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IKSTITUT ; NATIONAL » s RECH-ERCHES ARCHÉOLOGIQU£S Rapport PR-ÉVENTIVES de diagnostic

CGw. v.xicR ARRIVEE

2004

Tracé de la voie dans les! prairies de Sainte-Anne

Dominique Pouille

Déviation de la RD 775 ALLAIRE-RIEUX

() Janvier-Février, Juin 2004

N° de prescription 2003/154

N° de projet INRAP 31 05 0423 01 INRAP Direction interrégionale Grand-Ouest : 37, rue du Bignon, CS 67737 35577 Cesson-Sévigné Cedex FICHE SIGNALETIQUE Département : Morbihan Commune : Allaire et Rieux Lieu-dit ou adresse : Parcelles situées le long du tracé de la déviation de la RD 775 Cadastre : Section(s) et parcelle(s) : ZP 331, 151, 153, 155. ZI 4, 15 à 21, 23, 25, 40, 42 à 50, 71, 73, 79, 80, 100, 101, 105, 11 làl 13, 131, 193. ZH31. YP 18, 25, 26, 81, 86 à 89, 93, 102. YR 18,21, 25, 26, 29 à 32, 35, 36. AZ 25, 27, 28, 29, 32, 34, 35, 72, 73, 95, 97, 153. ZO 115,119,151,153. BC36à42. Altitude^SàSlmNGF1 Propriétaire du terrain : Conseil Général du Morbihan

Arrêté de désignation n° : Arrêté de prescription n° : 2003-154 Valable du au Titulaire : Leroux Gilles Organisme de rattachement : INRAP Motif de l'intervention : projet de déviation de la RD 775: Dates de l'intervention Janvier-Février 2004 puis Juin 2004.

LISTE DES INTERVENANTS Intervenants scientifiques SRA : C. Jablonski INRAP : G. Leroux, D. Pouille, M. Baillieu. A.-F. Cherel et R. Ferrette (étude du mobilier). C.N.R.S. Gwenaëlle Guyodo-Hamon, coll UMR 6566. Intervenants techniques (INRAP). Techniciens : L. Aubry, M. Bakkal, O. Ezanno (diagnostic terrain) ; P.Leblanc V. Pommier , F. Melec (relevés topographiques) ; S. Jean (DAO).

Terrassements mécaniques : entreprise Beaussire. Carentan (50).

Intervenants administratifs S. Deschamps Conservateur Régional de l'Archéologie. INRAP, Direction interrégionale : G. Aguesse.

PRESCRIPTIONS SCIENTIFIQUES : « Le tracé de la déviation recoupe à plusieurs reprises celui d'une voie antique attestée à cet endroit. En outre, les travaux sont susceptibles de perturber l'environnement immédiat du petit temple gallo-romain situé au croisement de la RD 775 et de la D 136. Il s'agit donc de déterminer les limites de la voirie antique, de

1 Nb. Les altitudes figurant sur les coupes de terrain figurant dans le rapport sont des altitudes relatives. reconnaître les éventuels vestiges archéologiques et/ou structures associées ou jouxtant la voie. »

CONTRAINTES TECHNIQUES : Nécessité de réaliser des sondages dans des parcelles boisées pour la partie orientale du tracé. Un défrichement préalable des terrains a dû être mené à la pelle mécanique tout en tentant de limiter l'impact de l'abattage sur le terrain au cas où des vestiges archéologiques seraient présents.

4 ELEMENTS DU DIAGNOSTIC

Surface du projet d'aménagement : 44ha06a50ca Surface diagnostiquée : 44ha06a50ca

Contexte géographique et géologique : Zone de plateau située en marge du cours de la Vilaine. En fonction des emplacements le substrat est constitué par du granit des grès ou du schiste recouvert par une couche de sédiment d'altération du socle rocheux puis par une couche de terre végétale assez peu épaisse.

Méthode de diagnostic : Tranchées en quinconce % surface sondée : 6% =26800m2 Tranchées continues Sur décapage intégral Carottages Recherche en archives listes des archives Archives DOMMEE (993.4 consultées : etc) papiers Paille Musée Dobrée de . + voir bibliographie. Géo-physique Autres (précisez)

Profondeur des sondages ou carottages :

Description sommaire de la stratigraphie observée dans les sondages ou carottages. Terre végétale présente sur une épaisseur comprise entre 0,30 et 0,60m en moyenne. Sur la quasi- totalité des terrains concernés - à l'exception de la zone de talweg située au niveau du lieu-dit Les Petites Forêts où l'on note une épaisse sédimentation liée à la présence du ruisseau - cette couche de terre végétale scelle directement le substrat constitué par un sédiment résultant de l'altération du socle rocheux.

Substrat atteint : Oui, dans tous les cas il s'agit du substrat rocheux mentionné précédemment.

5 Table des figures.

Fig. 1 : Plan de localisation de l'opération. Fig. 2 : Plan de localisation du tracé. Fig. 3 : Plan de localisation des sondages. Tronçon n°1 secteur du temple de la Hilliaie. Fig. 4 : Plan de localisation des sondages. Tronçon n°2 secteur compris entre la Hilliaie et Les Petites - Forêts. Fig. 5 : Plan de localisation des sondages. Tronçon n°3 secteur de Sainte- Anne. Fig. 6 : Plan de localisation des sondages. Tronçon n°4 secteur situé sur la commune de Rieux. Fig.7 : Topographie détaillée des vestiges de la voie situés dans le secteur compris entre la Hilliaie et Les Petites - Forêts. Tronçon -ouest. Fig.8 : Topographie détaillée des vestiges de la voie situés dans le secteur compris entre la Hilliaie et Les Petites - Forêts. Tronçon sud-est. Fig.9 : Coupes pratiquées dans la chaussée . Fig.9bis: Vase néolithique découvert sous la voie. Fig.10 : Sondage en écorché réalisé dans le secteur compris entre Sainte- Anne et Kernavet. Fig.11 : Relevés des temples de la croix de la Hilliaie dressés par G. Paille Fig.12 : Hypothèse de recherche concernant les bornes milliaires jalonnant la voie.

Mb. Sur les plans de localisation des sondages n° 3 à 6 les tranchées sondages négatives sont positionnées pour information. Il ne s'agit pas de relevés topographiques. Seuls les sondages positifs sont précisément localisés.

