19 h, , Grande salle

Elizabeth Calleo, soprano , flûte , clarinette basse Marco Blaauw, trompette Hannah Weirich, violon Ulrich Löffler, piano Alfonso Gomez, clavier musikFabrik Enno Poppe, direction * réalisation informatique musicale Ircam/Eric Maestri * Emmanuel Jourdan, encadrement pédagogique ** Paul Jeukendrup, diffusion sonore

Karlheinz Stockhausen FINAL STOCKHAUSEN , 6. Stunde – Schönheit **

Eric Maestri Celestografia, musica musicans * Ircam - Centre[ Création cursus 2 Pompidou

Helmut Lachenmann Mouvement (– vor der Erstarrung)

Durée 67 mn

Coproduction Ircam/Les Spectacles vivants-Centre Pompidou. Avec le soutien de la Sacem (bourses d’étude aux jeunes compositeurs du Cursus 2). 30, É g l i s e Sa nt- E u ta c he diffuséIrcam le lundi 12 septembre- Centre à 20 h sur Pompidou h, Centre Pom p i dou, Grande s alle h En réécoute pendant un mois sur francemusique.com Con c ert 2 • 21 Samed i 18 ju n Con c ert 1 • 19

Ircam - Centre Pompidou Ircam - Centre Pompidou

Ircam - Centre Pompidou

© , Toronto, décembre 1971. Avec l’aimable autorisation de Stockhausen-Stiftung für Musik

Ircam - Centre Pompidou 21 h 30, Église Saint-Eustache

Marco Blaauw, trompette Francesco Filidei, orgue musikFabrik Enno Poppe, direction * Réalisation informatique musicale Ircam/Lorenzo Bianchi ** Paul Jeukendrup, diffusion sonore

Karlheinz Stockhausen Klang, 5. Stunde – Harmonien **

Francesco Filidei Ballata * Commande Ircam-Centre Pompidou FINAL STOCKHAUSEN [ Création

Franz Liszt Fantaisie et fugue sur le nom de B.A.C.H - version syncrétique par Jean Guillou Ircam - Centre Pompidou Cortege, a ceremony

DuréE 58 mn

Production Ircam-Centre Pompidou. Avec le soutien de la Sacem. En collaboration avec le Festival de l’Argos. 30, É g l i s e Sa nt- E u ta c he Ircam - Centre Pompidou h, Centre Pom p i dou, Grande s alle h Con c ert 2 • 21 Samed i 18 ju n Con c ert 1 • 19

Ircam - Centre Pompidou | STOCKHAUSEN final

Ircam - Centre Pompidou

© Suzanne Stephens, Stockhausen, Kathinka Pasveer après une création de AVE le 7 décembre 1990 à Mayence. Photo: Ulrich Mazurowicz. Avec l’aimable autorisation de Stockhausen-Stiftung für Musik

Ircam - Centre Pompidou

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Ircam - Centre Pompidou | STOCKHAUSEN final DE LA FORMULE AU RITUEL (ET VICE VERSA)

Magique, mathématique, de politesse, On peut considérer aussi le concert lui- chimique, sacramentelle, exécutoire, même sous l’angle de son rituel, et son incantatoire, sanguine, la formule a mille étiquette comme une formule. C’est ce visages, mille fonctions. Mais il faudra que fait Harrison Birtwistle, dans Cortege. attendre la seconde moitié du XXe siècle Articulant la disposition spatiale de pour voir la formule devenir musicale. l’ de quatorze musiciens, dont Certes, on peut éventuellement considérer sortent tour à tour les différents solistes, que l’idée de Bach de jouer sur les lettres il recrée une cérémonie saisissante, de son nom [en leur associant la note intense et agitée. Mais c’est là une formule correspondante : B (si bémol), A (la), évolutive, dont la rigueur, bien que C (do), H (si bécarre)] est une esquisse marquée d’inertie, n’est que toute relative. de formule, mais le terme lui-même de Karlheinz Stockhausen, quant à lui, Ircam - Centre« formule » suggère Pompidou une systématicité, un formalisera l’une de ses techniques automatisme – autant de l’énonciation de d’écriture au point de la faire (et de la la formule que de son résultat –, absents baptiser) « formule », au sens premier de la démarche du Cantor de Leipzig. du mot : « modèle d’expression selon des Et si quelques compositeurs à sa suite normes. » reproduiront le procédé – avec leurs S’il en a déjà esquissé les contours en propres noms, comme Chostakovitch 1951, dans le bien nommé (qui ou, en forme d’hommage, de nouveau ne sera du reste créé qu’en 1971), c’est avec B-A-C-H, comme Franz Liszt dont le en 1969-1970, avec pour deux compositeur et organiste Francesco Filidei pianos et électronique, que Stockhausen nous interpréteraIrcam ce soir la Fantaisie- Centre et s’investit Pompidou pleinement dans l’élaboration et Fugue –, cela ne suffit pas à en faire une l’exploration de ce concept, abandonnant formule. au passage l’athématique et la forme

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instantanée – cette « forme », dont à partir de ces paramètres premiers. Momente était l’emblème. Étendue, cette formule génère la forme Synthèse de toutes les théories de la globale et les proportions de l’œuvre. thématique déclinées jusque-là par Au sein de chaque partie de cette forme Stockhausen – série, groupe ou gruppetto globale, la forme des sections est déduite (chaque son est centre d’un complexe des phrases de la formule et de leur sonore spécifique, immédiatement structure rythmique. Non seulement identifiable) et mélodie (tous les sons les différents paramètres de chaque apparaissent dans un espace assez restreint phrase sont proportionnés en rapport pour constituer une véritable structure avec la série de départ, mais chacune des mélodique) –, la « formule » les élargit caractéristiques allouées à chacune des et les étend à tous les degrés et toutes les notes de la formule devient prédominante échelles du processus compositionnel, dans la section correspondante de l’œuvre. dans un esprit similaire à celui de l’Unité du Quant aux hauteurs, la séquence mélodique temps musical, tel qu’exposé dans son essai de base est soumise à une « expansion » de 1960 et mis en pratique dans différente pour chaque section (l’expansion (1958-1960). étant tout simplement un agrandissement La formule, dans son état premier, ou raccourcissement des intervalles, qui consiste en un groupe de notes, parfois représentent comme une « distance » entre explicitement présenté (dans cet esprit de les notes). Ircam - Centre« décomposition » cherPompidou à Stockhausen, qui L’œuvre se déduit donc de la projection aime à présenter clairement la manière (forme globale), de la multiplication dont une œuvre est née), comme dans (sections), et de l’expansion de la formule (1973-1974). Ce groupe de notes peut au détail (soit par une Ausmultiplikation : évoquer la série de l’École de Vienne, mais comme un gruppetto ou une est en réalité bien plus complexe car plus autour du centre tonal qu’est la note détaillée. Chacune des notes est clairement correspondante de la formule à cet endroit- définie par ses différentes caractéristiques : là ; soit, dans le cas d’une projection plus fréquence, durée, timbre, dynamique (ou large, par la substitution de la note par évolution de la dynamique : c’est-à-dire la formule elle-même, intégralement ou la nuance et Ircamses évolutions pendant- Centre la partiellement). Pompidou durée de la note) et mode d’articulation Si l’on prend l’exemple (fondateur) de (l’attaque). Toute la composition s’élaborera Mantra, la formule compte 13 notes (une

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série de 12 notes, au terme de laquelle la même décision à un choix laissé ouvert on répète la première). Et chacune des par la formule : malgré cette posture quasi 13 sections de l’œuvre sera dominée scientifique d’exploration systématique, par le mode d’articulation de la note il semble qu’il était loin de les avoir toutes correspondante. épuisées. Dans son monumental cycle opératique, « On arrive plus loin, dit-il, et on évolue , Stockhausen pousse la formule plus en profondeur si l’on déploie tout, jusqu’à ses limites. Le cycle est extrapolé à thématiquement et structurellement, à partir d’une « superformule » elle-même partir d’un seul noyau. » On constate ici, triple – surimposition des formules des dans ces démultiplications et expansions trois personnages principaux de l’œuvre : multiples, un procédé de création Michael, Lucifer et Eve. Les trois ont ainsi organique qui évoque un peu celui droit chacun individuellement à un opéra, des fractales – si l’on imagine l’espace de même que les trois duos qu’ils peuvent géométrique remplacé par l’espace musical, composer (Michael-Lucifer, Michael-Eve, et les homothéties internes (forcément Eve-Lucifer) et enfin le trio (un seul opéra) partielles) rapportées, non aux distances, – sept opéras au total, près de trente heures mais aux fréquences, durées, dynamiques de musique. et modes d’articulation. Au niveau le plus large, la formule De la part de Stockhausen, cette posture détermine les longueurs relatives de chaque presque scientifique ne nous étonnera pas Ircam - Centreopéra, et leur subdivision Pompidou en actes et en outre mesure, lui qui, depuis ses débuts, scènes, la structure globale des hauteurs nous a habitués à des procédés inspirés des notes qui seront tenues longuement des mathématiques. On l’a ainsi vu plus dans chacun, ainsi qu’une base pour tous d’une fois déduire ses formes de suites et les détails rythmiques et mélodiques. séries mathématiques (arithmétiques et/ou Si cet exposé peut laisser penser qu’elle géométriques) et notamment de la fameuse n’est source que de contraintes, la formule suite de Fibonacci. est en réalité bien plus souple que la série, Chez lui, la formule, même aussi car elle laisse plus de choix au compositeur scientifiquement formalisée – et ce n’est au cours du processus compositionnel. Une pas là le moindre des oxymores – prend multiplicité Ircamdes possibilités sur- laquelleCentre systématiquement Pompidou des allures de litanies : la Stockhausen insistera à maintes en formule mène au rituel et le rituel suppose affirmant qu’il ne répéterait pas deux fois la formule – l’un et l’autre indissociables.

