Canal Seine-Nord Europe (59-60-62-80) N°Ae : 2019-61
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Avis délibéré de l’Autorité environnementale sur le Canal Seine-Nord Europe (59-60-62-80) n°Ae : 2019-61 Avis délibéré n° 2019-61 adopté lors de la séance du 18 décembre 2019 Préambule relatif à l’élaboration de l’avis L’Ae1 s’est réunie le 18 décembre 2019 à La Défense. L’ordre du jour comportait, notamment, l’avis sur le Canal Seine-Nord Europe (59-60-62-80). Ont délibéré collégialement : Barbara Bour-Desprez, Marc Clément, Pascal Douard, Sophie Fonquernie, Louis Hubert, Christine Jean, Philippe Ledenvic, François Letourneux, Thérèse Perrin, Eric Vindimian, Annie Viu En application de l’article 9 du règlement intérieur du CGEDD, chacun des membres délibérants cités ci-dessus atteste qu’aucun intérêt particulier ou élément dans ses activités passées ou présentes n’est de nature à mettre en cause son impartialité dans le présent avis. Étaient absents : Nathalie Bertrand, Christian Dubost, Serge Muller, Véronique Wormser N’a pas participé à la délibération, en application de l’article 9 du règlement intérieur de l’Ae : Bertrand Galtier * * L’Ae a été saisie pour avis par le préfet de l’Oise, l’ensemble des pièces constitutives du dossier ayant été reçues le 3 juin 2019, puis le 31 octobre 2019 suite à la demande de compléments, émise par la direction régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie (DRIEE) d’Île-de-France en date du 20 juin 2019, suspendant le délai de l’instruction. Cette saisine étant conforme aux dispositions de l’article R. 122•6 du code de l’environnement relatif à l’autorité environnementale prévue à l’article L. 122•1 du même code, il en a été accusé réception. Conformément à l’article R. 122•7 du même code, l’avis doit être fourni dans un délai de trois mois. Conformément aux dispositions de ce même article, l’Ae a consulté par courriers en date du 7 novembre 2019 : le préfet de département de l’Oise, qui a transmis une note d’enjeux en date du 21 novembre 2019, le préfet de département du Nord, le préfet de département du Pas-de-Calais, le préfet de département de de la Somme, le directeur général de l’Agence régionale de santé (ARS) des Hauts-de-France, qui a transmis une contribution en date du 3 décembre 2019. Sur le rapport de Philippe Ledenvic et Thérèse Perrin, après en avoir délibéré, l’Ae rend l’avis qui suit. Pour chaque projet soumis à évaluation environnementale, une autorité environnementale désignée par la réglementation doit donner son avis et le mettre à disposition du maître d’ouvrage, de l’autorité décisionnaire et du public. Cet avis porte sur la qualité de l’étude d’impact présentée par le maître d’ouvrage et sur la prise en compte de l’environnement par le projet. Il vise à permettre d’améliorer sa conception, ainsi que l’information du public et sa participation à l’élaboration des décisions qui s’y rapportent. L’avis ne lui est ni favorable, ni défavorable et ne porte pas sur son opportunité. La décision de l'autorité compétente qui autorise le pétitionnaire ou le maître d'ouvrage à réaliser le projet prend en considération cet avis. Une synthèse des consultations opérées est rendue publique avec la décision d’octroi ou de refus d’autorisation du projet (article L. 122•1•1 du code de l'environnement). En cas d’octroi, l’autorité décisionnaire communique à l’autorité environnementale le ou les bilans des suivis, lui permettant de vérifier le degré d’efficacité et la pérennité des prescriptions, mesures et caractéristiques (article R. 122•13 du code de l’environnement). Conformément à l’article L. 122•1 V du code de l'environnement, le présent avis de l’autorité environnementale devra faire l’objet d’une réponse écrite de la part du maître d’ouvrage qui la mettra à disposition du public par voie électronique au plus tard au moment de l'ouverture de l'enquête publique prévue à l'article L. 123-2 ou de la participation du public par voie électronique prévue à l'article L. 123•19. Le présent avis est publié sur le site de l’Ae. Il est intégré dans le dossier soumis à la consultation du public. 