COMMUNICATIONS Colloque
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TTRICENTENAIRERICENTENAIRE DEDE L’ABBEL’ABBE RAYNALRAYNAL 1713 – 2013 Inscrit aux Célébrations nationales 2013 placé sous le patronage de l’UNESCO de l’Institut de France de l’Académie des Sciences Morales et Politiques de l’Académie d’Agriculture de France de l’Académie de Langue et de Littérature françaises de Belgique de la Société française d’étude du XVIIIème siècle de Madame Aurélie Filippetti, Ministre de la Culture et de la Communication avec le soutien de la Commission nationale française pour l’UNESCO SOUS LE HAUT PATRONAGE DE MONSIEUR FRANÇOIS HOLLANDE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE Colloque international Raynal et les Amériques 13 - 14 - 15 juin 2013 Palais Bourbon Bibliothèque nationale de France Bibliothèque Mazarine Société d’Etude Guillaume-Thomas Raynal, CERI Sciences Po Institut des Amériques, Université Paris 8 2 Colloque international Raynal et les Amériques Coordonné par Gilles Bancarel Société d’Etude Guillaume-Thomas Raynal Raynal et la Révolution française par Patrice HIGONNET (Harvard University Cambridge Massachusetts) 1 – Raynal et les acteurs américains Président de séance : Denis LACORNE (CERI Sciences-Po Paris) 2 – Réformisme colonial Président de séance : Allan POTOFSKY (Université Paris-7) 3 – Commerce et mondialisation Président de séance : Bertrand VAN RUYMBEKE (Université Paris-8) 4 – Livre et édition Président de séance : Daniel DROIXHE (Université de Liège) 5 – Religions et mœurs d’un peuple nouveau Président de séance : Patrice HIGONNET (Harvard University Cambridge Massachusetts) Conclusion par François MOUREAU (Pr émérite à Université Paris-Sorbonne) et l’Ambassadeur Jean-Daniel TORDJMAN Président du Comité d’Honneur du Tricentenaire de l’abbé Raynal. Raynal un regard vers l’Amérique Exposition présentée à la Bibliothèque Mazarine du 15 juin au 15 septembre 2013 avec le concours de l’Ambassade des Etats-Unis d’Amérique. 3 Raynal et la Révolution française par Patrice HIGONNET (Harvard University Cambridge - Massachusetts) Anciennement Professeur associé au Collège de France, Patrice Higonnet enseigne l’histoire de la Révolution à l’Université Harvard. Son prochain livre, aux éditions Vendémiaire, « Que Dieu se montre seulement » a comme sujet l’histoire d’une communauté cévenole de l’an mille à l’an deux mille. Comment comprendre les « contradictions » de l’Histoire philosophique et politique des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes ? Certaines sont divertissantes : ainsi, pour ou contre l’empire du Milieu, en gros et en détail. Les plus conséquentes de ces multiples contradictions, pour nous, cependant, se rapportent à ce que Raynal estime être les bienfaits (dans l’effet du doux commerce) d’une société de marché ; avec, en sens inverse, les méfaits globalisés et pervers de cette même forme de civilisation, méfaits qui se résument dans la négation de l’universalisme et l’essor de l’esclavage, en Amérique notamment. Notre but sera de suivre et de retrouver ces contradiction dans l’esprit de la Révolution - avec cependant et en passant - un bref détour pour comparer l’Histoire philosophique de Raynal, louvoyant, aux Chaînes de l’esclavage de Marat, résolument populaire, iconoclaste, antimonarchique et anticlérical. Nous en tirons deux conclusions, l’une se rapportant à la précocité de leurs engagements respectifs en 1789 ; et l’autre à l’action de Charlotte Corday, lectrice enthousiaste de l’un et meurtrière de l’autre. En un troisième temps, nous juxtaposerons les contradictions de Raynal dans son Histoire philosophique à celles du Jacobinisme, et ceci pour avancer une hypothèse sur la nature du Robespierrisme, de son essor, et de son échec. De cette comparaison, nous tirerons enfin quelques conclusions sur les causes (idéologiques, culturelles, et sociales) de la Révolution, et sur la carrière politique de l’Incorruptible, thermidorien avant la lettre. 4 1 – Raynal et les acteurs américains Président de séance : Denis LACORNE (CERI Sciences-Po Paris) Lectures de Raynal chez Crèvecœur et chez Jefferson et le milieu des Américanistes par Manuela ALBERTONE (Université de Turin) Professeur en Histoire moderne, Département de Studi Storici, Université de Turin. Spécialiste d’histoire de la France au dix- huitième siècle et de la physiocratie en particulier. Ses recherches concernent les implications politiques des idées économiques. Elle est intéressée à la valeur républicaine du rapport économie- politique élaboré au cours des révolutions démocratiques en Amérique et en France à la fin du dix-huitième siècle. Elle vient de terminer une étude sur la réception de la culture économique française aux Etats-Unis (1750-1830). A la recherche de l’identité américaine. Deux lectures opposées de l’Histoire des Deux Indes de Raynal: John Hector St John de Crèvecœur et Thomas Jefferson. Communication qui vise à analyser et à comparer deux lectures différentes de l’Histoire des deux Indes de Raynal, encrées sur deux utilisations opposées, mais complémentaires d'une œuvre complexe telle que