La Sépulture Mésolithique Du Petit Rt À Malonne (Namut, Belgique) Contextearchéologique Et Position Chronologique
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Anthr opologieet Préhistoir e, I05, 1994 : 65-82 La sépulture mésolithique du Petit Rt à Malonne (Namut, Belgique) Contextearchéologique et position chronologique Ivan JADIN et Michel CARPENTIER Résumé Le site de Malonne-Petit Ri a livré en L962un lambeaude sépultureen grotte, probablementcollective, datée du Mésoli- thique ancien' Malheureusement,les conditions d'observationsur le terrain n'ont pas permis de recueillir toutes les informa- tions souhaitéespour un gisementde ce type. La grotte du Petit Ri avait déjà été en grande partie emportéepar une ancienne exploitation de calcaireet les sédimentsétaient en cours d'érosion quand les premiersvestiges archéologiques ont été décou- verts' Parmi les restesde différentesnatures qui nous sont parvenus,plusieurs éléments évoquent le Mésolithique.Une data- tion radiométriquepar accélérateur,réalisée directement sur un os long humain, permet d'inscrire la sépulturedu PetitRi dans une suite d'inhumations collectivessous abri nafurel récemmentmises en évidencepour le Mésolithiqueancien dans le bassin de la Meuseen amont de Namur (Belgique)et dans le Somerset(Grande-Bretagne). Abstract ln 1962 the caaeof Malonne-Petit Ri producedthe remainsof a (probablycollectiae) human burial possibtybelonging to the Early Mesolithic. Unfortunately,circumstances at the time of discoaerydid not allowfult archaeologicalinuestigation. Part of the sitehad been destroyedby an old limestonequarry and the remainingsediments were badly eroded. Amongst the dffirent presmsedmaterial were ele- mentsthat suggestedthe burial wasMesolithic, but with nofurther precision.An acceleratordating, madedirectly on a human long bone, allows theplacing of the Petit Ri burial in an Early Mesolithiccollectiue funerary tradition that inaolaedthe disposalof thedead in natural rockshelters.This is illustratedthrough the examinationof the Early Mesolithicof theMeuse basin aboue Namur (Belgium)and of Somer- set(Great Britaiù. 1.. UNE DEcoUvERTE ANCIENNEDANs soN ques. Côté est, à mi-hauteur, se voit une succes- CONTEXTE sion proche de I'horizontale de petites cavités re- liées par une étroite corniche, ainsi que I'amorce 1.1.Situation d'une percée perpendiculaire (fig. 3,4 et 5). Ces traces correspondent à un reste Le site archéologiquedu Petit Rl ou Petit Ry, de plancher et de paroi latérale d'une salle, ou ou du moins ce qui en subsiste,se trouve dans plutôt d'une galerie emportée longitudinalement une carrière désaffectéeà Malonne (commune ac- par I'exploitation, et constituent tout ce qui tuelle de Namur et province de Namur), à la- subsiste d'un réseau qui devait être plus important. quelle on accèdepar la rue du Grand Babin. Ou- Les vestiges préhisto- riques proviennent d.essédiments verte au siècledemier, la carrièredu Petit Ri a en- encore en place sur l'étroite corniche lors de tamé le flanc ouest d'un éperon découpédans le la découverte. calcaire frasnien par le Landoir et par un de ses 1.2. Circonstances de la découverte petits affluents qui descenddes lieux-dits Grand et de l'étude Babinet Petit Babin.Le Landoir est lui-même tri- Au cours du premier trimestre de t962, lli,4ri- butaire de la Sambredans laquelleil sejette après chel Carpentier, alors étudiant à l'École normale avoir traversé le village de Malonne. La carrière de Malonne et à la recherche de fossiles, décou- du Petit Ri occupe,au lieu-dit Aux Richis,Ia par- vre les premiers éléments préhistoriques dans la celle 269h du cadastre de Namur, 6e division, carrière abandonnée du Petit Ri. anciennementMalonne, section A, Lèrefeuille. Sa position géographiqueest 50" 25' 42" nord et 4" La corniche, où se situe le site préhistorique, 47' 48"est (fig. 1.et 2). n'est accessible que par le bas et avec difficultél (fig. 6). Un crâne humain était posé à environ 20 Plusieursgaleries karstiques fossiles sont en- cm de la paroi, à même la surface des sédiments, core visibles dans les deux pans rocheux du front légèrement incliné suivant la déclivité de ceux-ci. de taille de Ia carrière. Le massif à I'ouest pré- Une dent de cheval gisait également en surface sente un boyau sectionné transversalement,qui au bord de la comiche. L'examen d'une partie des ne semblepas avoir livré de vestigesarchéologi- sédiments encore en place, jusqu'à 20 cm sous le 66 Ivan JaoIN et Michel CenpsNnsR sa collecte et se renseigne autour de lui. Il consulte entre autres Louis Eloy. Entre-temps, Pierre Renier, jeune homme passionné d'archéo- logie et de préhistoire, accompagné de Gty Bastin, tous deux de Floreffe, vident le gisement ffio= \ de ses dépôts meubles et récoltent encore des restes fauniques, quelques ossements humains et I'essentiel de I'industrie lithique qui nous est parvenue. Récemment interrogé, P. Renier croit se souvenir que les vestiges étaient assez con- centrés, que les artefacts lithiques gisaient en profondeur et que les