Paris Skate in the City
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Mathieu CLAUDON Étienne BOUET © Groupe Eyrolles, 2014 ISBN : 978-2-212-13910-5 Is it not a love song? J’ai d’abord découvert Paris chez le buraliste, par l’intermédiaire Nous n’habitons pas une ville mais des configurations urbaines que des magazines de skate de la fin des années 1980 au milieu des nous agençons, souvent sans nous en rendre compte, en fonction années 1990, je complétais progressivement une carte imaginaire de nos usages, des outils et des buts qui nous font parcourir la ville. où s’assemblaient les principaux monuments de la capitale. Je ne Que les véhicules les plus rudimentaires génèrent des types parle pas des grands sites touristiques que reproduisent les guides d’expériences singuliers, rien de plus facile à démontrer. et les cartes postales, mais des hauts lieux parisiens qu’étaient L’appréhension du sol par exemple est tout à fait différente si l’on à mes yeux de provincial les murets de la fontaine des Innocents parcourt la ville en baskets ou avec des talons hauts. et la Vague des Halles (dont j’ignorais alors la fonction Les sensations, les itinéraires, les pièges, les sons diffèrent. de cadran solaire), l’esplanade du palais de Tokyo (que les skaters Les semelles souples amortissent les chocs, rendent homogène appellent plutôt « le Dôme ») et sa longue volée de marches, les des surfaces qui le sont rarement. Comme les roues d’un exceptionnelles courbes pavées des Juilliotes à Maisons-Alfort, skateboard, les talons révèlent au contraire l’hétérogénéité des sols, ou encore les bassins asséchés de la tour Eiffel. les transitions abruptes entre l’asphalte et le béton lissé, les dalles À ceux-ci s’ajoutaient des monuments plus modestes, sans nom de granit et les pavés. ni localité, tel plan incliné recouvert de faïence dans une station En fonction du revêtement, les skateurs tracent des lignes invisibles de métro aérien, tel banc bétonné au pied d’un immeuble qui aurait d’un point à un autre de la ville que les voyageurs munis de valises aussi bien pu se trouver dans le quartier de Beaugrenelle que dans à roulettes découvrent à leur tour. le XIIIe arrondissement, à Créteil ou à Ivry. Même si quelques skateurs professionnels le pratiquent comme tel, Avant tout, le skateboard est un véhicule, c’est-à-dire un outil, une le skateboard n’est pas un sport, c’est un jeu. On ne joue pourtant « chose pour agir », se déplacer en l’occurrence. Chaque véhicule, pas au skate comme au foot ou au tennis. Un skateboard est chaque mode de déplacement, est aussi un « outil perceptif » qui un objet hybride, un véhicule autant qu’un instrument : on jouerait donc conditionne et renouvelle parfois la perception de ce qui nous plutôt du skate comme du piano ou du trombone à coulisse. entoure. Ce que décrivent les vidéos de skate, les magazines et plus La différence étant qu’on ne joue pas Bach, Mozart ou les Beatles directement le livre que vous avez entre les mains, c’est un milieu mais quelques fragments d’une ville. Et ces œuvres qu’interprètent spécifique : celui du skater ; un milieu, c’est-à-dire un monde vécu, les skateurs sont à la fois collectives et involontaires, ils les ce qu’un animal ou un homme est capable de percevoir et avec déchiffrent quand bien même personne ne les a écrites pour eux. lequel il interagit, soit l’assemblage de divers fragments À mon sens, le livre de Mathieu Claudon et Étienne Bouet n’est pas de l’environnement. le guide du skateur de la capitale mais la tentative de transcrire au présent une partition du skate parisien. Raphaël Zarka, avril 2014. It’s a kind of love song. I first discovered Paris at the newsstand, reading skateboarding magazines during the late 80s and early 90s. Gradually I created an It’s easy to see that the most rudimentary of vehicles generate imaginary map that included the city’s major landmarks. Not big the most immediate experiences. Awareness of the ground, for tourist sites found in guidebooks and on postcards. I’m talking about example, is completely different in sneakers and in high heels. places like the ledges of the Fountain of the Innocents and the Wave The feeling, the difficulties, the sounds, the choice of itinerary, in Les Halles (not knowing at the time that the Wave was a sundial), are quite different. Flexible soles cushion the shock and equalize the esplanade at the Palais de Tokyo with its long flight of steps surfaces. Heels, like the wheels of a skateboard, reveal the (known by skaters as the Dome), the fantastic curved ramps differences among surfaces, the sharp transitions between asphalt at Juilliottes in Maison-Alfort, and the empty cement ponds below and smooth cement, between granite slabs and paving stones. the Eiffel Tower. Based on those