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58 ANNÉE – Nº 17729 – 1,20 ¤ – FRANCE MÉTROPOLITAINE --- VENDREDI 25 JANVIER 2002 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI Pierre Bourdieu est mort Professeur au Collège de France, le philosophe est décédé mercredi. Mondialement reconnue, sa sociologie critique s’accompagnait d’un engagement aux côtés des mouvements sociaux

PIERRE BOURDIEU est décédé, thèmes aussi divers que la culture, mercredi 23 janvier, à 23 heures, à l’art, la littérature, la politique, les l’âge de 71 ans. Il est mort des sui- médias, la haute fonction publi- tes d’un cancer, à l’hôpital Saint- que, la misère sociale, la domina- Antoine de Paris. Internationale- tion masculine, etc. Directeur ment reconnue et discutée, son d’études à l’Ecole des hautes étu- œuvre a fondé, d’un point de vue des en sciences sociales (EHESS), académique, une école de sociolo- élu au Collège de France en 1981, il gie critique de la modernité qui réunit autour de lui une école s’est accompagnée, ces dernières sociologique dont la revue Actes de années, d’un engagement de plus la recherche en sciences sociales, en plus prononcé aux côtés des fondée en 1975, sera la vitrine. mouvements sociaux. Pour ses disciples, sa théorie du Connu comme sociologue, Pier- monde social constitue une « révo- re Bourdieu était en fait philoso- lution symbolique », semblable à phe de formation. Né le 1er août celles qu’ont pu connaître d’autres 1930, élève de l’Ecole normale disciplines. Pour ses détracteurs, supérieure, il passe l’agrégation de l’originalité de la sociologie de Pier- Présidentielle : Chirac accélère philosophie et commence sa carriè- re Bourdieu était obscurcie par un re universitaire à la faculté des let- certain sectarisme et par ses enga- Son dispositif de campagne se met en place tres d’Alger en 1958. Ses premiers gements partisans, de plus en plus travaux sont consacrés à ce pays – marqués ces dix dernières années. LES PARTISANS de Jacques Chi- et ses lieutenants occuper le ter- Sociologie de l’Algérie, en 1958, et « Ce que je défends, indiquait-il au rac ont choisi de passer à l’offensi- rain de la campagne électorale. surtout Le Déracinement, en 1964. Monde en 1992, c’est la possibilité et ve sans attendre la déclaration de Désormais la droite veut répondre Mais c’est avec ses recherches sur la nécessité de l’intellectuel criti- candidature officielle du chef de coup pour coup aux attaques de la les étudiants et sur le système édu- que. » Il ajoutait : « Il n’y a pas de l’Etat. Le directeur de campagne, gauche. Dans un entretien au Mon- catif (Les Héritiers en 1964, puis La démocratie effective sans vrai contre- les locaux, le slogan, le program- de, Jean-Louis Debré donne le Reproduction en 1970) qu’il se fait pouvoir critique. L’intellectuel en est me et les équipes sont trouvés. Cet- ton. Pour le président du groupe vraiment connaître, dans le climat un, et de première grandeur. » te accélération traduit la crainte de RPR, le premier ministre « instille de débat intellectuel des années l’opposition de voir Lionel Jospin le poison des affaires ». Lire page 8 1960. Suivront des travaux sur des Lire pages 29 et 30 MARTA NASCIMENTO/REA FESTIVAL D’ANGOULÊME L’armée des ombres de Xi’an échappe de justesse aux boursicoteurs

PÉKIN investisseurs chinois) comme dans celui des de calmer l’ardeur des aficionados du marché, de notre correspondant actions B (investisseurs étrangers). Pour allécher tendance dynastie Qin. Aux dernières nouvelles, Sept années de paradis Le débat fait rage à Xi’an. Les fameux guer- les boursicoteurs, les promoteurs du projet exal- l’armée en terre cuite serait extraite du périmè- riers de l’armée enterrée de l’empereur Qin Shi tent la richesse des actifs. Ceux-ci incluront des tre des actifs du Groupe du tourisme du Shaan- Huangdi (259-210 av. J.-C.), premier souverain de valeurs aussi prestigieuses que le mausolée de xi. Mais les craintes pour l’avenir ne sont pas pour la bande dessinée la Chine unifiée, vont-ils être introduits en Bour- l’armée des ombres en terre cuite, mais aussi la totalement dissipées. se ? Gloires de la Chine éternelle drainant des tombe du troisième empereur des Tang, Gao- La controverse de Xi’an illustre la tension per- millions de touristes et des cohortes de chefs zong (649-683 apr. J.-C.), et de sa féroce épouse, manente qui agite les sites culturels chinois, où d’Etat ébahis, les soldats en terre cuite – décou- Wu Zetian, ainsi que le site de Huashan, la s’opposent, au sein des administrations locales, verts dans le lœss du Shaanxi par un paysan en « montagne aux fleurs », d’où l’on peut aperce- promoteurs du tourisme et défenseurs du patri- 1974 – finiront-ils cotés à la corbeille de Shan- voir le fleuve Jaune. Armé d’un tel capital, le moine. L’an dernier, Qufu, berceau de Confucius, LE FESTIVAL de la BD ghaï en compagnie des fleurons des lave-vaissel- Groupe du tourisme du Shaanxi espère rayon- dans la province du Shandong, a lui aussi été l’en- d’Angoulême s’est ouvert jeu- le et des téléphones portables ? La perspective ner sur la scène internationale. jeu d’une furieuse polémique. Dans un grand di 24 janvier dans une atmo- enthousiasme les professionnels du tourisme C’est alors que les experts entrent en résistan- élan de zèle sanitaire, la compagnie touristique sphère euphorique. La BD vit de Xi’an, qui y voient un remède miracle à la ce. Les valeureux soldats, disent-ils, ne résiste- chargée de la gestion du site avait lavé à grandes sa septième année de para- pauvreté d’une province dont Mao fit naguère ront pas à l’assaut de nouvelles vagues de touris- eaux, mais dans le plus grand amateurisme, dis. Les tirages sont en haus- sa base troglodyte. Mais historiens et archéolo- tes. Ils subissent déjà péniblement l’outrage parois et mobilier, qui se sont mis à s’ébrécher. Le se. Le cinéma s’y intéresse. Et gues hurlent au sacrilège. d’une exposition à tout vent dans leur mausolée grand maître de la vertu se fendillant en pauvres Titeuf, l’écolier ronchon (des- L’affaire commence en 1998, quand l’adminis- reformaté en hall de gare. Température, poussiè- pelures à l’heure même où le pouvoir le réhabilite sin), sensible à toutes les tration du tourisme de la province du Shaanxi re et humidité leur ont chiffonné la mine, et la : le symbole était par trop insupportable. Il y fut peurs de l’époque, est devenu présente des propositions visant à doper l’écono- moisissure menace. Quarante espèces de cham- donc mis bon ordre. Il faut espérer qu’après cette le héros d’une série culte dont mie locale. Les auteurs du rapport suggèrent, pignons s’attaquent à leur armure. « L’armée en héroïque victoire de la conservation un coquin ne le père, Zep, est un dessina- entre autres, que le Groupe du tourisme du terre cuite est sérieusement malade », écrit le Chi- proposera pas d’ériger Confucius en start-up. teur comblé. p. 14 Shaanxi soit coté à la Bourse de Shanghaï dans na Daily. Les mises en garde alarmistes des et « Le Monde des livres »

le département des actions A (réservées aux archéologues ont visiblement convaincu l’Etat Frédéric Bobin ZEP/EDITIONS GLENAT a   Le dialogue social refusé 0123 LIVRES par Lionel Jospin Humour anglais A LA VEILLE de l’élection prési- le gouvernement. Jean Gandois Images dentielle, patronat et syndicats démissionne trois jours plus tard, réclament, au nom de leur « droit en prévenant que seul un de l’identité juive d’inventaire », un bilan de santé « tueur » peut reprendre les rênes des relations entre le gouverne- du patronat. Le 15 janvier 2002, à PROCHE-ORIENT ment et les « forces vives de la Lyon, c’est un successeur en nation ». M. Jospin, dans quel état majesté, Ernest-Antoine Seillière, laissez-vous les relations sociales qui fait entériner son programme Riposte israélienne au terme de votre bail de cinq ans très libéral par 2 000 patrons, après les attaques à Matignon ? La réponse est conte- signant ainsi l’entrée du patronat du Hezbollah p. 2 et 3 nue dans la question : le bilan est dans l’arène présidentielle. A un REUTERS mauvais. CNPF du compromis social a suc- MÉDECINS Rarement le législateur aura eu cédé un Medef du combat la main aussi lourde que durant politique. Accord entre MGF Enquête sur ces cinq années où, des 35 heures Lionel Jospin n’a jamais su, ni à la loi de modernisation sociale, probablement voulu, tisser de et la CNAM p. 9 les salafistes le premier ministre s’est constam- liens avec les chefs d’entreprise, MAROC ment défié des organisations comme l’ont fait Laurent Fabius LES POLICIERS s’inquiètent de patronales, mais aussi des repré- ou Dominique Strauss-Kahn. Faut- l’essor des salafistes, islamistes parmi sentants des salariés. La censure il attribuer ces réserves à son his- Entretien avec les plus radicaux, dans les banlieues de la nouvelle définition du licen- toire, à sa formation et à sa le premier ministre p. 4 françaises. Ils pratiquent un Islam ciement économique par le culture ? Aux gages à donner à l’al- rigoriste influencé par les imams Conseil constitutionnel vient, lié communiste ? A la brutalité de UNION EUROPÉENNE d’Arabie Saoudite tels que l’ancien après d’autres décisions, sanction- la contre-offensive menée dès grand mufti Ben Baz (photo). ner cette forme d’autisme social. 1998 par M. Seillière et son numé- L’Allemagne veut Deux grands-messes ouvrent et ro deux, Denis Kessler, inlassable accélérer la réforme Lire pages 10 et 11 ferment une période ponctuée maître d’œuvre de la « refondation p. 6 d’ignorance mutuelle et d’affron- sociale » ? Au refus du premier de la PAC International...... 2 Entreprises ...... 18 tements. Le 10 octobre 1997, au ministre de céder aux oukases du TÉLÉCOMS Union européenne ... 6 Communication...... 21 soir de la conférence de Matignon Medef ? A tout cela à la fois ? Abonnements ...... 6 Marchés...... 22 où M. Jospin annonce qu’il impo- France ...... 7 Aujourd’hui...... 24 Nokia, leader de la Société ...... 10 Météorologie-Jeux . 28 sera les 35 heures par la loi, c’est Jean-Michel Bezat Régions...... 13 Culture ...... 29 un président du CNPF affaibli qui téléphonie mobile, Horizons...... 14 Radio-Télévision...... 33 s’indigne d’avoir été « berné » par Lire la suite page 17 Kiosque...... 16 Carnet...... 34 résiste à la crise p. 18

Afrique CFA 1000 F CFA, Algérie 35 DA, Allemagne 1,50 ¤, Antilles-Guyane 1,50 ¤, Autriche 1,50 ¤, Belgique 1,20 ¤, Canada 2,50 $, Danemark 15 KRD, Espagne 1,50 ¤, Finlande 2,00 ¤, Grande-Bretagne 1 £, Grèce 1,50 ¤, Irlande 1,50 ¤, Italie 1,50 ¤,Luxembourg 1,20 ¤, Maroc 10 DH, Norvège 14 KRN, Pays-Bas 1,50 ¤, Portugal cont. 1,50 ¤, Réunion 1,50 ¤, Suède 16 KRS, Suisse 2,40 FS, Tunisie 1,5 DT, USA (NY) 2 $, USA (others) 2,50 $. 2/LE MONDE/VENDREDI 25 JANVIER 2002 INTERNATIONAL proche-orient

La tension était très vive, jeudi 24 janvier, au Proche- une trentaine d’obus contre des positions israélien- ministre de la défense israélien, Benyamin Ben Elie- saisie de la personne de douze Palestiniens. Pour seu- Orient, deux jours après l’attentat au fusil d’assaut à nes dans le secteur des   , territoi- zer, a jugé « très graves » ces incidents. Jeudi matin, le réponse à la crise,  - continuent de Jérusalem Ouest. Mercredi, pour la première fois re syrien conquis par Israël en 1967. Tsahal a riposté l’armée israélienne a effectué une nouvelle incursion demander à Yasser Arafat de prendre des mesures depuis octobre 2001, le   a tiré par des tirs contre le Hezbollah au  . Le en zone autonome palestinienne, à , et s’est « efficaces et durables » pour faire baisser la tension. Le conflit israélo-palestinien déborde sur le Liban sud Le Hezbollah libanais et l’armée israélienne ont échangé, mercredi, des tirs d’artillerie. La formation chiite a déclaré agir au nom de « l’Intifada contre Israël et les Etats-Unis ». L’armée israélienne a opéré, jeudi, une nouvelle incursion en zone autonome palestinienne, à Hébron

JÉRUSALEM ges de tirs entre les deux parties me palestinienne, à Hébron. Deux en vain un retour rapide de l’émis- de notre correspondant remontaient au mois d’octobre. Palestiniens suspectés d’appartenir saire américain Anthony Zinni, qui Deux jours après l’attentat de Le responsable de la formation à des formations extrémistes ont a déjà effectué deux visites dans la Jérusalem qui n’avait toujours pas chiite pour le Liban sud, sheik été enlevés. Dans la nuit de mercre- région sans résultat. été suivi, jeudi matin 24 janvier, de Nabil Qaouq a estimé que l’opéra- di à jeudi, une dizaine de Palesti- Devant ce nouvel accès de violen- représailles israéliennes massives, tion constituait « une réponse à l’en- niens ont également été arrêtés ce, les appels au calme se sont multi- la tension est brusquement mon- nemi israélien qui porte atteinte con- près de Bethléem, dans une zone pliés. L’ambassadeur des Etats-Unis tée dans le nord du pays, sur la tinuellement à la souveraineté liba- restée sous le contrôle israélien en Israël, Daniel Kurtzer, a invité les frontière avec le Liban. Le Hezbol- naise et viole sans arrêt son espace pour les questions de sécurité. populations des deux camps à se lah, la formation chiite libanaise, a aérien, ses eaux territoriales et sa La veille, à Naplouse, environ mobiliser pour imposer la paix, s’atti- tiré, mercredi en milieu de journée, frontière ». Cependant, le numéro quinze mille Palestiniens avaient par- rant une vive réplique des représen- une trentaine d’obus sur des posi- deux du Hezbollah, Naïm Qassem, ticipé aux funérailles de trois mili- tants des colons israéliens. L’envoyé tions israéliennes situées dans la a tiré un parallèle avec la situation tants du Mouvement de la résistan- spécial des Nations unies au Proche- zone dite des fermes de Chebaa, dans les territoires palestiniens en ce islamique (Hamas) tués à la suite Orient, Terje Roed-Larsen, a fait un territoire syrien conquis par expliquant pour sa part que son par- d’un raid israélien dans cette agglo- part de sa crainte d’« un désastre Israël en 1967 mais que Beyrouth ti voulait « rester dans la résistance mération autonome, ainsi qu’à cel- accompagné d’une effusion massive revendique comme sien. L’armée et avec l’Intifada afin que le projet les d’un autre militant tué lors d’un de sang ». Moscou, Paris et Madrid israélienne a riposté en bombar- israélien ne se réalise pas comme le affrontement avec la police palesti- ont également exprimé leur préoccu- dant des positions du Hezbollah au voudraient les Israéliens et les Améri- nienne devant la prison de Naplou- pation. Le ministre français des affai- Liban sud. cains ». Le ministre de la défense se, où sont détenus d’autres activis- res étrangères, Hubert Védrine, a Les fermes de Chebaa, qui n’ont israélien, Benyamin Ben Eliezer a tes du Hamas. L’organisation islamis- ainsi estimé que « la destruction pas été évacuées par les Israéliens jugé pour sa part « très graves » ces te a annoncé mardi son intention de méthodique par l’armée israélienne lors du retrait de la zone qu’ils occu- attaques tout en ajoutant qu’Israël venger la mort de ses activistes. de tous les symboles et de tous les paient au Liban sud, en mai 2000, ne se laisserait pas entraîner dans Pressée une nouvelle fois par les moyens de l’Autorité palestinienne per- constituent le dernier point de fric- des combats dans cette zone. Etats-Unis de prendre des mesures met des succès tactiques faciles mais tion où continuent de s’opposer A Hébron, jeudi matin 24 janvier, contre les groupes extrémistes res- constitue une erreur stratégique ». l’armée israélienne et les miliciens l’armée israélienne a effectué une ponsables des derniers attentats, du Hezbollah. Les derniers échan- nouvelle incursion en zone autono- l’Autorité palestinienne a demandé G. P. Les éloquentes péripéties d’un cessez-le-feu manqué A Paris, la complicité

JÉRUSALEM va-tout. Sur le terrain, les forces de vam Zeevi, une figure de l’extrême ment 50 tonnes d’armes. Israël accu- de deux hommes de dialogue de notre correspondant sécurité palestiniennes éprouvent droite, assassiné le 17 octobre par se l’Autorité d’être à l’origine de cet- Ce samedi 1er décembre, la direc- de plus en plus de difficultés à arrê- un commando du Front populaire te contrebande et de jouer un dou- L’UN, Ahmed Qoreï (Abou Alaa), C’est parce qu’il faut maintenir tion palestinienne au grand com- ter les activistes. A Gaza, le place- de libération de la Palestine en ble jeu. M. Arafat s’en défend, mais est président du Conseil législatif attachés les quelques fils ténus d’un plet se réunit à Ramallah. L’at- ment en résidence surveillée du chef représailles à l’assassinat de son mal, alors qu’une partie de son palestinien. Et, aussi, le principal dialogue israélo-palestinien mori- mosphère est tendue. En début de spirituel du Hamas, le cheikh chef, en août, à Ramallah. entourage est mise en cause. négociateur, pour son camp, des bond que les deux hommes se semaine, l’arrivée d’un émissaire Ahmed Yassine, puis l’arrestation de Malgré l’affront, la trêve se pour- Alors que les Israéliens entrepren- accords d’Oslo, qui, en 1993, officia- retrouvent sur la nécessité d’une américain, Anthony Zinni, a traduit l’un des fondateurs du mouvement, suit et le nombre d’incidents armés nent une tournée d’explication à lisèrent la reconnaissance mutuelle intervention diplomatique interna- dans les faits le retour attendu de Abdel Aziz Rantissi, dégénèrent. Les continue de se réduire. M. Sharon Washington, Londres et Paris, au Israël-OLP. L’autre, Avraham Burg, tionale. Politesse oblige, ils ont l’administration américaine au Pro- funérailles d’un militant islamiste du est contraint de le reconnaître. Cet- cours de laquelle ils tentent d’appor- est président de la Knesset. Il est, donc insisté sur le rôle dévolu aux che-Orient. Mais quelques jours camp de Jabaliyé tournent à l’émeu- te trêve nourrit l’espoir de voir ter les preuves de leurs accusations, surtout, un homme religieux com- Européens. Même si, en privé, Abou auparavant, l’armée israélienne a te. Sept Palestiniens sont tués par enfin discutés les rapports rédigés le chef de l’Autorité palestinienne me on en trouve peu en Israël : figu- Alaa sait que « la clé est à Washing- assassiné près de Naplouse un chef les forces de sécurité. Au même ins- au printemps par la commission multiplie les explications alambi- re de proue de la gauche travailliste, ton ». Lui ne « croit pas que les Etats- de l’aile militaire du Mouvement de tant, pourtant, le Hamas, qui a pris internationale présidée par le séna- quées qui instillent le doute. il ne cache pas, lui, son « opposi- Unis pourront encore longtemps res- la résistance islamique (Hamas), conscience de la détermination de teur américain George Mitchell et D’autant que le vent tourne. Le tion » à la politique d’Ariel Sharon ter à l’écart [d’une relance effective Mahmoud Abou Hanoud, au terme 9 janvier, un poste militaire israélien vis-à-vis des Palestiniens, qui mène du processus de paix] ». Vœu d’une longue traque. Le Hamas est attaqué près de la bande de « à l’impasse ». pieux ? « Non, nous répond-il.La annonce des représailles. Après un Shimon Pérès, Yasser Arafat et la terreur Gaza. Le Hamas, qui revendique Les deux hommes étaient, mercre- situation est explosive pour toute la premier attentat à Afoula, c’est Jéru- Shimon Pérès, ministre des affaires étrangères d’Israël, a estimé, mercredi l’opération, considère qu’elle a été di 23 janvier, à Paris, à l’invitation région. Plus le temps passe, plus on se salem qui est touchée à la fin du 23 janvier, à Strasbourg au Conseil de l’Europe que « si Arafat ne met pas fin à menée contre un objectif « légiti- du Parlement français, hôtes d’un rapproche d’une catastrophe. » shabbat, samedi soir. Moins de dou- la terreur, la terreur l’arrêtera lui. C’est la raison pour laquelle nous demandons me », « l’armée d’occupation »,et colloque initié par Le Monde Avraham Burg, lui, ne se range pas ze heures plus tard, l’horreur s’abat à Arafat d’être un leader ». Le problème avec l’autorité palestinienne « ce n’est qu’elle ne remet pas en cause la trê- diplomatique. parmi ceux qui, de plus en plus nom- à nouveau, cette fois-ci à Haïfa. pas sa position, c’est sa composition », a-t-il précisé en évoquant la multiplicité ve. En représailles, l’armée israélien- Cette visite commune a fourni breux dans la gauche israélienne, Cette vague d’attentats est la plus des factions qui entourent Yasser Arafat. « Nous, nous avons plusieurs points ne rase des dizaines de maisons à l’occasion de scènes quelque peu grave enregistrée depuis le début de de vue mais un seul fusil. Eux n’ont qu’un point de vue, mais plusieurs fusils. » Rafah, dans le sud de la bande de irréelles, dans un contexte où la vie l’Intifada. L’Autorité palestinienne Le vice-premier ministre travailliste du gouvernement Sharon a appelé à Gaza. quotidienne des Palestiniens Avraham Burg utilise est piégée par la surenchère des l’élaboration d’une position commune sur le Proche-Orient entre les Etats- Le 14 janvier, un activiste des Bri- devient chaque jour plus infernale, radicaux palestiniens. Lundi, le pre- Unis, la Russie et l’Europe. « Nous aimerions que votre éminente assemblée gades des martyrs d’Al-Aqsa est tué où les morts de civils israéliens lors ses talents d’imitateur mier ministre israélien Ariel Sharon élabore une politique qui ne soit pas contre les Palestiniens, pas contre leurs par une explosion à Toulkarem. La d’attentats terroristes succèdent rentre précipitamment d’un voyage droits et leur avenir, mais une politique qui permettra de les sauver de la ter- responsabilité d’Israël est manifes- aux « assassinats ciblés » et aux pour contrefaire Ariel aux Etats-Unis. A Jérusalem, il quali- reur », a-t-il indiqué. – (Reuters.) te. Ce nouvel assassinat déclenche rafles de l’armée. Ovationnés par fie l’Autorité d’« entité soutenant le une nouvelle vague d’attentats, les députés, MM. Burg et Qoreï ont Sharon parlant anglais terrorisme ». Peu de temps aupara- notamment à Hadera, le 17 janvier, ainsi levé leurs mains entremêlées vant, des hélicoptères israéliens ont M. Arafat, placé le dos au mur, par le directeur de la CIA, George puis à Jérusalem, le 22 janvier, qui au-dessus de leurs têtes. Au même détruit à Gaza les appareils de accepte le principe d’une trêve. Il est Tenet. Globalement acceptés par font huit nouvelles victimes. M. Ara- moment, le ministre israélien Dany envisagent un « retrait unilatéral » M. Arafat. Cloué à Ramallah, il est rejoint par l’ensemble des groupes les deux parties, ces documents fat a bien pu faire arrêter, une nou- Naveh déclarait qu’Israël n’avait des territoires palestiniens pour met- devenu prisonnier. Le 13 décembre, armés palestiniens. pourraient en effet faciliter le retour velle fois à contretemps, le chef du « d’autre choix que de mettre fin au tre fin aux tueries. Il prône une solu- un nouvel attentat meurtrier est per- Cette trêve produit des effets de la diplomatie. Mais, à la veille du FPLP Ahmad Sa’adat, jugé respon- régime du président palestinien tion qui inverse la logique de Camp pétré cette fois-ci en territoire occu- presque immédiats sur le terrain, retour de l’émissaire américain, sable par les Israéliens de l’assassi- Yasser Arafat ». Ou encore le soir, David : l’instauration, en phase initia- pé, non loin d’une colonie israélien- malgré la poursuite des opérations Anthony Zinni, M. Sharon rappelle nat de Rehavam Zeevi, plus rien ne lorsqu’ils se sont retrouvés pour un le, et non au bout du processus, d’un ne de Cisjordanie. israéliennes en zone autonome. son exigence d’un cessez-le-feu semble pouvoir arrêter M. Sharon dîner restreint, à l’invitation de Etat palestinien, accompagnée d’un Pourtant, M. Sharon ne relâche pas total de sept jours avant tout chose. dans son entreprise : se débarrasser François Loncle, président de la « plan Marshall international [d’aide   «   » son emprise sur M. Arafat, qui Un objectif difficile à atteindre. définitivement du chef de l’Autorité commission des affaires étrangè- économique] ». Les questions « sym- Le cycle infernal des attaques essuie le 23 décembre un refus sym- L’arrivée du général américain en palestinienne et solder par la même res, ils ont discuté, rivalisé de bons boliques » les plus dures (Jérusalem, palestiniennes et des ripostes israé- bolique : sa présence à la messe de retraite, le 3 janvier, est cependant occasion les comptes du processus mots. Avraham Burg utilise ses le droit au retour des réfugiés palesti- liennes frappe une nouvelle fois de minuit, à Bethléem. Les Israéliens troublée quelques heures plus tard de paix lancé à Oslo en 1993 et talents d’imitateur pour contrefaire niens) seraient résolues au fur et à plein fouet M. Arafat, déclaré cette exigent brusquement la remise des par l’arraisonnement par un com- auquel il s’est toujours opposé. Ariel Sharon parlant anglais. On mesure de « règlements intérimai- fois-ci « hors jeu » par M. Sharon. Le assassins présumés du ministre mando israélien en mer Rouge d’un s’esclaffe. A l’hôtel de Lassay, le Pro- res » qui rétabliraient la « confiance chef de l’Autorité palestinienne est démissionnaire du tourisme, Reha- bateau transportant clandestine- Gilles Paris che-Orient est si loin. disparue » entre les deux peuples. sommé de prendre des mesures radi- Quelles seraient les frontières de cet cales contre les activistes islamistes Etat palestinien ? M. Burg ne le et ceux qui se réclament du Fatah, sa précise pas. propre composante politique. Sous D’une génération de Palestiniens à l’autre, un regard différent sur Israël Abou Alaa se souvient de l’accueil la pression de l’Union européenne chaleureux que lui avait réservé le et des Etats-Unis, M. Arafat s’adres- C’ÉTAIT lors d’une récente manifestation à di dans les territoires et en sait beaucoup sur qui, « après des pertes très lourdes » dans la président de la Knesset, qui l’avait, il se le 16 décembre aux Palestiniens Ramallah, raconte la correspondante du quoti- Israël. Nombreux sont ceux qui y ont travaillé, première phase de la révolte palestinienne, y a deux ans, invité au Parlement au cours d’une longue allocution dien israélien Haaretz dans les territoires pales- d’autres ont été condamnés à de longues sont passés des jets de pierres aux attaques israélien. « Avraham Burg est un télévisée et ordonne l’arrêt immé- tiniens. Marwan Barghouti, chef du Fatah, années de prison pour fait de résistance. » Quel mortelles contre soldats et colons et aux homme bon et courageux. » Cette diat de toutes les opérations armées était là, dans la foule, discutant avec une fem- qu’en soit le motif, ils ont appris la langue de attentats sanglants au cœur même d’Israël, fois, c’est lui qui a invité son homo- contre des intérêts israéliens. me israélienne, venue sans doute en signe de l’occupant. Et pas seulement sa langue ; ils ont sont très différents, écrit Amira Hass dans un logue à s’exprimer devant le Parle- Cet appel solennel a des allures de solidarité. Discutant… en hébreu, que Barghou- également appris à connaître les Israéliens. article intitulé : « Cette génération qui ne con- ment palestinien. Mardi, Ariel ti parle assez correctement. Dans leur dos, «un Tous se souviennent encore de « tel employeur naît pas Israël ». Cette génération-là « a per- Sharon a exprimé son opposition homme d’un rang assez haut dans l’OLP », ren- israélien qui les a renvoyés sans leur payer leur du son enfance dans la première Intifada et absolue. « Une décision de la coali- tré en Palestine avec les « gens de Tunis » [où salaire, mais aussi de tel autre qui leur faisait son adolescence a été écourtée par les boucla- tion interdit cette rencontre », assé- était situé le siège de l’OLP jusqu’aux accords parvenir de l’argent quand ils étaient soumis au ges suffocants après Oslo », avec leur multipli- nait-il. M. Burg se dit déterminé à se d’Oslo], « grommela quelque chose » sur l’incon- blocus des territoires ou au couvre-feu ». cation des barrages routiers, de check-points rendre à Ramallah, quitte à risquer gruité d’un tel comportement. Parler avec l’en- Marwan Barghouti est l’un de ces Palesti- militaires, de patrouilles armées à l’abord de « une procédure de destitution de la nemi dans sa propre langue ! « Barghouti conti- niens qui « connaissent l’autre » et sa langue : chaque bourg ou village palestinien. présidence de la Knesset » que pour- nua sa conversation dans la langue de son inter- de 1978 à 1987 (début de la première Intifada), « Cette génération n’est pas encore celle qui rait intenter la droite israélienne à STEINER, A FLEUR D’ALCANTARA locutrice », indique Amira Hass. « Ces gens-là il a passé sept ans dans les geôles israéliennes, prend les décisions politiques au Fatah. Mais son encontre. venez découvrir la collection des viennent de l’extérieur, lui expliqua-t-il. Ils ne avant d’être expulsé des territoires. Ces Palesti- dans une société aussi jeune que la Palestine, A Paris, Abou Alaa et Avraham CANAPÉS STEINER à des Burg ont lancé un appel commun à prix tout à fait exceptionnels. savent pas l’hébreu ; ce sont des goys », utili- niens-là savent qu’Israël « est une société multi- plus le temps passe et plus elle imprime sa mar- sant, par dérision, le terme hébraïque pour dimensionnelle, pas un écriteau unidimension- que. Les seuls Israéliens que connaît cette géné- « la reprise des négociations sur le sta- OUVERTURE EXCEPTIONNELLE LES DIMANCHES 20 ET 27 JANVIER désigner les non-juifs. nel ». C’est ce qui permet de comprendre pour- ration, ce sont les soldats et les colons. Pour elle, tut intérimaire et le statut final pour permettre la renaissance du proces- Topper Espace Steiner « Barghouti n’est pas le seul Palestinien à quoi cette génération-là « a soutenu les proces- Israël n’est qu’un auxiliaire de son armée, et ses avoir été fortement influencé par le folklore sus de Madrid (1991) et d’Oslo » (1994). colonies ne connaissent pas de frontières. » sus de paix ». 63,rue de la Convention - Paris 15e Tél.:01 45 77 80 40 - M° Boucicault - Parking gratuit judéo-israélien, poursuit la journaliste. Toute Les autres, les 20-30 ans, ceux qui forment une génération des 30-50 ans est née et a gran- les cadres actifs de la nouvelle Intifada, ceux S. C. Sylvain Cypel LE MONDE/VENDREDI 25 JANVIER 2002/3 INTERNATIONAL Au nord de Kaboul, le tunnel de Salang ATTENTAT a été rouvert à la circulation Un policier israélien, son arme à la main, patrouille Afghans et Russes tentent d’oublier le passé du djihad antisoviétique en remettant en état dans la rue Jaffa, à Jérusalem, après l’attentat cet ouvrage crucial pour les échanges. Et l’Afghanistan entre plus nettement dans l’après-talibans du 22 janvier au cours duquel deux personnes sont TUNNEL DE SALANG de la partie sud de l’ouvrage, mortes et une trentaine de notre envoyé spécial avaient dépêché leur vice-ministre UNE VOIE DE PASSAGE ENTRE LE NORD ET LE SUD DU PAYS d’autres ont été blessées. L’éclairage provisoire ne laisse fil- des situations d’urgence, Valery TU. Mazar-e-Charif Un Palestinien avait ouvert trer qu’une maigre lumière. Parfois, Vostrotin. Le ministre s’était décla- Taloquan Kunduz le feu sur la foule attendant sur des centaines de mètres, on ré « très heureux que la Russie puisse Sar-e Pol à un arrêt de bus avec un avance dans une obscurité presque aider l’Afghanistan ». « C’est comme Samangan Baghlan S H fusil d’assaut américain totale, à travers un monde effrayant si l’on assistait à une nouvelle lune de K U Dowshi D U PAKISTAN I M-16. L’homme a été et silencieux, éclairé seulement par miel entre nos deux pays », avait-il I N H ir immédiatement cerné par la le pinceau des phares. Puis, au loin, ajouté. Il s’était abstenu d’épiloguer Tunnel de Salang sh an police et tué sur place. Sur s’arrondit enfin le cercle de lumière sur le passé, lui qui participa, en Charikar P Bamian la photo, les vitres de l’arrêt marquant le bout de l’interminable tant que membre des commandos Chaghcharan de bus qui ont explosé sous boyau, long de 2 600 mètres. La tra- spéciaux « alpha » du KGB, à l’opé- -e Baba Jalalabad Kuh KABOUL Khyber Pass les balles. versée du tunnel de Salang, qui a ration de renversement d’Hafizul- d 1 080 an  / été rouvert à la circulation samedi lah Amin, le président communiste lm He 19 janvier, reste encore une expé- afghan qui avait fini par échapper Ghazni Peshawar h ISLAMABAD rience pour le moins inédite. au contrôle de Moscou et dont l’éli- Gardez Khost Ce jour-là, il faisait dans les mination marqua le coup d’envoi moins 10 degrés, le col était battu de l’invasion des troupes de l’armée 150 km HAMAS par les vents. Le paysage, dominé rouge, en décembre 1979… par les sommets enneigés, étalait la sur les flancs de ce verrou stratégi- tion. « L’explosion provoquée par Les portaits de   quatre membres somptueuse beauté de la chaîne de que. Massoud avait complètement détruit du Hamas tués l’Hindu Kush. A 3 400 mètres d’alti- « C’est le début d’une ère nouvelle Les travaux de réparation, com- le système de ventilation. Au mois de lors d’un raid tude, le ministre afghan des travaux entre la Russie et l’Afghanistan. Il faut mencés le 25 novembre, ont égale- mars commencera la phase 2 de israélien sur publics, Abdoul Khaliq Fazal, qui oublier le passé et penser au futur de ment été effectués par l’ONG fran- l’opération, qui permettra de laisser Naplouse sont avait courageusement fait le voyage nos relations », avait poliment çaise Acted, qui, en collaboration s’écouler un trafic continu. Jusque-là, portés par la depuis Kaboul, à trois heures de là, répondu le ministre afghan avant avec le gouvernement transitoire seuls trois véhicules à la fois seront foule lors de avait présidé à la réouverture du que son collègue russe ne distribue afghan et l’organisation de démina- autorisés à le traverser, pour des rai- leurs funérailles. tunnel en coupant le ruban sous les des médailles du Mérite aux ge Halo Trust, a trouvé les finance- sons de sécurité », a expliqué Ustad applaudissements. Ce cordon ombi- Afghans responsables de la répara- ments et fourni le matériel et les Mir, responsable d’Acted pour cette

 / lical reliant les plaines d’Asie centra- tion du tunnel. A l’arrière-plan, sou- équipes chargés de déblayer les opération. le et le nord de l’Afghanistan aux tenu par des hommes en uniforme 700 mètres de débris obstruant l’en- En 1982, un convoi de l’armée régions plus méridionales du pays camouflé, trônait le portrait du trée nord du tunnel. « C’était un tra- soviétique s’était fait bloquer à l’in- était bloqué depuis 1998, quand les défunt Ahmed Chah Massoud, vail très dangereux. Parfois, il fallait y térieur du tunnel, sans que l’on ait hommes du commandant Massoud l’homme qui guerroya ici long- aller à mains nues » a raconté l’un jamais su s’il s’agissait d’une atta- LIBAN en firent exploser les deux extrémi- temps contre les soldats de Moscou des ouvriers le jour de l’inaugura- que de moudjahidins ou d’un acci- Un nuage de tés afin d’empêcher l’avancée des dent. Certaines sources ont fait état fumée monte talibans vers leur fief du Panchir. de sept cents morts. au-dessus du La réouverture de ce tunnel, cons- Les soldats français quittent Mazar-e-Charif Mais, en ce jour, une file de voitu- village de Kfar truit par les Soviétiques au début La France a commencé, mercredi 23 janvier, de retirer son contingent de res s’allongeait déjà, impatiente, à Shuba, au sud des années 1960 (il fut inauguré en « marsouins » (soldats de l’infanterie de marine) de l’aéroport de l’entrée sud du tunnel. Ces centai- du Liban, 1964), sanctionne ainsi la normalisa- Mazar-e-Charif, dans le nord de l’Afghanistan. Transitant par le Tadjikistan, nes d’Afghans désireux de regagner à la suite tion d’une voie de circulation écono- une cinquantaine d’entre eux sont de retour à Fréjus (Var), après une mis- leurs régions de Mazar-e-Charif, de de la riposte mique et humaine de première sion d’un mois et demi sur place. Cent soixante-dix autres devraient suivre, Kunduz ou d’ailleurs, démontraient israélienne aux importance entre le nord et le sud de façon à être rentrés en France avant le 31 janvier, comme l’avait indiqué, à leur manière que l’Afghanistan, tirs du Hezbollah du pays. La cérémonie d’inaugura- la semaine dernière, le chef d’état-major français des armées, le général sur le plan de la circulation des per- contre la zone tion aura également pris des allures Jean-Pierre Kelche, en visite dans la zone. sonnes en tout cas, venait apparem- de Chebaa de symbole, car elle a permis à deux Après avoir sécurisé l’aéroport pour permettre au génie américain de ment d’entrer plus avant dans l’ère contrôlée par anciens ennemis de se retrouver au remettre la piste en état, les soldats français ont neutralisé 150 tonnes de post-talibans. Jérusalem. milieu des embrassades de rigueur : munitions au total. Il reste à Mazar-e-Charif un contingent jordanien chargé les Russes, chargés de la réparation du fonctionnement d’un hôpital de campagne. – (AFP.) Bruno Philip  / Washington « continue de penser L’« esprit d’Assise » invoqué contre les fanatismes que Yasser Arafat peut faire plus » Deux cents responsables religieux du monde entier conviés par le pape à condamner le terrorisme ASSISE (Italie) « Jamais plus la guerre au nom de avec les Eglises chrétiennes), des che de Constantinople, et de repré- pour apaiser les tensions de notre envoyé spécial Dieu », devaient répéter les digni- figures connues du judaïsme améri- sentants de onze patriarcats et Egli- Le « Train de la paix » s’est arrê- taires réunis à Assise, dans un cain (Léon Feldman, Israël Singer) ses nationales (Alexandrie, Antio- LES ÉTATS-UNIS ont une nou- ment précisé que Washington s’en té à Assise, la ville natale de saint moment d’exceptionnelle et éphé- et européen (Elio Toaff, ancien che, Jérusalem, Roumanie, Bulgarie velle fois fait pression sur le prési- tenait toujours aux plans du chef François (1181-1226) en Ombrie, mère communion. grand rabbin de Rome, et René- où le pape doit se rendre bientôt) dent palestinien Yasser Arafat, de la CIA, George Tenet, et à celui jeudi matin 24 mai, avec à son bord La rapidité de la réponse à l’invita- Samuel Sirat, ancien grand rabbin est plus conforme à la normale. Les mercredi 23 janvier, pour qu’il de la commission internationale le pape et deux cents des plus tion du pape et le nombre des parti- de France), étaient aussi à Assise. Eglises protestantes n’ont pas non fasse cesser les attentats anti- de l’ancien sénateur américain hauts responsables religieux du cipants ont surpris. Trente représen- Chez les bouddhistes, le dalaï-lama, plus boudé le déplacement et israéliens. Le secrétaire d’Etat George Mitchell pour ramener le monde. La gare miniature du Vati- tants de l’islam – un nombre jamais qui avait été présent à la première étaient représentées par le pasteur Colin Powell a décroché son télé- calme, et qu’il n’y avait rien de nou- can, que Mussolini avait offerte en atteint en 1986 et 1993 – ont fait le rencontre de 1986, avait envoyé Konrad Raiser, secrétaire général phone pour exiger des mesures veau à ajouter. 1929 au pape Pie XI, avait été spé- voyage à Assise dont, pour la pre- l’un de ses proches, Geshe Tashi du Conseil œcuménique des Eglises « efficaces et durables » afin que D’autre part, pour la deuxième cialement rouverte pour trans- mière fois, une délégation de l’Iran. Tsering. Près de trente Japonais (Genève), des responsables de la cesse la violence. Il a par ailleurs fois en trois jours, des avions de porter ces pèlerins d’un jour, moi- D’autres sont venus d’Arabie saou- (notamment de l’école Sissho Kosei- Fédération luthérienne, du Conseil demandé des explications com- combat américains et britanniques nes bouddhistes en robe couleur dite – un pays qui refuse tout exerci- kai) avaient également répondu à méthodiste et de l’Alliance réfor- plètes sur le Karine-A, ce cargo ont bombardé, mercredi 23 jan- safran, rabbins couverts de leur ce du culte chrétien –, de Jordanie l’appel du pape, comme la plupart mée mondiale, montrant qu’au- transportant des armes, intercep- châle de prière, cheikhs musul- (le prince Hassan Bin Talal, frère de des autres religions orientales : hin- delà des divergences politiques et té en mer Rouge par les Israé- mans en blanc, mêlés à la soutane l’ancien roi Hussein), du Liban, douisme, shintoïsme, confucianis- doctrinales, le thème de la paix est liens le 3 janvier. 48 milliards de dollars rouge des cardinaux et violette des d’Egypte, de Bosnie, des Etats-Unis, me, sikhisme, jaïnisme, le plus fédérateur. M. Powell veut que les responsa- anglicans. Tous avaient accepté de Jérusalem. Au total, quatorze zoroastrisme. Des lieux avaient été aménagés bilités dans cette affaire soient éta- de plus pour l’armée avec enthousiasme l’idée de voya- pays représentés, mais l’absence du Dans les délégations chrétiennes, pour que chacun puisse prier dans blies et a fait savoir qu’il fallait A Washington, devant l’associa- ger ensemble jusqu’à Assise en cheikh Tantaoui, recteur de l’univer- la surprise est venue des orthodo- son propre rite. Les prises de parole « prendre des mesures pour maîtri- tion des officiers de réserve, George signe de réconciliation et de paix sité Al-Azhar du Caire, la plus haute xes. La présence à Assise de trois communes visaient à améliorer la ser les groupes qui pratiquent la vio- W. Bush a annoncé, mercredi 23 jan- des religions. autorité de l’islam sunnite, a été représentants du patriarcat de Mos- compréhension entre les confes- lence », a déclaré le porte-parole vier, qu’il proposera d’inscrire C’est la troisième fois que Jean remarquée. cou (les évêques Pitirim, Hilarion et sions, leur coopération à la lutte du département d’Etat, Richard 48 milliards de dollars (52,8 mil- Paul II accueillait dans cette ville Du côté juif, si la participation du Innokentij) et d’un délégué du contre le terrorisme et les dévia- Boucher. Washington « continue liards d’euros) supplémentaires au les représentants des principales grand rabbinat d’Israël fut faible patriarcat de Serbie est un signe de tions fondamentalistes. de penser que M. Arafat peut faire projet de budget américain de la confessions – onze étaient repré- (limitée au rabbin David Rosen, réchauffement avec le Vatican. Cel- er plus » pour apaiser les tensions, défense pour 2003. Soit une aug- sentées – pour un rassemblement habituel délégué aux discussions le de Mgr Bartholoméos I , patriar- Henri Tincq a-t-il souligné, ajoutant qu’il « res- mentation de 15 % par rapport au de prières en faveur de la paix, tait le président de l’Autorité palesti- budget 2002, qui atteint quelque bafouée tous les jours par la mon- nienne et devait exercer son auto- 315 milliards de dollars. tée des violences de nature religieu- rité », bien qu’il demeure reclus à « Nous demandons beaucoup à nos se. Le 27 octobre 1986, deux cents Ramallah depuis le 3 décembre et hommes et femmes en uniforme,a chefs religieux déjà avaient, pour la dans l’impossibilité de se déplacer, expliqué le président des Etats-Unis, première fois, répondu à son appel. que ce soit en Palestine ou à et ils méritent d’avoir toutes les res- Le 10 janvier 1993, une deuxième l’étranger. sources et les armes dont ils ont besoin rencontre, liée au conflit dans les pour parvenir à une victoire totale et Balkans, avait cette fois tourné ’   ’ définitive contre le terrorisme. » court en raison du boycott des Egli- La Maison Blanche fait porter la La présentation officielle du bud- ses orthodoxes, reprochant au Vati- responsabilité première de l’engre- get américain est prévue pour le can sa partialité pro-croate et son nage de la violence sur le camp 4 février, après le discours tradition- prosélytisme renaissant après la dis- palestinien et son chef, affirmant nel sur l’état de l’Union. Si elle est solution du bloc communiste. que l’affaire du trafic d’armes adoptée par le Congrès, cette haus- découvert par Israël avait « énor- se des crédits militaires sera «la   mément compliqué » les efforts de plus forte de ces deux dernières L’« esprit d’Assise » a de nou- paix. Selon Israël, les armes trans- décennies » aux Etats-Unis, a encore veau soufflé jeudi 24. Après les portées par le Karine-A ont été ajouté M. Bush. – (AFP.) attentats du 11 septembre, la commandées par l’Autorité pales- guerre en Afghanistan, les affronte- tinienne à l’Iran dans le but d’in- ments quotidiens entre Palesti- tensifier les attaques anti-israé- vier, des sites de la défense anti- niens et Israéliens, les exactions liennes. aérienne irakienne, près de Tallil, à commises au nom de la charia au Les Etats-Unis ont repris ces 270 kilomètres au sud-est de Bag- Nigeria ou au Soudan, un sursaut arguments, sans toutefois mettre dad. Le Pentagone affirme qu’il était attendu des responsables reli- en cause directement M. Arafat. s’agit d’une réplique à des mena- gieux pour réaffirmer unanime- « Tout le bon travail et les efforts qui ces irakiennes, visant des appareils ment leur condamnation du terro- avaient été faits ont capoté par la de la coalition anglo-américaine risme, du détournement de la reli- faute de cette cargaison d’armes qui patrouillent au-dessus des gion à des fins politiques, leur foi commandée et payée par l’Autorité zones d’exclusion aérienne, et commune dans des valeurs de tolé- palestinienne », a déclaré le porte- aucunement d’un bombardement rance et de respect tournées en parole de la présidence, Ari Fleis- lié à la campagne antiterroriste dérision par les fondamentalistes cher. Richard Boucher a égale- des Etats-Unis. – (AFP.) et intégristes de tout horizon. 4/LE MONDE/VENDREDI 25 JANVIER 2002 INTERNATIONAL

Abderrahmane Youssoufi, premier ministre marocain « Pour la première fois, le Maroc va organiser des élections transparentes » Dans un entretien au « Monde », le chef du gouvernement récuse les accusations d’immobilisme et révèle la teneur d’un serment fait au roi Hassan II

Votre mandat de chef du pre- En 2001, l’inflation a été inférieu- n’en sommes encore qu’au stade les manipulations. Il est moins faci- d’accepter la charge qui est la mier gouvernement d’alternan- re à 1 % et le taux de croissance de la construction de l’Etat maro- le d’acheter des électeurs ainsi mienne aujourd’hui, mais je ne ce au Maroc prendra fin dans s’est élevé à 6,5 %. Il reste que le cain moderne et démocratique, et qu’avec le scrutin uninominal en regrette pas d’avoir dit oui car j’ai quelques mois, après les élec- taux de chômage demeure pour que je mène une expérience. C’est vigueur depuis trente ans, nous en le sentiment d’avoir contribué à tions législatives de septembre. moi un motif de préoccupation. la première fois qu’il y a un pre- avons fait l’expérience. Tous les une avancée importante du Quels sont vos motifs de regret Mais, pour venir à bout de ce pro- mier ministre qui est un leader poli- partis de la majorité étant à pré- Maroc. Le chemin que nous avons ou de satisfaction ? blème, il faudrait une forte crois- tique et le chef d’une majorité par- sent convaincus de ces avantages, accompli est irréversible. En ce qui Quand j’ai accepté d’être premier sance, elle-même conditionnée lementaire ! c’est très probablement le scrutin concerne l’USFP, je resterai secré- ministre, il y a tout juste quatre ans, par des investissements impor- Qu’attendez-vous des élec- de liste qui va être utilisé cette fois- taire général jusqu’au prochain le Maroc frôlait la catastrophe. tants, nationaux et étrangers. Et tions à venir ? ci. Une nouvelle page sera ainsi congrès du parti, en 2003. Ensuite, Conduire l’alternance n’a pas été nos initiatives en ce sens, comme Pour la première fois au Maroc, tournée. je ne me représenterai pas. une chose facile, nous n’avons été l’adoption d’un nouveau code du le gouvernement va pouvoir orga- On dit que vous avez prêté ser- aidés en rien, pas même par le cli- travail, sont souvent bloquées par niser des élections transparentes, ment au roi Hassan II, avant sa mat puisque, pour la quatrième l’opposition féroce des syndicats. et c’est sans doute l’acquis le plus « Nous n’en sommes mort, d’aider et de protéger son année d’affilée, le pays souffre Avec des manifestations, des grè- important de cette transition fils, Mohammed VI. Cela expli- d’une sécheresse terrible. Il y avait ves et des sit-in en toute occasion, démocratique. Nous allons ame- querait votre relatif immobilis-  / encore qu’au stade trois choses qui me tenaient particu- le Maroc vit un Mai-68 perma- ner le peuple marocain à faire me en tant que premier ministre. lièrement à cœur. D’abord, la cou- nent ! Mais ceci est le revers de la palme de l’administration, en nom- confiance aux urnes et à se mobili- de la construction Nous nous sommes en effet prê- verture médicale pour tous, ce que liberté, et il n’est pas question de bre de fonctionnaires et en masse ser, afin que la majorité issue de ce té serment le 4 février 1998. Je nous devrions mettre en place dans revenir dessus. salariale, et non l’Egypte, comme scrutin soit considérée comme dis- de l’Etat marocain revois très bien la scène. Nous les mois qui viennent. Ensuite, la Vous n’auriez pas pu faire le veut la légende ! posant d’un mandat populaire étions debout dans son bureau du généralisation de l’éducation. Or, à mieux en matière économique ? Est-ce que la « cohabitation » pour continuer cette expérience. moderne palais royal de Rabat. C’est Sa partir de septembre 2002, tous les Sans doute aurions-nous pu fai- entre le Palais et le gouverne- C’est pour cela que, personnelle- Majesté Hassan II qui a suggéré enfants de six ans seront scolarisés. re mieux, mais il ne faut pas ment n’est pas un frein à la ment, j’ai tenu à ce qu’on adopte et démocratique » cet engagement, et je l’ai accepté. Enfin, la réforme de l’audiovisuel, oublier que nous avions au départ conduite du pays ? le scrutin de liste à la proportion- Devant un Coran posé sur son pour rendre l’information indépen- de lourds handicaps. Le tiers de Il ne s’agit pas d’une cohabita- nelle. Symboliquement, nous mon- bureau, il a prononcé une formule dante. Il s’agit d’une question diffici- notre budget passe au service de la tion comme vous en avez une en trons ainsi que quelque chose a Vous avez dit qu’après ces élec- qui nous engageait à travailler le, qui nécessite de négocier avec dette, et nous avons hérité d’une France. Au Maroc, la clé de voûte changé. En outre, ce mode de scru- tions, vous envisagiez de mettre ensemble, pour l’intérêt du pays, les autres centres de pouvoir et ren- administration publique pléthori- du système, c’est le trône : tout tin réhabilite les partis politiques, un terme à votre carrière politi- et à nous apporter une assistance contre beaucoup de résistances. que qui absorbe chaque année relève du Palais. Cela n’est pas con- lesquels sont actuellement la cible que. Votre décision est-elle pri- réciproque. J’ai solennellement La situation économique ne plus de 50 % du budget. Il est diffi- testé, c’est pourquoi il n’y a pas de d’une campagne effrénée. Or nous se ? Et resterez-vous à la tête de adhéré à ce serment et ai conclu semble pas s’être améliorée cile d’en réduire les effectifs, car, problème institutionnel. Il n’y a considérons que ce qui va transfor- votre parti, l’USFP ? par ces mots : « Je le jure. » depuis que vous êtes arrivé au ici, les gens n’ont pas encore inté- pas non plus de compétition entre mer le Maroc, c’est une action poli- Je me retirerai après les élec- pouvoir... gré la culture du privé. Dans le le Palais et le gouvernement. tique authentique. Le scrutin de lis- tions, en effet. Je n’avais même Propos recueillis par Je ne partage pas un tel constat. monde arabe, le Maroc détient la N’oubliez pas cependant que nous te, enfin, contribue à lutter contre pas l’intention, il y a quatre ans, Florence Beaugé Le gouvernement d’alternance a déçu les espoirs populaires La réforme du statut A quelques mois de la fin de son mandat, M. Youssoufi est critiqué dans le pays et... au Palais de la femme au point mort

RABAT Toutes ces questions reviennent cité économique. Le gouvernement insuffisant pour résoudre la ques- RABAT ses : « Vous êtes occidentalisées ; de notre envoyée spéciale comme un leitmotiv, ces temps-ci, n’a pas su, ou pas pu, saisir sa chan- tion cruciale de l’emploi. « Si seule- de notre envoyée spéciale vous n’êtes pas représentatives des La préparation des élections dans un climat fait de désenchante- ce. Abderrahamane Youssoufi se ment nous pouvions gagner un à « L’échec de M. Youssoufi, ce n’est femmes marocaines ! » Or un sonda- législatives de septembre s’accélè- ment et d’inquiétude. Après avoir contente d’un partage des compéten- deux points dans les cinq ans à pas seulement le dossier économique, ge, réalisé en mars 2000 par l’orga- re au Maroc. Après des mois de ter- longtemps brocardé M. Youssoufi ces. » Le roi gouvernerait-il tandis venir ! », soupire André Azoulay, mais aussi celui des femmes, dont le nisme Inter-stratégies de Casablan- giversations et de tractations entre pour son immobilisme apparent, que le premier ministre règnerait, l’un des plus proches conseillers du statut reste fondé, au Maroc, sur ca, révèle exactement le contraire. les différents partis politiques, la de nombreux Marocains ne savent comme l’affirment les esprits roi, en avouant que les faibles per- l’obéissance et la tutelle. Ce sujet Qu’elles soient citadines ou rura- réforme du code électoral devrait plus très bien s’ils doivent se moqueurs ? On s’en défend, au formances économiques actuelles devait être une préoccupation centra- les, éduquées ou analphabètes, les être adoptée par le Parlement au réjouir ou s’alarmer de la récente Palais comme à la Primature, et étaient prévisibles en raison de le de son mandat, à en croire son dis- femmes marocaines réclament de cours d’une session extraordinaire reprise en main des affaires du l’on refuse d’admettre, contre tou- l’inexpérience de l’équipe au pou- cours d’investiture. Or il n’a stricte- la même façon un changement du à la mi-février. Le scrutin de liste pays par le roi Mohammed VI. En te évidence, que la délimitation des voir, mais qui ajoute aussitôt que ment rien fait », rappellent, amères, code du statut personnel (la mou- semble devoir remplacer l’actuel nommant, en juillet 2001, une équi- zones de pouvoir au Maroc est de ce « prix de l’alternance » méritait Leïla Rhiwi, enseignante à l’universi- dawana), quand elles en connais- scrutin uninominal à un tour, dans pe de « super-walis » (gouver- plus en plus floue. sans aucun doute d’être payé. té de Rabat, et Hamina Lerini, ins- sent le contenu. Mieux : elles sont l’espoir de mieux lutter contre les neurs) dans les régions, à la faveur Si Abderrahmane Youssoufi gar- « Les gens ont l’impression que pectrice de l’Education nationale, épaulées par une majorité d’hom- tentatives de corruption. En sep- de la décentralisation, puis en les de l’image d’un homme fondamen- rien n’avance, et je les comprends. toutes deux membres de l’Associa- mes. C’est ainsi que 80 % des Maro- tembre 2002 s’achèvera le mandat dotant, le 9 janvier, de pouvoirs talement intègre et respectable, Ils mesurent notre action à l’aune de tion démocrate des femmes du cains (hommes et femmes) esti- confié, il y a tout juste quatre ans, décuplés pour donner à leur action son action est critiquée sans ména- leurs attentes, librement exprimées Maroc (ADFM). A l’origine du recul ment que la polygamie fait du tort à par le roi Hassan II à l’un de ses le maximum d’efficacité, le souve- gement par la majorité de la popu- comme jamais dans le pays, et pres- du premier ministre : la démonstra- la femme. 70 % réclament qu’au- opposants historiques, Abderrah- rain a créé une dynamique indénia- lation ainsi que, de manière plus tion de force des islamistes qui ont delà d’un certain âge, les femmes mane Youssoufi. Le 4 février 1998, ble, mais aussi dépouillé le gouver- feutrée, par l’entourage du roi. Le réussi à faire descendre dans les soient libérées de la tutelle matrimo- le vieux leader socialiste, âgé nement d’une partie de ses préroga- premier ministre est rendu coupa- « Dans le domaine rues de Casablanca un nombre niale et ne soient plus obligées de ble d’avoir « manqué d’audace », impressionnant de femmes, le demander à leur père son consente- voire de « courage politique » économique, nous 12 mars 2000, alors qu’au même ment pour se marier. A plus de Vacances royales à 10 200 dollars par jour depuis son arrivée au pouvoir. Peu moment, une manifestation « pro- 80 %, les Marocains se disent aussi Le frère du roi du Maroc, Moulay Rachid, vient de passer des vacances suspect d’ambition personnelle, avons été décevants. gressiste », nettement moins organi- favorables à une élévation de l’âge dans la célèbre station balnéaire d’Acapulco, au Mexique (côte Pacifique). manquant de charisme et commu- sée, se déroulait à Rabat. du mariage pour les filles (16 ans, Arrivé mercredi 16 janvier à bord d’un avion privé en provenance de Paris, le niquant rarement, l’intéressé s’abs- Mais en matière de Après diverses péripéties, le pre- contre 18 ans pour les garçons). prince et sa suite de seize personnes, dont trois mannequins, occupaient la tient de répondre aux critiques, mier ministre a fait appel à l’arbitra- suite impériale et 24 chambres du luxueux hôtel Quinta Real pour un mon- comme s’il avait pris son parti d’en- démocratisation, ge du roi, lequel a désigné, le  ’ tant total de 10 200 dollars (11 330 euros) par jour, ont précisé les sources dosser l’habit de bouc émissaire ou 27 avril 2001, une commission Significatif, enfin, du travail d’in- mexicaines citées par l’AFP. Moulay Rachid, 31 ans, qu’on pouvait voir se pro- estimait avoir rempli sa mission en nous avons fait de consultative, formée d’oulémas formation et d’éducation qui reste mener dans la ville avec ses chiens, devait séjourner environ une semaine à assurant une transition sans dra- (docteurs de la loi musulmane), de à faire : 86 % des Marocains (des Acapulco, selon le directeur du Quinta Real. Le prince, encore célibataire me. « De toute façon, il n’aurait pas sérieuses avancées » théologiens et d’universitaires, aux- deux sexes) avouent ignorer le comme son frère, le roi Mohammed VI, apprécie les sports aquatiques et pu faire plus. Sa coalition gouverne- quels on a bien voulu adjoindre contenu du code du statut person- notamment le jet-ski, ont précisé les responsables de l’hôtel. – (AFP.) mentale est un patchwork composé  ,  trois femmes. « Nous attendions de nel. « J’ai interrogé plusieurs femmes de sept partis politiques très diffé- M. Youssoufi qu’il tienne ses engage- qui avaient défilé à Casablanca, il y rents, ce qui ne lui laisse guère de ments et non qu’il se décharge du dos- a deux ans, sous la bannière islamis- aujourd’hui de 77 ans, acceptait en tives, ce qui en inquiète plus d’un. latitude. Même chose au Parlement, que contre toute mesure, au sier de cette façon, souligne Leïla te, raconte Leïla Rhiwi. Et quand je effet de conduire le premier gou- « Cette initiative va faire avancer où il ne dispose que d’une très faible moment de l’arrivée du gouverne- Rhiwi. A partir du moment où la com- leur ai demandé : “Mais pourquoi vernement d’alternance au Maroc, les choses sur le plan économique, majorité. Du côté du Palais royal, ment d’alternance, puis du change- mission relève du Palais, elle prend êtes-vous descendues dans la rue ?” puis assurait la transition monar- mais l’aspiration démocratique, elle, enfin, il est “ bordé ”. C’est dire com- ment de règne, souligne Omar Azzi- une connotation religieuse, donc Elles m’ont toutes répondu : “Pour chique, à la mort d’Hassan II, en en prend un coup ! Le Palais tisse sa me sa marge de manœuvre est limi- man, ministre de la justice, une adopte une approche conservatrice. défendre l’égalité entre les hommes juillet 1999. Avant de quitter la scè- toile et quadrille le terrain : il est allé tée », plaide l’un de ses proches. figure unanimement reconnue Par ailleurs, on ignore tout de l’évolu- et les femmes, comme on nous l’avait ne politique, Abderrahamane Yous- au-delà de ce que nous attendions Reste que le temps presse dans un pour son travail et sa compétence. tion de ses travaux et elle semble s’ins- demandé !” A ce compte-là, moi aus- soufi voudrait réaliser son grand de lui », s’insurge le jeune fonda- pays où les inégalités crèvent les S’il est exact que, dans le domaine taller dans la durée. » Il y a fort à si j’aurais pu défiler avec elles ! » rêve : organiser les premières élec- teur et rédacteur en chef de l’heb- yeux et s’aggravent dangereuse- économique, nous avons été déce- parier, en effet, que les experts dési- « La société marocaine est profon- tions libres au Maroc. domadaire Tel Quel, Ahmed Ben- ment. « Partout, l’informel et le pré- vants, j’ai vraiment le sentiment gnés par le roi finiront par prôner dément machiste, gronde, de son Très critique à l’égard du pre- chemsi. « Ces nominations répon- caire sont en augmentation : ce n’est qu’en matière de démocratisation, l’amélioration des procédures d’ap- côté l’ancien opposant Abraham mier ministre et peu mobilisée dent au concept de “ city mana- pas bon signe », souligne Nadia nous avons fait de sérieuses avan- plication du code du statut person- Serfaty, aujourd’hui conseiller pour l’instant par le scrutin à venir, ger ” ; les nouveaux promus sont des Salah, rédactrice en chef réputée cées ces dernières années. Bien sûr, nel, et non sa refonte, comme le auprès de l’Office national de la population marocaine traverse technocrates, de grosses pointures, du quotidien L’Economiste. 7,5 mil- il y a eu des insuffisances et des réclament les femmes. recherche et d’exploitation pétroliè- une période de morosité. Qui gou- souvent d’anciens ministres, estime lions de personnes (sur un total de ratés, et nous ne sommes pas à l’abri Ce qui exaspère par-dessus tout re (Onarep). Ce qui nous manque, verne le pays ? Sur quoi va débou- pour sa part le politologue Moha- 28 millions) vivent avec 1 dollar de hauts et de bas, mais ce qui comp- les adhérentes de l’ADFM, c’est l’ar- c’est le courage d’un Bourguiba ! » cher la transition actuelle ? Pour- med Tozy. Mohamed VI essaie de se par jour. Le taux d’analphabétisme te, c’est la volonté réitérée de cha- gument qu’on leur assène dès qu’el- quoi rien ne semble-t-il bouger ? construire une légitimité sur l’effica- frôle les 50 % et celui du chômage cun d’aller vers la construction de les essaient de faire bouger les cho- Fl. B. les 20 % en milieu urbain. Quant au l’Etat de droit, l’égalité, la moderni- taux de croissance, il a tourné en sation et la citoyenneté. » moyenne ces dernières années autour de 2 % à 3 %, ce qui est Fl. B. LE MONDE/VENDREDI 25 JANVIER 2002/5 INTERNATIONAL Les déclarations du directeur A Strasbourg, la Russie échappe à des sanctions du FMI au « Monde » pour ses actions en Tchétchénie provoquent un tollé en Argentine L’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe renonce à condamner Moscou « Pas d’issue sans souffrance », disait M. Köhler et note « des changements positifs désormais observables » dans sa politique

