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LLLLLMARIE-LAURE DE NOAILLES

LLLL UNE AVANT-PREMIÈRE,VIE DE MÉCÈNES PARIS, vitrines du Palais Royal, MINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION, DU 1ER AU 11 MARS 2010 LL PUIS À HYÈRES, À PARTIR DU 2 JUILLET 2010 À SAINT-BERNARD LL WWW.VILLANOAILLES-HYERES.COM et un ans après, presque jour pour jour, SAINT-BERNARD Charles et Marie-Laure de Noailles, seront LL fêtés, honorés, pour la première fois en Au début de l’été 1989, lorsque l’on me . Cette maison construite pour eux, confia les clefs de Saint-Bernard, l’autre où, de 1924 à 1970, ils ont vécu, entourés nom de la , jamais, bien d’artistes, d’amis, qu’ils ont toujours su sûr, je n’aurais pu imaginer écrire ces aider, encourager, et soutenir, avec plaisir lignes… et bonheur.

J’arrivais à la Villa en fin d’après-midi, la Dans cette exposition permanente, nous lumière de l’été était forte et belle. Patrick présenterons, avec le soutien de leurs Mimouni terminait le tournage de son film petits-enfants et de l’Association des sur Charles et Marie-Laure de Noailles. amis de Saint Bernard, de nombreux Quelques mois après notre rencontre, partenaires, institutions, musées publics je reçus son film. Magnifique, touchant, et privés, un ensemble de documents, précis, juste. Deux personnages de roman, d’œuvres et de témoignages qui qui ont vraiment existé, disait-il dans son rendront compte et feront partager commentaire, invitant ainsi le spectateur aux visiteurs leur vie de mécènes. Leur à découvrir ce couple étonnant et singulier. vie d’engagement pour les arts et dont l’exposition permettra de redonner cette Je savais qu’il me faudrait poursuivre juste place qui est la leur. Celle qui en cette même voie. Une exposition devrait fait des acteurs incontournables de exister, racontant à tous, un jour, dans l’émergence des avant-gardes et de la vie ce château des temps modernes, la vie artistique et intellectuelle du XXe siècle. captivante de ses anciens propriétaires. En avant-première à Paris, du 1er au Jean-Pierre Blanc 11 mars, à l’invitation du ministère de la Culture et de la Communication, à partir du 2 juillet prochain, à Saint-Bernard, vingt

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LLLLLMARIE-LAURE DE NOAILLES LLLLUNE VIE DE MÉCÈNES Il fallait une exposition permanente, ans. C’est le premier acte d’une histoire rassemblant plus de 200 œuvres exemplaire. Un couple qui décide et documents, pour mettre en lumière d’engager sa fortune, son style de vie, l’ampleur du mécénat de Charles et Marie- dans la recherche de la nouveauté et de Laure de Noailles. Montrer comment la l’excellence. Dépassant le cadre mondain villa Noailles fut le théâtre de rencontres, de leur position sociale, ils deviennent d’échanges, de montages. Un montage de grands collectionneurs et mécènes ; d’images, d’idées, d’époques, d’héritages. un engagement qui permit la réalisation Une exposition pour redonner, enfin, la d’œuvres majeures dans l’histoire place qui n’a jamais cessé d’être la leur. intellectuelle et artistique du XXe siècle, Une place centrale, au cœur de la dans des disciplines aussi variées que modernité, qui fut l’œuvre d’une vie et la musique, l’art, l’architecture, les arts qui fut constituée le plus souvent dans décoratifs, la littérature ou le cinéma. la plus grande discrétion.

