Les marchés du pays baoulé de la zone dense

Typologie, organisation et fonctionnement

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, I /

Figure 1 - Localisation de la zone d’enquête par rapport à l’ensemble de la Côte d’ivoire.

138 Les marchesoccupent-ils une place fondamentale dansl’organisation et le fonctionnement de l’éco- nomie de savaneet préforestièrede la zone denseà l’ouest de Bouaké (1) ? Sur un territoire de 5 856 km2 regroupant une population de plus de 165000 h, on compte 22 marchéshebdomadaires et un marchéquoti- dien, celui de (voir figure 2). Leur présenceconstitue un phénomèneremarquable pour l’analyste sur de nombreux points. 1 - Avant la pénétration coloniale, cette zone était quasimentvide de marchés.La majeurepartie des échangess’effectuaient de groupe à groupe commedans la plupart dessociétés segmentaires. Seul Mar,abadiassa, crééentre 1860 et 1870 par Mory Tour~?possédait un marché qui connut une très grandeprospérité. Trois sériesde phénomènespermettent de l’expliquer :

(1) Le domaine d’enquête comprend les sous-préfectures de Béoumi, , , Sakassoet . Les quatre premières sont directement concernées par le barrage de Kossou (voir figures 26 et 27). Cette étude des marchés n’est qu’un prolongement des travaux déjà entrepris sur la zone dense à l’ouest de Bouaké. Elles se propose : 1 - d’apporter une contribution à l’élaboration d’une typologie des marchés en pays baoulé en mettant l’accent sur leur formation, leur organisation et leur fonctionnement ; 2 - de délimiter leurs aires d’attraction et de dégager leur rôle dans la structuration de l’espace rural environnant et dans la vie régionale’; 3 - de mesurer leurs poids dans la commercialisation des produits locaux et importés ; ~ 4 - d’apporter certaines informations susceptibles de permettre d’apprécier l’impact de la construction du barrage sur le semis des marchés et d’éclairer les actions qui seront entreprises pour remodeler l’espace considéré et réorganiser les circuits de commercialisation traditionnels en fonction des données nouvelles (*). Pour que le document soit utilisable par les praticiens, il a paru indispensable d’abandonner l’approche monographique pour ne retenir que les aspects les plus caractéristiques des marchés. Un effort de représentation cartographique de quel- ques phénomènes significatifs a été tenté conjointement afin de rendre cette analyse plus vivante. (*) Notons que la sous-préfecture de Bodokro vient d’être créée par le détachement des villages du groupe Goli de celle de Botro. Les limites du barrage correspondent approximativement à celles de la forêt-galerie où est localisée la majeure partie des plantations de café et de cacao.

139 - En premier lieu, salocalisation au bord du Bandamadans la zone de contact forêt-savane«où les biens et les personnesont circule constamment»au cours des siècles; - en secondlieu, les prédispositionspour le commercede la population zerma immigrante et la similitude desmilieux d’accueil et de départ ; - enfin, saposition privilégiée - d’une part, au milieu de groupesethniques différents, les Ta- gouana,les Baoulé et les Koro - d’autre part, au centre du pays entre la basse-Côteet les deux plus grandesplaces commerciales du nord de la Côte d’ivoire, Odienné et Kong - lui a permis d’être à la fois un trait d’union et une veritable plaque tournante. Cette rente de situation a été excellement mise en évidencedans une étude consacréeau développe- ment deséchanges commerciaux entre le pays baoulé et le nord de la Côte d’ivoire. «Pourjouer ce rôle d’inter- mediaire, soulignent les auteurs, il fallait offrir aux partenairesdes biens dont ils avaient réellement besoin. Les commerçantsde Marabadiassase montrèrent très habiles. Pour les échangesavec les Baoulé, ils surent exploiter le fait que de nombreux villages du nord n’osaient plus envoyer desreprésentants a Tiassalt?à cause du brigandageet étaient, par conséquent,prêts à accueillir favorablement de nouvelles offres de débouchés. Mory Tour6 et seshommes leur présentérentune monnaie d’échangeparticulièrement estimable : les captifs qu’ils seprocuraient chaquejour en plus grand nombre en pays sénoufo. Ils recevaienten échangede l!or, du sel, descauris, despagnes, des objets de pacotille et desarmes à feu ou de la poudre, qu’ils troquaient avec leurs autrespartenaires contre d’autres biens en réalisant chaquefois un bénéfice substantiel. En inaugurant le commercedes esclaves, ouvrait une nouvelle ère d’échangesentre la région de Bouake et les pays du nord. Ce commerceprit une intensité remarquablequelques années plus tard sousl’impulsion de Samori» (2). 2 - Marabadiassaresta donc le seul marché de la zone densejusqu’a la conquête de cette partie du pays baoulé par les troupes françaises.A partir de ce moment, l’administration coloniale calqua sapropre organisation sur les structures socio-politiques-existantes.C’est dansla logique de la politique d’encadrement et d’embrigadementque se situe la création de la plupart desmarchés dans les chefs-lieux de canton de la ré- gion entre 1910 et 1920. Les administrateursne réussirentpas facilement à les faire adopter par les villageois. En dépit de la contrainte, les placesde marché restèrent peu fréquentées.Les échangesne portaient que sur d’infimes quantités et s’effectuaient sousforme de troc. En fait, le marché était surtout un lieu où l’adminis- tration pouvait collecter plus facilement les produits de traite, en particulier le coton, le palmiste et le latex. Ce manque d’enthousiasmedes Baoulé pour les «marchésdu commandant»poussa l’administration a rechercher desintermédiaires. Le recrutement desagents se fit parmi les Mandé et les Malinké du nord de la Côte d’ivoire et aussichez les Voltaïques et les Maliens..Leur importance numérique connut une progression rapide avecl’achèvement de la voie ferme Abidjan-Niger qui faisait du pays baoulé un lieu de passageobligé desgrands courants d’échangeentre le nord et le sud. La plupart de cescommerçants s’installerent dansles chefs-lieux de canton, leur imprimant une physionomie qu’ils conserventencore aujourd’hui. Ils colportaient les marchandisesd’origine européennedans les villageset revenaient avecdes produits agricolesqu’ils allaient revendredans les postesadministratifs et les villes.

Toutes cesobservations montrent donc que pendant longtemps, si le principe du marchén’était pas absentdu mode de production baoulé, il obéissait,du moins, à desfinalités totalement différentes de celles qui apparaîtront avecl’introduction de l’économie de traite et de la monnaie. Par ailleurs, que ce soit à Marabadiassa- dont les circonstancesde la création et les mobiles qui ont présidé à salocalisation ont déja

, (2) Etude régionale de Bouaké - 1962-1964 - Tome 1 - Le peuplement, les étapes du peuplement. pp.9-57 Ph. et M.A. de SALVERTE.

1.40 . ._..

