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dossier presse

La consanguinité, c’est mauvais pour la santé Quand les hommes d’affaires s’emparent des médias hexagonaux, ils le font rarement en finesse, et toujours au détriment de l’emploi et la qualité et de la liberté de l’info. Coup de projecteur sur quelques cas d’école. Isabelle Philippon (CSCE)

Le Monde : son propriétaire tues et les plus courageuses. Il en n’aime pas les « justiciers » reste quand même encore quelques- L’Express : qu’il est loin le Les propriétaires du grand journal unes. Parmi elles, Ariane Chemin temps où il dénonçait la vespéral ? Depuis 2010, il s’agit du et Vanessa Schneider, auteures d’un torture en Algérie richissime trio formé de Xavier Niel remarquable essai baptisé Le mau- En 2015, Patrick Drahi, via sa société (principal actionnaire du fournisseur vais génie (2). Les deux journalistes Altice Media Group, rachète le groupe internet Free, et dixième fortune d’investigation se sont livrées à une L’Express-L’Expansion au Belge Rou- française selon le classement 2015 enquête longue et minutieuse sur larta. Il rentre dans le groupe avec du magazine Forbes), le banquier Patrick Buisson, cet ancien journa- violence, organise une saignée dans d’affaires Matthieu Pigasse, et Pierre liste de qui fut la muse de les équipes avant d’intégrer son pôle Bergé, ce milliardaire proche d’Alain Sarkozy et contribua à dédiaboliser presse dans l’opérateur téléphonique Minc, qui a forgé sa fortune en gérant le programme de l’extrême droite. SFR dont il est aussi propriétaire. En la société Yves Saint-Laurent. On se rappellera aussi que Buisson a 2016, le nom du richissime proprié- « Je n’aime pas le journalisme d’in- longtemps animé une émission télé taire apparaît dans le scandale des vestigation, ni les journalistes qui se (sur LCI) avec David Poujadas, lequel Panama Papers. Les titres contrôlés prennent pour des justiciers », a-t-il a officié de longues années en tant par Drahi se montrent peu loquaces confié à un journaliste (1). Périodi- que présentateur du « 20 Heures » sur le sujet, et particulièrement cir- quement, Bergé prend à partie la ré- de 2 ! conspects. daction, la malmène, et empiète sur Drahi est également propriétaire son indépendance éditoriale. Certes, Libération : porte-serviette de 124 News, une chaîne d’info en la rédaction du journal est toujours de la gauche caviar continu en Israël, laquelle diffuse protégée par des droits moraux que Cela fait longtemps que le journal en anglais, en français et en arable. les propriétaires sont contractuelle- n’a plus rien de maoïste, le profil qui Son cadre d’analyse des événements ment tenus de respecter. Ces droits était le sien sous l’égide de Jean-Paul au Moyen-Orient est on ne peut plus Sartre, en 1973. Long- clair. On n’y entend jamais prononcer « Je n’aime pas le journalisme temps, aussi, qu’il n’a les mots « colonies » ou « territoires plus l’indépendance occupés », auxquels on préfère les d’investigation, ni les journalistes et l’impertinence qui termes plus policés d’« implanta- étaient les siennes tions ». Point d’allusions à d’éven- qui se prennent pour des justiciers. » lorsqu’il était la pro- tuels « extrémistes juifs » – le qua- priété de la société des lificatif « extrémistes » est laissé aux (Pierre Bergé) journalistes. Le quoti- dien est même devenu moraux interdisent notamment aux la caricature d’une presse inféodée à actionnaires de se mêler du contenu la gauche caviar. Aujourd’hui proprié- éditorial, et donnent aux journalistes té du promoteur immobilier Bruno un pouvoir de ratification ou de veto Ledoux et du financier franco-israé- sur la désignation du directeur de lien Patrick Drahi, Libé est épuisé par l’équipe. Mais ces protections sont des années de crise, de restructura- fragiles. « L’histoire va dans le mau- tions et autant de plans sociaux qui vais sens », ramasse le journaliste ont poussé hors du navire de nom- d’investigation Laurent Mauduit breux journalistes expérimentés et à (Médiapart). la plume acérée. Cela dit, cela fait un bail, bien avant la reprise par ses actuels proprié- taires, que a rompu avec ses valeurs fondatrices incarnées par Hubert Beuve-Méry. De crise en crise, de restructurations en plans sociaux, la rédaction s’est progressivement 72 vidée de ses plumes les plus poin- ensemble n°94 septembre 2017 www.ensemble.be