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Rappelons que la formule peut être, dans symboliquement, le sérialisme total des l’une de ses nombreuses acceptions, années 1950 (le principe sériel s’appliquant incantatoire et sacramentelle, une parole non plus seulement aux hauteurs, mais rituelle qu’on se doit de prononcer dans à toutes les caractéristiques des notes certaines circonstances. de la série) était déjà pour lui une forme Est-ce un hasard si la première œuvre de théologie acoustique, une tentative exploitant le procédé s’intitule Mantra ? de donner à voir la « Création divine », Dans toutes les suivantes, le rituel sera dans son parfait équilibre, et son infinie omniprésent. Citons à nouveau Inori (1973- variété –, la fin des années 1960 le voit se 1974), qui met en scène un mime mimant passionner pour des penseurs orientaux une prière, (1975-1977), où l’on comme Sri Aurobindo ou le sufi Hazrat assiste à une « Annonciation », Inayat Khan. (1974-1981), qui chante l’année zodiacale. L’opéra de Stockhausen trouve ainsi une Quant à l’emblématique Licht (1977- grande part de ses sources dans les diverses 2004), ses sept opéras correspondent à liturgies, mythes et rituels : citons le chaque jour de la semaine [notons que théâtre No, la tradition judéo-chrétienne (1968) en faisait déjà mention]. et la tradition védique. Ainsi Licht fait- Et chaque jour est associé à une tradition il directement référence à la théorie de – généralement celle que laisse entrevoir l’Agni de Sri Aurobindo. Et le concept de le nom du jour en question dans la plupart la « superformule » qui régit le cycle dans sa Ircam - Centredes langues latines Pompidouou germaniques. Ainsi globalité s’inspire directement de ce que le lundi (jour de la Lune) est associé à Sri Aurobindo appelle le « Supramental ». la fécondité, le mardi (jour de Mars) au Rituel et mysticisme encore : en 1971, conflit et à la guerre, le mercredi (Mercure) Stockhausen découvre Le Livre d’Urantia, à la réconciliation et à la fraternité (c’est qui l’inspirera durant les trente dernières ce jour-là que Stockhausen choisit pour années de sa vie. Cet ouvrage à vocation réunir ses trois protagonistes), et ainsi de spirituelle et philosophique, écrit suite. entre 1924 et 1955, sans doute par un L’avènement définitif de la formule patient de William S. Sadler, psychiatre de coïncide, du reste, à quelques années Chicago, est présenté par les initiés comme près, avec le Ircamradical tournant - mystique Centre que la cinquième Pompidou révélation de l’histoire connaît Stockhausen, personnellement. de l’humanité. Largement inspirée S’il a toujours été mu par la foi – du christianisme, cette cosmogonie/

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doctrine nourrit également la conviction Au contraire, elles sont étroitement liées du compositeur sur l’existence d’êtres les unes aux autres, par des rapports supérieurs extraterrestres, une conviction d’échelle. Klang se tournant résolument qui s’exprime de manière apparente jusque vers la contemplation du son, après avoir dans sa musique. Stockhausen affirme du regardé en face, pendant près de trente ans, reste se considérer comme un simple poste la lumière (Licht) divine, ce retour vers la de réception de signaux extraterrestres nature du son se justifie pleinement. qu’il se contente de retranscrire. Le Livre La forme globale et, même, les modalités d’Urantia (Urantia étant le nom donné à de représentation scénique, spécifiées sur la Terre) lui fournira une partie des titres la partition, reflètent le projet : à chaque des pièces qui composent son cycle Klang heure est attribuée une couleur (selon la (2004-2007). théorie de Wilhelm Ostwald (1853-1932), Si Klang reste dans le ton du rituel (en prix Nobel de chimie en 1909), laquelle illustrant les 24 heures de la journée), couleur doit être celle des vêtements des Stockhausen s’écarte cependant de musiciens lorsqu’ils interpréteront l’heure l’utilisation systématique et zélée de la en question ! Même à l’échelle du cycle formule – peut-être par lassitude, ou complet, la structure d’une journée est la peut-être pour respecter une vision plus 13e heure, intitulée Cosmic Pulse est-elle vaste –, que la mort ne lui a pas permis de illuminée d’un jaune brillant et ensoleillée, concrétiser. Le cycle entier s’élabore sur marquant ainsi le . Ircam - Centreune série de 24 (nécessairement, Pompidou dira-t- La mort emporta le compositeur alors qu’il on) notes couvrant deux octaves – série travaillait aux trois dernières heures. Sens sur laquelle il avait déjà composé de la formule et rituel du sens, on ne peut (1955-1957) – et figure un retour vers le s’empêcher de voir un signe du destin dans grand principe générateur de Kontakte : le titre de la 21e heure, sur laquelle le cycle l’unité du temps musical. Clairement s’inachève : Paradies… expliqué dans son essai sur le temps musical de 1960, ce principe dit que les trois paramètres essentiels qui définissent le son – la hauteur, la durée et le timbre – relèvent chacunIrcam d’un type différent- Centre de Pompidou perception temporelle, sans que ces trois catégories ne soient en rien cloisonnées.

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Ircam - Centre Pompidou | STOCKHAUSEN final KARLHEINZ STOCKHAUSEN Klang, 5. Stunde – Harmonien Klang, 6. Stunde – Schönheit

Pour trompette Tout est dans le sous-titre : le projet de ce Klang, 5. Stunde – Harmonien dernier cycle de Stockhausen comprenait Durée : 15 minutes vingt-quatre partitions de chambre (solos, Cycle : Klang – Die 24 Stunden des Tages duos, trios, septuors ou électronique pure), Création : le 8 novembre 2008 par chacune représentant une heure du jour. Kathinka Pasveer à Londres Bien que moins monumental que son 2004-2007 (inachevé) prédécesseur, Licht (1977-2004) – cycle Éditions : Stockhausen-Verlag qui comprend sept opéras, un par jour de la semaine, et dure près de trente heures Pour flûte, clarinette basse, trompette – Klang, par sa forme et son projet, lui fait Ircam - CentreKlang, 6. Stunde – SchönheitPompidou indéniablement pendant. Quand le premier Durée : 20 minutes mettait en avant la lumière (Licht), celle des Cycle : Klang – Die 24 Stunden des Tages étoiles et du soleil, le second se recentre Création : le 8 novembre 2008 par sur l’univers invisible du son. Un son qui, Kathinka Pasveer à Londres pour Stockhausen, est avant tout intérieur : Éditions : Stockhausen-Verlag « une voix mystique venue de l’au-delà, qui accompagne la voix de la conscience, en allemand : die Stimme des Gewissens » (Stockhausen 2006 a, 10). Harmonien (5e heure), pour clarinette basse Ircam - Centreou flûte Pompidou ou trompette, est d’un léger vert bleuté. « Harmonien, écrivait Stockhausen en 2007, naît d’une succession de groupes

