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Mémoire de fin d’études Date de soutenance : septembre 2019 Marine Lafontaine Des arcs-en-ciel pour nos enfants Les représentations altersexuelles dans l’édition jeunesse Commercialisation du livre Master 2de année UFR Sciences de l’Information et de la Communication Paris 13 – Villetaneuse Sous la direction de recherches de Mme. Judith Mayer, professeure certifiée de Lettres Modernes 2 Ce mémoire est dédié à toutes les personnes pour qui l’altersexualité, loin d’être un simple sujet de recherche, est une réalité. 3 Remerciements Je voudrais, en premier lieu, adresser mes remerciements à Judith Meyer qui m’a guidée tout au long de l’écriture de ce mémoire. Merci à Zuzanna Jarota, qui m’a apporté son aide spontanément, enthousiasmée par ce sujet. Merci aussi à mes proches qui m’ont supportée et aidée dans ce travail rédactionnel passionnant. Merci aussi aux personnes qui y ont participé activement en acceptant de répondre à mes nombreuses questions : Cathy Bernheim, Lionel Labosse, Nicolas Wanstok, Marie- Eve Jeannotte, Christine Féret-Fleury et Tom Lévêque. Enfin, merci à Sophie Froger qui a accepté de relire l’intégralité de mes travaux afin de donner la chasse aux coquilles et aux fautes. 4 Sommaire Introduction .......................................................................................................................................................... 6 I/ L’émergence des représentations altersexuelles .......................................................................... 10 1- Émergence de la question « altersexuelle » ........................................................................... 11 2- L’édition jeunesse, un secteur sensible ................................................................................... 16 3- Un engagement à embrasser ........................................................................................................ 23 4- Typologie des éditeurs .................................................................................................................... 26 II/ Étude des représentations altersexuelles à travers un corpus d’œuvres choisies ....... 32 1- Le corpus .............................................................................................................................................. 33 2- Les formes adoptées ........................................................................................................................ 37 3- Et le reste ? ........................................................................................................................................... 45 III/ Les voies de développement de cette littérature ....................................................................... 53 1- L’édition LGBT, « l’édition de l’invisible » .............................................................................. 54 2- Des évolutions littéraires et sociales ........................................................................................ 60 3- Des chemins parcourus et à parcourir ..................................................................................... 64 Conclusion ........................................................................................................................................................... 69 Annexes ................................................................................................................................................................ 72 Bibliographie ...................................................................................................................................................... 86 Bibliographie indicative des fictions textuelles et audiovisuelles .............................................. 89 Crédits photos .................................................................................................................................................... 92 Entretiens ............................................................................................................................................................ 