ANALYSE INSTITUTIONNELLE ET CONTEXTUELLE DES STRUCTURES PAYSANNES DANS LA FILIERE VANILLE

PROJET: UPSCALING SUSTAINABILITY INITIATIVES TOWARDS IMPROVED LIVELIHOODS IN VANILLA FARMING COMMUNITIES OF SAVA REGION

JUILLET – AOUT 2017

Contact:

Narcisse Kalisa Directeur Pays Sedera Rajoelison

Search for Common Ground Chargé du suivi et évaluation Search for Common Ground Madagascar LOT II K 50 M Mahatony Ivandry (261) 20 22 493 40 LOT II K 50 M Mahatony Ivandry [email protected] (261) 20 22 493 40 [email protected]

Analyse institutionnelle et contextuelle | Fandriaka – aout 2017

Les opinions exprimées dans ce document sont celles des auteurs, et ne reflètent pas forcément les vues de la GIZ

Mandaté par: Projet Alliance Stratégique Symrise-unilever-GIZ Développement de partenariat avec le Secteur privé – develoPPP.de Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH Immeuble Ramanandraibe Ankevaheva -

Equipe de recherche de SFCG Madagascar ● Koloina Randriamiary ● Sedera Rajoelison ● Benjamin Beaud ● Emma Ridings ● Aina Ramanantsiarovana ● Dominique Ralambotiana ● Kevin Charles ● Berthe Rahitasoa ● Antoine Rajarison ● Ando Ralandison Et 4 enquêteurs

L’équipe est appuyée par l’Institutional Learning Team de SFCG Antananarivo / Madagascar – Aout 2017

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Table des matières Liste des abréviations ...... 4 Liste des graphiques ...... 5 Liste des figures ...... 5 1. Résumé exécutif ...... 6 2. Contexte du projet ...... 10 2.1. Objectifs et méthodologie de la recherche ...... 11 2.2. Caractéristiques de la population enquêtée ...... 12 2.3. Limites et difficultés rencontrées ...... 13 3. Résultats ...... 15 3.1. Le contexte du secteur vanille à Madagascar ...... 15 3.1.1. Historique de la filière vanille ...... 15 3.1.2. Les institutions et les structures impliquées dans la filière vanille : niveau national et région SAVA 16 3.2. Parties prenantes dans la chaîne de valeur du secteur vanille ...... 19 3.2.1. Les parties prenantes dans la chaîne de valeur du secteur vanille : leurs positions et intérêts 19 3.2.2. Le modèle Symrise...... 23 3.3. Les essais de structuration paysanne à Madagascar ...... 25 3.3.1. Les formes de groupement à Madagascar ...... 25 3.3.2. Etude de cas sur les coopératives de la zone alliance stratégique SAVA ...... 28 3.4. La structuration des paysans producteurs de vanille ...... 41 3.4.1. Structurer les paysans en tant que coopérative ...... 41 3.4.2. Structurer les paysans en tant que syndicat ou en tant qu’association de certification ...... 46 4. Conclusions ...... 50 5. Recommandations de mise en œuvre des activités ...... 51 6. Annexes...... 54 Annexe 1 : Etude de base ...... 54 Annexe 2 : Tableau reflétant les différentes directions qui soutiennent la structuration paysanne .... 56 Annexe 3 : Grille d’évaluation des coopératives ...... 57 Annexe 4 : Les avantages et les inconvénients de l’agriculture contracuelle ...... 59 Annexe 5 : profil des groupements au niveau national ...... 59 Annexe 6 : Bibliographie ...... 61 Annexe 7 : Personnes ressources ...... 62

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Liste des abréviations BIT Bureau International du Travail CI contrôleurs internes CLA contrôleurs locaux d’approbation CRS Catholic Relief Services CNKH Confédération Nationale KOLOHARENA Sahavanona FCKH Fédération et/ou Coopératives KOLOHARENA CTD Collectivités Territoriales Décentralisées DAE Direction de l’Appui aux Entreprises DAOPMR Direction d’Appui aux Organisations Professionnelles du Monde Rural FES Friedrich-Ebert-Stiftung FEKRITAMA - Fédération chrétienne des paysans malgaches FIFATA – Association pour le progrès des paysans FIMPALA Fikambanana mpamboly lavanio (Association des producteurs de vanille de 3 Régions) FTM/CPM Firaisankinan’ny Tantsaha eto Madagasikara /coalition Paysanne de Madagascar GES Groupement des Entrepreneurs de la SAVA GNEV Groupement National des Exportateurs de vanille GNIV Groupement National Interprofessionnel de la Vanille GPPV Groupements de Planteurs et Préparateurs de Vanilles ICA Alliance Coopérative internationale ILT Institutional Learning Team INTERVAMA Interprofession de la Vanille de Madagascar IRDC International Development Research Center KOMAM Kooperativa Mpamboly Ambanivolo Mananara MIDSP Ministère de l’Industrie et du Développement du Secteur Privé NASFAM National Smallholder Farmers’ Association of Malawi NCBA CLUSA National coopérative business association OP Organisation paysanne ONGI Organisation non gouvernementale internationale OTIV Institution de Microfinance : Ombona Tahiry ifampisamborana vola PME Petite et moyenne entreprise PMI Petite et moyenne industrie PNV Plateforme nationale de la vanille PRCP Plateforme régional de concertation pour le pilotage de la filière vanille PROCOM Programme d’appui à l’emploi et à l’intégration régionale Réseau SOA Syndicat des organisations paysannes RSE Responsabilité Sociale d’entreprise SFCG Search for Common Ground

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SIPEM Société d’Investissement pour la Promotion des Entreprises à Madagascar STD Services territoriales déconcentrées STABEX Système de Stabilisation des Recettes d'Exportation appui de l’Union Européenne SSOA Service de Suivi des Organismes d’Appui SOA Réseau syndical des organisations agricoles SATT Service d’Appui à la Tranoben’ny Tantsaha SPSA Service de Promotion des Services Agricoles UNMFR Union nationale maison familiale rurale VSLA Village Saving Loan associative

Liste des graphiques Graphique 1 : Pensez-vous que vous êtes impliqués dans le processus de prises de décisions dans le cadre de l’exploitation de la vanille? ...... 30 Graphique 2 : "Quel type de problème/désaccord crée le plus souvent un conflit dans votre communauté ? ...... 36

Liste des figures

Figure 1 Zone d’intervention de l’alliance stratégique ...... Error! Bookmark not defined. Figure 2 : Analyse des parties prenantes– selon l’approche de Symrise ...... 24 Figure 3 : cartographie des acteurs et des relations entre les producteurs membres de structures paysannes et les autres acteurs de la chaîne de valeur ...... 34 Figure 4: Analyse des acteurs impliqués dans la filière vanille ...... 40 Figure 5: Stratégie d’approche pour une structuration des paysans en tant que coopératives ...... 45 Figure 6: stratégie d’approche pour une structuration des paysans en tant qu’association et syndicat ...... 48 Liste des tableaux Tableau 1: Zone d'intervention de l'étude quantitative ...... 13 Tableau 2: Caractéristiques de la population enquêtée selon le sexe ...... 13 Tableau 3: Les positions et les intérêts des acteurs de la chaîne de valeur ...... 19 Tableau 4: Acteurs différents, rôles différents ...... 22 Tableau 5 : Les avantages et les inconvénients de l’agriculture contracuelle ...... 59 Tableau 6: Avantages et inconvénients des structures associatives et des syndicats ...... 26 Tableau 7 : Tableau de types de groupement de paysans avec leurs durées ...... 25 Tableau 8: Les forces et les faiblesses des coopératives ...... 41 Tableau 9: Approches pour la structuration des paysans ...... 46

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1. Résumé exécutif

Depuis plusieurs années1, la qualité de la vanille de Madagascar est devenue une préoccupation au niveau du marché mondial. Les producteurs ont en effet tendance à faire une récolte précoce risquant ainsi de détériorer la qualité de la vanille à cause des cas de vol de vanille sur pieds2. Les 80.0003 familles productrices de vanille de la Région Sava, qui font de la culture de vanille leur activité génératrice de revenu, risquent de subir les conséquences de la variation des prix de la vanille. Malgré plusieurs interventions de développement fructueuses, la performance globale du secteur de la vanille à Madagascar est toujours caractérisée par une base d’approvisionnement instable au niveau des producteurs.

Le projet de l’alliance stratégique4 entre GIZ, Symrise et Unilever a été conçu pour augmenter proportionnellement les initiatives durables vers des moyens de subsistance améliorés et pour la promotion des pratiques agricoles durables. Un des objectifs de cette alliance est la structuration des paysans producteurs. Si les capacités d’organisation et de structuration des paysans producteurs de vanille sont renforcées, et s’il y a une confiance mutuelle entre les producteurs, alors ils amélioreront leurs capacités de représentation et de collaboration avec les autres acteurs de la chaîne de valeur à tous les niveaux afin de trouver des solutions constructives pour une meilleure cohésion entre eux et les acteurs de la chaîne de production de la Région.

Dans ce sens, une analyse contextuelle et institutionnelle a été menée par Search for Common Ground dans les zones d’intervention pour :

● Mieux comprendre les obstacles actuels à une meilleure structuration des petits producteurs sur base d’une analyse de leurs positions, intérêts et besoins ;

● Identifier les dynamiques des relations sociales et des conflits entre les communautés des petits producteurs de vanille et les autres acteurs de la chaîne dans la région Sava ;

● Connaître le contexte institutionnel et légal autour des structures paysannes ainsi que la situation de ces dernières au niveau international, régional et national

La méthodologie de l’étude s’inscrit dans une approche déductive, qui a commencé avec une revue documentaire. Les résultats de cette revue ont permis de définir la méthodologie de collecte des données au niveau des acteurs impliqués dans le secteur de la vanille. Une méthode mixte – quantitative et qualitative – a été utilisée pour cette analyse à travers des entretiens individuels, des groupes de discussion et un sondage. La collecte des données a été effectuée auprès de 5485 personnes parmi les producteurs de vanille dans 10 fokontany6 membres et non membres des coopératives et à travers des

1 Depuis 2004, la chute brusque du prix de la vanille, de nombreux ménages souffrent de la fluctuation du prix sur le marché international et surtout, d’une vente non rémunératrice de la vanille verte.

2 Quand on parle de vanille, cela sous-entend le taux de vanilline, donc il y a beaucoup de risques. Puisque beaucoup de vanille sont récoltées précocement. 3 Source : étude socio-économique et cout de production de la vanille – GIZ et CAETIC, 2012 4 De nombreux ONG tels que save the children – Positive planet – UNMFR, etc. sont inclus comme partenaires de mise en œuvre dans cette alliance 5 Sondage de 384 personnes enquêtent individuels – 77 entretiens individuels – 11 groupes de discussion avec 87 personnes 6 7 Fokontany dans la zone de l’alliance stratégique et 3 fokontany en dehors de la zone de l’alliance stratégique ; 4 fokontany répartis dans le district – 4 fokontany répartis dans le district Andapa et 2 fokontany dans les districts de

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Analyse institutionnelle et contextuelle | Fandriaka – aout 2017 interviews qui ont été organisées auprès des acteurs de la chaîne de vanille et des acteurs institutionnels au niveau régional et national.

Principales conclusions

La chaîne de valeur dans la filière de vanille est très complexe. Du petit cultivateur jusqu’au consommateur à l’étranger, on peut compter près de 10 intermédiaires dont 4 principaux : le producteur de vanille, les collecteurs, les compagnies exportatrices et les commerçants internationaux. Au niveau institutionnel, 4 ministères se coordonnent pour la régularisation de la filière, à savoir le Ministère de l’intérieur et de la décentralisation, le Ministère du commerce et de la consommation, le Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage et le Ministère des finances et du budget. En tant que Ministère promouvant les structures coopératives et les contrats agricoles pour les industries de transformation, le Ministère de l’industrie et de la promotion du secteur privé est également touché. Depuis l’indépendance, diverses formes de structuration paysanne ont été essayées pour régulariser la filière, tels que des dispositifs de concertation comme le Groupement National Interprofessionnel de la Vanille, l’Interprofession de la Vanille de Madagascar, des programmes tels que le Système de Stabilisation des Recettes d’Exportation, le groupement des Entrepreneurs de la SAVA, les Groupements de Planteurs et Préparateurs de Vanille, ainsi que la Plateforme Nationale de la vanille.

La régularisation de la filière est un procédé impératif étant donné sa complexité et les enjeux financiers qui en découlent. C’est d’ailleurs pour cela que les sociétés exportatrices nouent des relations commerciales avec les autres acteurs de la chaîne, notamment les producteurs sur base d’un contrat communément appelé « agriculture contractuelle » (formelle et informelle). L’agriculture contractuelle se démarque du mode de commercialisation traditionnelle, qui reste le mode le plus courant de vente des produits agricoles. Si les contrats restent souvent individuels, les producteurs sont encouragés à se structurer au sein de groupements afin de faciliter leur encadrement, lequel est requis dans le secteur de la vanille par soucis de remplir les exigences de certification à travers une pratique agricole durable et l’amélioration des conditions de vie des producteurs. Ces groupements revêtent diverses formes et dénominations selon leur objectif et le cadre législatif qui s’y réfère avec leurs avantages et leurs inconvénients, on peut y recenser à Madagascar les associations, les groupements d’intérêt économique, les coopératives et les syndicats.

Depuis quelques années, la politique générale de l’Etat promeut le modèle coopérative, ce qui conduit les exportateurs à appuyer leur mise en place car la structure semble être adéquate pour répondre aux exigences fiscales d’acheter à des producteurs légalement identifiés et de structuration paysanne. C’est dans cette logique qu’en 2014, Symrise a encouragé les producteurs à se regrouper en coopératives et travaille actuellement avec 81 groupements.

La recherche a montré que les coopératives idéales telles que décrites dans la littérature sont différentes de la réalité. Parmi les maux des coopératives on trouve la faible connaissance par les membres de la loi et des normes, ainsi que de la raison d’être même de la coopérative vu que l’initiative nait d’une réponse à un besoin externe ou d’une initiative externe aux membres. En plus de cela, aucune mesure incitative à la structure de coopérative au niveau fiscal, que ce soit un allègement ou une facilitation quelconque n’a été relevée au cours de notre recherche. Légalement, les déclarations fiscales sont faites par les producteurs et la coopérative effectue la sienne s’il n’y a pas eu de transfert de propriété des produits, des producteurs à la coopérative. Actuellement, le ministère des finances et du budget, à travers la direction générale des

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Analyse institutionnelle et contextuelle | Fandriaka – aout 2017 impôts est entrain de concevoir une proposition de changement de textes/notes sur les modes d’imposition envers les coopératives.

Rappelons que le principal intérêt de mettre en place des coopératives7 est la facilitation de connexion des paysans avec le marché au niveau régional et national, pourtant dans le secteur de la vanille, ce problème de connexion avec le marché n’existe pas. En effet, concernant le secteur de la vanille, les ventes se font au sein d’un marché formel, tel que prévu par des arrêtés du chef de Région « portant réglementation et organisation de la campagne de collecte et de commercialisation de la vanille verte et préparée ». L’intérêt principal de mettre en place des coopératives est donc remis en cause par cette disposition.

Les coopératives facilitent cependant l’atténuation des défis d’encadrement et de renforcement de capacités des petits producteurs dans une zone spécifiquement difficile d’accès. C’est également le cas dans le cadre de l’alliance stratégique où les producteurs regroupés dans les coopératives bénéficient de nombreux appuis visant l’amélioration de la résilience aux chocs économiques, l’amélioration des infrastructures communautaires, la réduction du transfert intergénérationnel de la pauvreté et l’apprentissage du secteur vanille. A travers les groupements de paysans, les producteurs bénéficient des avantages sociaux et autres appuis, contribuant à l’amélioration des conditions sociales et à leurs pratiques agricoles. Toutefois, la dynamique sociale entre les producteurs et les acteurs de la chaîne de valeur peuvent influencer sur la cohésion et la régularisation de la filière.

Les conflits les plus récurrents dans la zone d’intervention sont :

- Les conflits liés à l’accès aux ressources économiques causés par l’insuffisance de terres cultivables, l’exclusion des jeunes dans l’accès des terres cultivables, la jalousie entre producteurs se traduisant par des vols sur pieds des vanilles.

- Les conflits liés au marché de la vanille causés par de suspicion d’arnaque sur les poids de la vanille et des transactions financières par les commissionnaires individuels.

- Les conflits liés aux problèmes fonciers engendrés par la dualité entre la loi coutumière et la loi écrite ou relatifs à l’héritage.

- Les conflits liés à la discrimination et aux abus de pouvoir marqués par la relation tendue entre les producteurs et les institutions étatiques due à la corruption au sein des institutions de l’état notamment la justice et les forces de défense et de sécurité.

Ainsi, les organisations de développement privilégient une approche évolutive, en passant d’un groupement informel à un groupement formel si la structure se sent suffisamment prête et que les conditions institutionnelles/contextuelles l’encouragent. Toutefois, le paysage institutionnel ne s’accorde pas aujourd’hui à la situation réelle des petits producteurs.