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mélodiques. À la fin de chaque groupe, Le trio Schönheit était en réalité destiné toutes les hauteurs de note sont reprises à clore la 5e heure – qui était au départ très rapidement, sans rythme et distribuées composée des trois versions de Harmonien dans tous les registres, afin que la mélodie sur les trois instruments différents (flûte, produise un effet harmonique, comme une clarinette basse, trompette), suivies de ce corde vibrante. » trio qui en reprend le matériau musical. Dans sa version pour trompette, le Fin 2006-début 2007, le compositeur musicien doit, entre les quatre notes abandonna cette idée et décida de introductives de la partition, déclamer regrouper certaines heures en sous- « Lob sei Gott » – « Dieu soit loué ». cycle. Le trio prit donc sa place en sixième Il est à noter que le mot « Harmonien » position et les heures/œuvres suivantes, apparaît déjà dans Türin, dit par titrées de ces fameux « mots nobles », Stockhausen lui-même – de même seront toutes des trios élaborés à partir du que tous les titres des heures 6, 7, 8, matériau initial exposé dans Harmonien. 9, 10, 11 et 12 de Klang (donc toutes les D’après le trompettiste Marco Blaauw, heures de la matinée). Œuvre purement il s’agit là, « comme l’Art de la Fugue électronique, Türin a été réalisée en de Bach, d’une œuvre de synthèse qui deux jours à peine pour accompagner exige de l’auditeur un effort intellectuel l’enregistrement discographique de la considérable ». 4e heure (Himmels-Tür). Tous ces mots Tout comme dans la version pour trompette Ircam - Centresont, selon Stockhausen, Pompidou des « mots de Harmonien, les trois musiciens doivent nobles » : Harmonien (harmonies), ponctuer les accords introductifs de cette Schönheit (beauté), Balance (équilibre), 6e heure/œuvre par les mots « Lob sei Glück (félicité), Hoffnung (espoir), Glanz Gott ». (gloire), Treue (fidélité), Erwachen (prise de conscience). Schönheit (beauté) vient donc illustrer la 6e heure. Sa couleur est le bleu turquoise et l’heure/œuvre est destinée à un trio composé d’une flûte, d’une clarinette basse et d’une trompetteIrcam (on reconnaît - auCentre passage Pompidou les trois instruments sur lesquels peuvent se jouer Harmonien).

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Ircam - Centre Pompidou | STOCKHAUSEN final ERIC MAESTRI Celestografia, musica musicans

Pour voix, violon, piano, claviers et des interprétations psychologiques des électronique couleurs et des formes, comme un proto- Durée : 23 minutes expressionnisme. Pièce réalisée dans le cadre du Cursus de C’est la deuxième pièce que j’écris avec composition et d’informatique musicale ce titre. Bien que très différentes, les (2e année) avec l’encadrement pédagogique deux partitions ont en commun une d’Emmanuel Jourdan. même démarche, un même point de Éditions : Suvini Zerboni, Milan vue existentiel sur la musique et une [ Création cursus 2 même logique musicale qui est celle d’une exploration des automatismes du Eric Maestri, à quoi se rapporte le titre compositeur (moi, en l’occurrence). de votre nouvelle pièce, « Celestografia », En quoi cette démarche compositionnelle Ircam - Centrelittéralement « dessinPompidou céleste » ? s’apparente-t-elle à la technique La « célestographie » est une technique photographique développée par photographique qui consiste à retravailler, Strindberg ? à la peinture, des plaques métalliques Chez Strindberg, la peinture du ciel iodées, préalablement exposées à la (matériel céleste) est interprétée par le lumière du ciel étoilé (sans utilisation de peintre, qui y projette en sus sa propre lentille ou d’objectif). Mise au point par psyché. Ma démarche est exactement la August Strindberg – si on le connaît surtout même : je substitue seulement au matériau comme dramaturge, Strindberg était aussi primaire qu’est le ciel les attentes sociales photographe et peintre, ce qu’on sait moins quant à la musique. La photographie n’est –, cette techniqueIrcam annonce d’une- certaineCentre plus cellePompidou de la voûte céleste, mais celle de manière l’expressionnisme abstrait l’espace social ou de l’espace public. américain, à la différence que ce sont là Assez figurative, ma musique tisse une

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forte relation entre espace externe (logique décomposé par la musique. Partant du sociale de l’écoute quant aux formes texte intégral, le processus de composition musicales et aux relations avec le public) musicale a exigé de l’élaguer, jusqu’à n’en et espace interne. Les stratégies publiques garder que quelques bribes. deviennent stratégies privées. Je joue ainsi Il ne faut pas espérer comprendre le texte avec les attentes du public, pour dévoiler la chanté : des sept propositions de L’Ethique musique par la musique, l’art par l’art. que j’avais choisies au départ, je n’en ai Cette idée de « musique dévoilée par exploité que trois, et il n’en reste plus que la musique » renvoie au sous-titre de quelques mots voire quelques syllabes. l’œuvre : musica musicans… S’il n’est pas compréhensible, pourquoi Musica musicans fait référence au Natura avoir gardé ce texte de Spinoza ? naturans de Spinoza (la nature en elle- Parce que l’idée musicale me vient de lui, même). Pour moi, elle signifie simplement tout simplement. Même si le texte n’a pas l’acte de composer : on part d’une idée sans de sens dans la partition, il a une logique savoir où elle nous mènera. La composition musicale. va bien au-delà de la fiction. Quel est le rôle de l’électronique au sein C’est également chez Spinoza que vous de ce projet compositionnel – ce jeu avec avez pris le texte chanté : la pensée de les attentes du public ? Spinoza vous accompagne-t-elle depuis L’électronique en est protagoniste à part longtemps ? entière. Son rôle est d’interrompre le Ircam - CentreQuelques années. LaPompidou philosophie fait partie cours du discours, celui de la voix ou celui de mon bagage intellectuel et culturel – j’ai des instruments. Lorsque l’on regarde un fait des études de philosophie en parallèle tableau cubiste, on tombe parfois sur une à mes études musicales. Je l’ai laissée de perspective totalement inattendue et le côté car son mode de pensée purement regard se brise à cet endroit-là : de même, analytique m’apparaissait alors comme par la surimposition de ses timbres souvent inhibiteur du travail artistique. étranges, l’électronique est ici catastrophe, Comment exploitez-vous le texte de au sens de rupture, de cassure de la forme. Spinoza ? Par exemple, des sons diffusés par des Il est intégré au processus de composition haut-parleurs placés dans la caisse du et se soumetIrcam à l’écriture. Ainsi, - pour Centre des piano, Pompidouavec la pédale forte enfoncée, font raisons musicales, le texte est traduit en sortir de l’instrument des couleurs tout à italien. Plutôt que mis en musique, il est fait inattendues, pleines d’harmoniques,

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tout en localisant très précisément le son. Pourquoi travailler avec des En quoi consiste justement synthétiseurs ? l’électronique ? L’avantage énorme que présente la synthèse Le gros défi a été de créer les deux sonore, c’est de pouvoir composer en synthétiseurs, joués par la même personne entendant des sons. Au surplus, ce sont des sur deux claviers placés sur scène avec les sons que l’on façonne nous-mêmes : on autres instrumentistes. Le premier est un utilise alors l’électronique comme un piano synthétiseur vocal. Il figure un « chœur » ou un violon, en apprenant sa technique. – principalement construit à partir Propos recueillis par Jérémie Szpirglas d’échantillons de la voix de la chanteuse – et est diffusé sur des enceintes juste derrière les claviers (il n’y a pas de spatialisation, tout est frontal). Le second est un plus « instrumental » : je le réalise entièrement en essayant de lui donner une identité propre. Enfin, une troisième électronique plus « orchestrale » vient compléter le tableau. Comment l’électronique s’insère-t-elle au sein de l’ensemble, qui est somme Ircam - Centretoute essentiellement Pompidou chambriste : voix, piano et violon. J’ai justement voulu préserver ce caractère chambriste. J’y tiens : j’aime la nudité du musicien dans la formation de chambre.