Le mariage de (1892- 1981) et Marie-Laure Bischoffsheim ARCHITECTURE (1902- 1970) apparaît, selon les chroniqueurs, comme l’événement mondain le plus ET ARTS DÉCORATIFS important de ce printemps 1923. Lui hérite L d’un titre prestigieux, elle de la collection Un Château de dé. C’est , en de tableaux de ses grands-parents et de référence à la poésie de Mallarmé, qui la fortune de son père. C’est sur le terrain désigne sous ce titre cette villa singulière d’Hyères, reçu en cadeau de mariage, construite par Robert Mallet-Stevens. Ses qu’ils font ériger l’étonnant bâtiment qui, propriétaires l’appellent plus simplement comme l’hôtel particulier de la place des le Clos Saint-Bernard – du nom de l’ancien États-Unis à Paris, accueillera tous ceux couvent sur lequel est construite la qui feront les avant-gardes de leur temps, maison. La villa initiale, édifiée au cours amis, artistes, écrivains, cinéastes et de l’hiver 1924-25, constitue un exemple intellectuels pendant près de quarante précoce, pour la France, d’application

SAINT BERNARD 15 des nouvelles conceptions qui modifient volonté de concevoir une maison alors profondément l’architecture : pourvue des créations formellement fonctionnalisme (toits-terrasses), innovantes réalisées indifféremment par hygiénisme (salle de bains-sports), des créateurs ou des industriels. Son équipement (horloges intégrées, placards). plafond-vitrail, formé d’une composition géométrique de verres imprimés est Au gré des besoins et des envies, conçu par le maître verrier Louis Barillet. le bâtiment connaît de nombreuses Les Noailles accordent dans cette pièce évolutions. De 1925 à 1932, la maison se toute son importance au mobilier en métal voit dotée d’une seconde salle à manger avec le choix de sièges en tubes d’acier (1926), de chambres supplémentaires recouverts de toiles caoutchoutées, dans une petite villa attenante (1926), d’un conçus par Marcel Breuer, et l’installation nouveau salon (1927), d’une piscine (1927), d’un parefeu en lames de fer forgé de d’un gymnase (1928) ou encore d’un terrain Pierre Chareau. Ce programme est de squash (1932-1933). Moderne, pratique, complété par des créations industrielles facile à habiter, le bâtiment aux formes de luminaires (lampes Gras articulées) cubiques comprend à son achèvement près ou de mobilier de Ronéo et de Smith & Co. de 2 000 m2 de constructions s’étageant sur la colline, complétées par un jardin Parallèlement à la construction de la villa cubiste de Gabriel Guévrékian (1926) et d’Hyères, dans un esprit proche mais dans l’installation de sculptures d’ une perspective différente, les Noailles et (1927). confient en 1926 à Jean-Michel Frank la tâche de moderniser leur hôtel particulier Christian Zervos le remarque en 1926 : de la place des États-Unis. Le créateur Charles de Noailles est l’un des rares allie le luxe des matières au dépouillement commanditaires à prendre le risque de des formes dans le grand salon dont les faire construire une villa moderne et de murs, recouverts de parchemins tendus, la meubler avec des créations en accord. étonnent par leur radicalité. Enfin, Que ce soit lors des salons annuels d’arts Raymond Nasenta aménage, en 1929, décoratifs, à l’Exposition internationale une interprétation moderne du «boudoir» des arts décoratifs de 1925 à Paris ou au en métal et en laque blanche pour Marie- fil des rencontres, conseillé par Mallet- Laure, avec des meubles de Perriand, Stevens, le Vicomte de Noailles acquiert Legrain et Barbe. Outre ces commandes, des pièces et passe des commandes le mécénat du Vicomte s’étendra au d’aménagements à nombre de créateurs financement de l’UAM – l’Union des d’avant-garde: Francis Jourdain, Pierre artistes modernes fondée par Mallet- Chareau, ou Eileen Gray. Stevens en 1929. Il repère au passage les talents émergents comme Djo-Bourgeois ou Charlotte Perriand, à qui il demande une table de jeux identique à celle présentée sur son stand LES ARTISTES du Bar sous le toit au Salon d’Automne L de 1927. Sans oublier quelques créateurs Appartenant tous deux à des familles étrangers, dont les Hollandais Theo Van de grands collectionneurs, Charles et Doesburg, fondateur du groupe De Stijl, Marie-Laure de Noailles poursuivent et son compatriote Sybold Van Ravesteyn. cette tradition en faisant l’acquisition Le Salon rose (1927) constitue l’une des des œuvres charnières d’artistes pièces centrales de la villa et souligne la émergents – pas des moindres : Pablo