6 Fig. 1 : plan de localisation de l'opération. Introduction.

Le diagnostic archéologique réalisé sur le projet de déviation de la RD 775 joignant les communes d'Allaire et Rieux répond à une prescription émise en 20032 par le Service Régional de l'Archéologie de Bretagne. Cette prescription est motivée par le fait que le tracé de la déviation, long de 4 km, reprend celui de la voie romaine -Blain-Rieux-Vannes connu depuis fort longtemps. En plusieurs endroits la voie antique est longée par la déviation tandis qu'en d'autres points - au niveau des échangeurs notamment - l'axe ancien ou ses vestiges sont directement menacés par l'itinéraire futur. Compte tenu de la longueur du projet, mais aussi de la largeur moyenne de son emprise : 40 à 50m sur les linéaires et jusqu'à 280m à l'emplacement de l'échangeur le plus important, les risques de découvrir des sites archéologiques pouvant avoir un rapport direct avec la voie - habitat, exploitation, ou station routière antique - n'étaient pas négligeables.

Phasage de l'opération.

Ce diagnostic archéologique a été réalisé en deux temps. Une première tranche menée sous la direction de G. Leroux a été effectuée en Janvier-Février 2004. Elle concerne les terrains situés sur la commune d'Allaire. Le reste du tracé, situé sur la commune de Rieux, n'étant pas accessible à cette époque n'a pu être diagnostiqué qu'au mois de juin 2004. G. Leroux n'étant plus disponible à ce moment, cette seconde opération a été menée sous la direction de D. Pouille. Cette seconde tranche a été réalisée dans des conditions particulières puisqu'il faut souligner qu'elle a nécessité la réalisation de sondages dans des parcelles boisées. Un défrichement préalable des terrains a dû être mené à la pelle mécanique tout en tentant de limiter au maximum les bouleversements occasionnés au niveau du sol au cas où des vestiges archéologiques seraient présents. Dans les taillis ainsi défrichés, où les marges de manœuvre de l'engin mécanique demeuraient cependant limitées, les sondages ont été pratiqués sous forme de longues tranchées continues.

2 Prescription n° 2003/153 du 15/09/2003.

7 Observations réalisées au cours du diagnostic

1. Le secteur du « temple » de la Hilliaie.

A l'extrémité nord ouest de la zone à étudier, là où le tracé projeté rejoint l'actuelle route départementale 775, se situent les vestiges gallo-romains de la Hilliaie connus depuis la seconde moitié du XIXe siècle et fouillés au début du XXe siècle par G. Paille. Malgré le flou documentaire qui demeure autour de ces vestiges, en croisant les sources il a été possible de localiser l'emplacement de l'un des deux temples mentionnés par l'auteur. Celui-ci se situe sur le côté nord du tracé, entre la route et l'actuelle ferme de Belleville. Seule une très légère proéminence à peine perceptible dans la prairie semble indiquer l'emplacement de l'un des monuments décrits par Paille. Une micro-topographie réalisée à cet emplacement montre juste l'existence d'une sorte de plate-forme sur laquelle l'édifice devait s'élever fig.3. Si l'environnement actuel constitué par une prairie très humide permet de douter de l'importance et de l'étendue du site, les affirmations de l'archéologue mais également de ses prédécesseurs suggèrent le contraire. Paille indique clairement dans l'un de ses courriers que la fouille du temple permet de mettre en évidence d'autres vestiges. Ils ne sont malheureusement pas décrits en détail. On note dans les archives qu'il est question de « ruines » présentes sur une grande surface. L'auteur affirme que « Tout le champ est couvert de ruines ainsi que les environs ». Lors de la fouille du temple il mentionne seulement la présence d'une petite construction circulaire située à dix mètres de la construction principale3. De nombreux objets y ont été découverts et notamment tout un de statuettes en terre cuite. Des vases ainsi que des figurines de bronze auraient été exhumés dans le même lieu4. En 1899 l'abbé Le Mené, membre de la Société Polymathique du Morbihan, signalait dans son article consacré au temple la présence, à l'est de ce dernier, « de mouvements de terrain, qui paraissaient receler des murets et des fondements de maisons »5. Dans un second article datant de la même époque, que l'on doit à R. De Laigue, il est stipulé que « les substructions abondent en cet endroit », l'auteur précise même que « pendant un kilomètre on marche sans interruption sur des morceaux de briques et de tuiles ; ici c'est un four encore intact, là un puits, plus loin voici les assises d'une maison : bref on est en plein village gallo-romain. »6. La suite de la description s'attarde sur le temple qui était manifestement, à l'époque, dans un état de conservation remarquable puisque les sols et les bases des murs étaient visibles tout comme les marches constituant le perron d'accès à la cella centrale, ainsi que les restes des ferrures et des gonds de la porte fermant cette dernière. Il mentionne également la petite construction, située « à dix mètres du monument », fouillée par la suite par G. Paille. En 1899, un certain nombre d'objets dont on ne connaît malheureusement pas la liste y avaient déjà été découverts par le propriétaire des

3 Blain, Santrot, 2000, p. 135. 4 Blain, Santrot, 2000, p. 135, note 43. 5 Le Mené, 1899, p. 20. 6 De Laigue, 1899, p. 121.

8 Fig. 3 : plan de localisation des sondages. Tronçon n° 1, secteur du temple de la Croix de la Hilliaie. lieux. La nature de ces objets avait, à l'époque, conduit R. de Laigue à y voir « incontestablement une maison gallo-romaine ». Un second temple est signalé à 600m du premier, G. Paille ne précise malheureusement pas sa position exacte. On sait néanmoins que des statuettes de terre et de bronze y auraient également été découvertes7. Bien que cela ne puisse être vérifié, il est possible que ce second temple corresponde en fait au « retranchement ovale de la Hilliaie » mentionné par De Gouyon en 1888 mais dont la localisation demeure inconnue8. Les sondages réalisés dans la bande de terrain concernée par le projet et se situant le long du bord nord de la route départementale ont seulement révélé l'existence d'un fond de fossé qui a pu être suivi sur 165m. Cependant compte tenu de l'humidité excessive du terrain, ce dernier n'a pu être étudié en détail en raison de l'affluence immédiate de l'eau dans les tranchées pratiquées. Les sondages mécaniques réalisés dans ce fossé ont révélé sa faible profondeur résiduelle oscillant entre 0.20 et 0.40m au maximum, pour une largeur irrégulière allant de 0.40 à 0.80m. Une petite quantité de matériel céramique antique, un fragment de meule domestique en granit ainsi que quelques fragments de tegulae ont été recueillis dans son comblement9. Ces quelques maigres indices témoignent effectivement de l'existence d'une occupation gallo-romaine dans les environs, en revanche si l'on se fie à ce qui a pu être perçu dans les sondages ainsi qu'au résultat de la micro topographie, l'ensemble paraît être fortement érodé. Il est probable que les vestiges archéologiques observés par le passé ont en grande partie disparu suite aux diverses fouilles entreprises ainsi qu'à l'exploitation agricole de ces terrains. Malgré cela il est intéressant de formuler quelques remarques concernant cette occupation. La question qui se pose concerne la nature exacte des vestiges mentionnés dès le XIXe s. Certes les observations des auteurs anciens puis les fouilles menées au début du XXe s. ne s'attardent que sur le ou les temples, toutefois il apparaît clairement qu'à l'époque les vestiges occupaient encore une très vaste surface. L'un des auteurs n'hésite pas à évoquer un « village » gallo-romain. Dès lors, si l'on confronte les données dont on dispose et notamment si l'on considère le lien qui peut exister entre la voie et cette occupation, on peut se demander si ces vestiges ne correspondent pas à une étape routière jalonnant l'itinéraire Vannes-Angers. En raison de la distance (8km) qui existe entre la croix de la Hilliaie et Rieux (Duretie) - station antique reconnue au niveau du franchissement du fleuve Vilaine - la présence d'une telle installation à cet emplacement peut être envisagée . Rappelons ici que l'intervalle moyen séparant les étapes routières ordinaires sur les voies romaines (mutationes) se situe dans une fourchette comprise entre 7.4km et 17.7km (5 à 12 mp)10. C'est bien évidemment dans les cas où le relief se montre un peu contraignant que les distances sont les moins importantes. Les 65m de dénivelé qu'accusent les quatre premiers kilomètres de voie depuis le franchissement de la Vilaine pouvaient donc justifier un rapprochement éventuel de cette étape.

