HOMMAGE À GEORGES MÉLIÈS de Norman McLaren Pour nous, il est aujourd’hui impossible de La fantaisie de Méliès était toute voir les films de Méliès tels qu’ils ont été per- particulière, faite de charme, de bonhomie çus lors de leur sortie. La production ciné- et empreinte d’un humour irrésistible. matographique n’en était qu’à ses débuts. Il a créé un monde merveilleux, rempli En France, Lumière utilisait le film pour de jeux poétiques et d’une imagination enregistrer les faits et gestes quotidiens. débordante. Le Premier Magicien du Cinema (1896 1913) Au Danemark, Elfelt prenait des photo- ~ Il est difficile de dire si son influence en graphies de groupes des familles royales tant que premier poète et magicien de européennes. En Allemagne, on a utilisé la l’écran est plus importante que son rôle caméra avec énormément d’imagination HOMMAGE À GEORGES MÉLIÈS de premier inventeur de pour l’enregistrement d’une techniques créatives pour le de Norman McLaren sortie en vélo. Un opérateur cinéma. de Lumière a réalisé des prises de vues en Chine et Il a découvert et utilisé NOTES SUR LE TRAVAIL DE GEORGES MÉLIÈS au Tibet. Aux USA, un réal- de façon imaginative la isateur a tenté d’enregistrer plupart des effets ciné- par John Frazer sur le terrain l’invasion matographiques de base. militaire américaine à Même si je suis loin d’avoir Cuba. vu la totalité des films existants de Méliès, je pense Avant-propos Presque partout, ce nouveau qu’il est le premier à avoir média a été utilisé à des John Grierson disait avec malice que les exportations du Canada fait des doubles puis mul- fins documentaires. Cet œil avide s’est sont essentiellement constituées de blé et des films de Norman tiples expositions, des caches et contre- avant tout posé sur toutes sortes de McLaren. Pendant plus de cinquante ans, McLaren a réalisé des films caches, des fondus enchaînés, de la prise sujets d’actualité, de l’intimité des de vues image par image, des ralentis et expérimentaux, dont trente-trois d’entre eux pour le National Film familles aux plus massives destructions des accélérés. Board of Canada (Office national du film du Canada ou ONF). Son provoquées par le jeu des puissances. oeuvre occupe encore aujourd’hui une place privilégiée dans le monde Comme pour la découverte de la roue, C’est contre cette démarche documentaire de tels outils ne semblent du cinéma. et par le choix de ses sujets évidents et simples qu’après que Méliès fut un véritable Quand Henri Langlois a demandé à Norman McLaren de présider leur invention. Ils ont en fait inventeur. Il fut le premier une importance capitale une réunion consacrée à Méliès lors du second Festival International à concevoir le film comme car, comme la roue, ils ont des Films de Demain à Zürich en Suisse, ce dernier déclina l’offre, mais l’espace de la fantaisie et au cinéma un nombre infini il accepta de participer à sa manière en envoyant un enregistrement du conte de fées. Là où d’applications. sonore. d’autres se contentaient d’enregistrer la vie telle Nous savons au moins Cet enregistrement semble aujourd’hui perdu, mais sa version qu’elle est, Méliès s’est attelé comment il a fait deux de écrite est présentée ici pour la première fois, grâce à Donald à enregistrer les merveilles ces découvertes. Pour éviter McWilliams, qui fut l’assistant et biographe de McLaren, ainsi que d’une autre « réalité », faite que le film ne soit voilé en le réalisateur du film The Creative Process, Norman McLaren (1990). de peintures, de toiles et de fin de plans, on avait pour Des études récentes ont pu affiner certaines des informations que traditions théâtrales, tout en s’exonérant habitude de fermer lentement le de ce que Méliès ressentait sûrement diaphragme de la caméra. Lorsque McLaren apportait sur Méliès, mais ce texte très émouvant montre à comme les limites techniques insuppor- le film était développé, ce fondu au noir quel point McLaren pensait être le fils spirituel de Méliès. Et ses mots tables du théâtre. Comme tout magicien, nécessaire était habituellement coupé, sur le Premier Magicien du Cinéma sont également aujourd’hui l’un Méliès était fier du pouvoir qu’il avait de se car on l’estimait sans aucun intérêt des témoignages les plus touchants sur sa propre démarche créative. jouer en apparence des limites physiques artistique pour le public. Méliès comprit du monde naturel. Il imagina donc bien qu’il s’agissait d’un élément essentiel du David Shepard vite les possibilités qu’offraient ce nouveau film. médium pour décupler ces pouvoirs. 2 3 - GEORGES MÉLIÈS Le Premier Magicien du Cinema (1896~1913) Un jour, alors qu’il photographiait une Il ne redoutait pas de se salir les mains. En 1908, lors du Congrès International leurs applications n’ont pas encore été scène de rue, sa caméra se bloqua En fait, à ses yeux, être impliqué à tous les des Producteurs de Films dont il était totalement exploitées, et bien d’autres pendant un court moment. Lorsqu’il stades de la production était une condition le président, il réussit malgré une forte découvertes secondaires sont à venir. Il projeta le résultat, il vit qu’un omnibus se essentielle et vitale du processus de opposition à faire accepter et adopter y a encore une telle variété de thèmes transformait sous ses yeux en corbillard. la fabrication d’un film. la standardisation de la perforation des inabordés et de façons de faire des films Nous pouvons imaginer son enthousiasme pellicules de films. qu’aujourd’hui, il est encore très facile Tous les cinéastes indépendants, d’avant- à cet instant. Il a dû comprendre l’intérêt de choisir des sujets et d’explorer des voies garde ou d’art et essais le savent bien, J’aime à penser qu’il était cet homme créatif d’arrêter la caméra au milieu d’une expérimentales sans éloigner le film autant que certains des plus grands aussi passionné par la standardisation des prise de vue, et peut-être même a-t-il alors de son public ni, ce qui est tout aussi réalisateurs de l’industrie du cinéma perforations de chaque côté de la pellicule compris le principe de la important, faire de compro- commercial. Ces derniers que par les voyages dans la prise de vue image par mis artistiques ou créatifs. doivent se battre contre les lune. image. J’aimerais recommander règles contraignantes et Enfin, est-il quelque chose cette problématique comme Ces deux exemples, qui rigides des grands studios que nous, cinéastes in- thème de discussion lors du montrent la façon dont il où, pour cause de division dépendants, pouvons ap- festival. inventa certains de ces du travail, les tâches sont prendre de Méliès ? Per- trucages, le classent parmi morcelées et “dévitalisées”, sonnellement, je pense que Avoir une telle ambition les techniciens créatifs, et où le système empêche oui. pour un film expérimental dont la marque de génie presque par essence le lien ne résoudra en aucun cas est de transcender les entre le réalisateur qui a Bien qu’aujourd’hui les les nombreux problèmes contraintes ou les incidents des idées et le film terminé. films, leur production et de financement et de dis- techniques, et de trouver Pour le cinéaste indépendant leur distribution soient très tribution qui embarrassent dans les accidents et catastrophes suscep- et le producteur à petite échelle, le contact différents de ce qu’ils étaient à l’époque de le cinéaste indépendant, mais pareil tibles de survenir au quotidien de réelles direct à tous les niveaux de la production est Méliès, je pense que Méliès fut un exemple objectif peut apporter sur la durée, possibilités de création et d’invention. un atout majeur ; il permet de compenser dans sa double exigence : vis-à-vis de son des solutions qui faciliteront énormé- largement ses conditions de travail, et les art, le cinéma, mais aussi vis-à-vis de son ment la production pour les cinéastes qui Mais il est une autre raison pour laquelle public. Méliès est exceptionnel, qui difficultés qu’il a à affronter travaillent seuls. contribue pour beaucoup par ailleurs. Grâce à lui, Innovant et hardi sur ses À mon sens, il n’y a pas à la fraîcheur de ses films, le film devient un moyen choix thématiques et tech- incompatibilité entre les comparé à ceux de ses d’expression personnelle. niques (on pourrait facile- films expérimentaux et ceux contemporains. Pour citer Méliès concevait le film ment dire de lui qu’il fut qui sont destinés au grand Méliès lui-même : « J’étais comme un moyen d’ex- un cinéaste avant-gardiste, public. Les films de Chaplin à la fois un intellectuel et pression personnelle (et expérimental ou indépen- en sont certainement l’ex- un travailleur manuel : ceci peut-être fut-il le premier). dant), ses films ne sont pas emple le plus probant. destinés à un étroit public explique pourquoi je me Il s’estimait responsable de Le fait d’expérimenter à suis tant passionné pour le tous les aspects du film. de spécialistes, mais au public le plus large. l’attention d’un cercle res- cinéma ». La production augmentant, treint ou d’une élite est Un intellectuel et un tra- il dut vivre aussi mal Bien sûr, le contexte his- somme toute une tâche vailleur manuel à la fois. Il n’était pas l’obligation de déléguer à ses équipes torique et l’époque de sa production plutôt simple. Mais faire des expériences seulement son propre réalisateur, auteur, certains aspects techniques de la produc- rendent difficiles les comparaisons avec ambitieuses qui s‘adressent tant au grand scénariste, mais également son propre tion qu’un peintre décrivant un tableau, l’ère moderne, et l’on pourrait penser public qu’aux cercles spécialisés est un constructeur de décors, peintre, choré- puis confiant à un assistant le soin de qu’il est beaucoup plus difficile de objectif qui en vaut la peine : c’est même, graphe, mécanicien, inventeur de trucages, prendre le pinceau et d’appliquer la produire dans ces conditions aujourd’hui. d’un certaine façon, une obligation véri- maquettiste, costumier, acteur et multi peinture sur la toile. Mais je pense qu’avec seulement soixante tablement enthousiasmante. ans de cinéma derrière nous, et plusieurs rôle, monteur et distributeur. L’intérêt que portait Méliès au film allait centaines d’années devant, nous n’en En conclusion, Mesdames et Messieurs, bien au-delà de ses propres productions. Alors que d’autres producteurs s’en sommes, nous aussi, qu’au tout début de je dirais que ce qui me réjouit le plus Il s’intéressait également au film en remettaient à des assistants et au per- ce médium. Les découvertes fondamen- concernant Méliès, c’est qu’il fut autant un tant que médium international. sonnel de studio pour concrétiser leurs tales ont peut-être toutes été faites, mais cinéaste expérimental qu’un réalisateur de idées, Méliès voulait tout faire lui-même. films pour le grand public. 4 5 GEORGES MÉLIÈS Le Premier Magicien du Cinema (1896~1913)

