Valéry Giscard D'estaing Au « Monde » : L'euro Ne Dépend Plus Que De La France
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LeMonde Job: WMQ1207--0001-0 WAS LMQ1207-1 Op.: XX Rev.: 11-07-97 T.: 11:16 S.: 111,06-Cmp.:11,12, Base : LMQPAG 04Fap:99 No:0389 Lcp: 196 CMYK LITTÉRATURE RUSSE LA CHRONIQUE pages IV et V 0231 de Roger-Pol Droit Une des LE MONDE DES LIVRES des page VI par ALLAN GURGAMUS page III LIVRES SAMEDI 12 JUILLET 1997 bbbbbbbbbbbbbbbbbbb Paris en fête Qu’elle séduise ou agace, la capitale suscite encore et toujours le plus vif intérêt. Feux d’artifice éditoriaux pour la Ville Lumière Tout serait à relever : la subtile dis- travers le lieu qui la célèbre : le Ba- tinction entre l’image codifiée de lajo de Jo Privat relayant le Bous- a la Parisienne et la conception du cabal, quand les bourrées et javas Parisien, si floue qu’elle amalgame y rythmaient la vie d’un monde de les extrêmes ; l’aventure des noms l’ombre où poussaient cependant de rues, comme celle de la langue les « fleurs de pavé » de la tradition Paris en fête lorsque les rimes populaires resti- littéraire. C’est ce qu’a vu Vincent aris occupe une place tuent les phrasés perdus ; les sons Milliot, dans Paris en bleu, où résolument à part parmi les villes de la cité, l’obsession de l’approvi- passe, intacte, la capacité de sé- Pd’Occident. Le constat n’a rien de sionnement pour nourrir un ventre duction, de fascination perma- nombriliste puisqu’à l’heure sans cesse dilaté, et le contrôle po- nente de la ville et qui a provoqué où la maison new-yorkaise licier qui confond clercs et laïques, une centralisation hors pair. Ro- Holmes & Meier publie la traduc- marginaux et truands. L’émotion bert Mandrou avait naguère rou- tion de l’ouvrage de Johannes populaire, qui gagne aussi volon- vert la Bibliothèque bleue de la lit- Willms, Paris, Hauptstadt Europas tiers le cimetière que la grève, jus- térature de colportage. A son tour, 1789-1914 (Beck, 1988), encore iné- tifie le repli des temps modernes Milliot travaille sur la construction dit en France, Jean Favier s’inter- sur une sphère privée, dont Favier de l’imaginaire urbain. On est frap- roge avec une lucidité lassée sur la relève le charme parfois coquin pé par la continuité du monumen- pertinence des études sur le lieu : tal : c’est en s’enracinant « Fallait-il écrire de nouveau une Philippe-Jean Catinchi dans le temps long et la Histoire de Paris ? Tant de livres ont tradition héritée de l’anti- a précédé celui-ci... » Il s’y résout ce- lorsque l’hôtel particulier se trans- que que naît le visage de Paris. pendant et nous offre un formi- forme en « folies », tandis qu’au Comme guides et almanachs dé- dable travail dont le plan traduit club des nantis répond la séduc- livrent l’information utilitaire, la ce malaise. Si l’état de la recherche tion débraillée des guinguettes. Le littérature joue la carte du specta- Festival russe historique justifie une vaste syn- lecteur gourmand tenté de picorer culaire (burlesque ou insolite). On thèse, Favier entend ne pas se faire dans les entrées multiples parcourt ainsi la galerie en- piéger par le risque majeur : (« bains », « tourisme », « jeux et combrée d’un monde citadin pit- confondre l’histoire du pays avec sports », « badaud ») devrait ten- toresque – celui des « petits mé- celle de sa capitale. D’Etienne ter d’aborder l’ouvrage dans son tiers » – ou inquiétant, marginaux DOISNEAU/RAPHO Marcel aux ligueurs, de la Fronde à ensemble : il y lira un portrait et criminels portant vite la légende Rue de Nantes, 14 juillet 1955 a Commune ou à la Libération, les complexe et sensible de la ville qui noire de la ville, si excitante que moments retenus dans Quand aide à comprendre la fascination les romanciers du XIXe siècle en fe- quand Fantômas recrute chez Fargue. Pour qui arpente au- PARIS l’histoire de France se fait à Paris qu’exerce Paris, même auprès de ront l’indispensable ingrédient des Bruant... Moins poétiques, les anti- jourd’hui une ville-texte, l’appro- Deux mille an sont ceux des crises, des dé- ceux qui la dénigrent. feuilletons populaires. cipations du temps optent pour la priation du lieu passe par une soif de Jean Favier chirures, ce qui fait la part trop Il est toutefois d’autres histoires Il est encore d’autres Paris de contre-utopie qui prévoit les révo- de savoir qui justifie la multiplica- Fayard, 1 008 p belle à la convulsion dans l’élabo- que la quête des racines. En se plume. L’essai de Marie-Claire lutions de la communication et du tion des guides. Comme s’il fallait ration de la nation comme de sa penchant sur la Bastoche, avec Bancquart relit avec la même ala- transport mais pressent aussi la préférer