Diagnostic sectoriel - Janvier 2018

Sommaire

Introduction page 3

Un contexte de massification de l’enseignement supérieur en page 4

Panorama des acteurs privés de l’enseignement supérieur en France page 8

L’enseignement supérieur privé à page 14

Zooms cartographiques page 21

Analyse des stratégies et enjeux locaux page 26

Récapitulatif des enjeux page 30

Principales sources d’information : entretiens, documents, données page 31

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Introduction

Le système français d’enseignement stratégies ? La Métropole possède-t-elle supérieur a la particularité d’être assuré des spécificités ? à la fois par le secteur public et par le Cette étude s’appuie sur des données secteur privé. D’une définition complexe, statistiques ainsi que sur des entretiens composé d’acteurs multiples, l’enseigne- réalisés auprès de responsables ment supérieur privé a connu au cours d’écoles privées. Loin d’être exhaustifs, des dernières années une croissance ces entretiens apportent un premier importante en France. La Métropole éclairage et permettent de mettre en lyonnaise n’échappe pas à cette ten- lumière l’importance de la formation dance et voit augmenter de façon impor- privée sur le territoire. tante le nombre d’étudiants inscrits dans des établissements privés. Installés pour la plupart au cœur de la Le programme de développement éco- métropole, ces écoles et leurs étudiants nomique 2016-2021 adopté par la Mé- participent au fonctionnement du terri- tropole de Lyon affirme l’importance de toire dont ils utilisent les services – la formation dans le dynamisme écono- transports, logements… mique du territoire. Cette étude est une première étape dans la prise en compte Afin de mieux appréhender ces acteurs, de l’enseignement supérieur privé dans la Métropole de Lyon a sollicité l’Agence la stratégie de la Métropole. d’urbanisme de l’aire métropolitaine lyonnaise afin de réaliser ce diagnostic. Qui sont les acteurs de l’enseignement supérieur privé dans la métropole ? Quelles sont leurs implantations et leurs

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Un contexte de massification de l’enseignement supérieur en France

La massification et la démocratisation de l’enseignement supérieur en France depuis les années 1980, liées à une volonté politique d’élever le niveau de diplôme, a largement contribué au développement de l’offre privée.

Entre public et privé, un de l’innovation, ministère de la Culture paysage en mutation depuis et de la communication, ministère de l’Agriculture et de l’alimentation…) et 15 ans surtout une dualité marquée entre d’une Public et privé, deux piliers part l’université, avec quatre facultés historiques de la formation traditionnelles (lettres-sciences hu- supérieure en France maines, sciences, droit et disciplines médicales) et un accès ouvert à tous les L’enseignement supérieur peut être défi- bacheliers, et d’autre part un certain ni, par différence avec l’enseignement nombre d’écoles techniques, de com- scolaire, comme comprenant tous les merce ou de « grandes écoles », prati- * Source : L’état de l’enseignement supérieur et de établissements qui préparent à des di- la recherche. MENESR, édition 2017. quant une sélection à l’entrée. La plômes supérieurs au baccalauréat. sphère publique compte également les Ces établissements relèvent historique- formations professionnelles courtes dis- ment de la sphère publique, avec ce- pensées soit dans un cadre universitaire pendant une grande variété de situa- spécifique (les IUT), soit dans les lycées tions et de tutelles (ministère de l’Ensei- (les STS), où l’on trouve également les gnement supérieur, de la recherche et classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE). L’offre d’enseignement dans la sphère privée existe également depuis long- temps. Elle est cependant longtemps Evolution des effectifs étudiants en France de 2001 à 2015 restée cantonnée aux écoles consu- Source : MENESR laires, à quelques associations et sur- tout aux cinq Instituts catholiques, qui occupent une place singulière au sein du paysage national. Aujourd’hui, l’offre de formation supérieure privée s’est diversifiée, avec une montée en puis- sance des établissements appartenant à des sociétés commerciales (cf. partie suivante). Une forte progression des effectifs étudiants depuis 50 ans

A la rentrée 2015-2016, plus de 2,5 mil- lions d’étudiants se sont inscrits dans l’enseignement supérieur en France, soit huit fois plus qu’en 1960* (310 000 étudiants inscrits à cette date). Au cours des cinq dernières années, l’enseigne- ment supérieur a accueilli en moyenne

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46 000 étudiants supplémentaires par L’enseignement privé plus concentré an. Si les dix premières métropoles fran- Cette forte hausse tient à plusieurs fac- çaises accueillent 49 % des effectifs de teurs : dynamisme démographique, aug- l’enseignement supérieur, elles concen- mentation du nombre de bacheliers trent 53 % des effectifs de l’enseigne- suite à la diversification de l’offre de ment supérieur privé. baccalauréats (général, technologique, Certaines métropoles sont en effet forte- professionnel), pression du marché du ment marquées par la présence du privé travail en faveur des diplômés post-bac, dans l’offre de formation. Plus d’un étu- accroissement du nombre d’étudiants diant sur quatre est inscrit dans le privé étrangers (12 % des inscrits en 2015 dans la métropole de , 23 % dans contre 8 % en 2000). les métropoles de , Rouen et Une nouvelle progression des effectifs Lyon. est attendue par le ministère de l’Ensei- gnement supérieur : le nombre d’étu- diants en France devrait dépasser 2,9 millions en 2025. Un poids croissant de l’enseignement supérieur privé

A la rentrée 2015-2016, l’enseignement supérieur privé comptait 450 700 étu- diants, soit 18 % des étudiants inscrits en France. Cette part n’était que de 13 % en 2001. En effet, les inscriptions dans l’enseignement supérieur privé ont crû de 54 % en quinze ans, soit nette- ment plus vite que les effectifs étudiants dans le public (+12 %). Répartition des effectifs étudiants inscrits en France par agglomération en 2015 Le secteur privé accueille la quasi- Source : MENESR totalité des effectifs des écoles de com- merce, gestion et comptabilité, environ un tiers des effectifs des sections de techniciens supérieurs (STS) et un tiers des effectifs des écoles d’ingénieurs*. La moitié des étudiants dans les dix premières métropoles

Les effectifs étudiants sont inégalement répartis sur le territoire national. Les dix premières métropoles françaises ac- cueillent la moitié des effectifs de l’en- seignement supérieur. Quatre d’entre elles accueillent plus de 100 000 étu- diants chacune en 2015 :  (515 000 étudiants),  Lyon (154 000 étudiants),  Lille (115 000 étudiants),  (109 000 étudiants). Les métropoles de Lyon et de Rouen sont celles où l’augmentation des effec- tifs depuis 15 ans est la plus forte : res- pectivement +36 % et +32 %. Dans la métropole de Paris, la progression n’est que de 11 %.

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Un contexte national qui port du Cese (Conseil économique, so- favorise le développement de cial et environnemental) en 2012 sur la démocratisation de l’enseignement su- l’offre supérieure privée périeur souligne notamment la persis- Une volonté d’augmentation du tance d’inégalités fortes dans le déroule- nombre de diplômés du supérieur ment de la formation supérieure, selon la nature du baccalauréat obtenu En France, la loi d’orientation et de pro- (général, technologique ou profession- gramme sur l’avenir de l’école du 23 nel) - les trois voies du baccalauréat avril 2005 réaffirme l’objectif de 80 % étant par ailleurs encore trop souvent d’une génération au niveau du bacca- marquées par l’origine sociale des ly- lauréat. Elle fixe aussi celui de 50 % de céens. Le Cese s’interroge en particulier diplômés de l’enseignement supérieur sur la capacité de l’enseignement public dans une classe d’âge. En 2014, cet supérieur, et notamment de l’université, ** Cet indicateur , suivi dans le cadre de la LOLF (loi indicateur** s’élève à 48,5 %, en légère à faire réussir les bacheliers de la voie organique relative aux mois de finances), agrège les croissance par rapport aux années anté- professionnelle, dont le nombre a forte- proportions de jeunes de chaque âge qui rieures. Il traduit l’élévation du taux d’ac- ment crû au cours des dix dernières obtiennent, une même année, un premier diplôme cès aux diplômes de l’enseignement années. de l’enseignement supérieur. supérieur mais reste encore en deçà de l’objectif annoncé. La massification de l’enseignement su- périeur pose également la question de L’objectif d’augmentation du nombre de l’adéquation entre les diplômes obtenus diplômés du supérieur est justifié par la et le marché du travail et celle du risque volonté d’améliorer l’employabilité et de surqualification de certains jeunes l’insertion professionnelle des jeunes. par rapport aux postes proposés. Pour les bacheliers et leurs familles, le diplôme supérieur est en effet considé- Une certaine désaffection pour ré, à juste titre, comme une protection l’université contre le chômage. Jusqu’aux alentours des années 2000, Une massification qui présente un l’essentiel de la croissance du nombre certain nombre d’enjeux d’étudiants dans l’enseignement supé- rieur s’est fait au sein de l’université. Sa La massification de l’enseignement su- part dans le nombre total d’étudiants ne périeur et du nombre de diplômés pose cesse cependant de décroître depuis les un certain nombre de questions. Le rap- années 70, au profit des STS d’une part

Part des différentes filières dans l’enseignement supérieur Source : Ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche/DGESIP, 2011 Tiré de Réussir la démocratisation de l’enseignement supérieur / Gérard Aschieri. Rapport du Cese septembre 2012.

