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LONGPRÉ-LES-CORPS-SAINTS Sommaire Sommaine

Paysage d’aujourd’hui p.3 Le marais p.6 Flore et faune P.7 Évolution des paysages p.9 Histoire et population p.10 Église Notre-Dame de l’Assomption p.10 Forme urbaine p.13 Fiche patrimoniale : le patrimoine bâti de la Reconstruction p.16 Le patrimoine bâti avant 1940 p.22 Petit patrimoine et lieux du souvenir p.25 Patrimoine ferroviaire p.27 Recommandations paysagères et hypothèses p.28 d’aménagement

2 Paysage d’aujourd’hui Le paysage est le résultat de l’action de l’Homme sur son environnement naturel. La commune se situe dans la vallée de la Basse , à la confluence de la Somme et de l’Airaines. Constitué de plateaux agricoles, le paysage est riche de cultures céréalières. Le sol est composé de d’aujourd’huiPaysage craie, recouvert de limons sur une couche d’argile à silex. Des vallées sèches où ont jadis coulé des cours d’eau affluents à la Somme ou à l’Airaines (la Vallée du Câtelet, la Vallée de Courcelle, la Vallée de Bettencourt - Vallée de Long Pré) entaillent les plateaux. Elles sont soulignées de boisements et créent du relief. Rideau

Les rideaux picards (en jaune) et la végétation des vallées sèches sont des éléments identitaires du paysage communal et des lieux de biodiversité. Les rideaux sont des talus qui ont été obtenus par les labours successifs au cours

de l’histoire. Parallèles auxSource scourbes: BS3V, IG Nde- niveau,BD TOPO / ils ont été aménagés pour Olutterrthophotogr acontrephies 2013 l’érosion Rideaux des sols. Ils portent le nom de « rindaux » en picard. Photo aérienne IGN 2013.

Vue du village depuis la cavée du Quesnoy. On aperçoit Long en arrière-plan. 3 Paysage d’aujourd’huiPaysage

La vallée de l’Airaines présente un versant Vue sur la vallée de l’Airaines depuis la cavée du Quesnoy. dissymétrique comme les autres vallées vertes du plateau du Vimeu : son versant ouest est plus pentu que son versant est.

Vue sur la vallée sèche de Long Pré (appelée aussi vallée de Bettencourt), soulignée par un boisement. En arrière-plan, la ligne électrique et le plateau agricole. 4 Paysage d’aujourd’huiPaysage

110m0m

95m95m

10m

95m

Carte des reliefs à Longpré-les-Corps-Saints : Les points culminants se situent à 95m sur le plateau sud-est. Le point le plus bas se situe en fond de vallée tourbeuse à 10m.©BS3V-IGN

5 Le Marais

Le Marais Reposant sur des terrains crayeux et alimentés dans la fiche patrimoniale de l’Atlas de Long). par des eaux souterraines calcaires, les marais Les « intailles » se trouvent dans la vallée de la tourbeux alcalins de Longpré s’étendent sur 160 Somme et également dans la partie de la vallée ha et offrent un paysage façonné par l’Homme, de l’Airaines qui se situe dans la commune. aux multiples visages : étangs creusés pour Le fond de vallée de Somme servait également la tourbe, boisements d’aulnes, de saules et de pâtures communales comme l’indique la de peupliers, roselières, tremblants tourbeux, toponymie : « les prés sur la Somme », « les prés à prairies humides. Pion », « les bas prés ». La vallée de la Somme constitue l’un des plus Favorables à une faune et une flore remarquables, vastes complexes tourbeux du nord-ouest de ces milieux ont fait la réputation de Longpré- l’Europe. Les étangs, ou « intailles » en picard, les-Corps-Saints et des communes voisines. Au sont profonds et de forme régulière. Ils ont été XXème siècle, les marais sont devenus un haut creusés pour extraire la tourbe (ou des graviers, lieu d’attractivité touristique pour la pêche et la tel devant la maison des marais). L’extraction chasse. de la tourbe a commencé au XIIème siècle et s’est intensifiée au XVIIème siècle. Elle a servi de combustible jusqu’à la fin des années 1950 (la Marais le long des prés à pions technique d’extraction de la tourbe est décrite © CEN Picardie P. Monnehay