Bté évoqués- ou dansles chefs-lieux de canton, les Baoulé sesont toujours démisde la fonction commerciale au profit d’élémentsétrangers a leur groupe. C’est,peut-être, ce qui explique l’apparition desrapports mercan- tiles. L’extension du principe du marchéet l’accroissementdu taux de fréquentation desplaces de marchésont étroitement liés à la colonisation et à I’économie de traite. La culture du coton imposéepar l’administration et le developpementde la culture du café mettront à la disposition de la population une massede monnaie grâceà laquelle eUepourra s’acquitter desimpôts et redevancesdiverses et accéderaux nouvelles formes de consommation.Le mouvement serarenforcé par la croissancede Bouaké,la mise en servicede la ligne de chemin de fer Abidjan-Niger et l’ouverture de pistes destinéesà faciliter la collecte desproduits. Tous ces élémentsmodifieront profondément les normeséconomiques traditionnelles. Les rapports d’échangequi existaient au sein de l’adobo s’effectuaient sur une basequi excluait le profit. Ils prendront progressivement un caractérecommercial à partir du moment où, a côté de la sociétébaoulé, viendront cohabiter les popula- tions du nord communémentappelées Dioula. II sembleque l’absencede toute forme d’obligation entre ces deux groupesfacilitera l’instauration de rapports mercantilesqui seront à l’origine de l’épanouissementdes marchésdans lesquels les Baoulé s’intégreront peu à peu. Cette rapide incursion à traversl’histoire de la genèsedes marchés dans la sociétébaoulé à l’ouest de Bouaképrésente encore de nombreuseslacunes qui mériteraient d’être comblées.Faute d’étudesapprofon- dies sur la question, il a fallu secontenter de la documentation existante et de réflexions personnelles.La plupart desidées émises ne sont que deshypothèses de travail qui demandentà être vérifiéespar une appro- che plus systématique.Néanmoins, malgré leur imperfection, elles permettent de mieux typer les marchés actuelset d’apprecierleur organisation,leur fonctionnement et leur rôle dansla structuration de la zone ru- rale. C’estl’analyse de cesproblèmes qui constituera le troisième volet de notre problématique (3).

(3) Cette étude est le prolongement de l’analyse des caractéristiques de structure et de fonctionnement de l’économie de la zone dense à l’ouest de Bouaké qui a déjà fait l’objet de deux rapports : a - Mouvements migratoires et développement économique dans la zone dense à l’ouest de Bouaké. doc.multigr., 76 p., 15 cartes - ORSTOM Sciences humaines, vol. 1,9, Abidjan 1968. b -Croupe de production et niveau de revenu dans la zone dense à l’ouest de Bouaké. doc.multigr., 75 p., 3 cartes, 5 graph. - ORSTOM Sciences humaines, ~01.11,2, Abidjan 1969. ESSAI D’ÉLABORATION D’UNE TYPOLOGIE DES MARCHÉS

Les marchés ne présententpas tous les mêmescaractéristiques. Ils diffèrent par la localisation, l’aire d’attraction, les vocations, les fonctions, le degréde dépendance,le poids. C’est la combinaisonde cesdivers facteurs qui leur confere leur originalité.

1 - LE MILIEU D’INSERTION

Si l’on serefère à ce critère, les marchésse distinguent selon qu’ils sont implantés en milieu rural ou dansles centressemi-urbains.

a - Les marchés localisés en milieu rural Leur taille est extrêmement variable. Elle se situe entre 500 et 3 000 acheteurs,vendeurs et visiteurs (voir figure 2). Cesmarchés sont généralementétablis au carrefour de pistesou de routes secondairesou le long d’un axe principal. Ils occupent une surfacede 1000 à 10000 m2. Ils ne seréunissent qu’une fois par semaine. Leur existenceest la résultante de plusieurs facteurs : _l’éloignement de certainsvillages descentres semi-urbains,les barrièresnaturelles (fleuves, rivières, forêts classées),l’impraticabilité de certainespistes à la saisondes pluies ont favoriséla créa- ’ tion de certainsmarchés. Celui de Koyarabo à Béoumi à l’ouest du Bandamaet celui de Toumodi- Sakasso,à Sakasso,sont les casles plus représentatifs; -l’abondance du café et de la bananea aussiconstitué un excellent catalyseur.Les meilleurs exemplessont fournis par le marché de Bondossou dansle sud de Sakassoet celui de Kekrenou au sud.de Béoumi ; - la rente de situation et la présenced’un produit rare ont exercéune influence indéniable. C’estle casde deux marchéslocalises à la périphérie de la zone au contact de groupesethniques différents et spécialisésdans la vente desproduits de la chasse; - Totokro, entre Tiénigbé, Mankono et Béoumi ; - Marabadiassa, entre Katiola, Botro et Tiénigbé ; - la proximité de Bouaké et la localisation sur un axe important (4) peuvent être desfacteurs explicatifs de l’implantation de certains marchés cotie Assikro et Abolikro tournés versla commer- cialisation desvivriers, descondiments et desproduits de cueillette ; - le facteur ethnique, et principalement les divisions tribales, ont parfois favorisela constitution de marchés.Deux marchésfonctionnant au niveau d’un groupe relativement homogèneont été repérés: - le marché de Bodokro où on retrouve surtout les ressortissantsdu groupe Goli et que les Satikran donnent l’impression d’ignorer ; - le petit marché d’Abouakro, relevant du groupe Fari, crééen réaction contre celui de

(4) cf. G. ANCEY - Un exemple de fonctionnement de marché rural à proximité d’une agglomération urbaine : le cas de . ORSTOM., dot. multigr., 31 p., 1970.

143 Kekrenou en raison de luttes d’influence déjà fort anciennes.II sembleque ce contentieux ait joué davantagedans la décision desvillages que l’implantation au mêmeemplacement d’un centre de productivité, sorte de coopérative d’achat et de vente expérimentéepar les servicesde l’animation rurale entre 1967 et 1968. Le marchéa d’ailleurs survécuà la ferme- ture de cet organisme.Ceci montre que ce dernier n’avait été que l’occasion propice, mais qu’il ne constituait pasle mobile profond de sacréation.

b - Les marchés localisés dans les centres semi-urbains Ils sedifférencient desprécédents sur de nombreux points : - la localisation : ils sont tous établis dansun chef-lieu de sous-préfecture,ce qui leur permet de bénéficier de l’attrait exercé par cespetites capitales zonalessur les villageois, en raison de leurs fonctions administrative, scolaire,sanitaire ; - l’environnement : ils occupent une surfacede 10000 m2 en moyenne, entourée d’une cein- ture de commercesmodernes assez diversifiés où les villageois peuvent facilement s’approvisionner. Seul, Diabo sembleéchapper à la règle à causede la proximité de Bouaké et de l’ouverture relati- vement récente de la sous-préfecture; - l’équipement : ils disposentd’une infrastructure plus ou moins développéeselon l’impor- tance du centre. On y trouve deshangars où serassemblent habituellement les marchandsde pagnes et d’étoffes diverses,les couturières, les tailleurs, les boucherset un secteuraménagé pour les voitures ; -la taille : l’apport desvillages et celui descentres semi-urbainspermettent à cesmarchés de réunir un nombre de visiteurs, vendeurset acheteurs,beaucoup plus élevéque ceux de la zone rurale. Celui-ci est supérieur à 4000. Cette démarchepermet donc un premier essaide classification, mais elle demeureencore statique. Il convient de seplacer maintenant dansune perspectiveun peu plus dynamique en sefondant sur un autre jeu de critères qui aidera à mieux approchercertaines caractéristiques de structure et de fonctionnement desmarchés.