BUENOS AIRES déclarations du responsable du MOSCOU Par 63 voix contre 8 , l’Assemblée des droits de l’homme, qui parlent, à l’encontre de la Russie seraient un de notre correspondante FMI. de notre correspondante parlementaire du Conseil de l’Euro- au contraire, d’une « détériora- constat de notre incapacité à exercer L’entretien avec le directeur géné- L’Argentine a déclaré, fin décem- « Depuis un an, nos diplomates pe a adopté, mercredi, une résolu- tion » sur le terrain, avec un nom- une persuasion efficace par la coopé- ral du Fonds monétaire internatio- bre 2001, un moratoire sur le paie- ont bien appris à maîtriser le dossier tion appelant à une solution politi- bre accru de disparitions de civils et ration et le dialogue ». nal (FMI), Horst Köhler, publié mar- ment de sa dette externe, qui a du Conseil de l’Europe. Ils ont appris que en Tchétchénie, estimant que, de « nettoyages » meurtriers de vil- Lord Judd a aussi estimé que Mos- di 22 janvier dans Le Monde et atteint 150 milliards de dollars, et le à employer, formellement, un langa- sur la question du respect des droits lages par les forces russes. cou semblait « disposé à engager repris à la « une » de tous les quoti- gouvernement de M. Duhalde espè- ge plus présentable. Avant, ils de l’homme, « même s’ils sont d’une « La légitimité des actions militai- des discussions rationnelles » en vue diens de Buenos Aires, mercredi, a re une aide financière d’au moins criaient : “ Les Tchétchènes sont des lenteur frustrante, quelques progrès res contre les terroristes ne peut être d’un règlement politique en Tchét- provoqué un tollé dans la classe 20 milliards de dollars pour tenter bandits ! ” ; maintenant, ils recon- ont été réalisés ». Le texte évoque utilisée par aucun Etat, y compris la chénie, ce qui était une référence à politique. « Les Argentins subissent de sortir de près de quatre ans de naissent que “ oui, il y a des problè- des « changements positifs d’attitude Fédération de Russie, pour justifier la rencontre survenue en novembre avec beaucoup de rigueur leur souf- récession et calmer la colère de la mes sur le terrain, mais nous faisons désormais observables, dans la Fédé- les manquements au respect des 2001 entre des émissaires des prési- france. Nous n’avons pas besoin que population. Le FMI a conditionné en sorte que des choses s’amélio- ration de Russie, dans la manière droits de l’homme », dit la résolu- dents russe et tchétchène. Or ce pro- quelqu’un nous dise comment nous son aide à un plan anticrise viable, rent ” ». C’est ainsi que le défenseur d’envisager le conflit ». Ces affirma- tion. Mais cette critique a été aussi- cessus apparaît dans l’impasse. devons souffrir », a lancé le chef de et M. Köhler a averti que la solution russe des droits de l’homme et tions vont à l’encontre de tous les tôt atténuée par les propos tenus L’émissaire tchétchène, Ahmed cabinet de la présidence, Jorge Capi- passait par un « chemin doulou- ancien dissident Sergueï Kovalev, constats faits, ces derniers mois, par l’un des rapporteurs, Lord Judd, Zakaev, présent à Strasbourg mer- tanich, faisant allusion aux propos reux ». présent à Strasbourg, a expliqué par les organisations de défense selon lequel « de nouvelles sanctions credi, a déclaré cette semaine de M. Köhler, selon lequel la crise avec amertume, mercredi soir qu’aucun des points présentés par argentine « n’a pas d’issue sans   23 janvier, sur une chaîne de télévi- la partie tchétchène n’avait reçu de souffrance ». Dans les rues de Buenos Aires, sion russe, le fait que la Russie ait MSF dénonce des « crimes de guerre » russes réponse : « Reconnaissance du sta- « Que veut-on de l’Argentine ? », les Argentins ont continué par échappé ce jour-là, lors d’un débat Auditionnée par la commission des réfugiés, des migrations et de la démo- tut légal du président tchétchène, s’est interrogé le gouverneur péro- ailleurs mercredi à exprimer leur à l’Assemblée parlementaire du graphie du Conseil de l’Europe, l’ONG Médecins sans frontières (MSF) a Aslan Maskhadov, création d’une niste de la puissante province de colère contre les banques étrangè- Conseil de l’Europe consacré aux témoigné de « l’extrême violence à laquelle est soumise la population civile commission mixte pour l’arrêt des Buenos Aires, Felipe Sola. « Veut- res, qu’ils accusent d’avoir confis- événements en Tchétchénie, à tou- tchétchène » et de « la stratégie de non-assistance à personnes en danger opérations militaires et arrêt immé- on que ce soit l’Albanie ou l’Afghanis- qué leur argent en profitant des res- te évocation de sanctions. mise en place par les autorités russes à l’encontre des Tchétchènes réfugiés en diat des soi-disants “ nettoyages ” ». tan ? », a demandé M. Sola, qui est trictions bancaires. La situation En avril 2000 , le Conseil de l’Euro- Ingouchie ». Mercredi à Strasbourg, le chef de proche du président Eduardo sociale reste très tendue et, mercre- pe avait suspendu les droits de vote Selon le dernier rapport de l’ONG, « jusqu’à 1 200 » Tchétchènes fuient, la délégation russe, Dimitri Rogozi- Duhalde, ajoutant que les Argen- di, près d’un millier de chômeurs de la délégation russe (ceux-ci ont chaque semaine, vers l’Ingouchie pour échapper aux « crimes de guerre et cri- ne, a rejeté toute idée de processus tins « ne demandent sûrement pas ont coupé la circulation entre été rétablis en janvier 2001 ) en rai- mes contre l’humanité » commis par l’armée russe. Leur arrivée est niée par de paix avec les dirigeants tchétchè- d’être punis, comme s’ils étaient au Buenos Aires et ses faubourgs, mais son des exactions perpétrées par les les autorités russes et internationales. « Entre 20 000 et 50 000 personnes nes indépendantistes, affirmant jardin d’enfants ». Pour M. Sola, aussi plusieurs axes de la province troupes russes en Tchétchénie. Cet- ne sont ainsi pas prises en compte » et ne bénéficient d’aucune aide, déplore que cela revenait « à négocier avec « ce n’est pas la faute des Argentins de Buenos Aires, pour réclamer du te sanction est la seule, à ce jour, l’ONG. Selon le Dr Jean-Hervé Bradol, son président : « Le climat qui prévaut le terroriste numéro un, Ben Laden ». si ceux qui gouvernaient avant se travail et des plans d’aide sociale. d’une institution internationale depuis le 11 septembre donne un blanc-seing à tout ce qui est présenté comme sont trompés ». Le gouverneur a sou- Un grand banquier argentin, Car- visant la Russie sur ce dossier. lutte antiterroriste. » – (AFP.) Natalie Nougayrède ligné que son pays n’avait besoin los Rohm, a été arrêté, mercredi, à que d’une « part minime » de l’aide Buenos Aires, dans le cadre d’une internationale accordée au Mexi- enquête sur le blanchiment d’ar- que par le FMI pour sortir de la cri- gent en Argentine. M. Rohm, qui se de 1994. s’apprêtait à quitter le pays, est le Personne n’a besoin de dire que directeur général et actionnaire de la « crise est douloureuse » puisque la banque d’affaires Banco General cela fait « trois ans que les Argentins de Negocios (BGN). Considéré com- font beaucoup de sacrifices », a affir- me proche de Domingo Cavallo, mé le président de la banque publi- l’ancien ministre de l’économie, que Banco de la Nacion, Enrique M. Rohm a été arrêté sur ordre de Olivera. Le gouverneur péroniste la juge fédérale Maria Servini de de la province de Santa Cruz, Nes- Cubria, qui a rouvert le dossier du tor Kirchner, a déclaré pour sa part blanchiment d’argent en Argentine que M. Kölher « croit que les Argen- à la suite d’un rapport récent du tins sont des Martiens. » Toutes les Sénat américain. D’autres responsa- chaînes de télévision et de radio se bles de la BGN auraient été arrêtés. sont fait l’écho toute la journée de l’irritation des Argentins contre les Christine Legrand UE : un post-fasciste italien nommé à la Convention

BRUXELLES. « Les pays envoient à la Convention des représentants ayant un grand poids politique et ceci prouve que la Convention a une grande importance », a déclaré Romano Prodi, interrogé, lors d’une conférence de presse, mercredi 23 janvier, sur la désignation par le pré- sident du Conseil italien, Silvio Berlusconi, de Gianfranco Fini, prési- dent du parti post-fasciste Alliance nationale (AN), comme représen- tant du gouvernement italien dans la Convention pour la réforme des institutions eurpéennes. L’Allemagne, la Grande-Bretagne et plu- sieurs autres Etats membres refusent toutefois la nomination d’un représentant du gouvernement italien à la Convention, car l’Italie a déjà obtenu au sommet européen de Laeken, en décembre 2001, un des deux postes de vice-président, confié à l’ancien président du Con- seil italien Guiliano Amato. Washington suspend le transfert de prisonniers vers Guantanamo GUANTANAMO. L’armée américaine a suspendu, mercredi 23 jan- vier, le transfert de prisonniers d’Afghanistan vers sa base de Guanta- namo, à Cuba, alors que commençaient sur place les premiers entre- tiens avec ces détenus dont le traitement continue à provoquer de vives critiques en Europe. Le président Bush a rejeté ces critiques, esti- mant que les prisonniers étaient traités « dignement et humaine- ment ». Des responsables, s’exprimant sous couvert d’anonymat, ont insisté sur le fait que cette suspension n’était pas liée aux critiques européennes. Un responsable du Pentagone, s’exprimant sous cou- vert d’anonymat, a également expliqué qu’il n’y avait plus assez de cel- lules disponibles à Guantanamo. Soixante nouvelles cellules étaient en cours d’achèvement mercredi. Cent cinquante-huit prisonniers sont actuellement détenus sur la base américaine, dans de minuscules cellules grillagées en plein air, éclairées 24 heures sur 24. En Afghanis- tan, 270 autres prisonniers sont aux mains des Américains.  a LIBAN : l’ancien ministre libanais Elie Hobeika, ancien chef des milices chrétiennes des Forces libanaises, principal responsable des massacres de Sabra et Chatila, en 1982, a été tué jeudi 24 janvier, par l’explosion de sa voiture devant sa résidence, dans la banlieue Est de Beyrouth, ont rapporté des services de sécurité présents sur les lieux. Trois autres personnes ont été tuées dans l’explosion, mais elles n’étaient pas identifiées en fin de matinée, selon ces mêmes sources. Les causes de l’explosion n’étaient pas encore déterminées. a IRAN : quatre Iraniens condamnés pour meurtre et vol à main armée ont été pendus en public, mercredi 23 janvier, à Ahwaz, grande ville du sud-ouest de l’Iran, a rapporté, jeudi, le journal Jomhouri-Esla- mi. Les quatre suppliciés, dont la condamnation à mort avait été con- firmée par la Cour suprême, ont été reconnus coupables d’avoir tué un homme, fermé les routes à la circulation et dévalisé des voyageurs. a COLOMBIE : la guérilla des Forces armées révolutionnaires (FARC) a décrété, mercredi 23 janvier, le blocage des routes de trois départements colombiens, y compris celui de Cundinamarca, dont Bogota est la capitale, au moment où le président Andrés Pastrana donnait l’ordre à l’armée de contre-attaquer. Cette escalade s’est pro- duite alors que reprenaient les pourparlers de paix entre les rebelles et les émissaires du pouvoir. 6/LE MONDE/VENDREDI 25 JANVIER 2002 UNION EUROPÉENNE Socialistes français L’Allemagne veut accélérer la réforme de la PAC et allemands se serrent les coudes Un mémorandum du gouvernement allemand enterre le cofinancement des aides directes octroyées dans le cadre de la politique agricole commune et souhaite accorder plus de soutien au développement rural avant les élections

BRUXELLES son avis à la Pologne. «Sionne lin d’une réforme de la politique Français en ont fait un large usage, fait du document de Mme Künast, LE PARTI SOCIALISTE français de notre bureau européen réforme pas la PAC avant l’arrivée agricole commune (PAC), dont l’Al- mais pas les Allemands : ces aides où le dialogue franco-allemand et le Parti social-démocrate alle- Surtout, ne pas parler d’agricul- des Polonais, on va payer pendant lemagne craint qu’elle se révèle rui- rurales doivent être financées en semble avoir bien fonctionné. La mand, confrontés l’un et l’autre cet- ture avant les élections pour éviter toute une génération, les Allemands, neuse avec l’élargissement. partie par les Etats ; or Berlin et les ministre allemande ne demande te année à des échéances électora- un clash entre Jacques Chirac et mais aussi les Français », explicite Comme solution, Mme Künast gouvernements des Länder n’ont plus le cofinancement par les Etats les difficiles, sont décidés à se ser- Lionel Jospin : c’est le mot d’ordre un diplomate allemand. propose de réduire progressi- jamais pu s’entendre sur leur finan- des aides directes aux agricultures, rer les coudes. En visite à Berlin qu’ont donné les Français à vement les aides directes cement. Les Allemands veulent « truc » que l’Allemagne avait vou- pour être auditionné par la commis- Bruxelles. Sauf que les Allemands, octroyées au fil des ans aux agricul- désormais rendre cette réalloca- lu utiliser en 1999 pour réduire la sion du budget du Bundestag, le eux aussi en période électorale, Berlin craint que teurs pour compenser la baisse tion « obligatoire » et qu’elle repré- facture allemande et auquel la ministre français des finances, Lau- ont l’objectif inverse : parler d’agri- des prix de soutien des cours. Elle sente une part des dépenses agri- France avait mis son veto. Certai- rent Fabius, a ainsi apporté mercre- culture. la PAC ne se révèle reprend l’idée de « dégressivité » coles « nettement plus élevée » que nes propositions restent éloignées di 23 janvier, au cours d’une confé- « L’élargissement de l’Union rend des aides proposées sans succès la barre actuelle des 10 %. des idées françaises. « À moyen ter- rence de presse, son appui ferme à particulièrement impératif d’utiliser ruineuse par la France au sommet de Berlin, Selon le document, ce « redé- me, les interventions [pour soutenir la politique du ministre allemand le rendez-vous à mi-parcours de qui a fixé les règles du jeu pour six ploiement » se ferait « sans qu’il y le cours des céréales] et les jachères Hans Eichel, confronté à une mon- 2002 [qui doit revoir la politique avec l’élargissement ans en 1999. Lorsqu’il faudra don- ait une augmentation du volume obligatoires devraient être complète- tée du déficit budgétaire s’appro- agricole commune] pour adopter ner progressivement les mêmes des dépenses dans le domaine agri- ment abolies », lit-on notamment, chant de la ligne rouge des 3 % du les réformes urgentes et nécessaires, droits aux agriculteurs polonais cole ». En résumé, le ministère alle- alors que Paris veut garder un filet PIB. Même sur l’agriculture, dossier telles que le suggère ce document », Après le traumatisme de la qu’à ceux de l’Union actuelle – la mand veut un niveau global de sécurité pour le blé. Mme Künast qui a cristallisé bien des conflits est-il écrit dans un mémorandum vache folle, le chancelier Schröder Commission devrait proposer une d’aides stable pour ses agricul- a en revanche renoncé, sous la depuis 1999, les deux gouverne- que le ministère allemand de la et sa ministre de l’agriculture, la date comprise entre 2 012 et 2015 teurs, mais comme moins d’argent pression des Verts, à demander la ments semblent prêts à enterrer les protection des consommateurs et Verte Renate Künast, doivent mon- – la facture en serait considérable- transiterait par le pot commun de suppression totale des quotas lai- formules qui fâchent. de l’agriculture vient de trans- trer qu’ils se battent pour une agri- ment réduite. A court terme, Ber- Bruxelles, cela réduirait la facture tiers, ce qui est important aux La décrispation des relations mettre à la Commission, à Bruxel- culture moins intensive, plus res- lin veut que les sommes économi- totale de l’Allemagne. Le ministère yeux des Français. Pour Paris et les entre les deux partis au pouvoir à les. Le document demande que les pectueuse de l’environnement. sées soient réallouées en aides au des finances allemand voudrait, Verts allemands, cette mesure Paris et à Berlin avait été amorcée pays candidats adoptent « dès leur Mais cet objectif doit être concilié développement rural. Cette possi- lui, aller plus loin, et obtenir une poserait un problème d’aménage- en février 2001, lors d’une visite de accession » une PAC réformée. En avec l’impératif de réduire la fac- bilité de réallocation d’une partie baisse de cette somme globale, pré- ment du territoire. François Hollande, premier secrétai- clair, l’Allemagne veut modifier les ture allemande au budget commu- des aides directes – dans la limite cise un diplomate. re du PS, dans la capitale alleman- règles avant d’avoir à demander nautaire. D’où l’urgence pour Ber- de 10 % – existe depuis 1999. Les Côté français, on est plutôt satis- Arnaud Leparmentier de. Le 20 janvier dernier, à Berlin, les deux dirigeants Henri Nallet et Norbert Wieczorek ont mis la der- nière main à un « texte d’orientation Romano Prodi remplace dix-sept hauts fonctionnaires au sein de la Commission commun », intitulé « Bâtir ensemble l’avenir de l’Union européenne », BRUXELLES « trusté » l’agriculture pendant pes. Nombre de mutations déci- Pour ne pas être accusée à nou- représenter de petites nationalités ratifié par le bureau national du PS de notre bureau européen trente ans, alors que l’Italie se dées en septembre 1999, parfois veau de brutalité, la Commission comme la Finlande et la Suède, le 22 janvier. Romano Prodi va-t-il abolir la réservait les affaires économiques brutalement, ont évincé des res- a décidé de ne pas procéder à des mais aussi l’Italie ». « dictature des drapeaux », com- et l’Allemagne la concurrence. ponsables qui n’avaient pas démé- mutations, mais d’annoncer seule-   me il l’a promis lorsqu’il a été nom- M. Prodi a promis de mettre en rité, tel le Français Philippe Sou- ment des départs, et de faire ensui-     Dans ce document, le SPD et le mé président de la Commission, œuvre les recommandations du bestre, aux relations extérieures. te un appel à candidatures pour Les grands pays considèrent PS font de l’Europe leur « projet en mars 1999 ? Il a assuré qu’il s’y comité des sages qui avait conduit Son remplacement par Guy pourvoir les postes d’ici à l’été. que ceux qui doivent se serrer la politique central », considérant qu’il attachait, mercredi 23 janvier, en à la démission de son prédéces- Legras a surpris : après avoir diri- Une seule nomination a été déci- ceinture pour faire de la place faut saisir l’opportunité du « proces- annonçant à la presse une « val- seur, le Luxembourgeois Jacques gé l’agriculture pendant quatorze dée mercredi : celle de Catherine sont les petits pays bien représen- sus de 2004 » pour « doter l’Union se » de 17 hauts fonctionnaires – Santer, et de récompenser le méri- ans, il aurait été plus utile à l’élar- Day, au poste de directrice généra- tés. La France est inquiète des européenne d’un traité constitution- directeurs généraux et directeurs, te à tous les niveaux de la hiérar- gissement, où les questions agrico- le de l’environnement. Elle a susci- nominations qui vont être effec- nel fondé sur la Charte des droits fon- priés de changer de poste, parfois chie. Il a affirmé que les postes de les seront déterminantes. té une salve de critiques, en raison tuées, car elle est mathématique- damentaux, déterminant les compé- contre l’avis de leur commissaire l’état-major feraient l’objet de de la nationalité de l’intéressée, ment la première visée par la règle tences respectives de l’Union et des (concurrence et budget notam- mutations tous les cinq ans, au   Etats membres, et renforçant les pou- ment). plus tard tous les sept ans. «Le La lisibilité de la démarche de voirs des institutions communautai- Le « régime des drapeaux » con- principe est bon », approuve Pierre M. Prodi a en outre été polluée La France en perte de vitesse res ». Ce faisant, le PS, qui a opté siste à réserver à une nationalité la Lelong, membre du comité des par son refus de sanctionner des La France, qui comptait 20 % de hauts fonctionnaires en 1986, n’en a plus depuis sa convention nationale de tête d’une direction générale ; il a sages, en précisant qu’il doit « être fonctionnaires mêlés à la gestion que 14,8 % et craint de perdre encore de l’influence. Elle pourrait passer de 1996 pour une « Fédération d’Etats- permis à certains pays d’exercer appliqué correctement ». Santer, tel le secrétaire général neuf à huit postes d’état-major. En juillet 2001, elle a sauvé le poste de chef nations », fait un pas de plus vers le une véritable tutelle sur des pans Or la Commission Prodi est criti- Carlo Trojan. M. Prodi ne s’en est du service juridique, en obtenant la nomination de Michel Petite en rempla- fédéralisme. Les deux partis, au entiers de l’action communautai- quée pour la façon dont elle met défait que sous la pression du Par- cement de Jean-Louis Dewost, resté là douze ans. Mais la nouvelle rotation nom d’« une confiance mutuelle et re. La France, attachée à la PAC, a ses actes en accord avec ses princi- lement européen en mai 2000. va conduire à quatre changements de directeurs généraux : Yves Franchet profonde », proclament : « Nous (office des statistiques depuis quinze ans), Jean-Paul Mingasson (budget, voulons faire de l’Europe une Union depuis treize ans), Robert Verrue (société de l’information, depuis cinq ans). politique de nature fédérale, où les S’y ajoute Jean-François Pons, directeur général adjoint à la concurrence citoyens, acteurs de l’espace public depuis huit ans. européen, auraient la capacité de M. Prodi avait aussi envisagé de remplacer rapidement Guy Legras, bien choisir leur destin commun et de qu’il occupe son poste de directeur général des relations extérieures depuis mieux peser sur les orientations de deux ans seulement. Finalement, M. Legras pourrait rester jusqu’à son l’Union dans le respect de la subsidia- départ à la retraite, en 2003, bien que son poste fasse l’objet d’un appel à rité et des identités nationales ». candidatures. – (Corresp.) Pour le PS et le SPD, qui se réjouissent de l’arrivée de l’euro, l’Europe incarne « une certaine idée irlandaise. C’est à la demande de de la rotation. L’Allemagne l’est du “vivre ensemble“, une forme de la commissaire suédoise à l’envi- aussi et le chancelier Schröder a société qui articule liberté individuel- ronnement, Margot Wallstroem, écrit à Romano Prodi pour défen- le et responsabilité collective, prospé- qui voulait une femme compéten- dre le poste de la concurrence rité et justice sociale ». « En parta- te, que Mme Day, directrice adjoin- occupé par Alexander Schaub, bri- geant nos souverainetés, soulignent- te aux relations extérieures, a été gué par trois Britanniques. France ils, nous pouvons mieux garantir choisie. Mais la petite Irlande dis- et Allemagne craignent d’être vic- notre indépendance, mieux défendre pose maintenant de quatre diri- times d’une alliance entre M. Pro- nos valeurs, et mieux renforcer nos geants. « Vous êtes en train d’ag- di, accusé de favoriser son entou- modèles de société ».LePSetle graver le déséquilibre géographi- rage, et le Britannique Neil Kin- SPD, qui évitent désormais le mot que, alors que vous voulez le suppri- nock, en charge de la réforme de gouvernement économique, mer ! », ont fait remarquer des interne, qui ferait de la Grande- cher aux Français, s’engagent à commissaires à M. Prodi. Quel- Bretagne et de l’Italie les grandes « mettre en place une nouvelle gou- ques instants plus tôt, le président gagnantes de ce jeu de chaises vernance et une meilleure coordina- avait affirmé que « faire prévaloir musicales. tion économique européenne (…) ». la logique du mérite sur celle des drapeaux permettrait de mieux Rafaële Rivais Michel Noblecourt

par Abonnez-vous au pour 26,35 e (172,84 F) mois Bulletin à compléter et renvoyer accompagné de votre relevé d’identité bancaire ou postal à : LE MONDE, Service Abonnements - 60646 Chantilly Cedex Oui, je souhaite recevoir Le Monde pour 26,35a (172,84 F) par mois par prélèvement automatique. ❑ M. ❑ Mme Prénom : Nom : Adresse : Code postal : Localité : Offre valable jusqu’au 30/06/2002 en France métropolitaine pour un abonnement postal. 201MQPAE Autorisation de prélèvements N° NATIONAL D'ÉMETTEUR Organisme créancier : Société Editrice du Monde N° 134031 21 bis, rue Claude-Bernard 75242 Paris Cedex 05 J'autorise l'établissement teneur de mon compte à effectuer sur ce dernier TITULAIRE DU COMPTE A DÉBITER les prélèvements pour mon abonnement Nom ...... au journal Le Monde. Prénom ...... N° ...... rue ...... Je resterai libre de suspendre provisoire- Code postal Ville ...... …...... ment ou d’interrompre mon abonnement à tout moment. NOM ET ADRESSE DE L’ÉTABLISSEMENT DU COMPTE A DÉBITER (votre banque, CCP ou Caisse d’épargne) Date :...... Signature : ...... N° ...... rue ...... Code postal Ville ......

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La réforme des    est cause est entendue : tous ont inscrit dans leur pro- 40 % de la capitalisation boursière parisienne aux régime complémentaire des fonctionnaires. Dominique relancée par la transformation du complément de gramme une réforme qui va dans ce sens. A gauche, mains des  ’ . Elisa- Strauss-Kahn vante les mérites du système actuel et retraite de la fonction publique (CREF) en un vrai régi- par contre, le débat divise «  »  beth Guigou, ministre de l’emploi et de la solidarité, propose comme solution médiane « le développement me par capitalisation. Pour    , la «  ». Au PS, certains s’inquiètent de voir plaide pour l’ouverture au privé de la Préfon, l’autre massif d’une épargne salariale gérée collectivement ». La « gauche moderne » défend l’introduction des fonds de pension Premier produit de retraite complémentaire des fonctionnaires, le CREF va être transformé en un régime par capitalisation. Les socialistes sont de plus en plus nombreux à appeler à une réforme du système par répartition

LE « DIABLE » s’invite dans la raient-ils les seuls à ne pas avoir fermé la porte à l’épargne-retraite, te, là encore – que la gestion de capitaux vers les entreprises fran- me et la cendre, Grasset), campagne présidentielle ! Alors droit à un système d’épargne-retrai- prévoyant seulement de remettre fonds de pension par le patronat et çaises et de ne pas laisser les plus M. Strauss-Kahn est beaucoup que la refonte du système de retrai- te géré en capitalisation, quand les en cause les points de la « loi Tho- les syndicats permettrait de revivi- importantes d’entre elles à la merci moins précis sur la réforme des tes par répartition est en panne fonctionnaires, les agriculteurs, les mas » sur l’épargne-retraite qui fier la démocratie sociale au sein des fonds de pension étrangers. retraites. Tout en vantant les méri- depuis la réforme Balladur d’août commerçants, les artisans et les pro- « peuvent porter atteinte aux régi- des entreprises. M. Jospin dispose, avec Domini- tes du système actuel, il constate 1993, la transformation du CREF fessions libérales disposent de mes par répartition ». Il lui a fallu Intervenant aux 3e Journées du que Strauss-Kahn, d’un second que « le choix de la répartition, fait il (Complément retraite de la fonc- plans facultatifs bénéficiant d’im- plus de trois ans pour se décider à livre d’économie, organisées le « conseiller » pour le convaincre y a plus de cinquante ans, n’a pas tion publique) en un véritable portantes déductions fiscales et abroger ce texte voté en 17 novembre 2001 au Sénat, Elisa- d’avancer sur ce terrain. Au début autorisé la constitution de grands fonds de pension va relancer la sociales ? février 1997. Depuis, les dirigeants beth Guigou affirmait que pour le des années 1980, « DSK » était déjà fonds d’épargne similaires à ceux qui question posée avec de plus en A droite, le débat est clos depuis socialistes ont commencé leur mue PS, « la retraite par capitalisation un expert de ces question quand il existent dans la quasi-totalité des plus d’insistance par l’opposition et longtemps. Du RPR à l’UDF en pas- doctrinale. n’est pas un tabou, mais uniquement cornaquait un jeune économiste pays développés ». La solution ? le patronat : pourquoi les 15 mil- sant par Démocratie libérale, tous Au-delà du problème du finance- s’il s’agit d’un complément à la retrai- spécialiste de l’épargne et des « Le développement massif d’une lions de salariés du secteur privé (à les responsables ont inscrit dans ment des retraites lié à l’allonge- te par répartition ». La ministre de retraites : Denis Kessler, aujour- épargne salariale gérée collective- l’exception des employés de quel- leur projet – voire leur programme ment de l’espérance de vie, certains la solidarité ajoutait : « pourquoi ne d’hui vice-président délégué du ment » et suffisamment importante ques grandes entreprises), reste- présidentiel – la création d’un « troi- s’inquiètent de voir que 40 % de la pas ouvrir à tous les Français la Pré- Medef. Nommé à Bercy en 1997, il pour que les salariés puissent peser sième étage », au-delà de la Sécuri- capitalisation boursière de la place fon ? », le régime complémentaire s’est rapidement attelé à la prépara- sur les décisions de leur entreprise. té sociale et des caisses complémen- de Paris est détenue par de grands créé en 1967 par les fonctionnaires tion d’un projet de loi sur l’épargne- « On ne peut combattre cette idée et, La CGT plus ouverte taires Arrco (ensemble des salariés) fonds d’épargne étrangers, notam- et géré par les syndicats. retraite collective, chargeant un dans le même temps, se plaindre des et Agirc (cadres). Ils l’ont fait pru- ment anglo-saxons ; et que des député socialiste, Jérôme Cahuzac, risques d’expropriation auxquels à l’épargne salariale demment, en soulignant que les décisions aussi stratégiques que la    de déminer le terrain en consultant nous sommes exposés », prévient-il à Dans un entretien avec William fonds de pension seraient gérés par localisation des usines, et donc le Laurent Fabius s’est montré plus les partis de la gauche plurielle et l’adresse des syndicats et des mou- D. Crist, patron de CalPERS, principal le patronat et les syndicats et ne se maintien des emplois en France, direct. Depuis sa nomination à Ber- les partenaires sociaux. M. Jospin vements de gauche qui se battent à fonds de pension américain, avec substitueraient pas aux régimes commencent à échapper à des cy, le ministre des finances a multi- avait enterré la réforme sous la la fois contre les fonds de pension 150 milliards d’euros, le secrétaire créés depuis 1945. Ils se sont mon- entreprises qui n’ont plus de « fran- plié les interventions en faveur pression de ses alliés et de certains et la délocalisation des usines. national de la CGT chargé des ques- trés d’autant plus prudents qu’ils çaises » que le nom. Ils font égale- d’une épargne-retraite. Un des syndicats. tions économiques réaffirme l’oppo- veulent garder leurs distances avec ment remarquer – comme la droi- moyens, selon lui, de drainer des Dans son dernier livre (La flam- Jean-Michel Bezat sition de sa centrale à l’épargne- un Medef qui en a fait une des pro- retraite. Jean-Christophe Le Duigou positions phares présentées le se dit, en revanche, ouvert au déve- 15 janvier à Lyon (Le Monde du loppement d’une épargne salariale 17 janvier). rémunérée, qui pourrait alimenter des « fonds de prévoyance et de déve- «    » loppement » soutenant des activités L’affaire, en revanche, continue que la Bourse ne finance pas, et de diviser la gauche. Notamment le donc de nouveaux emplois. Cette PS où, depuis quelques mois, « nouvelle manière collective de pré- « modernes » et « archéos » s’af- parer l’avenir » serait, selon lui, une frontent de manière feutrée sur le façon de soutenir les retraites par sujet. Dans sa déclaration de politi- répartition. (Les Fonds de pension, que générale, le 19 juin 1997, Lio- Grasset, 162 pages, 12 ¤.) nel Jospin n’avait pas totalement Le CREF se transforme en un régime par capitalisation

PREMIER régime de retraite com- fonction publique). Le CREF bénéfi- plémentaire des fonctionnaires, le ciera, comme tous les assureurs aux- CREF, lors de son assemblée généra- quels se sont appliquées les directi- le du 8 décembre 2001, a tourné une ves européennes dès 1995, d’une page de son histoire pour se trans- période transitoire pour remplir ses former en un véritable régime par nouvelles obligations. Ce délai sera capitalisation. Son fonctionnement arrêté dans un prochain décret et en faisait un régime de retraite uni- devrait, de source gouvernemen- que en son genre : mutualiste, il tale, être de vingt-cinq ans. était le seul produit de prévoyance Le décret, soumis au Conseil retraite à associer répartition (pour d’Etat, définira également le cadre 60 %) et capitalisation (pour 40 %). dans lequel fonctionnera le CREF. Bénéficiant d’un régime spéci- « Il tiendra compte de la spécificité fique, le CREF (450 000 adhérents) mutualiste du régime », relève-t-on était autorisé à ne provisionner, dans l’entourage de la ministre de pour la partie répartition, que cinq l’emploi et de la solidarité. Ainsi, années d’exercice. Cependant, il 100 % des produits issus des place- remplissait jusqu’alors aisément son ments financiers seront affectés aux obligation minimale, détenant plus provisions servant à couvrir les enga- de douze années de provisionne- gements, alors que tous les autres ment. Mais au regard des directives régimes d’assurance n’y sont européennes qui ont été transpo- contraints qu’à 85 %. Le nouveau sées aux mutuelles en mars 2001, et régime pourra également dévelop- qui imposent un provisionnement per des actions de solidarité comme intégral, ces réserves sont devenues l’attribution de points gratuits à des insuffisantes. « Pour porter le taux de sociétaires en situation difficile. couverture de 66 % actuellement à 100 %, le manque s’élève à 1,5 mil-    liard d’euros », ne dément pas le pré- « Le CREF est le seul régime mutua- sident du CREF, Pierre Teulé-San- liste de retraite et nous souhaitons sacq. Il souligne cependant que le qu’il le reste », relève Jean-Michel déficit constaté au regard des exigen- Laxalt, président de la MGEN, préci- ces européennes se fonde sur les sant que les trois mutuelles s’engage- seules réserves financières accumu- ront définitivement une fois le lées, sans prendre en compte l’ap- décret paru et le dossier prudentiel port de ressources nettes futur. bouclé. « Le nouveau régime doit « Notre régime se caractérise par une être équilibré. Nous ne voulons pas durée minimale de contrat de dix ans que ce soient les cotisations santé qui – ce qui est un gage de sécurité – et financent les retraites », dit-il. Les par un recrutement dynamique, avec trois partenaires sont néanmoins 20 000 à 25 000 nouveaux sociétaires prêts à mettre au pot, sous forme de par an », relève-t-il. « Les ressources fonds remboursables, les ressources provenant des futurs versements des nécessaires pour assurer une marge cotisants actuels et du renouvellement de solvabilité suffisante au nouveau des adhérents constituent aussi un régime. De quoi rassurer les adhé- actif futur », insiste-t-il. Un raisonne- rents actuels et futurs. ment que n’ont pas entendu les pou- « Bien que facultatif, le CREF a su voirs publics : le CREF est un régime jusqu’alors organiser une très grande facultatif, or, fait-on valoir au gou- fidélité des cotisants, relève, confiant, vernement, « un régime facultatif Antoine Delarue, actuaire conseil. impose d’assurer aux adhérents que Cet atout, ajoute-t-il, qui le rappro- ce qu’on leur a promis pourra être che d’un régime obligatoire aurait pu versé ». Dont acte. Le CREF n’a plus être pris en compte dans le bilan pru- d’autre choix que d’évoluer vers un dentiel. » Selon lui, il aurait été possi- système intégralement couvert par ble de définir un cadre préservant la des actifs financiers. spécificité du CREF tout en respec- Pour s’assurer l’assise financière tant les nouvelles normes pruden- nécessaire à cette évolution, le régi- tielles européennes. « Un tel cadre me sera géré à une nouvelle union donnant droit de cité à des régimes mutualiste, adossée à trois grandes mixtes aurait pu venir enrichir la mutuelles de la fonction publique : panoplie des réponses possibles au la MGEN (Mutuelle générale de problème des retraites. » l’éducation nationale), la MG (ex- MGPTT) et la MFP (Mutuelle de la Laetitia Van Eeckhout 8/LE MONDE/VENDREDI 25 JANVIER 2002 FRANCE

Jacques Chirac choisit d’attendre, ses partisans passent à l’attaque

Directeur de campagne, locaux, programme, slogan, équipe : les chiraquiens ont trouvé leur logistique. Ils veulent déclencher au plus vite l’offensive contre la gauche. Le président, lui, préfère encore patienter pour se lancer officiellement dans la bataille

UNE petite comptabilité a créé en campagne. » « Vous êtes pour- semaine, l’existence d’une centai- te. Patrick Stefanini, ancien direc- un électrochoc. Jusque-là, l’Elysée tant le meilleur en campagne »,a ne de comités d’appel à la candida- teur de campagne de M. Chirac en répétait tranquillement qu’il reste lancé Renaud Muselier. « C’est à ture de M. Chirac va être dévoilée. 1995, a déjà repris du service. encore trois mois avant le 21 avril, vous de choisir votre moment, mais « Dans dix jours, nous en aurons le Antoine Ruffenach, maire RPR premier tour de la présidentielle. nous ne devons pas rester inertes », double », assure le député RPR du Havre, ne cache plus qu’il assu- Autant dire une éternité pour des a assuré M. Léonetti. MM. Fillon et Christian Jacob, qui s’est chargé de mera la fonction officielle de direc- conseillers qui se flattent chaque Drut ont souligné, eux, « la nécessi- les lancer, en liaison avec l’Elysée teur de campagne. Le slogan, lui jour d’être des stratèges de la té d’un chef d’orchestre ». et le président du groupe RPR de aussi, a été trouvé. Ce sera « Liber- guerre-éclair. Puis deux, trois, dix Tous se sont inquiétés de la cam- l’Assemblée nationale, Jean-Louis té, autorité et partage ». Enfin, chiraquiens sont venus traduire en pagne offensive de Lionel Jospin et Debré. Dans le même temps, le une intense activité est déployée langage plus prosaïque la réalité : de l’absence de réplique de la droi- site Internet 2002pourlafrance. par l’Elysée, par l’intermédiaire de « Ce ne sont pas trois mois qui res- te face aux affaires qui secoue son net, émanation du RPR, se pronon- Jérôme Monod, ainsi que par les tent, ont-ils chacun lâché devant le camps : la mise en disponibilité du présidents des groupes parlemen- président, ce sont neuf à dix semai- juge Halphen, l’affaire de la ran- taires de la droite, M. Debré, Philip- nes. Regardez les choses sous cet çon éventuelle contre la libération Un club de jeunes pe Douste-Blazy, Jean-François angle. Et vous verrez qu’il faut accé- des otages du Liban, l’affaire Schul- Mattei, Josselin de Rohan, Henri lérer votre campagne ». ler, et la rencontre entre M. Chirac « attaquants » de Raincourt afin de faire venir le Tout le week-end dernier, à l’Ely- et Jean-Marie Le Pen. Du coup, plus grand nombre de députés et sée, les réunions se sont donc suc- l’Elysée a annoncé à tous les a été constitué pour sénateurs de droite à Toulouse, cédé dans le bureau de Jacques Chi- inquiets le resserrement des rangs. lors de la grand messe de l’UEM le rac autour de cette certitude. Et Un club de jeunes « attaquants » a répliquer à la gauche 23 février. même si le président a redit et répé- d’abord été constitué pour répli- Jusque-là, deux thèses s’affron- té qu’il n’avancera pas sa déclara- quer aux offensives de la gauche, taient à l’Elysée. La première, sou- tion officielle de candidature, pré- menées notamment par le patron cera officiellement pour la candida- tenue notamment par Alain Juppé vue pour le tout début du mois de du PS, François Hollande, et les ture de M. Chirac et appellera à le et Jérôme Monod, plaidait pour un mars, il est clairement convenu jeunes députés socialistes Vincent soutenir « dès le premier tour ». départ tardif en campagne, sur le que ses partisans doivent désor- Peillon ou Arnaud Montebourg. « Nous entrons désormais dans la modèle choisi par François Mit- mais largement occuper le terrain. Ce club comprendra les jeunes phase 2 », explique son initiateur, terrand, en 1988. La seconde, incar- Lundi 21 janvier, M. Chirac et ses députés de droite Jean-François Pierre-François Mourier, directeur née notamment par Nicolas Sarko- conseillers ont donc multiplié les Copé, Renaud Muselier, Yves Nico- des études du RPR. « Le site va zy et relayée par Dominique de Vil- appels à tous ceux qui relaient la prise de conscience », assure Fran- Maritimes), Dominique Dord (DL, lin, Hervé Gaymard ou Nicolas désormais s’étoffer dans sa contesta- lepin, a toujours poussé à une cam- candidature présidentielle sur le çoise de Panafieu. Mercredi 23 jan- Savoie), Philippe Houillon (DL, Val- Forissier. A eux d’investir les tion du bilan du gouvernement et pagne plus longue, arguant que terrain. vier, lors du déjeuner qui a réuni d’Oise) et François d’Aubert (DL, médias et d’inventer des formules dans son soutien à Chirac. » « l’élection sera beaucoup plus diffi- Le lendemain, lors de la réunion autour du président de la Républi- Mayenne), ce dernier étant l’un assassines contre « le candidat Jos- Le siège de la campagne, dont cile qu’il n’y parait pour Chirac ». des fondateurs de l’Union en mou- que, François Fillon (RPR, Sarthe), des principaux soutiens d’Alain pin » et son « trotskisme passé », l’adresse est fermement tenue Comme à son habitude, le prési- vement (UEM), même ceux qui plai- Guy Drut (RPR, Seine-et-Marne), Madelin, la conversation s’est argument considéré comme le secrète par l’Elysée, devrait dent, plutôt que de trancher entre daient pour une campagne courte Renaud Muselier (RPR, Bouches- déroulée sur le même ton. « Pour- plus ravageur contre le premier s’ouvrir au début du mois de les deux thèses, les a choisis… tou- et ramassée se sont laissé à leur du-Rhône), Christian Cabal (RPR, quoi partez-vous si tard ? », a ministre. février. Déjà, les premiers recrute- tes les deux. tour ébranler par l’argument des Loire), Jean-Luc Warsmann (RPR, demandé Dominique Dord au chef Les initiatives ont été recensées. ments ont commencé parmi les « neuf semaines » restant avant Ardennes), Arthur Paecht (UDF, de l’Etat. Réponse de l’intéressé : Un véritable calendrier de campa- assistants parlementaires et les Raphaëlle Bacqué l’échéance. « Il y a eu comme une Var) et Jean Leonetti (UDF, Alpes- « Il n’est pas encore temps de partir gne a été élaboré. A la fin de la attachés de presse des élus de droi- et Philippe Ridet

L’UEM cherche Jean-Louis Debré, président du groupe RPR de l’Assemblée A l’Elysée, l’inspiration « C’est Jospin qui instille le poison des affaires » le président du côté Vous appelez les députés RPR Jacques Chirac doit-il avancer Sur quels thèmes se fera la puis, ce qui avait permis à Jospin ravit à venir nombreux, le 23 février, sa déclaration de candidature ? campagne chiraquienne ? de l’emporter, c’est la gauche plu- de M. Balladur à Toulouse, à la grande réunion Il choisira son moment. Mais Nous devons rassembler les rielle. Or, aujourd’hui, sa majorité les chasseurs de l’Union en mouvement, que nous devons occuper le terrain dès Français autour de trois thèmes : est éclatée. C’est pour cela qu’il se PRÉSIDENT de l’Union en mou- jusqu’ici vous contestiez. Vous à présent. Or, jusqu’ici, certains l’autorité, la liberté et le partage. réfugie dans une campagne agres- C’ÉTAIT la première fois, de tout vement (UEM) et député UDF de les appelez aussi à se mobiliser attendent sa candidature et l’utili- Il faut notamment rétablir l’autori- sive et haineuse à l’égard du prési- le septennat, que la Fédération l’Aisne, Renaud Dutreil s’est pour Jacques Chirac. Etes-vous sent comme un alibi pour ne rien té de l’Etat et proposer une loi- dent de la République. nationale des chasseurs (FNC) récemment adressé à l’ancien pre- donc inquiet de ses débuts de faire. Je me réjouis que des appels programme avec des objectifs et Mais êtes-vous inquiet de l’ef- venait à l’Elysée. Ses délégués y mier ministre Edouard Balladur. campagne ? à la candidature de Chirac soient des moyens financiers. Et puis, je fet sur l’opinion des affaires qui sont restés une grosse heure et Motif de cette approche discrète : Il ne s’agit pas d’apporter un n’emploierai pas de formules ressurgissent ? sont ressortis convaincus d’avoir demander à l’ancien premier minis- soutien à telle ou telle associa- « Nous devons anciennes, mais il y a des gens de Je ne suis pas inquiet des affai- trouvé en Jacques Chirac un prési- tre les statuts qu’il avait élaborés, tion, tel ou tel groupe, tel ou tel rassembler plus en plus pauvres, malgré la res qui ressurgissent mais préoc- dent « qui comprend tout à fait nos il y a un peu plus d’un an, alors personnage politique. Il s’agit les Français autour croissance. Nous devons nous en cupé de la stratégie qui les sous- problèmes ». Le chef de l’Etat a en qu’il réfléchissait, de son côté, à la pour moi, avec d’autres, de de l’autorité, de la préoccuper. Et nous ne devons tend. Je suis certain qu’il y a un effet expliqué aux représentants de constitution d’une formation uni- rassembler et de mobiliser les par- liberté et du partage » pas nous laisser abuser par la cam- chef d’orchestre à tout ça, forcé- la FNC que, s’il n’est pas chasseur que de la droite. Dans l’esprit du lementaires pour qu’ils partici- -  pagne d’affaires lancée par Lionel ment proche de Lionel Jospin. lui-même, il connaît leurs difficul- e député (RPR) du XV arrondisse- pent activement à l’échéance élec-  Jospin. Pour maquiller l’échec de son tés. Et a souhaité que s’engage «un ment de Paris, l’Union pour la torale qui s’annonce. Il s’agit clai- Voulez-vous dire que les affai- gouvernement, il laisse attaquer véritable dialogue » avec la Commis- réforme – appellation réservée à rement de contribuer à la réélec- lancés dans chaque circonscrip- res qui ressurgissent sont télé- personnellement Jacques Chirac sion européenne sur l’application cette organisation qui n’a jamais tion de Jacques Chirac. Naturelle- tion. Il faut que ces comités guidées par Matignon ? en faisant ressortir des affaires de la directive « oiseaux » de 1979, vu le jour – devait favoriser « la dis- ment, je souhaite un plus large ras- s’ouvrent le plus possible à la socié- Lionel Jospin n’est plus en mesu- très anciennes dans lesquelles le contestée par la FNC. Le 25 janvier, parition des actuels partis d’opposi- semblement autour de cette candi- té civile et soient co-animés par re de valoriser son bilan. Il a président n’est aucunement le Conseil d’Etat doit d’ailleurs ren- tion et leur fusion au sein d’un mou- dature dès le premier tour et un des représentants de toutes les ten- échoué dans le domaine de la sécu- impliqué. Il instille un poison dre un arrêt très attendu qui pour- vement unique » et la « constitution parfait report au deuxième. Et dances. Il faut que, dans chaque rité, de l’emploi. Il a mis dans la pour décrédibiliser. C’est une rait casser un décret de l’ancienne d’un groupe unique à l’Assemblée et pour que le rassemblement au département de France, le RPR rue les médecins, les gendarmes, stratégie bien connue des trots- ministre de l’environnement Domi- au Sénat ». Un objectif que parta- second tour soit parfait, il faut notamment prenne la tête de la les infirmiers, les policiers. Alors kistes. nique Voynet, autorisant la chasse ge l’Union en mouvement, créée fixer des règles et ne pas se trom- campagne et s’y implique sans s’ar- même qu’il a bénéficié de cinq ans en février et en août pour certaines en avril 2001 par Jérôme Monod, per d’adversaire. rêter à telle ou telle structure. d’une croissance inespérée. Et Propos recueillis par Rle B. espèces d’oiseaux migrateurs. conseiller du président de la Répu- Charles-Henri de Ponchalon, le blique, dans le but de rassembler président de la Fédération des au sein d’une association consti- chasseurs, qui rappelait son sou- tuée les chiraquiens des divers Comment s’élabore le programme commun de la droite hait qu’un médiateur soit envoyé horizons, puis de se muer à terme à Bruxelles pour « négocier » et en un véritable parti. Les partis de l’opposition travaillent déjà à la synthèse de leurs projets « faire comprendre ce qu’est la Depuis le début du mois de jan- chasse en France, un élément de la vier, M. Dutreil mène – « en son UN MOIS pour convaincre. établir « une société de confiance ». Ce programme, qui fera l’objet tions de l’UEM, ce « groupe des ruralité », affirme aussi avoir trou- nom personnel », jure-t-il – un Entre le bureau politique du RPR, Le premier d’entre eux porte sur la d’un vote solennel, le 2 février, par sept » comprend Alain Juppé, Phi- vé un président « archi-favora- audit dont le but avoué est de par- qui a validé, mercredi 23 janvier, sécurité. Il s’inspire assez large- le conseil national du RPR, n’est lippe Douste-Blazy, François Fillon ble » à cette idée. venir à définir les statuts de ce nou- l’ensemble des propositions émi- ment des thèses défendues, depuis cependant que le premier étage de et les fondateurs du club Dialogue Pour faire contraste, les chas- veau parti, lesquels s’inspireraient ses depuis près d’un an lors des un an, par Nicolas Sarkozy : sévéri- la fusée. Samedi 26 janvier, le con- et initiative, Jacques Barrot, Michel seurs ont rappelé qu’ils avaient des modèles du Parti populaire forums hebdomadaires du mouve- té accrue pour les multirécidivis- seil national de l’UDF doit, en Barnier, Dominique Perben et Jean- adressé une lettre, le 8 janvier, à espagnol (PPE) de José-Maria ment, et la convention nationale tes, création dans chaque départe- effet, arrêter son propre projet. Le Pierre Raffarin. Le groupe se réu- Lionel Jospin, lui demandant de Aznar et de la CDU-CSU alleman- de l’Union en mouvement (UEM), ment, dès 2003, de « centres éduca- parti d’Alain Madelin, Démocratie nit, chaque semaine, soit à l’Assem- « charger un parlementaire d’une de. « Je ne suis missionné par per- prévue le 23 février à Toulouse, tifs fermés » pour les délinquants libérale, doit faire de même au plus blée nationale, soit à l’Elysée, soit mission de négociation avec la Com- sonne, insiste-t-il, je réfléchis sim- l’opposition chiraquienne dispose mineurs, institution d’un « conseil tard au début du mois de février. encore à France moderne, le club mission européenne » sur les dates plement à l’organisation d’un grand d’un mois pour faire la synthèse de de sécurité » placé sous l’autorité Au sein de l’UEM, le secrétaire, Her- de réflexion de M. Juppé. de la chasse aux oiseaux migra- mouvement pour une majorité prési- ses réflexions. Longtemps réservé du maire. vé Gaymard, député (RPR) de Signe qu’une accélération de la teurs. La lettre est restée, d’après dentielle. » sur l’UEM et la création d’un « par- Les autres « contrats » traitent Savoie, travaille déjà sur une syn- campagne présidentielle est en eux, sans réponse. « Le premier Avant le 23 février, date à laquel- ti du président » qu’elle préfigure, notamment de l’éducation, de l’em- thèse de ces trois apports, tandis cours, les jeunes RPR s’apprêtent ministre a ses problèmes, que je res- le l’UEM tiendra un grand rassem- Jean-Louis Debré, président du ploi, de la formation professionnel- que le président, Renaud Dutreil, pour leur part à diffuser à pecte. C’est un choix politique qu’il a blement programmatique qui sera groupe RPR de l’Assemblée natio- le, du temps de travail, de la député (UDF) de l’Aisne, multiplie 100 000 exemplaires leur propre fait, dont je prends acte », a juste l’un des temps forts de la campa- nale, donne désormais pour consi- famille, de la fiscalité, de la décen- les contacts depuis le début de l’an- progamme. Ils avaient joué un rôle dit M. de Ponchalon. gne de Jacques Chirac, le député gne à ses députés de prendre « une tralisation, de l’intégration, de la née avec toutes les personnalités important en 1995 dans la compéti- Lorsqu’on lui demande si la FNC de l’Aisne devrait faire connaître part active » à la convention de recherche, de la défense et de de l’opposition. Il a ainsi rencontré tion qui opposait alors M. Chirac prendra position pour l’un des can- ses propositions. Pour l’heure, il se Toulouse. Gardienne sourcilleuse l’aide au développement. L’objec- M. Sarkozy, qui continue de mener et Edouard Balladur. « On assurait didats à la présidentielle, le patron livre à des études comparées, déve- de la maison RPR, Michèle Alliot- tif, tel que l’avait défini la présiden- une campagne personnelle, et Phi- la claque. On veut désormais provo- des chasseurs assure seulement : loppe une large consultation Marie a décidé, elle aussi, de s’y te du RPR lors de l’adoption, en lippe Séguin, qui est plus que réti- quer le débat sur des questions de « Je prendrai position contre tous auprès de parlementaires euro- rendre. Le maire de la ville, Philip- juin 2001, de la première partie du cent vis-à-vis de la constitution société telles que le pacs, l’homopho- ceux qui n’auront rien fait pour péens d’Espagne, d’Allemagne, de pe Douste-Blazy, président du programme, est de faire en sorte d’un parti unique. bie, l’environnement », explique défendre la chasse. » Mais, à ses Grande-Bretagne. De Philippe groupe UDF de l’Assemblée, qui que « les Français retrouvent con- Michaël Bullara, secrétaire natio- côtés, Henri Sabarot, président de Séguin (RPR) à André Rossinot gère l’organisation matérielle de la fiance en l’Etat », que « l’Etat fasse  «    » nal à la jeunesse. Le document mis la FNC en Gironde, conteste plus (UDF), maire de Nancy, en pas- convention, n’attend pas moins de confiance aux Français », que « les Enfin, un autre groupe travaille au point, Paroles de jeunes, doit aus- clairement ce gouvernement dont sant par Nicolas Sarkozy, il ne 3 ou 4 000 personnes. La rencontre Français retrouvent confiance en depuis plusieurs semaines à une si servir de support à la campagne : le ministre de l’environnement est néglige personne. « Je souhaite par- de Toulouse doit marquer un eux ». Ou encore, comme l’a dit autre synthèse, qui a pour ambi- 56 comités départementaux d’ap- « anti-chasse ». En mai dernier, venir à une sorte de synthèse, qui res- temps fort dans la campagne de plus prosaïquement Alain Juppé, tion de servir plus directement pels à la candidature de M. Chirac M. Sabarot avait d’ailleurs claire- pecterait l’unité et la diversité des Jacques Chirac, avant même que lors de la dernière réunion de encore le projet du candidat à sont d’ores et déjà prêts à apparaî- ment appelé à « boycotter les socia- grandes familles de la droite fran- celui-ci se déclare. l’UEM (Le Monde du 24 janvier) : l’élection présidentielle. Sous la tre au grand jour, à l’initiative des listes, les Verts et les communistes » à çaise », a-t-il indiqué au Monde. Lors de sa réunion de mercredi, que « l’Etat assume ses fonctions houlette de Jérôme Monod, con- jeunes RPR. la présidentielle et aux législatives. le bureau politique du RPR a pro- régaliennes » et que, pour le reste, seiller du président de la Républi- Yves Bordenave posé « quinze contrats » destinés à il « lâche les baskets » aux Français. que, présent à toutes les conven- J.-L. S. Rle B. LE MONDE/VENDREDI 25 JANVIER 2002/9 FRANCE L’assurance-maladie et les généralistes Les députés ont durci la loi de MG-France signent un accord tarifaire sur la présomption d’innocence La consultation passera à 18, 5 euros le 1er février. Les astreintes des médecins seront rémunérées. L’UNOF maintient sa grève des gardes Le groupe communiste devrait voter le texte à l’Assemblée le 29 janvier

À L’ISSUE de treize heures de lions d’euros », a annoncé Jean- outre, M. Chassang souligne que le MINUIT sonne l’heure de la révo- aucun cas de l’addition de demi- les gens qui font un bras d’honneur négociations, les trois caisses natio- Marie Spaeth, président de la problème des gardes et des astrein- lution pour Julien Dray. Avant de mesures. » aux institutions en sortant libres du nales d’assurance-maladie (sala- CNAM (salariés). Les caisses consa- tes « n’a rien à faire dans un tel quitter le Palais-Bourbon, mercredi La tonalité des débats n’aura tou- commissariat », a expliqué M. Dray. riés, agriculteurs, indépendants ) et creront à ce plan 732 millions accord ». Il s’agit, selon lui, « d’une soir 23 janvier, le député (PS) de l’Es- tefois pas été totalement négative « Je me réjouis de ce rappel à l’ordre, le syndicat de médecins MG-Fran- d’euros sur trois ans. mission de service public qui ne relè- sonne pavoise : « On a gagné. Moi, pour l’opposition. M. Dray, rappor- je vois qu’on peut arriver à des points ce ont signé, jeudi 24 janvier au De son côté, Elisabeth Guigou, ve pas de la “Sécu” mais de l’Etat. l’ancien trotskiste, j’ai réussi à rallier teur du texte, a accepté un amende- de vue concordants tendant vers une matin, un accord visant à « revalori- ministre de l’emploi et de la solida- Les caisses auraient dû s’arrêter à la les communistes. C’est une belle histoi- ment de Pascal Clément (DL, Loire) reprise en main », a estimé Lionel ser le métier de généraliste ». Alors rité, s’est félicitée de cet « accord revalorisation de la consultation de re, non ? » L’histoire est surtout bel- qui porte d’un trimestre à un an la Luca (non inscrit, Alpes-Maritimes). que la veille, la « journée sans tou- substantiel », qui se traduira, «la base ». Quant à la rencontre propo- le pour Lionel Jospin et son gouver- fréquence des visites que le procu- En retenant un amendement bibs », lancée à l’initiative de première année, par une augmenta- sée par Mme Guigou, il regrette nement, au terme de l’examen de la reur de la République doit effectuer d’André Gerin (PCF, Rhône) sur le l’Union nationale des omniprati- tion d’honoraires de 350,6 euros par qu’elle « arrive très tard. Nous déci- proposition de loi socialiste desti- dans les locaux de garde à vue de droit au silence, M. Dray a obtenu le ciens français (UNOF, branche mois et par médecin. Au bout de derons en interne si nous nous ren- née à compléter la loi sur la pré- son ressort. L’Assemblée a aussi soutien du groupe communiste. La généraliste de la CSMF) et du Syndi- trois ans, elle représentera un smic drons à cette invitation. Mais nous somption d’innocence. L’issue posi- approuvé un amendement de personne placée en garde à vue cat des médecins libéraux (SML), en plus par mois et par médecin ». ne notons aucune volonté du gouver- tive du vote solennel de l’Assemblée M. Estrosi autorisant les parquets à pourra se taire sans se faire notifier avait été fortement suivie et soute- Mme Guigou s’est dit « prête à rece- nement de faire une vraie réforme nationale, le 29 janvier, ne fait plus faire appel des décisions d’acquitte- – comme le souhaitait l’opposition nue par de nombreux profession- voir, avec Bernard Kouchner, les structurelle. » L’UNOF, qui a décidé guère de doute en conclusion d’une ment. Les élus de droite ont, par – que son attitude est susceptible nels de santé, les 60 000 médecins de maintenir son appel à la grève semaine marquée par une succes- ailleurs, voté une disposition de « de lui porter préjudice dès lors qu’il de famille ont obtenu plusieurs des gardes, promet « d’autres initia- sion de revirements sur le contenu M. Dray prévoyant que le procureur existe une ou des raisons plausibles de mesures visant à améliorer leur « Au bout de trois ans, tives en février » et appellera des ajustements de la loi Guigou. de la République doit être prévenu soupçonner qu’elle a commis ou tenté rémunération. L’UNOF (syndicat « début mars » à une « grande « Nous voterons contre, a prévenu « aussi rapidement que possible » de commettre une infraction ». L’As- majoritaire) avait choisi de boycot- un smic en plus par manifestation nationale ». Christian Estrosi (RPR, Alpes-Mariti- – et non dans un délai de trois heu- semblée a encore retenu, à l’unani- ter la réunion, malgré la supplique Jean-Pierre Raffarin (DL), proche mes). Les menus aménagements pro- res – des placements en garde à vue mité, deux amendements relatifs de Bernard Kouchner, ministre mois et par médecin » de Jacques Chirac, a déclaré que cet posés ne changeront rien à la situa- ordonnés par un officier de police aux procès d’assises. L’un permet au délégué à la santé. accord allait « dans la bonne direc- tion actuelle. La justice brille par son judiciaire. parquet de faire appel des décisions Dès le 1er février, le tarif de la   tion », tout en estimant qu’il n’était absence dans cette proposition, au La majorité et l’opposition ont d’acquittement ; l’autre autorise la consultation sera fixé à 18,5 euros « pas à la hauteur » des attentes point qu’il faut se demander si, en également adopté, de concert, levée du huis clos dans les juridic- (contre 17,5 aujourd’hui). De plus, des généralistes. Le RPR François définitive, ces modifications ne vont l’amendement de François Colcom- tions pour mineurs lorsque l’accusé les généralistes pourront, à comp- deux syndicats représentatifs (MG- Fillon, un des principaux anima- pas engendrer l’effet inverse de celui bet (PS, Allier), qui précise les condi- a atteint sa majorité au moment du ter du 1er mars, facturer 23 euros les France, UNOF) dès lundi » pour teurs de l’Union en mouvement recherché, en gonflant l’entonnoir de tions dans lesquelles la réitération procès. Cette mesure devrait s’appli- « consultations approfondies » dis- examiner avec eux les mesures (UEM), a qualifié les mesures de la justice, et provoquer ainsi un goulet antérieure de délits autorise la quer pour le troisième procès de pensées aux patients atteints d’une structurelles à prendre afin d’amé- « rafistolages ». d’étranglement. Notre pays a besoin détention provisoire. « Il s’agit de Patrick Dils, au mois d’avril. affection de longue durée (diabète, liorer les conditions de travail des d’une grande loi en faveur du rétablis- combattre le sentiment d’impunité en insuffisance cardiaque, etc.). « Une généralistes. Sandrine Blanchard sement du pacte républicain et en plaçant devant leurs responsabilités Elie Barth première extension du champ de ces Pour Pierre Costes, président de consultations approfondies sera déci- MG-France (30 % de la profession), dée le 1er janvier 2003 », indique l’ac- « cet accord est satisfaisant. Il appor- cord. En outre, les astreintes (qu’il te des mesures immédiates et prépa- y ait eu consultation ou pas) seront re l’avenir, il est à la hauteur des désormais rémunérées à raison de problématiques de la profession et 50 euros par tranche de douze heu- de la mobilisation des médecins ». res et les consultations de garde M. Spaeth estime que « cet accord passeront de 17,53 euros à est fondamental : le généraliste va 37,50 euros. Les visites de nuit devenir le spécialiste de la médeci- seront majorées de 40 % pour cel- ne générale ». Le président de la les intervenant avant minuit, et de CNAM juge « profondément regret- 60 % pour celles effectuées entre table l’absence de l’UNOF. On ne minuit et six heures du matin. sert pas ses mandants avec la politi- La CNAM a également élargi le que de la chaise vide ». champ des personnes concernées Michel Chassang, président de par les visites de maintien à domici- l’UNOF – qui réclame depuis deux le, qui sont actuellement facturées mois une consultation de base à 30 euros. D’autres mesures, telles 20 euros –, considère que cet des primes à l’installation des jeu- accord « n’est pas de nature à cal- nes médecins dans des zones diffici- mer la grogne des médecins de les – dont le montant pourra attein- famille » et parle de « résultats dre 13 000 euros – et des aides minables ». « Cet accord a minima pérennes pour inciter les généralis- signé avec un syndicat tes à se regrouper dans des mai- n’est pas surprenant », explique-t-il. sons médicales, ont également été Surtout, « le montant de la revalori- accordées. sation de l’acte de base est inaccepta- L’ensemble de ces mesures de ble. Quant à l’instauration de revalorisation se chiffre à 330 mil- “consultations approfondies” nous y lions d’euros par an, « soit un coût sommes hostiles. Faudra-t-il mettre pour la Sécurité sociale de 237 mil- un sablier sur notre bureau ? ». En L’Assemblée a modifié la loi sur les sondages

L’ASSEMBLÉE NATIONALE a adopté, mercredi 23 janvier, le projet de loi autorisant la publication des sondages jusqu’au vendredi minuit précédant le jour d’une élection – qui a toujours lieu un dimanche. Seuls quelques députés de droite se sont abstenus pour protester con- tre l’interdiction de diffuser et de commenter la veille et le jour du scrutin des enquêtes d’opinion rendues publiques pendant la période légale. Cette disposition pourrait constituer un obstacle à une adop- tion conforme du texte au Sénat mais le gouvernement espère, mal- gré tout, le faire aboutir avant la suspension des travaux parlementai- res, le 22 février. Le projet de loi a été élaboré au lendemain de l’arrêt de la Cour de cassation du 4 septembre 2001, qui a jugé la loi du 19 juillet 1977 sur les sondages contraire à la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme. Pierre Larrouturou candidat à l’élection présidentielle LE PROMOTEUR de la semaine de quatre jours, Pierre Larrouturou, annonce sa candidature à l’élection présidentielle dans deux entre- tiens accordés à L’Express et au Nouvel Observateur datés du 24-30 jan- vier. L’ancien militant du PS, très critique à l’égard du bilan de la gau- che (Le Monde du 12 décembre 2001), estime, dans L’Express, que le candidat du PS à la présidentielle doit avoir « un vrai projet ». « Il faut plus d’audace ! », ajoute-t-il. M. Larrouturou raconte que le premier secrétaire du PS, François Hollande, lui a dit, pour « la huitième fois en quatre ans » : « Il faut que tu dînes avec [Lionel] Jospin pour l’aider à réfléchir ». « Nous nous prononcerons pour Jospin [au second tour] s’il reprend à son compte la loi d’initiative citoyenne [visant à étendre la pra- tique du référendum] et s’engage à annuler la dette des pays du Sud », déclare, par ailleurs, M. Larrouturou au Nouvel Observateur.  a PRÉSIDENTIELLE : Jean-Pierre Chevènement invite Jacques Chi- rac et Lionel Jospin à débattre avec lui « plutôt que faire donner leurs lieutenants qui occupent la quasi-totalité du terrain ». Le candidat (MDC) à l’Elysée a estimé, mercredi sur France-Inter, que « les Fran- çais sont frustrés car ils sont privés de débat ». « Une campagne respec- tueuse des candidats met face à face des projets », a-t-il conclu. a TRANSPORTS : le ministre communiste des transports, Jean- Claude Gayssot, a estimé que le projet de libéralisation du transport ferroviaire de fret, adopté mercredi 23 janvier par la Commission euro- péenne, est « totalement inacceptable ». Il s’y opposera « avec force » s'il est soumis au Conseil européen des ministres des transports. 10/LE MONDE/VENDREDI 25 JANVIER 2002 SOCIÉTÉ religions

Les salafistes, membres d’   Saint-Denis notamment, fait l’objet d’une   Groupe salafiste pour la prédication et le combat et refusent l’appellation de wahhabites, sont en effet    de l’islamisme radical, sont   qui ont placé cette le GIA algérien. Dans des     directement inspirés par l’  - de plus en plus visibles dans les banlieues de plu- mouvance sous surveillance depuis plusieurs , des prédications sont organisées avec    . Ils sont très critiques sieurs villes de France. Leur prosélytisme, en Seine- années. Les policiers ont ainsi relevé les liens entre le des oulémas saoudiens. Les salafistes, bien qu’ils envers les autres familles de l’islam radical. L’essor des salafistes en banlieue inquiète policiers et musulmans Le prosélytisme pratiqué par ces tenants d’un Islam rigoriste, influencé par les imams les plus radicaux d’Arabie saoudite, ne cesse de progresser, notamment parmi des jeunes désœuvrés. Les enquêteurs mettent en avant des risques de connexion avec des groupes terroristes