Etang dans les marais © Patrick Guidé 6 Flore et faune

Les marais et tourbières de la vallée de la Somme se distinguent par leur grande richesse écologique : une faune particulièrement et faune Flore remarquable et une concentration d’habitats et d’espèces rares et menacées. Ils sont inscrits sur la liste des zones humides d’importance internationale et protégés également dans le cadre du programme Natura 2000. Composée d’espèces rares, la flore est typique des marais tourbeux : Cladium marisque (Cladium mariscus), Fougère des marais (Thelypteris palustris), Potamot coloré (Potamogeton coloratus), Nénuphare blanc (Nyphaea alba), Laiche tardive (Carex viridula) et Utriculaire commune (Utricularia vulgaris). La Laiche tardive a besoin, pour se développer, d’une pelouse rase en zone ouverte. Elle a pâti de la fermeture du marais par embroussaillement. La réouverture de ces milieux et la relance du pâturage pourraient permettre à certaines Cladium marisque - © Krzysztof Ziarnek, Kenraiz espèces de réapparaître. C’est le cas de l’Orchis Fougère des marais négligé (Dactylorhiza praetermissa), qui a © Rob Routledge, Sault College récemment été réobservée dans les prés à Pions. des espèces rares tels que le Blongios nain 444 espèces animales ont été observées sur (Ixobrychus minutus), le Bihoreau gris (Nycticorax l’ensemble de la commune au cours des 20 nycticorax), le Butor étoilé (Botaurus stellaris) dernières années (Sources ClicNat.fr) ce qui et le Hibou des marais (Asio flammeus), mais indique la réalisation d’observations régulières et également des espèces comme les Oies, Canards une bonne connaissance du patrimoine naturel Souchet ou Pilet, Sarcelles et Bécassines des de la commune. marais qui font le bonheur des chasseurs.

25 espèces d’odonates (Libellules et Demoiselles) De plus, 20 espèces de poissons ont été y ont été observées, dont la Cordulie à corps fin recensées dans la commune, même si certaines (Oxygastra curtisii), espèce rare et classée comme observations datent. On trouve l’Anguille vulnérable. européenne (Anguilla anguilla) et la Lamproie de rivière (Lampetra fluviatilis), toutes les deux Les marais constituent des haltes migratoires, des en danger d’extinction. Ces deux espèces sont sites d’hivernage et des zones de reproduction migratrices mais avec une migration inversée pour les oiseaux. Parmi les nombreux oiseaux l’une par rapport à l’autre. des zones humides qui sont présents à la période de reproduction (printemps-été), on observe 7 Ainsi, l’Anguille descend les cours d’eau pour se reproduire et pondre en mer. Les larves vont ensuite s’y développer jusqu’à devenir des civelles (petites anguilles) qui remonteront les fleuves et les rivières afin d’y continuer leur croissance jusqu’au stade adulte. A l’inverse, la Flore et faune Flore Lamproie se reproduit dans les cours d’eau où ses larves vont se développer pendant 5 à 7 ans avant de migrer vers la mer où elles terminent leur développement. Après une forte régression de leurs populations à cause des obstacles à leur migration (écluses, moulins à eau, ...), de nombreux aménagements de restauration des continuités écologiques (passes à Anguilles, passes à poissons) permettent maintenant à ces espèces de réaliser l’ensemble de leur cycle de vie.

Lamproie de rivère, une espèce en danger d’extinction © Tiit Hunt

Bihoreau gris - ©Bert de Tilly Hibou des marais, ©Rodolphe 8 Évolution des paysages L’évolution paysagère entre 1947 et aujourd’hui s’observe dans l’agrandissement des parcelles cultivées dû au remembrement après la Deuxième Guerre mondiale. Le bocage et les vergers diminuent autour du village. Le tourbage a cessé à partir des années 1960.

En conséquence, dans les marais, le boisement des paysages Évolution progressif des parcelles non entretenues provoque une fermeture de l’espace. A partir des années 1970, on observe l’apparition et l’augmentation du bâti de loisir à l’intérieur des marais en bordure des voies de communication.

IGN photographie aérienne 1947 IGN photographie aérienne 2011 9 Histoire et population Le nom de Longpré vient de « pré étendu » Le village subit les destructions des guerres (il chemin de fer favorisèrent l’industrialisation de (longum pratum en latin). Au XIIème siècle, le fut incendié deux fois pendant la guerre de Cent la vallée. L’industrie Saint Frères s’étendit sur suffixe « les-Corps-Saints » fut ajouté au nom du ans en 1346 et 1415). Les habitants reçurent leur les sites bien desservis par la ligne ferroviaire village lorsque le seigneur Aléaume de Fontaines charte communale à la fin du XVème siècle. Le -Boulogne. L’implantation d’une usine y envoya 116 reliques depuis Constantinople où il village fut également occupé par les Prussiens de fabrication de bâches à Longpré en 1911 en était parti en croisade. Les reliques furent abritées en 1870. L’exploitation des moulins à huile et témoigne. Hsitoire et population dans la collégiale fondée par Aléaume avant son la tourbe permit au village de retrouver sa départ. Le bourg devint alors un important lieu de prospérité. L’aménagement du pèlerinage. au XIXème siècle et la construction de la voie de