2 - LE POUVOIR ET L’AIRE D’ATTRACTION

En tenant compte desrelations avecl’environnement immédiat, les centressemi-urbains et Bouaké, les marchéspeuvent être regroupésen trois grandescatégories (voir figure 2) :

a - Les marchés à vocation intrazonale Ils intéressentune dizaine de villagescirconscrits dansun rayon de cinq kilomètres environ. Ils accueil- lent habituellement moins de cinq voitures qui transportent, la veille ou à l’aube, les vendeursde poisson, de pagneset d’articles divers ainsi que quelquesacheteurs de produits vivriers ou industriels. Les quantités com: mercialiséessont très faibles. On dénombre,en effet, une cinquantaine de vendeursde vivriers et une dizaine de vendeursde poisson.Les voitures ne font d’ailleurs qu’une rotation.

b - Les marciés à vocation interzonale Leur sphéred’attraction dépasseleur environnement immédiat car ils exercent une influence sur certains villagesdes zones rurales voisines(5). Les visiteurs, vendeurset acheteurs,proviennent d’une ving-

(5)La zone est dkfinie comme I’espacc polarisé par un centre scmi-urbain ou un bourg rural

144 taine de villagesenviron localisésdans un rayon de plus de dix kilometres. Cesmarchés reçoivent dix à vingt voitures et plus de quinze vendeursde poisson.Les passagerstransportés atteignent 100 à 300. Toutefois, en dehors de quelquescas exceptionnels, ils résident presquetous dansla zone. L’apport desvillages, des centres semi-urbainsavoisinants et de Bouaké est inférieur à 5%. Les contacts avecl’extérieur setraduisent par des achatsassez importants de produits vivriers et industriels par un groupe de commerçantsissus de cesagglome- rations.

c - Les marchés à vocation régionale Quatre Blémentsles caractérisent: - Ils sont hebdomadaires,mais certains disposentd’un embryon de marchéquotidien. Il n’y a que celui de Béoumi qui fonctionne régulièrementchaque jour .; - Tous les viuagesde la zone sont en contact aveceux à desdegrés divers ; - Leur aire d’attraction dépasselargement le cadre de leur zone rurale. Environ 10% desache- teurs, vendeurset visiteurs viennent de l’extérieur ; - La participation de Boualcéne revêt pas danstous cesmarchés la mêmeimportance : - dansun premier groupe, vingt à trente voitures déversentchaque semainesur la place du marché 150 & 400 passagersdont la plupart viennent selivrer à desactivités commerciales; - dansun secondgroupe constitué par l’unique marchéde Béoumi, ce phénomèneest moins net en dépit de son influence régionale.Cela ne signifie paspour autant que la zone rurale de Béoumi n’entretient aucunerelation commercialeavec Bouaké ainsi que le montrera l’étude descircuits d’achat et de vente desdivers produits sur ses marchés.

3 - LES Dl?TENTEURSDU POUVOIR DE COMMANDEMENT

C’estun Blémentfondamental de l’organisation et du fonctionnement desmarchés. On observe,en effet, que cesderniers sont monopolisespar une classecommerçante originaire de Bouakéou descentres semi-urbains. Cette domination s’exercedans trois domainesprincipaux - celui desachats des produits locaux ; - celui desventes de produits d’importation ; - celui destransports. En sefondant sur ce critère, deux formes de marché apparaissent:

a - Les marchés domin& par Bouaké Sur les 23 marchésde la zone dense,sept sont directement contrôlés par un groupe de commerçants en majeurepartie dioula, en provenancede Bouaké(voir figures 3 et 4). Celui-ci représente: - prés de 100%des acheteurs de produits vivriers destinésA la revente ; .~- 90% desvendeurs de poissons,de poulets, d’ovins et de caprins, et de pagnes; - plus de 50% desproprietaires de tabliers d’articles divers. ‘Lesmarchés sur lesquelsces commerçants exercent leur domination sont, ou bien situesà moins de 30 km de la ville, ou bien installés dansdes centres où l’infrastructure commercialeest défectueuse

145 I Poisson 2 Poulet 3 Mouton Km 4 Pagne 5 Pain

- = 2 vendeurs

Marabadiassa

1234 5 Afotobo

Kékrénou

SAKASSO

pJL-5JMARABADIASSA

m AFOTOBO m SAKASSO

Figure 3 - Origine des vendeurs de produits importés sur les marchés (ils’agit de quelques marchésreprésentatifs).

146 Koyarabo

DOKRO

1. . Bourébo . BÉOUMI

0 Soyaokio 0 Afotobo

Abwakro b

0 0 Mandanou Kékrénou

KonZqo

/

Toumodi-Sakasso

Figure 4 - Nombre moyen d’acheteurs en provenance de Bouaké.

147 h.2 vendeuses

Figure 5 - Aire d’influente des commerçantes de la sous-préfecture de Béoumi.

148 ou inexistante. - environ 75% destransporteurs, qui assurentles liaisons entre le marché,les villageset Bouaké, résident danscette dernière agglomération.

b - Les marchés dominés par les centres semi-urbains Dansla zone dense,seule la petite ville de Béoumi contrebalance,d’une manièreindiscutable, cette mainmisedes commerçants de Bouaké sur les marchés(voir figures 3 et 4). Ceci s’explique : - en premier lieu, par saposition à un carrefour de routes a plus de 60 km de Bouakéet par sa proximité desmarchés fonctionnant à l’ouest du Bandama; - en secondlieu, par l’existence d’une classede commerçantset de transporteurslocaux dyna- miques qui contrôlent l’ensembledes circuits commerciaux dansun périmètre assezvaste qui englo- be une grandepartie deszones rurales voisines(figure 5). Cegroupe de commerçantsse compose essentiellement d’une cinquantaine de femmesparmi lesquel- les on compte 45 Dioula et 5 Baoulé. Celles-cise partagent plus de la moitié desmarchés de la zone denseet fréquentent ceux deszones rurales voisines,tels que Gouitafla, Brikro et Trasso. Elles achètent de la banane,de l’arachide, du ouré-ouré, descondiments et desfruits qu’elles vont revendreà l’extérieur. Les produits périssablescomme la banane,les fruits et les condiments sont commercialisésde préfé- rence à Bouaké.Les autres sont acheminésdeux à trois fois par semaineà Abidjan. A leur retour, ellesramè- nent du poissonet despagnes qu’elles écoulent sur les marchésou dansles villages. Ce circuit triangulaire est extrêmementlucratif. Les commerçantesréalisent sur les seulsproduits locaux un chiffre d’affaires de 52 millions CFA et une margebénéficiaire de 12 millions environ. Ceci repré- senteun revenu annuel net, par tête, de 240000 francs, soit près de cinq fois celui de la partie de la zone rurale la plus prospère.Une rapide investigation a aussimontré que la majorité de cesfemmes étaient mariées et que leur conjoint travaillait surtout dansles transports, le commerceou l’artisanat. On ne compte parmi eux qu’un maçon, un manoeuvreet quatre cultivateurs. Notons que cesderniers s’intéressentprincipalement à l’exploitation desbas-fonds rizicoles situésautour de Béoumi, dont le rapport n’est pasnégligeable. Ce phénomènene selimite pas aux produits locaux. Il s’étendaussi aux produits importés. Rares sont les vendeurset acheteursde Bouaké qui seprésentent sur les marchéscompris dansla zone d’influente de Béoumi, compte tenu du barragerésultant de la présencede cette classecommerçante. L’unique produit dont Bouaké conservaitencore le monopole de la commercialisationétait le pain. L’installation d’une bou- langerie à Béoumi lui a fait perdre cet avantage.Le transport desproduits et despersonnes est également effectué par desrésidents. A côté du centre semi-urbainde Béoumi qui joue véritablement le rôle de capitale zonale et qui exer- ce un pouvoir de commandementindiscutable sur son environnement, il faut aussimentionner le casde cen- tres et de villagesdont les ressortissantsont une influence appréciablesur les marchésde la zone dense.Ce sont, tout d’abord, les commerpantsdioula de Tiébissou qui contrôlent près de 20% destabliers à Sakasso; ensuite, ceux de Marabadiassaqui ont le monopole de la vente de poisson, de poulets, d’ovins et de caprins sur ce marché et qui interviennent a Minabo, Adohoussou,Bodokro et Botro.

