art contemporain

N°7 Mai / Août 2014

L’art est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art (Robert Filliou)

SOMMAIRE Depuis 2007, Artaïs vous propose une balade décomplexée à travers l’art contemporain en organisant des visites d’expositions, de manifestations, d’ateliers, des conférences et rencontres avec les artistes, galeristes, critiques… Découvertes 2 à 4 Clément Cogitore L’association a créé ce « petit journal » – trimestriel et gratuit – pour prolonger le plaisir des Gabrielle Conilh de Beyssac rencontres, fidèle à son désir de partager ses coups de cœur. Sarah Tritz ème Expos 5 à 9 59 salon de Montrouge Des hommes, des mondes Haroon Mirza Avec motifs apparents Carte blanche à Pierre et Gilles Oscar Muñoz Kôichi Kurita Nouvelles histoires de fantômes Douglas Gordon

Portrait 10 Laurent Lacotte

Un peu d’histoire 11 Lucio Fontana Ailleurs 12 à 17 Double jeu au FRAC Centre Sophie Dubosc au FRAC HN Nouvelles Générations – Constellations au FRAC NPDC Monument à Calais Georges Rousse à Lyon

Walid Raad à Nîmes Julien Salaud, Stellar Cave II, 2013. Courtesy galerie Suzanne Tarasieve © Salon de Montrouge

Stéphane Pencréac’h à Nice Comme chaque année, le Salon de Montrouge accueille la fine fleur des jeunes artistes de France et d’ailleurs et Jacques Julien à Sète ouvre ses portes aux amateurs, collectionneurs et professionnels qui s’y pressent en grand nombre dès le premier jour. Stéphane Corréard a largement contribué à élargir le champ de la prospection depuis 2009 et nous propose cette Peter Downsbrough à Sérignan année une rencontre avec le travail de 72 artistes qui seront peut-être les lauréats de demain, comme Théo Mercier Peter Buggenhout à Vassivière exposé en 2009, et nominé au Prix Marcel Duchamp 2014, ou Farah Atassi nominée Prix Marcel Duchamp en 2013, Cécile Beau Prix Découverte des Amis du Palais de Tokyo en 2011, et John Cornu en 2010, Antoine Dorotte Prix MAIF en Territoire 18 2011, David Douard actuellement au Palais de Tokyo, Clément Cogitore dont vous découvrirez l’article en page 2 et Nantes tant d’autres... . (suite p.20)

Rencontres 19

Miguel Angel Molina Expos Découverte Territoire Roland Schär Kôichi Kurita arpente le Japon et le Issu de l’Ecole du Fresnoy, après des Le Voyage à Nantes, manifestation fes- monde depuis les années 1990 pour études aux Arts décoratifs de Stras- tive et estivale permet de découvrir au Artaïs 20 constituer une bibliothèque des bourg, Clément Cogitore a été le lau- gré d’un parcours urbain des œuvres Programme terres de chaque région qu’il sillonne, réat du salon de Montrouge en 2011. d’art contemporain, installées pour accompagné de sa femme. Une (p. 2) certaines de manière pérenne de Multiples démarche systématique qui reflète un Nantes à Saint-Nazaire, transformant le mode de vie et de pensée. (p. 7) paysage de cette terre en mouve- Ours ment. (p. 18)

Découvertes INFOS Clément Cogitore, Fictions expos ❱ Association Premier Regard 10 rue Humblot, 15è Manon Harrois, œuvres sélectionnées du 12 au 27 juin

❱ Bétonsalon 9, esplanade Pierre Vidal-Naquet Paris 13è Karthik Pandian, Confessions jusqu’au 7 juin

❱ Centre Culturel Suisse 38 rue des Francs-Bourgeois , Paris 3è Adrien Missika, Amexica Hans Schärer, Aquarelles érotiques jusqu’au 13 juillet

We are Legion, Clément Cogitore, 2012, Courtesy Galerie White Project ❱ C entre des arts Ce « créateur d’images » présente une partie de la scène et ainsi préserver le mys- d’Enghien-les-Bains œuvre polymorphe constituée de films de tère afin de permettre à chacun de 12-16 rue de la Libération, Enghien-les-Bains fiction, d’installations photographiques, de construire sa propre narration. Dans ses Festival international des arts numériques vidéos et de performances… En réalité, il images, trouvées ou inventées, règne une du 14 au 20 juin mène une réflexion sur le processus de la constante ambiguïté de par la richesse des Grégory Chatonsky, I’ll be your Mirror création et questionne les modalités de co- points de vue, des références diverses et de jusqu’au 6 juillet habitation des hommes avec les images. la complexité des entrecroisements entre Parmi les thèmes récurrents on retrouve, la fiction et réalité. question du sacré avec de nombreuses ré- Si la photographie nécessite une mise en ❱ Centre d’arts plastiques férences à la peinture religieuse mais aussi scène importante car se doit de prolonger des emprunts d’images déversées par les la problématique évoquée dans ses films, Albert Chanot médias, le rap- la vidéo lui permet d’expérimenter avec 33 rue Brissard, Clamart port au rituel plus de spontanéité. Aurélie Pétrel, Partitions évoqué dans les Invité par le Musée d’Art moderne et jusqu’au 6 juillet divers rassem- contemporain de , l’artiste pré- blements au sente des vidéos et de grandes photogra- cours de l’his- phies dans un nouveau dispositif sous forme ❱ Ce ntre Pompidou toire. d’installations. Sa fascination pour l’icono- Henri Cartier-Bresson Pour lui, « fabri- graphie religieuse italienne- exacerbée jusqu’au 9 juin quer des images suite à sa résidence à la villa Médicis- est Martial Raysse c’est parler avec perceptible dans « Annonciation ». Le rituel du 14 mai au 22 septembre les esprits… ». Il transparait dans « La caverne » et sa der- Bernard Tschumi voue une nière production « Elégies » où le hors grande admira- champ prend toute son importance. Enfin jusqu’au 28 juillet tion pour Robert l’ambigüité d’une lecture à plusieurs ni- Hommage aux « Magiciens de la terre » Bresson qui reste veaux se retrouve dans la photographie du 2 juillet au 8 septembre pour lui le maître « Le Chevalier Noir » où le personnage re- de la « sacralisa- présenté emprunte à plusieurs époques dis- tion du quoti- tinctes. ❱ Château de Versailles dien ». Lee Ufan La frontière, géo- Une plongée dans ce monde d’images du 17 juin au 2 novembre graphique ou magiques et quelque peu mystiques, bien morale, entre vi- que fortement ancrées dans notre quoti- sible et invisible, dien, et où le son est un vecteur supplémen- ❱ Château de Saint-Ouen Le chevalier Noir, Clément Cogitore, 2012, entre réel et ir- taire d’émotions, permettra à chaque spec- 12 rue Albert Dhalenne, Saint-Ouen Courtesy Galerie White Project réel apparaît tateur de créer sa propre fiction. Château à six constamment dans ses œuvres. Enfin le feu Sylvie Fontaine jusqu’au 28 juin est une autre constante dans son travail puisque pour lui « tout a commencé autour infos pratiques du feu lorsque les premiers hommes racon- Musée d’Art moderne et contemporain de taient les histoires et leurs ombres étaient Strasbourg ❱ CPIF projetées sur les parois des grottes… » Il 1, place Hans-Jean-Arp, Strasbourg 107 avenue de la République, donne à voir des atmosphères étranges et jusqu’au 21 septembre À l’envers, à l’endroit…à l’envers… utilise le clair obscur pour ne dévoiler qu’une Artaissime N°7 à l’endroit… jusqu’ au 6 juillet 2

Gabrielle Conilh de Beyssac, Corps-astro-sensible

❱ C NEAI Ile des Impressionnistes, Chatou Mad World, Good World, Strange World jusqu’au 18 mai C’est aujourd’hui dimanche jusqu’au 22 juin The Right Side is on the Left, Katerina Seda du 31 mai au 12 octobre Lefevre Jean-Claude du 28 juin au 16 novembre Chématistique du 5 juillet au 9 novembre

❱ CREDAC La Manufacture des Œillets 25-29 rue Raspail, 94200 Ivry-sur-Seine Estefania Penafel Loaiza, L’espace épisodique Benoît-Marie Moriceau, Rien de plus tout du Gabrielle Conilh de Beyssac, Espace tracé, Chapelle du Domaine de Kerguehennec, 2013, © Conilh de Beyssac moins Cette jeune artiste, diplômée des Beaux-Arts traces et nous impose un regard nou- jusqu’au 22 juin de Paris en 2012 remporte la même an- veau sur l’architecture-support. née le Prix Thaddaeus Ropac/ Clermont Dans sa première exposition personnelle Tonnerre attribué par l’association des à Paris, Gabrielle montre un ensemble de ❱ Le Cube Amis des Beaux-Arts. Elle présente à cette ses anciennes pièces (Rocking, Cycle, 20 cours Saint Vincent, Issy-les-Moulineaux occasion la sculpture « Rocking », su- Aplomb,…) mais aussi de nouvelles Studio Nexus, A Taste of London perbe pièce en métal en forme de chips œuvres réalisées seule ou avec son par- jusqu’au 26 juillet géante qui peut être activée par le spec- tenaire Jules Guissart suite à une rési- tateur induisant ainsi un mouvement de dence au Québec. « Croissant/décrois- bascule fascinant. sant » est une sculpture sonore, dont la ❱ Domaine de Chamarande Son travail est fondé sur la relation de la mise en mouvement produit une mélo- Vivre(s) sculpture à l’espace dans un rapport au die sourde et rythmée. Des dessins et du 24 mai au 26 octobre temps. Le corps est souvent convoqué, aquarelles, parties intégrantes de ses re- à l’orangerie : Koichi Kurita puisque les pièces demandent à être cherches, et qui traduisent sa fascination jusqu’au 11 mai manipulées par le spectateur ou l’artiste pour les courbes mathématiques, sont qui déclare « le mouvement permet de dévoilés… et bien d’autres pièces encore. comprendre les propriétés formelles d’un Ne manquez pas cette expérience ❱ Ecole municipale des volume » contemplative ou interactive au choix… Beaux-arts / Galerie Les œuvres se composent de formes élé- Sylvie Fontaine mentaires géométriques, comme chez les Edouard Manet artistes minimalistes, et sont réalisées avec infos pratiques Galerie Maubert 3 place Jean Grandel, Gennevilliers une grande économie de moyens sur le 20 rue Saint Gilles , Paris 20e principe de « less is more » avec divers Vincent Ganivet, Diogo Pimentao Corps-astro-sensible jusqu’au 7 juin matériaux comme la pierre, le bois, le mé- du 5 juin au 5 juillet tal, la céramique…Le choix du matériau le plus approprié se fait après une étude pré- ❱ Espace d’art Eugène alable des formes dans des dessins prépa- ratoires. Il reste primordial pour le dévelop- Beaudouin pement du mouvement qui laissera trace rue Lafontaine, Antony ou empreinte dans l’espace comme dans Le dessin la pièce « Cycle » où un disque est roulé le jusqu’au 25 mai long d’un mur et laisse apparaître une ligne sinusoïdale ou encore dans l’installa- tion réalisée à Kerguehennec où des cy- ❱ Espace Louis Vuitton lindres de pastels bicolores sont suspendus 60 rue de Bassano, Paris 8è à la voûte de la chapelle et permettent à In Situ – 1 l’artiste de tracer arcs de cercle et lignes du 4 juin au 21 septembre sur le sol et les murs. Des allers-retours permanents entre des- sin et sculpture sont donnés à voir, totale- ❱ Fondation Cartier ment dépendants de l’espace dans le- 261 boulevard Raspail, Paris 14è quel ils se projettent. Le mouvement de l’objet transparait au travers de ces Gabrielle Conilh de Beyssac, Rocking, 2012, Mémoires vives © Conilh de Beyssac Artaissime N°7 du 10 mai au 21 septembre 3