UNE SCÈNE étrange a eu lieu à parler de leur engagement reli- « Notre seul but est d’imiter le pro- dires attribués au prophète (les Tabligh, le grand mouvement pié- ne ! », lance Abdelali Mamoun, la mosquée As-Salam d’Argenteuil, gieux. Ils ont l’un et l’autre 29 ans phète, salut et bénédiction sur lui. » hadiths). tiste et missionnaire de l’islam. Ils imam à la régie Renault et habitant dans le Val-d’Oise, le 9 janvier en et sont nés en France. Ils ne font Comme lui, ils se laissent pousser Ils ne veulent pas qu’on les quali- l’accusent de bid’a, c’est-à-dire d’in- du Val-Fourré, à Mantes-la-Jolie début de soirée. L’événement avait pas de politique, expliquent-ils, la barbe. Comme lui, ils portent le fie de wahhabites, et pourtant ils novation blâmable. « Les tablighis (Yvelines). Selon lui, le mouve- été annoncé par Internet, sur un mais ils suivent « le vrai islam », qamis (la djellaba) jusqu’à mi-hau- se réclament de l’islam rigoriste sont des ignorants », tranchent-ils. ment recrute surtout parmi les forum musulman : « Cheikh Rabi celui des salafs, littéralement des teur du mollet. Comme lui, ils ne d’Ibn Taymiyya et d’Ibn Abdel- Les deux jeunes se défendent « hittistes » de la banlieue, ces jeu- Al-Madkhali donnera un cours par « prédécesseurs », c’est-à-dire des sortent pas sans un bâton de siwak, Wahhab, les inspirateurs de la d’être des extrémistes. Ils rappel- nes désœuvrés qu’on appelle ainsi, téléphone, mercredi à 19 heures, compagnons du prophète Maho- un bois abrasif qui sert à se net- monarchie saoudienne. Parmi les lent que le nouveau grand mufti dans le vocabulaire algérien, parce inch’Allah ». A l’heure dite, quatre met et des deux générations qui toyer les dents. Ils calquent leur savants contemporains, ils révè- d’Arabie saoudite, Abdoulaziz qu’ils n’ont rien d’autre à faire que cents jeunes venus de toute la leur ont succédé. Eux-mêmes se façon de vivre sur la Sunna, le vas- rent particulièrement Abdel Aziz Al-Cheikh, a condamné les atten- de « tenir les murs » (hit en arabe). région parisienne étaient rassem- définissent comme « salafis » : te corpus qui rassemble les faits et Ben Baz, l’ancien grand mufti tats du 11 septembre. Ils admet- « Contrairement aux autres orga- blés dans le lieu de culte, vêtus d’Arabie saoudite, mort en 1999, et tent cependant que certains grou- nisations musulmanes, le salafisme pour la plupart d’une djellaba. Nasiraddin Al-Albani, un spécialis- pes radicaux, comme le Groupe ne demande aucun effort, à part un Assis sur les tapis, ils ont écouté en Des sites Internet pour chaque tendance te des hadiths, mort lui aussi il y a salafiste de prédication et de com- ritualisme rigide. Les jeunes qui s’en silence une prédication en arabe Internet est devenu l’outil privilégié d’une galaxie salafiste peu organi- un an. Aujourd’hui, leur référence bat (GSPC) et le Takfir, se récla- réclament ne font rien de la journée, classique, diffusée par une sono sée, et surtout divisée par des querelles doctrinales. Une véritable guerre de est le cheikh saoudien Rabi ment du salafisme. « Contraire- et en plus ils se considèrent comme déficiente et traduite par un mem- fatwas (au sens d’avis juridiques) est lancée sur les forums et sur les sites Al-Madkhali. Celui-ci s’est illustré ment à nous, ils critiquent les gouver- supérieurs aux autres musul- bre de l’assemblée. De temps à musulmans. Les livres, les cassettes et les textes des oulémas saoudiens en publiant un livre hostile à nements et prêchent la révolte et la mans ! », peste l’imam Mamoun. A autre, la liaison téléphonique était sont mis à contribution pour soutenir les thèses des uns et des autres. Sayyid Qotb, le penseur le plus radi- désobéissance. Ils considèrent que interrompue, obligeant les organi- En France, la mouvance salafiste se divise principalement en deux tendan- cal des Frères musulmans, qu’il les autres musulmans sont des kouf- sateurs à rappeler leur interlocu- ces. L’une se réclame du Saoudien Rabi al-Madkhali et condamne les écrits accuse d’avoir dévié sur le dogme. fars, des impies. Un groupe de ce « Ma communauté teur, un ouléma saoudien qui s’ex- de Sayyid Qotb. Elle se défend de faire de la politique et prône l’obéissance Mehdi et Khaled n’aiment pas genre existe à Sartrouville, dans les primait depuis La Mecque. aux gouvernements en place. Elle est représentée par les sites comme beaucoup les ikhwan, les Frères Yvelines. Mais les plus radicaux par- se divisera Mehdi et Khaled faisaient partie Al-Baida (www.al-baida.com) et « Mise en garde contre l’ignorance » (soun- musulmans : « Ce sont des politi- tent en Angleterre, pour rejoindre le de l’assistance. Un peu méfiants, nah.free.fr). L’autre tendance est celle des « qotbistes », représentée par des ques, ils mentent, ils ont une double cheikh Abou Hamza, à Londres. » en 73 sectes », sur la défensive, ils acceptent de sites tels que boukhari.net.free.fr, et le site stcom.net, qui prône le djihad. face. » Ils n’aiment pas non plus le Pour Mehdi et Khaled, ces grou- pes extrémistes ont dévié du vérita- aurait dit ble islam. Quant à eux, ils prônent l’obéissance aux pouvoirs publics. le Prophète Mais leur souhait le plus cher est de faire la hijra, l’émigration : de quitter la France pour s’installer Mantes, les salafistes fréquentent dans un pays musulman. Quand la mosquée turque du centre com- on leur demande pourquoi ils ne mercial. Les femmes qui portent le partent pas tout de suite, ils évo- niqab – la variante arabe du tcha- quent « des raisons privées ». dor iranien – y sont de plus en plus Mehdi a été l’un des premiers à nombreuses. suivre le minhaj salafi, la voie sala- Les salafistes ne gèrent pas de fiste. Au début des années 1990, mosquée, à quelques exceptions quelques prédicateurs influents près comme celle de La Duchère et ont lancé le mouvement. Cheikh la mosquée Tariq-Ibn-Zyad des Abdeladi à Nanterre, dans les Mureaux (Yvelines). Le plus sou- Hauts-de-Seine ; Cheikh Abdelka- vent, ils jettent leur dévolu sur un der à La Duchère, dans le 9e arron- lieu de culte dans lequel ils se ren- dissement de Lyon. Mais c’est à dent de plus en plus nombreux, jus- partir de 1995 que le salafisme est qu’à ce que, lassés et gênés pour devenu véritablement visible. l’image de la mosquée, les proprié- Aujourd’hui, il est présent dans tou- taires finissent par les en déloger. « Après le 11 septembre, les médias ont mis en cause les Frères musul- 19 membres d’un mans et le Tabligh, s’étonne Hakim El-Ghissassi, directeur du magazi- réseau condamnés ne La Médina. Mais ils se sont trom- Le 30 novembre 2000, le tribunal pés de cible : le vrai danger vient du correctionnel de Paris a condamné salafisme… » 19 islamistes à des peines de prison Moustapha Boukhateb est un allant de huit mois avec sursis à sept musulman de Rouen, proche du ans ferme pour leur participation à Tabligh. Très pieux, il porte sur le « une association de malfaiteurs en front le « signe de la prosterna- relation avec une entreprise terro- tion », une callosité acquise à force riste ». Accusés d’avoir fourni des de prières. Lui non plus n’aime pas armes, des voitures et des faux les salafis, qu’il appelle par déri- papiers au Groupe islamique armé sion les « talafs », les égarés. «A (GIA) algérien, la plupart des préve- Rouen, le Tabligh avait recruté une nus étaient en outre soupçonnés dizaine de jeunes, se souvient-il. d’appartenir à la branche europé- Mais les vieux qui dirigent la mos- enne du Takfir wal-Hijra, ce mouve- quée les ont mis à l’écart. Ils ont été ment extrémiste « qui a adhéré en embrigadés par un salafi. » A cha- 1999 à la mouvance internationaliste que fois, la méthode est la même, d’Oussama Ben Laden », comme l’a raconte Moustapha. Les salafistes rappelé, au premier jour du procès, le abordent les jeunes à la sortie de la juge Hervé Stéphan, sans que cet élé- mosquée. Ils leur expliquent qu’ils ment soit repris dans les réquisitions sont dans l’égarement. Ils citent le du procureur. hadith des 73 sectes : « Ma commu- A l’audience, aucun d’entre eux nauté se divisera en 73 sectes, aurait n’a toutefois reconnu son apparte- dit le Prophète. Toutes iront en nance à ce groupe présenté comme enfer à l’exception d’une seule : celle « sectaire, religieux et guerrier » par le qui suivra ma voie et celle de mes chef de la section antiterroriste du compagnons. » Les salafistes affir- parquet de Paris, Michel Debacq. ment qu’ils sont la firqat an-najra, Celui-ci avait à plusieurs reprises com- la « faction sauvée ». Moustapha menté les dénégations des prévenus Boukhateb estime que 80 % des en évoquant « le principe de base du salafistes viennent du Tabligh. Takfir, la dissimulation, par laquelle Le rêve ultime de tous les salafis- ses membres cachent aux mécréants tes est d’aller étudier en Arabie la réalité de leur combat, le djihad ». saoudite. Abdelali Mamoun racon- te qu’un représentant saoudien est venu un jour à la grande mosquée te l’agglomération parisienne, de Mantes proposer des bourses mais aussi à Roubaix, à Lyon, et pour l’université de Médine : dans plusieurs autres villes de « Quatre-vingts jeunes voulaient province. s’inscrire ! Ils étaient tellement nom- La mouvance salafiste regroupe breux qu’il a fallu leur donner des un large éventail de tendances. La numéros de passage. Mais la sélec- plus modérée est représentée par tion a été très dure et seulement Aboubakr Al-Djazairi, un savant deux jeunes ont été retenus. » Selon de Médine qui séjourne régulière- Moustapha Boukhateb, qui y a ment en France et qui est l’auteur séjourné, Médine est un chaudron d’un livre intitulé La Voie du musul- de l’islamisme : « Ceux qui revien- man (Ennour), devenu une sorte nent de là-bas sont complètement de catéchisme pour beaucoup de transformés. Ils ramènent des fatwas musulmans français. Les plus extrê- et des cassettes enregistrées par les mes se réclament du Takfir, un cheikhs saoudiens les plus durs… » mouvement d’origine égyptienne De source diplomatique, il y dont le nom signifie « anathème ». aurait actuellement une cinquantai- Entre les deux, plusieurs factions ne de jeunes Français dans les uni- se déchirent sur des querelles versités de La Mecque et de Médi- byzantines touchant au dogme ne. Parmi eux, un tiers sont des musulman. convertis à l’islam. « Le salafisme est devenu le can- cer de la communauté musulma- Xavier Ternisien LE MONDE/VENDREDI 25 JANVIER 2002/11 SOCIÉTÉ religions Une note des renseignements généraux décrit la percée Ancien grand mufti d'Arabie saoudite, mort en 1999, de la mouvance fondamentaliste en Seine-Saint-Denis le cheikh Abdel Aziz Ben Baz est l'une des principales Le prosélytisme des extrémistes est suivi de près par les policiers, qui étudient depuis plusieurs références du années les ramifications internationales du Groupe salafiste pour la prédication et le combat courant salafiste. Foncièrement LE PROSÉLYTISME salafiste ments limitrophes. Le groupe a pro- fistes auraient vainement essayé geant des GIA au côté d’Antar rigoriste, il s'est fait l’objet d’une étroite surveillan- gressivement pris le contrôle de la d’imposer leur présence à la mos- Zouabri. Le chef militaire et reli- toujours aligné ce policière. Rassemblés en grou- salle de prière. » Le document des quée de La Courneuve, l’un des gieux a été accusé à plusieurs repri- sur les positions pes très entreprenants, ces défen- RG raconte la prise de pouvoir pro- plus grands lieux de prière du ses par la presse algérienne d’entre- de la monarchie seurs d’un islam proche des origi- gressive des salafistes, qui les a département. Ils ont été mis à tenir des liens étroits avec le saoudienne. nes sont soupçonnés d’alimenter conduits à écarter le président de l’écart par les autorités religieuses milliardaire d’origine saoudienne En 1990, l'Assemblée des réseaux de pratiquants dont la mosquée, auquel certains des avec l’appui de la majorité des Oussama Ben Laden, témoignage des oulémas, un petit nombre a rejoint les acti- fidèles restaient attachés. Selon les fidèles. du rapprochement du GSPC de la qu'il dirigeait, vistes radicaux du fondamenta- policiers, des oulémas (thélogiens) L’intérêt porté par les services mouvance djihadiste. a cautionné lisme musulman. Selon une note salafistes venus du Moyen-Orient de renseignement à cette mouvan- El Khabar, un journal arabo- le stationnement de la direction centrale des rensei- ont été conviés à venir prêcher à ce fondamentaliste est déjà phone d’Alger, avait même affir- des troupes gnements généraux (DCRG) du Stains. Et le groupe a pris une part ancien. La direction de la sur- mé, le 15 septembre, que Ben américaines 26 décembre, « la mouvance salafis- active à l’organisation d’un sémi- veillance de la territoire (DST) a Laden était à l’origine de la créa- en Arabie saoudite. te est parvenue à effectuer une per- naire salafiste en juillet 2001 à prêté une attention particulière à tion du GSPC. Celui-ci a égale- cée dans le département de Seine- Aulnay. ses activistes les plus radicaux, ment essaimé en Europe, implan- Saint-Denis, depuis le début de l’an- dans le suivi des événements en tant de petits groupes dans plu- née 2001, sous l’impulsion d’une poi-    Algérie. Elle a ainsi consacré de sieurs pays. Le 4 avril 2000, la po- gnée de militants » qui agit au sein Le prosélytisme prend souvent multiples notes à la scission inter- lice italienne avait arrêté à Milan

 d’une mosquée de Stains. Les RG les mêmes formes, ont constaté les venue au sein des Groupes islamis- plusieurs personnes présentées attribuent ce résultat à l’action policiers. C’est à la sortie des mos- tes armés (GIA) à la fin des années comme les membres d’une cellule d’un résident d’un quartier sensi- quées que les salafistes entrent en 1990. Ceux-ci comptaient parmi italienne proche de Ben Laden et Les quatre principales familles ble de la ville, qui a suivi une contact avec les croyants pour ten- les factions les plus radicales de la liée au GSPC. Elles étaient soup- formation religieuse à l’institut ter de les gagner à leur cause par la lutte contre le pouvoir à Alger. çonnées d’avoir préparé un atten- de l’islam militant Ibn- Séoud, à Nouakchott, en distribution d’écrits, voire de cas- Leurs pratiques extrêmes, qui tat contre l’ambassade des Etats- Mauritanie. settes de prêches. Ainsi, la même allaient jusqu’à des exécutions en Unis à Rome. A Londres, les salafis- f Les Frères musulmans. Mou- se divisent en deux groupes : les « Faisant preuve de charisme, il a note des RG relate l’apparition masse dans des villages n’épar- tes se sont notamment regroupés vement fondé en Egypte, en 1928, salafistes jihadistes, dont le chef est séduit certains de ses coreligion- d’un nouveau groupe à Bondy gnant ni femmes, ni enfants, ni autour d’Abou Hamza, prédica- par Hassan Al-Banna, il est devenu l’Egyptien Moustapha Kamel, dit naires stanois, indique la note de autour de deux dirigeants qui ont vieillards, avaient, pour partie, été teur dans une mosquée fréquentée la matrice de tous les groupes se Abou Hamza, réfugié à Londres et renseignement, enthousiasmés par cherché à prendre le contrôle de la à l’origine d’une dissidence. Celle- occasionnellement par des Fran- réclamant d’une lecture politique imam de la mosquée de Finsbury les prêches de l’intéressé à la mos- salle de prière de la ville. En dépit ci s’était rassemblée autour du çais et qui, selon la DST, s’était féli- de l’islam. Reprenant la formule de Park ; les salafistes dits « cheikhis- quée de Stains. Le leader salafiste a d’efforts répétés, ces tentatives ne Groupe salafiste pour la prédica- cité des attentats du 11 septembre. leur fondateur – « le Coran est notre tes », qui ne se mêlent pas de politi- attiré de nouveaux fidèles à la salle sont pas toujours couronnées de tion et le combat (GSPC), fondé constitution » –, les Frères affir- que, mais suivent à la lettre les avis de prière, notamment des départe- succès. Selon les policiers, des sala- par l’émir Hassan Hattab, ex-diri- Pascal Ceaux ment que la réponse à tous les pro- (fatwas) des cheikhs saoudiens. blèmes du monde musulman se En France, la mouvance salafiste trouve dans l’islam. Faute de pou- est en pleine expansion et recrute voir instaurer un Etat islamique, ils essentiellement auprès des mos- œuvrent à une islamisation « par le quées du Tabligh. Peu structurée, bas » de la société, par l’éducation elle est en outre divisée en plu- et le travail social. Une partie des sieurs tendances, qui divergent sur Frères musulmans s’est radicalisée le dogme (’aqida) ou sur leurs sous l’effet de la répression nassé- auteurs de référence. Les salafistes rienne. C’est ainsi que Sayyid Qotb critiquent les tablighis, les Frères a rédigé en prison Signes de piste, musulmans et les mystiques soufis, devenu le bréviaire de l’islamisme. qu’ils accusent respectivement d’in- En France, la mouvance Frères novation (bid’a), de polythéisme musulmans se divise en deux bran- (shirk) et de panthéisme (wadatoul ches : l’Association des étudiants woujoud). Les plus radicaux d’entre islamiques de France (AEIF), qui se eux jettent l’anathème (takfir) sur rattache aux Frères musulmans les autres musulmans. syriens, et surtout l’Union des orga- nisations islamiques de France (UOIF), qui se rattache aux Frères Le takfirisme, musulmans égyptiens. L’UOIF con- trôle plusieurs grandes mosquées, un extrémisme sunnite comme celle de Lille, et des associa- Le Takfir wal-Hijra (« anathème tion satellites comme Jeunes musul- et exil ») est un mouvement extré- mans de France (JMF) et Etudiants miste sunnite, fondé en 1971 par musulmans de France (EMF). Elle Choukri Mustapha, un Egyptien ori- insiste sur le thème de la « citoyen- ginaire d’Assiout et emprisonné par neté » et se déclare favorable à la Nasser, qui a poussé jusqu’au bout laïcité, moyennant des « aménage- les théories de Sayyid Qotb. L’idée ments ». L’universitaire suisse Tariq centrale du Takfir, qui se désigne lui- Ramadan, petit-fils de Hassan même sous le nom de Jama’a Al-Banna, est influent dans ce cou- al-muslimun (« association des rant, bien qu’il démente tout lien musulmans »), est fondée sur l’ex- officiel avec les Frères musulmans. communication de toute la société, Tous les ans, l’UOIF organise au au motif qu’elle n’est pas authenti- printemps un grand rassemble- quement musulmane. Les membres ment au Bourget. du Takfir se considèrent eux-mêmes f Le Tabligh. Le plus grand mou- comme les seuls vrais musulmans. vement missionnaire de l’islam, fon- Le Takfir a enlevé et assassiné en dé en Inde, en 1927, par Muham- 1977 le cheikh Dhahabi, ancien mad Ilyas. Surnommés les ministre des biens religieux du gou- « Témoins de Jéhovah » de l’islam, vernement égyptien. A la suite de ses adeptes appliquent une métho- cet acte, les membres du groupe ont de de prosélytisme particulière- été arrêtés et Choukri Mustapha ment efficace, le khourouj,oula pendu. En Algérie, selon Gilles « sortie », qui consiste à faire du Kepel, le GIA a progressivement bas- porte-à-porte dans un quartier, culé dans le takfirisme. selon un plan préalablement établi, pour ramener les musulmans à la pratique religieuse. f Les ahbaches. Ce courant Implanté en France depuis 1968, assez mystérieux, apparu au Liban le Tabligh a joué un rôle détermi- au début des années 1980, est nant dans la réislamisation des dénoncé par la plupart des musul- immigrés de la première généra- mans comme une « secte malfai- tion, puis dans celle des jeunes sante ». Son maître à penser est le beurs. Ses objectifs sont stricte- cheikh Abdallah Al-Harari, dit ment religieux et il se tient à l’écart Al-Habachi (l’Ethiopien). Très rigo- de tout engagement politique. ristes sur le fond, les ahbaches se Cependant, plusieurs spécialistes donnent une image d’ouverture en estiment que le mouvement a pu critiquant violemment les wahhabi- être détourné de ses buts et utilisé, tes et les Frères musulmans, qu’ils malgré lui, comme un sas vers l’is- accusent d’intégrisme. Le mouve- lam radical. Le Tabligh, dont le cen- ment est régulièrement soupçonné tre se trouve à Saint-Denis (Seine- d’être manipulé par le gouverne- Saint-Denis), est particulièrement ment syrien. présent en région parisienne, dans Les ahbaches sont présents en le Nord, à Marseille, à Mulhouse et France sous le nom d’Association à Dreux. des projets de bienfaisance islami- f Le salafisme. Comme les Frè- que en France (Apbif). Ils sont res musulmans, le salafisme pré- implantés dans plusieurs villes com- tend dépasser les quatre écoles tra- me Montpellier, Saint-Dizier, Nar- ditionnelles du droit musulman bonne, Lyon, Toulouse. Ils possè- (hanéfite, malékite, chaféite et han- dent une mosquée à Paris, rue balite) pour retourner à la source Cavé, dans le 18e arrondissement. première du Coran et de la Sunna. Dans les banlieues, ils cherchent à Son principal inspirateur est le concurrencer l’influence des Frères cheikh Mohammed Ibn Abdel- musulmans et des salafistes. Le Wahhab (mort en 1791), le théori- mouvement a connu une publicité cien d’un islam rigoriste et le maî- inattendue avec l’affaire Mous- tre à penser de la famille Ibn saoui, puisque le frère aîné de Zaca- Saoud, qui règne aujourd’hui sur rias, Abd Samad, qui est intervenu l’Arabie saoudite. Les salafistes à plusieurs reprises dans les sont en réalité des wahhabites, médias, est un ahbache. même s’ils récusent le terme. Selon Gilles Kepel (Jihad, Gallimard), ils X. T. 12/LE MONDE/VENDREDI 25 JANVIER 2002 SOCIÉTÉ La cour d’appel de Versailles annule la totalité Les syndicats d’enseignants de la procédure sur l’affaire des Irlandais de Vincennes appellent à une journée de grève unitaire Vingt ans après les faits et au terme d’une longue série de dysfonctionnements, les magistrats estiment que le juge d’instruction était « incompétent » et déclarent irrecevable la plainte déposée en 1992 Ils réclament des moyens en termes d’emplois

LA MALÉDICTION judiciaire tant très facile à détecter », a-t-il gné quant à lui que son client, «le de Versailles, qui leur avait deman- DU TEMPS et des moyens. L’en- affirme ainsi Gérard Aschiéri, qui semble peser sur l’affaire des ajouté. Interrogé par Le Monde, seul dans cette affaire à adopter une dé, le 9 décembre 1992, de verser semble des enseignants de la secrétaire général de la FSU. Figu- Irlandais de Vincennes s’est de Paul Barril, qui était la seule attitude droite, digne et loyale »,res- une consignation de 5 000 francs maternelle à l’université étaient re également la demande d’une nouveau manifestée, de manière personne poursuivie dans ce dos- tera « aussi le seul à avoir été sanc- dans un délai de 40 jours. Mais la appelés à faire grève et à manifes- réduction du temps de travail – spectaculaire, mercredi 23 janvier. sier, a affirmé que « cette décision tionné par la justice ».Me Dupeux somme avait été versée le 20 jan- ter, jeudi 24 janvier, pour exiger du que les syndicats veulent lier avec La chambre de l’instruction de la prouv[ait] que les Irlandais étaient voit dans l’arrêt de la chambre de vier 1993, soit le 41e jour… gouvernement qu’il ouvre des une « évolution du métier » ensei- cour d’appel de Versailles a annulé de vrais terroristes, comme [il l’a] l’instruction « l’ultime grand dys- La cour d’appel considère donc négociations sur la création d’em- gnant. « On ne demande pas une la totalité de la procédure qui avait toujours soutenu ». M. Barril a ajou- fonctionnement de cette affaire des la constitution de partie civile des plois et l’amélioration de leurs con- réduction arithmétique pour les abouti à la mise en examen pour té qu’il n’aurait « de toute façon Irlandais des Vincennes qui n’en a Irlandais irrecevable et en conclut ditions de travail. Lancé par les enseignants, mais au moins l’ouver- « atteinte à la liberté individuelle », pas redouté un éventuel procès qui pas manqué ». que « l’action publique n’a donc pas cinq principales fédérations syndi- ture de négociations », souligne le 4 avril 2001, de l’ex-capitaine n’aurait fait que confirmer [qu’il] Pour justifier l’annulation de la été mise en mouvement par [la] cales de l’enseignement (FSU, Jean-Luc Villeneuve, secrétaire Paul Barril, accusé d’avoir déposé n’avai[t] pas déposé d’armes » dans procédure, la cour d’appel a estimé plainte du 7 novembre 1992 ». Or, le UNSA-éducation, SGEN-CFDT, général du SGEN-CFDT. La précé- des armes et des explosifs chez des l’appartement des militants que le juge de Versailles, Yves juge d’instruction Yves Madre FERC-CGT et FAEN), le mouve- dente grève, lancée par la seule nationalistes irlandais afin de légiti- nationalistes. ayant été désigné le 17 mars ment devait toucher l’ensemble du FSU, avait rassemblé 23 % des e mer leur arrestation, en août 1982. De son côté, M Antoine Comte, « Je n’aurais 1993 – date que la cour d’appel secteur éducatif ainsi que la recher- enseignants, selon l’administra- La cour d’appel a estimé que le l’avocat des trois Irlandais, s’est dit pas redouté retient comme marquant le début che publique, l’enseignement agri- tion, 40 à 50 % selon les syndicats. juge versaillais, Yves Madre, était « stupéfait » de l’arrêt de la cham- un éventuel de l’action publique –, il était deve- cole et la jeunesse et les sports. Jusqu’à présent, notent les fédé- « incompétent » pour instruire cet- bre de l’instruction. « Jusqu’au procès » nu à ce moment « incompétent Des syndicats de l’enseignement rations, le ministère de l’éducation te affaire, du fait de l’irrecevabilité bout, tous les efforts auront été pour instruire sur ces faits ».La privé se sont joints au mouve- leur a opposé « une fin de non-rece- de la plainte avec constitution de déployés pour que cette affaire ne   chambre de l’instruction observe ment. Dans le primaire, où les voir » quant à leurs revendications.

partie civile déposée par les trois sorte pas », s’est-il insurgé. « Le sys-  en effet qu’entre-temps, le 4 jan- enseignants signalent à l’avance La Rue de Grenelle estime en effet Irlandais en 1992, dix ans après tème démocratique français se mon- vier 1993, une loi avait supprimé le leur intention de faire grève, le que le temps de travail annuel des leur interpellation controversée. tre tout simplement incapable de Madre, avait été désigné irréguliè- privilège de juridiction. En consé- principal syndicat (SNUipp-FSU) enseignants est inférieur à « La cour d’appel a logiquement sanctionner une affaire d’Etat »,a rement. Déposée le 3 août 1992 au quence, le dossier aurait dû être estimait, mercredi 23 janvier, que 1 600 heures, seuil d’ouverture de sanctionné un dossier qui s’apparen- déploré Me Comte. tribunal de Créteil (Val-de-Marne) retransféré au tribunal de Créteil. le taux de grévistes prévisible négociations fixé par le gouverne- tait à une fumisterie totale. Ainsi, le L’avocat a indiqué au Monde – compétent puisque les faits « Considérant que cette incompéten- devait varier entre 20 % et 85 %, ment (Le Monde du 12 décembre seul accusateur de Paul Barril, Ber- qu’il allait « encourager » ses s’étaient déroulés à Vincennes – la ce à instruire invalide l’ensemble de selon les départements. 2001). Les personnels non ensei- nard Jégat, est décédé il y a sept clients à former un pourvoi devant plainte des Irlandais avait été la procédure ultérieure, [il y a] donc gnants (Atoss), pour lesquels un ans », a commenté Me Jacques Ver- la Cour de cassation. « Je crains dépaysée, le 2 septembre 1992, au lieu de constater que les actes que le   1 600  accord de RTT a été signé en octo- gès, l’avocat de M. Barril, qui avait cependant qu’ils me répondent que tribunal de Versailles, en vertu du juge d’instruction a diligentés sont Au cœur des revendications figu- bre 2001, manifesteront égale- déposé la requête en nullité exami- cette comédie judiciaire a assez privilège de juridiction – un préfet, frappés de nullité », concluent les re l’obtention de moyens nou- ment, pour obtenir une améliora- née par la cour d’appel. Me Vergès duré ». L’avocat de Jean-Michel en l’occurrence l’ancien chef de la magistrats. veaux. « On ne pourra pas faire évo- tion de leurs conditions de travail. s’est interrogé sur le fait qu’il ait Beau – le gendarme qui fut le pre- cellule antiterroriste de l’Elysée, La décision rendue mercredi luer le service public s’il n’y a pas « fallu attendre dix ans pour que mier à dénoncer à la justice la mani- Christian Prouteau, pouvant être –toutefois susceptible de faire l’ob- des moyens en termes d’emplois », Luc Bronner l’on découvre que le déclenchement pulation de Vincennes et qui était impliqué. Le 7 novembre, les Irlan- jet d’un pourvoi en cassation– cons- de la procédure s’était effectué de « témoin assisté » dans la procédu- dais s’étaient donc constitués par- titue probablement l’épilogue d’un manière irrégulière. C’était pour- re –, Me Jean-Yves Dupeux, a souli- tie civile auprès du doyen des juges interminable feuilleton débuté il y a près de vingt ans. Comme l’avait Le cyclone Dina provoque souligné une enquête du Monde Vingt ans de rebondissements (nos éditions datées 15-16 octobre b 28 août 1982 : Mary Reid, Stephen capitaine. Ses déclarations des Irlandais déposent plainte 2000), la procédure lancée en de gros dégâts à la Réunion King et Michael Plunkett, trois entraîneront, en 1987, des contre X pour « atteinte à la 1992 – qui intervenait après dix ans militants d’une organisation poursuites pour « subornation de liberté ». L’instruction est confiée au d’atermoiements judiciaires – avait LE CYCLONE DINA a provoqué de sérieux dégâts mardi 22 janvier sur clandestine irlandaise, l’Irish témoins » contre le chef de la cellule juge Yves Madre, du tribunal de longtemps végété dans une inexpli- l’île de la Réunion, qui nécessiteront un effort de reconstruction «de National Liberation Army (INLA), de l’Elysée, Christian Prouteau, Versailles (Yvelines). cable léthargie. En janvier 2001, le très grande ampleur », selon le secrétaire d’Etat à l’Outre-mer, Chris- sont arrêtés et leur appartement de soupçonné d’avoir incité les b Février 1995 : Bernard Jégat meurt, juge Yves Madre avait d’ailleurs tian Paul. Les pluies et les vents, qui ont parfois dépassé les 250 km/h, Vincennes (Val-de-Marne) gendarmes à cacher la vérité à la à l’âge de 45 ans. adressé au président de la chambre ont sérieusement endommagé les routes, les réseaux d’eau, d’électrici- perquisitionné, à l’initiative de la justice. M. Prouteau sera condamné b 28 novembre 1995 : la Cour de de l’instruction de Versailles, qui té et de téléphone, les habitations et les cultures. Le cyclone n’a fait cellule antiterroriste de l’Elysée, à pour ces faits en septembre 1991 à cassation confirme la décision du s’était ému de la lenteur de l’ins- aucune victime directe, mais, selon Météo-France, « plusieurs person- laquelle appartient Paul Barril. Des une peine de quinze mois de prison tribunal correctionnel de Paris truction, une « ordonnance explica- nes sont décédées » du fait de l’impossibilité d’être assistées pendant la armes et des explosifs sont avec sursis, puis relaxé l’année relaxant Le Monde des poursuites tive » afin de justifier les retards tempête. Le premier ministre Lionel Jospin a exprimé « toute sa sympa- découverts sur place. suivante par la cour d’appel de Paris. engagées à son encontre par pris par l’enquête (Le Monde du thie » à la population, le président de la République Jacques Chirac a b 1er février 1983 : Le Monde révèle Paradoxalement, le M. Barril, confirmant de facto la 31 août 2001). Le dossier avait fait part du « soutien, du réconfort et de la pleine solidarité de la nation » que la perquisition est entachée de lieutenant-colonel Jean-Michel Beau, responsabilité de ce dernier dans le alors connu une brutale accéléra- et des secours ont été envoyés sur place. nombreuses irrégularités. Le qui fut le premier à dénoncer les montage de Vincennes. « La preuve tion : après avoir mis en examen 5 octobre 1983, les poursuites visant faits à la justice après avoir de la vérité des faits diffamatoires est Paul Barril, le 4 avril, M. Madre les Irlandais sont annulées. découvert le montage auquel la rapportée », estiment les juges. avait clôturé son information, le Effets « limités » des essais nucléaires b Octobre 1985 : Bernard Jégat – un perquisition avait donné lieu, sera b 4 avril 2001 : Paul Barril est mis en 29 août. Il avait ensuite pris de nou- ami des Irlandais qui avait fait part condamné définitivement par la examen par le juge Madre pour velles fonctions au tribunal de selon un rapport parlementaire en 1982 à Paul Barril de ses cour d’appel. Bernard Jégat, « atteinte à la liberté individuelle ». Paris, laissant à un autre juge le soupçons les concernant – accuse également condamné à quinze mois Le 29 août, le magistrat clôture son soin de régler le dossier. Tout sem- LES ESSAIS nucléaires menés par la France entre 1960 et 1996, dans le Paul Barril d’avoir apporté les armes de prison avec sursis, est cependant instruction. blait indiquer qu’il s’agissait de l’ul- Sahara puis en Polynésie, ont eu des effets « limités » sur l’environne- et l’explosif saisis dans dispensé de peine. b 23 janvier 2002 : la chambre de time « accident » judiciaire d’une ment et la santé, en tout cas « dérisoires » en comparaison de ceux l’appartement de Vincennes. b Août 1992 : Quelques jours avant l’instruction de la cour d’appel de procédure décidément maudite. menés par les Etats-Unis et l’URSS, selon un rapport parlementaire Bernard Jégat affirma à la DST qu’il que la prescription n’entraîne le Versailles (Yvelines) annule publié mercredi 23 janvier. Ces essais – 210 au total d’abord atmosphéri- les avait remis lui-même au classement définitif du dossier, deux l’ensemble de la procédure. Fabrice Lhomme ques puis souterrains – « ne se sont pas réalisés sans altérer l’environne- ment des sites utilisés et sans prendre de risques humains », souligne le document de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, une commission composée de députés et de séna- La justice cherche un mobile au meurtre d’un jeune caïd teurs. « On peut toutefois considérer que ces effets ont été limités, même si, quarante ans plus tard, des hommes se plaignent d’hypothétiques effets sur « C’était la terreur du quartier », affirment les quatre accusés, originaires de Bron (Rhône) leur santé », ajoute l’Office. Des vétérans des essais, au Sahara et dans le Pacifique, réunis dans deux assocations affirment avoir été irradiés (Le  tait, il insultait tout le monde. Il se se sa participation au crime : «Je admettent que « Yassine n’était pas Monde du 24 janvier). moquait de nous, il nous rackettait, il n’avais pas de problème avec Yassi- un enfant de chœur ». Mais «onne Cour nous rabaissait, et si on avait le mal- ne, je n’avais aucune raison de m’en tue pas aussi sauvagement quelqu’un d’assises heur de se rebeller, il frappait. » prendre à lui. Quand ils m’ont parlé parce qu’on est en conflit avec lui », La condamnation d’Henry Chabert de l’Isère « Une fois, il a voulu qu’on se batte, de le tuer, j’ai pris ça pour une plai- soutient sa sœur, Nadia. se souvient Grégory Sève. Il a sorti santerie. » Mais ses explications ne Trois jours de débats n’ont pour- confirmée en appel GRENOBLE (Isère) une bombe lacrymogène, j’ai sorti un convainquent personne dans le pré- tant pas permis d’en savoir plus sur de notre envoyé spécial couteau. Alors il a pris un cutter à toire. « C’est vous qui avez attiré la les véritables motivations des accu- LA COUR D’APPEL de Lyon a confirmé, mercredi 23 janvier, la con- Une ombre plane depuis le lundi moquette avec le bout crochu et il victime dans ce guet-apens, lance sés. Déjà condamnés à plusieurs damnation du député de la deuxième circonscription du Rhône, Hen- 21 janvier sur la cour d’assises de m’a donné plusieurs coups au visage. l’avocat général, Alain Vivier. C’est reprises pour des braquages, des ry Chabert, à une peine d’un an d’emprisonnement avec sursis et deux l’Isère. L’ombre d’un jeune homme J’étais plein de sang, je me suis mis à votre voiture qui est utilisée dans tous escroqueries et même une tentative ans d’inégibilité. Le député, absent à la lecture de la décision, avait été de 21 ans, mort, une nuit de novem- courir et il m’a poursuivi en criant : les déplacements, et vous voulez nous de vol à main armée qui leur a valu condamné le 2 février 2001 par le tribunal de grande instance de Lyon bre 1998, le corps lardé de quatre- “Je vais te crever.” J’avais très peur de faire croire que vous ne saviez pas ce des condamnations de cinq à sept pour avoir accepté les largesses d’une entreprise du BTP pour la réno- vingts coups de couteau et jeté, com- lui, pourtant je suis plus grand physi- qui se passait ? » ans de prison, ils préfèrent assumer vation de sa résidence secondaire dans la Drôme. Les juges du second me un vulgaire pantin, dans le puits quement, mais quand il vous mena- totalement leurs contradictions, degré ont réduit l’amende infligée de 15 245 à 10 000 euros. «     » d’une maison en ruine de Luzinay, çait vous le preniez au sérieux. » prendre le risque d’une lourde con-  dans les environs de Vienne (Isère). S’ils ont décidé de « lui faire la En affirmant qu’il n’avait aucune damnation plutôt que de briser le Son cadavre putréfié n’a été retrou- peau », c’est donc, disent-ils, parce raison d’attenter à la vie d’un ancien code d’honneur qui semble préva- a JUSTICE : l’avocat général a demandé, mercredi 23 janvier, à la vé que quatre mois plus tard, le qu’ils ne supportaient plus cette copain de classe, Issam Frihi fait loir dans le petit monde qu’ils se Cour de cassation de rejeter le pourvoi de José Bové, contre sa con- 13 mars 1999, presque par hasard. situation. Au cours d’une conversa- tomber de lui-même le mobile falla- sont créé aux marges de la société. damnation à trois mois de prison ferme. La Cour a fixé au 6 février la Dans la foulée, ses meurtriers présu- tion dans une cave du quartier, les cieux mis en avant par les accusés. « Leur bande fonctionne comme date de sa décision. L’éventualité du rejet des pourvois de M. Bové, més, âgés aujourd’hui de 22 à 23 quatre jeunes hommes auraient Quelle raison en effet avait-il de par- une véritable référence culturelle, ils qui provoquerait l’emprisonnement du dirigeant de la Confédération ans, ont été appréhendés : quatre décidé de mettre au point un plan ticiper à cette virée macabre ? Quel- auraient été incapables de commet- paysanne, s’est précisée lorsque l’avocat général Jean-Yves Launay a jeunes hommes originaires des pour se débarrasser définitivement le raison avait Yannick Hadjadj ? tre ces actes seuls, explique à la barre soutenu que les arguments de M. Bové n’étaient pas de nature à pro- Essarts, un quartier plutôt tranquil- de leur persécuteur. Ils envisagent « Je n’avais pas une grande sympa- l’expert psychologue qui les a exami- voquer une cassation. José Bové, 48 ans, conteste sa condamnation à le de Bron (Rhône), où la victime d’abord de déposer son corps dans thie pour Yassine, et c’était récipro- nés. Elle constitue le seul véritable trois mois d’emprisonnement ferme pour le « démontage » du restau- avait passé une grande partie de son un tonneau empli de ciment frais, que, mais je pouvais m’opposer à lui, étayage de leur personnalité narcissi- rant Mc Donald’s de Millau (Aveyron), le 12 août 1999, et à 916 euros adolescence. Florent N’Guyen et avant de le découper en morceaux reconnaît-il devant la cour. Quand que et immature, à la sociabilité d’amende pour la séquestration, durant une demi-heure, de trois fonc- Grégory Sève, qui ont reconnu être pour le jeter dans une rivière. Trois on avait une altercation, on se bat- défaillante. » Faute d’avoir reçu des tionnaires du ministère de l’agriculture, lors d’une manifestation à les auteurs des coups de couteau, sacs de ciment ont été achetés à cet tait, et c’était fini. » explications plus convaincantes, le Rodez, en mars 1999. doivent répondre d’« assassinat » effet, mais ils seront volés avant de Le mobile est d’autant moins plau- représentant du ministère public a a LOGEMENT : des familles maliennes mal logées de Fontenay- devant la cour d’assises. Yannick pouvoir être utilisés. C’est alors sible que Yassine n’était peut-être requis, mercredi 23 janvier, des pei- sous-Bois (Val-de-Marne) ont obtenu le soutien du maire, Jean- Hadjadj et Issam Frihi sont poursui- qu’ils décident de faire disparaître le pas la « terreur » décrite par les nes sévères à l’encontre des quatre François Voguet (PCF), qui a demandé à la secrétaire d’Etat au loge- vis pour « complicité ». Un cinquiè- cadavre dans un puits. accusés. « C’était pas le caïd du quar- principaux accusés : de vingt à tren- ment « d’intervenir de toute urgence » en leur faveur. Depuis 1989, ces me comparse, Gilbert Rosati, com- Le 20 novembre 1998, la future tier, et les Essarts, c’était pas le te ans de réclusion criminelle pour huit familles, qui comptent une trentaine d’enfants, occupent un paraît libre pour le délit de « non- victime tombe dans un véritable Bronx », assure Farid, qui fut pen- Issam Frihi et Yannick Hadjadj, con- immeuble privé vétuste de quatre étages et vivent dans des conditions dénonciation de crime ». guet-apens. Sous prétexte d’aller dant plusieurs années animateur sidérés comme les « véritables particulièrement insalubres. Rarement une audience criminel- dérober des ordinateurs portables social à Bron. « C’était un bon meneurs » ; de dix-huit à vingt ans a DOUBLE PEINE : des cinéastes, chorégraphes, artistes et dan- le se sera autant intéressée à la per- qui seraient entreposés dans la mai- copain, on allait à la pêche tous les de prison pour Florent N’Guyen et seurs hip-hop ont lancé, mercredi 23 janvier, un appel au gouverne- sonnalité d’une victime. Et pour cau- son de Luzinay, Issam Frihi, le seul week-end ensemble, et je n’ai jamais Grégory Sève, présentés comme les ment afin que Bouba, jeune danseur hip-hop tunisien qui a toujours se : elle constitue, selon les accusés, de la bande en qui Yassine Manaa eu de problèmes avec lui, confirme « fantassins » des deux premiers. Un vécu en France, puisse rester sur le territoire français. Réunies à la mai- le mobile unique de leur acte. « Yas- avait confiance, persuade celui-ci de Nicolas, un ami de la victime. an d’emprisonnement a été requis rie du 2e arrondissement de Paris, sous la houlette du maire Vert, Jac- sine, c’était la terreur du quartier, s’y rendre avec eux. Le drame se Quand on se disputait, c’était seule- contre Gilbert Rosati. ques Boutault, et du collectif contre la double peine, 1 500 personnes explique, d’une voix à peine audi- noue ce soir-là. ment pour des histoires de poissons. » ont signé une pétition demandant que « Boubba reste ». ble, Florent N’Guyen. Il me persécu- A l’audience, Issam Frihi minimi- L’accusation et la famille Manaa Acacio Pereira LE MONDE/VENDREDI 25 JANVIER 2002/13 RÉGIONS La restructuration des Hospices civils de Lyon va libérer des terrains dans le centre-ville Tests de sécurité au tunnel du Mont-Blanc A l’occasion du bicentenaire de cet établissement, un des premiers employeurs de Rhône-Alpes, LES TESTS de sécurité préalables à la réouverture du tunnel du Mont- les responsables lyonnais poursuivent une grande réorganisation du système des soins Blanc devraient commencer samedi 26 janvier et dureront jusqu’au lundi 4 février. Si les résultats de ces essais, qui sont assurés par les LYON La réputation de la médecine 460 milliards d’euros. Le ministère trière à Paris, et achevé en 1933, services publics français et italiens, se révèlent satisfaisants, la circula- de notre correspondante lyonnaise et la qualité architectura- de la santé apporte 11,89 millions devrait finalement être restructuré tion des voitures devrait être autorisée, sans doute dans les jours qui Comme la Croix-Rousse, les le du patrimoine immobilier des d’euros, sous forme d’un prêt à partir de 2007. suivront. Pour les camions, elle devrait être plus tardive. En atten- Hospices civils de Lyon (HCL) sont HCL ont beaucoup contribué à relais. « La bonne santé de notre ville dant, les transporteurs routiers s’impatientent : mercredi 23 janvier, des symboles de l’histoire de la leur notoriété. L’Hôtel-Dieu, par Critiqué par le leader de l’opposi- passe par la bonne santé des HCL, les routiers Italiens ont bloqué le trafic à plusieurs postes-frontière ville. Le bicentenaire de cette insti- exemple, construit en partie par tion de l’époque, Gérard Collomb, déclare M. Collomb. Les enjeux de pour réclamer une réouverture rapide du tunnel du Mont-Blanc. tution, reconnu « célébration natio- l’architecte Soufflot, et dont l’im- et une partie des syndicats, le sché- cette petite révolution des HCL sont Par ailleurs, le conseil des ministres du 23 janvier a adopté un projet nale », va donner l’occasion d’ef- mense façade de 325 mètres borde ma directeur de M. Noir fut adop- considérables. Ce sont autant de de loi approuvant l’accord franco-italien relatif au contrôle de la cir- feuiller cette histoire riche, à tra- majestueusement le Rhône, est un té, le 28 février 1992, par le conseil défis urbains à relever. » Il reste, en culation aussi bien dans le tunnel du Mont-Blanc que dans celui du vers expositions et colloques, mais des fleurons de l’architecture lyon- d’administration des HCL. A son effet, à définir ce que deviendront Fréjus. Désormais, les gendarmes français et italiens pourront inter- surtout de construire son avenir. naise. Mais les HCL reflètent aussi arrivée, en 1995, Raymond Barre les sites libérés, qui sont autant de venir à chacune des sorties des tunnels, y compris sur le territoire de Car l’anniversaire des HCL sera l’histoire politique et sociologique (app. UDF), souhaitant conforter lieux idéalement placés. L’Hôtel- l’autre Etat. marqué par une profonde restruc- de la capitale des Gaules. Les méde- l’image internationale de Lyon à Dieu, dont l’essentiel de la surface  turation de leur organisation. cins ont longtemps joué un rôle partir du domaine de la santé et sera disponible en 2006-2007, Avec 5 786 lits, les HCL important dans les rangs de la des sciences de la vie, décide de devrait conserver une activité a ILE-DE-FRANCE : Jean-Paul Huchon, président (PS) de la accueillent 200 000 patients cha- bourgeoisie et de l’élite lyonnaises poursuivre ce plan de rénovation ambulatoire, afin de maintenir une région Ile-de-France, qui dispose d’une majorité relative, a engagé, que année et 1 million de consul- ainsi que dans les coulisses du pou- et y apporte 500 millions de francs offre de soins dans le centre-ville. mercredi 23 janvier, la procédure du 49.3 pour obtenir l’adoption tants. Le budget dépasse le milliard voir municipal. Au XIXe siècle, six (76,22 millions d’euros) sur les Charles Millon (DLC), ancien chal- automatique du budget du conseil régional (2,630 millions d’euros), d’euros, presque autant que celui médecins se sont succédé à la mai- budgets de la ville et de la Commu- lenger de M. Collomb et ancien malgré le vote négatif de la droite et de l’extrême droite. de la Communauté urbaine. En rie centrale. Deux d’entre eux issus nauté urbaine. président de la région Rhône- a BRETAGNE : le budget primitif du conseil régional de Bretagne deux siècles, les Hospices civils de de l’hôpital de l’Antiquaille se sont Alpes, avait proposé d’y installer le (642 millions d’euros) a été rejeté, lundi 21 janvier, par 43 voix contre Lyon sont devenus une institution opposés : élu en 1881, le docteur «   » siège du conseil régional. D’autres 40. Les socialistes qui, jusqu’à présent, s’abstenaient au nom d’un dont l’importance dépasse large- Antoine Gailleton, radical, a été La nouvelle municipalité entend rêvent d’en faire un musée. Le site « pacte républicain » et en échange de quelques concessions de la ment le cadre de la communauté remplacé en 1900 par le chirurgien poursuivre cette politique en réin- de l’Antiquaille, placé sur la colline majorité relative (RPR-UDF) du président Josselin de Rohan (RPR), hospitalière. Souvent présentés Victor Augagneur, qui fut le der- tégrant dans le projet de moderni- de Fourvière, disponible dès 2003, ont voté contre. – (Corresp.) comme un Etat dans l’Etat, les HCL nier maire socialiste de Lyon, jus- sation des HCL l’hôpital Edouard- pourrait avoir une vocation touris- a AQUITAINE : chefs d’entreprise, élus et responsables économi- nourrissent cependant avec la cité qu’à l’arrivée de Gérard Collomb Herriot, le plus important de Lyon, tique et accueillir un hôtel de luxe, ques d’Aquitaine ont réclamé, lundi 21 janvier, une accélération de « un lien intime », selon l’expres- en mars 2001. dont la délocalisation avait été évo- puisque l’hypothèse du transfert la liaison ferroviaire à grande vitesse entre Paris et Bordeaux ainsi sion du maire socialiste de Lyon, Le projet de réorganisation des quée, puis abandonnée. Situé en de l’Ecole des beaux-arts dans l’an- qu’entre cette ville et la frontière espagnole. (Corresp.) Gérard Collomb, qui préside le HCL, qui devrait être mis en œuvre centre-ville, ce gigantesque ensem- cien hôpital a finalement été écar- a RÉGIONS : Alain Vern, président (PS) de la région Haute-Nor- conseil d’administration des HCL. par l’actuelle municipalité, a été ble pavillonnaire de 1 200 lits, cons- tée. Mais rien n’est encore arrêté. mandie, a été désigné, mercredi 23 janvier, président de l’Associa- Entre 1802 et 1976, les HCL adopté il y a plus de dix ans. C’est truit sur les plans de l’architecte tion des régions de France ; il succède à Jean-Pierre Raffarin, prési- s’étaient inexorablement agrandis Michel Noir qui proposa, en Tony Garnier à l’image de la Salpê- Sophie Landrin dent (DL) de la région Poitou-Charentes. avec le rattachement ou la cons- décembre 1991, une vaste restruc- truction de dix-huit entités. Aujour- turation des Hospices, autour de d’hui, l’institution est engagée trois pôles géographiques. A l’est, dans un processus de restructura- l’hôpital Edouard-Herriot, l’hôpi- tion, autour de trois pôles géogra- tal de neuro-cardiologie et le futur phiques, destiné à rationaliser les hôpital pédiatrique, gynécologique activités médicales. et obstétrical, surnommé l’« hôpi- tal mère-enfant » ; au nord, l’hôpi- tal de la Croix-Rousse, dont la Un gros propriétaire rénovation a été confiée à l’archi- tecte Christian de Portzamparc ; foncier enfin, au sud de l’agglomération, le Deuxième centre hospitalier uni- centre hospitalier Lyon-Sud. Cette versitaire français, les Hospices restructuration va entraîner, dès civils de Lyon sont, avec plus de cette année, la fermeture partielle 20 000 employés, l’un des princi- ou totale des sites de l’Antiquaille, paux employeurs de la région de Debrousse, et en 2006 de Rhône-Alpes, devant l’entreprise l’Hôtel-Dieu. Renault Véhicules Industriels (RVI). L’idée maîtresse de ce schéma tri- Ils sont aussi l’un des plus grands polaire consiste à mettre fin à la propriétaires fonciers de Lyon, avec dispersion géographique très coû- 57 hectares en zone urbaine, mais teuse des sites et à des structures aussi des propriétés dans toute la pavillonnaires désuètes et exi- France : 1 289 hectares de terrain geantes en moyens. L’objectif est forestier, comme la forêt de Bre- aussi de s’armer face à une concur- teuil dans l’Eure, 357 de terrains rence privée, notamment catholi- agricoles et 6 de terres viticoles que, en pleine expansion. Près de dans le Beaujolais, grâce auxquels 200 000 mètres carrés vont être ils produisent un vin classé AOC construits et le tiers des HCL sera Beaujolais village. rénové pour un investissement de Une institution qui a contribué à donner à la cité son image de capitale médicale

Une histoire riche, de Rabelais à Alexis Carrel

LYON XVIe siècle, Lyon a joué un rôle de notre correspondante immense, plus éminent encore que C’est un arrêté du ministre de Paris, dans la production de livres l’intérieur de Bonaparte, Jean- médicaux. L’humanisme doit énor- Antoine Chaptal, qui a créé, le mément aux grands noms de la 18 janvier 1802, les Hospices civils médecine lyonnaise », s’est félicité de Lyon (HCL). Ceux-ci sont nés de Gérard Collomb, le maire socialis- la réunion de l’Hôtel-Dieu et de te de la ville lors de l’ouverture du l’hôpital de la Charité, deux établis- bicentenaire. sements situés à proximité de la place Bellecour, au cœur de la pres-    qu’île, qui accueillaient 2 500 lits. Si Autre figure, plus contestée, l’hôpital de la Charité a été détruit mais toujours citée par la commu- en 1993 pour financer la construc- nauté médicale, pour ses travaux tion de l’hôpital Edouard-Herriot, de médecine, Alexis Carrel, Prix l’Hôtel-Dieu continue, lui, d’être le Nobel de médecine en 1912, « navire amiral » des HCL, selon auteur de L’Homme, cet inconnu, l’expression de René Mornex, le dans lequel le chirurgien défend coordinateur du bicentenaire. des théories eugénistes. Interne Pour édifier l’Hôtel-Dieu, l’archi- des hôpitaux lyonnais, il décrivit, tecte Soufflot s’était inspiré de l’ar- dans la revue Lyon médical, la tech- chitecture italienne, créant le nique de suture des vaisseaux, fameux dôme, autrefois chapelle dont découleront ultérieurement des malades. Conçu comme une toutes les interventions artérielles. hotte, directement en prise avec La faculté de médecine porta son les salles des malades, ce dôme, nom jusqu’à la décision du conseil aujourd’hui fermé, devait servir de d’administration de Lyon-I, le cheminée d’aération pour éviter la 25 janvier 1976, de débaptiser la propagation des virus. Exception- faculté, pour lui donner le nom de nellement, les Lyonnais pourront Laennec, l’inventeur du stéthosco- visiter ce site, d’habitude ouvert pe, célèbre pour ses travaux sur les seulement à l’occasion des Jour- affections pulmonaires. nées du patrimoine. Enfin, de manière plus anonyme, Les Lyonnais s’enorgueillissent les religieuses, infirmières ou sages- du passage dans cet établissement femmes ont marqué pendant des de François Rabelais, même si ce années de leur présence la vie des dernier n’y est en fait resté que hôpitaux lyonnais. Alors qu’elles deux petites années. Lors de son furent jusqu’à huit cents, les sœurs séjour, il fut l’un des correcteurs du ne sont aujourd’hui plus que six à premier imprimeur Sébastien Gry- exercer leur activité aux Hospices phe. Et c’est chez l’imprimeur lyon- civils de Lyon. nais Claude Noury qu’il publia en 1552 Pantagruel. « Dès le début du So. L. 14/LE MONDE/VENDREDI 25 JANVIER 2002 HORIZONS

Titeuf, écolier naïf, ronchon, blagueur et sensible aux peurs de l’époque, est devenu, en huit , le héros d’une BD culte. Son créateur, Zep, lui ressemble un peu. Portraits

  ZEP, PÈRE COMBLÉ L doit avoir une dizai- ne d’années. L’âge des pitreries de fond de classe. Il est blond, comme Tintin. Pas bien grand, comme Astérix. Et plutôt mai- I grichon, comme Spi- rou. Mais ses aventures n’en feront jamais un héros sans failles ni défauts. Titeuf est plus modestement le fils de son époque : il a des baskets rouges et des zéros en maths ; il n’aime pas l’injustice, les épi- nards et les « sandales à doigts de pied DE apparents ». L’univers des adultes l’attire. TITEUF Surtout les « gros nichons » des « filles à poil ». Sa vie est faite de surprises (« trop mortel ! »), de colères (« c’est pô juste ! ») et aussi d’amour (platonique) pour la jolie Nadia. Du coup, sa scolarité en souffre. « Faudrait savoir, objecte l’intéressé… Ils Ce premier , intitulé Dieu, le sexe et disent que l’école c’est pour s’épanouir dans les bretelles, est tiré à 8 000 exemplaires, la tête… Mais si on nous bourre le cerveau en noir et blanc. Il reçoit un très bon avec des formules de maths et des batailles accueil en Suisse romande, beaucoup plus historiques, y a plus de place pour nous épa- mitigé à Paris. Explication de M. Camano, nouir les neurones… C’est vrai, quoi ! Lâchez- éditeur et ami depuis maintenant dix ans : nous le slip ! » Ainsi parle Titeuf. Ainsi « Les libraires n’y croyaient pas ni la presse l’adorent les gamins de France. spécialisée. Certains le jugeaient vulgaire, L’engouement confine au phénomène agressif. Progressivement, Zep a trouvé un de société. Sur la seule année 2001, les public, en Suisse puis en France. En 1996, huit albums de la série se sont vendus à tout s’est accéléré et Titeuf a fini par devenir 1,3 million d’exemplaires ; sans compter un héros totémique. Au total, nous devons le Guide du zizi sexuel (plus de 250 000), un en être à 4 millions d’exemplaires ! Je n’ai livret éducatif destiné aux 9-13 ans. En pas souvenir d’un personnage aussi fort novembre 2001, le nom de Titeuf apparais- depuis vingt ans. » sait neuf fois dans le classement mensuel Par quel miracle un gamin timide avec des quarante meilleures ventes de livres les filles (surtout Nadia) devient-il ainsi un en France, tous genres confondus. Pour le « totem » de l’édition ? « En cassant la bar- prochain album, programmé en août, les rière entre BD pour adultes et BD pour éditions Glénat annoncent un tirage d’un enfants », suggère Buche, un autre dessina- million d’exemplaires. Côté produits déri- teur genevois, auteur de Frankiesnow, per- vés, le gamin à la mèche blonde rafle déjà sonnage très en vogue chez les préados. la mise. Il est partout : à la télévision, en Au fil des années, l’album de Titeuf est jeu de Gameboy, sur des verres, des devenu le cadeau star des anniversaires et cahiers, des agendas, peut-être un jour au des premières boums. Les gosses l’ado- cinéma… C’est aussi un citoyen du mon- rent, les parents s’en amusent. Zep, lui, n’a de, mobilisé contre les mines antiperson- pas changé. Et garde sur la vie un regard nel au profit de l’association Handicap de gosse : « Une partie de moi-même n’a International. jamais vraiment quitté l’enfance et reste Bref, voilà bien un héros « overmégamor- attachée à des peurs, des envies, des utopies tel ». Mieux : « mégagénialtop » ! Dans son de gamin. Sur certaines choses, j’ai l’impres- univers de fiction, Titeuf a un papa atta- sion d’être assez naïf par rapport aux gens chant mais irascible. Rien à voir, donc, de mon âge. Oui, Titeuf, c’est un peu moi… avec son père de chair et d’os, Philippe Aujourd’hui encore, des souvenirs me revien- Chapuis, alias Zep. A 34 ans, ce dessina- nent. Un jour, ça s’arrêtera et il sera temps teur suisse a le sourire facile des enfants de passer à autre chose. Mais, pour l’instant, de la BD. La douceur de sa voix dénote un j’y prends encore un plaisir fou. » calme à toute épreuve ; sauf, paraît-il, quand il monte sur scène, guitare en A compagne, Hélène Bruller, mains, avec son groupe de rock, coauteur du Guide du zizi sexuel, Zep’n’Greg. Le reste du temps, il habite confirme cette dimension auto- une drôle de maison, pleine de disques et biographique : « Philippe, c’est de dessins, dans les environs de Genève. Docteur Zep et Mister Titeuf. Pour y accéder, le visiteur doit franchir les QuandS je venais le voir dans son atelier avec grilles d’un parc public, emprunter un che- un texte pour le Guide, j’assistais à sa trans- min à flanc de colline, monter, monter formation. En lisant, il se mettait à rire com- encore, s’approcher d’une demeure du me un enfant en pensant au gag qu’il allait XVIIIe siècle, pousser la porte vitrée, gravir en tirer. Chez lui, tout est spontané. » Le gra- un escalier en bois, pénétrer dans une piè- phiste Philippe Valott, un ami des temps ce mansardée… Des tables à dessiner, un difficiles, voit là le génie créateur d’un artis- ordinateur, des fauteuils… C’est là. L’antre te d’exception : « Titeuf est une œuvre ultra- de Zep. Le cœur du « Titeufland ». personnelle, construite autour de mille Philippe Chapuis, fils d’un policier et influences. Vous ne pouvez pas imaginer le d’une couturière, n’a pas toujours été une doute qu’il y a derrière cette maîtrise techni- star de la BD, chef de file d’une bande de l’Ecole des arts décoratifs, il démarche lui- l’aide aux demandeurs d’asile ; l’antiracis- le remarque par hasard. « J’étais à la que. Contrairement à beaucoup d’autres, dessinateurs (Buche, Tébo, Tehem…) affi- même les employeurs potentiels : fanzi- me ; l’intégration des handicapés… recherche de sujets en prise avec la société, Zep ne se regarde pas dessiner. Il dessine liés, comme lui, au mensuel Tchô !. Son nes, journaux… « A 17 ans, raconte-t-il, j’ai Titeuf, lui, ne fait son apparition qu’en se souvient M. Camano. Or c’était le cas comme il vit, c’est un prolongement de lui- succès, qui lui a également valu d’illustrer été engagé par le magazine Spirou, à Bruxel- 1991. Et encore, pas en public : juste dans de Titeuf… » Il faut dire que Zep loue même, et Titeuf n’en est que la pointe émer- le dernier disque du chanteur Jean-Jac- les. C’était le rêve, j’avais l’impression d’être les carnets de croquis de Zep, des livrets alors à Genève un atelier avec vue sur le gée. Sa main va toute seule, comme celle ques Goldman (Chansons pour les pieds), arrivé. En trois ans, je leur ai fourni une cen- intimes que le jeune dessinateur de 24 ans préau d’une école primaire ! Les gosses d’un écrivain qui écrirait sans arrêt. C’est un n’était pas planifié. Il ne doit rien à une taine de pages d’une série baptisée Victor. remplit d’idées, de mots, de dessins, sans jouent et se chamaillent. Zep observe, besoin chez lui, ses pensées doivent s’expri- quelconque opération de marketing à la Mais, au fond, leur ligne éditoriale ne me nécessairement les soumettre à des profes- écoute, dessine. Des souvenirs person- mer de cette manière, pas autrement. » Disney. Autrement dit, il y a eu une vie convenait pas, il était impossible d’évoquer Zep est ainsi fait qu’aujourd’hui encore il avant Titeuf… les sujets de société… » passe son temps à observer. Tout, chez lui, L’enfance, d’abord. Plutôt solitaire, dans Le tournant des années 1990 s’annonce est source d’inspiration : une école, les une cité genevoise. « Philippe sortait peu délicat. Zep a beau multiplier les allers- « Contrairement à beaucoup d’autres, magasins, un supermarché… Des enfants jouer avec les autres enfants, se souvien- retours vers Paris – autre place forte de la passent et il attrape au vol une insulte iné- nent ses parents. Le sport non plus, ce BD –, ses projets d’album laissent indiffé- Zep ne se regarde pas dessiner. dite (« connard du cul ! »), une expression n’était pas son truc. Il préférait rester à la rents. Les éditeurs doutent de son talent. (« Génial ! Ça va être superkill ! »), il « cro- maison et dessiner. A 5 ans, sur les conseils L’humour n’est pas dans l’air du temps. Il dessine comme il vit, c’est un prolongement que » une scène de dispute ou de rires. Un de la maîtresse, nous l’avons inscrit à des Ses parents l’encouragent, mais sans trop jour, peut-être, il en fera un gag, une tran- cours. Mais, comme les autres élèves étaient y croire. « Nous pensions qu’il bifurquerait de lui-même, et Titeuf n’en est che de vie tendre ou cruelle, souvent riche plus âgés, cela n’a pas duré. » Le petit conti- tôt ou tard vers le graphisme », confessent-  ,  de sens. Ainsi, Zep-Titeuf se dévoile peu à nue tout de même de dessiner : des cow- ils. Le jeune homme gagne à peine de quoi que la pointe émergée » peu : naïf, ronchon, blagueur, idéaliste, boys, des Indiens, ses camarades de clas- vivre. Il boucle ses fins de mois en confec- rêveur, généreux, indigné par la bêtise des ses… A 8 ans, il remporte des concours de tionnant des affiches pour des partis ou hommes, sensible aux peurs de l’époque BD. Quand la famille va au restaurant, il des associations de gauche. « Cette expé- sionnels. « J’ai tout de suite senti qu’il se pas- nels, extraits des précieux carnets, vien- (sida, chômage, pollution…) mais tout de emporte ses crayons. En fin de repas, les rience a été très enrichissante, assure-t-il. sait quelque chose entre Titeuf et moi. J’ai dront nourrir ses gags. Le décor, d’inspira- même heureux d’avoir dix ans. Quand un serveuses demandent à garder la nappe. Ainsi, je me suis fait une conscience politi- retrouvé le plaisir de la BD grâce à ce person- tion genevoise, pourrait tout aussi bien conseiller d’orientation lui demande : «Et Arrive l’adolescence. Entre musique et que. Ce travail d’affichiste m’a conduit à nage libre de dire merde et non pas saperli- être français ou belge. Le monde de Titeuf toi, alors… ? Qu’est-ce que tu aimerais faire BD, toujours dans le même quartier. Philip- m’intéresser à toutes sortes de sujets, par popette. Je l’ai montré à mon entourage. Un ignore les frontières. Il est peuplé de quand tu seras grand ? », le pauvre en trem- pe Chapuis a déjà un surnom – « Zep », exemple le référendum sur l’abolition de l’ar- fanzine suisse a été le premier à le publier. » copains (Ramon, Manu…), d’adultes un ble d’effroi : « Heu… je dois obligatoire- en référence aux rockers de Led Zeppe- mée, en 1989. » Il gardera de cette période En 1992, un exemplaire de ce fanzine peu « nazes » et de filles incapables de ment grandir ? » lin – mais peu de connaissances dans ce militante un intérêt marqué pour des cau- traîne chez Glénat quand l’un des direc- résoudre le mystère des mystères : « C’est milieu, hors de Genève. A peine entré à ses, évoquées ensuite au fil de son œuvre : teurs de collection, Jean-Claude Camano, quoi, faire l’amour ? » Philippe Broussard LE MONDE/VENDREDI 25 JANVIER 2002/15 HORIZONS DÉBATS Zacarias Moussaoui mérite-t-il Effacer l’arrêt la peine de mort ? par François Roux Perruche ne suffit pas

