Departementales Du Bas-Rhin
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ARCHIVES DEPARTEMENTALES DU BAS-RHIN SERIE N ADMINISTRATION ET COMPTABILITE DEPARTEMENTALES 1800-1870 dressé par Louis Martin Sous-archiviste principal aux Archives du Bas-Rhin Strasbourg 1955 remis en forme et complété en 2019 Archives départementales du Bas-Rhin 6 rue Philippe Dollinger - 67100 STRASBOURG Tél. 03.69.06.73.06 [email protected] - http://archives.bas-rhin.fr Série N – Administration et comptabilité départementales, 1800-1870 Page 2 sur 246 Série N – Administration et comptabilité départementales, 1800-1870 INTRODUCTION Depuis la parution en 1950 du répertoire de la série M, une lacune restait encore à combler. Si, en effet les documents qu’on a convenu de grouper dans cette série rendent compte des faits et événements concernant le département en tant que circonscription administrative de l’Etat, d’où leur importance primordiale pour l’histoire politique, économique et sociale, ils ne nous renseignent qu’imparfaitement sur son existence de collectivité locale avec ses intérêts propres et la représentation organisée de ces intérêts. C’est la collection des papiers, issus de la gestion des affaires départementales et réunis dans la série N qui nous fournira cette documentation complémentaire. Ces affaires, préparées et instruites par les bureaux de la Préfecture, sont périodiquement soumises à la décision du Conseil général et, notamment le budget départemental. Le Préfet contrôle et exécute les délibérations de cette assemblée et assure également l’ordonnancement de toutes les dépenses payables par le budget départemental. En ce qui concerne spécialement le Conseil général, son rôle essentiel consiste dans l’administration des finances départementales et le vote du budget, il est compétent également pour organiser et administrer les services départementaux. Le Conseil général a été créé par la loi du 28 pluviôse an VIII, qui en a déterminé à la fois l’organisation et les attributions. Depuis 1833, l’organisation du Conseil général a été réglée par des lois spéciales : 1) par la loi du 22 juin 1833, instituant le principe de l’élection des membres du Conseil général ; 2) par le décret du 3 juillet 1848 qui a substitué au suffrage restreint et censitaire de la loi précédente, le suffrage universel ; 3) par la loi du 7 juillet 1852 d’après laquelle le président et le secrétaire du Conseil général seraient nommés par le Chef de l’Etat ; 4) par la loi du 18 juillet 1866, permettant au Conseil général pour de nombreuses affaires de prendre des délibérations définitives. En 1872, les Allemands ont maintenu, en principe, l’organisation départementale française. Les lois du 10 mai 1838 et du 10 juillet 1866 continuèrent à s’appliquer : dans chaque Bezirk (district - circonscription correspondant au département) fonctionnait un Conseil élu au suffrage universel et chargé de représenter les intérêts régionaux auprès d’une autorité exécutive responsable de l’administration. Mais les pouvoirs du Conseil de district (Bezirksrat) étaient plus restreints que ne l’étaient, en France depuis la loi de 1871, ceux des conseils généraux. Page 3 sur 246 Série N – Administration et comptabilité départementales, 1800-1870 Dans ces conditions, la coupure historique de 1870 par les multiples incidences d’ordre politique et linguistique qu’elle implique, m’a semblé assez déterminante pour justifier l’adoption de la date limite considérée. Parmi ces nombreuses études consacrées à la vie culturelle en Alsace au XIXe siècle, dans une série d’articles publiés au lendemain de la guerre de 1870, dans le « Strassburger Zeitung », l’un de nos prédécesseurs, L. Spach a déjà traité de l’activité du Conseil général du Bas- Rhin1, des vicissitudes que cette assemblée a traversées sous les divers régimes. Bien que s’adressant en la circonstance à un public plus large, en journaliste plutôt qu’en érudit, il n’a pas manqué d’insister sur l’intérêt primordial qu’offraient pour les administrations et les historiens locaux les procès-verbaux du Conseil général du Bas-Rhin.2 En effet, un examen quelque peu approfondi suffirait pour mettre à jour une variété surprenante de documents (rapports, pièces à l’appui) dont on ne soupçonnerait pas, à priori, l’existence dans cette collection et qu’au surplus on rechercherait vainement ailleurs. C’est le mérite de M. Martin d’avoir relevé ces éléments, au cours de ses dépouillements et les chercheurs lui sauront gré de les avoir groupés dans un index, facile à consulter. Remarque, qui vaut surtout pour les délibérations du Conseil général antérieures à 1834, dont les procès-verbaux n’existent qu’en état de manuscrits, dépourvus de tables. Il ne saurait être question de dresser ici le bilan de l’activité administrative de notre département au XIXe siècle. Nous entendons seulement mettre en relief à l’aide d’un certain nombre de documents choisis à titre d’exemples parmi tant d’autres, du reste guère moins instructifs, l’intérêt éminent que