Tome X-1972 N' 3
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ACADÉMIE DES SCIENCES SOCIALES ET POLITIQUES INSTITUT D'ÉTUDES SUD-EST EUROPÉENNES TOME X-1972 N' 3 CONTACTS CULTURELS AUX XVII° --XiXe SIÈCLES EDITIONS DE L'ACADEMIE DE LA RÉPUBLIQUE SOCIALISTE DE ROUMANIE www.dacoromanica.ro La REVUE DES ÉTUDES SUD-EST EUROPgENNES paratt 4 fois par an. Toute comman- de de l'étranger (fascicules ou abonnements) sera adressée i Tntreprinderea de co- mer; exterior 4 ROMPRESFILATELIA », Botte postale 2001, Telex 011631, Bucarest, Roumanie, ou h ses représentants i l'étranger. En Roumanie, vous pourrez vous abonner par les bureaux de poste ou chez votre facteur. La correspondance, les manuscrits et les publications (livres, revues, etc.) envoy& pour comptes rendus seront adressés k l'INSTITUT DITUDES SUD-EST EUROPEEN- NES, Bucarest, sectorul 1, str. I. C. Frimu 9, pour la REVUE DES ETUDES SUD-EST EUROPgENNES. Les articles seront remis dactylographiés en trois exemplaires. Les collaborateurs sont priés de ne pas dépasser leslimites de 25-30 pages dactylographiées pour les articles j de 5 k 8 pages pour les comptes rendus. ÉDIT ONS DE L'ACADNIE DE LA REPUBLIQUE SOCIALISTE DE ROUMANIE 3 bis, rue Gutenberg, Bucarest, Roumanie www.dacoromanica.ro TOME X - 1972 N°3 tDITIONS DE L'ACADÉMIE DE LA RÉPUBLIQUE SOCIALISTE DE ROUMANIE www.dacoromanica.ro Comité de Rédaction M. BERZA membre correspondant de l'Académie de la Republique Socialiste de Roumanie redacteur en chef; EM. CONDURACHI, A. ROSETTI, membres de l'Académie de la Republique Socialiste de Rouma- nie, H. MIHAESCU, COSTIN MURGESCU, D. M. PIPPIDI, membres correspondants de l'Acadérnie de la Republique Socialiste de Roumanie ; AL ELIAN, VALENTIN GEORGESCU, FR. PALL, MIHAI POP, EUGEN STANESCU ; AL. DUTU secretaire de Rédaction. www.dacoromanica.ro REVUE DES tTUDES SUD-EST EUROPÉENNES Tome X 1972 N°3 CONTACTS CULTURELS AUX XVIle-XIX° SIÈCLES II SOMMAIRE o ROBERT MANDROU (Paris), Cultures ou niveaux culture/s dans les sociétés d'Ancien Régime 415 LOUIS TRENARD (Lille), Histoire et sémantique 423 OLGA CICANCI (Bucarest), Deux variantes grecques de l'ceuvre Stephanites et Ichni- lates 449 ANNE MACHET (Chambéry), Censure et librairie en Italie au XVIII° siècle.. 459 PAUL CERNOVODEANU et NICOLAE VATAMANU (Bucarest), La première tra- duction des Aphorismesd'Hippocrate en langue roumaine siècle) 491 MIODRAG STOJANOVIC (Beograd), Adamantios Korafs chez les Serbes 511 PAUL CORNEA (Bucarest), Autour du préromantismecontroverses et hypothèses 519 ILIA KONEV (Sofia), Ilpocnetqenne B 5annancscnx cipanax i pyemno-603lrapame JumpaTypubie urnoluetemn 539 CORNELIA PAPACOSTEA-DANIELOPOLU (Bucarest), Les contacts des intellectuels roumains [Nee les e hellénismes périphériques s (1818-1830) 555 KEITH HITCHINS (Illinois), Andreiu Saguna and Joseph Rajaid :the Romanian and Serbian Churches in the Decade of Absolutism 567 E. D. TAPPE (London), The Skene family in South-East Europe 581 TIBOR KLANICZAY (Budapest), La nationalité des écrivains en Europe Centrale 585 M. BERZA (Bucarest), Turcs, Empire ottoman et relations roumano-turques dans l'historiographie moldave des XVXVII ° siècles 595 REV. ETODES SUD-EST EUROP., X. 3. P. 411-628. BUCAREST. 