4 - LES VOCATIONS ET LES FONCTIONS

Elfessont la résultante de la combinaisonde facteurs divers (voir figures 6 à 8). On observe,en effet, que : - la localisation en savaneou en forêt agit sur la nature descultures ; - la demandede la viife de Bouakémodèle indiscutablement la nature desproduits offerts et en règle le volume ;

149 Echelle

Semence et soudure

n Récolte w

Koyarabo

n \J

BÉOUMI Bourébo

n

/ AbOllkrO A /

Abouokro

n u Kékrénou

Toumodi-Sokasso

= I tonne

1:igurc 6 - Importance dc I’ignamc commercialiske sur les marchés hebdomadaires en haute conjoncture et en basse conjoncture.

150 Km

Semence et soudure n Récolte w n Adohoussou u

Minabon

BODOKRO BOTRO

n cl Koyorobo u w

Bourébo

52 K7 BEOUMI

SA Akoviébo u c Toumod - Sakasso

n = l tonne

Figure 7 - Importance de la banane commercialisée sur les marchés hebdomadaires en haute conjonçturc et en basse conjoncture.

151 q 6 Produit de for8t

El 3 Produits du palmier •III4 Condiments

8 BOTRO ‘0

“0 00 00 1234568

SAKASSO

Figure 8 - Structure des ventes à I’estkricur.

152 - la position du marché et son aire d’attraction peuvent faire apparaître une spécialisation qui ne correspond pas nécessairementaux activités de la zone rurale immédiate ; - les habitudes culturales de la population concerneeconstituent aussiun élement déterminant. On distinguera dans cette approche les marchés de savane de ceux de forêt.

a -. Les spécialiwions et les fonctions des marchés de savane - Ce sont généralementdes marchés où l’igname abonde. Cependant, ce produit est souvent associéà un autre qui peut le supplanter dans les exportations. On peut citer l’exemple du maïs à Botro et a Diabo dont les ventes sont régulières tout au long de l’amrée alors que celles d’ignamessont très fluctuantes. - Cesmarchés doivent parfois leur spécialisationaux activités particulières des villages situés dans leur environnement : la vente de gibier & Totokro et à Marabadiassa. - La proximité d’une ville intensifie l’offre de certains produits dont l’agglomération est une grosseconsom- matrice. Tel est le cas du bois de chauffe a Diabo et à Assrikro qui sont éloignés de Bouake de moins de 25 km. - L’aire d’attraction des marchésleur imprime aussiune certaine spécificité. Ceci se vérifie particulièrement pour les marchésimplantés à la limite de la zone préforestière dont les exportations sont plus diversifiées. A ce titre, le marché d’Abolikro, localisé au point géométrique des quatre grands marchésde la zone dense,constitue un exemple remarquable.A côté de l’igname, on enregistre des ventes importantes de banane, d’arachide, de fruits, de condiments et de bois.

b - le marché de Béoumi constitue un cas particulier pour des raisons qui ont déjà été évoquées.Il est difficile de mettre en évidence son degré de spécialisationcar la plupart des transactions de la classe commerçantelocale se font sur les petits marchésde la zone rurale dont les vocations sont diverses.On ne trouve pas ici ces amoncellementsd’igname, de banane, de fruits, de maïs, de bois, qui ornent les bords _‘. .desautres marchésen attendant d’être évacuéssur Bouaké entre Il et 14 h. C’est avant tout un marché tourné vers l’intérieur, un lieu d’approvisionnement des habitants du centre et des résidents de la zone rurale (6).

c - Les vocations et les fonctions des marchés de forêt Sur cesmarchés, la banane est le principal produit d’exportation. Cette spécialisationest due’aux excellentesconditions offertes par le milieu naturel de la zone rurale avoisinante et aux débouchésassurés par la ville de Bouaké. Néanmoins, ces marchésétant situés dans l’aire de culture de l’arachide et du ouré- ouré, ces deux derniers produits occupent une place de choix dans les exportations alors que l’igname en est quasiment absenteà causede la présencedu café qui limite l’intérêt des paysanspour cette culture en vue de la commercialisation. Le marché de Sakasso et celui de Bondossou répondent assezfidèlement à ce modèle.

5 - LE POIDS RELATIF

Selon que l’on se fonde sur les achatsou sur les’ventes, cinq indicateurs aident à l’apprécier :

(6) En se référant à la composition des ventes à l’extérieur des commercantes, on observe comme à Abolikro une très grande diversité. Cependant ici, la banane, l’arachide, le ouréouré, devancent le maïs et I’igname. Cela provient du fait que ces trois produits sont plus facilement commercialisables à Bouaké et à Abidjan et entrent bien dans le ca- dre du commerce triangulaire que ces femmes pratiquent.

153 a - Le chiffre d’affakes du poisson donne un ordre de grandeur du poids des marchés(voir figure 9). Il ressort, en effet, du contrôle des paniers que toutes les ménagèresachètent du poisson. Ce critère doit être utilise avec prudence car les achats semblent plus importants sur les marchésde la zone caféière que sur ceux de savaneoù les revenus sont plus faibles. Il existe toutefois une assezforte corrélation entre le nombre d’acheteurset les ventes totales de poisson.

b - Le montant des ventes à l’extérieur est un indicateur beaucoup plus représentatif du dynamisme propre des marchés.Il permet d’établir une distinction fondamentale entre les marchésde savaneet ceux de forêt. Les premiers réalisent un chiffre d’affaires près de deux fois plus élevé que les seconds.Les com- merçantesde Bouaké achètent en moyenne chaque semaine6 000 francs de produits à Botro alors qu’elles ne dépensentpas 3 000 francs à Sakasso(figure 10). Il résulte donc que dans les marchésde la zone fores- tière la fonction de distribution portant sur les produits importés prédomine plus nettement que dans ceux de savane.

c - Le montant moyen des transactions par participant est le troisième indicateur (figure 11). 11peut être saisi à partir des achatset des ventes moyennes effectués par les villageois. Des ordres de grandeur assezrévélateurs ont été obtenus lors des contrôles de paniers.

Pkiode Montant des achats de produits locaux Montant des achats de produits importés (francs CFA)

Forêt 40 750 110 575 450 270 Savane 30 400 25 290 180 200

On observe, en effet, que le montant des achats de produits locaux et importés est plus élevé sur les marchés de forêt que sur ceux de savane. Ce phénomène s’explique par l’existence de liquidités plus importantes dans la zone forestière dont la majeure partie provient du café. En revanche,la moyenne des ventes de produits locaux sur les marchésde savaneest supérieure à celle de ceux de forêt. Ceci est dû au pouvoir d’attraction que les produits offerts exercent sur Bouaké et sur les zones caféièresen raison de la distance et des prix. II serait vain d’établir des comparaisonsau niveau du montant et du volume des ventes sanstenir compte de ces deux élémentset, en particulier, du second.Si on prend par exemple l’igname comme basede référence,on remarque qu’elle coûte 16 à 30 francs le kg sur les marchésde forêt de février a septembrealors que sur les marchésde savaneelle est payée 10 a 15 francs toute l’année, sauf en période de semenceset de soudure où son prix varie entre 20 et 25 francs. La même remarque pourrait être faite à propos de la banane qui coûte plus cher en savanequ’en forêt. Il est donc nécessairede se référer aux prix relatifs lorsqu’on compare le niveau moyen des achats et des ventes, même à l’intérieur de zones apparemmenthomogènes. Cette remarque est surtout valable pour les produits locaux car pour ceux qui sont importés les prix n’accusent+pasde disparités notables. La création des magasins«Chaîne Avion» etla concurrenceentre les vendeursont fortement contribué à les amoindrir.

d - Le nombre moyen de vendeurs de produits vivriers fournit un quatrième élément d’appréciation (figure 12). En n’y incluant que les six produits suivants : igname, banane, arachide, riz, maïs et ouré-ouré,

154 Echelle

0Bourébo 0 Boyaokro BÉO 0 Abouakro

0 Mondanou

Akoviébo Toumodi-Sokasso 0 0 SAKASSO

Bondossou \

Vente moyenne quotidienne \ Vente moyenne du jour du grand marché

Figure 9 - Classification des marchés en fonction de la moyenne hebdomadoirc des ventes de poisson séchk et fumb.

