<<

Au nom de la race et de la science 1941 - 1944

Un film réalisé par Sonia Rolley, Axel et Tancrède Ramonet Durée : 55 minutes

une collection anatomique visant à prouver l’existence des races et à conserver une trace de la « race juive » après sa disparition. L’histoire de Au nom de la race et de la science résume à elle seule la tentative d’extermination du peuple juif par les nazis. © Bayerische Staatsbibliothek München / Fotoarchiv Hoffmann © DR

En novembre 1944, les troupes alliées découvrent dans le sous-sol de l’Institut d’anatomie de l’université de Strasbourg 86 corps atrocement mutilés, les corps de juifs gazés dans le camp de Natzweiler-Struthof, sur l’actuel sol français. Une découverte qui va mettre à jour l’un des projets les plus inconcevables et les plus méconnus du régime nazi : sous la et des soldats fanatisés ont conjugué leurs efforts pour créer une collection de squelettes, allant jusqu’à assassiner des « spécimens » sélectionnés pour cet usage. Alors que l’exter- SYNOPSIS but de prouver l’existence des races, mais aussi de conserver une trace de la «race juive» après sa disparition. Sélection, déportation, concentration, expérimentation, chambre à gaz, négation, impunité, oubli, Au nom de la race et de la science revient sur cette histoire étape par étape, avec images d’archives et documents inédits. Une affaire qui résume à elle seule l’histoire de la tentative d’extermination du peuple juif par les nazis.

TEMPS NOIR - 13 quai de l’Oise, 75019 Paris, France - Tel: (33) 1 55 28 33 87 - Fax: (33) 1 55 28 33 91 - Email: [email protected] RCS PARIS B 442 842 381 - SIRET 442 842 381 00034 - CODE APE 5911 A Titre Au nom de la race et de la science, Strasbourg 1941-1944 Durée 55 minutes Format de diffusion 16/9 Support de tournage HD Année de production 2013 Producteur Tancrède Ramonet Temps noir Avec la participation de France 3 RTS Radio Télévision Suisse

Et le soutien de la Région Ile-de-France du Ministère de la Défense de la Communauté Urbaine de Strasbourg de la Procirep Angoa - Société des producteurs FICHE TECHNIQUE du Centre national du cinéma et de l’image animée

Développé avec le soutien du Programme Media de la Communauté européenne

Distribution internationale Arte Distribution

Un f ilm de Sonia Rolley, Axël et Tancrède Ramonet Narration André Wilms Montage Kevin Accart, Véronique Lagoarde-Ségot, Claudio Hugues Image Julien Gidoin, Gilles Piquard Son Marc Hansmann, Alain Vernois, Antoine Vial, Sylvain Copans, Mathieu Leroy, Serge Lhospice

Graphisme et animation Michel Blustein Musique originale Laurent Aglat Conseiller historique Robert Steegmann © CERD-gravure Henri Gayot © DR

TEMPS NOIR - 13 quai de l’Oise, 75019 Paris, France - Tel: (33) 1 55 28 33 87 - Fax: (33) 1 55 28 33 91 - Email: [email protected] RCS PARIS B 442 842 381 - SIRET 442 842 381 00034 - CODE APE 5911 A Sonia Rolley est journaliste, diplômée du Centre universitaire d’enseignement du journalisme de Strasbourg (CUEJ). A partir de 2004, elle est correspondante en Afrique pour différents médias dont RFI et Libération. Elle couvre l’actualité au Rwanda puis au Tchad avant de rentrer en France en 2008. Spécialisée dans l’actualité internationale et notamment africaine, elle travaille au- jourd’hui encore pour RFI tout en collaborant régulièrement avec France Culture, RSR ou Slate. Lors de son séjour au Rwanda, elle coréalise avec Gorka Gamarra un documentaire de 52 minutes intitulé Umurage. LES AUTEURS Axël Ramonet est producteur et réalisateur. Diplômé de la Fé- mis en 2004, il crée la société de production Temps Noir avec Tancrède Ramonet et Martin Laurent, et obtient avec elle en 2006 le Prix PROCIREP Meilleur Jeune Producteur. En 2003, il réalise un documentaire en sept épisodes intitulé Moi, Fidel Castro dans le réalisateur de web-documentaires : Le challenge, le procès du pétrole en Amazonie ainsi que Destinations, chroniques d’une diplomatie de terrain.