Sarah Tritz, L’œuf et les sandales expos INFOS ❱ F RAC Ile-de-France – Le Plateau Place Hannah Arendt, Paris 19è Interprète jusqu’au 11 mai Waywords of seeing du 12 juin au 27 juillet

❱ Fondation d’entreprise Ricard 12 Rue Boissy d’Anglas, 8è Neïl Beloufa, En torrent et second jour jusqu’au 17 mai humainnonhumain du 12 juin au 12 juillet

PLE - Vue d’ensemble « L’œuf et les sandales », Sarah Tritz,2013,© Photo Aurélien Mole / Parc Saint Léger ❱ Galerie Defacto Le Centre d’Art Contemporain de l’ancienne de petits murets carrelés sur lesquels elle inter- Esplanade de La Défense station thermale de Pougues-les-Eaux ac- vient également. Le rapport au corps est pri- Ensemble cueille le travail d’une jeune artiste qui se défi- mordial dans son travail : corps du spectateur jusqu’au 28 juin nit plutôt comme une peintre en trois dimen- confronté aux œuvres, corps de l’artiste sug- sions. En réalité son œuvre oscille entre géré par les empreintes et moulages de pieds sculpture et peinture. Elle exploite de nom- et de mains, corps des sculptures habitées de ❱ Galerie Municipale breux matériaux comme le béton, le bois et les photos et bibelots. objets trouvés qu’elle assemble de façon vo- Cet univers joyeux et foisonnant résulte d’un Jean Collet lontairement maladroite et combine à des questionnement de l’image et de la représen- 59 avenue Guy-Môquet, Vitry-sur-Seine toiles colorées et des dessins. C’est au fil de ses tation et s’exprime au travers de ses « peintures Benoit Géhanne et Timothée Schelstraete promenades urbaines que cette glaneuse spatialisées ». Sarah prend en compte l’in- du 18 mai au 29 juin prélève des fragments de la réalité quoti- croyable hauteur et l’architecture du lieu pour dienne, en l’occurrence toute sorte d’éléments proposer deux pièces monumentales : une disparates et incongrus qui donnent nais- sculpture anthropomorphe et une fresque, ré- sance à des combinaisons abstraites ou figu- miniscence de celles présentes dans les halls ❱ Grand Palais ratives. Pour elle, la notion d’immédiateté est de gare… 3, avenue du Général Eisenhower Paris 8è importante et ses installations successives sont Monumenta : Ilya et Emilia Kabakov proposées comme autant d’expériences de Comme le dit la commissaire et directrice du du 10 mai au 22 juin construction/déconstruction qui invitent le Centre d’art, Sandra Patron : « il s’agit d’une spectateur à une déambulation, délimitée par démarche à la fois intuitive et érudite. Ici, la peinture sort de son cadre et acquiert un rap- ❱  port à l’espace et à l’architecture grâce à la Immanence è sculpture… » L’artiste revendique le mélange 21 avenue du Maine, Paris 14 des genres, des époques et des styles et joue Arrête, tout le monde te regarde avec les matières, les formes et les références du 7 juin au 5 juillet à la littérature et l’art. Elle admire aussi bien Rauschenberg et Paul Thek que Goya, Piero della Francesca ou Schwitters… ❱ Jeu de Paume Ces édifices inachevés, réalisés toutefois avec è une extrême rigueur, nous permettent d’imagi- 1 place de la Concorde, 8 ner un paysage habité d’une grande force ly- Katie Horna/ Oscar Munoz/Kapwani Kiwanga rique et d’une poésie extrême… du 3 juin au 21 septembre Quant au titre, rapprochement aussi incongru que pour certaines pièces de ses installations, il se doit d’éveiller la curiosité du spectateur, le ❱ Khiasma mettre en état d’alerte et laisser ainsi libre cours à l’imaginaire… 15 rue Chassagnole, Les Lilas Nul point sur une carte ne situe nos souvenirs Sylvie Fontaine du 16 mai au 28 juin

infos pratiques ❱ La Couleuvre Parc Saint Léger Centre d’art contemporain 15 bis rue Parmentier, Saint-Ouen Avenue Conti, Pougues-les-Eaux A main levée jusqu’au 25 mai du 14 mai au 29 juin Pop up à la Friche la Belle de Mai,

Artaissime N°7 jusqu’au 6 juillet Sarah Tritz, Limonade, 2013, courtesy galerie Anne Barrault

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Expos Un voyage immobile

Comme l’archéologue met au jour des strates de temps et de vie, le visiteur peut repérer, au ❱ La Galerie fil des oeuvres, des strates culturelles. 1 rue Jean-Jaurès, Noisy-le-Sec Disparité et demande Le mélange des genres consiste, par exemple, du 24 mai au 12 juillet pour Stéphane Vigny, à ériger une colonne d’inspiration islamique faite de keffiehs parmi les colonnes cisterciennes de l’ancienne sa- cristie. L’artiste nous rappelle que, de Cordoue ❱ Les églises à Istanbul, ces deux architectures ont parfois rue Eterlet, Chelles accueilli les cultes des deux religions. Wilfrid Almendra Le jeune Achraf Touloub, dont nous avons déjà eu l’occasion d’apprécier l’imperti- Jusqu’au 11 mai nence, présente deux miniatures d’inspiration Lang/Baumman persane/chinoise où la scène centrale est lais- du 25 mai au 21 juillet sée en blanc, ouverte à toutes les images, à toutes les icônes. Les poupées africaines de Pascale Marthine ❱ Mains d’œuvres Tayou sont des fétiches chargés d’objets hété- roclites évoquant tout un monde : l’enfance, 1 rue Charles-Garnier, Saint-Ouen les travaux féminins, les voyages (ou l’exil)… Eléonore Saintagnan pour quelles cérémonies contemporaines ? du 15 mai au 22 juin Dans une débauche de plumes, de coquil- Pascale Marthine Tayou, Poupée pascale, Courtesy : lages, et autres éléments, naturels ou manu- GALLERIA CONTINUA, San Gimignano / / Les Moulins – photo D.C. facturés, Rina Banerjee nous montre des ❱ Maison d’art Bernard objets étranges, hybrides, nature et cultures Anthonioz On aime ces lieux qui portent leur passé sans imbriquées. nous accabler sous son poids. Avec les autres artistes présents au Collège 16, rue Charles VII, Nogent-sur-Marne Alain Berland, commissaire des expositions des Bernardins, ils nous proposent un beau Comment j’ai inventé Edith Scob, suite… du Collège des Bernardins, nous y fait voya- voyage dans ce lieu chargé d’histoire. du 5 juin au 20 juillet ger dans le temps, dans notre temps, et, cette L’Archipel du funambule fois, dans l’espace, avec Des hommes, des Dominique Chauchat mondes. infos pratiques du 5 juin au 30 août Au centre : le métissage. Métissage des News from nowhere Collège des Bernardins cultures, des formes, des propos, des médiums. 18 rue de Poissy, Paris 5è du 4 septembre au 19 octobre Notre époque n’est plus à découvrir les Magi- jusqu’au 15 juin du 18 mai au 29 juin ciens de la terre, ils sont parmi nous !

❱ Maison populaire Haroon Mirza, l’artiste qui fait chanter le soleil 9 bis rue Dombasle, Montreuil leds et les pulsations sonores qui l’habitent. Véritables préludes flasques (pour un chien) C’est ainsi le soleil qui met l’architecture en jusqu’au 5 juillet musique. Le titre The Light Hours reprend le nom don- né à la villa par son concepteur : Les heures ❱  claires. maison rouge Haroon Mirza a remporté le Lion d’Argent à 10 boulevard de la Bastille, Paris 12è la biennale de Venise 2011. Le Mur, Collection Antoine de Galbert Pour les musiciens, il propose une oeuvre du 14 juin au 21 septembre participative sur o-o-o-o.co.uk. A vos ordina- teurs ! Dominique Chauchat ❱ Micro Onde Haroon Mirza, The Light Hours / Villa Savoye 2014 © CMN / infos pratiques 8 Avenue Louis Breguet, Vélizy-Villacoublay FLC-ADAGP Photo DC Villa Savoye Vertiges Ne pas voir pour mieux entendre, tel est le 82 rue de Villiers, Poissy jusqu’au 28 juin parti pris d’emblée par l’artiste au seuil de jusqu’au 29 juin cette icône qu’est la villa Savoye de Le Cor- busier. C’est ainsi qu’il erre dans le bâtiment, ❱  yeux bandés, concentré sur l’âme sonore du Musée de la chasse et de Exposition à l’initiative de Lab’Bel, le la- lieu, sur la façon dont les sons y réfléchissent la nature boratoire artistique du groupe Bel, dirigé les espaces. par Laurent Fiévet, artiste que nous sui- 62 rue des Archives, Paris 3è Il reprend à le Corbusier la notion de “ma- vons depuis plusieurs années, et dont les Cosmic Dance, Lin Utzon chine” : à habiter, pour son fonctionna- vidéos nous enchantent toujours. lisme, et à émouvoir – pour la façon dont la jusqu’au 14 septembre Nous pouvons voir son travail : lumière entre par les larges baies vitrées, et Exposition : Peinture versus cinéma joue avec l’harmonie de l’architecture. à la galerie La Ferronnerie, Il construit donc des dispositifs électroniques 40 Rue de la Folie Méricourt, Paris 11è ❱ Palais de Tokyo fonctionnant à l’énergie solaire, qui mêlent jusqu’au 28 mai 13 avenue du président Wilson, Paris 16è des lumières colorées aux compositions so- Festival Loop, Barcelone du 5 au 7 juin. Thomas Hirschhorn, Flamme éternelle nores générées par le passage du soleil. Le Hiroshi Sugimoto, Aujourd’hui le monde tout dans une grande unité formelle entre la

pureté des formes corbusiennes, les lumières Artaissime N°7 est mort jusqu’au 7 septembre 5 Une exposition à l’échelle du lieu

riques, propose au spectateur un espace ha- bité de vide. Transformée, l’architecture du château d’eau apparaît angoissante et ma- gique à la fois. L’exposition interroge ainsi la puissance de l’espace sur la création artistique. Pauline Lisowski

infos pratiques Le 104 5 rue Curial, Paris Avec motifs apparents jusqu’au 10 août