7 Blain, Santrot, 2000, p. 129. 8 De Gouyon de Coipel, 1888, p. 191. 9 Ce petit lot d'artefacts est constitué par de la céramique commune dont deux mortiers et deux cruches en commune claire, ainsi que trois pots en commune sombre auxquels sont associés deux individus de sigillée du Sud de la Gaule, un pied de coupelle et un bol de type Drag. 29 B. Quelques fragments de céramique commune indéterminée sont associés à ce lot. Enfin, on soulignera la présence d'une tuile et d'une meule en granité. Une datation de cet ensemble à la seconde moitié du 1er siècle apr. J.-C. peut être proposée. (Par A.-F. Cherel et R. Ferrette). 10 Chevallier 1997, p. 283

9 Le site de la croix de la Hilliaie pourrait donc bien correspondre à la deuxième halte routière située après le franchissement de la Vilaine en allant vers Vannes, chef lieu de la cité des Vénètes. L'étendue des gisements signalés au XIXe s, ainsi que la présence d'un et peut-être même de deux temples permettent de supposer qu'il s'agit là d'une station importante voire même d'une mensio. A la différence des simples relais (mutatio) ces dernières étaient en effet pourvues de sanctuaires11. Même si les descriptions anciennes n'évoquent pas les incontournables thermes liés à ces ensembles, et malgré la pauvreté des indices actuellement conservés l'hypothèse doit sans doute être envisagée12. Une seconde hypothèse consisterait à supposer la seule existence d'un sanctuaire à cet emplacement. On sait que ces lieux sacrés qui occupaient fréquemment des positions remarquables dans le paysage (carrefours, points culminants, gués...) jalonnaient les itinéraires routiers ; plaçant ainsi les voyageurs sous la protection des dieux. Il est fort possible que ce soit ce cas de figure qui soit illustré ici. Notons cependant que le lien établi jadis par R. De Laigue13 puis G. Paille avec un prétendu monument mégalithique qui aurait occupé les lieux avant l'installation du temple est probablement à récuser. Lors des sondages effectués dans ce secteur, d'énormes blocs de granit ovalisés par l'érosion ont effectivement été découverts dans le sol. Toutefois il s'avère que ces derniers sont des nodules noyés dans l'arène granitique. Il s'agit à l'évidence de masses granitiques denses ayant résisté à la décomposition. Aucune trace d'aménagements mégalithiques n'a été retrouvée. On notera en revanche que la pérennisation de ce lieu de culte après l'époque antique est peut- être illustrée par la présence du calvaire « la Croix de la Hillaie » faisant face au temple. De tels cas de figure sont fréquemment observés le long des voies romaines14. Enfin une dernière hypothèse concernant les lieux doit également être formulée. Celle-ci repose sur le fait qu'une très probable borne milliaire anépigraphe est située au niveau du carrefour se trouvant à l'entrée du bourg de Rieux.

Cl.l-2. Borne milliaire située à l'entrée du bourg de Rieux. (cl. G. Leroux)

11 Chevallier 1997, p.284. 12 Pour un exemple de station routière fouillée récemment, voir : Demarez, Othenin-Girard 1999, p. 51-72. 13 De Laigue 1899, p. 124. 14 Chevallier 1997, p. 293.

10 Rien ne permet d'être certain que cette borne signalée dès le XIXe s et accostée d'un calvaire ancien occupe encore son emplacement d'origine15. Toutefois si l'on admet cette possibilité, une recherche des emplacements d'autres milliaires jalonnant le tracé de la voie peut être tentée16. Dans le cas présent nous avons admis l'utilisation de la lieue romaine de 2222m comme unité de mesure. C'est celle qui figure sur les bornes épigraphiées que l'on connaît dans l'ouest de la Gaule. Le découpage du tracé de la voie en sections de 2222m à partir de l'emplacement occupé par la borne de Rieux constitue une bonne piste de recherche pour localiser la position des autres. En croisant les résultats obtenus avec les données fournies par l'étude du paysage (présence ou non de carrefours pouvant avoir une origine ancienne) et la toponymie17, on remarque que le carrefour de la Croix de la Hilliaie occupe une position « stratégique » fig. 12. Ce constat permet de s'interroger quant à la présence d'un milliaire à cet emplacement. Le toponyme la Hilliaie pourrait en réalité résulter d'une déformation de la Milliaire18. On notera également qu'à proximité immédiate de ce lieu-dit se situe également un toponyme la Mornaie qui, bien que moins convaincant que le précédent, pourrait quant à lui faire allusion à la Borne (la Bornaie) située dans les parages. Dans ce cas encore - comme à Rieux - la présence du calvaire de la Croix de la Hilliaie pourrait être mise en relation avec la présence préalable d'un tel jalon routier.

De Laigue 1890, p. 18. On notera que le long des itinéraires antiques ayant été utilisés jusqu'à l'époque moderne voire jusqu'à aujourd'hui, il n'est pas rare qu'une croix ait succédé à une borne milliaire. Chevallier 1997, p. 161. 16 A ce sujet, et notamment en ce qui concerne la méthode employée, voir Chevallier 1997, p. 161 et suivantes. 17 Au sujet des indices toponymiques voir Chevallier 1997, p. 168-69. 18 Sur la carte de Cassini où aucun axe routier reliant Rieux à Allaire n'est figuré, ce toponyme est écrit la Hilliaye.