16 SAINT BERNARD Picasso, Marc Chagall, , la villa (1927). Le soutien des Noailles Giorgio De Chirico, Jacques Lipchitz, Juan s’inscrit également dans le temps. En Gris ou encore Fernand Léger –, qu’ils témoigne, par exemple, la relation établie achètent au galeriste Léonce Rosenberg. avec Man Ray, à qui ils achètent une Les Noailles savent où l’art moderne sculpture en métal dès 1926 et qui réalise est le mieux et le plus tôt représenté : de multiples portraits pour le couple. les galeries de Jeanne Bucher, Pierre Max Ernst devient, lui aussi, un ami proche Colle ou Louise Leiris. Comme pour le acquérant de l’artiste de nombreuses mobilier, leurs goûts, leurs engagements œuvres majeures, à l’instar de la quasi- vont vers de plus jeunes artistes, totalité des collages originaux de l’édition encore inconnus, qu’ils soutiennent par de La Femme 100 têtes. Si ces œuvres, des achats réguliers. Ils figurent ainsi achetées auprès de galeristes ou dans les parmi les rares clients de Mondrian et, ateliers, témoignent, par leur choix, d’une conseillés par Zervos ou Leiris, ils font exigence certaine et d’un investissement entrer dans leur collection Ben Nicholson important, un mécénat plus actif encore ou Paul Klee. La sculpture fait l’objet se fera jour. Avec l’aide qu’ils apporteront de commandes particulières, souvent à Dalí, par le biais de la création du groupe en relation avec les aménagements des du Zodiaque1, ou, selon le même principe, demeures ou des jardins. Brancusi, à qui au peintre Balthus2, ils assurent, avec ils achètent une Muse endormie, se voit d’autres mécènes, un revenu régulier, en confier un audacieux projet de sculpture échange de tableaux, permettant à ces en 1926, un Oiseau dans l’espace, en acier artistes de pouvoir se consacrer à leur inoxydable, répondant aux aspirations travail. d’œuvres monumentales du créateur. Malgré plusieurs essais de mise au point L’achat d’œuvres et l’attention portée avec Jean Prouvé, le projet n’aboutira aux artistes ne s’arrête pas, comme on pas. De même, le couple repère Alberto le pense le plus souvent, avec la Seconde Giacometti lors d’une des toutes premières Guerre mondiale. En 1960, Marie-Laure présentations de son travail à la Galerie de Noailles confie sa Zil au sculpteur César, Jeanne Bucher en 1929. Ils lui achètent qui en fera sa toute première compression la Tête qui regarde et lui commandent une de voiture. Plusieurs centaines d’œuvres, grande sculpture pour le jardin de Saint achetées tout au long de leur vie, sont Bernard en 1930. Admirateurs de son accrochées aux côtés des Goya, Rubens, travail, ils acquièrent également la Table Cranach, Delacroix, Ingres ou Géricault, surréaliste et des objets décoratifs. s’y agrègent et, par contact, créent un ensemble singulier. Ce mélange de Les Noailles jouent un rôle déterminant tradition et de modernité reflète un dans la carrière de nombreux artistes. montage tant intellectuel qu’esthétique. Par exemple, la commande de La Joie de vivre pour le jardin d’Hyères marque pour Jacques Lipchitz la réalisation de sa 1. Ce groupe de 2. Charles de Noailles mécènes qui compte se porte le garant première fonte monumentale en bronze. des personnalités de lorsque Henri Laurens, quant à lui, conçoit de comme Julien Green, le peintre achète sa nombreuses œuvres pour Paris ou Hyères : Caresse Crosby ou propriété de Chassy. Il un banc pour compléter le parterre cubiste la comtesse de Pecci- aide l’artiste aux côtés Blunt est formé en 1933. de Henriette Gomès, conçu par Paul et André Véra (1924), puis Pierre Matisse, Claude un bas-relief, une cheminée ou encore une Hersaint et Alix de Baigneuse de 2 mètres de haut, qui domine Rothschild.

