Un Pays Qui Se Tient Sage
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a garanti sans 3D Ciném TOULOUSE Borderouge (59 Avenue Maurice Bourges-Maunoury) 05 61 50 50 43 • TOURNEFEUILLE (Impasse du Château) 05 34 51 48 38 UN PAYS QUI SE TIENT SAGE Film documentaire « Or, sous tous les cieux, sans ver- d’hier que les rapports entre le Peuple de David DUFRESNE gogne / C’est un usage bien établi / français et la (nécessaire) force publique France 2020 1h26 Dès qu’il s’agit de rosser les cognes / – sensément « instituée pour l’avantage avec les participations croisées Tout le monde se réconcilie » (Georges de tous, et non pour l’utilité particulière de journalistes, de chercheurs, de Brassens, Hécatombe, 1953) de ceux auxquels elle est confiée » (nous militants, de syndicalistes policiers… dit la Déclaration des droits de l’homme et d’Alain Damasio. « Cogne », mot d’argot qui désigne de- de 1789) – sont compliqués, voire ten- puis le 18e siècle, aussi bien chez Hugo dus. Pour le moins. Journaliste indé- « Môme ! On ne dit pas les sergents de que chez Brassens, un gendarme ou un pendant, observateur attentif et intran- ville, on dit les cognes ! » (Victor Hugo, policier, vient bien évidemment de « co- sigeant de la vie publique (on lui doit Les Misérables, 1862) gner ». On le voit, ce n’est donc pas de formidables enquêtes, livres et web- No 267 Du 7 octobre au 10 novembre 2020 / Entrée: 7€ / (1re séances à 4,5€) / Abonnement : 50€ les 10 places Dimanche 25 octobre, 2 rencontres exceptionnelles avec Utopia compte sur vous David Dufresne : à 14h à Borderouge avec le Tactikollectif sur Ulule ! Aidez-nous à et à 19h30 à Tournefeuille avec l'Observatoire des bâtir le premier cinéma Pratiques Policières. La librairie Floury Frères sera présente écolo de France ! à Borderouge et à Tournefeuille avec les livres de David Il est temps de passer Dufresne et des protagonistes du film. Places disponibles dès à l’action et d’impulser une nouvelle génération le 10 octobre dans vos cinémas préférés aux tarifs habituels. de cinémas durables respectueux de l’environnement ! Nous avons conçu un véritable prototype écologique reproductible (réalisé avec des matériaux nobles, bas carbone, préservant l'eau potable…) ll fallait trouver un premier lieu physique pour le tester grandeur nature… Ce sera en lisière de Troyes, ville dépourvue de salle Art et Essai, sur le premier écoquartier de l’Aube. Solidarité entre cinéphiles ! Les décideurs se montrent étonnamment frileux ! Un peu comme s’ils pensaient que UN PAYS QUI SE TIENT SAGE le réchauffement climatique allait se contenter de leur réchauffer le gros orteil documentaires sur Tarnac, sur le sys- autour de – la phrase de Max Weber : ! Nous lançons donc une tème carcéral américain, sur Pigalle…), « Un État est une communauté humaine David Dufresne s’est fait remarquer dès qui revendique le monopole de l’usage campagne de crowdfunding le début de la lutte des Gilets jaunes, en légitime de la force physique sur un ter- sur Ulule, pour qu’ensemble, créant le projet Allô, place Beauvau ? : ritoire donné », une phrase souvent citée avec vous, nous fassions la une tentative de répertorier le plus ex- et détournée de son sens initial pour lé- démonstration qu’on peut gitimer les violences policières. Avec des haustivement possible les violences po- changer le cours des choses ! licières qui lui remontaient de toute la écrivains comme Alain Damasio ou des France. Un travail de fourmi, passionnant historiennes comme Ludivine Bantigny, et édifiant, qui a fait instantanément de il est rappelé que toute la subtilité tient Que le financement citoyen lui la bête noire des responsables et ac- dans le mot « revendique ». Qui peut re- montre la voie sera un teurs du maintien de l’ordre. Il en a fait la vendiquer la légitimité de la violence ? A fortiori dès lors que le pouvoir est de signal fort pour le monde matière d’un livre, mi-roman mi-enquête, politique : nul ne pourra faire Dernière sommation, et donc de ce film moins en moins accepté par toute une documentaire saisissant. catégorie sociale qui ne s’y retrouve plus. comme s’il n’y avait pas de Le dispositif du film est à la fois simple et David Dufresne a l’intelligence de donner solutions ! Elles existent, rigoureux : sur un écran de cinéma sont la parole à un général de gendarmerie aidez-nous à les faire projetées des images de manifestations et à deux syndicalistes policiers, ce qui occasionne de passionnants échanges connaitre et à financer, même et de leur répression par les forces de po- modestement, ce projet ! lice – images brutes, face auxquelles réa- avec Ludivine Bantigny ou avec le jour- naliste Taha Bouhafs, à l’origine de la ré- gissent