39. MAURESSIP Saint-Côme-et-Maruéjols (Gard)
Claude Raynaud et François Favory
1. S OURCES Le seul document pouvant concerner le nom antique est la stèle mentionnant le vicus Arandunum , découverte 3,5 km au sud 1.1. Textes de Mauressip sur la commune de Calvisson au pied sud de l’oppi - dum de la Liquière (fig. 2) et qui désigne littéralement, en langue Aucune mention textuelle n’est connue ni dans l’Antiquité ni gauloise, la colline de la source ( C.I.L ., XII, 4155). L’attribution de au Moyen Âge. cet important document reste malaisée. Le premier problème découle du lieu de découverte, prospecté récemment et corres - 1.2. Inscriptions pondant à un modeste établissement de piémont où se trouvait la sépulture – ou seulement le cénotaphe ? – de Julius Avitus. Il 1. (C.I.L ., XII, 4143 ; H.G.L. , XV, 1787). Découverte dans l’église de n’est pas possible d’identifier ce modeste établissement comme Saint-Côme, aujourd’hui perdue. le chef-lieu du vicus et l’on y verrait plutôt une aire funéraire et/ou Tulliani / Paterni fil(ii) / Sp(uria) Cassia / Quintulli fil(ia) / marit(o) optim(o) un petit habitat sur les terres appartenant à ce notable local. / et sibi v(ivae) p(osuit) L’autre difficulté réside dans l’ambivalence du toponyme qui peut (Aux dieux Mânes) de Tullianus, fils de Paternus. Spuria Cassia, fille de convenir à toute colline disposant d’une source, cas de figure fré - Quintullus, a élevé (ce monument) pour son excellent mari et pour elle- quent en Vaunage où les sources sourdent précisément au pied même, de son vivant. des collines, comme il se doit dans un bassin calcaire. Plusieurs 2. (I.L.G.N ., 521). Stèle à fronton triangulaire orné de palmettes, fleuron en relief sur le tympan. Dernière ligne mutilée. ( cf . conditions découv. auteurs ont tenté une première identification d’ Arandunum avec le Mazauric 1907 : 351). site de la Liquière, qui domine effectivement le lieu de découverte Frequenti Messi / f(ilio)/ Marcella Marcelli / f(ilia) / Servata . Frequentis / et reste l’éminence la plus proche (Mazauric 1908 : 249-252 ; f(ilia)/ parent(i) Blanchet 1941 : 21). On sait depuis les fouilles de M. Py que le À Frequens, fils de Messius. Marcella, fille de Marcellus, Servata, fille de village du 1er âge du fer fut totalement et définitivement abandon - Frequens, à leur parent. né vers 500 avant notre ère (Py 1990 : 290-292). Il a donc fort 3. (C.I.L ., XII, p. 833 ; H.G.L. , XV, 1786). Chapiteau dorique avec inscrip - peu de chance d’avoir reçu un nom celtique, et moins encore de tion celtique en caractères grecs. l’avoir conservé jusqu’au Haut-Empire et transmis alors à une Mosaïque de la Font de Robert (fig. 1 ; voir infra 5.4.B). Inscription 4. entité territoriale ayant son siège ailleurs que sur le site éponyme. grecque en lettres noires sur tapis blanc : « œuvre de Pythis, fils d’Antio - chus ; salut » (Blanchet 1941 : 150 ; Espérandieu 1934) (1). L’argument de proximité pourrait valoir pour une autre agglo - 5. (C.I.L ., XII, 4155 ; H.G.L. , XV, 449). Inscription sur un cippe avec mération, apparue au Ier s. de notre ère au quartier de Plaisance, base, couronnement et encadrement mouluré (fig. 8 de l’introduction). en lisière du village de Calvisson et 1,4 km au sud du lieu de D(is) M(anibus) / T(iti) Iul(ii) Avit(i) / Vicini Arandunici / pos(uerunt) : découverte de l’inscription (Parodi 1987 : 51-53). Divers argu - Aux dieux Mânes de Titus Iulius Avitus, les habitants du vicus Arandu - ments s’opposent pourtant à cette identification : le fait que l’habi - num ont érigé (ce monument). tat soit établi en plaine d’une part, ensuite l’absence de source à proximité, enfin l’apparition tardive de l’établissement qui paraît 1.3. Toponymie un peu jeune pour avoir reçu une appellation préromaine. Restent donc en Vaunage deux collines ayant porté une Le nom du site, Mouressipe ou selon les documents Maures - agglomération préromaine et gallo-romaine et possédant une sip , est bâti sur la racine occitane morre , désignant une colline source : Nages et Mauressip, entre lesquels il est bien difficile de arrondie, suivie du suffixe -sipe non élucidé. Cette forme lexicale trancher. L’argument de proximité ne joue pas, les deux agglomé - demeure inconnue dans les textes médiévaux et serait une for - rations étant situées rigoureusement à la même distance du lieu mation tardo-médiévale ou moderne, sans rapport avec l’agglo - de découverte de l’inscription. La seule solution demeure l’exclu - mération antique. L’appellation redondante Serre de Mouressipe sion, en tenant compte de la forme ancienne du nom de Nages- correspond probablement à la francisation du toponyme à la fin Anagia dans la première mention écrite en 896 (Parodi 1987 : 49) de la période moderne. – qui pourrait être le nom de la bourgade antique. Outre le fait 596 LES AggLOMERATIONS gALLO-ROMAINES EN LANguEDOC-ROuSSILLON
Mauressip se signale à l’attention par le choix de son site, seule colline isolée par rapport aux plateaux calcaires encadrant la Vaunage, et par la convergence remarquable d’un réseau de communication (fig. 2).