UELLE que saoui aurait été passible de cette qui vient de signer un article dans le me expiatoire d’une population en E débat parle- accompagner les mères, va-t-il fal- soit la com- juridiction, et la question de la pei- New York Times du 6 janvier deman- état de choc après la tragédie du mentaire sur loir maintenant les inquiéter ? Leur passion que ne de mort n’aurait pas été posée. dant que même les ennemis des 11 septembre. Cela, aucun défen- la proposition parler de ce que l’on n’a pas vu ? Du nous éprou- Certes, le traité instaurant la Cour Etats-Unis bénéficient d’un procès seur des droits de l’homme ne peut de loi « anti- risque exceptionnel ? vons pour les pénale internationale a prévu que équitable et plaidant, à défaut de l’accepter. arrêt Perru- Disons-le : ce métier, dans ces victimes d’ac- seraient exclus de sa juridiction les Cour pénale internationale, pour Quelle que soit la souffrance du che » a repris. conditions, devient dangereux pour tes de violence crimes de terrorisme, mais puisque l’instauration d’un Tribunal pénal peuple américain – avec qui, une A grand ren- ceux qui l’exercent et sans intérêt. Q – toutes les vic- le gouvernement américain a quali- international ad hoc chargé de fois encore, nous sommes en empa- L fort de médiati- Les médecins s’adapteront à cette times, et fié lui-même d’acte de guerre les juger les personnes poursuivies thie –, nous ne pouvons accepter sation, il a été annoncé que le texte nouvelle situation. Nous n’aurons notamment attentats du 11 septembre, et que que des personnes soient jugées proposé réglait le problème médical celles des attentats du 11 septem- c’est sur cette qualification que le     dans la précipitation et condam- de façon définitive. Il n’en est rien,  ,  , bre aux Etats-Unis –, notre opposi- Conseil de sécurité de l’ONU a auto-  .     nées pour satisfaire un besoin de car le médecin reste responsable du  ,  tion à la peine de mort, en tant que risé les Etats-Unis à riposter contre    . vengeance, fût-il paré des habits de handicap préexistant en cas de faute. ,  , défenseurs des droits de l’homme, l’Afghanistan, il apparaît évident la justice. Zacarias Moussaoui est, Sans entrer dans le débat philoso-  ,  , ne peut qu’être absolue. que les personnes arrêtées dans le de par la loi, présumé innocent. S’il phique, la question de savoir si la  ,  , Y compris quand celui qui pour- cadre de ces attentats auraient rele- dans le cadre des attentats du est prouvé qu’il a commis des actes vie d’un handicapé peut être consi-  ,  , rait se voir infliger cette peine capi- vé de cette juridiction. 11 septembre. Avant même de répréhensibles, il doit être jugé dérée comme un préjudice, et sans  ,  , tale se nomme Zacarias Moussaoui Comment peut-on admettre que requérir la peine de mort contre pour ce qu’il a fait, et non expier à vouloir absolument disculper les   ,  et se voit accuser d’actes de terroris- Zacarias Moussaoui soit jugé par la Zacarias Moussaoui, il appartient à lui tout seul la tragédie du 11 sep- médecins, nous sonnons l’alerte à ,    me en liaison avec ces attentats. justice de l’Etat qui l’accuse d’acte l’accusation de justifier que les tembre. Là aussi, heureusement, propos d’un texte législatif qui conti- -. En plus de l’opposition de princi- de guerre au moment où les infractions qui lui sont reprochées des juristes réagissent aux Etats- nuerait à faire indemniser le handi-        pe à cette sentence, deux éléments nations, en signant le traité de la sont passibles de la peine de mort. Unis mêmes pour alerter l’opinion cap par l’assurance du médecin en      militent, dans ce cas particulier, con- et les autorités. cas de faute.    . tre toute tentation d’y recourir : le Ainsi le professeur Jonathan Tur- Quand la faute consiste à ne pas droit pénal international, standard ley, professeur à l’université de voir, ou à ne pas informer la patien- que devraient suivre tous les Etats Le risque est réel que le gouvernement Washington, qui écrivait dans le Los te d’un risque exceptionnel, notre plus de candidats en obstétrique par- de droit, a supprimé la peine de Angeles Times du 30 décembre 2001 métier devient impossible, même mi nos jeunes internes. mort. Que ce soient les tribunaux américain cherche à faire de lui en commentant l’acte d’accusa- pour les meilleurs d’entre nous. Pour ce qui est de l’échographie, pénaux internationaux, pour l’ex- tion : « Quel que soit le désir naturel Depuis ces affaires, il ne se passe les radiologues feront des échogra- Yougoslavie ou pour le Rwanda, ou la victime expiatoire du procureur d’accuser quelqu’un plus de semaine sans que des phies du foie ou des reins mais plus la Cour pénale internationale en spécifiquement pour les attaques du parents demandent l’interruption des femmes enceintes ; les gynécolo- cours de création, ces juridictions d’une population en état de choc 11 septembre, Zacarias Moussaoui gues s’occuperont de l’utérus ou des chargées de juger les crimes les plus apparaît plus comme un trophée que ovaires. Quant aux étudiants, ils graves ont supprimé de leurs sanc- comme un terroriste, à moins que seraient fous de se former à ces disci- tions la peine de mort. Cour pénale internationale, ont esti- Celui qui n’a pas donné la mort d’autres preuves ne soient apportées L’échographie plines. Il n’y aura plus de profession- Pourtant, les accusés qui compa- mé que ces crimes devraient être peut-il se voir infliger la mort ? Il lors du procès. » nels dans ce domaine. Il faut quinze raissent depuis déjà plusieurs désormais de la compétence d’une doit être rappelé avec force que Le 29 mars 2002, le procureur prénatale va-t-elle ans pour les former. années devant les deux tribunaux justice pénale universelle ? Zacarias Moussaoui était en prison auprès du tribunal fédéral de Virgi- Les femmes enceintes seront tou- pénaux internationaux ad hoc sont Et comment admettre que ce depuis près d’un mois au moment nie à Alexandria doit déclarer s’il disparaître ? tes victimes de cette situation, excep- parfois condamnés pour des crimes même Etat envisage de lui voir appli- des attentats du 11 septembre, entend réclamer la peine de mort té les patientes les plus fortunées qui gravissimes – tel le génocide, enco- quée la peine de mort alors que cel- pour une question de visa. Aussi, contre Zacarias Moussaoui. Nos filles trouveront l’échographiste non con- re appelé le crime des crimes –, ou le-ci ne s’appliquerait pas devant même s’il était prouvé un lien de D’ici là, tous les militants des ventionné, très cher qui, lui, n’aura pour crime contre l’humanité, ou cette justice pénale internationale ? Zacarias Moussaoui avec ceux qui droits de l’homme, mais aussi les trouveront-elles pas fermé son cabinet. La disparition encore pour crime de guerre. Déjà des voix autorisées s’élè- ont perpétré ces attentats, est-il con- plus hautes autorités de l’Etat, doi- de l’échographie serait un retour en Si les Etats-Unis n’avaient pas frei- vent, aux Etats-Unis mêmes, pour cevable que ce lien suffise pour qu’il vent rappeler haut et fort leur oppo- des accoucheurs ? arrière de trente ans pour ce qui est né la mise en place de la Cour péna- dénoncer cette situation. Ainsi Ben- encoure la peine de mort ? sition à la peine de mort, d’une du suivi des femmes enceintes, avec le internationale, et si celle-ci avait jamin B. Ferencz, citoyen améri- En l’état, le risque est réel que le manière générale mais aussi en par- le retour des malformations graves à été opérationnelle à la date du cain, ancien procureur près le Tribu- gouvernement américain cherche à ticulier dans le cas de Zacarias de grossesse pour des raisons les la naissance. 11 septembre 2001, Zacarias Mous- nal international de Nuremberg, faire de Zacarias Moussaoui la victi- Moussaoui, citoyen français. plus mineures : l’enfant est trop Paradoxalement, une proposition petit, la grossesse est gémellaire… de loi qui vise indirectement à dimi- Quand ils demandent de certifier nuer les risques du handicap va en que tout ira bien, nous ne le pou- créer un nombre considérable. vons plus, car le risque exceptionnel Mieux vaudrait s’occuper immédiate- Oui, les Palestiniens subissent un apartheid existe toujours. Et si le handicap ment de la socialisation et de l’éduca- était quand même au rendez-vous ? tion des personnes handicapées, fai- Certains parents deviennent mena- re confiance aux médecins pour faire par François Maspero çants, nous n’avons pas un patient un maximum de dépistage, rétablir en face de nous, mais un plaignant le climat de confiance indispensable, N point de donner bien des visages à cet atta- extrémistes fous de nationalisme et de Le sens de mon témoignage que potentiel. et redonner la sérénité à l’immense vue collectif, chement. J’ai été heureux d’en Dieu » ? Je ne pense pas pour autant je crois mesuré, sur ce qui est infligé Notre métier est difficile, il est majorité des femmes enceintes qui « Durban-sur- revoir certains lors de mon dernier que l’unique solution, la seule alter- à la population palestinienne, est stressant, il demande une disponibi- ne demandent qu’à être rassurées. Seine » (Le voyage. native politique, soit de « punir » en qu’en lui imposant l’humiliation lité totale, il est pénible, la responsa- La question n’est donc pas de Monde du 22 En d’autres temps, quiconque retour toute une population elle- intolérable d’une telle situation de bilité y est énorme car nous assu- savoir si la vie vaut d’être vécue, janvier), qui osait mettre en cause la politique même largement innocente, en la non-droit, les dirigeants qui mènent rons aussi la sécurité maternelle. mais bien de savoir si l’échographie met en cause menée par la France en Algérie et privant des moyens élémentaires de en ce moment la politique israélien- Mais ce métier, nous l’adorons car il prénatale va disparaître, si les mal- U mon témoigna- les souffrances infligées au peuple vivre dignement, sauf à vouloir à ne mettent en péril, à plus ou moins est magique. Aucun acte médical formations à la naissance vont reve- ge sur la vie dans les territoires pales- algérien était qualifié d’antifrançais. tout prix que la haine décuple la long terme, l’avenir même de l’Etat n’apporte autant de bonheur. Nous nir et si nos filles trouveront des tiniens (Le Monde du 28 décembre haine. d’Israël. Et cela aussi est intolérable. passions notre temps à rassurer, à accoucheurs. 2001), présente un postulat de     base : je n’aurais pas « daigné me  . rendre en Israël ». Ce postulat est faux. D’abord pour une raison très simple, qu’une connaissance élé- Il le faisait pourtant au nom de mentaire de la situation rend éviden- l’idée qu’il avait de sa patrie. De te : un étranger ne peut se rendre même, mettre en cause l’actuelle aujourd’hui dans les territoires politique israélienne, ce n’est pas palestiniens qu’en passant par l’aé- être anti-israélien, encore moins roport de Tel-Aviv et l’Etat d’Israël. « outrager le monde juif ». Suspecter Dans l’autre sens, d’ailleurs, un quelqu’un de confondre la politique citoyen palestinien résidant dans les menée par un Etat et l’existence territoires de l’Autorité palestinien- même de cet Etat relève d’un amal- ne ne peut, de ce fait, se rendre à game qui disqualifie ceux qui l’em- l’étranger, même nanti d’un visa en ploient. Et nul ne devrait s’arroger le bonne et due forme, puisqu’il ne droit de parler au nom du « monde peut passer les barrages de l’armée juif », pas plus que du « monde israélienne. musulman » – comme Oussama Ben Laden –, ou du « monde chrétien » – comme George W. Bush. Les signa- taires de « Durban-sur-Seine » esti- Si le mot ne ment que « la politique israélienne comme celle de tout autre Etat peut convient pas, être soumise à la critique ». Leur tex- te n’en contenant aucune, il a tout il faut en inventer d’un soutien sans réserve à l’action d’Ariel Sharon. Et si « apartheid », un autre –en mot dont je me suis servi pour quali- fier les effets de celle-ci, n’est pas le espérant qu’il mot qui convient pour désigner, entre autres, l’interdiction de circu- ne sera pas pire ler sur les routes, d’aller à son tra- vail, à son lieu d’études ou de culte, de se faire soigner, la destruction Ensuite parce que, si j’ai rendu des maisons familiales, l’élimination compte de la situation faite au peu- des moyens de communication et ple palestinien, cela ne présuppose d’information, il faut en inventer un pas que je ne sois pas totalement autre – en espérant qu’il ne sera pas conscient de la situation vécue par pire. le peuple israélien. Depuis la premiè- Au cours de ma traversée des terri- re fois que je suis allé en Israël en toires palestiniens, je n’ai cessé de 1971, sur l’invitation de mon ami penser à l’horreur des attentats Elie Lobel, citoyen israélien qui mili- aveugles qui, « de l’autre côté », font tait, comme d’autres, pour une socié- des victimes innocentes. Il n’y a pas té où les deux peuples seraient de mots pour qualifier de tels massa- égaux en droits, je reste attaché de cres. Puisque la lecture de mon arti- toutes mes forces à l’établissement cle semble avoir été sélective, faut-il d’une paix qui permette aux Israé- que je rappelle que j’ai cité ces liens, comme à tout peuple, de vivre « bombes humaines prêtes à massa- sans menaces sur leur terre. Et j’ai crer des civils, recrutées dans une jeu- trop d’amis parmi eux pour ne pas nesse désespérée et exaltée par des 16/LE MONDE/VENDREDI 25 JANVIER 2002 HORIZONS KIOSQUE DANS LA PRESSE FRANÇAISE a L’EXPANSION « Etudes », une revue centenaire qui invente l’avenir Daniel Cohn-Bendit Avec l’euro, l’Europe devient une réalité quotidienne, une banalité Nouvelle formule pour le mensuel des jésuites de France qui, dans son numéro de janvier, et une évidence. Mais l’euro est aussi un défi : une monnaie com- interroge des experts pour tenter de discerner un nouveau « sens de l’Histoire » mune sans politique économique commune est un contresens. DU CULOT, c’est ce qu’il faut Ve République, que René Rémond advient du sens de l’Histoire, en qu’« une pure idée, un programme Désormais, l’Europe a besoin d’un avoir pour imaginer l’avenir, alors situe l’enjeu des prochains scru- particulier après l’effondrement du vide ». Son avenir passe par l’usage plan d’harmonisation sociale et fis- que, ces derniers mois, tant de certi- tins. Pour l’académicien, la fonc- marxisme. Depuis Hegel, le sens de que l’Eglise saura faire de la liberté cale comparable à celui qu’elle a tudes se sont effondrées et tant de tion présidentielle a été victime l’Histoire était une sorte d’obses- qui lui a été laissée d’« inventer et adopté pour introduire l’euro. repères se sont effacés. Précisé- d’une double « entreprise de démoli- sion, écartant la métaphysique, de créer, à chaque moment du L’Union européenne est la seule ment parce qu’elle est enracinée tion » : d’une part, l’usage s’imposant au « sens de l’acte et au temps, les formes d’existence qui masse critique capable, non pas dans une histoire plus que centenai- « dévoyé », en 1997, de la dissolu- sens de l’être ». L’évanouissement répondent à l’appel du Royaume et de s’opposer au projet radicale- re, la revue mensuelle Etudes, fleu- expérience d’un conflit intermina- tion, qui avait été prévue par les de ce mode de pensée a laissé un le type d’homme qu’attend Dieu ment néolibéral américain mais de ron de la Compagnie de Jésus, dans ble ». Après l’Afghanistan, poin- fondateurs de la Constitution pour vide que le structuralisme – « néga- aujourd’hui ». développer un projet de société la formule rénovée qu’elle met en tent des menaces au Yémen, en dénouer une crise entre des pou- tion de l’Histoire, sans retour à la Dans sa nouvelle formule, Etudes concurrentiel. Pour tous ceux qui œuvre à partir de janvier, interroge Somalie, en Irak, en Syrie, et voirs et non pas, comme l’a fait Jac- dynamique du sujet vivant » –n’a classe de manière plus attractive rêvent d’une régulation de la mon- des experts qui livrent leurs outils Donald Rumsfeld, secrétaire améri- ques Chirac, pour des raisons d’op- pas comblé. Et Jean-Yves Calvez ses articles de fond, ses chroniques dialisation – ce qui ne veut pas pour tenter de renouveler l’appro- cain à la défense, ne s’y trompe pas portunité politique (dissolution «à d’en appeler au rejet de l’« hystérie de théâtre, de cinéma, de livres, ses dire la liquider mais la rééquilibrer che du réel et de dessiner de pru- quand il parle de « mobilisation lon- la britannique ») ; d’autre part, la historiciste » d’hier sans tomber éclairages croisés et personnels sur – il n’y a qu’un outil réellement dents scénarios d’évolution. Nourri gue ». Les stratèges américains, réduction à cinq ans du mandat pré- dans « un immédiatisme sans goût l’actualité (« Figures libres »). Mais, efficace, et c’est l’Europe. L’excep- de Clausewitz et des théoriciens de ajoute le journaliste, ont compris sidentiel. aucun du sens ». comme en témoigne son directeur, tion culturelle n’est plus française, la guerre moderne, Alexandre « la perspective d’un enlisement, La revue chrétienne propose, Henri Madelin, dans son éditorial, elle est européenne. Le souverai- Adler décrit la nouvelle donne mili- d’une “israélisation” à l’échelle mon-  «    » elle, un sens de l’Histoire. Elle res- elle reste d’une fidélité absolue à ce niste qui prétend que, face à la taire née du 11 septembre 2001 : le diale, où Oussama Ben Laden, Cette double atteinte à la fonc- sort, en conclusion de son numéro « goût de la liberté » qui permet de mondialisation ultralibérale, il terrorisme a fait perdre aux Améri- même mort, reviendrait fantomati- tion conduit René Rémond à se spécial, une analyse publiée en « résister à l’affadissement des faut renforcer la France, ment aux cains la « sanctuarisation » de leur quement leur tirer les pieds sous la demander si la France veut encore 1970 par Jacques Guillet, intitulé cultures ». Français. Préserver l’identité fran- territoire, hier garantie par la dou- forme d’une conflictualité endémi- d’une « présidence active » ou bien précisément Jésus et l’avenir, qui çaise passe par le renforcement de ble dissuasion (arme nucléaire et que, qui drainerait leurs ressources, si elle souhaite réduire le rôle du n’a pas pris une ride : « Si Jésus Henri Tincq l’idée européenne. contrôle des mers, nerf de la guerre leur prestance morale et leur crédibi- chef de l’état à une « simple figura- avait tracé à ses disciples le plan de depuis Nelson). lité globale ». tion ». Les électeurs trancheront. son Eglise, la structure d’une institu- e Etudes. Janvier 2002. 10 ¤. 14, rue a LE NOUVEL OBSERVATEUR Les Etats-Unis sont désormais, En France, c’est à partir d’une his- Philosophe, Jean-Yves Calvez s’in- tion », écrit le théologien jésuite dis- d’Assas 75006 Paris, tél. : 01-44-39- Jacques Julliard écrit Adler, « plongés dans l’amère toire également longue, celle de la terroge, de son côté, sur ce qu’il paru, le christianisme ne serait plus 48-48. On avait pu croire naguère que les rapports toujours empoisonnés de SUR LE NET la République et de son appareil judiciaire étaient en voie d’amélio- La stratégie conservatrice vue par la presse iranienne ration. Nous voyons aujourd’hui Les documents cités dans cette qu’il n’en est rien. C’est un drame chronique sont accessibles en trois actes qui se déroule sous Les réformateurs sous les coups de boutoir de la droite islamiste directement à l’adresse nos yeux. Premier acte : l’humilia- www.lemonde.fr/surlenet tion. Depuis la Révolution françai- « ILS VEULENT un Parlement ment utile de rester député ? » L’un condamnés à des peines de prison gramme de réformes. En les fragili- a Le classement des 546 intellec- se, férue du principe de la souverai- comme un lion sans crinière, sans des trois piliers de la République et un grand procès est en prépara- sant ainsi devant l’opinion, ils pré- tuels cités dans le livre de Richard neté du peuple, tout pouvoir queue et sans appétit ! », titre l’édi- islamique, le Parlement – en majo- tion contre une soixantaine parent du même coup les élections Posner, Public Intellectual : a Study devait céder le pas à la représenta- torial de Gozaresh, revue indépen- rité réformateur – est la cible des d’autres. de 2004. S’ils obtiennent la majori- of Decline (Intellectuels publics : étu- tion nationale : l’exécutif, long- dante de Téhéran, citant un élu conservateurs, qui mettent systé- Selon Gozaresh, les conserva- té, le président Khatami devra de d’un déclin), est disponible sur temps rabaissé ; le judiciaire, systé- anonyme. « On nous accuse d’être matiquement leur veto à ses déci- teurs poursuivent une double stra- cohabiter, durant la dernière le site de l’université de Chicago. matiquement mis au pas. Deuxiè- infiltrés par des éléments à la solde sions. Le système judiciaire leur est tégie. Ils veulent d’abord mettre année de son mandat, avec un Par- Ce tableau montre que les hom- me acte : la révolte. Troisième de l’étranger ! Faut-il continuer à par ailleurs acquis. Trois députés, les députés sur la défensive, les lement hostile. Le dialogue devrait mes politiques américains (Henry acte : la normalisation. Depuis avaler ces calomnies ? Est-ce vrai- dont une femme, viennent d’être empêcher de poursuivre leur pro- pourtant être possible, estime Kissinger) sont les penseurs les peu, un air nouveau souffle sur les Macha’allah Shamssolvaezzine plus cités par la presse et les cher- prétoires, les salles de rédaction, « THE MAIL & GUARDIAN » (AFRIQUE DU SUD) dans Nowruz (réformateur). Jour- cheurs européens (Pierre Bourdieu les couloirs des assemblées et des naliste de renom et ancien rédac- ou Jürgen Habermas) par les publi- réunions politiques : bon sang teur en chef de Jamé, désormais cations universitaires. Le Net s’inté- mais c’est bien sûr ! Le vrai coupa- interdit, il voit surtout dans cette resserait majoritairement à la pen- ble de tout ce désordre, c’est la bataille « un combat de coqs ». sée du poète irlandais William But- juge ! Toute cette affaire risque de « Les conservateurs, qui n’ont ler Yeats. se terminer comme le raid du juge aucun poids dans la société civile, home.uchicago.edu/~rposner Antonio Di Pietro, en Italie. A essaient de l’emporter en utilisant a Le magazine de l’homme moder- Milan, sur 2 565 inculpés, quatre les institutions. Quant aux réforma- ne publie de nombreux textes, seulement allèrent en prison, dont teurs, ils ne devraient pas trop se bibliographies et entretiens de, sur un seul homme politique. Les vanter des 75 % de voix dont ils ont et avec Pierre Bourdieu. mêmes causes produisant les pu bénéficier. » www.homme-moderne.org mêmes effets, craignons qu’après Pour Majid Ostovar, de Nowruz, /societe/socio/bourdieu/ le leurre d’un « Mani pulite » à l’ita- les crises à répétition initiées par a L’université de Linz, en Autriche, lienne, le peuple désabusé ne nous les conservateurs ont fini par pro- publie une bibliographie complète régale d’un berlusconisme à la voquer une rupture entre les élites en anglais, français et allemand de française. et la société. Considéré par les l’auteur de La Distinction. réformateurs comme leur princi- www.iwp.uni-linz.ac.at/lxe/sektktf a RTL pal objectif, le parlementarisme /bb/HyperBourdieu.html Alain Duhamel rencontre désormais un soutien a Le 25 janvier, le tribunal correc- C’est une exception française, une mitigé au sein d’une population de tionnel de Paris devait rendre son regrettable exception française : plus en plus jeune et qui pourrait jugement à l'encontre du général dans ce pays, il faut faire grève, être tentée par la radicalisation Aussaresses et de ses éditeurs, manifester, défiler, protester, politique. « Les réformes, le dévelop- poursuivis pour « apologie de cri- avant que les négociations sociales pement des partis et de la presse et mes de guerre ». L’Association s’engagent. Ailleurs, on négocie la recherche d’un Parlement effica- (suisse) Internet pour la promo- d’abord et on cesse le travail si la ce n’ont pas suffi. » Reza Delbari, tion et la défense des droits de négociation échoue. Ici, c’est le un des représentants de la jeu- l'homme (Aidh) consacre un impor- contraire, preuve que le dialogue nesse, évoque ce ras-le-bol dans tant dossier documentaire à la tor- social fonctionne mal. Ce n’est pas « La désobéissance civile », paru ture pendant la guerre d’Algérie. un hasard. La place de l’Etat, son dans le journal étudiant Vajé : www.droitshumains.org rôle, sa suprématie, son hégémo- « Parfois les gens enfreignent la loi, /faits_documents/algerie/ nie même, ont créé, à la longue, un non pas parce qu’elle est immorale a L’Institut national de l’audiovi- paysage social atypique. Du coup, ou injuste, mais parce qu’ils la consi- suel (INA) diffuse sur son site les les Français sont tentés en perma- dèrent comme insensée et dange- « Actualités françaises » de l’épo- nence par la contestation, par la reuse. » que (1954-1962). surenchère, par la fronde. L’Etat Harry Petard Le prince Harry, 17 ans, fils cadet du prince de Galles, a reconnu avoir à plusieurs reprises www.ina.fr/voir_revoir/algerie/ impérial fabrique soixante millions fumé du cannabis et consommé de l’alcool. Shocking. Dessin de Zapiro. courrierinternational.com de frondeurs. (« Courrier international » pour « Le Monde ») pour Le Monde [email protected]

AU COURRIER dre et revendiquer le droit à la criti- la France et ne se sont pas produi- passage en cuisine, revient tout con- - vier), heureux possesseur d’un DES LECTEURS que, le droit de ne pas être dans le tes dans les autres pays d’Europe. fus lui glisser à l’oreille que dans le S’il faut en croire Le Monde du Grand Robert, l’amitié d’un éclair- rang, le droit d’être contre le terro- Deuxièmement, contrairement à bœuf bourguignon il y a des lar- 17 janvier, j’appartiens donc à cet- cissement sur le sens et l’étymolo- risme aveugle sans pour autant être l’Allemagne qui, il y a plusieurs dons, vous savez… du porc. Et si te majorité des Français qui «se gie du mot « relutif », courant      pro-américain, le droit d’être contre années, avait réagi vigoureusement Sélim commande l’apéritif de la sont montrés euro-enthousiastes » ! depuis quelques années dans la Je condamne les attentats aveugles la politique raciste d’un Sharon contre les meurtres racistes, il existe maison, le serveur s’émeut : « Votre Je me permets humblement de fai- presse financière. M. Charriau ne contre les civils israéliens, mais je visant tous les Palestiniens sans dis- manifestement au sein du pouvoir apéritif… il y de l’alcool… » re remarquer qu’il s’agit là, du la lit manifestement pas. Qu’il en condamne tout aussi bien les puni- tinction : « Tous les mêmes », selon politique une volonté de minimiser Tout cela est plein de bonne volon- moins en ce qui me concerne, soit pardonné. tions collectives infligées aux Palesti- une formulation prisée par les anti- la portée de ces événements ressen- té, mais agaçant. On aimerait rappe- d’une interprétation tout à fait gra- Est qualifiée de relutive l’opération niens dans les territoires occupés. sémites et les racistes. (…) tis pourtant comme plus qu’inquié- ler que tout ressortissant d’un pays tuite, et de surcroît erronée, de financière qui, sans apport ou créa- Suis-je antisémite pour autant ? Je Je revendique le droit de dire, sans tants par la plupart des juifs de Fran- arabe n’est pas d’origine musulma- mon comportement. Je me suis tion réel de richesse, tend à accroî- condamne le fascisme et le racisme pour autant que l’on m’accuse de ce (…). Ce qui est nouveau et trou- ne (beaucoup de pays arabes ont effectivement débarrassé très rapi- tre la part de capital d’une société des organisations telles que le vouloir la disparition d’Israël, que blant aujourd’hui, c’est ce senti- de fortes minorités chrétiennes) ; dement dans les tout premiers commerciale représentée par une Hamas ou le djihad, mais je Sharon est aujourd’hui le principal ment d’être confronté à un choix que toute personne d’origine jours de janvier des quelques action. Par exemple, le rachat par condamne le racisme et le fascisme obstacle à la paix au Moyen-Orient, politique délibéré, conçu au détri- musulmane ne se sent pas tenue billets et pièces en francs qui res- une société d’un certain nombre d’Ariel Sharon, responsable par son et que par ses provocations et ses ment d’une partie de la nation. par les règles de l’islam ; qu’il y a taient en ma possession et j’ai tout de ses propres actions entraîne un laisser-faire des massacres de Sabra excès il alimente sciemment le recru- Israël Cemachovic plusieurs façons de pratiquer l’is- de suite utilisé l’euro (…), mais je effet relutif. et Chatila, où furent assassinés des tement des organisations terroristes Dijon lam, dont certaines ne mettent pas crois qu’il serait plus judicieux de On dit d’une opération agissant en civils palestiniens, femmes, enfants extrémistes. l’interdit de l’alcool au centre de me définir simplement comme un sens inverse qu’elle dilue le capital, et vieillards confondus. Suis-je anti- Bernard Giusti   leurs préoccupations. (…) « euro-réaliste ». (…) d’où le néologisme dilutif. Par sémite pour autant ? Je condamne Paris Mon ami Sélim est libanais de con- Cette présomption d’observance Il me déplaît d’être compté au exemple l’attribution gratuite d’ac- les discours tendant à affirmer que fession maronite, nouvellement musulmane finit aussi par être res- nombre de ceux qui se prennent tions est une opération dilutive. Il tous les Israéliens sont des sionistes   ’ naturalisé après quinze ans en Fran- sentie comme une autre forme du à un jeu dans lequel je vois sur- fallait donner un antonyme à cet et qu’Israël doit disparaître, mais je Le débat actuel sur l’existence ou ce. Au physique, il a le type oriental. « délit de sale gueule ». Car com- tout un dérivatif visant à mas- aimable adjectif. Au barbare « con- condamne aussi les discours qui non d’une recrudescence de l’antisé- Au moral, c’est un chrétien convain- ment appeler cela, quand une per- quer l’incapacité de l’Europe à centratif », la cuistrerie financière affirment que la défense d’Israël mitisme révèle, à divers points de cu ; par ailleurs il apprécie la bonne sonne à cause de sa peau brune se exister politiquement. (…) préféra l’élégant « relutif ». nécessite la défense de toutes les vue, des spécificités bien françaises. chère et fréquente volontiers les res- voit continuellement rappeler ses Jean-Paul Rouxel Notons que le substantif « relu- injustices et tous les excès. A une Premièrement, il faut bien consta- taurants. Ces derniers temps, satis- origines (présumées), comme si cel- Etoile-Saint-Cyrice (Hautes-Alpes) tion » n’est pas attesté. Quant au époque où abondent les raisonne- ter que les exactions commises sur faire ses goûts gastronomiques les-ci lui interdisaient d’adhérer à verbe « reluer »… Paix aux mânes ments paranoïaques tels que « ceux des personnes ou des bâtiments demande de l’opiniâtreté. On ne un genre de vie laïque ?      de Malherbe. qui ne sont pas avec nous sont con- juifs – quel qu’en soit le nombre pré- compte plus les fois où le garçon Laurence Vianès Faisons à M. Pierre Charriau (le Pierre-François Barde tre nous », il est important de défen- cis – sont bien restées cantonnées à qui a pris sa commande, après un Grenoble courrier des lecteurs du 16 jan- Senlis (Oise) LE MONDE/VENDREDI 25 JANVIER 2002/17 HORIZONS ANALYSES 0123 Brevets sur le vivant : l’exception française 

EN ADOPTANT en première lecture, mardi péenne avant le 30 juillet 2000, seuls cinq pays cine et en agriculture, explique-t-il. Il nous faut, 22 janvier, le projet de loi sur la bioéthique, les (Danemark, Finlande, Grande-Bretagne, Grèce pour notre part, organiser en France un débat au Injustice d’Etat députés français ont également approuvé une et Irlande) ont respecté l’échéance. La transposi- Parlement sur la brevetabilité du vivant afin que disposition – réintroduite dans le texte à leur ini- tion est en cours en Espagne et au Portugal. Et, le politique puisse réinvestir un domaine qui a DANS UN ÉTAT de droit, le fort de ne jamais se traduire tiative et votée à l’unanimité le 17 janvier – qui alors qu’en Allemagne la situation apparaît pour sans doute été trop accaparé ces derniers temps respect scrupuleux de la procé- par une sanction judiciaire. interdit de faire d’un élément du corps humain le moins confuse, la France affirme clairement par les juristes. » Un tel débat, réclamé par des dure et de ses règles, fussent- Depuis un arrêt de la Cour une invention brevetable. Par cette prise de posi- sa volonté d’obtenir dans ce domaine des modifi- associations comme Greenpeace ou la Confédé- elles tatillonnes, est une garan- de cassation de 1995, validant la tion, ils n’ont pas seulement témoigné de leurs cations substantielles. ration paysanne, permettrait sans doute de tie démocratique et une protec- relaxe du Monde dans un procès craintes face aux perspectives grandissantes C’est la raison qui a conduit le gouvernement mieux saisir comment le vivant a, sous l’effet tion pour les justiciables. Com- en diffamation que lui avait d’une commercialisation de l’humain, ils ont aus- Jospin à rédiger un projet de loi de transposi- des biotechnologies triomphantes, progressive- me toute règle de droit, elle ne intenté Paul Barril, il est établi si solennellement confirmé que la France entend tion de la directive communautaire tout en fai- ment pénétré dans le champ, américain puis vaut vraiment que dans la que, dans un contexte d’affole- faire obstacle à la dynamique internationale du sant une exception pour son article 5 relatif à la européen, de la brevetabilité. mesure où même les coupables ment élyséen face aux attentats droit des brevets dans le champ du vivant. Le possible brevetabilité d’inventions portant sur Au-delà des échéances électorales nationales peuvent en profiter, réussissant terroristes dont Paris était la vote de l’Assemblée nationale constitue le der- des éléments du corps humain. Le gouverne- et dans l’attente du débat au Parlement sur la à échapper à la sanction de cible, les trois Irlandais arrêtés nier épisode d’un imbroglio international tou- ment fait ici prévaloir les dispositions d’un arti- transposition de la directive européenne ampu- leurs crimes ou délits par la fau- par le GIGN à Vincennes ont chant à la diplomatie, au droit et à l’économie. cle des lois de bioéthique de 1994 qui stipule tée de son article 5, un tel débat confirmerait te de la justice elle-même, qui été victimes d’un montage de Cette question est aussi devenue, à l’échelon que « le corps humain, ses éléments et ses pro- qu’il y a bien, ici, une exception française. Il s’aperçoit soudain que, dans basse police dont Paul Barril fut européen, un labyrinthe juridique dont nul ne duits, ainsi que la connaissance de la structure offrirait aussi l’occasion de fédérer ceux qui son lent cheminement, elle a le principal acteur : des armes, perçoit plus l’issue. totale ou partielle d’un gène humain, ne peuvent, entendent s’opposer de manière originale à la oublié de respecter son propre de l’explosif, des détonateurs Toutes les difficultés résultent de la confronta- en tant que tels, faire l’objet de brevets ». Com- mondialisation en posant le principe de « l’ex- code. Le fait qu’un prévenu soit furent déposés par les « super- tion d’un droit des brevets et des inventions ment, dès lors, pourra-t-on progresser dans un ception du vivant » en matière de brevet. sans conteste l’auteur des gendarmes » lors de la perquisi- devenu obsolète au regard des pas de géant domaine dont tous les observateurs estiment, Le végétal et l’animal ont montré que le bre- infractions poursuivies n’autori- tion afin de confondre les inter- accomplis ces deux dernières années par les au vu notamment de l’entreprise en voie d’achè- vet ne constitue pas une fatalité, pas plus qu’il se aucunement ses juges à pellés et de pouvoir les présen- décrypteurs et les nouveaux maîtres du vivant, vement du séquençage du génome humain, n’est l’unique solution en matière de progrès oublier ou à violer les règles ter comme de « superterroris- que ce dernier soit végétal, animal ou humain. qu’il est essentiel au développement des indus- des connaissances et de respect de la propriété procédurales. Si d’aventure, le tes ». Le tout au nom d’une rai- « Si le vivant n’a jamais été – ce qui est peu tries de biotechnologie ? intellectuelle. Il reste désormais à savoir si cette contraire était admis, c’est l’es- son d’Etat qui trouvait son origi- connu – formellement exclu de la brevetabilité, il nouvelle prise de conscience n’émerge pas de prit même de l’Etat de droit qui ne à la présidence de la Républi- est aujourd’hui engagé dans un mouvement crois-   manière trop tardive et si le Vieux Continent s’effondrerait. que, laquelle salua, par un com- sant de soumission au brevet », observe le député Pour M. Claeys, l’urgence est de dépasser la trouvera en son sein le dynamisme et la volonté Ex-supergendarme, ancien muniqué victorieux, cette prise Alain Claeys (PS, Vienne), dans le précieux rap- seule question de la transposition de la directi- de faire prévaloir, face aux Etats-Unis, une con- numéro deux du GIGN aux miraculeuse. port qu’il vient, sur ce thème, de rédiger pour ve européenne et de profiter de l’actuel imbro- ception de l’éthique qui résiste à l’exacerbation côtés de son frère d’armes Ainsi donc la justice renonce l’Office parlementaire d’évaluation des choix glio international pour organiser une réflexion de la concurrence et du commerce ainsi qu’à la Christian Prouteau et éphémè- à sanctionner un grave délit scientifiques et technologiques. « sur le statut du vivant dans notre société ». possible mainmise de certains sur le vivant, re pilier de la cellule antiterro- que, par ailleurs, elle a elle- Pour tous les observateurs, l’imbroglio actuel « Cette réflexion me semble indispensable, comp- qu’il soit humain ou non. riste de l’Elysée sous le premier même établi comme vérité judi- résulte d’une directive européenne, datée du te tenu de la place croissante que prendront à septennat de François Mit- ciaire lors d’un procès de presse 6 juillet 1998, « relative à la protection juridique l’avenir les techniques du vivant à la fois en méde- Jean-Yves Nau terrand, Paul Barril vient donc – « La preuve de la vérité des faits des inventions biotechnologiques ». Cette directi- de bénéficier des avantages de diffamatoires est rapportée », ve prévoit que, si le patrimoine héréditaire de l’Etat de droit. Tant mieux pour avaient affirmé nos juges. Ce l’espèce humaine n’est pas brevetable, la lui, tant pis pour la justice. Près paradoxe est à l’image de toute séquence des éléments qui le constituent peut, Ultimatum   de vingt ans après les faits, qui cette affaire qui n’a cessé de sous certaines conditions, faire l’objet de la pri- remontent à août 1982, la cham- révéler l’incapacité de la justice se de brevet. bre de l’instruction de la cour française à affronter ferme- Le paradoxe veut que la France, qui avait été, d’appel de Versailles a annulé, ment et sereinement une affai- dès 1988, à l’origine de cette directive et l’a tou- mercredi 23 janvier, la totalité re d’Etat – en d’autres termes, jours défendue, juge désormais que sa rédaction d’une procédure interminable des crimes ou délits commis au est, en réalité, incompatible avec son droit et son dans laquelle il était le seul nom de la raison d’Etat et, en éthique. C’est Elisabeth Guigou, alors ministre poursuivi pour « atteinte à la l’espèce, impliquant l’institu- de la justice, qui, la première, avait officiellement liberté individuelle ». Sauf pour- tion présidentielle. De bout en fait ce troublant constat. Soutenu par le Comité voi du parquet général dans les bout, l’instruction de ce dossier consultatif national d’éthique, qui réclamait une prochains jours, la justice aura été une pantalonnade judi- réécriture de cette directive européenne, le gou- renonce donc à poursuivre des ciaire. Au crime originel, atten- vernement français pouvait également compter actes que seul ledit capitaine tat aux libertés individuelles, on avec la lecture, similaire à la sienne, faite par le conteste, contre toute éviden- aura ajouté, durant deux décen- président de la République. Une pétition interna- ce. La vérité historique risque nies, le ridicule et la lâcheté. tionale, lancée par Jean-François Mattei, député (DL) français, et Wolfgang Wodarg, député (SPD) allemand, réclamant un moratoire sur ce 0123 thème, devait à la même époque rencontrer un Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani large écho dans des milieux politiques et intellec- Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; tuels fort divers et parfois totalement opposés. Noël-Jean Bergeroux. Directeurs généraux adjoints : Edwy Plenel, René Gabriel    Secrétaire général du directoire : Pierre-Yves Romain En France, les académies nationales de méde- Directeur de la rédaction : Edwy Plenel cine et des sciences firent la même analyse avant Directeurs adjoints : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau que les pays participant, en juin 2000 à Bor- Secrétaire général : Olivier Biffaud ; déléguée générale : Claire Blandin deaux, à un G7 élargi ne rejoignent et partagent Directeur artistique : François Lolichon Chef d’édition : Christian Massol ; chef de production : Jean-Marc Houssard les conclusions françaises. Il y eut ensuite l’arrêt Rédacteur en chef technique : Eric Azan ; directeur informatique : José Bolufer rendu, le 9 octobre 2001, par la Cour de justice Rédaction en chef centrale : des Communautés européennes établissant que Alain Debove, Eric Fottorino, Alain Frachon, Laurent Greilsamer, Michel Kajman, la simple découverte d’un gène n’était pas breve- Eric Le Boucher, Bertrand Le Gendre table et que seule l’invention susceptible de Rédaction en chef : François Bonnet (International) ; Anne-Line Roccati (France) ; résulter de cette découverte pouvait être proté- Anne Chemin (Société) ; Jean-Louis Andréani (Régions) ; Laurent Mauduit (Entreprises) ; gée ; un arrêt qui ne permit pas de lever les inter- Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Franck Nouchi (Culture) ; rogations et les doutes. Aujourd’hui, alors que Josyane Savigneau (Le Monde des Livres) ; Serge Marti (Le Monde Economie) cette directive aurait dû être transposée dans le Médiateur : Robert Solé droit interne des Etats membres de l’Union euro- Directrice des projets éditoriaux : Dominique Roynette Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directrice de la coordination des publications : Anne Chaussebourg Directeur des relations internationales : Daniel Vernet M. Jospin ets certes conscient de seulement après l’annonce conco- législateur détermine les « princi- Le dialogue leur faible représentativité (9 % mitante par Michelin d’une pro- pes fondamentaux » du droit Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président des salariés). Mais durant cinq ans, gression de ses bénéfices et de social. Mais il l’a fait en bradant social refusé par il les a ignorés ou s’en est servi 7 000 suppressions d’emplois ! Il l’héritage d’une gauche convertie Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994) pour les impliquer dans des réfor- ne s’est pas passé deux jours avant à l’idée de compromis social. Lionel Jospin mes difficiles, jamais pour leur fai- que la gauche plurielle, PCF en Faut-il s’étonner que Jacques Le Monde est édité par la Société Editrice du Monde (SAS) re partager les dividendes des tête, ne le rappelle à ses devoirs Delors le rende en partie responsa- Durée de la société : quatre-vingt dix-neuf ans à compter du 15 décembre 2000. Capital social : 145 473 550 ¤. Actionnaires directs et indirects : Le Monde SA, Le Monde et Partenaires Asso- Suite de la première page avancées sociales. Comme si les d’homme du « camp du progrès » ble de « l’état détestable des rela- ciés, Société des Rédacteurs du Monde, Société des Cadres du Monde, Société des Employés du représentants des salariés étaient et n’exige de lui que la loi donne tions sociales en France » ? Qu’Ed- Monde, Fonds commun de placement des personnels du Monde, Association Hubert-Beuve-Méry, Toujours est-il que, depuis la les bienvenus pour porter avec le un coup d’arrêt à ces « licencie- mond Maire, l’ancien patron de la Société des Lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, Le Monde Europe, Le Monde Investisseurs, « scène primitive » d’octo- gouvernement le risque politique ments boursiers ». La politique – en CFDT, l’accuse d’être à l’origine Le Monde Presse, Le Monde Prévoyance, Claude-Bernard Participations, Société des Personnels du Monde. bre 1997, le dialogue entre Mati- de la réforme, forcément impopu- l’occurrence la cohésion de sa d’une « régression culturelle de la www.lemonde.fr édité par Le Monde Interactif. gnon et les patrons sur les grands laire, des retraites, mais perdaient majorité – a vite repris le dessus. gauche » et d’avoir « réinventé la Président du conseil d’administration : Jean-Marie Colombani. Directeur général : Bruno Patino dossiers sociaux a été pratique- toute légitimité pour négocier l’in- lutte des classes » ? Que Laurent ment inexistant. troduction plus gratifiante des «  » Fabius, chantre d’une « gauche M. Jospin n’a pu éviter que cin- 35 heures. Qu’a donc gagné le premier moderne », lui suggère d’inscrire quante-six d’entre eux, dont Le premier ministre semble croi- ministre dans cette affaire ? Sans au plus vite dans son programme RECTIFICATIFS PRÉCISION certains sont pourtant réputés pro- re qu’il n’est de véritable légitimité doute du crédit auprès des Fran- l’idée de « procédures de concerta- ches de la gauche, publient dans que celle qui sort des urnes. Et çais, puisqu’une majorité d’entre tion continue » entre les sphères AFFAIRE SCHULLER. Un article INDUSTRIE MUSICALE. Dans l’ar- Les Echos – une première ! – un qu’une fois acquise, elle doit s’in- eux souhaitent un encadrement publique et privée ? sur l’affaire Schuller (Le Monde du ticle consacré aux dossiers priori- appel lui demandant de retirer le carner dans le volontarisme politi- plus strict des licenciements. Mais Sentant tout le profit qu’il peut 23 janvier) comportait un nom mal taires de l’industrie phonographi- volet licenciement de sa loi de que et son bras armé, l’Etat, seul sa recherche de l’accord politique tirer de ce vide, Jacques Chirac fait orthographié : l’ancien magistrat que française, publié dans un modernisation sociale. Quand il capable de mener à bien de grands à tout prix l’a conduit à présenter depuis des années les yeux doux à devenu représentant commercial ensemble consacré au 36e Midem rencontre des chefs d’entreprise, projets sociaux comme la réduc- des projets juridiquement mal fice- Nicole Notat. Devant le patronat du groupe Vivendi pour l’île Mauri- (Le Monde du 19 janvier), une cou- c’est souvent pour s’entendre dire tion du temps de travail. Adepte lés. Elle l’a aussi exposé sur le et les syndicats réunis le 8 janvier à ce se nomme Alain Marsaud, et pe pouvait laisser supposer que le que trop de réformes sociales de la négociation collective, Nicole devant de la scène dans le rôle dan- l’Elysée, le chef de l’Etat s’est lon- non Marceau. SNEP, un des acteurs les plus jouent « contre l’emploi et la com- Notat n’a cessé de dénoncer cette gereux du pompier chargé d’étein- guement entretenu avec elle, importants du secteur, était pétitivité de l’économie ». Et lors- surdité. « Il ignore superbement les dre tous les incendies – même après avoir dessiné une « nouvelle PATRICK BALKANY. Nous avons absent des débats à venir. En fait, que le PDG de Danone lui lance, partenaires sociaux, comme s’il ne quand ils éclataient dans le privé architecture » des relations Etat- qualifié par erreur Patrick Balkany cette réflexion sur des sujets sensi- au cours d’un déjeuner, que ce dur- percevait pas leur rôle et leur utili- (Michelin, Danone, Moulinex). partenaires sociaux « fondée sur le d’ancien député-maire de Levallois- bles était menée, « en premier lieu, cissement des règles de licencie- té », se plaint la secrétaire généra- Ces incursions répétées dans le pré respect du rôle de chacun ». Le con- Perret (Le Monde du 23 janvier). Le par le Syndicat national de l’édition ment est « catastrophique »,ille le de la CFDT en mai 2001 dans un carré des partenaires sociaux sont trat d’abord, la loi ensuite, si néces- titre de député-maire n’existe pas. phonographique (SNEP), au sein mouche : « Vous travaillez, mon- entretien à L’Express. Elle lui repro- d’autant moins justifiées qu’il n’a saire. Réformateur pour la démo- Il aurait fallu écrire : ancien député duquel se retrouvent la majorité des sieur, pour vos actionnaires. Moi, je che une faute politique – faire des pas su, comme patron des fonc- cratie politique (quinquennat, pari- des Hauts-de-Seine, maire de professionnels, par ailleurs affiliés à travaille pour les citoyens » (Mon- « concessions à l’orthodoxie de gau- tionnaires, assurer un passage té, cumul des mandats), M. Jospin Levallois-Perret. diverses structures… » sieur Ni-Ni, l’économie selon Jospin che » – et une erreur d’analyse – se serein aux 35 heures ou réformer s’est montré conservateur sur la Christine Mital et Erik Izraelewicz, croire seul « légitimé à porter les les administrations, comme celle démocratie sociale. S’il entre à éd. Robert Laffont, 246 pages, intérêts des travailleurs ». des finances. Il quittera Matignon l’Elysée, au soir du 5 mai, il lui fau- 0123 est édité par la Société Editrice du Monde (SAS). La reproduction de tout article est interdite sans 19,70 euros). Jusqu’à un certain point… Car en laissant « un climat général de dra trouver des appuis auprès des l’accord de l’administration. Commission paritaire des journaux et publications n° 57 437 Les syndicats n’ont pas été M. Jospin a dévoilé une autre facet- désenchantement » dans la fonc- syndicats réformistes pour faire ISSN 0395-2037 mieux traités par le chef de la gau- te de sa pensée en affirmant, en tion publique, souligne un récent contrepoids à la droite, au patro- Imprimerie du Monde che plurielle, appuyé par Martine septembre 1999, que « les salariés Livre blanc commandé par ses nat et surtout à la « gauche de la 12, rue Maurice-Gunsbourg Président-directeur général : Dominique Alduy Aubry, qui les a constamment existent, les syndicats aussi »,et soins. gauche », qui lui a empoisonné la 94852 Ivry cedex Directeur général : Stéphane Corre tenus en lisière en affirmant la pri- qu’« il ne faut pas tout attendre de M. Jospin n’est pas le premier à vie à Matignon. 21 bis, rue Claude-Bernard - BP218 mauté de l’Etat sur les partenaires l’Etat et du gouvernement ». Paro- faire une lecture extensive de la 75226 PARIS CEDEX 05 PRINTED IN FRANCE Tél : 01-42-17-39-00 - Fax : 01-42-17-39-26 sociaux, et de la loi sur le contrat. les malheureuses quelques jours Constitution, qui prévoit que le Jean-Michel Bezat 18/LE MONDE/VENDREDI 25 JANVIER 2002 ENTREPRISES télécommunications

Le groupe finlandais de télécommunications Nokia mondial a moins souffert que ses pairs.  - sa première contraction en 2001, mais Motorola et veaux concurrents, il mise à la fois sur le créneau du devait présenter ses résultats annuels jeudi 24 jan- , bien qu’en baisse, devaient rester confortables Siemens tablent sur une croissance de 10 % à 12 % en luxe et sur la relation directe avec le consommateur : vier en milieu de journée. Alors que la profession a alors que la quasi-totalité de ses concurrents affi- 2002. Nokia compte sur la téléphonie mobile - deux véritables  dans le secteur de la connu une crise sans précédent en 2001, le leader chent des pertes.     a connu  pour relancer les ventes. Confronté à de nou- téléphonie mobile. Les nouveaux défis de Nokia, leader de la téléphonie mobile Alors qu’un portable sur trois vendus dans le monde provient du constructeur finlandais, celui-ci – en meilleure santé financière que ses concurrents – doit réussir le passage du GSM à l’UMTS, tout en affrontant de nouveaux intervenants tels que Microsoft

LE FINLANDAIS Nokia, déjà lea- ce dans la sous-traitance de sa pro- concurrent apparaît : le géant mon- ge. Enfin, le finlandais souhaite der mondial du téléphone mobile, LES EUROPÉENS EN TÊTE duction. Il bénéficie de la proximi- dial des logiciels, Microsoft. « Cet- trouver un relais de croissance sur s’est-il arrogé, en 2001, le titre de Ventes mondiales de téléphones Chiffre d'affaires, en milliards d'euros té de l’Estonie, où les coûts de te entreprise nous cherche mais ne le marché des infrastructures mobi- leader mondial des télécommunica- mobiles, en millions fabrication sont plus faibles. Mais, nous trouve pas, souligne en une les. Il a profité de sa santé financiè- tions ? Au dernier pointage, l’af- 2000 2001 (estimations) loin de prôner l’entreprise sans usi- boutade Serge Ferré, directeur re pour marquer des points, face à faire semble entendue, même si la ne, il possède encore, en Finlande, général de Nokia Mobile Phones son grand rival suédois Ericsson, Nokia publication des résultats des 420 (est.) un outil industriel puissant. Enfin, France. Leurs différentes tentatives en engrangeant en 2001 des 500 30 grands équipementiers n’est pas 30,9 Nokia est passé maître dans l’art n’ont pas été couronnées de succès contrats UMTS. Mais le champion achevée. Il n’empêche. Quel que 450 d’acquérir des technologies pour pour l’instant. » est bien conscient de l’ampleur de soit le palmarès final, Nokia se dis- Ericsson réduire les coûts de développe- Pour contrer ses concurrents, la tâche qui l’attend. Est-ce un si- tingue sans conteste de ses pairs. 400 30,9 ment et gagner du temps. N’a-t-il Alors que ses confrères affichent 350 24,5* pas trouvé en France, il y a une des pertes historiques, il est le seul, 300 Alcatel dizaine d’années, chez Matra, une Wavecom profite du boom chinois en 2001, à engranger de confor- 27 part de la technologie du GSM qui Pour Wavecom, une PME installée à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) tables bénéfices, selon des ré- 250 24,7 a fait son succès ? spécialisée dans le kit pour téléphones mobiles, le pic des ventes ne corres- sultats qui devaient être publiés 200 Lucent pond pas à la période de Noël, mais à celle du Nouvel An chinois. Autre parti- jeudi 24 janvier. Face à ses concur- ,   150 171 38 cularité : alors que la plupart des industriels des télécommunications font gri- rents qui ont vu leur chiffre d’affai- 24,2 Mais Nokia est confronté à des se mine en présentant leurs résultats 2001, cette société, dirigée par Michel res diminuer, il sera le seul à main- 100 défis majeurs. L’arrivée à maturité Alard, annonce un chiffre d’affaires de 322 millions d’euros, contre 65,6 mil- Nortel tenir quasiment ses effectifs et son du GSM induit un risque de banali- lions d’euros en 2000. Cette progression s’explique avant tout par le succès 50 31,6 activité. sation de la technologie. Pour rencontré auprès de ses clients chinois, en particulier TCL. Depuis quelques Bien sûr, si Nokia a mieux résisté 0 19,8 preuve, Ericsson et Motorola ont 98 99 00 01 02 années déjà, Wavecom anticipe une banalisation de la technologie GSM et à la tempête qui s’est abattue sur décidé de licencier la technologie à conçoit des kits électroniques et des logiciels vendus à toute entreprise dési- les télécommunications, il a été Sources : Gartner et sociétés *Sans compter la société Sony-Ericsson d’autres industriels. Des concur- reuse d’entrer sur ce marché ; à charge pour l’acheteur d’habiller les produits touché, et affiche pour la première rents asiatiques pourraient en pro- et de les commercialiser. Mais la pérennité du succès de Wavecom dépend fois depuis 1995 une baisse de ses maintenir ses marges. Selon le cabi- jamais été partisan des dépenses fiter et entraîner Nokia dans une de la réussite commerciale de ses clients auprès des consommateurs chinois, bénéfices. Véritable thermomètre net d’études Gartner, un télépho- somptuaires. Même si cet équipe- guerre des prix. Sur les futures gé- qui ont jusqu’alors plutôt plébiscité les produits de marque étrangère. du marché des mobiles, le groupe ne mobile sur trois vendus dans le mentier a été le premier à acquérir nérations de téléphonie mobile avait d’ailleurs jeté un froid il y a monde est un Nokia. Véritable rou- une start-up américaine, en sui- multimédia qui marieront la voix, un an en revoyant ses prévisions à leau compresseur marketing, il a vant les traces de l’américain les données et les images, les indus- Nokia mise tout à la fois sur l’avè- gne ? Jusqu’à présent, seule une la baisse. Alors que son PDG, Jor- réussi à imposer sa marque au Cisco, il n’a épinglé que peu de triels japonais et coréens sont, là nement des téléphones mobiles partie des salariés était jugée tous ma Ollila, tablait initialement sur niveau planétaire, à l’exception proies à son tableau de chasse et aussi, prêts à jouer leur carte. La multimédias et sur l’insertion dans les six mois sur ses performances, une hausse de son chiffre d’affai- notable du Japon. Nokia apparaît, n’a pas ouvert trop largement sa maîtrise des écrans couleurs et de la chaîne des services. « Nous sou- et se voyait ou non octroyer une res de 25 à 30 % et sur des ventes dans le dernier classement Inter- Bourse. Résultat : alors que ses l’image numérique fait partie de haitons contribuer à élargir la palet- prime. Depuis peu, ce traitement mondiales de 550 millions de termi- brand-Business Week des marques, concurrents Nortel et Lucent, et leurs atouts. Plus globalement, le te d’offres de services des opéra- est étendu à l’ensemble du person- naux, il a dû progressivement tem- dominé par Coca-Cola et Micro- dans une moindre mesure Alcatel, spectre d’une évolution de l’indus- teurs », affirme M. Ferré. Confron- nel. Le renforcement d’une culture pérer cet enthousiasme, quand la soft, au 5e rang mondial. sont obligés de provisionner dans trie du téléphone mobile vers le té à la banalisation du GSM, qui d’entreprise, déjà très prégnante contraction des ventes des télépho- leurs comptes 2001 les survaleurs modèle de l’industrie du PC se des- conduit même quelques entrepre- et qui est l’une des composantes nes mobiles est apparue au grand     liées aux dépréciations des start- sine, avec une banalisation du ma- neurs à concevoir des téléphones du succès de Nokia, est plus que jour. Confronté au tassement d’un Le maintien des marges, proches up acquises au prix fort, Nokia tériel et une importance accrue du jetables, Nokia lance la marque de plus que jamais d’actualité. marché jusque-là explosif, Nokia a de 19 %, passe par une méticuleu- échappe à ce boulet. De même, le logiciel et des services. luxe Vertu, qui repositionne le tout fait pour gagner des parts et se gestion des coûts. Nokia n’a finlandais a pris un temps d’avan- Dans ce contexte, un nouveau mobile comme un objet de presti- Laurence Girard   , ’   Avec Vertu, le finlandais tente une percée dans le luxe Moscou, Berlin-Est, La Havane : à l’université d’Helsinki (en sciences heurts ni crises. Pour tenir le cap, Jor- voir la liste des destinations fréquen- économiques et technologie) et de ma Ollila, qui cache une poigne de ENTRE violoniste virtuose et deux n’ont pas manqué de poser daise espère en tirer de précieux tées par le jeune Jorma Ollila dans la London School of Economics, il fer derrière une allure sans aspérité, DJ, dans un espace graphique noir sous les flashs des photographes. enseignements. Pour la première les années 1970, rien ne le prédispo- fait ses premières armes à la Citi- s’appuie sur une garde rapprochée et blanc réchauffé par la lueur des Toutefois, rien d’ostentatoire dans fois, l’entreprise va tenter de créer sait à devenir l’un des PDG les plus bank, à Londres puis dans la capi- formée de quatre dirigeants quasi- bougies, Nokia a levé le voile sur cette nouvelle ligne de téléphone un lien exclusif avec ses clients. respectés du gotha des affaires… A tale finlandaise. En 1985, il entre ment du même âge que lui, garants Vertu, sa première incursion dans mobile, même si le prix – Dès la vente, le contact sera per- cette époque, toute la politique chez Nokia, au titre de vice-prési- eux aussi de cette stabilité du pou- le monde du luxe. Une soirée orga- 25 000 euros – place d’emblée l’ob- sonnalisé. Les riches happy few étrangère de la Finlande consistait à dent chargé des opérations inter- voir : alors que la valse des PDG a nisée au Musée d’Art moderne de jet hors de portée du commun des seront reçus dans des « suites » ne pas froisser le grand voisin sovié- nationales. L’entreprise qu’il dirige secoué la plupart des grands grou- Paris, lundi 21 janvier : la date et le mortels. « Nous nous sommes inspi- dont disposera Vertu aux quatre tique. Aussi était-il naturel pour le aujourd’hui n’est guère comparable pes de télécommunications, la direc- lieu ne doivent rien au hasard. Pen- rés de l’horlogerie haut de gam- coins de la planète. jeune président de l’Union nationa- à celle dont il a pris les manettes en tion de Nokia apparaît comme un dant une semaine, Paris vit au ryth- me », souligne un salarié de Vertu. Les précommandes débutent le des étudiants, bien que lui-même 1992. Le conglomérat, qui fabriquait îlot de stabilité. me des collections de haute coutu- Ecran en cristal de saphir, rubis alors que les premiers spécimens de sensibilité centriste, de rendre tout aussi bien de la pâte à papier, M. Ollila a vu en octobre 2001 son re et devient le pôle d’attraction pour établir le contact des touches du Platinum, qui devrait être édité visite aux peuples « frères » et de des câbles, des pneus, que des bot- mandat prolongé jusqu’en 2006. Et du monde de la mode. Une aura incurvées, boîtier en platine et en à 1 000 exemplaires, ne seront dis- prôner le désarmement à la mode tes en caoutchouc ou des télévi- ce en dépit de la chute récente de dont Vertu a souhaité profiter. cuir, qui pourra être décliné en or ponibles qu’à l’été 2002. Les soviétique. Cet épisode de jeunesse seurs, s’est transformé en une so- la valorisation boursière de l’entre- Les vedettes de ce coming out dans le futur : les similitudes avec clients se verront proposer, prit fin en 1974. Il avait alors 24 ans. ciété centrée sur le marché de la prise, qui est passée, en à peine plus parisien : le téléphone de luxe Plati- l’horlogerie sont nombreuses. Dif- 24 heures sur 24, un service de La suite de la carrière de ce fils téléphonie mobile ; l’entreprise est d’un an, de 300 à 100 milliards de num, première déclinaison de la férence de taille tout de même, « concierge » – par téléphone d’entrepreneur en électronique est même devenue, à l’étranger, le sym- dollars (341 milliards d’euros). marque Vertu, et Frank Nuovo, sous l’habillage artisanal, la tech- bien sûr – capable de répondre à beaucoup plus conforme à ce qu’on bole du dynamisme finlandais. l’homme qui incarne le design de nologie de pointe de la téléphonie toutes leurs interrogations, com- attend d’un tel patron. Diplômé de Ce parcours ne s’est pas fait sans L. Gi. et A. J. Nokia, initiateur de ce projet. Tous mobile impose son rythme d’évolu- me dans un l’hôtel de luxe. Ce ser- tion. Un portable de luxe ne peut vice, gratuit pendant un an, sera souffrir d’obsolescence rapide. Les ensuite facturé 100 euros par ingénieurs ont donc tout fait pour mois. Vertu a privilégié le sur- Le marché des portables en hausse de 10 % à 12 % en 2002 faciliter les mises à jour du cœur mesure à l’universalité d’Internet. de l’appareil. Ce lien direct avec le client, sour- Les fabricants misent sur de nouveaux appareils pour pallier la saturation ce d’un revenu récurrent lié au ser-     vice et non plus uniquement à la POUR la première fois en 2001, le marché marché de la téléphonie mobile commençait à se poursuivre au cours du premier semestre. » Même si Vertu revendique son vente de produits, est un test mondial des portables n’a pas battu ses prévi- être saturé. La situation très contrastée des « Nous espérons que l’arrivée de téléphones mobi- indépendance et si son siège est à important pour Nokia. Jusqu’à sions de croissance. La courbe, jusqu’alors en pays européens, où les taux d’équipement de la les à écran couleur, dotés de fonctions multimé- Londres, loin de la Baltique, la grif- présent, le constructeur finlandais croissance exponentielle, s’est même infléchie. population diffèrent, l’illustre parfaitement. dias, redynamiseront les ventes au second semes- fe de la maison mère est bien pré- a toujours trouvé sur sa route des Tout le monde retient donc son souffle, à l’heu- « Le marché britannique affiche une baisse de tre 2002 », précise-t-il. De l’appétit des consom- sente. Par le culte du secret, tout opérateurs de téléphonie mobile re de la publication des résultats annuels des 25 % des ventes en 2001, alors que la France a mateurs pour ces nouveaux appareils, et donc d’abord. Rien n’a filtré de ce pro- qui souhaitent garder le contact grands équipementiers, et s’enquiert du bulle- maintenu une croissance d’environ 4 % », affir- de leur prix, dépend la relance du marché. jet, en gestation depuis plus de exclusif avec les consommateurs. tin météo établi pour 2002. Même si cet exerci- me Geoffroy Roux de Bézieux, directeur géné- En attendant, les regards se tournent égale- cinq ans. Une règle chez Nokia, D’autres projets sont à l’état de ce de prévision tient de la haute voltige, l’améri- ral du distributeur britannique Carphone Ware- ment vers la Chine. Ce pays, qui détient désor- qui maintient le suspense jusqu’au réflexion au sein de Vertu, qui cain Motorola et l’allemand Siemens ont dévoi- house, qui possède l’enseigne The Phone Hou- mais le record mondial du nombre d’abonnés dernier moment, lors de la présen- emploie aujourd’hui 200 person- lé, mercredi 23 janvier, leurs pronostics, en ta- se en France. D’autres phénomènes contri- au téléphone mobile, a pallié, en 2001, le ralen- tation d’un nouveau mobile. Tou- nes. Pourquoi ne pas imaginer une blant respectivement sur une croissance de buent à ce ralentissement, comme la baisse de tissement des ventes en Europe. Mais, selon les tefois, un grain de sable a grippé la ligne de maroquinerie spéciale- 12 % et de 10 % du marché des portables en l’intensité de la concurrence entre les opéra- résultats des derniers mois, cette croissance mécanique. Le Wall Street Journal ment étudiée pour accueillir le télé- 2002. L’équipementier américain est plus cir- teurs et le renouvellement moins rapide que semble faiblir. L’évolution de ce marché, sur a, en effet, évoqué le projet Vertu phone mobile, avec un vibreur conspect sur l’évolution du marché des infras- prévu des portables. « Le consommateur garde lequel les équipementiers ont beaucoup misé, dix jours avant la date fatidique. intégré dans la lanière du sac, par tructures mobiles, où il anticipe une baisse de son téléphone mobile en moyenne près de deux aura un impact non négligeable sur la santé glo- Identifié, l’auteur de la fuite a exemple ? Avec Frank Nuovo, les 10 % des ventes. ans et demi », souligne Serge Ferré, directeur bale de cette industrie. immédiatement été congédié. créatifs sont aux commandes. 2002 est sans conteste une année charnière. général de Nokia Mobile Phones. Selon Vertu est également un véritable Le coup d’arrêt brutal de 2001 a révélé que le M. Roux de Bézieux, « ces tendances devraient L. Gi. laboratoire, et la société finlan- L. Gi. Désormais chaque vendredi avec 0123 daté samedi LE MONDE/VENDREDI 25 JANVIER 2002/19 ENTREPRISES Les analystes financiers, partagés, publient L’effondrement de la monnaie leurs premières études sur le titre Crédit agricole sud-africaine menace l’économie du pays L’action de la banque, qui pourrait bientôt figurer au CAC 40, a gagné 12 % depuis son introduction en Bourse. La faible rentabilité du groupe incite, pourtant, les experts à la prudence Le déséquilibre de la balance des paiements est en cause