SAINT BERNARD 17 cinéma privée. Ils peuvent y faire partager LE CINÉMA leurs aventures cinématographiques et L projetter les films qu’ils aiment comme Sept films, au moins, dont plusieurs ceux qu’ils produisent. Après avoir vu, marqueront l’histoire du cinéma. L’aventure Le Chien andalou, les Noailles font la débute en 1928 par la commande, passée connaissance de Luis Buñuel et lui propose à la société de production du réalisateur de financer son prochain film. Le couple Marcel L’Herbier, Biceps et Bijoux, tourné donne carte blanche au réalisateur, par son assistant, Jacques Manuel. Ce qui écrit le scénario à Hyères, avec l’aide moyen-métrage a pour but d’immortaliser de Dalí, durant l’hiver 1930. L’Âge d’or le couple et leurs amis dans l’architecture marquera l’histoire des avant-gardes et les aménagements modernes de leur et des idées. Le tournage se déroule villa. La commande suivante, adressée simultanément à celui du Sang d’un à Man Ray, plus ambitieuse, laisse au poète, premier film de Jean Cocteau, créateur toute liberté quant au scénario lui aussi entièrement payé par Charles et à la réalisation. Les Mystères du Château de Noailles. Réalisés en studio, ces du Dé séduit tant les Noailles que le film est films bénéficient de moyens importants projeté au public au Studio des Ursulines et les Noailles y tiennent le rôle, non en 1929. Leur goût pour le cinéma s’affine plus de commanditaires, mais celui de au fil des expériences. producteurs, engagés, défendant aussi bien les œuvres, que leurs auteurs. Mais Présent aux projections d’un des tout le scandale provoqué par la projection premiers ciné-clubs, Les Amis de de L’Âge d’or, lors de sa sortie en salle Spartacus, fondé en 1928 et animé en 1931, entraîne la censure du film pour notamment par Jean Lods, le critique un demi-siècle et l’arrêt de ce mécénat Léon Moussinac et l’ensemblier Francis cinématographique. Cependant, à la fin Jourdain, Charles de Noailles sera des années 1960, Marie-Laure de Noailles parmi les premiers à découvrir les voies encourage l’acteur Pierre Clémenti à esthétiques ouvertes par Eisenstein ou réaliser ses premiers films expérimentaux. Poudovkine. Jean Lods et Boris Kaufman Des films, à l’instar de Révolution…, qui réalisent, grâce à l’aide du vicomte et du sont une succession de montages, de Comte de Beaumont, leurs deux premiers rythmes. Tout comme devait l’être ce films entre 1928 et 1929 : Vingt-quatre premier film de Lods et Kaufman, Vingt- heures en trente minutes et Champs- quatre heures en trente minutes. Une Élysées, tous deux décrits par leurs auteurs certaine logique, donc. Assurément celle comme des « essais » visuels relatant du montage. l’activité de la ville sur une journée. Manifestes esthétiques remarqués par la critique, ces films, hélas disparus, furent, on le suppose, réalisés dans l’esprit des MUSIQUE ET DANSE films de montage annoncés par L’Homme L à la caméra de Dziga Vertov (1927)3. Georges Auric, qui écrit la musique du Sang d’un poète, est probablement le Cette passion pousse le couple à aménager premier compositeur à rejoindre le cercle dans son hôtel particulier une salle de d’amis des Noailles. Il leur présente son ami . Les deux musiciens 3. Dziga Vertov est le participent en 1929 au célèbre Bal des frère de Boris Kaufman. matières, grande manifestation donnée