1.5. Mobilier remarquable
L’agglomération se singularise par l’abondance relative des inscriptions grecques ou gallo-grecques, l’une sur un chapiteau (inscr. 3), l’autre sur mosaïque (inscr. 4), la troisième sur un miroir votif dédié à Sélènè (Pottrain 1974 : 68-69 ; Barruol 1985 : 343- 345). Si le dernier document reste d’une interprétation délicate car il s’agit d’un petit objet aisément transportable et largement diffusé en gaule Narbonnaise (Barruol 1985 ; mentionnons un exemplaire inédit découvert à Lansargues, Hérault), la présence d’inscriptions grecques sur des éléments décoratifs lourds, chapi - teau et mosaïque, n’est pas à négliger. Rattaché à la présence d’une tour sommitale de facture hellénistique bâtie au IIe siècle avant J.-C. (Py 1990 : 297), ceci laisse envisager au mieux une petite communauté d’origine orientale, en tout cas une forte imprégnation de culture grecque.
1.6. Paléo-environnement
Aucune donnée.
2. H ISTORIQUE DES RECHERCHES
Les environs de la colline, et particulièrement les abords du Mas de Foulc ont attiré l’attention des chercheurs dès la fin du XIXe siècle par l’abondance des vestiges recueillis en surface, objets et outils en métal, poteries et monnaies. Diverses fouilles Fig.1 : Mosaïque de la Font de Robert ont alors livré les deux mosaïques connues sur le site (fig. 1 et 3) (Aliger 1982 : fig. 2-3). (Blanchet 1941 : 149-150 ; Provost 1999 : 582-593). L’oppidum de Mauressip et le quartier de la Font de Robert qui se développe au pied sud ont fait l’objet de diverses fouilles que ce toponyme dénote une origine vraisemblablement prélati - de 1962 à 1974, mais les reconnaissances sont demeurées ponc - ne, on peut aussi arguer du fait de l’occupation ininterrompue du tuelles et peu coordonnées (Py 1990 : 296-299). De 1985 à 1987, site jusqu’au développement du village médiéval pour asseoir P.-Y. genty et l’équipe O.S.g. (Occupation du Sol en gardon - l’hypothèse d’une transmission du nom gaulois. nenque) ont procédé à des prospections systématiques, au Nages étant ainsi pourvu de son nom antique par le biais de contrôle et au récolement de la documentation antérieure. Des cette hypothèse, la seule localisation possible d’ Arandunum reste prospections complémentaires ont été conduites en 1995 dans le donc l’agglomération de Mauressip. On pourra d’ailleurs utiliser le cadre du projet V.V.V. (Vaunage-Vistre-Vidourle) qui ont permis même raisonnement à rebours, pour justifier la disparition d’ Aran - de compléter la carte archéologique de la commune de Saint- dunum dans la toponymie médiévale par l’abandon précoce du Côme-et-Maruéjols. site, qui n’entretient aucun lien avec le village médiéval. La posi - 3. S ITE ET SITUATION tion géographique de l’inscription d’ Arandunum et de la colline de Mauressip sur la rive droite du Rhony, tandis que Nages se trou - L’oppidum de Mauressip occupe une colline de forme ovalaire, ve sur la rive gauche, pourrait conforter cette identification, butte témoin en avant de la cuesta qui limite au nord le bassin de comme le mettra en lumière l’analyse territoriale. Vaunage (fig. 4 et 5). Relief vigoureux bien distinct dans le paysa - ge vaunageol où elle constitue une exception, la colline offre un 1.4. Signes paysagers site naturel bien défendu par de fortes pentes et culminant à 184 m. Cette éminence est séparée du plateau par une étroite combe, S SeSerSerrSerreerre dduu CCaCadCadeade
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Fig. 2 : Relief, sites et communications en Vaunage (Cl. Raynaud). 598 LES AggLOMERATIONS gALLO-ROMAINES EN LANguEDOC-ROuSSILLON
Robert puis s’étale largement au sud sur un coteau étagé entre 80 et 100 mètres.