11 Les archives de Gustave Paille .

Tronçon de voie romaine de La Barre à Rochefort. La voie de Rieux vers Vannes, après avoir dépassé la Croix de la Hillaie sic (temple fouillé l'an dernier) continue sa route en ligne droite....

«Le 1er août 1904, ouverture des fouilles à Allaire (Morbihan), au lieu dit la « Hillaie », près de la voie romaine de Vannes à Angers. Déblaiement d'un temple gallo- romain dont ci-joint un plan provisoire , qui sera levé géométriquement cette semaine. Ce temple est bâti sur l'emplacement de plusieurs dolmens. Il a été bouleversé une première fois vers 150 p. C. environ, et reconstruit ensuite sous Tétricus (280). Dans l'angle gauche se trouvait un tombeau à incinération (ce qui est absolument contraire à la loi et au culte romain). Ce tombeau contenait le vase à incinération et deux autres vases, dans le péribole, couche cimentée et fragments de stuc peints en jaune, vert, blanc et rouge. En dessous deux dolmens, avec fragments de poteries et de bracelets de bronze ; il y en a peut-être encore d'autres. Ci joint un plan provisoire d'après le déblaiement actuel. Il sera révisé, corrigé et complété avant quelques jours. Tout le champ est couvert de ruines ainsi que les environs. Le lieu-dit s'appelle « le Lehero » ; il est sur le bord de la voie romaine de Rieux... »

Le 15 août 1904 « à 10 mètres de ce temple, j'ai trouvé un petit édifice où se trouvait un lopin de statuettes en terre cuite ? Jusqu'à présent, j'en ai une dizaine avec une tête et peut- être une quinzaine d'autres... »

Le 29 août 1904 « Le temple est entièrement dégagé ; à temps perdu, j'en esquisse le plan. Tout près, j'ai dégagé un autre petit monument quadrangulaire, je ne pourrai dire ce que c'est tant que je n'aurai pas déblayé les environs. J'y ai trouvé de nombreux fragments de très belle verrerie et de poterie samienne rouge(...) je soigne mes statuettes, et j'ai commencé à les exposer au soleil pour les durcir ; d'ici peu, il y en aura une douzaine prêtes pour les vitrines.

Le 13 septembre 1904 «A 8 m à l'ouest du temple, sous le mur de l'enceinte, se trouvait un dolmen à incinération. Les romains ont respecté le tombeau et enlevé les tables de recouvrement, mis à leur place des tuiles à rebord, et dessous se trouvaient de nombreux vases brisés par la poussée de terre. 2 sont faciles à reconstituer. L'un à rebord central avec deux trous de suspension et l'autre en creuset. De plus une molette à polir. Je prends les mesures et croquis de tous les fragments qu'il est inutile de garder . Le mur se poursuit vers le sud ; je l'ai déblayé sur une longueur de 10m., et je n'ai trouvé que des tessons de poterie et de verrerie ainsi que trois grands bronzes d'Antonin (138-161), deux bronzes moyens idem ; 4 Tétricus (268-273) ; 1 Gallien (253-268) et beaucoup de tuiles »

Le 20 septembre 1905 « J'ai terminé l'exploration du second temple d'Allaire à 600m du premier. La récolte eut été de beaucoup plus belle que celle de l'an dernier si les cendres, l'eau et le tassement des terres n'eussent fait un amalgame complet des figurines en terre et en bronze. Cela ne sera qu'à que je pourrai séparer les statuettes des vases. »

19 D'après Blain, Santrot, 2000 20 Voirfig.ll. 21 Malheureusement aucun dessin du mobilier retrouvé n'est conservé dans les archives.

12 2. Les fosses d'extraction d'arène granitique.

Dans la partie occidentale de la zone diagnostiquée, non loin du « temple » de la Hilliaie, une série de fosses a été repérée au nord de la voie fig.3. A cet emplacement le tracé de cette dernière correspond à celui de la route communale située dans le prolongement de la RD775.

CI. 3-4. Fosses d'extraction dans le secteur de la Hilliaie. (cl G. Leroux)

Ces fosses de dimensions variables sont creusées dans le rocher. Deux d'entre-elles ont été sondées à la pelle mécanique. Ces sondages ont permis de noter que ces creusements n'avaient qu'une profondeur limitée à la couche d'altération du granit. Il s'agit à l'évidence de carrières ponctuelles d'extraction d'arène granitique. Quelques rares fragments de céramique rappelant les productions de l'âge du fer ont été recueillis dans les comblements de terre végétale de l'une de ces fosses, dans la seconde ce sont quelques fragments de tegulae accompagnés de quelques petits tessons de céramique gallo-romaine non identifiable plus précisément qui ont été trouvés22. On notera également dans ces même comblements la présence de petits fragments de charbon de bois. Des prélèvements pouvant éventuellement faire l'objet d'une datation C14 ont été effectués. Bien qu'il faille rester très prudent en ce qui concerne ces creusements, on peut néanmoins supposer qu'ils sont liés à la mise en place ou à l'entretien de la bande de roulement de la voie.

3. Une zone d'épandage de matériaux.

Parmi les rares indices de présence antique relevés le long de la voie, on note l'existence d'une zone ayant livré quelques matériaux de construction antiques. Celle-ci se situe sur la commune de Rieux, juste en bordure du chemin servant de limite communale avec Allaire fig. 6.

Identification A.-F. Cherel, R. Ferrette (INRAP).

13 Ce matériel constitué par des fragments de tegulae a été observé sur quelque m2 seulement. Il est relativement fragmenté et uniquement présent dans la couche de terre végétale. Aucune trace de structures ou de faits archéologiques pouvant lui être directement associés n'a été observée. On note toutefois l'existence dans ce même secteur, d'un petit fossé orienté presque parallèlement au tracé de la voie. Il s'agit d'un creusement peu profond (profondeur comprise entre 0.15 et 0.20m) et large de 0.60m à l'ouest. Sa largeur se réduit vers l'est jusqu'à 0.20m puis sa trace disparaît totalement. Le comblement est constitué par un limon argileux gris-beige ne contenant aucun matériel archéologique. Il ne semble pas y avoir de rapport direct entre les quelques fragments de tegulae retrouvés dans les environs et ce fossé dont la fonction demeure énigmatique. Une seconde tranchée parallèle à la précédente, ainsi qu'une vignette de vérification ont été ouvertes dans ce secteur afin de vérifier l'existence éventuelle d'autres vestiges. Ces sondages complémentaires se sont révélés totalement négatifs.

14 4. La voie romaine.