présente notre série N, comme source de renseignements de tout ordre. Voulez-vous connaître la situation morale et matérielle du département en 18133 ? Un rapport soumis au Conseil général en fournit une brève mais saisissante esquisse. Insistant sur le fervent patriotisme des habitants du Bas-Rhin, il s’exclame : « Volontaires, cavaliers, chevaux, équipement, réquisitions, la grande restauration des routes départementales et d’une portion des routes impériales (le seul article est un objet de 2 à 3 millions) ; tout s’est fait sans murmure, avec calme et confiance. La jeunesse de ce département a répondu par acclamation à la voix de ses chefs, elle est tout entière dans les Armées ». Mais passant à des questions plus terre à terre, il continue : « Si l’excellent esprit qui anime les habitants du département, les porte à s’acquitter aussi honorablement de toutes les charges publiques ; si c’est dans une laborieuse industrie agricole qu’ils trouvent les moyens d’y faire face, ils souffrent d’autant plus de toutes les mesures qui entravent cette industrie. Les restrictions apportées à la culture du tabac (on ne peut se le dissimuler) ont diminué d’une manière sensible la valeur territoriale. La suppression de cette antique source de la prospérité 1 De ces articles, rédigés essentiellement à l’intention des lecteurs allemands de l’époque, les plus significatifs ont été réunis en trois volumes, en 1874 sous le titre Moderne Kulturzustände im Elsass. 2 "Die jetzigen Machthaber und Verwalter haben sich gewiss·schon und werden sich mehr als einmal noch künftighin an dieser Fundgrube der "Procès-verbaux du Conseil général du Bas-Rhin" umsehen. Von künftigen Lokalgeschichtsschreibern des Elsasses, die sich nicht an Schlachtgemälden oder Anekdotekrämerei genügen lassen, versteht sich wohl von selbst, dass sie in diesen anscheinend öden, aber doch vielseitig ergiebigen Minengängen sich Rat erholen werden". 3 1 N 24. Page 4 sur 246 Série N – Administration et comptabilité départementales, 1800-1870 alsacienne serait une affreuse calamité. C’est un devoir pour le Conseil général de le signaler au Prince qui ne veut pas que le bien être d’une portion intéressante de la population française soit sacrifié à un esprit de système dont les résultats sont incertains ». Les premières préoccupations se font jour également au sujet de la conservation des pâturages et des biens communaux, « auxquels les générations étaient habituées depuis la plus haute antiquité ». Non sans courage, le Conseil général, en 1814, expose dans un vœu à caractère nettement politique, des vues générales d’amélioration4. Il trouve que « l’émulation et le concours du zèle et des lumières sont bannis de la composition actuelle des mairies. Tout se fait par le chef, les adjoints ne sont que de simples satellites. "Il jugeait plus convenable que les actes municipaux fussent le produit libre des délibérations d’hommes éclairés, tous intéressés aux affaires, et par conséquent, d’un conseil municipal, moins étendu si l’on veut, que ceux établis par les lois de 1791, mais aussi moins servile que ne sont forcément ceux d’aujourd’hui. « Et ne verra-t-on pas volontiers la préfiguration de la Commission départementale actuelle dans cette commission permanente prise parmi les membres du Conseil général du Département, laquelle exercerait sous l’autorité du Préfet une surveillance conciliante et serait chargée de suivre la comptabilité du département et des communes, de faire valoir leurs besoins, de veiller à l’exécution de tous les travaux et à leur économie et d’en écarter les abus ». Idées, qui conduisent tout droit vers ce qui fait aujourd’hui de nouveau l’objet de débats animés sur la fameuse décentralisation administrative, puisque « cette surveillance présenterait une garantie égale au gouvernement, aux administrés et à l’administrateur lui-même. Au premier avantage d’être exercée, non d’une grande distance, mais dans le département même, c’est à dire là seul où il peut être utile, elle réunirait celui d’être confiée à des hommes travaillant dans l’intérêt de leur pays, rectifiant au besoin les idées et éclaircissant les difficultés par la connaissance des localités et prêtant à l’Autorité qui exécute, non moins l’appui de leur propre considération que celui de leur zèle et de leurs lumières et lui épargnant des détails minutieux mais importants par leur multiplicité. Beaucoup de lenteurs disparaîtraient, les bureaux des ministres pourraient être délivrés de nombreux détails, et conservant, l’ordonnance de tous les travaux, de toutes institutions nouvelles, l’autorité du Ministère s’agrandirait par là-même qu’elle serait plus dégagée, pendant que l’expérience ramènerait constamment l’exécution à des bases certaines qui reposeraient sur les notions locales et l’intérêt direct ». Ce vœu, après avoir fait connaître les désidératas des habitants du département sur les questions d’ordre public, se fait encore l’interprète de leurs soucis en ce qui concerne la liberté des propriétés.