DEPUIS le mercredi 23 janvier, groupe s’est fixé pour objectif de réali- [puisque l’action Crédit agricole ne JOHANNESBURG l’ensemble des pays émergents, les analystes financiers ne sont plus BONNE TENUE DU TITRE ser un bénéfice net équivalent à celui représente qu’une partie du de notre correspondante estime la directrice générale du tenus à la confidentialité au sujet de Cours de l'action Crédit Agricole du premier semestre (771 millions groupe] ainsi que le manque de visibi- L’année 2001 aura été, en Afri- Trésor, Maria Ramoz, citée par la l’action Crédit agricole : ils peuvent A Paris, en euros d’euros, en hausse de 9 % sur un an). lité quant au traitement du dossier du que du Sud, celle de la chute histo- presse nationale. Pour elle, l’Afri- maintenant publier des analyses et Le coût de la crise argentine, que Crédit lyonnais nous incitent à nous rique de la monnaie nationale, le que du Sud souffre en plus d’une des recommandations sur le titre. 19,0 18,61 nous estimons à 270 millions d’euros, montrer prudent sur la valeur », rand. En six mois, il aura perdu forme de « racisme », qui veut que Pour participer à l’opération d’intro- risque de rendre cet objectif tout juste explique aussi Scander Bentchikou, près de 40 % de sa valeur par rap- « personne n’attende des pays duction en Bourse, qui avait débou- 18,5 atteignable », écrivent Philippe analyste chez ETC. port au dollar : un record. Seule la africains qu’ils fassent les choses ché sur une cotation de la banque le Léonnard et Séverine Farjon, analys- Près des deux tiers des profession- livre turque a fait pire. correctement ». 14 décembre 2001, les établisse- tes de Fortis Bank, pour justifier nels se déclarent cependant plus Pendant des mois, les analystes Un autre facteur nuit à l’image 18,0 ments financiers et leurs analystes leur prudence. optimistes. Conseillant d’« accumu- ont tenté d’expliquer cette dégrin- internationale de l’Afrique du avaient dû s’engager à ne publier ler », une recommandation juste golade. En décembre, quand la Sud : l’acharnement du président aucune étude ou opinion sur l’éta- 17,5 ’«  » «  » en-dessous d’« acheter », les analys- monnaie a encore perdu, en quel- Thabo Mbeki à soutenir des thèses blissement pendant une période « Le comité scientifique des indices tes d’ABN Amro fixent un objectif ques jours, 25 % de sa valeur, pour sur le sida réfutées par l’ensemble dite de « black out », au cours de 17,0 va se réunir prochainement pour déci- de cours de 19,4 euros pour l’action atteindre le niveau le plus bas de de la communauté scientifique. laquelle l’action aura gagné 12 %, der si Crédit agricole entre dans le Crédit agricole, ceux de Crédit lyon- son histoire, à 13,85 rands par dol- « Si un chef d’Etat peut avoir des atteignant 18,61 euros. Dans la jour- 16,5 CAC 40 et la plupart des gens pensent nais Securities de 21,1 euros, ceux lar, la chambre de commerce sud- positions aussi farfelues sur un sujet née de mercredi, pas moins d’une 14 20 2 7 11 17 23 que c’est couru d’avance. Cela pour- de CIC Securities de 21,7 euros, africaine, la Sacob, a tapé du poing aussi grave, comment peut-il inspi- douzaine d’études ont été rendues DÉCEMBRE 2001 JANVIER 2002 rait profiter au titre, mais notre ceux de Dexia de 23 euros. Le sur la table et exigé une commis- rer confiance pour les autres problè- publiques. Source : Bloomberg recommandation se fonde sur les fon- CIC souligne que la banque verte sion d’enquête. Pour la Sacob, les mes du pays ? », s’interroge un ban- Un gros tiers des études rendues damentaux de la banque », a déclaré dispose d’« atouts majeurs » mais fossoyeurs du rand sont des institu- quier européen à Johannesburg. publiques mercredi recommande tion Crédit agricole, ceux de KBC de son côté Daniel Garrod, l’analys- que le véhicule boursier est « assimi- tions ou des privés sud-africains maintenant aux investisseurs Securities estiment la valeur de l’ac- te de la Commerzbank, à l’agence lable à une holding », ce qui réduit qui jouent contre la monnaie pour d’« alléger » leurs positions sur la tion à 19,5 euros. De son côté, la Reuters. « Malgré un positionne- sa valeur boursière. Elle met en gar- leur propre profit avec des métho- Le programme de valeur, un conseil moins négatif que Société de Bourse ETC valorise l’ac- ment remarquable dans la banque de sur l’évolution du titre à court ter- des peu orthodoxes. celui de « vendre », rarement utili- tion à 18 euros, et les analystes de la de détail et la bancassurance, le me, « les salariés anciens actionnai- L’appel de la Sacob a été enten- privatisations a pris sé. Dans ce camp, les analystes de Commerzbank descendent jusqu’à niveau du flottant [capital disponible res pouvant apporter leurs titres à Cré- du par les autorités. Quelques CDC Ixis et de Fortis fixent un objec- 16 euros. sur le marché], la faible rentabilité dit agricole pour 18,85 euros ». Adop- jours à peine après son interven- du retard, privant tif de cours de 19 euros pour l’ac- « Pour le second semestre 2001, le du groupe, l’opacité du véhicule coté tant une autre échelle de classifica- tion, le président de la république, tion, les analystes de BNP Paribas Thabo Mbeki, a ordonné la mise l’Etat d’un afflux gratifient le titre Crédit agricole en place d’une commission et nom- d’une opinion de « surperforman- mé dans la foulée un président. Le de capitaux étrangers Les failles de la période de black-out ce » – une performance meilleure rand s’est raffermi, provisoire- que la moyenne des valeurs bancai- ment. Jusque-là, le gouvernement LORS DE L’INTRODUCTION en Bourse du Crédit raient accroître la volatilité de son cours. Il s’agit simple- res –, avec un objectif de 20,5 euros, n’avait pris aucune mesure. Pour Mais l’Afrique du Sud souffre agricole, les analystes financiers du syndicat bancaire ment de le stabiliser et de le protéger dans les semaines comme la société de Bourse Oddo, lui, les fondamentaux de l’écono- surtout du déséquilibre de sa chargé de placer les titres ont eu un accès prématuré qui suivent l’opération », explique un analyste. à 21 euros. Crédit agricole « présen- mie sont bons, l’inflation maîtri- balance des paiements. Alors que au dossier, mais à condition de s’engager sur une « Cependant, cela ne change pas grand-chose, pour te un profil de risque attractif », écri- sée, à moins de 6 %, les recettes l’épargne intérieure reste très fai- « clause de confidentialité ». Ce dispositif est autorisé nous, dans la pratique. Nous continuons à répondre aux vent Patrick Leclerc et Claire Lange- intérieures en hausse, les prévi- ble, le pays a misé sur les investis- par la Commission des opérations de Bourse (COB), à questions de nos clients sur la valeur », poursuit ce vin, les analystes de BNP Paribas. sions de croissance entre 2,5 % et sements étrangers pour assurer sa condition, notamment, que les informations délivrées professionnel. « La solidité de son bilan, la nature 3 %, et seuls des spéculateurs croissance. Ces investissements ne soient ensuite mises à la disposition de l’ensemble du Les opinions des analystes continuent donc de circu- de son portefeuille d’activités et l’im- étrangers pouvaient être responsa- sont pas au rendez-vous et, depuis public. Ce type de clause semble s’accompagner de ler auprès des institutionnels. La publication d’une portance des économies de coûts à bles des attaques contre le rand. 1995, ils n’ont pas dépassé, en plus en plus, à Paris, de périodes importantes de black- douzaine de notes de recherche sur l’action Crédit venir confèrent à la banque une bon- Pas question, officiellement, pour moyenne, 1,5 million de dollars out, à la suite de l’opération. Pendant le black-out, les agricole, le 23 janvier, à la fin de la période de black- ne capacité de résistance », souli- les autorités de se lancer dans une (1,68 million d’euros) par an. Cette analystes ne peuvent pas publier d’études, ou divul- out, n’a d’ailleurs pas notablement influencé le cours gnent ces professionnels, pour qui politique coûteuse de soutien de la faiblesse est due en grande partie guer publiquement d’avis sur la valeur cotée. Dans le de l’action, qui a progressé de 1,03 % pendant la l’impact de la crise argentine, esti- monnaie, comme elles l’avaient aux retards dans le programme de cas du Crédit agricole, le black-out a ainsi duré du séance. Dans ces conditions, le dispositif de black- mé à 250 millions d’euros au second fait, sans succès, en 1998. privatisation, principal objet des 14 décembre 2001 au 23 janvier 2002, période riche en out, quelle que soit sa raison d’être originelle, risque semestre 2001, serait amorti par des Néanmoins, mercredi 23 jan- investissements étrangers. Les pré- événement financiers, avec, notamment, l’aggrava- d’encourir les mêmes critiques que l’interdiction des reprises sur des « provisions généra- vier, le niveau du rand s’est redres- visions de croissance, (2,2 % en tion de la crise argentine. « L’intérêt d’une période de sondages dans les jours qui précèdent les élections. les » déjà passées. sé suite à des rumeurs indiquant 2001 et 2,3 % en 2002) ont achevé black-out, pour une entreprise qui s’introduit en Bourse, que l’opérateur téléphonique de décourager les investisseurs. c’est de ne pas s’exposer à des commentaires qui pour- A. de T. Adrien de Tricornot Transnet, détenu par l’Etat, avait Les placements sur la Bourse de vendu les dollars acquis lors d’une Johannesburg sont également fai- cession de sa participation dans la bles et ne devraient pas s’amélio- société de téléphonie mobile rer tant que le rand ne se redresse- L’immobilier a du mal à convaincre la Bourse M-Cell. ra pas. La tendance est même aux Pour les économistes, plusieurs retraits des investissements en LE PLACEMENT en redresse- en forte progression, Cocoon a su su doubler son chiffre d’affaires en L’administrateur de biens Foncia facteurs internes ont contribué à portefeuilles. ment judiciaire des maisons mieux vendre que construire et deux ans, à près de 150 millions est l’un des rares à tirer son épingle l’effondrement du rand. Ils citent Non seulement les capitaux n’en- Cocoon, le 13 décembre 2001, a livrer, accumulant des retards qui d’euros en 2001, augmentant son du jeu. Introduit le 6 mai 2001, au notamment l’attentisme, voire la trent pas, mais ils ont tendance à mis un terme à l’aventure de cette ont asséché sa trésorerie. Le départ résultat dans les mêmes propor- cours de 30 euros, son action en tolérance, du gouvernement sud- sortir. Ces dix dernières années, société alsacienne (ex-Caapaction), des dirigeants historiques des socié- tions, à 5,6 millions d’euros. « Nous vaut aujourd’hui 45. Son dirigeant, africain à l’égard du voisin zimba- plusieurs grandes compagnies sud- qui s’était hissée au deuxième rang tés rachetées et des choix de marke- avons toujours réalisé ou dépassé Jacky Lorenzetti, a toujours pris bwéen. Alors que, sous couvert africaines ont quitté le pays et sont des constructeurs de maisons indi- ting dispendieux ont achevé de nos objectifs et la Bourse finira bien soin de se démarquer du secteur de réforme agraire, la violence désormais cotées à Londres, ou viduelles en France. La politique de détériorer les comptes. par s’en apercevoir », espère immobilier en faisant valoir qu’il s’étendait contre les fermiers ont déplacé leur siège à l’étranger. son bouillonnant PDG, Joseph Sca- M. Vandromme. exerce un métier de services, avec blancs du pays, l’Afrique du Sud Résultat, actuellement 40 % des vetta, reposait, côté commercial,     Le scénario est un peu identique la perception d’honoraires de ges- continuait à prôner une « diplo- dividendes versés par des entrepri- sur le concept de « maison intelli- Maisons France Confort, plus dis- pour le promoteur Kaufman tion réguliers, sans lien direct avec matie tranquille ». ses installées en Afrique du Sud gente », avec système d’aspiration crète, affiche de brillants résultats & Broad, introduit en Bourse le la conjoncture. La crise majeure que traverse sortent du pays. intégré, domotique et ordinateur, mais ne parvient pas plus à con- 9 février 2000, au cours de l’Argentine contribue également à et, côté stratégie, sur le rachat de vaincre en Bourse. Le cours de l’ac- 23 euros, dont le titre, fin novem- Isabelle Rey-Lefebvre faire baisser la confiance envers Fabienne Pompey constructeurs régionaux, afin de tion de cette entreprise familiale, bre 2001, évoluait entre 16 et constituer un groupe. fondée en 1919, introduite au 17 euros au moment où son PDG, Pour financer cette croissance, Second Marché, à 16,50 euros, en Guy Nafilian, annonçait une pro- Caapaction avait choisi de s’intro- mai 2000, plafonne aujourd’hui à gression des résultats de 12,3 % duire en Bourse en 1989 et de 14 euros : « Les analystes connais- pour l’exercice 2001, clos le rejoindre le Second Marché en sent mal notre métier », explique 30 novembre. Le cours a progressé décembre 2000. En dépit d’un mar- Patrick Vandromme, son PDG. Ce cahin-caha depuis, pour atteindre ché de la construction de maisons dernier fait valoir que l’entreprise a 18 euros. Wall Street victime d’une arnaque historique

NEW YORK a commencé à exercer la profession de courtier pour de notre correspondant la firme Hambrecht & Quist. Pendant tout ce temps, Après les analystes financiers recommandant les Frank Gruttadauria aurait volé plus de 250 millions actions qu’ils ont en portefeuille et les commissaires de dollars. Personne ne sait s’il s’est enfui avec une aux comptes soupçonnés d’être complices des mal- partie de cet argent ou s’il s’est suicidé, comme le lais- versations de leurs clients, c’est au tour des courtiers se penser aux enquêteurs le ton de sa confession. de Wall Street d’être mis en accusation. L’un d’entre Selon le Wall Street Journal, qui cite des dirigeants eux en tout cas qui, selon le Wall Street Journal du de Lehman, le courtier indélicat aurait conservé à son mercredi 23 janvier, aurait détourné en quinze ans profit au fil des années des sommes de plusieurs des centaines de millions de dollars à son profit et à dizaines de millions de dollars. « Si tous ces chiffres celui de certains de ses clients. Les autorités fédérales sont exacts, il s’agit du plus grand vol d’investisseurs ont ouvert une enquête criminelle concernant Frank individuels par un courtier de l’histoire de Wall Gruttadauria, un employé de 55 ans de la banque Street », explique l’avocat new-yorkais Jacob new-yorkaise Lehman Brothers. Il a disparu, le 11 jan- Zamansky. vier, après avoir envoyé au FBI des aveux décrivant en détail comment il a falsifié les relevés de comptes,     augmentant de millions de dollars la valeur de cer- M. Gruttadauria comptait environ 300 clients for- tains portefeuilles et réduisant les actifs d’autres. tunés, dont une trentaine ont eu leurs relevés de La police fédérale a averti Lehman Brothers la comptes falsifiés. Selon le journal, il prenait de l’ar- semaine dernière. La banque a aussitôt prévenu la gent sur les comptes de ses clients, trafiquait sa SEC (Securities Exchange Commission), le gendarme comptabilité et la gonflait artificiellement avec les des marchés, et l’Association nationale des courtiers montants des portefeuilles de ses clients. La techni- (National Association of Securities Dealers). Lehman que de M. Gruttadauria était apparemment très au Brothers a annoncé son intention de coopérer avec la point. Il avait par exemple ouvert de nombreuses justice. M. Gruttadauria travaillait depuis octo- boîtes postales au nom de certains de ses clients, à bre 2000 pour la banque, dans ses bureaux de Cleve- leur insu, et il y envoyait des relevés de comptes. land (Ohio). Il appartenait auparavant à la société Les malversations de M. Gruttadauria sont res- S. G. Cowan Securities, filiale de la Société générale, tées inaperçues, tant des titulaires de comptes que dont les activités de courtage ont été acquises par des contrôles internes de ses employeurs. Sans son Lehman Brothers. aveu écrit, les détournements auraient peut-être Selon Lehman Brothers, M. Gruttadauria aurait pu se poursuivre encore longtemps. détourné environ 25 millions de dollars depuis octo- bre 2000, et beaucoup plus depuis 1987, époque où il Eric Leser 20/LE MONDE/VENDREDI 25 JANVIER 2002 ENTREPRISES

Coca-Cola et Pepsi bousculent Danone LVMH affecté par la chute sur le marché américain de l’eau des flux touristiques Dannon Water et Evian ont perdu respectivement 10 % et 8 % de leurs volumes en 2001, MALGRÉ trois avertissements sur résul- tat depuis les attentats du 11 septem- PROFITS EN BAISSE au profit des nouvelles marques lancées par les géants des boissons gazeuses bre aux Etats-Unis, le numéro un mon- en millions d'euros dial du luxe, LVMH, avait sous-estimé Chiffre d'affaires LES GÉANTS des colas sont en sur l’eau dans les années 1980, son plongeon. Il a accusé en 2001 une Résultat opérationnel passe de réussir leur pari outre- LES GÉANTS DU COLA À L'OFFENSIVE commercialisant des bouteilles qui chute de 20,3 % de son résultat opéra- 12 200 Atlantique. Selon des chiffres obte- Parts de marchés dans les magasins de détail en % peuvent être consommées au tra- tionnel, à 1,56 milliards d’euros, a-t-il 12 000 nus par le Monde auprès du périodi- vail, en promenade, pendant le estimé mercredi 23 janvier. Or il tablait 2000 2001 que américain Beverage Digest, Pep- repas. Pepsico puis Coca se sont lors de sa dernière prévision sur un 9 000 sico et Coca-cola sont devenus, en Aquafina engoufrés dans la brèche. repli de 10 à 15 % de ce résultat. Le fort 2001, les acteurs majeurs de l’eau 13,5 Les deux géants ont un avantage recul des bénéfices est dû « essentielle- (Pepsi) 6 000 en bouteille aux Etats-Unis. Une 16,3 + 2,8 de taille : ils ont déjà en place des ment à l’impact des événements de sep- bataille de titans dont la première Dasani réseaux de distribution puissants, tembre sur le marché du luxe, avec le 3 000 1 560 victime est le groupe français 6,6 pour leurs autres marques ( Coca, ralentissement brutal et instantané des (Coca-cola) 11,6 Danone, alors que Nestlé résiste. +5 Fanta, Pepsi, Sprite...) qui leur per- voyages qui s’en est suivi », explique le 0 9899 00 01 Pepsico et Coca-cola avaient Evian mettent un accès immédiat au mar- groupe, qui met aussi en cause, « la bais- compris qu’ils ne pourraient 6,4 ché. Danone n’a quand à lui aucun se du yen et la crise argentine ». Source : LVMH (Danone) 4,6 demander aux Américains de boire – 1,8 réseau et, ironie du sort, fait même plus d’une centaine de litres par an Dannon appel à Coca pour distribuer son 7,3 de leurs célèbres boissons sucrées. (Danone) 5,1 eau Evian. Ces déboires n’ont pas EADS pourrait réviser son projet Les deux marques cherchaient – 2,2 échappé aux opérateurs boursiers d’autres breuvages sur lesquelles Polland Spring 8,1 qui, mardi, après la publication du d’alliance avec Finmeccanica miser pour continuer à croître. 7,9 chiffre d’affaires annuel du grou- (Nestlé) – 0,2 C’est désormais chose faite. Sur le pe, ont chahuté le titre à New-York EADS pourrait se retirer du projet d’alliance avec l’italien Finmecani- marché américain de l’eau en bou- Sur un marché de l'eau en bouteille, en croissance de 30 % en volume, Pepsi, le et Paris. ca, affirme le Financial Times du jeudi 24 janvier. Le consortium euro- teille en pleine explosion (6 mil- leader, a gagné 56 %, Coca 125 %. « Il n’y a pas de problème stratégi- péen d’aéronautique estime que les conditions de rapprochement liards de litres vendus, 30 % de crois- Source : Beverage Digest que avec Evian », analyse le groupe. avec Finmeccanica ne peuvent se poursuivre dans la forme négociée il sance en 2001), les performances En revanche, Dannon Water « est y a deux ans, en avril 2000. Les deux entreprises discutent toutefois des deux spécialistes des soft drinks quant à lui, ses positions dans les Le groupe français se retrouve en concurrence frontale avec celles d’un accord plus limité sur les avions de combat. sont éloquentes : Pepsi, avec sa magasins de détail. Des performan- du coup, outre-Atlantique, dans la de Coca et Pepsi », reconnaît-il. Dan- L’accord initial prévoyait des coopérations dans l’aviation civile. Mais marque Aquafina, a augmenté ses ce qui laissent à la traîne les mar- mauvaise position du petit acteur non Water, qui utilise l’eau de onze selon Philippe Camus, le patron d’EADS, les événements du 11 sep- volumes de 56 % sur l’année. Coca- ques du groupe français. L’eau de inventif qui se fait doubler par sources aux Etats-Unis et de quatre tembre ont changé la donne au point que l’accord initial ne serait plus cola, avec son eau Dasani, commen- source Dannon Water a perdu 10 % deux mastodontes. Pendant long- au Canada, pourrait, dans les pro- adapté aux réalités du marché. Cette révision de l’accord avec le ce a combler son retard sur son éter- en volume sur l’année, la marque temps, les Américains ont consom- chains mois, abandonner sa distri- groupe italien relance la bataille pour la maîtrise du marché aéronauti- nel rival et a augmenté ses volumes Evian 8 %. « Dans les magasins, mé majoritairement de l’eau condi- bution nationale pour se concen- que en Europe, en remettant en selle le britannique British Aerospace. de 125 %. En part de marché, Pepsi Danone n’a pas réussi à obtenir tionnée en bonbonnes, au travail trer en priorité sur certaines confirme sa position de leader, assez de place dans les linéaires », ou même à domicile. Danone, régions américaines. qu’il avait acquise en 1999 (Le Mon- analyse John Sicher, rédacteur en avec Evian, a été le premier à Croissance maintenue de du 23 mai 2000). Coca double, chef de Beverage Digest. apporter une approche marketing Laure Belot pour L’Oréal en 2001 MALGRÉ un léger tassement des ven- tes au quatrième trimestre, essentielle- HAUSSE CONTINUE ment lié au ralentissement de l’écono- Chiffre d'affaires mie aux Etats Unis après les attentats en milliards d'euros du 11 septembre, le groupe de cosméti- 14 13,7 ques a annoncé, mercredi 23 janvier, une progression annuelle de son chiffre 13 d’affaires de 8,4 % à 13,7 milliards d’euros en 2 001. 12 La branche cosmétiques, qui fournit l’essentiel des ventes, a augmenté, 11 hors effets monétaires, de 9,1 %, à 13,39 milliards d’euros tandis que la 10 branche dermatologie est en croissan- ce de 10,9 %, à 292 millions d’euros. 9 Dès l’annonce de ces résultats, le titre 98* 99 00 01 a progressé de 1,8 % à 79,90 euros à la Source : L'Oréal * Données pro forma Bourse de Paris.

 a ATOFINA : la branche chimie de TotalfinaElf a présenté, mardi 22 janvier, un plan de restructuration devant le comité central d’en- treprise qui prévoit plus de 500 suppressions d’emplois sur un effectif de 11 500 salariés. Le site de Carling (Moselle) serait le plus affecté avec la suppression de 302 emplois. a RAYTHEON : le groupe de défense et d’aéronautique américain a enregistré une perte nette de 106 millions de dollars au quatriè- me trimestre 2001, en raison de la faiblesse du marché de l’aviation civile. Le groupe a ajusté à la baisse ses prévisions pour 2002. a HONDA : le constructeur automobile japonais a enregistré une hausse de 12,8 % de ses ventes au Japon en 2001, tandis que celles de Nissan ont légèrement augmenté (+ 0,3 %) et celles du premier constructeur automobile japonais Toyota baissé de 3,2 %, ont annon- cé jeudi ces constructeurs. a ELCO BRANDT : le nouveau groupe français d’électroménager, issu de la reprise de Brandt par le groupe israélien Elco, a indiqué mercredi qu’il pourrait prolonger le contrat de sous-traitance concer- nant les 490 emplois non repris dans de Lesquin (Nord) « pour une reconversion du site la plus souple possible », a déclaré le président d’El- co Europe, Nicolas De Gregorio. Initialement ce contrat était de neuf mois.  a VOYAGES-SNCF.COM : l’agence de voyages en ligne de la SNCF et du voyagiste américain en ligne Expedia.com, numéro un du commerce électronique en France, a réalisé en 2001 un chiffre d’af- faires en hausse de 78 % à 162,3 millions d’euros. Par ailleurs, Guillau- me Pepy, directeur général délégué clientèle de la SNCF, a été nommé président du site. a AIR LIB : le tribunal de commerce de Créteil a attribué, mardi 22 janvier, à la compagnie aérienne Air Lib les 7,6 millions d’euros versés par Swissair aux administrateurs d’AOM et Air Liberté en août 2001. Air Lib était en conflit sur ce sujet avec les administrateurs judi- ciaires de ces deux sociétés depuis le mois d’août. a GALERIES LAFAYETTE : le groupe de grands magasins a enregis- tré une progression significative de son chiffre d’affaires. Le copré- sident des Galeries, Philippe Lemoine, a toutefois déclaré, dans un entretien accordé à la chaîne d’information financière Bloomberg TV : « Nous ne sommes pas sûrs d’atteindre l’objectif [de résultat net] que nous nous étions fixé, c’est-à-dire une progression à deux chiffres. » a CARRÉ BLANC : le distributeur de linge de maison a annoncé, mardi, l’ouverture de 166 points de vente à l’horizon 2005. Le grou- pe, propriété du groupe de capital développement 3I, veut ainsi dou- bler sa part de marché en France en passant de 2 à 4 %. Carré Blanc devrait compter au total 350 magasins dont une centaine à l’étranger.  a CLEARSTREAM : l’UBS, première banque suisse et importante cliente de Clearstream, société de compensation basée à Luxem- bourg, menace d’en retirer ses fonds si la Bourse allemande, qui détient 50 % de Clearstream, en devient actionnaire à 100 %. UBS est déçu que « Clearstream ait abandonné ses discussions avec Euroclear », la société de compensation concurrente, basée à Bruxelles. Clears- tream est sous le coup d’une enquête judiciaire. a MERRILL LYNCH : la banque d’affaires américaine a enregistré une perte nette de 1,26 milliard de dollars au quatrième trimestre de 2001, essentiellement à cause d’une charge de restructuration de 1,7 milliard de dollars et des coûts des attentats du 11 septembre. Sur 2001, Merrill Lynch affiche un résultat net en baisse de 85 %. LE MONDE/VENDREDI 25 JANVIER 2002/21 COMMUNICATION

Le tribunal de Le volcan du Pariou peut être photographié grande instance de Clermont-Ferrand a estimé que la photo du puy du Pariou Six associations propriétaires du site auvergnat, qui estimaient qu’une photographie du paysage pouvait être « librement utilisée », portait atteinte à leur droit de propriété, ont été déboutées. Ce jugement rassure les professionnels étant celle « d’un paysage emblématique sujet LE PROCÈS était très attendu et dédommagement. Dans ses atten- me enfin que la revendication des Pour ce dernier, la notion de « trou- de nombreuses son dénouement va soulager les dus, le tribunal explique que «le propriétaires « porte atteinte à la ble certain », en usage dans les photographies professionnels de l’image, notam- droit de propriété d’un bien meuble liberté fondamentale d’expression années 1950-1970, puis tombée en largement diffusées ment les photographes, agences ou immeuble exposé à la vue de tous garantie par la Constitution et par désuétude, devrait mettre fin à à des fins culturelles, photo et éditeurs de cartes postales. n’emporte pas en lui-même pour la Convention européenne des « des revendications abusives ». touristiques, Il s’agit en effet du premier conflit son titulaire le droit de s’opposer à droits de l’homme ». M. Ducrey ajoute que la liberté scientifiques ou de de droit à l’image à propos d’une l’exploitation commerciale de l’ima- Joël Damase (agence Photonon- d’expression s’impose, alors publicité, le puy du vue aérienne d’un paysage vierge ge de ce bien obtenue sans fraude si stop), l’auteur de la photo, se dit même que la photo est utilisée Pariou faisant partie – les sommets du Pariou et du puy l’exploitation qui en est faite ne por- « très content » de cette décision. pour une campagne de publicité. d’un ensemble inscrit de Dôme. Le tribunal de grande ins- te pas un trouble certain au droit « Une issue contraire aurait porté Cette décision reprend des argu- à l’inventaire des tance de Clermont-Ferrand a un coup dur à la photo d’illustra- ments avancés par le tribunal de sites pittoresques débouté, mercredi 23 janvier, six tion. » Les responsables d’agences grande instance de Paris, dans un du Puy-de-Dôme ». associations de propriétaires du Il s’agit du premier photo trouvent déterminant jugement du 8 octobre 2001. Le pro- Cette photo de Joël Pariou – très visité et photographié d’avoir obtenu une décision sur le priétaire de la tour Bonneville, à Vil- Damase a servi à cause de son cratère bien dessiné conflit de droit fond. En effet, la plupart des pro- leneuve-sur-Yonne (Yonne), pour- pour une campagne – qui estimaient que l’utilisation priétaires du Pariou – ils sont une suivait un éditeur qui commerciali- publicitaire commerciale de cette image, sous à l’image à propos bonne centaine – ont été sait une carte postale représentant de Casino. forme d’affiches de 4 × 3 mètres, déboutés parce qu’ils étaient repré- le site. Le tribunal affirmait que, dès / par l’hypermarché Géant (groupe d’une vue aérienne sentés par des associations qui lors qu’un bien « est exposé à la vue Casino) constituait une atteinte à n’avaient pas « qualité pour agir au de tous », un propriétaire « ne peut 25 mars 2000. Ce site est large- photo ou revendiquent un droit leur droit de propriété. d’un paysage vierge lieu et place des personnes physi- s’opposer à l’exploitation de l’image ment reproduit sur des étiquettes d’auteur sur un immeuble, un Les propriétaires du Pariou invo- ques détentrices du droit de proprié- de ce bien », sauf si cette exploita- de Volvic, des dépliants et guides, bateau, un monument, une archi- quaient aussi « un trouble de jouis- té » ; une seule association a été tion est « abusive et préjudiciable ». des affiches politiques et des publi- tecture emblématique. La dernière sance » provoqué par une « surfré- d’usage et de jouissance du proprié- reconnue comme pouvant invo- « Le bon sens auvergnat n’a pas cités pour Michelin. affaire retentissante est celle de quentation » du site qui entraîne- taire ». Le tribunal ajoute que «ce quer un droit de propriété. permis que l’on batte monnaie avec L’affaire du Pariou a provoqué deux femmes catholiques photo- rait « une dégradation de celui-ci et paysage emblématique, sujet de Gérard Ducrey, avocat de des arguments qui n’étaient que des depuis trois ans une large mobilisa- graphiées en train de prier durant une gêne d’accès pour ses légitimes nombreuses photographies large- l’Union professionnelle de la carte arguties », dit Gérard Ducrey, qui tion des professionnels de la pho- les Journées mondiales de la jeu- propriétaires ». Ils demandaient au ment diffusées à des fins culturelles, postale, partie prenante dans ce craignait que l’on ne puisse plus to alors que les contentieux sur le nesse et qui ont attaqué le cliché tribunal de condamner solidaire- scientifiques, touristiques ou de procès, affirme que cette décision « que photographier la mer ».Le droit à l’image se multiplient. publié par L’Express (Le Monde du ment trois sociétés assignées (Casi- publicité, fait partie d’un ensemble « signifie que la jurisprudence Pariou est devenu le cheval de Nombre de particuliers deman- 23 janvier). no, l’agence photo et l’agence de inscrit à l’inventaire des sites pitto- revient à son point d’équilibre après bataille de photographes qui dent des dommages et intérêts publicité) à verser 28 965 euros en resques du Puy-de-Dôme ». Il affir- une série de décisions aberrantes ». avaient manifesté sur le volcan le quand ils se reconnaissent sur une Michel Guerrin Les clubs de football se cherchent une stratégie sur Internet

MARDI 22 JANVIER,à21h45 Les clubs français cherchent des GMT, se terminait le match de foot- parades. Les matches de certaines ball de première division anglaise coupes européennes (UEFA et entre deux des favoris, Manchester Intertoto) n’étant pas soumis aux United et Liverpool. Deux heures règles de la LNF, le club de Nantes et quart plus tard, après la retrans- a pu diffuser sur son site un match mission en direct à la télévision, les en novembre 2000, tandis que la internautes du monde entier pou- chaîne Eurosport (groupe TF1) a vaient se connecter sur les sites des retransmis sur son site, en août deux clubs pour visionner l’intégra- 2001, une rencontre du Paris-Saint- lité de la rencontre. A condition, Germain, qu’elle diffusait simulta- toutefois, de payer la somme de nément à la télévision. Deux ex- 2,99 livres (4,8 euros), à moins périences non-payantes destinées d’être déjà abonné à l’un des sites. avant tout à tester le marché et la Présenté comme une expérien- technologie. ce, cet événement, l’un des pre- Les clubs s’emploient également miers du genre au monde dans le à enrichir leurs sites, pour commen- domaine du football, reflète la cer à rentabiliser les investisse- volonté des clubs professionnels ments réalisés. « La logique consis- d’exploiter leur image et leurs pres- tant à faire payer est légitime quand tations sur le nouveau vecteur on voit le coût des services rendus. qu’est Internet. Responsable de Mais il ne faut pas le faire pour un liverpoolfc.tv, le site des « Reds », contenu qui, avant, était gratuit : Stephen Michael reste muet quant il faut fortement enrichir l’offre », au nombre d’internautes ayant jus- avertit Xavier Mouly, patron de la qu’à présent payé pour voir, en division Internet de Havas Adverti- différé, la défaite de Manchester sing Sports, qui s’occupe des sites (0-1), alors que le match était de l’Olympique de Marseille, de retransmis dans de nombreux Metz et de Bastia. Cette offre, dit- pays, dont la France (sur Canal+). il, sera enrichie en juin sur le site de l’OM. Moyennant une somme qui pourrait être inférieure à Le haut débit 50 francs (7,6 euros) par mois, un supporteur pourra avoir accès à est nécessaire pour des simulations en trois dimen- sions des buts et d’extraits de les retransmissions match, à des vidéos de l’entraîne- ment, de l’avant-match et d’inter- de matches sur le Web views « intimes » de joueurs, ainsi qu’à une adresse de courriel au nom du club (par exemple, jean Il estime néanmoins qu’il existe un durand@olympiquedemarseille marché pour ce genre de diffusion, .com), etc. tant la notoriété des deux clubs « Beaucoup de sites sont sortis en question est grande au niveau depuis deux ans, mais il n’existe pas mondial. de ligne éditoriale commune entre L’avenir des retransmissions sur eux, alors que les clubs participent Internet passe par le développe- au même championnat », regrette ment du haut débit, condition sine Patrick Escande, directeur édito- qua non pour la réception, sur ordi- rial de CanalNumedia (groupe nateur, d’images de bonne qualité. Vivendi Universal), qui s’occupe Il faudra aussi franchir l’obstacle notamment des sites de Lens, Nan- des droits, qui diffèrent d’un pays tes, Lyon et Auxerre. Cette société, à l’autre. En Angleterre, les clubs dit-il, discute avec ses concurrents peuvent exploiter les images des en vue de mutualiser les coûts, de rencontres qu’ils disputent et se créer une régie publicitaire com- répartissent entre eux les revenus mune et de « fabriquer un produit qu’ils tirent des diffuseurs. Cela global ». vaut aussi pour Internet, même si « Le site est un support qui s’addi- ce secteur est loin d’avoir prouvé tionne à la politique de communi- sa rentabilité. Le régime est diffé- cation des clubs, c’est le meilleur rent en France : les droits y sont support pour eux : ils peuvent le détenus par la Ligue nationale de contrôler de A à Z et il est accessible football (LNF), qui négocie avec 24 heures sur 24 », note Laurent les télévisions et répartit les recet- Trupiano, directeur de la rédaction tes de façon équitable entre les du site d’information sport24.fr. clubs professionnels. Mais la question de la rentabilité Ceux-ci ont été autorisés, en ce restera sans doute longtemps en qui concerne Internet, à diffuser suspens. « Les gens ont déjà une sur leurs sites respectifs un extrait telle offre télévisée, avec des ca- de deux minutes d’un match de méras partout dans le stade et des championnat, à condition qu’il ne interviews aussitôt après la fin des soit en ligne que vingt-quatre heu- matches », fait remarquer Hugues res après la fin de la rencontre, et Dangy, cofondateur d’Athleteline, pour une durée limitée. Les clubs qui réalise des sites pour des spor- revendiquent aujourd’hui de pou- tifs de haut niveau. voir exploiter leurs images comme ils l’entendent. La LNF s’y oppose. Antoine Jacob 22/LE MONDE/VENDREDI 25 JANVIER 2002 LA TENDANCE FINANCIÈRE

Prises de bénéfice Dans la gueule du Dow à la Bourse de Buenos Aires

L’INDICE MERVAL de la Bour- donc été enregistrées depuis deux LA CHRONIQUE DES MARCHÉS se de Buenos Aires a perdu 1,57 %, jours. De plus, la stabilisation du mercredi 23 janvier, s’établissant à peso argentin, soutenu par une 438,89 points, après s’être replié intervention de la Banque centrale POUR LES GROUPES européens, se faire mais de plus d’une centaine de personnes, ainsi de 5,24 % mardi. Depuis sa réou- argentine, autour du cours de coter à New York représente une sorte de consé- L'ACTION DANONE À NEW YORK que Bayer l’a lui-même reconnu, d’aucuns juge- verture, jeudi 17 janvier, après huit 1,85 peso pour 1 dollar, n’aurait cration, de certificat de bonne gestion à l’anglo- en dollars ront la démarche osée. D’autant que le retrait séances d’arrêt forcé liées à la pas incité à de nouveaux achats saxonne. Une arme à double tranchant. Car 28 du marché mondial du Lipobay, qui a valu au crise, l’indice argentin a enregistré d’actions monnayables en devises l’aventure américaine peut aussi tourner au cau- groupe la première perte trimestrielle de son his- une hausse de 27,87 %. Il a ainsi étrangères. chemar pour peu que les objectifs annoncés lors 26 toire en novembre 2001, devrait peser pour Le 23 janvier 23,25 $ plus que doublé en moins de deux A New York, dans un mouve- de l’introduction ne se confirment pas. 800 millions d’euros sur le résultat opérationnel mois – il cotait 200 points à la fin ment de balancier, les valeurs tech- 24 en 2001. novembre 2001 –, au fur et à me- nologiques ont fortement rebondi, D  ’A ’ Mais Manfred Schneider, le président du direc- sure de la détérioration de la situa- à la suite d’« une chasse aux bonnes Danone avait pris le chemin de Wall Street, en 22 toire du groupe, est manifestement décidé à tion économique, politique et affaires ». Ces dernières semaines, novembre 1997, « pour donner une plus grande JAS ONDJ jouer la transparence face aux marchés. Après 2001 02 financière du pays. la morosité avait été entretenue visibilité » au groupe et à sa marque-phare sur le Source : Bloomberg tout, Bayer, avec sa célébrissime aspirine, ne fait- Véhicules de la fuite des capi- par les commentaires pessimistes marché américain, affirmait alors Franck il pas partie du quotidien des Américains depuis taux en raison de leur double cota- émis par Intel, Microsoft ou Nokia Riboud, le PDG du numéro un français de l’ali- 1899 ? Il espère peut-être aussi que les Améri- tion à Buenos Aires et à New York, sur leur secteur. L’indice Nasdaq, mentaire. Il s’agissait moins de lever des fonds cains sauront se souvenir que son anti-infec- les grandes valeurs du marché ar- riche en valeurs de technologie, a en vue d’opérations de croissance externe que cidé de faire de l’eau leur nouveau cheval de tieux Cipro fut, durant quelques semaines au len- gentin ont bénéficié, ces dernières progressé mercredi de 2,12 %, à de se faire reconnaître des investisseurs aux bataille. Et c’est essentiellement au détriment demain des attentats du 11 septembre, leur seul semaines, du report des capitaux 1 922,38 points. Mais l’indice Dow Etats-Unis, après s’y être fait connaître des des eaux de Danone qu’ils ont construit le suc- espoir face aux alertes terroristes à la maladie fuyant les banques et les obliga- Jones, plus diversifié, a limité sa consommateurs, avec les yaourts et les eaux cès de leurs marques Dasani et Aquafina, com- du charbon. Même si le boom des ventes de tions d’Etat. Après leur forte haus- progression à 0,18 %, s’inscrivant à minérales vendus sous la marque Dannon. me le relève l’enquête du Monde (lire page 20). Cipro n’a pas compensé la chute de chiffre d’af- se, des prises de bénéfice auraient 9 730,96 points. A Paris, l’indice M. Riboud, dont l’ambition est de faire de Da- Danone n’est pas encore bouté hors des Etats- faires consécutive au retrait du Lipobay. CAC 40 est resté stable, mercredi, none la troisième marque mondiale de produits Unis. Mais M. Riboud va devoir se battre pour Après l’année noire 2001, M. Schneider a s’appréciant symboliquement de alimentaires, voulait « étalonner » son groupe à prouver le bien-fondé de sa stratégie améri- déclaré mardi qu’il tablait sur un bénéfice net INDICE MERVAL 0,09 %, à 4 450,81 points. La Bour- l’aune de ses concurrents américains. Il a, à cet caine. Le parcours boursier du groupe à Wall supérieur à 1 milliard d’euros en 2002. L’intro- En points à Buenos Aires se de Francfort s’est singularisée effet, retaillé l’entreprise pour la faire entrer Street reflète les incertitudes relatives à l’issue duction à New York, sous forme d’ADS (Ameri- en enregistrant une forte hausse dans la grille d’exigences des investisseurs, de la bataille autant que celles de la conjonc- can Depositary Shares), vise à accroître la pré- 500 Le 23 janv. 432,93 du Dax, qui a gagné 2,32 %, mercre- cédant les activités les moins rentables, restruc- ture. Le titre coté outre-Atlantique a traversé en sence des actionnaires américains dans le capi- 450 di, à 5 163,03 points. Les bonnes turant la branche biscuits LU, avec l’éclat média- dents de scie l’année 2001, revenant à 23,25 dol- tal, dont ils ne détiennent que 8 %, alors que perspectives de l’éditeur de logi- tique que l’on sait, le tout de façon à maintenir lars mercredi 22 janvier, soit très exactement Bayer réalise un tiers de ses ventes aux Etats- 400 ciels SAP se sont conjuguées à des la marge opérationnelle du groupe à un taux 25 % de moins que son cours d’émission. Unis. Le groupe entend financer le développe- 350 résultats trimestriels meilleurs que supérieur à 9 % du chiffre d’affaires. ment de ses prochaines divisions ou faciliter prévu de Siemens. A Tokyo, le Nik- Quatre ans après, la réussite de l’offensive du B    leurs alliances, notamment dans la pharmacie. 300 kei a légèrement rebondi, jeudi, groupe français est réelle sur les produits frais. Le groupe pharmaceutique allemand Bayer a, Bayer prévoit de faire, à partir de janvier 2003, 250 gagnant 0,33 %, à 10 074,05 points. En revanche, Dannon Water, qui fut un temps la lui, délibérément choisi de se mettre dans la ce qu’avait fait le suisse Sandoz, il y a dix ans, en Les valeurs technologiques ont sui- première marque d’eau en bouteilles dans les gueule du loup, en s’introduisant à la Bourse de filialisant ses activités en quatre activités : phar- 200 vi la tendance imprimée la veille rayons des supermarchés américains, a suscité New York jeudi 24 janvier. Six mois après l’af- macie, chimie, agrochimie, plastiques. 150 par le Nasdaq américain. des convoitises. Et pas de la part de n’importe faire de son anticholestérol Lipobay, soupçonné JSONDJA qui : les géants Coca-Cola et Pepsi-Cola, qui d’avoir provoqué la mort non pas de cinquante- Pascal Galinier 2001 02 Source : Bloomberg Adrien de Tricornot plafonnent dans les boissons gazeuses, ont dé- deux personnes, comme annoncé initialement, et Véronique Lorelle

Pays Indice Dernier %var. Maxi Mini PER Pays Indice Dernier %var. Maxi Mini PER LES BOURSES DANS LE MONDE 24/1, 10h06 cours 2002 2002 cours 2002 2002 Pays Indice Dernier %var. Maxi Mini PER ROYAUME-UNI FTSE 100 index 5210,00 24/1 0,57 5323,80 4/1 5113,50 14/1 16,78 cours 2002 2002 ASIE-OCÉANIE FTSE techMark 100 index 1418,10 24/1 1,16 1552,00 4/1 1401,80 23/1 AUSTRALIE All ordinaries 3371,90 24/1 0,24 3385,30 7/1 3331,20 18/1 16,07 SUÈDE OMX 792,95 24/1 0,38 869,45 4/1 784,45 21/1 20,80 UNION EUROPÉENNE CHINE ShanghaÏ B 137,21 24/1 -0,02 169,02 4/1 131,53 22/1 ALLEMAGNE DAX Index 5166,62 24/1 0,07 5318,73 4/1 4984,20 16/1 21,64 EUROPE Shenzhen B 1318,45 24/1 0,31 1553,20 7/1 1245,23 22/1 9,71 Euro Neu Markt Price IX 1124,03 24/1 0,34 1205,43 9/1 1093,15 16/1 HONGRIE Bux 8004,83 24/1 0,25 7985,19 23/1 7123,33 2/1 10,26 CORÉE DU SUD Composite 757,71 24/1 2,03 757,71 24/1 708,47 18/1 AUTRICHE Austria traded 1151,72 24/1 -0,02 1153,27 22/1 1114,42 9/1 11,30 ISLANDE ICEX 15 1234,21 24/1 0,00 1255,17 18/1 1148,47 3/1 HONGKONG Hang Seng 10741,46 24/1 -0,19 11892,64 7/1 10762,14 23/1 BELGIQUE Bel 20 2788,02 24/1 0,61 2771,03 23/1 2622,36 14/1 13,31 POLOGNE WSE Wig 15988,36 24/1 -0,20 16141,35 22/1 13995,24 2/1 11,72 All ordinaries 4665,50 24/1 -0,15 5097,20 7/1 4672,46 23/1 DANEMARK Horsens Bnex 262,59 24/1 0,64 272,94 3/1 260,37 16/1 16,13 RÉP. TCHÈQUE Exchange PX 50 418,40 24/1 0,38 417,80 22/1 387,80 2/1 11,33 INDE Bombay SE 30 3364,23 24/1 -0,26 3437,78 8/1 3246,15 1/1 ESPAGNE Ibex 35 8075,70 24/1 -0,03 8554,70 3/1 7800,30 14/1 15,25 RUSSIE RTS 291,37 24/1 -1,55 301,45 22/1 267,70 3/1 1,45 ISRAËL Tel Aviv 100 437,36 24/1 0,68 470,05 6/1 434,41 23/1 FINLANDE Hex General 8146,32 24/1 1,90 9036,08 4/1 7902,93 21/1 20,55 SUISSE Swiss market 6347,00 24/1 0,59 6416,40 11/1 6231,10 21/1 16,71 JAPON Nikkei 225 10074,05 24/1 0,33 10942,36 7/1 10040,91 23/1 27,72 FRANCE CAC 40 4486,45 24/1 0,80 4682,79 4/1 4423,80 21/1 18,46 TURQUIE National 100 12979,66 24/1 0,54 14999,51 7/1 12629,37 21/1 Topix 980,44 24/1 0,54 1055,14 7/1 975,20 23/1 Mid CAC 2032,19 23/1 -0,21 2051,78 11/1 1939,27 2/1 12,47 AMÉRIQUES MALAISIE KL composite 685,95 24/1 -0,38 704,99 10/1 682,83 2/1 SBF 120 3102,23 24/1 0,72 3224,08 4/1 3063,56 21/1 18,02 ARGENTINE Merval 438,89 23/1 -1,57 470,55 21/1 323,69 2/1 6,70 NOUVELLE-ZÉLANDE All ordinar. 763,22 24/1 0,68 763,22 24/1 742,00 3/1 SBF 250 2900,53 23/1 0,02 3028,35 4/1 2885,40 21/1 17,72 BRÉSIL Bovespa 13232,14 23/1 1,75 14378,59 7/1 13003,93 22/1 SINGAPOUR Straits Times 1662,98 24/1 -0,20 1731,52 14/1 1625,69 2/1 17,67 Indice second marché 2355,34 23/1 0,08 2377,35 11/1 2299,52 2/1 13,12 CANADA TSE 300 7598,45 23/1 0,52 7870,25 7/1 7559,29 22/1 TAÏWAN Weighted 5801,92 24/1 0,56 5871,28 10/1 5488,33 16/1 Indice nouveau marché 1104,99 24/1 0,74 1170,00 7/1 1086,98 21/1 CHILI Ipsa 96,66 23/1 -0,02 101,71 4/1 96,18 16/1 6,88 THAÏLANDE Thaï SE 333,76 24/1 2,09 326,92 23/1 305,19 2/1 GRÈCE ASE Général 2610,95 24/1 0,52 2646,38 4/1 2502,18 16/1 15,44 ÉTATS-UNIS Dow Jones ind. 9730,96 23/1 0,18 10259,74 4/1 9712,27 16/1 20,48 AFRIQUE IRLANDE Irish Overall 5525,24 24/1 0,19 5665,18 7/1 5488,78 21/1 11,93 Nasdaq composite 1922,38 23/1 2,12 2059,38 4/1 1882,53 22/1 AFRIQUE DU SUD All shares 10361,50 24/1 0,19 10900,30 11/1 10341,70 23/1 9,86 ITALIE Milan Mib30 31745,00 24/1 0,27 32622,00 3/1 31244,00 16/1 Nasdaq 100 1549,21 23/1 3,16 1675,03 4/1 1501,78 22/1 41,25 CÔTE D'IVOIRE BVRM 74,91 23/1 -0,03 77,39 2/1 74,91 23/1 LUXEMBOURG LuxX Index 1141,17 23/1 -1,31 1169,48 14/1 1115,25 3/1 9,06 Wilshire 5000 10522,08 23/1 0,93 10932,32 4/1 10425,14 22/1 PAYS-BAS Amster. Exc. Index 496,34 24/1 0,77 503,85 3/1 487,96 14/1 16,11 Standard & Poor's 500 1128,18 23/1 0,79 1172,51 4/1 1119,31 22/1 22,90 PER - Price Earning Ratio (ou ratio cours/bénéfice) : bénéfice par action estimé pour l’exercice courant, divisé par le cours de Bourse. PORTUGAL PSI 30 7775,13 23/1 -1,31 7958,46 4/1 7606,60 14/1 15,67 MEXIQUE IPC 6782,78 23/1 2,92 6782,78 23/1 6388,27 14/1 Estimations de bénéfices : société d’informations financières Multex . n/d : valeur non disponible.

EUROPE JEUDI 24 JANVIER 10h06 FRANCFORT TOKYO NEW YORK INDICES CARREFOUR...... FR...... 57,30...... 0,26 23/1 : 247 millions de titres échangés 24/1 : 755 millions de titres échangés Séance du 23/1 Philip Morris ...... 49,70...... 2,22 SECTEURS EURO STOXX DAIMLERCHRYSLER...... AL...... 46,80 .....-0,02 Valeur Cours de clôture %var. Valeur Cours de clôture %var. NYSE Procter & Gamble...... 78,60 ...... -1,03 Indice % var. DEUTSCHE BANK N ...... AL...... 76,79...... 0,12 SBC Comm...... 36,33...... 2,14 Meilleures performances Meilleures performances 1 445 millions de titres échangés AUTOMOBILE ...... 216,80...... 0,03 DT TELEKOM N...... AL...... 17,90 .....-0,78 TOYS INTL COM...... 0,07 ...... 40,00 TESAC CORP ...... 34,00 ...... 21,43 Valeur Cours de clôture %var. Rexas Instruments...... 26,00...... 0,97 BANQUES...... 361,83...... 0,43 E.ON AG...... AL...... 59,02 .....-0,72 United Technologies ...... 64,20 ...... -0,85 CYBERNET INTERN...... 0,57 ...... 21,28 NIP CARBIDE INDS ...... 80,00 ...... 21,21 3M ...... 107,46...... 0,98 PRODUITS DE BASE ...... 260,04...... 0,94 ENDESA...... ES...... 16,91...... 0,06 Wal Mart Stores...... 59,86...... 3,19 ARTWORK SYSTEMS ...... 6,37 ...... 13,35 TOKIMEC INC ...... 86,00 ...... 16,22 AIG...... 77,20 ...... -2,34 CHIMIE...... 286,37...... 0,53 ENEL ...... IT ...... 6,44...... 0,25 Walt Disney ...... 21,41...... 1,42 WWL INTERNET ...... 1,20 ...... 13,21 TOYO DENKI SEIZO ...... 86,00 ...... 14,67 ALCOA ...... 35,00...... 3,09 TÉLÉCOMMUNICATIONS ...... 318,10...... 0,75 ENI ...... IT...... 14,84 .....-0,56 EM TV & MERCHAND...... 2,17 ...... 13,02 NIP PISTON RING ...... 81,00 ...... 14,08 America Online ...... 28,80...... 1,41 NASDAQ CONSTRUCTION...... 204,88...... 0,23 FORTIS ...... NL...... 27,27...... 0,29 ESCOM AG...... 0,09 ...... 12,50 RHYTHM WATCH...... 106,00 ...... 12,77 America Express...... 36,45 ...... -2,10 1 874 millions de titres échangés CONSOMMATION CYCLIQUE...... 147,88...... 0,98 FRANCE TELECOM...... FR...... 39,35...... 0,90 HIT INTL TRADING ...... 26,50 ...... 10,42 KANTO SPL STEEL...... 48,00 ...... 11,63 ATT ...... 18,10 ...... -0,17 Valeur Cours de clôture %var. PHARMACIE...... 442,53...... 0,17 DANONE ...... FR...... 132,30...... 0,30 Plus mauvaises performances Plus mauvaises performances Boeing...... 39,33 ...... -1,13 Altera Corporation...... 23,22...... 5,55 ÉNERGIE ...... 331,56...... 0,42 ING GROEP...... NL...... 28,83...... 1,33 ENRON CORP...... 0,40...... -20,00 YUKEN KOGYO...... 138,00...... -20,69 Bristol Myers...... 49,38...... 1,08 Amazon.com Inc...... 12,47 ...... -1,03 SERVICES FINANCIERS...... 283,05...... 0,39 L OREAL...... FR...... 79,15...... 1,21 INTEGRATED DVC...... 29,37...... -16,80 NIPPON CONVEYOR...... 62,00...... -19,48 Caterpillar ...... 48,76...... 1,20 Amgen Inc...... 58,46...... 4,28 ALIMENTATION ET BOISSON ...... 239,22 .....-0,10 L.V.M.H...... FR...... 46,35...... 3,00 WUENSCHE AG...... 0,18...... -14,29 TOYO CORP...... 1520,00...... -12,54 Citigroup...... 49,50...... 0,61 Applied Materials Inc...... 41,24...... 4,43 BIENS D'ÉQUIPEMENT ...... 233,91...... 0,32 MUENCH. RUECK N ...... AL...... 283,60...... 0,22 DINO ENTERTAIN...... 2,15...... -14,00 NITTO SEIMO ...... 70,00...... -12,50 Coca Cola...... 44,78 ...... -2,44 Bed Bath & Beyond...... 32,25...... 4,37 ASSURANCES...... 312,93...... 0,30 NOKIA ...... FI...... 25,21...... 2,90 EDEL MUSIC...... 0,62...... -13,89 MIYAKOSHI CORP ...... 120,00...... -11,76 Colgate ...... 56,30 ...... -0,48 Cisco Systems, Inc...... 18,93...... 4,82 MEDIAS ...... 287,52...... 1,16 PHILIPS KON ...... NL...... 31,17...... 2,06 HIGHLIGHT CMS DZ...... 3,41...... -13,67 FURUKAWA...... 108,00...... -10,74 Compaq ...... 11,37...... 3,93 Comcast Corporation ...... 35,49 ...... -0,22 BIENS DE CONSOMMATION...... 279,50...... 0,20 PINAULT-PR RED...... FR...... 122,70...... 0,16 BROKAT AG ...... 0,07...... -12,50 SANKYU...... 106,00...... -10,17 Dow Chemical ...... 26,51...... 0,42 Concord EFS, Inc...... 31,08...... 0,58 COMMERCE ET DISTRIBUTION.....242,55...... 0,11 REPSOL YPF ...... ES...... 13,11 .....-0,30 Du Pont...... 41,27...... 2,05 Dell Computer Corporation ...... 26,68 ...... -0,07 HAUTE TECHNOLOGIE ...... 401,92...... 2,06 ROYAL DUTCH...... NL...... 55,60...... 1,55 Eastman Kodak ...... 26,50...... 1,45 eBay Inc...... 59,09 ...... -0,61 SERVICES COLLECTIFS ...... 271,99 .....-0,08 RWE ST A...... AL...... 43,46...... 0,25 Endesa...... 14,86 ...... -0,13 Flextronics Inter. Ltd ...... 23,72...... 8,86 SAINT-GOBAIN ...... FR...... 164,80 .....-0,66 LONDRES PARIS Exxon Mobil...... 38,90...... 2,31 Gemstar...... 19,27 ...... -3,94 SAN PAOLO-IMI...... IT...... 11,15...... 0,22 LES 50 VALEURS DE L'EURO STOXX 23/1 : 2 074 millions de titres échangés 23/1 : 118 millions de titres échangés Ford Motor...... 14,54...... 0,76 Genzyme general...... 51,05...... 2,47 SANOFI-SYNTHELAB ...... FR...... 80,30 .....-1,83 Code Cours % var. Valeur Cours de clôture %var. Valeur Cours de clôture %var. General Electric ...... 25,39 ...... -0,74 Immunex Corporation ...... 29,07...... 4,87 SIEMENS N ...... AL...... 71,10...... 0,65 pays /préc. Meilleures performances Meilleures performances General Motors ...... 48,72...... 0,41 Intel Corporation ...... 32,45...... 2,37 SOCIETE GENERALE...... FR...... 67,95...... 0,97 ABN AMRO HLDGS...... NL...... 20,27...... 0,40 EURO GRWTH CAP...... 3,00.....100,00 ARBEL ...... 3,59 ...... 11,49 Gillette...... 31,78 ...... -0,06 Intuit Inc...... 39,99...... 5,10 SUEZ...... FR...... 32,72 .....-0,30 AEGON NV...... NL...... 27,56...... 0,47 QUILTER GLBL EN ...... 10,50 ...... 90,91 BHP BILLITON PLC ...... 5,83...... 5,42 Hewlett Packard ...... 22,16...... 1,60 JDS Uniphase Corporation ...... 7,86...... 1,95 TELECOM ITALIA...... IT ...... 9,29...... 0,03 AHOLD KON...... NL...... 29,82...... 0,78 TEA PLANT INV WT ...... 1,25 ...... 66,67 VOLKSWAGEN ...... 52,25...... 5,32 Home Depot ...... 48,52...... 0,04 Linear Technology...... 39,61...... 1,88 TELEFONICA...... ES...... 14,26...... 0,42 AIR LIQUIDE...... FR...... 156,70...... 1,10 SMITH WH PRF...... 60,00 ...... 44,58 TRADER.COM ...... 7,03...... 5,24 Honeywell ...... 29,50...... 0,00 Maxim Int. Products, Inc...... 54,35...... 4,50 TIM ...... IT ...... 5,73...... 0,58 ALCATEL...... FR...... 17,26...... 3,35 GUANGDONG DEV FD...... 0,38 ...... 31,58 SEAT PAGINE...... 0,85...... 4,94 IBM...... 107,90 ...... -2,35 Microsoft Corporation ...... 63,74 ...... -1,12 TOTAL FINA ELF ...... FR...... 157,60 .....-0,13 ALLIANZ AG...... AL...... 269,75 .....-0,46 BLUE CHIP VAL WT...... 6,50 ...... 30,00 SOLVAY SA ...... 74,00...... 4,89 Int. Paper...... 39,38...... 1,21 Oracle Corporation...... 16,75...... 5,08 UNICREDITO...... IT ...... 4,53 .....-0,64 GENERALI ASS...... IT...... 30,10...... 0,00 DAILYWIN 9.50 CV...... 35,00 ...... 27,27 SR.TELEPERFORMAN ...... 25,60...... 4,28 Johnson&Johnson ...... 58,78 ...... -0,58 Paychex ...... 35,84...... 1,39 UNILEVER CER ...... NL...... 64,30...... 0,23 AVENTIS...... FR...... 79,30 .....-0,63 Plus mauvaises performances Plus mauvaises performances JP Morgan ...... 35,75 ...... -0,03 PeopleSoft, Inc...... 36,45...... 8,51 VIVENDI UNIVERS ...... FR...... 53,75...... 2,67 AXA...... FR...... 22,38...... 1,91 TRAFFICMASTER ...... 0,40...... -20,00 JC DECAUX SA ...... 11,75 ...... -7,63 Lucent...... 6,84 ...... -1,44 Qualcomm Inc...... 43,54...... 5,17 VOLKSWAGEN AG...... AL...... 52,18 .....-0,23 BASF AG...... AL...... 44,42...... 0,14 MARTIN CURRIE WT ...... 29,37...... -16,80 SKIS ROSSIGNOL...... 13,95 ...... -7,00 McDonalds ...... 27,40...... 2,24 Siebel ...... 34,80...... 6,68 BAYER AG ...... AL...... 37,10...... 0,51 ZONE EURO : FR (France), AL (Allemagne), ES (Espa- L.GARDNER GROUP...... 0,18...... -14,29 CARBONE-LORRAINE ...... 29,50 ...... -6,05 Merck ...... 58,25 ...... -1,75 Sun Microsystems, Inc...... 11,27...... 2,83 HYPOVEREINSBANK...... AL...... 36,05...... 0,70 gne), IT (Italie), PT (Portugal), IR (Irlande), LU (Luxem- AMLIN NEW NP ...... 2,15...... -14,00 SIDEL ...... 36,05 ...... -5,13 Motorola...... 13,56...... 0,22 Veritas Software Corporation .....43,76...... 4,19 bourg), NL (Pays-Bas), AT (Autriche), FI (Finlande), BE BBVA ...... ES...... 13,27 .....-0,97 (Belgique), GR (Grèce). GUARDIAN IT ...... 0,62...... -13,89 ERAMET...... 31,80 ...... -4,79 Nortel...... 11,85...... 2,33 WorldCom, Inc...... 12,27 ...... -0,08 BSCH...... ES ...... 9,20...... 0,44 HORS ZONE EURO : CH (Suisse), NO (Norvège), SE GLOBAL HIGH YLD...... 3,41...... -13,67 CS COMM & SYS ...... 7,80 ...... -4,53 Pepsico...... 49,41 ...... -0,02 Xilinc, Inc...... 40,62...... 5,40 BNP PARIBAS ...... FR...... 107,60...... 0,37 (Suède), RU (Royaume-Uni), DK (Danemark). INVESCO TOKYO WT...... 0,07...... -12,50 TF1...... 26,90 ...... -4,47 Pfizer ...... 41,80...... 2,45 Yahoo ! Inc...... 18,44...... 0,11