155 Echelle 10 20 Km

Adohoussau.

Koyarabo

Bgrébo

l Boyagkro BEOUMI AfoCJ o

Abouakro l

\

Kznango

/

Figure 10 - Montant des achats annuels directs de .Bouak6 sur les rnarchbs de la zone. (vivriers, produits de cueillette et de l’artisanat local) I Décembre -Mars Km 2 Avril - Juillet 3 Aout - Novembre

SAKASSO

Alimentaires importés El Produits !ocaux

Figure 11 - Répartition des achats entre produits alimcntaircs importés ct produits locaus selon la pCriodc dc I’annéc.

157 Banane

.A-^:^^ Ouré-ouré

E Arachide I

I) DIABO /

BÉOUMI ABOLIKRO

/--

-7 ASSRIKRO

/: i

- = svendeurs - 0 20 Km

Figure 12 - Nombre moyen de vendeurs sur les marchés selon le produit commerciulis~.

158 on note qu’il est deux fois plus élevé sur les marchésde savaneque sur ceux de forêt. Il est de 650 envi- ron à Diabo contre 300 à Sakasso.

e - Le nombre de tabliers peut enfin aider à mesurerle poids des marchés.On ne tient compte ici que des petits commerçantsd’articles divers qui les fréquentent chaque semaine.Une cinquantaine sont habituellement recensesà Diabo et 150 à Sakasso. Les résultats qui se dégagentde l’application de ces deux derniers indicateurs confirment l’obser- vation selon laquelle l’importance de la sphèred’activités portant sur les produits locaux par rapport a celle concernant les produits d’importation serait un critère de distinction assezreprésentatif des marchésde forêt et de savane.

159 L’ORGANISATION ET LE FONCTIONNEMENT DES MARCHÉS

Les principaux élémentsqui les caractérisentsont la fréquence,la répartition desactivités entre les groupesethniques et les sexes,la durée, le calendrier agricole, l’incidence desmouvements migratoires.

1 - LA FREQUENCE DES MARCHES

En dehors de celui de Béoumi qui est quotidien, tous les marchésde la zone sont hebdomadaires (voir la figure 2). Toutefois, certains d’entre eux, tels que Sakassoet Botro, commencentà seformer et à fonctionner dèsla veille et attirent un petit groupe de vendeurset d’acheteurschaque jour. Il existe généralementdes jours fixes de réunion qui ne correspondentpas afin de limiter la concur- rence. Seulsplusieurs petits marchéspeuvent setenir au mêmemoment. En ce qui concerneles plus grands, I il n’y a que Sakassoet Abolikro qui échappent à la règle. Cette exception peut s’expliquer par le fait que ces derniers sont distants de 60 km environ par les routes principales et qu’Abolikro constitue une véritable pla- que tournante au point géométrique desquatre marchésles plus actifs de la zone.

2 - LA RÉPARTITION DES ACTIVITI% ENTRE LES GROUPES ETHNIQUES ET LES SEXES

Elle diffère selon le produit et selon qu’il s’agit d’achat ou de vente. Les denréesvivrières, les produits de cueillette, et les condiments sont commercialisés: - d’une part, par les femmesbaoulé en provenancede la zone rurale ou résidant dansle centre semi-urbainou le bourg danslequel setrouve le marché.Elles sont souventregroupées par village à despoints précis. Il faut remarquer que pour quelquesproduits rareset très demandés,les transactions s’effectuent à l’entrée desroutes conduisant au marchéou à la descentedes voitures. - d’autre part, par les femmesdioula qui achètent cesproduits aux premièrespour les revendre sur le champ ou lesjours suivants,en l’état ou en les transformant. Elles occupent le centre desgrands marchés.Ce phénomèneest très net & Béoumi. Ici le marché de gros desproduits locaux est entre les mains desBaoulé et celui de détail appartient aux Dioula. - les produits locaux, tels que l’huile, le beurre de palme;l’indigo, le kaolin, sont aussicommer- cialisespar les femmesbaoulé et rachetésen grandepartie par les commerçantesdioula. - les hommesbaoulé n’interviennent que dansla commercialisationdes produits de l’artisanat (les chaises,les nattes en écorce,la vannerie), du vin de palme, de la viande de chasse,des poulets, du tabac, desmédicaments locaux et des amulettes.Notons que pour la plupart de cesproduits, il arrive que les femmestiennent égalementune place notable. - la commercialisationdes produits importés est dominée par les Dioula. Les femmeset les hommesbaoulé ne détiennent qu’une petite partie de ce secteur.

160 Les femmesdioula et quelqueshommes monopolisent le commercedu poisson, du riz et destissus. Les Baoulé n’y sont que faiblement représentés. La majorité desvendeurs de pétrole, d’huile et d’articles divers, sont deshommes dioula. Cesderniers contrôlent aussila vente despoulets, despintades et de la viande de boucherie. Celle desovins et descaprins demeurel’apanage des Peul, - Chezles petits artisanstels que les horlogers,les mécaniciens,les coiffeurs, les menuisierset notamment dansle domaine de la confection, la domination desDioula est moins nette car on trou- ve desBaoulé qui exercent cesprofessions. - Le commercedes plats préparésest effectué par les femmesdioula danssa quasi totalité. On n’y rencontre que quelquesfemmes baoulé résidant dansles centressemi-urbains ou les bourgs ruraux. - Les enfants font aussides petites transactionscommerciales sur les marchés.Les garçons baoulé vendent desobjets provenant de leurs travaux de vannerie et les fillettes despois de terre, desfeuilles, deséponges, des tomates, du bois. Lesjeunes filles dioula s’intéressentà la vente des oranges,des mangues, de l’arachide décortiquéeet du maïs grillé. Elles aident surtout leurs parents à collecter les produits auprèsdes femmes baoulé. - Le secteurdes transports est monopolisé par les Dioula qui possèdentune grandepartie des véhiculesdesservant les marchésde savane.Dans la zone forestière, cette tendanceest moins marquée car de nombreux planteurs baoulé possèdentdes taxis de broussequ’ils mettent en gérance.