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et surtout des « autres établissements et formations » d’autre part, dans lesquels on retrouve principalement les établisse- ments privés. En 2010, l’université ne rassemble plus que 56 % des étudiants, contre près de 75 % en 1970. Un certain nombre de rapports souli- gnent la perte d’attractivité de l’universi- té française face aux autres offres de formation aux yeux des bacheliers et de leurs familles. L’inscription en premier cycle à l’université se fait de plus en plus par défaut, faute d’avoir pu intégrer une voie sélective, jugée plus attractive ou plus professionnalisante (CPGE, IUT, STS, école privée…). Le taux d’échec important en premier cycle (moins de 30 % des inscrits obtiennent une licence en trois ans) contribue à l’image repous- soir de l’université, en dehors de cer- taines filières relativement protégées comme le droit ou les disciplines médi- cales. Une offre de formation supérieure qui se diversifie

Le paysage de l’enseignement supérieur s’est profondément diversifié et, de ce fait, est devenu moins lisible, rendant moins faciles les choix d’orientation des lycéens. Cette diversification est notam- ment liée à la multiplication de l’offre de formation privée (écoles spécialisées, professionnalisantes…) mais aussi à la création de nouvelles offres dans le pu- blic (écoles au sein des universités, nou- veaux diplômes spécialisés…). Cette grande diversité, si elle est un atout, porte un enjeu fort de lisibilité.

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Panorama des acteurs privés de l’enseignement supérieur en France

Les acteurs de l’enseignement supérieur privé, secteur au contour flou et difficile à définir, sont confrontés à des tensions budgétaires qui les obligent à adopter de nouvelles stratégies de développement.

L’enseignement supérieur dans les programmes, les contenus privé : un secteur difficile à pédagogiques et les méthodes éduca- tives. Certains établissements sont re- décrypter connus et peuvent néanmoins préparer Une multitude de statuts cohabite dans à des diplômes reconnus par l’Etat l’enseignement supérieur privé, rendant (baccalauréats, BTS…). A titre difficile sa compréhension et sa lisibilité, d’exemple dans la Métropole de Lyon, notamment auprès des étudiants et de l’Esdes, l’Essca, 3A, l’Esta, l’ESCE, leurs familles. Deux critères nous per- l’Idrac, l’Inseec, l’IGS, le Cesi ou encore mettent néanmoins de cerner ses con- l’école Emile Cohl bénéficient de cette : le statut des établissements et la reconnaissance. Certains sont sous reconnaissance des diplômes. tutelle de chambres syndicales, patro- nales ou de fédérations profession- Etablissements sous contrat ou hors nelles, ce qui les oblige à respecter cer- contrat avec l’Etat tains critères pédagogiques et profes- Les établissements d’enseignement sionnels dans les formations qu’elles supérieurs sont soit privés sous contrat dispensent. d’association avec l’Etat, soit privés hors Etablissement d'enseignement supé- contrat, c’est-à-dire non reconnus par rieur privé d'intérêt général (EESPIG) l’Etat. Créée en 2013 par la loi Fioraso, la qua- Les établissements sous contrat lification d’établissement d’enseigne- Une école privée est reconnue à la suite ment supérieur privé d’intérêt général d’une enquête ministérielle. Cette recon- (EESPIG) est accordée, par le ministère naissance permet de percevoir des sub- de l’Enseignement supérieur et de la ventions et d’accueillir des étudiants recherche, après avis du CCESP boursiers. Elle doit respecter les pro- (comité consultatif de l’enseignement grammes du ministère de l’Education supérieur privé). Ce label est réservé à nationale, les horaires et les normes des établissements non lucratifs qui d'effectifs mais reste autonome sur les participent à une mission de service critères de sélection qui diffèrent d’une public de l'enseignement supérieur. A école à l’autre. C’est notamment le cas Lyon, ce statut concerne l’Institut catho- des établissements consulaires. Dans la lique de Lyon, l’Institut textile et chi- Métropole de Lyon, la plupart des éta- mique (Itech) de Lyon, CPE Lyon, blissement sous contrat relèvent du sec- l’Ecam Lyon et l’Institut supérieur d'agri- teur de la santé et du social. culture Rhône-Alpes (Isara). Les établissements hors contrat Ils ne reçoivent aucune aide de l'Etat, mais en contrepartie, ils ont une liberté dans le recrutement des professeurs,

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Les établissements privés des écoles du pôle René Cassin à d'enseignement supérieur libres Vaise. En effet, la gestion par leur diri- geant n’est pas désintéressée et leurs Ils sont au nombre de 13 dont 5 instituts pratiques commerciales sont clairement catholiques à Paris, Angers, Lille, Lyon concurrentielles. De plus, certaines et Toulouse. Ils dispensent un enseigne- structures, même si elles n’attribuent ment à caractère généraliste. Ils ne peu- pas de dividendes à des actionnaires vent délivrer de diplômes nationaux, directs, génèrent des profits substantiels mais peuvent coopérer avec des établis- en faveur de sociétés strictement com- sements publics à caractère scientifique, merciales avec lesquelles elles entre- culturel et professionnel et permettre à tiennent des relations en amont ou en leurs étudiants de passer les examens aval de leur propre activité, notamment d'obtention d'un diplôme national. en versant des loyers importants à des La reconnaissance des diplômes sociétés propriétaires des locaux où Deux types de reconnaissance existent : elles exercent leurs activités, ou en rétri- buant des services pour des activités  la certification professionnelle déli- intermédiaires intervenant dans le cycle vrée par l’Etat, attribue un niveau de production de leurs propres activités. d’étude au titre ou au diplôme propo- sé par un établissement et atteste Portrait des principaux groupes que la formation forme sérieusement lucratifs aux métiers annoncés, selon des Quatre ensembles d’enseignes et d’éta- critères établis par le ministère du blissements à vocation lucrative domi- Travail. Les diplômes certifiés (ou nent le marché de l’enseignement supé- encore « titres homologués ») sont rieur privé en France. Il s’agit d’Inseec inscrits au Répertoire national des (Apax Partners), de Studialis (Bregal certifications professionnelles Capital), d’Ionis et d’Eduservices (Duke (RNCP). Street Capital). Leurs points communs portent sur la recherche de rentabilité,  le visa est le plus haut degré de re- leur enregistrement en tant que sociétés connaissance du ministère de l’En- commerciales au registre du commerce, seignement supérieur et de la re- leur capacité à générer des profits et cherche, il confère au diplôme sa leur adossement pour la plupart à un valeur nationale. Inscrit générale- fonds d’investissement. ment d’office au RNCP, le diplôme « visé » par l’Etat donne l’accès au La firme Ionis a été fondée en France. cycle LMD (Licence, Master, Docto- Elle réunit 17 enseignes et 54 établisse- rat), que ce soit en France ou à ments. Présentée comme le dernier l’étranger. groupe d’écoles à résister aux proposi- tions des fonds anglo-axons, la firme fait

régulièrement l’actualité française de Une montée en puissance des l’enseignement supérieur à but lucratif et établissements à but lucratif est considérée comme l’une de celles capables de répondre aux exigences de Au sein de l’enseignement supérieur rentabilité des détenteurs de capitaux. privé il convient de distinguer ceux à caractère lucratif générant du profit avec Vient ensuite le groupe Apax partners. Fondé en France et au Royaume-Uni, le un statut de « société de capitaux » de ceux à statut associatif. Les structures groupe détient 12 enseignes et 21 éta- blissements qu’il a rachetés en 2013 à poursuivant un but lucratif sont minori- taires au sein de l’enseignement supé- la firme nord-américaine Career educa- tion, un groupe coté spécialisé dans rieur privé. Cette distinction lucratif / non lucratif n’est toutefois pas toujours facile l’éducation. Concernant Apax, la presse professionnelle française et le site du à poser. En effet, au regard des critères de lucrativité certains établissements en fonds permettent de constater ses vi- sées lucratives. Le groupe français qu’il forme associative pourraient être réinté- grés dans le secteur lucratif, à l’image a racheté, Inseec, est inscrit en tant que