1972 www.dacoromanica.ro CULTURES OU NIVEAUX CULTURELS DANS LES SOCIÉTÉS LD'ANCIEN RtGIME ROBERT MANDROU (Paris) L'historiographie occidental° actuelle ne cesse de diriger ses recher- ches vers les phénomènes culturels : c'est le fruit d'une évolution sensible dans les milieux intellectuels français, depuis plusieurs années ; depuis que l'histoire économique a révélé son incapacité A rendre compte 4 elle seule du devenir des sociétés anciennes ou contemporaines, aim& avoir dominé pendant un quart de siècle et attiré A elle les plus brillants cher- cheurs ;depuis surtout que l'ethnologie est venue prendre place parmi les sciences humaines les plus fécondes, et qu'elle a réussi A imposer bien au-delà du cercle constitué par les spécialistes les définitions les plus largement compréhensives des concepts culturels. 11 y a moins d'un demi-siècle, la langue humaniste française opposait encore la culture, bien personnel acquis par Péducation et Pécole, qualité de l'individu cul- tivé et la civilisation définie sur le plan. collectif au contraire comme le développement des arts, des lettres et de la vie matérielle auquel une société est parvenue, définition qui se ressentait de l'opposition tradi- tionnelle entre -Barbares ou sauvages et civilisés...L'ethnologie est venue, A l'heure de la décolonisation, démontrer que toute société porte une culture ou une civilisation c'est-à-dire qu'il y a autant de civi- lisations que de soeiétés constituées. Dans ces perspectives, ennui.. e signifie un état non plus individuel, mais collectif, qui comprend certes la Mt& rature, les beaux-arts, les idéologies, mais aussi les comportements et les mceurs, les modes de pens& et les rapports sociaux, Panomie et Pint& gration social°. Les ethnologues ont revendiqué Poriginalité d'une culture bantoue ou nambikwara ;les historiens ont retrouvé, systématisé, un REV. ÉTUDES SUD-EST EUROP., X. 3, P. 415-422. RUC/MST. 1972 www.dacoromanica.ro 916 ROBERT DIANDROTJ 2 mode d'analyse, implicitement admis sur le plan national : la civilisation italienne, espagnole ; et qu'ils ont étendu 4 d'autres niveaux d'analyse : en ce sena ils ont pu étudier la culture des milieux populaires 1 opposée à la culture savante, 4 l'intérieur d'unc rakne société globale. A vrai dire, d'autres éléments sont intervenus, qui ont favorisé la conversion des historiens et accru leur vigilance à l'égard de ces phéno- mAnes : les progrès réalisés par certaines formes de sociologie, par example la sociologie religieuse qui a ouvert des champs de recherche extraordi- nairement féconds 4 partir du présent : cette sociologic s'est faite rétros- pective pour analyser pratique et comportement des fidèles au XIX° ou au aar siAele 2. Mais surtout les historiens ont subi la pression du climat intellectuel dans lequel ils vivent : bien avant mai 1968, le malaise des sociétés contemporaines était perceptible 4 ce niveau ;la arise du printemps l'a rendue éclatante, indiscutable. Souls le diagnostic détaill6 et les remèdes font encore question. Tout s'est passé, sur le plan très général de la sensibilité 4 l'événement, comme si les milieux dirigeants des pays occidentaux, intoxiqués par une interprétation marxiste primaire et fausse, faut-il le dire ? , avaient en tous domaines donné le primat au développement économique et aux seuls problèmes de ce développe- ment. Les superstructures se vengent d'avoir été trait6es comme simples épigones négligeables, qui suivraient toujours 3. Sans doute les historiens ont-ils pu affronter ces tfiches, préparés de longue date par l'attention toujours accordée aux mutations