Tancrède Ramonet est auteur de documentaires et producteur audiovisuel. Diplômé en philosophie (Sorbonne), management (Paris-Dauphine), création documentaire (La Havane) et produc- tion internationale (EURODOC), il a cofondé Temps noir en 2002. artistiques et culturelles. Parmi ses productions : Cuba, une odys- sée africaine de Jihan El-Tahri, L611-1, au coeur de l’inspection du travail de Jean-Yves Cauchard, Moi Fidel Castro d’Axël Ramo- net, Les Ombres du bagne de Patrick Barbéris et Tancrède Ra- monet, Colonia Dignidad de José Maldavsky. Tancrède Ramonet et Temps noir ont obtenu en 2006 le Prix du meilleur jeune pro- ducteur français et en 2010 le Prix du meilleur producteur français. © Temps noir Temps © noir Temps ©

TEMPS NOIR - 13 quai de l’Oise, 75019 Paris, France - Tel: (33) 1 55 28 33 87 - Fax: (33) 1 55 28 33 91 - Email: [email protected] RCS PARIS B 442 842 381 - SIRET 442 842 381 00034 - CODE APE 5911 A August Hirt : Médecin nazi, il mène des recherches sur la race et est membre de l’, un centre de recherche nazi dé- pendant de la SS, pluridisciplinaire, dont l’une des missions est de prouver la validité des théories raciales nazies. C’est dans ce cadre qu’il décide de constituer une collection anatomique de squelettes de femmes et d’hommes juifs à l’Université de Strasbourg.

Wolfram Sievers : Proche de Himmler, cet ancien libraire est l’un des directeurs de l’Ahnenerbe, spécialisé dans la recherche des traces anciennes de la « race aryenne ».

Bruno Beger : Anthropologue de l’Ahnenerbe, il s’est fait connaître avant la guerre pour ses travaux sur l’origine géogra- phique des Aryens pour lesquels il a mené deux expéditions re- marquées au Tibet.

Josef Kramer : Nazi convaincu, zélé et ambitieux, il monte un à un les échelons de l’administration des camps. Simple garde à Dachau, il obtient par la suite le poste de commandant du Stru- thof, un camp de concentration situé sur l’actuel sol français et qui a joué un rôle majeur dans l’affaire de la collection d’anatomie du Professeur Hirt.

LES PRINCIPAUX RESPONSABLES PRINCIPAUX LES : Haut dignitaire nazi, chef de la SS, il donne son accord en vue de la constitution d’une collection d’ana- tomie de la « race juive » par le Professeur Hirt. © Temps noir Temps ©

TEMPS NOIR - 13 quai de l’Oise, 75019 Paris, France - Tel: (33) 1 55 28 33 87 - Fax: (33) 1 55 28 33 91 - Email: [email protected] RCS PARIS B 442 842 381 - SIRET 442 842 381 00034 - CODE APE 5911 A 30 janvier 1933 : Hitler accède au pouvoir Novembre 1944 : Les troupes allemandes en Allemagne se replient, les alliés marchent sur l’Alsace. Himmler donne l’ordre de détruire les 86 ca- 1938 : Expédition nazie au Tibet menée par davres, mais 16 d’entre eux restent entiers. Bruno Beger, anthropologue, ayant pour ob- Les autres sont découpés en morceaux. Tout jectif de déterminer les origines de la race aryenne. 1er décembre 1944 : Des soldats français Juin 1940 : Annexion de l’Alsace-Moselle découvrent dans les sous-sols de l’Institut par l’Allemagne nazie. d’anatomie de la Faculté de médecine de Strabourg 86 corps affreusement mutilés. CHRONOLOGIE Mai 1941 : Ouverture du camp de Natzweiler- Struthof, à 60 km de Strasbourg. Il accueil- 2 décembre 1944 : Les soldats américains lera jusqu’en 1944 plus de 52 000 déportés découvrent le camp du Struthof, complète- venus de toute l’Europe. ment vide.

Juin 1941 : L’assassinat systématique des Janvier 1945 : August Hirt, en fuite, nie civils juifs commence avec les Einsatzgrup- toute implication avec ce crime. En juin, il se pen sur le front de l’est. suicidera d’une balle dans la tête.