La portion du tracé de la voie qui nous intéresse ici a été étudiée à la fin du XIXe s par R. De Laigue. Dans un article paru en 1891 dans les Bulletins de la Société Polymathique du Morbihan cet auteur décrit précisément l'itinéraire emprunté par la voie romaine de la Croix de la Hilliaie jusqu'au franchissement de la Vilaine situé à Rieux23. La description de l'insertion de l'ouvrage dans le paysage qui est faite est assez précise et on constate - malgré quelques destructions intervenues notamment depuis la réalisation du remembrement - que l'état actuel de l'ensemble est encore assez proche de ce qui existait il y a un peu plus d'un siècle. Afin de permettre une approche satisfaisante de la question, le passage de ce document qui nous intéresse est retranscrit intégralement dans les lignes qui suivent. Les repères mentionnés dans le texte sont mis en liaison avec le plan du tracé reporté sur les figures 3 à 6.

« De la croix de la Hillaie à Rieux notre voie a été peu suivie jusqu'ici ; elle est encore bien visible, mais dans quelques années elle aura disparu sous les défrichements et les cultures. Nous pensons donc qu'il y a intérêt à donner son parcours exact entre ces deux points. Ce travail est le résultat d'une étude faite sur le terrain même ; il paraîtra sans doute aride, mais il sera peut-être de quelque utilité quand les derniers vestiges de la chaussée romaine n'existeront plus. Depuis la croix de la Hillaie jusqu'aux petites forêts, village situé à un kilomètre plus loin, la voie est battue et frayée en chemin rural où il est facile de retrouver des restes de la vieille chaussée, encore intacts en certains endroits. Ce chemin, après avoir quitté la route de Redon, s'enfonce dans les terres entre deux rangs d'arbres d'émondes (A fig.3), longe une lande à gauche et des champs à droite ; il se resserre ensuite, devient chemin creux et ne prend qu'une partie de l'agger romain (B fig.3). Devenant tout à coup un peu plus large, il longe une lande bordée de chênes d'émonde : là la voie a gardé sa hauteur primitive (C fig.4). Le chemin se resserre encore et traverse une lande où la voie apparaît dans toute sa splendeur. Plus loin, le chemin tourne à droite autour d'une prairie pour gagner le village des Petites-Forêts; à ce tournant la voie s'en sépare, et, continuant sa direction première, traverse un champ où on ne la reconnaît plus guère, puis un chemin creux et va passer sous la maison la plus septentrionale du village (E fig. 4). Au sortir des Petites-Forêts, la voie est parfaitement reconnaissable dans une vaste prairie traversée par un ruisseau (F fig.4). Son agger y est couvert de genêts, et tranche ainsi sur le reste du terrain qui en est absolument dépourvu. Elle entre ensuite dans une taille qu'elle traverse du nord-ouest au sud-est (G fig.4), franchit un petit talus de clôture (H. fig.4) et entre dans une lande appelée domaine de la Pommeraie, où son énorme sillon est tout à fait visible. Franchissant un autre talus de clôture, elle entre dans une vaste lande, défrichée par endroits, où son agger est très bien conservé, traverse un champ où elle est reconnaissable à sa hauteur et à la grande quantité de pierres mêlées à la terre labourée, suit un talus de clôture entre deux et vient traverser en X la route d'Allaire à Béganne, à cent mètres, Nord- Est, de la ferme de Kernaven (I fig.4 et J. fig. 5). A partir de Kernaven jusqu'à la route de Redon à , c'est à dire sur un parcours de plus de 2 kilomètres, la voie est admirablement conservée, sauf dans un champ, près de Kermaria, où elle a été défrichée. Son agger extraordinairement

De Laigue 1891, p. 15-16.

15 Fig. 4 : plan de localisation des sondages. Tronçon n° 2, secteur compris entre la Hilliaie et les Petites Forêts Fig. 5 : plan de localisation des sondages. Tronçon n° 3, secteur de Sainte-Anne. élevé à une largeur de 15 mètres entre les contrefossés qui se voient encore pan'aitement. Les tailles qu'elle traverse en cet endroit sont les restes de l'ancienne forêt de Rieux (Fig. 5 et 6). /Après avoir traversé la route d'Allaire à Béganne, la voie romaine longe une petite lande, à gauche, et des champs dépendant de Kernaven, à droite, passe entre des cultures et entre dans une taille (K fig.6)...

Les figures 3 à 6 permettent de visualiser le tracé de la voie ainsi que son état de conservation actuel. Dans plusieurs secteurs celle-ci est presque intégralement détruite par des labours ou par le passage d'une route actuelle cl.5 ou d'un chemin d'exploitation qui s'y substitue. C'est notamment le cas au niveau de la figure 3. Une micro-topographie des lieux fig. 7 montre bien la quasi-absence de relief à l'emplacement de la voie. La dénivellation maximale relevée dans ce secteur est de l'ordre de 0.65m En revanche en d'autres points les travaux vont toucher des tronçons dont l'état de conservation est remarquable. C'est le cas notamment en C et I fig. 4 en J fig. 5 ainsi qu'en L fig. 6. En C fig. 4, où la voie sert d'appui à une limite de parcelle, une micro-topographie faisant apparaître les courbes de niveau permet de visualiser la présence du bombement dans le terrain, celui-ci est d'ailleurs nettement visible à hauteur de la limite occidentale de la parcelle, là où une route communale coupe la chaussée gallo-romaine cl.6.

La route communale actuelle reprenant La voie coupée par une route le tracé de la voie dans le secteur de la communale dans le secteur Hilliaie. (cl. G. Leroux) compris entre la Hilliaie et les Petites Forêts, (cl. G. Leroux)

La dénivellation moyenne des vestiges à cet emplacement est comprise entre 0,65 et 1.30m fig.8. La photo aérienne effectuée cl.7 est également très révélatrice elle montre en outre l'existence d'une dépression longeant le bord sud de la voie, dépression dont on perçoit également clairement l'existence sur le relevé topographique fig.8. Il s'agit vraisemblablement là d'un aménagement antique destiné à drainer le terrain supportant l'ouvrage routier. On note en effet que curieusement, dans ce secteur, le radier de fondation repose sur la couche de terre végétale ancienne dont l'épaisseur avoisine 0.30 à 0.40m coupe 1 fig. 9. Un détail similaire à pu être observé dans la partie sud - est du tracé en L fig. 6, voir coupe 2 fig. 9. Cette particularité est également bien visible sur les clichés cl n°8 et 9.