La consanguinité, c’est mauvais pour la santé

socialistes dont il chante la gloire. du journal », déclarera Perdriel au Depuis des années aussi, la vie de Figaro, le 1er juin 2016. la rédaction est rythmée par des dé- graissages successifs. L’arrivée des Le Parisien et Les Echos : nouveaux propriétaires ne change « Merci patron Arnault ! » pas vraiment la donne. Si ce n’est Après avoir avalé, en 2007, le premier qu’elle durcit encore la « ligne ». Un quotidien économique français Les exemple : en mai 2016 ; la journa- Echos, le milliardaire de luxe Bernard liste Aude Lancelin est remerciée. Arnault (LVMH) s’est offert, en 2015, C’est qu’elle donne trop volontiers la le quotidien populaire hexagonal, Le parole à des intellectuels critiques. Parisien. Quand la première fortune Pis : elle montrerait de l’empathie à de France rachète le journal écono- l’endroit de Nuit debout et à ses che- mique, les journalistes s’émeuvent : villes ouvrières, auxquelles elle ose « Comment pourrons-nous enquêter donner la parole. « Aude Lancelin et écrire sur vos multiples activités, Palestiniens mais bien, parfois, à l’un donne la parole à Nuit debout ! Cela et sur celles de vos concurrents ? », ou l’autre « jusqu’au-boutiste ». Qu’à la regarde, mais ce n’est pas la ligne écrivait le président de la Société des  cela ne tienne ! En mai 2016, Drahi organise une émission télé pour célébrer la visite de Manuel Valls « Comment pourrons-nous enquêter en Israël. Et que voit-on ? L’Express dépêche sur place son éditorialiste et écrire sur vos multiples activités, et Christophe Barbier pour faire la pub de l’émission, du Mossad, de Drahi sur celles de vos concurrents ? » et de Valls. Ses « analyses » sont (le président de la Société des journalistes retransmises conjointement par 124 News et BFM-TV. Pour info, BFM-TV des Echos à Bernard Arnault) appartient au groupe NextRadioTV, dont 49% du capital est contrôlé    par… Drahi. Depuis la fin des années 1980, la Vous avez dit « Censure » ? ligne éditoriale est passée de la « gauche non-totalitaire » à une Le 24 mai dernier, le Canard enchaîné Et ce n’est pas tout. Le 17 mai, juste « droite non-extrémiste », pour arri- sort l’ « affaire Richard Ferrand », du après la nomination du nouveau ver, voici deux décennies, à ne plus nom de l’éphémère ministre de la gouvernement, une dépêche AFP est rien être d’autre que le porte-voix du Cohésion des territoires du gouver- rédigée par un journaliste maison, néo-libéralisme. Avec ses couvertures nement d’Edouard Philippe, impliqué annonçant que François Bayrou, le « marronniers » (3) « Spécial Immo- dans une affaire politico-financière nouveau – et tout aussi éphémère – bilier » ou « Classement des uni- qui lui a coûté son portefeuille minis- garde des Sceaux, devra lui-même versités » ou pire, ses couvertures tériel. Qu’apprenait-on, un mois plus affronter des juges, après son renvoi machistes (« Ces femmes qui lui tard, avec la diffusion d’un commu- en correctionnelle pour diffamation. gâchent la vie ») (4) ou xénophobes niqué publié par la Syndicat national Mais la dépêche n’a pas été diffusée : (« Le vrai coût de l’immigration ») des journalistes (SNJ-CGT) (1) ? la rédaction en chef a estimé son (5), la publication n’a décidément Que les