Charles Et Marie-Laure De Noailles, Une Vie De
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SAINT BERNARD 1 2 SAINT BERNARD SAINT BERNARD 3 CHARLES ET LLLLLMARIE-LAURE DE NOAILLES LLLL UNE AVANT-PREMIÈRE,VIE DE MÉCÈNES PARIS, vitrines du Palais Royal, MINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION, DU 1ER AU 11 MARS 2010 LL PUIS À HYÈRES, À PARTIR DU 2 JUILLET 2010 À SAINT-BERNARD LL WWW.VILLANOAILLES-HYERES.COM et un ans après, presque jour pour jour, SAINT-BERNARD Charles et Marie-Laure de Noailles, seront LL fêtés, honorés, pour la première fois en Au début de l’été 1989, lorsque l’on me France. Cette maison construite pour eux, confia les clefs de Saint-Bernard, l’autre où, de 1924 à 1970, ils ont vécu, entourés nom de la villa Noailles, jamais, bien d’artistes, d’amis, qu’ils ont toujours su sûr, je n’aurais pu imaginer écrire ces aider, encourager, et soutenir, avec plaisir lignes… et bonheur. J’arrivais à la Villa en fin d’après-midi, la Dans cette exposition permanente, nous lumière de l’été était forte et belle. Patrick présenterons, avec le soutien de leurs Mimouni terminait le tournage de son film petits-enfants et de l’Association des sur Charles et Marie-Laure de Noailles. amis de Saint Bernard, de nombreux Quelques mois après notre rencontre, partenaires, institutions, musées publics je reçus son film. Magnifique, touchant, et privés, un ensemble de documents, précis, juste. Deux personnages de roman, d’œuvres et de témoignages qui qui ont vraiment existé, disait-il dans son rendront compte et feront partager commentaire, invitant ainsi le spectateur aux visiteurs leur vie de mécènes. Leur à découvrir ce couple étonnant et singulier. vie d’engagement pour les arts et dont l’exposition permettra de redonner cette Je savais qu’il me faudrait poursuivre juste place qui est la leur. Celle qui en cette même voie. Une exposition devrait fait des acteurs incontournables de exister, racontant à tous, un jour, dans l’émergence des avant-gardes et de la vie ce château des temps modernes, la vie artistique et intellectuelle du XXe siècle. captivante de ses anciens propriétaires. En avant-première à Paris, du 1er au Jean-Pierre Blanc 11 mars, à l’invitation du ministère de la Culture et de la Communication, à partir du 2 juillet prochain, à Saint-Bernard, vingt SAINT BERNARD 5 3 1 4 2 6 SAINT BERNARD 5 SAINT BERNARD 7 6 7 8 SAINT BERNARD 8 SAINT BERNARD 9 13 9 12 10 11 10 SAINT BERNARD 14 SAINT BERNARD 11 15 12 SAINT BERNARD 18 16 17 SAINT BERNARD 13 CHARLES ET LLLLLMARIE-LAURE DE NOAILLES LLLLUNE VIE DE MÉCÈNES Il fallait une exposition permanente, ans. C’est le premier acte d’une histoire rassemblant plus de 200 œuvres exemplaire. Un couple qui décide et documents, pour mettre en lumière d’engager sa fortune, son style de vie, l’ampleur du mécénat de Charles et Marie- dans la recherche de la nouveauté et de Laure de Noailles. Montrer comment la l’excellence. Dépassant le cadre mondain villa Noailles fut le théâtre de rencontres, de leur position sociale, ils deviennent d’échanges, de montages. Un montage de grands collectionneurs et mécènes ; d’images, d’idées, d’époques, d’héritages. un engagement qui permit la réalisation Une exposition pour redonner, enfin, la d’œuvres majeures dans l’histoire place qui n’a jamais cessé d’être la leur. intellectuelle et artistique du XXe siècle, Une place centrale, au cœur de la dans des disciplines aussi variées que modernité, qui fut l’œuvre d’une vie et la musique, l’art, l’architecture, les arts qui fut constituée le plus souvent dans décoratifs, la littérature ou le cinéma. la plus grande discrétion. Le mariage de Charles de Noailles (1892- 1981) et Marie-Laure Bischoffsheim ARCHITECTURE (1902- 1970) apparaît, selon les chroniqueurs, comme l’événement mondain le plus ET ARTS DÉCORATIFS important de ce printemps 1923. Lui hérite L d’un titre prestigieux, elle de la collection Un Château de dé. C’est Man Ray, en de tableaux de ses grands-parents et de référence à la poésie de Mallarmé, qui la fortune de son père. C’est sur le terrain désigne sous ce titre cette villa singulière d’Hyères, reçu en cadeau de mariage, construite par Robert Mallet-Stevens. Ses qu’ils font ériger l’étonnant bâtiment qui, propriétaires l’appellent plus simplement comme l’hôtel particulier de la place des le Clos Saint-Bernard – du nom de l’ancien États-Unis à Paris, accueillera tous ceux couvent sur lequel est construite la qui feront les avant-gardes de leur temps, maison. La villa initiale, édifiée au cours amis, artistes, écrivains, cinéastes et de l’hiver 1924-25, constitue un exemple intellectuels pendant près de quarante précoce, pour la France, d’application SAINT BERNARD 15 des nouvelles conceptions qui modifient volonté de concevoir une maison alors profondément l’architecture : pourvue des