Puy-L'évêque Ancienne Tour Épiscopale
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CONSEIL GÉNÉRAL DU LOT Inventaire de l’architecture médiévale du Lot Patrimoine architectural PUY-L’ÉVÈQUE Ancienne tour épiscopale Étude monumentale GILLES SÉRAPHIN - JANVIER 2007 PUY-L'ÉVÊQUE ANCIENNE TOUR ÉPISCOPALE Le castrum de Puy-l'Évêque (castel del Pug) est mentionné pour la première fois en 1227, époque à laquelle il est acquis en même temps que celui de Luzech par l'évêque de Cahors. Antérieurement à cette date, le silence de la documentation a conduit à supposer qu'il n'était que le castrum secondaire d'un lignage connu pour d'autres possessions. L'appartenance de l'ensemble des paroisses de la châtellenie de Puy-l'Évêque à l'archiprêtré de Pestilhac désignerait a priori les seigneurs de Pestilhac, dont une partie des possessions furent effectivement confisquées au profit de l’évêque, comme les vraisemblables possesseurs du Puy avant 1227. Une autre hypothèse conduit à se tourner vers le patrimoine d’un autre lignage baronnial, celui des Luzech, eux-mêmes successeurs pour une part importante de l’archidiacre Ingelbert dont les possessions s’étendaient vers 935 jusqu’à Courbenac et, aux environs, jusqu’à un certain lieu dit Podium Retundum. Le lignage éponyme des Del Pech, mentionné dès le 11e siècle était déjà représenté par trois branches distinctes dans le castrum à la fin du 13e siècle et y tenait une place privilégiée, derrière l'évêque mais au dessus des autres milites castri. Leur effectif dépassait la vingtaine, et ils se répartissaient entre sept lignages distincts. L’édifice (Fig. 1) La tour de Puy-l’Évêque est intégrée aujourd’hui au sein de l’hôtel de ville dont les murs, épais de plus de 1,70 m et percés de curieuses baies en plein cintre à doubles ébrasements, pourraient appartenir en partie à un ancien édifice médiéval. L’hypothèse qui consisterait à y reconnaître les vestiges d’une aula épiscopale, accolée à la tour, n’est pas à écarter dans la mesure ou le logis de l’Ychairie, établi à proximité, ne figurait pas parmi les possessions de l’évêque. En revanche, une camera épiscopale, où l’évêque recevait ses hommages, est mentionnée à la fin du 13e siècle. La tour de Puy-l’Évêque servit de prison jusqu’au 18e siècle au moins, ainsi qu’en témoignent les portes à guichets, encore entreposées dans ses étages. La présence de quatre larges contreforts enveloppant les angles apparente a priori cette tour à celle de Luzech dont elle est supposée être contemporaine. Là s’arrêtent toutefois les points communs entre les deux - 1 - édifices. De moindres dimensions au sol, bien que sensiblement plus haute, la tour de Puy- l’Évêque est en effet dotée d’une organisation différente. Pour un espace utile réduit (à peine 10 m2), la tour disposait de quatre niveaux portant son élévation à 23 m ou plus. La salle-basse, voûtée tardivement, semble avoir été initialement couverte par un simple plancher, comme le suggère le bandeau de section carrée dont la trace subsiste à 5,25 m de hauteur et dont l’implantation proche du niveau de sol de l’étage supérieur ne permet pas de restituer un couvrement voûté. La porte d’accès actuelle est moderne : la salle basse était donc accessible originellement par une trappe aménagée dans le plancher. Une fente de jour, étroite et à couvrement plat, en constituait l’unique percement (Pl. 5 : n°2 ; Fig. 6). À l’intérieur, l’arc de tête surbaissé de cette baie, composé de deux pierres, pourrait appartenir à l’état d’origine bien qu’il ne soit pas cohérent avec le couvrement plat visible à l’extérieur. Le premier étage correspond au niveau d’accès d’origine. La porte primitive (Pl. 2 : n°4 ; Fig. 2), établie au revers d’un contrefort, à 6,50 m de hauteur ouvre sur l’extérieur, sur la face opposée (élévation nord-est) à l’ancienne aula. Elle est couverte extérieurement en arc brisé émoussé. Deux vantaux successifs y enfermaient l’accès latéral à un escalier droit intramural permettant d’atteindre l’étage supérieur (Fig. 7). La salle, voûtée en berceau plein-cintre (hauteur : 6,50 m ; Fig. 8) ne disposait, comme la salle basse, que d’une étroite fente de jour à couvrement plat (Pl. 2 : n°8). Accessible par l’escalier intramural (Pl. 3 : n°10 ; Fig. 9), le second étage, également très haut (6 m), était éclairé par une ample fente de jour à embrasure cintrée (Pl. 3 : n°9 ; Fig. 12), soigneusement encadrée à l’extérieur par un large chanfrein dessinant un arc segmentaire délardé dans le linteau. À mi-hauteur, des latrines étaient établies sur un repos de l’escalier intérieur de charpente qui prenait ici le relais de l’escalier de pierre (Pl. 3 : n° 11 ; Fig. 1&13). Cette rupture des