Jérémy Gobé, La Liberté guidant la laine, 2014 - Copyright Pauline Lisowski

L’exposition Avec motifs apparents invite cinq en sculptures organiques pour leur redonner artistes à produire une œuvre in situ pour les une nouvelle vie. Une salle est devenue une espaces du 104. Chaque artiste s’appuie sur enveloppe de tissus en souplesse et en tor- l’architecture pour développer un projet sé- sion. L’artiste détourne un savoir-faire disparu ducteur qui interpelle le visiteur. Leur motif ap- pour créer des œuvres entre le décoratif et le paraît clairement : sous l’attirance formelle de sensationnel, qui invitent à la douceur et à l’œuvre se cache une réalité plus complexe. l’imagination. Au-delà de leur monumentalité et de leur en- Prune Nourry a composé une centaine de chantement, les œuvres interrogent la mé- personnages qui forment l’armée des Terra- moire de nos pratiques artisanales, les pro- cotta Daughters. Dans leur apparence artisa- blèmes démographiques et nos manières de nale, les œuvres de Pascale Marthine Tayou percevoir les villes, les objets et l’architecture. appellent à tisser des liens. Pour l’exposition, il Poétiques et critiques à la fois, elles invitent le offre ses projets comme des présents aux visi- spectateur à se raconter de nouvelles histoires. teurs. Xavier Juillot, Déprime passagère, 2014 - Copyright Pauline Lisowski Jérémy Gobé transforme les objets quotidiens Xavier Juillot, habitué à investir des lieux histo- Carte blanche à Pierre et Gilles

éléments aquatiques et végé- infos pratiques taux des chaises et canapés Galerie des Gobelins, Salon Carré d’alcôve façonnés par François 42 avenue des Gobelins, Paris 13è II Foliot, « maître-menuisier du jusqu’au 27 septembre Garde-Meuble du Roi», nous Galerie Daniel Templon transportent dans un monde oni- 30 rue Beaubourg, Paris 3è rique magnifié par les dorures Héros des bras de lumière, du cadre jusqu’au 31 mai du miroir et des chenêts. Ce dé- cor merveilleux est l’écrin de ce portrait inédit. Pierre et Gilles avaient déjà tra- vaillé avec ce modèle pour l’in- carnation d’une nouvelle Ève tentatrice. Leur égérie s’est natu- Pierre et Gilles, Le hameau de la Reine, installation galerie des Gobelins, 2014 rellement imposée pour cette © Jean-Philippe Humbert moderne Marie-Antoinette « par sa grâce et sa légèreté parée La Carte blanche offerte par la Galerie des d’innocence ». Vêtue d’une robe d’organza Gobelins à Pierre et Gilles est un contrepoint blanche brodée d’or et de fleurs des champs, contemporain à l’exposition concomitante de posant devant le Hameau de la reine de Ver- tapisseries : Les Gobelins au siècle des Lumières. sailles, elle apparaît telle une nouvelle icône Ce duo d’artistes propose une installation créée populaire, très proche de cette Marie-Antoi- avec du mobilier de la reine Marie-Antoinette nette revisitée par Sofia Coppola, qui trans- mettant en scène la photographie de Zahia portait la reine dans un univers de fashio- Dehar, prise par Pierre et rehaussée de peinture nables nourries de macarons. Mais Zahia et glacis par Gilles, portrait auquel ils apportent Dehar, n’est-elle pas elle-même modiste et ne ce souffle inimitable de baroque, de kitsch, porte-t-elle pas l’une de ses créations ? Et la d’humour, dans un monde décalé et d’une rose qu’elle tient n’est-elle pas une allusion au fausse naïveté. Dans la recréation d’un univers prénom de Rose Bertin, la modiste de l’épouse décoratif, ils ont choisi cet étonnant mobilier du de Louis XVI ? XVIIIe siècle provenant de la Chaumière des

Artaissime N°7 coquillages du domaine de Rambouillet. Les Antoine Prodhomme Pierre et Gilles et Zahia Dehar © Pierre et Gilles

6 Oscar Muñoz, Protographies l’implication physique du spectateur (tra- versée, jeux de miroirs et reflets du visage, empreinte par contact). Une expérience sensuelle et conceptuelle à la fois, où les frontières entre chaque medium s’effacent, à l’aide de l’exploration de processus non conventionnels et d’éléments fondamen- taux liés aux cycles de l’existence. Du dé- but de sa pratique dans les années 70, à Cali, dans l’effervescence culturelle d’alors, jusqu’à de nouvelles créations produites pour l’exposition, se dessinent des constella- tions qui se répondent entre elles, à l’image des mouvements instables et fluctuants du délitement du souvenir. Ainsi de cet auto- portrait emblématique de l’artiste, aspiré par l’eau charbonneuse d’un lavabo, ou encore apparaissant dans le creux de sa main qui vacille, se décompose et se re- compose, telle une encre sur une surface. Art de la dissolution, temps de la révélation, Oscar Muñoz sculpte l’érosion, ce moment Oscar Muñoz, Ambulatorio,1994-2008. Photographie aérienne encapsulée dans du verre sécurit, 36 modules, 100 x 100 cm chaque. Collection Siccardi Gallery, Houston décisif antérieur ou postérieur à la fixation pour toujours d’une image, latente. Oscar Muñoz confronte la réalité sociale et des séries majeures, poétiques et métapho- meurtrière de son pays, la Colombie, aux riques à forte charge psychologique. Proto- Marie de la Fresnaye enjeux de la matérialité de l’image, autour graphies, néologisme volontaire, symbolise des questions de la trace, l’apparition et la les tensions entre les événements et leurs infos pratiques Jeu de Paume disparition. Le Jeu de Paume propose un témoins par son utilisation de substances è panorama de 40 ans de sa carrière autour éphémères (fragilité de la mémoire) et 1 place de la Concorde, Paris 8 du 3 juin au 14 septembre

Mille terres mille vies, le message simple et fondamental de Kôichi Kurita à Maubuisson

Au cœur de la salle des religieuses, ce sont mille petits carrés de terres de France qui s’offrent à nos sens. Ces carrés, uniques et unis, forment un tout cohérent, beau tout simplement. Comme une mise à distance de tous les fâcheux du monde qui vou- draient nous faire croire que la différence sépare. Ailleurs, des coupelles contenant des terres sèches du Japon, ou encore, des flacons de poussière des terres de Poitou-Charente. Et puis plus loin, dans les anciennes latrines, érigée là telle une vigie qui nous rappelle la fragilité des réalisations humaines, les conséquences de nos inconséquences, la nécessité de préserver notre environne- ment, une bouteille de verre contenant la terre de Fukushima, avant… Seule petite parcelle intacte, digne et dérisoire, élevée au rang d’un paradis perdu. L’ensemble invite au silence et à la médita- tion, à l’émerveillement aussi face à cette chose si… terre à terre qu’on ne la regarde presque jamais. Finalement, on vit là une expérience sen- sorielle intense, aux antipodes de celle expérimentée il y a quelques mois dans les «Notre terre_Votre terre», installation de Kôichi Kurita. Photo DC mêmes lieux investis par les frères Chapui- sat, qui nous donnaient à sentir et vivre… le bois. Si toutes les expositions à Maubuisson de cet élément si faussement ordinaire. résonnent avec ce haut lieu cistercien, la Nadine Poureyron proposition de l’artiste japonais de renom- Kôichi Kurita arpente le Japon et le monde mée internationale semble en être le point depuis les années 1990 pour constituer une infos pratiques d’orgue, tant son travail paraît être fait pour bibliothèque des terres de chaque région ces salles solennelles, comme ces salles abbaye de Maubuisson qu’il sillonne, accompagné de sa femme. Avenue Richard de Tour, Saint-Ouen avoir été construites pour accueillir un jour Une démarche systématique qui reflète un l’Aumône (95) en leurs murs ces fragments de terre(s), mode de vie et de pensée. jusqu’au 5 octobre qui nous disent la diversité du monde, la ri- A Maubuisson, il nous invite à découvrir son

chesse chromatique et l’importance fragile travail au travers de quatre installations. Artaissime N°7 7 Résonance d’images

Photos : © Nouvelles histoires de fantômes, Georges Didi-Huberman et Arno Gisinger. Crédit photo : Françoise Perrachon

Nouvelles histoires de fantômes, installation Si cette installation convoque la mémoire, il n’y grand format, montées bord à bord en une conçue par Georges Didi-Huberman, philo- a pas d’injonction à se souvenir. Simplement large bande, suit la courbe de la verrière et se sophe et historien d’art, et Arno Gisinger, artiste des réminiscences. déploie au fond de l’immense salle. Arno Gisin- autrichien et enseignant à Paris 8, résonne sous Tantôt le regard se pose sur l’expression de dou- ger a conçu cette œuvre éphémère en photo- la Grande verrière du Palais de Tokyo en hom- leur de Vera Baranovskaya, La Mère de Poudov- graphiant l’exposition Atlas dans une configu- mage à la planche 42 de l’Atlas Mnémosyne kine, en écho aux mouvements de foules du ration précédente présentée à Hambourg en conçue par Aby Warburg, historien d’art et an- Cuirassé Potemkine d’Eisenstein. Tantôt un cri de 2011. thropologue des images. douleur attire vers un extrait de Once Upon a Time, Cinéma, de Mohsen Makhmalbaf. Tout Comme Didi-Huberman, il a mélangé les tem- L’exposition reprend dans une version diffé- près, la beauté cruelle de Médée / Maria Callas poralités de l’événement : de l’accrochage au rente, celle présentée au Fresnoy – Studio natio- dans le film éponyme de Pasolini emporte dans démontage, intégrant la relation du visiteur nal des arts contemporains en 2012. un drame qui relie l’antique et le contemporain. aux œuvres. Dans le vestibule, défilent les reproductions des Ici, pas de construction chronologique entre les œuvres de Carpaccio, Donatello, Raphaël, Si- séquences filmiques. Et pourtant, ces associa- Avec Atlas, suite, dans l’esprit de Walter Benja- gnorelli, Verrochio… rassemblées par Warburg tions libres disent quelque chose de la grande min, Gisinger propose une « œuvre d’art à sous le titre de « Pathos de la souffrance comme Histoire des humains. Par strates, par effet de ri- l’époque de sa reproductibilité technique ». inversion énergétique ». Toutes ont trait aux la- cochets, elles suggèrent, évoquent, convoquent mentations et aux gestes déployés par les vi- la survivance des fantômes en nous. Du haut de Françoise Perrachon vants lors de la perte d’un être cher. la coursive, les visiteurs qui circulent entre les En écho au déroulement continu de la écrans semblent des apparitions surgissant de infos pratiques planche, un bruissement de lamentations invite cette constellation d’images. Palais de Tokyo à passer de l’autre côté. 13 avenue du Président Wilson, Paris 16è Sur le mur opposé, une suite de photographies jusqu’au 7 septembre Quelques marches conduisent à une coursive qui surplombe la mosaïque d’images choisie par Didi-Huberman, en résonance avec le tra- vail de Warburg : des extraits de films, des images fixes, d’autres lamentations projetés sur les quelque 1000 m2 du sol de la verrière. Sans chronologie et sans frontière entre les ré- gions du monde, un enchaînement d’événe- ments sonores et visuels habite l’espace.

