Rieux (56). Carte Communale. Rapport De Prospection Inventaire
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REGION PAYS DE LA LOIRE REGION BRETAGNE Illustrations de la couverture: Structure d'une voie romaine au franchissement d'une zone humide (J.P.ADAM, in: la construction romaine, d'après J.MERTENS). La carte de Cassini aux environs de Redon (vers 1770). Recherche documentaire: Christophe DEVALS. Prospection terrestre: Christophe DEVALS et Françoise GOUPIL. Prospection subaquatique: Françoise GOUPIL. Plongeurs (G.A.S.P.A.R.-Redon): Gérard AUDIBERT, joël GOUTARD, Roger LEBERE, Gildas LEFOL, Jean-Yves MAURICE, Jean-Marc ONILLON. Remerciements pour leur entière coopération aux Services suivants: Service Régional de l'Archéologie des Pays de la Loire. Service Régional de l'Archéologie de Bretagne . Centre National de la Recherche Archéologique Subaquatique. Service Départemental de l'Archéologie de Vendée (M. Emile BERNARD). Direction Départementale de l'Equipement (subdivision Redon Navigation). Direction Départementale de l'Agriculture du Morbihan (subdivision Gestion des Eaux). Archives Départementales d'Ille-et-Vilaine (Rennes). Archives Départementales de Loire-Atlantique (Nantes). Archives Départementales du Morbihan (Vannes). Musée du Pays de Vilaine, La Roche-Bernard (M.Pierre PRAT). Bureau du Vlè Génie Militaire (Angers). Mairie de Rieux (Morbihan). Mairie de Fégréac (Loire-Atlantique). Barrage d'Arzal (Morbihan). Une mention particulière doit être adressée à M.le Maire de Rieux pour l'accueil et les facilités accordées. La recherche archéologique des systèmes de franchissement successifs de la Vilaine à Rieux-Fégréac (56-44) a eu pour point de départ un travail indispensable de documentation selon deux axes importants: les archives anciennes et les archives récentes. Sous ce dernier intitulé, nous entendions cerner au mieux les travaux divers (draguages, recalibrages, rescindements, remembrement des berges ...) effectués dans les quarante dernières années dans le fleuve et intervenant comme autant d'éléments potentiellement destruc- teurs pour des vestiges archéologiques liés au fleuve sur une zone située au pied du château de Rieux. C'est dans ce cadre que la D.D.A. et la D.D.E. ont mis à notre disposition leurs archives, de même que le Vlè Génie Militaire d'Angers qui avait effectué en cet endroit plusieurs opérations de "franchissement du fleuve" avec des véhicules amphibies. Le bilan de la recherche documentaire a fait apparaître d'une part l'importance historique à toutes périodes qu'avait eu le "passage", et d'autre part le fait qu'aucune opération capitale de "grands travaux" sur le fleuve n'avait eu lieu en cet endroit dans les dernières décen- nies. Seul un léger travail de rescindement de la rive gauche a été réalisé lors des opérations liées en particulier à la construction du barrage d'Arzal en 1972 et à des travaux divers de recalibrages entre les années 1965 et 1975. Au vu de ces résultats, il nous est apparu opportun et prometteur d'organiser une opération archéologique rapide d'évaluation et de repérage sur le terrain. La finalité même de l'opération, la reconnaissance des systèmes de franchissement de la Vilaine, nous a conduit à demander aux deux Services régionaux de l'archéologie concernés une autorisation de prospection subaquatique, ainsi qu'une autorisation de prospection terrestre, outil indispensable pour une approche complémentaire de ces structures situées dans un milieu fluvial qui, dans un cas de figure comme celui-ci, ne pouvaient être considérées comme entités isolées. Les autorisations nécessaires ayant été obtenues, l'opération a donc consisté en un travail d'observation des berges et de prospection au sol qui ont complété la prospection subaquatique. Le présent rapport fait donc le bilan de cette approche d'évalua- tion selon trois axes bien définis et complémentaires que sont la recherche documentaire, la prospection terrestre et la prospection subaquatique. LOCALISATION DE L'OPERATION DE PROSPECTION. (Carte IGN 1/100.OOOème) RAPPEL DES RECHERCHES ANCIENNES EFFECTUEES SUR LES DEUX COMMUNES: Depuis plus d'un siècle, les vestiges archéologiques enfouis à Fégréac (Loire-Atlantique) et à Rieux (Morbihan) ont attiré nombre d'érudits locaux ou régionaux qui, avec plus ou moins de bonheur, ont étudié et fouillé le sol des deux communes. C'est ainsi que, depuis 1818, date des premières découvertes mentionnées, Cayot-Delandre, Bizeul, Nicolazo de Barmon, Maître, De Laigue, ont tour à tour tenté de décrypter l'histoire de ces deux localités, les plus importantes recherches étant celles de Léon Maître qui a pu mettre au jour un certain nombre de bâtiments d'époque gallo-romaine à Fégréac et à Rieux. Sur la rive droite de la Vilaine, sa principale découverte a été le temple de "Château Merlet" et à Fégréac, il convient de citer ses fouilles d'un établissement à hypocauste à "La