Si on devait adopter une stratégie d’organisation des paysans qui marche actuellement, il faut d’un côté que les producteurs soient convaincus de l’intérêt à se regrouper autour d’un intérêt commun au niveau Fokontany. De l’autre côté, les ministères en charge de la régularisation des groupements doivent se coordonner afin de créer un environnement institutionnel prospère favorable aux groupements des

7 Source : ONGI

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Analyse institutionnelle et contextuelle | Fandriaka – aout 2017 paysans qui allie volonté d’organiser sans entraver le marché et la concurrence. Outre ces entités étatiques, l’intérêt des sociétés exportatrices devrait aussi être pris en compte dans cette coordination pour le développement d’une politique générale sur les groupements des paysans.

Une structuration forte des producteurs est impérative et les actions des organismes de dévelopement y tendent déjà, mais la réussite pour une structuration paysanne repose sur de nombreux variables qui doivent être transformées en variables positifs :

- L’amélioration de l’environnement institutionnel de la structuration paysanne à travers une harmonisation des décisions des ministères sur les politiques générales de la filière et les cadres législatifs des structurations paysannes ; - La prévention des conflits pouvant nuire à la structuration des paysans en mettant en place des espaces de dialogue entre les différents acteurs de la chaîne de valeur ; - L’amélioration des connaissances des paysans sur l’intérêt à se regrouper ; - L’identification d’une activité commune pouvant servir de point de départ à toute forme de collaboration ; - L’amélioration de la franche collaboration parmi les membres des structures paysannes; - Le renforcement des capacités des groupements de paysans sur la transparence, la communication et à se représenter au niveau des acteurs étatiques et les acteurs de la chaîne de valeur de la Vanille.

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2. Contexte du projet

Madagascar est le leader mondial de la production de vanille, assurant environ 80% de la culture mondiale, notamment dans la Région Nord Est. Dans la région de Sava, la culture de la vanille compte plus de 80 000 petits cultivateurs8. Si le marché de la vanille est lucratif pour les paysans de Sava, ils sont exposés aux aléas de prix et climatiques, lesquels représentent un risque pour eux. La précarité de leur situation pousse certains paysans, entre autres, à récolter leur vanille avant la date de récolte afin d’avoir un peu d’argent pour payer leur nourriture.

La production de vanille est une culture à haute intensité de main d’œuvre. Sa culture est beaucoup plus adéquate pour les petits cultivateurs9. Des études socio-économiques réalisées par la GIZ en 2012 ont montré un manque d’autosuffisance économique des producteurs de vanille, qui se traduit par une longue période de soudure. Le secteur vanille est un secteur complexe dans lequel les producteurs sont pour le moment très faibles pour assurer leur représentation et même défendre leur production, qui est la principale source de revenus des ménages de la région Sava et notamment ceux des fokontany des districts d’Antalaha et d’Andapa.

Le cadre institutionnel dans lequel évoluent les acteurs du secteur n’est pas clair pour les acteurs de la filière et surtout pour les producteurs. Les problèmes qui en découlent peuvent affecter les relations entre les acteurs (sociaux et commerciaux) ainsi que les réglementations relatives à la production et à la vente (imposition, opportunités, droits et obligations, types de structuration…).

L’un des défis clés qui entravent le développement stable du secteur et l’amélioration des conditions socio-économiques des petits producteurs est l'existence de multiples conflits entre les différents acteurs impliqués dans la chaîne de production de la vanille. Ces problèmes représentent des obstacles entravant la stabilité du secteur au niveau communautaire. A cet effet, les petits producteurs ont du mal à s’organiser en structures pour mieux défendre leurs intérêts vis- à-vis des autres parties de la chaîne, affaiblissant ainsi leurs positions de négociation.

C’est pour répondre à ces défis constatés pendant la première phase du projet Alliance Stratégique10 entre Symrise11, GIZ et Unilever, que SFCG vise à promouvoir des espaces de dialogue et de concertation entre les parties prenantes pour renforcer des interactions constructives et une plus forte cohésion sociale au sein des communautés de producteurs de vanille au niveau de sept (07) fokontany. SFCG contribue au projet Fandriaka de l’Alliance Stratégique sur deux (02) objectifs, à savoir le renforcement de la résilience des producteurs et la contribution à l'apprentissage du secteur.

8 Fairfood, 2016 9 Fairfood, 2016 10 En Janvier 2014, Unilever, Symrise et la GIZ ont joint leur force dans une alliance stratégique de partenariat avec le secteur privé pour mettre en œuvre un projet d’appui en faveur des petits producteurs de vanille à Madagascar. Le projet de développement de partenariat avec le secteur privé vise à améliorer les conditions de vie de 4 000 petits producteurs de vanille et de leurs familles dans la Région SAVA, tout en assurant la durabilité de la production et de l’approvisionnement en vanille naturelle de haute qualité.

11 Symrise est reconnue comme un fournisseur principal de parfums, des saveurs, des principes actifs et des produits chimiques d'arôme aussi bien que des solutions sensorielles et nutritionnelles pour le parfum, cosmétique, pharmaceutique, alimentaire, la boisson et des industries d'aliments pour bébés et des aliments pour animaux.

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S’agissant du renforcement de la résilience des producteurs et de leurs communautés, SFCG va contribuer aux actions déjà menées par d’autres partenaires en renforçant les capacités des producteurs afin qu’ils puissent trouver eux-mêmes des intérêts à se regrouper et à évoluer vers des compétences de bonne gouvernance et de négociation. Quant à la contribution à l'apprentissage du secteur, SFCG va tester les opportunités pour les structures des producteurs et accompagner les structures de représentation des producteurs à se représenter valablement au niveau local, régional et national dans le secteur vanille. Pour ce faire, une bonne connaissance du contexte institutionnel et communautaire est nécessaire. Cette recherche a donc été menée dès le début de l’intervention de SFCG.

2.1. Objectifs et méthodologie de la recherche

Cette étude avait les objectifs suivants: ● Mieux comprendre les obstacles actuels à une meilleure structuration des petits producteurs sur base d’une analyse de leurs positions, intérêts et besoins ; ● Identifier les dynamiques des relations sociales et des conflits entre les communautés des petits producteurs de vanille et les autres acteurs de la chaîne dans la région Sava ; ● Connaître le contexte institutionnel et légal autour des structures paysannes ainsi que la situation de ces dernières au niveau international, régional et national

Méthodologie La méthodologie de l’étude s’inscrit dans une approche déductive, qui a commencé avec des revues documentaires. Les résultats de ces revues12 ont permis de définir la méthodologie de collecte des données au niveau des acteurs impliqués par le secteur vanille. Un protocole de recherche détaillant les objectifs, les personnes à interroger, la méthodologie précise à adopter et les outils adaptés à chacun des groupes a été développé. L’équipe de recherche était composée par des staffs de SFCG ainsi que de quatre enquêteurs de la région de SAVA. Tous les membres de l’équipe de recherche sont expérimentés dans la collecte de données et ont bénéficié d’une formation spécifique avant la mise en œuvre de l’étude. Le département ILT (Institutional learning team) de SFCG a appuyé l’équipe durant la recherche.

La recherche a utilisé des méthodes qualitatives et quantitatives pour la collecte des données. Elles ont été menées à deux niveaux : ● Au niveau national, des entretiens ont été tenus avec des personnes clés entre Février 2017 et Août 2017 ● Au niveau régional : o En février 2017 : Sambava, Andapa et Antalaha o En juin 2017: Sambava et Antalaha o En août 2017 : Sambava, Andapa et Antalaha

12 Les documents consultés étaient sur l’histoire des coopératives -Les rapports et les documents d’autres organisations sur les structures paysannes- Des références sur les leçons apprises sur la structuration paysanne, etc.

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L’équipe de recherche a organisé des entretiens individuels ou des groupes de discussion avec les acteurs clés suivants : ● Les Collectivités territoriales déconcentrées (CTD) ● La rencontre sur les coopératives au Centre de Conférence Internationale Ivato en février 2017 ● Le salon de la RSE au Carlton en Juillet 2017 ● Les services techniques déconcentrés (STD) : auprès du Ministère du commerce, Ministère de l’industrie et de la promotion du secteur privé, maires, chefs de district, chefs de région et directeurs de développement, etc. ● Staffs d’ONG internationales ayant travaillé avec les structures paysannes : CARE, Catholic Relief Services, Land O’lakes, NCBA clusa. ● Personnels clés de coopératives à “succès” ou modèles: KOMAM, FANOHANA, TSABOROSE ● Structures paysannes : coalition des paysans d’, syndicat des organisations paysannes (Réseau SOA) ● Acteurs de la chaîne de la vanille : Plateforme Nationale de la vanille (PNV), GNEV (Groupement National des exportateurs de vanille), PRCP (Plateforme régional de Concertation et de Pilotage). ● Petits producteurs de vanille membres et non membres de coopératives ● Personnes qui n’ont pas de lien direct avec la chaîne de la vanille mais qui vivent dans la région SAVA

L’ensemble de ces entretiens étaient des entretiens semi-directifs et suivaient des guides d’entretien préalablement établis. Les membres de l’équipe de recherche ont eu l’opportunité d’observer les différences de compréhension du fonctionnement des coopératives dans les zones d’intervention.

➢ Etude quantitative Un sondage par questionnaire a été réalisé à l’attention des producteurs de vanille dans la région de Sava au niveau des 10 Fokontany du projet avec un échantillon de 384 personnes

Un outil de diagnostic organisationnel a également été établi et utilisé sur les 7 coopératives d’intervention de SFCG pour avoir une base de référence.

2.2. Caractéristiques de la population enquêtée

Les zones de collecte étaient les zones d’intervention du projet Fandriaka avec les coopératives mises en place par Symrise et un échantillon de zone témoin hors zone d’intervention. Il s’agit de : ● District Andapa : o Zone d’intervention : Andasibe mahaverika – Marovato – – o Hors zone d’intervention: Ankiaka be Nord ● District Antalaha: o Zone d’intervention : () – Antsahanandriana (Ankavia) o Hors zone d’intervention: Tsaratanana – Ambinanofaho ● District de Sambava :

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o Zone d’intervention : Manantenina – Ambodiapana

Tableau 1: Zone d'intervention de l'étude quantitative

Zones Andapa Antalaha Sambava Fandriaka 42% 29% 29% Hors Fandriaka 33% 67% 0%

La recherche a touché 56% d’hommes et 44% de femmes. Pour ce qui est du niveau d’étude des personnes enquêtées on a 29% qui sont de niveau primaire, 38% qui sont de niveau secondaire, 12% sont analphabètes et 20% sont illettrés.

Tableau 2: Caractéristiques de la population enquêtée selon le sexe

Age Femme Homme Grand Total

- 18 ans 0% 1% 1% [18 à 25] 8% 4% 6% [26 à 35] 33% 27% 29% Plus de 36 59% 68% 64%

Les données ont été saisies sur Access puis analysées sur Excel par l’équipe suivi-évaluation de SFCG.

2.3. Limites et difficultés rencontrées

Même si l’étude s’est bien déroulée, quelques limites, qui ne questionnent cependant pas la cohérence de l’analyse globale, ont été rencontrées : - Un fokontany proposé dans le district d’Antalaha a été changé avant la descente sur le terrain par GIZ. Toutefois, ce fokontany remplit les critères établis dans le choix méthodologique et n’impacte pas les résultats de l’analyse contextuelle. - Certains acteurs de la filière n’ont été disponibles qu’après la collecte des données, pendant la période de rédaction du rapport. De ce fait, l’équipe basée dans la région de SAVA s’est chargée de les rencontrer et les données recueillies ont été ajoutées pour compléter le rapport.

Dans la majorité des fokontany d’Andapa, en dépit du fait que des lettres d’introduction ont été envoyées une semaine à l’avance aux autorités locales (maire et chefs fokontany), il a été difficile de collaborer avec les Chefs Fokontany pour aider dans la collecte et l’identification des personnes ressources. On a eu recours, dans la majorité du temps, soit au maire directement, soit à l’adjoint chef fokontany. Lors des entretiens individuels au niveau des institutions régionales ou des acteurs de la chaîne de valeur (collecteurs), les sujets autour des lois fiscales et commerciales sur le secteur vanille ont été très sensibles. Mais avec une mise en confiance avec l’interlocuteur par l’équipe SFCG par rapport à l’objectif de la recherche, on a pu collecter des informations au fur et à mesure que la discussion avançait. L’équipe de

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Analyse institutionnelle et contextuelle | Fandriaka – aout 2017 recherche doit tenir compte de la pertinence des réponses de ces collecteurs en étant sensible au fait que les intérêts vis-à-vis des producteurs divergent selon la position de chacun dans la chaîne de valeur. Les résultats quantitatifs de cette analyse ne prétendent pas être exhaustifs de la Région SAVA dans la mesure où la collecte s’est faite au niveau de 10 Fokontany répartis au niveau des Districts d’Antalaha, Sambava et Andapa.

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3. Résultats

Les résultats de la recherche sont présentés en deux parties principales. La première porte sur l’analyse institutionnelle portant sur la filière vanille, c’est-à-dire les lois qui régissent la filière ainsi que les acteurs impliqués dans la filière. La deuxième partie va nous permettre de faire un bilan sur la structuration des paysans actuellement, ainsi que le cadre législatif régissant cette structuration en mettant en exergue les forces et les faiblesses des types de groupements et l’impact des conflits sur les structures. Une attention particulière du modèle « coopérative » est portée sur cette analyse de groupements étant donné le cadre de la recherche au sein de l’alliance stratégique.

3.1. Le contexte du secteur vanille à Madagascar

3.1.1. Historique de la filière vanille

Madagascar est un pays agricole. Plus de 80% de la population travaillent dans le secteur agricole et 68% des ménages se déclarent exploitants agricoles13. Le secteur de l’agriculture demeure l’atout le plus sûr pour la sécurité alimentaire, mais aussi, une des pistes les plus crédibles pour sortir le pays de la pauvreté et de la situation d’insécurité alimentaire. Une transformation de l’agriculture est donc nécessaire pour une approche filière et pour la promotion des chaînes de valeurs, nécessitant l’exploitation rationnelle des ressources naturelles avec les 30 millions de km² de terres arables, non encore exploitées. Madagascar va relever les défis en transformant les opportunités de marchés offertes aux agriculteurs Malagasy, dont les 500 Millions de consommateurs compris dans les sous-régions COMESA, SADC et COI. (Terre agricole : 16 et 40 millions d'hectares selon la Banque Mondiale).

Pour le Ministre auprès de la Présidence en charge de l’Agriculture et de l’Élevage, il est important d’accompagner les efforts des petits et moyens exploitants agricoles vers l’ouverture aux marchés locaux et internationaux, tout en incluant les investisseurs publics ou privés potentiels.

Le secteur de la vanille, considérée depuis l’époque de la colonisation comme un produit stratégique pour le développement du pays, a toujours été traité de manière particulière. Après le retour du pays à l’indépendance, les gouvernements successifs ont voulu avoir un contrôle sur le secteur de la vanille. Des cadres de concertation ont été mis en place, avec la création du Groupement National Interprofessionnel de la Vanille (GNIV) où tous les intervenants dans la chaîne, de la production à la commercialisation et l’exportation ont été représentés, ainsi que le gouvernement, afin de réglementer le secteur, et plus particulièrement réguler les prix du produit. Le mécanisme de concertation n’a pas satisfait les intervenants car la prédominance du Ministère en charge du Commerce était très flagrante.

Suite à la publication du décret n° 95-346 du 09 mai 1995 portant libéralisation de la commercialisation de la vanille visant la liberté des prix dans la filière, le GNIV a été remplacé par l’Interprofession de la Vanille de Madagascar (INTERVAMA). Cette entité était définie comme une manière spécifique de recherche de l’efficacité économique par le biais d’une concertation libre entre les différents intervenants de la filière vanille en réalisant les actions d’intérêts communs et en édictant des règles de discipline de

13 Banque mondiale, 2016

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Analyse institutionnelle et contextuelle | Fandriaka – aout 2017 gestion au sein de la filière vanille. Le rôle de l’Etat était essentiellement du domaine de la surveillance des normes de qualité et des normes sanitaires. Les divergences d’intérêts entre les différents acteurs de la chaîne, qui, de plus n’ont pas été préparés ou accompagnés dans cette initiative, ont plutôt entraîné une désorganisation du secteur et favorisé l’apparition de certaines malversations qui ont provoqué la chute de la qualité, de la production et des prix de la vanille. Des initiatives de redressement de la qualité de la vanille ont été mises en œuvre, notamment avec un appui du système de stabilisation des recettes d'exportation financé par l’Union Européenne en conformité avec l’accord de Cotonou (STABEX) et le Groupement des Entrepreneurs de la SAVA (GES) entre 1997 et 2006. De petits producteurs qui étaient majoritairement à la fois producteurs et préparateurs se sont organisés en groupements dénommés Groupements de Planteurs et Préparateurs de Vanille (GPPV). Des tentatives d’union de ces groupements ont été initiées pour assurer et organiser la vente collective des produits. Cependant, l’initiative n’a pas porté l’effet escompté car très peu de producteurs vendaient réellement leurs produits par le biais des unions, préférant les ventes individuelles. A cause de la diminution de la quantité de la vanille exportée entre 2007 et 2012, il a été décidé en 2013/2014 de mettre en place la plateforme Nationale de la vanille (PNV). L’objectif de la PNV est le redressement de la filière à travers la sécurisation de la culture de la vanille et la professionnalisation En 2014, le pays a exporté de nouveau 2355T14.