3 - LA DURÉE DES MARCHI%

Les acheteurset vendeurscommencent à s’installer dèsla veille sur les grandsmarchés. Cependant, cesderniers ne prennent leur forme véritable que le lendemain aux premièresheures de la matinée. A partir de quatre heures,les voitures arrivent de Bouaké avecles commerçants.Selon la distanceet la période de l’année, elles effectuent une ou plusieurs rotations. Au lever du jour, les villageoisespénètrent sur le marché en longuesfiles. Elles portent sur la tête desbassines contenant desproduits divers dont le poids peut attein- dre vingt kilos. Elles sont souvent accompagnéesde leurs filles qui les aident à transporter leurs denrées.La plupart desvillageois, qui viennent à pied, résident à une dizaine de kilomètres du marché.Ceux dont les vll- lagessont plus éloignésempruntent les «taxis de brousse».Les hommessont nombreux à utiliser les bicyclet- tes et les cyclomoteurs. Ils seprésentent sur les marchésplus tardivement que les femmes(figure 13). Une fois entréesdans l’enceinte du marché,les villageoisessont assailliespar les commerçantesdioula qui scrutent leurs paniers à la recherchedes articles qui les intéressent.Celles qui n’ont pasréussi à écouler tous leurs produits ou qui n’ont pas été abordéess’installent à mêmele soi et répartissentleurs denréespar lots. Quelques-unesse dirigent versles collecteurs de pahnistes,de kola, de piments, de café et de coton. Toutes les transactionsconcernant la vente desproduits locaux seréalisent entre 5 et 9 h au maxi- mum. A partir de ce moment, les femmesabandonnent leur étalageà la surveillanced’une voisine ou d’un enfant et vont procéder à leurs achatsauprès des tabliers ou descommerçants du centre. Pendantce temps, les hommesse réunissent sous «l’arbre à bangui» pour dégusterle vin de palme tout en veillant sur les cabris et les poulets destinésà la fois à la consommationet aux obligations sociales. Vers 10 h, le marché sedécomprime. Les hommessont les premiers à faire leur apparition sur les routes. Ils reviennent-généralementavec des outils, desvêtements, des poulets, descasiers de vin, maisprinci- ” palement avecdes cabris qu’ils tiennent en laisseou qu’ils ligotent sur le porte-bagagede leur bicyclette. Les femmesquittent le marché en groupe ou en voiture en emportant les produits invendus et les achatsde la semaine.Leurs paniers contiennent toujours du poisson, de l’huile, du sel, du savon,des produits de beauté et desvêtements. On y trouve ausside l’attiéké, desbeignets de farine et du pam qui renforceront le repasdu midi en l’absencedu foutou.

161 ZONE RURALE BOUAKÉ m à Pied --w Intérieur ZONE RURALE (en voiture) izzzlà Bicyclette - extérieur Ià Vélomoteur

0 2 %

Figure 13 - Provenance des acheteurs, vendeurs et visiteurs sur quclqu~s march6s et leur répartition selon le mode de transport utilisé. 162 A midi, le marché a déjà perdu les trois-quarts de sapopulation. Il ne resteplus, sur la place, que les vendeusesde poissons,quelques tabliers et desretardataires qui font rapidement leurs achats.Sur les bords du marché,les commerçantsde Bouaképrocèdent au chargementdes tas de produits qu’ils ont collectéset achèventde remettre dansles caissesles articles qu’ils n’ont pasréussi à écouler. Entre 13 et 14 h, le tout est transporté à Bouakéet le marché,jonché de déchetsdivers, prend l’allure d’un village sinistré.

4-LECALENDRIERAGRICOLEETLESPULSATIONSDESMARCHl3

Les mouvementsdes marchés sont étroitement liés aux différents évènementsqui rythment la vie de la zone rurale (figures 14 et 15). Une distinction doit être faite entre les marchésde forêt et ceux de savane. - Les marchésde forêt sont rythmés par la traite du café et du cacaoet par la période de pro- duction de la banane.Le point culminant se situe entre les mois de décembreet de mars.C’est l’épo- que où le marchéenregistre la plus grande affluence. Sur le montant desachats, les produits impor- tés représentent90% du total. Les villageois utilisent une partie de leurs liquidités pour acheter des vêtements,renouveler leur équipement ménageret pour seprocurer les biens nécessairesà la satis- faction d’obligations socialesdifférées telles que les funérailles. D’avril à juin, le marché sedégonfle, les transactionssur produits locaux enregistrentune aug- mentation brutale à causede la commercialisationde I’igname pour les semences.Le rapport entre produits importés et produits locaux est de l’ordre de 60%. Dèsjuillet, le rapport serenverse progressivement. Dans la zone forestière,la causeessentielle réside dansles chats de riz d’importation qui viennent compenserla pénurie d’ignamejusqu’aux premièresrécoltes en septembre.

-Les marchés de savane sont conditionnés par la commercialisationde l’igname et du coton entre les mois d’avril et juin. Durant cette période, la circulation monétaire est très grande et les achatsde produits importés ont tendanceà croître. Cependant,ces marchés subissent des variations moins fortes de leur activité que ceux de forêt en raison de la diversité desproduits offerts. A côté de l’igname on trouve le maïs dont la production s’étalesur toute l’année et le coton dont l’apport monétaire n’est pasnégligeable entre les mois de décembreet de mars.

En plus de cesfacteurs, quel’on peut qualifier de majeurs,il faut tenir compte desmouvements conjoncturels dûs à la période de production de l’arachide, du maïs, desfruits commeles orangeset l’ananas. Leur portée est tout de même assezlimitée.

S-LESINCIDENCESDELADÉPENDANCEVIS-A-VISDEL'EXTERIEUR

Les mouvementsmigratoires temporaireset durablesà destination du milieu rural et urbain de la Basse-Côteont aussiune influence sur le fonctionnement desmarchés. En effet, une fois la traite du café achevée,les migrants saisonniersappelés communément ((six mois» reviennent dansla zone où ils dépensent sur les marchésune partie desrevenus économisés. Ils constituent la meilleure clientèle desréparateurs de cycleset desvendeurs de pièdesdétachées. Leur agitation et le tintamarre de leurs avertisseursautour de ces deux stands,sous le regardrêveur de leurs contemporainset desjeunes villageoises,raniment les marchéset leur donnent un charmeparticulier. Le marché segonfle ausside la présencede nombreux natifs de la zone qui ont desplantations en Basse-Côteet qui utilisent la morte saisonpour rendre visite à leur famille. Les filles qui vivent dansle milieu urbain affluent à cette époque, davantagedans l’intention de recevoir descadeaux de leurs prochesou d’un prétendant, que pour revoir ou aider leurs parents. Les fonctionnaires et les salariésprofitent égalementde cette période de liesseet de relative abondancepour seretremper dansla vie villageoiseet pour participer à certainescérémonies différées.

163 -- - - Echelle l Décembre-Mars 10 2PKm 2 Avril- Juillet 3 Aout-Novembre

ABOLIKRO /

SAKASSO 123

/

Divers Tubercules et fdculents Ckréales et oléagineux El

Figure 15 _ part relative des produits vivriers dans les ventes de la zone à l’estérieur selon la période de l’année sur les principaus marchés. 165 LE RÔLE DES MARCHÉS DANS LASTRUCTURATION DE LAZONE RURALE

La répartition desmarchés et la nature de leurs relations avecl’espace environnant peuvent aider à apprécierce phénomène.

1 - L’INCIDENCE DU SEMIS DES MARCHBSSUR L’ORGANISATION DE L’ESPACERURAL

Les marchéssont inégalementrépartis sur l’ensemblede la zone. A côté du grand marché implanté dansle centre semi-urbainou le bourg rural, chef-lieu de sous- préfecture, les zonesrurales en ont un nombre très variable (voir figure 2): Béoumi : 8 marchés, Botro : 4 marchés, Sakasso: 5 marchés, Diabo : 2 marchés. Si l’on compareces données à la superficie et à la population, on constate : - d’une part, que la zone rurale disposeen moyenne d’un marchépour 255 km2, dansun rayon maximum de 10 km ; - d’autre part, que le taux de fréquentation représente23% de la population rurale de la zone. A Béoumi, il atteint 38% en raison du marché du centre qui attire quotidiennement les villageois de la petite couronne (figure 24).