4. C HRONOLOGIE
4.1. Antécédents
Les premières traces d’occupa - tion se placent au début du Ve siècle av. notre ère, sous forme de fonds de cabanes creusés dans le rocher, suivant la tradition du 1er âge du fer. L’habitat occupe alors uniquement la colline de Mauressip. L’organisation se précise dans la seconde moitié du Ve siècle avec Fig. 3 : Mosaïque du Mas de Foulc (musée de Nimes, cl. J.-P. goudet). notamment l’apparition de maisons en pierres sèches, et l’aggloméra - résultat d’une profonde incision dans les roches tendres compo - tion s’étend, gagnant le pied de la sant le substrat : marnes feuilletées grises alternant avec les cal - colline où de grandes fosses et des dépotoirs se développent. La caires argileux gris jaunâtres et bleus du Valenginien supérieur, fin du IVe siècle connaît d’importantes transformations édilitaires, couronnées de faciès voisins mais plus résistants de l’Hauterivien avec en particulier la cons truction d’une tour au sommet de la col - supérieur. Cette érosion toujours active est liée au ruissellement line. On ne relève par contre aucune trace d’une enceinte, trait de pente ainsi qu’à l’activité de modestes cours d’eau intermit - singulier pour une agglomération de cette ampleur, mais le carac - tents. tère ponctuel des fouilles explique peut-être cette méconnaissan - Au pied nord-ouest de la colline, la Font de Robert connaît un ce. débit soutenu et régulier, alimentant encore aujourd’hui le village Les traces d’occupation se réduisent au IIIe siècle, au point de Saint-Côme. C’était probablement l’approvisionnement le plus que l’on s’interroge sur la continuité de l’agglomération. Au sûr pour les occupants de l’agglomération. Au pied occidental de contraire le IIe siècle manifeste un regain d’activité avec de nou - la colline, la ville basse occupe le vallon du ruisseau de la Font de velles cons tructions, notamment l’embellissement de la tour som - mitale, désormais enchâssée dans un parement de blocs de calcaire tendre soigneusement taillé, selon une tech ni que hellénistique. La seconde moi tié du siècle voit se poursuivre la mutation avec la trans - formation ou la construction de nou - velles maisons sur la colline. Le village de hauteur est pro - gressivement déserté au cours du Ier siècle av., tandis que la ville basse se développe en proportion inverse. Après un abandon tempo - raire, la colline est ponctuellement réoccupée au cours du Ier siècle de notre ère comme l’atteste la décou - verte de quelques lots de mobilier (fouille Peyras, Pottrain 1974 : 88). On connaît aussi pour le IIe s. une monnaie de Faustine, mais le docu - ment paraît trop isolé pour accrédi - ter l’idée d’une occupation aussi VAuNAgE ET VIDOuRLENQuE 599
Nord Sud du village de Saint-Côme, celui de l’Enclos de Plateau Butte Bassin m Vaché (découv. P.-Y.genty), qui jouxte le tène - au Oppidum R de ment de Bruguier, au pied nord-oriental de l’op - 200 Ville la Font Chemin basse de Robert creux pidum. Ce quartier portait encore le vocable 100 Bruis en 1173, puis Brieus en 1267 (Aliger 0 1980 : 82). 01 2 3 k m Fig. 4 : Vue aérienne du site de Mauressip (cl. J.-M. Pène). 4.4. Événements marquants
Aucun. prolongée (Pottrain ibid .). 5. T OPOGRAPHIE La superficie de l’agglomération protohistorique reste difficile à évaluer, tant à cause des accidents de terrain sur la colline que 5.1. Organisation générale faute d’une exploration extensive : de 7 à 10 ha au maximum sur la colline, plusieurs hectares dans le quartier bas, en plusieurs 5.2. Réseaux zones éparses pouvant correspondre à divers établissements plus ou moins autonomes. L’urbanisation semble dense sur la ter - En l’absence de fouilles étendues, on ne peut guère dépasser rasse sommitale durant tout le 2e âge du fer, tandis que l’on le stade des hypothèses en ce qui concerne l’organisation de l’ha - connaît plusieurs points d’occupation de