Jean Guillou Ircam - Centre Pompidou Harrison Birtwistle Cortege, a Ceremony
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19 h, Centre Pompidou, Grande salle Elizabeth Calleo, soprano Kathinka Pasveer, flûte Suzanne Stephens, clarinette basse Marco Blaauw, trompette Hannah Weirich, violon Ulrich Löffler, piano Alfonso Gomez, clavier musikFabrik Enno Poppe, direction * Réalisation informatique musicale Ircam/Eric Maestri * Emmanuel Jourdan, encadrement pédagogique ** Paul Jeukendrup, diffusion sonore Karlheinz Stockhausen FINAL STOCKHAUSEN Klang, 6. Stunde – Schönheit ** Eric Maestri alle Celestografia, musica musicans * S Ircam - Centre[ Création Cursus 2 Pompidou he C ta Helmut Lachenmann S u Mouvement (– vor der Erstarrung) e dou, Grande i nt- i P Durée 67 mn e Sa S i CoproDuCtion irCam/Les speCtacles vivants-Centre pompiDou. l aveC Le soutien De La saCem (bourses D’étuDe aux jeunes G Compositeurs Du Cursus 2). 30, É h, Centre Pom h Concert diffuséIrcam le lundi 12 septembre- Centre à 20 h sur Pompidou n i En réécoute pendant un mois sur francemusique.com 19 • ju 18 i ert 2 • 21 ert 1 C C Con Samed Con Ircam - Centre Pompidou Ircam - Centre Pompidou © Karlheinz Stockhausen, Toronto, décembreIrcam 1971. Avec l’aimable autorisation de Stockhausen-Stiftung - für Musik Centre Pompidou Ircam - Centre Pompidou 21 h 30, Église Saint-Eustache Marco Blaauw, trompette Francesco Filidei, orgue musikFabrik Enno Poppe, direction * Réalisation informatique musicale Ircam/Lorenzo Bianchi ** Paul Jeukendrup, diffusion sonore Karlheinz Stockhausen Klang, 5. Stunde – Harmonien ** Francesco Filidei Ballata * Commande Ircam-Centre Pompidou FINAL STOCKHAUSEN [ Création Franz Liszt alle Fantaisie et fugue sur le nom de B.A.C.H - version syncrétique par Jean Guillou S Ircam - Centre Pompidou he Harrison Birtwistle C ta Cortege, a ceremony S u e dou, Grande i nt- i P Durée 58 mn e Sa S i l proDuCtion irCam-Centre pompiDou. aveC Le soutien De La saCem. G en CoLLaboration aveC Le FestivaL De L’argos. 30, É h, Centre Pom h Ircam - Centre Pompidou n i 21 • ju 18 i ert 2 ert 1 • 19 C C Con Samed Con Ircam - Centre Pompidou | STOCKHAUSEN FINAL Ircam - Centre Pompidou © Suzanne Stephens, Stockhausen, Kathinka Pasveer après une création de AVE le 7 décembre 1990 à Mayence. Photo: Ulrich Mazurowicz. Avec l’aimable autorisation de Stockhausen-Stiftung für Musik Ircam - Centre Pompidou 4 Ircam - Centre Pompidou | STOCKHAUSEN FINAL DE LA FORMULE AU RITUEL (ET VICE VERSA) Magique, mathématique, de politesse, On peut considérer aussi le concert lui- chimique, sacramentelle, exécutoire, même sous l’angle de son rituel, et son incantatoire, sanguine, la formule a mille étiquette comme une formule. C’est ce visages, mille fonctions. Mais il faudra que fait Harrison Birtwistle, dans Cortege. attendre la seconde moitié du XXe siècle Articulant la disposition spatiale de pour voir la formule devenir musicale. l’ensemble de quatorze musiciens, dont Certes, on peut éventuellement considérer sortent tour à tour les différents solistes, que l’idée de Bach de jouer sur les lettres il recrée une cérémonie saisissante, de son nom [en leur associant la note intense et agitée. Mais c’est là une formule correspondante : B (si bémol), A (la), évolutive, dont la rigueur, bien que C (do), H (si bécarre)] est une esquisse marquée d’inertie, n’est que toute relative. de formule, mais le terme lui-même de Karlheinz Stockhausen, quant à lui, Ircam - Centre« formule » suggère Pompidou une systématicité, un formalisera l’une de ses techniques automatisme – autant de l’énonciation de d’écriture au point de la faire (et de la la formule que de son résultat –, absents baptiser) « formule », au sens premier de la démarche du Cantor de Leipzig. du mot : « modèle d’expression selon des Et si quelques compositeurs à sa suite normes. » reproduiront le procédé – avec leurs S’il en a déjà esquissé les contours en propres noms, comme Chostakovitch 1951, dans le bien nommé Formel (qui ou, en forme d’hommage, de nouveau ne sera du reste créé qu’en 1971), c’est avec B-A-C-H, comme Franz Liszt dont le en 1969-1970, avec Mantra pour deux compositeur et organiste Francesco Filidei pianos et électronique, que Stockhausen nous interpréteraIrcam ce soir la Fantaisie- Centre et s’investit Pompidou pleinement dans l’élaboration et Fugue –, cela ne suffit pas à en faire une l’exploration de ce concept, abandonnant formule. au passage l’athématique et la forme 5 Ircam - Centre Pompidou | STOCKHAUSEN FINAL instantanée – cette « momente forme », dont à partir de ces paramètres premiers. Momente était l’emblème. Étendue, cette formule génère la forme Synthèse de toutes les théories de la globale et les proportions de l’œuvre. thématique déclinées jusque-là par Au sein de chaque partie de cette forme Stockhausen – série, groupe ou gruppetto globale, la forme des sections est déduite (chaque son est centre d’un complexe des phrases de la formule et de leur sonore spécifique, immédiatement structure rythmique. Non seulement identifiable) et mélodie (tous les sons les différents paramètres de chaque