SOUS- (1) (2) (3) Rapport (4) Rapport préfecture Population totale Superf.(kmZ) Nb.de marchés 213 Attraction globale 411

Béoumi quotidien 54 700 1710 9 190 21000 38,3 hebdomadaire 12000 21,9

Sakasso 48400 1902 6 317 11500 23,7

Botro 51800 1579 5 315 11000 21,2

Diabo 25 100 665 3 221 7500 20,2

Ensemble 180000 5856 23 255 51000 28,3 42000 23.3

166 2-LESRELATIONSDESMARCHJ?SAVECL'ESPACEENVIRONNANT

Il est possiblede les cerner à partir de la classification établie antérieurementen distinguant les mar- chésselon leur vocation : intrazonale, interzonale et régionale.

Nombre MarchCs MarchCs à MarchCs à Zone rurale de vocation vocation marches intrazonaux intcrzonalc régionale

Béoumi 9 6 2 1 Sakasso 6 3 1 2 Botro 5 1 2 2 Diabo 3 1 2 Total 23 10 6 7

Cette répartition fait ressortir que la plupart des marchés intrazonaux sont implantés en zone forestière. La zone de savanea un nombre plus réduit de marchésmais ils se situent tous au niveau inter- zonal ou régional (voir figure 2). Cependant,il sembleque ce phénomènepuisse être appréhendéd’une manièreplus opérationnelle à l’aide deséléments suivants :

a - L ‘attractionglobale des marchés

Elle permet de saisirl’impact desdifférents types de marché sur la zone rurale (voir figure 2).

Marchés à Marchés à Marchés Zone rurale vocation vocation Ensemble intrazonaux interzonale régionale

Béoumi quojid. 5 000 2000 9000 21000 hebdom. 5 000 12000 Sakasso 1500 1500 8500 11500 Botro 500 2500 8000 11000 Diabo 500 7000 7500 Total 7000 6500 28500 51000 42000

Il aplkraît clairement que leur influence varie selon la zone rurale. Néanmoins,les marchésà voca- tion régionale dominent incontestablement. b - L kigine desvendeurs de produits locaux

Elle donne une première imagedes villages concernés (figures 16 à 22). Leur nombre est fonction du produit et de l’importance du marché.

167 Marchés à Igname Banane Riz Paddy Arachide Maïs Ouré-ouré vocation décortiqué régionale 1 E 1 E 1 E 1 E 1 E 1 E

Béoumi 54 14 45 7 25 8 32 - - - 21 - Sakasso 56 7 60 1 24 - 33 - 14 - 21 - Botro 50 6 44 2 33 3 14 4 43 - - - Diabo 29 7 18 7 26 4 18 - 28 3 - - Abolikro 21 15 21 17 10 4 11 2 9 4 - - Assrikro 20 3 10 - 20 2 10 1 - - 5 - Bodokro 18 - 13 - 8 - 9 - 21 - - -

N.B. 1 = intérieur à la zone - E = extérieur à la zone

On observeque les plus grandescouronnes sont constituéespar I’igname, la bananeet le maïs. Le riz paddy, l’arachide, le ouré-ouré intéressentune plus faible’proportion de villages. Par ailleurs, on constate que les marchésà vocation régionale sont en relation avec30 à 50% des villages de la zone rurale pour l’igname, la bananeet le maïs selon leur spécialisationet 10 à 30% pour I’ara- chide, le riz paddy et le ouré-ouré. Suivant le produit, 50 à 100% desvillages offreurs sont situés dansun rayon de moins de 10 km (figures 16 à 22).

c - L ‘originedes passagers transportés

Elle montre que l’aire d’attraction desmarchés est beaucoupplus vasteque celle desoffreurs de produits locaux (figure 23). On peut considérerqu’en moyenne 80% desvillages desdiverses zones rurales sont en contact, d’une manière plus ou moins intense selon le moment de l’année, avecleur grand marché.

d - Le degréd’in terpénétratibn des aires d’attraction desmarchés

En dehors desmarchés qui sont localisésà la périphérie deszones rurales et de celui d’Aboli!cro, qui occupe une position remarquablemaintes fois signaléedans cette étude, tous les autresont un pouvoir d’attrac. tion qui ne dépassepas le cadre deslimites administrativesde leur sous-préfectured’appartenance (voir figu- res 17, 19 et 21). On ne note que quelquescas d’étirement desaires d’influente : - Béoumi, sur quelquesvillages de Bodokro et de Diabo pour l’igname et le riz ; - Sakasso,sur deux ou trois villages de Béoumi pour l’igname ; - Botro sur Diabo et inversement,pour le maïs et l’igname. Notons que les contacts entre les marchésde savaneet ceux de forêt senouent exclusivement à l’occasion desachats de semencesd’ignames et pendant la soudureentre les mois de mai et d’août. Durant cette période, desacheteurs et desvendeurs font la navette d’un marché à l’autre. C’est aussià cette époque que l’on remarquela présenced’igname en provenancede régionsplus lointaines. Par exemple, à Sakassoont été recensésdes marchands de Toumodi, Tiassalé,Issia, Mankono, Divo, Bouaflé, Tingréla, Dabakala,Toumodi à Béoumi, desvendeurs de Tiassaléet de Dabakala.On ne les rencontre pas sur les marchésde savane.Ceci confirme bien l’observation selon laquelle les zonesrurales de forêt seraientimportatrices d’igname.En revan- che, à Botro, on trouve quelquesacheteurs en provenancede Yamoussokro,Sinfra, Oumé, Daloa et Divo.

168 I Igname PROVENANCE EXTÉRIEURE 2 Banane 3 Riz paddy fx?J BOTRO 4 Arachide m l3ÉOUMI B DIABO

SAKASSO

12345 DIABO )

123456 SAKASSO

Echelle - = 2 villages Ip 20 Km e

Figure 16 -Nombre de villages approvisionnant les marchés selon le produit et la provenance.

169 BiOUMI koviébo BODOKRO BOTRO ABOLIKRO DIABO : Toumodi- ASSRIKRO a

Villnpes otti& par deux marchés A Autres marchis

Csntras srmi-urbains

Figure 17 - Marchés à vocation régionale - 1. Commercialisation de I’igname. 170 -=+=4=4 IKATIOLA

l 7 I 0 - a /

Idi, ASSRIKRO 0 k. AAKASS Villages attir+ par de&

- Limite des zones rurales = Route principale - Rout.¶ aecondoire

Centres asmi-urbains

Figure 18 - Marchés à vocation régionale.- 2. Commercialisation de la banane. 171 1 .KÉ

BOTRO ABOLIKRO DIA60 ASSRIKRO mSAKASS0 Q

- Route principale - Route secondaire ,

0 10' 20 km I

Figure 19 - Marchés à vocation régionale - 3. Commercialisation de l’arachide. 172 BODOKRO BOTRO ABOLIKRO DIABO

- Limite des LOPCS rurales ---=F Route principale Route secondaire

Centres senti-urbains

Dn8rL par Jem~ MICHOTTE

Figure 20 - Marchés à vocation régionale - 4. Commercialisation du riz paddy. - Limite = Route prinCipOt.2 - RoutB. secondaire

centres semi-urbains

Figure 21 - Marchés à vocation régionale - 5. Commercialisation du maïs en grains.

174 - Limite, des zonas rurotas = Route principale - Route ncondoir.

