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DOSSIER PÉDAGOGIQUE À DESTINATION DES ENSEIGNANTS ET DES RELAIS ASSOCIATIFS GAUGUIN L'A LCH I M I S T E GRAND PALAIS 11 OCTOBRE 2017 – 22 JANVIER 2018 © RmnGP 2017 GAUGUIN L'ALCHIMISTE SOMMAIRE 11 OCTOBRE 2017 – 22 JANVIER 2018 03 Introduction 04 Entretien avec Claire Bernardi et Ophélie Ferlier-Bouat, commissaires de l'exposition 06 Visiter l’exposition 07 Plan de l’exposition 08 Paul Gauguin en 12 dates 10 Les Thèmes 15 Découvrir quelques œuvres 21 Question à Jean-Pierre Laurant et Didier Kahn 24 Proposition de parcours 27 Annexes et ressources Autour de l’exposition Bibliographie et sitographie Crédits photographiques et mentions de copyright En l’absence de mention d’un nom d’artiste, il s’agit d’œuvres de Paul Gauguin (1848-1903). © RmnGP 2017 GAUGUIN L'ALCHIMISTE · Introduction INTRODUCTION Paul Gauguin (1848-1903) est l’un des peintres français majeurs du XIXe siècle et l’un des plus impor- tants précurseurs de l’art moderne. L’exposition du Grand Palais retrace son étonnante carrière, dans laquelle, il a exploré les arts les plus divers : peinture, dessin, gravure, sculpture, céramique, etc. Les chefs-d’œuvre réunis mettent en avant le travail de l’artiste sur la matière ainsi que son processus de création : Gauguin va bâtir son art sur la répétition de thématiques et de motifs récurrents. Exposition organisée par l’Art Institute of Chicago, l’Etablissement public des musées d’Orsay et de l’Orangerie et la Réunion des musées nationaux-Grand Palais, Paris. Commissariat au musée d’Orsay Claire Bernardi, conservateur peinture et Ophélie Ferlier-Bouat, conservateur sculpture. Commissariat à l’Art Institut de Chicago Gloria Groom, Chair of European Painting and Sculpture Departement. LOCALISATION DE LA GALERIE CÔTÉ CHAMPS-ELYSÉES DANS LE GRAND PALAIS : Epok Design 3 DOSSIER PÉDAGOGIQUE © RmnGP 2017 Création graphique Création GAUGUIN L'ALCHIMISTE · ENTRETIEN AVEC CLAIRE BERNARDI ET OPHELIE FERLIER-BOUAT ENTRETIEN AVEC CLAIRE BERNARDI ET OPHELIE FERLIER-BOUAT COMMISSAIRES DE L’EXPOSITION complémentarité de ses créations. Nous mettons l’accent sur la modernité du processus créateur de Gauguin, sa capa- cité à repousser sans cesse les limites de chaque médium. Il s’aventure hardiment sur le terrain mouvant des frontières entre les catégories et les techniques artis- tiques, travaillant comme potier-peintre, peintre-sculpteur, sculpteur-tailleur sur bois et auteur-graveur d’estampes. L’exposition, à partir d’une trame chro- nologique, regroupe les œuvres autour de thèmes repris par l’artiste parfois jusqu’à l’obsession, proposant au regard de circuler d’une œuvre à l’autre, de la peinture à la sculpture vers le dessin et l’œuvre gravé, à l’image du geste créa- teur de l’artiste. Le parcours de l’exposi- Claire Bernardi, conservateur peinture tion est par ailleurs ponctué de salles de au musée d’Orsay. projection qui proposent une immersion dans les techniques et les méthodes de travail de l’artiste. Deux expositions majeures ont été consa- crées à Paris à Paul Gauguin ces dernières Pourquoi avez-vous intitulé cette exposi- Ophélie Ferlier-Bouat, conservateur années, une monographie en 1989 et une tion Gauguin l’alchimiste ? sculpture au musée d’Orsay. autre sur les années passées en Polynésie, Si le terme d’alchimiste n’a jamais été en 2003. Quel sera le propos de l’expo- employé pour qualifier Gauguin, il permet dont il manipule les matériaux. sition de 2017 ? de résumer plusieurs de ses particularités : « Gauguin l’alchimiste » met ainsi de côté Après l’exposition fondatrice présentée l’idée d’une quête incessante, sans véri- la biographie de l’artiste, pour souligner déjà au Grand Palais en 1989, puis la table point d’achèvement et sa capacité son approche très libre des techniques et belle exposition de 2003 qui se concen- exceptionnelle à transfigurer les maté- des matériaux, un moteur fondamental trait sur la production tahitienne de l’ar- riaux, à voir en eux des qualités indéce- de son aventure artistique. tiste, nous espérons présenter au public lables par le commun des mortels. l’œuvre de Gauguin sous un jour nouveau, Il écrit en 1889 : « Avec un peu de boue on Pourquoi Gauguin part-il toujours plus en soulignant l’importance de l’expéri- peut faire du métal, des pierres précieuses, loin, d’abord en Bretagne, puis à Tahiti et mentation dans son processus créatif. A avec un peu de boue et aussi un peu de finalement aux Marquises ? Que cherche- la lumière des recherches récentes sur génie ! N’est-ce point donc là une matière t-il ? Peut-on comparer sa démarche à celle les techniques et matériaux utilisés par intéressante ? ». d’un ethnologue ? Gauguin, nous avons pour ambition de La référence à l’alchimie dans le titre fait Il n’y a pas de frontière entre le monde révéler les méthodes de travail et les également allusion à l’intérêt que portait personnel et l’univers