restes humains affleuraient (P. Renier, comm. pers.). Un poinçon en os, un fragment de bois de cerf utilisé sans doute corune ciseau et trois tes- sons de poterie attribués au Hallstatt ont encore été trouvés à la même époque dans la carrière du Petit Ri par G. Bastin. Il s'agit cependant d'une trouvaille indépendante, effectuée dans une æ poche de terre au sommet du massif2. v L. Étoy a tôt fait de reconnaître I'ancienneté Les liânes de I'industrie récoltée en même temps que les res- tes humains. Il convainc les deux détenteurs \ ,,zeetnny, {o d'objets de lui confier les trouvailles et de sou- mettre pour étude les restes osseux au Dr Fig. 1 : Cartetopographique et situationde Malonne- PetitRi (A). Dessin: Anne-MarieWittek. crâne ainsi que de part et d'autre, a encorepermis à M. Carpentier de récolter un artefact en silex ainsi que d'autres vestigesosseux. Les resteshu- mains n'étaient pas en connexion et les os longs étaient pour la plupart brisés (fig. 7). Le sédiment, encore épais de 45 cm contre la paroi, décroissaitvers le bord de la corniche.Il y a tout lieu de croire que le ruissellement des eaux de pluie le long de la paroi rocheusedu massif était en train d'éroder les sédimentsencore en place. Conscientde son inexpérienceet de I'intérêt Fig. 2: Vue générale du site, prise depuis I'O.- probable de la découverte,M. Carpentier limite N.O. Cliché I.R.Sc.N.B. Le Petit Ri à Malonne : Contexte archéologiqueet position chronologique 67 François Twiesselmann, alors professeur d'An- thropologie à I'Université libre de Bruxelles et chef de section à I'Lrstitut royal des Sciencesna- Fig. 3-a (à droite et ci-dessus): Vue montrant le massif E. de la carrière du Petit Ri à Malonne et détail du reli- quat de galerie subsistant dans ce massif, d'où pro- viennent les vestiges préhistoriques. Clichés réalisés peu après la découverteet communiquéspar M. Car- pentier. Fig. 5 (ci-dessous): Vue latérale de la corniche, en 1.967. Cliché I.R.Sc.N.B. turelles de Belgique. Au premier examen, en 1965,celui-ci confirme I'intérêt de la découverte et spécialement du crâne, bien conservé et qui présentedes caractèresarchaïques. Sur base des connaissancesde l'époque, il conclut à la contem- poranéité de I'Homme de Malonne avec les der- niers chasseurs.En 1967,Fr. Twiesselmanneffec- fue une visite sur les lieux, avec ses collabora- teurs, et se rend à Namur pour examiner les arte- facts en silex. Au début des années70, la pour- suite du travail I'amène à s'interroger sur le con- texte si mal connu du site en sollicitant L. Élov pour la mise par écrit de considérations sur I'in- dustrie lithique puis |ean-Marie Cordy pour I'examendes vestigesfauniques. Depuis le départ à la pension de Fr. Twiesselmannen1975,le ma- nuscrit n'a pas été publié, mais I'étude était suffi- samment avancéepour que ses grandes lignes fi- gurent dans une synthèsesur le peuplement de la Belgique (Twiesselmann,1979: L09 sv.). À part une mention par un historien local (Awoust, t984: 335),I'Homme de Malonne n'apparaît plus dans aucune publication notable. A I'intervention de L. Étoy et surtout de M. Carpentier, inquiet de savoir I'Homme de Malonne toujours inédit3, Fr. Twiesselmann a repris et adapté, avec l'aide de Rosine Orban, Ie copieux manuscrit qui sorlno- lait dans une farde (Twiesselmann et Orban 68 Ivan J,Loruet Michel Cenpnmrn L994,ce volume). En effet, d'un côté, des progrès régions. De l'autre, I'efflorescencede recherches ont été réalisés dans la connaissancedes popu- nouvelles sur les populations mésolithiques de lations mésolithiques et néolithiques de nos nos régions aiguise le désir de présenter le Méso- Iithique de Malonne pour lui-même, au titre de matériel de comparaison. 1.3.Considérations chronologiques en I'absence de stratigraphie Les indices chronologiques et stratigraphi- ques qui permettraient de dégager des ensembles archéologiques distincts sont déficients pour le gisement du Petit Rf à Malonne. Les seuls sou- venirs de P. Renier, plaçant I'industrie lithique sous les vestiges humains, ne pallient pas I'ab- sencede relevésdu matériel dans le lambeau de sédimentsencore en place en1962. Un microlithe affleurait lors de la découverte.Le déplacement de ce type de petits vestigespeut aisément être envisagé dans un sens corrune dans I'autre, spé- cialement sur une amplitude de seulement45 cm. Les remaniementsde matériel dans les sépulfures /1 en grotte par des facteurs naturels, biologiques // .^, '/\ ou anthropiques ont déjà été maintes fois consta- t. (Cauwe, 1993c: 155).Enfin, les sédimentsde \,-l) tés cette cavité karstique partiellement détruite ,\* étaient en cours d'érosion par les eaux de I ruissellement,si bien qu'il semble qu'une part des \ \ vestiges reposait hors contexte sur la surface \ d'érosion, corune le laisse supposer la vue en I \ coupe de M. Carpentier en ce qui concerne le I crâne (fig.7). Rien ne perlnet de déterminer si les restes osseux, brisés et sans connexion, ont été N retrouvés en position primaire ou remaniés après t\ I'abandondu site.