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société commerciale sous la forme Une financiarisation de l’ensei- d’une entité dont les comptes n’ont pas gnement supérieur privé été déposés systématiquement. Le secteur, comme d’autres pans de Duke Street et Bregal capital, fonds l’économie française, a vu l’arrivée d’ac- créés au Royaume-Uni, se distinguent teurs financiers prendre les commandes des groupes industriels car ils appartien- de groupes d’enseignement privés. Cet nent à un petit groupe de propriétaires engouement pour le secteur s’explique détenant des parts dans un large éven- par plusieurs facteurs parmi lesquels : tail d’activités à but lucratif .  l’abondance des liquidités sur le mar- Ils détiennent, depuis plusieurs années, ché depuis quelques années, des ensembles d’établissements d’en- seignement supérieur français. Duke  des fonds qui disposent de beau- street capital détient ainsi, depuis 2010, coup d'argent à investir, qu'il soit 14 enseignes et 117 établissements prêté par les clients ou par des dans l’enseignement supérieur français. banques, Le groupe dont il est propriétaire, Edu- une rentabilité et une trésorerie du services, est enregistré en tant que so-  ciété commerciale et annonçait, en secteur plus importante dans l'édu- 2012, un bénéfice de près d’un million cation que dans d'autres secteurs, d’euros. De son côté, Bregal capital  les établissements d'enseignement détient 21 enseignes réparties en 36 supérieur français, malgré des clas- établissements regroupés au sein de sements qui ne leur sont pas tou- Studialis. jours favorables, bénéficient d'une Ces groupes présentés ci-avant sont excellente réputation internationale emblématiques de la financiarisation de et constituent donc un placement l’enseignement supérieur privé. sûr. Toutes ces raisons ont concouru à un grand dynamisme du marché, marqué

par des opérations, comme le rachat de

Caractéristiques des cinq principaux groupes d’écoles françaises à but lucratif Source : L’enseignement supérieur à but lucratif en France à l’aune des porosités public-privé : un état des lieux / Aurélien Casta. In : Formation emploi, Revue française de sciences sociales, n°132, octobre-décembre 2015.

Dénomination Apax partners Bregal capital Duke Street capi- Ionis internationale tal Secteur d’activité Technologies, Distribution et Distribution et Enseignement et volume finan- télécommunica- biens de consom- biens de consom- supérieur. cier des propriétés tions, média, dis- mation (dont édu- mation (dont édu- détenues tribution et biens cation et santé), cation et santé), de consommation services aux en- services aux en- (dont éducation et treprises et ser- treprises et ser- santé), services vices financiers. 3 vices financiers. aux entreprises et milliards d’euros. services finan- ciers. 2,5 milliards d’euros. Lieux des proprié- France, Suisse, France et France et France tés Pays-Bas et Royaume-Uni Royaume-Uni Suède Dénomination Inseec Studialis Eduservices Ionis education internet du groupe group français Nombre d’en- 10 enseignes 22 enseignes 14 enseignes 17 enseignes seignes et d’éta- 21 établissements 36 établissements 117 établisse- 54 établissements blissements ments

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l'Inseec par Apax, de Studialis par Gali- nérale de l’Education nationale. leo (Providence) ou, plus récemment, L’augmentation des frais de scolarité des écoles du groupe Laureate par pour pallier ces tensions budgétaires Apax. Dans ce contexte, l’augmentation des Une dualisation du marché frais de scolarité perçus a été le princi- A côté des grands groupes qui gagnent pal instrument de financement des be- de plus en plus de parts de marché, des soins budgétaires supplémentaires. acteurs plus modestes, peinent à tirer Deux types de levier ont été activés : leur épingle du jeu. Parmi, eux, de petits groupes dont le chiffre d'affaires est  La plupart des établissements ont compris entre 5 et 20 millions d’euros, accru de manière importante leurs savent que, pour survivre, ils devront capacités d’accueil dans leurs forma- rejoindre les grands groupes. Ils sont tions traditionnelles mais ils ont éga- donc à la recherche d'investisseurs. lement procédé à une diversification Mais ces derniers sont peu ou pas inté- de l’offre, en créant de nouvelles ressés par ces structures, trop petites, formations dans des domaines ou à en perte de vitesse, parfois mal gérées des niveaux dans lesquels ils et demandant des prix trop élevés. Ce n’étaient pas ou peu présents jusque constat est surtout vrai pour les écoles là ; de management. En effet, il subsiste  l’augmentation du niveau des paie- des écoles indépendantes, aux capitaux ments requis des étudiants en con- familiaux qui s’en sortent bien. Elles trepartie de leur formation. peuvent être « mono-établissements » ou disposer de plusieurs structures. A Cette stratégie se heurte à plusieurs Lyon, c’est le cas de Créad Institut, de limites comme le souligne le rapport de l’école Emile Cohl, d’ISOstéo ou encore l’Inspection générale de l’Education na- du groupe Vatel. tionale de juin 2015. Tout d’abord, la politique d’expansion de l’offre de formation, qui s’est diversifiée, Des modèles économiques en termes de filières, de publics ou de sous tension contenus disciplinaires nuit à la lisibilité de cette offre et à la cohérence de la Un effet de ciseau stratégie, alors que la spécificité de ces La plupart des établissements ont été établissements résidait, jusque là, dans confrontés, dans la période récente, à une spécialisation plus ou moins pous- un accroissement de leurs charges pour sée. assurer leur développement, améliorer Ensuite, certains établissements attei- la qualité de leurs formations et obtenir gnent des limites de capacité d’accueil, les accréditations qui la certifient, ados- ce qui impliquerait, pour aller au-delà, ser leurs formations à la recherche afin de nouveaux investissements peu envi- de faire face à des enjeux de concur- sageables dans la conjoncture finan- rence nationale et internationale et ga- cière actuelle. rantir un haut degré d’attractivité de l’établissement. En parallèle, ils ont été Enfin, l’accroissement des capacités confrontés à une raréfaction des res- d’accueil ne s’est accompagné d’aucune sources publiques (subventions di- ouverture sociale significative selon la rectes, indirectes, etc.) qui représentent Cour des Comptes. en moyenne un peu moins de 20 % de Le pari risqué du développement des leurs ressources. En outre, le régime activités de formation continue d’instabilité de la taxe d’apprentissage La formation continue est souvent identi- s’est accéléré ces dernières années. fiée comme une activité d’intérêt à la Les frais de scolarité représentent une fois stratégique mais aussi à finalité part essentielle du budget de ces financière en vue de développer des écoles. Cette part peut être évaluée en ressources alternatives au tassement moyenne à 60 % selon l’Inspection gé-