94 5 Introduction « L’écrivain est en situation dans son époque : chaque parole a des retentissements. Chaque silence aussi1. » Pour mon mémoire de fin d’études, je souhaitais traiter d’un sujet qui avait vraiment du sens pour moi et qui reflétait mes valeurs en tant que personne, mais aussi en tant que professionnelle du livre. Après quelques jours de réflexion, mon choix s’est finalement arrêté sur la représentation de la communauté LGBTQI+2. Cependant, j’ignorais sous quel angle aborder ce thème. C’est en lisant des articles sur les mouvements homophobes, qui sévissaient en France dans le courant d’octobre dernier, notamment dans les bibliothèques, que j’ai pris la décision de partir sur un secteur bien particulier de l’édition qui me tient à cœur : la jeunesse. Mon mémoire porte donc sur l’altersexualité au sein des publications destinées aux enfants et aux adolescents, et tout particulièrement dans les fictions. L’édition jeunesse est un secteur éditorial particulier qui produit des publications à destination des enfants comme des adolescents. Cela se traduit au niveau du contenu, mais aussi de la forme. C’est un sujet d’étude qui est apparu assez tardivement. En effet, ce n’est qu’au XIXème siècle que commence à se forger une littérature à destination des enfants qui va de pair avec l’émergence d’un nouveau principe : le plaisir d’apprendre. Cette évolution dans les mentalités a été introduite par John NewBerry en Angleterre avant d’être reprise un siècle plus tard en France par Pierre-Jules Hetzel. Si les professionnels ont pensé qu’il était nécessaire de créer une littérature pour la jeunesse, c’est aussi grâce à un accroissement de l’alphabétisation, favorisé notamment par les lois de Guizot en 1833 et celle de Falloux en 1850 qui ont rendu obligatoire l’établissement d’écoles primaires (d’abord pour les garçons, puis pour les filles également) dans les communes de plus de 500 habitants. 1 JEAN-PAUL SARTRE, présentation des Temps modernes, octobre 1945, Gallimard 2 Sigle qui signifie : lesbien, gay, bisexuel, transexuel, queer, intersexe. Le « + » représente les alliés, c’est-à-dire les personnes hétérosexuelles qui sont en faveur des droits altersexuels. 6 Ce n’est qu’en 1924 que la question de la réception de l’ouvrage par le jeune lectorat va réellement se poser, notamment avec la création de la bibliothèque L’Heure Joyeuse de Claire Huchet. L’idée que le livre doit être source de développement et qu’il doit, par conséquent, apporter quelque chose à celui qui le lit, va peu à peu s’imposer. Grâce à cela, un nouveau regard est porté sur l’enfant. En 1976 un album français écrit par Christian Bruel fait fureur : Histoire de Julie qui avait une ombre de garçon3. Il est considéré comme le premier ouvrage qui confronte l’enfant à sa sexualité et, de ce fait, il est encore aujourd’hui le fer de lance de tous les albums qui souhaitent traiter du sujet du genre. L’altersexualité est un terme particulier, une sorte de mot valise qui recouvre une réalité très large. Ce néologisme a été créé dans les années 2000 par Lionel Labosse, professeur émérite de français dans le secondaire et fondateur de la maison d’édition À Poil. Il regroupe sous sa coupe toutes les sexualités qui se distinguent de l’hétérosexualité : pansexualité, asexualité, homosexualité, transidentité, intersexualité… Ce terme, c’est une manière de regrouper tous les genres et toutes les orientations sexuelles sans distinction et sans créer de catégories étanches. Si j’ai choisi ce néologisme pour titre de mémoire, c’était parce que je ne voulais exclure ni aucune forme de sexualité, ni aucun genre dans le cadre de mes recherches. C’est donc ce terme qui m’a paru être le plus pertinent et, surtout, le plus large possible. Le sujet de l’homosexualité était tabou dans les années 1980 (les homosexuels étaient accusés de « démoraliser » la jeunesse, le sida faisait des ravages…). Pourtant, en littérature et dans le cinéma, la parole se libère peu à peu. En France, des mouvements sociaux voient le jour pour se battre pour le droit des personnes LGBTQI+. En revanche, pour les publications destinées à la jeunesse, ce n’est réellement qu’à l’aube des années 2000 que les écrivains et les éditeurs choisissent de sortir du silence. Cette évolution fait écho à un véritable changement, que ce soit dans les mentalités ou dans l’histoire culturelle, l’un influençant l’autre. Nombre de maisons d’édition de renom publient aujourd’hui des ouvrages mettant en scène des personnages homosexuels. Par exemple, il y a Les Papas de Violette4, un album 3 CHRISTIAN BRUEL, Histoire de Julie qui avait une ombre de garçon, Le Sourire qui Mord, Paris, 1976 4 EMILIE CHAZERAND et GAËLLE SOUPPART, Les Papas de Violette, Gautier Languereau, Paris, 2017 7 destiné aux 3-6 ans, d’Émilie Chazerand et Gaëlle Souppart, publié chez Gautier Languereau en 2017, ou Je me marierai avec Anna5, un roman pour les 10-14 ans de Thierry Lenain, sorti chez Nathan en 1992. Également, La Face cachée de Luna6, un roman qui s’adresse aux adolescents d’Anne Peters, paru en 2005 chez Milan. Ce sont toutes des maisons qui disposent à la fois d’un fort capital symbolique et économique. Les ouvrages à étiquettes « pro-LGBTQI+ » se vendent moins que ceux qui restent dans le schéma hétéronormé (les personnages masculins sont amoureux de personnages féminins et vice versa). On peut en déduire que seules les maisons influentes peuvent se « permettre » de produire des livres qui représentent des personnages