3.1.2. Les institutions et les structures impliquées dans la filière vanille : niveau national et région SAVA

La plateforme nationale de la vanille (PNV) est nommée la seule interlocutrice du Ministère du Commerce et de la Consommation pour ce qui est de la Vanille15. Officiellement, la structure est composée de quatre composantes : le collège des producteurs, le collège des exportateurs, le collège des intermédiaires/collecteurs/préparateurs et le collège de l’administration régionale. La plus organisée est le collège des exportateurs, car ils sont moins nombreux que les autres acteurs mais également en tant que vecteur de l’image de Madagascar hors du pays.

Les intermédiaires (commissionnaires/collecteurs/préparateurs) sont les plus difficilement identifiables ; car le discours et la politique générale veulent diminuer leur champ d’implication. Ils sont les plus méfiants sur les différentes initiatives mises en place.

Les producteurs sont les moins bien représentés car ils sont les moins bien organisés : les moins éduqués (en général), les plus nombreux et de ce fait les plus difficiles à structurer. Les membres de la composante producteurs de la plateforme ne sont pas reconnus par leurs pairs.

Les lois opérationnelles et les acteurs autour du secteur vanille dans la région SAVA et à Madagascar sont les suivantes :

Au niveau national

- Ministère de l’intérieur et de la décentralisation - Arrêté n°007/2017-REG/SAVA/AE portant réglementation et organisation de la campagne de collecte et de commercialisation de la vanille verte et préparée pour la campagne 2017/2018

14 Sources : MCC – ministère du commerce et de la consommation 15 Conférence sur les coopératives - Février 2017

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- Ministère du Commerce - Ministère des Finances et du Budget - Ministère de l'Agriculture - Ministère de l’intérieur et de la Décentralisation - arrêté interministériel N°35 255 12013 portant réglementation des conditions générales de commercialisation de la vanille à Madagascar. - Ministère auprès de la Présidence en charge de l’Agriculture et de l’Elevage - décret N° 2016-295 fixant les attributions du Ministre auprès de la Présidence en charge de l’Agriculture et de l’Elevage ainsi que l’organisation générale du Ministère avec l’instauration de la Direction d’Appui aux Organisations Professionnelles du Monde Rural (DAOPMR) chargée d’appuyer les organisations paysannes et les organismes de soutien à la structuration du monde rural. Il comprend : - Le Service de Suivi des Organismes d’Appui (SSOA) - Le Service d’Appui à la Tranoben’ny Tantsaha (SATT) - Le Service de Promotion des Services Agricoles (SPSA). Loi N°88-021 du 24 novembre 1988 portant ratification de l’ordonnance n°88-015 du 1er septembre 1998 relative à la politique d’exportation - Président de la République Démocratique de Madagascar, ORDONNANCE N°88-015 relatives à la politique d'exportation - Ministère des finances et du budget à travers l’élaboration de la loi de finance 2017 sur les dispositions fiscales - La plateforme nationale de la vanille ou PNV qui est une structure de représentation des acteurs de la filière au niveau des ministères et de la gestion de la filière.

Au niveau régional – cas de la Sava - Sous la tutelle du ministère de l’intérieur et de la décentralisation, la région Sava se charge de sortir les arrêtés portant sur la règlementation et l’organisation de la campagne de collecte et de la commercialisation de la vanille verte. On peut noter par exemple, l’article 25 qui relate la fixation des taux de recouvrement et la répartition des ristournes pour les entités régionales16 et l’élaboration du « dinam-paritra ». Celui-ci regroupe les différentes conventions sociales concernant la sécurisation des champs de vanille et toutes sanctions relatives à l’infraction aux règles de collecte et de conditionnement de la vanille. Toutefois, ce dina dans la région SAVA est méconnu de l’immense majorité des acteurs. Même s’il est généralement reconnu par les représentants des collectivités locales, il est mal appliqué et mal interprété. Cela nécessite que la Région fasse l’effort, conjointement avec les districts et les communes, pour aller dans chaque fokontany et de le vulgariser. Nous avons constaté lors de notre recherche qu’il y a les « dinam-paritra » qui ont été élaborés en mars 2017. Au niveau des fokontany il y a aussi les “dinan’ny vavasaha” qui régissent les champs de plantation. - La Plateforme Régionale de Concertation pour le Pilotage (PRCP) de la filière Vanille –Région SAVA en coordination avec la PNV. La PRCP est une entité de concertation entre l’Etat, le secteur privé, la société civile et les partenaires techniques et financiers. - La chambre de commerce qui joue un rôle d’interface entre les exportateurs de vanille et le gouvernement. - Les services techniques déconcentrés : o du ministère du commerce, o du ministère des finances et du budget, o du ministère de l’agriculture et de l’élevage, notamment à travers des Conseillers Agricoles et des Postes d’Elevage qui sont mis en place directement par le Ministère ou en partenariat

16 Pour la Région – les communes – les PNV – PRCP – CCI –CURSE ou centre universitaire régional – Quartiers mobiles

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avec les acteurs et organismes de développement œuvrant dans la zone, pour intervenir au niveau des groupes de Communes. Au regard de la situation actuelle, notre étude a relevé trois (03) aspects principaux :

1. Structures de coordination : La coordination entre les Ministères impliqués dans la chaine de la vanille constitue un réel défi, notamment en ce qui concerne la délimitation des rôles de chaque ministère. En effet, cela crée des confusions parmi les producteurs et d’autres acteurs sur le rôle de chaque entité. Par exemple : le Ministre auprès de la Présidence en charge de l’Agriculture et de l’Elevage revendique la tutelle parce qu’on parle de monde paysan et de structuration des producteurs, le Ministère de l’Industrie et de la promotion du secteur privé revendique la tutelle puisqu’il s’agit de transformation et stockage, et c’est ce Ministère qui promeut l’approche coopérative depuis quelques années. Le Ministère du commerce et de la consommation revendique aussi la tutelle comme il y a des opérations de commerce à différents niveaux. Il est donc recommandé de mettre en place un genre de « cluster vanille » au sein du gouvernement pour harmoniser les limites de responsabilités de chaque ministère et pour assurer une certaine efficacité.

La PNV et la PRCP : la structuration de la chaîne de la vanille au niveau national et régional va dans un bon sens, mais pour éviter les échecs des précédentes structures de coordination et de concertation, il faudra veiller à l’inclusivité, c’est-dire à une véritable représentation de chaque composante clé de la filière et une transparence dans les processus de décisions. Cela va garantir l’appropriation de la structure par tous les acteurs. La composante des producteurs est parmi celle à défendre dans ce sens avec le renforcement de leurs capacités à dialoguer et à défendre leurs intérêts. Il faudra également les accompagner dans une structuration qui va leur permettre de se faire valablement représenter. La composante « intermédiaires » doit être aussi considérée, afin d’aller vers une démarche constructive dans la discussion avec eux et non vers une démarche d’élimination qui créerait des frustrations. Il faudra reconnaitre leur utilité dans la chaîne et aller vers leur professionnalisation.

2. Mise en application des lois Selon les personnes interviewées, les lois ne sont pas à jour et ne tiennent pas compte du contexte actuel. Cela est accompagné d’un manque flagrant de vulgarisation des lois existantes au niveau régional et communal (y compris le dina régional). Si la gestion, le recouvrement et la gestion des ristournes sur la vanille sont les prérogatives de la région et des communes, les producteurs ont un sentiment qu’il y a un manque de redevabilité et de transparence des entités gestionnaires.

En plus de cela, la mise en application des lois par les forces de sécurité et par la justice est perçue comme non transparente. Concernant le dina régional par exemple, les petits producteurs se sentent lésés, et le suivi de l’application du dina reste faible auprès des autres acteurs de la chaîne de valeur comme les collecteurs et les commissionnaires. Toutefois, la mise en place des « andrimasom-pokonolona » (comité de vigilance locale) est la manifestation concrète de ce dina avec une implication effective de la communauté des producteurs, néanmoins des interprétations diverses basés sur les intérêts sont à noter.

3. Le prix Comme la vanille est un produit très demandé et que la demande est supérieure à l’offre, la spéculation et la volatilité des prix est très intense. Pourtant, la maitrise de ce prix contribuerait à maitriser le secteur

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notamment sa sécurisation. Paradoxalement, la qualité de la vanille régresse, mais le marché devient prospère à cause de la concurrence. Il faudrait donc créer des intérêts autres que le prix autour de la vanille comme la qualité, la préparation et ainsi encourager et reconnaitre les efforts de pérennisation et de régulation du marché.

3.2. Parties prenantes dans la chaîne de valeur du secteur vanille

La chaîne de valeur de la vanille est parmi les plus complexes car elle comprend plusieurs acteurs. Les acteurs à la base sont les producteurs, certains sont autonomes financièrement, d’autres contractent des prêts auprès d’institutions de microfinance, d’autres encore reçoivent des avances de la part des collecteurs avec qui, ils ont un accord. D’autres encore préparent eux-mêmes la vanille, d’autres majoritaires vendent les gousses vertes directement aux collecteurs. Au bout de la chaîne se trouvent les exportateurs. Du producteur à l’exportateur, la vanille passe souvent entre les mains de plusieurs collecteurs de plus en plus gros, qui prennent chacun leur marge. Les derniers gros collecteurs approvisionnent parfois des grandes multinationales productrices d’arôme (les extracteurs), mais ils vendent la majorité de la vanille aux exportateurs pour le marché mondial.

3.2.1. Les parties prenantes dans la chaîne de valeur du secteur vanille : leurs positions et intérêts

Ce sont notamment les exportateurs qui influencent le prix de la vanille, même si les collecteurs ont une influence sur la stabilité du prix. Les exportateurs, enfin, vendent la marchandise à différents importateurs un peu partout dans le monde, notamment dans les pays occidentaux.

Le tableau ci-dessous nous montre les rôles de ces différents acteurs ainsi que leurs positions et leurs intérêts dans la chaîne de valeur.

Tableau 3: Les positions et les intérêts des acteurs de la chaîne de valeur

Rôles Positions Intérêts

Avoir le meilleur prix possible  Avoir des ressources Base de la chaîne de sur la vanille verte disponibles en permanence production de la vanille, pour sa famille toute l’année Sécurisation de la production propriétaires des terrains et pour la santé, l’éducation et la

pour avoir le maximum de producteurs des pieds de vanille. Ils nourriture, sécurisation de leur - revenu à la vente. exécutent la partie plantation, revenu fécondation et récolte. Avoir accès aux services  Avoir des opportunités

sociaux d’apprentissage Planteurs Planteurs

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Rôles Positions Intérêts

 Avoir une bonne collaboration

avec les producteurs et pour la Ce sont aussi des collecteurs Avoir la vanille verte ou collecte et pour la préparation dans la plupart des cas des préparée au prix le plus pour exister contractants préfinancés par compétitif pour le compte des  Avoir les quantités demandées les exportateurs. exportateurs par les exportateurs pour garder la confiance Commissionnaires  Avoir un pouvoir économique

Acheter une certaine quantité Maintenir un pouvoir de  Faciliter la collecte des vanilles de vanilles vertes ou dépendance avec les dans des endroits reculés ; préparées auprès des producteurs et avec les gros  Avoir la confiance de la planteurs et planteurs collecteurs et les exportateurs communauté pour assurer de

préparateurs, à les stocker et nouvelle vente les années N+1 Avoir le meilleur prix de à les revendre chez des «  Pouvoir honorer les contrats vanille verte grands exportateurs (vanilles pour une confiance des préparées). ils n’ont pas de exportateurs/grands

Collecteurs Avoir la quantité la plus contrat établi avec les importante de vanille à préparateurs : selon le quota de exportateurs, ce qui leur revendre vanille à collecter à un certain permet d’avoir un choix par prix, à conserver et à revendre à rapport aux plus offrants. Avoir de la vanille verte à un prix pouvant couvrir les préparer coûts de stockage. Ils vendent une partie de  Rembourser les préfinancés par leurs produits verts, et l’autre les exportateurs ou les gros partie vend de la vanille collecteurs

préparée. des petites  Avoir un pouvoir économique entreprises qui achètent des fort en faisant les spéculations produits verts auprès des des prix producteurs par

l’intermédiaire de collecteurs Préparateurs - agréés ou non. Leurs activités consistent à faire la transformation de la vanille

verte en vanille préparée Collecteurs Collecteurs (cuisson, séchage) et le conditionnement (triage et mise en caisson).

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Rôles Positions Intérêts

 Avoir les différentes certifications de la vanille (rainforest, fair trade etc) Avoir une quantité de vanille suffisante pour honorer la  Respecter leur calendrier et le quota de la vanille recherché Ce sont généralement des commande au niveau

 Avoir de la vanille sur un long entreprises d’envergure dont international terme les activités se trouvent dans Avoir un prix stable et  Un environnement sécurisé et le domaine de l’import- concurrentiel paisible pour continuer leur export de produits agricoles business Exportateurs et alimentaires. Avoir des groupements de  Avoir une bonne image de la paysans ou intermédiaires qui vanille de Madagascar : qualité collaborent et pour le respect de l’équité pour leurs consommateurs finaux

Des contrats sont établis entre ces acteurs pour concrétiser leur relation commerciale. Les entreprises de collecte, de transformation ou d'exportation peuvent ainsi utiliser un ou plusieurs canaux d'approvisionnement : soit au travers de contrats avec des petits exploitants agricoles, soit avec des intermédiaires commerciaux, soit au travers de plantations propres. A noter que ces contrats sont souvent non écrits mais ont valeurs d’engagement.

Les acteurs s'engagent alors dans un partenariat d'agriculture contractuelle avec la perspective d'en tirer chacun des bénéfices. Des modèles d'agriculture sous contrat se sont développés à Madagascar face à l'enjeu d'approvisionnement régulier des marchés intérieurs mais surtout extérieurs en produits de qualité. Le principe de l'agriculture contractuelle est la liaison plus ou moins formalisée par un ou plusieurs contrats de producteurs agricoles - individuels ou en groupement - avec des entreprises d’aval et donc avec un marché identifié pour leurs produits. Elle se démarque du mode de commercialisation traditionnel, qui reste encore le mode le plus courant de vente des produits agricoles. Elle s’est ainsi mise en place dans des filières ou des segments de filière tournés vers l’exportation ou l'approvisionnement des industries agro-alimentaires nationales.

Les entreprises y voient un moyen d'assurer leur approvisionnement durable en matières premières. De leur côté, les producteurs voient en ces contrats la perspective d'un marché sûr, de revenus assurés, ainsi que d'accès à des intrants améliorés et à de nouvelles technologies (Minten et al. 2006).

Le tableau ci-dessous nous montre les différents objectifs, rôles et défis des structures impliqués dans la filière vanille.

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Tableau 4: Acteurs différents, rôles différents

Producteurs agricoles Opérateurs privés Gouvernement Objectifs  Accéder aux intrants  Réaliser des profits et  Attirer l’investissement de production et aux obtenir un retour sur leur privé marchés l’investissement  Promouvoir le  Générer des flux de  Assurer la pérennité et développement rural revenus stables et l’expansion de leurs  Obtenir des impacts suffisants entreprises socio-économiques  Limiter leurs risques  Maintenir un bon climat tangibles social Rôles Produire suivant des  Développer les marchés de Créer un environnement standards de quantité et produits propice qualité demandés par le marché  Fournir les référentiels techniques et normes aux producteurs, y compris au niveau qualité, certification et traçabilité Défis  Honorer les Proposer des prix incitatifs et Lever l’ensemble des engagements de rémunérateurs aux producteurs contraintes (insuffisance livraison d’infrastructures,  Éviter le side-selling disfonctionnement de l’Etat, faiblesse socio- économique etc) Source: J. I. Navarro Espinal

Toutefois, la place de l’agriculture contractuelle dans le développement des chaînes d’approvisionnement agricoles s’inscrit dans une série de problématiques plus larges comme le problème des compromis à rechercher entre coordination et concurrence dans les chaînes de valeur, ainsi que celle des équilibres à trouver entre logique de profit et de compétitivité du secteur privé et des objectifs socio- économiques des gouvernements qui souhaitent qu’un maximum de petits producteurs et d’habitants des zones rurales bénéficient de manière soutenue et durable du développement de l’agribusiness. La préférence des agriculteurs pour les entreprises impliquées dans l’agriculture contractuelle par rapport aux autres débouchés au comptant est due également au versement de primes à la qualité ou/et à la quantité. La prime à la quantité constitue d'ailleurs une incitation au regroupement des producteurs, processus jugé bénéfique pour les deux parties (réduction des coûts de transaction pour l’acheteur et revenus additionnels pour les producteurs).

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3.2.2. Le modèle Symrise

Plusieurs modèles de contrat sont recensés, tels que les modèles : informel, intermédiaire – multipartite et centralisé

Le modèle du Symrise est l’exemple concret d’un modèle à multipartites impliquant plusieurs types d’acteurs qui jouent tous un rôle : entreprise privée, les agriculteurs, les autorités publiques, les ONG, les institutions financières ou des projets dans le projet Alliance stratégique.

En effet, Symrise intervient également à la fois, au niveau collecteur, préparateur et exportateur et importateur. Il travaille aujourd’hui avec 81 groupements de producteurs répartis dans 76 villages dans les districts d’Andapa, Sambava et Antalaha, dans le cadre de l’alliance stratégique avec GIZ et Unilever. Le Figure 1 : Zone d’intervention de l’alliance stratégique partenariat regroupe des compétences spécifiques à chaque organisation17 pour assurer le développement durable du secteur, ainsi qu’une volonté de travailler dans le maintien de l’approvisionnement de vanille naturelle de qualité.