divers intervenants. Des images vélation de l’affaire Benalla. Pour suivre et participer dures, crues, bouleversantes, souvent fil- Au-delà des Gilets jaunes, David mées par les victimes elles-mêmes, des Dufresne décrypte plus globalement un à cette aventure, personnes de leur entourage ou des mili- système qui fait que la violence policière retrouvez-nous sur Ulule ! tants, qui battent en brèche la thèse offi- s’exerce principalement sur les habitants cielle selon laquelle il n’y aurait de la part des quartiers populaires. Et cite en pre- des forces de l’ordre qu’un « usage pro- mier lieu – c’est évidemment ce triste épi- portionné de la violence », en rapport sode qui donne son titre à ce film d’uti- avec les agressions dont les premières lité publique – les images édifiantes des victimes sont les policiers. lycéens de Mantes la Jolie, contraints de Mais au-delà de l’émotion, la force du s’agenouiller tandis qu’un policier gogue- film de Dufresne est de poser, avec l’aide nard les filme et s’exclame : « Voilà une d’historiens, de sociologues, de spécia- classe qui se tient sage ! ». C’est clair, net listes du droit, et de policiers les ques- – et, si l’on ose dire, sans bavure. tions fondamentales de la légitimité de l’usage de la violence par les forces de Tournefeuille et Borderouge https://fr.ulule.com/ l’ordre. Le film s’ouvre sur – et s’articule (également à l’American Cosmograph) utopia-pont-sainte-marie/ burn out néo-parental pour l’un et assè- première partie du film est donc – mal- chement de la relation conjugale pour gré le constat social et psychologique l’autre. Bref, c’est pas la joie. lucide et plutôt sombre – carrément Le dîner organisé à l’occasion des qua- drôle, et plonge personnages et specta- rante ans du plus jeune de la bande teurs dans un grand bain de jouvence. tourne, malgré les réticences liminaires DRUNK de Martin qui est supposé faire le chauf- Car Thomas Vinterberg fait participer le Thomas VINTERBERG feur, à la solide beuverie et, au détour de spectateur à l’apparente libération que Danemark 2020 1h55 VOSTF la conversation, est évoquée une étrange vivent ses personnages, par le jeu des avec Madds Mikkelsen, Thomas étude du psychologue norvégien Finn acteurs, exceptionnels, mais aussi par la Bo Larsen, Lars Ranthe, Magnus Skårderud, qui conclut que le corps hu- mise en scène enlevée, avec un travail Millang, Maria Bonnevie, Helene main, pour être au mieux de sa forme, goûteux sur le son, nourri du glouglou Reinga Neumann… doit présenter 0,5 g d’alcool par litre de délicieux de l’alcool qui coule à flots, Scénario de Thomas Vinterberg sang. Ni une des deux, les quatre com- des bouchons qui sautent, des verres et Tobias Lindholm pères, saisis d’une joyeuse soif d’expéri- qui se vident. Le spectateur est lui aus- mentation scientifique, se promettent de si comme enivré avant que n’arrivent les « L’alcool tue lentement. On s’en fout. On vérifier la théorie avec un engagement : verres de trop, que le vernis s’écaille et n’est pas pressés. » GEORGES COURTELINE ne boire que pendant la journée, durant que les lendemains de fête deviennent « L’alcool est un anesthésique qui per- leur temps de travail, et s’arrêter à par- difficiles. Car bien au-delà d’un film po- met de supporter l’opération de la vie. » tir de 20h. Et inévitablement, les proprié- tache et provocateur sur les vertus libé- GEORGES BERNARD SHAW tés désinhibantes de l’alcool vont faire ratrices de l’alcool, Drunk est une belle effet rapidement. Libéré du carcan so- évocation du tournant de la vie à la cin- Quatre amis : Martin, Tommy, Peter et cial et de sa dépression latente, Martin quantaine, entre la jeunesse à laquelle Nikolaj, tous les quatre enseignants se met à oser des approches pédago- on s’accroche de manière dérisoire, les de lycée. Qui ne pètent pas la forme, giques inédites qui enchantent les ly- choix de vie que l’on aurait aimé faire c’est le moins qu’on puisse dire, en- céens. Il s’efforce en parallèle de briser avant qu’il ne soit trop tard, la soif de calminés dans une existence devenue la routine de son couple pour tenter de liberté que l’on doit peut-être chercher morne et routinière. Leurs élèves sont lui donner une seconde chance. L’alcool là où l’on ne l’imagine pas, comme dans à deux doigts de les mépriser, notam- plonge les quatre amis dans une liesse cette dernière scène qui retrouve l’eu- ment Martin (Madds Mikkelsen), profes- sans doute factice, mais il joue pleine- phorie et dont évidemment on ne vous seur d’histoire tellement blasé que son ment son rôle émancipateur chez eux dévoilera rien de plus. cours est devenu aussi passionnant que dont la jeunesse est partie voir ailleurs et la lecture du bottin.