piémont, notamment bitat. Dans le quartier haut, l’ancien site de l’oppidum, persistent dans le vallon de la Font de Robert où les frères Py ont mené plu - quelques habitations modestes et clairsemées, si l’on en juge par sieurs fouilles en 1969, occasion d’observer des constructions les maigres informations de fouille. En divers points, des épierre - (parcelle 863). Les prospections systématiques ont mis en évi - ments et des remaniements de couches antérieures laissent pen - dence plusieurs zones bien circonscrites sur les terrasses ser au contraire à une mise en culture d’une partie de la colline. basses, dans les tènements de Carlong, les Faissines et Moures - L’épierrement de la tour à parement hellénistique, très dégradée sipe, occupées aux IIe et Ier siècle av. J.-C. (fig. 6 : zones 1, 6 et semble-t-il dès le Ier s. av. puis systématiquement arasée au Ier s. 20). ap., souligne encore l’abandon du cen tre de l’ancienne bourgade (Py 1990 : 735). La ville basse connaît une occupation plus dense, 4.2. Époque romaine probablement sous forme de quartiers étagés en terrasses comme l’imposait la topographie. L’évolution de la ville basse reste méconnue. Occupée sur plu - sieurs hectares dès les IIIe-IIe siècle av., elle s’étend encore à 5.3. Édifices publics l’époque augustéenne puis connaît une occupation intense jusque vers le début du IIe s., sur une surface de 18 à 20 ha. Les diffé - Aucun édifice public gallo-romain n’est connu avec certitude. rentes phases d’extension et l’organisation des états successifs de un aqueduc « qui pourrait dater de l’époque romaine » a été l’agglomération gallo-romaine demeurent indéterminées. signalé de façon imprécise au tènement du Camp du Four, qui jouxte le quartier bas de la bourgade (Espérandieu 1934 : 71). 4.3. Abandon Complétait-il l’alimentation de l’agglomération, ou se dirigeait-il au contraire vers un établissement secondaire plus au sud dans la L’abandon semble complet dès le début du IIe siècle sur l’en - plaine ? L’enquête de terrain est à poursuivre pour rassembler semble de l’agglomération, colline et piémont. On observe ensui - des éléments de réponse. te une réoccupation ponctuelle à la fin du IVe et au début du Ve 5.4. Habitat siècle dans le secteur oriental, mais l’habitat semble alors essen - tiellement dispersé dans la plaine ou sur le bas des coteaux. Plusieurs habitations ont été reconnues mais aucune n’a fait Dans le haut Moyen Âge, une villa Bruus prope ecclesia l’objet d’une exploration exhaustive. Les comptes rendus de Sanctorum Cosme et Damiani , est mentionnée dans le cartulaire fouille font état d’une grande diversité architecturale (fig. 6 : A, B, de Nimes en 918 ( Cart. Nimes : 31-32). La villa apparaît à nou - C et D) : veau au milieu du XIe siècle : in villa que vocatur Bruis Ad Cane - A. Mosaïque dite du Mas de Foulc (fig. 3), découverte en rio (Cart. Nimes : 340). Les toponymes Bruus et Cannerio restent 1890 (parcelle 874). Mesurant 3,41 m sur 1,98 m, de couleur difficiles à localiser, tant abondent dans la région ces vocables noire, blanche et rouge, elle est décorée en son centre d’un désignant la bruyère et la canne. L’indication prope ecclesia S. losange inscrit dans un rectangle couvert de figures géométriques Cosme et Damiani autorise cependant à identifier la villa Bruus évoquant un labyrinthe et accosté de quatre dauphins et possède avec l’un des deux sites du haut Moyen Âge repérés à proximité une bordure en triple rang de filets, de dents de loup et de postes 600 LES AggLOMERATIONS gALLO-ROMAINES EN LANguEDOC-ROuSSILLON
AGGLOMÉRATION 9* - Oppidum du Serre de Mauressip 10 - Quartier bas de la Font de Robert N 11 - Quartier bas de Mauressip A - Mosaïque dite du mas de Foulc PPiPicic MMéMéjMéjeMéjeaMéjeanéjean B - Mosaïque dite de la Font de Robert C - Pièce à sol de tuileau CaouneCaounCaouCaoCaC aoune D - Puits gallo-romain et mur (IIe-Ier s. av.) E - Atelier de potier F - Dépotoir de rebuts de production G - Tronçon de voie pavée F E 4 - Quartier périphérique des Fons 5 - Quartier périphérique des Faissines
