Église ne revendique aucunement le droit de dominer le royaume séculier. Mais elle a tout à fait le droit – c’est même une obligation – de retenir l’attention de l’autorité séculière et de mettre ceux qui l’exercent au défi de satisfaire les exigences de la justice. En ce sens, l’Église catholique ne peut pas rester, n’est jamais restée et ne restera jamais ‘hors de la politique’. La politique implique l’exercice du pouvoir. L’usage du pouvoir a un contenu moral et des conséquences humaines. Le bien-être et la destinée de la personne humaine font clairement partie des préoccupations, et des compétences particulières, de la communauté chrétienne.

MGR CHARLES J. CHAPUT, ARCHEVÊQUE DE DENVER

EXTRAIT DE SON LIVRE « IL EST JUSTE DE RENDRE À CÉSAR CE QUI LUI APPARTIENT. MAIS ON SERT LA NATION EN VIVANT SA PROPRE FOI CATHOLIQUE DANS LA VIE POLITIQUE « (PP 217-218)

Ayant tout de commun avec Lui, riche de Ses biens, dépositaire de la Vérité (...), l’Eglise Catholique, maîtresse des âmes, reine des cœurs, domine le monde parce qu’elle est l’épouse de Jésus-Christ.

SAINT PIE X

DISCOURS POUR LA BÉATIFICATION DE JEANNE D’ARC, 1909

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Ainsi, tout ce qui, dans les affaires humaines, à un titre ou à un autre, concerne la religion, tout ce qui touche au salut des âmes et au service de Dieu (...), tout cela est du rapport de l’Eglise. Quant aux autres choses qui constituent le domaine civil et politique, il est dans l’ordre qu’elles soient soumises à l’autorité de civile, puisque Jésus-Christ à ordonner de rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu.

LÉON XIII

ENCYCLIQUE IMMORTALE DEI, 1885

Si la nature elle même a institué la société tant domestique que civile, ce n’a pas été pour qu’elle fût la fin dernière de l’homme, mais pour qu’il trouvât, en elle et par elle, des secours qui le rendissent capable d’atteindre à sa perfection. (...) Dès lors, ceux qui rédigent des constitutions et font des lois doivent tenir compte de la nature morale et religieuse de l’homme, et l’aider à se perfectionner (...). L’Eglise ne saurait donc être indifférente à ce que telles ou telles lois régissent les Etats.

LÉON XIII

ENCYCLIQUE SAPIENTIAE CHRISTIANAE, 1888

Entre elles, il faut nécessairement qu’une sage union intervienne, union qu’on peut non sans justesse comparer à celle, qui réunit dans l’homme, l’âme et le corps.

LÉON XIII

ENCYCLIQUE IMMORTALE DEI, 1885

Les sociétés humaines ne peuvent pas, sans devenir criminelles, se conduire comme si Dieu n’existait pas ou refuser de se préoccuper de la religion comme si elle leur était chose étrangère ou qui ne pût leur servir de rien. Quant à l’Eglise, qui a Dieu lui-même pour auteur, l’exclure de la vie active de la nation, des lois, de l’éducation de la jeunesse, de la société domestique, c’est commettre une grande et pernicieuse erreur !

LÉON XIII

ENCYCLIQUE IMMORTALE DEI, 1885

Il est facile d’éloigner ces causes de ruine en observant les préceptes de la religion catholique dans la constitution et dans le gouvernement, soit de la famille, soit de l’Etat; car ils sont admirablement propres au maintien de l’ordre public et de la conservation des sociétés.

LÉON XIII

LETTRE ENCYCLIQUE «NOBILISSIMA GALLORUM GENS», 1884

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Mais, pour pouvoir soutenir ainsi que l’Eglise peut se désintéresser de l’organisation sociale et des assises mêmes de la civilisation, il faudrait qu’elle en vienne à se désintéresser du salut du plus grand nombre. Il faudrait que l’Eglise qui est une mère, en vienne à rester indifférente à la perte du plus grand nombre de ses enfants.

JEAN OUSSET

POUR QU’IL RÈGNE (CHAP. 3), 1959

Les deux glaives appartiennent à Pierre. L’un est dans sa main, l’autre est à ses ordres toutes les fois qu’il sera nécessaire de le tirer.

SAINT BERNARD

XIE SIÈCLE

Serait-il permis à l’Eglise, Mère si aimante et soucieuse du bien de ses fils, de rester indifférente à la vue de leurs dangers et de se taire, ou de faire comme si elle ne voyait pas, ne comprenait pas des conditions sociales qui volontairement ou non, rendent ardue et pratiquement impossible une conduite chrétienne conforme aux commandements du Souverain Législateur.