1 Formation d’autorité environnementale du Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD). Avis délibéré n°2019-61 du 18 décembre 2019 Page 2 sur 46 Canal Seine-Nord Europe Synthèse de l’avis Le projet de nouveau canal « Seine - Nord Europe » (CSNE) reliera l’Oise à Compiègne (60) au canal Dunkerque-Escaut à Aubencheul-au-Bac (59) près de Cambrai. Il permettra une connexion entre le bassin de la Seine et le bassin de l’Escaut.). Il s'inscrit ainsi dans un programme plus large dit "Seine- Escaut" de liaison fluviale à grand gabarit, dans une logique multimodale avec les autres modes de transport, les ports maritimes et les ports intérieurs du Nord de la France, du Benelux et du reste de l’Europe. De nombreux travaux déjà réalisés ou à venir seront nécessaires pour disposer d’un réseau de voies navigables intégralement ajusté au grand gabarit. D’une longueur de 107 kilomètres, le CSNE traverse quatre départements, l’Oise, la Somme, le Pas-de-Calais et le Nord. Le projet est porté par la Société du CSNE (SCSNE)2. Le CSNE a été déclaré d’utilité publique le 12 septembre 2008. Une modification importante du bief de partage (entre les bassins de la Somme et de l’Escaut) a fait l’objet d’une DUP modificative le 20 avril 2017, puis la DUP a été prorogée jusqu’en 2027, le 25 juillet 2018. Le dossier porte sur la demande d’autorisation environnementale du premier secteur, fonctionnel, en complément ou en substitution de l’Oise et du canal latéral à l’Oise. L’étude d’impact du projet a été actualisée à cette occasion. Pour l’Ae, les principaux enjeux environnementaux du projet sont : l’interaction complexe de l’ensemble des thématiques liées à l’eau (morphologie, risques d’inondation, zones humides et frayères, consommations d’eau et qualité), la préservation des habitats naturels terrestres, la capacité des mesures de compensation à recréer ou à restaurer dans la durée, des fonctionnalités écologiques équivalentes à celles des milieux détruits, la gestion d’un volume exceptionnel de matériaux extraits, la qualité des sites de dépôts créés et la maîtrise des risques de pollution liés, l’intégration paysagère de l’ensemble des composantes du canal, la maîtrise des impacts liés aux trafics générés par le canal, au développement éventuel de l’urbanisation et à l’évolution de l’activité agricole, ainsi que la maîtrise des consommations d’énergie et des émissions de gaz à effet de serre d’un projet fondé sur la multimodalité. Le projet présente des impacts forts et multiples. Le dossier est particulièrement fouillé pour ce qui est des volets traités dans la demande d’autorisation environnementale du secteur 1. Les recommandations potentiellement importantes du présent avis ne doivent pas faire oublier le caractère substantiel des mesures proposées et la qualité des études d’ores et déjà disponibles, même si certains points restent à préciser. La SCSNE a d’ailleurs largement engagé les études nécessaires à la finalisation du dossier. Le programme de compensation prévu à l’issue de la démarche d’évitement et de réduction des impacts vise l’équivalence fonctionnelle pour les milieux. Toutefois l’intégration de toutes les composantes reste à consolider pour que celle-ci soit réellement démontrée. À l’échelle de l’ensemble du CSNE, les éléments d’actualisation de l’étude d’impact sont conséquents, même s’il reste encore des incertitudes techniques sur plusieurs questions, en particulier l’étanchéité et l’alimentation du canal dans le contexte du changement climatique, les impacts sur les nappes, le devenir des deux canaux latéraux existants, la sécurité hydraulique des ouvrages des secteurs 2 à 4 et la création d’un pont-canal d’une dimension inédite au niveau mondial, encore peu décrit. Les compléments apportés pour certaines autres thématiques restent partiels, parfois sans pleinement intégrer les évolutions réglementaires intervenues depuis la déclaration d’utilité publique initiale ou l’état de l’art pour leur traitement dans les études d’impact. Les recommandations de cette partie ont donc vocation à être pleinement traitées lors de la prochaine actualisation de l’étude d’impact, voire dans les meilleurs délais pour celles qui concernent le secteur 1. C’est en particulier le cas pour la gestion des déblais et du bruit. 2 Établissement public de l’État à caractère industriel et commercial institué par l’ordonnance n° 2016-489 et le décret n° 2017-427. Après sa mise en service, l’ouvrage sera remis en gestion à Voies navigables de France. Avis délibéré n°2019-61 du 18 décembre 2019 Page 3 sur 46 Canal Seine-Nord Europe Enfin, l’étude d’impact se focalise sur les équipements du CSNE, mais traite de façon plus succincte certaines composantes du projet (plateformes, évolution des canaux et de l’urbanisation...) dont les effets sur les autres enjeux seront importants : la consommation d’espace, l’énergie et les émissions de gaz à effet de serre, les pollutions et nuisances, le paysage. En particulier, la multimodalité est affirmée sans être démontrée alors que les plateformes ont été déclarées d’utilité publique, ce qui pourrait conduire à s’interroger sur les effets positifs attendus de ce grand projet, sur les développements induits sur l’urbanisation et sur l’évaluation des impacts associés. L’Ae recommande donc de prendre en compte l’ensemble des composantes du projet dans les actualisations successives de l’étude d’impact.