Juste avant la courbe monumentale de la salle, le visage en pleurs d’Anna Karina, regar- dant La Passion de Jeanne d’Arc, alterne dans un champ-contrechamp avec les visages d’Antonin Artaud et de Renée Falconetti. Vivre sa vie de Godard donne le ton. L’émotion mise en abyme assiège le corps tout entier. Un ex- trait de Transmission d’Harun Farocki donne à voir des corps penchés sur des monuments commémoratifs, des mains reflétées par le

Artaissime N°7 marbre, posées sur des noms gravés. 8 d’œuvre du 7 Il s’approprie et lesimages leschefs textes muraux. phies, performances, installations que aussi bienprojections vidéos,photogra- à catégoriser, difficile don est ilutilise Protéiforme, letravail Gor deDouglas sente danssonœuvre. notamment laschizophrénie, très pré- relevantpathologie delapsychiatrie, sur lalimite entre lanormalité et une en l’interrogeant sur son être profond, terpeller oudedéranger lespectateur luipermettantautant d’in- desupports underground, TheRolling sont Stones) net et Cézanne),musicales(TheVelvet graphiques (Hitchcock),picturales (Mo- don fait soient cinémato- appel, qu’elles Les références auxquelles Gor Douglas vous imprégner del’univers del’artiste. ensemble rétrospectif. Dépassez-lapour introduction àceriche plutôt efficace s’avèremais qui être uneannonce, peut-être déroutante au prime abord, salle crée decacophonie, unesorte Le tout réuni dansuneseuleet même diante. àsavieétu- socles, clind’œildel’artiste sés surdescaissesdebière enguisede sur101vidéos diffusées moniteurs dispo- propose devoir ouderedécouvrir… 82 vous l’institution richie de43vidéosque Aujourd’hui, cette c’est installation, en- don. détenteur del’œuvre Gor deDouglas derne de la ville de Paris, plus grand en2003parlemuséed’Artacquise mo- 1999 àlagalerie Foksal deVarsovie, et de 39vidéos,présentée àl’exposition de about 1992 untilnow uneinstallation est Pretty much film every andvideofrom projection dufilm Psychose d’Hitchcock il se faitquel connaître en 1993, une est contextualise. Douglas Gordon Douglas Toutes photos Gordon, :Douglas Pretty much filmandvideo every work from about 1992 untilnow. Muséed’Art moderne dela ème 24 Psycho, hours avec- le art qu’il détourne qu’il et re- art - - - Ville deParis,Ville 2014. Photo BenjaminSoligny ©ADAGP, Paris 2014 l’artiste àParis. l’artiste de prédilection et lieud’ancrage de au Muséed’Art Moderne, lui-mêmelieu nousvouslequel invitons àvous plonger jourd’hui, il acréé lesienpropre dans avait imaginéunmondeincroyable. Au- était évident Marcel que Duchamp et lesfilms Pour noirs. Gordon, Douglas il en même temps la nouvelle que vague découvre4’24’’) qu’il de 16 àl’âge ans, accessories, 2013,nude descendingwith Wharol et deMarcel (Semi Duchamp On note d’Andy l’influence importante unedimensiontrèsnique, particulière. cette dernière exposition cacopho- arrêt et surimage, prend, aucœurde teur, happelespectateur, commeun une phrase apparaissant sur un moni- someone closeto you), 1998, 00’57’’, juste silence(for Amoment’s lusions àlamort. références autobiographiques et desal- éléments issusdelapopculture des que Pour cela,ilmet enscèneaussibiendes mais aussipourlespectateur). (àlafoispersonnelle pourlui-même à lamémoire collective devient qui très ilfait etl’image lelangage, aussiappel fonctionnement de la mémoire à travers risation, surlefonctionnement et ledys- ment, iljouesurleprincipe deremémo- resurgir deschosesoubliées.Parallèle- comme sileralenti permettait defaire dutemps,gnification parl’allongement proprie sembleprendre unenouvelle si- seréap secondedesfilms qu’il - Chaque née. de ladurée d’uneœuvre jamaistermi- moire et l’aspectconceptuel dutemps, roge danssontravail lanotion demé- Par ceprocédé inter deralenti, l’artiste ralenti defaçon àdurer 24 heures. Céline Maillard - jusqu’au 14jusqu’au décembre Dans lescollectionspermanentes, salle20 11 Avenue duPrésident Wilson, Paris 16 Musée d’Art deParis delaVille Moderne pratinfos iques de Berlin (2012) Prix Kathe-Kollwitz, Akademie derKünste rich (2008) Kunstnaus,Prix Roswitha Zu- Haftmann, Gordon et P. Parreno (2007) duXXIèmesiècle,D. dane, unportrait César dumeilleurfilmdocumentaire :Zi- Soho, New York (1998) Prix de HugoBoss,MuséeGuggenheim Venise (1997) Prix Premio 2000àla47ème Biennalede vidéaste attribué àunartiste Prix Turner (1996), 1ère fois leprix est que et récompensesDistinctions : (1990) SchoolFine Stade Art (1988)Formation :Glascow SchoolofArt (2011) entre autres Britain Londres (2010), MMKFrancfort 2012), MOMA New York (2006), Tate pool (2000),MCA (2001- LosAngeles tions :Centre Pompidou (1995), Tate Liver Expositions dansdeprestigieuses- institu àParisGalerie Yvon Lambert Berlin, Gordon vitet travaille àGlascow et à en1966Né àGlascow (Ecosse),Douglas

University deLondres College è - 9

Artaissime N°7 Portrait

Laurent Lacotte

infos pratiques Pavillon Vendôme Architectures d’urgence 7 rue du Landy, Clichy-la-Garenne jusqu’au 27 juillet La Graineterie Laurent Lacotte, Œuvres accessibles 27 rue Gabriel Péri, Houilles du 24 mai au 19 juillet Galerie Dix9 Laurent Lacotte, Exhibition 19 rue des Filles du Calvaire, Paris 3è du 16 mai au 25 juin Musée international des Hussards Laurent Lacotte, Camouflage Jardin Massey, Tarbes jusqu’au 15 juin

Toutes photos © Laurent Lacotte, Buren n’expose pas, 2013. Vue de l’exposition, Omnibus, Tarbes

Après une première vie d’artiste au sein du col- sont présentés 3 socles, répartis dans l’espace lectif Studio 21bis, Laurent Lacotte poursuit un de la ville, accompagnés d’une fiche expli- travail d’installations in situ, souvent dans l’es- quant que chaque passant peut y disposer un pace public, privilégiant les matériaux pauvres objet. Le ready made à la portée de tous. Si comme le carton ou le bois de récupération. Il Marcel Duchamp pouvait faire d’un objet par- utilise aussi la photographie, la vidéo, le néon… faitement trivial une oeuvre d’art en le plaçant A travers un humour parfois grinçant, les dans un musée, tout un chacun peut transfor- oeuvres de Laurent Lacotte présentent un fort mer n’importe quoi en sculpture, en l’exposant pouvoir critique de certaines pratiques so- sur un socle. “Tous artistes”, comme le revendi- ciales, comme la question du pouvoir policier. quait Josef Beuys. Mais aussi critique des pratiques artistiques, *Exhibition constitue une relecture, pour la ga- notamment autour de la notion d’exposition : si lerie Dix9 à Paris, des codes de la peinture, l’art contemporain est passé de la représenta- autour de dispositifs muséaux inédits. tion à la présentation, que montre-t-on désor- *Et une intervention pour le musée internatio- mais ? Et comment ? nal des Hussards, à Tarbes, qui inaugure ainsi Nous pouvons voir comment Laurent Lacotte un programme d’art contemporain : Camou- répond à ces questions dans trois expositions flage perturbe la vision des oeuvres du musée, en région parisienne et un en province : en y greffant des mannequins aux couleurs *Architectures d’urgence au Pavillon Ven- des murs des salles dans lequels ils sont mon- dôme à Clichy mêle des réponses aux situa- trés/cachés. tions d’urgence proposées par des d’archi- Notons que Laurent Lacotte fait partie des trois tectes (de Jean Prouvé à Shigeru Ban), à des artistes qui représenteront la France à la 3ème propositions d’artistes (la maison en carton de Young Art Biennal de Yakoutsk, en Sibérie, à Studio 21bis a accueilli un sdf pendant plu- partir de septembre. sieurs mois sur un trottoir parisien). Un travail d’atelier et participatif, sérieux et *Une exposition solo à la Graineterie à Houilles, plein d’humour, esthétique et éthique. A voir et où il invite 12 artistes autour de l’inaccessibilité à suivre… Endless Show, 2013 de l’art. Son apport personnel se tient dans la scénographie, très particulière… Hors les murs Dominique Chauchat

L’exposition Architectures d’urgence est une proposition imaginée sur trois ter- ritoires différents : outre le pavillon Ven- dôme, la Maréchalerie à Versailles et la Maison des arts de Malakoff. C’est une exposition en regard du pro- totype de la “maison des jours meil- leurs” que Jean Prouvé avait imaginée pour l’abbé Pierre en 1956. Elle montre quelques pistes de réflexion et donne parfois des réponses. Par exemple, de possibles modèles d’habitations répon- dant aux différentes situations d’urgence Together, 2013. Welcome, 2014, Barnums sans ouvertures, lests. 11 x 3 x 3,25 m. Vue des années passées.

Artaissime N°7 Vue de l’exposition, Cité de l’Avenir, Paris de l’exposition «Architectures d’urgence», Pavillon Vendôme, Clichy.