18 SAINT BERNARD place des États-Unis, où Auric crée Faust Unis, le compositeur peut alors continuer magicien, sur des projections de Jean Hugo, de travailler sereinement à l’achèvement et Poulenc son second ballet, Aubade, sur des Sept pêchés capitaux, recevoir Brecht, une chorégraphie de Bronislava Nijinska écrire des chansons avec Cocteau, voir ses et des costumes de Frank. Le couple amis parisiens, notamment Henri Monnet suit la même année Darius Milhaud au et le muséologue Georges-Henri Rivière. festival de Baden-Baden pour y découvrir Ces derniers s’occupent de transformer, les musiques de Kurt Weill ou de Paul grâce au mécénat très actif du vicomte, le Hindemith. Musée d’Ethnologie du Trocadéro en Musée de l’Homme. On ne s’étonnera alors pas de En prenant part au groupe de La Sérénade, la commande, par Charles de Noailles, pour fondé en 1931 par la marquise Yvonne l’inauguration du musée en 1937, d’une de Casa Fuerte, le couple s’investit dans pièce de Milhaud, La Cantate de l’Homme, l’organisation de concerts et la production composée sur un texte de Robert Desnos. d’œuvres, apportant un soutien fort à la génération révélée après la Grande Guerre : Entre-temps, Marie-Laure propose Darius Milhaud, Georges Auric, Francis à Markevitch et Sauguet une aide Poulenc, tous les trois anciens membres financière régulière pour leur permettre du Groupe des Six, Henri Sauguet, les d’achever des œuvres importantes : Russes Nicolas Nabokov et Igor Markevitch la cantate symphonique Le Paradis perdu ou encore l’Italien Vittorio Rieti. La figure pour le premier, créée à Londres en 1935, centrale de cette aventure reste le chef et l’opéra La Chartreuse de Parme pour d’orchestre Roger Desormière, qui s’occupe le second, achevé en 1936. de la direction artistique de La Sérénade de 1931 à 1939. Après la guerre, c’est le compositeur américain Ned Rorem qui bénéficie de son 1932 semble être l’apogée de ce mécénat : soutien. Marie-Laure de Noailles s’entoure les Noailles commandent cinq nouvelles également de l’amitié d’interprètes de œuvres pour le groupe de La Sérénade, renommée internationale : le pianiste dont trois cantates : Le Bal masqué Jacques Février, le violoncelliste Maurice de Poulenc, Le Collectionneur d’échos Gendron, le flûtiste Jean-Pierre Rampal de Nabokov, tous deux sur des textes ou le claveciniste Robert Veyron-Lacroix. de Max Jacob, et La Voyante de Sauguet. Le concert est donné en avril à Hyères, À travers leur amitié pour le chorégraphe lors d’un festival qui réunit écrivains et Serge Lifar ou Boris Kochno, ancien plasticiens, puis à Paris et Strasbourg. secrétaire de Diaghilev, les Noailles En décembre, les Noailles invitent soutiennent la danse. Ils aident à la l’Allemand Kurt Weill, ses interprètes et création des Ballets russes de Monaco son épouse, la chanteuse Lotte Lenya, sous la direction de Kochno et Léonide pour donner les premières parisiennes de Massine. Ils participent à l’aventure Mahagonny et Der Jasager, dont les livrets éphémère des Ballets 33 d’Edward James ont été écrits par Bertolt Brecht. Contraint et Georges Balanchine. Enfin, au lendemain quelques mois plus tard à l’exil, après de la Seconde Guerre mondiale, et grâce l’incendie du Reichstag, Weill est reçu et à leur aide, ce sont les Ballets des Champs- aidé par les Noailles, démontrant que leur Élysées de Roland Petit qui voient le jour, engagement va parfois au-delà du soutien et pour lesquels la vicomtesse réalise artistique. Durant ce séjour parisien, et les décors et les costumes du ballet avant son départ définitif pour les États- Le Combat en 1949.

SAINT BERNARD 19 Noailles l’ont bien compris, est la ÉCRIVAINS réponse de leur époque à un monde nouveau, fragmenté, riche et qui semble ET INTELLECTUELS comme éclater tant intellectuellement L qu’esthétiquement. Artistes, écrivains, Jean Cocteau, André Gide, Aldous Huxley, cinéastes, décorateurs, musiciens vont qui lit un texte pour le festival organisé créer autour de leurs mécènes un réseau, à Hyères en 1932, François Mauriac, dense, vivant, toujours en mouvement. André Pieyre de Mandiargues, René Char, Souvent objets de critiques, jalousés, Marcel Achard, Jean Paulhan, Louise ou dédaignés parce qu’ils transgressaient de Vilmorin… les amitiés littéraires sont les préjugés de classe ou intellectuels, nombreuses. Ils aident également les Charles et Marie-Laure de Noailles ont écrivains en acquérant des manuscrits choisi de vivre au cœur non pas de l’avant- dont certains sont offerts, dans la plus garde, mais des avant-gardes, de la fin grande discrétion, à des bibliothèques des années 1920 à la fin des années 1960. importantes. Une vie en mouvement, c’est certain.