SAINT PIE X

CINQUANTIÈME ANNIVERSAIRE DE RERUM NOVARUM, 1941

Monsieur le Président, permettez à un vieil évêque qui a vu dans sa vie changer sept fois le régime politique de son pays, de vous dire une dernière fois ce que lui suggère sa longue expérience. En poursuivant dans la voie où elle s’est engagée, la République peut faire beaucoup de mal à la religion, elle ne parviendra pas à la tuer. L’Église a connu d’autres périls, elle a traversé d’autres tempêtes, elle vit encore au cœur de la France. Elle assistera aux funérailles de ceux qui se flattent de l’anéantir. La République n’a reçu de Dieu, ni de l’histoire aucune promesse d’immortalité.

CARDINAL GUIBERT, ARCHEVÊQUE DE PARIS

LETTRE DU 30 MARS 1886 AU PRÉSIDENT GRÉVY, 1886

Le principal crime que le monde expie en ce moment, c’est l’apostasie officielle des États... Je n’hésite pas à proclamer que cette indifférence religieuse, qui met sur le même pied la religion divine et la religion d’invention humaine, pour les envelopper toutes dans le même scepticisme, est le blasphème, qui, plus encore que les fautes des individus et des familles, appelle sur la société les châtiments de Dieu.

CARDINAL MERCIER

PASTORALE, 1918

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Le caractère propre de l’Eglise, c’est de vaincre toutes les fois qu’elle est attaquée.

SAINT HILAIRE

DE TRINIT., LIB. VII

Le laïcisme, qui nie les droits de Dieu sur la société humaine dont il est l’auteur, est un crime de lèse-divinité et le plus grand malheur du monde moderne. Pour réparer ce crime, il faut exalter Jésus-Christ, comme roi universel des individus, des familles et des sociétés.

PÈRE REGINALD GARRIGOU-LAGRANGE, O.P.

LA VIE SPIRITUELLE, 1925

La société civile et la société religieuse sont deux sociétés réellement distinctes et indépendantes dans leur sphère propre. Pourtant, la société civile, bien que distincte de l’Église, société religieuse, doit lui être unie et subordonnée. La raison de cette union et de cette subordination est la volonté expresse de Jésus-Christ qui impose l’ordre surnaturel non seulement aux individus et aux familles, mais aux sociétés elles-mêmes.

P. THÉOTIME DE SAINT-JUST, O.M.C.

LA ROYAUTÉ SOCIALE DE NS JÉSUS CHRIST D’APRÈS LE CARDINAL PIE, XXE SIÈCLE

Qu’il faille séparer l’Etat de l’Eglise, c’est une thèse absolument fausse, une très pernicieuse erreur. Basée, en effet, sur ce principe que l’Etat ne doit reconnaître aucun culte religieux, elle est tout d’abord très gravement injurieuse pour Dieu, car le créateur de l’homme est aussi le fondateur des sociétés humaines et il les conserve dans l’existence comme il nous soutient. Nous lui devons donc, non seulement un culte privé, mais un culte public et social, pour l’honorer.

ST PIE X

VEHEMENTER NOS, 1905

C’est pourquoi, Nous souvenant de notre charge apostolique et conscient de l’impérieux devoir qui nous incombe de défendre contre toute attaque - et de maintenir dans leur intégrité absolue les droits inviolables et sacrés de l’Eglise, en vertu de l’autorité suprême que Dieu nous a conférée, Nous, pour les motifs exposés ci-dessus, nous réprouvons et nous condamnons la loi votée en France sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat comme profondément injurieuse vis-à-vis de Dieu, qu’elle renie officiellement, en posant en principe que la République ne reconnaît aucun culte.

ST PIE X

VEHEMENTER NOS, 1905

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L’Eglise est certes composée d’hommes qui en forment le visage extérieur; mais, derrière cela, les structures fondamentales sont voulues de Dieu Lui-même, et sont donc intouchables. Derrière la façade humaine se trouve le mystère d’une réalité surhumaine sur laquelle le réformateur, sociologue et organisateur n’ont aucune autorité pour intervenir.

CARDINAL JOSEPH RATZINGER

ENTRETIEN SUR LA FOI, 1985

C’est de sainteté et non pas de management qu’a besoin l’Eglise pour répondre à chaque époque aux besoins de l’homme.

CARDINAL JOSEPH RATZINGER

ENTRETIEN SUR LA FOI, 1985

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Nos difficultés d’engagement

Parmi les catholiques, alors qu’ils devraient protéger et revendiquer les droits de l’Église avec le plus de zèle, quelques-uns, obéissant à une sorte de prudence humaine, prennent un parti contraire ou se montrent timides et trop soumis dans leur façon d’agir. On comprend facilement que cette conduite expose à de graves dangers.

LÉON XIII

ENCYCLIQUE AUX ÉVÊQUES DE HONGRIE, 2 SEPTEMBRE 1893

C’est approuver l’erreur que de ne pas y résister ; c’est étouffer la vérité que de ne pas la défendre… Quiconque cesse de s’opposer à un forfait manifeste peut être regardé comme un complice secret.