10 Un peu d’histoire Lucio Fontana, rétrospective ses recherches et de ses écrits. Et pourtant La galerie Tornabuoni Art, qui possède un l’homme, derrière le créateur, reste peu connu nombre important de ses oeuvres, est l’un des ou comme désincarné face à une oeuvre po- principaux prêteurs privés. Elle propose lymorphe à la conquête de nouveaux es- conjointement une exposition inédite autour paces. Il a inventé un nouvel art en lutte avec du chef d’oeuvre retrouvé «Le Jour» de 1962, le déterminisme de l’histoire, où la question du l’une des plus grandes toiles sur fond doré, per- sacré et des forces telluriques ne doit pas être forée par l’artiste, dans la maison du collec- éclipsée. tionneur Louis Bogaerts à Knokke en Belgique. Le musée d’art moderne de la Ville de Paris est Le film de la performance est visible à la gale- le premier, deux ans après sa mort, à lui consa- rie et au musée. crer une exposition en 1970, suivi par le Centre Marie de la Fresnaye Pompidou. Il revient aujourd’hui sur le devant de la scène infos pratiques avec une nouvelle rétrospective en collabora- Musée d’art moderne de la Ville de Paris tion avec la Fondazione Lucio Fontana de Mi- 11 Avenue du Président Wilson, Paris 16è lan couvrant l’ensemble des grands cycles de jusqu’au 24 août sa production, de la fin des années 1920 à sa mort. Plus de 200 sculptures, toiles, céramiques, environnements, dessins dont certaines pièces montrées pour la première fois en France, dans un parcours chronologique, révèlent les ressorts d’un engagement esthétique qui re- pose sur la radicalité d’un geste qu’il pousse jusqu’à une violence extrême. Refuser la bidi- mensionnalité pour tendre vers l’immatériel, la toile n’étant qu’illusion : concept clé qui ré- sume toute sa pensée. A travers les Bucchi, Olii et Tagli (trous, cou- pures, béances,fentes multiples) jusqu’aux en- tailles sur monochromes, les Concetto Spa- Concetto spaziale, quanta (Concept spatial, quanta), 1960, Collection Fondazione Lucio Fontana, Milan © Fondazione ziale, le cheminement n’est pas qu’iconoclaste, Lucio Fontana, Milano / by SIAE / Adagp, Paris 2014. et entend ouvrir une brèche métaphysique, au bord de l’abîme. L’exposition nous mène de l’atelier de son père, sculpteur italien immigré Artiste des perforations et des lacérations, Lu- en Argentine, où nait son goût pour l’expéri- cio Fontana (1899-1968) fondateur du Spatia- mentation, à ses manifestes autour des lisme dans l’Italie de l’après-guerre, icône de concepts de temps et d’espace, pour arriver à l’histoire des avant-gardes laisse un impact la consécration et à la Biennale de Venise. Il y profond sur de nombreuses générations d’ar- remporte le Grand prix de la peinture. C’est un Scultura spaziale (Sculpture spatiale), 1947, tistes, d’Yves Klein à Anish Kapoor, Peter Fischli, © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais large panorama et de nouvelles pistes de lec- / Christian Bahier / Philippe Migeat © Fondazione Lucio Maurizio Cattelan pour les plus contempo- ture qui s’offrent à nous d’une oeuvre aussi Fontana, Milano / by SIAE / Adagp, Paris 2014. rains : nombreux s’inscrivent dans la filiation de emblématique qu’énigmatique. Brèves Ouverture du Musée Pierre Nord, Couleurs du Sud, consacrée juin. Un prix du Jury et un Prix Soulages à partir du 31 mai, à l’artiste et Van Gogh Live ! où la Jeune Public seront décernés Inauguration de La terrasse : superbe architecture en acier sur directrice artistique Bice Curiger a parmi les 39 artistes émergents espace d’art de Nanterre, nouvel 6000m2 près de la cathédrale de réuni neuf artistes contemporains participants. équipement territorial culturel Rodez sa ville natale, pour qui s’ inspirent du travail de Van Maison des arts plastiques, 157 rue dédié à l’art d’aujourd’hui. Le 28 présenter les 500 œuvres de ses Gogh. de Verdun, et salle Jean Morlet, 21 juin, de 11h au petit matin. 57 donations comprenant peintures, rue Albert Thomas - Champigny. boulevard de Pesaro, Nanterre Outrenoirs, bronzes et les cartons Festival international d’art vidéo des vitraux de l’Abbatiale de des écoles supérieures d’art d3 La Photo Docks Art Fair, foire Festival vidéo : Conques. Sound du 16 au 21 juin – Ecole internationale de photo et d’art Vingt vidéos réalisées par des Supérieure d’Art Nord-Pas de vidéo se tiendra à Lyon du 5 au 28 étudiants de l’Université de Choices/Collectors Week-end Calais / Dunkerque – Tourcoing septembre. Les 3 jours de foire se Harvard (Cambridge), de la du 23 au 25 mai, à l’image du poursuivront par 3 semaines Haute École d’Art et de Design Gallery Week end de Berlin, Monumenta d’exposition. (Genève), de l’École nationale regroupera 36 galeries du Marais, Pour la sixième édition depuis supérieure des Beaux- Arts de de Saint-Germain-des-Prés et de 2007, Monumenta invite cette L’espace d’art contemporain Paris et du Fresnoy à Tourcoing Belleville qui inviteront collection- année Ilya et Emilia Kabakov, HEC fête ses 15 ans et vous invite seront projetées au cinéma d’art neurs, professionnels et amateurs artistes d’origine russe. Ils à venir découvrir le dimanche 18 et d’essai parisien La Pagode, le à découvrir leurs artistes. L’ENSBA proposent au public de se perdre mai les œuvres réalisées par les 26 juin. sera associée à cet évènement dans le dédale d’une ville artistes en résidence sur le en exposant pendant trois jours utopique, L’étrange cité, du 10 mai campus depuis 2010 dont The Emmanuel Régent au FRAC au sein du Palais des Beaux-Arts au 22 juin. altar of sacrifice des Frères PACA un artiste de chaque galerie. Chapuisat. Son exposition : L’Aube incertaine, Tomasz Kowalski, jeune artiste HEC 1 Rue de la Libération, Jouy fait suite à l’acquisition d’une La Fondation Van Gogh à Arles polonais, a été nommé Lauréat en Josas oeuvre de l’artiste par le FRAC. Du vient d’ouvrir ses portes, après 3 du Prix de Dessin 2014 de la 4 juillet au 30 août , 20 bd de ans de travaux, dans un hôtel Fondation d’Art Contemporain Ateliers portes ouvertes des Dunkerque, à Marseille, où l’on particulier du XVe siècle entière- Daniel & Florence Guerlain. Beaux arts, 4 et 5 juillet pourra voir d’autres dessins dans ment repensé et agrandi. Elle du 11 juin au 5 juillet, 3 semaines les vitrines des Galeries Lafayette. accueille deux expositions Le salon biennal CRAC 2014 se de conférences d’artistes et jusqu’au 31 août : Couleurs du tiendra à Champigny du 6 au 25 performances. Artaissime N°7

11 Ailleurs

FRAC Centre, Double jeu

réappropriation de la ville (Attia/La Pietra, Colomer/Friedman, Froment/Soleri), les ar- chitectures modulaires (Beau/Hafner, Pré- vieux/ Chanéac) ou encore, les construc- tions précaires et poétiques de l’espace (Reip/Sottsass Jr.). D’autres procèdent aussi à un détournement dans la perception de l’espace et du temps (Garcia/Superstudio, Lamarche/Pettena). La raffinerie miniature de Cécile Beau, Prix Découverte des Amis du Palais de Tokyo en 2011, illustre parfaitement le propos avec une architecture incroyable constituée de verreries de laboratoire qui distillent et pro- pagent un son de flux urbains. C’est aussi l’occasion de découvrir la nou- velle architecture dynamique et auda- cieuse de l’agence Jakob + Macfarlane, totalement dessinée numériquement. Cette superbe extension, structure tubulaire re- couverte d’aluminium et de verre, revisite l’ancien entrepôt militaire devenu labora- toire d’architecture expérimentale. Cécile Beau, C=1/√px, Installation sonore, 2008, Copyright Cécile Beau Sylvie Fontaine Depuis sa création au début des années confrontations entre ces artistes d’au- 1990, le Frac Centre questionne les rapports jourd’hui et ces architectes des années entre pratique artistique et architecturale. Il 1960-70 contribuent ici à une compréhen- infos pratiques invite cet été, douze artistes de sa collection sion renouvelée de ces projets d’architec- Les Turbulences, FRAC Centre à choisir et présenter un architecte aux cô- ture. 88 rue du Colombier, Orléans tés de leur œuvre. L’exposition met en exergue à travers cette du 17 mai au 17 août Échos et résonances, dissonances et double vision, les démarches activistes de Sophie Dubosc, Avec ou sans raison

Dans le cadre de Monographie, Sophie Du- geté du titre qu’elle a souhaité pour cette sée sur leurs surfaces alors que la proposi- bosc (née en 1974) investit le FRAC Haute- exposition Avec ou sans raison ! En réfé- tion de Rideau, (re) créée, provoque la frus- Normandie par un dialogue de 12 pièces, rences à la gravure éponyme de Goya et à tration de ne pouvoir accéder derrière de Décharge (2005) à trois (re) créations in- une autre estampe de cet maître espagnol cette pièce de tissu verte alourdie par le situ dont Détail, un infini déroulé de 60 dont elle souligne l’engagement : Le som- plâtre qui en dessine les plis. Dérèglement mètres de long recouvert de cheveux. Étran- meil de la raison engendre des monstres. de la raison en sorte ! De l’autre artiste convoqué : Eadweard Gilles Kraemer Muybridge, elle emprunte les titres de The Human Figure in Motion qu’il donna à cha- infos pratiques cune de ses décompositions de corps en FRAC Haute-Normandie mouvement en les juxtaposant sur les pho- 3, Place des Martyrs-de-la-Résistance, tographies officielles qu’il prit du camp mili- Sotteville-Lès-Rouen taire étasunien de Gillem ; le tout est restitué du 17 mai au 27 juillet dans sa vidéo Panorama. Et le troisième sera anonyme, par ce troublement de l’ap- parent, en caviardant tous les noms propres d’un échange de lettres pour ne laisser que l’anonymat de Correspondance. Dans cette exposition, interrogeant le corps de souffrance - Bras cassé sublimisé par sa seule fonte dans ce matériau noble qu’est le bronze -, la violence politique - Décharge par la surface d’un bureau noirci d’encre de Chine -, le dérisoire du seul nom de Vic- toire au tronc de plâtre sans bras ni jambe, posée sur une table de camping, se joue la correspondance des affinités du minima- lisme des moyens et du surréaliste du mes- sage, en des processus d’appropriation qu’elle se plaît à dérégler. L’installation revi- sitée de tapis de prière : Prière joue de son instabilité et de sa vulnérabilité par la Sophie Dubosc, Bras cassé, 2011.

Artaissime N°7 Sophie Dubosc, Victoire, 2008. © Sophie Dubosc poudre de cendres de bois si volatile dépo- Collection Frac Haute-Normandie © Sophie Dubosc 12 Frac Nord-Pas de Calais, Nouvelles Générations - Constellations

salle entière est tapis- sée de papier car- bone d’où le pigment s’écoule sur le sol, comme un vestige d’une mémoire déla- vée.

Deux nouvelles exposi- tions sont proposées cet été à partir de la collection : « Nouvelle génération » qui ques- tionne la place du jeune, son importance et les difficultés aux- quelles il peut se heur- ter et, met en scène ri- tuels et chemins de vie d’adolescents et « Constellations » qui montre le dialogue entre des œuvres an- térieures et les récentes acquisitions autour de la thématique de l’ex- ploration galactique

ECHAKCH Latifa, A Chaque stencil une révolution, 2007,Courtesy Latifa Echakch et Kamel Mennour, et des éléments de la sphère céleste. L’itiné- Collection FRAC Nord-Pas de Calais © Latifa Echakch raire propose au visiteur une expérience perceptive au travers des œuvres avant de Située face à la mer sur le site historique des reste un espace libre d’usage, incitant à la découvrir le ciel étoilé dans le Belvédère du chantiers navals de Dunkerque, la nouvelle réflexion et la contemplation. 4ème étage. architecture du FRAC par Lacaton & Vassal, La collection de ce FRAC, commencée en Sylvie Fontaine à proximité du LAAC, renforce magnifique- 1983 recense des œuvres d’art contempo- ment ce pôle de création contemporaine. rain et de design réunies autour d’un infos pratiques Le bâtiment, jumeau transparent adossé à noyau historique. Depuis 1998, l’accent est FRAC Nord-Pas de Calais l’ancien atelier de préfabrication AP2 sur- porté sur l’interaction entre art et design 503 avenue des Blancs de Flandres, nommé « la cathédrale », se déploie sur six comme le montre l’installation de Lang et Dunkerque niveaux. Il s’ancre dans le paysage comme Baumann visible actuellement dans l’es- Nouvelle Génération une « maison ouverte » invitant le prome- pace du café. Une autre œuvre semi pé- Constellations neur à découvrir ses nombreux espaces in- renne est celle de Latifa Echakhch, où une du 17 mai au 31 août térieurs. Les architectes ont réussi à préser- ver la mémoire du lieu, en conservant intacte la halle initiale, tout en proposant son double qui répond parfaitement au cahier des charges d’un FRAC. En effet un FRAC n’est pas un musée mais il a pour mis- sion de montrer les œuvres de sa collection, à ce jour 1500 pièces, dans des espaces d’exposition en interne mais aussi hors ses murs, de pouvoir projeter films et vidéos dans une salle obscure. Il se doit également de sensibiliser les différents publics à la création contemporaine au travers de mé- diations et d’ateliers. Enfin il doit prévoir des espaces de stockages pour sa collection actuelle et en devenir. Toutes ces fonctions ont trouvé place dans ce volume aménagé en modules qui peuvent être compartimen- tés selon les besoins et ce au sein d’une en- veloppe légère, isolante et laissant pénétrer la lumière naturelle. Au fil du parcours, le visiteur perçoit les vo- lumes différemment et ne découvre la vue panoramique qu’au dernier étage sur le Frac Nord-Pas de Calais © Philippe Ruault / Lacaton&Vassal