Des écrivains du cercle surréaliste, Raphaèle Billé, Alexandre Mare Robert Desnos, René Crevel ou Paul Éluard, et Stéphane Boudin-Lestienne, pour ne citer que ceux-là, participent commissaires de l’exposition à l’enrichissement de la collection des permanente Noailles. Ou bien encore ceux sur lesquels se bâtira le véritable renouvellement d’une pensée – celle qui participe d’un montage protéiforme et multiculturel – , Georges Bataille (dont Charles de Noailles va acquérir en 1927 le manuscrit de L’Histoire de l’œil) ou Michel Leiris. Outre ces achats Cette exposition est réalisée en auprès de ces jeunes auteurs, il y a une partenariat avec le Ministère de affirmation claire, un positionnement la Culture et de la Communication. intellectuel : la réalisation d’un nouveau projet anthropologique. Charles mandate Maurice Heine afin d’acquérir le manuscrit des Cent vingt journées de Sodome. Un manuscrit, essentiel, sur lequel Heine entreprendra le premier véritable travail critique, permettant de replacer Sade dans le courant des Lumières et sur des voies nouvelles dans l’histoire de la pensée du XXe siècle. Un mécénat littéraire donc, mais avant tout intellectuel. Les avant-gardes, et en particulier Bataille, Leiris, ou encore Lods, posent la question du montage comme la seule cohérence possible dans un siècle qui voit s’ordonner les apports intellectuels et artistiques empruntés au surréalisme, à l’ethnographie ou encore à la psychanalyse. Le montage, et les

20 SAINT BERNARD Jean-Pierre Blanc, directeur de Doucet (BLJD) et son équipe, la villa Noailles et toute l’équipe Claire Paulhan et André Derval, remercie de l’Institut de Mémoire de l’Édition Contemporaine (IMEC), Frédéric Mitterrand, Ministre de David Peyceré, directeur des la Culture et de la Communication archives d’architecture, Cité de pour son aimable invitation l’Architecture et du Patrimoine.

Hubert Falco, secrétaire d’État Marie-Claude Beaud, Jean-Pierre à la Défense et aux Anciens Biron, Isabelle Bourgeois, Juan Combattants, auprès du ministre Luis Buñuel, François Carrassan, de la Défense, Président de la Balthazar Clémenti, La famille Communauté d’agglomération Toulon David, Edith George, Catherine Provence Méditerranée Gilbert, Edith de la Heronnière, Cécile Holstein, Jean Jamin, Carlo Perrone Françis Lacloche, Jean Lafont, Jean Louis Lods, Patrick Mimouni, Pascale Mussard, Présidente de l’Association des Amis Bernard Minoret, Jutta Niemann, de Saint Bernard, les membres Pierre Passebon, La famille de l’Association des Amis de Quillier, Benoît Seringe, Aurélie Saint Bernard : Xavier Guerrand, Taupin, Stéphane Wargnier. Mathilde Meyer, Lorraine Ricard, Mo Teteilbaum. Directeur du projet : Jean-Pierre Blanc Didier Grumbach, Président de l’Association villa Noailles, Commissariat : Raphaèle Billé, les membres du Conseil Stéphane Boudin-Lestienne, d’A d m i ni s tr a ti o n. Alexandre Mare