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des ressources traditionnelles. Les des écoles du groupe Laureate par marges de développement sont impor- Apax, plusieurs écoles ont fait l’objet tantes compte tenu des besoins, mais d’une prise de contrôle par des fonds les incertitudes sont aussi grandes en d’investissement privés. Pour ces inves- raison de l’élasticité à la conjoncture tisseurs, l’enseignement supérieur appa- économique et des investissements raît comme un marché dans lequel il lourds en termes d’organisation et de existe une demande forte dont la crois- personnel que ce développement né- sance est garantie à long terme et qui cessite. permet d’envisager des retours sur capi- taux investis avec une grande rentabili- Le fundraising : une pratique margi- té. Le principal risque réside dans le nale qui reste à structurer court-termisme des stratégies mises en De plus en plus d’établissements tentent place et la standardisation de l’ensei- de développer le financement privé dans gnement dans une logique de simple le cadre du mécénat et de la levée de rentabilité. fonds auprès de donateurs par l’intermé- Rapprochement avec des établisse- diaire des associations d’anciens élèves ments publics (Alumni), de clubs d’entreprises parte- naires, etc. Si les instruments Même si les expériences de ce type (déductibilité fiscale, droit des fonda- restent relativement rares, souvent an- tions, etc.) sont nombreux , l’enjeu ré- ciennes (à l’image de l’ESTP ou de Su- side dans la professionnalisation de la pélec) certains établissements privés pratique. choisissent au contraire de nouer des liens institutionnels forts avec des éta- Regroupement et mutualisation blissements publics. Ces rapproche- Les regroupements d’écoles ont pour ments répondent à des considérations but de disposer d’un effet de taille et de essentiellement scientifiques et pédago- mutualisation. Les effets de ces expé- giques. riences sont contrastés. La démarche de regroupement n’est pas, en elle- même, une solution aux difficultés, no- tamment financières, que peuvent ren- contrer les établissements privés. Plu- sieurs exemples témoignent de cette difficulté. C’est le cas de France Busi- ness School (FBS), regroupant l’ESCEM de Tours-Poitiers, et les ESC de Cler- mont-Ferrand, Brest et Amiens, dont le regroupement s’est soldé par un échec seulement deux ans après la fusion lan- cée en mai 2012. C’est également le cas de Neoma (fusion des écoles de commerce de Rouen et ) et de Kedge (fusion d’Euromed et École de management) dont les fusions de- meurent partiellement inabouties selon l'Inspection générale de l’Education na- tionale. Prise de contrôle par des fonds d’investissement privés Comme nous l’évoquions précédem- ment en prenant l’exemple du rachat de l'Inseec par Apax, de Studialis par Gali- leo (Providence) ou, plus récemment,

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L’enseignement supérieur privé à Lyon

La tendance nationale de montée en puissance de l’enseignement supérieur privé est encore plus forte dans la métropole de Lyon.

Près d’un quart des étudiants dans le commerce, gestion et comptabilité en secteur privé 2015. Leur effectif a plus que doublé A la rentrée 2015, la Métropole de Lyon depuis 2001 (+110%). A noter que ces 154 000 étudiants compte près de 154 000 étudiants sur écoles relèvent exclusivement du sec- teur privé. dans la Métropole de Lyon son territoire. Parmi ceux-ci, 35 000 sont inscrits dans des établissements du Lyon compte un Institut catholique ; il y 23% dans le privé secteur privé (y compris les sections de en a quatre autres en France (Lille, Pa- techniciens supérieurs-STS et les ris, Angers et Toulouse) qui accueillent classes préparatoires aux grandes au total 40 000 étudiants. L’Université écoles-CPGE), soit une part de 23 % du catholique de Lyon (UCly) rassemble total. En 2001, la part des étudiants ins- 16 % des effectifs du privé soit 5 500 crits dans le privé s’élevait à 18 %. étudiants en 2015. Ils étaient 3 300 à la rentrée 2001. Elle comprend des facul- Entre 2001 et 2015, le nombre d’étu- tés (théologie, philosophie et sciences diants dans le privé a progressé de humaines, sciences, lettres et langues), 67 %, soit 14 000 étudiants supplémen- des écoles (école de management Es- taires. Sur la même période, le nombre des ou école supérieure de biologie- d’étudiants inscrits dans l’enseignement biochimie-biotechnologies, ESTBB par public a augmenté de 29 %, soit 26 700 exemple) et des instituts (IDHL, Institut étudiants de plus. des droits de l’homme…). Les diplômes 26 % des étudiants du privé inscrits universitaires ne sont délivrés que grâce à la coopération avec des établisse- dans les écoles de management ments publics. Plus de 9 000 étudiants de la Métropole Les écoles supérieures d’art et culture de Lyon sont inscrits dans des écoles de rassemblent 10 % des effectifs du privé (près de 3 700 étudiants en 2015). Le nombre d’inscrits a enregistré une très Nombre d’étudiants inscrits dans la Métropole de Lyon et répartition public-privé forte progression : +160 % en 14 ans. Source : MENESR Les écoles d’ingénieurs représentent 10 % des effectifs du privé soit 3 400 étudiants en 2015, nombre en progres- sion de 47 % depuis 2001. L’Ecam, CPE, l’Itech et l’Isara sont des établisse- ments associés à l’Université de Lyon. Les formations de STS et les CPGE proposées par les lycées privés repré- sentent respectivement 15% et 5% des effectifs étudiants du secteur privé en 2015.

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Les écoles du secteur de la santé et Répartition du nombre d’étudiants du privé par type de formation dans la du social représentent 8 % des effec- Métropole de Lyon en 2015 tifs du privé. La plupart de ces écoles Source : MENESR (formations d’aides-soignants, d’infir- miers…) sont sous contrat avec l’Etat avec comme ministère de tutelle celui des Affaires sociales et de la santé. Lyon, parmi les métropoles où le poids du privé est le plus important

L’enseignement supérieur privé repré- sentent 18 % des effectifs étudiants au niveau national et 17 % au niveau régio- nal. Lyon fait partie des métropoles fran- çaises où la part du privé est la plus importante. Lille, avec 26 % de ses étu- diants inscrits dans le privé est en tête des principales métropoles françaises. Les écoles de commerce et d’ingénieurs y ont un poids plus important qu’à Lyon. Lille dispose également d’un Institut catholique, qui compte plus d’étudiants que celui de Lyon et représente 22 % des effectifs du privé. Le poids de l’enseignement supérieur privé est équivalent dans les métropoles de Nantes, Rouen et Lyon. A Nantes les Part des étudiants inscrits dans le privé dans les principales sections STS des lycées privés repré- métropoles* françaises, en Auvergne-Rhône-Alpes et en France Source : MENESR * métropoles désignées par leur ville principale sentent un quart des effectifs étudiants (15 % à Lyon, 19 % en France). Les écoles d’art sont également surrepré- sentées : 17 % des effectifs. A Rouen, près de 6 étudiants sur 10 du privé sont inscrits à Neoma Busines School (près de 6 000 étudiants). A et , la part de l’ensei- gnement privé est inférieure à 10 %, respectivement 9 % et 7 %. Il est à noter que l’EM Strasbourg est la seule école de ce type à faire par- tie intégrante de l’université publique. A l’exception de Nice, le nombre d’étu- diants inscrits dans des formations su- périeures privées augmente dans les dix plus grandes métropoles françaises. C’est à Rouen que la hausse est la plus forte : +138 % entre 2001 et 2015. Lyon se situe au deuxième rang.

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L’emploi profite de cette dynamique tifs. La dynamique de l’enseignement supé- Plus de la moitié des effectifs étu- rieur privé profite à l’emploi salarié. Fin diants dans les 2e et 9e arrondisse- 2016, le secteur de l’enseignement su- ments de Lyon et à Ecully 3 300 salariés périeur privé emploie 3 300 salariés. C’est dans le deuxième arrondissement dans la Métropole de Lyon Entre 2008 et 20016, le secteur a enre- que les effectifs étudiants dans le privé gistré une forte progression : +29 %. sont les plus nombreux, il représente le +29% Dans le même temps, l’ensemble de quart des effectifs de la métropole. en 8 ans l’emploi salarié privé a augmenté de L’UCly est le plus gros établissement en 6 %. Au niveau national, la hausse de termes d’effectif dans l’arrondissement. l’emploi salarié privé dans l’enseigne- ment supérieur s’établit à +23 %. Ecully, avec le campus Lyon Ouest, et le 9e arrondissement, grâce au campus Au-delà des enseignants qui sont sala- René Cassin, viennent ensuite et ras- riés par les écoles, celles-ci font large- semblent chacun 15% des effectifs du ment appel à des intervenants profes- territoire. sionnels qui ne font pas partie des effec-

Evolution de l’emploi salarié privé dans l’enseignement supérieur dans la Métropole de Lyon Source : Acoss-Urssaf au 31-12 Répartition du nombre d’étudiants de l’enseignement supérieur par commune de la Métropole de Lyon Source : MENESR

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Localisation des établissements d’enseignement supérieur privé - vue d’ensemble* Source : Onisep et Opale (* zooms dans les pages suivantes)

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L’offre de formation supérieure de la Métropole de Lyon est riche et diversifiée. Certains établissements bénéficient d’une bonne renommée nationale voire internationale.