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Ircam - Centre Pompidou | STOCKHAUSEN final Mouvement (– vor der Erstarrung) (1982-1984)

Pour ensemble Mouvement (– vor der Erstarrung) évoque Durée : 24 minutes les derniers mouvements réflexes qui Commande : Ensemble intercontemporain agitent le corps avant de se figer dans la Dédicace : À Peter Eötvös mort : les ultimes convulsions et la pseudo- Création : 12 novembre 1984, à Paris, par activité du trépas. Des bribes de rythmes l’Ensemble intercontemporain sous la vides – triolets frénétiques, sortis d’une direction de Peter Eötvös mécanique disloquée – témoignent déjà Éditions : Breitkopf & Härtel de cette paralysie interne qui précède la paralysie totale. (Comme la coccinelle renversée sur son dos – qui continue à se débattre vainement et, se rendant compte au même instant de son anatomie et de Ircam - Centre Pompidou l’inutilité de son combat – cherche une autre échappatoire, on contemple là l’image du renoncement aux utopies, face à une menace imminente.) Dans les différentes illustrations sonores qui jalonnent l’œuvre, de l’« archet- machine » au « point d’orgue flottant », en passant par les « champs tremblotants », les « palpitantes allers et venues frénétiques », et jusqu’au « cher Augustin » et autres Ircam - Centresituations-variations Pompidou qui en résultent, l’accent est mis sur le procédé mécanique associé au geste et l’on utilise ainsi

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délibérément et exclusivement ce que ces moyens de conjuration du vide ont de vain, jusqu’à ce que l’expressivité elle-même perde tout son sens. La musique incarne ainsi une vie faite de sursauts et de décomposition. Cette décomposition n’est pas traitée ou, pire, célébrée, en tant que processus naturel, mais plutôt suggérée par la fracture du son (c’est-à-dire par la modification « mélodique » du facteur de distorsion, dans le cas des événements percussifs, ou par le recours à la sourdine, etc.). Résultat, il m’a été possible, en me retenant, de rester dans le domaine d’un langage similaire, et de composer avec des sons « vierges ». Malgré la tentation, j’ai pu ne pas m’évader vers des sons plus exotiques : réutiliser des sons non altérés était le seul moyen pour moi de prouver l’importance Ircam - Centreque revêtent, non seulementPompidou la fracture des sons, mais aussi la tentative de déconstruire nos pratiques de perception pour les redécouvrir en nous-mêmes. Helmut Lachenmann, 1984

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Ircam - Centre Pompidou | STOCKHAUSEN final FRANCESCO FILIDEI Ballata (2011)

Pour orgue, ensemble et électronique autres les musiques de Sylvano Bussotti Durée : 15 minutes et Salvatore Sciarrino – lequel j’allais Commande : Ircam-Centre Pompidou bientôt rencontrer au conservatoire de Éditions : Rai Trade Florence, où j’étudiais déjà l’orgue. C’est Dédicace : à Jean Guillou du reste ce dernier qui m’attira le plus. [ Création À cette époque, j’avais déjà commencé à représenter ma musique au moyen Entretien croisé avec Francesco Filidei de dessins, de gestes sur le papier, et je (compositeur) et Lorenzo Bianchi découvrais également toute une famille réalisateur en informatique musicale de sons ou de bruits inhabituels, c’est-à- (RIM) dire sortant de toute rationalité. Partant du constat que la plupart des instruments Ircam - CentreFrancesco Filidei, Pompidoucomment êtes-vous sont anthropomorphes, car ils naissent devenu le compositeur que vous êtes ? de la volonté de l’homme de donner vie Francesco Filidei : Mes premières à l’inanimé et de faire chanter les objets, rencontres déterminantes furent, je je produisais des sons en caressant par m’en souviens, l’opéra De temporum in exemple la caisse ou le clavier d’un piano : fine commedia de Carl Orff – un ouvrage nous étions en été, il faisait très chaud, et le qui reste très important pour moi par piano était un peu moite, ce qui donnait un son rapport aux corps et aux bruits – puis crissement aigu et étouffé. – dont l’écoute, ou plutôt la Lorsque j’ai exposé tous ces matériaux à non-écoute, me faisait invariablement Sciarrino, il m’a aussitôt conseillé d’écrire éclater d’un Ircamrire hystérique. Puis,- grâceCentre à avec – etPompidou ce fut Textures, ma première pièce, la collection Ricordi, j’ai découvert entre pour laquelle j’avais mis au point une

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notation spécifique [à partir de celle de Dans le Concerto pour violoncelle, c’était la Labanotation, notation du mouvement une gamme chromatique unique. Ici, ce inventée en 1928 par Rudolf Laban (1879- sont deux gammes en miroir, partant de la 1958)] pour mieux exploiter ce nouveau même note : do-do, si-do#, sib-ré, etc. matériau sonore : nier le son, n’utiliser Cela se rapproche dangereusement de que les bruits de la mécanique, ce que le la tonalité ! Même s’il n’y a là ni jeu de son instrumental cache habituellement. tension/détente ni cadence… Ces bruits sont considérés comme des F.F. : J’ai fait un tel carême de tout son et « fautes », mais si ces fautes ne relèvent pas hauteur de son pendant dix ans, que je me de la volonté du musicien, de qui relèvent- sens aujourd’hui très libre de jouer avec ce elles ? Peut-être de l’instrument lui- genre de concepts, aussi près soient-ils de même… la tonalité. Ensuite, je me suis intéressé à un jeu sur la Comment ces sections s’articulent-elles série et les registres : avec une idée de base sur chaque note ? parfois plus simple encore que la tonalité F.F. : Étant organiste, la basse (celle qui, (une gamme de do, ou juste les cordes à en baroque, s’appelle « basse continue ») vide des instruments à corde), je me sens est pour moi essentielle : la structure doit parfois plus libre de m’exprimer. rester la plus forte et la plus claire possible Poursuivant sur le chemin des bruits, je – ce sont finalement sur les fondations les me suis dans le même temps beaucoup plus simples qu’on peut bâtir les édifices Ircam - Centreintéressé aux appeaux Pompidou et aux oiseaux. Dans les plus complexes. Il n’y a donc qu’un Concertino d’Autunno (2007), je reprends seul mouvement avec douze sections le Concerto « L’automne » de Vivaldi en (correspondant aux douze notes). L’idée renforçant le modèle naturel au moyen de était de prendre le temps d’explorer une ces appeaux. note, une couche sonore et les mélodies Comment votre création, Ballata, s’inscrivant autour de cette note ou dans s’inscrit-elle dans ce parcours ? son spectre – après quoi on « module » F.F. : Elle se rapproche de mon Concerto pour passer à la note suivante. Jusqu’à pour violoncelle (2009), avec lequel elle présent, avec mes bruits instrumentaux et partage son principe générateur : une autres appeaux, mon travail s’apparentait au structure quiIrcam repose sur une -gamme Centre seul noirPompidou et blanc, ou au dessin au fusain. chromatique, chaque section étant Remplir de sons ces contours revient donc construite sur une note de cette gamme. aujourd’hui à y mettre de la couleur.

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Au sein de chaque section, et donc pour Avez-vous déjà écrit des œuvres avec chaque note, on fait l’expérience des électronique ? différentes situations expressives que peut F.F. : Quelques-unes. J’ai fait une pièce ici, susciter la note en question, en termes à l’Ircam, au cours de mon stage du de couleurs : sans être synesthète comme Cursus 1, Programming Pinocchio, qui Messiaen, chaque note convoque pour moi consistait à faire parler le piano au moyen une teinte. Chaque section a son identité de synthèse par modèle physique (toujours acoustique, ouverte ou concentrée, sèche cette idée de faire chanter l’inanimé). Puis ou généreuse, etc. j’ai fait une pièce au Studio expérimental de Ballata représente votre première œuvre Fribourg-en-Brisgau , où les instruments d’une certaine importance pour orgue, étaient les ordinateurs eux-mêmes : ce qui est étonnant pour un organiste. la pièce consistait en la composition Pourquoi y venir si tard ? (électronique) de la pièce elle-même. F.F. : Jusqu’à présent, j’avais peur de Trois réalisateurs en informatique confronter mes deux activités majeures. musicale (RIM) « jouaient » de leurs Le métier d’improvisateur organiste, ordinateurs (clavier et souris), comme on et ses gestes prédéterminés, ne doit jouerait d’un instrument : le geste des RIM surtout pas interférer avec la démarche reprenait ainsi son rôle musical premier. compositionnelle. D’un autre côté, tout cela Comme un serpent qui se mord la queue ! fait partie du jeu – comme l’interprétation Aujourd’hui, clavier et logiciel ont Ircam - Centredes trilles, par exemple… Pompidou doit-on en noter changé : la pièce n’aurait sans doute plus toutes les nuances, toutes les inflexions ? le même visage… Dans les Concertos de Haendel, qu’il F.F. : Oui, sans doute. Pour revenir à créait lui-même, l’essentiel de la partie l’électronique, Ballata représente ma soliste est laissé aux bons soins du talent première expérience dans le domaine improvisateur du soliste. Dans Ballata, du temps réel. Et c’est là que l’apport je ne sais pas jusqu’à quel point je vais de Lorenzo Bianchi, réalisateur en écrire la partie d’orgue. On devrait revenir informatique musicale à l’Ircam qui a à l’idée « première » de l’organiste, celle travaillé avec moi sur l’électronique, a été d’un musicien qui, voyant sa partition, essentiel – il joue un rôle d’orchestrateur comprend aussitôtIrcam ce qu’il doit- faire.Centre ou presque. Pompidou Que l’organiste soit interprète et non pas exécutant.