PAPE FÉLIX III

CITÉ PAR LÉON XIII, ENCYCLIQUE AUX ARCHEVÊQUES ET ÉVÊQUES D’ITALIE, 8 DÉCEMBRE 1892

Le devoir de tous les catholiques, devoir qu’il faut remplir religieusement et inviolablement dans toutes les circonstances tant de la vie privée que de la vie sociale et publique, est de garder fermement et de professer sans timidité les principes de la vérité chrétienne, enseignée par le magistère de l’Église catholique.

SAINT PIE X

ENCYCLIQUE SINGULARI QUADAM CARITATE, 24 SEPTEMBRE 1912

Un chrétien doit être toujours prêt au combat. Ce sont nos combats qui nous obtiendront le ciel. Tous les soldats sont bons en garnison. C’est sur le champ de bataille que l’on fait la différence entre les courageux et les lâches

SAINT CURÉ D’ARS

On ne peut se décider à être un saint sans qu’il en coûte beaucoup de renonciations, de tentations, de persécutions, de toutes sortes de sacrifices.

BIENHEUREUSE MÈRE TÉRÉSA

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L’âme est une graine que Dieu sème dans le chemin de l’Eglise, pour y produire des fruits de mérites et de vertus. Il faut que ce grain meure sous les terribles coups des peines, des adversités, des persécutions… Les tribulations des chrétiens sont la vie du monde.

SAINT PAUL DE LA CROIX

Le devoir de l’heure présente n’est pas de gémir, mais d’agir. Pas de gémissement sur ce qui est ou ce qui fut ; mais reconstruction de ce qui se dressera et doit se dresser pour le bien de la société. Aux meilleurs, à l’élite de la Chrétienté, vibrant d’un enthousiasme de Croisés, il appartient de se grouper, dans l’esprit de vérité, de justice et d’amour au cri de : Dieu le veut ! prêts à servir, à se dévouer comme les anciens Croisés. Il s’agissait alors de délivrer la terre sanctifiée par la vie du Verbe de Dieu incarné ; il s’agit, aujourd’hui, si Nous pouvons Nous exprimer ainsi, d’une nouvelle croisade, bravant la mer des erreurs du jour et du temps, pour délivrer la terre sainte spirituelle, destinée à être le soutien et le fondement de normes et de lois immuables pour des constructions sociales d’une intérieure et solide stabilité.

PIE XII

RADIO MESSAGE DE NOËL, 1942

Dans la vielle Rome païenne elle-même la demeure familiale avait son petit sanctuaire avec un autel dédié aux dieux lares ; on les ornait de guirlande de fleurs, spécialement aux jours de fête ; on y offrait des sacrifices avec des supplications. C’était un culte entaché de l’erreur polythéiste mais cette dévotion devrait faire rougir de honte beaucoup de chrétiens qui, bien que marqués du baptême, ne trouvent ni dans leurs demeures une place pour l’image du vrai Dieu, ni dans les vingt quatre heures de la journée le temps de rendre au Christ l’hommage commun de la famille.

PIE XII

Que demande aujourd’hui la vie ? Des hommes, de vrais hommes, non pas de ceux qui ne songent qu’à se divertir et à s’amuser, des hommes qui n’aient pas peur de marcher sur les âpres sentiers, des hommes qui aient horreur de la médiocrité et visent à cette perfection qu’exige de tous l’œuvre de la reconstruction. (…) Et l’Eglise, elle, que demande-t-elle ? Des Catholiques, de vrais catholiques bien trempés et forts. Le temps actuel a donc bien besoin de catholiques qui soient solidement enracinés dans la foi, de Catholiques, qui le regard fixé sur l’idéal des vertus chrétiennes, de la pureté de la sainteté, et conscients des sacrifices qu’elles réclament, tendent de toutes leurs forces vers cet idéal, dans leur vie quotidienne, toujours droits, toujours fermes, sans que les tentations ou les séductions puissent faire plier.