MARCHÉ DES CHANGES 24/1, 10h06 TAUX TAUX COURANTS OR MÉTAUX Cours % var. Dollar 100 Yens Euro Livre Franc S. TAUX D’INTÉRÊT LE 24/1 Taux de base bancaire...... 6,60 % JEUDI 24 JANVIER 10h06 JEUDI 24 JANVIER 10h06 Cours Taux Taux Taux Taux Taux des oblig. des sociétés privées ...... 5,78 % % var. LONDRES(£) j. le j. 3 mois 10 ans 30 ans NEW YORK Taux d’intérêt légal ...... 4,26 % OR FIN KILO BARRE ...... 10180,00...... -0,20 ALUMINIUM COMPTANT...... 1364,75...... -1,55 ($) 0,74470 0,87850 1,42340 0,59850  TOKYO 3,27 3,29 4,93 5,29 OR FIN LINGOT...... 10230,00...... -0,49 ALUMINIUM À 3 MOIS...... 1403,75...... -0,16 (¥) 134,27000 117,90000 191,04000 80,40000 - 3,62 3,90 4,88 4,60 Crédit immobilier à taux fixe ONCE D’OR EN DOLLAR...... 280,75...... -0,46 CUIVRE COMPTANT...... 1502,75...... -1,52  PARIS ¤ 3,27 3,29 5,11 5,54 taux effectif moyen ...... 6,29 % PIÈCE 20 FR. FRANÇAIS...... 58,30...... -0,68 CUIVRE À 3 MOIS...... 1551,75...... -0,14 ( ) 1,13780 0,84720 1,61960 0,68100  usure ...... 8,39 % LONDRES 3,27 3,29 4,85 5,22 PIÈCE 20 FR. SUISSE ...... 58,30...... -1,19 ÉTAIN COMPTANT ...... 3870,00...... -0,28 (£) 0,70260 0,52320 0,61700 0,42050  0,01 0,00 1,47 2,61 Crédit immobilier à taux variable PIÈCE UNION LAT. 20...... 58,30...... -1,19 ÉTAIN À 3 MOIS ...... 3917,75...... -0,82 - effectif moyen...... 6,25 % ZURICH (FR. S.) 1,67060 1,24420 1,46690 2,37630 1,68 1,72 4,99 5,47 PIÈCE 10 US$...... 200,00...... 0,00 NICKEL COMPTANT...... 5882,50...... -3,25  1,33 1,66 3,48 3,95 usure ...... 8,33 % PIÈCE 20 US$...... 430,00...... 1,18 NICKEL À 3 MOIS ...... 5917,50...... -0,71 Crédit consommation (- de 10 000 francs) PIÈCE 50 PESOS MEXICAINS...... 378,00...... -0,59 PLOMB COMPTANT...... 500,25...... -0,94 taux effectif moyen ...... 15,67 % PLOMB À 3 MOIS...... 506,50...... -0,49 LE COURS DE L'EURO EURO à 6 mois EURO à 5 jours usure...... 20,89 % ZINC COMPTANT...... 773,50...... -0,96 MARCHÉS À TERME LE 24/1, 10h06 Crédit renouvelable, découverts Achat Vente Echéance Premier Dernier Contrats ZINC À 3 MOIS...... 803,00...... -0,25 taux effectif moyen ...... 12,71 % 0.8861 0.8861 prix prix ouverts DENRÉES NEW YORK($)  ...... 7,4298...... 7,4303  usure...... 16,95 % 0.92 JEUDI 24 JANVIER 10h06 Cours % var. ARGENT À TERME...... 425,30...... 0,00  ...... 7,8860...... 7,8910  40 . 31/1 4480,00 4486,00 497793 Crédit consommation (+ 10 000 francs) 0.8850 PLATINE À TERME...... 471,60...... 0,00  ...... 9,2330...... 9,2430 0.91  . 18/3 89,33 89,33 3236 taux effectif moyen ...... 8,49 % BLÉ ($ CHICAGO) ...... 297,00...... 0,00    . 50 ...... 32,0400...... 32,0700 0.90 0.8839 15/3 3695,00 3686,00 772637 usure...... 11,32 % CACAO ($ NEW YORK) ...... 1360,00...... 2,10  ...... 1,6986...... 1,6996  CAFE (£ LONDRES)...... 380,00...... 7,34 0.89 0.8828 Crédit aux entreprises (+ de 2 ans)  ...... 1,4059...... 1,4073  10  7/3 108,30 108,25 674000 COLZA (¤ PARIS) ...... n/d ...... n/d    moyenne taux variable ...... 5,95 % PÉTROLE ...... 6,8455...... 6,8495 0.88 0.8817 MAÏS ($ CHICAGO)...... 209,50...... 0,36 usure taux variable ...... 7,93 % Cours % var.  -...... 2,0615...... 2,0646  3 . 18/2 96,64 96,64 15957 ORGE (£ LONDRES)...... 32,95 ....-49,11 JEUDI 24 JANVIER 10h06 0.87 0.8806 moyenne taux fixe ...... 6,31 %   ...... 243,1100 ...... 243,6100   JUS D’ORANGE ($ NEW YORK)...... 86,95...... 0,69 BRENT Dtd ...... 18,79...... -0,48 usure taux fixe...... 8,41 %  ...... 27927,0000..28029,0000 JASOND J 16 22   14/3 9736,00 9747,00 24414 SUCRE BLANC (£ LONDRES)...... 238,75...... -0,02 WTI Cushing...... 19,02...... 3,76 ...... 26,9000...... 26,9200 2002 Janvier .  ' 14/3 1129,30 1130,70 471606 (Taux de l’usure : taux maximum légal) SOJA TOURT. ($ CHICAGO)...... 435,50...... 0,46 LIGHT SWEET CRUDE (futures) .....19,34...... -0,82 LE MONDE/VENDREDI 25 JANVIER 2002/23 MARCHÉS FRANÇAIS

Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code PREMIER MARCHÉ cours préc. /préc. 31/12 haut bas net sicovam cours préc. /préc. 31/12 haut bas net sicovam EUROTUNNEL SA ...... ◗...... 1,09 ...... 1,08 ...... 0,93...... -4,42 ...... 1,39...... 0,55...... n/d ...12537 SAINT-GOBAIN ...... ◗ ....164,80.....165,90...... n/d...... -2,12...... 180,00 ....128,20 .....4,30 ...12500 VALEURS FRANÇAISES F.F.P...... ◗...... 97,00...... 97,35...... -0,36 ...... 0,31...... 129,00...... 71,00 .....1,80...... 6478 SALVEPAR ...... n/d...... 55,50...... n/d...... n/d ...... 68,90...... 47,00 .....3,05 ...12435 JEUDI 24 JANVIER 10h06 FAURECIA ...... ◗...... 59,00...... 59,00 ...... 0,00 ...... 0,00 ...... 69,10...... 32,30 .....0,91 ...12114 SANOFI-SYNTHELAB...... ◗...... 80,30...... 81,80...... -1,83...... -2,39 ...... 86,50...... 52,60 .....0,44 ...12057 Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code FIMALAC SA (L.Bo ...... ◗...... 42,50...... 42,30...... n/d ...... 4,96 ...... 45,90...... 30,00 .....0,90...... 3794 SCHNEIDER ELECTR ...... ◗...... 49,41...... 48,90 ...... 1,21...... -9,44 ...... 79,20...... 38,10 .....1,60 ...12197 cours préc. /préc. 31/12 haut bas net sicovam FINAXA ...... n/d...... 75,00...... n/d...... n/d...... 130,00...... 60,00 .....2,20...... 3313 SCOR S.A...... ◗...... 35,28...... 35,00 ...... 1,37...... -1,16 ...... 58,20...... 24,47 .....1,70 ...13030 ACCOR ...... ◗...... 42,64...... 42,44 ...... 0,47 ...... 3,94 ...... 52,40...... 25,72 .....1,00 ...12040 FONC.LYONNAISE ...... 25,90...... 25,75...... n/d...... -3,56 ...... 33,70...... 22,65 .....0,85...... 3340 SEB ...... ◗...... 69,80...... 70,50...... -0,99 .....12,53 ...... 75,50...... 39,11 .....1,90 ...12170 AFFINE ...... 36,86...... 36,87...... -0,03...... -0,08 ...... 39,76...... 29,16 .....4,02...... 3610 FONCIERE PIM NV ...... n/d...... 68,00...... n/d...... n/d ...... 70,00...... 56,00 .....2,06...... 7368 SEITA ...... 47,74...... 47,63 ...... 0,23...... -1,18 ...... 48,64...... 39,77 .....2,65 ...13230 AGF ...... ◗...... 50,75...... 50,40 ...... 0,69...... -6,49 ...... 72,79...... 41,70 .....2,00 ...12592 FRANCE TELECOM ...... ◗...... 39,35...... 39,00...... n/d....-13,14...... 101,60...... 27,00 .....1,00 ...13330 SELECTIBAIL ...... 16,01...... 16,19...... -1,11 ...... 1,70 ...... 16,60...... 13,45 .....1,56 ...12599 AIR FRANCE ...... ◗...... 18,08...... 18,13...... -0,44 .....10,28 ...... 27,01...... 8,70 .....0,22...... 3112 FROMAGERIES BEL ...... n/d.....100,00...... n/d...... n/d...... 111,00...... 74,48 .....2,22 ...12185 SIDEL ...... 36,06...... 36,05 ...... 0,03....-27,90 ...... 53,00...... 30,25 .....1,00 ...13060 AIR LIQUIDE ...... ◗ ....156,70.....155,00 ...... 1,10...... -1,52...... 177,00 ....130,10 .....3,00 ...12007 GALER.LAFAYETTE ...... ◗ ....145,30.....153,70...... -5,92 ...... 0,52...... 215,00 ....105,50 .....0,60 ...12124 SILIC ...... 155,30.....156,80...... -0,96 ...... 0,00...... 175,00 ....149,13 .....6,68...... 5091 ALCATEL ...... ◗...... 17,29...... 16,70 ...... 3,53....-13,02 ...... 72,35...... 11,34 .....0,48 ...13000 GAUMONT ...... 44,30...... 44,45...... -0,34 ...... 7,89 ...... 56,60...... 22,90 .....0,57...... 3489 SIMCO ...... ◗...... 77,10...... 77,00 ...... 0,19...... -0,65 ...... 82,05...... 67,60 .....2,60 ...12180 ALCATEL OPTRONIC ...... 8,13 ...... 8,00 ...... 1,63 ...... 3,63 ...... 65,00...... 4,50 .....0,10 ...13015 GECINA ...... ◗...... 91,90...... 92,40...... -0,49 ...... 0,98...... 107,00...... 80,00 .....3,34 ...13151 SKIS ROSSIGNOL ...... 14,45...... 13,95 ...... 3,58...... -3,66 ...... 16,87...... 12,00 .....0,28 ...12041 ALSTOM ...... ◗...... 13,42...... 13,53...... -0,59 ...... 8,33 ...... 36,00...... 11,46 .....0,55 ...12019 GENERALE SANTE ...... 15,60...... 15,42 ...... 1,17 ...... 7,38 ...... 20,59...... 13,20...... n/d...... 4447 SOC IM DE FRANCE ...... 22,10...... 22,10 ...... 0,00 ...... 0,45 ...... 24,40...... 19,25 .....0,30 ...12037 ALTRAN TECHNOLOG...... ◗...... 50,95...... 50,50 ...... 0,99...... -0,49 ...... 82,47...... 34,10 .....0,14...... 3463 GEOPHYSIQUE ...... ◗...... 37,80...... 37,50 ...... 0,80 ...... 6,38 ...... 82,50...... 30,80 .....1,06 ...12016 SOCIETE GENERALE ...... ◗...... 67,95...... 67,35 ...... 0,97 ...... 7,16 ...... 75,50...... 42,30 .....2,10 ...13080 ARBEL ...... 3,96 ...... 3,59.....10,31 .....15,81 ...... 11,00...... 2,60 .....0,53...... 3588 GFI INFORMATIQUE ...... ◗...... 12,11...... 11,99 ...... 1,00...... -0,50 ...... 31,50...... 8,00 .....0,15...... 6337 SODEXHO ALLIANCE ...... ◗...... 46,19...... 46,45...... -0,56...... -3,25 ...... 60,10...... 41,00 .....0,55 ...12122 ATOS ORIGIN ...... ◗...... 82,40...... 80,65 ...... 2,17 ...... 9,65...... 112,70...... 56,20 .....1,83...... 5173 GRANDVISION ...... ◗...... 17,51...... 17,70...... -1,07 .....16,07 ...... 24,00...... 12,76 .....0,25...... 5297 SOPHIA ...... ◗...... 31,01...... 30,90 ...... 0,36 ...... 2,39 ...... 33,99...... 28,10 .....1,52 ...12077 AVENTIS ...... ◗...... 79,30...... 79,80...... -0,63 ...... 0,06 ...... 94,75...... 65,20 .....0,50 ...13046 Groupe GASCOGNE ...... 77,00...... 75,50 ...... 1,99 ...... 1,75 ...... 93,00...... 65,00 .....3,00 ...12441 SOPRA GROUP ...... ◗...... 40,18...... 40,00 ...... 0,38 ...... 3,20 ...... 86,80...... 24,50 .....0,62...... 5080 AXA ...... ◗...... 22,38...... 22,00...... n/d...... -6,26 ...... 39,80...... 16,40 .....0,55 ...12062 GROUPE PARTOUCHE ...... 67,00...... 66,10 ...... 1,36....-10,98 ...... 83,50...... 45,15 .....1,68...... 5354 SR.TELEPERFORMAN...... ◗...... 25,85...... 25,60...... n/d ...... 8,94 ...... 42,69...... 11,80 .....0,15...... 5180 B.T.P. (LA CIE) ...... n/d ...... 1,16...... n/d...... n/d...... n/d ...... n/d...... n/d...... 3360 GROUPE ZANNIER ...... 81,95...... 80,10 ...... 2,31 ...... 1,91 ...... 96,23...... 57,64 .....0,73 ...12472 SUCR.PITHIVIERS ...... n/d.....388,00...... n/d...... n/d...... 444,69 ....280,53...12,00...... 3331 BACOU-DALLOZ ...... 86,00...... 86,95...... -1,09...... -1,19...... 119,10...... 64,20 .....0,90...... 6089 GUYENNE ET GASC...... ◗...... 84,90...... 84,95...... -0,06...... -0,06 ...... 94,15...... 66,40 .....1,30 ...12028 SUEZ ...... ◗...... 32,72...... 32,80...... -0,30...... -3,53 ...... 39,28...... 29,46 .....0,66 ...12052 BAIL INVESTISSEM...... 127,50.....127,00...... n/d ...... 4,87...... 134,00 ....108,10 .....7,16 ...12018 HAVAS ADVERTISIN ...... ◗...... 8,69 ...... 8,57 ...... 1,05 ...... 5,41 ...... 18,50...... 5,30 .....0,17 ...12188 TAITTINGER ...... 129,00.....130,00...... -0,77 ...... 0,08...... 182,45 ....116,50 .....2,32...... 3720 BAZAR LHOTEL VIL ...... n/d.....139,10...... n/d...... n/d...... 152,80 ....105,00 .....3,00 ...12547 IMERYS EX IMETAL ...... ◗ ....116,80.....115,00...... n/d ...... 6,68...... 127,00...... 84,05 .....3,60 ...12085 TECHNIP-COFLEXIP...... ◗ ....133,40.....132,60 ...... 0,60....-11,60...... 187,00...... 95,90 .....3,30 ...13170 BEGHIN-SAY ...... ◗...... 43,01...... 43,00 ...... 0,02 ...... 5,39 ...... 43,95...... 29,70...... n/d...... 4455 IMMOB.MARSEILL...... n/d ..3500,00...... n/d...... n/d...... 3545,00 ..2350,00...63,12...... 3770 TF1 ...... ◗...... 27,30...... 26,90 ...... 1,49...... -5,25 ...... 62,73...... 18,51 .....0,65...... 5490 BIC ...... ◗...... 39,55...... 39,67...... -0,30 ...... 3,42 ...... 47,60...... 32,20 .....0,58 ...12096 IMMOBANQUE ...... n/d.....121,10...... n/d...... n/d...... 155,00 ....102,50...10,67...... 3517 THALES ex TH-CSF ...... ◗...... 38,00...... 38,06...... -0,16...... -1,78 ...... 55,00...... 37,00 .....0,62 ...12132 BNP PARIBAS ...... ◗ ....107,60.....107,20 ...... 0,37 ...... 6,67...... 107,60...... 72,80 .....2,25 ...13110 INFOGRAMES ENTER...... ◗...... 14,03...... 13,95 ...... 0,57 ...... 7,75 ...... 23,04...... 4,96...... n/d...... 5257 THOMSON MULTIMED .....◗...... 33,43...... 33,03...... n/d...... -4,26 ...... 58,90...... 17,25...... n/d ...18453 BOLLORE ...... ◗ ....242,00.....245,80...... -1,55 ...... 2,33...... 259,69 ....178,14...11,00 ...12585 INGENICO ...... ◗...... 26,14...... 26,10 ...... 0,15 .....15,49 ...... 36,75...... 18,53 .....0,10 ...12534 THOMSON S.A. PAR ...... n/d.....156,80...... n/d...... n/d...... 157,00 ....142,65...10,28 ...14004 BOLLORE INVEST ...... 52,00...... 51,60 ...... 0,78 ...... 0,49 ...... 56,75...... 39,90 .....0,20...... 3929 ISIS ...... 144,90.....142,00 ...... 2,04....-10,13...... 179,90...... 75,95 .....2,40 ...12000 TOTAL FINA ELF...... ◗ ....157,70.....157,90...... -0,13...... -1,56...... 179,80 ....126,00 .....3,30 ...12027 BONGRAIN ...... 43,61...... 44,07...... -1,04...... -2,07 ...... 46,90...... 32,50 .....1,40 ...12010 JC DECAUX SA ...... ◗...... 12,26...... 11,75 ...... 4,34...... -6,37 ...... 17,20...... 5,20...... n/d...... 7791 TRANSICIEL ...... ◗...... 36,63...... 35,80 ...... 2,32 ...... 3,20 ...... 61,60...... 21,61 .....0,50...... 6271 BOUYGUES ...... ◗...... 34,80...... 34,41 ...... 1,69...... -6,49 ...... 59,50...... 23,00 .....0,36 ...12050 KAUFMAN & BROAD ...... 18,09...... 18,00 ...... 0,50 ...... 9,09 ...... 24,10...... 12,76 .....0,82 ...12105 UBI SOFT ENTERT...... ◗...... 36,55...... 36,35 ...... 0,55...... -3,07 ...... 49,00...... 22,20...... n/d...... 5447 BOUYGUES OFFSHOR...... ◗...... 40,00...... 39,60 ...... 1,01...... -1,12 ...... 62,80...... 31,80 .....1,10 ...13070 KLEPIERRE ...... ◗ ....111,00.....110,80 ...... 0,18 ...... 3,26...... 110,90...... 95,00 .....2,75 ...12196 UNIBAIL ...... ◗...... 56,95...... 57,00...... -0,09...... -0,09 ...... 66,00...... 48,71 .....1,67 ...12471 BULL ...... ◗...... 1,09 ...... 1,08 ...... 0,93....-12,20 ...... 4,98...... 0,49...... n/d...... 5260 L OREAL ...... ◗...... 79,15...... 78,20 ...... 1,21...... -3,34 ...... 92,10...... 64,00 .....0,44 ...12032 UNILOG S.A...... ◗...... 70,50...... 70,25 ...... 0,36 ...... 2,78...... 119,45...... 45,40 .....0,39...... 3466 BURELLE ...... 57,40...... 57,35 ...... 0,09 .....15,56 ...... 79,90...... 47,42 .....0,50...... 6113 L.V.M.H...... ◗...... 46,35...... 45,00 ...... 3,00...... -1,53 ...... 75,50...... 28,40 .....0,75 ...12101 USINOR ...... ◗...... 13,45...... 13,50...... -0,37...... -1,17 ...... 15,72...... 7,27 .....0,56 ...13260 BUSINESS OBJECTS...... ◗...... 43,51...... 41,99 ...... 3,60 .....11,82 ...... 59,43...... 18,86...... n/d ...12074 LAFARGE ...... ◗ ....100,20...... 98,50 ...... 1,73...... -6,10...... 114,00...... 74,00 .....2,20 ...12053 VALEO ...... ◗...... 46,90...... 47,30...... -0,85 ...... 5,58 ...... 58,31...... 30,02 .....1,35 ...13033 C.E.G.I.D...... 86,50...... 88,00...... -1,70 .....12,32...... 123,60...... 65,60 .....2,00 ...12470 LAGARDERE ...... ◗...... 43,72...... 43,26...... n/d...... -7,96 ...... 72,00...... 29,40 .....0,78 ...13021 VALLOUREC ...... ◗...... 56,55...... 57,15...... n/d ...... 7,32 ...... 74,00...... 38,15 .....1,30 ...12035 C.F.F.RECYCLING...... 41,00...... 41,00 ...... 0,00 ...... 2,50 ...... 50,00...... 32,01 .....1,30...... 3905 LAPEYRE ...... ◗ ...... n/d...... 51,10...... n/d...... n/d ...... 64,65...... 31,50 .....1,08 ...13051 VICAT ...... n/d...... 58,80...... n/d...... n/d ...... 70,23...... 47,90 .....0,95...... 3177 C.G.I.P...... ◗...... 37,90...... 37,10...... n/d...... -1,07 ...... 60,99...... 22,70 .....1,00 ...12102 LEBON ...... n/d...... 50,80...... n/d...... n/d ...... 61,65...... 42,50 .....2,30 ...12129 VINCI ...... ◗...... 67,80...... 67,35 ...... 0,37 ...... 2,28 ...... 75,90...... 55,03 .....1,65 ...12548 C.P.R...... n/d...... 58,00...... n/d...... n/d ...... 58,50...... 49,00 .....1,00 ...12111 LEGRAND ...... n/d.....153,60...... n/d...... n/d...... 262,00 ....115,00 .....1,87 ...12061 VIVARTE ...... 131,90.....132,20...... -0,23 ...... 2,88...... 139,90 ....110,00 .....1,98 ...13041 CANAL + ...... ◗...... 3,62 ...... 3,65...... -0,82 ...... 1,96 ...... 4,05...... 3,15 .....0,15 ...12546 LEGRIS INDUSTRIE ...... ◗...... 22,20...... 22,36...... -0,72 ...... 1,64 ...... 57,50...... 17,20...20,20 ...12590 VIVENDI ENVIR ...... ◗...... 38,02...... 38,21...... -0,50 ...... 2,00 ...... 50,75...... 35,27 .....0,55 ...12414 CAP GEMINI ...... ◗...... 80,30...... 77,20 ...... 4,02...... -4,81...... 209,80...... 49,00 .....1,20 ...12533 LIBERTY SURF ...... 3,35 ...... 3,31 ...... 1,21 .....16,14 ...... 10,15...... 1,76...... n/d...... 7508 VIVENDI UNIVERS ...... ◗...... 53,75...... 52,45 ...... 2,67....-14,72 ...... 82,00...... 40,22 .....1,00 ...12777 CARBONE-LORRAINE ...... ◗...... 29,90...... 29,50 ...... 1,36...... -1,67 ...... 51,84...... 23,50 .....1,06...... 3962 LOCINDUS ...... 129,70.....128,00 ...... 1,33 ...... 1,59...... 135,00 ....103,50...10,18 ...12135 WANADOO ...... ◗...... 6,35 ...... 6,37 ...... 0,00 .....13,14 ...... 10,50...... 3,58...... n/d ...12415 CARREFOUR ...... ◗...... 57,30...... 57,15 ...... 0,26...... -2,14 ...... 70,35...... 42,32 .....0,50 ...12017 LOUVRE(STE DU) ...... 62,00...... 62,00 ...... 0,00...... -1,27...... 108,51...... 49,80 .....1,24...... 3311 WORMS &CIE ...... 19,10...... 19,00 ...... 0,53...... -2,56 ...... 22,42...... 14,41 .....0,50...... 6336 CASINO ...... ◗...... 82,90...... 82,75 ...... 0,12...... -4,50...... 111,61...... 74,60 .....1,33 ...12558 LUCIA ...... 11,47...... 11,30 ...... 1,50....-13,08 ...... 15,00...... 10,35...... n/d...... 3630 ZODIAC ...... ◗ ....223,10.....225,00...... -1,16 .....12,94...... 293,02 ....117,25 .....5,20 ...12568 CASTORAMA DUBOIS ...... ◗...... 58,00...... 58,95...... -1,78 ...... 1,90 ...... 72,10...... 41,50 .....0,71 ...12420 MARINE-WENDEL ...... ◗...... 70,00...... 69,00 ...... 1,45 ...... 1,47...... 112,00...... 38,00 .....2,20 ...12120 ...... CEREOL ...... ◗...... 28,85...... 28,83 ...... 0,07 ...... 1,34 ...... 31,65...... 20,15...... n/d...... 4456 MATUSSIERE&FORES ...... 9,24 ...... 9,25...... -0,11 ...... 4,05 ...... 9,85...... 6,01 .....0,10...... 6057 ...... CERESTAR ...... ◗...... 32,35...... 32,37...... -0,06 ...... 5,10 ...... 34,00...... 18,70...... n/d...... 4457 MAUREL ET PROM ...... 19,25...... 19,27...... -0,10 .....24,32 ...... 19,50...... 9,81 .....0,91...... 5107 CHARGEURS ...... 69,00...... 69,00 ...... 0,00...... -7,94 ...... 86,40...... 60,00 .....2,13 ...13069 METALEUROP ...... 4,33 ...... 4,49...... -3,56 .....45,78 ...... 6,75...... 2,48...... n/d ...12038 VALEURS INTERNATIONALES◗ ZONE EURO ◗ ◗ ALTADIS SA ``A`` ...... 18,78...... 18,95...... -0,90...... -0,68 ...... 19,75...... 12,91 .....0,56 ...12975 CHRISTIAN DIOR ...... 35,35...... 34,30 ...... 2,92...... -0,49 ...... 52,90...... 20,50 .....0,78 ...13040 MICHELIN ...... 41,33...... 40,99 ...... 0,83 .....10,63 ...... 43,50...... 23,84 .....0,80 ...12126 ◗ CIC ...... 122,00.....121,90 ...... 0,08 ...... 1,16...... 126,50 ....108,00 .....2,29 ...12005 MONTUPET S.A...... 13,77...... 13,77...... -0,87 .....32,02 ...... 24,12...... 8,61 .....0,17...... 3704 AMADEUS GLOBAL ...... 7,01 ...... 6,97 ...... 0,57 ...... 6,09 ...... 9,27...... 4,01 .....0,09 ...12823 ◗ ◗ BASF ...... ◗...... 44,57...... 43,36 ...... 2,79 ...... 2,53 ...... 50,15...... 28,81 .....1,30 ...12807 CIMENTS FRANCAIS...... 48,16...... 48,00 ...... 0,33 ...... 0,00 ...... 54,90...... 37,00 .....1,40 ...12098 NATEXIS BQ POP ...... 92,50...... 93,00...... -0,54...... -4,02...... 102,00...... 86,00 .....2,50 ...12068 ◗ CLARINS ...... ◗...... 61,55...... 61,85...... -0,49...... -2,44 ...... 80,90...... 55,10 .....0,98 ...13029 NEOPOST ...... ◗...... 35,88...... 35,60 ...... 0,79 ...... 8,80 ...... 36,75...... 22,10...... n/d ...12056 BAYER ...... 37,12...... 36,50 ...... 1,70 ...... 3,96 ...... 56,45...... 23,62 .....1,40 ...12806 ◗ ◗ COMPLETEL EUROPE ...... ◗...... 1,10 ...... 1,07 ...... 2,80...... -7,76 ...... 7,88...... 0,47...... n/d...... 5728 CLUB MEDITERRANE ...... 47,03...... 47,40...... -0,78 .....15,61...... 106,56...... 25,77 .....1,00 ...12156 NEXANS ...... 19,39...... 18,00 ...... 8,89 .....11,04 ...... 30,50...... 12,60...... n/d...... 4444 ◗ CNP ASSURANCE ...... ◗...... 34,09...... 34,16...... -0,20...... -4,31 ...... 43,65...... 29,70 .....1,08 ...12022 NORBERT DENTRES ...... 21,70...... 21,85...... -0,69...... -2,24 ...... 24,85...... 15,00 .....0,40...... 5287 DEUTSCHE BANK ...... 77,00...... 76,60 ...... 0,52...... -3,47...... 103,93...... 43,32 .....1,30 ...12804 ◗ DEXIA ...... ◗...... 17,20...... 17,12 ...... 0,47 ...... 5,68 ...... 19,20...... 13,12 .....0,32 ...12822 COFACE ...... 48,65...... 49,00...... -0,71 ...... 3,38...... 116,90...... 38,05 .....1,75 ...12099 NORD-EST ...... 26,94...... 26,66 ...... 1,05...... -1,59 ...... 29,38...... 23,23 .....0,94 ...12055 ◗ COFLEXIP ...... 145,50.....149,30...... -2,55...... -6,10...... 198,00 ....130,00 .....1,16 ...13064 NRJ GROUP ...... ◗...... 20,49...... 20,00 ...... 2,45...... -4,49 ...... 33,98...... 11,16 .....0,15 ...12169 EADS ...... 13,33...... 13,30 ...... 0,23...... -2,49 ...... 25,07...... 9,14 .....0,38...... 5730 ◗ EQUANT ...... ◗...... 13,30...... 13,09 ...... 1,53...... -2,75 ...... 22,39...... 8,10...... n/d ...12701 COLAS ...... 63,20...... 63,00...... n/d...... -0,55 ...... 70,85...... 55,00 .....2,13 ...12163 OBERTHUR CRD SYS...... 7,85 ...... 7,65 ...... 2,61....-14,53 ...... 21,50...... 3,95...... n/d ...12413 ◗ CONTINENTAL DENT...... n/d...... 44,35...... n/d...... n/d ...... 51,00...... 35,06 .....2,00...... 3664 ORANGE ...... ◗...... 8,87 ...... 8,71 ...... 1,84....-14,44 ...... 12,00...... 6,10...... n/d...... 7919 EURONEXT ...... 20,55...... 20,60...... -0,24...... -3,06 ...... 23,10...... 12,70...... n/d...... 5777 ◗ GEMPLUS INTL ...... ◗...... 2,65 ...... 2,60 ...... 1,92...... -8,45 ...... 9,90...... 1,93...... n/d...... 5768 CREDIT AGRICOLE ...... 18,84...... 18,61 ...... 1,24 ...... 4,61 ...... 18,82...... 17,50...... n/d...... 4507 OXYGENE EXT.ORIE...... 362,00.....360,00 ...... 0,56 ...... 1,69...... 437,50 ....305,00...14,68...... 3117 ◗ CREDIT LYONNAIS ...... ◗...... 37,66...... 37,66 ...... 0,11 ...... 0,43 ...... 46,33...... 33,35 .....0,65 ...18420 PECHINEY A ...... ◗...... 61,15...... 61,10 ...... 0,08 ...... 5,53 ...... 68,65...... 30,04 .....0,81 ...13290 NOKIA AB ...... 25,22...... 24,59 ...... 2,52....-14,32 ...... 47,90...... 13,55 .....0,28...... 5838 PHILIPS ROYAL ...... ◗...... 31,23...... 30,30 ...... 3,07...... -8,40 ...... 45,40...... 16,75 .....0,36 ...13955 CREDIT.FONCIER F ...... 14,95...... 14,90 ...... 0,34 ...... 2,48 ...... 15,50...... 8,58 .....0,58 ...12081 PECHINEY B ...... 55,20...... 57,00...... -3,16 ...... 4,78 ...... 65,10...... 30,10 .....3,31...... 3640 ◗ CS COMM & SYS ...... 7,66 ...... 7,80...... -1,79...... -6,02 ...... 30,03...... 4,43 .....0,84...... 7896 PENAUILLE POLYSV...... ◗...... 40,32...... 39,79 ...... 1,33 ...... 0,73 ...... 77,67...... 23,40 .....0,28...... 5338 ROYAL DUTCH ...... 55,70...... 55,05 ...... 1,18...... -2,82 ...... 72,68...... 43,80 .....1,62 ...13950 ◗ SIEMENS AG ...... ◗...... 71,40...... 69,90 ...... 2,15...... -4,68...... 103,79...... 34,37 .....1,00 ...12805 DAMART S.A...... 80,50...... 79,60 ...... 1,13...... -1,24 ...... 86,95...... 72,10 .....3,80 ...12049 PERNOD RICARD ...... 86,00...... 86,30...... -0,35 ...... 0,13 ...... 88,12...... 65,89 .....1,60 ...12069 ◗ DANONE ...... ◗ ....132,30.....132,00 ...... 0,30...... -3,65...... 163,30 ....124,90 .....1,90 ...12064 PEUGEOT S.A...... ◗...... 44,96...... 44,93 ...... 0,07...... -5,91 ...... 58,27...... 35,40 .....0,83 ...12150 STMICROELECTRON...... 34,85...... 33,98 ...... 2,59...... -5,74 ...... 52,41...... 18,88...... n/d ...12970 ◗ TELEFONICA ...... ◗...... 14,30...... 14,10 ...... 1,42...... -7,05 ...... 21,33...... 9,60 .....0,18 ...12811 DASSAULT AVIATIO...... 323,00.....320,00 ...... 0,94 ...... 0,95...... 325,00 ....208,50 .....6,20 ...12172 PINAULT-PR RED ...... 122,70.....122,50 ...... 0,16....-15,28...... 235,30...... 97,05 .....2,18 ...12148 ◗ DASSAULT SYSTEME...... ◗...... 57,10...... 54,50 ...... 5,23 ...... 0,93 ...... 76,95...... 29,50 .....0,31 ...13065 PLASTIC OMNIUM ...... 76,55...... 76,55 ...... 0,00 .....29,75...... 122,00...... 52,25 .....2,00 ...12457 UNILEVER NV ...... 64,20...... 64,50...... -0,47...... -2,12 ...... 70,87...... 53,29 .....1,45 ...13953 DEV REG NORD PDC ...... 14,80...... 14,85...... -0,34 ...... 3,13 ...... 15,50...... 13,50 .....0,55 ...12423 PROVIMI ...... ◗...... 22,52...... 22,60...... -0,35 ...... 6,00 ...... 23,78...... 10,21...... n/d...... 4458 VALEURS INTERNATIONALES HORS ZONE EURO DEVEAUX S.A...... 69,30...... 70,50...... -1,70....-12,42 ...... 89,20...... 50,30 .....4,20...... 6100 PSB INDUST...... 87,15...... 87,15 ...... 0,00...... -2,63 ...... 90,00...... 67,22 .....3,50...... 6032 ERICSSON...... ◗...... 5,24 ...... 5,03 ...... 4,37....-17,00 ...... 13,60...... 3,21 .....0,16 ...12905 ◗ DMC ...... 7,80 ...... 7,70 ...... 1,30 ...... 2,80 ...... 17,90...... 4,09 .....0,46 ...12133 PUBLICIS GPESA ...... 27,43...... 26,80 ...... 2,16...... -9,92 ...... 39,27...... 15,83 .....0,20 ...13057 GENERAL ELECTRIC ...... ◗...... 43,03...... 42,78 ...... 0,23...... -7,28 ...... 61,01...... 29,99 .....1,19 ...12943 ◗ DYNACTION ...... 26,40...... 27,00...... -2,22 ...... 0,37 ...... 30,80...... 17,30 .....0,50 ...13035 REMY COINTREAU ...... 26,10...... 26,00 ...... 0,00 ...... 4,54 ...... 44,40...... 18,36 .....0,90 ...13039 HSBC HOLDING PLC ...... ◗...... 12,59...... 12,48 ...... 0,88...... -6,31 ...... 16,72...... 9,03 .....0,00 ...12976 ◗ ◗ EIFFAGE ...... 77,05...... 76,75...... n/d .....12,21 ...... 79,47...... 55,00 .....2,09 ...13045 RENAULT ...... 44,40...... 44,10 ...... 0,68 .....11,34 ...... 64,00...... 26,01 .....0,91 ...13190 IBM...... ◗ ....123,00.....122,60 ...... 0,33....-12,30...... 141,90...... 86,87 .....0,28 ...12964 ◗ ELECT & EAUX MAD...... n/d...... 24,50...... n/d...... n/d ...... 24,90...... 18,18 .....2,91...... 3571 REXEL ...... 62,50...... 61,80 ...... 1,13...... -6,29 ...... 91,00...... 46,01 .....1,61 ...12595 KINGFISHER ...... ◗...... 6,42 ...... 6,36 ...... 0,94 ...... 1,27 ...... 6,83...... 3,86 .....0,00 ...22046 ◗ ◗ ELIOR ...... 8,95 ...... 8,93 ...... 0,22 .....10,79 ...... 15,91...... 5,73 .....0,07 ...12127 RHODIA ...... 10,40...... 10,35...... n/d .....15,26 ...... 17,00...... 5,01 .....0,40 ...12013 MERCK & COMPANY...... ◗...... 66,40...... 67,65...... -1,85...... -0,22 ...... 98,31...... 55,14 .....0,91 ...12909 ENTENIAL ...... 28,90...... 29,00...... n/d .....14,40 ...... 37,80...... 24,00 .....0,40 ...12093 ROCHETTE (LA) ...... n/d...... 11,90...... n/d...... n/d ...... 12,35...... 5,70 .....0,18 ...12580 NESTLE SA NOM...... ◗ ....251,20.....251,00 ...... 0,08 ...... 5,02...... 253,00 ....200,50...15,52 ...13911 ERAMET ...... n/d...... 31,80...... n/d...... n/d ...... 47,80...... 22,00 .....1,30 ...13175 ROUGIER ...... 58,00...... 58,00...... n/d ...... 1,67 ...... 71,90...... 50,00 .....3,05...... 3764 PHILIP MORRIS ...... ◗...... 56,50...... 55,85 ...... 1,16 ...... 6,38 ...... 59,14...... 39,86 .....1,19 ...12928 ◗ ◗ ESSILOR INTERNAT ...... 33,64...... 33,60 ...... 0,12...... -1,03 ...... 35,80...... 25,00 .....0,39 ...12166 ROYAL CANIN ...... n/d.....139,30...... n/d...... n/d...... 140,70...... 90,40 .....1,10...... 3153 SCHLUMBERGER LTD...... ◗...... 58,75...... 57,00 ...... 3,07....-10,80 ...... 87,10...... 44,59 .....0,55 ...12936 ESSO ...... 83,00...... 82,50 ...... 0,61 ...... 2,87 ...... 89,60...... 61,31 .....8,25 ...12066 RUE IMP DE LYON ...... n/d ..1583,00...... n/d...... n/d...... 1970,00 ..1260,00...21,19 ...12400 SONY CORP...... ◗...... 50,80...... 50,05 ...... 1,50...... -3,00 ...... 97,90...... 35,17 .....0,00 ...12903 EULER ...... ◗...... 44,10...... 43,50 ...... 1,38 ...... 2,35 ...... 60,00...... 35,00 .....1,40 ...12130 S.P.I.R. COMMUN...... ◗...... 76,00...... 76,00...... n/d...... -2,56 ...... 90,20...... 42,65 .....3,00 ...13173 ◗ Cours en euros. VALEURS INTERNATIONALES ZONE EURO et HORS ZONE EURO : une sélection. EURAZEO ...... 60,00...... 60,00 ...... 0,00...... -6,18 ...... 83,60...... 44,20 .....0,48 ...12112 SADE ...... n/d...... 46,70...... n/d...... n/d ...... 50,60...... 44,21 .....2,15 ...12431 ◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). EURO DISNEY SCA ...... ◗...... 1,19 ...... 1,15 ...... 2,61 .....30,68 ...... 1,21...... 0,51 .....0,04 ...12587 SAGEM ...... ◗...... 69,25...... 69,05 ...... 0,36 ...... 0,44...... 157,90...... 28,33 .....0,60...... 7327 Plus haut et plus bas : cours maximum et minimum depuis le 1/1/2001. n/d : valeur non disponible.

SQLI...... 1,22 ...... -6,15 MEDIA 6...... 9,00 ...... -3,74 NOUVEAU MARCHÉ WAVECOM ...... 41,50 ...... -5,57 SECOND MARCHÉ AB GROUPE ...... 26,54 ...... -3,49 CYBERDECK...... 0,68 ...... -5,56 MONEYLINE...... 18,10 ...... -3,47 23/1 : 24,01 millions d'euros échangés INTEGRA OPE ...... 1,20 ...... -5,51 23/1 : 26,22 millions d'euros échangés DELTA PLUS GROUP...... 14,98 ...... -3,23 Valeur Cours de clôture %var. HUBWOO.COM...... 1,59 ...... -5,36 Chaque samedi avec Valeur Cours de clôture %var. M6-METROPOLE TV ...... 26,82 ...... -3,00 Meilleures performances LYCOS FRANCE...... 1,61 ...... -5,29 Meilleures performances LECTRA SYSTEMES...... 5,25 ...... -2,60 PERFECT TECHNO ...... 5,40 ...... 20,00 DATASQUARE...... 0,57 ...... -5,00 BISCUITS GARDEIL...... 5,33 ...... 20,86 ALTEDIA ...... 28,30 ...... -2,41 TRANSGENE...... 9,18 ...... 15,91 Plus forts volumes d'échange EXPAND SA ...... 51,70...... 8,80 Plus forts volumes d'échange VISIODENT...... 2,20 ...... 13,40 CYBERDECK...... 0,68 ...... -5,56 TOUPARGEL...... 16,48...... 8,28 SABATE DIOSOS...... 16,30...... 5,16 ILOG...... 14,50...... 9,77 WAVECOM ...... 41,50 ...... -5,57 CGBI...... 3,96...... 7,61 PINGUELY ...... 12,23...... 3,64 METROLOGIC GP ...... 57,90...... 6,83 SOITEC...... 23,20 ...... -2,19 LEON BRUXELLES...... 1,70...... 6,25 CIBOX INTER@CTIV ...... 0,37 ...... -7,50 CALL CENTER ALCE ...... 8,85...... 5,36 HIGHWAVE OPTICAL...... 3,01...... 0,33 0123 COM 1 ...... 5,97...... 6,23 LECTRA SYSTEMES...... 5,25 ...... -2,60 ORCHESTRA-KAZIB...... 0,85...... 4,94 VALTECH ...... 2,35 ...... -1,26 DANE ELEC MEMORY...... 3,90...... 5,41 M6-METROPOLE TV ...... 26,82 ...... -3,00 CYBERSEARCH...... 1,95...... 4,84 DALET ...... 2,57 ...... -4,10 DATÉ DIM./LUNDI BRICE...... 11,30...... 5,21 LVL MEDICAL GR ...... 28,80...... 0,88 DAB BANK ...... 13,15...... 4,37 AVENIR TELECOM...... 1,63...... 1,87 SABATE DIOSOS...... 16,30...... 5,16 APRIL GROUP ...... 17,70 ...... -2,21 CMT ...... 15,25...... 3,39 GUYANOR...... 0,19...... -20,83 INTER PARFUMS ...... 55,00...... 4,46 AUBAY...... 3,75 ...... -1,32 CEREP ...... 17,50...... 2,94 ILOG...... 14,50...... 9,77 RADIALL ...... 73,00...... 4,29 SUPERVOX GROUPE...... 0,74...... -26,73 ALTI...... 10,20...... 2,82 GENESYS...... 12,50...... 1,54 FAIVELEY...... 41,50...... 4,27 HERMES INTL...... 178,50 ...... -0,83 EGIDE ...... 91,50...... 2,81 HI-MEDIA ...... 0,85...... 2,41 retrouvez BRIOCHE PASQUIER ...... 72,80...... 4,00 BIGBEN INTERACT...... 46,35...... 0,76 MEDCOST...... 1,20...... 2,56 FIMATEX...... 3,64 ...... -1,36 PINGUELY ...... 12,23...... 3,64 XRT...... 1,12...... 0,00 Plus mauvaises performances MEMSCAP...... 2,84 ...... -0,70 Plus mauvaises performances TRIGANO...... 35,18 ...... -1,84 PRISMAFLEX int...... 22,50...... -21,00 KALISTO ENTERT...... 1,10 ...... -0,90 IEC PROF MEDIA ...... 1,47 ...... -8,13 RALLYE...... 50,60...... 1,20 GUYANOR...... 0,19...... -20,83 GAMELOFT...... 0,78 ...... -2,50 APEM...... 41,00 ...... -7,87 VIEL ET CIE...... 3,93...... 0,26 R2I SANTE...... 3,00 ...... -9,09 D INTERACTIVE ...... 1,00 ...... -2,91 CIBOX INTER@CTIV ...... 0,37 ...... -7,50 INFO REALITE...... 1,24...... 3,33 LYCOS Europe ...... 0,74 ...... -8,64 GENSET...... 7,07...... 0,00 LE MONDE ARGENT COFIDUR ...... 3,00 ...... -6,25 ROBERTET S.A...... 74,50...... 0,00 CAST ...... 2,76 ...... -8,00 TRANSGENE...... 9,18 ...... 15,91 HOTELS DE PARIS ...... 8,30 ...... -6,21 CGBI...... 3,96...... 7,61 HIMALAYA ...... 1,45 ...... -7,64 INFOVISTA ...... 3,78 ...... -0,79 PRECIA...... 10,50 ...... -4,46 EUROP D CASINOS...... 55,55 ...... -0,80 QUALIFLOW...... 5,90 ...... -6,35 VISIODENT...... 2,20 ...... 13,40 MAISONS FCE CON ...... 13,67 ...... -3,87 LEON BRUXELLES...... 1,70...... 6,25

ÉCUR. MONÉTAIRE C ...... 224,98....0,00...... 0,17 OPTALIS ÉQUILIB. C ...... 18,57...-0,21.....-1,27 CIC OBLI. LG TERME C...... 15,57...-0,13...... 0,77 ST-HON. WORLD LEAD...... 92,02...-0,74.....-3,43 TRÉSORYS C ...... 47798,63....0,01...... 0,23 SICAV ET FCP ÉCUR. MONÉTAIRE D ...... 187,41....0,01...... 0,17 OPTALIS ÉQUILIB. D...... 16,89...-0,24.....-1,34 CIC OBLI. LG TERME D...... 15,38...-0,13...... 0,78 WEB INTERNATIONAL...... 25,28...-3,03.....-0,11 Fonds communs de placements ÉCUR. OBLI. INTER. D...... 176,65...-0,28...... 0,37 OPTALIS EXPANSION C ...... 14,48....0,07.....-2,62 CIC OBLI. MONDE...... 135,83...-0,12.....-0,38 DÉDIALYS FINANCE ...... 81,31....0,22.....-0,62 SÉLECTION ÉCUR. TECHNOLOGIES C .....38,10...-0,47.....-1,94 OPTALIS EXPANSION D...... 14,13....0,07.....-2,61 CIC OR ET MAT ...... 111,85....1,39...... 4,06 DÉDIALYS MULTI-SECT...... 61,83...-0,67.....-1,61 Dernier cours connu le 24/4 à 10h ÉCUR. TRIMESTRIEL D...... 274,62...-0,01...... 0,44 OPTALIS SÉRÉNITÉ C...... 17,90...-0,11.....-0,27 CIC ORIENT ...... 160,35...-0,42...... 1,77 DÉDIALYS SANTÉ...... 90,96....0,43.....-1,44 Valeur Cours % var. % var. en euro /préc. 31/12 ÉPARCOURT-SICAV D ...... 28,54...-0,04...... 0,14 OPTALIS SÉRÉNITÉ D ...... 15,73...-0,06.....-0,25 CIC PIERRE...... 33,83...-0,15.....-0,32 DÉDIALYS TECHNOLOGIES ..32,30...-0,31.....-4,87 GÉOPTIM C...... 2349,32...-0,02...... 0,39 PACTE SOL. LOGEM...... 77,00...-0,03...... 0,03 Fonds communs de placements STRAT. IND. EUROPE...... 194,00....0,39.....-5,51 DÉDIALYS TÉLÉCOM ...... 43,25...-0,85.....-7,83 Fonds communs de placements PACTE SOL. TIERS MOND. ...82,01...-0,04...... 0,03 CIC PEA SÉRÉNITÉ...... 170,39...-0,17...... 0,40 Fonds communs de placements OBLITYS INSTITUTION. C.....99,41...-0,02...... 0,36 ÉCUR. ÉQUILIBRE C...... 37,46...-0,27.....-0,13 CIC EUROPEA C ...... 10,07...-0,30.....-4,71 STRATÉGIE CAC...... 5723,13....0,51.....-4,42 POSTE EUROPE C ...... 93,38...-0,05...... 0,54 AGIPI AMBITION (AXA) ...... 25,31...-0,16 ....-0,43 ÉCUR. PRUDENCE C...... 34,66....0,06...... 0,14 CIC EUROPEA D ...... 9,81...-0,20.....-4,84 STRATÉGIE INDICE USA...9222,78...-0,91.....-1,66 POSTE EUROPE D...... 89,06...-0,06...... 0,55 AGIPI ACTIONS (AXA)...... 25,58...-0,62 ....-4,19 ÉCUREUIL VITALITÉ C ...... 40,14...-0,59.....-0,71 CIC EURO OPPORTUN...... 31,06....0,10...... 0,51 POSTE PREM. 8 ANS C ...... 200,58...-0,19...... 0,85 CIC GLOBAL C...... 239,03...-0,38.....-2,28 POSTE PREM. 8 ANS D...... 180,82...-0,19...... 0,85 EURCO SOLIDARITÉ ...... 226,73...-0,19...... 0,77 CIC GLOBAL D ...... 239,30...-0,38.....-2,28 REMUNYS PLUS ...... 103,60....0,01...... 0,15 L. 20000 C/3 11/06/99.....493,53....0,00...... 0,21 CIC HIGH YIELD...... 407,00...-0,21...... 0,49 L. 20000 D/3 11/06/99.....415,63....0,00...... 0,20 CIC JAPON ...... 7,24...-1,90.....-5,74 ADDILYS C...... 107,74....0,01...... 0,20 ANTIN OBLI. MT C...... 154,87....0,04...... 0,16 Multi-promoteurs SICAV 5000...... 154,42...-0,07.....-3,88 CIC MARCHÉS ÉMERG...... 109,20....0,04...... 0,11 ADDILYS D ...... 104,55....0,01.....-1,98 ANTIN OBLI. MT D ...... 142,14....0,04...... 0,16 LIVR. BOURSE INVEST...... 179,34...-0,13.....-0,94 SLIVAFRANCE ...... 265,49...-0,20.....-3,50 CIC NOUVEAU MARCHÉ ...... 5,46...-0,18.....-0,54 AMPLITUDE AMÉRIQUE C ...25,56....0,08.....-2,18 ANTIN OBLI. SPR. C...... 188,40...-0,04...... 0,71 NORS SUD DÉVELOP. C .....520,15...-0,10...... 0,49 SLIVARENTE ...... 39,73...-0,18...... 0,75 CIC PROFIL DYNAM...... 22,89...-0,43.....-2,08 AMPLITUDE AMÉRIQUE D...24,75....0,04.....-2,17 CADENCE 1 D ...... 154,86...-0,16.....-0,99 BNP MONÉ CT TERME.....2513,32....0,01...... 0,20 NORD SUD DÉVELOP. D ....401,43...-0,10...... 0,49 SLIVINTER...... 149,74...-0,74.....-3,11 CIC PROFIL ÉQUILIBRE...... 18,30...-0,33.....-1,76 AMPLITUDE EUROPE C...... 31,37...-0,13.....-2,87 CADENCE 2 D ...... 154,52...-0,16...... 0,15 BNP MONÉ PLACEM. C.13775,36....0,01...... 0,19 TRILION ...... 742,47...-0,13.....-0,58 CIC PROFIL TEMPÉRÉ...... 135,38...-0,08.....-0,22 AMPLITUDE EUROPE D ...... 30,04...-0,13.....-2,90 CADENCE 3 D ...... 152,84...-0,16...... 0,15 BNP MONÉ PLACEM. D 11582,11....0,01 ....-3,51 Fonds communs de placements CIC TAUX VARIABLES...... 197,24...-0,14.....-0,15 AMPLITUDE FRANCE ...... 81,67...-0,10.....-1,11 CONVERTIS C...... 225,32...-0,04.....-1,29 BNP MONÉ TRÉSOR...... 78562,32....0,01...... 0,21 ACTILION DYNAM. C...... 178,81...-0,58.....-1,65 CIC TECHNO. COM...... 79,41...-0,81.....-1,67 AMPLITUDE MONDE C ...... 221,90...-0,40.....-1,71 INTEROBLIG C...... 59,42...-0,20...... 0,32 BNP OBLI. CT...... 166,98....0,02...... 0,12 ATOUT CROISSANCE D...... 345,07...-0,24...... 0,85 ACTILION DYNAM. D ...... 168,43...-0,58.....-1,65 CIC USA ...... 17,98...-0,72.....-3,05 AMPLITUDE MONDE D...... 199,04...-0,40.....-1,70 INTERSÉLECTION FR. D ...... 72,59...-0,33.....-2,71 BNP OBLI. LT...... 34,57...-0,12...... 0,46 ATOUT EUROPE C...... 492,78...-0,91.....-4,32 ACTILION PEA DYNAM...... 65,16...-0,50.....-1,34 CIC VAL. NOUVELLES ...... 285,83...-0,83...... 1,40 AMPLITUDE PACIFIQUE C....15,26...-0,59...... 1,52 SÉLECT DÉFENSIF C ...... 192,79...-0,08...... 0,14 KLEBER EURO SOUV. C ...1977,83...-0,02...... 0,19 ATOUT FRANCE C ...... 189,71...-0,47.....-3,66 ACTILION ÉQUILIBRE C ...... 175,45...-0,22...... 0,95 AMPLITUDE PACIFIQUE D ...14,58...-0,61...... 1,52 SÉLECT DYNAMIQUE C ...... 237,58...-0,41.....-0,05 Fonds communs de placements ATOUT FRANCE D...... 168,71...-0,47.....-3,66 ACTILION ÉQUILIBRE D...... 164,04...-0,23...... 0,95 ÉLANCIEL EURO D PEA...... 95,18....0,12.....-3,63 SÉLECT ÉQUILIBRE 2...... 167,87...-0,32...... 0,17 BNP MONÉ ASSOC...... 1840,60....0,01...... 0,19 ATOUT FRANCE ASIE D...... 74,74...-0,23.....-3,23 ACTILION PEA ÉQUIL...... 163,96...-0,26.....-0,93 ÉLANCIEL FR. D PEA...... 39,04...-0,36.....-2,51 SÉLECT PEA DYNAM...... 141,42...-0,43...... 0,16 ATOUT FR. EUROPE D...... 171,01...-0,59.....-3,91 ACTILION PRUDENCE C .....173,41...-0,05...... 0,08 ÉMERG. E. POST. D PEA ...... 29,57...-0,03.....-2,36 SÉLECT PEA 1...... 204,86...-0,32...... 0,26 ATOUT FR. MONDE D ...... 43,40...-0,37.....-3,44 ACTILION PRUDENCE D.....161,59...-0,06...... 0,08 CM EURO PEA...... 21,00...-0,66.....-4,02 ETHICIEL C...... 104,25....0,08...... 1,65 SG FRANCE OPPORT. C...... 421,70...-0,27.....-0,12 ATOUT MONDE C ...... 50,99...-0,78.....-3,90 INTERLION ...... 237,00...-0,11...... 0,89 CM EUROPE TECHNOL...... 4,29...-1,83.....-3,37 GÉOBILYS C...... 122,55...-0,02...... 0,55 SG FRANCE OPPORT. D...... 394,85...-0,27.....-0,12 ATOUT SÉLECTION D ...... 100,10...-0,99.....-4,51 LION ACTION EURO...... 87,33....0,09.....-3,49 CM FRANCE ACTIONS ...... 33,42...-0,39.....-3,82 GÉOBILYS D ...... 111,73...-0,03...... 0,55 SOGENFRANCE C ...... 448,73...-0,31.....-3,34 BP OBLI. HAUT REND...... 110,89....0,22...... 1,90 CAPITOP EUROBLIG C ...... 101,91...-0,01...... 0,48 LION PEA EURO...... 88,32...-0,18.....-3,28 CM MID. ACT. FRANCE ...... 30,95...-0,58...... 1,47 INTENSYS C...... 20,78....0,05...... 0,04 SOGENFRANCE D...... 404,38...-0,31.....-3,34 BP MÉDITERRAN. DÉV...... 55,19....0,40.....-1,52 CAPITOP EUROBLIG D...... 84,07...-0,01...... 0,46 CM MONDE ACTIONS...... 307,96...-0,54.....-3,38 INTENSYS D ...... 17,66....0,06...... 0,00 SOGEOBLIG C ...... 113,67...-0,15...... 0,37 BP NOUV. ÉCONOMIE...... 88,19...-0,15.....-6,47 CAPITOP MONDOBLIG C .....45,74....0,20...... 1,37 CM OBLIG. LG TERME ...... 104,56...-0,10...... 0,65 KALEIS DYNAMISME C...... 216,97...-0,49.....-0,98 SOGÉPARGNE D ...... 44,44...-0,18...... 0,27 BP OBLI. EUROPE ...... 52,58...-0,11...... 0,65 CAPITOP REVENUS D ...... 172,02...-1,22.....-0,76 CM OPTION DYNAM...... 30,33...-0,33.....-2,38 KALEIS DYNAMISME D ...... 209,65...-0,49.....-0,98 SOGEPEA EUROPE ...... 216,39...-0,25.....-2,75 BP SÉCURITÉ ...... 103894,35....0,01...... 0,23 DIÈZE C...... 431,26...-0,13.....-2,26 CIC CAPIRENTE MT C...... 35,92...-0,11...... 0,16 CM OPTION ÉQUIL...... 53,44...-0,21.....-0,72 KALEIS DYN. FR. C PEA...... 78,63...-0,29.....-1,22 SOGINTER C ...... 50,84...-0,95.....-2,96 CYCLEO EUROPE CYCL...... 107,42....0,21.....-2,75 INDICIA EUROLAND D ...... 107,65...-1,18.....-4,78 CIC CAPIRENTE MT D ...... 26,68...-0,11...... 0,22 CM OBLIG. CT TERME ...... 165,34...-0,10...... 0,03 KALEIS ÉQUILIBRE C ...... 202,05...-0,27.....-0,41 Fonds communs de placements CYCLEO EUR. CROIS...... 108,65...-0,12.....-8,17 INDICIA FRANCE D ...... 357,05...-0,36.....-4,41 CIC AMÉRIQUE LATINE ...... 111,86...-0,37.....-2,33 CM OBLIG. MOY. TERME...342,46...-0,12...... 0,38 KALEIS ÉQUILIBRE D...... 194,41...-0,28.....-0,41 DÉCLIC ACT. EUROPE...... 15,00...-0,92.....-2,38 CYCLEO EUR. DÉFENS...... 99,58....0,30.....-2,52 INDOCAM AMÉRIQUE C ...... 39,78...-1,09.....-3,79 CIC CONVERTIBLES ...... 5,40...-0,74.....-1,45 CM OBLIG. QUATRE ...... 164,26...-0,10...... 0,21 KALEIS SÉRÉNITÉ C ...... 191,84...-0,12.....-0,15 DÉCLIC ACTIONS FR...... 51,63...-0,60.....-0,80 EUROACTION MIDCAP...... 128,11....0,01...... 1,40 INDOCAM ASIE C...... 17,30...-0,35.....-2,31 CIC COURT TERME C ...... 34,35....0,03...... 0,08 Fonds communs de placements KALEIS SÉRÉNITÉ D...... 184,22...-0,12.....-0,15 DÉCLIC ACT. INTER...... 33,04...-1,61.....-2,18 FRUCTI EURO 50 ...... 93,71...-1,38.....-4,79 INDOCAM FRANCE C ...... 325,95...-0,42.....-3,24 CIC COURT TERME D...... 26,35...-3,02.....-2,91 CM OPTION MODÉRAT...... 19,35...-0,10.....-0,20 KALEIS TONUS C PEA ...... 68,42...-0,44.....-1,56 DÉCLIC BOURSE PEA...... 50,22...-0,40.....-1,21 FRUCTIFRANCE C ...... 79,53...-0,23.....-1,41 INDOCAM FRANCE D...... 267,92...-0,42.....-3,25 CIC DOLLAR CASH ...... 1427,12....0,00...... 0,10 LIBERTÉS ET SOLIDAR...... 100,81...-0,34.....-0,37 DÉCLIC BOURSE ÉQUIL...... 16,46...-0,12.....-0,66 FRUCTIFONDS FR. NM ...... 184,24...-0,15...... 3,17 INDOC. MULTI OBLIG. C....191,10....0,10...... 1,82 CIC EGOCIC...... 360,65....0,36.....-2,67 OBLITYS C ...... n/d .....n/d ...... n/d DÉCLIC OBLI. EUROPE ...... 16,73...-0,18.....-4,06 Fonds communs de placements CIC ÉLITE EUROPE...... 125,50...-0,17.....-4,74 OBLITYS D ...... 112,68...-0,02...... 0,37 DÉCLIC PEA EUROPE...... 23,43...-0,85.....-1,37 ATOUT VALEUR D ...... 75,22...-0,48.....-3,78 CIC ÉPARGNE DYNAM. C 2074,57...-0,04.....-0,02 PLÉNITUDE D PEA ...... 41,67...-0,26.....-1,46 DÉCLIC SOGENFR. TEMP...... 57,45...-0,49.....-2,03 CAPITOP MONÉTAIRE C.....193,14....0,01...... 0,18 CIC ÉPARGNE DYNAM. D1636,31...-0,04.....-0,02 AMÉRIQUE 2000...... 124,00...-0,86.....-3,09 POSTE GESTION C ...... 2634,30....0,01...... 0,21 FAVOR ...... 300,96...-0,30.....-2,74 ÉCUR. 1,2,3… FUTUR D ...... 50,25...-0,30.....-0,57 CAPITOP MONÉTAIRE D ....183,10....0,01...... 0,18 CIC EUROLEADERS...... 374,00....0,12.....-5,11 ASIE 2000...... 82,26....0,17...... 3,73 POSTE GESTION D...... 2335,26....0,01...... 0,21 SOGESTION C ...... 47,66...-0,15.....-0,43 ÉCUR. ACTIONS EUR. C...... 17,09...-0,98.....-1,37 INDOCAM FONCIER...... 93,75....0,18...... 0,65 CIC FRANCE C ...... 33,96...-0,35.....-4,18 NOUVELLE EUROPE ...... 211,45...-0,01.....-3,50 POSTE PREMIÈRE...... 7154,49....0,01...... 0,19 SOGINDEX FRANCE C ...... 501,20...-0,33.....-3,60 ÉCUR. ACTIONS FUT. D...... 62,57...-0,51.....-1,20 INDOC. VAL. RESTR. C...... 261,29...-0,70.....-1,96 CIC FRANCE D...... 33,96...-0,35.....-4,18 ST-HONORÉ CAPITAL C ...3651,76...-0,04...... 0,55 POSTE PREMIÈRE 1 AN..42677,29....0,01...... 0,03 ...... ÉCUR. CAPITALIS. C...... 44,36...-0,02...... 0,29 MASTER ACTIONS C ...... 40,43...-0,20.....-1,84 CIC HORIZON C ...... 68,63...-0,09...... 0,73 ST-HONORÉ CAPITAL D...3308,94...-0,04...... 0,55 POSTE PREMIÈRE 2-3...... 9245,25....0,04...... 0,08 A NOS LECTEURS : en raison d’une défaillance ÉCUR. DYNAM.+ D PEA...... 41,81...-0,71.....-1,17 MASTER DUO C...... 14,06...-0,14.....-0,91 CIC HORIZON D...... 66,19...-0,09...... 0,71 ST-HONORÉ CONVERT...... 338,11...-0,24.....-0,09 PRIMIEL EURO C...... 55,26...-0,40...... 2,34 de notre fournisseur, la cote des SICAV et des ÉCUR. ÉNERGIE D PEA...... 43,19...-0,44.....-0,61 MASTER OBLIG. C ...... 31,12....0,39...... 0,87 CIC MENSUEL...... 1431,33...-0,04...... 0,07 ST-HONORÉ FRANCE...... 55,19...-0,09.....-3,46 REVENUS TRIMESTR...... 790,11....0,04...... 0,05 FCP a comporté des erreurs depuis le 14 janvier. ÉCUR. EXPANSION C .....14868,14....0,01...... 0,23 MASTER PEA D ...... 12,15....0,25.....-2,25 CIC MONDE PEA...... 27,68....0,14.....-1,35 ST-HONORÉ PACIFIQUE...... 72,81...-0,86.....-7,92 SOLSTICE D ...... 362,60....0,03.....-0,03 Nous présentons nos excuses à nos lecteurs et ÉCUR. EXPANSION+ C...... 42,59....0,02...... 0,44 OPTALIS DYNAMIQ. C ...... 18,18...-0,33.....-2,31 CIC OBLI. CT TERME C...... 34,35....0,03...... 0,08 ST-HON. TECH. MEDIA ...... 105,28...-3,15.....-4,11 THÉSORA C ...... 190,11....0,02...... 0,15 nous efforçons de rétablir au plus vite l’exactitu- ÉCUR. INVESTISS. D...... 51,29...-0,25.....-1,62 OPTALIS DYNAMIQ. D...... 17,04...-0,35.....-2,34 CIC OBLI. CT TERME D...... 26,35...-3,02.....-2,91 ST-HONORÉ VIE SANTÉ .....374,77....0,42.....-2,58 THÉSORA D...... 158,70....0,01...... 0,15 de complète des données publiées. 24/LE MONDE/VENDREDI 25 JANVIER 2002 AUJOURD’HUI sciences

Le programme de séquençage du « géno- ’   contenues humaines que de gènes. Véritables ques. Grâce aux   de d’une cellule ou d’un tissu. Les chercheurs me humain » est à peine terminé que dans une cellule, un tissu ou un organis- «  »  , ces molécules recherche, elles seront étudiées non plus attendent de cette approche systémati- fleurissent partout d’importants projets me vivant. La tâche est considérable : il y déterminent le fonctionnement normal une à une, comme on le faisait jus- que et globale toutes sortes d’- de « protéomique ». Leur but :  a de vingt à trente fois plus de protéines ou pathologique des structures biologi- qu’alors, mais dans leur ensemble au sein , notamment en médecine. L’étude du « protéome » humain, nouveau Graal des biologistes

Après l’étude du génome humain, les scientifiques se lancent dans l’analyse des protéines. Le nombre de celles de l’homme pourrait être au moins deux fois supérieur à celui de ses gènes. Ces travaux permettront de plonger au cœur du fonctionnement des organismes vivants