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Lorenzo Bianchi, Ballata est votre rôle précis de l’électronique, et, d’autre première collaboration avec Francesco part, de composer avec l’acoustique de Filidei, comment s’est passé le travail ? l’église Saint-Eustache pour en maîtriser Lorenzo Bianchi : Si c’est moi qui réalise l’hallucinante réverbération. Notre l’électronique, c’est Francesco qui la (énorme) travail de spatialisation relève ici nourrit. De mon côté, je lui ai présenté plus de la contrainte que de l’effet. mes outils, mon environnement de F.F. : La spatialisation joue ici un rôle de travail – dans lequel j’ai accumulé un second plan sonore, qui ouvre l’église certain nombre de processus. Lui est Saint-Eustache comme un nouveau champ arrivé avec en tête un certain nombre de acoustique. timbres ou d’effets qui l’intéressaient. Quel est donc le lieu spécifique de Nous avons alors passé beaucoup de l’électronique que vous avez choisi temps à échantillonner les instruments de d’exploiter ? l’ensemble (flûte, clarinette et les cordes) L.B. : Cela varie d’une section à l’autre. ainsi que les appeaux d’oiseaux, qui le Pour chacune, nous avons redéfini le fascinent ces derniers temps, pour tester territoire de l’électronique. De manière les différents traitements. La structure générale, nous abordons l’électronique générale et les lignes de force ne se sont comme un instrument – dans sa spécificité, éclaircies qu’assez tard dans le processus. bien entendu, c’est-à-dire avec ses F.F. : Nous nous sommes vite rendu compte paramètres et timbres propres, distincts Ircam - Centreque les sons des instruments,Pompidou tels que je les des autres instruments. L’électronique emploie habituellement, sont déjà l’objet figure un espace métaphorique, meublé de traitements en eux-mêmes. Non pas par de sons impossibles à produire par des un processus électronique, mais par mon instruments. habitude de chercher toujours des sons Propos recueillis par Jérémie Szpirglas instrumentaux dans le sens large du terme – plutôt des bruits instrumentaux. Ce sont en somme des sons déjà singuliers, qui ont en eux une qualité sonore que nous ne voulions pas perdre. L.B. : Les deuxIrcam défis majeurs - étaient Centre donc, Pompidou d’une part, de ne pas abîmer l’écriture instrumentale, de trouver le lieu et le

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Ircam - Centre Pompidou | STOCKHAUSEN final FRANZ LISZT Fantaisie et fugue sur le nom de B.A.C.H

Version syncrétique par Jean Guillou d’unifier ces trois versions et de nous en Pour orgue livrer une méta-version (qu’il a appelée Durée : 13 minutes Fantaisie et Fugue) qui serait peut-être, Éditions : Schott hypothétiquement, la version que Liszt lui-même aurait pu écrire pour un orgue « Connu pour remettre maintes fois contemporain. » l’ouvrage sur le métier, Franz Liszt a écrit Francesco Filidei trois versions de son B-A-C-H, hommage Propos recueillis par Jérémie Szpirglas au Cantor de Leipzig, composé à partir des lettres de son nom [B (sib), A (la), C (do), H (si#)]. La première version date de 1855- 56 : elle est écrite pour orgue, et intitulée Ircam - CentrePrélude et Fugue. La Pompidoudeuxième , en 1869- 1870, est à nouveau pour orgue et à nouveau intitulée Prélude et Fugue. La dernière version, appelée Fantaisie et Fugue (1870) cette fois, est en revanche destinée au piano. L’organiste Jean Guillou – titulaire de l’orgue de Saint-Eustache, mon maître et dédicataire de Ballata – a pris sur lui

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Ircam - Centre Pompidou | STOCKHAUSEN final HARRISON BIRTWISTLE Cortege, a ceremony (2007)

Pour ensemble et, d’autre part, les différents solistes qui Durée : 15 minutes tour à tour sortent du cercle, s’avancent Commande : Southbank Centre pour vers le centre pour jouer leur , et la réouverture du Royal Festival Hall retournent ensuite, le solo terminé, Création : le 11 juin 2007 à Londres, reprendre leur place dans le rang. De tous par le London Sinfonietta ces mouvements prédéterminés naît une Éditions : Universal Edition performance musicale saisissante, une cérémonie rituelle qui unit l’individu Harrison Birtwistle use dans sa musique et le collectif, l’ensemble ne semblant de gestes dramaturgiques et scéniques – jamais accompagner le soliste, mais bien même dans des domaines qui ne relèvent plutôt l’enlacer de ses gestes et de ses pas du théâtre musical. Loin de vouloir mouvements. Ircam - Centresuggérer quelque personnagePompidou ou illustrer (Sources : musikFabrik) quelque action, il veut ainsi mettre en avant le caractère semi-théâtral du concert et de l’interprétation musicale. C’est certainement le cas dans Cortege, nouvelle version de Ritual Fragment qui, sous-titrée « cérémonie pour 14 musiciens à la mémoire de Michael Vyner » est un hommage à cet ancien directeur artistique du London Sinfonietta, créateur de l’œuvre. Dans CortegeIrcam, il y a d’une part - l’ensemble, Centre Pompidou qui joue son rôle disposé en demi-cercle

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Ircam - Centre Pompidou | STOCKHAUSEN final Biographies des compositeurs

Harrison Birtwistle (né en 1934) À la direction du National Theater de Harrison Birtwistle commence la clarinette Londres de 1975 à 1982, il y réalise de dans la fanfare locale de sa ville natale. nombreuses pièces parmi lesquelles Après un prix de clarinette et des études Oresteia (1981) où les chœurs sont déclamés de composition avec Richard Hall au Royal sur le modèle grec antique. Outre la College of Music de Manchester, il entre tragédie, Birtwistle se passionne pour à la Royal Academy of Music de Londres, la musique du Moyen-Âge, le mythe, la puis au Royal Liverpool Philharmonic. Avec pastorale et le folklore. quelques condisciples (dont Peter Maxwell De 1994 à 2001, il enseigne au King’s Davies), il crée en 1953 le New Music College de Londres puis à la Royal Academy Manchester Group. of Music. Cette période prolifique voit En 1965, il crée Tragœdia pour ensemble, également la naissance d’opéras ainsi Ircam - Centrequi révèle sa fascination Pompidou pour le théâtre que d’importantes pièces d’orchestre et antique et annonce Punch and Judy de musique de chambre. Deux nouvelles (1966-1967) – une œuvre de théâtre pièces pour le théâtre ont été créées musical empreinte d’une temporalité récemment : The Corridor (2008) et Semper non-narrative, s’éloignant de la tradition Dowland, semper dolens (2009). opératique. Monodrama (1967) est ainsi produit sur le modèle de la tragédie Francesco Filidei (né en 1973) grecque : à un seul acteur sont attribués Francesco Filidei est diplômé du plusieurs rôles. Dans les années qui conservatoire de Florence (premiers prix suivent, Birtwistle élargit l’esprit du théâtre d’orgue et de composition). Il suit ensuite musical aux piècesIrcam instrumentales, - Centre où les les cours Pompidou de perfectionnement de Salvatore instruments deviennent des personnages. Sciarrino et Jean Guillou à Zurich. De

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1999 à 2005, il étudie la composition au du jeu instrumental de l’orgue. Concepteur Cnsmdp avec et Frédéric d’une nouvelle pensée organologique, il fait Durieux et l’analyse avec Michaël Levinas. appliquer ses idées novatrices par la facture Parallèlement, il participe au Cursus de de nouveaux instruments. Également composition et d’informatique musicale pianiste, il a ressuscité la Sonate pour piano de l’Ircam en 2001-2002 où il suit de Julius Reubke, un élève de Liszt mort l’enseignement de – et à à vingt-quatre ans après avoir laissé deux la session de composition Voix Nouvelles à chefs-d’œuvre. Il a aussi inauguré, en 2002, Royaumont en 2004. au Teatro Olimpico de Vicenza et à l’Opéra Ses œuvres, éditées par Rai Trade et Ars royal de Versailles, le piano-pédalier Publica, sont interprétées par diverses Borgato. Comme improvisateur, il donne de formations comme l’Itinéraire, Alter nouvelles impulsions à une improvisation Ego, Cairn, L’Instant donné, le Nouvel authentiquement créatrice, libérée des Ensemble Moderne, Atelier XX, Ars schémas du passé. Ludi, l’Ensemble intercontemporain, le Comme compositeur, il a depuis ses , l’ensemble Recherche, jeunes années élaboré et développé un 2e2m et l’orchestre symphonique de la Rai monde musical singulier, d’une éloquence ou celui de la Radio de Vienne. dramatique puissamment individualisée. Francesco Filidei est compositeur en Il a ainsi découvert une nature nouvelle résidence à l’Académie Schloss Solitude à la palette de l’orgue, et cherché à faire Ircam - Centreà Stuttgart en 2006 Pompidou et membre de la Casa vivre celui-ci en confrontation avec le de Velázquez à Madrid en 2007 pour deux piano (Colloques n° 2, 4, 5, 7) ou d’autres ans. En 2010, il est nommé professeur de instruments. Son univers se livre aussi composition au festival Voix Nouvelles de à travers la musique symphonique et Royaumont et en 2011 il est professeur concertante, la musique vocale, la musique invité à l’université d’Iowa et à l’Académie de chambre et des œuvres pour piano. Son Takefu. œuvre est désormais publiée par Schott Musik. Jean Guillou (né en 1930) Écrivain, Jean Guillou a par ailleurs livré Jean Guillou exprime sa créativité à de nombreux textes sur la musique, travers de multiplesIrcam facettes -de sonCentre art. des exégèsesPompidou littéraires et des poèmes. Comme interprète, il a su faire reculer Pédagogue, il a enseigné de 1970 à 2005 au considérablement les limites techniques Meisterkursus de Zurich.