PIE XII

ALLOCUTION AUX MEMBRES DES CONGRÉGATIONS MARIALES, 21 JANVIER 1945

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Vous avez honte, mon ami, de servir le bon Dieu, par crainte d’être méprisé ? Mais, mon ami, regardez donc Celui qui est mort sur cette croix ; demandez-lui donc s’il a eu honte d’être méprisé, et de mourir de la manière la plus Honteuse sur cette croix infâme. Ah ! Ingrats que nous sommes envers Dieu, qui semble trouver sa gloire à faire publier de siècle en siècle qu’il nous choisit pour ses enfants. O mon Dieu ! Que l’homme est aveugle et méprisable de craindre un misérable qu’en-dira-t-on, et de ne pas craindre d’offenser un Dieu si bon. Je dis encore que le respect humain nous fait mépriser toutes les grâces que le bon Dieu nous a méritées par sa mort et sa passion. Oui, Mes Frères, par le respect humain, nous anéantissons toutes les grâces que le bon Dieu nous avait destinées pour nous sauver. Oh ! Maudit respect humain, que tu entraînes d’âmes en enfer ! (…) Mais, me direz-vous, quand est-ce que nous agissons par respect humain ? Mon ami, écoutez-moi bien. C’est un jour que vous étiez à la foire, ou dans une auberge où l’on mangeait de la viande un jour défendu et que l’un vous pria d’en manger ; que, vous contentant de baisser les yeux et de rougir, au lieu de dire que vous étiez chrétien, que votre religion vous le défendait, vous en mangeâtes comme les autres, en disant : Si je ne fais pas comme les autres, on se moquera de moi. - On vous raillera, mon ami. Ah! Certes, c’est bien dommage ! - Eh ! me direz-vous, je ferai bien plus de mal, en étant la cause de toutes les mauvaises raisons que l’on dira contre la religion, que j’en ferais en mangeant de la viande.- Dites-moi, mon ami, vous ferez plus de mal ? Si les martyrs avaient craint tous ces blasphèmes, tous ces jurements, alors ils auraient donc tous renoncé à leur religion ? C’est tant pis pour ceux qui font mal. Hélas ! M. F., disons mieux : ce n’est pas assez que les autres malheureux aient crucifié Jésus-Christ par leur mauvaise vie ; il faut encore vous unir à eux pour faire souffrir Jésus-Christ davantage ? Vous craignez d’être raillé ? Ah ! Malheureux, regardez Jésus-Christ sur la croix, et vous verrez ce qu’il a fait pour vous. Vous ne savez pas quand vous avez renié Jésus-Christ ? C’est un jour qu’étant avec deux ou trois personnes, il semblait que vous n’aviez point de mains, ou que vous ne saviez pas faire le signe de la croix, et que vous regardiez si l’on avait les yeux sur vous, et que vous vous êtes contenté de dire votre Benedicite ou vos grâces dans votre cœur, ou bien que vous allâtes dans un coin pour les dire. C’est lorsque, passant vers une croix, vous fîtes semblant, de ne pas la voir, ou bien vous disiez que ce n’est pas pour nous que le bon Dieu est mort. Vous ne savez pas quand vous avez eu du respect humain ? C’est un jour, que, vous trouvant dans une société, où l’on disait de sales paroles contre la sainte vertu de pureté, ou contre la religion, vous n’osâtes pas reprendre ces personnes, et bien plus, dans la crainte que l’on vous raille, vous en avez souri. - Mais, me direz-vous, l’on est bien forcé, sans quoi l’on serait trop souvent raillé. - Vous craignez, mon ami, d’être raillé ? Ce fut bien aussi cette crainte qui porta saint Pierre à renier son divin Maître ; mais cela n’empêcha pas qu’il commit un gros péché qu’il pleura toute sa vie. Vous ne savez pas quand vous avez eu du respect humain ? C’est un jour que le bon Dieu vous donna la pensée d’aller vous confesser, vous sentiez que vous en aviez bien besoin, mais vous pensâtes que l’on se moquerait de vous, que l’on vous traiterait de dévot. C’est une fois que vous aviez la pensée d’aller à la sainte Messe dans la semaine, et que vous pouviez y aller ; vous avez dit en vous-même que l’on se moquerait de vous et que l’on dirait : C’est bon pour ceux qui n’ont rien à faire, qui ont de quoi vivre de leurs rentes.

SAINT CURÉ D’ARS

SERMON DU DEUXIÈME DIMANCHE DE L’AVENT

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Nous ne devons pas songer à aller au Ciel dans un lit de plumes ; ce n’en est pas la voie, car Notre Seigneur y fut à grande douleur et à maintes tribulations : tel fut le chemin qu’il prit pour s’y rendre.

SAINT

Prêtres, législateurs, ouvriers, pères ou mères de famille, nous sommes les continuateurs des Apôtres et des martyrs. Mais que l’on ne rêve pas d’un champ de bataille chimérique en marge de la vie quotidienne. C’est en chacun de nos actes que nous devons être les témoins du Christ.

PÈRE PHILIPPON, O.P.

La sainteté est dans l’exercice de la vertu théologale de charité. Or l’apostolat, s’il est authentique, n’est que la vertu de charité en action. Charité envers Dieu, mais aussi charité envers le prochain, l’une ne va pas sans l’autre. Transfiguré par l’amour, et orienté vers le Royaume, tout labeur devient sanctifiant, puisqu’il est volonté de Dieu. La charité divine allumée dans nos coeurs par l’Esprit Saint transforme en prière tout ce que nous faisons pour Dieu ou pour le prochain. DOM CHAUTARD

L’AME DE TOUT APOSTOLAT

O Seigneur, si je pouvais voler là-bas, auprès de mes gens et leur dire bien haut à tous ta bonté : oh, que d’âmes je pourrais te gagner. O Jésus, que tous nos frères Africains Te connaissent et T’aiment. SAINTE JOSEPHINE BAKHITA