À L’INSTAR de la conquête de conditions, par exemple dans un l’espace ou de la physique des FABRICATION ET MATURATION DES PROTÉINES organe sain versus le même orga- particules, la biologie vit aujour- ne malade. Le tout à grande d’hui à l’heure des grands pro- échelle et de manière automati- grammes. Après le projet interna- 1 sée. tional Génome humain consa- On attend des études à venir, crant la génomique, l’heure est Noyau Cellule outre un afflux de connaissances aux grandes initiatives de protéo- fondamentales sur le fonctionne- Après leur fabrication (1 et 2) … peuvent subir mique : les Américains ont lancé ADN ment des organismes vivants, en janvier 2001 HUPO (Human les protéines… toutes sortes de modifications (3)… toutes sortes d’applications, Proteome Organization) qui a notamment en médecine humai- des ambitions internationales et ARN messager Site ne. Par exemple, trouver en quel- commence à faire des petits sur actif ques heures des « profils » protéi- différents continents. Dans de ques (nombre, qualité et fonc- nombreux pays et dans la majori- tion des protéines exprimées) 2 Ajout d'un té des grands organismes de groupement caractéristiques de la transforma- recherche, on tente aussi de met- phosphate tion cancéreuse d’un tissu ou de tre en place des programmes l’apparition d’une autre maladie. « protéomiques ». Quant aux Ou bien encore élucider les méca- sociétés de biotechnologie, elles Protéine 3 nismes de toxicité de certains affichent désormais protéomi- en formation médicaments. que avec génomique sur leurs car- Aujourd’hui, les outils permet- Protéine Protéine tes de visite. tant d’étudier les protéines en Tout comme la génomique se native active grand nombre existent, certes, veut l’étude de l’ensemble du … Ici, l'ajout d'un groupement phosphate induit UNE PROTÉINE mais il manque un ordre de gran- génome, la protéomique consis- un changement de conformation de la protéine. deur, selon Thierry Rabilloud. te à cataloguer et analyser l’en- Cela fait apparaître son site actif, autrement dit « On sait caractériser 2 000 protéi- semble des protéines – ou protéo- la partie qui va se lier avec d'autres molécules. nes dans une cellule humaine, me – d’une cellule, d’un tissu, voi- mais il faudrait pouvoir le faire re d’un organisme. A première sur 20 000 protéines. Cela sera vue, pour les protéines de l’hom- du Centre danois de recherche que des organismes vivants et chez l’homme et on est loin de tous tes, d’une feuille à l’autre, on effroyablement compliqué et il fau- me, la tâche semble d’une sur le génome. Le programme qui leur permettent de fonction- les exprimer. C’est un enjeu peut extraire un ensemble de pro- dra probablement mettre en ampleur phénoménale : si le nom- Génome humain, dont le résultat ner. Elles remplissent quantité majeur de savoir ce que l’on expri- téines dissemblables, selon que œuvre plusieurs techniques en bre de nos gènes se situe entre à l’état de « brouillon » est dispo- d’activités à l’intérieur et hors me et en quelle quantité », insiste le tissu est ou non exposé au même temps. Pour l’instant, on ne 30 000 et 50 000, selon les don- nible depuis 2001, devrait nous des cellules ; elles servent ainsi Thierry Rabilloud, chercheur au soleil. sait pas le faire et l’on ne voit pas nées préliminaires issues du pro- donner, à son achèvement, en de messagers lorsqu’elles sont CNRS et au CEA à Grenoble. Il « Il y a un intérêt intrinsèque à forcément comment le faire. » gramme Génome humain, celui 2003, la séquence véritable de la ne s’agit plus d’étudier les protéi- étudier les protéines par ensem- Sans doute conscient de cette de nos protéines est bien plus éle- molécule d’ADN. Et, bien sûr, la nes une à une, comme cela se fait ble, maintenant qu’on en a la pos- limite, Julio Celis, chargé de met- vé. Le chiffre d’environ 100 000 localisation et les caractéristi- Sur environ 100 000 depuis un demi-siècle mais, de sibilité, constate Thierry tre en place et de coordonner un protéines distinctes est avancé, ques d’un certain nombre de manière systématique et globale, Rabilloud. Tout d’abord, plus on programme européen de protéo- certaines sont toutes petites, gènes. protéines distinctes, d’analyser l’ensemble des protéi- en étudie un grand nombre, plus mique, s’est fixé comme pre- alors que d’autres sont géantes Pour autant, on sera encore nes présentes dans une cellule on gagne de l’information et plus miers objectifs l’identification et deux cents fois plus lourdes. loin de disposer des clés du fonc- certaines sont petites, ou un tissu, à un moment donné notre connaissance du fonctionne- des techniques essentielles et la Et il y en aurait dix fois plus si tionnement d’un organisme. Les et au cours du temps. « Le protéo- ment de la cellule est importante. constitution d’une force de frap- l’on considère toutes les modifi- gènes, dispersés le long de la d’autres géantes et me de notre foie est probablement Deuxièmement, lorsqu’on les étu- pe réunissant les experts et labo- cations qui peuvent intervenir au molécule d’ADN au milieu de différent avant et après le die par groupe, on peut voir com- ratoires européens qui dévelop- niveau d’une même protéine. séquences-poubelle (qui n’ont 200 fois plus lourdes réveillon », précise Thierry ment elles interagissent les unes pent des plates-formes protéomi- Pourquoi alors entreprendre sans doute pas de rôle précis), Rabilloud. Il est aussi différent avec les autres, comment elles évo- ques complémentaires. La phase ce type d’études a priori gigantes- ont pour unique fonction de de celui de la rate, du cœur ou du luent les unes avec les autres. » suivante consistera à délimiter le ques ? D’abord parce que les « guider » la synthèse de protéi- circulantes comme les hormo- poumon. Jean Rossier, profes- La protéomique entend donc « champ » biologique auquel avancées technologiques permet- nes. Autrement dit, pour bien nes et elles participent même à seur à l’Ecole de physique et chi- non seulement cataloguer, carac- l’Europe s’attaquera en priorité, tent aujourd’hui de l’envisager. comprendre le rôle des gènes, et l’expression des gènes. Bref, elles mie industrielles de Paris et direc- tériser et quantifier ces protéi- étant entendu que la caractérisa- Et puis, surtout, parce que, au donc leur différentes implica- sont totalement impliquées dans teur d’un laboratoire de neuro- nes, mais aussi déterminer leur tion de la totalité du protéome sein d’un organisme vivant, ce tion, dans les maladies par exem- le fonctionnement, qu’il soit nor- biologie au CNRS, va jusqu’à localisation, leurs modifications, de l’homme semble un objectif sont les protéines qui « sont au ple, il faut étudier les protéines mal ou pathologique, des êtres dire que, de deux cellules nerveu- leurs interactions, identifier leur peu réaliste. cœur de l’action », explique Julio qu’ils produisent. Ce sont elles vivants. ses, on peut obtenir deux protéo- rôle fonctionnel et comparer Celis, cancérologue et président qui forment la charpente physi- « Il y a 30 000 à 50 000 gènes mes différents. Quant aux plan- leurs variations sous différentes Catherine Tastemain Les données se multiplient, mais les logiciels Du diagnostic des cancers ne suffisent pas pour les analyser à l’étude de la toxicité des médicaments

CONTRAIREMENT au génome, ne est déjà énorme », reconnaît Don- aux derniers appareils de ce type, on « C’EST LA PREMIÈRE FOIS que donné quelques fruits remarquables. res, cette approche globale et systé- qui n’est constitué que d’une seule ny Strosberg, PDG de la société de peut désormais déterminer la struc- cette technologie de recherche est En 1996, Gary Hsich, du Laboratoire matique du protéome trouve aussi macromolécule, linéaire et identique biotechnologie française Hybrige- ture chimique fine des protéines, appliquée directement aux soins de d’étude du système nerveux central des applications en microbiologie ou d’une cellule à l’autre dans un même nics, société de biotechnologie fran- c’est-à-dire leur séquence en acides patients ! » L’emphase est souvent la des NIH, en collaboration avec en biologie végétale. organisme, les protéomes sont multi- çaise. En fait, l’analyse du protéome aminés. règle dans les communiqués des d’autres chercheurs, a mis en éviden- Les végétaux et certains microor- ples, composés d’une quantité de au niveau cellulaire est déjà entrepri- « Du fait des progrès de ces derniè- agences de recherche lors de l’annon- ce que la présence dans le fluide céré- ganisme ne peuvent se déplacer. Ils protéines hétérogènes quant à leur se. Depuis quelques années, on sait res années, on génère cent fois plus de ce d’un nouveau programme. En l’oc- bro-spinal d’une certaine protéine, sont obligés de s’adapter sur place à taille, leur séquence moléculaire, très bien séparer les protéines les données. Mais qu’en faire, car les logi- currence, le lancement, en juillet der- appelée 14-3-3, chez des patients leur environnement (changements leur forme, leur nombre, leur fonc- unes des autres en les faisant migrer ciels d’analyse et de comparaison ne nier, du Clinical Proteomic Program, atteints de démence, était fortement de température, pénurie d’eau, varia- tion. Vouloir étudier le protéome de grâce à l’électrophorèse à deux suivent pas », regrette Jean Rossier, projet commun à la Food and Drug corrélée avec un diagnostic de la tions de lumière, attaques des bioa- l’homme serait illusoire, estiment dimensions. Maintenant, avec les professeur à l’Ecole supérieure de Administration (FDA) américaine et maladie de Creutzfeldt-Jakob. gresseurs, etc). Et cette adaptation nombre de scientifiques. « Etudier spectromètres de masse, on obtient physique et de chimie industrielles au National Cancer Institute (NCI), passe par des modifications biochi- ne serait-ce que toutes les protéines aussi la composition d’une protéine de Paris. Après avoir déterminé et doté d’un financement annuel de    miques qui affectent le contenu en trouvées dans une seule cellule humai- en sous-unités, les peptides. Grâce quantifié le contenu en protéines 1,1 million de dollars pendant trois Julio Celis, président du Centre protéines des cellules, tissus et orga- d’une cellule (et éventuellement de ans. danois de recherche sur le génome nes. L’analyse protéomique permet ses différentes formes modifiées Des cellules de patients souffrant et actuel coordinateur du program- alors d’identifier les protéines affec- pour chaque protéine), après les de différents cancers et hospitalisés me protéomique européen, appli- tées. L’équipe de Gérard Branlard, à avoir séquencées, restera à caractéri- au Centre clinique des National Insti- que depuis plusieurs années des stra- l’INRA de Clermont-Ferrand, étudie ser leurs fonctions.Une autre façon tutes of Health (NIH) seront préle- tégies de protéomique pour identi- ainsi l’influence du milieu sur l’accu- d’approcher la fonction des protéi- vées avant et après traitement. La fier des « marqueurs » protéiques mulation de protéines dans les nes est de savoir qui est associé à technique de dissection par laser dans différents cancers, dans le but grains de blé, selon les variétés et qui. C’est là qu’intervient la méthode utilisée pour ces biopsies permet de de mettre au point de nouveaux leur lieu de culture. utilisée par – entre autres – la société discriminer entre cellules normales, outils de diagnostic ou de suivi de la On peut, aussi, comparer les pro- Hybrigenics, le double hybride : cellules pré-cancéreuses et cellules progression de la maladie. C’est aus- téomes de plantes mutées par rap- dans une cellule vivante, de levure tumorales. Les chercheurs pourront si le cas d’un autre pionnier euro- port à celui de plantes qui ne le sont ou de bactérie, qui sert en quelque ainsi observer les changements qui péen, Denis Hochstrasser, de l’uni- pas. « L’exemple le plus spectaculaire, sorte de tube à essai, on introduit les interviennent, au cours du traite- versité de Genève. Toute une école raconte Dominique de Vienne, pro- gènes de deux protéines, ainsi qu’un ment, dans les caractéristiques du utilise, de son côté, la protéomique fesseur à l’université Paris-XI et cher- troisième gène marqueur, qui s’expri- protéome de cellules particulières : pour étudier les effets toxiques des cheur à l’INRA, est celui des fameux mera seulement si les deux protéines quelles sont les protéines qui appa- médicaments. Chef de file de ce type petits pois ridés de Mendel : quand on en question s’associent entre elles. raissent ou disparaissent, les varia- d’études, Sandra Steiner, de la Large compare les graines ridées (mutées) D’autres firmes se consacrent à tions de quantité, etc. Scale Proteomics Corporation (Rock- aux graines non ridées, on s’aperçoit l’étude de la structure en trois dimen- Toutes ces données « protéomi- ville, Maryland), a publié une série que, chez les premières, le niveau d’ex- sions des protéines, mais il leur faut ques » permettront, selon les promo- d’articles montrant comment la pro- pression de 10 % des protéines est auparavant les cristalliser, ce qui teurs du programme, d’améliorer téomique constitue un outil de pre- modifié. » D’autres mutations ne tou- n’est guère facile. La société américai- nos connaissances sur les tumeurs et mier ordre pour dévoiler, chez le rat, chent que la protéine concernée, ne Syrrx, en mariant robots, synchro- d’aider peut-être à diagnostiquer les le rôle de la protéine (la calbindine sans effet indirect sur le reste des pro- ton et ingénieurs de l’industrie auto- cancers de façon plus précoce. Mais D28) dans la toxicité au niveau du téines. Il serait donc intéressant de mobile serait à même de cristalliser elles permettront aussi de dévelop- rein d’un traitement immunosup- comparer le protéome d’une plante jusqu’à 1 000 protéines par an. Pour per des thérapies individualisées et presseur effectué avec de la cyclo- OGM (génétiquement modifiée) et qu’ensuite les laboratoires pharma- de déterminer les effets bénéfiques sporine A. L’analyse du protéome, celui de son équivalent non OGM, ceutiques puissent, éventuellement, et toxiques des traitements en labo- insiste-t-elle, « se révèle dorénavant pour voir si l’introduction d’un gène modéliser sur ordinateur les interac- ratoire avant de les administrer aux indispensable pour obtenir des infor- étranger, et donc de sa protéine cor- tions de ces molécules avec des can- malades. mations cruciales sur les mécanismes respondante, a ou non des répercus- didats médicaments. Pourtant, ce n’est pas la première moléculaires impliqués dans la toxicité sions sur les autres. fois que la protéomique est appli- des médicaments ». Les protéines Ca. T. quée en médecine. Elle a même déjà n’étant pas l’apanage des mammifè- Ca. T. LE MONDE/VENDREDI 25 JANVIER 2002/25 AUJOURD’HUI sciences SETI@home, quand les ordinateurs du monde entier recherchent des signaux extraterrestres Des nano-chirurgiens pour les astronautes au long cours Pour analyser les émissions radio de l’Univers, des chercheurs californiens mettent en réseau DANS UN AVENIR pro- 3,5 millions de PC que leur prêtent des internautes pendant les moments de veille des machines che, des nano-capsules – plus petites que des BERKELEY (Californie) cellules sanguines – de notre envoyé spécial LA PLUS GRANDE CONFÉDÉRATION D'ORDINATEURS DU MONDE pourront être injectées Perché sur la colline qui domine le dans les vaisseaux san- prestigieux campus universitaire de guins du corps humain Enregistrement des données 3,5 MILLIONS Berkeley et son pseudo-campanile Traitement informatique D'INTERNAUTES pour tuer des cellules vénitien, le Laboratoire californien Capture des données au radio-télescope d'Arecibo Les bandes sont envoyées à Berkeley malades ou délivrer des de sciences spatiales (SSL) a une vue (305 mètres de diamètre) (Californie). Les données sont divisées en unités doses précises de médi- imprenable sur la baie de San Fran- de travail et traitées par 4 puissants ordinateurs : cament. cisco, dont les eaux miroitent autant Ce micro-voyage fantas- que les buildings de la grande ville. tique est un très sérieux SAGAN Pour cette unité de recherche qui a programme de recher- Envoie les données participé à la plupart des missions che commandé par la par Internet I d’exploration de notre système solai- NASA à plusieurs uni-

aux utilisateurs N  re, pas de meilleure place que ce nid T versités américaines d’aigle, comme un lien entre ciel et pour trouver des solutions thérapeutiques permettant de soigner les E terre. Alors qu’un peu partout, en astronautes en route vers Mars dont les organismes auraient, sous R bas, dans ces Etats-Unis traumatisés CYCLOPE l’action des rayonnements solaires, développé des cancers ou les cel- N de l’après-11 septembre, fleurissent Reçoit les résultats lules subi des dégradations de leur ADN. Des nano-capsules pour- les bannières étoilées, le SSL abrite des analyses E raient assurer ce rôle en relâchant des enzymes mortelles ou répara- le moins américain des bureaux. T trices.Toutes ces nano-technologies, même quand elles sont très Un étrange drapeau conçu par un Le programme SETI@home analyse des enregis- futuristes, ont donné lieu, notamment aux Etats-Unis, à d’impor- fermier de l’Ohio y est accroché, où, trements d'ondes radio afin d'y détecter tants budgets de recherche. On estime que, dans les dix à quinze ans sur fond noir, se côtoient une frac- d'éventuels signaux artificiels en provenance GALILÉE à venir, ces technologies de l’infiniment petit pourraient générer des tion de disque jaune, une boule d'une civilisation située sur une planète extraso- Trie les signaux chiffres d’affaires importants dans les domaines de la santé (31 mil- bleue et une bille grise : le Soleil, laire. Pour ce faire, on écoute le ciel à l'aide du et trouve les plus liards de dollars), de la pharmacie (180 milliards de dollars) et de l’aé- notre planète et la Lune. Car, de cet- radio-télescope d'Arecibo (Porto-Rico). Ensuite, intéressants rospatiale (70 milliards de dollars). te petite pièce sans fenêtre, c’est l’hu- les données sont envoyées par Internet à des manité sans distinction de pays qui millions d'ordinateurs personnels dont les pro- cherche une autre intelligence, quel- priétaires ont téléchargé un programme d'écran ASIMOV Internet : la France pourrait que part dans le cosmos. D’ici est de veille d'un genre particulier. Dès que le PC Comptabilise le temps coordonnée l’action de quelque n'est plus utilisé, ce logiciel se met en route et de travail des différents rattraper son retard en 2008 3,5 millions de PC, répartis dans le décrypte les données. Cette architecture infor- ordinateurs gracieusement monde entier et dont le réseau for- matique fait de SETI@home le plus puissant or- prêtés par les internautes. LE SONDAGE ANNUEL de la revue me le plus puissant des ordinateurs dinateur du monde, et ce pour un coût minime. SVM associée à l’institut GfK révèle UN FOYER SUR QUATRE de la planète. que l’équipement informatique des Equipement informatique Le projet SETI@home (SETI signi- discuter du projet et à récolter des données du radiotélescope d’Areci- intéressants. Le quatrième et der- foyers français progresse régulière- en France, en % fiant « recherche d’une intelligence fonds ainsi que des dons en matériel bo sont découpées en petites unités nier ordinateur, Asimov, conserve ment, mais sans emballement. Ainsi, extraterrestre ») a été imaginé en informatique. Nous sommes de travail correspondant à une cen- quant à lui la trace de tous ceux qui les résultats 2001 de l’étude publiée Foyers équipés Foyers connectés 1994, rappelle son actuel directeur, d’ailleurs financés à 100 % par des taine de secondes d’enregistrement, ont participé au projet et celle du dans le numéro de février de SVM en micro à Internet David Anderson. « C’était le vingt- dons. soit 300 kilo-octets. Dans la petite travail qu’ils ont accompli. « Ainsi, montrent que 32,5 % des familles fran- cinquième anniversaire du premier » En 1997, nous avons engagé un salle du SSL, quatre ordinateurs explique l’astronome Dan Werthi- çaises (contre 30 % en 2000) disposent 35 32,5 pas de l’homme sur la Lune, et un de programmeur pour écrire le logiciel gèrent ces unités de travail. Baptisé mer, directeur scientifique de d’un ordinateur et que 22,4 % d’entre 30 mes anciens étudiants en informati- d’écran de veille qui analyse les don- Sagan, en hommage à l’astronome SETI@home, si votre ordinateur trou- elles (contre 17 % en 2000) sont con- que, David Gedye, s’est demandé ce nées, et en 1998 nous avons installé américain Carl Sagan, qui fut un ve E.T., nous vous enverrons un messa- nectées à Internet. En revanche, 63 % 25 22,4 que nous pourrions faire qui puisse notre propre enregistreur sur le radio- défenseur sans faille de ce type de ge de félicitations… » des Français interrogés « déclarent ne avoir un impact similaire sur le grand télescope d’Arecibo. Ensuite, nous recherche d’autres intelligences, le s’être jamais connectés » à Internet. 20 22 public. David a pensé à la recherche avons pris beaucoup de temps pour premier élément de ce quatuor 850 000    Les projections sur 2002 tablent sur 15 de signaux intelligents, car la possibili- tester le programme afin d’être sûrs envoie par Internet les unités de tra- Après bientôt trois ans d’activité, un taux d’équipement en ordinateurs té qu’une autre vie existe intéresse que ce serait un succès. Il ne fallait vail aux PC sur lesquels l’écran de la grande chaîne de silicium a accu- de 35 %, ce qui laissera la France der- 10 tout être humain. » pas par exemple qu’il efface des veille est installé. Dès que ces ordi- mulé l’équivalent de 850 000 années rière les Pays-Bas (66 %), l’Allemagne 5,5 D’autres programmes d’écoute et fichiers sur le disque dur des utilisa- nateurs ont un instant de libre, le de travail sur un seul ordinateur. Pro- (50 %), la Belgique (43 %) et le Royau- 5 d’analyse des signaux radio de l’Uni- fitant du fait que la puissance des me-Uni (43 %). Si elle soutient son 1998 99 00 01 vers étaient en cours d’élaboration ordinateurs double tous les dix-huit rythme actuel, la France pourrait Source : SVM / GFK et tous se heurtaient à la même diffi- Mobilisation contre l’anthrax mois – voire moins —, l’équipe cali- atteindre les 60 % en 2008. En volume, culté : fouiller les données en profon- Les utilisateurs d’ordinateurs du monde entier vont pouvoir participer à fornienne prépare la deuxième géné- le nombre d’ordinateurs vendus en France (domestiques et profes- deur et sur des myriades de fréquen- une nouvelle œuvre collective. Le 22 janvier, Intel, Microsoft, la National ration et envisage d’analyser 6 mil- sionnels confondus) passerait de 4,6 millions à 4,85 millions (dont ces nécessite une puissance informa- Foundation for Cancer Research (NFCR), l’université d’Oxford et United Devi- liards de canaux d’ici un an (contre 950 000 portables) de 2001 à 2002, soit une croissance de 5,4 %. tique colossale et des superordina- ces ont lancé le projet Anthrax, dont l’objectif est d’aider les chercheurs à 200 millions actuellement). teurs que seuls les grandes institu- trouver un traitement contre la toxine utilisée lors de multiples attentats SETI@home 2 prévoit d’utiliser tions de recherche peuvent s’offrir. aux Etats-Unis après le 11 septembre. Le téléchargement d’un économiseur d’autres télescopes que celui d’Areci- La recherche publique américaine Hors de portée donc d’une associa- d’écran (http://www.intel.com/cure) suffit pour que les volontaires parta- bo, qui ne scrute qu’un tiers du ciel, tion de bénévoles. gent leurs ressources informatiques inutilisées avec les chercheurs. Ainsi, et de réorganiser le logiciel d’écran obtient 100 milliards de dollars sur le modèle collaboratif utilisé par le SETI, ils construiront un supercalcula- de veille afin que d’autres program-     teur virtuel capable d’analyser des milliards de molécules en un temps mes scientifiques s’y greffent et pro- LA DÉPENSE PUBLIQUE de recherche et de développement des L’idée de génie des pères de record par rapport à celui qui serait nécessaire aux seuls laboratoires. fitent ainsi du plus grand ordinateur Etats-Unis atteindra en 2002 le montant record de 103,7 milliards de SETI@home a consisté à se dire du monde. Comme l’explique David dollars (117,7 milliards d’euros), soit une hausse de 13,5 %, d’un que, au lieu d’employer quelques Anderson, « il y a beaucoup de pro- niveau sans précédent depuis presque vingt ans. L’administration gros monstres informatiques dopés teurs ni qu’il présente des failles de logiciel se met en route et traque jets intéressants qui requièrent beau- Bush avait pourtant annoncé des coupes budgétaires dans ce sec- au silicium, on pouvait « embau- sécurité dont auraient pu profiter des des signaux radio caractéristiques. Il coup de puissance, comme la simula- teur, mais les attentats du 11 novembre ont retourné la situation. cher » des centaines de milliers d’or- hackers. Nous voulions aussi qu’il faut environ une douzaine d’heures tion du repliement des protéines ou Le secteur militaire est le principal bénéficiaire de cette manne, avec dinateurs de M.Tout-le-Monde, marche aussi bien sur Mac que sur à un PC muni d’une puce tournant à celle du réchauffement climatique, une enveloppe de 50,1 milliards de dollars (+ 17,3 %) pour le départe- ceux-là mêmes qui passent la plu- PC et sous tous les systèmes d’exploita- 500 mégahertz pour venir à bout qui est selon moi bien plus important ment de la défense. La recherche médicale constitue la seconde part de leur temps à afficher des tion, pour que 99,99 % des ordina- d’une unité de travail. Bien sûr, si le que SETI étant donné qu’il existe une priorité, avec 23,6 milliards de dollars (+ 15,7 %) pour les National écrans de veille en attendant qu’on teurs du monde puissent s’en servir. propriétaire de l’ordinateur veut chance non nulle pour que la Terre Institutes of Health. Le secteur spatial est lui aussi mieux doté que leur donne du travail. Tout cela a pris un an supplémentai- s’en servir entre-temps, l’écran de ressemble à Mars d’ici quelques siè- prévu, avec 14,9 milliards de dollars pour la NASA (+ 4,5 %), mais le « David Gedye m’a appelé parce re et, en avril 1999, nous avons veille interrompt aussitôt sa tâche cles et que toute vie ait disparu. » Si financement de la station spatiale internationale subit une nouvelle que j’avais de l’expérience dans l’in- démarré. » pour lui rendre la main. tous les ordinateurs du monde veu- réduction. formatique distribuée, poursuit Aujourd’hui, près de 3,5 millions Une fois que l’unité de travail est lent bien se « donner la main », De son côté, le département de l’énergie reçoit 8,1 milliards de dol- David Anderson, et il a aussi contac- de personnes venant de 226 pays épluchée, ces résultats sont ren- Internet bénéficiera donc à celle lars (+ 4,9 %). A noter un effort particulier pour la recherche contre té Dan Werthimer, un astronome qui ont téléchargé le programme, et voyés à Cyclope, la deuxième machi- pour laquelle il a été conçu, la le bioterrorisme, dont les crédits sont presque triplés et atteignent avait accès au plus grand radiotéles- environ 2 000 nouveaux internautes ne installée au SSL. Celle-ci trans- science. 1,5 milliard de dollars. Avec cet effort public colossal – auquel s’ajou- cope du monde, celui d’Arecibo à Por- le font chaque jour. Le principe de met le relais à la troisième, Galilée, te celui du secteur privé –, les Etats-Unis creusent encore le fossé qui to-Rico. Nous avons passé trois ans à SETI@home est simplissime : les qui trie les signaux et trouve les plus Pierre Barthélémy les sépare de l’Europe en matière de recherche.

0123456 CONCOURS DU NOUVEAU MONDE

L’INDICE DU JOUR 5.L’ÉNIGME DU JOUR “ENTREPRISES“ : 5. Bulletin réponse du vendredi 25 janvier INSCRIVEZ ICI VOTRE RÉPONSE À L’ÉNIGME DU JOUR : C’est une configuration particulière

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L’OLYMPIQUE LYONNAIS a ney Govou aggravait la marque « NOUS SOMMES champions du rables », relève Cédric Burdet, qui pour les Jeux olympiques de 2004. sortant) ou la Russie (deuxième en emporté un brillant succès (4-0) avant que Sonny Anderson n’ins- monde de rien du tout ! » A la veille cite « les exploits en quarts de finale Nous sommes dans une logique de 2000), qui s’alignent, elles, dans aux dépens de Marseille, mercredi crive le quatrième but, trois minu- d’un championnat d’Europe mas- contre l’Allemagne et en finale construction. Je n’en voudrai à per- deux autres poules distinctes. 23 janvier, sur sa pelouse su stade tes plus tard, d’un tir du gauche. culin de handball qui débute ce contre la Suède » – ces matches sonne si nous éprouvons des diffi- « Dans un Mondial, il y a une Gerland, lors de la 22e journée du « Voilà donc un match raté »,a vendredi 25 janvier, en Suède (jus- avaient été gagnés au bout de pro- cultés à ce que tout soit fini pour entrée en matière progressive, là championnat de France de foot- commenté Etienne Ceccaldi, direc- qu’au 3 février), Philippe Bana, longations arrachées sur des ac- l’Euro. Claude Onesta a eu peu de non », poursuit Claude Onesta, qui ball de première division, mettant teur général de l’OM. Bernard directeur technique national du tions et des gestes improbables temps avec cette équipe. » « Le vrai s’en inquiète : « Entrer rapidement fin à une série de trois contre-per- Tapie, directeur sportif, lui, avait handball français, résume l’état dans les toutes dernières secondes objectif est de réussir les Jeux olym- dans une compétition n’a jamais été formances (défaite aux tirs au but quitté le stade vingt minutes avant d’esprit qui anime Jackson Richard- du temps réglementaire. « Cela ne piques 2004 », confirme Claude le fort de l’équipe. » « On a pro- devant Bordeaux, en 8e de finale la fin de la rencontre. son et sa bande de « Costauds », se reproduit pas forcément tous les Onesta, pour qui « être dans les six gressé sur ce plan au Mondial, et je de la Coupe de la Ligue, le 8 jan- Troyes a écrasé Monaco (3-0), comme les avait baptisés leur jours », poursuit l’arrière de Mont- premiers » de l’Euro 2002 consti- pense que nous sommes en mesure vier, match nul 0-0 face à Bastia, réduit à dix après l’exclusion de entraîneur, Daniel Costantini, lors pellier, qui, absent du Mondial tue néanmoins « une nécessité ». d’éviter cet écueil », tempère Bruno en match retardé de la 19e journée, Pontus Farnerud (35e), au terme de leur parcours victorieux dans le 2001 pour cause de blessure, fait « Cela marquerait notre position Martini, qui ajoute que les Bleus le 16 janvier ; défaite 2-0 contre d’un match tendu, haché par les Mondial 2001. Un an après ce sacre son retour chez les Bleus. « Cette dans la hiérarchie mondiale, relève- ne repartent pas de zéro : « Le fait Châteauroux (D2) en 16e de finale fautes. Metz, bientôt entraîné par mondial – le deuxième de l’histoire équipe sait qu’elle fait partie des t-il. Etre sur le podium serait de d’être champions du monde permet de la Coupe de France contre Châ- Gilbert Gress, mais encore placé du handball masculin tricolore –, meilleures, mais qu’elle n’est pas la l’ordre de la réussite du moment. » d’aborder la compétition avec plus teauroux, le 19 janvier). sous la houlette de Francis de Tad- l’équipe de France se refuse à meilleure en valeur intrinsèque, de confiance en nous. Le titre mon- Le sort de la rencontre s’est joué deo, a renoué avec le succès en endosser le statut de favorite du renchérit Claude Onesta. Elle sait «     » dial nous a apporté ça, il a révélé au cours de la première période s’imposant à Bastia (2-1), tandis rendez-vous biennal européen. qu’elle l’a fait une fois, qu’elle a été Même si Bruno Martini consent certains joueurs à eux-mêmes. » qui a vu les hommes de Jacques que Sochaux dominait Bordeaux « Pas adapté à cette équipe », tran- capable de puiser au fond de ses res- à déclarer que les Bleus, forts d’un « Mais quelques joueurs ont en- Santini inscrire leurs quatre buts (1-0) au stade Chaban-Delmas et che Claude Onesta, qui a succédé sources pour compenser ses man- « statut à défendre », seront en core des sautes de performances en onze minutes. C’est l’attaquant que Lorient a battu Rennes (2-0) à Daniel Costantini. Tout juste ques et qu’elle peut le refaire, mais Suède avec en tête l’idée d’«être préjudiciables à nos résultats », dé- brésilien Sonny Anderson qui a lors d’un derby breton qui voyait admet-on chez les Bleus, à l’image elle sait aussi qu’elle reste en phase champions d’Europe » et même si plore Claude Onesta, qui, en dépit ouvert la marque à la 24e minute les deux clubs se disputer la lanter- de Bruno Martini, faire seulement d’apprentissage, avec beaucoup de les primes annoncées par la fédéra- d’une « solidité défensive » et d’un transformant un penalty sifflé ne rouge du championnat. « partie des favoris ». « C’est logi- joueurs qui ne sont pas encore à tion française ne visent que les pla- « jeu d’attaque opportuniste, voire après un faute de Franck Jurietti que », reconnaît l’un des trois gar- maturité. » ces 1, 2 ou 3, le ton prudent adopté atypique » qui ont « fait leurs preu- sur Eric Carrière. Et c’est encore (Avec AFP) diens de but. Aucun « minimum syndical » par les handballeurs français face à ves », voit là le principal sujet d’in- Franck Jurietti qui provoquait le A écouter les uns et les autres, il n’est exigé des Bleus en Suède. ce championnat d’Europe, alors quiétude : « Avec trois matches à la deuxième but lyonnais (29e), Championnat de France de D1 (22e journée) : ne faudrait pas voir là fausse « L’Euro n’est pas une fin en soi, qu’ils sont parvenus à se hisser sur mort les trois premiers jours, nous détournant dans ses buts un cen- Bordeaux-Sochaux 0-1 ; Lyon-Marseille 4-0 ; modestie ou tentative de se faire déclare Philippe Bana, c’est un pas- les sommets mondiaux, peut sem- n’aurons pas besoin de ce manque tre de Sonny Anderson. Chaque Bastia-Metz 1-2 ; Guingamp-Lille 0-0 ; oublier. « Nous avons été cham- sage vers des échéances qui seront bler paradoxal. « C’est qu’un Euro de maîtrise du jeu qui affecte à cer- Lorient-Rennes 2-0 ; Montpellier-Auxerre 0-0 ; occasion lyonnaise se transformait Sedan-Nantes 0-0 ; Troyes-Monaco 3-0. pions du monde, certes, mais il y a plus graves pour nous : au Mondial est plus dur qu’un Mondial, rétor- tains moments l’équipe. » Dans ce e alors en but. A la 32 minute, Syd- Lens-Paris SG devait se jouer jeudi 24 janvier. eu beaucoup de circonstances favo- 2003, nous devrons nous qualifier que Claude Onesta, les meilleu- domaine, les matches de prépara- res nations sont européennes. » tion, fin décembre (défaite 23-24 « L’équipe de France n’a jamais au Challenge Marrane face à réussi un Euro, sauf en 2000, où elle l’Egypte, demi-finaliste du Mon- a pris la 4e place malgré l’absence dial) puis courant janvier (nouvelle de certains joueurs-clés », renchérit défaite (29-32) face à l’Egypte au Philippe Bana, pour qui, « dans un Tournoi du Portugal), ne l’ont pas Euro, il n’y pas de petits matches ». forcément rassuré. Reste à savoir « Regardez notre poule prélimi- également comment l’équipe digé- naire, insiste-t-il, nous affrontons rera l’absence, pour cause de bles- en trois jours l’Allemagne, la Yougo- sures, d’Andrej Golic, un de ses slavie et la Croatie », c’est-à-dire piliers. autant de prétendants potentiels au titre, avec la Suède (vainqueur Ph. L. C.   …  

Le Mondial 2001 de handball en 4 ans. C’est un indicateur encoura- 1 France avait été présenté comme geant. une opportunité pour dynamiser les structures et développer l’assise éco- Le Mondial vous a-t-il permis de nomique de ce sport. Un an après le 3 renégocier vos partenariats exis- sacre des Bleus, qu’est-ce qui a chan- tants ou de convaincre de nouveaux gé selon le directeur technique natio- partenaires ? nal que vous êtes ? Les contrats Adidas ou Vittel ont Ce Mondial devait nous permet- été reconduits et des sociétés com- tre d’accélérer certaines choses. Glo- me Elyo ou Seigneurie, qui interve- balement, ce pari est réussi. Au plan naient ponctuellement, ont signé notoriété, les indicateurs montrent des contrats pluriannuels. Nous que le handball est désormais consi- avons obtenu une plus-value correc- déré comme un grand sport. Nous te, mais qui n’est pas à la hauteur avons passé en juin 2001 le cap des de la notoriété du handball. Il faut 300 000 licenciés, contre 215 000 que nous changions le prix du hand- en 1996. C’est l’un des meilleurs ball. La fédération s’apprête à signer taux de progression dans le sport un accord confiant son marketing à français. La locomotive « Costauds » partir de 2002 à la société Sportfive a entraîné les gosses : (fusion de Sport Plus, UFA Sports, 25 000 demandes de licences. Cette Jean-Claude Darmon). Economique- saison, les budgets des clubs de Divi- ment, nous voulons changer de sion 1, qui étaient plutôt en stagna- monde. Notre budget n’a pas aug- tion, ont progressé entre 20 % et menté véritablement : environ 25 %. Il y a trois ou quatre clubs à 8,7 millions d’euros, soit une hausse 1,5 million d’euros de budget. de 0,45 million en un an seulement. Il nous faut augmenter la part des L’ambition avant le Mondial financements privés. C’est notre 2 était, en cas de bon parcours des chantier 2002-2004. Notre budget Bleus, d’obtenir une meilleure expo- est assuré à 45 % par les licences, sition télévisuelle et des droits plus 45 % par l’Etat et 10 % par des con- importants. Qu’en est-il ? trats avec des entreprises. Nous vou- Nous avons signé avec Eurosport lons aboutir à 20 % de partenariats pour la diffusion de matches du privés sur un budget total porté à championnat de France et les mat- 10,5 millions d’euros. ches de l’équipe de France en Fran- ce. Les droits versés sont multipliés Propos recueillis par par trois : 2,7 millions d’euros sur Philippe Le Cœur  a AUTOMOBILISME : le tribunal de commerce de Versailles devait examiner jeudi 24 janvier, les dossiers présentés dans le cadre d’un plan de continuation ou de cession de l’écurie de formule 1 Prost Grand Prix mais ne devait pas rendre sa décision avant le 28 janvier. a FOOTBALL : Strasbourg, qui a battu Niort (1-0), mercredi 23 jan- vier, a conservé la tête du classement du championnat de France de deuxième division. Les autres résultats : Amiens-Caen 3-2 ; Gueugnon- Créteil 0-0 ; Istres-Nîmes 0-0 ; Laval-Beauvais 0-1 ; Le Havre-Château- roux 3-1 ; Martigues-Le Mans 2-2 ; Wasquehal-Grenoble 1-0. Mardi 22 janvier, Nice avait battu Nancy (1-0). a TENNIS : la paire française Santoro-Llodra disputera, samedi 26 janvier, la finale du double messieurs des Internationaux d’Austra- lie, soixante-quatorze ans après Jean Borotra et Jacques Brugnon qui l’avaient alors emporté. Les Français ont battu, jeudi 24 janvier, leurs compatriotes Arnaud Clément et Julien Boutter 6-3, 3-6, 12-10.

a LOTO : résultats des tirages no 7 effectués mercredi 23 janvier. Premier tirage : 5, 13, 19, 32, 34, 45 ; numéro complémentaire : 36.Pas de gagnant pour 6 numéros. Rapports pour 5 numéros et le complémen- taire : 77 892,70 ¤ ; 5 numéros : 729,20 ¤ ; 4 numéros et le complémentai- re : 35,80 ¤ ; 4 numéros : 17,90 ¤; 3 numéros et le complémentaire : 4,00 ¤; 3 numéros : 2,00 ¤. Second tirage : 3, 4, 34, 43, 44, 45 ; numéro complémentaire : 9. Rapports pour 6 numéros : 1 791 115,00 ¤ ; 5 numé- ros et le complémentaire : 12 428,80 ¤ ; 5 numéros : 1 264,40 ¤ ; 4 numé- ros et le complémentaire : 62,80 ¤ ; 4 numéros : 31,40 ¤ ; 3 numéros et le complémentaire : 5,60 ¤ ; 3 numéros : 2,80 ¤. LE MONDE/VENDREDI 25 JANVIER 2002/27 AUJOURD’HUI aventures

Six tours du monde Olivier de Kersauson, en compétition b Né le 20 juillet 1944 à Bonnétable (Sarthe) rebelle des océans b Second d’Eric Tabarly (après son service militaire) de 1966 à 1974 (victoires dans la course du Fastnet, Le détenteur du Trophée Jules-Verne Sydney-Hobart – entre Australie et Tasmanie – et champion va reprendre la mer du RORC avec Pen-Duick-III en 1967). b 1973-1974 : Whitbread (course sur le plus grand trimaran du monde autour du monde par étapes et en équipage) BREST un palmarès de skipper sans vic- avec Pen-Duick-VI. de notre envoyé spécial toire. Kriter-IV, son trimaran le b 1975 : 2e de Le chemin serpente dans la plus performant, a fait naufrage Londres-Sydney-Londres (en forêt jusqu’au château de Kerjan- dans une tentative de record de équipage) avec Kriter-II. Mol. Le parfum des futaies, mêlé la traversée de l’Atlantique. L’an- b 1978 : 4e de la Route du rhum (en aux odeurs fortes des marées, tra- cien second de Tabarly réfute tou- solitaire) avec Kriter-IV. hit la proximité de l’océan. Dans tefois la « blessure d’orgueil » b 1980 : 14e de la Transat anglaise l’immense séjour, les portraits pour expliquer sa rupture avec le (en solitaire) avec Kriter-VI. peints des aïeux, dont l’un d’eux milieu de la course au large. b 1987 : 2e du Tour de l’Europe avec commanda la flotte de Saint En interdisant la publicité sur Poulain. Victoires dans les Grands Louis lors des croisades, témoi- les bateaux, le Royal Ocean Prix de La Rochelle et de Brest (en gnent de l’authentique noblesse Racing Club avait incité les Fran-  équipage). des Kersauson de Pennendreff. çais à créer la voile « open ». Au Olivier de Kersauson à l’entraînement sur son nouveau trimaran, « Geronimo ». b 1988 : record du tour du monde Sur une table, entourée de nom de la sécurité, ces derniers (en solitaire), de Brest à Brest, en maquettes de voiliers, traînent venaient de limiter la longueur re n’est pas à la nostalgie. Un ment le tour de la bouche, com- quer aux autres grands records de 125 jours avec Un-Autre-Regard. de vieux instruments de naviga- des multicoques à 60 pieds nom enflamme encore son imagi- me pour savourer tous les bon- la voile : traversée de l’Atlanti- b 1993 : première tentative de tour tion et le livre-hommage «à (18,26 m), condamnant ainsi une nation : Geronimo. heurs à venir. « Lorsque la nature que, Route de la découverte du monde (en équipage) en moins Eric » (Daniel Gilles, préface de partie de la flotte. « On passait Deux jours après son cinquan- nous offre un don ou une chance, (Cadix-San Salvador), Transpacifi- de 80 jours avec Charal (abandon, Jacqueline Tabarly, Ed. du Chê- d’un monde de folie, d’émotions, te-septième anniversaire, le nous avons le devoir d’exceller, d’al- que, New York-San Francisco, flotteur endommagé dans l’océan ne, 234 p., 59,90 ¤.) de rêves, à un monde de règles qui marin brestois a mis à l’eau le ler au bout de nos possibilités, dit- Route du thé (Hongkong-Lon- Indien). ne me faisait plus battre le cœur », plus grand trimaran du monde il. Ce trimaran est le fruit de toute dres), etc. Un programme de qua- b 1994 : deuxième tentative avec dit-il. Avec Poulain, son trimaran (34 m de long). Un voilier mon expérience de la mer. J’ai hâte tre ans. Ou plus… « Mon ami Jean- Lyonnaise-des-Eaux-Dumez (77 j 5 h « J’ai toujours hors la loi rebaptisé Un-Autre- puissant et rustique au premier de partir avec lui sur ce parcours Pierre Rives dit que les sportifs meu- 3 min 7 s). Devancé par Peter Blake Regard, il se lance, en 1988, dans regard, mais où tout a été minu- du Jules Verne dont je suis totale- rent toujours deux fois. La premiè- avec Enza-New-Zealand (74 j 22 h été prêt à mourir un tour du monde en solitaire tieusement optimisé pour la ment imprégné. » re à la fin de leur carrière. Je n’ai 17 min 22 s). que seuls Alain Colas et Philippe performance. Après le Trophée Jules-Verne, pas envie de mourir deux fois. » b 1997 : Trophée Jules-Verne (tour pour la voile, Monnet avaient osé tenter avant Olivier de Kersauson prend un Geronimo devrait reprendre les du monde en équipage) avec lui sur un multicoque. Cent vingt- air malicieux. Sa langue fait goulû- sentiers de la guerre pour s’atta- Gérard Albouy Sport-Elec (71 j 14 h 22 min 8 s). d’autres cinq jours durant, il s’émerveille devant « les couleurs du ciel lors se contentent d’un lever ou d’un coucher de soleil sur l’horizon », puis décou- d’en vivre… » vre « la solitude absolue dans la beauté sauvage et hostile des 40es Rugissants », mais aussi « l’odeur Devant la cheminée du salon, âcre de la peur » et le « sentiment la seule pièce vraiment chauffée, d’impuissance » dans le « chaos Olivier de Kersauson évoque les hurlant » d’une tempête de disparitions de Peter Blake et l’océan Indien. « J’ai toujours été d’Eric Tabarly, ses compagnons prêt à mourir pour la voile, dit-il. de mer. Il se souvient de son pre- D’autres se contentent d’en mier tour du monde avec eux, à vivre… » la création de la Whitbread, en Pour vivre et « sauver l’arme- 1973 : « C’était la première fois ment », Olivier de Kersauson pré- que nous devions doubler le cap fère composer avec ses amis. Jac- Horn. Les seules informations dont ques Martin, rencontré à Bora nous disposions sur la navigation Bora, lui a ouvert la porte de Jean dans ces contrées figuraient dans Castel, le grand timonier de la les livres de bord des trois-mâts du rue Princesse, puis celle des début du siècle. Eric avait fait cons- « Grosses têtes » de Philippe Bou- truire un bouclier en acier pour vard, où il exerce jusqu’à 80 jours protéger le cockpit de Pen-Duick par an son humour instantané et des déferlantes… » De cette épo- ses délires en alexandrins en tour- que aventureuse, il conserve de nant le dos au public. Mais ce cor- merveilleux souvenirs et quel- saire en mal de mer supporte mal ques photos, comme celle prise à sa fonction d’« Amiral » des Moorea avec Tabarly, Moitessier nuits parisiennes. Le jour revenu, et Colas. marin sans horizon, il traîne son Même s’il en plaisante, le déten- ennui de la ville sur les bateaux- teur du trophée Jules-Verne fait mouches ou au Musée de la aujourd’hui figure de « dernier marine. tigre blanc ». Sa dernière compéti- C’est une réception à ce musée tion remonte au Tour de l’Europe pour la victoire de Titouan Lama- 1987. Son ultime Transat en soli- zou dans le Vendée Globe qui va taire à 1980. « J’ai toujours couru ranimer la flamme. L’heure est les Transats avec des bateaux au projet d’un tour du monde en démodés », dit-il pour expliquer moins de 80 jours. Marc Van Pete- ghem, l’architecte de Poulain, assure qu’il suffirait de rallonger « Geronimo », le trimaran et de le doter d’un gréement plus puissant pour ten- symbole de symbiose ter le pari. avec la nature D’abord agacé par la volonté de Lamazou, Florence Arthaud et C’est la première fois qu’Olivier Bruno Peyron de réguler le Tro- de Kersauson dispose d’un budget phée Jules-Verne, Olivier de Ker- aussi important pour mener à bien sauson plonge dans ce défi. Profi- la construction du bateau de ses tant d’un reportage pour Match rêves et une campagne de quatre sur la Coupe de l’America à San ans pour battre les grands records. Diego, il convainc Raul Gardini, On peut estimer à 4,5 millions l’armateur d’Il-Moro-di-Venezia, d’euros le coût du design et de la d’investir 2,3 millions d’euros. construction de Geronimo, et sans Le 25 janvier 1993, avec quatre doute à près de 10 millions d’euros équipiers, il quitte Brest avec Cha- le coût de la campagne. Serge ral. L’aventure prend fin après Kempf, le fondateur de Cap vingt-trois jours, flotteur tribord Gemini, qui a investi à titre person- déchiré par un growler à l’entrée nel aux côtés de Cap Gemini de l’océan Indien. Deux mois Ernst & Young, et Henri Lachmann, plus tard, Bruno Peyron sera le PDG de Schneider Electric, ont premier à réussir le défi. accepté que le bateau ne porte pas Olivier de Kersauson obtient le nom de leur société, mais celui de Jérôme Monod 1 million du grand chef indien qui avait d’euros pour repartir, le 16 jan- défendu les terres apaches dans vier 1994, en duel avec Peter Bla- l’Arizona. « Geronimo est une réfé- ke. Lyonnaise-des-Eaux-Dumez rence à mon enfance, explique le est de retour à Brest après skipper. J’étais un Indien quand je 77 jours, mais il a été devancé posais des pièges et que je parcourais d’un peu plus de deux jours par les bois avec ma fronde. Mais c’est Enza-New-Zealand. La troisième aussi un symbole fort de liberté, de tentative sur le vieux trimaran, symbiose avec la nature. J’ai de l’ad- rebaptisé Sport-Elec, sera la bon- miration pour les gens qui savent ne. Le 19 mai 1997, le skipper bre- dire non pour défendre leur ton et ses six équipiers conquiè- culture. » rent le Trophée Jules-Verne (71 j Les caractéristiques du trimaran 14 h 18 min 8 s). sont impressionnantes. Longueur : « J’ai été le second de Tabarly et 34 m ; flottaison : 32 m ; longueur j’ai battu Blake autour du mon- des flotteurs : 30,5 m ; largeur : de », dit-il avec fierté. Après cette 22 m ; hauteur du mât : 43 m ; consécration, Citizen Kersauson poids : 20 tonnes ; surface de la aurait pu se retirer et faire du châ- grand-voile : 390 m2 ; solent : teau de Kerjan-Mol son Xanadu, 160 m2 ; trinquette : 90 m2 ; grand hanté de souvenirs de mer pour gennaker : 500 m2. le restant de ses jours. Mais l’heu- 28/LE MONDE/VENDREDI 25 JANVIER 2002 AUJOURD’HUI

Oslo Stockholm 25 JAN. 2002 PRÉVISIONS 25 janvier 25 janvier prévisions vers 12h prévisions vers 12h Moscou La Ville par ville, les minima/maxima de Riga température et l’état du ciel. S : ensoleillé; Lille douceur N : nuageux; C : couvert; P : pluie; * : neige. Le Havre Minsk FRANCE  Madrid...... 2/10 S Belfast Copenhague Ajaccio ...... 6/16 S Milan ...... -2/13 S Reims Dublin Liverpool persiste Brest Paris ...... 6/16 S 1/2 P Varsovie Kiev Biarritz Moscou...... Strasbourg 4/13 N ...... 1/4 C  25  Bordeaux ...... Munich Berlin Rennes Troyes Amsterdam ...... 2/9 N ...... 8/13 P Londres Lever du soleil à Paris : 8 h 31 Bourges Naples Orléans Brest ...... 5/12 P Oslo...... -14/-4 S Bruxelles Coucher du soleil à Paris : 17 h 35 Nantes Prague ...... 2/10 C .... 8/16 S Tours Caen Palma de M. Mulhouse ...... 2/10 P 0/4 N Odessa Cherbourg Prague ...... Bourges Strasbourg Bretagne, pays de Loire, Basse-Nor- Dijon Vienne 3/10 N ...... 5/15 N Paris mandie. Les nuages arrivent très nom- Clermont-F. .... Rome Munich Budapest ...... 1/6 N ...... 8/17 S Dijon Séville Poitiers Nantes breux et donnent de la pluie plutôt fai- Clermont- ...... -2/7 N ...... -3/3 C Grenoble Sofia Limoges Berne ble. Quelques éclaircies reviennent en soi- Ferrand Bucarest ...... 2/9 N -6/5 P Lille St-Pétersb...... Chamonix rée sur la pointe de la Bretagne. Le vent Lyon Lyon Milan ...... 4/9 N -7/4 * Belgrade de sud ouest se renforce à 90 km/h. Limoges Stockholm ...... Grenoble Sofia 1/7 N ...... 16/22 S Lyon ...... Ténérife Bordeaux Toulouse Istanbul ...... 6/13 S ...... -4/6 P Nord-Picardie, Ile-de-France, Cen- Marseille Varsovie Aurillac ...... 2/7 N -3/9 N ...... Montélimar tre, Haute-Normandie, Ardennes.Le Nancy Venise Rome Nantes...... 5/13 C Vienne...... 2/6 N ciel est bien voilé le matin puis les nua- Barcelone Naples Nice...... 5/15 S Madrid ges deviennent de plus en plus épais. La 2/10 C AMÉRIQUES Biarritz Montpellier Nice pluie arrive par l’ouest dès la fin de la Paris...... Toulouse Marseille Lisbonne ...... 21/32 S Pau ...... 2/14 S Brasilia Athènes matinée. Le vent de sud-ouest souffle 22/31 S Tarbes Perpignan...... 8/15 S Buenos Aires Perpignan fort à 80-90 km/h sur les côtes. 22/29 S Séville Rennes...... 4/12 P Caracas ...... -3/5 S St-Etienne ...... 0/11 N Chicago Tunis Champagne, Lorraine, Alsace, Bour- Alger 2/7 N ...... 21/25 P Ajaccio gogne, Franche-Comté. En début de Strasbourg...... Lima .... 9/18 S ...... 3/12 N Rabat matinée il y aura pas mal de nuages et Toulouse Los Angeles ...... 5/22 S Tours ...... 3/10 C Mexico des brouillards puis le ciel deviendra plus -12/-3 S lumineux. Il fera toujours très doux avec Montréal...... Soleil Peu nuageux Couvert FRANCE - New York ...... 2/6 S 7 à 8 degrés l’après-midi. 6/12 C Cayenne ...... 23/26 P San Francisco Brèves éclaircies Averses Pluie 25/27 S . 12/28 S Poitou-Charentes, Aquitaine, Midi- Fort-de-Fr...... Santiago Ch. 25/30 C ...... -5/2 S Orage Neige Brouillard Vent fort Pyrénées. Dans la matinée l’impression Nouméa...... Toronto ...... 25/31 S 2/10 S du ciel sera plutôt nuageux avec des Papeete Washingt. DC brouillards. Dans l’après-midi le soleil Pointe-à-P...... 22/29 S AFRIQUE St Denis Réu.. 24/29 S sera bien présent. Il fera très doux jus- Alger...... 7/19 S ...... 22/26 S qu’à 17 degrés à Biarritz. EUROPE Dakar 22/25 P Kinshasa...... Amsterdam.... 3/9 N Limousin, Auvergne, Rhône-Alpes. Le Caire...... 11/18 S ...... 10/15 N Le ciel sera nuageux mais le soleil fera Athènes ...... 17/26 S 5/12 S Nairobi Barcelone ...... tout de même de belles apparitions. Les Pretoria...... 18/25 C Belfast...... 2/10 P températures seront comprises entre 7 Rabat ...... 10/19 S ...... 0/7 C et 10 degrés. Belgrade 9/16 N Tunis ...... Berlin ...... 2/7 N Le 25 janvier Languedoc-Roussillon, Provence- Berne...... -1/6 N ASIE-OCÉANIE 2/9 N ...... 23/33 S Sur la moitié sud, Le soleil va Bruxelles ...... Bangkok Alpes-Côte d'Azur, Corse. le temps va rester ...... -11/3 C ...... 11/16 S briller largement. Mistral et tramontane Bucarest Beyrouth ensoleillé. Sur ...... -2/5 C ...... 16/29 S souffleront à 70 km/h la matin. Il fera Budapest Bombay la moitié nord, les .. -1/3 S ...... 26/28 P doux entre 14 et 16 degrés. Copenhague Djakarta nuages domineront Dublin ...... 2/12 P Dubaï...... 14/23 S et la pluie s'étendra Francfort ...... 3/7 N Hanoï...... 20/25 S de la Bretagne au 2/7 N ...... 17/20 C nord de l'Alsace . Genève ...... Hongkong Le vent de sud Helsinki...... -11/5 P Jérusalem ...... 1/14 S ...... 8/13 N ...... 8/22 S ouest soufflera à Istanbul New Delhi 100 km/h sur les ...... -2/3 S ...... -5/7 S Kiev Pékin côtes de la Manche Lisbonne...... 12/16 S Séoul ...... -3/3 S et de la Bretagne et 4/11 P ...... 25/29 P Liverpool ...... Singapour à 70 km/h dans Londres...... 3/11 C Sydney ...... 19/23 C les terres . Luxembourg . 1/5 N Tokyo ...... 3/11 S PRÉVISIONS POUR LE 26 JANVIER SITUATION LE 24 JANVIER À 0 HEURE TU PRÉVISIONS POUR LE 26 JANVIER À 0 HEURE TU Une exposition de tapis anciens aux Puces de Saint-Ouen

e  nant des scènes mythologiques années 1830, où la couleur domi- 3,80 m. Il a subi des restaurations 5,10 m). De la fin du XIX , daté fleurs, guirlandes, couronnes, roses entourées de motifs rayonnants. nante brun clair se marie à des qui mettent son prix à 91 500 ¤. autour des années 1880, se trouve et lauriers continuent d’y tenir une Tous les jeudis Les rocailles prennent le relais au motifs de fleurs polychromes. Un Un autre exemplaire de même un exemplaire à fond rouge, à place prépondérante, disposés se- datés vendredi, XVIIIe, supplantées ensuite par le modèle à fond brun et semis de époque, à fond brun brique, est décor d’un semis de fleurs poly- lon les canons du style Louis XVI, l’agenda du chineur style à l’antique, qui fait triom- fleurs est orné d’une rosace cen- décoré de quatre vases autour du chromes. La bordure à fond vert revenu à la mode dans les années pher sous Louis XVI une géométrie trale à fond turquoise ; la bordure médaillon central et d’un semis de pâle dessine des rubans et guir- 1900-1950 : modèle à fond uni et JUSQU’AU lundi 11 février, les épurée et des teintes plus sombres à décor de roses et de liserons est fleurs. Présenté dans un bel état landes encadrés de lauriers (5,20 m guirlandes de roses en bordure antiquaires du marché Dauphine, que sous le règne précédent. Un rehaussée d’un galon turquoise et de conservation, avec des couleurs sur 4,20 m, 30 500 ¤). (3,90 m sur 2,80 m, 7 622 ¤), mo- rue des Rosiers à Saint-Ouen, orga- certain classicisme s’impose à l’Em- corail. Ce tapis au décor Restaura- fraîches et sans restauration, il est Les modèles du XXe siècle se ré- dèle à fond rose soutenu, bordure nisent une exposition de tapis- pire, chassé sous la Restauration tion bien typé mesure 4,20 m sur annoncé à 305 000 ¤ (5,80 m sur vèlent plus accessibles. Semis de à l’imitation d’un cadre en bois series et tapis anciens. A cette oc- par un retour vers des décors plus (4 m sur 3,90 m, 10 000 ¤), tapis casion seront présentés quelques chargés, repris d’après le style ovale à décor de fleurs et bouquets, exemplaires de la Manufacture de rocaille. Calendrier partie centrale évidée (4,40 m sur la Savonnerie, qui prennent place Longtemps réservée au roi et à la ANTIQUITÉS-BROCANTES du vendredi 25 janvier au dimanche COLLECTIONS 3,60 m, 9 150 ¤). parmi les créations françaises les cour, la production de la Savonne- b Marseille (Bouches-du-Rhône), du 3 février ; tél. : 02-33-47-56-57. b Paris, grand marché d’art D’autres tapis européens seront e plus prestigieuses de ce domaine. rie s’élargit au XIX . Elle reste toute- vendredi 25 au dimanche 27 janvier ; b Rouen (Seine-Maritime), du contemporain, quai Henri-IV, du mis à l’honneur par cette exposi- Vers 1620, l’atelier du Louvre, où fois de très grande qualité, ce qui tél. : 04-91-78-10-69. vendredi 25 au dimanche 27 janvier ; mercredi 23 au dimanche 27 janvier ; tion, et, bien sûr, de nombreux avait été ouverte une fabrique de en fait aujourd’hui le prix. Selon b Bordeaux (Gironde), du vendredi tél. : 02-35-18-28-28. tél. : 01-56-53-93-93. modèles d’Orient et d’Extrême- tapis, fut transféré à Chaillot, dans l’ancienneté, l’état de conserva- 25 janvier au dimanche 3 février ; b Thiers (Puy-de-Dôme), samedi 26 b Angoulême (Charente), bande Orient. une ancienne savonnerie qui laisse tion, la beauté des décors et des tél. : 01-40-71-90-22. et dimanche 27 janvier ; dessinée, du jeudi 24 au dimanche son nom à cette nouvelle manufac- couleurs, la valeur des tapis de la b Blois (Loir-et-Cher), du vendredi 25 tél. : 06-84-57-06-82. 27 janvier ; tél. : 05-45-97-86-50. Catherine Bedel ture. Dans un style complètement Savonnerie se situe entre 10 000 au dimanche 27 janvier ; b Saint-Gilles-Croix-de-Vie b Guéret (Creuse), cartes postales, occidental, inspiré de la Renais- euros et 1 million. Quelques mar- tél. : 02-47-67-25-51. (Vendée), samedi 26 et dimanche vieux papiers, le samedi 26 janvier ; e « Mille et une nuits », marché Dau- sance, des tapis y sont exécutés chands en exposent au marché b Reims (Marne), du vendredi 25 27 janvier ; tél. : 05-57-43-97-93. tél. : 05-55-52-14-29. phine, 132-140, rue des Rosiers, Saint- au nœud turc, plat et symétrique. Dauphine, en particulier Leyla et au dimanche 27 janvier ; b Vaison-la-Romaine (Vaucluse), b Nîmes (Gard), jouets, samedi 26 Ouen. Les samedis, dimanches et Sous Louis XIV, le peintre Le Brun Farad Ahi (stands 56 et 250). tél. : 03-26-02-04-06. samedi 26 et dimanche 27 janvier ; et dimanche 27 janvier ; lundis, de 9 h 30 à 18 heures, jus- dessine les cartons des tapis, imagi- Les plus anciens remontent aux b Paris, Parc floral de Vincennes, tél. : 04-75-26-06-59. tél. : 04-90-62-69-65. qu’au lundi 11 février.