Dans le cadre de cette alliance, les producteurs de vanille bénéficient de nombreux appuis visant à l’amélioration de la résilience aux chocs économiques, l’amélioration des infrastructures de services communautaires, la réduction du transfert intergénérationnel de la pauvreté et l’apprentissage du secteur vanille. A travers ces appuis ; les groupements de producteurs, avec lesquels Symrise entretient une relation commerciale et une relation de proximité, font des pratiques agricoles durables n’impactant pas négativement l’environnement et contribuant à l’amélioration des conditions sociales des producteurs. L’engagement de Symrise pour le développement durable se fait avec ou sans le projet et les producteurs partenaires sont soumis à un contrôle rigoureux pour les certifications fair trade et rainforest alliance.

17 De nombreuses organisations sont regroupés pour atteindre le même objectif dont save the children – positive planet – Rural cap – UN MFR, etc.

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Figure 2: Analyse des parties prenantes– selon l’approche de Symrise

Cette partie nous a permis de voir les acteurs de la chaîne de valeur en général et du point de vue spécifique de Symrise. Vu la multitude des acteurs et notamment les producteurs, il est nécessaire de collaborer avec un groupe plutôt qu’avec un individu. Dans ce sens, il est requis de faire une analyse des types de structurations des producteurs existant à Madagascar et notamment le cas de la Sava avec leurs forces et leurs faiblesses afin d’identifier les perspectives idéales pour une structuration paysanne.

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3.3. Les essais de structuration paysanne à Madagascar

Les différents projets de développement promeuvent les organisations paysannes (OP) et travaillent depuis plusieurs années à la recherche du bon modèle de structure du monde rural, en particulier pour les producteurs. Cette partie va nous rappeler les différentes formes et présenter les avantages et les inconvénients des formes formelles actuelles.

3.3.1. Les formes de groupement à Madagascar

3.3.2.1. Les organisations paysannes

A Madagascar, au niveau national, les Organisations paysannes (OP) sont nombreuses et regroupées autour de cinq organisations faîtières nationales : FTM/CPM – Firaisankinan’ny Tantsaha eto Madagasikara /Coalition Paysanne de Madagascar, le FEKRITAMA – Fédération chrétienne des paysans malgaches, le Réseau syndical des organisations agricoles (Soa), le FIFATA – Association pour le progrès des paysans, et KOLOHARENA (Cf annexe 5 pour voir le profil de ces organisations).

Les OP sont de plus en plus sollicitées et responsabilisées pour gérer des fonctions de services agricoles aux membres, d'interface et de représentation dans les débats nationaux sur les politiques concernant le monde paysan.

Le Ministère en charge de l’agriculture (MAEP, 2008) reconnaît un triple rôle pour les organisations paysannes (OP) :

 mettre en place les services de proximité dont ont besoin leurs membres pour améliorer leur productivité (conseil, accès aux intrants, formation, etc.) et leur faciliter l’accès aux marchés (information, mise en relation, appui à la contractualisation, etc.),  la représentation de la profession au sein des filières et des instances de dialogue des politiques,  cogérer en relation avec l’Etat et le secteur privé un certain nombre de procédures de contrôle (qualité, production de semences sélectionnées, surveillances phytosanitaire et sanitaire, etc..).

Au niveau de la base, on peut recenser différents type de groupement existants et les intérêts principaux de leurs adhérents tirés des expériences de CRS18 en matière de groupements de paysans.

Tableau 5 : Tableau de types de groupement de paysans avec leurs durées

Type de groupe Aide ses membres à …. Dure au moins….. Ecole agricole sur le terrain Apprendre de nouvelles techniques Une saison agricoles

Groupe d’innovation Elaborer et apprendre de nouvelles Une saison techniques Groupe d’épargne et de crédit Economiser de l’argent et obtenir des Cycle de prêt

18 https://www.crs.org/sites/default/files/tools-research/organiser-et-gerer-des-groupements-de-paysans.pdf

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Type de groupe Aide ses membres à …. Dure au moins….. prêts Groupe de production Cultiver ou élever des animaux Une saison Groupe de transformation transformer les produits Plusieurs saisons Groupe de commercialisation vendre les produits Plusieurs saisons Groupe communautaire résoudre les problèmes dans la Plusieurs années communauté Groupe de gestion des gérer l’eau, le sol, les forêts De nombreuses ressources années Coopérative Acheter des intrants et vendre des De nombreuses produits années Association des producteurs Améliorer les conditions de production et de nombreuses de commercialisation années

3.3.2.1. Les formes « formelles » des structures paysannes

Les différentes formes « formelles » de groupement à Madagascar sont :  L’association - l'ordonnance N°60-133 du 3 octobre 1960  La coopérative - Loi N° 99-004 du 21 avril 1999  Le syndicat – code du travail

Tableau 6: Avantages et inconvénients des structures

Forme Définition Avantages Inconvénients Les associations sont régies - Plus souple dans sa - Elle ne distribue pas de par l'ordonnance N°60-133 du constitution. profit 3 octobre 1960 selon laquelle - A pour objectif de servir - Lors de la dissolution l'association est « la ses membres, donc peut de l’association, convention par laquelle deux représenter le bénéfice de

ou plusieurs personnes - Elle peut obtenir des liquidation ne peut pas

mettent en commun, d'une subventions ou faire des être réparti entre les façon permanente, leurs activités génératrices de membres de connaissances ou leur activité revenus l’association ; dans un but autre que de - Permet à ses membres de - une association dispose Association partager des bénéfices ». profiter des économies de prérogatives plus La loi ne s’applique pas : aux résultant de ses activités réduites qu’un syndicat syndicats professionnels et professionnel associations syndicales, aux - Elle n’encourage pas le sociétés mutualistes, aux côté commerciale ( pas sociétés au sens de l’article sa vocation) 1832 du code civil

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Forme Définition Avantages Inconvénients Une coopérative est une La coopérative peut fournir La coopérative ne peut pas société civile particulière à des prestations aux membres, vendre les produits de ses capital et personnel variables notamment en vue de : membres individuellement rassemblant des personnes qui - assurer la qualité des s’il n’y a pas de transfert de se sont volontairement produits et services, propriété. Elle ne peut donc groupées pour atteindre un but - offrir en permanence de représentée les producteurs commun, par la constitution meilleurs services aux dans la vente s’il n’est pas d’une entreprise gérée membres; un intermédiaire officiel.19 collégialement, en fournissant - améliorer le bien-être des une quote-part équitable du membres; élever le niveau La scission d’une capital nécessaire et en professionnel et culturel coopérative est décidée par acceptant une juste des membres par des l’Assemblée générale participation aux risques et activités de formation et extraordinaire. aux fruits de cette entreprise, d’éducation;

au fonctionnement de laquelle - mettre à la disposition des Les biens communs acquis les membres participent membres pour leur usage (terre domaniale) font partie activement. Elle est dotée de exclusif des matériels, intégrante du bien commun la personnalité morale. Loi N° machines ou instruments; de la coopérative qui, en

Coopérative 99-004 du 21 avril 1999 - effectuer au bénéfice des aucun cas, ne peut être relative aux coopératives. membres toutes opérations partagé aux membres ni cédé Article premier - Champ financières, notamment la aux tiers d'application : La présente loi collecte de l’épargne, régit tous les groupements ou l’octroi de crédit ou le associations de toutes les cautionnement mutuel. branches d'activités - Dans le cadre de la économiques et ayant le statut politique de promotion des de coopérative telle qu'elle est coopératives, l’Etat où les définie par les dispositions ci- Collectivités peuvent leur après. accorder la priorité par l’acquisition de terrains domaniaux et affectation d’autres propriétés immobilières.

19 Si l’application de la loi reste dans l’état actuel –cf note DGI SAVA

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Forme Définition Avantages Inconvénients Le syndicat se définit comme - Le syndicat sert à La notion de syndicat a «une Organisation permanente s'organiser pour se souvent été liée à l'histoire et durable, constituée par les défendre, cela permet de du pays et peut être vu de travailleurs pour défendre s'unir et d'agir façon négatif par les paysans leurs intérêts, essayer collectivement afin d'être qui n'ont pas la culture de d’améliorer leurs conditions efficace face au patronat et revendications et de travail et leur conditions de vis-à-vis des pouvoirs d'interpellation, vie par voie de négociation publics. collective et en disposant - Il peut mettre en échec les A cause du chômage, une d’une tribune d’où faire menaces qui pèsent sur le vague de désyndicalisation entendre leurs avis sur les droit au travail, le pouvoir est constaté - risque de ne problèmes qui se posent à la d'achat, les acquis sociaux. pas rassurer les paysans, Société - Il a également pour rôle des systèmes formation Il n'y a pas de patronat professionnelle et de (clair) mais des

Syndicat sécurité sociale absolument acheteurs/intermédiaires qui nécessaires au s'identifient en tant que renouvellement des forces planteurs parfois ou les de travail, à a valorisation exportateurs. Il y a là un des ressources humaines, à risque de conflits d'intérêts la productivité et à la ou de manipulations compétitivité. - Il existe, aujourd’hui une Pas de contrat direct entre le initiative de syndicalisation travailleur (producteur) et des planteurs de vanille l'acheteur (assimilé en tant dans les régions : sofia - que patronat) diana et sava. Fikambanana mpamboly lavanio (FIMPALA)

3.3.2. Etude de cas sur les coopératives de la zone alliance stratégique SAVA

Le projet alliance stratégique est mis en œuvre dans la Région Sava, plus précisément dans les districts Antalaha, Sambava et Andapa. L’alliance a contribué à la mise en place des coopératives au niveau de ces districts. Raison pour laquelle, le modèle coopérative sert d’étude de cas pour la recherche afin d’en tirer les défis et les obstacles quant à la structuration des paysans.

3.3.2.1. Le diagnostic organisationnel des structures paysannes

Ce diagnostic est issu d’une évaluation au niveau de 8 coopératives issues des 7 fokontany du projet mis en œuvre par SFCG. Ces différents points nous ont permis de faire une analyse comparative qui nous a permis de comprendre les facteurs de réussite et d’échecs de ces coopératives. Les critères définis par

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Analyse institutionnelle et contextuelle | Fandriaka – aout 2017 l’ICA (International Coopérative Alliance) nous ont servi de cadrage pour notre recherche qui a porté essentiellement sur :

 Les connaissances pertinentes des adhérents sur leurs coopératives ;  la transparence, la communication entre les différents acteurs de la coopérative et dans la chaîne de valeur ;  Un intérêt à se regrouper ;  le niveau de cohésion parmi les membres.

 Connaissances des membres sur leur coopérative et leur structure

Pour réussir à long terme, il faut qu’une coopérative ait une base solide dès le départ. Les producteurs doivent comprendre les enjeux de l’établissement d’une coopérative, ainsi que les bénéfices qu’ils peuvent tirer de leur participation.

Bien que les règlements et le statut des coopératives au niveau des Fokontany du projet aient été constitués lors des assemblées générales, une partie des producteurs membres seulement de structures connaissent tous les objectifs de leurs structures soit 4%, contre 73% qui connaissent quelques-uns. Il en est de même quand on leur a demandé s’ils connaissaient l’activité de leurs structures car seulement 5% parmi eux les connaissent tous et 72% connaissent quelques-uns. Généralement, les réponses tendent vers la commercialisation uniquement.

Il existe un certains nombres d’acteurs issus des producteurs qui sont en étroite relation avec Symrise, ce sont les CI (contrôleurs internes) et le CLA (comité locale d’approbation). Cette approche est née d’une proposition de Symrise de travailler en direct avec les producteurs. Le CI est un leader de la communauté qui est le point focal de Symrise lequel fait les inspections internes des exploitations vis à vis des exigences Rainforest/ Fair Trade et le marché. Le comité local est composé de représentant élus par les producteurs et qui sont là pour faire contrepouvoir au CI.

Souvent, les producteurs donnent par défaut le rôle de président aux CI et ce qui crée une confusion de rôle au niveau des membres entre le rôle de président de coopérative et de CI. Aussi, les membres des coopératives qui maîtrisent l’organisation de leur structure restent au niveau des dirigeants et aussi des contrôleurs locaux. Les connaissances des adhérents sont encore à renforcer. Les producteurs se chargent de conduire la production en respectant les exigences de certification, les CI et les CLA s’occupent de faire le suivi au niveau des producteurs et Symrise à travers ces conseillers ruraux se chargent de faire les aspects administratifs pour le bon fonctionnement des coopératives.

Cette approche, bien que efficiente au vu de la situation actuelle, confond le rôle des CI et CLA en tant qu’acteurs de la certification d’une part et en tant que dirigeants des coopératives d’autre part. Il est alors recommandé d’expliquer la différenciation. En effet, les membres des groupements ont tendance à attendre les actions des CI et CLA qui sont plus vu dans ce rôle d’acteurs de la certification salarié de Symrise que de dirigeants des groupements. En dehors des assemblées générales et les préparatifs de portes ouvertes, il n’y a pas de séances d’information et d’engagement des membres dans les activités de leurs coopératives.

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Analyse institutionnelle et contextuelle | Fandriaka – aout 2017

Si nous souhaitons plus d’appropriation et d’engagement des producteurs dans les groupements de coopératives, il faudra un renforcement des connaissances des rôles et des responsabilités des membres. Cela va également permettre la mise en place de mécanisme permettant la transparence dans les prises de décision et dans la gestion des groupements.

Pour ce faire, l’identification de leaders communautaires ou la validation des existants comme les CI et les CLA représentant des acteurs influents peuvent contribuer à améliorer les structures existantes et les connaissances des membres à travers des transferts de savoir. Les cibles prioritaires des renforcements de capacités devront être ces leaders, lesquels doivent être dans tous les fokontany de la zone alliance stratégique.

Autrement dit, à cette étape où les coopératives sont déjà fonctionnelles, il faudra cibler ces CLA et CI en terme de renforcement de capacité sur la gouvernance associative et en communication à travers une mobilisation et participation des leaders communautaires. Il faudra une intégration de tous les membres sur la vie d’un groupement pour une appropriation et participation effective à la vie du groupement. En complément, le concept de regroupement devrait naitre d’une initiative commune issue de tous les producteurs pour une appropriation effective, raison pour laquelle la première étape pour la structuration des paysans devrait juste être la promotion de ce concept de regroupement autour d’un intérêt commun.

 Circulation des informations et transparence au sein de la chaîne de valeur

Un des facteurs de réussite d’une coopérative repose sur l'accès de ses membres aux informations du marché et de la chaîne de valeur. Un problème majeur et assez courant est le manque de transparence et de confiance entre les différents acteurs dans la chaîne de valeur. 41% des producteurs au sein des coopératives enquêtées affirment qu’ils sont impliqués dans le processus de prise de décision pour

définir les cadres ou les décisions prises les concernant sur le développement de la filière vanille.

70,00% 75,00% 67,74%

61,54%

48,15%

46,15%

38,27%

28,21%

25,81%

25,64%

23,08%

17,14%

15,38%

13,71%

13,58%

12,86%

11,29% 6,45%

Non membre membre Non membre membre Non membre membre Andapa Antalaha Sambava

non oui de temps en temps oui tout le temps

Graphique 1 : Pensez-vous que vous êtes impliqués dans le processus de prise de décision dans le cadre de l’exploitation de la vanille?

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Analyse institutionnelle et contextuelle | Fandriaka – aout 2017

Pour ce qui est des informations, 78% des producteurs enquêtés affirment recevoir des informations sur la filière vanille et 22% ne reçoivent pas ces informations. Généralement, les informations concernent les conventions sociales (régionale ou “dinam-paritra” et au niveau des plantations ou “dinan’ny vavasaha”. Ils reçoivent aussi des informations sur la variation des prix, les vols de vanille, les sanctions occasionnées par le vol de vanille, des informations pour améliorer la qualité de la vanille, les techniques de culture et préparation. Durant les groupes de discussion, il a été remarqué que ce sont des informations sur la législation, les structures impliquées dans la filière que les producteurs ne connaissent pas. A cause de cela, les producteurs pensent qu’ils n’ont pas un accès aux informations importantes sur les cadres et législation de la filière, lesquelles leur aideraient à mieux se positionner et à changer cette perception de sentiment de manque de transparence au sein de la chaîne de valeur.

De son côté, Symrise entretient une relation de proximité avec les coopératives à travers leurs conseillers ruraux. De nombreux acteurs tels que les ONG partenaires et les conseillers ruraux de Symrise sont en relation avec les producteurs à travers les coopératives et une bonne coordination entre ces ONG est nécessaire pour éviter le risque de faire circuler des informations contradictoires.

Il est aussi nécessaire de tenir compte de la dimension genre lors des mises en œuvre des activités par ces ONG, en effet les producteurs perçoivent que ce sont généralement les hommes qui participent dans les réunions de prises de décisions, les femmes y participent mais très souvent avec l’autorisation de leur mari ou dans des cas exceptionnel dans les zones écartées. En effet, durant la collecte au niveau de la communauté, 39% des femmes enquêtées disent tout le temps participer dans le processus de prise de décision, 12% de temps en temps et 49% non. Au niveau local, entre les conseillers ruraux, les ONG partenaires dans l’alliance, les producteurs bénéficient des informations qui leur touchent directement. Mais la perception du manque de transparence au sein de la chaîne de valeur induit les producteurs à une position de désintérêt au problème de la filière en dehors de la communauté et aussi un manque de confiance sur les réalisations de recommandations formulées par des décideurs étatiques ou des doléances pour l’amélioration de leur situation. Il faut mobiliser les producteurs à s’intéresser à ces problèmes qui auraient des retombées sur leurs activités quotidiennes, comme la fluctuation du prix de la vanille. La connaissance des problèmes du secteur pourra contribuer à leur capacité de négociation.