journalistes de l’Agence intérêt « trop limité ». Deux jours plus plus rien à voir avec la qualité de ses France Presse (AFP), l’une des plus tard, les médias nationaux sortent débuts. Et dire que, durant la guerre grandes agences de presse mon- l’info : l’AFP sera bien obligée, alors, d’Algérie, L’Express fut le premier mé- diale avec Reuters et Associated de la reprendre… dia français à dénoncer la torture… Press, auraient pu sortir l’info avant Quand la direction de l’AFP foule aux le Canard. Que, forts de leurs infos, pieds l’indépendance et la neutralité L’Observateur : le canal ils avaient adressé des courriels à inscrites dans ses statuts pour – on direct des hiérarques la rédaction en chef, lesquels sont l’imagine – protéger le nouveau pou- socialistes restés sans réponse, ou ont reçu une voir politique, on se dit que le droit Début 2014, le trio propriétaire réponse « peu encourageante ». Que, de savoir des citoyens français est, du journal Le Monde, à savoir Niel, deux jours après l’article du Canard, décidément, bien malmené… Pigasse et Bergé, rachètent Le Nou- ces mêmes journalistes ont recueilli vel Observateur à Claude Perdriel, le témoignage exclusif d’un témoin de (1) https://snjcgt.fr/2017/06/22/quand- lequel conserve 34% du capital. premier plan, mais que la rédaction lafp-etouffe-des-informations-genantes- pour-le-nouveau-pouvoir/ Depuis des années déjà, l’hebdo est en chef a recalé le sujet. tout acquis à la cause des dignitaires 73 ensemble n°94 septembre 2017 www.ensemble.be dossier presse

 journalistes dans une lettre ouverte Canal + : censure à tous loré, qui doit son immense fortune adressée à Arnault, en juillet 2007. les étages à un groupe issu du capitalisme néo- Eh bien oui, effectivement, on ne N’allez pas croire que les riches in- colonial (actif notamment dans les trouve plus, depuis, d’enquêtes sur dustriels boudent les médias audio- plantations d’huile de palme et de ter- les lucratives activités du boss et ses visuels. La radio privée Europe 1 est minaux maritimes de conteneurs en partenaires potentiels dans les titres entre les mains d’Arnaud Lagardère Afrique) a pris possession de Canal +. appartenant à Arnault. On ne s’éton- (ainsi que les magazines Le Journal S’ensuivent : de véritables saignées nera pas que « Merci patron ! », le du Dimanche et Match), Martin dans la rédaction, une formidable film de François Ruffin mettant en Bouygues, le roi du béton, détient diète budgétaire, une purge à la tête scène le groupe LVMH et son PDG TF1, la première chaîne de télé fran- de la chaîne. Et, surtout, des censures n’y a pas été chroniqué. çaise et, en juin 2014, Vincent Bol- de documentaires, et la déprogram- Quand les intérêts privés font main basse De nombreux médias français sont la propriété d’hommes d’affaires milliardaires. Coincé entre son propriétaire, son rédacteur en chef, ses concurrents et sa proximité avec le pouvoir, le journaliste n’a plus guère d’autres choix que de livrer « une image lisse du monde ». Mais la presse indépendante, les réseaux sociaux et le journalisme d’investigation viennent déranger ce bel ordonnancement. Isabelle Philippon (CSCE)

es entreprises de presse sont, nombre d’idées saines ; les idées de retirent. Pourquoi, en effet, le pro- pour la plupart, des entreprises gauche sont des idées pas saines, et priétaire de médias ne pèserait-il pas, Lprivées, et celles qui ne le sont pas nous sommes en train de crever à lorsqu’il le souhaite, sur l’orientation sont de plus en plus régies par l’esprit cause des idées de gauche qui conti- des biens qu’il possède ? Hubert et les méthodes du privé : comment nuent. » (1) Pour les faire passer, ces Beuve-Méry voulait précisément que imaginer, alors, que le journalisme idées, rien de tel que de posséder un l’info échappe à cette malédiction : puisse échapper aux règles qui ré- grand quotidien, de pouvoir y jouer « Je veux un journal indépendant, qui gissent l’ensemble du monde social ? de l’influence, et d’y disposer d’un ne doive rien à personne, ni à l’Etat, Lui seul serait épargné ? Allons donc ! espace rédactionnel dédié… ni aux puissances d’argent, ni aux L’information est devenue un produit puissances constituées, que ce soient comme un autre, achetable et des- Les milliardaires et les Eglises, des syndicats, etc. Un tiné à être vendu, à la fois profitable leurs danseuses journal qui puisse vraiment n’avoir et coûteux. « Profitable » ? Assuré- Ces milliardaires qui – c’est par- aucune espèce de fil à la patte », ment. Pas nécessairement en termes ticulièrement vrai en France – se répondait-il à un journaliste qui lui financiers : on connaît assez la crise pressent au chevet des médias, ont demandait au nom de quelles valeurs il avait créé Le Monde, en 1944. (2) De l’argent, il se méfiait, viscéralement : De tous temps, les journalistes il voulait le garder très éloigné des salles de rédaction : « On ne peut politiques, économiques et culturels avoir deux maîtres à la fois, l’argent ont aimé se mettre en valeur aux yeux et l’information ! Ou alors on choisit un autre registre et on désinforme le des décideurs. public à longueur d’articles ! » (3) Aujourd’hui, une gigantesque nor- malisation économique menace gra- de la presse, la fuite de la publicité, évidemment bien d’autres chats à vement la qualité et l’indépendance la désaffection du public, etc. Mais fouetter que de s’occuper de canards, de l’information française. On cher- profitable quand même. L’armateur la plupart du temps boiteux. S’ils se cherait en vain, par exemple, dans et sénateur de l’Essonne Serge Das- montrent tellement attentionnés les pages du quotidien vespéral fran- sault, propriétaire – notamment – envers une presse en déliquescence, çais, un article critique sur les pra- du Figaro (et longtemps propriétaire ce n’est pas une marque d’altruisme, tiques de Pascal Houzelot, homme de L’Express), l’a bien ramassé, dans ni par volonté de sauver le pluralisme d’affaires, propriétaire de Pink TV (et une de ces formules dont il a le se- et la liberté de l’information. C’est fondateur de la chaîne de télé privée 74 cret : « Il faut faire passer un certain pour le pouvoir d’influence qu’ils en Numéro 23), par ailleurs, membre du ensemble n°94 septembre 2017 www.ensemble.be

mation des Guignols. « La dérision, d’enquête de la chaîne. Il faut dire (2) Un mauvais génie, Ariane Chemin et Vanessa parfois, c’est un peu blessant ou dé- que le Crédit mutuel est l’un des Schneider, Ed. Fayard, 2015. sagréable, déclare-t-il à France Inter. principaux partenaires financiers du (3) Le terme « marronniers » désigne, dans le jargon Se moquer de soi-même, c’est bien ; groupe Bolloré. Le patron annonce la journalistique, des sujets qui reviennent régulièrement se moquer des autres, c’est moins couleur : désormais, il n’y aura plus en Une car ils font vendre du papier. bien. » En juillet 2015, Bolloré cen- de reportages sur les partenaires ac- (4) Cette Une de L’Express sur « les femmes à la source sure un documentaire (« Evasion tuels ou potentiels du groupe.  des ennuis du président français », parue le 10 octobre fiscale, une affaire française ») sur le 2012, a été suivie, le 23 avril 2014, par une autre sur Crédit mutuel et la fraude fiscale, qui (1) Cet article a été réalisé sur la base des ré- « Hollande et ses femmes ». vélations contenues dans le livre de Laurent devait être diffusé dans l’émission Mauduit, Main basse sur l’information (5) Cette couverture est parue le 13 novembre 2012, illus- « Spécial Investigation », l’émission Ed. Le Seuil, coll. Don Quichotte, 2016. trée par la photo d’une femme portant le voile intégral. Quand les intérêts privés font main basse sur l’information