Belvédère, sorte de terrasse couverte, qui Artaissime N°7 13 Des artistes désarmants

des cadres accrochés à l’envers, témoins muets. Leur présence virtuelle est renforcée au sol par une pile impressionnante de cartes postales de monuments aux morts, elles aussi empilées à l’envers. Liane Lang a réalisé une série de petites sculptures en bronze afin de recréer des sta- tues officielles disparues. Elle s’intéresse à la question du sens de la préservation et de la destruction des icônes. Elle pose dans les bras de sculptures monumentales mises au rebut, un mannequin en silicone. Ironise pa- rallèlement sur le fait que les socialistes aient fondu des statues de tsars pour ériger à la place des sculptures de Lénine. Michel Aubry entretient un rapport ludique avec la guerre. Il dialogue avec Joseph Beuys, pilote survivant de l’armée alle- mande dont la légende dit qu’il aurait été sauvé par des Tatars, hommage et démysti- fication ! Même démarche vestimentaire au sujet du manteau de l’écrivain-entomologiste Ernest Jünger, discrètement brodé d’insectes. Mi- chel Aubry bourdonne autour de l’auteur de l’oeuvre Orages d’acier. Enfin, cette exposition trouve tout son sens et son intérêt dans la présentation majeure des pièces de l’artiste benjamine, Léa Le Bri- comte, fascinée depuis l’enfance par les jouets de garçon et dont les grand-parents étaient armuriers. Le corps de Léa est régu- lièrement l’objet de performances. Elle ma- nie les armes pour les tourner en dérision. Ses médailles font référence aux drippings de Pollock, à Robert Filliou. Le même qui pro- posait dans une Déclaration officielle en 1970 d’échanger les monuments aux morts avant de faire la guerre. On ne peut rêver de plus bel hommage à la Paix.

Geneviève Roussel

infos pratiques Musée des Beaux-Arts de Calais 25, rue Richelieu, Calais Monument jusqu’au 16 novembre

Michel Aubry, Le Manteau d’Ernst Jünger, 2011, © Michel Aubry_Courtesy Michel Aubry et Galerie Eva Meyer

L’anniversaire de la Première Guerre mon- Voir les magistrales et esthétiques pyra- diale, du Débarquement en Normandie mides de sable domestiqué de Benoît Bil- s’imposent comme thèmes de réflexion lotte. Puis, adhérer à la démarche de Pa- Carole Fékété montrera l’une de ses vidéos, autour de la question de la commémora- trick Tosani qui s’inscrit dans le registre de la du 14 au 17 mai, galerie Scrawitch, 6bis cité de l’ameublement, Paris 11è tion. mémoire à la manière de Boltanski. Avec Monument est une déambulation qui dé- bute par le Prêt à porter guerrier de Sylvie Ungauer. L’artiste présente des modèles ré- duits de blockhaus construits sur la Côte par les Allemands. Sylvie Ungauer, avec la dextérité d’une modiste, habille de feutre gris ces monuments anthropomorphes pour qu’ils s’apparentent à des coiffes, des bunker-burqa transformés en architectures portables. Clin d’œil sensible et criant aux femmes voilées, démonstration habile où l’architecture fait corps, l’habit se substitue à l’habitacle avec une même sensation de prison ou d’armure. En écho, Carole Fékété remonte le temps jusqu’au Moyen Age. Comme une sage photo de classe, petits et grands posent gentiment dans leurs armures. De sages soldats de plomb remis à neuf, si paci- fiques qu’on n’en oublierait presque leurs Carole Fékété, Les Armures, 2014, Coproduction FRAC Basse-Normandie,

Artaissime N°7 fonctions guerrières, quoique ! Musée des beaux-arts, Calais, Musée de l’armée, Paris et l’artiste © Carole Fékété 14 Georges Rousse, Utopies partagées

tives est le fruit d’une manipulation artistique, d’un travail géométrique dans des angles à calculer, des formes à peindre sur les murs, sol et plafond, donnant naissance à une forme géométrique qui sera visible d’un point de vue unique. La photographie de Georges Rousse en gardera la réminiscence. L’une des salle est entièrement dédiée à l’œuvre qu’il a réalisée en janvier 2014 en Inde, dans un des bidonvilles de Mumbai (ex-Bombay), Shivaji Nagar, avec la complicité de jeunes Rhônalpins et Indiens en insertion. Sur Le Pla- Georges Rousse, Mumbai 2014, making off © Sandra Galligaro teau est reconstitué à l’identique le lieu de réalisation de cette œuvre, une pièce carre- lée dans laquelle il inséra un rond puis une Le Plateau, au sein du bâtiment du Conseil à l’oubli, les transforme une dernière fois dans étoile. régional de Rhône-Alpes, accueille Utopies ce passage de la friche à l’œuvre d’art. Ils Gilles Kraemer partagées de Georges Rousse (né en 1947), jouissent d’une nouvelle vie, éphémère exposition d’une quarantaine d’œuvres, de certes mais fixée dans l’éternité par le témoi- infos pratiques gnage photographique de son travail d’ana- 1982 à 2014 : photographies de bâtiments Le Plateau - Région Rhône-Alpes promis à la démolition ou en reconversion en morphose, ce troublement visuel si cher aux 1 esplanade François Mitterrand, Lyon Rhône-Alpes, Paris, Palerme, Houston ou artistes de la Renaissance (comment ne pas jusqu’au 26 juillet Montréal, esquisses de ses projets, carnets de penser au crâne anamorphosé des Ambas- voyage et vidéos. Investissant les décombres sadeurs d’Hans Holbein le Jeune), dans ce Autre exposition de Georges Rousse d’un édifice ou les locaux désaffectés, il re- tremblement entre réel et imaginaire, premier au Creux de l’enfer à Thiers transfigure ces lieux voués à la disparition ou et arrière plan. Ce vacillement des perspec- du 4 juin au 14 septembre Walid Raad au Carré d’Art de Nîmes

tuel à partir des traces de la guerre civile. Pré- sentées comme une fondation, les archives sont en réalité compilées par l’artiste, réinven- tées ou fantasmées, à partir de matériaux existants ou non, ce qui conduit à un brouil- lage des frontières entre fiction et documen- taire, auteur et réceptacle, perception psy- chique et véracité historiographique. Un art du décalage temporel renforcé par un dispo- sitif artistique ambigu, que l’on retrouve dans Scratching on Things I could Disavow décou- vert partiellement au Louvre en 2013. Repre- nant le même mode opératoire présentant son travail comme des énigmes ouvertes au spectateur, il dessine les contours du devenir de l’industrie culturelle occidentale transpo- sée au Moyen Orient (Le Louvre, Guggen- heim) et les incertitudes face à cette dérive universelle et à ce recul de la tradition sur fond de guerres incessantes dans toute la zone. Marie de la Fresnaye

infos pratiques Carré d’Art - Musée d’art contemporain de Nîmes 16 place de la Maison Carrée, Nîmes Walid Raad, Préface Walid Raad, I Might Die Before I Get A Rifle_Device I, 1989, impression jet d’encre (encres archive et papier),160 x 212 cm. Courtesy de l’artiste et Galerie Sfeir-Semler, Beyrouth / Hambourg © Walid Raad du 23 mai au 14 septembre

Cette première rétrospective d’envergure ching on Things : could Disavow (depuis muséale au Carré d’art musée d’art contem- 2007). Initié en 1989 et fondé officiellement 10 porain de Nîmes se focalise sur deux corpus ans plus tard, the Atlas Group est un collectif emblématiques de l’artiste libanais Walid situé entre Beyrouth et New York qui entend

Raad : The Atlas Group (1989-2004) et Scrat- réécrire une histoire alternative du Liban ac- Artaissime N°7

15 Stéphane Pencréac’h, Peinture d’Histoire

Stéphane Pencréac’ch, Tunis, 2013, huile sur toile, polyptique, 195 x 780 cm © ADAGP, Paris, 2014.

Comment ne pas évoquer les Grandes mi- cette ville aux 333 saints. Avec Tunis, à l’ori- dissant slogans et drapeaux est très impres- sères de la guerre de Callot ou El tre de gine du « Printemps arabe » par la mort de sionnant. Comme un raccourci entre passé mayo de Goya en regardant ces représen- Mohamed Bouazizi s’immolant par le feu, et présent, la foule avance, encadrée, tations des conflits au Maghreb et au ce corps martyr apparait en élévation alors entre le dieu funéraire Anubis et une Proche-Orient que Stéphane Pencréac’h que la foule converge vers la ville embra- femme brandissant un slogan et, de l’autre (né en 1970) interprète dans ses toiles de 8 sée. Dans un coin, des femmes brandissent côté, les mains ensanglantées des ennemis mètres de long montrées au MAMAC, dans le slogan « Dégage ». Dans Tripoli, un corps tués au combat dans l’Égypte antique et cette dénonciation et cette émotion face à supplicié se dédouble en miroir, pendu par Hosni Moubarak emprisonné. ces événements de l’histoire avec un les pieds, un sac sur son visage. Un garçon, Gilles Kraemer grand H. Tombouctou dans un large pano- moderne Gavroche, observe la révolution ramique montre, en sa figure centrale, une en marche, cette ville incendiée et la foule, moderne Pietà avec une victime qui se re- massée sous les bannières nationales, dé- infos pratiques MAMAC – Musée d’Art Moderne et d’Art trouvera en lévitation sur les panneaux laté- ferlant vers le rivage. Au mur, la photogra- contemporain raux. À gauche et à droite, un rond de phie de Nicolas Sarkozy, marquant l’impli- Place Yves Klein, Nice sang évoque la planète Mars, celle du cation française, surplombe le portrait de jusqu’au 31 août dieu guerrier et des slogans apparaissent Khadafi peint au sol en anamorphose. Le que salafistes et intégristes affichaient dans peuple du Caire, venu des faubourgs, bran- Tailles douces, CRAC de Sète Jacques Julien envisage l’espace d’exposi- joue de l’ambivalence abstration/figura- debout, nous laisse dans la bouche une tion comme un terrain de jeux qu’il module tion, et sa série de 72 petites sculptures ma- saveur douce amère, comme une méta- à l’infini, le monde sportif devenant pour lui nuelles, les Empathiques, réalisées pour phore sensible de la sculpture d’au- prétexte à dépasser l’antagonisme pein- Chamarande, est un condensé de ses re- jourd’hui. ture/sculpture, pour sonder distanciation cherches plastiques, où s’inscrivent en fili- Marie de la Fresnaye critique et rapport au spectateur. Dans grane les figures de Jaspers Johns, Giorgio infos pratiques cette première grande monographie en de Chirico, René Magritte... Un répertoire de Centre Régional d’Art Contemporain France, il nous livre toutes les facettes ré- gestes et de formes qui tend vers une éco- Languedoc-Roussillon centes de ses réflexions sur les enjeux fon- nomie de moyens et dimension artisanale. 26, quai Aspirant Herber, Sète damentaux de la création artistique, s’ap- Les ruines et prémices d’une sculpture de- Jacques Julien, Tailles Douces propriant l’espace, du sol au plafond, d’un viennent un magma organique, sorte de jusqu’au 9 juin point de vue perspectif. Oscillant pâte à modeler, de cimetière d’oeuvres. entre spectaculaire et absurde, son icono- Manipulation et ratage. Rebus et régression. graphie engendre une dérive narrative, où Cordes, chaînes, rondins, cabanes,coussins nous rencontrons un jardin de sculptures à rayés en noir et blanc, ces éléments par es- hauteur d’enfant sur paillasson, un pan- sence contradictoires renvoient à la littéra- neau de basket avec des jambes, un ture, dans des correspondances autour de nuage en herbe, une cabane pour oiseaux l’errance et de la solitude. Buster Keaton lui- suspendue, des corps morts à l’abandon, même n’était-il pas condamné à une pente des maquettes empathiques, le tout dans trop raide ou un vent trop violent ? Il semble une dimension tragico-poétique où il est en tout cas que Tailles Douces, dans sa per- question de la chute et d’une temporalité sistance à vouloir faire bonne figure et tenir anesthésiée. Comme une impuissance de la sculpture où le panneau de basket en équilibre pré- caire contient l’idée du tableau le plus radi- cal et abstrait qui soit : le carré noir sur fond blanc. Fortement influencé par Barnett Newman, Blinky Palermo ou Carl André, il