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Helmut Lachenmann (né en 1935) donne des séminaires de composition à Helmut Lachenmann commence à étudier Darmstadt, Bâle, Toronto, Buenos-Aires, le piano (avec J. Uhde) et la théorie et la Santiago du Chili, Tokyo et Akyoshida au composition (avec Johann Nepomuk David) Japon, à Viitasaari en Finlande, au Brésil, dans sa ville natale de Stuttgart de 1955 à ainsi qu’au Centre Acanthes et à la Juilliard 1958. Il poursuit ses études à Venise, auprès School de New York. de , lequel aura une influence déterminante sur lui. Il revient en Eric Maestri (né en 1980) Allemagne en 1961, et verra les premières Eric Maestri étudie la composition à exécutions de ses œuvres (Biennale de Brescia, Turin et Strasbourg auprès de Venise, Cours international de Darmstadt) Gilberto Bosco puis d’Ivan Fedele. Par en 1962. ailleurs, il étudie la philosophie et la Après un stage au Studio électronique musicologie. Il reçoit une mention à de Gand et un premier prix (celui de la Aberdeen MusicPrize en 2004 pour son ville de Munich) en 1965, il enseignera à quatuor à cordes Sul ponte sul mare. Puis il la Musikhochschule de Stuttgart (1966- participe au Centre Acanthes en 2007 et 1970), à Ludwigsburg (1970-1976), et sera 2008. En 2009 et 2010, il est sélectionné nommé ensuite professeur de composition par l’Ircam pour suivre le Cursus de à Hanovre (1976-1981) puis à Stuttgart composition et d’informatique musicale 1 (1981-1999). où il réalise Ritratto vivente. En 2010, il est Ircam - CentreSe lançant, dès 1959, Pompidou dans une exploration invité à Darmstadt où est créé Y. K. systématique des différents modes de jeu Sa musique est jouée à l’ISCM-Meridien instrumentaux, Helmut Lachenmann fait (2008), à l’Akiyoshidai Summer au Japon des bruits du jeu instrumental et de leur (Ess…, 2009), au Konzerthaus à Berlin, qualité énergétique le projet même de son par l’ensemble Berlin PianoPercussion œuvre, et développe un langage ; il ouvre au Brandenburger Theater (Endeared, ainsi un nouvel horizon à la musique : la 2010), par le collectif l’Imaginaire, « musique concrète instrumentale » ou musiques d’idées, dont il est le fondateur « Klangrealismus », qui unit son et bruit. et le directeur artistique, les ensembles Lauréat de nombreux prix internationaux Insomnio (Tracce della luna créé en 2008 à et bourses, HelmutIrcam Lachenmann - estCentre invité la Gaudeamus Pompidou Music Week), Xenia (Pieghe, comme compositeur en résidence par 2007), l’Orchestre national de Lorraine, quelques prestigieuses institutions et l’Arsenal (Aus tiefer Noth, 2009), le Chœur

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de chambre de Strasbourg (Tre pitture, 1950, mais présente dès les premières 2007-2008). œuvres et jusqu’à l’immense opéra Licht En 2010-2011, il compose Celestografia (1977-2002). Vecteur direct d’une foi pour le quatuor Prometeo et Valentina profonde qui a irrigué toute sa création, Coladonato, commande de la Fondazione le principe mélodique reflète le rapport Spinola-Banna per l’Arte, ainsi que de Stockhausen au monde, parvenu à Celestografia, musica musicans pour l’apaisement dans ses dernières œuvres qui Elizabeth Calleo et l’ensemble musikFabrik, composent le cycle inachevé Klang (Die 24 aboutissement de son projet de Stunden des Tages). Karlheinz Stockhausen composition dans le cadre du Cursus 2 à meurt en décembre 2007 à Kürten près de l’Ircam. Cologne.

Karlheinz Stockhausen (1928-2007) Stockhausen suit dès l’été 1950 les cours de Darmstadt, où il forge les grands axes de toute son œuvre à venir. Il découvre Schönberg, Webern puis Messiaen dont il rejoindra la classe à Paris en 1952. La découverte de la musique concrète avec l’oriente vers le champ Ircam - Centrede l’électronique. GesangPompidou der Jünglinge (1956), qui en restera la référence historique, contient déjà l’essentiel de sa puissance créatrice : unité globale résorbant l’hétérogénéité du matériau, exploration de l’espace (Gruppen pour trois orchestres, 1958 ; Kontakte, 1960) et du temps (, 1967). De la notation la plus millimétrée aux musiques intuitives où disparaît toute écriture musicale, la puissance deIrcam son œuvre multiple - résideCentre Pompidou dans la mélodie, mise en retrait au temps du sérialisme orthodoxe des années

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Ircam - Centre Pompidou | STOCKHAUSEN final Biographies des artistes

Marco Blaauw, trompette , Peter Eötvös et bien Né en 1965, Marco Blaauw fait ses études d’autres. Il a également collaboré avec au conservatoire Sweelinck d’Amsterdam, ardeur avec Karlheinz Stockhausen. En plus et les poursuit auprès de Pierre Thibaud et de ses en tant que soliste, Marco Markus Stockhausen. « La première fois Blaauw est membre de musikFabrik. que j’ai entendu de la nouvelle musique à la télévision, j’étais enfant : j’ai vu le public se Elizabeth Calleo, soprano boucher les oreilles avec les mains. C’était Née en Italie, la soprano américaine exactement ce que je recherchais : que la Elizabeth Calleo grandit à Salzbourg, dans musique exige du public un effort, qu’elle le une famille de musiciens. Elle poursuit surprenne. » sa formation aux États-Unis à la Eastman Pourquoi la trompette ? Dans un premier School of Music et à l’Academy of Vocal Ircam - Centretemps, ce fut davantage Pompidou une décision Arts, où elle incarne déjà les grands rôles d’ordre pratique : « J’ai grandi dans un du répertoire. Elle fait ses débuts en Gretel village. Il y avait là un petit orchestre (Hänsel und Gretel) à l’Opéra d’Omaha qui avait besoin d’une trompette. » Mais (Nebraska, États-Unis) Depuis, elle partage ensuite : « La trompette a été négligée à sa carrière entre opéras et concerts en bien des égards. Je me suis donc donné solistes dans divers oratorios baroques la mission de développer la technique de ou classiques. Très active en France, elle l’instrument et de susciter l’intérêt des se fait une spécialité de l’opéra baroque compositeurs pour la trompette. » français, en chantant Campra avec Jean- Les résultats sont éloquents : Marco Blaauw Claude Malgoire ou Lully avec Christophe a inspiré et crééIrcam des œuvres de- R ichardCentre Rousset, Pompidou et reçoit pour cela des bourses Ayres, Martijn Padding, Gijsbrecht Roye, du Rotary International et Harriet Wooley.