 Un intérêt commun à se regrouper

Quand on a posé la question aux producteurs de vanille : « Préfériez-vous vous représenter en tant que groupement lors des négociations ? » 87% ont répondu affirmativement, 11% négativement et 2% ne se sont pas prononcé.

Le besoin des producteurs d’intégrer une structure est apparent à travers leurs perceptions et leurs motivations à savoir l’amélioration des conditions sanitaires, autonomisation des producteurs membres, accessibilité à des formations agricoles et améliorations des bénéfices. Toutes leurs motivations tournent autour du renforcement des capacités des producteurs, la lutte contre la vente de vanille avant la période de marché et l’amélioration de la qualité de la production. Ainsi, 88% des producteurs enquêtés ont affirmé qu’être dans une structure paysanne est mieux quand on est producteur de vanille. Cette

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Analyse institutionnelle et contextuelle | Fandriaka – aout 2017 perception est surtout liée au fait qu’ils bénéficient des avantages sociaux20 - des appuis techniques et améliorent leurs bénéfices grâce aux « ambony ampanga »21. Ce dernier avantage fait partie d’une approche propre à Symrise. Cet intérêt à se regrouper se fait aussi sentir durant le marché de la vanille, si les producteurs sont surtout intéressés par le prix offert par les collecteurs informels, risquant de dévier les producteurs ne pas honorer leur engagement contractuel auprès des collecteurs formels. Toutefois, certains producteurs membres des coopératives honorent leur contrat, notamment à cause des avantages sociaux et des différentes primes.

Selon les critères définis par l’ICA, pour qu’une coopérative soit efficiente, il faut que les producteurs trouvent un intérêt commun à se regrouper en dehors des avantages individuels qu’ils bénéficient. Les différences des intérêts sont normales dans une structure. Toutefois, l’identification d’un intérêt commun sur lequel peut se bâtir la cohésion et la pérennité d’une structure est nécessaire. Cette identification devrait être consensuelle entre tous les membres.

Pour que les groupements réussissent, il faut un intérêt de le faire. Comme on l’a a dit précédemment, la forme la plus manifeste de cet intérêt commun est le comité locale de défense. Par conséquent, il faut induire les producteurs à l’identification d’autres intérêts communs spécifiques pour leur regroupement. Cet intérêt peut être un matériel commun ou une infrastructure commune ou une activité commune, par exemple la mise en place d’un alambic commun pour ceux qui font de l’huile essentielle, ou grenier communautaire, ou tracteur pour les producteurs de riz.

 La cohésion entre les membres et entre les acteurs au sein de la chaîne de valeur

Si les producteurs de vanille affirment qu’ils sont soudés, 77% des enquêtés affirment que lorsqu’il est question d’intérêt économique cette cohésion est affaiblie. Pourtant, la cohésion entre les membres d’une coopérative est essentielle pour assurer sa viabilité. Selon les chercheurs Nicola Francesconi et Fleur Wouterse, les membres d’une coopérative doivent s’efforcer de fonctionner collectivement. Les deux chercheurs soulignent à ce propos qu’un des obstacles majeurs à la durabilité des coopératives en Afrique rurale est l’issue de « side-selling » parmi les membres. Cela veut dire que les membres vendent leurs produits aux intermédiaires, de manière parallèle, en dehors de la coopérative, au lieu de joindre toute leur récolte collectivement aux exportateurs. L’une des raisons qui poussent les producteurs à recourir à cette pratique est l’obtention immédiate d’argent de l’intermédiaire externe. Notre enquête a permis de voir que les producteurs enquêtés au sein des coopératives de la zone alliance stratégique (20%) perçoivent l’intérêt économique. Toutefois, les producteurs sont rarement conscients que cela affaiblit leur position et peut même entraîner l’échec de la structure paysanne ou de la coopérative. Ces paysans ne respectent pas les contrats établis avec les exportateurs, comme la vente sur les marchés à partir de leur date d’ouverture, déterminée par un arrêté régional. Enfin, il est courant que les paysans qui ont recours à cette pratique court-termiste ne parviennent pas toujours à honorer les contrats qu’ils ont passés avec les acheteurs de vanille. Les conséquences sur le long terme sont variées : perte de confiance des autres acteurs (créanciers par exemple), dégradation de leur réputation et de leur rôle dans la chaîne de valeur,

20 Les producteurs membre des structures bénéficient d’avance lors des périodes de soudures (mois d’octobre à Avril), ou des avances en nature (riz). Ils bénéficient également de l’aide lors des périodes de floraison appelé “avance floraison” (décembre). Ces avances octroyées seront remboursées lors de la récolte. Récemment, après le passage du , les producteurs de vanilles membres de coopératives ont bénéficié de 200 000 Ar. 21 une prime additionnée au prix d’achat du kilo de vanille dont les producteurs membres bénéficient après la vente de leurs productions.

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Analyse institutionnelle et contextuelle | Fandriaka – aout 2017 litiges financiers. Il est donc primordial qu’ils comprennent les avantages et du commerce collectif afin d’éviter cet écueil. En outre, s’il n’y a pas de cohésion entre les membres, des décisions essentielles fragilisent la structure, et les efforts de développement et d’expansion présenteront une faible probabilité de réussite.

La construction de cette confiance est importante. Elle peut être faite à travers la transparence et la redevabilité du groupement sur les différentes transactions. Un facteur important qui permet de le faire est de trouver un leader en qui le groupement a confiance pour diriger ou mobiliser le groupement. Il est à noter que 23% des producteurs membres des coopératives enquêtées ne sont pas satisfaits de la structuration actuelle de leur coopérative. Cette tendance s’explique par le fait que les rencontres entre les adhérents et la structure dirigeante ne se font que durant l’assemblée générale et la gouvernance de cette structure n’est pas ressentie par les adhérents.

Aussi, pour qu’il y ait une forte cohésion au sein d’une coopérative, il faut que les adhérents connaissent les rôles et les responsabilités au moins des membres de la structure dirigeante. Pourtant, en dehors des rôles des contrôleurs locaux, les adhérents ne connaissent pas les autres attributions qui incombent aux autres membres du bureau. En ce qui concerne des méthodes de résolution de conflit au sein des coopératives, ce sont les contrôleurs locaux ou les membres des structures dirigeantes qui remplissent cette responsabilité.

Ci-après, nous présentons une cartographie des relations entre les acteurs au sein de la chaîne selon la perception des producteurs de vanille enquêtée. Ce schéma valide encore les résultats que nous avons présentés antérieurement sur le rôle des leaders tels que les andrimaso ou les vavasaha en tant que personnes influentes qui peuvent être des acteurs de changements positifs pour la structuration efficace des paysans. Quant aux forces de sécurité, des actions de rapprochement doivent être menées pour faire changer la perception des producteurs et que les actions des comités de vigilance ne remplacent pas les prérogatives des forces de sécurité.

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Figure 3: Cartographie des acteurs et des relations entre les producteurs membres de structures paysannes et les autres acteurs de la chaîne de valeur

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Les actions entreprises devraient toujours avoir cet aspect de redevabilité quel que soit l’initiateur. Si la confiance entre les membres de la coopérative est accrue, alors il y aura une meilleure relation commerciale avec les exportateurs du fait que les producteurs travaillent de concert autour d’un objectif commun et que les négociations représentent des positions de tous les producteurs. Ceci permettrait d’éviter les tensions et les conflits entre les producteurs. Dans ce sens, il est nécessaire de faire une analyse de conflits les plus récurrents dans le contexte de la filière vanille afin de connaître les causes de cette perception de leur relation détaillée sur la carte ci-dessus.

3.3.2.2. Le diagnostic de conflits des acteurs de la chaîne de valeur

Cette partie relate les facteurs de paix - la ligne de division ainsi que les conflits les plus récurrents au sein de la communauté des producteurs de vanille. La connaissance de ces conflits, de leurs manifestations et de leurs conséquences nous aide à comprendre le contexte et à adapter notre stratégie d’approche dans la structuration des paysans.

 Facteurs de paix et ligne de division

Les résultats montrent que 75% de la communauté pense que la communauté est soudée, 15% pensent que la communauté est divisée, 7% pensent qu’il y a une division entre certaines catégories de personnes, 2% ont dit qu’il y a cohésion mais cela dépend de la saison et 1% ne se sont pas prononcés. Cette cohésion se manifeste plus lors des difficultés et les besoins communs (53%). 30% pensent que ce sont les valeurs communes qui améliorent la cohésion, le reste font référence à la religion, l’appartenance à une même catégorie professionnelle. Les femmes accordent beaucoup d'importance à l'association des femmes de la communauté car elles la considèrent comme étant un facteur de cohésion. L'inégalité économique constitue la principale ligne de division selon 28% de la communauté enquêtée, 8% ont mentionné la différence de religion, 6% la divergence politique, 3% la différence culturelle et 3% les conflits liés aux associations. A noter que 28% ne se sont pas prononcé et 24% ont donné des réponses autres que celles proposées, dont principalement la divergence d'idée et les rumeurs. Le renforcement du pouvoir de décision des producteurs au sein des coopératives est la meilleure stratégie pour limiter les tensions liées à cette inégalité. Toutefois, si on renforce les capacités des producteurs au sein des coopératives sur leur pouvoir de prise de décision à travers l’amélioration de leur capacité de leadership, l’exclusion des producteurs non membres des coopératives va créer une autre tension pouvant induire à d’autres problèmes comme la jalousie et même les vols. Il est aussi essentiel de rapporter que l'appartenance ethnique constitue une grande ligne de division de la communauté dans le district de Sambava (Commune Ambodiampana et Fokontany Manantenina). Par ailleurs, contrairement aux deux autres districts, le district d'Antalaha n'accorde pas d'importance à l’inégalité économique mais plutôt à la divergence d'idée, à la dynamique des relations intra-coopératives ou entre membres et non membres de coopératives, et aux rumeurs.  Les conflits les plus récurrents

Les conflits sont interdépendants dans le contexte de la vanille. Il est donc assez difficile de parler d’un conflit sans mentionner d’autres conflits, aussi, un conflit peut être la cause mais aussi la conséquence d’un autre conflit.

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68%

58%

56%

55%

54%

50%

33% 33%

29%

29%

27%

18%

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9% 9%

8% 8%

7% 7%

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4%

3%

membre Non membre membre Non membre membre Non membre andapa antalaha sambava

Questions d'accès aux ressources économiques Les conflits liés au marché de la vanille problèmes fonciers autre

Graphique 2 : "Quel type de problème/désaccord crée le plus souvent un conflit dans votre communauté ?

Les conflits liés à l’accès aux ressources économiques qui se manifestent surtout à travers les problèmes de l’insécurité et d’accès à la production de vanille. En effet, les terres cultivables sont insuffisantes à cause des héritages partagés entre plusieurs enfants. Par conséquent, pour avoir l’usufruit, les jeunes qui n’ont pas accès à la terre, deviennent sources de l’insécurité locale (que ce soit par le vol de vanille, vol à l’étalage et pillage). La prolifération du marché d’acheteurs clandestins accentue aussi ces vols de vanille. La communauté explique cela comme une fainéantise des jeunes. Il faudrait former les jeunes à d’autres activités alternatives tout en mobilisant les parents à être sensible aux besoins de ces jeunes pour qu’ils ne deviennent pas des acteurs de conflits.

Les membres de la communauté enquêtée ont aussi mentionné les producteurs de vanille eux-mêmes comme acteurs de l’insécurité locale. Selon eux, cela peut être expliqué par la jalousie (inégalités entre producteurs) ou aussi la pauvreté et l’intérêt économique lorsque la production ne suffit pas. Pour remédier à ce conflit, la communauté fait normalement appel aux forces de défense et de sécurité locales et à la justice, mais il a été souvent rapporté qu’elle n’a plus confiance en elles. Les producteurs sont alors devenus méfiants et cueillent la vanille avant la maturité, ce qui implique une baisse de la productivité et de la qualité de la production, entraînant un déficit et un plus faible niveau de vie des producteurs. Il est à noter plusieurs cas de blessures physiques, assassinats, vindictes populaires ont été constatés à travers les discussions. Les conflits liés au marché de la vanille : les producteurs ont évoqué des formes d’arnaque à leur égard de la part des commissionnaires pendant la campagne de la vanille. Ils se manifestent souvent au niveau des marchés informels et sont très élevés dans la commune Ambodiampana et du Fokontany Manantenina, district Sambava. De nombreux producteurs de vanille que l’on a rencontrés durant la collecte ont rapporté l’existence de forme d’arnaque vis-à-vis du poids de la vanille et de l’usage de faux billets. Cette arnaque est souvent rencontrée en cas de marché informel, quand les producteurs vendent

36 | P a g e

Analyse institutionnelle et contextuelle | Fandriaka leur vanille en dehors du marché ou dans les cas où les producteurs ont recours à des commissionnaires indépendants pour vendre leur production. La majorité des producteurs non membres de structures paysannes sont exposés à cette situation, car ceux qui sont membres de structures travaillent directement avec une entreprise exportatrice. L’une des conséquences de ce conflit lié à l’arnaque est la méfiance des producteurs envers les commissionnaires. Les conflits causés par les problèmes fonciers sont très élevés à Antalaha et sont liés à différents facteurs. Dans un premier temps il s’agit de la sécurisation foncière, favorisé par la dualité des lois coutumières – qui sont toujours appliquées par la communauté – et des lois foncières écrites – qui stipulent qu’il faut la délivrance de papiers administratifs pour l’appropriation d’une parcelle de terrain. Les personnes avantagées et éduquées peuvent ainsi user de leur capacité d’influence pour acquérir un terrain ayant des plantations de vanille. Un autre facteur de conflit dans la région est le fait que quand les enfants atteignent un certain âge, leurs parents doivent leur donner une parcelle de terrain pour cultiver e la vanille. Le problème est que certains parents, ne voulant pas partager les bénéfices, font travailler leurs enfants pour le bénéfice de la famille. D’autres parents arrivent même à accorder la gestion de l’héritage foncier à l'aîné, qui s’accapare de la plus grande partie de la parcelle. Ceci engendre ensuite un conflit au sein de la famille. Les conséquences de ce conflit intra-familial sont souvent la méfiance et la sorcellerie (uniquement dans le district d’Antalaha), les bagarres et assassinats. 11% de la communauté enquêtée pense que ce conflit foncier mène à la violence physique. Les conflits liés à la discrimination sociale et abus de pouvoir : selon la communauté enquêtée, ce problème est principalement causé par l’inégalité économique. Aussi, l’abus de pouvoir de certaines personnes ayant un statut élevé dans la communauté ainsi que l’abus de pouvoir des autorités traditionnelles et des autorités étatiques, engendrent l’exclusion de certains groupes de la communauté tant dans la prise de décision que dans l’accès aux différents services administratifs et publics. La prolifération de la corruption à certains niveaux constitue aussi un vrai blocage dans la résolution des conflits, notamment les conflits liés à l’insécurité, engendrant une remise en question de l’existence de la justice selon la communauté. Pour les participants aux focus groups, l’appartenance à un parti politique constitue aussi un facteur lié à cette discrimination, surtout dans le district de Sambava. On observe une certaine méfiance de la communauté envers les structures étatiques et les autorités qui, selon la communauté, avantagent les riches et ne considèrent pas les défavorisés. Cela s’accompagne d’une perte de confiance accrue envers les agents des services publics, notamment les forces de l’ordre. Il est à noter que cette dernière situation constitue un risque de vindicte populaire quand il est question de vol de vanille engendrant bagarres et blessures physiques. Cette discrimination se manifeste aussi entre les producteurs membres de structures et les paysans non membres de structures. Les non membres pensent que les producteurs membres de structures, en bénéficiant de certains services sociaux, sont avantagés. Toutefois entre ces deux entités, il n’y a pas de tensions. A la question, “Comment décririez-vous la relation entre les producteurs ?”, 88% des producteurs non membres de structures paysannes interviewées ont dit que leur relation était bonne, 5% ni

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Analyse institutionnelle et contextuelle | Fandriaka bonne ni tendue, 2% assez tendue, 2% très tendue, 1 % ne se sont pas prononcé et 1% a donné d’autres réponses. Il faudrait être sensible aux besoins des producteurs non membres des coopératives pour qu’ils ne soient pas des acteurs à risque au niveau de la communauté. Bien que les problèmes de gouvernance des coopératives ou associations n’aient pas été pas évoqués durant le sondage, les groupes de discussion ont fait ressortir ce problème. Ce conflit se situe au niveau de la gestion financière de la coopérative par le leader. Certains membres se plaignent de leur incompétence ou de leur gestion trop stricte du budget. Ces agissements s’expliquent selon eux par l’intérêt économique que les leaders y trouvent, ou tout simplement leur sentiment de supériorité. Pour le cas de Sambava, une somme est versée à la coopérative pour adhésion, et une cotisation est aussi payée chaque année. Une partie de cette cotisation, dont le montant est fixé à l’avance, est utilisée pour servir de fonds de marché quand vient la période de marché. Or, selon un membre, ce n’est pas ce montant que le leader emmène sur le marché. Les membres de structures deviennent plus méfiants. Ce problème de redevabilité se manifeste aussi entre les membres. La coopérative octroie du crédit aux membres et ces crédits doivent être remboursés ensuite lors de la période des récoltes. Les membres du bureau de l’association constatent cependant une certaine réticence de leur part dans le remboursement.