spirituel- les et artistiques, aux rapports socio-politiques et idéologiques. En 1966, le groupe des chercheurs et enseignants de l'Ecole Normale Supérieure n'a-t-il pas organisé un colloque qui a donné lieu A, publication rapide, sous le titre ambigu 9 Niveau.x de culture et graupes sociaux » 4 : ce petit I L'exemple est particuliérement probant : en 1964, je publiais De la culture populaire en France aux XV116 el XV II le siècles; depuis G. Bolléme a publié sur le mdme thème : Les almanachs populaires aux XVIP et XVIII stacks. Essai d'histoire sociale, Paris, 1969; La bibliothlgue bleue, la littérature populaire en France du XV I6 au XIXe siècle, Paris, 1971; M. Soriano, Les conies de Perrault, culture savante el traditions populaires, Paris, 1968. La liste n'est pas close. ' Deux cas seulement : C. Marcilhacy, Le diocase d'Orlians sous l'épiscopal de Mgr Du- panloup, Paris, 1962; J. Toussaert, Le sentiment religieux en Flandre It la fin du Mogen Age, Paris, 1964. 3 Engels, lettre it Joseph Bloch, souvent citée :D'après la conception matérialiste de l'histoire, le facteur déterminant dans l'histoire est, en dernière instance, la production et la reproduction de la vie réelle.., si ensuite quelqu'un torture cette proposition pour lui faire dire que le facteur économique est le seul déterminant, 11 la transforme en une phrase vide, abstraite, absurde s. 4 Niveaux de culture el groupes sociaux s. Actes du colloque réuni du 7 au 9 mai 1966, Paris, 1967. L'ambiguIté tient is l'emploi de l'expression niveaux de culture qui entérine une hiérarchisation des cultures, homologue de la hiérarchie traditionnelle des civilisations. Sur ce point, voir plus loin, p. 420. www.dacoromanica.ro 3 CULTURES OU NIVEAUX CULTURELS DANS LES SOCIETES D'ANCIEN REGIME417 livre, disparate dans sa composition, comporte de très bons textes, signés notamment G. Duby et P. Vilar et consacrés l'un 4 la vulgarisation des modèles culturels dans la société féodale, Pautre 4 Pk°le primaire flan- çaise sous la III' République. Mais nous ne le citons ici que pour signaler Pactualité de notre propos :les pages qui suivent ayant pour objectif d'in.diquer brièvement, et en se limitant aux sociétés d'Ancien Régime, quels objectifs et quelles directions de recherche peuvent Atre assignées 4 cette nouvelle histoire culturelle. * - Dans les sociétés d'autrefois non plus que d'aujourd'hui l'his- torien ne peut chercher 4 reconstituer une culture unique, qui vaudrait pour l'ensemble, pour la société globale : même le véhicule commun, qui est, au XX ° siècle, pratiqué en France par tous après un siècle d'instruc- tionprimaire obligatoire, c'est-à-dire la langue, n'existe pas : chaque région parle son idiome, les tribunaux fonctionnent dans le Sud de la France avec un interprète auprès des accusés, le latin n'est entendu que des dens et des Français qui sont pass& dans les collèges et les Universités. Le fait majeur est la hiérarchisation de la société, qui impose 4 chaque groupe officiellement reconnu des modes de vie voire de penser différents, c'est-à-dire précisément une culture différente, qui aanctionne et rend perceptible 4 chacun cette hiérarchie sociale mieux reconnue par les historiens dans les définitions économiques ou institutionnelles que cul- turelles : alors que les contemporains de Henri IV ou de Louis XIV se voyaient rappeler ces distances sociales chaque jour en termes exis- tentiels.