Évolution de la population Années 1793 1866 1911 1946 1954 1968 2016

Nombre d’habitants 1 138 1 922 1 549 1 160 1 567 1 902 1 656 source : EHESS Cassini, INSEE Église Notre-Dame de l’Assomption Fondée en 1190 par Aléaume de Fontaines avant trésor est aussi composé d’un reliquaire tryptique son départ pour les croisades, la collégiale Notre- du XIIIème siècle, du reliquaire «la tentation du Dame de l’Assomption abrita le trésor constitué Christ dans le désert» (XIIIème siècle), du reliquaire des 116 reliques rapportées de Constantinople des quatre docteurs de l’Église, du reliquaire de en 1205. Le culte des reliques des saints avait Saint-Louis (XVème), du reliquaire de Saint-Vincent une très grande importance pour les croyants et Saint-Théodore (XVIème siècle), d’une châsse du Moyen Âge et la nouvelle collégiale attira de du Premier Empire «le Fierté», d’une châsse du nombreux fidèles. L’édifice possédait un plan Second Empire, de la châsse de Sainte-Agnès. Une typique des églises de pèlerinage. Le chœur procession avec les reliques a lieu chaque année le était entouré d’un déambulatoire et la nef 8 septembre, fête de la Nativité de la Vierge. était flanquée de bas-côtés. Quatre piliers qui séparaient le chœur du déambulatoire sont exposés dans le jardin attenant à l’église. Ils ont été découverts lors de la reconstruction de l’église après 1950. Si la majeure partie des reliques fut dispersée au cours des siècles, une partie du trésor d’Aléaume et des siècles suivants a été conservée : le Reliquaire de Saint Christophe, XVIème reliquaire de Saint Christophe (XVIème siècle) est siècle, en bois recouvert de lames aujourd’hui la pièce principale de ce trésor. Le d’argent, incrusté de pierres précieuses. © Ville d’, service patrimoine. 10 La crypte romane date de l’édifice originel (1190). Elle abrite le cénotaphe d’Aléaume de Fontaines, un moulage du tympan, une mise au tombeau du XVIème siècle et la sépulture de seigneurs de Longpré. © Ville d’Abbeville, service patrimoine. Église Notre-Dame de l’Assomption Notre-Dame Église Le cénotaphe d’Aléaume de Fontaines. © Ville d’Abbeville, service patrimoine.

La collégiale était un important édifice au Moyen Âge. Les chanoines avaient leurs maisons autour de l’église, ce qui a donné son nom à la rue des Cloîtres. La collégiale subit bien des dommages au cours des siècles, et notamment lors de la guerre de Cent Ans. L’église connut un long déclin après la Révolution. D’importants travaux furent entrepris au XVIIème siècle après un incendie (1665) et à la fin du XIXème siècle lorsqu’une flèche fut érigée par l’architecte Deleforterie.

En 1940, la flèche fut détruite, ainsi que la toiture et les voûtes.

En 1950, la reconstruction de l’église suite aux dommages de mai et juin 1940, fut prise en charge par l’architecte des Monuments Historiques pour les éléments classés (le portail et le clocher) et par l’architecte Paul-René Chauvin pour le reste du bâtiment.

L’église au début du XIXème siècle. Collection privée 11 Église Notre-Dame de l’Assomption Notre-Dame Église

Portail de l’église en 1900. © La Picardie historique et monumentale T. III. Société des antiquaires de Picardie. Le tympan, du début du XIIIème siècle, comprend deux registres représentant la Vierge. Au niveau supérieur, il s’agit du couronnement de la Vierge. Le registre inférieur représente la dormition de la Vierge et son ensevelissement. Sur le trumeau s’adosse une statue de la Vierge portant l’enfant Jésus.

12 Forme urbaine Forme

Intérieur de l’église aujourd’hui. L’architecte Lors de la reconstruction, le sculpteur Louis Chavignier (1922-1972) réalisa le retable dans le utilisa la pierre de taille et le béton pour fond du chœur, en cuivre martelé, ainsi que la croix qui le surmonte.© Ville d’Abbeville, service la reconstruction des parties détruites. Le patrimoine. plafond est constitué d’impressionnants caissons moulurés. © Ville d’Abbeville, service patrimoine. Forme urbaine Selon l’usage dans les villages de la vallée de la Basse Somme, le bourg est construit à flanc de versant de la vallée, à l’écart du lit inondable de la Somme.