Ecoles de management : une Elle fait partie de la Conférence des concurrence grandissante grandes écoles. Inseec Cinq écoles de la métropole de Lyon sont visées par la CEFDG (Commission L’Inseec est localisée dans le bâtiment d’évaluation des formations et diplômes New Deal (ancien garage Citroën) dans de gestion). Elles délivrent un diplôme le 7e arrondissement de Lyon, elle visé par le ministère chargé de l'ensei- compte environ 2 900 étudiants. gnement supérieur. Il s’agit de l’emlyon, A l’origine, le groupe Inseec était familial l’Idrac, l’Esdes (UCly), l’Inseec et 3A. (première école créée à Bordeaux en emlyon business school 1975, 2e à Lyon, l’ECE en 1989). Il a été acheté par un fonds de pension améri- L’emlyon fait partie des écoles de mana- cain en 2004 et depuis 2014 est détenu gement les plus prestigieuses de par Apax Partners. Avec 22 000 étu- France. Selon le classement 2017 du diants en France, le groupe se reven- Financial Times des masters en mana- dique premier groupe d’enseignement Les écoles associées à l’Université de gement, elle figure à la cinquième place supérieur français. Lyon française après HEC, l’Essec, l’ESCP et l’Edhec. Deux classements de 2017, un 3A Quelques établissements privés figurent du Parisien et un de l’Etudiant la posi- parmi les associés de l’Université de Lyon : L’école 3A, école supérieure de com- tionne à la troisième place, derrière HEC merce et de développement, se situe et l’Essec. L’emlyon est un établisse- e  Institut catholique de Lyon sur le campus René Cassin dans le 9 ment associé à l’Université de Lyon. Elle  emlyon business school arrondissement. Elle fait également pari- fait partie de la Conférence des grandes té de HEP Education.  CPE Lyon (Ecole supérieure de chimie, écoles. Elle est située sur le campus physique électronique de Lyon) Lyon Ouest d’Ecully et rassemble plus La métropole de Lyon accueille deux formations réputées en management de  ISARA Lyon (Institut supérieur de 4 000 étudiants en formation initiale. l’hôtellerie, restauration, tourisme : Vatel d’agriculture et d’agroalimentaire Idrac et l’Institut Paul Bocuse. Rhône-Alpes) L’Idrac business school est localisée au Au-delà de ces écoles, la métropole de e  Itech Lyon (Institut textile et chimique sein du campus René Cassin dans le 9 Lyon accueille plusieurs autres écoles arrondissement de Lyon. Elle compte de Lyon) de commerce et de management, im- environ 2 000 étudiants. Le campus Ecam Lyon plantées de plus ou moins longue date.  lyonnais est le plus important parmi les neuf français. Il rassemble la moitié des Au sein du campus René Cassin, l’école effectifs nationaux. IGS-RH a une spécialité dans les res- sources humaines, le Cefam (groupe Elle fait partie de HEP Education. La IGS) propose un double « diplôme » collective HEP Education est une al- franco-américain (BBA américain / titre liance volontaire et sans fusion d’écoles de niveau I), l’Ifag a un enseignement et de centres de formation autour de tourné vers l’entrepreneuriat. trois valeurs partagées : humanisme, entrepreneuriat, professionnalisme. Ces dernières années, les implantations se sont accélérées avec notamment Esdes l’arrivée des écoles régionales L’Esdes fait partie de l’UCly et est im- (anciennes ESC), à l’image de BSB plantée sur le campus Saint-Paul. (Burgundy business school, ex-ESC

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Dijon), de l’Essca (Angers). La CCI de riaux plastiques, matériaux textiles et Lyon a impulsé l’implantation de l’Esta à cuir. L’école est située sur le campus la rentrée 2015. L’école, originaire de d’Ecully, il y a environ 450 étudiants. Belfort, propose une double formation Isara (Institut supérieur d’agriculture technique (en lien avec l’Insa) et mana- et d’agroalimentaire Rhône-Alpes) gement. L’Isara forme des ingénieurs en agricul- La concurrence entre écoles de mana- ture, alimentation, environnement et gement s’est intensifiée ces dernières développement rural. Elle est située années. Il n’est pas toujours facile de s’y dans le 7e arrondissement de Lyon et retrouver. Pour tirer leur épingle du jeu, accueille plus de 900 étudiants. Avec les écoles doivent se démarquer, propo- une quarantaine d’organisations profes- ser des offres différenciantes, délivrer sionnelle, elle est à l’origine de la créa- des diplômes ou des titres reconnus. tion du pôle de compétences des filières Des écoles d’ingénieurs agricoles et alimentaires Agrapôle. renommées Lyon, parmi les 5 métropoles à La CTI (Commission des titres d’ingé- avoir un Institut catholique nieur) est un organisme indépendant, L’UCly est localisée sur deux sites dans chargé par la loi française depuis 1934 le 2e arrondissement : place Carnot et d’évaluer toutes les formations d’ingé- depuis la rentrée 2015 place des Ar- nieurs. Cinq écoles d’ingénieurs privées chives sur le campus Saint-Paul, issu de sont accréditées dans la métropole de la réhabilitation des anciennes prisons. Lyon : CPE, l’Ecam, l’Isara, l’Itech et le Elle accueille 5 500 étudiants. Cesi (ei, école d’ingénieurs et exia, école d’ingénieurs informatiques). CPE, Une variété de formations l’Ecam, l’Isara, l’Itech sont des établisse- artistiques : design, mode, ments associés à l’Université de Lyon et architecture d’intérieur, elles se sont fédérées en créant l’IPL (Institut polytechnique de Lyon). dessin, animation CPE Lyon Esmod CPE Lyon est située sur le campus Lyon L’école Esmod est située dans l’ancien Tech-la Doua à Villeurbanne. Elle musée des télécommunications dans le er compte 1 200 étudiants en cycle ingé- 1 arrondissement de Lyon. Elle dis- nieurs, 450 en prépa intégrée. Elle pense des formations en stylisme- forme des ingénieurs en chimie-génie modélisme. L’école de Lyon délivre un des procédés et sciences du numérique. titre de niveau II (bac+3). Seul l’établis- Elle a un statut associatif privé, auto- sement de Paris propose des formations nome juridiquement et financièrement. bac+5. La force d’Esmod réside dans Elle est sous contrat d’association avec son ancienneté (elle a été fondée en l’Université Claude Bernard Lyon 1, qui 1841) et dans un réseau international lui permet notamment d’avoir des labo- d’une vingtaine d’écoles. L’Isem est ratoires de recherche en co-tutelle. quant à lui spécialisé dans les forma- tions en « fashion business ». Au total, Ecam Lyon ce sont environ 220 étudiants qui sont Le site de l’Ecam Lyon se trouve mon- formés dans les deux filières à Lyon. e tée Saint-Barthélemy dans le 5 arron- Ecole Emile Cohl dissement de Lyon et accueille 1 200 étudiants. Elle a le statut de fondation L’école Emile Cohl est une école indé- reconnue d’utilité publique. pendante de dessin et d’art : dessin animé, bande dessinée, illustration, jeu Itech (Institut textile et chimique de vidéo, infographie 2D / 3D. Elle accueille Lyon) environ 800 étudiants. Dans son do- L’Itech forme des ingénieurs spécialisés maine, elle fait partie des rares écoles en chimie des formulations (peintures, françaises reconnues par l’Etat et peut encres, adhésifs, cosmétiques), maté- délivrer depuis 2015 un diplôme de des-