PRIERE SPONTANEE, 8/12/1896

Elle avait un désir très vif d’amener des âmes au Christ : « Puissé-je voler et les rejoindre tous et les éclairer dans la Foi! Les missionnaires sont insuffisants, car l’Afrique est grande. » (Doc. 108,221) SAINTE JOSEPHINE BAKHITA

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Omnia instaurare in Christo

Dans chaque localité, il faut qu’ils se connaissent, se voient, s’unissent. Il ne doit pas y avoir aujourd’hui une cité, une bourgade catholique qui n’ait son noyau d’hommes d’action. Cette organisation attire les indécis, donne du courage aux hésitants, fait contrepoids à l’influence du « qu’en dira-t-on « et rend chacun fort de la force de tous. Vous n’êtes qu’une douzaine d’hommes de cœur, n’importe : fondez une académie de la jeunesse catholique, une conférence ou du moins une confrérie. Mettez-vous aussitôt en relation avec la société analogue de la ville voisine ou de la capitale. Serrez-vous de la sorte dans toute la contrée, associations avec associations ; reformant à l’aide de vos boucliers la fameuse « tortue « que les légionnaires romains formaient en réunissant leurs boucliers ; ainsi unis, si peu nombreux que vous soyez, vous porterez haut la bannière d’une doctrine saine, pure, intransigeante, sans déguisement ni atténuation, sans pacte ni alliance avec l’ennemi. L’intransigeance courageuse offre un aspect noble, sympathique et chevaleresque. Il est beau de voir un homme battu comme un rocher par les flots et les vents rester debout, immobile, sans reculer. Bon exemple surtout, bon exemple constamment ! Prêchez par votre conduite, prêchez par elle en tout lieu. Vous verrez bientôt avec quelle facilité vous inspirerez le respect, puis l’admiration et ensuite la sympathie. (Etc.)

DON SARDA Y SALVANY

LE LIBÉRALISME EST UN PÉCHÉ

Nous sommes malheureusement ainsi depuis toujours, nous autres Russes : nous n’arrivons pas à apprendre à nous organiser d’en bas, et nous avons tendance à attendre les instructions d’un monarque, ou d’un guide, ou d’une autorité spirituelle ou politique, - or, cette fois, il n’y a rien, personne, que du menu fretin qui s’agite dans les hautes sphères. Nous avons l’obligation de sortir de notre état actuel d’humiliation et de désarroi : sinon pour nous- mêmes, du moins en mémoire de nos ancêtres et au nom de nos enfants et petits-enfants. Notre histoire nous apparaît aujourd’hui comme perdue sans retour, mais par des efforts appropriés de notre volonté nous pouvons peut-être faire qu’elle commence justement maintenant (…) Nous devons bâtir une Russie morale. Toutes les bonnes graines qui, par miracle, n’ont pas encore été piétinées, nous devons les recueillir et les faire pousser. L’Eglise nous y aidera-t-elle ? C’est elle qui a subi le plus de ravage. En outre, ses années de docilité au pouvoir de l’Etat l’ont minée de l’intérieur, elle a perdu l’élan nécessaire à une action énergique au sein de la société.

SOLJENITSYNE

LE « PROBLÈME RUSSE « À LA FIN DU XXE SIÈCLE,1995

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Comme tu ne peux être utile à tous, tu dois surtout t’occuper de ceux qui, selon les temps et les lieux, te sont étroitement unis comme par un certain sort ; par sort en effet, il faut entendre quiconque t’est lié temporellement et qui adhère à toi, ce qui fait que tu choisis de l’avantager.

SAINT AUGUSTIN

Le combat que nous pouvons gagner, c’est celui qui a été gagné avant nous par les moines qui ont créé les monastères-forteresses qui ont résisté aux invasions, à l’effondrement de l’empire romain. Ce sont eux qui ont permis la renaissance de l’occident chrétien. Il faut considérer, je crois, que nos familles sont un peu comme ces monastères- forteresses, et qu’il faut se regrouper autour de la famille, mener le combat contre la décadence par petits groupes comme ici (à l’UDT), comme dans d’autres clans (c’est un mot que j’aime bien puisque c’est à la fois un terme d’amour et un terme de guerre ; nous sommes tous membres de la même tribu, et nous sommes dans des clans différents entre lesquels doivent exister des échanges), et c’est vraiment cela qui est important, c’est cela qui nous sauvera. Peut-être pas nous, ni nos enfants. Mais qui sauvera quelque chose de ce qui peut l’être. Si nous ne faisons pas cela, ce ne sera même pas une catastrophe qui nous détruira. Ce sera une lente et douloureuse gangrène.

SERGE DE BEKETCH

UNIVERSITÉ D’ÉTÉ 2006 DE RENAISSANCE CATHOLIQUE. CITÉ DANS « A L’APPEL DE DÉNIKINE « (P 276)

Qu’ils s’unissent donc, tous les hommes de bonne volonté (...) qui veulent combattre ce bon et pacifique combat du Christ, (...) que tous s’efforcent d’apporter quelque contribution à l’œuvre de restauration sociale chrétienne. Ne permettons pas que les enfants de ce siècle paraissent plus habiles entre eux que nous.