créations formellement fonctionnalisme (toits-terrasses), innovantes réalisées indifféremment par hygiénisme (salle de bains-sports), des créateurs ou des industriels. Son équipement (horloges intégrées, placards). plafond-vitrail, formé d’une composition géométrique de verres imprimés est Au gré des besoins et des envies, conçu par le maître verrier Louis Barillet. le bâtiment connaît de nombreuses Les Noailles accordent dans cette pièce évolutions. De 1925 à 1932, la maison se toute son importance au mobilier en métal voit dotée d’une seconde salle à manger avec le choix de sièges en tubes d’acier (1926), de chambres supplémentaires recouverts de toiles caoutchoutées, dans une petite villa attenante (1926), d’un conçus par Marcel Breuer, et l’installation nouveau salon (1927), d’une piscine (1927), d’un parefeu en lames de fer forgé de d’un gymnase (1928) ou encore d’un terrain Pierre Chareau. Ce programme est de squash (1932-1933). Moderne, pratique, complété par des créations industrielles facile à habiter, le bâtiment aux formes de luminaires (lampes Gras articulées) cubiques comprend à son achèvement près ou de mobilier de Ronéo et de Smith & Co. de 2 000 m2 de constructions s’étageant sur la colline, complétées par un jardin Parallèlement à la construction de la villa cubiste de Gabriel Guévrékian (1926) et d’Hyères, dans un esprit proche mais dans l’installation de sculptures d’Henri Laurens une perspective différente, les Noailles et Jacques Lipchitz (1927). confient en 1926 à Jean-Michel Frank la tâche de moderniser leur hôtel particulier Christian Zervos le remarque en 1926 : de la place des États-Unis. Le créateur Charles de Noailles est l’un des rares allie le luxe des matières au dépouillement commanditaires à prendre le risque de des formes dans le grand salon dont les faire construire une villa moderne et de murs, recouverts de parchemins tendus, la meubler avec des créations en accord. étonnent par leur radicalité. Enfin, Que ce soit lors des salons annuels d’arts Raymond Nasenta aménage, en 1929, décoratifs, à l’Exposition internationale une interprétation moderne du «boudoir» des arts décoratifs de 1925 à Paris ou au en métal et en laque blanche pour Marie- fil des rencontres, conseillé par Mallet- Laure, avec des meubles de Perriand, Stevens, le Vicomte de Noailles acquiert Legrain et Barbe. Outre ces commandes, des pièces et passe des commandes le mécénat du Vicomte s’étendra au d’aménagements à nombre de créateurs financement de l’UAM – l’Union des d’avant-garde: Francis Jourdain, Pierre artistes modernes fondée par Mallet- Chareau, Sonia Delaunay ou Eileen Gray. Stevens en 1929. Il repère au passage les talents émergents comme Djo-Bourgeois ou Charlotte Perriand, à qui il demande une table de jeux identique à celle présentée sur son stand LES ARTISTES du Bar sous le toit au Salon d’Automne L de 1927. Sans oublier quelques créateurs Appartenant tous deux à des familles étrangers, dont les Hollandais Theo Van de grands collectionneurs, Charles et Doesburg, fondateur du groupe De Stijl, Marie-Laure de Noailles poursuivent et son compatriote Sybold Van Ravesteyn. cette tradition en faisant l’acquisition Le Salon rose (1927) constitue l’une des des œuvres charnières d’artistes pièces centrales de la villa et souligne la émergents – pas des moindres : Pablo 16 SAINT BERNARD Picasso, Marc Chagall, Georges Braque, la villa (1927). Le soutien des Noailles Giorgio De Chirico, Jacques Lipchitz, Juan s’inscrit également dans le temps. En Gris ou encore Fernand Léger –, qu’ils témoigne, par exemple, la relation établie achètent au galeriste Léonce Rosenberg. avec Man Ray, à qui ils achètent une Les Noailles savent où l’art moderne sculpture en métal dès 1926 et qui réalise est le mieux et le plus tôt représenté : de multiples portraits pour le couple. les galeries de Jeanne Bucher, Pierre Max Ernst devient, lui aussi, un ami proche Colle ou Louise Leiris. Comme pour le acquérant de l’artiste de nombreuses mobilier, leurs goûts, leurs engagements œuvres majeures, à l’instar de la quasi- vont vers de plus jeunes artistes, totalité des collages originaux de l’édition encore inconnus, qu’ils soutiennent par de La Femme 100 têtes. Si ces œuvres, des achats réguliers. Ils figurent ainsi achetées auprès de galeristes ou dans les parmi les rares clients de Mondrian et, ateliers, témoignent, par leur choix, d’une conseillés par Zervos ou Leiris, ils font exigence certaine et d’un investissement entrer dans leur collection Ben Nicholson important, un mécénat plus actif encore ou Paul Klee. La sculpture fait l’objet se fera jour. Avec l’aide qu’ils apporteront de commandes particulières, souvent à Dalí, par le biais de la création du groupe en relation avec les aménagements des du Zodiaque1, ou, selon le même principe, demeures ou des jardins.