l'Histoire, ces deux lectures étant l’expression d’une même recherche de l’identité américaine. Soit St John de Crèvecœur, l’auteur des Letters from an American Farmer, qui se pose comme le début de la littérature américaine, soit Thomas Jefferson, dont les Notes on the State of Virginia consacrèrent aussi le succès en France comme auteur, se mesurèrent avec Raynal. Deux attitudes différentes mouvaient leurs réflexions: d'un coté l'idéal de l'Amérique et sa valeur universelle, cher à la réflexion non politique de Crèvecœur, de l'autre l'engagement politique et antibritannique de Jefferson et de se amis parisiens, Condorcet, Mazzei, etc., qui visait à définir une spécificité américaine en opposition au modèle économique et politique de la Grande Bretagne. Le modèle agraire était au cœur d’une même volonté de marquer la spécificité américaine, par un parcours qui va du mythe agraire de St John de Crèvecœur au projet politique de Jefferson et des Républicains, opposé aux Fédéralistes d’Alexander Hamilton. Crèvecœur dédia son œuvre à Raynal, qui représenta pour lui, français qui passa en Amérique, le point de référence de sa réception de la culture des Lumières, et française en particulier, et la légitimation de son idée de la suprématie de l’agriculture, qui était véhiculée par l’Histoire. Plusieurs passages témoignent la connaissance de l’œuvre, et on peut deviner que Crèvecœur en connaissait au moment de la rédaction des Letters les deux premières 5 éditions, et peut-être aussi la troisième. L’Histoire représenta pour lui une sorte de méta-texte et un modèle, d’après lequel il organisa sa narration. Crèvecœur donna par son œuvre la première réflexion sur la spécificité américaine, issue de sa sensibilité d’homme des Lumières, tandis que Raynal marqua la valeur universelle de l’expérience américaine, ce qui en tout cas renforça les convictions de Crèvecœur. Il n’est pas en outre sans importance la dédicace des Letters à un auteur réputé anglophile: Crèvecœur partagea les positions politiques modérées des deux premières éditions de l’Histoire, mû par son attitude philo-britannique au début de la révolution, qui toutefois trahissait plutôt son manque d’intérêt pour la politique et le refus d’une guerre qui avait blessé son existence et son idylle agraire. Pour Jefferson Raynal fut une cible de ses critiques dès la rédaction des Notes on the State of Virginia, avant son arrivée en France. Autant que Buffon, D’Aubenton et d’autres auteurs européens, il y était indiqué parmi les responsables de la diffusion des théories injustifiées sur l’infériorité de la nature américaine. Jefferson fut très déterminé à rectifier les informations incorrectes sur l’Amérique, qui reposaient sur une longue tradition. Dans ses Notes il attaqua directement les auteurs qu’il tenait responsables de cette image de la différence et de l’infériorité américaine, et parmi eux il plaça Raynal en premier plan, comme il témoigna aussi dans sa correspondance. Arrivé en France, son engagement politique fut plus serré. Il collabora à l’Encyclopédie méthodique, en donnant un grand nombre de documents et d’informations pour les articles dédiés aux états américains. Démeunier n’utilisa pas toutes les contributions de Jefferson, qui se plaignit d’une lecture de son pays qui demeurait encore trop liée aux représentations de Raynal, en lui opposant les Recherches historiques et politique sur les Etats-Unis, œuvre de Filippo Mazzei, mais résultat de la collaboration du groupe des Américanistes, qui fut très proche de Jefferson et dont il partagea le projet politique et économique antibritannique, qui roula aussi autour de la critique de Raynal Le mythe de la Pennsylvanie, l’Histoire des deux Indes, et les Recherches sur les États-Unis de Filippo Mazzei par Guillaume ANSART (Bloomington University - Indiana) Professeur de littérature française, spécialiste du XVIIIe siècle, à l’université d’Indiana (Bloomington, États-Unis). Ses recherches ont d’abord porté sur le roman avant de se tourner vers la culture politique de la fin du siècle. Il est l'auteur de Réflexion utopique et pratique romanesque au siècle des Lumières : Prévost, Rousseau, Sade (Minard, 1999), d'articles sur l’image de l’Amérique dans 6 l’Histoire des deux Indes, et a récemment édité et traduit en anglais les écrits de Condorcet sur les États-Unis (Classiques Garnier/Penn State Press, 2012). On le sait, la réception de l’Histoire des deux Indes parmi les élites révolutionnaires américaines, du moins pour ce qui est des chapitres consacrés aux treize colonies et à la guerre d’indépendance, fut très mitigée. De même, dans la France des dernières années de l’Ancien Régime, les intellectuels les plus farouchement pro- américains — à l’exception notable de Crèvecœur — accueillirent les réflexions de Raynal sur les États-Unis de manière généralement critique. Du côté américain, les critiques formulées contre l’ouvrage de Raynal, par Jefferson ou Paine notamment, n’ont rien de surprenant dans l’ensemble. Elles soulignent d’une part les erreurs concernant la géographie du pays et le déroulement des opérations militaires.