Jean Chaintron, Un Militant Communiste Dans La Préfectorale (1944-1947) Anna Hihn
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Jean Chaintron, un militant communiste dans la préfectorale (1944-1947) Anna Hihn To cite this version: Anna Hihn. Jean Chaintron, un militant communiste dans la préfectorale (1944-1947). Histoire. 2013. dumas-00839166 HAL Id: dumas-00839166 https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-00839166 Submitted on 27 Jun 2013 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne UFR 09 Master Histoire des sociétés occidentales contemporaines Jean Chaintron, un militant communiste dans la préfectorale Jean Chaintron, préfet de la Haute-Vienne (1944-1947) Mémoire de Master 2 recherche Présenté par HIHN Anna sous la direction de PIGENET Michel 1 Remerciements Je tiens à remercier tout particulièrement Jean-Louis Saillant pour sa disponibilité et sa gentillesse ainsi que tous les enfants et la famille de Jean Chaintron pour m'avoir autorisé la lecture de ses archives privées. Je remercie également mon directeur de recherche, Michel Pigenet, pour ses conseils avisés. Mes remerciements vont aussi aux archivistes et aux bibliothécaires, et notamment le personnel de la Bibliothèque francophone multimédia de Limoges, dont l'aide et les renseignements m'ont permis d'avancer dans mes recherches. Merci à mes trois relecteurs (Hubert Hihn, Christian Beauquis et Delphine Joerger) qui ont consacré du temps à lire mon travail et dont les remarques judicieuses m'ont été profitables. Enfin, je remercie plus généralement tous mes proches pour leur présence et pour les échanges précieux que j'ai pu avoir avec eux sur mon travail de recherche (et je pense tout particulièrement à cette discussion lors d'une froide journée d'hiver au bord du canal Achterburgwal). Photographie: Jean Chaintron en habit de préfet. Source : Chaintron Jean, Le Vent soufflait devant ma porte, Paris, Éditions du Seuil, 1993 2 Liste des sigles et abréviations AD : Archives départementales AN : Archives nationales AS : Armée secrète CDL : Comité départemental de libération CGT : Confédération générale du travail CLL : Comité local de libération CFLN : Comité français de libération nationale CG : Conseil général CGA : Confédération générale de l'agriculture CRL : Comité régional de libération CRR : Commissaire régional de la République CR : Commissaire de la République FFI : Forces françaises de l'intérieur FN : Front national FTP : Francs-Tireurs et Partisans FTPF : Francs-Tireurs et Partisans français FUJP : Forces unies de la jeunesse patriotique GPRF : Gouvernement provisoire de la République française MRP : Mouvement républicain populaire ONIC : Office national interprofessionnel des céréales ORA : Organisation de résistance de l'armée PCF : Parti communiste français POF : Parti ouvrier français PRL : Parti républicain de la liberté SOL : Service d'ordre légionnaire STO : Service du travail obligatoire UFF : Union des femmes françaises UPRA : Union patriotique républicaine et antifasciste URSS : Union des républiques socialistes soviétiques 3 « Tempérament artiste, hypersensible, musicien, autodidacte, d'une générosité, d'un dévouement absolu, comme tous les grands idéalistes de sa génération, Jean Chaintron est lié par toute son histoire personnelle à la grande histoire du Parti profond dont il constitue l'une des plus belles biographies. 1» Définition et délimitation du cadre spatio-temporel Comme le souligne Philippe Robrieux, Jean Chaintron est l'une des personnalités marquantes de l'histoire du Parti communiste français (PCF). Il s'agit dans ce travail de recherche de s'intéresser à la période durant laquelle il occupe le poste de préfet de la Haute- Vienne de 1944 à 1947. C'est une période courte mais unique de la vie de Jean Chaintron au cours de laquelle il occupe simultanément deux positions, celle de préfet et celle de militant communiste, qui sont en théorie incompatibles. Pour saisir et comprendre ce paradoxe, il est nécessaire de s'arrêter sur ces deux aspects. Jean Chaintron est avant tout un militant affilié au PCF auquel il adhère en 1931. Le militant d'un parti se différencie d'un simple adhérent au sens où cette dénomination s'applique à tout individu qui consacre une grande partie de son temps aux « activités et aux tâches d'un parti dont on accepte les objectifs et dont on adopte et on propage l'idéologie 2». Le fait de militer signifie donc se conformer à un modèle et être fidèle à une ligne ou à un idéal tout en s'impliquant de façon maximale dans les activités de son parti3. En plus d'être un militant, Jean Chaintron est aussi un permanent du PCF. Cette notion de permanent renvoie à la question de la professionnalisation car ce sont des individus qui sont investis de