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sinateur praticien (niveau II) visé par le , Toulouse et Nantes, vient ministère de l’Education nationale, de d’ouvrir à la rentrée 2017 dans le quar- l’enseignement supérieur et de la re- tier Confluence à Lyon une formation en cherche (MENESR). Avec CitéCréation cinéma d’animation 3D. elle a créé EcohlCité, une école d’art Formations informatiques : complé- mural (80 étudiants). mentarité public-privé, formations Les deux écoles sont situées depuis supérieures-formations courtes 2015 sur le « Campus pro Lyon Au- Les besoins de recrutements en numé- vergne-Rhône-Alpes » dans le 3e arron- rique sont énormes et les entreprises ne dissement de Lyon sur l’ancienne friche parviennent pas toujours à recruter. RVI. Le campus accueille plus de 6 500 Pour faire face à ce défi, le Président de étudiants (Afpia, Croix-Rouge forma- la République a lancé en 2015 la tions, FCMB, SEPR). « Grande école du numérique ». Cette Créad action vise à structurer une offre sur l’ensemble du territoire national. Il s’agit Créad Institut est une école indépen- également de favoriser l’insertion pro- dante familiale d’architecte d’intérieur, fessionnelle des publics éloignés de designer. Elle s’est installée dans les l’emploi et de la formation (accessibles anciens locaux de l’école Emile Cohl aux personnes n’ayant pas le bac). Ces dans le 3e arrondissement de Lyon et formations se font souvent sur des forme 400 étudiants. Le titre architecte courtes durées (3 mois). A Lyon, plu- d'intérieur-designer délivré Créad est à sieurs écoles se sont implantées ces la fois reconnu par le syndicat profes- dernières années, certaines forment des sionnel Unaid (Union nationale des ar- développeurs web : Simplon, Wild code chitectes d'intérieur, designers) et inscrit school, Human Booster, le Wagon… au RNCP (niveau II). Plusieurs écoles privées proposent des Esail formations supérieurs en informatique et L’école supérieure d’architecture d’inté- numérique (bac+3 et bac +5) : rieur de Lyon est située sur le campus René Cassin à Vaise (Lyon 9). L’Esail  Exia.cesi, école d’ingénieurs à fait partie des rares formations fran- Ecully. çaises en architecture intérieure recon-  (groupe Ionis), école de nues par le ministère de l’Education l’expertise informatique, dont la pé- nationale, de l’enseignement supérieur dagogie est fondée sur le mode pro- et de la recherche. Elle est également jet. Située rue Paul Bert, elle va dé- reconnue par le CFAI (Conseil français ménager à Jean Macé. des architectes d’intérieur). Elle délivre des titres certifiés au RNCP de niveau I  Epsi, ingénierie informatique, si- (bac+5) et III (bac+2). tuée sur le campus René Cassin. Parmi les autres formations d’art, citons  Esme Sudria, école d’ingénieurs le projet porté par l’architecte Odile du groupe Ionis. A Lyon, le cursus Decq : Confluence Institute for innova- s’arrête au niveau bac +3. L’Epita tion and creative strategies in architec- (école d’ingénieurs en informatique, ture. Cette école ouverte en 2014 n’a groupe Ionis) propose également le pour l’instant aucune reconnaissance cursus préparatoire à Lyon sur le que ce soit au niveau de l’Etat (diplôme même site à Ainay (Lyon 2e). ou titre) ou au niveau professionnel.  SupInfo (Lyon 8e, groupe belge Par ailleurs l’Esma (Ecole supérieure Educinvest). des métiers artistiques), déjà présente à  Ingésup (Lyon 7e).

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Zooms cartographiques

Etablissements d’enseignement supérieur privé - zoom Lyon 2 Source : Onisep et Opale

L’Université catholique de Lyon (UCly) Elle est située sur deux sites : le cam- pus Carnot et le campus Saint-Paul (issu de la transformation de l’ancienne prison). Vatel L’école forme aux métiers du manage- ment de l’hôtellerie-tourisme. Le groupe, dont le siège est à Lyon, comprend plu- sieurs sites dans le quartier Perrache- Carnot ; il s’agrandit à la rentrée 2017. Bellecour Ecole L’établissement a été créé en 1937 à Lyon ; il forme aux métiers de création (architecture intérieure, design gra- phique, design de produits, mode, digi- tal, jeu vidéo, 3D animation). L’école est implantée sur plusieurs sites autour de la place Bellecour. Esma (Ecole supérieure des métiers artistiques) Nouvelle implantation de la rentrée 2017, l’Esma propose à Lyon une for- mation en cinéma d’animation 3D. La formation est dispensée en français et en anglais.

A noter que l’école privée d’architecture Confluence d’Odile Decq ne fait pas partie des établissements recensés car elle ne délivre pas de titres ou diplômes reconnus.

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Etablissements d’enseignement supérieur privé - zoom Lyon 3 Source : Onisep et Opale

Campus pro Lyon Auvergne Rhône- Alpes Situé sur l’ancienne friche RVI, le site rassemble plusieurs formations, supé- rieures et professionnelles : l’école Emile Cohl, l’Institut de formation Croix- Rouge (IRFSS), la SEPR (centre de formation professionnelle initiale).

A Grange-Blanche, se trouvent des écoles de formation en santé.

Les écoles du groupe Ionis, Epitech et e -artsup situées dans le quartier Part- Dieu (rues Paul Bert et Vivier Merle) vont prochainement (début 2018) démé- nager dans le quartier de Jean Macé.

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Etablissements d’enseignement supérieur privé - zoom Lyon 7 Source : Onisep et Opale

La majorité des établissements sont situés dans le 7e nord. La plus grosse concentration d’étudiants se trouve à l’Inseec (2 900 étudiants) qui s’est ins- tallé dans l’ancien garage Citroën, à proximité immédiate du campus des quais (universités Lyon 1 et Lyon 3). Dans le quartier de Gerland, l’école d’ingénieurs Isara est au cœur du bio- district. L’Ifpass (Institut de formation de la pro- fession de l'assurance) se situe dans les mêmes locaux que l’Isfa de l’Université Lyon 1 (Institut de sciences financières et d’assurance) sur le campus Charles Mérieux. En prise à des difficultés finan- cières, l’Ifpass a noué en 2016 un parte- nariat stratégique avec le groupe IGS.

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Etablissements d’enseignement supérieur privé - zoom Lyon 9 Source : Onisep et Opale

Campus René Cassin Le campus René Cassin rassemble les écoles du groupe IGS et du réseau Compétences & développement (Idrac, Ifag, 3A, Epsi). Ces formations font par- tie de HEP Education. Le campus ac- cueille plus de 6 000 étudiants. Il s’est agrandi en octobre 2017 avec la cons- truction d’un deuxième bâtiment de plus de 7 000 m².

A proximité, se situe le centre de forma- tion de la CCI et l’école Esmae (école de la CCI, métiers du recrutement et du travail temporaire).

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Etablissements d’enseignement supérieur privé - zoom Ecully Source : Onisep et Opale

Le campus Lyon Ouest d’Ecully ras- semble des écoles publiques (Ecole centrale de Lyon) et privées :  Emlyon business school,  Les écoles d’ingénieurs Itech et Cesi  L’école d’ostéopathie ISOstéo  Les écoles consulaires Esta et Eklya, qui viennent d’emménager à la ren- trée 2017 dans les anciens locaux de Manitowoc.

La commune d’Ecully accueille égale- ment l’Institut Paul Bocuse.

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Analyse des stratégies et enjeux locaux

Les écoles supérieures privées trouvent à Lyon un terreau très fertile dont elles savent tirer parti pour se développer, entre autonomie et ouverture, concurrence et parfois collaboration.

Des écoles qui tirent profit de tissage par exemple) ou à la cohabita- l’écosystème lyonnais tion avec le voisinage (quand l’espace public sert de « cour d’école » pour les Une reconnaissance de la qualité de étudiants). l’écosystème Les principales difficultés exprimées * Liste des écoles rencontrées Les écoles privées rencontrées dans le localement concernent l’accessibilité, à la fin du document cadre du diagnostic* ont toutes un avis qui est le point noir des écoles du cam- très positif sur l’agglomération lyon- pus Lyon Ouest à Ecully, les services naise, son dynamisme, ses aménités et urbains (signalétique, poubelles et cen- son tissu économique. Elles savent très driers au pied des immeubles, arceaux à bien mobiliser les ressources locales en vélo sur l’espace public…) ou le loge- fonction de leurs besoins, trouver des ment étudiant. Plus globalement, toutes intervenants spécialisés ou profession- les actions visant à rendre la région nels, solliciter les réseaux d’acteurs ou lyonnaise plus attractive pour les étu- les entreprises. La recherche d’entre- diants et pour les entreprises sont ju- prises pour les stages ou l’alternance ne gées utiles. semble pas poser de souci particulier. La formation à l’entrepreneuriat très Des attentes limitées envers la répandue collectivité Un grand nombre d’écoles intègre la Dans ce contexte très favorable, les question de la création d’entreprise dans écoles privées n’expriment que peu d’at- le cursus de formation. C’est le cas non tentes vis-à-vis des pouvoirs publics seulement des écoles de commerce locaux. Très peu font état de relations mais aussi des écoles d’informatique, de directes avec la Métropole de Lyon, design intérieur, des métiers de santé… même si certaines écoles expriment L’entrepreneuriat est devenue une clairement un souhait de mieux travailler brique incontournable dans la majorité avec les collectivités locales ; c’est le des cursus. cas notamment des écoles du campus Le dispositif LVE (Lyon Ville de l’entre- René Cassin à Gorge-de-Loup. preneuriat) est souvent connu et mobili- Les écoles ont la conviction d’être des sé. acteurs importants du territoire (par le Certaines écoles vont assez loin dans nombre d’étudiants et l’emploi généré) l’accompagnement des étudiants créa- mais ont souvent l’impression d’être teurs. L’enseignement de l’école de ma- oubliées des collectivités. nagement Ifag, par exemple, est claire- Certaines écoles regrettent des difficul- ment axé sur la création et la reprise tés plus globales, liées à la réglementa- d’entreprises. Quelques écoles intègrent tion (lenteur et complexité des contrôles directement des incubateurs, comme le de sécurité, réforme de la taxe d’appren- campus René Cassin, qui héberge l’incubateur d’entrepreneurs sociaux