PIE XI

QUADRAGESIMO ANNO

L’Eglise prendra d’autres formes. Elle ressemblera moins aux grandes sociétés, elle sera davantage l’Eglise des minorités, elle se perpétuera dans de petits cercles vivants où des gens convaincus et croyants agiront selon leur foi. Mais c’est précisément ainsi qu’elle deviendra, comme le dit la Bible, le sel de la terre.

CARDINAL JOSEPH RATZINGER

LE SEL DE LA TERRE

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Etant donné qu’il existe une culture hédoniste qui veut nous empêcher de vivre selon le dessein du Créateur, nous devons avoir le courage de créer des îlots, des oasis, puis de grands terrains de culture catholique, dans lesquels vivre les desseins du Créateur.

BENOÎT XVI

L’ESSENCE DE LA FOI, UNE PAROLE POUR TOUS.

D’où il suit que tout restaurer dans le Christ et ramener les hommes à l’obéissance divine sont une seule et même chose. Et c’est pourquoi le but vers lequel doivent converger tous nos efforts, c’est de ramener le genre humain à l’empire du Christ. Cela fait, l’homme se trouvera, par là même, ramené à Dieu. Non pas, voulons-Nous dire, un Dieu inerte et insoucieux des choses humaines, comme les matérialistes l’ont forgé dans leurs folles rêveries, mais un Dieu vivant et vrai, en trois personnes dans l’unité de nature, auteur du monde, étendant à toute chose son infinie providence, enfin législateur très juste qui punit les coupables et assure aux vertus leur récompense. (…) Certes, le jour où, dans chaque cité, dans chaque bourgade, la loi du Seigneur sera soigneusement gardée, les choses saintes entourées de respect, les sacrements fréquentés, en un mot, tout ce qui constitue la vie chrétienne remis en honneur, il ne manquera plus rien, Vénérables Frères, pour que Nous contemplions la restauration de toutes les choses dans le Christ. Et que l’on ne crie pas que tout cela se rapporte seulement à l’acquisition des biens éternels ; les intérêts temporels et la prospérité publique s’en ressentiront aussi très heureusement.

SAINT PIE X

ENCYCLIQUE E SUPREMI 4 OCTOBRE 1903

Le premier devoir des fidèles, pour aider à la restauration sociale chrétienne, c’est avant tout de faire régner Jésus-Christ dans leur intelligence par l’instruction religieuse. La seule espérance de notre régénération sociale, leur dit Mgr Pie, repose sur l’étude de la religion…Le premier pas de retour à la paix et au bonheur sera le retour à la science du christianisme.

PÈRE THÉOTIME DE SAINT-JUST, OMC

LA ROYAUTÉ SOCIALE DE NSJC D’APRÈS MGR PIE

Le premier devoir des fidèles, pour aider à la restauration sociale chrétienne, c’est avant tout de faire régner Jésus-Christ dans leur intelligence par l’instruction religieuse. La seule espérance de notre régénération sociale, leur dit Mgr Pie, repose sur l’étude de la religion…Le premier pas de retour à la paix et au bonheur sera le retour à la science du christianisme.

PÈRE THÉOTIME DE SAINT-JUST, OMC

LA ROYAUTÉ SOCIALE DE NSJC D’APRÈS MGR PIE.

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O vous tous, qui désirez ardemment le bienfait de la paix, accueillez les doctrines et embrassez les œuvres qui procurent la paix (Romain XIV, 19). Vous la trouverez dans votre soumission aux commandements du Seigneur, dans votre docilité aux enseignements de son Église. Hors la tradition chrétienne, il ne reste aux sociétés humaines ni doctrine précise, ni moralité définie, ni but déterminé. Le langage même est plein de confusion, et les mots diffèrent de sens selon la diversité de ceux qui les emploient. Les luttes des partis deviennent alors une escrime de paroles, un tournoi de discours, où le mérite oratoire peut se trouver partout, mais où l’énergie du vrai n’ose se produire nulle part. Condamnée à ne pas conclure, l’éloquence n’est plus qu’un amusement ou un artifice. De quelque éclat qu’elle s’enveloppe, la parole humaine est sans force quand elle ne fait pas écho au Verbe de Dieu. On ne changera point l’essence des choses. Jésus-Christ est la pierre angulaire de tout l’édifice social. Lui de moins, tout s’ébranle, tout se divise, tout périt. « Est-ce qu’il vous plait de suivre la route des «siècles pervers, la route qu’ont frayée les grands coupables de la génération précédente, ces hommes emportés avant la fin de leur œuvre, qui disaient à Dieu : 'Retirez- vous de nous', et qui regardaient le Tout-Puissant comme ne pouvant rien faire? Ah ! loin de nous les maximes de ces impies! Ce qu’ils ont élevé n’a t-il pas été détruit, et l’incendie n’en a t-il pas dévoré les restes? Instruits à cette école, soumettez-vous à Dieu par un plein acquiescement, et vous aurez la paix, et vous recueillerez des fruits excellents.» (Job, XXII,15-21.)