 Mécanismes de résolution de conflit

Pour faire face à ces différents conflits, 92% de la communauté enquêtée atteste qu’il y a un mécanisme de gestion de conflit mis en place dans la communauté. Généralement, la communauté fait appel aux autorités traditionnelles et aux autorités étatiques pour gérer ces conflits. Dans le district d’Andapa, la communauté fait plus souvent appel aux autorités traditionnelles qu’aux autorités administratives pour gérer les conflits. 64% de la communauté font appel aux autorités traditionnelles contre 26% qui font appel aux autorités administratives, le reste recourt aux quartiers mobiles, aux comités de vigilance, aux forces de l’ordre et aux autorités religieuses. Ceci peut être expliqué par le fait que les études ont été menées dans les zones cuvettes nord et sud du district et compte tenu du contexte local, la zone est assez écartée et éloignée de la ville, où la communauté est plus habituée à des pratiques traditionnelles et les conflits souvent gérés à l’amiable surtout au niveau des Tangalamena. Cela explique pourquoi 62% de la communauté pense que ce sont les autorités traditionnelles qui sont les détenteurs du pouvoir dans la communauté. Dans le district d’Antalaha, par contre, ils font plus recours aux autorités administratives qu’aux autorités traditionnelles pour gérer les conflits. 65% de la communauté fait appel aux autorités administratives contre 15% qui recourt aux autorités traditionnelles, le reste fait appel au règlement de conflits à l’amiable, aux quartiers mobiles et comités de vigilance, aux organisations locales, à la justice et aux autorités religieuses. A travers les groupes de discussion, les participants ont remis en question l’autorité de ces structures administratives, notamment le maire et le chef de fokontany du fait qu’ils sont passifs. Cela explique le fait que l’avis de la communauté enquêtée soit mitigé sur les structures détentrices de pouvoir car 29% pensent que ce sont les autorités administratives, 20% les autorités traditionnelles, 36% les STD, 5% les riches et le reste est partagé entre les autres institutions mises en place. Les avis sont partagés dans le district de Sambava. 56% de la communauté enquêtée dans ce district fait appel aux autorités traditionnelles et 36% fait appel aux autorités étatiques, 5% aux comités de vigilance

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Analyse institutionnelle et contextuelle | Fandriaka et quartier mobile et 3% ont dit aucun. Pour ce district, l’étude a été menée dans le fokontany de Manantenina et dans la commune d’Ambodiampana. Durant la collecte des donnees, à Manantenina, la population se plaignait de la passivité des autorités administratives locales au niveau du fokontany et au niveau de la commune. C’est la raison pour laquelle elle fait souvent appel aux autorités traditionnelles. Pour la commune d’Ambodiampana, la communauté fait confiance tant aux autorités traditionnelles qu’aux autorités administratives locales. Aussi, les autorités traditionnelles demeurent plus influentes auprès de la communauté (61%), puis les autorités administratives (25%), 9 % les riches, 1% producteurs affiliés aux coopératives et 3% ont proposé d’autres réponses que celles proposées. Que ce soit un producteur membre ou non membre de structure paysanne, le problème majeur pour les producteurs de vanille reste l’insécurité, mais seulement 1% de la communauté fait appel aux forces de l’ordre et 1% à la justice. Il est mentionné dans le “dinam-partitra”22 que les résolutions de conflits à l’amiable par la communauté sont interdites (cf art 13) et qu’il faut toujours se référer aux structures étatiques. Les paysans sont dans une situation inconfortable car en cas d’une situation de vol de vanille, ils se réfèrent aux autorités administratives (maire, Chef Fokontany), mais ces derniers ramènent l’affaire au à la justice et aux forces de l’ordre. Or, il a été souvent rapporté que ces acteurs sont considérés comme étant des acteurs corrompus. Selon la communauté, le risque de vindicte populaire est très élevé. Deux structures complémentaires et de proximité de la communauté sont souvent des références comme structures de mécanisme de résolution de conflit. Il y a la structure traditionnelle et la structure administrative.  Structure traditionnelle: cette structure regroupe trois niveaux dont à la base la communauté, puis les aînés Tangalamena de la famille ou Ray aman-dReny, les tangalamena ou notables et généralement ce sont des hommes. Cette

structure est souvent appelée pour des décisions Ainés concernant la société, aussi sur la culture. Elle est souvent sollicitée pour la résolution des conflits dans la Communauté société. La décision finale revient toujours au Tangalamena. 45% des enquêtés affirment que cette structure détient le pouvoir dans la communauté.

 Structure administrative : A la base de cette structure il y a la communauté, puis les membres de bureau des structures administratives, puis les chefs fokontany et le maire. Cette structure se charge des décisions administratives. Elle est aussi sollicitée dans la promulgation des lois et conventions sociales ainsi que le suivi de la mise en application de ces conventions (dinam-paritra,

22 Dinam-partitra : fait référence aux conventions sociales mis en place au niveau de la région. La région de SAVA l’a mis en place depuis décembre 2016.

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Analyse institutionnelle et contextuelle | Fandriaka

dinan’ny vavasaha) dans la communauté avec l’appui de comité de mise en application du dina.

Analyse des acteurs A travers ces différentes analyses, on a pu ressortir le graphique suivant la perception des paysans producteurs:

Figure 4: Analyse des acteurs impliqués dans la filière vanille

Notes : Ø L’axe des abscisses, montre le type d’influence de l’acteur face au conflit, il peut être positif c’est- à-dire facilitateur de paix (à gauche) et négatif, ou saboteur de paix (à droite). L’endroit où l’acteur est placé au niveau de l’axe est important. Ø L’axe des ordonnées, montre le niveau d’influence, il peut être faible (en bas) et élevé(en haut).  Le tangalamena a une très forte influence et est considéré par la communauté comme un facilitateur de paix car il est souvent appelé à gérer des conflits, aussi pour des questions et des décisions sociales.  Les maires : ce sont des structures de proximité avec une forte influence. Quand la communauté n’a pas confiance aux chefs de Fokontany, elle fait appel au maire pour défendre leurs intérêts.  Les autorités religieuses  Chef Fokontany : dans certains fokontany, la communauté se plaint de l’attitude des chefs fokontany en étant passifs et obstacles au développement. Alors que pour certains, il est toujours

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Analyse institutionnelle et contextuelle | Fandriaka

la structure de référence dans la gestion de conflit. Aussi, pour les producteurs non membres de coopérative, le chef Fokontany assure leur représentation à différents niveaux.  La justice ainsi que les forces de l’ordre ont une très forte influence au niveau de la société, mais selon la communauté, ce sont des acteurs corrompus, par conséquent, ils n’ont pas confiance en eux.  Les riches ont un certain niveau d'influence dans la société et parfois, sont considérés par la communauté comme des sources de vol de vanille.  Les comités de vigilance (andrimasom-pkonolona et vavasaha), sont des acteurs dont la communauté a très confiance dans la protection de leur plantation, de leur production et de la communauté.  Les commissionnaires-collecteurs : pour les producteurs membres de structures paysannes, coopératives, les commissionnaires sont des saboteurs de paix, il a été souvent rapporté que leurs prix d’achat sont plus élevés par rapport au prix d’achat dans les coopératives  Les jeunes sont des acteurs à très faible influence dans la communauté mais la majorité des conflits, surtout les conflits liés à l’insécurité, font référence aux jeunes en tant qu’acteurs principaux, manipulés par les riches.

Cette analyse de conflits, complétée avec le diagnostic des coopératives tant au niveau contextuel qu’institutionnel nous permet de proposer des perspectives de structuration paysanne adéquate pour la filière vanille, notamment dans la zone Sava, de l’alliance stratégique. 3.4. La structuration adéquate des paysans producteurs de vanille ?

3.4.1. Structurer les paysans en tant que coopérative

L’analyse sur les structures paysannes basées sur le modèle « coopératives » a montré que bien que la tendance est actuellement à la promotion de ces dernières au niveau national, des mesures d’accompagnement sont à mettre en place au niveau des membres. Les différentes recherches que nous avons menées sur les coopératives agricoles, et plus spécifiquement celles concernant l’établissement et les actions d’une coopérative, ont montré que le succès de celle-ci dépend en grande partie de la construction de confiance entre les membres mais également de renforcer les bases pour un groupement efficace et cohésif. En parallèle, il y a des problèmes qui devront être résolus au niveau national car elle touche le contexte général comme le problème de contrôle et de la loi. Au vu de l’analyse de la situation des coopératives, nous avons pu sortir les forces et les faiblesses des coopératives actuellement dans la zone de l’alliance stratégique

Tableau 7: Les forces et les faiblesses des coopératives

Forces Faiblesses Cadres légaux - la coopérative (ou les - Mauvaise coordination entre les groupements) facilite la Ministères impliqués dans la « vanille », participation et la représentation notamment la délimitation des rôles des

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Forces Faiblesses des producteurs dans les chaque ministère. plateformes de décisions et de - Contexte de la vanille impliquant de développement. nombreux acteurs avec des intérêts - Les coopératives ou les divergents qui ne favorise pas le groupements facilitent les aides développement de la coopérative aux producteurs et leur - Capacité du ministère de l’industrie et du renforcement de capacités et il est secteur privé est faible quant à la gestion plus facile de collaborer avec les des coopératives : « seulement 8 producteurs structurés. directions pour couvrir les 22 régions de - La coopérative peut fournir des Madagascar » prestations aux membres, - Dans le cadre de la politique de promotion notamment en vue d’assurer la des coopératives, l’Etat où les qualité des produits et services Collectivités peuvent leur accorder la - offrir en permanence de meilleurs priorité par l’acquisition de terrains services aux membres domaniaux et affectation d’autres - élever le niveau professionnel et propriétés immobilières. culturel des membres par des - Les biens acquis font partie intégrante du activités de formation et bien commun de la coopérative qui, en d’éducation aucun cas, ne peut être partagé aux - mettre à la disposition des membres ni cédé aux tiers lesquels membres pour leur usage exclusif peuvent être des facteurs de conflits. des matériels, machines ou - Législation peu attractif pour la instruments; effectuer au bénéfice coopération. Pas de mesure de facilitation des membres toutes opérations ou de traitement à part de par son statut à financières, notamment la collecte ce jour de l’épargne, l’octroi de crédit ou le cautionnement mutuel. Structuration - Elaboration du statut et règlement - Non appropriation effective des membres lors d’une assemblée générale aux objectifs de la coopérative - Comité locale d’approbation faisant - Maturité organisationnelle non atteint le suivi de la qualité et quantité de pour assurer l’aspect administratif production - Risque d’une hégémonie d’un certains - Administration de la coopérative catégories d’acteurs dans le lead de la vie tenue par les agents de Symrise du groupement - Présence de leaders élus démocratiquement par les producteurs en tant qu’organe de suiv Cohésion entre - existence de structure qui agit pour - Faible cohésion entre les membres à cause les membres un intérêt commun : sécurisation de de l’inégalité socioéconomique des la vanille à l’exemple des comités de - Conflits de causes externes qui impactent coopératives vigilance vavasaha et des sur la dynamique de la coopérative andrimasom-pokonolona

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Forces Faiblesses - existence de comité de gestion de conflit Organisation - Appui techniques de la part des - mobilisation difficile des membres à et gouvernance ONG l’assemblée générale pour prendre les interne - Appui technique de la part de décisions Symrise - faible capacité organisationnel des - Bénéfice d’avantages sociaux : membres et de la structure dirigeante Mahavelona – ambony ampanga - Prix offerts par les commissionnaires informels perturbent la bonne régulation du marché – certains producteurs risque de ne pas honorer leur engagement à cause des offres financières plus élevées des autres concurrents.

Bien que la tendance depuis quelques années aille vers les coopératives qui doivent fonctionner en véritables entreprises, les projets de développement ou de sécurité alimentaire n’imposent pas le modèle coopératif de facto. Les groupements de paysans fonctionnent donc comme des coopératives sans acquérir la forme légale systématiquement s’il n’y a pas de marché sûr et régulier. Dans notre cas, « La coopérative n’est pas la solution à tout. Il faut Symrise offre déjà le marché aux réaliser une analyse et voir si la production est producteurs via les coopératives actuelles. destinée à un marché local national ou à être Nous avons pu constater qu’il n’y a plus de exportée » représentant ONGI problème de marché pour le secteur de vanille. Le besoin de se regrouper est surtout pour avoir les différentes certifications nécessaires pour le « client » et pour avoir une représentativité dans les différentes plateformes de concertation.

Si on adopte les coopératives en tant que structures qui marchent actuellement, concernant la filière de vanille à Madagascar, il existe une opportunité pour créer une coopérative qui fournit plus de pouvoir aux producteurs au sein de la chaîne de vanille. Cependant, en nous basant sur la recherche ci-dessus, il faut noter la complexité de la chaîne de valeur, le manque d’éducation ou sens des affaires parmi les producteurs, et le rôle relativement puissant des collecteurs – la grande présence qu’ils ont au sein de la chaîne de valeur peut mener aux issues de « side-selling » si les bonnes actions ne sont pas prises pour les prévenir. Par contre, le cadre institutionnel des coopératives n'est pas adapté à la réalité des coopératives d’aujourd'hui. Pour illustration, en France, les coopératives qui viennent d'être créées sont exonérées de taxes et d'impôts les 5 premières années, tandis que pour Madagascar, les coopératives sont considérées comme toute entreprise sans considération particulière. Chaque coopérative doit détenir une carte du numéro d’identification fiscale (NIF) et statistique (STAT) et chaque membre également. Au niveau institutionnel, il n’existe aucun cadrage de développement du mouvement coopératif à Madagascar. Aucun système fiscal ni de stratégie de promotion n’a été mis en place pour les appuyer. (Source : DAE/MIDSP, Février 2017).

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Toutefois, nous savons qu’à l’issu du forum des coopératives tenu en février 2017, un projet qui va appuyer à repenser le cadre des coopératives est en place mais vient juste de commencer. Le temps donc que les impacts se fassent ressentir, le cadre institutionnel général restera le même. Alors, il faut appuyer les efforts déjà entrepris au niveau des producteurs de manière démocratique, formuler une vision partagée, définir des objectifs communs, développer la confiance mutuelle et la responsabilité, résoudre les conflits et continuer à apprendre. Le développement de ces compétences crée des groupes solides. La figure ci-dessous nous montre la stratégie d’approche et d’action à entreprendre si on garde le modèle coopérative.

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Figure 5: Stratégie d’approche pour une structuration des paysans en tant que coopératives 3.4.2. Structurer les paysans en tant que syndicat ou en tant qu’association de certification

Cette deuxième perspective se fera à travers une approche évolutive. On peut regrouper les paysans au sein d’une association et garantir une base solide à travers des membres groupés autour d’un intérêt commun. Les leaders au sein de la communauté peuvent aussi être regroupés au sein d’une association des membres des structures dirigeantes des associations et peuvent représenter les associations dans un syndicat ou une structure de groupement à un niveau plus grand. Cela permettrait des échanges des expériences et le renforcement de leur pouvoir de plaidoyer et de pression.

En vue de créer une structure de base forte, les associations doivent :  avoir une compréhension des engagements liés à l’adhésion : les syndicats forts doivent se former sur une base forte d'engagement de ses membres (engagement par la cotisation, engagement par la prise de parole, par les modèles etc.)  avoir un intérêt commun. Tous les membres devraient s’intéresser à la même chose : par exemple, commercialiser du riz ou élever et vendre des poulets. Un groupe qui combinerait des riziculteurs et des éleveurs de poulets et n’aurait pas d’objectif commun peu de chances de réussir.  avoir des objectifs clairs. Le groupe devrait se mettre d’accord sur un nombre limité d’objectifs réalisables, comme commercialiser du riz ou des poulets, arrêter l’érosion sur une colline ou gérer un système d’irrigation. Ces objectifs comprennent souvent le fait de gagner de l’argent à partir d’un type particulier d’activité. Gagner de l’argent est synonyme de réussite et permet d’établir l’autonomie du groupe.  avoir une adhésion volontaire et être démocratique. Les membres devraient décider qui peut faire partie de leur groupe, qui le dirigera, quelles sont les règles à suivre et les activités à entreprendre. Les décisions doivent être prises par consensus ou par voix de majorité

Les principes des interventions pour cette structuration sont relatés dans le tableau ci-dessous.