ÉTABLISSEMENTS HORS AGGLOMÉRATION SSeSerSerrSerreerre ddee MMoMouMourMoureMouresMouressMouressiMouressipMouressipeouressipe 11011001 1 - Habitat de Carlong (IIe-Ier s. av. J.-C.) 9 16 - Tombe à incinération de Moureirès II (IIe s. av.) R a u
d 2211 17 - Habitat de l’Enclos de Vaché (Ve et Xe-XIe s.) e FontFFooonontnt ddee RRoberRoRobRobeRobertobert C 18 - Habitat de l’Enclos de Vaché (Ier-XIe s.) a r lo C EnclosEnclos EncloEnclEncEnEnclos n 21 - Habitat de l’Enclos de Vaché (Xe-XIe s.) g 1100 ded e VachVachéVacV Vaa cchéhé é 171 7 24 - Habitat du Moulin à Vent (Ier-IVe s.) 1818 1 R B D 65 - Habitat des Plantades III (Ier s. av.-Ier s. ap.) a u 1111 d 74 - Habitat des Coudelargues IV (Xe-XIe s.) e l a A F 99 - Tombe à incinération de Carlong (IIe-Ier s. av.) o MasMMaas ddee FFoulFoulcFouFooulc n G 7744 t 9999 d 101 - Habitat de de Carlong V (IIe-Ier s. av.) e R o b 5 e r Les numéros de sites renvoient à l’inventaire communal t 4 * 1166 lesleles FonFFonsFoons MoureirèMoMouMourMMoureirèsMoureirMoureiMoureour eirès lesleles FaissineFFaFaiFaisFaissFaissiFaissinFaissinesaissines Altitude (m) 200 175 150 CampCamCaC amp dduu FFouFourFoour 2244 6655 125 R iv iè 100 re d u M 75 ou lin 0 00,0,5,5 kkmm 50
Fig. 5 : Coupe topographique nord-sud (Cl. Raynaud).
Fig. 6 : Plan cadastral et localisation des vestiges (DAO I. Bermond).
(Blanchet 1941 : 150). de la zone fouillée (parcelle 820, fouille de M. Peyras). B. Mosaïque dite de la Font de Robert (fig. 1), découverte en D. Puits à cuvelage en pierres sèches, à proximité d’un tron - 1891 dans un vestibule de 2,5 m sur 2 m au sud d’un grand édifi - çon de mur des IIe-Ier s. av.J.-C. (fig. 8). L’habitat n’a pas été ce non dégagé. Le motif central est un labyrinthe noir sur fond atteint, mais la richesse du comblement du puits indique un dépo - blanc, dans un carré de 0,45 m de côté (parcelle 879). Composé toir (parcelle 863, fouille F. et M. Py). de 36 passages, le labyrinthe est encadré d’une bordure en On entrevoit donc l’existence de plusieurs quartiers d’un damier noire et blanche ; le reste de la mosaïque est orné de niveau de vie contrasté, d’une part de riches demeures à sols poissons et d’étoiles, en noir sur fond blanc ; à 0,77 m du laby - mosaïqués, peut-être établies de préférence dans le vallon de la rinthe, près de l’entrée de la grande salle, se trouve une inscrip - Font de Robert, où la topographie se prêtait à la construction de tion grecque en lettres noires sur fond blanc ( supra inscr. 4). vastes architectures, et à l’opposé de modestes maisons plutôt C. Pièce à sol de tuileau et murs en pierres sèches, nombreux sur les terrasses plus exiguës. Mais il ne s’agit là que d’une fragi - fragments de tuiles dont plusieurs portant des inscriptions gra - le hypothèse. vées avant cuisson, en cursive (fig. 7) ; 1 fragment d’antéfixe en terre cuite représentant un visage ; 1 bloc mouluré (gallet de 5.5. Installations spécialisées Santerre 1966 : 481, fig. 42). L’établissement s’étendait au-delà VAuNAgE ET VIDOuRLENQuE 601
Ne doit-on pas au contraire invoquer une raison plus conjonctu - relle, liée à la concurrence d’autres ateliers mieux insérés dans les circuits de commercialisation, comme celui découvert à Nimes qui produisait à la même époque une vaisselle analogue à celle de Mauressip (Sauvage in Monteil 1993 : 89) ? D’autres ateliers ruraux, par exemple dans le cadre de grands domaines, ont-ils pu jouer aussi contre le développement de l’artisanat d’une agglomé - ration ? L’étude du site singulier de l’agglomération de Mauressip ne permet pas de répondre à cette interrogation, qui touche à l’or - ganisation des rapports ville-campagne à l’échelle de la cité et de la province.