16 /restes de radier de fondation de la voie encore partiellement en place

coupe à l'extrémité est coupe à l'extrémité ouest i ■ 1 ! 1 i ' 1 ! i ï

1 : terre végétale 2 : limon argileux gris-beige 0 1 m

fossé

7 / / s / \zone d'épandage de tegulae

Fig. 6 : plan de localisation des sondages. Tronçon n° 4, secteur situé sur la commune de Rieux. Profil 8 Profil 15 Profil 1 99,24 m I f8j2f" „ 99,99 m 98,82 m Profil 22 99,39 m ,99,39 m 100,01m i 100,02 m 99,73 m 77777777777777777777777, '/ 04m 7y?777777777777777777777777 9' 7777777777, /

Profil 2 Profil 9 Profil 16 99,18 m ■ 99,12 m 98,91 m 99,2» m 99, )9 m S9,78 m i 98.55 m Profil 23 99,59 m 161 m .98,53 m 77777777777777777777777777?

Profil 3 Profil 10 Profil 17 99,45 m 99,55 m , gg,26m 99,74 m , 99,80 m 99,57 m 98,92 m^^^-^S^JJl 98,66 m z 777777777777777777777777. 7777777777777777777.

Profil 4 Profil 11 Profil 18 ),64m i 99,64 m 99,52 m 77777777777777777777777, 7777777777777777, 777777777777777777777777.

Profil 19

Profil 5 Profil 12 , , _ i 99,54 m gg 33 77777777777777777777. B m 98,40 m 98,38 m ' V7777777/7///7//77777777777, 7777, 77777777. Profil 20

.99,64 m Profil 6 99,02 m Profil 13 99.44 "1 l.,"M m i 8,77m J ; , . , gs,57m V777/77//777777777777 98,18 m

Profil 21 99,60 m ',48 m Profil 14 99,08 m Profil 7 777777. 10m 99,3? ffl l^fig 99,08 m 98,58 m 7//7///////7/77777777777/ Les altitudes présentées sont des altitudes relatives.

50 m emplacement occupé par la chaussée

Fig. 7 : topographie détaillée des vestiges de la voie situés dans le secteur compris entre la Hilliaie et les Petites-Forêts. Tronçon nord-ouest. profil 6 profil 10 profil 14 99,85 m profil 1 99,17m „„„ 100,06 m ,J00,77m 99,52 m^i^^ 99,15 m 99,47 m 77777/7777777/ 7777777777y///// 98,09 m ,,,,,, 7/'77/ / / / / / 98,50 m

profil 7 profil 11 profil 15 99,95 m profil 2 99,25 m 160 m _ 100,24m 100,82 m 98,88 m, ggJ6m 100,10 m. 1,11 m iw,y399,05 m ni 98,50 m 777 -7-7-7-7-7-7 ///////////■/////'/////y// 77777777777777777777777777777777777.

profil 8 profil 3 99,21m 100,23 m profil 12 profil 16 99,21 m 1 _—j^y J 140 m L98,71 m 99,09 m s;;;;;;/;//;///////////777// 99,73 m 100,16 m 99,55 m s////////////////////// T77r777///////7TZ77-

profil 4 profil 9 , 100,13 m profil 13 99,25 m profil 17 '//////s////7/ ;;//////////, //////y///////////////////////////// 99,91 m m46m/////////-/////-//S////S//7777^^

profil 5 98,77 m_ 99,56 m 50 m

Les altitudes présentées sont des altitudes relatives.

Fig. 8 : topographie détaillée des vestiges de la voie situés dans le secteur compris entre la Hilliaie et les Petites-Forêts. Tronçon sud-est. Cl.8 Ecorché de la voie réalisé sur la commune de Rieux (en L fig. 6). On note la couche de terre végétale encore en place sous le radier de fondation de la chaussée, (cl. D. Pouille)

Cl.7. Tronçon de la voie servant d'appui aux limites de parcelles entre la Hilliaie et Les Petites-forêts. (cl. G. Leroux)

C1.9 On note la couche de terre végétale encore en place sous le radier de fondation de la chaussée, (tronçon de voie servant d'appui aux limites de parcelles entre la Hilliaie et Les Petites-forêts) (cl. G. Leroux)

La présence de ce sol antérieur à l'installation de la chaussée est une source d'information exceptionnelle. En effet de nombreux témoignages archéologiques ayant été scellés par l'installation de la voie sont susceptibles d'être conservés. Ces données peuvent être de différents ordres : vestiges archéologiques immobiliers ou mobiliers, traces anthropiques diverses, ou témoignages concernant l'environnement végétal et notamment informations relatives à l'exploitation des sols depuis les époques les plus reculées. A ce titre, la découverte des restes d'une céramique datable du néolithique dans une fosse localisée sous le radier de fondation de la chaussée est un bon exemple illustrant le propos A coupe 1 fig. 9, fig.9bis, cl.10. A plusieurs reprises, des fragments de charbon de bois ont également été observés dans ce sol ancien, notamment au niveau de la coupe n°1.

17 coupe 1

S-SE

N-NO

I I : *erre végétale. ■ arène granitique rousse. : : terre végétale brune. B arène granitique gris verdâtre. 2m : fosse remplie de terre brune contenant une céramique. |fH : limon sableux beige verdâtre. : terre végétale mêlée d'arène granitique. §f|| : terre végétale cendreuse. I I : terre végétale avec inclusions de charbon de bois. W : limon grisâtre vaseux. 1H : arène granitique brun-grisâtre. : terrain naturel (arène granitique).

coupe 2

2m : blocs de pierres sèches (radier de fondation), mf : arène granitique et moellons. : limon ocre-brun (paléosol). | | : arène granitique. : pierraille plus ou moins orangé. M : limon et pierraille. ■I : argile et pierraille orangé. : pierraille et argile jaune. I I : ornières. m : limon brun et pierres. BHI : argile et blocs.

coupe 3

■IHlilllllillllllM^

1 : niveau sableux fin, ocre à gris clair, hétérogène, meuble. 11 : niveau argileux avec arène, compact, jaune-orange. 21 : niveau sableux homogène gris-ocre. 2 : niveau sableux à grains moyens, gris. 12 : niveau d'arène avec sable, gris clair, compact. 22 : niveau argilo-sableux ocre, friable. 3 : niveau argilo-sableux, ocre à gris clair, hétérogène, compact. 13 : niveau d'arène oxydée, violet foncé (comble les interstices du niveau 14). 23 : niveau sablo-argileux gris. 4 : niveau sableux à grains moyens et gros graviers (rudus). 14:. 24 : niveau argilo-sableux, gris à ocre. 5 : interface entre terre végétale et niveaux de circulation oxydés. 15 : niveau d'argile plastique gris clair avec charbons décomposés (niveau de chantier aménagé). 6 : niveau sableux et arène granitique, jaune-orange à gris, compact. 16 : niveau sablo-argileux fin, compact, gris clair. 7 : niveau de gravier fin, sable et arène, gris foncé, compact. 17 : niveau sableux, gris. 8 : niveau d'arène compact, jaune-orange à gris foncé, hétérogène. 18 : niveau argilo-sableux, ocre à gris clair, hétérogène, compact. 9 : niveau d'arène compact, orange clair, compact. 19 : niveau d'arène, d'argile grise et charbons. 10 : recharge de cailloux de calibre moyen. 20 : niveau argilo-sableux fin, compact, plastique, gris-ocre.