Tableau 8: Approches pour la structuration des paysans

cibles Description stratégie d’intervention paysans Regrouper les paysans au sein d’un groupe de  prospection des intérêts des producteurs niveau moins formel mais étant une collective paysans sur laquelle on peut bâtir informelle de producteurs qui peuvent ou ne ce groupement. pas pouvoir pas être reconnu par des  Initier la création de ces collectivités locales Le but de ce groupement groupements : renforcement des est de renforcer la collaboration autour d’un existants sur base de leur intérêt commun pertinence issus de la prospection Il faut créer un groupement différent pour les et création de nouveau jeunes et pour les adultes groupement si requis Le groupe doit être homogène. Les membres  Renforcer les capacités de ces doivent faire face à des conditions groupements au développement économiques similaires et être proches au de projet avec des objectifs clairs Analyse institutionnelle et contextuelle | Fandriaka

cibles Description stratégie d’intervention niveau social. Cela réduit les conflits au  Accompagnement technique pour sein du groupe : des membres venant d’un assurer l’obtention des milieu similaire sont plus susceptibles de certifications se faire confiance, de travailler ensemble et d’accepter une responsabilité commune pour leurs activités. Un groupe composé uniquement de petits paysans a plus de chance de réussir qu’un groupe où il y aurait beaucoup de petits paysans et quelques gros exploitants Regroupement  Identification des leaders au sein des leaders des paysans : capitalisation sur les leaders existants comme les membres des andrimasom- pokonolona ou des vavasaha  Groupement de ces leaders à Les leaders peuvent être les personnes travers des échanges sur leur reconnus de par leurs engagements et de par positions – intérêts et besoin leur relation de proximité avec les producteurs  Renforcement des capacités de ces leaders en communication – leadership – négociation et gouvernance et surtout les lois sur la vanille et les groupements  Accompagnement permanent Syndicat Un rassemblement du groupement des  Initiation de plateforme de producteurs et du groupement des leaders en dialogue entre ces groupements une structure formelle au niveau communal pour une cohésion sociale accrue et/ou district et défense d’intérêt commun Ce syndicat sera formel et représentera les  Identification d’une vision paysans au niveau étatiques ou durant les commune pour atteindre les rencontres entre les acteurs de la chaîne intérêts  Accompagnement dans la formalisation de statut et des règlements de l’union  Renforcement des capacités des membres dirigeantes sur la gouvernance associative

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Figure 6: stratégie d’approche pour une structuration des paysans en tant qu’association et syndicat Pour une structuration paysanne, les principes suivants sont à respecter par les partenaires au sein l’alliance stratégique et doivent agir en tant que :  Conseiller du groupe : aider le groupe à démarrer et à renforcer les capacités des membres à diriger, planifier, organiser et mener des activités rentables et financièrement viables.

 Formateur participatif : aider les membres à acquérir des compétences dont ils ont besoin : en innovation, gestion des ressources, commercialisation, finances, organisation de groupe et dans d’autres domaines.

 Facilitateur de relations : encourager la communication entre le groupe (inter et intra) ou avec des prestataires de services, comme des institutions de microfinance, des services de vulgarisation, des fournisseurs d’intrants ou le gouvernement.

 Superviseur : superviser les activités du groupe (aider le groupe à se superviser lui-même) pour savoir à quels problèmes il est confronté, ajuster les interventions selon les besoins et remonter les informations aux autres partenaires

Par ailleurs, le groupement est toujours pertinent pour les raisons suivantes :

 Efficacité : les paysans apprennent souvent mieux au sein de groupes et la pression du groupe ou la « pression des pairs » pousse les individus à changer ce qu’ils font et à continuer à le faire à l’avenir. Les groupes organisés sont susceptibles d’être plus efficaces que le même nombre de personnes qui travaillent de façon indépendante  Rapport coût-efficacité : il est plus facile, plus rapide et donc moins cher pour un agent de terrain de s’occuper de groupes de paysans plutôt que du même nombre de personnes individuellement.  Echelle et impact. : les groupes permettent d’atteindre beaucoup plus de paysans que si on travaillait avec des individus. Cela multiplie l’impact potentiel d’une intervention.  Durabilité : les initiatives du groupe peuvent être plus durables que les efforts individuels. Les paysans peuvent se relayer pour réaliser des tâches, s’encourager les uns les autres et s’entraider pour bien faire les choses. Si une personne se retire pour une raison quelconque, le reste du groupe peut continuer.  Retour d’informations : Les groupes peuvent fournir un retour d’information meilleur et plus utile que les individus. Cela aide les agents de terrain et les organisations de développement à comprendre la situation des paysans et à améliorer les services qu’ils fournissent

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4. Conclusions

Notre recherche a dégagé que les acteurs de la chaîne de valeur s'engagent de plus en plus dans un partenariat d'agriculture contractuelle pour pouvoir faire un contrôle au niveau de la qualité, de la quantité et de la traçabilité des produits. Le défi au niveau institutionnel et de la filière est de rechercher le compromis entre la coordination et la concurrence reste.

Dans ce cadre plusieurs conclusions ont été faites :

Au niveau institutionnel

Bien qu’il y ait de nouvelles structures en place pour harmoniser le secteur de la vanille, ces dernières ne sont pas encore représentatives de tous les acteurs, particulièrement, les producteurs.

Les lois fiscales ne prennent pas en compte les défis sectoriels et les défis de la situation structurelle à Madagascar : insuffisance d’infrastructure, insuffisance d’éducation de la plupart des paysans etc.

Plusieurs acteurs jouent plusieurs rôles à la fois et il est difficile de cloisonner l’analyse par composante mais il faut le voir en tant que chaine de valeur pour structurer la filière.

La discussion sur la structuration paysanne continue pour pouvoir professionnaliser le secteur agricole mais les formes et les réalités sont souvent en opposition comme le cas de la réalité des coopératives. De plus, comme les traitements fiscaux restent individuels, l’attrait au modèle coopérative a diminué.

Au niveau des communautés

Notre étude a montré que le niveau de la cohésion de la communauté joue un rôle très important dans la communauté. En général, la communauté est soudée quand il est question de besoins ou difficultés communes et est divisée quand il est question d’intérêt économique ou intérêt personnel. Des tensions et des conflits entravent cette cohésion, qui est le critère principal de base favorisant une structure forte. La recherche a fait ressortir 4 conflits principaux qui se manifestent au niveau communautaire, dont :

● Les conflits liés à l’accès aux ressources économiques ; ● Les conflits liés au marché de la vanille causés par la suspicion d’arnaque sur le poids de la vanille ; ● Les conflits causés par le problème foncier engendrés par la dualité entre la loi coutumière et la loi écrite, ou relatifs à l’héritage ; ● Les conflits liés à la discrimination et aux abus de pouvoir.

Si on veut mettre en place des groupements durables, il faut tenir en compte que la ligne de division principale des producteurs est l’inégalité socio-économique. Elle se manifeste par des abus de pouvoir au niveau des autorités locales et des forces de sécurité parfois.

Au niveau des groupements

L’appropriation reste un défi majeur car les groupements sont nés de besoins externes. L’intérêt de se regrouper est parfois difficile à percevoir et les ventes hors groupement persistent parfois.

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Les mécanismes de participation et de transparence sont également limités et sont à renforcer. Les intérêts de se regrouper sont plus pour les acheteurs au niveau de la certification et pour les paysans plus sur la représentation dans les structures de décisions et pour pouvoir bénéficier des différents appuis de projets.

5. Recommandations de mise en œuvre des activités

Les recommandions pour le contexte institutionnel :

 Harmonisation des décisions des ministères sur les politiques générales de la filière et les cadres législatives des structurations paysannes à travers ; o Des réunions de concertation nationales, inclusives et participatives avec les acteurs de la chaîne de valeur de la vanille ; o Des réunions stratégiques entre les acteurs impliqués dans l’application du dinam-paritra pour une meilleure coordination et définition des rôles ; o Des activités de vulgarisation des lois régissant la filière et les structurations paysannes, notamment sur la fiscalité. o Il est donc recommandé de mettre en place un genre de cluster «vanille» au sein du gouvernement pour harmoniser les limites de responsabilités de chaque ministère et pour assurer une certaine efficacité, y compris le ministère des finances et du budget  Créer un environnement favorable aux regroupements paysans en votant des lois qui encouragent les producteurs à adhérer aux groupements et qui établissent un cadre gagnant-gagnant entre les différents acteurs ;  Créer une plateforme de concertation permanente entre les autorités locales et les autres acteurs de la chaine y compris les producteurs de la vanille pour discuter des problèmes entourant le secteur et les stratégies de son assainissement.

Les recommandations pour le renforcement de la cohésion sociale :  Organiser des activités de solidarité pour renforcer la cohésion sociale parmi les producteurs eux-mêmes et les autres acteurs identifies. Ces évènements doivent être inclusifs en favorisant surtout l’implication des femmes et des jeunes. Ces rencontres visent aussi le rapprochement entre les producteurs et les forces de sécurité pour faire changer la perception des producteurs et que les actions des comités de vigilance ne soient pas perçues comme un chevauchement sur les prérogatives des forces de sécurité.  Intégrer le concept de redevabilité et de transparence au sein de chaque groupement paysan et surtout au sein des structures dirigeantes. Cet aspect pourrait contribuer à la pérennisation de la structure et à renforcer la confiance parmi les membres. Si la confiance entre les membres d’une structure sont accrues, alors il y aura une meilleure relation commerciale avec les exportateurs du fait que les producteurs travaillent de concert autour d’un objectif commun et les négociations sont représentatives des positions de tous les producteurs. ; Renforcer les capacités des structures traditionnelles et administratives de gestion de conflit déjà existants dans les zones de l’action ;  L’intégration des femmes et des jeunes sur la gouvernance de leur localité ainsi que de leurs besoins

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 L’intégration des producteurs non membres dans les activités de solidarité. Il faudrait être sensible aux besoins des producteurs non membres des groupements pour qu’ils ne soient pas des acteurs à risque au niveau de la communauté

Les recommandations sur la structuration des paysans : modèle coopérative ou modèle de association, il faut faire des activités de :

 Dès le départ, il faut regrouper les paysans au sein d’associations moins formelles de producteurs qui peuvent ou non être reconnues officiellement par des collectivités locales. Le but de ce groupement est de renforcer la collaboration autour d’un intérêt commun et surtout de remplir les exigences de certification. Ces associations doivent être homogènes, c’est-à-dire que les membres doivent faire face à des conditions économiques similaires et être proches les uns aux autres au niveau social. Cela réduit les conflits au sein du groupe : des membres venant d’un milieu similaire sont plus susceptibles de se faire confiance, de travailler ensemble et d’accepter une responsabilité commune pour leurs activités. Un groupe composé uniquement de petits paysans a plus de chance de réussir qu’un groupe où il y aurait beaucoup de petits paysans et quelques gros exploitants.

 Si on devait adopter une stratégie d’organisation des paysans en tant que « cooperative » comme structure qui marche, au vu de la situation actuelle, il faut concentrer les efforts de structuration au niveau local. Autrement dit, il faut que les producteurs soient convaincus de l’intérêt à se regrouper au niveau fokontany. Autrement, la coopérative sera un moyen de garantir les exigences de certification avec une attribution des rôles administratifs. L’étape à faire est le renforcement des capacités des leaders des structures existantes comme les comités de vigilance locales ou des CLA qui ont été élus par les membres de la communauté.

 Soutenir le syndicat des producteurs au niveau communal et/ou régional. Ce syndicat qui sera formel aura pour tâche de représenter les paysans au niveau étatiques ou durant les rencontres entre les acteurs de la chaîne. Ce syndicat effectuera le rôle de suivi, de représentation des intérêts des producteurs, ainsi que de garant des exigences de certifications. Mais il faut que la reconnaissance vienne du syndicat en tant que représentant vienne des producteurs eux-mêmes.

 En parallèle avec la structuration paysanne, jusqu’à ce que le syndicat ait atteint une maturité organisationnelle, les rôles administratifs doivent être initiés par une autre entité qui fera un transfert de compétences continues. Ces actions doivent être accompagnées par des actions de plaidoyer et de concertation au niveau national entre GIZ, Symrise et les partenaires gouvernementaux sur les politiques générales sur la filière et les groupements des paysans. Il faut faire des plaidoyers pour une politique sur les organisations paysannes autour de filière d’exportation plus stable et plus cohérent avec le contexte. Renforcement des capacités des groupements existants par des formations et des activités d’accompagnement, des visites d’étude et des visites d’échanges à d’autres groupements ;

 Appuyer les efforts déjà entrepris par les producteurs pour que leurs groupements soient gérés de manière démocratique, les aider à formuler une vision partagée, définir des objectifs communs,

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développer la confiance mutuelle, résoudre les conflits au sein de leurs groupements et leurs conflits avec d’autres acteurs.

 Faire des accompagnements techniques pour assurer les exigences de certification en s’assurant de la pratique agricole durable et une amélioration des conditions de vie des producteurs. Cette action devra se faire avec une bonne coordination et complémentarité des ONG partenaires de mise en œuvre au sein de l’alliance stratégique

 Organiser des réunions régulières des producteurs de différents groupements pour permettre des échanges d’expériences, les réussites et des échecs en vue de l’amélioration.

 Renforcement des capacités des producteurs à dialoguer et à défendre leurs intérêts. Il faudra également leur accompagner dans une structuration qui va leur permettre de se faire valablement représenter, ainsi que des CLA - CI et des membres des comités de vigilance sur la gouvernance, en communication et sur la négociation.

 La considération de la composante « intermédiaires » dans les activités de concertation, afin d’aller vers une démarche constructive dans la discussion avec eux et non vers une démarche d’élimination qui créerait des frustrations. Il faudra reconnaitre leur utilité dans la chaîne et aller vers leur professionnalisation.

Ces recommandations peuvent être inclues dans les actions déjà entreprises dans le cadre de l’alliance stratégique telle que les farmers business school, les maisons familiales rurales, etc. à l’exemple de la formation des jeunes à d’autres activités génératrices de revenus tout en mobilisant les parents à être sensible aux besoins de ces jeunes pour qu’ils ne deviennent pas des acteurs de conflits.

Pour tous les partenaires au sein de l’Alliance, la sensibilité aux conflits doit être respectée par tous les intervenants au niveau des producteurs de vanille au sein des coopératives.

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6. Annexes

Annexe 1 : Etude de base

 Communication et circulation des informations Parmi la communauté enquêtée 78% attestent recevoir des informations sur la filière vanille et 22% ne reçoivent pas. Généralement les informations concernent les conventions sociales (régionale ou “dinam- paritra” et au niveau des plantations ou “dinan’ny vavasaha”. Ils reçoivent aussi des informations sur la variation des prix, les vols de vanille, les sanctions occasionnés par le vol de vanille, des informations pour améliorer la qualité de la vanille, les techniques de culture et préparation. 38% de la communauté enquêtée reçoivent ces informations toutes les semaines, 30% tous les jours, 14% plus d’un mois et 10% plus d’une fois par mois, 5% par mois et 2% très rarement. 48% reçoivent ces informations des médias, la bouche à oreille constitue une pratique de la communauté pour recevoir des informations car 18% parmi les enquêtés disent recevoir des informations de cette première, 14% des autorités administratives. Mais qu’il soit membre ou non de structure paysanne, il y a ceux qui se disent recevoir des informations des coopératives: 7% des présidents de coopératives, 7% des notes via les coopératives, ce sont uniquement les producteurs membres de structures qui reçoivent des informations d’autres producteurs mais ils sont d’une proportion infime. Des ateliers vanilles sont aussi tenus au niveau de la région où la participation de tous les opérateurs est demandée. Mais de tous les producteurs que nous avons rencontrés durant les discussions, il n’y a eu aucun qui a assisté. Aussi, ils ne croient pas vraiment aux informations que si elles sont véhiculées par le Maire et le chef Fokontany parce que ce sont des structures de proximité.  Ecoute de la radio Quand on a demandé à la communauté si elle écoutait la radio, 86% ont répondu oui et 14% non, avec une très forte proportionnalité de réponses négatives dans le district d’Antalaha par rapport aux deux autres districts. RNA est la radio la plus écouté parmi ceux qui écoutent la radio. Dans le district d’Andapa, 57% de la communauté sont habitué par écouter RNA, 18% la radio vanille, 11% la RNM, 5% la RFA et le reste d’autres radios comme Feon’andapa, béton armé, vary magnitsy, vorimangitra. Dans le district de Sambava, c’est également la radio RNA (55%), la radio vanille 32%, RNM (5%), béton armé (8%). Pour Antalaha, 86% écoutent RNA, 7% béton armé, 6% la fréquence plus, 1% RNM.

67% de la communauté est habituée à écouter la radio après 18h, 2% entre 14h et 18h, 17% entre 12h et 14h, 2% entre 10 à 12h, 4% entre 8 à 10 h, 8% entre 6 à 8h. Ces heures d’écoute s’alignent aux heures ou les habitants sont dans les champs de plantations, par conséquent, ne peuvent écouter la radio qu’arriver à la maison en fin d’après-midi. Pour optimiser les thématiques de nos émissions, on a également demandé à la communauté ce qu’elle voulait entendre à la radio, les réponses tendent surtout sur l’amélioration de la qualité de leur production et l’amélioration de la sécurité locale. Les émissions produites dans le cadre du projet vont alors s’orienter compte tenu de ces informations collectées.