Cette concurrence urbaine, peut-être renforcée par de plus grands investissements de capitaux dans l’artisanat et donc par une meilleure intégration à l’économie provinciale, reste à étudier dans la perspective d’une évaluation des relations entre les agglomérations rurales et la ville. Posons ici une question à laquelle l’ensemble des enquêtes engagées sur les aggloméra - tions devront tenter de répondre : comment évolue l’activité arti - sanale de ces bourgades, connaît-elle des seuils ou des ruptures significatifs pouvant être mis en relation avec des processus concurrentiels à la ville comme à la campagne ? En d’autres termes les agglomérations – ou certaines d’entre elles – occu - pent-elles, au plan économique, des fonctions urbaines, rurales ou mixtes ?
5.6. Nécropoles
une tombe à incinération du dernier quart du Ier siècle avant J.-C. a été découverte fortuitement dans le quartier de Moureirès, près du ruisseau de Carlong, moins de 200 mètres à l’ouest de la ville basse de Mauressip et en bordure de la voie antique (fig. 6 et 11) (Py 1990 : 322). On ignore s’il s’agissait d’une sépulture iso - Fig. 7 : Tuiles à inscriptions cursives gravées avant cuisson lée ou au contraire d’une partie de nécropole plus vaste. On connaît une zone funéraire de l’Antiquité tardive dans le même quartier (fig.6 et 11), mais aucun autre indice ne permet d’envisa - Près de la source, le fond du vallon de la Font de Robert était ger l’emplacement de la ou des nécropoles du Haut-Empire. occupé par un atelier de potier (fig. 6 : E et D) dont un four au 6. T ERRITOIRE moins a été retrouvé (E : parcelle 885, éléments de sole et de tuyères mis au jour en 1970), ainsi qu’un dépotoir de rebuts de 6.1. Essai de définition production (F : parcelle 887, fouille F. et M. Py). Les potiers ont utilisé l’argile calcaire valenginienne dont les bancs affleurent sur L’étude du territoire de Mauressip présente les mêmes diffi - les flancs du vallon. Ils ont produit de la vaisselle de table, cultés que pour les autres agglomérations. Faute de source carto - cruches et olpés (fig. 9), ainsi que des amphores (vinaires ?) des graphique ou textuelle, la recherche bute sur l’alternative entre types gauloise 8 et gauloise 2 simili, qui ont connu une faible dif - deux méthodes, d’une part les approches théoriques mises au fusion locale (Laubenheimer 1985 : 149-152 et 306). L’atelier point en géographie, et d’autre part l’analyse récurrente des terri - reste en activité durant quelques années seulement, sous Augus - toires connus par les sources modernes. Que l’on pratique l’une te. Intervenant un bon siècle avant l’abandon de l’agglomération, ou l’autre façon, les écueils sont nombreux et les résultats incer - l’échec de cette activité artisanale ne peut être imputé à une perte tains, la démarche la plus prudente étant la mise en œuvre de dynamisme de la bourgade, qui connaît justement autour du conjointe des deux approches, susceptibles de se corriger changement d’ère sa croissance la plus marquée. Peut-on alors mutuellement comme nous l’avons montré dans l’étude du terri - incriminer une mauvaise qualité de l’argile employée pour la fabri - toire de Lunel-Viel (Favory 1994b). cation des poteries, ou un épuisement prématuré du gisement ? L’approche théorique dite site-catchment analysis , fondée sur 602 LES AggLOMERATIONS gALLO-ROMAINES EN LANguEDOC-ROuSSILLON
B - couche 1 : remanié général, jusqu’à 50-60 cm sous la surfa - A B ce actuelle ; mobilier remanié du IVe siècle av. au Ier siècle ap. ; B - 10 : substrat de marne et d’argile bleutée (Valanginien supérieur, n2b2) ;
A - mur 2/3 : construction en pierres sèches de 0,6 m d’épais - seur, datable des II-Ier siècles av. ; fonction indéterminée (habitat, parcellaire, soutènement ?) ; A - fosses 4 à 9 : excavation coalescente englobant plusieurs fosses de contour ovalaire creusées dans les premières décennies du IVe siècle av. et interprétées comme fosses d’extraction d’argile destinée à la construction de cabanes sur l’oppidum (Py 1990 : 297) ; A - puits 18 : puits maçonné. Cuvelage cylindrique entièrement bâti en pierres sèches ; la fosse de fondation traverse les horizons géologiques marneux pour atteindre le rocher calcaire, 5,2 m sous le sol actuel ; elle a été comblée, après la construction du cuvelage, par un blocage pierreux et terreux. Le parement interne connaît deux reprises à mi-profondeur marquant des étapes de construction ou des restau - rations. Le comblement, fouillé en décapages de principe, se décompose en quatre phases : B - comblement 11 à 13 : comblement rapide et sommital, constitué de pierres, frag. de tuiles et poterie, englobés dans une terre argileuse jau - nâtre ; B - comblement 14 : bouchon presque exclusivement pierreux, de 2 m