Centras semi-urbains

Figure 22 - Marchés à vocation régionale - 6. Commercialisation du ouré-ouré. 0

pro d ’ 0 / Q

BODOKRO BOTRO

Villages ofti& par deux m AuIrEs morchds

/ TIÉBISSOU

Figure 23 - Marchés à vocation régionale - 7. Passagers transportés. 176 CONCLUSION

Au terme de cette analyseplusieurs points méritent d’être soulignés: - Le dynamismerelativement plus important desmarchés de savanepar rapport à ceux de forêt en ce qui concernela commercialisationdes produits vivriers. Ceci setraduit par le nombre plus élevé de villageset de vendeursintéresses et par le volume desventes à l’extérieur. - La fonction de relais tenue par tous les marchésdans la distribution desproduits importés a un poids plus grand que la sphèred’activités induites par la production locale. - Le faible rôle structurant desmarchés est indéniable. Les effets desmarchés intrazonaux sur leur environnement sont à peu près nuls. On enregistredans les villagesd’accueil la présenced’une ou deux boutiques qui vendent un échantillon de produits très réduit. La présencedu marchén’influence guèreles activités desgroupes de production. Elle accompagnetimidement les tendancesexistantes. - Pour ce qui est desautres types de marchés,l’importance de la demandeextérieure et inté- rieure n’est pasneutre. Elle modèle déjà davantagele milieu ambiant. - Les bourgs ruraux qui abritent les marchésà vocation interzonale ou régionaleont tous un minimum d’infrastructure commerciale.Néanmoins, leur poids sefait surtout sentir sur les villages situésdans un rayon de 10 km. Ceux-ci semblentorienter leurs activités versles pro- duits pour lesquelsils sont assurésd’avoir un débouché.Le casdu maïs sur les marchésde savaneest un exemple assezreprésentatif ainsi que celui de la bananesur ceux de forêt. - La situation est différente dansle casdes.marchés installés dansles centressemi-urbains. Tout d’abord, la taille démographiquedu centre et la demandede produits locaux et importés qui en découle,ont permis la réunion d’un marchéquotidien ou tout au moins d’un embryon. Autour de celui-ci sedessine une double couronne : - une première, très vaste, sur laquelle il a une influence asseznégligeable ; . - une seconde,plus petite, que l’on pourrait qualifier de ((couronnedu bois» dont les villages sont spécialisésdans la vente descondiments, desproduits de cueillette et surtout du bois de chauffe, liée à la demandedu centre. Le marché de Béoumi en est l’exemple le plus typique (figure 24). Sur un autre plan, il sembleraitque cesflux quotidiens de personneset de biens entre la zone rurale et le centre, par l’intermédiaire du marché,aient grandementfacilité l’installation de commerceset de services permanents. Toutefois, cette contribution ne doit pasfaire oublier celle non moins déterminanteexercée par l’équipement administratif, médical et scolairede la ville. Le rôle desmarchés demeure encore limite dansla commercialisationdes produits. Le café et le coton et une grandepartie du palmiste et de la cola sont collectésdirectement dansles villages.Seule, une portion infime transite par les marchés. Pour les autresproduits locaux, la mêmeobservation peut être faite. La plupart destransactions ont lieu au niveau desvillages. En analysantles ventesà Bouakédes zones rurales de Botro, Diabo et gakasso,on s’aperçoitque la part qui passepar les marchésest respectivementde 45%, SO’i/oet 36%,.

177 ECHELLE

0 IQ 20 Km

0 = 2vendeurs de bois de chauffe

I:igurc 24 - Mise en évidence de la petite «couronne du bois» autour de Béoumi.

178 0 Baoulé

m Boutique clTablier Koyarabo Le marché

ECHELLE 10 20 Km

Iiigure 2.5 - Infrastructure commerciale des villages de la sous-préfecture de Béoumi.

179 Ce faible impact desmarchés dans la commercialisationest encore plus évident pour les produits importés. En effet, descommerçants de Bouaké et descentres semi-urbains, de nombreux colporteurs, des vendeursd’ovins et de caprins et de viande de boucherie, serendent régulièrementdans les vihages.En outre, les zonesrurales disposentd’une très forte densité de tabliers et de petites boutiques qui s’approvisionnentà Bouaké ou dansles centreset qui tiennent à la disposition desvillageois certains produits de première néces- sité (figure 25). Leur prolifération atténue considérablementle rôle de redistribution desmarchés. La conjonction de tous ceséléments amenuise leur place dansles activités commercialesde la zone. Néanmoins,l’attraction que tous cesmarchés exerce sur leur environnement soulignebien, qu’à côté des transactions sur les biens de consommationd’origine locale ou extérieure, ils assumentune fonction sociale qui setraduit dans desdomaines divers. Certainesmanifestations s’inscrivent dansle cadre du fonctionnement de la sociététraditionnelle. Le marchén’en est qu’un prolongement et devient un centre de transmissiondes informations de la vie inter-villageoise,le lieu où l’on témoigne sasolidarité au groupe à l’occasion d’un évènementheureux ou malheureux et où l’effet de paradesous ses formes multiples peut s’exprimer avecle plus d’éclat. Sur un autre plan, le marché est fortement conditionné dansles centressemi-urbains par les donnéesnouvelles aux- quellesla sociétése trouve de plus en plus confrontée tels que les impératifs de l’organisation administrative symboliséepar la délivrance de la carte d’identité et du permis de port d’armes,la déclaration de naissance, le règlement desconflits, l’action de la publicité et de techniques d’information toujours plus pdnétrantes. Tous cesfacteurs renforcent l’importance socialedu marché - il serait plus exact de parler du jour du marché - et en font un lieu de rencontre et un observatoireprivilégié de ce monde rural en pleine mutation.

180 q TlhlG& cl KATIOLA

BOUAKt L!!9 -/

SAKASSO

L de S/Prlhcl ur. 0 K) 20 *m

I:igure 26 - Zone inondkc par Ic barrage de Kossou 181 a* ~a 0 l :. sa. . . . . e f* * DZ. l ::a .*. --0b . . l 0% 0. *3 ;. . - . 00 . . . . i’. a.. *. l . :_ 0. a. l .=. . l:> 0. l . l * l -0 0 .*...’ :. lab oo a* l a aa . y. 0 0. 0% .g .a 0::: 0 Oa *a 4 * :. . . . e e...- . -e-_ 1 l * *-r-r .: 0. 0. :* ,i:. . .; $* oa*-*- .I , 0 ..*.O 0. . - . . *:@Il 0:. : 01 * l aa 1. *a 0:. 00. 0. :: a l a .o 0 0% ee- o%F t. , :a . . 0.0 i -- 0.7 --- . . .-p; ;ie;-” 2 oe eoe ..:..** . -- . 00 ee .*:z l l . 0 ..*: :t ‘t, 0l :.: :: 0. . * :.:. . . 0. Zo ..* 3 . .. . - . 0. i* $0’ - l , . . .-•. . l ..O - a..?? r... o :* -12 - -a.. * . . . ’ . k i . . . . . oe . . 0*o* . .*.ao.. . l. oa.aov $0 l . e:., 08 -0:. _‘. . . _ -9. 9. $ -0 ;:. * -0 . . 0:. oe. 0. *i’. 0 0 l i-e . a0l : 0 030 l a ie 0: l a . 0% =a . a. 0.s l : :e$e ago l *fe* Oa 0. l % l . l .a. V * 0. a.* *a e : .= l e *a* . .*y’ l. V e :a . ::a: l *a l e 0. . ao.: a l me W l e l * , a!! oe .. et l . . *a . . s: a Ze 0.0 a* e a. oee l : ..a 20 l * . . l : .r- - l r4 . t). *:‘a ‘Z a* . o-h- l l *a t . . eo l a% 0. .; a l @: e:e p* 0. :i: 0. . . ‘2.. l a 00 l l 0: *a? o@ 0 l e :* 0. *a “,f;ge :. 4 .%00@ Y.0 .* :- - -F .:* % aa0 l 2 l :*a .l . : 0: $8 a0 8: l :3. e*@*i ie l ? 0. .b”::..* ta- t

Figure 2’7 - Localisation de la population dans les sous-préfectures de Béoumi, ’ Bodokro, Botro, Sakasso et Diabo. 182