L’ŒUVRE DE GEORGES Méliès Le théâtre et la magie sont parmi les Les influences du Music-Hall, du Caf’ Conc’ et de John Frazer disciplines qui ont immédiatement compris du Cirque (spectacles que Méliès a beaucoup l’intérêt du mariage entre science et tradition. aimés et fréquentés) se retrouvent également Le monde de l’artiste, 1900 Durant les vingt dernières années du 19ème dans son travail. Une affiche de cirque siècle, la magie avait déjà connu une certaine de 1788 évoque étrangement l’univers Les films de Méliès sont bien plus que des artistes, hommes de spectacles et magiciens, forme de renaissance. Mais l’art de l’illusion de la Star Film : “Un monde de magie - enregistrements des premières années du qui permit l’invention de ce nouveau s’apprêtait à une nouvelle transformation derrière une grande peinture transparente 7ème art. Ils sont la dernière mémoire en medium, le cinéma, qui conjuguait toutes dans le sillage de l’apparition d’une nouvelle représentant le monde enchanté, une série mouvement d’une longue histoire de théâtre, ces avancées dans une nouvelle discipline invention, le cinéma. d’illusions de magie, de pantomime, de farce, dont Méliès fut l’un des héritiers à la fin entre l’art et la science. Méliès a vécu au de tragédie et de comédie - Un défilé de Méliès a été un précurseur dans la transposition du siècle. Par son style et son inventivité centre de ce creuset inventif, et parce qu’il personnages grotesques jouant de leurs des règles traditionnelles de la magie vers expérimentale, Méliès fut en réalité davantage était intelligent et qu’il avait vu ce que instruments de musique de façon hilarante”. un homme du 19ème siècle que du 20ème. pouvait offrir cette nouvelle discipline, il en l’écran. Et s’il le fit avec tant de succès, Mais s’il était sensible à cet héritage et à devint vite l’un des plus grands pionniers. c’est autant pour son implication totale et Bien que fortement influencé par les ces traditions, et ne se préoccupait pas Six mois après la première représentation sa compréhension intime des traditions spectacles de théâtre anglais, Méliès a particulièrement de l’avenir, son imagination publique du cinématographe, il tournait son de magiciens que grâce à son ouverture d’abord et surtout été parisien. Quand on fonctionnait bel et bien au présent. Il se premier film d’une minute,La Partie de Cartes d’esprit face aux nouvelles possibilités et à essaie de cerner ses influences, on retrouve sentait à l’aise dans son époque, et fit fructifier (1896). la nouvelle grammaire du cinéma. essentiellement la scène parisienne de la fin le riche héritage culturel du théâtre du du 19ème siècle. Pour le jeune Méliès, qui Les fêtes foraines étaient autant des lieux d’art Dans les années 1880, tandis que Méliès 19ème siècle. Méliès fut tant un pionnier du s’ennuie dans l’usine familiale de fabrication populaire que d’expérimentation technique. travaillait à Londres, la pantomime classique, cinéma que l’un des derniers maîtres du spec- de chaussures et qui espère rejoindre le Contrairement aux disciplines artistiques essentiellement basée sur les personnages tacle de pantomime. Sur le tard, il déclara : Théâtre Robert-Houdin, le théâtre contem- majeures, comme le théâtre, l’opéra, le de la commedia dell’arte était sur le déclin, « Ma carrière au cinéma a véritablement porain est autant un grand plaisir qu’une ballet ou la tragédie classique, ces lieux même si elle tenait toujours l’affiche dans été fidèle à celle du Théâtre Robert-Houdin, au réelle nécessité professionnelle. de distraction promettaient souvent les les théâtres de Drury Lane et Covent Garden. point qu’il est difficile de les séparer ». dernières nouveautés culturelles qui étaient, Car dans ce dernier quart de siècle, la pan- Gilbert de Pixerécourt, très marqué par le C’est la combinaison des grandes réalisations en réalité, de récentes innovations scienti- tomime avait évolué vers une richesse traumatisme de la Révolution Française du 19ème siècle, grands industriels, inventeurs, fiques. scénique et des effets sophistiqués jamais durant sa jeunesse, est l’un des principaux réalisés jusqu’alors sur scène. initiateurs du mélodrame français. Devenu l’un des plus grands écrivains de mélodrames À l’époque, il était classique de recourir pour les théâtres du Boulevard du Temple, au théâtre à toute une série d’effets et de que l’on nommait également à l’époque mécanismes spéciaux qui permettaient de Boulevard du Crime (les “crimes” étant le changer de scène sans faire tomber le rideau. sang et le tonnerre représentés sur scène), Scènes tournantes, rideaux de lumières, de Pixerécourt s’était largement inspiré de dioramas roulants, planchers soulevés certains auteurs fondateurs, de Goethe à par des élévateurs, abaissés au moyen de Walter Scott en passant par Shakespeare. cordes ou déplacés horizontalement dans des creux : autant d’éléments dont on Près d’un siècle plus tard, Méliès a imaginé faisait usage pour opérer des transformations une forme d’amusement éclectique similaire tout à fait surprenantes. La similitude entre pour le public populaire issu de la révolution ce type de représentation et le vocabulaire industrielle, avec ses adaptations de de transformation créé par Méliès pour le Robinson Crusoé (1902) et du Palais des cinéma (où le rideau n’existe pas) montre Mille et une nuits (1905). Le mélodrame bien l’influence que la pantomime a exercée était né avec Pixerecourt, et avait atteint son sur les premiers films. apogée avec Adolphe d’Ennery, dont Méliès s’est directement inspiré pour nombre de La façon de jouer dans les films de Méliès ses films. D’Ennery eut une des carrières les évoque davantage le mime que la déclamation plus longues et prolifiques au théâtre, du théâtrale de l’époque. En passant de la scène début des années 1840 jusqu’à la fin du siècle. à l’écran après 1895, la pantomime a investi Et dans les dernières années de sa carrière, de nouveaux lieux, qu’elle occupera durant pour répondre aux goûts victoriens pour le toute la période du cinéma muet. spectaculaire et l’imaginaire alors en vogue,

6 7 GEORGES MÉLIÈS Le Premier Magicien du Cinema (1896~1913) il s’était spécialisé dans l’adaptation des à la séquence originale. Cependant, comme Au 19ème siècle, les forêts enchantées, les Bien que ce genre reste très mineur dans romans de . c’était souvent l’usage et pour éviter tout voyages dans la lune, les adorables fillettes son œuvre après 1902, Méliès a montré à plu- problème avec les auteurs, il en a modifié le en fleurs et la myriade des personnages de sieurs reprises qu’il était capable de tourner Sa première adaptation de Verne, Le titre en Les Quatre Cents Farces du Diable. La contes étaient les attractions habituelles du des films réalistes lorsqu’il le souhaitait. Les Tour du Monde en 80 Jours (1874), avait similarité entre le décor extravagant et plein théâtre populaire français, et il n’était d’autre Incendiaires (1906) montre l’histoire d’un atteint des records d’audience à Paris. Fort d’imagination de la production théâtrale et genre qui soit mieux mis en avant que dans meurtrier que l’on retrouve et que l’on exécute. de ce succès, d’Ennery adapta Un voy- les décors du film de Méliès Les Quatre Cents les fêtes foraines de province. Le cinéma y est Pour ce film, de véritables décors extérieurs age dans la Lune puis Le Voyage à travers Farces du Diable est évidente, et montre une apparu dans les dernières années du siècle furent érigés, à la manière picturale des l’Impossible (1882), deux pièces qui furent fois encore le lien étroit qui existait entre ces comme une forme parallèle de divertisse- toiles de genre du 19ème siècle, et plusieurs plus tard reprises sous forme de films par spectacles et les films de Méliès. Mais cette ment. scènes furent tournées en décors naturels. Méliès. tradition théâtrale, faites de décors grand- Cette merveilleuse innovation a rapidement Même lorsqu’il utilisait des toiles de fond ioses et somptueux, était déjà en perte de intégré l’iconographie et les conventions de peintes, le savoir-faire de Méliès et de ses vitesse à cette époque, et vivait ses derniers la scène, les reproduisant naturellement sur peintres permettait souvent la reconstitution moments de délire et de fantaisie dans les ce nouveau support. De 1895 à 1905, les réaliste des décors naturels. Ainsi, le film Le films réalisés par Méliès. fêtes foraines étaient en réalité le principal Tunnel sous la Manche (1907) comporte une Cette séquence faite pour le Châtelet n’a pas marché pour les films de Méliès et de Pathé scène d’extérieur devant la reconstitution été la seule utilisation d’un film de Méliès Frères. Après l’exposition universelle de Paris rigoureusement exacte de la façade de la gare pour le théâtre, en dehors de celles utilisées en 1900, le cinema était devenu une des prin- de Charing Cross. dans celui de George Méliès, le Théâtre cipales attractions des fêtes foraines, bien Robert-Houdin. Le Raid Paris-Monte-Carlo en avant que l’ouverture de salles de cinéma deux heures (1905) a été réalisé pour faire fixes ne viennent concurrencer les salles partie du spectacle donné aux Folies Bergère urbaines de théâtre traditionnel. Trois théâtres parisiens étaient particulière- l’année précédente. Après cette utilisation, le ment spécialisés dans ces spectacles de Au tout début, les films les plus deman- film fut retourné par Méliès, qui l’a ajouté au fantaisie : le Théâtre de l’Ambigu-Comique, dés étaient les images des événements pa- catalogue de vente de la Star Film. le Théâtre de la Porte Saint-Martin et le Théâtre risiens, et d’autres villes, mais également les du Châtelet. Des trois, le Théâtre du Châtelet En 1906, le Châtelet créait un spectacle in- images des personnes et lieux à proximité du était le plus lié au travail de Méliès, proposant titulé Pif Paf Pouf dans lequel intervenait lieu de la fête foraine. Les premiers soixante- des adaptations scéniques spectaculaires un géant du pôle, actionné par des câbles, dix films de Méliès étaient principalement de Cendrillon (1895), Robinson Crusoé et un pôle Nord magnétique qui fixe tout ce des vues d’environ 20 mètres, représentant (1899) et Le Petit Chaperon Rouge (1901). qui l’approche. Méliès s’appropriera ces deux des scènes de la vie quotidienne ou des évé- Méliès a réalisé son premier Cendrillon idées pour la création de l’un de ses derniers nements ordinaires, mais qui semblaient en 1899, son Petit Chaperon Rouge en 1901 grands films, A la Conquête du Pôle (1912). fabuleux pour des spectateurs de fête foraine et son Robinson Crusoé en 1902. qui voyaient généralement des images Bien que les films de Méliès aient surtout été animées pour la première fois de leur vie. Les similitudes entre les productions du influencés par le grand spectacle et la magie, Châtelet et de la Star Film sont particu- d’autres formes théâtrales, comme le théâtre Ces films documentaires de Méliès sont souvent négligés dans sa filmographie, lièrement évidentes dans la fantaisie de boulevard, tiennent une place importante Même si le lien avec la vie artistique de probablement parce que bien peu d’entre eux Les Pilules du Diable, produite pour la dans la sensibilité artistique du créateur. la seconde moitié du 19ème siècle est existent encore. première fois au Cirque Olympique en 1839 Georges Feydeau, parisien contemporain de évident, l’œuvre de Méliès aura surtout été et reprise au Châtelet en 1880, avec un Méliès, fut le plus fameux spécialiste du genre Les “actualités” de la Star Film sont souvent imprégnée des apports et des styles de la ballet aérien particulièrement spectaculaire à la Belle Epoque. inspirées de gravures, de lithographies et de première moitié du siècle. Ses films font qui avait suscité l’engouement. La reprise Les deux hommes jouaient de l’art du théâtre photographies de journaux comme on pou- souvent référence aux peintres classiques de 1905, sous le titre Les Quatre Cents Coups avec la précision de véritables marionnettistes vait en trouver dans I’Illustration ou Le Petit et romantiques, par exemple ces femmes al- du Diable, était composée de trente-quatre usant de chaque effet ou de chaque action, Journal Illustré. Ce n’étaient pas de véritables longées pour rêver, ou posant sur leur piéd- tableaux et d’effets spéciaux filmés. aussi folle soit-elle, comme l’on tire sur des images d’actualité, mais des reconstitutions estal, qui se rapprochent davantage du style Pour ce spectacle, Méliès avait créé l’épisode fils. Tous deux adoraient les coups de théâtre d’événements réalisées en studio. C’est ainsi académique que de l’impressionnisme ou de la “voiture céleste” (également appelé le comiques, les jeux de mots, la machinerie que Méliès a pu réaliser des reportages filmés du réalisme alors en vogue. La princesse carrosse infernal), qui était projeté en cours de scène improbables et l’exploitation de sur les activités militaires américaines à Cuba allongée dans Le Royaume des Fées (1903) ou du spectacle. À la fin des représentations, il pseudosciences à des fins comiques. et à Manille en 1898, comme Visite de l’Epave le déshabillage de Jehanne d’Alcy dans Après filma les autres scènes de la pièce, qu’il ajouta du « Maine », ou Combat Naval devant Manille, le Bal (1897) évoquent l’érotisme exotique du tout en restant à Montreuil. Bain Turc (1862) d’Ingres.