CARDINAL PIE

Tout homme quel qu’il soit est appelé à la sainteté et à l’apostolat, sans sortir du monde, pourvu qu’il surnaturalise les réalités temporelles auxquelles il est mêlé, le travail professionnel et les tâches familiales et sociales avant tout.

SAINT JOSÉ MARIA ESCRIVA DE BALAGUER

Formez avec les saints des intimités de grâce. (…) On ne peut trop vous conseiller de lire la vie des saints. C’est la grande école ; c’est l’Evangile vivant, c’est le christianisme en action, c’est la moisson sortant incessamment de ce grain de froment jeté en terre pour y mourir, et qui s’appelle Jésus… Après l’Eucharistie et la Sainte Ecriture, il n’y a rien qui, plus promptement et plus assurément, puisse former dans les âmes ce tempérament surnaturel, qui est comme le fond de toute sainteté. La sainteté est une contagion ; la vie des saints est l’atmosphère qui la transmet le long des âges.

MGR CHARLES GAY

Etre prête à contredire et à résister est un des aspects de la mission de l’Eglise.

CARDINAL JOSEPH RATZINGER

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[La confiance en Dieu est] un beau fruit de la Foi et de l’Amour. Vertu éminemment apostolique, c’est elle qui suscite à l’Eglise ses grands types de missionnaires qui font sa gloire.

MGR ALAIN DE BOISMENU

XXE SIÈCLE

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Quelques prières

Sainte Église romaine, mère des Églises et mère de tous les fidèles, choisie de Dieu pour unir ses enfants dans la même foi et dans la même charité, nous tiendrons toujours à ton unité par le fond de nos entrailles. Si je t’oublie, Église romaine, puissé-je m’oublier moi-même ! Que ma langue se sèche et demeure immobile dans ma bouche si tel n’es pas toujours la première dans mon souvenir, si je ne te mets pas au commencement de tous mes cantiques de réjouissance ! BOSSUET

Poésie « Tout restaurer dans le Christ »

Enfin, pour accomplir sa volonté suprême, « Restaurons dans le Christ la terre et les Cieux, » Le Ciel, il est en nous, et l’Esprit Saint Lui-même Veut le renouveler en l’ardeur de ses feux. Puis restaurons aussi le Royaume de France, Offrons « le Sang du Juste », Il est notre rançon, Par lui nous obtiendrons la paix, la délivrance, Et Dieu prononcera le suprême pardon.

Sainte Elisabeth de la Trinité Pour le 15 juin 1904

Litanies de Saint Pie X

Seigneur, ayez pitié de nous. Christ, ayez pitié de nous. Seigneur, ayez pitié de nous. Christ, écoutez-nous. Christ, exaucez-nous. Père Céleste, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous. Fils, Rédempteur du monde, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous. Esprit Saint, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous. Trinité Sainte, qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous.

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Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous. Saint Joseph, Patron de l’Eglise universelle, priez pour nous. Saint Pie X, modèle pour les prêtres, priez pour nous. Saint Pie X, évêque sage, priez pour nous. Saint-Pie-X, humble cardinal-patriarche, priez pour nous. Saint Pie X, pape de paix, priez pour nous. Saint Pie X, modèle de zèle pour les enseignants, priez pour nous. Saint-Pie-X, consacré aux pauvres, priez pour nous. Saint-Pie-X, consolateur des malades, priez pour nous. Saint-Pie-X, amant de la pauvreté, priez pour nous. Saint-Pie-X, humble de cœur, priez pour nous. Saint-Pie-X, fidèle au devoir, priez pour nous. Saint Pie X, héroïque dans la pratique des vertus, priez pour nous. Saint-Pie-X, rempli de l’esprit de sacrifice de soi, priez pour nous. Saint Pie X, qui désiriez restaurer toutes choses dans le Christ, priez pour nous. Saint Pie X, qui a amené des petits enfants à la table du Seigneur, priez pour nous. Saint Pie X, qui a conseillé à tous la communion fréquente et quotidienne, priez pour nous. Saint Pie X, qui nous a demandé de connaître et d’aimer la sainte liturgie, priez pour nous. Saint Pie X, qui a cherché partout la diffusion de la doctrine chrétienne, priez pour nous. Saint Pie X, qui a réformé la musique de l’Eglise, priez pour nous. Saint Pie X, qui nous a enseigné la valeur de l’action Catholique, priez pour nous. Saint Pie X, qui a consacré les fidèles à l’apostolat des laïcs, priez pour nous. Saint Pie X, qui teniez à être connu comme un pasteur des pauvres âmes, priez pour nous. Saint Pie X, qui répondez aux prières de ceux qui crient à toi, priez pour nous.

Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, pardonnez-nous, Seigneur. Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, exaucez-nous, Seigneur. Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, ayez pitié de nous, Seigneur.

Priez pour nous, saint Pie X Afin que nous soyons rendus dignes des promesses de Notre Seigneur Jésus Christ.

Prions

Seigneur, pour défendre la Foi Catholique, et fonder toutes choses dans le Christ, Vous avez comblé le Pape Saint Pie X de Sagesse Divine et de courage apostolique; permettez que, dociles à ses instructions et à ses exemples, nous obtenions l’éternelle récompense. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen.

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Prière de Saint Pie X à l’Immaculée Conception

Vierge très Sainte, qui avez plu au Seigneur et êtes devenue sa Mère, Vierge Immaculée dans votre corps, dans votre âme, dans votre foi, et dans votre amour, de grâce, regardez avec bienveillance les malheureux qui implorent votre puissante protection. Le serpent infernal, contre lequel fut jetée la première malédiction, continue, hélas! à combattre et à tenter les pauvres fils d’Eve. O Vous, notre Mère bénie, notre Reine et notre Avocate, vous qui avez écrasé la tête de l’ennemi dès le premier instant de votre Conception, accueillez nos prières, et, nous vous en conjurons, unis en un seul cœur, présentez-les devant le Trône de Dieu, afin que nous ne nous laissions jamais prendre aux embûches qui nous sont tendues, mais que nous arrivions tous au port du salut, et qu’au milieu de tant de périls, l’Eglise et la société chrétienne chantent encore une fois l’hymne de la délivrance, de la victoire et de la paix. Ainsi soit-il.

« Je vous aime, ô mon Dieu... »

Je vous aime, ô mon Dieu, et mon seul désir est de vous aimer jusqu’au dernier soupir de ma vie. Je vous aime, ô Dieu infiniment aimable, et j’aime mieux mourir en vous aimant que de vivre un seul instant sans vous aimer. Je vous aime, ô mon Dieu, et je ne désire le Ciel, que pour avoir le bonheur de vous aimer parfaitement. Je vous aime, ô mon Dieu, et je n’appréhende l’enfer que parce qu’on n’y aura jamais la douce consolation de vous aimer. Ô mon Dieu, si ma langue ne peut dire à tout moment que je vous aime, du moins, je veux que mon cœur vous le répète autant de fois que je respire. Ah ! Faites-moi la grâce de souffrir en vous aimant, de vous aimer en souffrant, et d’expirer un jour en vous aimant et en sentant que je vous aime. Et plus j’approche de ma fin, plus je vous conjure d’accroître mon amour et de le perfectionner. Amen !

SAINT JEAN-MARIE VIANNEY (1786-1859)

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Prière au Saint Esprit pour l’Eglise

Ô Esprit Saint, envoyé par le Père au nom de Jésus, qui assistez l’Eglise de votre présence et la dirigez infailliblement, daignez, nous vous en prions, répandre la plénitude de vos dons sur la sainte Eglise. Maître et consolateur très doux, faîtes que la lumière et la force de l’Evangile se répandent toujours davantage dans la société humaine ; Que la religion catholique et l’activité des œuvres missionnaires accroissent leur vigueur, et qu’enfin la doctrine de l’Eglise soit plus pleinement connue et que les mœurs chrétiennes connaissent un salutaire progrès. Ô doux hôte de l’âme, affermissez nos intelligences dans la vérité et disposez nos cœurs à l’obéissance, pour que nous recevions avec la même soumission toutes les décisions de l’Eglise et les mettions en pratique avec empressement. Nous vous prions aussi pour les brebis qui ne sont pas dans l’unique bercail de Jésus-Christ, afin que, de même qu’elles s’honorent d’être chrétiennes, elles parviennent enfin à l’unité sous la conduite de l’unique Pasteur. Renouvelez en notre époque, comme par une nouvelle Pentecôte, vos merveilles, et accordez à la Sainte Eglise que dans une prière unanime, instante et persévérante, avec Marie, la Mère de Jésus, sous la conduite de Saint Pierre, s’étende le Royaume du divin Sauveur, Royaume de vérité, de justice, d’amour et de paix.

Ainsi soit-il.

Prière de la route

Seigneur Jésus, qui m’avez établi en marche vers le Ciel, faites que la route, toujours à notre porte, soit une invite continuelle à servir. Que son grand air et ses difficultés servent à la santé de mon corps, comme à l’équilibre de mon âme. Qu’elle m’enseigne à prendre le temps comme il vient, les gens comme ils sont, et le Bon Dieu comme Il veut. Que sa longueur m’apprenne le jusqu’au bout des vies qui valent la peine d’être vécues. Que ses carrefours me soient occasion de choisir, à l’ombre des calvaires, ce qui est loyauté vraie, et vie abondante. Je le demande, Seigneur, à Vous qui êtes la Route, la Vérité et la Vie. Ainsi soit-il.

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