Au XIXème siècle, les habitations étaient regroupées autour de la mairie et de la collégiale, et rattachées à la gare par la rue de l’ancienne gare (devenue rue de la Division Leclerc). Des vergers entouraient le village.

Carte d’Etat Major 1866 (IGN, geoportail.fr). 13 Forme urbaine Forme

Rue de l’ancienne gare en 1905 8FI3062 – Archives départementales de la Somme. Le tissu bâti est La Grande Rue en 2019 dense et les constructions sont alignées sur la rue.

L’Airaines traverse le bourg au gré des canaux le long des rues, créant un environnement naturel dans le paysage urbain. © Atelier de l’Ours 14 Le bâti, dense en centre bourg (secteur rouge), se 11 novembre). Aujourd’hui, les habitats les plus caractérise par des voiries larges. Les maisons des récents (1965 – 2013, secteur bleu) se distinguent années 1950 construites plus à l’écart du centre par une implantation différente qui s’affranchit (secteur jaune) forment un tissu plus aéré. Une des limites parcellaires et de la mitoyenneté. voirie nouvelle est ajoutée en 1950 (avenue du Forme urbaine Forme

Habitat récent 1965 - 2013 Secteur d'habitat de la recHoanbsitartu rcétcieonnt 1965 - 2013 Secteur d'habitat de la reconstruction formant un tissu bâti aéréformant un tissu bâti aéré Secteur d'habitat de la recSoencsteturur cd'thioabnitat de la reconstruction formant un tissu bâti densfeormant un tissu bâti dense Bâti Bâti Avenue11Nov Avenue11Nov Parcellaire Parcellaire

Sources : BS3V - Forme urbaine / Mares et étangs, IGN - BD TOPO / RGEALTI, DGFIP - Parcellaire

Sources : BS3V - Forme urbaine / Mares et étangs, IGN - BD TOPO / RGEALTI, DGFIP - Parcellaire

Évolution du tissu bâti depuis la seconde reconstruction ©BS3V- IGN Cadastre de Longpré-les-Corps-Saints, geoportail.fr 15 niale 24 imo atr e P ch Fi

Le patrimoine bâti de

La place du Marquelet fut occupée par des la Reconstruction baraquements provisoires pour loger les habitants le temps de la reconstruction. Archives départementales de la Somme. 16 oniale En mai et juin 1940, les combats de la bataille de détruisirent 90% de la commune et changèrent son visage. trim a Patrimoniale Fiche e P ch Fi

Commune de Longpré-les-Corps-Saints. Département de la Somme. Plan de reconstruction. Ministère de la reconstruction et l’urbanisme. M. Millochau, cartographe. Bibliothèque L. Aragon, Amiens, section patrimoine Pl 3403.

La place du Marquelet fut occupée par des baraquements provisoires pour loger les habitants le temps de la reconstruction. Archives départementales de la Somme. 17 Lors de la Reconstruction, les voiries et les chemins existants furent élargis. L’ère de la seconde Reconstruction est celle de l’adaptation des villages aux besoins nouveaux, tels que l’usage de la voiture. L’avenue du 11 novembre (D3), bordée de nouvelles habitations et rapprochant le village de la Somme, est ainsi créée. Le plan conserve la conception traditionnelle de Fiche Patrimoniale Fiche l’espace urbain, avec l’alignement sur rue et la mitoyenneté en cœur de bourg, mais intègre quelques principes de la modernité de l’après- guerre, comme l’homogénéisation des façades, l’utilisation du béton, la recherche d’une meilleure exposition, le regroupement des services au centre.

La rue des eaux. J. Neel architecte.

On distingue à Longpré l’influence des cités- jardins, modèle théorisé par l’urbaniste britannique Ebenezer Howard en 1898.