comité de surveillance du journal. plus influentes du paysage audiovi- infos, qu’ils nouent des relations avec Pas de reportages sur les pratiques suel français, aurait, paraît-il, avoué ces hommes et femmes de pouvoir, liberticides de Vincent Bolloré dans un jour le sens de sa mission : « Nous et que ces relations tournent à l’ami- les médias contrôlés par celui qui se sommes là pour donner une image tié, au copinage et au « renvoi d’as- félicite d’avoir le final cut (c’est-à-dire lisse du monde. » Lisse, certes, mais censeur ». Ce prétexte n’est qu’un… le contrôle éditorial) sur ses titres. Point d’enquêtes sur Bernard Arnault et le groupe de luxe LVMH dans Le « On ne peut avoir deux maîtres à la fois, Parisien ou Les Echos. Avant, la cen- l’argent et l’information ! Ou alors on choisit sure se faisait discrète. Maintenant, elle est généralisée, et même revendi- un autre registre et on désinforme le public quée par les patrons de presse : après la normalisation économique, vient à longueur d’articles ! » la normalisation éditoriale. (Hubert Beuve-Méry) Une image lisse du monde Mais cette censure, les journalistes surtout conforme aux intérêts d’une prétexte. En réalité, beaucoup de jour- eux-mêmes rechignent à la recon- classe sociale. En France, davantage nalistes sont des courtisans. Leurs naître. Dur, dur, en effet, pour les encore que chez nous, une proximité modèles ne sont pas Woodward, membres de cette profession, de sociale soude les enfants de la bour- ni Ernest Hemingway ou Albert reconnaître qu’ils disposent d’à peine geoisie, depuis l’école secondaire Londres. Ce qui les enthousiasme plus de pouvoir qu’une caissière de jusqu’à l’université. Sciences-Po, qui c’est, précisément, de côtoyer le pou- supermarché sur la stratégie com- a de tous temps été le marchepied voir, d’en être proche, d’être admis merciale de son employeur : « On vers l’Ena (la très sage et très huppée dans le cercle. Le critique, philosophe se rêvait l’héritier de Bob Woodward Ecole nationale d’administration), a et écrivain Julien Benda dénonçait, (NDLR : l’un des deux journalistes du ouvert en 2006 une école de journa- déjà en 1927, cette volonté du jour- Washington Post qui enquêta sur le lisme : son programme n’est pas pré- naliste « de plaire à la bourgeoisie, Watergate), on est le tâcheron de Mar- cisément porté sur la remise en cause laquelle fait les renommées et dis- tin Bouygues », ramasse Serge Hali- du monde tel qu’il va ; on y forme peu pense les honneurs ». (5) Il suffit de mi, journaliste, directeur du Monde de trublions, peu de plumes plon- remplacer le mot « bourgeoisie » par diplomatique et écrivain. geant dans la plaie. celui de « décideurs », et la situation Cela dit, la censure est encore plus s’applique à merveille à nos édito- efficace quand elle s’ignore. Quand Un journalisme qui rialistes, ainsi qu’à nombre de jour- les intérêts du patron, ô miracle, a gardé le contact, et nalistes politiques, économiques, et coïncident avec ceux de l’« info ». Le perdu la distance culturels. Hubert Beuve-Méry, encore journaliste est, alors, prodigieuse- De tous temps, les journalistes poli- lui, expliquait fort justement que « le ment libre. Et, le plus souvent, c’est tiques, économiques et culturels ont journalisme, c’est le contact et la dis- comme cela que ça se passe, la chose aimé se mettre en valeur aux yeux tance ». Désormais, il ne reste plus n’est d’ailleurs pas neuve. Patrick des décideurs. Bien sûr, c’est sous guère que le contact. Poivre d’Arvor, longtemps considéré prétexte d’arracher une interview Pourtant, il se trouve bien, de temps comme l’une des personnalités les « exclusive », ou pour obtenir des à autre, l’un ou l’autre journaliste 75  ensemble n°94 septembre 2017 www.ensemble.be