Fig. 9 : coupes pratiquées dans la chaussée. CI. 10. Vase néolithique apparaissant dans la coupe de la voie. Détail du côté gauche du cliché précédent. (cl. G. Leroux) Fig. 9bis.

Fosse creusée dans la couche de terre végétale scellée par la voie. Secteur compris entre la Hillaie et les Petites Forêts. Emplacement de la coupe n°l.

Ce vase archéologiquement complet mis au jour sous la chaussée de la voie ancienne est une bouteille de 245 mm de hauteur, pour un diamètre à l'ouverture de 104 mm et un diamètre maximum de 220 mm. Elle est formée d'une panse sphérique et d'un col court, de 46 mm de hauteur, terminé par une lèvre amincie. La base de ce col marque le diamètre minimum de l'individu, de 84 mm. Deux anses sont conservées, fixées sur la panse au- dessus du diamètre maximum. Etant donné leur disposition, une troisième a sans doute disparu. De 44 mm de longueur pour 17 mm de largeur et 14 mm d'épaisseur, elles présentent un ensellement médian. Les perforations sont biconique, très larges au niveau de l'ouverture (20 mm) et un peu moins vers le centre (10 mm). L'épaisseur moyenne du récipient est de 5 mm et la paroi montre très peu de variations d'épaisseur. Des cassures en biseau longitudinales parallèles affectent la panse à un rythme régulier (40 à 45 mm). La pâte est légèrement feuilletée et comprend des inclusions très fines à fines de quartz roulé et anguleux avec de plus rares éléments moyens et grossiers, ainsi que des éléments fins à moyens de muscovite. Les surfaces sont très bien lissées. La surface interne montre de très fines cannelures parallèles, imprimées faiblement, et aucune macro-trace n'est à observer sur la surface externe, marquée par de nombreuses vacuoles. Les marges et le cœur sont beige à brun clair et les surfaces, grises à gris foncé, ont sans doute été enfumées. Ces caractéristiques typo-technologiques permettent d'attribuer ce récipient au Néolithique moyen I et cette découverte rappelle celle effectuée il y a quelques années dans le cadre de fouille préventive sur le site de La Boisanne, à Plouër-sur-Rance (Côtes d'Armor), où un unique individu très bien conservé avait été mis au jour au sein d'une probable sépulture (Tinevez et al., 1990).

TINEVEZ J.-Y., CORNEC T., PIHUIT P., 1990. - Une fosse néolithique au lieu-dit La Boisanne à Plouer-sur- Rance (Côtes-d'Armor). Revue Archéologique de l'Ouest, n° 7, p. 31-39.

Par Gwenaëlle Guyodo-Hamon, coll UMR 6566 du C.N.R.S., civilisations atlantiques et archéosciences

19 Ce type de matériel est susceptible de fournir des indications concernant la chronologie de l'occupation à laquelle il est lié, mais il peut également s'avérer très utile dans le cadre d'une étude paléoenvironnementale. La présence de cette couche de terre végétale sous le radier de fondation, pour surprenante qu'elle soit n'est pas exceptionnelle24. Les romains n'ont pas systématiquement cherché à asseoir leurs chaussées sur le sol dur. En effet d'autres cas similaires sont recensés en Gaule. On note par exemple que sur l'axe antique reliant à Périgueux, une configuration semblable a pu être observée. On suppose généralement que la présence de cette couche de terre végétale témoigne de l'expropriation de terres cultivées pour l'établissement de la voie .

La largeur d'emprise de l'ouvrage viaire antique.

Un axe de circulation antique en milieu rural n'est pas seulement constitué par la chaussée proprement dite, notamment lorsqu'il s'agit comme ici d'un axe important reliant des chefs-lieux de cités entre eux. Comme aujourd'hui, la mise en place de ces routes qui relevaient du domaine public, était souvent accompagnée de vastes travaux préparatoires effectués tout le long du tracé projeté. Dans le cas présent de tels témoignages n'ont pas été perçus de manière flagrante, cette absence apparente est probablement à mettre sur le compte de l'exploitation agricole des terres de part et d'autre de l'ouvrage. On notera en revanche que le long de certaines sections situées en limite d'emprise de la déviation dans les bois de la commune de Rieux où l'état de conservation de la voie est remarquable26 (tronçon n°4) d'importants creusements longilignes correspondant probablement aux « contrefossés » mentionnés par R. De Laigue (cf supra) ont pu être ponctuellement observés dans les taillis. On sait que fréquemment des fossés de drainage, mais également des fossés limites peuvent parfois être situés à une vingtaine de mètres de part et d'autre de certaines chaussées. Ceux ci servaient vraisemblablement également à délimiter l'emprise publique. Ils avaient également pour fonction de délimiter des bandes de terrain le long des voies pour la circulation des cavaliers et des troupeaux, ce qui permettait de limiter l'altération de la surface de roulement qui était avant tout réservée aux charrois27. Dans le cas présent il n'a pas été clairement perçu de fossés limitant l'emprise du domaine public dans les secteurs sondés. Toutefois dans quelques sections des creusements situés non loin de la voie ont pu remplir cette fonction. L'exemple le plus marquant est constitué par la dépression matérialisée fig. 8 à environ 10m du bord méridional de la chaussée. Le relevé de coupe n°3 fig. 9 montre également la présence d'un léger creusement situé à environ 7.00m sur le côté gauche de la voie. Si l'on tient compte de ces observations on peut évaluer à environ 30m l'emprise totale de la zone réservée à l'itinéraire antique28. Au niveau de l'écorché réalisé dans le secteur de Sainte-Anne, des traces longitudinales sombres

Cette couche de terre végétale n'est en revanche pas présente au niveau des observations pratiquées près de Sainte-Anne, voir coupe n° 3 figure 9 et figure 10. Dans ce secteur de prairie en partie marécageuse le terrain n'a probablement jamais été cultivé aux époques anciennes. 25 Ducourtieux 1909, p. 46-47. Desbordes 1995, p. 104. 26 Dans ces secteurs le bombement de la voie surplombe le terrain environnant de plus de 1.50m. 27 Chevallier 1997, p. 114. 28 Ce chiffre est assez voisin de ce qui a pu être observé dans la cité des Lémovices. Desbordes 1995, p. 61-69.