8 9 GEORGES MÉLIÈS Le Premier Magicien du Cinema (1896~1913)

Certains trouveront l’idée d’un lien entre le L’influence de Doré sur Méliès est - indéni La carrière de Méliès ce tour est devenu une référence au cinéma travail de Méliès, le lyrisme mystique et la able, tant dans le style visuel, propre aux puisque, pour la première fois, Méliès créait révolution du mouvement symboliste des derniers romantiques, que pour le choix des Georges Méliès a vu le jour dans un monde un effet spécial en stoppant la caméra et en années 1880 extravagante. Mais si la phi- scénarios. Comme dans Le Petit Chaperon aussi éloigné de la vie théâtrale qu’il modifiant les objets filmés. L’une des losophie symboliste n’a jamais particulière- Rouge (film perdu, 1901), Cendrillon (1899) allait en devenir proche par la suite. Né en illusions les plus renommées de Devant était ment intéressé Méliès, il reste qu’à partir de ou Barbe Bleue (1901), Méliès aimait mêler la 1861 dans une famille bourgeoise, Méliès “The Artist’s Dream” (Le Rêve de l’Artiste), 1898, son travail s’est radicalement écarté du simplicité des histoires et des scènes des était le troisième fils d’un riche fabricant de dans laquelle le portrait grandeur nature naturalisme des premières actualités filmées contes de Perrault, et les entremêlements chaussures de luxe, très à la mode durant le d’une femme prenait vie en trois dimensions pour aborder des mondes fantastiques et visuels sophistiqués propres à Gustave Doré. Second Empire. sous les yeux du public émerveillé. Dans Le imaginaires. Un film tel que Le Merveilleux Les illustrations de Doré pour la nouvelle Portrait Spirite (1903), Méliès recréait cette En 1868, Georges Méliès entame des études Eventail Vivant (1904) aurait ainsi sa place traduction de Théophile Gautier des Aven- illusion grâce à un trucage substituant une classiques au Lycée Impérial de Vanves, et sera à côté des femmes flottantes de Moreau, de tures du Baron de Münchausen a clairement toile peinte à une vraie jeune fille. peu marqué par la fin du Second Empire qui même que l’on retrouve les fleurs malveil- influencé la version filmée de Méliès, tournée succombe aux turbulences de l’année 1870. Méliès quitte Londres et revient à Paris en lantes de Redon dans La Guirlande Merveil- en 1911. Plus généralement, les visions Il passe son baccalauréat en 1880, en dépit 1885. La même année, il épouse Eugénie leuse (1903). Méliès s’est probablement gothiques de Doré ont régulièrement été des bouleversements politiques et malgré les Genin, une femme timide et réservée qui ne senti proche de l’influent critique et roman- utilisées comme référence encyclopédique difficultés qu’il éprouve avec ses professeurs comprendra jamais réellement pourquoi son cier Joseph Péladan qui pensait comme les par Méliès pour la conception de ses décors qui lui reprochent surtout ses éternels griffon- époux déploie tant d’énergie et de passion. symbolistes que l’art n’avait de valeur que peints. nages durant les heures de classe. À la fin de C’est néanmoins une pianiste accomplie. Ils s’il reposait sur la magie et la musique. Alors que les films tournés par Méliès dans sa scolarité, Méliès travaillera pendant peu de auront deux enfants, Georgette, en 1888, et son studio de Montreuil sont clairement temps dans l’entreprise familiale. André, né en 1901. influencés par les traditions populaires de la La première rencontre avec le monde de la En 1888, Louis Méliès se retire de la direction Belle Epoque, réduire la démarche artistique magie a probablement eu lieu durant son de l’entreprise familiale, et Georges en profite de Méliès à la seule recherche des goûts du service militaire, lors d’une visite à “La Prière”, pour se dégager de la fabrique de chaussures : grand public serait une grande erreur. Méliès la maison dans laquelle venait de décéder il vend ses parts à ses frères en contrepartie n’était pas un artiste populaire naïf, comme Jean-Eugène Robert-Houdin, le père de la d’une part d’héritage. on le dit trop souvent. magie moderne. Il était surtout un homme de spectacle, En 1884, le jeune Méliès se rend à Londres aimant la comédie autant pour lui-même où il va travailler pour des proches de la que pour son public. Avant tout un amuseur famille dans une mercerie, et parfaire ainsi public, il était naturellement sensible aux sa maîtrise de l’Anglais. Durant son séjour attentes et au goûts de la culture populaire. à Londres, il est vite attiré par l’Egyptian Hall Ses films ont été faits pour les gens simples de Maskelyne et Cook, un théâtre dédié à la et leurs enfants. Il aimait ce monde, et rien magie et à l’illusion, d’autant que cette forme ne lui plaisait plus que le rire et la joie que de spectacle ne nécessite guère de connais- suscitaient ses tours de magie. Il était le sances linguistiques. C’est là qu’il a réelle- maître du ring, le compère de la revue qui En 1888, la veuve de Robert-Houdin met en ment été initié au monde de l’illusionnisme plaçait toujours sa sensibilité au niveau de vente le fameux théâtre du Boulevard des C’est pourquoi Méliès, amuseur public voué par Maskelyne, l’un des magiciens les plus ses propres sensations. Cette sensibilité était Italiens, qui est en perte de vitesse. Méliès au succès, n’a jamais recherché l’élitisme célèbres d’Angleterre, qui avait ouvert une autant empreinte des milieux populaires se porte acquéreur pour 40.000 francs en intellectuel, ni succombé aux noirceurs nouvelle voie pour la magie en présentant qu’influencée par les courants artistiques de liquide, refait la décoration intérieure du du mouvement symboliste, préférant les ses tours dans une suite de petites saynètes. cette fin du 19ème siècle. théâtre qui ouvre à nouveau ses portes en oc- spectacles irrationnels et anti-naturalistes. David Devant et Joseph Buatier de Kolta tobre 1888. En reprenant le théâtre, à l’instar Si Méliès a ouvert de nouvelles voies en Le lien entre Méliès et les derniers romantiques seront deux autres magiciens qui influ- de tous les autres magiciens de l’époque, matière d’art cinématographique, c’est est également évident lorsque ses images enceront Méliès. L’illusion la plus réputée de Méliès a également hérité des nombreuses précisément parce qu’il connaissait aussi rappellent Gustave Doré, illustrateur prolifique Buatier de Kolta était “” conventions établies par Robert-Houdin, et bien ce qui avait été fait avant lui que les ayant connu un très grand succès. Les (La Femme évanescente) qui fut l’exploit de d’un riche répertoire d’illusions (coffres mi- goûts de ses contemporains. En faisant milliers de gravures issues de son studio scène le plus imité dans les années 1880. raculeusement remplis, corps en suspension la synthèse de ces deux mondes, Méliès a avaient eu plus d’influence sur l’imaginaire Ce tour, qui consistait à faire disparaître une dans l’espace et papillons sortant de fleurs précisément montré à quel point le cinéma populaire que celles d’aucun autre illustrateur femme sous une chaise drapée, sera plus tard par exemple). Entre 1888 et 1907, Méliès in- allait devenir une synthèse de toutes les de son époque. l’illusion la plus célèbre de Méliès au théâtre ventera au moins trente illusions nouvelles, formes d’art. Robert-Houdin. Transposé en film dès 1896, dont plusieurs seront transposées à l’écran.

10 11 GEORGES MÉLIÈS Le Premier Magicien du Cinema (1896~1913)

Dans l’ancienne équipe du théâtre reprise de 1.000 francs, l’un de ses projecteurs de lumière pendant la prise, surtout lorsque se produisait un roulis inquiétant dès qu’on les par Méliès, trois personnes, vont jouer Animatographe. Il acheta également la caméra était arrêtée pour réaliser un touchait, et que jamais cette construction, trop un rôle déterminant dans sa carrière quelques petits fims produits par Paul, ainsi trucage de substitution. légère, n’eût pu supporter le verre et le mastic cinématographique. Eugène Calmels était que d’autres produits par Edison. Méliès pro- de la toiture, dont le poids était évalué à 14 000 Entre 1896 et 1900, Méliès s’essaya avec succès mécanicien, et travailla avec Méliès à la jeta ces films au Théâtre Robert-Houdin pour kilos par l’entrepreneur de peinture. Une catas- à tous les genres, et mit également au point reconstruction de quelques-uns des la première fois en avril 1896. trophe était inévitable, et ce dernier, d’ailleurs, les innovations techniques qu’il allait utiliser automates de Robert-Houdin, dans l’atelier se refusa à accepter un travail aussi dangereux. Avec l’aide de Lucien Korsten, il construisit durant toute sa carrière de cinéaste. Il aurait près de son domicile, rue Taylor. Chef Ne voulant pas perdre de temps et anéantir la une caméra faite de bric et de broc sur la ainsi été, dès 1897, l’un des seuls cinéastes au mécanicien du théâtre pendant les années où construction existante, Méliès fit alors doubler base des principes de la machine Paul Acres. monde à avoir filmé à la lumière artificielle, Méliès en était le propriétaire, il en restera le tous les supports par de la charpente de fer, Cette construction fut réalisée dans l’atelier avec une combinaison de quinze lampes à arc chef projectionniste jusqu’en 1914. Jules David boulonnée sur les montants de bois, et rem- du Théâtre Robert-Houdin, à l’aide de pièces et de quinze lampes à vapeur de mercure. dont le nom de scène était Marius, était placer les fermes de bois de la toiture par des de machine provenant pour certaines l’homme à tout faire, devenu l’élégant assistant Malgré d’énormes risques financiers, à fermes en fer. Il arriva, ainsi, à obtenir la solidité des appareils de magie du théâtre. indispensable pour les tours de magie. Fan- une période où l’avenir de cette industrie nécessaire, mais les dépenses furent ny Manieux, née Charlotte-Stéphanie Faës, Plus tard, lorsqu’il deviendra nécessaire de naissante était encore inconnu, Méliès doublées, et la construction coûta 70.000 dont le nom de scène était Jehanne d’Alcy, produire deux négatifs simultanément (un décida de construire un bâtiment « en dur » où francs, chiffre assez élevé pour l’époque et était l’une des principales actrices de Méliès pour l’Europe, l’autre pour le marché améric- il pourrait à tout moment produire ses films. pour une industrie naissante. et sa fidèle confidente. Sa beauté et sa ain), Méliès asservira mécaniquement Entre septembre 1896 et mars 1897, il fit petite taille lui permettaient notamment de deux caméras Lumière, et montera le lourd construire un studio et lança la Star Film, qui se prêter aux nu- ensemble sur une paire de trépied à quatre sera la première compagnie exclusivement méros d’apparition branches. Le film réalisé à l’aide de ces deux dédiée au cinéma. et de disparition à caméras tombait en vrac dans une boîte ob- L’historien Maurice Noverre a rencontré travers des trappes. scure, dont il était ensuite extrait pour le dével- Méliès et visité son studio de Montreuil dans Elle deviendra la oppement. Ce double système, lourd au point les années 1920. La description qu’il fit du seconde épouse de qu’il devait être soulevé par plusieurs hom- premier studio permanent de cinéma, Georges Méliès en mes lorsqu’il fallait repositionner la caméra, aujourd’hui disparu, n’a été publiée qu’en 1925. a probablement été utilisé jusqu’en 1910. 1929, dans Le Nouvel Art Cinématographique, L’histoire de l’inven-​ En mars 1896, Méliès acheta à Robert W. Paul un magazine indépendant établi à Brest qu’il tion de la caméra une boîte de pellicules de film Eastman, pour dirigeait. et du projecteur la somme de 45.000 francs. De retour à Paris, “ Prenant modèle sur les ateliers de photo- de cinéma est obscurcie par de nombreuses il découvrit que le film n’avait pas été perforé, graphie et se basant sur le recul nécessaire revendications chauvines. Tout comme et embaucha un rétameur dénommé Lapipe à son appareil de prises de vues pour obte- l’industrie qu’il devait devenir par la suite, pour inventer une machine à perforer les nir des tableaux comportant environ 6 mètres l’invention du cinéma est un travail collec- pellicules à la main, à raison de deux trous à d’ouverture (largeur maximum utilisée tif. Les frères Lumière avaient commencé la fois. En mai ou juin 1896, Méliès était enfin L’atelier fut parqueté, les parois garnies habituellement par lui, M. Méliès se borna à leurs travaux en 1894 après que leur père, prêt à produire des films. de verres dépolis sur toutes les faces et Antoine, soit revenu de Paris avec un kiné- établir le plan d’une grande salle vitrée de tous au-dessus, excepté trois travées (en avant toscope Edison. En mars 1895, ils firent Dans son jardin de Montreuil, il érigea un côtés et recouverte d’un toit de verre (sauf au de la scène) qui reçurent du verre simple, des démonstrations privées de leur sys- édifice en toile à proximité d’un mur, et fixa fond, derrière ce qui allait être la scène). Il en transparent, pour les cas de lumière solaire tème, et en décembre de la même année, le tissu avec des contrepoids et des cordes arrêta les dimensions à 17 mètres de insuffisante. Ces travées furent d’ailleurs présentèrent pour la première fois leur in- attachées aux arbres. La partie haute de longueur. Sur 6 mètres de large : simple complétées par des volets mobiles composés vention en public. Il semble certain que Mé- la toile de fond, à l’air libre, permettait aux quadrilatère, couvert à 4 mètres de hauteur de châssis garnis de toile à calquer permettant liès faisait partie de ceux qui ont assisté à manœuvres de manipuler les accessoires et d’une toiture vitrée à double pente, le sommet d’aveugler les rayons solaires gênants. Nous la première projection du cinématographe les truquages depuis le haut de la scène. La étant à 6 mètres du sol. reviendrons sur ce détail important. caméra était placée sur une plate-forme en à Paris, et il est certain qu’il a ensuite Au début, il éprouva une déconvenue fer, face à la scène. Les inconvénients de ce Derrière la scène, fut construite une petite loge proposé à de nombreuses reprises d’acheter coûteuse : s’étant adressé à un menuisier du système furent très vite évidents : la toile du (4 mètres de large sur 5 mètres de long) pour un Cinématographe Lumière. pays, qui travaillait assez souvent pour lui, fond bougeait dangereusement au moindre les artistes, peu nombreux dans les scènes du et qui, n’étant pas charpentier, se chargea N’ayant pas réussi à acheter le précieux souffle de vent, les acteurs et techniciens début. néanmoins du travail, il eut la désagréable appareil, Méliès se tourna vers Londres, et étaient constamment exposés au soleil, surprise, la carcasse une fois en place, de Cette installation sommaire suffit pendant les travaux réalisés par Robert W. Paul. En au vent ou à la pluie. En outre, il n’y avait constater que les bois étaient trop faibles, qu’il quelque temps, les premières vues truquées de février 1896, il acheta à Paul, pour la somme aucun moyen de contrôler les changements