Exemple d’une cité-jardin. Le Logis, Watermael-Boitsfort (Bruxelles) © Ben2-CC

18 A Longpré-les-Corps-Saints, en accord avec les injonctions du Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme (MRU), les architectes proposent une architecture de compromis entre la modernité fonctionnelle et le régionalisme. Le style régionaliste se manifeste par des détails traditionnels : toitures à forte pente, briques, pannes picardes, ... Les matériaux utilisés pour la reconstruction des Patrimoniale Fiche logements, à cause de la pénurie, sont des briques 4 creuses, des briques industrielles, du béton, des tuiles de type pannes picardes ou mécaniques, parfois des tuiles plates ou des ardoises, des parements pierre. Paul-René Chauvin est l’un des architectes qui a œuvré à la reconstruction de Longpré-les-Corps- 2 Saints. Après un cursus à l’école des Beaux-Arts, 3 il devint architecte en 1919. Il construisit de nombreux groupes scolaires, et des logements dans le canton d’Aulnay-sous-Bois. Il commença à exprimer son style dans l’entre-deux guerres, entre régionalisme, classicisme, et modernisme. Il installe son cabinet dans la Somme en 1948. 1 - toiture à forte pente qui fait penser à l’inclinaison des toits lorsqu’ils étaient couverts en chaume 2 - plein cintre en brique au-dessus d’une fenêtre 3 - encadrement en brique autour des ouvertures 4 - pannes picardes

L’esprit des grandes entrées de fermes est conservé, de même que la structure de la ferme traditionnelle : bâtiments alignés sur la rue, dépendance perpendiculaire à la rue. Ici, la cour est fermée. 19 Fiche Patrimoniale Fiche

Toit de l’école. Influence des toits polychromes à motifs de Bourgogne. Le style régionaliste peut s’inspirer de caractéristiques architecturales de régions différentes.

Les bâtiments qui datent de la période de Ferme de la Reconstruction. Le pigeonnier traditionnel est reconstruit. Réinterprétation de la la reconstruction présentent des détails ferme à cour carrée. architecturaux similaires :

Trous d’aération des combles au niveau du Lucarnes jacobines à fronton triangulaire Motifs décoratifs de briques. Fenêtres à petits pignon de maisons mitoyennes carreaux

La similitude des motifs architecturaux est accentuée par la mitoyenneté en cœur du bourg Porte encadrée par un arc en plein cintre en brique 20 Au-delà de quelques marqueurs régionaux, les autres éléments de construction sont modernes car l’objectif général de la reconstruction est de moderniser le bâti. Peuvent notamment être repris quelques éléments de la modernité des années 30 (hublots, fausse fenêtre horizontale, …). Fiche Patrimoniale Fiche

L’école mêle l’architecture régionaliste (le toit) et la modernité par l’horizontalité du bâtiment, soulignée par les fenêtres en bandes.

La poste

Photographie de la reconstruction à Longpré- les-Corps-Saints. Archives départementales de la Somme. Le hublot est un détail d’architecture moderniste.

La mairie, construite par Paul-René Chauvin.

21 Patrimoine bâti avant 1940 Certains bâtiments ont échappé aux destructions de 1940. Patrimoine bâti avant 1940 bâti avant Patrimoine

Maçonnerie en briques de terre cuite, avec ornements. Inspiration classique avec les pilastres et fronton triangulaire.

L’ancienne école des filles est encore visible aujourd’hui à côté de l’église. collection privée

22 Patrimoine bâti avant 1940 bâti avant Patrimoine

Face à l’usine Saint-Frères (détruite depuis), des « habitations à bon marché » construites pour les ouvriers datent de 1912.

23 Palette de couleurs et de détails architecturaux des bâtis d’avant 1940 Patrimoine bâti avant 1940 bâti avant Patrimoine

Epis de faîtage en ferronnerie

Pierre calcaire Inclusion de décor polychrome en faïence Briques. Appareillage à la française émaillée

Appareillage décoratif de brique rouge et blanche en bandeau de corniche Mur pignon à redents inspiré de l’architecture flamande

24 Petit patrimoine et lieux du souvenir

La roue du moulin Renouard et Gallet est le seul vestige de l’ancien moulin, à l’intersection de la

rue du Marais et de la rue aux Sacs. Au cours du du souvenir et lieux patrimoine Petit XIXème siècle, le nombre de moulins augmente et les moulins prospèrent. En 1851, la municipalité dénombre 10 grands moulins à blé et 22 usines à huiles.

Cimetière anglais, cavée du Quesnoy. C’est un lieu de sépulture pour les soldats des armées alliées tombés pendant la Grande Guerre de 1914-1918.