d’épaisseur ; B - comblement 15-16 : remplissage progressif de terre argileuse jaune à passées grises, incluant pierres et poteries éparses. L’apparition de l’eau à 2,6 m (observation réalisée en saison sèche) constitue la limite arbitraire entre les décapages 5 et 6 ; B - comblement 17 : comblement du fond du puits en trois temps : couche de grosses pierres au sommet, tuiles brisées au-dessous, dépôt mar - neux à la base, englobant de petits cailloux et quelques poteries fines. Cette dernière couche correspond probablement au sédiment de la dernière phase de fonctionnement. L’abondance de la poterie et des divers mobiliers, ainsi que de nombreux déchets de faune au sein des différentes couches de comblement du puits, révèlent son utilisation secondaire comme dépotoir. Ce comblement peut se situer dans les dernières années du Ier s. ou au début du IIe s., période d’abandon progressif de la ville basse de Mauressip (Pottrain 1974 : 43-63).
(parcelle 820, fouille M. Peyras, cl. M. Py).
Fig. 8 : Sondage dans la parcelle 863 par F. et M. Py en 1969. A : Plan. B : Coupe du puits (d’après Pottrain 1974 : fig. 43 et 44). l’exploration d’un cercle de 3 à 5 km de rayon centré sur l’habitat, de peuplement dense laissant peu ou pas d’espace vacant sus - peut rendre des services dans le cadre de sociétés anciennes ceptible d’émousser les rivalités, et d’autre part d’une intégration peu complexes et faiblement hiérarchisées (au moins aux yeux économique avancée, chaque famille ou chaque « communauté » du chercheur) pour l’évaluation des ressources et des ne pouvant se priver des ressources de l’autre pour la satisfaction contraintes. Cette schématisation confine par contre à l’absurde de besoins dépassant désormais largement le cadre vivrier, lorsque l’on tente de l’appliquer à l’étude de sociétés historiques, comme en témoigne le haut niveau atteint par la circulation des héritières de longs processus d’appropriation et d’exploitation du denrées et des produits manufacturés. Dans ces conditions le territoire. C’est évidemment le cas des agglomérations gallo- voisin, double familier mais rival, devait être contenu dans un romaines qui, comme Mauressip, ont hérité d’un territoire d’origi - cadre territorial connu et reconnu par tous, délimitation très ne protohistorique, plus ou moins remanié après la conquête, concrète, soumise à des pressions constantes et à des remises démembré, remembré, hiérarchisé au gré de facteurs et de vec - en causes conjoncturelles, et qui ne saurait se réduire à un cercle teurs dont seuls quelques-uns nous sont connus : colonisation théorique. romaine, essor démographique, défrichements, émergence de Moins théorique, la technique dite des polygones de Thiessen nouveaux habitats – dépendants, dominants ou concurrents, ce offre l’avantage de respecter la densité d’occupation et le mailla - que l’on ignore souvent –, développement probable de nouvelles ge spatial, rendant compte de hiérarchies territoriales. En contre - cultures et pratiques agricoles, etc. Envisager alors des décou - partie, ce type d’analyse est plus exigeant en regard de la docu - pages territoriaux harmonieux et systématiques aboutirait inévita - mentation, ne fonctionnant correctement qu’à la condition de blement à une grave méconnaissance des conditions d’occupa - connaître tous les voisins ; et l’interprétation des résultats ne peut tion du sol. Celle-ci devait tenir compte en effet de problèmes nés se faire sans une connaissance approfondie de la hiérarchie des d’une part de la proximité constante du voisin, dans un contexte établissements, chaque polygone ne constituant pas forcément VAuNAgE ET VIDOuRLENQuE 603
Lors des investigations à la Font de Robert en 1969 ( cf . fig. 12) la couche 4 a livré un abondant mobilier céramique attribuable à un dépotoir de l’atelier dont un four a été observé à proximité. La production locale, quasi exclusive dans ce dépôt, se caractérise par une pâte calcaire jaune ocre à nuance plus ou moins rosée selon le degré de cuisson. Elle est fine, tendre, rayable à l’ongle et laissant des traces au toucher, et contient un abondant dégraissant de calcite et de particules noires et brunes (Pottrain 1974 : 66). À côté des amphores gauloise 8, le répertoire demeure restreint à : – des amphores « à lèvre à double inflexion externe » apparentées au type gauloise 2 (n° 1-3) (Laubenheimer 1985 : 125-126) – des olpés à bord en gouttière (n° 4-10) (Py 1993b : type CL-REC 3a ou b) ; – des ollas ou petites amphores à bord en collerette (n° 11-13) ou de section quadrangulaire (n° 8, 9 et 18-21) (Py 1993b : type 9 variantes diverses). – des urnes à bord épaissi (n° 14) (Py 1993b : type CL-REC 12a) ; Toutes ces formes possèdent un fond annulaire bas (n° 15-16) et une panse ovoïde.