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G. Méliès ne comportant guère de machinerie de l’après-midi (dernière limite), et ne scène n’était d’ailleurs pas surélevée, mais ces modifications continues, occasionnées théâtrale et la plupart des effets n’étant pouvait, dès lors, recevoir des décors dans de plain-pied avec le reste de l’atelier. Sa par des besoins successifs, qui furent la obtenus qu’à l’aide de « substitution par arrêt » tous les coins, ainsi qu’aujourd’hui, les limite, en avant, n’était indiquée que par un cause de l’aspect téléscopique étrange que et de trucages photographiques. constructions environnantes gênant la tracé à terre. Il fit alors construire à droite et présente ce premier studio. lumière dans toute autre direction que celle à gauche deux annexes vitrées de 3 mètres Par la suite, quand il se lança dans la produc- Bientôt les constructions se multiplièrent adoptée pour l’emplacement de la scène. de large, avec portes se faisant vis-à-vis, ce tion des grandes féeries et des voyages fan- aux alentours du studio. D’abord, un énorme qui formait une large coulisse permettant tastique à la « Jules Verne », M. Méliès songea Lorsqu’il s’agissait de ce qu’on appelle hangar qui servit au personnel de se grouper hors du tableau ; à modifier, en la complétant, son installation aujourd’hui des gros plans, ils n’étaient à emmagasiner le les portes permettaient la traversée d’un et à corriger les défauts, reconnus à l’usage, pas photographiés à part, mais l’artiste à gros matériel (on se long cortège, formé dehors, dans le jardin, du premier studio. mettre en valeur s’avançait lentement vers souvient que, dans passant en travers du tableau, et ressortant l’appareil en sortant des limite du tableau, ses vues, Méliès em- Aujourd’hui, les opérateurs disposant par la porte opposée. Ceci, principalement tracées à la craie sur le sol, et s’en approchait ploya des ballons, d’appareils perfectionnés, garnis de plusieurs pour les voitures, chevaux, autos, etc., trains assez près pour que sa tête touchât presque des trains entiers, objectifs, se diront qu’il était plus simple de chemin de fer, traîneaux et cortèges aériens le haut du tableau. Bien entendu, la mise au des tramways, des d’employer tantôt des objectifs à court foyer, de divinités mythologiques. point, réglée d’avance, était modifiée au fur paquebots, des prat- tantôt des objectifs à long foyer, de façon à et à mesure de son avancement, et l’on avait Par la même occasion, il fit surmonter la icables et escaliers ce que la caméra ne fût pas obligatoirement ainsi un personnage de grande dimension, scène d’un cintre vitré de 2 m 30 de hauteur de toutes sortes, des toujours à la même distance du devant de dont l’image était coupée vers le milieu de la avec deux ponts de fer traversant la scène et avions, etc., le tout la scène. Mais il ne faut pas oublier que les cuisse, mais parfaitement nette. un balcon les rejoignant à droite et à gauche construit et conservé de la scène ; cette disposition permit aux dans ses ateliers). Puis un grand bâtiment de Au bout de très peu de temps, désireux machinistes de circuler aisément tout autour trois étages, dont le rez-de-chaussée devint le d’obtenir certains effets fantastiques ressor- de la scène, et d’un pont à l’autre. Enfin, de ce magasin à bois de construction, et les deux tissant de la machinerie théâtrale, Méliès fit fait, la largeur totale du studio étant passée à étages des magasins de costumes ; ce creuser, à l’emplacement réservé à la scène, 13 mètres, une grande bâtisse à deux étages bâtiment était entièrement en brique, ciment une fosse de 3 mètres de profondeur, sur toute fut construite derrière, en remplacement de et fer, à l’exclusion de tout bois, pour éviter sa surface. Le plancher fut modifié et agencé la petite ; le rez-de-chaussée contint alors les les dangers d’incendie. Il fut collectionné comme une scène de théâtre de féerie, avec loges des dames, et le premier les loges des là plus de 20 000 costumes de toutes sortes rues, trappes, trappillons, mâts à décors, tam- hommes ; deux grands casiers à décors furent et de toutes les époques, avec leurs acces- pons ascendants pour les apparitions, trappes installés dans les annexes, à droite et à gauche soires, lingerie, chaussures, armes, perruques, en étoile, trappes dites « tombeau » et treuils de la scène, puis on construisit un grand han- buffleteries, gants, bijouterie, etc. placés non au-dessus de la scène, comme gar, contigu à tout le studio et de même dimen- dans les théâtres, mais bien hors du studio, On voit, par tous ces détails, qu’il y a 25 sion que lui, avec sol bitumé, mais composé trop étroit alors, pour les mettre à l’intérieur ; ans, l’industrie théâtrale cinématographique, seulement de charpentes de fer, supportant un nouvel inconvénient fut alors reconnu, les dont Méliès fut le créateur, avait déjà pris une toiture de toile et des stores de côté et per- scènes jouées devenant de plus en plus impor- un développement énorme, et que ce fut mettant à volonté d’en faire une salle fermée tantes. lui qui, le premier, osa, sans appui financier (abritée du soleil et de la pluie), ou une simple appareils de cette époque, construits par étranger, engager les dépenses considérables Tout d’abord, la largeur de 6 mètres (maxi- carcasse à jour, tous stores roulés, afin de ne chaque pionnier lui-même, étaient rudimen- nécessitées par la mise en scène des mum utilisable pour les décors, vu l’obligation pas enlever de lumière dans le studio, au mo- taires ; qu’on ne trouvait dans le commerce grandes œuvres théâtrales féeriques ou de laisser un espace libre hors du tableau, ment des prises de vues. aucun objectif spécialement construit pour historiques.” pour les entrées et sorties des artistes), la cinématographie et que, par conséquent, Cette nouvelle construction servait gé- devint insuffisante ; une baie fut ouverte La description du studio de Montreuil nous lorsqu’après de nombreux essais infructu- néralement à la peinture des décors et à la derrière l’appareil, et un appentis construit apprend beaucoup sur Méliès. Le premier eux on avait la chance d’être tombé sur un menuiserie, en été, pour éviter la chaleur pour pouvoir le reculer. On obtient alors des studio, qu’il décrivait comme la “réunion bon objectif, donnant d’excellents résultats torride du studio. Occasionnellement, elle tableaux de 7 mètres d’ouverture, mais d’un studio de photographie et d’un théâtre”, photographiques, on y tenait comme à ses devenait une grande tente permettant de il n’y avait plus, ni à droite, ni à gauche, de reprenait l’idée d’une serre lumineuse, héritée yeux et on n’aurait, pour rien au monde, voulu faire habiller une très nombreuse figura- coulisse, d’où la gêne considérable pour des photographes depuis les années 1860. en changer, étant sûr, avec lui, de la réussite. tion. Enfin, une dernière fois, une nouvelle régler les sorties dans les scènes à nombreux De plus, ses dimensions correspondaient petite pièce fut construite derrière celle Cet atelier primitif était d’ailleurs immuable- personnages. exactement à celles du Théâtre Robert-Houdin, qui abritait l’appareil, de façon à le faire ment orienté de façon à recevoir la lumière qui mesurait 17 mètres sur 6, et dont la scène Méliès se décida alors à agrandir son studio, reculer encore, et à pouvoir prendre des face à la scène, aux heures les plus propices, occupait un espace de 5 x 4 mètres. mais au niveau de la scène seulement. Cette vues jusqu’à 11 mètres d’ouverture. Ce sont c’est-à-dire de 11 heures du matin à 3 heures

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Avoir conservé ces dimensions familières l’agrandissement de ses installations et les payait bien ses acteurs : un Louis d’or par jour, En 1908, Gaston Méliès quitta New York et montre combien Méliès avait au départ décidé lourds emprunts qu’il avait contractés pour plus le déjeuner. Après le tournage, la fin ouvrit à Chicago une nouvelle société de de limiter ses films à des scènes d’intérieur. le nouvel édifice. En 1923, après la ruine de d’après-midi était consacrée aux travaux production, la Méliès Manufacturing Company, Méliès, le Studio B (comme on l’appelait gé- de laboratoire et aux activités du Théâtre afin de produire davantage de films pour Alors que les opérateurs Lumière parcouraient néralement) fut démoli en un mois. Robert-Houdin, et les soirées réservées pour permettre à la Star Film d’atteindre les et filmaient le monde, assister aux représentations d’autres théâtres quotas de production exigés par la Motion Méliès avait préféré Les décors de Star Film étaient peints dans parisiens. Picture Patents Company. A Paris, Méliès se limiter à l’espace l’entrepôt voisin, dont les rideaux de toile travaillait d’arrache-pied dans ses deux restreint de son studio, pouvaient être enroulés pour éviter de Au début du siècle, le cinéma commença à studios de Montreuil pour atteindre les où il lui était facile de bloquer la lumière dans le studio principal. Ils s’installer dans des salles fixes, délaissant 1000 pieds (300m) de films produits concevoir ses scènes étaient peints à plat sur le sol, dans le style lentement les champs de foire. Méliès s’efforça chaque semaine exigés par la MPPC. En dirigées. En cela, les du théâtre français, contrairement au théâtre de produire des films plus longs et plus 1908, la Star Film avait plus que triplé sa travaux de Méliès anglais où les décors étaient souvent peints complexes, à l’opposé des simples petits films production par rapport à l’année précédente. ressemblent à ceux accrochés à leur place de jeu. Ce petit détail conçus pour les espaces forains. Les années des autres grands est peut-être la raison de la précision et des 1901 à 1904 furent les plus belles pour Mé- Pour redresser ses finances fragiles, Méliès studios de l’époque détails des décors, mais aussi de leur aspect liès. C’est à cette période qu’il réalisa certains retourna à la scène, reprenant du service glorieuse des débuts du cinéma, mais aussi « à plat », sans réelle profondeur, et les rares de ses plus beaux films, et savoura pleine- dans les représentations du Théâtre Robert- à la façon de produire des cinéastes d’avant- décors construits en perspective ne sont que ment le succès artistique et financier. Houdin. A la fin de l’année, puis l’année garde des années 1920 et au-delà. des exceptions. suivante, Méliès fit une tournée avec une Dans ce contexte d’expansion, la Star Film pièce appelée Le Fantôme du Nil. Nous avons moins de renseignements On connaît la relation entre une peinture ouvrit en 1903 une succursale à New York, au concernant le second studio, construit exécutée d’en haut et un certain manque 204 East 38th Street, dirigée par le frère de En 1911, Pathé devint le distributeur à Montreuil en 1905 pour répondre aux de relief de l’image, même si, dans le cas de Méliès, Gaston. Ce nouveau bureau avait été exclusif de la Star Film, disposant désor- exigences du marché américain. Il s’agissait Méliès, certains éléments censés être éloignés installé pour protéger la Star Film du piratage, mais du contrôle éditorial sur la lon- d’une structure en verre et en acier de 14 m étaient dessinés de plus petite taille, pour grâce au système du copyright américain, et gueur et la structure des films. Pathé dut de haut posée sur des fondations en briques. simuler la profondeur de la scène et pour la vente directe de copies sans passer avancer l’argent nécessaire aux productions La scène mesurait environ 9 m de large. Ces compenser ainsi cet inconvénient. par d’indélicats intermédiaires. En 1903, de Méliès, mais prit en garantie le mobilier grandes dimensions provoquèrent une réelle la Star Film avait également des agences à et le studio de Montreuil. Le dernier film Pour Méliès, une planification détaillée et perte d’intimité dans certains des films sortis Berlin, Barcelone et Londres. de Méliès, Le Voyage de la Famille Bourrichon une longue préparation étaient essentielles, à partir de la fin 1905, comme par exemple fut en fait produit comme tous les films et les journées de travail étaient intermina- Le réseau des Nickleodeons était né en Le Tripot Clandestin (1905). Dans ce nouveau de 1911 et 1912 sous le contrôle total de bles. Pendant ces longues journées passées 1905, et dès 1908, dix mille cinémas bon studio, la réalisation des films fut souvent Pathé. au studio, il n’avait de pitié ni pour ses marché à cette enseigne avaient vu le jour confiée à d’autres, moins exigeants que employés, ni pour lui même. Toute sa vie, à travers l’Amérique. Le programme de Méliès. il se leva tôt, consacrant la matinée à pré- ces Nickleodeon était modifié quotidien- Un des principaux avantages du second parer les scénarii, les storyboards, les cos- nement, créant un besoin de trente à soix- studio était sa grue d’élévation, qui permettait tumes et les nombreux détails logistiques ante films par semaine pour chaque lieu. de soulever et abaisser des personnes de la production de ses films. Certains Afin de tenter de répondre à cette nouvelle et des objets importants sur la scène. Cette décors pour une pantomime compliquée demande, la Star Film Paris augmenta sa technique sera utilisée pour le “carrosse pouvaient nécessiter plusieurs mois de tra- production, et explora toutes sortes de infernal” dans Les Quatre Cents Farces du vail. Les décors à moitié terminés étaient nouveaux genres, passant du burlesque au Diables (1906), et le glorieux géant des souvent utilisés pour des petits films courts, réalisme social. neiges dans A la Conquête du Pôle (1912), avant de trouver leur place dans des pro- Les films étaient vendus aux exploitants, à qui nécessitera l’intervention de douze ductions plus ambitieuses. Le tournage des prix variant en fonction du thème et de techniciens. des films se déroulait à la lumière dela la complexité de la production. Lorsque ce mi-journée, souvent à la fin d’une semaine L’année de construction du second studio choix existait, il y avait un prix pour la version de travail. fut très faste pour la Star Film. En plus des noir et blanc et un autre, bien plus élevé, pour équipements techniques, on installa des Aux débuts, les acteurs de la Star Film étaient la version en couleur. Méliès reconnaissait lampes à vapeur de mercure dans le nouveau des membres de la famille et des collègues. que ses prix étaient plus élevés que ceux de la Aucun de ses derniers films ne s’étant bien studio pour renforcer la lumière du jour Très vite, Méliès attira à Montreuil des acteurs concurrence, mais le justifiait en expliquant vendu, Méliès devait beaucoup d’argent à inégale et parfois insuffisante. Malheureuse- du Châtelet, des Folies Bergère et de l’Opéra que ses productions demandaient bien plus Pathé. Il fut écarté de la production de son ment, le déclin de Méliès coïncide avec de Paris. Comparé à d’autres studios, Méliès de travail et d’attention que celles des autres. dernier film, une comédie dans le style de