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Elle n’en néglige pas pour autant le reste du prestigieux professeur Tibor Szász à la répertoire et chante par exemple Papagena Musikhochschule de Fribourg-en-Brisgau dans La Flûte enchantée de Mozart avec (Allemagne). Marc Minkowski et, en tant que jeune Il se produit en récital dans toute l’Europe, artiste rattachée à l’Opéra de Montpellier, en Amérique du Nord et en Extrême- elle chante les rôles de Zaïde de Mozart et Orient, et en soliste avec des orchestres Morgana dans Alcina de Haendel, toujours espagnols, hollandais et allemands. sous la direction de Christophe Rousset. Avec un répertoire s’étendant du baroque à Plus récemment, elle aborde les répertoires la musique contemporaine, Alfonso Gómez des xxe et xxie siècles, notamment au sein a créé de nombreuses œuvres, notamment de T&M. Elle est Anne Trulove dans The comme pianiste de l’ensemble Sinkro, Rake’s Progress de Stravinsky au théâtre spécialiste des musiques d’aujourd’hui de l’Athénée dirigé par Franck Ollu, et et en collaborant avec les ensembles chante dans Massacre de Wolfgang Mitterer, allemands Chronophonie (Fribourg-en- dirigé par Peter Rundel et mis en scène Brisgau) et musikFabrik (Cologne). par Ludovic Lagarde. En mai 2011, elle Aujourd’hui, sa discographie compte crée le rôle-titre de The Second Woman, six volumes, et un album consacré opéra de Fréderic Verrière d’après Opening aux 24 Préludes de Debussy sortira très Night de John Cassavetes, mis en scène par prochainement chez Sinkro Records. Guillaume Vincent au théâtre des Bouffes Ircam - Centredu Nord. Pompidou Ulrich Löffler, piano Ulrich Löffler fait ses études à la Folkwang Alfonso Gómez, clavier Hochschule, remporte le prix des cours Né en 1978, Alfonso Gómez commence d’été de Darmstadt, joue en soliste avec le piano à cinq ans. Il étudie d’abord au les orchestres symphoniques de la Radio Conservatoire Jesús Guridi de sa ville bavaroise et de la SWR, et apparaît dans natale de Vitoria-Gasteiz (Pays Basque de nombreux festivals internationaux espagnol) auprès de Patricia Escudero et parmi lesquels le Festival de Salzbourg, d’Albert Nieto. De 1997 à 2001, grâce à une le Festival de musique contemporaine de bourse du Conseil régional d’Álava, il peut Huddersfield et Ars Musica à Bruxelles. compléter saIrcam formation avec -Aquiles Centre delle Il enregistre Pompidou de nombreux volumes, Vigne au Conservatoire de Rotterdam. autant en jazz, qu’en pop ou en musique De 2001 à 2004, il reçoit les conseils du contemporaine. Membre de musikFabrik

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depuis 1990, il se produit souvent dans Suzanne Stephens, clarinette basse des projets ayant recours à l’improvisation Née dans l’Iowa (États-Unis), Suzanne ainsi qu’avec des groupes de rock et de jazz. Stephens fait ses études supérieures de clarinette à Washington auprès de Sidney Kathinka Pasveer, flûte Forrest, à Paris avec Ulysse Delécluse, et Kathinka Pasveer est née en Hollande. avec Jerome Stowell à la Northwestern Au terme de ses études au Conservatoire University, où elle obtient un Bachelor of royal de La Hague auprès de Frans Vester, Music Education et un Master of Music. Elle elle est distinguée par le prix Nicolai complète sa formation à Hanovre auprès de lorsqu’elle reçoit son prix de flûte. Flûtiste Hans Deinzer. principale du Gewestelijk Orchestra de Après avoir remporté, en 1972, Hollande durant sa dernière année d’étude, une médaille d’argent au Concours elle commence dès 1982 à collaborer avec international de clarinette de Genève et le Karlheinz Stockhausen. prix Kranichsteiner à Darmstadt, elle est C’est pour elle que Stockhausen compose Le nommée clarinettiste solo de l’orchestre de Chant de Kathinka ou Requiem de Lucifer pour la SWR de Stuttgart. flûte et six percussionnistes (deuxième Amie intime de Karlkheinz Stockhausen scène de l’opéra Samstag aus Licht) en 1983, durant près de trente ans, elle est l’une de et c’est elle qui le crée à Donaueschingen en ses interprètes et inspiratrices privilégiées : octobre de cette même année. leur collaboration donne naissance à plus Ircam - CentreDepuis lors, Stockhausen Pompidou écrit pour elle d’une quarantaine de partitions pour de nombreuses œuvres dont la plupart clarinette, cor de basset ou clarinette lui sont dédicacées et qu’elle crée toutes : basse, qu’elle a interprétées partout dans le elle participe ainsi aux productions de monde, des dizaines, voire des centaines, divers opéras du cycle Licht : de Samstag de fois. aus Licht (La Scala, 1984), Au sein de son cycle opératique Licht, (création à La Scala, 1988), Dienstag aus Stockhausen lui a bâti un monument Licht (création à l’Opéra de Leipzig, 1993), pour cor de basset avec le rôle de Eve qui, et (création à l’Opéra de cumulé, équivaut à près de six heures Leipzig, 1996). de musique et couvre Dienstag aus Licht Ircam - Centre(créé enPompidou 1981 à La Scala de Milan), Montag aus Licht (La Scala, 1988), Freitag aus Licht (création à l’Opéra de Leipzig,

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1996), et Mittwoch aus Licht (création au exploration du répertoire classique, et Prinzregenten-Theater, Munich). vice versa. Les répertoires se mettent mutuellement en valeur et en lumière. » Hannah Weirich, violon Hannah Weirich se décide pour le violon musikFabrik à l’âge de six ans et son choix de métier C’est bien connu : la vérité sort de la bouche se fait quelques années plus tard. Son des enfants. À la question « Qu’est-ce désir de s’investir dans une formation qu’une musikFabrik ? » un élève d’école de trio à cordes à l’âge de douze ans n’est primaire répondit un jour : « C’est là qu’on certainement pas un hasard, et témoigne crée la musique qui n’a pas encore été là encore qu’Hannah Weirich sait ce qu’elle fabriquée. » Depuis 1991, musikFabrik veut. Si elle se produit toujours au sein passe des commandes aux compositeurs et du Trio Fridegk, sa carrière de violoniste fait entendre des œuvres inouïes jusque- a pris depuis longtemps son essor, là. La question n’est pas uniquement celle comme le prouvent les divers concours de l’interprétation, mais aussi celle de internationaux qu’elle a remportés. l’ouverture de nouveaux horizons. Installé Née en 1980, Hannah Weirich est toujours à Cologne, cet ensemble de solistes n’a restée fidèle à sa passion première pour eu de cesse de susciter de nouvelles la musique de chambre et n’a jamais collaborations avec les chefs et les souhaité intégrer les rangs d’un orchestre, compositeurs les plus avant-gardistes. Ircam - Centreconvaincue qu’elle yPompidou perdrait une part La liste de ses invités est aussi prestigieuse de sa responsabilité de musicienne. que longue et comprend Mark André, Une responsabilité qu’elle peut en Louis Andriessen, Harrison Birtwistle, revanche assumer pleinement au sein de Peter Eötvös, Heiner Goebbels, Toshio musikFabrik, où elle est entrée en 2005. Hosokawa, , , Elle y observe « un équilibre idéal entre Helmut Lachenmann, , le jeu d’ensemble et le jeu soliste ». , Emilio Pomárico, Henri Elle a à cœur de participer aux intenses Pousseur, , Peter Rundel, discussions avec ses collègues ainsi Rebecca Saunders ou encore Karlheinz qu’aux diverses expériences et recherches Stockhausen. d’informationsIrcam sur les compositeurs. - Centre Contrairement Pompidou à ce que son nom peut « Toutes ces expériences accumulées dans laisser penser, musikFabrik n’a pas de le domaine de la musique contemporaine chef. Les musiciens prennent eux-mêmes, me sont également très utiles pour mon démocratiquement, toutes les décisions

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importantes. Cela concerne notamment Flûtes la programmation des concerts, qui a Kathinka Pasveer façonné au cours des ans le profil unique Helen Bledsoe de l’ensemble. L’interdisciplinarité y Liz Hirst occupe une large place : électronique en temps réel, danse, théâtre, film, littérature Hautbois et arts visuels côtoient la musique de Peter Veale chambre et la confrontation avec des œuvres ayant recours à la forme ouverte ou Clarinettes à l’improvisation. Carl Rosman musikFabrik est aussi ouvert que la mission John Corbett qu’il s’est donnée : créer la musique là où Heather Roche elle n’existe pas encore. Clarinette basse Musiciens participant au concert : Suzanne Stephens Direction Enno Poppe Basson Alban Wesly Violons Juditha Haeberlin Cor Ircam - CentreHannah Weirich Pompidou Christine Chapman

Altos Trompettes Karen Lorenz Marco Blaauw Axel Porath Ales Klancar

Violoncelles Trompette basse Dirk Wietheger Bruce Collings Jessica Kuhn Percussions ContrebasseIrcam - CentreThomas Pompidou Meixner Michael Tiepold Dirk Rothbrust Rie Watanabe