La grande exposition de l’été au CRAC sera consacrée à Melik Ohanian avec des dispositifs multiples inédits ou réacti- vés pour une expérience de l’in situ qui dépasse les cadres habituels de l’image et de ses formes spatio-temporelles. Jacques Julien, sans titre, 2014 - The Letter (after David Smith), Jacques Julien - série Les vagabonds, 2011 - sans titre, 2014

Artaissime N° 2014 - Dadada, 2013. Photographe : Marc Domage © CRAC LR Production CRAC LR. Photographe : Marc Domage © CRAC LR 16 Peter Downsbrough, amplitude à l’œuvre au MRAC de Sérignan

que l’on soit dans la salle basse (dédiée à de grandes séries de photographies), le cabinet d’arts graphiques (l’artiste a réalisé 101 livres), les salles du haut (consacrées aux maquettes et aux films) ou même les couloirs et coursives. Comme une partition qui se déroule à l’infini, les champs d’inter- vention de l’artiste articulent une pensée et questionnement la place du corps. Les maquettes, qui renvoient à sa formation ini- tiale d’architecte, disposées sur des socles comme des oeuvres à part entière, des- sinent de futures interventions dans l’es- pace urbain. Conçu comme un storyboard en puissance, le film qui se concentre sur l’espace mémoriel, répond et interagit avec le livre comme medium.

Situé dans une ancienne cave viticole et signalé par l’oeuvre de Daniel Buren «Rota- tion», le MRAC, inauguré en 2006, présente sur une totalité de 2700m² également une nouvelle présentation de ses collec- tions, qui met l’accent sur les dernières ac- Peter Downsbrough, AND, HERE, AS, OR, SET four corner piece, 2013. Sculpture en quatre parties. Courtesy de l’artiste et galerie quisitions d’artistes de renommée natio- Martine Aboucaya, Paris. ©Peter Downsbrough and Artists Rights Society (ARS) New York. Photographie J-P Planchon nale et internationale, des années 1960 à A la croisée entre minimalisme et art phies, films, estampes, éditions, dans des nos jours. conceptuel, Peter Downsbrough opère dès dispositifs inédits. La plasticité du langage la fin des années 60 une lecture multiple de et une structuration nouvelle de l’espace à Marie de la Fresnaye l’espace fondée sur la juxtaposition de l’aide de figures géométriques simples qui signes et d’intervalles jouant sur le rapport suggèrent plutôt qu’elles ne délimitent, in- infos pratiques extérieur/intérieur, signifiant/signifié dans vitent le spectateur à une projection autant Musée Régional d’Art Contemporain une pratique de l’épure constante et rigou- esthétique que philosophique autour du Languedoc-Roussillon 146 Avenue de la Plage, Sérignan reuse. Pour sa seconde invitation au Musée déplacement et passage du temps. Ce qui Peter Downsbrough Régional d’art contemporain de Sérignan il sépare et ce qui rassemble (and,as,but, jusqu’au 11 juin intervient dès le parvis du musée pour nous encore, la, la) des allocutions monosylla- Rosson Crow conduire jusqu’à un au-delà visuel parse- biques combinées à des lignes orthogo- à partir du 28 juin mé d’indices et d’entre-deux, où sont nales : un programme tout en discrétion qui convoqués tour à tour sculptures, photogra- atteint ici une réelle puissance de frappe, Peter Buggenhout à Vassivière post-apocalyptiques de l’artiste, qui mêlent stabilité industrielle et fascination pour l’in- forme, prennent une résonnance particu- lière. A chaque salle correspond une typo- logie d’œuvres précise, couvrant une vingtaine d’années, des « Gorgo » aux « Mont Ventoux ». Mais c’est dans la nef du centre d’art qu’il nous livre un amalgame puissant de toutes ses recherches, dans ce vaisseau fantôme à la dérive, maquette remplie de déchets industriels qui rejoue l’artifice du bâtiment, œuvre dans l’œuvre, architecture dans l’architecture. Dans l’obscurité du phare, comme en contrepoint à l’histoire du tourisme de Vassi- vière depuis les années 1950, cette sil- houette dégonflée et souillée nous laisse face à un sentiment d’instabilité, comme après une catastrophe. Entre mythologie et science fiction, Peter Buggenhout nous invite, à Vassivière, à un nouveau voyage chaotique et perturbant, au carrefour de l’infra-mince et des muta- tions infinies de notre monde contempo- rain. Exposition «Champ d’expériences», 2012 Centre international d’art et du paysage de l’île de Vassivière © Aurélien Mole Le bois de sculptures Implanté sur l’île de Vassivière, le bois de Depuis 2012, le Centre International d’art et post moderne du bâtiment signée Aldo sculptures du Centre d’art accueille des de paysage de l’île de Vassivière s’est doté Rossi, c’est l’artiste flamand Peter Buggen- œuvres temporaires ou permanentes, mo- d’une résidence d’artistes dans l’annexe hout qui est invité aujourd’hui à exposer, numentales ou discrètes. du château, multipliant ainsi les potentiels dans la lignée d’artistes phares tels que Marie de la Fresnaye d’un lieu emblématique stimulant l’imagi- Thomas Hirschborn, Fabrice Hyber, Claude infos pratiques naire autour des enjeux actuels de la sculp- Lévêque, Michelangelo Pistoletto ou Tino ture. Sehgal. Centre international d’art et du paysage de En écho à « l’île aux pierres », au milieu d’un Sur ce territoire îlien multipliant les points de l’Ile de Vassivière, Beaumont-du-Lac lac de 1000 hectares, et à l’architecture vue sur la nature et les œuvres, les épaves jusqu’au 22 juin Artaissime N°7

17 Territoires

Un voyage à Nantes : entre terre et mer, l’art contemporain Le Voyage à Nantes, manifestation festive et estivale mise en œuvre depuis plusieurs an- nées par la ville de Nantes, permet de décou- vrir au gré d’un parcours urbain des œuvres d’art contemporain, installées pour certaines de manière pérenne de Nantes à Saint-Na- zaire au fil des différents Estuaires, transformant durablement le paysage de cette terre en mouvement et haut lieu du spectacle vivant et décalé (qui ne connaît pas le Royal de Luxe et ses Machines merveilleuses autant qu’infer- nales ?). Le Voyage à Nantes, un parcours, des lieux investis par différents artistes : le cru 2014 est prometteur Signalons notamment la présence d’une œuvre de Vincent Mauger sur la célèbre place du Bouffay (Artaïs vous a emmené voir son exposition à la Maréchalerie en 2012), et surtout le musée nomade Curiositas, avec Anne et Patrick Poirier en artistes invités. Ces deux artistes, sculpteurs, architectes et ar- chéologues à leur façon, ont répondu à la sol- licitation du musée des Beaux-Arts en cours de rénovation et extension, et proposent un par- cours d’exposition de ses collections dialo- Vue de l’exposition de Bruno Peinado, L’Echo/Ce qui sépare au Frac des Pays de la Loire. Cliché Marc Domage guant avec celles du musée Dobrée et du Museum d’histoire naturelle, dans cinq hauts les croisant dans un univers à la fois fantasma- sant et disparaissant au gré des marées, et dont lieux du patrimoine nantais : le Lieu Unique, la gorique et inspiré de l’ordinaire. les vertèbres figurent les carrelets, poissons ty- Maison de l’architecture, l’Ecole d’architecture, L’exposition conçue à la HAB Galerie est une piques de la pêche locale. le passage Sainte-Croix et le Temple du goût. rétrospective qui permettra d’approcher l’en- Conçus comme des « Chambres de curiosi- semble des thèmes universels chers au fonda- Bruno Peinado déjoue le rôle du commissaire tés », ces espaces entrent en résonance avec teur du mouvement Xiamen Dada ayant pour pour le Frac Pays de la Loire devise « le zen est Dada. Dada est le zen » : les Un peu comme un buffet qu’il dresserait pour grands mythes, les stratégies du pouvoir, les des amis, Bruno Peinado invite à sa table souve- capacités destructrices et créatrices de nirs nantais (il a passé 4 années dans cette ville l’Homme… pour son post-diplôme à l’Ecole des Beaux-Arts de 1993 à 1997), anciens étudiants et proches Un peu plus loin sur l’estuaire dont le paysage (ses filles notamment !). Au final, plus de 200 -ar est désormais ponctué d’œuvres pérennes, on tistes. pourra découvrir son Serpent d’océan créé Dans un jeu de correspondances affectives et pour Estuaire 2012 sur une plage de Saint-Bré- formelles, nous voyons surgir un paysage (Jardin vin-les-Pins, squelette de reptile de 120 m de des Simples comme il le qualifie) fortement co- long faisant écho à la forme sinueuse d’un loré à Carquefou au Frac Pays de la Loire. pont tout proche de Saint-Nazaire, apparais- Comme des archipels échappés d’un conti- PingPong, Huang Yong Ping, Three Wings, 2003, et Yong Ping - nent éclaté les oeuvres s’inscrivent dans des Ping Pong, 2002-2005, courtesy Huang Yong Ping, Paris ruptures, des disjonctions qui découpent l’es- les chefs-d’œuvre des collections des musées. pace en zones autonomes et dès le mur de l’entrée conçu comme un wall drawing d’in- Et aussi, un Magicien de la terre à la HAB Galerie fluences. Selon lui : le réel ne serait qu’un leurre La HAB Galerie, lieu dédié à l’art contempo- total, qu’un pli déjoué et démultiplié par de rain, présente une exposition monographique nombreux points de vue, de décalages. Ce qui de l’artiste chinois Huang Yong Ping, décou- sépare titre de l’exposition n’est qu’un des deux vert par le monde occidental à l’occasion de volets de l’intervention du plasticien qui se pour- la mythique exposition Les Magiciens de la suit à la HAB galerie avec l’Echo, la face ca- Terre au centre Georges Pompidou et à la chée, le revers, une «schizophrénie de commis- Halle de la Villette en 1989. saire» déclare-t-il, tout en noir et blanc. Cet artiste né en 1954 développe un art qui in- terroge sans cesse les cultures, les confrontant, Marie de La Fresnaye et Nadine Poureyron