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Max Linder adapté d’une pièce de Labiche, et Un grand nombre de copies avait déjà été à la Cinémathèque française, et transférés pour aggraver les choses, le film ne fut jamais perdu en 1917 lors de l’occupation des bu- de Paris à Tours en 1940, durant les années distribué par Pathé. reaux du Passage de l’Opéra par l’armée. les plus sombres de la Guerre. Par la suite, Les films du bureau furent fondus pour en presque tous les films furent confisqués par Le déclin de Méliès est surtout dû à des extraire l’argent et, ironie du sort, être con- les nazis, et perdus à jamais. problèmes financiers. La qualité artistique de vertis en celluloïd pour les talons de bottes ses films reste constante lorsqu’il est encore En 1932, Méliès put quitter le froid glacial des soldats. personnellement impliqué dans la produc- de la Gare Montparnasse. Une mutuelle tion. Malheureusement, ses productions 1923 fut une année terrible pour Méliès. Pathé d’entraide créée pour les anciens artistes ne se renouvellent pas assez. Sa conception saisit la propriété de Montreuil, après que la du cinéma venait d’acquérir des locaux près du cinéma est trop proche d’une certaine législation spéciale en vigueur pendant la de l’aéroport d’Orly. Méliès, sa femme et sa forme de théâtre pour qu’il puisse sortir de guerre soit arrivée à son terme. Méliès et sa petite-fille Madeleine purent s’installer dans son univers, désormais peuplé de magie, de famille continuèrent d’y occuper un petit ap- un appartement de trois pièces, qu’il occupa démons et de princesses emprisonnées. partement jusqu’en 1924. Dans un moment jusqu’à sa mort. de colère, Méliès brûla tout le stock de né- Il fut emporté en trois mois par un cancer, et gatifs dans le jardin de Montreuil, pour avoir disparut le 21 janvier 1938 à l’hôpital Léopold plus d’espace de vie pour sa famille. Bellan à Paris. Il fut enterré au cimetière En 1925, Méliès se remaria. Sa collègue et du Père-Lachaise le 25 janvier. Parmi les Adapté et traduit de : amie de longue date, Jehanne d’Alcy, avait personnalités présentes à son enterrement, se elle aussi vécu des moments difficiles mais trouvaient René Clair, Henri Chomette, Georges Méliès : A Guide to References and avait réussi à acheter un petit magasin à la Nadia Sibirskaia, Ferdinand Zecca, Alberto Resources par John Frazer (1979), adapté et gare Montparnasse. Ensemble, ils tiendront Cavalcanti et Louis Aubert. Sur sa tombe, on révisé par David Shepard, traduit par Serge ce petit kiosque en vendant des confiseries et lit encore aujourd’hui : “Méliès, créateur du Bromberg avec la permission de l’auteur. des jouets aux voyageurs de passage. spectacle cinématographique 1861-1938”. © 1979, John Frazer Le metteur en scène René Clair était persua- dé que Méliès était encore en vie. Clair, J.G. Auriol et Paul Gilson jouèrent un rôle majeur dans la révélation du sort de Méliès : ils publièrent un article sur Méliès dans La Revue du Cinéma, en 1929, lançant l’idée Méliès continua à jouer et montrer ses films d’un gala de rétrospective la même année. au Théâtre Robert-Houdin jusqu’en 1914. Pen- dant la première guerre mondiale, les cinémas En 1920, Jean Mauclaire avait découvert et théâtres de Paris sont fermés. Cependant, quelques copies de Méliès dans la propriété en 1915, la famille retourna à la capitale et le de l’exécuteur testamentaire des propriétaires Théâtre Robert-Houdin fut réouvert. En 1917, des magasins Dufayel. Ces copies faisaient le studio de Montreuil servit d’hôpital pour les partie d’un lot de films autrefois projetés aux blessés de guerre, tandis que le second studio clients et à leurs enfants dans le grand fut transformé en cinéma. magasin d’ameublement. Après une première projection de ces copies au Studio 28, salle En 1920, Méliès donna sa dernière représenta- spécialisée dans l’avant-garde, le Gala Méliès tion au Théâtre Robert-Houdin. Le théâtre fut fut célébré Salle Pleyel, à Paris, le 16 décembre ensuite loué, tout d’abord pour des troupes 1929. Les quelques films de Méliès survivants de théâtre, puis devint un cinéma jusqu’en étaient accompagnés de Forfaiture (1915), 1923, année de sa démolition pour permettre de Cecil B. de Mille. l’aménagement du boulevard Haussmann. Méliès aura exploité ce lieu mythique durant A la même époque, Méliès fit don des 35 années. automates du Robert-Houdin au Musée des Arts et Métiers de Paris, qui malheureusement Les copies conservées au théâtre furent ven- revendit ou détruisit ensuite ces précieuses dues au poids à un revendeur spécialisé dans machines de théâtre du 19ème siècle. Les films les films de deuxième choix pour amateurs. retrouvés par Jean Mauclaire furent conservés

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GEORGES MÉLIÈS Le Premier Magicien du Cinema (1896~1913) LA RESTAURATION DES FILMS Au début des années 20, Méliès, ruiné et désespéré, détruit tous les négatifs et positifs de ses films encore en sa possession. Quelques années plus tard, lorsque l’on redécouvre le « magicien de Montreuil » devenu marchand de jouet à la gare de Montparnasse, ses films sont devenus invisibles. Une grande quête débute alors pour reconstituer son œuvre, riche de plus de 500 films. Les éléments originaux (négatifs) des films de Méliès disparus, le seul espoir de pouvoir les restaurer est, depuis le début des années 30, de retrouver des copies de projection, égarées ou abandonnées chez des particuliers, dans des salles de projection, chez des forains, ou dans des lieux du hasard. Jusqu’en 1907, les films étaient vendus, et leur propriétaire pouvait les passer dans les lieux de son choix, autant de fois que durerait la copie. Certains exploitants américains, australiens, russes, etc. ont ainsi pu faire l’acquisition de copies, et disparaître sans laisser de traces. Que sont devenues ces copies ? Les cinémathèques du monde entier les recherchent depuis plus de 75 ans et chaque nouvelle découverte est un événement pour la communauté des amateurs de cinéma muet. La famille Méliès, et notamment la petite fille de l’auteur, Madeleine Malthête-Méliès, se bat depuis des années contre l’oubli, lançant des appels, projetant ses films dans des spectacles magiques. Mais malgré cela, il Copie originale du Cauchemar (1896) en état de décomposition avancée. est en général assez rare de voir des films de Georges Méliès dans de bonnes conditions. Le présent coffret est le fruit de 25 ans de recherches et de collaborations internationales. Nous sommes allés Pour restaurer ces éléments d’origines si différentes, les dernière technologies photochimiques et numériques aux quatre coins du monde, avons récupéré toutes les copies accessibles, qu’elles soient complètes ou partielles, ont été utilisées ; mais les informations et les contrastes perdus le sont malheureusement à jamais. puisque après des centaines de projections, et des dizaines d’années d’oubli, elles ont pu être partiellement ou Ainsi, les techniques de restauration avant 1980 avaient pour sérieux inconvénient de ne pouvoir estomper totalement détruites. les rayures de l’original, le procédé d’immersion n’ayant pas encore été mis au point. Dans certains cas, si Les films contenus dans ce DVD sont tirés des meilleurs éléments disponibles, et malgré cela, la qualité de l’original existait encore, nous pourrions restaurer à nouveau, mais entre temps, il s’est souvent décomposé. l’image change fortement d’un film à l’autre. Lorsque cela a été possible, nous sommes toujours repartis de l’élément le plus proche de l’original 35mm. Pour certains titres, il a été possible de trouver des sauvegardes effectuées directement à partir des négatifs Dans les premières années, la caméra de Georges Méliès, comme toutes celles de son époque, présentait d’origine, ce qui donne au film une netteté et une perfection proche de celle d’un film tourné aujourd’hui, alors comme caractéristique d’imprimer le film de manière instable sur le négatif. Comme le guide film de la caméra que l’image a plus de 100 ans (Les merveilleuses cartes vivantes, Le Tripot clandestin, ou la fin du Palais des Mille était très simple, chaque image n’était qu’approximativement alignée avec la précédente, donnant à la projection et une Nuits). D’autres, malheureusement, n’ont pas eu cette chance, et ne restent visibles qu’avec une image une impression de tremblement permanent. médiocre (Tom whisky ou l’illusionniste toqué). Grâce aux nouvelles technologies numériques, chaque film a été traité, stabilisé, les petites rayures et tâches Certains films n’existent plus que sous forme de fragments (Les Infortunes d’un Explorateur, 1900, Lully légères ont été patiemment estompées, et les films ont ensuite été remis à leur cadence d’origine, afin d’éviter ou le violon brisé, 1908 ou Pour l’étoile S.V.P., 1908). D’autres, considérés comme perdus, sont présentés ici en l’impression de film accéléré et grotesque qui n’existait absolument pas aux débuts du cinéma. première mondiale (Le Magicien, 1898, ou La Danseuse Microscopique, 1898). Enfin, certains titres, qui n’étaient Certains films étaient destinés à être montrés avec un bonimenteur qui, à côté de l’écran, pendant la disponibles que dans des versions visuellement médiocres ou incomplètes sont aujourd’hui présentés dans des projection, lisait un texte expliquant ce que voyait le spectateur à l’image. Certains films sont incompréhensibles versions presque parfaites. sans ce boniment (par exemple Rip van Winkle, 1905 ou Le palais des mille et une nuits, 1905). Nous avons repris Les films étaient tournés sur pellicule noir et blanc, la seule disponible à l’époque, mais les titres les plus les boniments d’époque, et lorsque le texte exact était introuvable, nous nous sommes inspirés des documents et prestigieux étaient également proposés en couleurs, coloriés à la main, image par image. Ils étaient donc catalogues existants pour le reconstituer au plus près du texte d’origine, recréant ainsi les conditions initiales de disponibles dans les deux versions, au choix de l’acheteur qui bénéficiait d’un avantage commercial s’il proposait présentation. des films coloriés. En 1908, les films en noir et blanc étaient vendus 1,25 francs le mètre (certaines féeries Ainsi, il semble qu’une série de contes à raconter aux enfants (comme La Fée carabosse) ont été commandés coûtaient le double) ; le coloriage était facturé en supplément entre 1 et 1,75 francs par mètre. spécialement par les magasins Dufayel, à Paris, pour distraire les enfants pendant que les parents y achetaient Nous avons toujours favorisé les versions couleur dans notre coffret, mais dans certains cas lorsque les leurs meubles. Un grand nombre de copies ont d’ailleurs été retrouvées chez les liquidateurs des magasins copies couleur étaient incomplètes, les films ont été complétés par les versions noir et blanc (Le palais des mille Dufayel, où elles avaient été abandonnées. et une nuits, 1905, Les Quatre Cents Farces du Diable, 1906). Jusqu’à 5 copies différentes ont été utilisées pour Le choix des musiques a également été difficile. Méliès n’avait pas de demande particulière concernant reconstruire certains films. l’accompagnement de ses films. Nous avons choisi de faire appel à des musiciens divers qui, dans l’esprit de Ses films ayant été beaucoup piratés aux Etats-Unis, Méliès, à partir de 1903, a déposé à la Library of l’époque, ont recomposé une musique qui aurait pu être jouée à l’origine. Nous avons utilisé le piano, un Congress de Washington certains titres sous forme de copies papier, destinées à assurer une protection du droit Photoplayer des années 1900 (utilisé aux USA avec les films muets), et fait composer certaines mélodies avec d’auteur par le copyright. Ce sont les « paper prints », auxquels nous avons également eu accès, mais qui sont orchestres acoustiques ou électroniques utilisant les sonorités de l’époque. En l’absence d’indication de l’auteur, malheureusement très « gris » et peu définis. la plupart des musiques ont été composées et interprétées spécialement pour ce coffret. De même, certains films avaient été recopiés par des petits éditeurs pour la « projection à domicile » en Tout ce travail n’a eu qu’un seul objectif. Une fois oubliées les recherches interminables et les longues heures 16mm, ancêtre du DVD. Les négatifs et copies 16mm ainsi créées étaient parfois en noir et blanc à partir de copies passées à reconstruire les films à l’aide des dernières technologies, à composer et enregistrer les musiques, à couleur (La Damnation du Docteur Faust, 1904). traduire les textes ou enregistrer les boniments, nous espérons que vous oublierez tout, et entrerez comme nous Ces négatifs ont parfois eux-mêmes disparu, mais ont été piratés, et recopiés à nouveau. Or à chaque copie, souvent l’avons fait dans la magie de ces films formidables, aussi complets et aussi confortables à regarder que possible, effectuée sans précaution, la définition s’estompe, les gris disparaissent et l’image se fait irrémédiablement au plus près de leur aspect des premiers jours. contrastée, au point d’être difficilement regardable. Serge Bromberg Eric Lange 20 21 GEORGES MÉLIÈS Le Premier Magicien du Cinema (1896~1913)