23 novembre 1941 : Inauguration de la Reich- suniversität de Strasbourg en présence Le crime tombe ensuite dans l’oubli... d’Hitler lui-même. Ce jour-là, le professeur August Hirt rencontre , l’un des dirigeants de l’Ahnenerbe. 1991 : Patrick Weschler consacre sa thèse à la Faculté de médecine de Strasbourg sous contrôle des nazis.

2003 : Hans Joachim Lang, à la suite de plu- sieurs années de recherches pour retrouver © DR l’identité des 86 victimes, publie Les noms derrière des matricules. La même année, Robert Steegmann sou- tient une thèse sur le camp de Natzweiler- 2 novembre 1942 : Lettre d’August Hirt à Him- Struthof. mler pour que lui soient fournis 150 sque- lettes venant d’Auschwitz. Le 6 novembre, 2005 : Apposition d’une plaque commémo- une réponse positive lui est adressée. rative sur les murs de l’Institut d’anatomie.

Août 1943 : Sélectionnées à Auschwitz, 87 personnes sont amenées au camp du Stru- thof et assassinées dans la petite chambre à gaz aménagée dans l’enceinte du camp. Une seule personne, ayant refusé de s’y rendre, est tuée par balle. Les corps des 86 victimes sont transférés à l’Institut d’anato- mie de la Reichsuniversität de Strasbourg, puis laissés dans des cuves de formol. © Temps noir Temps ©

TEMPS NOIR - 13 quai de l’Oise, 75019 Paris, France - Tel: (33) 1 55 28 33 87 - Fax: (33) 1 55 28 33 91 - Email: [email protected] RCS PARIS B 442 842 381 - SIRET 442 842 381 00034 - CODE APE 5911 A Robert Steegmann

Professeur agrégé et docteur en histoire, il enseigne l’histoire contemporaine en classes préparatoires à Strasbourg. En 2003, il publie une thèse sur l’ensemble concentrationnaire du KL Natzwei- ler-Struthof sous la direction de Pierre Ayçoberry. Il s’agit du pre- mier travail de recherche sur ce sujet. L’affaire de la macabre col- © Temps noir lection du Dr Hirt ne constitue qu’une partie de son étude.

Hans Joachim Lang

entend parler de 86 corps retrouvés dans les sous-sols de l’Institut d’anatomie de Strasbourg. Né en 1951, il est soucieux de faire toute la lumière sur les méfaits reprochés à la génération de ses parents et grands-parents. Après une longue enquête et quarante ans après les faits, il publie en 2003 un livre, Les noms derrière des matricules, où il révèle les noms et le parcours de la plupart © Temps noir des victimes. Pour ses recherches, Hans Joachim Lang reçoit le prix de la fonda- tion Auschwitz en 2004.

Yves Ternon

LES INTERVENANTS DU FILM Chirurgien, ancien interne des Hôpitaux de Paris, il passe son doctorat en histoire et conduit depuis 1965 des recherches sur les crimes contre l’humanité, s’intéressant plus particulièrement aux génocides juif, arménien et rwandais. Il a co-écrit plusieurs ouvrages sur la médecine sous le régime nazi, dont une Histoire © Temps noir de la médecine SS.

Johann Chapoutot

Ancien élève de l’École Normale Supérieure, agrégé d’histoire, maître de conférences à l’Université de Grenoble, il est spécialiste d’histoire politique et culturelle et consacre ses travaux à l’histoire de la culture nazie. Il a notamment publié Le national-socialisme et l’Antiquité en 2008 ainsi que Le nazisme, une idéologie en actes © Temps noir en 2012.

Pierre Karli

Professeur de neurophysiologie à la Faculté de médecine de Strasbourg, il s’intéresse aux causes sociales de la violence (Ra- ). Il témoigne ici en tant qu’ancien élève du Professeur Hirt, qui donnait des cours d’anatomie dans cette même faculté alors que Pierre Karli y étu- © Temps noir diait dans les années 1940.