Le monument aux morts dédiés aux combattants du conflit de 1870 fut agrandi et modifié afin d’ajouter le nom des soldats de la Première Guerre mondiale. Ce sont les architectes Mallet et Carpentier qui firent la transformation du monument, inauguré en avril 1922. La sculpture centrale du monument, réalisée par A. Carvin, représente un poilu appuyé sur son fusil. 25 Les événements du 28 mai au 6 juin 1940 à Longpré-les-Corps-Saints ont tué des soldats de la 1êre compagnie du 1er bataillon du 53e RICMS (Régiment d’infanterie coloniale mixte sénégalais) qui ont défendu le bourg face aux panzers du général Rommel lors de leurs percées des 5 et 6 juin 1940. Petit patrimoine et lieux du souvenir et lieux patrimoine Petit

Chapelle Notre Dame des sept douleurs, cavée du Quesnoy. Elle a été Le calvaire de la ferme Jourdain est une croix de mission, plantée vers construite en 1852. En 1998, la famille Boulanger, propriétaire de la 1886, pour susciter un réveil de la foi et de la pratique religieuse dans le chapelle en fit don à la commune. village. 26 Patrimoine ferroviaire La première gare se situait dans la « rue de l’ancienne gare ». Elle fut ouverte en 1847 sur la ligne reliant Paris à Boulogne-sur-Mer. En 1875, une nouvelle gare fut construite au croisement des lignes Paris-Boulogne et Frévent-Gamaches. Patrimoine ferroviaire Patrimoine

La gare au début du XXème siècle. Carte postale, collection privée. Le 18 mai 1940, le nœud ferroviaire est détruit.

La gare actuelle, datant de la Reconstruction. Carte postale, collection privée. Ouverte en 1872, cette deuxième ligne Frévent- Gamaches a joué un rôle important. Elle assurait le transport de voyageurs et le transport de marchandises : céréales et mélasse pour la distillerie d’alcool de betteraves et pour les coopératives d’Oisemont. Le trafic de voyageur a cessé en 1938. Aujourd’hui, on peut parcourir l’ancienne voie à pied ou à vélo entre Longpré-les- Corps-Saints et Oisemont, le long de la « voie verte du Vimeu à l’Airaines ».

Une halle de stockage à la gare de Longpré-les-Corps-Saints.

27 Recommandations paysagères et hypothèses d’aménagement Les enjeux

• Requalifier l’ensemble des espaces • Proposer des boucles de randonnée • Ajuster les espaces publics aux publics du centre bourg (enjeu pour découvrir la commune sous de piétons prioritaire de la place du Marquelet nouveaux angles. En passant par les • Mettre en valeur les points de vue développé ci-après) plateaux, mais aussi par des points sur le bourg depuis les hauteurs • Renforcer le lien entre gare et centre de vue en ville, l’idée est de mettre • Reconquérir les abords de l’Airaines bourg en valeur et de diversifier l’offre de • Relier la voie verte du Vimeu à sentiers touristiques et quotidiens l’Airaines à la gare par l’acquisition et • Matérialiser la présence de la maison l’aménagement du dernier tronçon des marais et des sentiers par une de la voie ferrée signalétique appropriée • Revitaliser les biens immobiliers • Intégrer dans le paysage les vacants du centre bourg nouvelles constructions en bord d’Airaines

Recommandations paysagères et hypothèses d’aménagement paysagères et hypothèses Recommandations Hypothèses d’aménagement : La place du Marquelet Ces pistes d’aménagement de la place du Marquelet ont pour ambition de contribuer à l’expression naturelle de ce site remarquable en cœur de bourg. Une restructuration de ce site et l’introduction de nouveaux usages (balade, activités sportives ou de loisirs, cueillette, …) viendront conforter les fonctionnalités écologiques de l’Airaines tant à l’échelle de la commune que de celle de la vallée.