N° Catalogue Année Titre Musique N° Catalogue Année Titre Musique 1 1896 Une partie de cartes Frederick Hodges 160-162 1898 La lune à un mètre Donald Sosin Couleur Durée Genre Couleur Durée Genre Playing Cards The Astronomer’s Dream

DVD•1 N & B 1’07 Comédie DVD•1 N & B 3’11 Rêve

26 1896 Une nuit terrible Frederick Hodges 167 1898 Un homme de tête Neal Kurz

N & B 1’07 Rêve N & B 1’05 The Four Troublesome Heads Scène à trucs

70 1896 Escamotage d’une dame Eric Beheim 169 1898 Tentation de Saint Antoine Neal Kurz chez Robert-Houdin N & B 1’15 The Vanishing Lady Scène à trucs N & B 1’10 The Temptation Of Saint Anthony Rêve

82 1896 Le cauchemar Frederick Hodges 183 1899 L’illusionniste fin de siècle Eric Beheim

N & B 1’08 Rêve N & B 0’58 The Conjurer Scène à trucs

96 1897 Le château hanté Eric Beheim 185-187 1899 Le diable au couvent Eric Beheim

N & B 0’44 The Haunted Castle Scène à trucs N & B 3’09 The Devil In A Convent Scène à trucs

106 1897 La prise de Tournavos Frederick Hodges 188 1899 La danse du feu Brian Benison

N & B 0’56 The Surrender Of Tournavos Actualité Couleur 1’04 Scène à trucs

112 1897 Entre Calais et Douvres Frederick Hodges 196 1899 Le portrait mystérieux Eric Beheim

N & B 1’07 Actualité N & B 1’06 The Mysterious Portrait Scène à trucs

122 - 123 1897 L’auberge ensorcelée Frederick Hodges 206 1899 Affaire Dreyfus, la dictée du bordereau Eric Beheim

N & B 2’00 The Bewitched Inn Scène à trucs N & B 1’07 Dreyfus Court Martial - Arrest Of Dreyfus Actualité / Narration

128 1897 Après le bal Neal Kurz 207 1899 Affaire Dreyfus, à l’île du diable Eric Beheim

N & B 1’11 After The Ball Erotique N & B 1’04 Devil’s Island - Within The Palisade Actualité / Narration

147 1898 Visite sous-marine du “Maine” Frederick Hodges 208 1899 Affaire Dreyfus, mise aux fers de Dreyfus Eric Beheim

N & B 0’51 Divers At Work On The Wreck Of The ”Maine” Actualité N & B 1’05 Dreyfus Put In Irons Actualité / Narration

151 1898 Panorama pris d’un train en marche Frederick Hodges 209 1899 Affaire Dreyfus, suicide du colonel Henry Eric Beheim

N & B 1’15 Panorama From Top Of A Moving Train Actualité N & B 1’15 Suicide Of Colonel Henry Actualité / Narration

153 1898 Le magicien Joe Rinaudo 210 1899 Affaire Dreyfus, débarquement à Quiberon Eric Beheim

N & B 1’08 The Magician Scène à trucs N & B 0’57 Landing Of Dreyfus At Quiberon Actualité / Narration

155 1898 Illusions fantasmagoriques Frederick Hodges 211 1899 Affaire Dreyfus, entrevue de Dreyfus et Eric Beheim de sa femme à Rennes N & B 1’11 The Famous Box Trick Scène à trucs N & B 1’04 Dreyfus Meets His Wife At Rennes Actualité / Narration

159 1898 Guillaume Tell et le clown Eric Beheim 212 1899 Affaire Dreyfus, attentat contre maître Labori Eric Beheim

N & B 1’00 Adventures Of William Tell Scène à trucs N & B 1’01 The Attempt Against The Life Of Maitre Labori Actualité / Narration

22 23 GEORGES MÉLIÈS Le Premier Magicien du Cinema (1896~1913)

N° Catalogue Année Titre Musique N° Catalogue Année Titre Musique 213 1899 Affaire Dreyfus, bagarre entre journalistes Eric Beheim 298-305 1900 Rêve de Noël Donald Sosin Couleur Durée Genre Couleur Durée Genre The Fight Of Reporters

DVD•1 N & B 1’07 Actualité / Narration DVD•1 N & B 4’15 Conte

214-215 1899 Affaire Dreyfus, le conseil de guerre Eric Beheim 309-310 1900 Nouvelles luttes extravagantes Frederick Hodges en séance à Rennes N & B 2’11 The Court Martial At Rennes Actualité / Narration N & B 2’14 Fat And Lean Wrestling Match Scène à trucs

219-224 1899 Cendrillon Donald Sosin 311 1900 Le repas fantastique Eric Beheim

N & B / Couleur 5’41 Cinderella Conte N & B 1’32 A Fantastical Meal Scène à trucs

226-227 1899 Le chevalier mystère Eric Beheim 312-313 1900 Le déshabillage impossible Eric Beheim

N & B 1’32 Scène à trucs N & B 1’54 Going To Bed Under Difficulties Scène à trucs

234 1900 Tom Whisky ou l’illusionniste toqué Robert Israel 314 1900 Le tonneau des Danaïdes Eric Beheim

N & B 0’58 Addition And Substraction Scène à trucs N & B 1’17 Eight Girls In A Barrel Scène à trucs

234 1900 La vengeance du gâte-sauce Eric Beheim 317 1900 Le savant et le chimpanzé Joe Rinaudo

N & B 0’54 The Cook’s Revenge Scène à trucs Couleur 1’02 The Doctor And The Monkey Comédie

244 1900 Les infortunes d’un explorateur Eric Beheim 322 1900 Le réveil d’un monsieur pressé Neal Kurz ou les momies récalcitrantes N & B 0’16 The Misfortunes Of An Explorer Scène à trucs (Extrait) N & B 1’10 How He Missed His Train Scène à trucs

262-263 1900 L’homme orchestre Robert Israel 325-326 1901 La maison tranquille Joe Rinaudo

N & B 1’31 The One-Man Band Scène à trucs N & B 1’19 What Is Home Without The Boarder Comédie

264-275 1900 Jeanne d’Arc Brian Benison 332-333 1901 La chrysalide et le papillon Eric Beheim

Couleur 10’19 Joan Of Arc Reconstitution historique N & B 1’59 The Brahmin And The Butterfly Scène à trucs

281-282 1900 Le rêve du radjah ou la forêt enchantée Eric Beheim 335-336 1901 Dislocation mystérieuse Orchestre Mont Alto

N & B 2’25 The Rajah’s Dream Rêve N & B 1’45 Extraordinary Illusions Scène à trucs

285-286 1900 Le sorcier, le prince et le bon génie Frederick Hodges 345-347 1901 L’antre des esprits Frederick Hodges

N & B 2’05 The Wizard, The Prince And The Good Fairy Scène à trucs N & B 2’55 The Magician’s Cavern Scène à trucs

289-291 1900 Le livre magique Frederick Hodges 350-351 1901 Chez la sorcière Eric Beheim

N & B 2’37 The Magic Book Scène à trucs N & B 1’51 The Bachelor’s Paradise Scène à trucs

293 1900 Spiritisme abracadabrant Frederick Hodges 357-358 1901 Excelsior ! Orchestre Mont Alto

N & B 1’10 Up-To-Date Spiritualism Scène à trucs N & B 2’04 The Prince Of Magicians Scène à trucs

294 1900 L’illusionniste double et la tête vivante Orchestre Mont Alto 361-370 1901 Barbe-bleue Frederick Hodges

N & B 1’15 The Triple Conjurer And The Living Head Scène à trucs N & B 10’18 Blue Beard Conte / Narration

24 25 GEORGES MÉLIÈS Le Premier Magicien du Cinema (1896~1913)

N° Catalogue Année Titre Musique N° Catalogue Année Titre Musique 371-372 1901 Le chapeau à surprise Orchestre Mont Alto 451-452 1903 Un malheur n’arrive jamais seul Joe Rinaudo Couleur Durée Genre Couleur Durée Genre The Hat With Many Surprises Misfortune Never Comes Alone

DVD•1 N & B 2’33 Scène à trucs DVD•2 N & B 2’58 Comédie

382-383 1901 L’homme à la tête en caoutchouc Eric Beheim 309-310 1903 Le cake-walk infernal Donald Sosin

N & B 2’30 The Man With The Rubber Head Scène à trucs N & B 5’19 The Infernal Cake Walk Dance

384-385 1901 Le diable géant ou le miracle de la madone Joe Rinaudo 458-459 1903 La boîte à malice Robert Israel

N & B 2 ’ 0 1 The Devil And The Statue Scène à trucs N & B 2’08 Scène à trucs

386 1901 Nain et géant Neal Kurz 462-464 1903 Le puits fantastique Joe Rinaudo

N & B 0’55 The Dwarf And The Giant Scène à trucs N & B 3’36 Comédie

391 1902 Douche du colonel Eric Beheim 465-469 1903 L’auberge du bon repos Neal Kurz

N & B 0’58 The Colonel’s Shower Bath Comédie N & B 5’00 The Inn Where No Man Rests Scène à trucs DVD•2

394-396 1902 La danseuse microscopique Neal Kurz 470-471 1903 La statue animée Joe Rinaudo

N & B 2’43 The Dancing Midget Scène à trucs N & B 2’33 Comédie

399-411 1902 Le voyage dans la lune Robert Israel 473-475 1903 Le sorcier Joe Rinaudo

N & B 12’46 Conte / Narration N & B 3’22 The Witch’s Revenge Scène à trucs

412 1902 La clownesse fantôme Eric Beheim 476 1903 L’oracle de Delphes Eric Beheim

N & B 1’04 The Shadow-Girl Scène à trucs N & B 1’34 The Oracle Of Delphi Récit

413-414 1902 Les trésors de Satan Eric Beheim 477-478 1903 Le portrait spirite Joe Rinaudo