responsabilités et qui sont le plus souvent employés et salariés du parti. On peut se rapporter aux travaux d'Annie Kriegel qui définit le permanent comme « un militant qui, quelque soit sa fonction ou son mode de rétribution, dépense la totalité de ses forces dans un poste pour lequel le Parti l'a désigné et « cadré »4 .» Jean Chaintron est donc plus qu'un simple adhérent car depuis ses premières prises de responsabilités dans les années 1930, il a consacré toute son activité et son énergie au PCF. Il entre également au Comité Central du PCF en 1937 et y restera jusqu'en avril 19505. C'est avec ces antécédents qu'il est amené à occuper le siège de préfet de Limoges en 1944. La fonction de préfet est née avec la loi du 28 pluviôse an VIII qui institue dans chaque département un préfet « seul chargé de 1. Robrieux Philippe, Histoire intérieure du Parti communiste, Biographies, Chronologie, Bibliographie, tome 4, Paris, Éditions Fayard, 1984, p. 137 2. Lagroye Jacques, Lord Guy, Mounier-Chazel Lise, Palard Jacques, Les militants politiques dans trois partis français, Parti communiste, Parti socialiste, Union démocratique pour la République, Paris, Paris, Pédone, 1970, p. 10 3. Ibid., pp. 12 et 125 4. Kriegel Annie, Les Communistes français, France, Éditions du Seuil, 1968, p. 146 5. Maitron Jean, Pennetier Claude (dir.), Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, 51 volumes, Editions de l'Atelier, 1964-2011, entrée « Chaintron, Jean » 4 l'administration 6» (article 3). Il est le représentant dans le département du gouvernement et de l'ensemble des ministres tout en étant administrativement rattaché au ministre de l'Intérieur. Sa fonction de représentant de l'État constitue « l'essence initiale et permanente » de ses tâches et fait du préfet le dépositaire des « intérêts nationaux, de la défense de la légalité et de l'ordre public »7. Elle implique aussi en théorie que le préfet soit libre de toutes attaches politiques pour pouvoir orienter son action selon l'intérêt général et non les intérêts particuliers d'un parti et exercer sa tâche de représentant du pouvoir central indépendamment des partis politiques constituant le gouvernement. Tout en étant l'envoyé du pouvoir central dans le département, il est aussi le défenseur auprès de lui des intérêts de ses administrés et du territoire dont il a la charge8. Il est impossible de citer toutes les missions qui sont celles du préfet en raison de leur trop grand nombre qui illustre l'ampleur et la diversité de leur fonction. Comme le précise Roger Bonnaud-Delamare, « les attributions se sont tellement développées qu'il serait vain d'en donner une énumération complète 9». Toutefois, on peut préciser que malgré les nouvelles missions des préfets qui apparaissent lorsque ceux-ci sont confrontés à des contraintes nouvelles du fait du contexte politique et social, le fond de leur mission reste identique à celui des préfets napoléoniens au moment où Jean Chaintron prend ses fonctions car aucun texte n'est venu abroger l'article 3 de la loi du 28 pluviôse an VIII10. Jean Chaintron est donc à la fois l'homme de son parti et le représentant du pouvoir central lorsqu'il devient préfet en 1944 et cela, dans un département particulier qui est celui de la Haute-Vienne. C'est un département majoritairement rural mais qui comporte quelques centres ouvriers comme Limoges et Saint-Junien. Ce territoire peut être considéré comme stratégique en raison de l'importance des maquis qui ont libéré seuls le département en août 1944 et des risques de troubles que cela induit. La définition spatiale de l'objet d'étude se situe donc à la fois au niveau départemental, en Haute-Vienne, et au niveau national en raison des liens qu'entretient le préfet Jean Chaintron avec les différents membres du gouvernement mais aussi de ses relations avec la direction nationale du PCF en tant que permanent du parti communiste. Pour ce qui est de la définition chronologique, les dates officielles de prise et de fin de fonctions de Jean Chaintron délimitent dans le temps ce travail de recherche. Jean Chaintron 6. Les préfets, deux siècles au cœur de l'État, 1800-2000, Paris, album de l'exposition, Direction des archives de France, La Documentation Française, 2000, p. 1 7. Kessler Marie-Christine, Les grands corps de l'État, Paris, Presses Universitaires de France, 1986, p. 38 8. Burdeau François, Histoire de l'administration française du XVIIIe au XXe siècle, Paris, Monchrestien, 1994, p. 211 9. Bonnaud-Delamare Roger, « Les pouvoirs du préfet », La Revue administrative, n°13, janvier-février 1950, p. 14 10. Laffont Claude, « Le corps préfectoral sous la IVe République », Administration, n°137, octobre 1987, p. 83 5 est délégué dans les fonctions de préfet de la Haute-Vienne le 9 septembre 1944.