circulations verticales est semblable à celle que l’on observe dans d’autres tours-beffrois du second tiers du 13e siècle (Castelnau-Bretenoux, Cardaillac…). Le troisième étage, dont le plancher a disparu (les encastrements de deux poutres maîtresses subsistent), est marqué par une importante retraite du parement intérieur, qui pourrait correspondre au raccord de l’ultime campagne de construction. Cette salle haute semble aujourd’hui tronquée par le hourdis récent qui porte la plate-forme sommitale, indice possible que l’édifice, prévu plus haut, a pu rester inachevé ou qu’il fut écrêté. Les quelques marches en pierre qui donnent accès à la terrasse actuelle et qui évoquent le départ d’un escalier intramural (Pl. 4 : n°14) pourraient dans ce cas, soit avoir été prévues pour desservir une terrasse sommitale située plus haut, soit pour desservir un niveau supplémentaire. Sans doute affectée au guet, la salle du troisième étage était dotée d’une cheminée encastrée, actuellement condamnée (Pl. 4 : n° 12 ; Fig. 14), d’une armoire murale à feuillure (murée ; Fig. 15) et d’une ample embrasure à coussiège, ouvrant sur une modeste fenêtre à encadrement chanfreiné (Pl. 4 : n° 13 ; Fig. 4, 16&17). Le style de ces aménagements qui rendaient la pièce habitable évoque au plus tôt le dernier tiers du 13e siècle. À supposer que la dernière campagne de construction, correspondant à la réalisation du dernier niveau, s’inscrive dans la continuité des précédentes, comme le suggère l’homogénéité des parements extérieurs, il conviendrait de rajeunir sensiblement la datation de cette tour qui n’est peut-être pas antérieure au milieu du 13e siècle. Le parapet qui termine la plate-forme sommitale est moderne. Sous le bandeau qui souligne la balustrade sont conservés deux motifs sculptés, apparemment en remploi. L’un des deux pourrait être un ancien modillon, orné d’une tête humaine. L’autre (Fig. 4) qui a pu orner le claveau d’une baie cintrée en double cavet, représente une tête animale (un renard ?). - 2 - Repères historiques vers 1032-1048 - Ségui del Pech. Donation en faveur de Gausbert, abbé séculier de Moissac, par le moine Bernard, fils de Garin et d'Adalaïs et frère de Séguin, de l'héritage que sa mère lui a laissé dans la viguerie de Duravel et la villa de Montegiballo ainsi qu'à Gamanet, confrontant avec les possessions de Seguin del Pech (Siguinus de Podio) et celles de Saint- Étienne de Cahors. Doat, t. 128, f° 67. - Müssigbrod (A.), Die Abtei Moissac 1050-1150, p. 219-221. (Charte 27 du cartulaire de Moissac) 1227 - Guillaume de Cardaillac, évêque de Cahors, seigneur du Puy. Bulle du pape Grégoire IX félicitant l’évêque de Cahors Guillaume de Cardaillac de l'acquisition qu’il venait de faire de Luzech et Puy-l'Évêque. La bulle précise que l’évêque ne pouvant pourvoir aux besoins des garnisons de ces deux châteaux, pourra en retenir les églises (les dîmes) jusqu’à ce que prennent fin les entreprises des routiers et des hérétiques. D'Alauzier (L.), « Acquisition de Puy-l'Évêque et Luzech par l'évêque de Cahors », dans B. S. E. L. 1978, p. 178. (B. M. de Cahors, ms n°41). 1294 - Sicard de Montaigut, évêque de Cahors, seigneur de Puy-l'Evêque. Sicard de Montaigut, évêque de Cahors reçoit l'acapte due par les consuls de la ville, al castel del Pug en la cambra del predig senhor avesque Lartigaut (J.), Puy-l'Évêque au Moyen Age, p. 53. Bibliographie : ALAUZIER (L. d’), « Acquisition de Puy-l'Évêque et Luzech par l'évêque de Cahors », dans B. S. E. L., 1978, p. 178. CHÂTELAIN (A.), Donjons romans des pays d'Ouest, Picard 1973, p. 226. LARTIGAUT (J.), Puy-l’Évêque au Moyen Age, Bayac, 1991, p. 19, 24. - 3 - Figures Fig.1 – L’ensemble épiscopal de Puy-l’Evêque : la tour à contreforts et l’ancienne aula attenante, devenue hôtel de ville. - 4 - Fig. 2 – La tour épiscopale de Puy-l’Evêque : élévation nord-est. - 5 - Fig. 3 – La tour épiscopale de Puy-l’Evêque : élévation sud-est Fig. 4 – La tour épiscopale de Puy-l’Evêque : élévation sud-est, détail. - 6 - Fig. 5 – La tour épiscopale de Puy-l’Evêque : élévation nord-ouest, détail. Fig. 6 – La tour épiscopale de Puy- l’Evêque : salle basse du rez-de- chaussée, angle ouest - 7 - Fig. 7 – La tour épiscopale de Puy-l’Evêque : premier étage, ancienne porte d’accès. Fig. 8 – La tour épiscopale de Puy-l’Evêque : premier étage, angle ouest. - 8 - Fig. 9 – La tour épiscopale de Puy-l’Evêque : escalier intramural et porte d’accès au deuxième étage. Fig. 10 – La tour épiscopale de Puy-l’Evêque : deuxième étage, angle sud. - 9 - Fig. 11 – La tour épiscopale de Puy-l’Evêque : deuxième étage, angle ouest. Fig. 12 – La tour épiscopale de Puy- l’Evêque : deuxième étage, élévation sud- est Fig.