N & B 2’39 The Treasures Of Satan Scène à trucs N & B 2’18 Spiritualistic Photographer Scène à trucs

415-416 1902 L’homme-mouche Eric Beheim 479-480 1903 Le mélomane Neal Kurz

Couleur 1’47 The Human Fly Scène à trucs N & B 2’48 Scène à trucs

419 1902 L’équilibre impossible Neal Kurz 481-482 1903 Le monstre Eric Beheim

N & B 1’21 An Impossible Balancing Feat Scène à trucs N & B 2’29 The Monster Scène à trucs / Narration

426-429 1902 Le voyage de Gulliver à Lilliput et Frederick Hodges 483-498 1903 Le royaume des fées Eric Beheim chez les géants Couleur 4’13 Gulliver’s Travels Among The Lilliputians And The Giants Voyage Couleur 16’30 The Kingdom Of Fairies Conte / Narration

Urban 1902 Le sacre d’Edouard VII Frederick Hodges 499-500 1903 Le chaudron infernal Neal Kurz

N & B 3’53 The Coronation Of Edward VII Actualité / Narration Couleur 1’45 The Infernal Caldron Scène à trucs

445-448 1903 La guirlande merveilleuse Robert Israel 501-502 1903 Le revenant Orchestre Mont Alto

N & B 3’54 The Marvellous Wreath Scène à trucs N & B 3’32 Apparitions Scène à trucs

26 27 GEORGES MÉLIÈS Le Premier Magicien du Cinema (1896~1913)

N° Catalogue Année Titre Musique N° Catalogue Année Titre Musique 503-505 1903 Le tonnerre de Jupiter Orchestre Mont Alto 552-553 1904 Le roi du maquillage Alexander Rannie Couleur Durée Genre Couleur Durée Genre Jupiter’s Thunderballs Untamable Whiskers

DVD•2 N & B 3’32 Scène à trucs DVD•2 N & B 2’42 Scène à trucs

506-507 1903 Le parapluie fantastique Brian Benison 554-555 1904 Le rêve de l’horloger Neal Kurz

N & B 3’01 Ten Ladies In An Umbrella Scène à trucs N & B 2’41 The Clockmaker’s Dream Rêve

508-509 1903 Tom Tight et Dum Dum Robert Israel 556-557 1904 Les transmutations imperceptibles Orchestre Mont Alto

N & B 2 ’ 3 6 Jack Jaggs And Dum Dum Comédie N & B 1’55 The Imperceptible Transmutations Scène à trucs

510-511 1903 Bob Kick, l’enfant terrible Eric Beheim 558-559 1904 Un miracle sous l’Inquisition Brian Benison

N & B 2’02 Bob Kick The Mischievous Kid Scène à trucs N & B 2’23 A Miracle Under The Inquisition Récit

512-513 1903 Illusions funambulesques Neal Kurz 562-574 1904 Damnation du docteur Faust Robert Israel

N & B 2’10 Extraordinary Illusions Scène à trucs N & B 4’28 Faust And Marguerite Conte / Narration

514-516 1903 L’enchanteur Alcofribas Joe Rinaudo 578-580 1904 Le thaumaturge chinois Alexander Rannie

N & B 3’41 Alcofribas, The Master Magician Scène à trucs N & B 3’31 Tchin-Chao, The Chinese Conjurer Scène à trucs

517-519 1903 Jack et Jim Brian Benison 581-584 1904 Le merveilleux éventail vivant Alexander Rannie

N & B 2’47 Comical Conjuring Scène à trucs N & B 3’23 The Wonderful Living Fan Scène à trucs

520-524 1903 La lanterne magique Frederick Hodges 585-588 1904 Sorcellerie culinaire Alexander Rannie

N & B 4’56 The Magic Lantern Dance N & B 1’43 The Cook In Trouble Scène à trucs

527-533 1903 Le rêve du maître de ballet Brian Benison 589-590 1904 La planche du diable Eric Beheim

N & B 2’42 The Ballet Master’s Dream Rêve N & B 1’43 The Devilish Plank Scène à trucs

415-416 1903 Faust aux enfers Eric Beheim 593-595 1904 La sirène Alexander Rannie

N & B 6’42 The Damnation Of Faust Conte / Narration N & B 2’48 The Mermaid Scène à trucs

534-535 1904 Le bourreau turc Neal Kurz 641-659 1904 Voyage à travers l’impossible Alexander Rannie

N & B 2’25 The Terrible Turkish Executioner Scène à trucs Couleur 20’13 Conte / Narration DVD•3

538-539 1904 Au clair de la lune ou Pierrot malheureux Eric Beheim 665-667 1904 La cascade de feu Neal Kurz

N & B 2’57 Récit N & B 2’50 Scène à trucs

540-541 1904 Un prêté pour un rendu Joe Rinaudo 678-679 1905 Les cartes vivantes Alexander Rannie

N & B 2’00 Tit For Tat Scène à trucs N & B 2’52 The Living Playing Cards Scène à trucs

547-549 1904 Le coffre enchanté Robert Israel 683-689 1905 Le diable noir Alexander Rannie

N & B 3’01 The Bewitched Trunk Scène à trucs N & B 4’02 Scène à trucs

28 29 GEORGES MÉLIÈS Le Premier Magicien du Cinema (1896~1913)

N° Catalogue Année Titre Musique N° Catalogue Année Titre Musique 686-689 1905 Le phénix ou le coffret de cristal Eric Beheim 824-837 1906 Les incendiaires Frederick Hodges Couleur Durée Genre Couleur Durée Genre The Magic Dice A Desperate Crime

DVD•3 N & B 1’11 Scène à trucs DVD•3 N & B 7’26 Actualité / Narration

690-692 1905 Le menuet lilliputien Eric Beheim 838-839 1906 L’anarchie chez Guignol Frederick Hodges

N & B 0’52 The Lilliputian Minuet Scène à trucs N & B 0’26 Punch And Judy Comédie

705-726 1905 Le palais des mille et une nuits Robert Israel 843-845 1906 L’hôtel des voyageurs de commerce Joe Rinaudo ou les suites d’une bonne cuite Couleur 2 1 ’ 0 5 The Palace Of The Arabian Nights Conte / Narration N & B 3’31 The Imperceptible Transmutations Comédie

727-731 1905 Le compositeur toqué Donald Sosin 846-848 1906 Les bulles de savon vivantes Donald Sosin

N & B 4’36 A Crazy Composer Rêve N & B 3’40 Soap Bubbles Scène à trucs

738-739 1905 La chaise à porteurs enchantée Alexander Rannie 849-870 1906 Les quatre cents farces du diable Donald Sosin

N & B 3’19 The Enchanted Sedan Chair Scène à trucs Teinté / Couleur 17’00 The Merry Frolics Of Satan Conte / Narration

740-749 1905 Le raid Paris-Monte-Carlo en deux heures Eric Beheim 874-876 1906 L’alchimiste Parafaragaramus Alexander Rannie ou la cornue infernale N & B 10’17 An Adventurous Automobile Trip Conte / Narration N & B 3’25 The Mysterious Retort Scène à trucs

753-755 1905 Un feu d’artifice improvisé Joe Rinaudo 877-887 1906 La fée Carabosse ou le poignard fatal Eric Beheim

N & B 3’04 Comédie Couleur 11’57 The Witch Conte / Narration

756-775 1905 La légende de Rip Van Winckle Brian Benison 909-911 1907 La douche d’eau bouillante Joe Rinaudo

Couleur 14’15 Rip’s Dream Conte / Narration N & B 4’09 Rogues’ Tricks Comédie DVD•4

784-785 1906 Le tripot clandestin Alexander Rannie 925-928 1907 Les fromages automobiles Eric Beheim

N & B 3’07 The Scheming Gamblers’ Paradise Comédie N & B 4’12 The Skipping Cheeses Comédie / Narration

789-790 1906 Une chute de cinq étages Frederick Hodges 936-950 1907 Le tunnel sous la Manche Eric Beheim ou le cauchemar franco-anglais N & B 2’37 A Mix-Up In The Gallery Comédie N & B / Couleur 14’34 Tunnelling The English Channel Comédie / Narration

791-806 1906 Jack le ramoneur Eric Beheim 961-968 1907 Eclipse de soleil en pleine lune Alexander Rannie

N & B 10’06 The Chimney Sweep Rêve N & B 9’17 The Eclipse, Or The Courtship Of The Sun And Moon Voyage

807-809 1906 Le maestro Do-Mi-Sol-Do Brian Benison 1000-1004 1907 Pauvre John ou les aventures Donald Sosin d’un buveur de whisky N & B 3’35 The Luny Musician Comédie N & B 5’35 Sightseeing Through Whisky Rêve

818-820 1906 La cardeuse de matelas Joe Rinaudo 1005-1009 1907 La colle universelle Alexander Rannie

N & B 4’15 The Tramp And The Mattress Makers Comédie N & B 5’10 Good Glue Sticks Comédie

821-823 1906 Les affiches en goguette Alexander Rannie 1014-1017 1907 Ali Barbouyou et Ali Bouf à l’huile Joe Rinaudo

N & B 3’26 The Hilarious Posters Scène à trucs N & B 1’36 Delirium In A Studio Comédie

30 31 GEORGES MÉLIÈS Le Premier Magicien du Cinema (1896~1913)

N° Catalogue Année Titre Musique N° Catalogue Année Titre Musique 1030-1034 1908 Le tambourin fantastique Robert Israel 1227-1232 1908 Les patineurs Joe Rinaudo Couleur Durée Genre Couleur Durée Genre The Knight Of Black Art The Woes of roller skates

DVD•4 N & B 5’50 Scène à trucs DVD•4 N & B 7’02 Comédie

1035-1039 1908 La cuisine de l’ogre Robert Israel 1246-1249 1908 Amour et mélasse Brian Benison

N & B 5’12 In The Bogie Man’s Cave Comédie N & B 5’07 His First Job Comédie

1044-1049 1908 Il y a un dieu pour les ivrognes Joe Rinaudo 1250-1252 1908 Les mésaventures d’un photographe Joe Rinaudo

N & B 3 ’ 4 5 The Good Luck Of A Souse Récit / Narration N & B 3’20 The Mischances Of A Photographer Comédie / Narration

1066-1068 1908 Les torches humaines Donald Sosin 1253-1257 1908 Le fakir de Singapour Brian Benison

N & B 2’56 Justinian’s Human Torches 548 A.D. Actualité N & B 5’08 An Indian Sorcerer Scène à trucs

1069-1072 1908 Le génie du feu Joe Rinaudo 1266-1268 1908 A tricky painter’s fate Joe Rinaudo

N & B 4’33 Scène à trucs N & B 3’48 A tricky painter’s fate Comédie

1073-1080 1908 Why that actor was late Joe Rinaudo 1288-1293 1908 French interpreter policeman Joe Rinaudo

N & B 5’43 Why that actor was late Comédie N & B 7’15 French Cops Learning English Comédie

1081-1085 1908 Le rêve d’un fumeur d’opium Brian Benison 1301-1309 1908 Anaïc ou le balafré Donald Sosin

N & B 5’07 Dream Of An Opium Fiend Rêve N & B 9’59 Not Guilty Récit

1091-1095 1903 La photographie électrique à distance Alexander Rannie 1310-1313 1908 Pour l’étoile S.V.P. Joe Rinaudo

N & B 6’09 Long Distance Wireless Photography Scène à trucs N & B 1’30 Buncoed Stage Johnnie Comédie

1096-1101 1908 La prophétesse de Thèbes Brian Benison 1314-1325 1908 Conte de la grand-mère et Orchestre Mont Alto rêve de l’enfant N & B 1’42 The Prophetess Of Thebes Récit N & B 5’12 A Grandmother’s Story Rêve

1102-1103 1908 Salon de coiffure Joe Rinaudo 1416-1428 1908 Hallucinations pharmaceutiques Joe Rinaudo ou le truc du potard N & B 2’56 Comédie N & B 13’28 Pharmaceutical Hallucinations Récit DVD•5

1132-1145 1908 Le nouveau seigneur du village Donald Sosin 1429-1441 1908 La bonne bergère et la mauvaise princesse Donald Sosin

N & B 8’48 The New Lord Of The Village Voyage N & B 13’31 The Good Sheperdess And The Evil Princess Conte

1146-1158 1908 L’avare Donald Sosin 1908 (Non-identifié) Donald Sosin

N & B 4’50 The Miser Récit (Extrait) N & B 1’30 (Unidentified) Récit

1159-1165 1908 Le conseil du pipelet ou un tour à la foire Joe Rinaudo 1495-1501 1909 Le locataire diabolique Robert Israel