20 situées de part et d'autre de la bande empierrée de la chaussée montrent que des charrettes ont également dû circuler sur les bas côtés Cl .11-12.

Ici. 11

Cl.ll-12. Ecorché de la voie effectué à proximité de Sainte-Anne (J fig. 5). On note la présence de traces longitudinales sombres pouvant correspondre à des ornières sur les bas-côtés

21 0 2m , i 1 1 1 jg] | : blocs de pierre. : niveau sableux blanchâtre (arène granitique) avec taches ocre (T). : réfection composée de gros blocs de grès. : niveau de sable argileux ocre induré. : sable argileux d'apport ocre à jaune clair. I : I : ornières. JKH : sable et graviers brun foncé. BBi : pierraille (recharge de rive). SB '■ pierraille de granit (second lit destiné à renforcer la stabilité du bombement central de la voie. HH1 : pierraille de granit (lit unique). BBi : recharge de rives bordée de margines. : argile grisâtre correspondant au niveau de chantier. : niveau d'arène granitique jaune clair compact homogène. : sable jaune.

Fig. 10 : sondage en écorché réalisé dans le secteur compris entre Sainte-Anne et Kernavet. Conclusion.

Au terme de cette étude, il est possible d'affirmer l'absence de vestiges archéologiques notables - à l'exception de la voie romaine elle-même - sur l'ensemble des terrains devant être touchés par les travaux liés à l'installation de la déviation. On soulignera toutefois l'existence d'un secteur particulièrement sensible situé à proximité immédiate de l'extrémité nord ouest du tracé. Ce dernier situé au niveau de la Croix de la Hilliaie n'est pas directement menacé par les travaux. Au vu des informations anciennes dont on dispose à leur sujet, les vestiges situés dans le voisinage immédiat du projet, bien qu'étant dans un état de conservation très incertain, méritent toutefois une attention particulière notamment en cas d'extension éventuelle des zone terrassées. La voie elle-même est en revanche directement menacée en plusieurs emplacements. Son état de conservation n'est pas uniforme sur l'ensemble du parcours. Les figures 3 à 6 permettent de visualiser les différents cas auxquels on est confronté. Seul l'état du tronçon A (fig. 3 et cl.5) où une route communale actuellement utilisée reprend le tracé de la voie demeure incertain. Ce secteur mérite probablement une attention particulière. Quelques observations portant sur la chaussée y sont envisageables . Compte tenu de l'hypothèse formulée plus haut une recherche de restes de borne ou d'emplacement de bornage y est également concevable dans le secteur de l'embranchement menant au lieu dit la Hilliaie et à proximité du calvaire. L'état de conservation remarquable des tronçons B, J et L doit également être souligné. Le diagnostic a permis une première approche de ces vestiges, notamment au moyen des coupes et de l'écorché qui y ont été pratiqués (fig. 9 et 10). Ces derniers montrent que tout le potentiel requis pour une étude approfondie de l'ouvrage routier, de l'historique de sa mise en place à sa conception, son entretien et son utilisation est réuni cl. 13-17.

cl. 13. Ecorché de la voie effectué à proximité de Sainte-Anne (J fig. 5).

22 CI. 14. Coupe dans la voie pratiquée au niveau de Cl. 15. Vue d'ensemble de la chaussée dans la sainte-Anne. (Coupe 2 fig.5). prairie située en la Hilliaie et les Petite-forêts. (C fig.4).

Cl. 16. Détail du bord sud-ouest de la chaussée Cl. 17. Margines sur le bord sud-ouest de la dans la prairie située en la Hilliaie et les Petite- chaussée dans la prairie située en la Hilliaie et les forêts. (C fig.4). Petite-forêts. (C fig.4).

23 1Î w.

M

Fig. 11 : relevés des temples de la croix de la Hilliaie dressés par G. Paille (A et B) et l'abbé Le Mené (C). Fig. 12 : hypothèse de recherche concernant les bornes milliaires jalonnant la voie. Table des clichés

Cliché de couverture : Tracé de la voie dans les prairies de Sainte-Anne. . (cl. G. Leroux)

Cl.1-2. Borne milliaire située à l'entrée du bourg de Rieux. (cl. G. Leroux)

Cl. 3-4. Fosses d'extraction dans le secteur de la Hilliaie. (cl. G. Leroux)

Cl. 5 La route communale actuelle reprenant le tracé de la voie dans le secteur de la Hilliaie. (cl. G. Leroux)

Cl. 6 La voie coupée par une route communale dans le secteur compris entre la Hilliaie et les Petites Forêts, (cl. G. Leroux)

CI.7. Tronçon de la voie servant d'appui aux limites de parcelles entre la Hilliaie et Les Petites-forêts. (cl. G. Leroux)

Cl.8 Ecorché de la voie réalisé sur la commune de Rieux (en L fig. 6). On note la couche de terre végétale encore en place sous le radier de fondation de la chaussée, (cl. D. Pouille)

CI.9 On note la couche de terre végétale encore en place sous le radier de fondation de la chaussée.sur le tronçon de voie servant d'appui aux limites de parcelles entre la Hilliaie et Les Petites-forêts. (cl. G. Leroux)

Cl. 10. Vase néolithique apparaissant dans la coupe de la voie. Détail du cliché précédent. (cl. G. Leroux)

CI.11-12. Ecorché de la voie effectué à proximité de Sainte-Anne (J fig. 5). On note la présence de traces longitudinales sombres pouvant correspondre à des ornières sur les bas-côtés, (cl. G. Leroux)

Cl. 13. Ecorché de la voie effectué à proximité de Sainte-Anne (J fig. 5). (cl. G. Leroux)

-Cl. 14. Coupe dans la voie pratiquée au niveau de sainte-Anne. (Coupe 2 fig.5). (cl. G. Leroux)

Cl. 15. Vue d'ensemble de la chaussée dans la prairie située en la Hilliaie et les Petite-forêts. (C fig.4). (cl. G. Leroux)

Cl. 16. Détail du bord sud-ouest de la chaussée dans la prairie située en la Hilliaie et les Petite-forêts. (C fig.4). (cl. G. Leroux)

Cl. 17. Margines sur le bord sud-ouest de la chaussée dans la prairie située en la Hilliaie et les Petite-forêts. (C fig.4).

24 Bibliographie

Blain, Santrot, 2000 : Blain, H.-F., Santrot, J., Gustave paille, un archéologue « à façon » en Bretagne (1898-1905), Annales de Bretagne et des de L'Ouest, tome 107, année 2000, n°3, p. 101-144.

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