esthétique de expérimentations de l’artiste dans les Gauguin au symbolisme, au mysticisme Gauguin : quand il évoque son art, il parle domaines les plus divers : peinture, mais et à l’ésotérisme de la fin du XIXe siècle, de lui-même et ses choix personnels également dessin, gravure, sculpture, intérêt qui a guidé son choix de titres énig- sont toujours guidés par des choix esthé- céramique, montrant ainsi la remarquable matiques, mais aussi la manière étonnante tiques. Ainsi, sa volonté d’aller toujours 4 DOSSIER PÉDAGOGIQUE © RmnGP 2017 GAUGUIN L'ALCHIMISTE · ENTRETIEN AVEC CLAIRE BERNARDI ET OPHELIE FERLIER-BOUAT plus loin, de découvrir de nouveaux terri- miques qu’il crée, ce qui est alors tota- Y a-t-il plusieurs Gauguin : celui de la toires, correspond à un besoin constant lement nouveau ; pour cela, il utilise période bretonne ; celui des séjours poly- de perfectionner sa pratique artistique. des techniques traditionnelles comme nésiens, où son œuvre suit-elle une évolu- Alors qu’il n’est que pour quelques mois le colombin, ce qui explique l’irrégula- tion continue ? en Bretagne, en 1889, Gauguin confie rité voulue des formes de ses poteries. Si Gauguin change régulièrement de à son ami Emile Bernard: « Ce que je En se posant comme un artiste-artisan lieux, et que chacun d’entre eux le nourrit, désire c’est un coin de moi-même encore accompli, libéré des services du tourneur il existe une remarquable permanence inconnu ». Ses origines péruviennes (par ou du mouleur, Gauguin s’affirme comme de sa recherche artistique : il fait évoluer sa grand-mère Flora Tristan) constituent créateur complet, en symbiose avec une certains schémas formels, certains motifs, le vecteur de cette quête d’inconnu, matière qui lui offre des possibilités illi- du début à la fin de sa carrière, les combi- d’ailleurs, Gauguin cherche sans cesse mitées. Cette approche expérimentale nant sans cesse à de nouvelles sources à mettre au jour le versant « sauvage » se traduit par des défauts d’application et de nouvelles inventions. de sa personnalité, dont il trouve des de ses ajouts plastiques (des fissures se échos d’abord en Bretagne, puis en forment à la cuisson) et des glaçures Gauguin a été un chef de file pour les Polynésie. Il retient de ces lieux et en appliquées de manière très irrégulière. jeunes peintres de la génération suivante, absorbe uniquement ce qui trouve en lui Ce qui pourrait sembler des « défauts » les Nabis. A-t-il exercé d’autres influences ? une résonance intérieure, proposant bien est pour Gauguin un atout : il admire Gauguin a bien sûr également marqué souvent une synthèse de ses différentes ainsi les potiers japonais pour lesquels de grands protagonistes de la moder- sources visuelles. le hasard de la cuisson est un élément à nité, notamment à la suite de l’exposi- Si l’artiste est en quête de nouveaux part entière de la création. tion rétrospective qui lui a été consa- décors, sa démarche est donc loin de crée dans le cadre du Salon d’Automne celle de l’ethnographe. Les lieux qu’il Gauguin aborde la céramique à la fois de 1906. Ainsi, Georges Braque, Pablo découvre le nourrissent et nourrissent comme un sculpteur et comme un Picasso, parmi d’autres ont alors admiré en retour son art. Gauguin pense son peintre : il emploie sur un corpus signifi- ses œuvres dans toute leur diversité. La identité, comme homme et comme artiste, catif d’œuvres la technique des engobes dimension primitiviste de ses gravures en termes dynamiques. colorés, qu’il travaille au pinceau, avec et de ses bois a été, en particulier, un une grande subtilité. Ce travail influence catalyseur de la modernité, en France, A l’époque de Gauguin, la céramique est même sa peinture : son emploi du mais également au-delà des frontières, considérée comme un artisanat. Pourtant procédé des engobes colorés séparés notamment parmi les expressionnistes il accorde beaucoup d’importance à cette par des incisions précède l’élaboration à allemands (Ernst Ludwig Kirchner, Emil technique et de nombreuses pièces sont Pont-Aven de la technique picturale du Nolde particulièrement). présentes dans le parcours du Grand « cloisonnisme », qui consiste à séparer Palais. Pourquoi cet intérêt ? par des cernes noirs différentes plages Le nom de Gauguin évoque pour le public En son temps, il existe deux catégories colorées. les riches couleurs des tableaux tahitiens, de céramiques : celle artisanale fabriquée en revanche on connaît plus mal le sculp- dans divers centres potiers sur le terri- Sait-on quels liens l’artiste entretenait teur. Comment est-il venu à cet art ? toire et celle appartenant à ce que l’on précisément avec les écrivains et les Gauguin dit s’être consacré dès son plus appelle alors l’art industriel, fabriquée amateurs de l’ésotérisme de son époque ? jeune âge à la taille d’objets en bois au par des artisans avides de découvertes Gauguin n’entretenait pas de liens en parti- couteau.