La Communauté d’agglomération Recherches complémentaires : Toulon Provence Méditerranée, Émilie Hammen, Florence Müller, le Ministère de la Culture et Monique Teunissen de la Communication au titre de la commande publique, le Centre Scénographie : David Dubois, National des Arts Plastiques, Assisté de David des Moutis le Conseil Régional Provence Alpes Graphisme : Frédéric Teschner, Côte d’Azur, le Conseil Général du Assisté de Clémence Michon et Var, la ville d’Hyères, pour leur Philippe Karrer financement et leur soutien. Aménagements paysagers : Véronique Wiesinger, directrice Christophe Ponceau de la Fondation Alberto et Annette Aménagements extérieurs : Giacometti et son équipe, Adrien Rovero Alfred Pacquement, Musée National Vidéoprojections : Julien Bengel d’Art Moderne (MNAM), Musique : Sabisha Friedberg Edwin Jacobs, Centraal Museum, Utrecht, Alfred Marks, Nederlands Lectures : Micheline Presle, Architectuurinstituut, Rotterdam, Relations presse : Philippe Boulet Bruno Racine, président de la Bibliothèque Nationale de France Catherine Geel, Magalie Guérin, et les conservateurs des Viviane Kajjaj, Frédéric Landini, départements Musique, Littérature Régis Laugier, Franca Le Guennec, et Photographie, Cynthia Lodico, Agnès Lopez, Sabine Coron, directrice de la Marie-Aline Lopasso, Armand Paone, bibliothèque littéraire Jacques Christian Pichon, Alexandre Richard.

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Jardin de Chambre d’amis Gabriel Guévrékian, Saint-Bernard, aménagée par Sybold maquette du jardin vers 1960 van Ravensteyn, moderne pour la Cliché : Willy photographiée villa du vicomte Maywald - en 1926 de Noailles, © Association Collection planche colorisée W. Maywald-ADAGP Nederlands Archi- au pochoir publiée tectuurinstituut, dans « Les Arts de la L Rotterdam maison », hiver 1926, Première page L éd. Albert Morancé 3 L 6

Terrasse de la piscine, 1928 Cliché : Thérèse Salon rose, Bonney * 1928 Manuscrit original Cliché : Thérèse des « Cent-vingt L Bonney * Journées de Sodome », Page 5 écrit par le Marquis L de Sade à La 4 Bastille. Collection Fondation Bodmer, Genève (ancienne collection Natalie Villa en cours de Noailles) d’achèvement, 1924 ; Cliché : J.-A. Boiffard photographie publiée dans la revue « Das Jardin moderne de L Werk », 1927 Gabriel Guévrékian 7 à Saint-Bernard avec L « La Joie de vivre » 1 de Jacques Lipchitz Cliché : Thérèse Bonney, publié dans « Terrasses et jardins », coll. Chambre « L’Art international de Marie-Laure d’aujourd’hui », de Noailles à Escalier intérieur Paris, éd. Charles Saint-Bernard, 1960 de la villa Moreau, 1929 Cliché : Willy Maywald - Cliché : Thérèse © Association * Bonney, 1928 W. Maywald-ADAGP

* Photographie publiée dans la revue « Art et Décoration », juillet 1928

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Planche d’un scrapbook La salle de cinéma Le groupe de La de Marie-Laure privée des Noailles Sérénade à Paris, de Noailles, 1954 dans leur hôtel 1932. Cliché : Boris Collection privée particulier, place Lipnitzki - © Agence des États-Unis Roger Viollet L Collection privée 9 L L 17 13

Photogramme du film « Le Mystère du château Milorad Miskovitch du Dé » de Man Ray, Photogramme du film dans le ballet 1929. Collection « Biceps et Bijoux » de « Le Combat », 1949 de la Cinémathèque Jacques Manuel, 1928 Cliché : Lido française (BIFI) Collection privée L L L 18 10 14

Milorad Miskovitch, Marie-Laure de Photogramme du film Charles de Noailles, Noailles et Colette « L’ Âge d’or » Luis Buñuel et Georges Marchand sur le de Luis Buñuel, 1930 Auric sur la terrasse plateau du ballet Collection de de la piscine « Le Combat » la Cinémathèque Collection privée © Agence Roger Viollet française (BIFI) L L L 15 Quatrième de couverture 11

Marie-Laure de Photographie de Couverture de la Noailles costumée plateau du tournage revue-programme pour le Bal de la Mer ; du « Sang d’un poète » du Studio 28 Photographie de Man de Jean Cocteau, Collection de Ray, 1928 1930. Collection la Cinémathèque Collection privée de la Cinémathèque française (BIFI) française (BIFI)

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