apparaissent dans un espace assez restreint phrase sont proportionnés en rapport pour constituer une véritable structure avec la série de départ, mais chacune des mélodique) –, la « formule » les élargit caractéristiques allouées à chacune des et les étend à tous les degrés et toutes les notes de la formule devient prédominante échelles du processus compositionnel, dans la section correspondante de l’œuvre. dans un esprit similaire à celui de l’Unité du Quant aux hauteurs, la séquence mélodique temps musical, tel qu’exposé dans son essai de base est soumise à une « expansion » de 1960 et mis en pratique dans Kontakte différente pour chaque section (l’expansion (1958-1960). étant tout simplement un agrandissement La formule, dans son état premier, ou raccourcissement des intervalles, qui consiste en un groupe de notes, parfois représentent comme une « distance » entre explicitement présenté (dans cet esprit de les notes). Ircam - Centre« décomposition » cherPompidou à Stockhausen, qui L’œuvre se déduit donc de la projection aime à présenter clairement la manière (forme globale), de la multiplication dont une œuvre est née), comme dans (sections), et de l’expansion de la formule Inori (1973-1974). Ce groupe de notes peut au détail (soit par une Ausmultiplikation : évoquer la série de l’École de Vienne, mais comme un gruppetto ou une diminution est en réalité bien plus complexe car plus autour du centre tonal qu’est la note détaillée. Chacune des notes est clairement correspondante de la formule à cet endroit- définie par ses différentes caractéristiques : là ; soit, dans le cas d’une projection plus fréquence, durée, timbre, dynamique (ou large, par la substitution de la note par évolution de la dynamique : c’est-à-dire la formule elle-même, intégralement ou la nuance et Ircamses évolutions pendant- Centre la partiellement). Pompidou durée de la note) et mode d’articulation Si l’on prend l’exemple (fondateur) de (l’attaque). Toute la composition s’élaborera Mantra, la formule compte 13 notes (une 6 Ircam - Centre Pompidou | STOCKHAUSEN FINAL série de 12 notes, au terme de laquelle la même décision à un choix laissé ouvert on répète la première). Et chacune des par la formule : malgré cette posture quasi 13 sections de l’œuvre sera dominée scientifique d’exploration systématique, par le mode d’articulation de la note il semble qu’il était loin de les avoir toutes correspondante. épuisées. Dans son monumental cycle opératique, « On arrive plus loin, dit-il, et on évolue Licht, Stockhausen pousse la formule plus en profondeur si l’on déploie tout, jusqu’à ses limites. Le cycle est extrapolé à thématiquement et structurellement, à partir d’une « superformule » elle-même partir d’un seul noyau. » On constate ici, triple – surimposition des formules des dans ces démultiplications et expansions trois personnages principaux de l’œuvre : multiples, un procédé de création Michael, Lucifer et Eve. Les trois ont ainsi organique qui évoque un peu celui droit chacun individuellement à un opéra, des fractales – si l’on imagine l’espace de même que les trois duos qu’ils peuvent géométrique remplacé par l’espace musical, composer (Michael-Lucifer, Michael-Eve, et les homothéties internes (forcément Eve-Lucifer) et enfin le trio (un seul opéra) partielles) rapportées, non aux distances, – sept opéras au total, près de trente heures mais aux fréquences, durées, dynamiques de musique. et modes d’articulation. Au niveau le plus large, la formule De la part de Stockhausen, cette posture détermine les longueurs relatives de chaque presque scientifique ne nous étonnera pas Ircam - Centreopéra, et leur subdivision Pompidou en actes et en outre mesure, lui qui, depuis ses débuts, scènes, la structure globale des hauteurs nous a habitués à des procédés inspirés des notes qui seront tenues longuement des mathématiques. On l’a ainsi vu plus dans chacun, ainsi qu’une base pour tous d’une fois déduire ses formes de suites et les détails rythmiques et mélodiques. séries mathématiques (arithmétiques et/ou Si cet exposé peut laisser penser qu’elle géométriques) et notamment de la fameuse n’est source que de contraintes, la formule suite de Fibonacci. est en réalité bien plus souple que la série, Chez lui, la formule, même aussi car elle laisse plus de choix au compositeur scientifiquement formalisée – et ce n’est au cours du processus compositionnel. Une pas là le moindre des oxymores – prend multiplicité Ircamdes possibilités sur- laquelleCentre systématiquement Pompidou des allures de litanies : la Stockhausen insistera à maintes reprises en formule mène au rituel et le rituel suppose affirmant qu’il ne répéterait pas deux fois la formule – l’un et l’autre indissociables. 7 Ircam - Centre Pompidou | STOCKHAUSEN FINAL Rappelons que la formule peut être, dans symboliquement, le sérialisme total des l’une de ses nombreuses acceptions, années 1950 (le principe sériel s’appliquant incantatoire et sacramentelle, une parole non plus seulement aux hauteurs, mais rituelle qu’on se doit de prononcer dans à toutes les caractéristiques des notes certaines circonstances.