differences, skateboarders trace invisible lines Then there are the more modest spots, without name or title, like from one point to another –lines also created by travelers pulling the tiled surface of an overhead metro station or a cement bank suitcases on wheels. at the foot of a building that might be somewhere in the 13th, around Beaugrenelle in the 15th, or in Créteil or Ivry. Some professionals treat skateboarding as a sport, but it isn’t really a sport, it’s a game. Yet you don’t play at skateboarding as you do A skateboard is basically a vehicle, an “action-object”, even tennis or football. A skateboard is a hybrid object –a vehicle as well a means of transportation. Every such vehicle is also an “awareness as an instrument. You rather play the skateboard as you might tool” that affects and sometimes renews the perception of our a piano or a slide trombone. The difference being that you don’t play surroundings. Skateboarding magazines and videos, as well as Mozart, Bach or the Beatles but certain fragments of the city. this book, describe a specific milieu: that of the skateboarder. It’s And the works interpreted by skaters are not created for them. a world that is by definition experienced, an assemblage of urban Collective and involuntary, they are pieces that are deciphered fragments defined by a skateboarder’s particular sensations and but not written. interactions. To my way of thinking, this book by Mathieu Claudon and Étienne We live not in one single city but in various urban configurations that Bouet is not so much a guide to skating in the capital as a musical we arrange, often without realizing it, as we travel the city according score to the Parisian skateboarding experience. to our goals and the tools we use to attain them. Raphaël Zarka, april 2014. 5 Hot Spot Skatepark PARIS SKATE IN THE CITY Le XVIe arrondissement est l’un des quartiers huppés de la capitale. The 16th is one of the capital’s most affluent arrondissements. Il se caractérise par ses immeubles de style haussmannien ou Buildings tend to be Haussmannian or Art Deco, with esplanades Art déco, ses marbres et ses esplanades surplombant la Seine. and monuments overlooking the Seine. Yet it is in this bourgeois Paradoxalement, ce quartier bourgeois a vu naître cet art populaire district that the decidedly unpretentious art of skateboarding was qu’est le skateboard. born. Le Trocadéro, face à la tour Eiffel, fut l’un des premiers points Place du Trocadero, opposite the Eiffel Tower, was one of the first de rencontre des skaters parisiens. Les différentes disciplines ont gathering places for Parisian skateboarders, and the various styles commencé sur ce spot. Dès les années 1970, des slaloms ont été and disciplines began there. Starting in the 70s, skateboarders installés par les skaters sur les allées en pente de chaque côté des installed slaloms in the alleys on the slopes on either side of the bassins. Ensuite, les freestylers ont pris possession de l’esplanade fountains. Then freestylers took over the esplanade just above the située au dessus des bassins. Puis un peu plus tard dans les fountains, and in the 80s, the first ollies were performed over stacks années 1980, les premiers ollies sont apparus au-dessus des of boards on the esplanade. In the late 80s international ramp empilements de planches sur l’esplanade du Trocadéro. À la toute competitions were being held at “Troca”. Soon after, skateboarders fin des années 1980, les compétitions internationales de rampes fled the tourist mobs and migrated over to the Palais de Tokyo, avaient lieu historiquement au « Troca ». Les skaters ont ensuite which has been a major skateboard spot for the last twenty years. fui les hordes de touristes pour migrer quelques rues plus loin au palais de Tokyo, un des hauts lieux parisiens du skateboard The contrast between ultra-modern skateboarding and the depuis deux décennies. ultra-classical and monumental architecture make this a unique arrondissement, often seen in publicity shots. Esthétiquement, le contraste entre la modernité du skateboard et l’architecture à la fois monumentale et très classique fait de cet arrondissement un lieu unique, maintes fois utilisé pour des clichés publicitaires. 150 XVIe ARRONDISSEMENT Nicolas Lichtarz, backside wallride, quai de Seine. 151 PARIS SKATE IN THE CITY Marc-Antoine Leveau, boneless transfer, bassins du Trocadéro. 152 XVIe ARRONDISSEMENT Ben Aurélien, ollie, place du Trocadéro. 153 PARIS SKATE IN THE CITY « Le Dôme » est le nom donné au palais de Tokyo par les skaters. Il “The Dôme” is what skateboarders call the Palais de Tokyo, which abrite le musée d’Art moderne de la ville de Paris ainsi qu’un centre houses the Paris Museum of Modern Art and a contemporary art d’art contemporain de renommée internationale.