infos pratiques Le Voyage à Nantes du 27 juin au 31 août HAB Galerie 21 quai des Antilles, Nantes Huang Yong Ping, exposition monographique jusqu’au 14 septembre Frac Pays de la Loire La Fleuriaye, Carquefou Bruno Peinado, l’Echo/Ce qui sépare - une exposition personnelle collective (ou l’inverse) jusqu’au 1er juin Palanquin, Huang Yong Ping, Palanquin, 1997, courtesy Huang TheWiseMan, Huang Yong Ping, The Wise Man Learns from Yong Ping, Paris the Spider How to Spin a Web, 1994, courtesy Huang Yong Gerard Byrne

Artaissime N°7 Ping, Paris du 4 juillet au 21 septembre 18 Rencontres Miguel Angel Molina, L’effet mcguffin

Comme certains savent, pour expliquer ce qu’est un mcguffin, le mieux est de raconter cette scène qui se déroule dans un train… « Pourriez vous me dire qu’est-ce c’est que ce paquet à l’as- pect bizarre que vous avez placé dans le filet au-dessus de votre tête? » demande un passager. L’autre, répond : « ah!, ça c’est un mcguffin. » Le premier veut alors savoir ce qu’est un mcguffin et l’autre lui explique : « Un mcguffin est un appareil pour chasser des lions en Allemagne. » « Mais en Allemagne, il n’y a pas de lions !? », dit le premier. « Alors ça, ce n’est pas un mcguffin…» dit l’autre. Kassel n’invite pas à la logique. Enrique Vila-Matas

raconter une bonne histoire, sans attacher trop d’importance aux petites approximations. Il considérait les films comme un spectacle en soi et non comme une copie conforme de la réalité. de Buren. Pour d’autres, ce serait simplement Vila-Matas, qui est un grand conteur, raconte une histoire vécue ou inventée, une image souvent les histoires des autres comme la banale ou inquiétante aussi bien que l’ab- sienne propre et le récit final est un étrange sence d’image. mélange entre érudition documentaire et his- Mon travail prend la nature plus ou moins li- toires inventées où l’on glisse du vrai au vrai- quide de la peinture pour mettre en évidence semblable en passant par l’absurde. Finale- le caractère culturel des dispositifs liés à son ment le macguffin est un prétexte pour mettre histoire. Les Tableaux ratés comme les Pein- en place un sujet plus vaste, une sorte de porte tures en forme de flaque de peinture sont des d’entrée. macguffin au service du plaisir de manipuler Le livre de Vila-Matas commence avec cette des supports et la matière colorée de la pein- petite histoire qu’Hitchcock aurait racontée à Le travail des artistes tient aussi à ce qu’on ture. Mes productions sont le résultat de cette François Truffaut, pour se moquer de ceux qui pourrait appeler l’effet mcguffin. Les nénu- confrontation avec la réalité concrète des exigent une explication à tous les éléments phars ou la Cathédrale de Rouen seraient les matériaux, mais aussi d’une attitude concep- d’un film et une cohérence parfaite entre eux. macguffin de Monet au même titre que les tuelle et vitale face au monde. Pour Hitchcock, il était avant tout question de bandes verticales de 8,7 cm sont le macguffin Miguel Angel Molina Roland Schär : fragments – îlots – inventaires Depuis toujours, je me pose la question sur la façon dont on aborde le monde : comment l’interprète-t-on, comment est-il organisé et com- ment peut-on y intervenir ?

Il s’agit d’interroger l’identité des objets, leur lieu d’avènement, et de créer une nouvelle spatialité qui rende compte des migrations des formes.

Certains travaux posent la question de la pertinence de l’organisation du savoir telle qu’elle a été fondée par les « cabinets de curiosité » : en confrontant ces univers miniatures à de nouvelles formes, de nouvelles textures, en les mettant en résonance avec une part de rêve, de liber- té, je mets en question les références intellectuelles et les repères esthé- tiques qui fondent notre compréhension du monde.

En partant de matériaux dessinés en voyage et de dessins très libres exécutés dans l’atelier, j’associe l’ailleurs au local dans des composi- tions numériques. Il en résulte des inventaires imaginaires, évolutifs et Roland Schär, Inventaire #2, 2012. 60x143 cm. Impression pigmentaire sur papier Hanemühle fragmentaires, ainsi que des cartes-téléscopages d’où émerge une géographie recomposée et intime, aidant à lire différemment le monde qui nous entoure. Roland Schär Brèves

Le 4e Prix DRAWING NOW plasticiens agés de moins de 40 décerné à Elizaveta Konovalova la Galerie Delacroix de Tanger a été remis à Cathryn Boch, ans par leurs aînés. et le Prix du Public à Thibault en début d’année 2015. présentée par la Galerie Brunet. Claudine Papillon. Prix Sciences Po Le Prix de la jeune scène Pour sa 5ème édition, le Prix Le Prix DDessin {14} / Institut artistique méditerranéenne, Le 18e Prix Antoine Marin se Sciences Po pour l’art contem- français de Tanger a été créé par HYam associé à la tiendra du 6 au 28 juin 2014 à la porain vient de récompenser attribué, samedi 29 mars 2014, à Fondation Jean-Luc Lagardère, galerie municipale Julio deux jeunes artistes résidant et l’artiste français Tudi Deligne réservé aux artistes de moins de Gonzalez d’Arcueil. Un soutien travaillant en France parmi 10 représenté par la Galerie 36 ans de nationalité grecque indispensable à la jeune artistes sélectionnés par un jury Mariska Hammoudi (Paris). Ce ou chypriote, sera remis le 2 création à travers 3 Prix et le de professionnels du monde de prix offre à l’artiste l’opportunité juillet chez Artcurial. parrainage de 12 jeunes l’art. Le Prix du Jury a été de partir un mois en résidence à Artaissime N°7

19

Programme Les multiples d’Artaïs d’Artaïs Débutez sans risques votre collection d’art contemporain prix : 40 euros / exemplaire Mai dimanche 18 Rencontre avec Cécile Beau Mathieu Weiler, Tuyaux samedi 24 impression couleur 59ème salon de Montrouge 29,4 X 29,7 cm sur papier conqueror CX 22, 320 g 25 exemplaires Juin numérotés et signés par samedi 14 l’artiste Petit tour de galeries du Marais dimanche 15 Rencontre avec Marion Verboom

samedi 28 David Ortsman, sans titre Entrées libres, programmation impression couleur d’inauguration de La terrasse : 29,3 X 39,6 cm sur papier Ramsà, Autre chose espace d’art de Nanterre conqueror CX 22, 320 g impression couleur 50 exemplaires numérotés 30 X 44 cm sur papier et signés par l’artiste conqueror CX 22, 320 g juillet 25 exemplaires du vendredi 4 au numérotés et signés dimanche 6 par l’artiste week-end “Voyage à Nantes” dimanche 27 pique-nique à Chamarande Nous contacter : [email protected] Août www.artais-artcontemporain.org

du vendredi 22 au .org dimanche 24 L’art dans les chapelles, Bretagne 59è salon de Montrouge (sous réserve) . / pefc-france laud ou encore Antoine Dorotte, tous deux révélés par le Salon.

Co-directrices de la publication : Nous regarderons plus particulièrement les expé- Dominique Chauchat et Sylvie Fontaine rimentations sculpturales d’Anne-Charlotte Yver, Ont collaboré à ce numéro : les parures troublantes de Clémentine Despocq, Dominique Chauchat, Marie-Elisabeth de ou les belles installations de Pierre Clément. Et La Fresnaye, Sylvie Fontaine, Gilles Kraemer, nous nous laisserons surprendre par tous ! Pauline Lisowski, Céline Maillard, Miguel Angel Molina, Françoise Perrachon, Nadine Samedi 24 mai : Tables rondes sur les nouveaux Poureyron, Antoine Prodhomme, Geneviève rôles du collectionneur organisées par l’ ADIAF, Roussel, Roland Schär. Association pour la Diffusion Internationale de l’Art Français, avec au programme : le collection- 3 parutions par an, tirage 4000 exemplaires Pierre Clément, Hectares, 2013. Installation. © Salon de Montrouge neur et sa collection, le collectionneur et son ga- Dépôt légal : 15 mai 2012 leriste, le collectionneur et l’artiste... ISSN 2265-5336 Placé depuis 2009 sous la direction du commis- Prochain numéro : octobre 2014 saire artistique Stéphane Corréard et dans une infos pratiques Version papier disponible scénographie signée matali crasset, le Salon de sur abonnement Le Beffroi Version électronique sur le site d’Artaïs Montrouge continue cette année de promouvoir 2 place Emile Cresp, Montrouge et d’accompagner la création contemporaine 122 rue Salvador Allende, 92000 Nanterre jusqu’au 28 mai ifié PEF C / Ce produit est issu de forêts gérées durablement et sources contrôlées dans toute sa diversité au coeur du Beffroi, bâti- ment emblématique des années 30 de la Ville de Montrouge qui organise et finance le Salon de Avec le soutien d’Etoile imprim Montrouge depuis 1955. 2 rue Henri de France 95870 Bezons

Tél. 01 34 34 14 14 Sur 1500 m2, photographies, sculptures, dessins, vi- Parce que notre intérêt pour l’art n’est pas déos, projets numériques et installations se ré- vèlent ainsi au grand public dans des modules dénué d’éthique, nous sommes 10-31-1189 / Etoile Imprim Ce rt particulièrement heureux de bénéficier de d’exposition dédiés, permettant de découvrir un l’appui d’Etoile imprim, l’une des ensemble significatif et cohérent du travail de imprimeries françaises les plus innovantes chaque artiste. en matière d’éco-responsabilité. Et en outre, Etoile imprim aime l’art contempora in ! Comme chaque année, la sélection 2014 est sou- mise aux regards expérimentés d’un jury compo- sé de personnalités de l’art contemporain qui re- mettra les trois prix du Salon de Montrouge et offrira aux lauréats la possibilité d’être exposés au Palais de Tokyo et à la Biennale JCE (Jeune Créa- Anne-Charlotte Yver, LDF - Acte 3 (Rapt), 2013. tion Européenne), comme avant eux Julien Sa- © Salon de Montrouge