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Ronalpia, dont la Métropole de Lyon et Une internationalisation des parcours la région Auvergne-Rhône-Alpes sont de formation partenaires financiers. C’est le cas éga- Offrir la possibilité aux étudiants de par- lement du Groupe Ionis, dont l’incuba- tir se former pour un temps donné à teur national Ionis 361 rejoindra en 2018 l’étranger est devenu quasiment incon- le nouveau campus de Lyon Jean Macé. tournable. Toutes les écoles de com- Un recrutement des étudiants merce, gestion et management et les souvent régional écoles d’ingénieurs sont dans ce cas. L’origine des étudiants est majoritaire- Elles ont, pour ce faire, multiplié les par- ment régionale. Lyon est traditionnelle- tenariats avec des écoles ou des univer- ment une ville attractive pour les bache- sités étrangères. C’est le cas par liers de la région, qui forme une zone de exemple de l’Ecam, qui a noué des par- chalandise déjà importante pour les tenariats avec 70 universités étrangères écoles. de tous les continents. Certaines écoles ont également développé une stratégie La plupart des établissements sont en d’ouverture de campus à leur nom ou de effet dans une stratégie de recrutement franchises à l’étranger, ce qui facilite les qui dépasse rarement le quart Sud-Est mouvements des étudiants. C’est ainsi de la France. C’est le cas des écoles disposant de plusieurs sites en France le cas de l’emlyon business school (à (Idrac, Inseec, Esmod…) ou d’écoles et Shanghai), de l’Inseec (à proposant une formation dispensée aus- Genève, Londres, Shanghai, San Fran- si ailleurs (métiers de santé…). Cer- cisco), de Vatel (41 campus dans le taines écoles, par leur notoriété ou leur monde). spécificité, ont cependant un recrute- Quelques écoles proposent à Lyon une ment plus large, à l’échelle nationale. formation internationalisée : double di- C’est le cas par exemple de l’Institut plôme américain/français (BBA améri- Paul Bocuse ou de Créad. cain, titre RNCP de niveau II) au Cefam Sauf cas particulier, les étudiants étran- (groupe IGS), titre d’Ingénieur Ecam gers ne sont pas une cible prioritaire Engineering obtenu après une formation pour les écoles lyonnaises. Ils y sont intégralement dispensée en anglais. souvent peu nombreux. Les relations avec les autres écoles : entre concurrence et souhait de dia- Des écoles autonomes mais logue ouvertes sur le monde Rares sont les écoles ayant tissé des relations étroites avec d’autres écoles Une autonomie revendiquée lyonnaises. Certaines, fonctionnant en Les écoles privées apprécient leur auto- réseau international de franchise nomie pour la création de nouveaux (Esmod, Vatel…), trouvent dans ce ré- cursus, l’adaptation des formations, le seau une ouverture suffisante. D’autres recrutement des intervenants, les choix ont noué un partenariat privilégié avec immobiliers… Pour les écoles indépen- une école complémentaire à la leur (par dantes, sans comptes à rendre à des exemple, l’école de management Eklya actionnaires, cette autonomie est reven- avec Sup de vente à Paris). Le regrou- diquée et est considérée comme un pement en campus multi-écoles, au sein atout. d’un même groupe ou réseau, favorise naturellement les échanges ; c’est le cas L’agilité est, en effet, un des points forts au sein du campus René Cassin du des écoles privées, qui ont une vraie réseau HEP. capacité à prendre des décisions et à évoluer rapidement pour s’adapter aux Il est à noter que certaines écoles, par- nouveaux besoins du marché du travail, tagent parfois les mêmes intervenants. pour inventer de nouvelles formes d’en- Le spécialiste d’un sujet va, en effet, seignement… ou pour fermer un cursus être embauché par plusieurs écoles, ce non rentable ou inadapté. qui crée un lien indirect entre elles.

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La concurrence entre les écoles ne faci- tion, qui permet une souplesse beau- lite pas les coopérations. Quelques- coup plus grande d’adaptation (par unes des écoles rencontrées, mais elles exemple l’Inseec au sein de l’im- sont rares, émettent le souhait d’un meuble New Deal). meilleur dialogue pour promouvoir des  Immobilier de bureaux / d’activité / mutualisations (pour la négociation de d’habitation : la plupart des écoles licences informatiques pour des équipe- occupent des espaces prévus pour ments en commun par exemple) ou des des activités tertiaires, dans des im- échanges de bonnes pratiques entre meubles de bureaux. Certaines ont gestionnaires d’écoles. cependant besoin de grands vo- L’enseignement public, un monde lumes pour certaines activités et peu connu privilégient d’anciens sites artisanaux ou industriels (Créad, Esmod…) ou Les écoles privées, dans leur grande des rez-de-chaussée commerciaux majorité, développent leur activité et (Horizon Santé…). D’autres investis- leurs enseignements avec leur stratégie sent, par opportunité, des immeubles propre et sans lien avec l’enseignement d’habitation (Vatel…). public. Celui-ci est rarement perçu  Centre / périphérie : la quasi-totalité comme un concurrent mais plutôt des écoles sont localisées dans le comme un élément du paysage dont les centre de l’agglomération, à Lyon, et écoles privées, par nature, veulent se même dans l’hypercentre pour cer- démarquer ou s’estiment complémen- taines. Le souhait de rester au cœur taires. de la « ville étudiante » compte pour Le cas des écoles associées à l’Univer- beaucoup dans ce choix, malgré les sité de Lyon est à part, puisqu’elles par- coûts immobiliers qu’il induit. Le ticipent aux discussions de la COMUE campus Lyon Ouest, à Ecully, fait et ont une vision de la stratégie portée figure d’exception. C’est le seul pôle pour le site de Lyon-Saint-Etienne. La d’enseignement hors de Lyon et Vil- question de l’élargissement des leurbanne a avoir été investi ainsi membres associés à l’Université de par le privé. S’y posent cependant Lyon a clairement été posée par avec acuité les questions de l’acces- quelques-unes des écoles rencontrées. sibilité et du logement pour les étu- diants.

 Logique de campus multi-écoles : la Des stratégies immobilières forte croissance des effectifs et la avec un impact territorial fort multiplication des offres de formation au sein d’un même groupe d’ensei- Des stratégies immobilières variées gnement privé conduit certains L’enseignement supérieur privé, dont le groupes à concevoir de véritables développement est plus récent que celui campus urbains multi-écoles. C’est de l’enseignement public, dispose rare- le cas notamment du campus René ment de site ou de campus historique. Cassin du réseau HEP Education à e Les implantations se sont faites au gré Lyon 9 ou du campus numérique & des opportunités et du marché immobi- créatif du groupe Ionis Education e lier du moment, et selon la stratégie de Group à Lyon 7 (qui ne réunit ce- chaque école. pendant pas toutes les écoles du groupe à Lyon). Selon un autre mo- Les situations immobilières sont donc dèle, l’école Emile Cohl a rejoint en assez variées, selon plusieurs critères : 2015 cinq autres établissements de  Propriété / location : certaines écoles formation au sein du Campus Pro sont propriétaires de leurs locaux, Lyon Auvergne-Rhône-Alpes à Lyon e les ayant construits pour elles- 3 (celui-ci ne réunit pas exclusive- mêmes sur fonds propres (ISOsteo, ment des établissements de forma- Ecole LDLC...) ou les ayant réhabili- tion supérieure). tés après rachat (Créad, Vatel...). D’autres écoles privilégient la loca-