Formaliser et optimiser le stationnement accueillante et de signaler une transition entre Renforcer la lisibilité de l’espace et Le stationnement sur la place est aujourd’hui l’espace urbain et celui jouxtant l’Airaines. l’articulation de la place avec le cœur de bourg désordonné et peu optimisé. La matérialisation En réfléchissant à la connexion du site avec la rue d’un nombre important de places à destination Mettre en place une nouvelle structure du Moulin, l’école et la Mairie et en renouvelant des véhicules légers et de quelques poids végétale le mobilier urbain, l’aménagement suggéré a lourds par le biais d’une signalétique au sol est La plantation de différentes strates végétales sur également pour objectif de faire de la place préconisée. Est également recommandée la une trame commune permet de rompre avec du Marquelet un lieu incontournable de la création d’un parking de grande affluence qui, en la nappe minérale du site en y retrouvant du commune et un support au départ de boucles de dehors d’événements exceptionnels (fête foraine, volume végétal apaisant la perception des lieux. randonnées. réderie, jour de match), viendra étendre l’emprise Au pied de ces alignements peuvent être ouvertes des espaces piétons au bord de l’Airaines. des fosses généreuses dans lesquelles la pleine Une fois cet espace désimperméabilisé, un terre perméable pourra assurer une meilleure mélange terre-pierre engazonné et des éléments infiltration des eaux pluviales. C’est aussi donner amovibles (jardinières, bacs fleurs, mobilier plus d’espaces d’expression à la biodiversité urbain, …) permettront de rendre cette place plus humide des bords de l’Airaines. 28 Formaliser et optimiser le stationnement 1 - Maintenir et formaliser une bande de stationnement en créneau sur rue. Environ 15 places. 2 - Structurer l’entrée et la sortie du parking en formalisant un espace non carrossable afin de canaliser la circulation et de sécuriser les accès. Formaliser par exemple une bande de prairie au pied des arbres existants. 3 - Formaliser des stationnements permanents en bataille. Environ 35 places. 4 - Formaliser un emplacement privilégié pour le stationnement de 2 à 3 poids lourds ou environ 30 places de stationnement en bataille selon les besoins identifiés. 5 - Étudier la faisabilité et le dimensionnement d’un parking de grande affluence réservé aux évènements exceptionnels (jour de match, réderie, fête foraine, ...) dans un matériau semi-perméable et si possible végétalisé (mélange terre-pierre, grave compactée, dalles alvéolaires) qui serait dédié le reste du temps aux usages publics des bords de l’Airaines. Environ 1500m2, 130 places. 6 - Élargir la prairie des berges de l’Airaines sur les espaces peu propices au stationnement. 7 - Délimiter le parking occasionnel par une clôture d’aménagement paysagères et hypothèses Recommandations amovible.

Esquisse d’organisation du stationnement sur la place du Marquelet. Trame arbustive non représentée.

29 Mettre en place une nouvelle structure végétale La mise en place de différentes strates végétales sur une même trame sur l’ensemble du site permettra d’y retrouver une échelle plus humaine. Le regard pourra s’accrocher ou passer au travers ces filtres plus ou moins réguliers qui accentuent les perspectives vers la rivière. L’ensemble de cette strate végétale vient renforcer la composition et la lisibilité de ces espaces en bord d’Airaines.

L’intérêt de ce parking arboré est autant écologique que social. Aujourd’hui stérile, cette étendue minérale pourra jouer un rôle de refuge et d’expression de la biodiversité des bords de l’Airaines. La saison de la cueillette sera quant à elle l’occasion d’événements locaux propices à la cohésion de la vie sociale dans le bourg.

Au centre de la place, les éléments constitutifs de la strate basse (vivaces ou arbustes) sont amovibles. Ils poursuivent la trame arborée aux endroits plus fréquentés de la place du Marquelet sans y contraindre le déploiement de structures (manèges) ou le stationnement en format grande Recommandations paysagères et hypothèses d’aménagement paysagères et hypothèses Recommandations affluence.

Entre les terrains de tennis et le terrain de football, la haie de thuyas, que la commune souhaite arracher, peut être remplacée par des arbres de haut jet (tilleul, charme, érable champêtre) et des arbustes moins élevés (viorne, troëne, houx). À l’inverse d’une haie, ces arbres contribueront à décloisonner ces espaces du bourg.

- - - - Strate arbustive basse (éléments amovibles)

Esquisse programmatique d’une nouvelle structure végétale sur la place du Marquelet. 30 Renforcer la lisibilité de l’espace et mobilier sobre et économe pourrait trouver sa l’articulation de la place avec le cœur de bourg place le long du muret de briques. La relation entre la place de la Mairie et la place du Marquelet est aujourd’hui peu qualitative 1 - Affirmer un espace public transitoire en car un vaste espace est donné aux véhicules au surplomb de l’Airaines entre la place de la Mairie et croisement entre la rue du Moulin et la rue de la le pôle sportif. République. Les espaces piétons se retrouvent 2 - Prévoir un traitement des sols progressif et peu pincés entre la route et l’Airaines qui s’écoule en coûteux qui marque la transition entre le centre- contre-bas. La traversée peut s’avérer difficile, voire ville (dominante minérale et imperméable) et les dangereuse, lorsque des véhicules stationnent sur bords d’Airaines (milieu humide et spontané). le trottoir. 3 - Renforcer la structure des berges par la mise en L’élargissement du trottoir en cet endroit et le place de plessages de saules. report des stationnements sur les espaces prévus 4 - Installer un mobilier sobre et économe. à cet effet permettraient de sécuriser la liaison 5 - Empêcher le stationnement au pied des entre la place de la mairie et le pôle sportif et de bâtiments. la rendre plus agréable pour les piétons. Sur cet 6 - Délimiter le parking occasionnel par une endroit privilégié qui surplombe la rivière, un clôture amovible.