Fig. 9 : Production de l’atelier de potier de Mauressip (d’après A. Pottrain). un territoire organique mais pouvant s’emboîter dans une entité des habitats dispersés et des dépendances agraires qui peuvent, plus large. comme le montre l’expérience en Lunellois, expliquer bien des Si l’on se place au niveau supérieur des agglomérations, la phénomènes et faire émerger des territoires imperceptibles sans plupart des voisins semblent connus : Clarensac à l’est (agglomé - cela. ration à confirmer), Nages au sud-est, Plaisance (Calvisson) au Reste donc l’analyse récurrente à partir du territoire moderne, sud, Villevieille au sud-ouest, Prouvessa au nord-ouest (agglomé - en l’occurrence celui de la commune de Saint-Côme-et-Marué - ration probable près de Combas). Cependant, le réseau connaît jols. Dans quelle mesure le territoire paroissial, figé depuis la fin encore des zones vides, notamment à l’ouest dans la vallée du du Moyen Âge, peut-il rendre compte d’une strate gallo-romaine Vidourle entre Villevieille et Vic-le Fesc, et surtout au nord et d’organisation territoriale ? Exercice périlleux tant ce découpage nord-est, vides dont on ignore s’il s’agit de lacunes documen - a pu évoluer en fonction d’avatars multiples : abandons, créations taires ou d’absences réelles. L’analyse des polygones demeure nouvelles, transformations environnementales, ou autres condi - impossible en l’état, d’autant que la situation est encore plus floue tions échappant à nos connaissances. C’est en tout cas le raison - en ce qui concerne les niveaux intermédiaire et inférieur, ceux nement pratiqué par des générations de chercheurs à partir du 604 LES AggLOMERATIONS gALLO-ROMAINES EN LANguEDOC-ROuSSILLON
RÉPUBLIQUERRÉRÉPRÉPURÉPUBRÉPUBLRÉPUBLIRÉPUBLIQRÉPUBLIQUÉPUBLIQUEHEHAEHAUEHAUTEHAUT-EHAUT-EEHAUT-EMEHAUT-EMPEHAUT-EMPIEHAUT-EMPIREHAUT-EMPIREE HAUT-EMPIRHAUT-EMPIRE 5 AClarensacClarensaClarensClarenClareClarClaClC larensac SStSt-St-CSt-CôSt-CômSt-Cômet-Côme MMaMarMaruMaruéMaruéjMaruéjoMaruéjolMaruéjolsaruéjo ls MauressiMMaMauMaurMaureMauresMauressMauressipauressip rt MauressiMauressipMauressMauresMaureMaurMauMaMauressip7 ? t Ve er y y V ny on on ny o Rh h ho h e R R R l e e A l le l C R au R au de 4 de S D Si ins nsa B ans ns H
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A B R Agglomération (République et Haut-Empire) t er y MMaMarMaruMaruéMaruéjMaruéjoMaruéjolMaruéjolsaruéjols SStSt-St-CSt-CôSt-CômSt-Cômet-Côme V on ny h ho R Agglomération présumée du Bas-Empire R e l le EVilla du Bas-Empire R au O de Sin SSiSinSinsSinsaSinsanSinsansinsans san Habitat dispersé gallo-romain s SStSt-St-DSt-DiSt-DioSt-DionSt-DioniSt-DionisSt-Dionisyt-Dionisy D Tombe isolée Altitude (m) P N 15 Nombre d’épitaphes LLaLanLangLanglLanglaLangladLangladeanglade 75 F 50
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