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Des projets immobiliers nombreux, se démarquer) mais aussi vis-à-vis des sites en mouvement de l’enseignement public (dont les typologies de diplômes sont mieux Face au développement rapide de leur balisées et identifiées et dont la re- activité, les écoles ont multiplié les pro- cherche académique fonde la notorié- jets immobiliers au cours des dernières té). années. A titre indicatif, neuf des douze écoles rencontrées dans le cadre de ce  Le coût de la formation n’est pas con- diagnostic avaient déménagé ou engagé sidéré comme un frein par les écoles. des travaux importants depuis 2015, les Il pose malgré tout la question de la trois restantes faisant partie du campus capacité des étudiants à financer leur René Cassin en cours d’agrandisse- formation et celle de la valeur du di- ment. plôme obtenu sur le marché du tra- Ce dynamisme immobilier traduit une vail. capacité des écoles privées à adapter leurs locaux en fonction de leur activité et de la croissance du nombre de leurs étudiants, en toute autonomie. Il pose cependant la question de l’adaptation des locaux choisis ou de leur localisa- tion à l’accueil en nombre d’étudiants, aussi bien pour le voisinage (problèmes de cohabitation plusieurs fois évoqués) ou pour la collectivité (lorsque les écoles se déplacent au gré des opportunités immobilières).

Des faiblesses qui ne sont pas liées au territoire Les enjeux soulignés plus haut dans le panorama des acteurs privés d’ensei- gnement supérieur restent valables pour les écoles lyonnaises :  Le manque de lisibilité des forma- tions, le flou parfois entretenu sur la reconnaissance (ou non) des di- plômes et des titres, le foisonnement des cursus et des écoles forment un paysage confus dans lequel il est difficile de se repérer et d’estimer la valeur des enseignements et des diplômes obtenus. Les écoles qui délivrent des formations sans visa ni reconnaissance de la part de l’Etat sont souvent jugées sévèrement par les professionnels rencontrés.  Le déficit d’image est le corollaire du manque de lisibilité. Ce déficit se lit à non seulement entre écoles privées (le foisonnement des offres et des stratégies marketing dans certains champs comme le commerce ou le management fait qu’il est difficile de

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Récapitulatif des enjeux

Atouts Faiblesses

 Présence d’écoles reconnues, de qualité  Manque de lisibilité (reconnaissance, diplômes, titres…)  Présence de l’université catholique de Lyon  Hétérogénéité de la qualité des diplômes  Présence forte du groupe IGS et du réseau C&D, campus René Cassin  Déficit d’image, de crédibilité de la part du monde académique (notamment en raison de  Capacité à trouver des solutions immobilières l’absence de recherche)

 Proximité avec les entreprises, capacité à tirer profit de l’écosystème lyonnais

 Agilité, adaptation à la demande, au marché du travail, innovation

 Moindre coût de la vie étudiante par rapport à Paris

Opportunités Menaces

 Augmentation de la demande étudiante  Concurrence forte sur certains domaines (écoles de management notamment)  Saturation de l’offre publique  Financiarisation  Nouveaux métiers, nouveaux besoins de recrutements (numérique par exemple)  Coût de la formation

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Principales sources d’information : entretiens, documents, données

Entretiens avec Bibliographie Données  Université de Lyon | Martine  L’enseignement supérieur à but Effectifs étudiants et recensement des Chanas, déléguée générale lucratif en France à l’aune des poro- établissements d’enseignement supé-  Aderly | Emily Morey, conseillère sités public-privé : un état des lieux / rieur : Aurélien Casta. In : Formation em- de projet et Marie-Pierre Gottwald,  les effectifs étudiants sont fournis ploi, Revue française de sciences consultante en ressources humaines par le ministère de l’Education natio- sociales, n°132, octobre-décembre nale, de l’enseignement supérieur et  Avuf | François Rio, délégué 2015. de la recherche recensés dans les général  School Business : comment l’argent systèmes d’information et enquêtes  Esmod - Isem | Alain Boix, dynamite le système éducatif / Ar- du MENESR, des ministères en directeur d’établissement naud Parienty. La Découverte, charge de l’Agriculture, de la Pêche,  Idrac Business School | Virginie 2015. de la Culture, de la Santé et des Lacroix Altuna, directrice  L’enseignement privé : clarifier les Sports.  Groupe IGS | Jean-Michel Perrenot, liens avec l’État. In : Rapport du  L’Onisep recense au niveau national directeur général exécutif et Nathalie médiateur de l’éducation nationale les établissements d’enseignement Gauthier, directrice régionale adjointe et de l’enseignement supérieur - supérieur via le réseau de ses délé- Année 2012. gations régionales. La base n’est pas  Ifag | Alexandre Chabance,  L’enseignement supérieur privé : forcément exhaustive pour les éta- responsable développement et blissements hors contrat ou non re- propositions pour un nouveau mode communication connus. Ces établissements doivent de relations avec l’État. Rapport de faire la demande auprès de la délé-  Ecole LDLC | Audrey Leuk, l’Igaenr (Inspection générale de gation concernée et respecter cer- responsable des relations extérieures l’administration de l’éducation natio- tains critères pour être référencés. Epsi | Marie-Laure-Drevet, directrice nale et de la recherche), juin 2015.  Nous avons complété la base avec de Campus  Réussir la démocratisation de l’en- certains établissements. Nous ne  Epitech | Catherine Schatz, seignement supérieur : l’enjeu du prétendons cependant pas à l’ex- directrice du développement régional premier cycle / Gérard Aschieri. haustivité. et Mathieu Champely, directeur Rapport du Conseil économique, régional en charge de l’enseignement social et environnemental, sep- tembre 2012.  Vatel | Karine Benzazon, directrice générale et Delphine Cinquin, directrice de l’école de Lyon  Inseec | Marion Fabre, directrice  Esta - Eklya | Sébastien Arcos, directeur général  Créad | Christian Lasserre, directeur Equipe d’étude :  Isostéo | Jean Canetos, directeur Sophie-Anne Carrolaggi Clarisse Garin-Hameline

Xavier Laurent

Cartographie : Johannel Macabre

Pictogrammes : www.freepik.com

Opale - L’enseignement supérieur privé ▌31

Les travaux de l’Observatoire partenarial lyonnais en économie sont l’expression d’un partenariat entre la Métropole de Lyon, la Ville de Lyon, la CCI de Lyon Métropole, le Medef Lyon-Rhône, l’Université de Lyon, la Chambre de métiers et de l’artisanat du Rhône, la CGPME, Pôle Emploi, l’Aderly, le Cecim, l’Office de tourisme et des congrès du Grand Lyon, Viennagglo, le Pôle métropolitain et l’Agence d’urbanisme de l’aire métropolitaine lyonnaise, en association avec le Sgar, l’Insee, la Banque de France, l’Urssaf, la Caisse des Dépôts et Consignations et la Direccte du Rhône.

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Métropole de Lyon, Etat, Département du Rhône, Sepal, Sytral, Région Auvergne Rhône-Alpes, Epora, Pôle métropolitain, Communautés d’agglomération de la Porte de l’Isère, du Bassin d’Annonay, du Pays Viennois, Communautés de communes de l’Est Lyonnais, de la Vallée du Garon, des Vallons du Lyonnais, du Pays de l’Arbresle, du Pays de l’Ozon, du Pays Mornantais, Communes de Bourgoin-Jallieu, Lyon, Romans-sur-Isère, Tarare, Vaulx-en-Velin, Vénissieux, Villeurbanne, Syndicats mixtes des Scot de l’Ouest Lyonnais, de la Boucle du Rhône en Dauphiné, de la Dombes, des Monts du Lyonnais, des Rives du Rhône, du Beaujolais, du Nord-Isère, du Val de Saône-Dombes, Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, Agence régionale de santé, CCI Lyon Métropole Saint-Etienne Roanne, Chambre de métiers et de l’artisanat du Rhône, Caisse des dépôts et consignations, Grand Lyon Habitat, Lyon Métropole Habitat, Opac du Rhône, Syndicat mixte de transports pour l’aire métropolitaine lyonnaise, Syndicat mixte pour l’aménagement et la gestion du Grand Parc Miribel Jonage

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