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Harpe Berlin, de Donaueschingen, de Salzbourg, Mirjam Schröder le festival Éclat à Stuttgart, Musica Viva à Munich et la Biennale de Munich, Claviers notamment par l’, le Alfonso Gomez (clavier) Klangforum Wien, l’Ensemble Mosaïk, Ulrich Löffler (piano) Contrechamps, musikFabrik et sous la direction de chefs comme Stefan Asbury, Enno Poppe, direction Pierre Boulez, Martyn Brabbins, Emilio Né le 30 décembre 1969 à Hemer, dans le Pomárico, Kasper de Roo, Peter Rundel et Sauerland (Allemagne), Enno Poppe étudie Ed Spanjaard. Depuis 1998, Enno Poppe est la direction d’orchestre et la composition le directeur musical de l’Ensemble Mosaïk. à l’École supérieure des arts de Berlin, auprès de Friedrich Goldmann et Gösta Lorenzo Bianchi, réalisateur en Neuwirth. Il poursuit ses études dans les informatique musicale domaines de la synthèse sonore et de la Né à Milan en 1973, Lorenzo Bianchi composition algorithmique à l’université obtient sa maîtrise en architecture à technique de Berlin et au Centre des l’École polytechnique de Milan avec une Arts et des Médias ZKM de Karlsruhe, thèse intitulée « Architecture sonore, auprès de Heinrich Taube. Il obtient le son comme contrainte du projet ». de nombreuses bourses et divers prix Parallèlement, il étudie le piano, la Ircam - Centre(prix Boris-Blacher Pompidou en 1998, prix de la clarinette et la musique électronique en Fondation musicale Ernst-von-Siemens autodidacte. Depuis 2004, il est professeur en 2001, conjointement avec l’ensemble de composition multimédia à l’université Mosaik et, en 2004, prix de l’Académie de Montbéliard au sein du département des arts de Berlin en 2002 et 2006…). En multimédia. En 2005, il fonde le groupe 1996, il participe au forum jeunesse de la ESC (electroacoustic synthesis crew) à Paris GNM et étudie à la Cité internationale des avec trois compositeurs (Jacopo Baboni arts à Paris. De 2002 à 2004, il enseigne Schilingi, Daniele Segre Amar et Michele la composition à l’École supérieure de Tadini) et réalise plusieurs projets. Il musique Hanns Eisler de Berlin et, en collabore avec Luca Ronconi depuis 2005 2004, aux coursIrcam d’été de Darmstadt. - Centre Ses et prend Pompidou en charge la spatialisation des pièces sont commandées par des festivals créations du metteur en scène italien. En renommés comme ceux de Witten, de 2006, il compose avec Michele Tadini la

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musique du spectacle Tourism de Michele di et à l’élaboration de la documentation du Stefano. Ses travaux et ses intérêts touchent projet Musique Lab 1 avec l’Éducation à la composition instrumentale avec nationale. traitement en temps réel (musique mixte/ Depuis 2003, il est réalisateur en infor- -MSP-Jitter), l’interactivité dans les matique musicale chargé de l’enseignement arts (installations audio vidéo), et enseigne particulièrement MaxMSP/ la musique pour images – théâtre, danse – Jitter. Depuis 2006, parallèlement à la recherche dans l’électronique appliquée ses activités à l’Ircam, il participe au à l’improvisation. développement de MaxMSP pour la société californienne Cycling ‘74. Dernièrement, Emmanuel Jourdan, réalisateur en il a réalisé l’ensemble des développements informatique musicale chargé de graphiques pour Max for Live (Cycling ‘74/ l’enseignement à l’Ircam Ableton). Né en 1980, Emmanuel Jourdan débute la clarinette à l’âge de huit ans puis suit des études d’informatique musicale, de direction d’orchestre et de composition à l’École nationale de musique de Montbéliard et au conservatoire de Besançon. Il obtient plusieurs prix Ircam - Centreen clarinette, informatique Pompidou musicale, composition assistée par ordinateur et musique de chambre. En 1997, la Sacem lui octroie une bourse de composition assistée par ordinateur pour la pièce . De 1998 à 2001, parallèlement à ses études de musicologie, il enseigne la clarinette et se produit avec plusieurs orchestres amateurs comme clarinettiste. En 2001, il entre à l’Ircam où il est chargé d’animer les ateliers d’informatiqueIrcam musicale - destinésCentre Pompidou aux jeunes et aux professeurs de musique. Il participe également au développement

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Ircam - Centre Pompidou | STOCKHAUSEN final Ircam Institut de recherche et coordination acoustique/musique

L’Institut de recherche et coordination unité mixte de recherche STMS (Sciences acoustique/musique est aujourd’hui l’un et technologies de la musique et du des plus grands centres de recherche son - UMR 9912) rejoint, en 2010, par publique au monde se consacrant à l’université Pierre et Marie Curie (UPMC). la création musicale et à la recherche scientifique. Lieu unique où convergent ÉQUIPE TECHNIQUE la prospective artistique et l’innovation IRCAM scientifique et technologique, l’institut Ingénieurs du son, Julien Aléonard, est dirigé depuis 2006 par Frank Maxime Le Saux Régisseurs son, Martin Antiphon, Madlener, et réunit plus de cent cinquante Enora Le Gall collaborateurs. L’Ircam développe ses trois Régisseurs, Jean-Marc Létang, David Raphaël axes principaux – création, recherche, enregistrement sonore, Clément Marie transmission – au cours d’une saison Stagiaires, Loïc Ancelin, Samuel Sérandour Ircam - Centreparisienne, d’un festivalPompidou fédérateur, de tournées en France et à l’étranger. CENTRE POMPIDOU Fondé par Pierre Boulez, l’Ircam Direction de la production – régie des salles est associé au Centre Pompidou sous de spectacles la tutelle du ministère de la Culture et de la Communication. ÉGLISE SAINT-EUSTACHE Régisseur, Louis Robiche Depuis 1995, le ministère de la Culture Sacristains, Houcine Chahbani, Abdel et de la Communication, l’Ircam et le Chouika CNRS sont associés dans le cadre d’une Ircam - CentrePROGRAMME Pompidou Textes, Jérémie Szpirglas Graphisme, Olivier Umecker

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Le cinéma, la télé, la radio, les livres, le théâtre, les concerts, la danse... Retrouvez toute l’actualité culturelle chaque mercredi dans Télérama. Ircam - Centre Pompidou

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Ircam - Centre Pompidou LE FESTiVAL AGORA 2011 BiLLETTERiE Paola Palumbo, PARTENAiRES MÉDiAS EST PRODUiT ET Cyrielle Fiolet, Arnaud Issoulié, • ARTE Live Web ORGANiSÉ PAR L’iRCAM- Stéphanie Leroy • France Culture CENTRE POMPiDOU • France Musique PÉDAGOGiE • Télérama ET ACTiON CULTURELLE Ircam | Institut de recherche et Cyril Béros coordination acoustique/musique Anne Becker, Fleur Gire, Natacha Moënne-Loccoz L’Ircam, association loi 1901, organisme associé au Centre Pompidou, est sub- RELATiONS PRESSE ventionné par le ministère de la Culture Opus 64 et de la Communication (Direction des Valérie Samuel, affaires générales, Mission de la recher- Marine Nicodeau che et de la technologie et Direction de Eracom la musique, de la danse, du théâtre et Estelle Reine-Adélaïde des spectacles).

LES PARTENAiRES • Centre Pompidou, Bpi (Bibliothèque publique d’information) et Département du développement culturel L’ÉQUiPE (Parole, Spectacles vivants) • Centre national des arts plastiques direction • Cité de la musique Frank Madlener • Église Saint-Eustache • Gaîté lyrique COORDiNATiON • Le CENTQUATRE Suzanne Berthy • Le Fresnoy-Studio national des arts contemporains CONFÉRENCES • Opéra Comique Hugues Vinet Ircam - Centre Pompidou• Radio France Carlos Agon, Moreno • Palais de la découverte, Andreatta, Gérard Assayag, un lieu Universcience Sylvie Benoit, Jean Bresson

PRODUCTiON AVEC LE SOUTiEN DE Alain Jacquinot, Julien Aléonard, • Afim (Association française Timothé Bahabanian, Pascale Bondu, d’informatique musicale) Sylvain Cadars, Christophe Egéa, • Arcadi Agnès Fin, François Gibouin, • Cap Digital Kristell Guiguen, Anne Guyonnet, • Centre culturel Calouste Jérémie Henrot, Enora Le Gall, Gulbenkian à Paris Maxime Le Saux, • Festival de l’Argos Frédéric Vandromme • Futur en Seine • Institut Camões à Paris COMMUNiCATiON Ircam - • RégionCentre Île-de-France Pompidou Claire Marquet • Sacem (Société des auteurs, Murielle Ducas, Sylvia compositeurs et éditeurs de musique) Gomes, Vincent Gourson, • Sfam (Société française d’analyse Deborah Lopatin, Delphine musicale) Oster, Juliette Tissot-Vidal • SMF (Société Mathématique de France)

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