Peinture Informelle Et Institutions Artistiques En Suisse Dans Les Années 1950
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Le réchauffement de la planète : peinture informelle et institutions artistiques en Suisse dans les années 1950 Autor(en): Bédat, Stéphanie Objekttyp: Article Zeitschrift: Kunst + Architektur in der Schweiz = Art + architecture en Suisse = Arte + architettura in Svizzera Band (Jahr): 52 (2001) Heft 2: Abstrakte Malerei der 1950er Jahre = La peinture abstraite des années 1950 = La pittura abstratta degli anni '50 PDF erstellt am: 11.10.2021 Persistenter Link: http://doi.org/10.5169/seals-394177 Nutzungsbedingungen Die ETH-Bibliothek ist Anbieterin der digitalisierten Zeitschriften. Sie besitzt keine Urheberrechte an den Inhalten der Zeitschriften. Die Rechte liegen in der Regel bei den Herausgebern. Die auf der Plattform e-periodica veröffentlichten Dokumente stehen für nicht-kommerzielle Zwecke in Lehre und Forschung sowie für die private Nutzung frei zur Verfügung. 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Ein Dienst der ETH-Bibliothek ETH Zürich, Rämistrasse 101, 8092 Zürich, Schweiz, www.library.ethz.ch http://www.e-periodica.ch Stéphanie Bédat Le réchauffement de la planète Peinture informelle et institutions artistiques en Suisse dans les années 1950 Au lendemain de la Seconde Gueite mondiale, réponses que dans l'identité postulée entre un l'Europe traverse une période où se croisent peuple et sa production artistique. Cai c'est à la fois la promesse d'un «nouveau départ» et précisément ce lien qui petmet au même le doute face à un avenit encore incertain. Les moment aux Etats-Unis de dire qu'ils sont prêts identités nationales, fortement ébranlées pat le à passet «de l'état de colonisé à celui de coloni- conflit, doivent reconquérir ce qu'elles ont sateui»4. Ayant assimilé les leçons de l'Ecole de perdu. Comme d'autres pays, la France le Paris et forgé une avant-gaide dont la prétention ressent loutdement. Sauf en matière d'att. Si, en ne se limite plus seulement à exptimet 1945, il existe une chose que Paris considère l'«Américain», New Yoïk est prête à voler la comme inattaquable et indestiuctible, c'est vedette à Paris. bien son identité de maître artistique du monde1. La perte de confiance et la désillusion qui Oi la contestation de cette supiématie se suivent la guerre forment les bases qui vont prépaie outre-AtlantiqLie dès 1946 autout du peimettte à l'expressionnisme abstrait américain noyau de l'Ecole de New Yoïk. A la fin des de s'affirmer comme la promesse d'un années quarante et malgté l'émergence d'une «nouveau monde», en niant le scientisme et en deuxième Ecole de Paris, fondée sur une le remplaçant par le mythe. Désotmais, l'individu abstraction informelle, tachiste, lyrique, est au centre, et il revient à l'art de l'ex- l'expressionnisme abstrait américain triomphe. Il est ptimet dans ce qu'il a de pulsionnel, d'obsessionnel, peiçu non seulement comme une nouvelle d'inconscient, voire d'anatchique. Ce avant-gatde artistique, mais également comme retour à un primitivisme de l'humain est un langage à forte chatge symbolique, voire également le garant de retrouvailles avec l'uni- mythique, auquel non seulement la France, vetsel, la notion d'univetsalité se présentant mais l'Europe entière, ne résisteront. comme le mot-clé de la mission des Durant les années cinquante, les diverses expressionnistes abstraits et de leur conquête du déclinaisons de l'abstraction dite «chaude» sont monde. Poui les artistes, il s'agit de teciéei «un proclamées, revendiquées, manifestées, exposées, univets indistinct dont l'habitant unique est tant à Patis qu'à New Yoïk et dans le l'homme étemel, ni prolétaire, ni bouigeois»5, monde entiei. Comment la Suisse de l'abstraction qui appelle un langage du même type, où le géométtique, voire du «réduit national», geste seul est capable d'émettre et de réagit-elle à ce phénomène? Quelle place ses transmettre. Son immédiateté, sa fulgurance et sa institutions artistiques sont-elles prêtes à lui coiporéité inscrivent sut la toile les traces du accoidet et poui quelles taisons? «vrai» et de l'«authentique». L'expressionnisme abstrait a vite fait de rencontre! l'enthousiasme de jeunes peintres New York européens, pout lesquels les différentes foimes de Dans son article consacré à la peinture en Suisse figuration ne font plus sens face aux hoiteuis au coure des années quarante, Matthias Vogel de la guêtre, à la précarité d'une paix déjà constate un «nivellement de la production remise en question, au chaos de l'existence. artistique». Coitespondant à la nécessité de léaffitmet les valeuts nationales, cet état de la Paris peinture prolonge