l’information reçue à PARIS EN BL conscience. C’est sans doute pour- une passion que son style enflam- crité toutes les visions littéraires pollution, l’épidémie ou la déshu- l’écho intime que l’endroit nous Images de la v quoi cette imagerie prévisible est mé assume pleinement, Claude du Paris Belle Epoque : sa méta- manisation. Le charme obstiné du renvoie. Signalons toutefois le re- dans la littéra rejetée en fin d’ouvrage, après les Dubois rend sa mémoire aux rues morphose politique, « victime » de Paris des passeurs de rives, de marquable Guide du Paris médiéval de colportage « Structures » qui organisent l’es- borgnes et aux bals musette, à l’ar- l’affaire Dreyfus, mais aussi sa Toulet à Apollinaire, ne dissipe pas de Laure Beaumont-Maillet ; infor- (XVIe-XVIIIe si pace et la société de la ville, les cri- got de la rue aux Auvergnats de projection dans le monde de l’ef- le malaise dont Paris porte désor- mé et précieux, il se distingue, en de Vincent Mi tères politiques, culturels et écono- Paris, aux crimes de barrière et de froi. Le Paris-mystère des milieux mais l’empreinte littéraire. Reste la marge de ses qualités d’écriture, Ed. Parigramm miques qui assurent sa réputation la sensualité âpre d’une fibre po- d’affaires plus ou moins louches flânerie, ce luxe nécessaire du par ses mises au point archéolo- et son rayonnement (« Une ville pulaire chassée du centre par le re- qu’élucident ou épaississent à l’en- voyageur de ville, visiteur érudit à giques aussi prudentes que bienve- PARIS « BELL d’exception ») et les usages de la gard d’Haussmann. Ce travail en- vi les personnages de Gaston Le- la Stendhal ou fils du lieu auquel il nues. PAR SES ÉCR vie, publique comme privée, du ci- thousiaste est un hommage roux et Maurice Leblanc, sur fond dédie ses explorations et ses rêves, Le parcours aventureux d’un de Marie-Clair tadin (« La vie au quotidien »). appuyé à un style de musique à de rengaine de cabaret apache, tels Léautaud ou Léon-Paul chien et d’un chat, échappés d’un Ed. Adam Biro logis mal fermé, permet à Lionel et 160 p., 150 F. Philippe Koechlin (dont ce fut le dernier ouvrage) de traiter la tra- LA BASTOCH versée de Paris à leur manière : Bal musette, L’homme qui ne voulait pas grandir tendre, ironique, narquoise aussi. et crime 1750- Lieux convenus ou plus secrets, de Claude Dub cette promenade personnelle a la Ed. du Félin, 4 Avec une ironie qui n’exclut pas la générosité, Martin Walser nous livre le récit d’un double naufrage grâce malicieuse que les hommes de lettres osent moins souvent. Pa- GUIDE DORN OU LE MUSÉE mère, qui ne tolère plus de sa par peur de couper le cordon, se mort aucun testament, c’est ris comme un jeu de piste pour en- DU PARIS MÉ DE L’ENFANCE part le moindre signe d’attache- complaît dans cette situation qui peut-être qu’il est tout entier fants, sans boussole ni impa- de Laure Beau (Die Verteidigung der Kindheit) ment pour cet homme qui l’a va le broyer. Prisonnier de dans son dernier geste : une main tience ? Le trait précis de Ed. Hazan, 200 de Martin Walser. quittée. Le traumatisme familial contradictions qu’il ne peut ré- crispée sur un livre ouvert, l’his- Lionel Koechlin traduit sans réa- Traduit de l’allemand est bientôt doublé d’un trauma- soudre, cultivant un romantisme toire de Gaspard Hauser, qui n’a lisme contraignant la magie CHIEN & CHA par Hélène Belleto, tisme national : la division de primaire qu’il est incapable d’as- pas su ou n’a pas pu grandir et de la flânerie désinvolte. La meil- DANS PARIS Livre de poche, 541 p., 55 F. l’Allemagne en 1949. Pour pour- sumer, bloqué dans cette capitale est mort d’être resté un enfant leure façon de découvrir de Philippe suivre ses études de droit, inter- qui n’en est que la moitié d’une, dans un monde d’adultes. Paris comme d’en célébrer le et Lionel Koec u’est-ce qu’un per- rompues pour des raisons poli- irrésolu jusque dans l’ambiguïté Pierre Deshusses miracle. Seuil, 128 p., 5 Q dant ? Un individu tiques Alfred passe à l’Ouest et de sa sexualité Alfred va s’appli- CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16315 – 7,50 F SAMEDI 12 JUILLET 1997 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI Chasse Valéry Giscard d’Estaing au « Monde » : Les nouvelles de l’été aux criminels l’euro ne dépend plus que de la France de huit dames en noir de guerre L’Allemagne présente un budget conforme à Maastricht Dans ce numéro, « L’âge d’or » de Ruth Rendell en Bosnie- DANS un entretien au Monde, LE MONDE commence au- Valéry Giscard d’Estaing critique sé- jourd’hui la publication de huit vèrement l’action diplomatique de nouvelles d’auteurs féminins Herzégovine Jacques Chirac et du gouvernement.