Rochelle" et d'une grande villa à la "Butte de Bro" (aussi appelée butte Saint- Jacques). Si l'emplacement du fanum et de la villa sont connus (quel- ques vestiges très ruinés sont même encore visibles à la Butte de Bro), les "thermes" de La Rochelle n'ont pu être relocalisés qu'en 1991. Le château de Rieux, dont il ne subsiste aujourd'hui que la porte principale et quelques pans de murs, a lui aussi fait l'objet d'une intervention archéologique menée en 1981 par un groupe de béné- voles de la région qui n'a d'ailleurs pas amené de précisions supplémen- taires sur les origines de cette construction. Les trois dernières opérations réalisées sur ce secteur l'ont été sous l'égide du Service Régional de l'Archéologie des Pays de la Loire: - En 1987, une prospection-inventaire effectuée par L.Pirault a permis de faire la synthèse des vestiges reconnus sur la commune afin d'en délimiter les zones les plus menacées. - En 1989, un survol aérien effectué par G.Leroux sur l'ensemble de la commune a laissé apparaître plusieurs nouveaux sites. - En 1991, un diagnostic archéologique préalable a été réalisé avant la construction de la déviation du bourg, opérée par L.Pirault et C.Devais. LA VOIE ROMAINE NANTES-VANNES ET LE PASSAGE SUR LA VILAINE: La caractéristique commune de ces sites romains et médiévaux est leur localisation à proximité de la voie romaine Nantes-Vannes que jalonnent des stations gallo-romaines aussi connues que Blain (Loire-Atlantique) et bien sûr Rieux, toutes deux noeuds routiers importants dans l'Antiquité. Rieux (Dvretie sur la Table de Peutinger) est en effet traversée par une autre voie d'orientation Nord-Sud appelée "voie Rieux-Rennes" par certains auteurs anciens. Cette voie, mal connue et très peu vérifiée sur le terrain (sauf peut-être à Langon, située à quelques kilomètres plus au Nord) ne semble pas au vu de nos connaissances actuelles avoir eu l'importance de l'axe Nantes-Vannes, encore très visible dans le paysage actuel (limites parcellaires et chemins). La voie Nantes-Vannes est tout particulièrement bien cernée sur la commune de Fégréac et reste ,jusqu'à la Butte de Bro une route départementale encore utilisée pour accéder au petit port de plaisance situé en bordure de la Vilaine. Sur la rive droite, elle traverse le bourg de Rieux pour filer ensuite en direction d'Allaire puis Vannes. Cette présence de la voie, les nombreux sites qui la jalonnent de part et d'autre de la Vilaine, ont permis d'avancer l'hypothèse d'un passage permanent sur la Vilaine ayant existé dès le début de l'occupation romaine. Les auteurs du XlXè siècle n'ont pu avancer que des suppositions (bac, gué, pont) difficilement vérifiables pour l'instant quant au passage antique. Par contre les textes nous appren- nent l'existence d'un pont très important au Moyen-Age sur le fleuve situé dans une fourchette chronologique s'étalant du XlIIè siècle au XVIè siècle. voie romaine CARTES ARCHEOLOGIQUES REGIONALES sfc site gallo-romain ^ site médiéval Le but de la première partie de ce travail a donc été de repren- dre ces textes anciens en les comparant à toutes les publications et manuscrits des érudits ou archéologues ayant travaillé sur la question et de faire une synthèse critique de tous ces documents afin de n'en retirer que les éléments essentiels et certifiés. LE PARCHEMIN DE 1282: Le texte pivot de cette recherche est un acte officiel de 1282 (voir reproduction) écrit en français. Ce parchemin indique que Guillaume, comte de Rieux, s'engage à restaurer et entretenir le pont sur la Vilaine que son père Geoffroy avait délaissé et "déguer- pi" (c'est-à-dire en vieux français "abandonner ses droits sur") parce qu'il ne voulait plus en supporter les charges. Jean, Duc de Bretagne, rétrocède quant à lui ces droits à condition que Guillaume assume entretien et réparations de l'ouvrage. Si l'on se réfère aux auteurs anciens, cet acte n'authentifie seulement que l'existence d'un pont sur la Vilaine. Or il semble que ce texte contienne plus d'éléments que ce simple état de fait. D'abord le pont en question existait déjà à l'époque du père de Guillaume et l'on peut même avancer qu'il existait déjà avant celui-ci car l'on imagine mal Geoffroy faire construire un pont qu'il laisserait ensuite tomber en ruines et dont il céderait les droits. Ensuite, le terme "délessé" indique bien un abandon, donc un pont qui déjà à l'époque du père n'était plus en très bon état. Le fils s'engage d'ailleurs à l'entretenir régulièrement. Ces indices permettent donc de supposer que l'existence de ce pont est déjà ancienne et que rien ne permet de le situer chronologiquement dans un contexte du XlIIè siècle, bien au contraire. Le second élément apparaît par le biais des responsabilités des parties en présence: un tel ouvrage, au XlIIè siècle, pouvait permettre de percevoir un droit de passage et d'exercer un contrôle sur les montées et descentes des navires de commerce.