Esquisse programmatique de l’articulation entre la place du Marquelet et la place de la mairie Sur cet espace et plus généralement encore sur l’ensemble de la place, la mise en place d’une ligne de mobilier sobre, économe financièrement et en énergie dans sa production et sa gestion, représente un levier stratégique dans la reconquête des espaces publics du bourg. d’aménagement paysagères et hypothèses Recommandations De telles installations conforteront les usages existants ou à venir en incitant à la halte, au repos ou au jeu. Afin d’inviter à la découverte de la commune, un panneau présentant ses atouts patrimoniaux et ses cheminements pourra aussi y être installé, en veillant à en soigner l’intégration. La conception et l’installation de ces différents éléments peuvent s’inscrire dans une démarche participative proposant leur co-construction avec leurs usagers. Aujourd’hui, deux points de traversée de l’Airaines se côtoient : l’un pour le passage des engins d’entretien, l’autre pour les piétons. Une Point de vigilance traversée unique impacterait moins la dimension Dans une approche de plus large échelle, les liaisons stratégiques à établir entre place du naturelle du site et permettrait d’y concentrer Marquelet, gare, pôle scolaire (école/collège) et espaces de loisirs (maison des marais, voie les efforts en matière d’esthétique, de sécurité et verte du Vimeu à l’Airaines, …) doivent être pensées tant du point de vue des circulations d’entretien. Une telle passerelle serait autant utile motorisées que des modes actifs de déplacement. Ce fort enjeu méritant une analyse dédiée à l’exploitation technique du site qu’à sa bonne n’est pas développé dans cet atlas. accessibilité piétonne. 31 Cet Atlas et l’ensemble de la collection déjà parus sont disponibles gratuitement sur : WWW.BAIEDESOMME3VALLEES.FR Mentions légales : Éditeur : 3 Vallées (Syndicat Mixte) - Immeuble GAROPÔLE, place de la gare 80100 Abbeville Imprimeur : Imprimerie Carré Directeur de la Publication : Nicolas Dumont | Responsable de la rédaction : Clotilde de Zélicourt | Cartes : Florian Chevallier Textes : Clotilde de Zélicourt, Céline Abelé, Catherine Durpé François Brasseur, Xavier Lethève, Atelier de l’Ours Ne peut être vendu | Parution : décembre 2019 | Tirés à : 200 exp | Reproduction soumise à autorisation du Syndicat mixte Baie de Somme 3 Vallées Bibliographie : Atlas des paysages de la Somme, DIREN Picardie, 2007. Plan local d’urbanisme de Longpré- les-Corps-Saints. La Picardie historique et monumentale tome III, Société des Antiquaires de Picardie, fin XIXème, http://eric.bailly2.free.fr, Long et Longpré-les-Corps- Saints, E. Delgove 1860. Notice sur les saintes reliques Longpré-les-Corps-Saints de l’église de Longpré-les-Corps-Saints, L. Thierry, 1885. L’Ancien trésor de Longpré-les-Corps-Saints, Henri Macqueron, 1892. L’architecture de la Reconstruction, Gilles Plum ; Art Chrétien 1956, la reconstruction des églises, article de A. Sallez, architecte « découverte de l’Eglise de Longpré les Corps Saints », Archives départementales de la Somme, archives patrimoniales d’Abbeville. Documents du CIS d’Hallencourt Crédits : Couverture : nord-image.com ; Photos BS3V, BM Abbeville, Archives départementales de Baie de Somme la Somme, IGN, Atelier de l’Ours, Patrick Guidé, Ville Picardie Maritime d’Abbeville – service patrimoine, CEN Picardie Remerciements : à la municipalité et aux membres Baie de Somme 3 Vallées est le syndicat mixte qui du groupe de travail, à l’équipe BS3V, au service Patrimoine de la Ville d’Abbeville, à P. Guidé, à A. porte le projet de Parc naturel Régional Baie de Bienfait, au CEN Picardie, à P.Gourbin et B. Pouvreau. Somme Picardie Maritime regroupant 137 communes. Financeurs L’ambition majeure est de créer les bases d’une solidarité territoriale entre le littoral et l’intérieur des terres, de faire du Parc un territoire où l’on vit, on crée, on entreprend. Le label Parc Naturel Régional pourra favoriser l’attractivité touristique de l’ensemble de la Picardie Maritime.