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Les indicateurs du projet Baseline du Cible du Commentaires projet projet

Objectif Global: Les petits producteurs auront une confiance accrue en augmentant leur capacité de résilience et pouvant ainsi représenter leurs intérêts à travers une implication effective dans tous les processus de décision à tous les niveaux

Ind 1.% de producteurs dans la chaîne de 87% TBD Les cibles sont les producteurs de production au niveau de la communauté ciblée du vanille bénéficiaires des activités projet qui sont confiant en leurs capacités pour du projet mis en œuvre par SFCG défendre leurs intérêts communs Pour cette étude de base la question posée Avez-vous confiance aux capacités des autres producteurs de vanille pour défendre un intérêt commun

Objectif Spécifique 1: Augmentation des capacités de résilience des petits producteurs à travers les formations en leadership, communication et négociation basée sur les intérêts

Ind 4. % des producteurs qui pensent que le 64,24% 80% dialogue entre les acteurs est la méthode la plus adaptée pour une meilleure cohésion des acteurs du secteur vanille

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Annexe 2 : Tableau reflétant les différentes directions qui soutiennent la structuration paysanne

Direction promouvant les structures Ministères Services rattachés paysannes Service d'Appui aux opérateurs Economiques (SAOE) Ministère de DG Service de la protection et d'Accès aux l'industrie et du développement du Direction d'Appui à Opportunités de Développement des développement secteur privé l'Entreprise (DAE) Echanges (SPAODE) du secteur privé (DGDSP) (MIDSP) Service des renforcements de capacités et compétitivité (SRCC)

Service de la promotion des chaîne s de Direction d'Appui au valeur (SPCV) développement des filières végétales Service d'appui à l'amélioration de Ministère (DADFV) l'accès au Marché(SAAM) auprès de la Présidence en DG de Service de suivi des organismes charge de l'Agriculture d’Appui (SSOA) l'Agriculture et (DGA) Direction d’Appui de l'Elevage ( aux organisations MPAE) professionnelles du Service d’Appui à Tranobe ny Tantsaha monde rural (DAOPMR) Service de promotion des services agricoles

Direction de la Ministère du Service de la promotion des Direction promotion des commerce et de exportations Générale du échanges extérieurs la commerce Direction du consommation ( Service de la promotion du commerce extérieur commerce et de MCC) durable l’environnement

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Annexe 3 : Grille d’évaluation des coopératives

GRILLE D'EVALUATION DES COOPERATIVES Nom de la coopérative: identification de la Statut : coopérative Nombre des membres : ___hommes / ______femmes Localisation : Fokontany ______/ Commune ______Critères Descriptions SCORE L'élaboration du statut et des règlements durant la création de la coopérative s'est faite 1 2 3 4 5 suivant un processus participatif à travers une assemblée générale des membres Une mise en application effective des règlements et des statuts par les dirigeants de 1 2 3 4 5 la coopérative Structuration et formation de La coopérative dispose en sa possession tous la coopérative les documents administratifs nécessaires pour 1 2 3 4 5 la formalisation de leur coopérative Les dirigeants maîtrisent le Statut et le 1 2 3 4 5 Règlement Intérieur de la coopérative Les rôles des membres de la structure 1 2 3 4 5 dirigeante sont clairement définis Tous les adhérents disposent d'une carte 1 2 3 4 5 d'adhérent à la coopérative SCORE Existence politique de mobilisation des producteurs à adhérer les coopératives? 3 Toutes les catégories des adhérents de la coopérative, notamment les femmes, sont- membres des coopératives elles représentées dans les structures dirigeantes ? 2 Toutes les catégories des adhérents de la coopérative, notamment les jeunes, sont-elles représentées dans les structures dirigeantes ? 2 SCORE Toutes les décisions concernant la coopérative sont issues d'une réunion avec 1 2 3 4 5 tous les adhérents Tous les adéhrents de la coopérative disposent d'une copie des règlements internes 1 2 3 4 5 de la coopérative La coopérative dispode de la liste à jour Organisation et gouvernance 1 2 3 4 5 retracant la contribution des adhérents interne Notre coopérative dispose de comité de gestion de conflit pour résoudre les conflits 1 2 3 4 5 internes La coopérative dispose de plan d'action claire avec des objectifs précis pour contribuer au 1 2 3 4 5 développement commun et personnel de tous les adhérents

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GRILLE D'EVALUATION DES COOPERATIVES Nom de la coopérative: identification de la Statut : coopérative Nombre des membres : ___hommes / ______femmes Localisation : Fokontany ______/ Commune ______SCORE La structure dirigeante informe les adhérents des décisions prises lors de toutes rencontres 1 2 3 4 5 externes avec les autres acteurs de la chaîne ou institutionnels La coopérative dispose des documents de communication interne gestion des activités de ces activités et sont à 1 2 3 4 5 jour La coopérative dispose de fiches de suivi des productions des adhérents et leur chiffre 1 2 3 4 5 d'affaire La coopérative dispose de stratégie de communication externe pour communiquer 1 2 3 4 5 leurs besoins/doléances aux acteurs communication externe institutionnels La coopérative est représentée au niveau d'une strucutre fédérative du secteur vanille 1 2 3 4 5 (union, fédération, plate-forme…) 2 SCORE La coopérative dispose d'une livre de compte 1 2 3 4 5 à jour Gestion financière La coopérative dispose d'une épargne communautaire résultante des activités 1 2 3 4 5 économiques

POINTS FORTS

POINTS A AMELIORER

RECOMMANDATIONS

Nom de l'évaluateur:

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GRILLE D'EVALUATION DES COOPERATIVES Nom de la coopérative: identification de la Statut : coopérative Nombre des membres : ___hommes / ______femmes Localisation : Fokontany ______/ Commune ______signature:

Annexe 4 : Les avantages et les inconvénients de l’agriculture contracuelle

Producteurs Acheteurs Avantages Augmentation du rendement Existence de contrôle de la qualité et de la quantité de proximité selon les normes Existence de prime de qualité et de voulues – permet une meilleure planification quantité parfois, donc des revenus Permet de remplir les exigences de la additionnels pour les producteurs certification et de la traçabilité Contrôle des prix finaux (si ceci est fixé à Assurance de la vente de la l’avance) production à un prix défini (parfois le prix est renégocié à la hausse) Incitation au regroupement paysan qui peut réduire les couts de transaction pour l’acheteur - donc pas d’investissement foncier pour l’acheteur (sauf plantations) Inconvénients Les prix sont fixés à l’avance même Le modèle peut occasionner des coûts si le marché a évolué (dans les deux opérationnels conséquents pour l'acheteur sens) selon l'intensité de l'assistance technique et Le producteur est lié à l’acheteur logistique qu'il fournit : avance et S’il y a des intermédiaires, les encadrement primes sont octroyées à ces derniers Les prix sont fixés ou pas au début de la S’il existe trop d’intermédiaire, les campagne mais si le produit a beaucoup informations seront difficilement d’acheteur comme la vanille le risque de accessibles par les producteurs vente des producteurs à des concurrents est élevé.

Annexe 5 : profil des groupements au niveau national

- La FTM/CPM (Firaisankinan’ny Tantsaha eto Madagasikara /Coalition Paysanne de Madagascar) est une plate-forme des Organisations Paysannes, plus précisément une alliance des Organisations Paysannes, créée au mois de Novembre 2001, régie par l’ordonnance 60.133 du 03 Octobre 1960. Elle a comme vocation principale de promouvoir la concertation entre paysans, le dialogue social des paysans avec les différents acteurs sociaux,

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économiques, financiers et politiques dans le but de rehausser le rôle directeur des paysans dans le processus du développement rural. Elle a ce jour 2648 OP et 244.862 membres individuels dans les 22 Régions. - FEKRITAMA -Fédération chrétienne des paysans malgaches : La FEKRITAMA est une organisation paysanne faîtière des agriculteurs et éleveurs de Madagascar qui regroupe 18 Fédérations régionales de 18 régions sur 22 du pays. La FEKRITAMA s'est érigée en Fédération chrétienne des paysans malagasy avec un statut de syndicat au mois de septembre 1988 à Soanindrariny Antsirabe. Depuis 1988 à 1996, la FEKRITAMA a concentré ses efforts dans la sensibilisation des paysans à se regrouper en syndicats de base, à informer les paysans sur les réalités du monde agricole , à former les paysans sur la gestion de leurs associations, de promouvoir les échanges d'expériences et de produits entre paysans, d'appuyer les paysans par des projets de microréalisations et de petits crédits de campagne et de promouvoir le partenariat social au niveau régional, national et international. - Réseau syndical des organisations agricoles (Soa) : Le réseau SOA, rassemble des OP régionales, toutes filières confondues. Il a pour objectif de représenter, défendre et faire valoir les droits des paysans malgaches et de mieux promouvoir la profession paysanne. Il regroupe des OP de différente nature : producteurs de produits vivriers (riz, maïs, légumes secs, tubercules), producteurs de cultures de rentes (cacao, miel, litchi), pêcheurs, regroupés en OP généralistes. Parmi ses activités : échanges, visites, formation, concertation entre acteurs, … Le réseau Soa est un espace de concertation actif et dynamique et qui est impliqué dans les différentes politiques agricoles : FRDA - CSA etc. Le réseau SOA est actuellement présent dans 9 Régions de Madagascar Diana, Sofia, , Analamanga, , , , , Atsimo Andrefana. Il couvre 100 communes rurales réparties sur plus de 17 districts. - FIFATA – Association pour le progrès des paysans- A vocation syndicale FIFATA a comme objectif principal, « la représentation et la défense des intérêts des paysans » et s’efforce de se faire reconnaître comme l’un des interlocuteurs privilégiés des acteurs du développement rural auprès des instances de prises de décision sur la politique agricole. FIFATA s’applique à faire entendre la voix des paysans aux niveaux national et international. Elle est présente dans tous les débats de politique agricole, en concertation avec les autres organisations faîtières malgaches (Tranoben’ny Tantsaha, SOA, KOLOHARENA, FEKRITAMA, CPM). Structuration du monde paysan FIFATA fédère, depuis leur création, les 5 fédérations des régions Amoron’i Mania, Bongolava, Menabe, Sofia et . Depuis 2004 elle étend ses interventions aux régions Alaotra Mangoro, Haute Matsiatra, et Itasy où, de la même façon, elle favorise la structuration du monde rural par un appui-conseil à la création d’organisations différenciées selon les services offerts. - KOLOHARENA - Les associations KOLOHARENA (KH) sont, au niveau local, au nombre de 950 réparties dans 3 provinces de Madagascar à savoir Toamasina, Fianarantsoa et Mahajanga. Elles regroupent 26 000 membres et sont représentés, d’une part, au niveau communal par les Fédération et/ou Coopératives KOLOHARENA (FCKH) et d’autre part au niveau national par la Confédération Nationale KOLOHARENA Sahavanona (CNKH) qui est basée dans la capitale. Ce sont des associations paysannes qui se différencient par sa pratique d’agriculture performante avec des techniques de reproduction améliorée. Elles puisent leurs forces dans les formations acquises permettant aux membres de maîtriser les

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techniques de l’agriculture et de l’environnement. Mis en place en Mars 2003, la confédération nationale des associations KOLOHARENA rejoint les membres de l’alliance voary gasy ou AVG en 2010. Cette association opte pour le développement durable du milieu rural afin de professionnaliser les paysans et d’améliorer leur niveau de vie.

Annexe 6 : Bibliographie

1. Anselm Iwundu, Overcoming the shameful paradox in Madagascar’s vanilla sector, Fairfood International.Mai 2016 2. Banque mondial, AGRICULTURE ET DEVELOPPEMENT RURAL A MADAGASCAR, 3. CAECTIC, 2012. Rapport d’étude socio-économique et coût de production de la vanille verte dans la région SAVA, 133 pages. 4. CNV Internationa, Fairfood, 2016, Bittersweet vanilla, the unsavoury story of vanilla farmers in Madagascar’s SAVA Region, 22 pages. 5. ELIZABETH PACKER, 2008. The Flavor of Money: The Vanilla Industry and the Economy of Antalaha, SIT Ecology & Conservation, 38 pages. 6. Francesconi, N., M. Cook et K. Livingston, 2015. Note stratégique sur les coopératives agricoles en Afrique, renforcer le développement grrâce aux coopératives (EDC) – recherche d’actions pour une industrie agricole inclusive, note stratégique du CIAT n°26, Centre international d’agriculture Tropical, Cali, Colombi, 6 pages. 7. Jefferson Shriver, 2013. Revitalizing vanilla in madagascar - Report on a Feasibility Study to Enhance Small Farmer Participation in the Vanilla Value Chain, Catholic reliefs services. 8. La voix des producteurs, la vanille certifiée Bio et Fairtrade de Madagascar, ex aecquo n°34, 2011, p12-p13 9. Lowna Gie, Recipe for Change:: The Need for Improved Livelihoods of Vanilla Farmers in Madagascar, Fairfood International. 10. Mamy Rajaonarisoa, 2016. L’appui à l’organisation de la chaîne de valeur « Vanille naturelle » au bénéfice des petits producteurs de vanille et des acteurs du Secteur, GIZ. 11. Mamy Rajaonarisoa, 2016. Le développement d’un partenariat avec le secteur privé au bénéfice des petits producteurs de vanille, GIZ. 12. MINISTERE DE L’INDUSTRIE, DU DEVELOPPEMENT DU SECTEUR PRIVE ET DES PETITES ET MOYENNES ENTREPRISES, 2014. DECRET N° 2014 – 1003, portant application de la loi N°99-004 du 21 Avril 1999 relative aux Coopératives. 13. MINISTERE DU COMMERCE, MINISTERE DES FINANCES ET DU BUDGET, MINISTERE DE L’AGRICULTURE, MINISTERE DE LA DECENTRALISATION 2013. Arrêté interministériel n° 35 255 1 2013, portant réglementation des conditions générales de commercialisation de la vanille à Madagascar. 14. Mohamed Bâ et Boubacar Diao, 2003. Le Diagnostic Institutionnel des Organisations Rurales en Afrique, FRAO/WARF, Dakar, 79 pages. 15. Mouctar Sox, 2000. APPUI A LA FILIERE AGRICOLE, rapport de stage, Développement international Desjardins, Avril 2000, 74 pages. 16. Pierril Lacroix, 2014. Une coopérative paysanne autonome sur les marchés d’exportation à Madagascar, Agronomes et vétérinaires sans frontières. 4 pages. 17. PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE, 1999. Loi N°99-004 relative aux coopératives, du 26

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mars 1999 18. RAMANANJANAHARY Reine et Tsirisoa RAKOTONIMARO, 2010. Inona no atao hoe kooperativa ?, Coalition paysanne de Madagascar, Friedrich Erbert Stiftung, Antananarivo, 77 pages. 19. Reitse Koopmans, 2006. Comment créer une cooperative, initiatives économiques des agriculteurs, Fondation Agromisa et CTA, Wageningen, 99pages. 20. USAID, 2008. Conflict-sensitive approaches to value chain development, 30 pages. 21. ZAFITODY Conscient, 2005. Diagnostic strategique de la filiere vanille dans la sous-prefecture de vavatenina, Mémoire de fin d’étude DEA Agro Management, Ecoles supérieure des sciences agronomiques, Université d’Antananarivo. Webographie :

● http://ica.coop/en/whats-co-op/co-operative-identity-values-principles ● http://www1.agric.gov.ab.ca/$department/deptdocs.nsf/all/bmi6646 ● http://www1.agric.gov.ab.ca/$department/deptdocs.nsf/all/bmi6646 ● https://www.ncba.coop/ncba-international/1515-ncba-clusa-farmer-to-farmer-volunteer- opportunities-will-open-in-madagascar

Annexe 7 : Personnes ressources

Des institutions étatiques : ● Ministère de l'industrie et du secteur privé : Directeur de Promotion de l'Entrepreneuriat et de la promotion du Secteur Privé et des PME – Chargés d’études ● Chambre de commerce SAVA ● Centre fiscal Andapa ● Ministère Agriculture, contrôleur phytosanitaire – Antalaha ; Ministère Agriculture service conditionnement ● Directeur du Développement rural SAVA ● Coordonnateur du Centre de Services Agricoles Antalaha ● Directeur Régional Commerce ● Secrétaire Exécutif PRCP ● DRI et Chef Centre fiscal Sambava ● Responsable phytosanitaire DRAE ● Chef Circonscription DRAE Andapa ● Président Centre Universitaire (CURSA) - Antalaha

Des autorités : ● Chef District : Andapa, Antalaha ● Adjoint au Chef District SAMBAVA ● Président PRCP ● SG Région SAVA ● Maire ● Chef d'Arrondissement Administratif Commune

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● Secrétaire Général commune Antalaha, Andrakata ● Adjoint au Maire Andapa, Sambava ● Chefs Fokontany , Adjoint chefs Fokontany ● Notables

Des représentants d’ONG : ● PDG Agri Ressources ● CRS Team ● NCBA CLUSA - Représentant résident ● Land’O lakes Team ● FORMAPROD Team ● Directeur des recherches FOFIFA ● PROSPERER Team ● CARE Antalaha ● Save the Children – Andapa ● Président MFR Ambodiampana

Des représentants des structures paysannes : ● Directeur exécutif Réseau SOA ● Paysan membre de la Coopérative Fanilon'izafo Commune de Maromitety District de Vavatenina ● Directeur exécutif coopérative Fanohana ● Fondateur association ADAPS (Association pour le développement de Sambirano) et syndicat producteur de vanille ● Président de coopérative : CI et CLA ● Président FM3M ● Fikambanana Samy mpamboly lavanille Sylvio ● Tranoben’ny Tantsaha ● GIE Sahanala Madagascar

Partenaires techniques et financiers : ● chef agence Andapa OTIV

Des acteurs de la chaîne de valeur : ● Exportateurs ● Président Collecteurs ● Commissionaire Andasibe Mahaverika, Marovato, Andrakata, Ambodiampana, Sarahandrano ● Préparateur collecteur Tsaratanana

Des forces de l’ordre : ● CB Andapa - Force de l'ordre ● Président Andrimasom-pokon’olona Ambodiampana ● Lieutenant en phase d'indisponibilité, producteur de vanille ● Président Regional Andrimaso

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OSC Local : ● Coordonnateur AGIRS

Société travaillant avec les paysans ● Faly export ● SIGMA ● Savonnerie Tropicale

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