TEMPS NOIR - 13 quai de l’Oise, 75019 Paris, France - Tel: (33) 1 55 28 33 87 - Fax: (33) 1 55 28 33 91 - Email: [email protected] RCS PARIS B 442 842 381 - SIRET 442 842 381 00034 - CODE APE 5911 A Comment avez-vous découvert toire. Avant d’étudier en Alsace, je ne sa- l’histoire des 86 victimes du vais même pas qu’il y avait eu un camp de Dr Hirt, que le film raconte ? concentration, des expériences médicales et même une chambre à gaz à quelques ki- Sonia Rolley: J’ai découvert cette histoire lomètres de Strasbourg. Tout ça s’est pour- par hasard. En 2005, j’étais étudiante à tant passé sur l’actuel sol français. À mon l’école de journalisme de Strasbourg et je retour, j’ai décidé de ne pas en rester là et je m’intéressais aux légendes urbaines qui me suis remise à travailler. Je connaissais hantaient les couloirs de l’Université. J’avais déjà les grandes lignes, il fallait que j’entre l’intention d’en faire un reportage pour dans les détails. France Bleu Alsace. J’ai commencé tout simplement par interroger mes amis stras- bourgeois. Et l’un d’eux m’a parlé de cette rumeur : Il y aurait des «bouts de Juifs» dans la collection anatomique de Stras- bourg. C’était l’expression que les étudiants de la faculté de médecine utilisaient depuis des générations. Ils ignoraient tout de cette histoire alors qu’ils travaillaient dans les lieux mêmes où elle s’était passée. J’ai mis plusieurs semaines à en © Temps noir Temps © comprendre tous les tenants et les aboutis- sants. J’allais, si je puis m’exprimer ainsi, de surprise en surprise. Personne n’en parlait à Le film se présente comme une part un groupe de militants de la mémoire, enquête ; pourquoi ce choix ? le cercle Menachem Taffel présidé par le psychiatre alsacien Georges Federmann. SR: Justement parce qu’il s’agissait d’une Ils cherchaient à l’époque à obtenir qu’une - plaque soit apposée sur les murs de l’institut dentielle. Quand j’étais étudiante, j’ai mis d’anatomie de Strasbourg à la mémoire de beaucoup de temps à la reconstituer ; ces victimes, chose qui était refusée sous je ne trouvais pas le bon interlocuteur. A prétexte que cette mémoire, les étudiants l’époque, en France, seuls deux chercheurs actuels n’avaient pas à la porter. C’était une s’y étaient intéressés : Patrick Weschler en affaire de nazis, de fous expérimentateurs 1991, qui a écrit sur la faculté de médecine qui ne méritaient pas le nom de médecins. de la Reichsuniversität de Strasbourg ; et Interview avec la réalisatrice Sonia Rolley Les professeurs, les vrais, ceux de la faculté surtout Robert Steegmann qui a soutenu en française, avaient trouvé refuge à Clermont 2003 une thèse sur le KL-Natzweiler. Steeg- Ferrand. Il risquait d’y avoir « confusion ». Criminels et nazis, ces professeurs de la que le journaliste allemand Hans Joachim Reichuniversität l’étaient sans conteste. Lang qui, ayant entendu parler de ces Mais ce que j’ai découvert plus tard, c’est corps retrouvés mutilés, a mené l’enquête qu’ils étaient aussi reconnus par leurs pairs européens et qu’ils ont été soutenus pour après le crime. Il a d’ailleurs reçu le prix de certains même après la découverte de leurs la fondation Auschwitz en 2004 pour ses crimes. recherches. Après avoir terminé mes études, j’ai Nous aurions pu dire d’emblée qu’il passé quatre ans en Afrique comme cor- s’agissait de créer une collection anato- respondante pour RFI, au Rwanda puis mique du « sous-homme juif » et dévoiler la au Tchad, sans pouvoir oublier cette his- lettre du professeur Hirt. Ça aurait peut-être