N & B 7’34 Side Show Wrestlers Comédie N & B 7’01 The Diabolic Tenant Scène à trucs

1176-1185 1908 Lully ou le violon brisé Brian Benison 1508-1512 1909 Les illusions fantaisistes Robert Israel

N & B 3’13 The Broken Violin Récit Couleur 4’45 Whimsical Illusions Scène à trucs

32 33 GEORGES MÉLIÈS Le Premier Magicien du Cinema (1896~1913) TITRE DVD TITRE DVD N° Catalogue Année Titre Musique Pathé 1911 Les hallucinations du baron de Münchausen Brian Benison Le cake-walk infernal...... 2 La danse du feu...... 1 Couleur Durée Genre Baron Munchausen’s Dream

DVD•5 N & B 10’31 Rêve La cardeuse de matelas...... 3 La danseuse microscopique...... 2 Pathé 1912 A la conquête du pôle Eric Le Guen

Teinté 30’22 Voyage Les cartes vivantes...... 3 Le déshabillage impossible...... 1

Pathé 1912 Cendrillon ou la pantoufle merveilleuse Frederick Hodges La cascade de feu...... 3 Le diable au couvent...... 1

N & B 2 3 ’ 4 5 Cinderella Conte / Narration Le cauchemar...... 1 Le diable géant ou le miracle de la madone...... 1 Pathé 1912 Le chevalier des neiges Frederick Hodges Cendrillon...... 1 Le diable noir...... 3

N & B 16’01 The Knight Of The Snow Récit Cendrillon ou la pantoufle merveilleuse...... 4 Dislocation mystérieuse...... 1 Pathé 1913 Le voyage de la famille Bourrichon Eric Beheim La chaise à porteurs enchantée...... 3 La douche d’eau bouillante...... 4 N & B 15’23 The Voyage Of The Bourrichon Family Voyage Le chapeau à surprise...... 1 Douche du colonel...... 2 LES FILMS PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE Le château hanté...... 1 Eclipse de soleil en pleine lune...... 4 TITRE DVD TITRE DVD A la conquête du pôle...... 4 Anaïc ou le balafré...... 4 Le chaudron infernal...... 2 L’enchanteur Alcofribas...... 2 Affaire Dreyfus, à l’île du diable ...... 1 L’anarchie chez Guignol...... 3 Le chevalier des neiges...... 4 Entre Calais et Douvres...... 1 Affaire Dreyfus, attentat contre maître Labori...... 1 L’antre des esprits...... 1 Le chevalier mystère...... 1 L’équilibre impossible...... 2 Affaire Dreyfus, bagarre entre journalistes...... 1 Après le bal...... 1 Chez la sorcière...... 1 Escamotage d’une dame chez Robert-Houdin...... 1 Affaire Dreyfus, débarquement à Quiberon...... 1 Au clair de la lune ou Pierrot malheureux...... 2 La chrysalide et le papillon...... 1 Excelsior !...... 1 Affaire Dreyfus, Entrevue de Dreyfus et de sa femme à Rennes....1 L’auberge du bon repos...... 2 Une chute de cinq étages...... 3 Le fakir de Singapour...... 4 Affaire Dreyfus, la dictée du bordereau...... 1 L’auberge ensorcelée ...... 1 La clownesse fantôme...... 2 Faust aux enfers...... 2 Affaire Dreyfus, le conseil de guerre en séance à Rennes...... 1 L’avare...... 4 Le coffre enchanté...... 2 La fée Carabosse ou le poignard fatal...... 3 Affaire Dreyfus, mise aux fers de Dreyfus...... 1 Barbe-bleue...... 1 La colle universelle...... 4 Un feu d’artifice improvisé...... 3 Affaire Dreyfus, suicide du colonel Henry...... 1 Bob Kick, l’enfant terrible...... 2 Le compositeur toqué...... 3 French interpreter policeman...... 4 Les affiches en goguette...... 3 La boîte à malice...... 2 Le conseil du pipelet ou un tour à la foire...... 4 Les fromages automobiles...... 4 L’alchimiste Parafaragaramus ou la cornue infernale.....3 La bonne bergère et la mauvaise princesse...... 4 Conte de la grand-mère et rêve de l’enfant ...... 4 Le génie du feu...... 4 Ali Barbouyou et Ali Bouf à l’huile...... 4 Le bourreau turc...... 2 La cuisine de l’ogre...... 4 Guillaume Tell et le clown...... 1 Amour et mélasse...... 4 Les bulles de savon vivantes...... 3 Damnation du docteur Faust...... 2 La guirlande merveilleuse...... 2

34 35 GEORGES MÉLIÈS Le Premier Magicien du Cinema (1896~1913) TITRE DVD TITRE DVD TITRE DVD TITRE DVD Les hallucinations du Baron de Münchausen...... 4 La lune à un mètre...... 1 Le portrait mystérieux...... 1 Le sorcier...... 2 Hallucinations pharmaceutiques ou le truc du potard ....4 Le maestro Do-Mi-Sol-Do...... 3 Le portrait spirite...... 2 Le sorcier, le prince et le bon génie...... 1 L’homme à la tête en caoutchouc...... 1 Le magicien...... 1 Pour l’étoile S.V.P...... 4 Spiritisme abracadabrant...... 1 Un homme de tête...... 1 La maison tranquille...... 1 Un prêté pour un rendu...... 2 La statue animée...... 2 L’homme orchestre...... 1 Un malheur n’arrive jamais seul...... 2 La prise de Tournavos...... 1 Le tambourin fantastique...... 4 L’homme-mouche...... 2 Le mélomane...... 2 La prophétesse de Thèbes...... 4 Tentation de Saint Antoine...... 1 L’hôtel des voyageurs de commerce ou les suites d’une bonne cuite.3 Le menuet lilliputien...... 3 Le puits fantastique...... 2 Le thaumaturge chinois...... 2 Il y a un dieu pour les ivrognes...... 4 Le merveilleux éventail vivant...... 2 Les quatre cent farces du diable...... 3 Tom Tight et Dum Dum...... 2 L’illusionniste double et la tête vivante...... 1 Les mésaventures d’un photographe...... 4 Le raid Paris-Monte-Carlo en deux heures...... 3 Tom Whisky ou l’illusionniste toqué...... 1 L’illusionniste fin de siècle...... 1 Un miracle sous l’Inquisition...... 2 Le repas fantastique...... 1 Le tonneau des Danaïdes...... 1 Les illusions fantaisistes...... 4 Nain et géant...... 1 Le rêve de l’horloger...... 2 Le tonnerre de Jupiter...... 2 Illusions fantasmagoriques...... 1 Le nouveau seigneur du village...... 4 Rêve de Noël...... 1 Les torches humaines...... 4 Illusions funambulesques...... 2 Nouvelles luttes extravagantes...... 1 Le rêve du maître de ballet...... 2 Les transmutations imperceptibles...... 2 Les incendiaires...... 3 Une nuit terrible...... 1 Le rêve du radjah ou la forêt enchantée...... 1 Les trésors de Satan...... 2 Les infortunes d’un explorateur ou les momies récalcitrantes.1 L’oracle de Delphes...... 2 Le rêve d’un fumeur d’opium...... 4 A tricky painter’s fate...... 4 Jack et Jim...... 2 Le palais des mille et une nuits...... 3 Le réveil d’un monsieur pressé...... 1 Le tripot clandestin...... 3 Jack le ramoneur...... 3 Panorama pris d’un train en marche...... 1 Le revenant...... 2 Le tunnel sous la Manche ou le cauchemar franco-anglais....4 Jeanne d’Arc...... 1 Le parapluie fantastique...... 2 Le roi du maquillage...... 2 La vengeance du gâte-sauce...... 1 La lanterne magique...... 2 Les patineurs...... 4 Le royaume des fées...... 2 Visite sous-marine du «Maine»...... 1 Le monstre...... 2 Une partie de cartes...... 1 Le sacre d’Edouard VII...... 2 Voyage à travers l’impossible...... 3 La légende de Rip Van Winckle...... 3 Pauvre John ou les aventures d’un buveur de whisky 4 Salon de coiffure...... 4 Le voyage dans la Lune...... 2 Le livre magique...... 1 Le phénix ou le coffret de cristal...... 3 Le savant et le chimpanzé...... 1 Le voyage de Gulliver à Lilliput et chez les géants...... 2 Le locataire diabolique...... 4 La photographie électrique à distance...... 4 La sirène...... 2 Le voyage de la famille Bourrichon...... 4 Lully ou le violon brisé...... 4 La planche du diable...... 2 Sorcellerie culinaire...... 2 Why that actor was late...... 4

36 37 GEORGES MÉLIÈS A PROPOS DE CE COFFRET

UN SIXIEME DVD ? GEORGES MÉLIÈS : LE PREMIER MAGICIEN DU CINÉMA (1896-1913) Produit par Eric Lange, David Shepard, Serge Bromberg Ce coffret de 5 DVD comprend un emplace- Il reste plus de 300 films de Georges Méliès ment vide. Pourquoi ? perdus ou invisibles à ce jour. Et comme la Musique Les boniments ont été écrits à l’origine pellicule sur laquelle ces films étaient fabri- Le processus de recherche et de restauration Eric Beheim par Georges Méliès et conçus pour être lus qués se décompose entre 80 et 100 ans après de films anciens est long et complexe. Il aura Brian Benison lors de la présentation de ces films. sa fabrication, l’espoir de nouvelles décou- fallu cinq années de travail, de contacts quo- Frederick Hodges Adaptation : Serge Bromberg et vertes se fait de plus en plus mince. Robert Israel David Shepard. tidiens avec les collectionneurs et les archives Neal Kurz Bonimenteurs : Serge Bromberg, du monde entier pour réunir ces 173 films, et Toujours enthousiastes, nous faisons le pari Eric Le Guen Anne Simon et Fabrice Zagury. les présenter dans leur meilleure version. que, d’ici quelques mois ou quelques années, Mont Alto Motion Picture Orchestra le nombre de nouvelles découvertes de film Mais au cours de ces recherches, nous avons Alexander Rannie DVD produit par Serge Bromberg, sera si grand qu’il sera possible d’inclure dans rencontré de nombreux obstacles : le con- Joseph Rinaudo at the Fotoplayer Jeffery Masino, Pascaline Peretti ce coffret un nouveau DVD comprenant les Rodney Sauer et David Shepard tact a été perdu avec certains détenteurs de découvertes récentes. Donald Sosin copies souvent situés au bout du monde, des Graphisme, navigation et authoring : problèmes juridiques ou réglementaires ont Un peu trop optimiste ? N’en croyez rien. Nous Brian Peterson, ROAM Creative / BAREJO pu empêcher l’accès à certains films dont avons déjà de nombreuses pistes… et vous nous connaissons l’existence, mais pour êtes peut-être l’une de celles-ci. Films Remerciements lesquels nous ne désespérons pas d’aboutir. Academy of Motion Picture Arts and Sciences Ben Baker Patrick Loughney Armor Films John Barnes Mike Mashon Filmarchiv Austria William Barnes Russel Merritt Blackhawk Films Collection David Block Manuela Padoan N’hésitez pas à nous contacter si vous trouvez des veilles bobines : British Film Institute Lenny Borger Matteo Pavesi Carlo Montanaro Jean-Louis Capitaine Michael Pogorzelski LOBSTER FILMS Cineteca del Comune di Bologna Béatrice De Pastre Bruce Posner mail : [email protected] / tél : +33 (0)1 43 38 69 69 Cineteca del Friuli Bryony Dixon Davide Pozzi Brian Drischell Philippe Quinsac Cineteca Italiana Stefan Droessler Pauline Richard Danish Film Museum Gianluca Farinelli Ulrich Ruedel Renvo y e z -nous la présente carte avec vos coordonnées . Vous sere z ainsi les David Pfluger Pierre-Alban Gauch Anne Simon premiers avertis de la sortie du DVD « Mé l i è s + » comprenant ces nouveau x titres , George Eastman House Gilles Gautheron Olaf Strecker et vous pourre z l’ac q uérir dans un em b allage simplifié : il aura dé j à sa place dans Library of Congress Gary Gibson Boris Todorovitch Lawrence Jordan votre Coffret Méliès . Murray Glass Amy Turner Lobster Films Ronald Grant Rick Worland Munich Film Museum Randy Haberkamp Fabrice Zagury Southern Methodist University Eric Le Roy In Memory of Pierre Jenn

Textes Special Contents of Films John Frazer Pour la version US Donald McWilliams © 2008 Film Preservation Associates, Inc The Museum of Modern Art Pour la version Française Serge Bromberg et Eric Lange © 2009 Lobster Films

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