l'attitude de repli caractéristique de la défense spirituelle des années trente2. S'il fallait ttouvet une origine à la peinture in- L'ait suisse serait devenu «ennuyeux» et il fotmelle «suisse», ce n'est toutefois pas à New serait légitime de s'inteitogei sans détouts, Yoïk mais à Patis qu'il faudrait la chetchei, à un comme le fait Geoigine Oeti dans un article moment où les artistes commencent à retourner paiu en 1948: «Sommes-nous, Suisses, aussi dans la capitale française pout des séjoure ennuyeux que notre ait?»3 L'intérêt de cette de plus ou moins longue duiée. On y question réside moins dans ses hypothétiques rencontre Wilfrid Moser, Châties Rolliei, Gérard 24 Schneidet, Gétaid Vulliamy, Franz Fedier. II s'agit pout eux de definii leui place dans les vifs débats qui ont piis l'allure de «querelle entre les Anciens et les Modernes»6, et qui se concluent, à la fin des années quarante déjà7, pat la proclamation de la peinture infoimelle comme le langage de la «modernité». A Paris, l'émetgence d'une nouvelle avantgatde dans l'immédiat apiès-gueire — qui forme la deuxième Ecole de Paris -, adepte d'une abstraction infoimelle, élit son héros en Wols, trouve ses principaux défensetus en Geotges Mathieu - le premier à monttet Pollock à Patis en 19508 -, Michel Ragon, Michel Tapié, 0' Léon Degand; elle puise sa philosophie chez Sartie, obtient sa reconnaissance initiale auprès des Galeries Drouin et Fachetti. Wols est présenté chez Drouin en 1945 déjà et fait alots fotte impression sut Wilfrid Mosci: «Wols hat als deutschet Emigrant das Schicksal unseres Europas vor, während und nach dem 2. Weltkrieg etlebt. Ei ttug dieses Schicksal, und et hat es in seinet Malerei ausgedtückt. Dort wai füt mich das giundlegende Etlebnis. Wir dieser Ruinenlandschaft he- mussten uns aus RQ tXf- ION rausaibeiten [...]. Wir suchten eine Welt, die nicht nur eine gedankliche Harmonie war, sondern die wieder aus einem Erlebnis herauskam.»9 1 Paris-Berne La Suisse, qui n'a pas été touchée de la même façon par le conflit, et dont, surtout, l'histoire 1952, Rüdlingei met sut pied un cycle d'expositions 1 Couverture du catalogue de l'exposition « Tendances et le «statut» artistiques ne sont pas comparables, intitulé Tendances actuelles, dont les actuelles», présentée à la Kunsthalle ne réagit pas de la même façon la deux premières, en 1952 et 1954, sont consacrées que de Berne en 1955. France à l'«évidence» de la peinture informelle. à la «nouvelle» Ecole de Patis". Si l'exposition Ni tout à fait au même rythme. Les indicateurs de 1952 présente des œuvres qui ont que nous allons considérer pour rendre toutes pout point de départ la réalité concrète compte du processus de pénétration puis et suivent un processus d'abstraction au sens d'institutionnalisation de la peinture infoimelle strict du teime, celle de 1954 est qualifiée de en Suisse sont les expositions et les peinture «pute», dans le sens où l'entendait collections. Sans oubliet les «protagonistes» qui, Kandinsky à l'époque du Blaue Reiter11. patmi ces indicateuis, ont posé les repères. L'exposition accueille des altistes comme Hans D'une manière générale, c'est à ttavets l'axe Härtung, Stanley William Haytet et Piene franco-suisse que transite dans un piemiet Soulages, qui s'intéressent à l'expression temps le mouvement infotmel, que ce soit pat immédiate du vécu et dont l'ait, selon Rüdlinger, des expositions consacrées aux représentants pourrait lui aussi être qualifié d'«exptession- de la «deuxième génération»10 parisienne ou nisme abstrait»13. Poui le responsable de la pat la présentation d'artistes suisses habitant Kunsthalle, les effets du mouvement américain Paris. Et il revient incontestablement à Arnold (dans les deux sens du terme) sont alois Rüdlinger d'avoir diffusé en Suisse le courant visibles. Lots de la troisième et dernière informel et d'avoir principalement contribué exposition du cycle, en 1955, Rüdlingei ne choisit à son institutionnalisation, giace à ses activités que des «tachistes»14 qui ne viennent plus menées dans le cadre des Kunsthallen de uniquement de Paris, mais également d'Italie et Beine (jusqu'en 1955) puis de Bâle (de 1955 surtout des Etats-Unis (fig. 1). On y trouve à 1967). Sam Francis, Jackson Pollock et Maik Tobey. L'aventure débute en 1949 déjà, avec Cette confrontation montre la diffusion intei- l'exposition Peintres suisses de Paris à la Kunsthalle nationale qu'a désoimais atteinte la peinture de Beine, patmi lesquels figurent les infotmels informelle, à travers un langage et des objectifs Gétaid Schneidet et Géraid Vulliamy. En partagés, ce que ne manque pas de televet 25 2 Rolflseli, sans titre, 1956, huile sur toile, 61 x 130 cm, collection privée.