TEMPS NOIR - 13 quai de l’Oise, 75019 Paris, France - Tel: (33) 1 55 28 33 87 - Fax: (33) 1 55 28 33 91 - Email: [email protected] RCS PARIS B 442 842 381 - SIRET 442 842 381 00034 - CODE APE 5911 A été plus simple au montage ! Mais pour bien buée le plus de prix Nobel toutes catégo- comprendre cette histoire, je pense qu’il faut ries confondues. Ce n’est pas l’histoire de suivre un certain nombre d’étapes, décou- marginaux, de faux médecins, de malades vrir à la fois des lieux, la Reichsuniversität, de l’expérimentation. C’est l’histoire d’un le KL-Natzweiler, son couloir du secret, sa système porté par les meilleurs médecins chambre à gaz et des personnages, Hirt, du monde qui a autorisé l’expérimentation Sievers, Himmler, Beger, Kramer. C’est la sur des prisonniers, la castration chimique, seule manière d’apprendre que ce n’est pas l’euthanasie des personnes handicapées. juste un horrible fait divers de la seconde Le procès de Nuremberg, tout comme celui guerre mondiale, un projet fou de plus. de Metz d’ailleurs, a montré qu’à l’époque, Cette histoire continue de s’écrire. il n’était pas si facile de tracer une ligne Depuis peu, les ministères français de la entre le bien et le mal. Les Américains et défense et la justice donnent aussi accès les Français se livraient eux aussi à des aux milliers de pages et documents rassem- expérimentations à l’époque assez proches blés lors du procès militaire de Metz. C’est de celles menées par les médecins nazis. une histoire fragmentée, avec un pied en Le code dit « de Nuremberg » a justement France, l’autre en Allemagne, qu’il fallait ab- - solument reconstituer, une pièce du puzzle mentation sur cobayes humains, parce qu’il après l’autre. de médecins nazis ont été jugés. La plupart ont été libérés, réintégrés au sein de l’ordre des médecins en Allemagne ou recrutés par les alliés. Les étudiants de la faculté de médecine de Strasbourg ont bien un cours de déontologie en première année. On leur parle des expériences médicales nazies en général, mais pas de ce qui s’est passé à deux pas de leur salle de cours. J’avoue que je ne comprends toujours pas pourquoi. Depuis quelques années, on sent

© Temps noir Temps © tout de même qu’une nouvelle dynamique se met en place. Et là, je dois rendre hom- Comment expliquer que ce crime mage à l’association, créée par le psychiatre soit si méconnu ? alsacien Georges Federmann, qui s’est battue pour la reconnaissance de ces vic- SR: Franchement, je n’imaginais pas à times : le cercle Menachem Taffel du nom quel point cette histoire pouvait provoquer de l’une des victimes qui avait pu être iden- des résistances. Toutes les personnes que - je rencontrais me déconseillaient de parler versité de Strasbourg s’est dotée en 2005 de tel aspect ou tel autre. Il y avait bien sûr d’une plaque commémorative sur les murs le contexte particulier de l’Alsace. Mais ce de l’Institut d’anatomie qui se termine par : qui m’a réellement surpris, c’est la résis- « Souvenez-vous d’elles, pour que jamais tance des médecins, des milieux universi- plus la médecine ne soit dévoyée ». Il y a taires. Les médecins sont l’une des deux aussi aujourd’hui à Strasbourg un quai Me- catégories socioprofessionnelles à avoir le nachem Taffel. plus adhéré et sans contrainte au nazisme. La science allemande de l’époque était Je dois aussi remercier la direction considérée comme la meilleure du monde. actuelle de l’université qui nous a permis de Jusqu’en 1939, c’est elle qui s’était vue attri-

TEMPS NOIR - 13 quai de l’Oise, 75019 Paris, France - Tel: (33) 1 55 28 33 87 - Fax: (33) 1 55 28 33 91 - Email: [email protected] RCS PARIS B 442 842 381 - SIRET 442 842 381 00034 - CODE APE 5911 A En quoi cette histoire est-elle A travers cette affaire, on découvre symbolique de l’atrocité nazie ? toute la mécanique criminelle nazie : la folie et l’arrogance monstrueuse des SS (Him- SR: Il ne s’agit pas d’un simple fait divers de mler), la science au service de l’idéologie la seconde guerre mondiale, d’une horreur totalitaire et raciste (Hirt), le fonctionnement de plus. C’est un projet mis en œuvre par un bureaucratique – des plus hautes instances médecin allemand et anatomiste de renom. de l’État aux « petits » exécutants fana- Le docteur August Hirt voulait créer une col- tiques et disciplinés (Sievers et Kramer) – lection anatomique qui, après la « Victoire un système concentrationnaire qui couvrait un territoire gigantesque, l’impunité dont ont sous-homme juif ». Il vivait dans l’absolue certitude de l’éradica- tion totale des Juifs et se projetait déjà dans « l’après ». © Temps noir Temps ©

TEMPS NOIR - 13 quai de l’Oise, 75019 Paris, France - Tel: (33) 1 55 28 33 87 - Fax: (33) 1 55 28 33 91 - Email: [email protected] RCS PARIS B 442 842 381 - SIRET 442 842 381 00034 - CODE APE 5911 A