Retrouvez nos grilles MOTS CROISÉS PROBLÈME No 02 - 022 sur www.lemonde.fr L’ART EN QUESTION No 258 En collaboration avec la

123456789101112 Plus facile à lire. - 3. Qui vous mettra mal à l’aise. - 4. Annon- A dévorer des yeux I ce la fin. Couvre. Travaille en usine. - 5. Adopté par Auguste L’EXPOSITION qui se tient dans II avant d’occuper sa place. Mis les salles à décor de l’ancien hôtel en place par les autres. - 6. de la gare d’Orsay, près de l’actuel III Protège en attendant de plus restaurant du musée, se propose beaux jours. Un catalogue qui de donner un panorama de la n’est pas au goût des Verts. - 7. table dans la France urbaine du IV e Mettre au pied. Le germanium. XIX siècle. Elle se situe aux V - 8. Régulier. - 9. Couche fine. confins de l’histoire, de la sociolo- Qu’il faudra rendre un jour. - gie et des beaux-arts, mêle des Jules Gouffé, VI 10. Vous rendrez. Se prend types variés de documents, peintu- « Le Livre chaque jour un peu plus. - 11. res, photographies, dessins d’archi- de cuisine », VII Supprimé. Musique à mani- tecture, vaisselle, orfèvrerie, Paris, 1867. velle. - 12. Vieux sage chez menus, affiches publicitaires, Galantine de VIII Homère. Vieil américain. livres et objets. Le visiteur y décou- dinde sur socle, vre que le XIXe siècle a façonné la planche XIX. IX Philippe Dupuis plupart des habitudes alimentaires Paris, actuelles. L’une des principales Bibliothèque X SOLUTION DU N° 02 - 21 inventions, sur le plan technologi- nationale que, est celle de la conserve, inven- de France. Horizontalement tée par Nicolas Appert en 1795, A Paris, au HORIZONTALEMENT non sans mal. Préposition. Vif de I. Trompe-la-mort. - II. Repor- méthode de conservation qui pré- Musée d’Orsay, bon matin. - VII. Protection en tage. Ah. - III. Apéro. Mincie. - IV. cède d’environ quatre-vingts ans jusqu’au 3 mars, I. Signes de rapprochement. - II. eaux profondes. Bouche-trou en Nerf. Métallo. - V. Sial. ENA. Sl. - celle de la réfrigération. pour l’exposition Une bonne situation qui devient bouche. - VIII. Armée secrète. VI. Interstice. - VII. Stère. Lang. - Le développement du chemin de « A table au fer et celui du bateau à vapeur per- e de plus en plus rare. Entente fran- Deux points en opposition. Ren- VIII. Vibre. II. - IX. Ourse. Lô. /,     XIX siècle ». co-allemande. - III. Des chiffres et contres dangereuses. - IX. Travaille Une. - X. Résurrection. mettent l’acheminement d’ali- b des lettres pour trouver la solu- sur le cru. Départ en fanfare. - X. ments exotiques, notamment en de la littérature « gourmande », Baptiste Adolphe Duval ? provenance des colonies. Le l’auteur de L’Almanach des gour- b Alexandre Balthazar Laurent tion. Plantés avant de taper dans Fait poids à la ceinture du Nippon. Verticalement e la balle. - IV. Petit ensemble qui a A négocier en descendant. 1. Transistor. - 2. Repeint. Ue. - XIX siècle voit aussi la naissance mands (1804-1812) et du Manuel Grimod de La Reynière ? du répondant. Remplace, en beau- 3. Opérateurs. - 4. Morfler. Su. - de la littérature gastronomique, des Amphitryons (1808) se nomme : Réponse dans Le Monde du b er coup moins bien. - V.Pourvu qu’el- VERTICALEMENT 5. Pro. Rêver. - 6. Et. Mes. - 7. bien représentée dans l’exposi- Anthelme Brillat-Savarin ? 1 février. le soit là, on se moque de Lamentable. - 8. Agitai. Roc. - 9. tion, notamment à travers les pages illustrées en couleurs du l’emballage. Pour les amateurs de 1. La meilleure est la plus Mena. Clé. - 10. Cl. Ea. Ui. - 11. o bonnes toiles. - VI. Mise en place fidèle. - 2. Repris sous les yeux. Rails. Niño. - 12. Théologien. livre de Jules Gouffé. Réponse du jeu n 257 paru dans Le Monde du 18 janvier. Considéré comme le fondateur Louis XIV fonde, en 1713, l’Ecole de l’Académie. LE MONDE/VENDREDI 25 JANVIER 2002/29 CULTURE disparition

Le chercheur et intellectuel engagé contre le néolibéralisme est mort mercredi soir à l’hôpital Saint-Antoine, à Paris, des suites d’un cancer Pierre Bourdieu, le sociologue de tous les combats

LES CONTROVERSES suscitées surmonter les « fausses antino- richesse. En lui décernant sa par les interventions publiques de mies » de la tradition sociologique médaille d’or, en 1993, le CNRS lui Pierre Bourdieu au cours des derniè- – entre interprétation et explica- rendait un hommage mérité. Pierre res années ont quelquefois obscurci tion, entre structure et histoire, Bourdieu, estimait le CNRS, «a l’image de celui qui est largement entre liberté et déterminisme, régénéré la sociologie française, asso- reconnu comme l’un des grands entre individu et société, entre sub- ciant en permanence la rigueur expé- penseurs de la société contemporai- jectivisme et objectivisme – qui rimentale avec la théorie fondée sur ne. Un de ses disciples, Louis Pinto, donne à la sociologie de Pierre une grande culture en philosophie, a rappelé, il y a deux ans, dans un Bourdieu son originalité. anthropologie et sociologie » Mais livre consacré à « Pierre Bourdieu et Pierre Bourdieu n’était pas seule- la théorie du monde social », com- ment un chercheur exceptionnel, ment le travail du sociologue a reconnu par ses pairs à travers le représenté « une révolution symboli- « Ce que je défends, monde, il était aussi un intellectuel que » analogue à celles qu’on a pu soucieux d’intervenir dans le débat rencontrer dans d’autres discipli- c’est la possibilité public, dans la tradition française nes, en musique, en peinture, en de Zola à Sartre. Il avait fait beau-   philosophie ou en physique. et la nécessité de coup, dans les années 1990, pour Pierre Bourdieu. Ce qu’a apporté Pierre Bourdieu donner une grande visibilité au à la sociologie, expliquait Louis Pin- l’intellectuel critique. mouvement social et incarner ce tant ses connaissances scientifi- Dans ces « Questions aux vrais maî- d’un internationalisme bien com- to, est avant tout une « manière qu’il appelait une « gauche de gau- ques au service de son engagement tres du monde », il affirmait notam- pris, il défendait cet idéal, fidèle à nouvelle de voir le monde social » en Il n’y a pas che », c’est-à-dire une gauche refu- politique. « Je me suis trouvé par la ment : « Ce pouvoir symbolique qui, son rôle d’intellectuel critique. accordant « une fonction majeure sant les compromis consentis, logique de mon travail, soulignait-il dans la plupart des sociétés, était dis- Il restait en même temps attaché aux structures symboliques ». L’édu- de démocratie effective selon lui, par le Parti socialiste. dans un de ses derniers ouvrages tinct du pouvoir politique ou écono- à sa conception de la sociologie, tel- cation, la culture, la littérature, « Dix ans de pouvoir socialiste ont (Contre-feux 2, Pour un mouvement mique, est aujourd’hui réuni entre le qu’il avait exposée, en 1982, dans l’art, qui furent ses premiers sujets sans vrai porté à son achèvement, nous décla- social européen), à outrepasser les les mains des mêmes personnes, qui sa leçon inaugurale au Collège de d’étude, appartiennent à cet uni- rait-il en 1992, la démolition de la limites que je m’étais assignées au détiennent le contrôle des grands France. « La sociologie n’est pas un vers. Mais les médias et la politi- contre-pouvoir croyance en l’Etat et la destruction nom d’une idée de l’objectivité qui groupes de communication, chapitre de la mécanique, disait-il, que, dont Pierre Bourdieu fit, à la de l’Etat-providence entreprise dans m’est apparue comme une forme de c’est-à-dire de l’ensemble des instru- et les champs sociaux sont des fin de sa vie, son champ d’investiga- critique. L’intellectuel les années 1970 au nom du libéralis- censure ». Il se disait soucieux de ments de production et de diffusion champs de forces mais aussi des tion privilégié, relèvent également me ». Face au silence des politi- « faire sortir les savoirs de la cité des biens culturels ». champs de luttes pour transformer de cette approche. Ce qui caractéri- en est un, et de ques, il en appelait à la mobilisa- savante » afin d’offrir de solides Il s’élevait contre cette mondialisa- ou concerver ces champs de forces ». se les « champs de production sym- tion des intellectuels. « Ce que je bases théoriques à ceux qui ten- tion-là, refusant le choix entre la Il ajoutait : « Le rapport pratique ou bolique », selon Louis Pinto, c’est le première grandeur » défends, expliquait-il dans ce même taient de comprendre et de chan- mondialisation conçue comme pensé que les agents entretiennent fait que les « rapports de forces entretien, c’est la possibilité et la ger le monde contemporain. « soumission aux lois du commerce » avec le jeu fait partie du jeu et peut entre agents » ne s’y présentent que nécessité de l’intellectuel critique ». Cette lutte passait aussi par une et au règne du « commercial », qui être au principe de sa transforma- « dans la forme transfigurée et Des Héritiers, un de ses premiers Il ajoutait : « Il n’y a pas de démocra- mise en cause des médias, que Pier- est toujours « le contraire de ce que tion ». Contre tous ceux qui l’accu- euphémisée de rapports de sens ». livres, publié en 1964 avec Jean- tie effective sans vrai contre-pouvoir re Bourdieu jugeait soumis à une l’on entend à peu près universelle- saient de donner trop de poids aux Autrement dit, la « violence symboli- Claude Passeron, aux Structures critique. L’intellectuel en est un, et logique commerciale croissante et ment par culture », et la défense des structures et de s’en tenir un déter- que », thème central des travaux de sociales de l’économie en 2000, en de première grandeur ». auxquels il reprochait de donner la cultures nationales ou « telle ou telle minisme démobilisateur, il procla- Pierre Bourdieu, ne s’analyse pas passant par La Distinction en Ce combat contre le néolibéralis- parole, à longueur de temps, à des forme de nationalisme ou localisme mait ainsi sa croyance en la liberté comme une pure et simple instru- 1979 et l’ouvrage collectif La Misè- me sous toutes ses formes, Pierre « essayistes bavards et incompé- culturel ». Loin des souverainistes, il de l’homme. Sa vie et son œuvre mentation au service de la classe re du monde en 1993, pour ne citer Bourdieu y avait consacré ses der- tents ». Dans l’une de ses dernières plaidait au contraire inlassablement sont là pour témoigner de cette for- dominante, elle s’exerce aussi à tra- que quelques-uns des quelque nières forces. De plus en plus, il s’ef- interventions, en 1999, il s’était pour plus d’universel. En se pronon- te conviction. vers le jeu des acteurs sociaux. vingt-cinq livres qu’il a publiés, il a forçait de combiner la posture du adressé aux responsables des çant pour « un mouvement social C’est sans doute cette volonté de ouvert une voie d’une grande savant et celle du militant en met- grands groupes de communication. européen », comme première étape Thomas Ferenczi

Un scientifique et un militant Les réactions de nombreux compagnons de route Repères biographiques groupe Raison d’agir. b 1930 : naissance à Denguin b 1996 : préside, le 24 novembre à (Pyrénées-Atlantiques) le 1er août, Paris, les « états généraux du b José Bové, dirigeant de la Confédération vivre sur le milieu de la grande bourgeoisie. On lui b Luc Boltanski, sociologue, directeur d’étu- d’un père fonctionnaire. Etudes à mouvement social ». paysanne, l’avait rencontré à Millau le 30 juin doit tout. Son système était une synthèse brillante, des à l’École des hautes études en sciences socia- Pau, puis à Paris (Louis-le-Grand et 2000, lors du procès du démontage du Mc efficace, de tout ce qui s’était passé avant, en les (Ehess) : « C’est difficile d’avoir un jugement Ecole normale supérieure). Principales œuvres Donalds. « Il a participé aux débats pendant sociologie comme en philosophie. » définitif pour ou contre Bourdieu dans la mesure Agrégation de philosophie. b 1958 : Sociologie de l’Algérie deux jours. Il était là, anonyme parmi tous ces Pour Michel Pinçon-Charlot, « il n’avait pas où son œuvre est en partie de la tradition revisitée. b 1955 : début de sa carrière b 1963 : Travail et travailleurs en gens. Ce qui nous a rapproché, c’est cette volonté que des amis dans la profession mais c’est un Au delà du relief personnel, il a effectué un travail d’enseignant au lycée de Moulins, Algérie de ne pas couper le monde en tranches, avec d’un auteur incontournable. C’était certainement l’un de synthèse et de transmission de la tradition socio- puis aux facultés d’Alger, de Paris b 1964 : Le Déracinement et Les côté les discours théoriques et de l’autre les des sociologues français les plus écoutés, respec- logique. Pour être juste, il faut absolument distin- et de Lille. Héritiers actions militantes. Pour lui, la vie était elle même tés, invités à l’étranger. Il était à la fois un scientifi- guer une œuvre importante et discutable, dans le b Depuis 1964 : directeur d’études b 1966 : L’Amour de l’art un engagement. Il avait aussi cette pédagogie qui que et quelqu’un d’engagé dans le siècle. Il a com- bon sens du terme, de l’espèce d’agit-prop des der- de l’Ecole pratique des hautes b 1968 : Le Métier de sociologue permettait aux gens de se mettre en mouve- mencé son travail par un témoignage sur l’Algé- nières années entretenue par un groupe de sui- études b 1972 : Théorie de la pratique ment ». rie. Et ces dernières années, il s’était engagé très veurs dogmatisés. Comme pour le lacanisme, il y b 1968 : après avoir appartenu à b 1979 : La Distinction b Suzan George, vice-présidente d’Attac : vigoureusement dans le mouvement de contesta- avait autour de lui, une espèce de petit groupe de l’unité de recherches dirigée par b 1982 : Ce que parler veut dire « Cet homme a été d’une générosité incroyable. tion de la pensée unique. Mais il n’a jamais aban- suiveurs auto-proclamés fonctionnant comme une Raymond Aron, il crée le Centre de b 1984 : Homo Academicus Nous avions une identité de vues sur beaucoup de donné son souci de scientificité et de rigueur pour secte politique et se servant de cette appartenance sociologie de l’éducation et de la b 1988 : L’Ontologie politique de choses, à tel point qu’il a tenu à faire la couvertu- être seulement militant. » comme un coup de pouce. La partie que je trouve culture, laboratoire associé au CNRS Martin Heidegger re de mon livre, le rapport Logano. Il avait par b Francine Muel, sociologue, membre du la plus intéressante, c’est ce qu’il a fait en anthro- qu’il dirige jusqu’en 1988. b 1989 : La Noblesse d’Etat ailleurs un sens de l’humour presqu’américain, Centre de sociologie européenne fondé par Pier- pologie. Le plus discutable à mon avis, c’est le dur- b Depuis 1975 : directeur de la revue b 1993 : La Misère du monde qui perlait. C’était l’un des rares chercheurs en re Bourdieu, directrice d’études à l’Ecole des cissement du système à partir de la moitié des Actes de la recherche en sciences b 1997 : Méditations pascaliennes sociologie reconnu aux Etats-Unis. C’est une gran- hautes études en sciences sociales (EHESS) : années 70 avec un fort accent positiviste. C’est à ce sociales. b 1998 : Contre-feux (Raison d’agir de perte pour toute une génération de cher- « C’est une perte intellectuelle considérable pour moment là que je me suis écarté de lui. Je laisse b Depuis 1981 : titulaire de la chaire éditions) et La Domination cheurs. » les sciences sociales. C’est quelqu’un qui nous a complètement de côté les dix ou quinze dernières de sociologie au Collège de France. masculine b Monique et Michel Pinçon-Charlot, socio- permis de construire, de réfléchir, d’avancer avec années. Sur les médias notamment, ce n’était plus b 1993 : médaille d’or du CNRS b 2000 : Les Structures sociales de logues spécialistes de la grande bourgeoisie. des outils conceptuels nouveaux et féconds sur la de la sociologie, c’était de l’agit-prop. Personnelle- b 1995 : soutien appuyé l’économie Pour Monique Pinçon-Charlot, « c’est le plus société et ses changements. L’audience considéra- ment, j’ai été l’élève de Bourdieu à la Sorbonne aux grévistes de décembre contre grand sociologue du XXème siècle qui disparaît. ble qu’il avait à l’étranger témoigne de cela. Cela puis son assistant au moment de la création du le « plan Juppé ». Ils nous a permis d’exister, et nous nous sommes va faire un très grand vide au niveau de la pen- centre de sociologie européen avec Raymond A partir de cette date, nombreuses contentés, avec beaucoup d’enthousiasme, de sée. Il est important de se mobiliser pour essayer Aron. Ce que je retiens aussi de lui, c’est la qualité interventions et prises de position mettre en œuvre son système théorique, de le faire de continuer ce travail. » du professeur dans les années 60-70. » politiques, notamment dans le 30/LE MONDE/VENDREDI 25 JANVIER 2002 CULTURE LA MORT DE PIERRE BOURDIEU

La réaction de Quatre moments d’une œuvre foisonnante Jacques Derrida

« C’ÉTAIT un très vieil ami, avec lequel j’aurai tant partagé ! Notre Pessimisme amitié a été une relation toujours intense, et très riche, tendue, parfois difficile il est vrai. Je suis bouleversé sociologique contre par cette nouvelle. Nous nous som- mes connus en khâgne à Louis le Grand en 1949, puis nous étions ensemble à l’Ecole Normale, il n’était fausse science pas encore sociologue alors, nous parlions de philosophie, surtout de (…) « CEUX QUI déplorent le ce, parce que partiels et mystifiés, Leibnitz et de Heidegger. Nous nous pessimisme désenchanteur ou les enferment la reconnaissance tacite sommes retrouvés en Algérie, où je effets démobilisateurs de l’analyse de la domination qui est impliquée faisais mon service, lui faisait ses sociologique lorsqu’elle formule dans la méconnaissance des fonde- débuts de sociologue. Mais nos par exemple les lois de la reproduc- ments vrais de la domination. On échanges ont véritablement repris à tion sociale, sont à peu près aussi comprend que la sociologie se voie la fin des années 60, lorsqu’il a mis en fondés à le faire que ceux qui repro- sans cesse contester le statut de chantier son projet de refonte de la cheraient à Galilée d’avoir découra- science, et d’abord évidemment sociologie, en inaugurant un travail gé le rêve de vol en construisant la par tous ceux qui ont besoin des qui intégrait la philosophie pour pro- loi de la chute des corps. Enoncer ténèbres de la méconnaissance duire une « sociologie de la sociolo- une loi sociale comme celle qui éta- pour exercer leur commerce sym- gie ». C’était, dans le monde entier, blit que le capital culturel va au bolique. une grande et originale figure de la capital culturel, c’est offrir la possi- » La nécessité de répudier la sociologie contemporaine. bilité d’introduire parmi les circons- tentation régalienne ne s’impose Il avait l’ambition de rendre tances propres à contribuer à l’ef- jamais aussi absolument que lors- compte de tous les champs de l’acti- fet qu’elle prévoit – dans le cas par- qu’il s’agit de penser scientifique- vité sociale, y compris les champs   /  ticulier, l’élimination scolaire des ment le monde scientifique ou, intellectuels, et y compris la sienne enfants les plus dépourvus de capi- plus largement, le monde intellec- propre. Cette construction « hyper- tal culturel – les « éléments modifi- tuel. S’il a fallu repenser de fond critique », autour d’un de ses mots cateurs », comme disait Auguste en comble la sociologie des intel- Pour une gauche de gauche préférés, « objectiver » (analyer et Comte, qui, si faibles soient-ils en lectuels, c’est que, du fait de l’im- rendre objectif ce qui est à l’œuvre eux-mêmes, peuvent suffire à portance des intérêts en jeu et dans toute pratique spontannée) transformer dans le sens de nos des investissements consentis, il « LES VRAIES RÉPONSES à la fascisation rampan- résistance collective face à la politique obtuse qui, au est au centre de sa démarche, et en souhaits le résultat des mécanis- est suprêmement difficile, pour te ou déclarée ne peuvent venir que des mouvements nom de la lutte contre Le Pen, prend souvent ses idées fait le prix. Nous avons eu des mes. un intellectuel, d’échapper à la sociaux qui se développent depuis 1995. A condition et ses armes chez Le Pen (avec le succès que l’on sai- débats, et des des désaccords, sur » Du fait que la connaissance logique de la lutte dans laquelle que l’on sache les entendre et les exprimer au lieu de t…). Le mouvement des chômeurs apparaît comme son approche du champ philosophi- chacun se fait volontiers le socio- travailler à les déconsidérer par la diffamation publi- une « lutte tournante », sans cesse recommencée con- que, mais nous nous sommes sou- logue – au sens le plus brutale- que ou les coups fourrés d’anciens apparatchiks politi- tre les effets destructeurs de la précarisation générali- vent retrouvés côte à côte dans des « Le plus grand ment sociologiste – de ses adver- ques convertis en hommes d’appareil d’Etat. Ils suggè- sée. Les mouvements récents contre l’AMI et pour la projets militants, en particulier à saires, en même temps que son rent en effet des perspectives politiques et avancent taxation des capitaux témoignent de la montée en propos de la situation des immi- service que l’on puisse propre idéologue, selon la loi des même parfois des projets et des programmes consti- puissance de la résistance au néolibéralisme : elle est, grés. Parmi ces actions communes cécités et des lucidités croisées tués. par nature, internationale. figurent la fondation du Parlement rendre à la sociologie, qui règle toutes les luttes sociales » La pression locale, dans certaines régions de gau- » Ces forces que nos professionnels de la manipula- des écrivains à Strasbourg en 1994. pour la vérité. che, a contribué à rappeler à la raison la droite la tion suspectent d’être sous l’emprise de manipula- A partir de 1995, l’intellectuel enga- c’est peut-être […] » On comprend que l’ex- moins aveugle. Les manifestations anti-FN témoi- teurs extérieurs sont encore minoritaires mais, déjà, gé qu’il a toujours été a pris sur les istence de la sociologie comme dis- gnent d’une capacité militante qui ne demande qu’à profondément enracinées, en France comme dans luttes sociales des positions radica- de ne rien lui cipline scientifique soit sans cesse défendre des causes plus ambitieuses que le seul refus d’autres pays européens, dans la pratique de groupes les, assez solitaires. Je me suis senti menacée. La vulnérabilité structu- du fascisme. Le mouvement pour le renouveau des ser- militants, syndicaux et associatifs. Ce sont elles qui, en assez proche au moins de ce qui demander » rale qui résulte de la possibilité de vices publics – et notamment pour une éducation s’internationalisant, peuvent commencer à s’opposer l’inspirait, même si nous n’avions tricher avec les impératifs scientifi- nationale plus juste, tel qu’il s’exprime aujourd’hui en pratiquement à la prétendue fatalité des « lois écono- pas les mêmes gestes et si nos des mécanismes permet, ici com- ques par le jeu de la politisation Seine-Saint-Denis – est à l’opposé de la crispation miques » et à humaniser le monde social. L’horizon du façons d’approcher les choses ne se me ailleurs, de déterminer les con- fait qu’elle a presque autant à crain- identitaire sur une institution archaïque : il affirme la mouvement social est une internationale de la résis- ressemblaient pas. Mais je perds un ditions et les moyens d’une action dre des pouvoirs qui en attendent nécessité de services publics efficaces et égalitaires tance au néolibéralisme et à toutes les formes de con- témoin et un ami irremplaçable. » destinée à les maîtriser, le refus du trop que de ceux qui veulent sa dis- dans leur fonctionnement et dans leurs effets. servatisme. » sociologisme qui traite le probable parition. Les demandes sociales » Le mouvement des sans-papiers, voué aux gémo- (Extrait d’un texte publié dans Le Monde du 8 avril Propos recueillis par comme un destin se justifie en tout sont toujours assorties de pres- nies par les « responsables » de tous bords, est une 1998.) Jean-Michel Frodon cas : et les mouvements d’émanci- sions, d’injonctions ou de séduc- pation sont là pour prouver tions, et le plus grand service que qu’une certaine dose d’utopisme, l’on puisse rendre à la sociologie, cette négation magique du réel c’est peut-être de ne rien lui La réaction de Christophe Aguitton, qu’on dirait ailleurs névrotique, demander. Paul Veyne remarquait L’intellectuel membre fondateur d’Attac peut même contribuer à créer les qu’« on reconnaît de loin les grands conditions politiques d’une néga- antiquisants à certaines pages qu’ils tion pratique du constat réaliste. n’écrivent pas ». Que dire des socio- « IL SAVAIT MIEUX que quicon- d’ailleurs. La vision critique, chez CHRISTOPHE AGUITTON ensemble contre le chômage” dès » Mais surtout, la connaissance logues qui sont sans cesse invités à que que les jeux de vérité sont des lui, s’appliquait d’abord à sa pro- (membre fondateur d’Attac) : «Je 1993. Il a été un moteur intellectuel exerce par soi un effet – qui me outrepasser les limites de leur jeux de pouvoir et que le pouvoir pre pratique, et il était à ce titre le suis effondré. Pierre Bourdieu a mar- des grèves de 1995, un protagoniste paraît libérateur – toutes les fois science ? Il n’est pas si facile de et le privilège sont un principe plus pur représentant de cette nou- qué la pensée de ces dernières décen- important. Je pense aussi à son appel que les mécanismes dont elle éta- renoncer aux gratifications immé- même des efforts pour découvrir velle espèce d’intellectuels qui n’a nies. Il a su faire le lien entre les appro- pour l’Europe sociale, il y a dix-huit blit les lois de fonctionnement doi- diates du prophétisme quotidien – la vérité des pouvoirs et des privilè- pas besoin de se mystifier sur les ches théoriques et une pratique socia- mois. Mais en même temps, dans sa vent une part de leur efficacité à la d’autant que le silence, voué par ges. (…) mobiles et les motifs des actes le. Il a été en fait l’artisan des retrou- pratique de soutien aux luttes, il impo- méconnaissance, c’est-à-dire tou- définition à passer inaperçu, laisse » Les actes politiques, qu’il intellectuels, ni de s’abuser sur leur vailles entre les intellectuels et les mou- sait sa vision théorique des mouve- tes les fois qu’elle touche aux fon- le champ libre à l’inanité sonore de accomplissait avec passion et efficacité pour les accomplir, en vements sociaux, après des années ments sociaux. Il venait sur le terrain dements de la violence symboli- la fausse science. » rigueur, parfois avec une sorte de pleine connaissance de cause. » d’incompréhension. Sa capacité à sou- quand c’était utile. Ils nous avait que. Cette forme particulière de fureur rationnelle, ne devaient rien (Extrait d’un texte de Pierre Bour- tenir les luttes était déterminée, com- accompagnés pour soutenir l’occupa- violence ne peut en effet s’exercer (Extrait de la leçon inaugurale de au sentiment de détenir les vérités dieu en hommage posthume à me il l’a fait pendant le mouvement tion par un groupe de chômeurs de que sur des sujets connaissants, Pierre Bourdieu au Collège de Fran- et les valeurs ultimes, qui fait les Michel Foucault publié dans Le des chômeurs de 1997-1998. Il a l’Ecole nationale supérieure de la rue mais dont les actes de connaissan- ce prononcée le 23 avril 1982.) pharisiens de la politique et Monde du 27 juin 1984.) quand même signé l’appel “Agir d’Ulm, en janvier 1998. » Contre la mondialisation, restaurer la politique « LE FATALISME des lois éco- » Contre cette politique de dépo- ment déterminant, au moins négati- ment les partis politiques auxquels pour fonction principale d’arracher même le simple travail d’informa- nomiques masque en réalité une litisation et de démobilisation, il vement, des forces dominantes à ils contestent le monopole de l’in- les mouvements sociaux à des tion en même temps que les vesti- politique, mais tout à fait para- s’agit de restaurer la politique, l’échelle mondiale). Il s’ensuit que tervention politique). actions fragmentées et dispersées ges de l’assistance sociale conti- doxale, puisqu’il s’agit d’une politi- c’est-à-dire la pensée et l’action la construction d’un mouvement Autre trait commun, ils s’orien- en évitant qu’ils ne s’enferment nuent à protéger une fraction des que de dépolitisation ; une politi- politiques, et de trouver à cette social européen unifié, capable de tent vers des objectifs précis, con- dans les particularismes des actions salariés. C’est dire combien est à que qui vise à conférer une empri- action son juste point d’applica- rassembler les différents mouve- crets et importants pour la vie socia- locales, partielles et ponctuelles la fois indispensable et difficile la se fatale aux forces économiques tion, au-delà de l’Etat national, et ments, actuellement divisés, tant à le (logement, emploi, santé, etc.). (sans tomber dans la concentration rénovation de l’action syndicale en les libérant de tout contrôle et ses moyens spécifiques, par delà les l’échelle nationale qu’à l’échelle Troisième caractéristique typique, bureaucratique), cela en leur per- qui supposerait la rotation des de toute contrainte en même luttes politiques et syndicales au internationale, est l’objectif indiscu- ils tendent à privilégier l’action mettant notamment de surmonter charges et la mise en question du temps qu’à obtenir la soumission sein des Etats nationaux. Entrepri- table pour tous ceux qui entendent directe, veillant à ce que leurs refus les intermittences ou les alternan- modèle de la délégation incondi- des gouvernements et des se extrêmement difficile pour de résister efficacement aux forces comme leurs propositions se con- ces entre les moments de mobilisa- tionnelle en même temps que l’in- citoyens aux forces économiques multiples raisons : d’abord parce dominantes. crétisent dans des actions exemplai- tion intense et les moments d’ex- vention des techniques nouvelles et sociales ainsi libérées. que les instances politiques qu’il res et directement liées au problè- istence latente ou ralentie. (…) qui sont indispensables pour mobi- » Tout ce que l’on décrit sous le s’agit de combattre sont extrême-    me concerné. Quatrième propriété » Il s’agirait de chercher à défi- liser des travailleurs fragmentés et nom à la fois descriptif et normatif ment éloignées, voire inaccessibles, » Les mouvements sociaux, si distinctive et commune, ils exaltent nir, à l’intersection des préoccupa- précaires. de "mondialisation" est l’effet non et ne ressemblent à peu près en divers soient-ils par leurs origines, la solidarité, qui est le principe taci- tions de tous les groupes, des objec- » L’organisation nouvelle qu’il d’une fatalité économique, mais rien, ni dans leurs méthodes, ni leurs objectifs et leurs projets, pré- te de la plupart de leurs luttes. tifs généraux dans lesquels tous s’agit de créer doit être capable de d’une politique, consciente et déli- dans leurs agents, aux instances sentent indiscutablement tout un » Le constat d’une telle proximi- puissent se reconnaître et collabo- surmonter la fragmentation par bérée, celle qui a conduit les gou- politiques contre lesquelles s’orien- ensemble de traits communs qui té dans les fins et les moyens des rer en apportant leurs compéten- objectifs et par nations, ainsi que vernements libéraux ou même taient les luttes traditionnelles. leur donnent un air de famille. En luttes politiques impose de recher- ces et leurs méthodes propres. la division en mouvements et en socio-démocrates d’un ensemble Ensuite, parce que le pouvoir des premier lieu, notamment parce cher sinon l’unification sans doute syndicats, institutions que leur con- de pays économiquement avancés agents et des institutions qui domi- qu’ils sont issus, très souvent, du impossible de tous les mouve-    frontation dans des instances de à se déposséder du pouvoir de con- nent aujourd’hui le monde écono- refus des formes traditionnelles de ments dispersés que réclament sou- » Il n’est pas interdit d’espérer concertation et de discussion ne trôler les forces économiques, et mique et social repose sur une mobilisation politique, et en parti- vent les militants, surtout les plus que la confrontation démocrati- pourrait que dynamiser. L’ex- celle surtout qui est délibérément concentration extraordinaire de culier de celles qui caractérisent les jeunes, frappés des convergences que d’un ensemble d’individus et istence d’un réseau international organisée dans les "green rooms" toutes les espèces de capital, écono- partis communistes de type soviéti- et des redondances, du moins une de groupes reconnaissant des pré- stable et efficace devrait permettre des grands organismes internatio- mique, politique, militaire, culturel, que, ils sont enclins à exclure toute coordination des revendications et supposés communs puisse engen- de développer une action revendi- naux, comme l’OMC, ou au sein de scientifique, technologique, fonde- espèce de monopolisation du mou- des actions exclusive de toute drer une réponse cohérente et sen- cative internationale, qui n’aurait tous les "networks" d’entreprises ment d’une domination symboli- vement par des minorités et à exal- volonté d’appropriation : cette sée à des questions fondamentales plus rien à voir avec celle des orga- multinationales (tels l’Investment que sans précédent, qui s’exerce ter et à encourager la participation coordination devrait prendre la for- auxquelles ni les syndicats, ni les nismes officiels dans lesquels sont Network formé de 50 multinationa- notamment à travers l’emprise des directe de tous les intéressés et, pro- me d’un réseau capable d’associer partis, ne peuvent apporter de solu- représentés les syndicats (comme les comme Fiat, Daimler Benz, Bri- médias. ches en cela de la tradition libertai- des individus et des groupes dans tion globale. (…) la Confédération européenne des tish Petroleum, Rhône Poulenc, ou » On peut admettre que certains re, ils sont attachés à des formes des conditions telles que nul ne » La politique néo-libérale con- syndicats) et qui intégrerait les l’European Service Network) qui des objectifs d’une action politique d’organisation d’inspiration auto- puisse dominer ou réduire les tribue à l’affaiblissement des syn- actions de tous les mouvements sont en mesure d’imposer, par les réaliste se situent au niveau euro- gestionnaire caractérisées par la autres et que soient conservées tou- dicats. La flexibilité et surtout la qui s’affrontent à des situations voies les plus diverses, juridiques péen (dans la mesure au moins où légèreté de l’appareil et permettant tes les ressources liées à la diversité précarité d’un nombre croissant spécifiques et par là limitées. » notamment, leurs volontés aux les entreprises et les organisations aux agents de se réapproprier leur des expériences, des points de vue de salariés contribuent à rendre (« Les objectifs d’un mouvement Etats. européennes constituent un élé- rôle de sujets actifs (contre notam- et des programmes. Elle aurait difficile toute action unitaire et social européen », printemps 2000.) LE MONDE/VENDREDI 25 JANVIER 2002/31 CULTURE agenda

 Conférences Art total à l’Auditorium du Louvre Les éclats bruts l’œuvre d’art total ». Ce cycle, qui va cher- ment à associer plusieurs techniques, plu- cher ses sources dans la tour de Babel et sieurs disciplines ou plusieurs médias : «Il les cathédrales, traverse Bayreuth et le s’agit aussi d’englober le spectateur, d’investir de Caryl Churchill Bauhaus, pour arriver à ces explosions tous ses sens, de conduire l’art et la vie à fusion- architecturales contemporaines et urbai- ner. C’est pourquoi le thème de l’œuvre d’art nes, dont le Musée Guggenheim de Bilbao, total revient également dans l’histoire de l’ar- racontés par Peter Brook signé Frank Gehry, passe pour l’archétype. chitecture ou dans celle du cinéma. » Architecture, musique, théâtre, peinture, Sont invités, le 28 janvier, Hani Rashid, archi- FAR AWAY, pièce de l’Anglaise Le troisième temps, c’est la tue- littérature, toutes les formes de la créa- tecte, directeur d’Asymptote, USA (« Les mon- Caryl Churchill, 62 ans, est jouée au rie universelle finale, en un cauche- tion sont convoquées pour faire écho à cet- des virtuels ») ; le 4 février, l’architecte améri- Théâtre des Bouffes du Nord (Le mar où les animaux et les hommes te lettre de Baudelaire à Wagner (1860), cain « déconstructiviste » Peter Eisenman Monde du 24 janvier). Il ne serait sont tout pareils, font tout ensem- dont l’équipe du Louvre a su tirer l’essen- (« Le projet d’œuvre d’art total a-t-il encore pas sérieux de ne pas dire une fois ble. C’est le chapelier, survivant de ce : « D’abord il m’a semblé que je connais- un sens ? ») ; le 18 février, Glenn Most, de l’Éco- encore que toute œuvre jouée la pourriture de l’industrie, qui sais cette musique… que cette musique le normale supérieure de Pise, Italie (« Nietzs- dans ce théâtre bénéficie d’un raconte : « En Ethiopie, j’ai tué des était la mienne… Le caractère qui m’a immé- che, Wagner et la nostalgie de l’œuvre d’art atout, dont l’ascendant l’emporte troupeaux et des enfants. J’ai gazé diatement frappé, ç’a été la grandeur, et total ») ; le 25 février, Éric Michaud, de l’univer- parfois, et même souvent, sur celui des Espagnols, des programmateurs cela pousse au grand… J’ai senti toute la sité de Strasbourg (« Entre construction et des- de l’œuvre jouée. Ce théâtre est d’ordinateurs et des chiens. J’ai éven- majesté d’une vie plus large que la nôtre… truction : du Bauhaus au national-socialis- ensorceleur. tré des étourneaux à pleines mains. Le cri suprême de l’âme montée à son me ») ; le 4 mars, Antoine Compagnon, de Son architecture, très étrange- Et j’ai aimé le faire, mes mains paroxysme. » l’université Paris-IV (« L’hypertexte prous- ment sans âge, ni profane ni étaient couvertes de sang et de plu- Les agendas des intervenants n’ont mani- tien ») ; le 11 mars, Enrico Castelnuovo, de sacrée, on ne sait quel tour de pas- mes, ça m’excitait, c’était meilleur festement pas permis une chronologie qui l’École normale supérieure de Pise (« L’œuvre se-passe qui le fait paraître plus que le sexe. » fasse vibrer aussi le cours du temps avec d’art total comme rêve d’historiens d’art : les petit qu’il n’est, et surtout les rou- L’auteur, Caryl Churchill, et le autant d’ampleur, mais, malgré son mou- cathédrales »). ges et les gris, usés, passés, des metteur en scène, Peter Brook, vement de montagne russe, le cycle garde murs tout autour de la scène, s’emploient à dédramatiser ces pour pierre angulaire l’idée nietzschéo- Frédéric Edelmann d’autant plus vivants qu’ils s’effa- visions. Presque à les neutraliser. PARIS wagnérienne selon laquelle les arts cent, font de ce lieu une vieille fée Les horreurs ne sont pas jouées, Ouvert le 21 janvier par « Archéologie auraient rompu le lien qui les unissait, chacun Auditorium du Louvre, Musée du Louvre, 34, quai du Lou- outrageusement fardée, bon pied mais racontées (sauf le passage, d’une notion, persistance d’une passion », d’eux, dans son isolement, allant en se perver- vre, Paris-Ier.Mo Palais-Royal. Tél. : 01-40-20-51-51. Tous bon œil envers et contre tout, qui bref, des condamnés chapeautés). intervention remarquable de Julian Zugaza- tissant. Revenant sur cette idée, Julian Zugaza- les lundis jusqu’au 11 mars, à 18 heures. Entrée libre. n’a rien perdu de sa magie. Ce qui Nous assistons à des échanges goitia, directeur adjoint du Guggenheim goitia, et Jean de Galard, chef du service cultu- Internet : www.louvre.fr est unique, vraiment, c’est que ce courts, comme dépareillés. Déthéâ- Museum New-York, le nouveau cycle de confé- rel du Louvre, ont invité quelques fortes per- Photo : « Vue du “Merzbau” », de Kurt Schwitters, théâtre inverse le dedans et le tralisés, même. « Aboli bibelot rences du lundi, à l’Auditorium du Louvre, a sonnalités. D’où il ressort que produire une 1920-1936. Reconstitution de 1994-1995 au Centre Pompi- dehors de tout, et de tous ceux qui d’inanité sonore », écrivait Mallar- pris pour thème ambitieux les « Aspirations à « œuvre d’art total » ne consiste pas seule- dou. © Schwitters/Le Louvre. se laissent prendre au piège. Les mé. En ajoutant un s, cela donne acteurs ne sont pas dans le décor, « insanité ». c’est le décor qui est en eux. Le Peter Brook, dans la feuille-pro- (à volonté) et de projections New Morning, 7-9, rue d’Olivier Messiaen, La Fête des public n’est pas dans le théâtre, gramme, voit là « un humour quasi Exposition non-stop. des Petites-Ecuries, Paris-10e. belles eaux, conçue pour c’est le théâtre qui est en lui, et qui surréaliste ». Il a raison et met juste o ne le lâche pas une seconde. le doigt sur le mystère le plus frap- Pavillon de l’Arsenal, 321, boulevard M Château-d’Eau. Tél. : 01-45-23-51-41. l’Exposition universelle de 1937. e o pant de ce spectacle : cette suite de  Morland, Paris-4 .M Sully-Morland. Le 25 janvier, à 21 heures. 16,77 ¤. Maison de la culture du Japon à Paris, e    saynètes n’a pas l’air écrit, pas l’air Tél. : 01-42-76-33-97. Tous les jours, sauf 101, quai Branly, Paris-15 . o L’œuvre aujourd’hui sublimée joué, pas l’air mis en scène. Vous lundi, de 10 h 30 à 18 h 30. Dimanche de M Bir-Hakeim. Tél. : 01-44-37-95-00. L’architecture… ¤ ¤ 11 heures à 19 heures. Entrée libre. Le 24 janvier, 20 h 30. 9 ,12 . par le Théâtre des Bouffes du Nord diriez des cailloux de théâtre, sur- comme au cinéma Classique est une grosse colère de 55 minutes tout des éclats bruts, coupants, de Fort du succès de sa dernière  contre la méchanceté de notre théâtre, pas du tout modelés en exposition en multiplexe, « Paris Flamenco sphère. C’est en trois temps. Le pre- « art », et le surréaliste qu’évoque- comme au cinéma », qui se Jazz mier : une petite fille, réveillée la rait alors Peter Brook serait Marcel poursuit jusqu’au 3 février, le Sextuor d’ondes   nuit, vient en chemise dire à sa tan- Duchamp qui présentait, sans y Pavillon de l’Arsenal, haut lieu de  Jeanne Loriod te qu’elle vient de voir dans le noir rien toucher, une roue de bicyclet- l’architecture parisienne, inaugure Jeanne Loriod, disparue en Pedro Soler son oncle asséner des coups de bar- te, un porte-bouteilles, un peigne, Toulousain de naissance, le jeudi 24 janvier un salon vidéo où JATP Revisited août 2001, s’est toute sa vie re de fer à des enfants et des adul- une pelle, ou une housse de machi- guitariste Pedro Soler a appris l’art Inspirée des fameux Jazz At The consacrée à l’instrument créé par tes, et les entasser dans une caba- ne à écrire, comme des sculptures – pourront être visionnés quelque flamenco auprès de maîtres 120 documents tournés à l’occasion Philarmonic (JATP) – rencontres de Maurice Martenot et présenté pour ne, puis dans un camion. « C’est ce en quoi il ne mentait pas, c’était madrilènes qui lui ont transmis la pour que les choses aillent mieux », une question de liberté de regard. des conférences et des expositions solistes du jazz sur un répertoire la première fois au public en 1928, connaissance de l’histoire et des lui dit sa tante, qui ajoute : «Tu Far away est une pièce qui donne organisées par l’établissement. Le libre produites et organisées par sur la scène de l’Opéra de Paris. Les styles du genre. Accompagnateur pourras m’aider à nettoyer demain l’impression inexplicable d’être Groupe Moniteur, qui, lors de la Norman Granz dans les ondes Martenot, jouées par un réputé, soliste de feu, Pedro Soler matin. » Horreur pour horreur, cet- constituée d’éléments bruts, qui remise de l’Equerre d’argent, a années 1940 et 1950 –, cette clavier de sept octaves dont le son aime aussi les rencontres avec des te scène réveille en nous le souve- échappent à toute définition. Les réussi à réunir plus de formation réunit des jazzmen, avec est émis par des oscillations de mondes autres. Ainsi a-t-il 2 000 personnes dans les locaux pour mission de s’éblouir et se lampes électroniques, ont suscité fréquenté le jazz (Renaud nir du docteur Petiot, assassinant, quatre acteurs jouent sans jouer, dormants de la future Cité de défier par leurs solos respectifs. La un répertoire en fait assez fourni, Garcia-Fons), l’improvisation (Beñat pendant la guerre, les hommes et comme des enceintes qui récite- l’architecture, au Palais de Chaillot, formule permet le dépassement et écrit le plus souvent sur commande Achiary) et des territoires musicaux femmes qu’il s’engageait à faire pas- raient, sans plus. Le Théâtre des a remis le couvert et prêté paradoxalement la mise en retrait de ses interprètes. En hommage à cousins (l’Argentine, l’Inde…). Un ser en Espagne. Bouffes du Nord perfuse ses dro- main-forte au Pavillon, institution de l’ego. Au sein de ce groupe son interprète la plus connue et à récital en soliste de Soler est une Le deuxième temps nous montre gues dans le spectacle. Peter Brook subventionnée par la Ville de Paris, éphémère, le trompettiste Terell sa fondatrice, en 1974, le Sextuor ouverture sur l’imaginaire. la même petite fille devenue gran- est formel : Caryl Churchill est « un en lui permettant d’organiser ce Stafford, le saxophoniste Jesse d’ondes Jeanne Loriod joue ce soir Le Triton, 11 bis, rue du Coq-Français, de, qui, avec un compagnon d’escla- grand écrivain ». même jeudi, de 18 heures à Davis, le pianiste Bill Charlap, le des pièces écrites spécialement Les Lilas (Seine-Saint-Denis). vage, fabrique des coiffures extrava- 24 heures « Une nuit comme au contrebassiste Ray Drummond et le pour une telle formation, dont Mo Mairie-des-Lilas. Tél. : 01-49-72-83-13. gantes, comme des sculptures hallu- Michel Cournot cinéma », agrémentée de pop-corns batteur Willie Jones III. l’œuvre méconnue mais fondatrice Le 25 janvier, à 20 h 30. De 8,50 ¤ à15¤. cinées. Puis nous voyons passer, en file indienne, des hommes affublés FAR AWAY, de Caryl Churchill, tra- de ces coiffures. Ce sont, nous dit duction de Marie-Hélène Estienne. l’auteur, des prisonniers que l’on Mise en scène : Peter Brook. Avec Sélection disques classiques conduit à leur exécution. Les cha- Kathryn Hunter, Jodhi May, Julio peaux, « c’est tellement triste de les Manrique, et, en alternance, les LUDWIG VAN BEETHOVEN FÉLIX MENDELSSOHN bre de Rudolf Serkin (Sony), de la ver- ou Skip Sempé. Weiss livre une som- brûler avec les corps », dit la jeune jeunes Louise Andrieu et Marie Sonates pour piano Walstein, Premier et Second Concertos ve de Stephen Hough (Hyperion) me en s’attaquant à un sommet de femme, qui, pas insensible aux cri- Winckler. ses du monde, ajoute : « Je parie Les Adieux, op. 90 pour piano – Variations sérieuses ; dans les concertos et de l’imagina- la littérature pour clavier, les Six Par- THÉÂTRE DES BOUFFES DU NORD, que l’industrie tout entière est pour- Inger Södergren (piano). Rondo capriccioso tion sonore inépuisable de Cortot, titas du Cantor de Leipzig. Sa maniè- 37 bis, boulevard de la Chapelle, Inger Söder- re calme, sereine, souple d’aborder rie. » Là, nous nous rappelons Paris-10e.Mo La-Chapelle. Du mar- Jean-Yves Thibaudet (piano), Orchestre Horowitz et Alicia de Larrocha dans gren, Suédoi- ces suites de danses est d’une qu’au Moyen Age les frères domini- di au vendredi, à 20 h 30 ; le same- du Gewandhaus de Leipzig, les Variations sérieuses ! – A. Lo. se de Paris, magnifique noblesse. Les lignes cains de l’Inquisition plaçaient une di, à 16 heures et 20 h 30. Tél. : 1 CD Decca 468 600-2. s’était fait Herbert Blomstedt (direction). mélodiques et les structures de ces coiffure grotesque sur les femmes 01-46-07-34-50. De 14 ¤ à 24,50 ¤. connaître, il y D’une de ses consœurs au jeu pièces respirent avec une digne non- qu’ils faisaient brûler. Jusqu’au 30 mars. a vingt et un brillant, virtuose, enjoué mais un JOHANN SEBASTIAN BACH chalance qui va si bien à la musique ans, par un peu sec, le pianiste Yves Nat disait : Six Partitas BWV 825 à 830 de Bach, surtout lorsqu’elle est char- premier dis- « Jeanne-Marie Darré ? Mais, c’est le gée, comme dans la très ouvragée Kenneth Weiss (clavecin). o que consacré aux deux dernières néant avec des doigts au bout ! » Lui- « Sarabande » de la Partita n 6BWV David Gilmour Le jeune claveciniste américain Ken- sonates de Beethoven. Il lui avait même doté de doigts un peu justes, 830. Dans cette pièce maîtresse, neth Weiss, installé en France, est valu les plus hautes récompenses. Nat nourrissait sans doute un peu Weiss semble improviser sans amol- confortablement engourdi l’un des secrets les mieux gardés du Elle revient aujourd’hui, après une de jalousie envers sa consœur. Jean- lir la colonne vertébrée de cette élé- ILS NE S'ADRESSENT plus la parole milieu de la musique ancienne. dizaine d’enregistrements, tous pri- Yves Thibaudet a un jeu fondamen- gie supérieurement écrite. Ses « Alle- et se disputent un héritage par con- Excellent continuiste, professeur certs interposés. En juin, le bassiste més !, avec trois sonates du même talement assez proche de celui de mandes » au rubato accentué sont estimé, il est resté relativement en du goût le plus parfait et son Roger Waters, qui a cru saborder Pink compositeur. Et l’on est, une fois Darré, mais il n’a pas son absence retrait de l’actualité du concert et « Ouverture » de la Partita n˚ 4, Floyd en 1984, essaiera de remplir le encore, ému par ce jeu divinatoire, de complexes. Thibaudet n’est pas assez crépitant, pas assez féroce et du disque, où l’on entend parler d’une droiture impeccable. – R. Ma. Palais omnisports de Paris-Bercy. Son parfois instable. Mais cette instabili- dans le même temps sa sonorité est davantage de ses contemporains ennemi juré, le guitariste David Gil- té incarne ces trois chefs-d’œuvre 2 CD Satirino Records (distribués par assez creuse (l’enregistrement qui Christophe Rousset, Pierre Hantaï Ambroisie). Email : [email protected]/ mour, qui a osé reprendre les rênes du sans évacuer aucune des tensions écrase la dynamique ne le sert pas). mastodonte, joue actuellement au nées de la difficulté de les jouer. Il y Ce disque s’écoute sans déplaisir, Palais des Congrès. Un mot d'abord a du Claudio Arrau chez Södergren d’autant que les œuvres sont belles sur Trashmonk, en première partie de dont on dira qu’elle est une âme et que l’Orchestre du Gewandhaus Gilmour. Derrière ce nom s'abrite avec des doigts au bout… – A. Lo. est superbe bien qu’écrasé par la pri- Nick Laird-Clowes, auteur en 1999 1 CD Calliope CAL 9306. Distribué par se de son, lui aussi, mais que l’on est d'un intrigant album, Mona Lisa Over- Harmonia Mundi. loin de l’engagement furieux et som- drive. Le guitariste anglais murmure de charmantes comptines détraquées qui cultivent une certaine parenté avec l'univers de Syd Barrett, fondateur de Pink Floyd. Place à la vedette quinquagénaire. David Gilmour a mis la créature psy- chédélique en hibernation et tente sa chance en solitaire. Sans avoir publié quoi que ce soit entre temps. Ce concert se veut simple, privilé- giant l'instrumentation acoustique. L'affaire commence plutôt bien avec Shine on You Crazy Diamond, l'hommage du Floyd à Barrett, option mini- maliste à la guitare sèche. Excellente idée, qui sera pratiquement la seule de la soirée. Rejoint par sept musiciens et neuf choristes, Gilmour ne for- me bientôt plus qu'un bloc d'immobilisme, ne s'animant que pour chan- ger de guitares (ce qu'il fait incessamment). Derrière de grands drapés mauves, la scène du glacial Palais des Congrès est idéale pour cette musi- que désincarnée. Des versions plus inspirées de Wish You Were Here et de Pour communiquer Comfortably Numb (« Confortablement engourdi », titre de circonstance) dans cette rubrique, rallumeront un espoir vite éteint par la reprise de Shine on You Crazy Dia- vous pouvez nous mond, noyée dans une débauche de chœurs. contacter au : Bruno Lesprit ✆ 01.42.17.39.65 Le 24 janvier, à 21 heures, au Palais des Congrès, place du général Koenig, Paris-17e. Tél.: 01-40-68-00-05. 47,30 ¤ et95,70 ¤. 32/LE MONDE/VENDREDI 25 JANVIER 2002 CULTURE portrait

LES GENS DU MONDE

a Dans un communiqué diffusé , chorégraphe sur son site officiel, le groupe Susan Buirge EMI a annoncé, mercredi 23 jan- vier, qu’il mettait un terme au contrat passé entre sa filiale pho- nographique Virgin Records et Mariah Carey. Agée de 31 ans, la des chanteuse américaine recevra 28 ailleurs millions de dollars (32 millions d’euros) d’indemnités. Cette déci- sion a été prise après l’« échec » commercial de Glitter (2 millions Américaine, c’est en France qu’elle a connu une d’exemplaires vendus), premier des cinq albums que Mariah seconde naissance, fortifiant son tempérament Carey devait enregistrer pour la maison de disques. La chanteuse d’insoumise comme son goût du nomadisme avait obtenu en avril 2001 un con- trat estimé à 70 millions de livres (113 millions d’euros), un record pour le secteur. D’UN COUP de chapeau rouge qu’il faut  a Le critique et historien du jazz oser porter, Susan Buirge salue l’Indien qui Ben Ratliff a qualifié de « regretta- monte la garde à l’entrée du restaurant du f 1940 ble » la disparition du Carnegie Musée de l’homme. « Je suis née le 4 juillet Hall Jazz Band, formation dirigée 1970, le jour de mon arrivée en France, Naissance par le trompettiste Jon Faddis, qui sortant du ventre d’un avion », décla- compte dans ses rangs quelques- re-t-elle avec aplomb, tandis qu’elle s’as- à Minneapolis. uns des meilleurs solistes du soit face à la tour Eiffel. Oublier Minneapo- genre. Dans un article publié dans lis, sa ville natale ? Cette idée de Musée de f 1962 le New York Times du 22 janvier, l’homme est une mise en scène. Ce qu’elle Ben Ratliff souligne qu’aucune rai- confirme. Origine et identité sont les deux New York. Julliard son économique ou de fréquenta- mamelles qui nourrissent son œuvre, et sa School. Cie Nikolaïs tion des concerts de cette forma- vie de citoyenne. « J’avais pensé vous fixer tion organisés dans la prestigieuse rendez-vous devant un bureau d’immigra- f salle new-yorkaise n’a pu être tion pour tirer mon chapeau à Bertrand 1970 avancée. Spécialisé dans une relec- Delanoë d’avoir eu l’idée d’un Conseil des Renaît à Paris. ture du répertoire, mais aussi dans étrangers, reprend-elle avec sa vivacité tem- la création d’œuvres originales de pétueuse. Cet acte qui reconnaît notre parti- f 1989 jazz, le big band pourrait trouver cipation à la vie de la cité nous octroie de fait un lieu d’accueil dans le nouvel un statut. » Voyage à travers le auditorium de six cents places du La chorégraphe a conservé sa nationalité Carnegie Hall, dont l’ouverture est américaine, mais ne le lui dites surtout pas. Moyen-Orient et l’Asie. prévue courant 2003. Elle avoue avoir songé au ministère de la a Le maire de Paris, Bertrand f défense pour cette rencontre. Un choix lié 2001 Delanoë (PS), voyage. Après deux aux attentats du 11 septembre. « Déjà, jours à Porto Alegre, au Brésil, il quand j’ai quitté mon pays, j’étais gênée par Au Québec chez les sera à New York les 30 et 31 jan- cette arrogance américaine à s’affirmer seu- Indiens Montagnais. vier, prenant « prétexte » des le contre les autres cultures. N’oublions pas   concerts de l’Orchestre de Paris que les Etats-Unis ont construit leur richesse dans la métropole américaine. sur une terre qu’ils ont volée aux indigènes. pourtant que c’est bien en France qu’elle c’est entendu. Mais perçoit non sans participe à la survie de l’homme », dit-elle L’élu parisien ne se rend pas au Mais au-delà des terres, j’en veux à mon pays est née à elle-même. Travaillant à devenir douleur qu’elle ne peut chorégraphier avec certitude. Elle a trouvé un titre à sa Brésil pour participer au sommet de n’avoir jamais rendu aux Amérindiens une vraie Française, elle épouse un Nor- qu’en se tenant éloignée de son pays création : L’Œil de la forêt. Pour mener à antimondialisation, mais à une ren- leur noblesse. » No comment. mand, le peintre Jean-Luc Poivret. « Dans d’adoption. Même à Paris, elle s’installe à bien ses expéditions, elle a constitué une contre entre collectivités locales. A Du vol de territoires à la colonisation un scénario digne de Hollywood, la danseuse l’hôtel quand ses idées font du sur-place. Il garde rapprochée. Que des hommes ! Dont New York, un rendez-vous est pré- nouvelle qu’est la mondialisation, sans américaine qui arrive à Paris ne peut faut qu’elle soit l’Etrangère. Devient donc Francis Maréchal, qui l’a conviée à installer vu avec le nouveau maire, oublier la planète saccagée, Susan Buirge qu’épouser un peintre ! », se moque-t-elle chorégraphe itinérante. Après un voyage son centre de recherche et de composition Michael Bloomberg,àqui passe à l’offensive. Puis revient à son avec sérieux. Grace Kelly avait fait rêver sa de deux ans vers l’Est qui l’a conduite jus- chorégraphiques à l’abbaye de Royaumont M. Delanoë fera notamment part thème préféré : ce qui nous constitue. Elle génération. qu’au Japon, après six ans partagés entre qu’il dirige. « A niveau égal, les femmes de l’intention de la Ville d’offrir évoque le sang indien lointain qui l’habite. Metz, où elle bénéficiait d’une résidence entre elles ont des problèmes de pouvoir » : une œuvre d’art aux New-Yorkais « Mon goût de la danse me vient peut-être de   d’artiste, Paris et Kyoto, ville dans laquelle une assertion dont elle ne démord pas. « dans le cadre de l’après-11 sep- cet héritage », dit-elle. Elle décrit cette pho- Elle découvre les délices de l’escalope à elle créait son fameux Cycle des saisons Dans la nuit qui tombe, ses yeux couleur tembre ». « Ce serait un geste d’ami- to où sa mère figure, sur pointes, avec un la crème, le déjeuner dominical du côté de – grand succès de Montpellier-Danse forget-me-not luisent. « Je m’amuse, je tié des Parisiens vis-à-vis des New bol à la main, dansant avec une araignée, Bayeux. Ses beaux-parents l’initient à l’His- 1998 –, elle a décidé pour la première fois m’amuse, je m’amuse », s’exclame-t-elle de Yorkais », a précisé le maire, qui sur un poème d’enfant : « Ma mère avait toire de France. A celle de l’Europe. Sur de retraverser l’Atlantique. cette voix de petite fille qu’elle emprunte emmène avec lui le général com- été chez le forgeron pour qu’il glisse des cette terre de Normandie, son père a débar- Pas pour aller visiter le Minnesota, on quand elle veut séduire. Ou se faire obéir. mandant les sapeurs pompiers de armatures métalliques dans ses chaussures. qué parmi les premiers. Il était médecin, s’en doute. Mais pour le Canada. Seule, elle « Je n’ai pas le physique d’une chorégraphe ? Paris, Jacques Devarnot, pour C’était à Mason City, Iowa. » Elle aussi, sans engagé volontaire. « Je n’aurais jamais pu est partie en avril 2001 pour le Grand Nord dit-elle, faussement dépitée par la ques- organiser une liaison avec les pom- avoir jamais vu de danse, inventait dès cinq devenir chorégraphe aux Etats-Unis. Il me fal- québécois, vivre avec les Indiens Monta- tion. Vous voulez que je vous montre des pho- piers de la ville sinistrée. ans des petites chorégraphies : « La terre lait cette ouverture culturelle qui règne en gnais, au bord des lacs et des forêts, et met- tos quand j’étais une danseuse jeune et a Emmanuelle Vion, 27 ans, et de mon grand-père maternel appelait les fem- Europe. A mon arrivée, cette diversité m’a tre en chantier sa prochaine création. Gor- svelte ? Je n’ai rien à déclarer. Aucun signe Jérôme Huguet, 29 ans, viennent mes à la danse », murmure-t-elle. soufflée ! » Fière, à Paris, d’habiter rue La don Moar, le sage, guide son cheminement distinctif. Et encore tant à faire ! » d’être recrutés en qualité de pen- Elle se rappelle ses premières années à Bruyère. Attachée aux symboles et aux spirituel. Susan Buirge raconte comment sionnaires dans la troupe de la New York, chez Alwin Nikolais, grande dates, elle divorce en l’an 2000. C’est juste- elle a pisté des orignaux. Exulte d’avoir su Dominique Frétard Comédie-Française. La première, pointure de la danse, où il y avait aussi ment la pièce Sas, qu’elle créait en convaincre son accompagnateur de ne pas formée à l’école du Théâtre natio- Carolyn Carlson : « Dès que j’ai eu des per- 1982 dans des décors de son ancien mari, tirer des perdrix. Du Buirge tout craché : « L’Œil de la forêt » et « Sas », les 25 et 26 jan- nal de Bretagne, interprétera le cussions entre les mains, j’étais comme un qu’elle remonte en ce moment même. On y empêcher un chasseur de chasser. Aimerait- vier, 20 h 30, Théâtre des Louvrais, place de la rôle de Léna dans Léonce et Léna, poisson dans l’eau ! Encore aujourd’hui voit un avion en train d’atterrir ou de elle qu’on l’empêche de danser ? Elle rit. paix, Pontoise. Tél. : 01-31-20-14-14. Gare RER : de Büchner, à partir du 23 mars. Le j’adore battre le tambour en donnant mes piquer du nez. Comprendra qui voudra. Cette vie nomade, dans laquelle les objets Cergy-préfecture (navette, à 20 heures). Prix second, ancien élève du Conserva- cours. » Danse, musique : mémoire du sang A la lueur des événements du 11 septem- n’existent pas, l’enchante. des places : 16 ¤. Ce spectacle sera repris les toire, interprétera le rôle de indien, mémoire des gènes. Elle réaffirme bre ou pas. Susan Buirge aime la France, « La danse, au même titre que la nature, 2 et 3 juillet au festival Montpellier-Danse. Léonce dans le même spectacle.   TÉLÉVISION RADIO

Pompidou à Paris, Canal+ consacre f Alter ego Des produits maison une soirée spéciale au couturier qui 10 h 05, France-Inter Les cinq ans de « Tracks » arrête ses activités au moment du Sur le thème « Ce que vous voulez ILS N’Y connaissent rien ? Peu C’est imparable, non ? Jenifer ne quarantième anniversaire de sa savoir sur le phénomène techno », importe ! Ce qui compte, c’est s’est pas fait prier pour chanter, Le terme anglais tracks signifie pistes. Ce qui, sur un 33-tours ou sur un CD, maison. Deux documentaires Patricia Martin reçoit Xavier qu’ils soient connus. Jenifer, la lau- encore une fois, le vieux tube recy- correspond à un morceau musical séparé du suivant par quelques secondes de réalisés par David Teboul, Yves Saint Pestuggia, ethnologue et auteur réate de Star Academy, et Thierry clé de Nicoletta, La Musique, qu’on blanc. A la manière d’une compilation, le magazine « Tracks », qui fête ses Laurent, le temps retrouvé et Yves du livre Le Phénomène techno-club, Roland, le plus célèbre journaliste entend déjà dès qu’on met le nez cinq ans d’existence, explore donc sur Arte des pistes variées. D’abord unique- Saint Laurent 5, avenue raves et parties (éditions Imago). sportif de France et de Navarre, dans un supermarché. Thierry ment musicales, puis, à mesure que l’émission gagnait en durée (45 minutes Marceau suivis de Belle de jour,de f Festival d’Angoulême étaient hier soir les invités de Jean- Roland a confié qu’il refusait de hebdomadaires), celles de courants de pensée, de mouvements collectifs, de Luis Buñuel (1967), dans lequel, 17 h 00, France-Info e Pierre Pernaut sur TF1 pour un passer sous une échelle et crai- paroles hors du tout-venant. Qu’une émission plutôt consacrée à la musique pour la première fois, Saint Laurent Partenaire du 29 Festival « Combien ça coûte » consacré à gnait d’apercevoir un chat noir. puisse avoir vécu plus d’une saison à la télévision est déjà un record (par quel habillait Catherine Deneuve. international de la bande dessinée l’ésotérisme et à l’astrologie. Si on L’avantage de la cuisine maison, miracle la microfenêtre « Jazz 6 » sur M6 est-elle encore de ce monde ?). Que f Des livres et moi à Angoulême, France-Info propose ne voyait pas très bien leur lien c’est qu’elle est sans surprise. On a « Tracks » ait su et pu évoluer hors de son cadre d’origine sans pour autant le 22 h 00, Paris Première jusqu’au 27 janvier, de 17 heures à avec le thème de l’émission, on per- donc eu le déroulé implacable des délaisser est un autre sujet de contentement. Le magazine fête donc sa singu- Frédéric Beigbeider reçoit Phlippe 20 heures, reportages, chroniques cevait beaucoup mieux leurs rap- rubriques de « Combien ça coû- larité avec une spéciale de deux heures et a rassemblé pour cela ses sujets en Djian pour son livre Ardoise et interviews. ports avec TF1. te », le quizz sur le coût de ceci, ou diverses thématiques (gros bruit, festivals, tribus, héros, politiques, art…) ponc- (éditions Julliard). f Appel d’air Ils sont, l’un et l’autre, des pro- le salaire de celui-là, et le jeu où on tuées d’interventions de téléspectateurs et d’inserts sur les secrets de fabrica- f En direct de Palestine 19 h 30, France-Culture duits de la chaîne. La jeune chan- peut gagner je ne sais plus quoi si tion. Un amoncellement rétrospectif bien mené, mais qui paradoxalement ne 22 h 15, Arte Un reportage d’Elodie Maillot, teuse a même été entièrement on a bien retenu le prix d’un objet rend pas compte du rythme de l’émission dans son format habituel où le pas- Tourné avant le dynamitage des « Dans la boucle du Niger », avec fabriquée par elle, comme une présenté au cours de l’émission. sage d’un sujet à l’autre est de fait plus varié, suscitant surprises, attentes et studios par l’armée israélienne le Kadiatou Konaré, fille de l’actuel héroïne virtuelle sur un écran d’or- J’ai noté avec fascination que, dans envie d’y revenir. Comme dans un grand disque. – S. Si. 19 janvier, le documentaire En président Alpha Oumar Konaré et dinateur. « Merci, TF1 », disait- la région de Cambrai, il faut dépen- « Tracks », vendredi 25 janvier, 19 heures, et à 0 h 20 un best-of. Arte. direct de la Palestine réalisé par auteur d’un guide culturel du Mali ; elle, tout émue, le 12 janvier, lors- ser 76,22 euros pour nettoyer sa Rashid Masharawi livre une Ineby Kida, tisserand sur le marché qu’elle l’a emporté sur ses petits maison de toute présence paranor- chronique intimiste de la radio La de Mopti ; Moussa Ouane, camarades de la Star Academy, male. Le principal avantage de NE PAS MANQUER nombreux reportages à travers les Voix de la Palestine, créée en juillet réalisateur de documentaires, enfermés avec elle pendant trois « Combien ça coûte », c’est bien mers du monde. 1994 par Yasser Arafat. Radio de et (sous réserve) le compositeur mois dans un château de Seine-et- sûr de se familiariser avec l’euro. f Le Silence de la terre f Cendrillon l’autorité palestinienne basée à Ali Farka Touré. Marne. « Combien ça coûte », hier Cela fixe les idées de savoir à com- 20 h 15, Arte 21 h 00, Mezzo Ramallah, ses journalistes f Pollen soir, c’était comme ces restaurants bien s’élève une intervention à Ce documentaire raconte comment Chorégraphie de Rudolf Noureïev travaillent au rythme de l’Intifada. 21 h 05, France-Inter où le maître d’hôtel prend un air domicile d’un chasseur de fantô- un an après le terrible tremblement sur une musique de Prokofiev, mise Le réalisateur, sans raconter Jean-Louis Foulquier reçoit en pénétré pour vous dire que, bien mes. Jean-Pierre Pernaut aurait de terre du 26 janvier 2001 en Inde, en scène par Petrika Ionesco. Par le l’histoire de la radio, filme au jour le direct Sanseverino et La Blanche. sûr, dans cet établissement, tout d’ailleurs dû hier soir interroger huit ONG encore présentes sur corps de ballet de l’Opéra national jour, sans discours, sans f Radio Nova live est « fait maison ». Et puis, comme Valéry Giscard d'Estaing sur la som- place continuent d’aider la de Paris. Avec Sylvie Guillem, commentaires, la vie, le stress, 23 h 00, Radio Nova l’affirmait Jean-Pierre Pernaut, les me exacte qu’il réclame pour exer- population au quotidien. Charles Jude. l’humain. Un film de l’intérieur et Concert de Jeff Sharel, deux événements les plus impor- cer ses nouvelles fonctions de prési- f Thalassa f On l’appelle monsieur un regard inédit. compositeur de musique tants de l’année 2002 sont évidem- dent de la Convention sur l’avenir 20 h 55, France 3 Saint Laurent f Ombre et lumière au croisement entre deep house ment la Star Academy et, bientôt, de l’Europe. Il était question d’ar- Georges Pernoud et son équipe 21 h 00, Canal+ 0 h 55, France 3 et musique africaine, enregistré la Coupe du monde de football. gent et de revenants, non ? nous emmènent dans un « Voyage Trois jours après le dernier défilé Philippe Labro reçoit le restaurateur en octobre 2001 lors du festival au pays des baleines » avec de d’Yves Saint Laurent, au Centre Bernard Loiseau. Factory au Trabendo à Paris. LE MONDE/VENDREDI 25 JANVIER 2002/33 radio-télévision JEUDI 24 JANVIER TF1 FRANCE 2 FRANCE 3 FRANCE 5 / ARTE M6 CANAL+

16.30 Alerte à Malibu Le scooter des mers. 16.55 Des chiffres et des lettres & 17.30 Qui 16.30 MNK Magazine 17.35 A toi l’actu@ 17.05 Fenêtre sur le Sahara. Documentaire 17.30 Le Pire du Morning 17.55 Largo Winch 16.50 Memento a Film. Christopher Nolan. 17.25 18.05 & 19.00 17.50 18.20 17.35 18.05 19.00 18.55 % f Série. Melrose Place Amour et séduc- est qui ? Friends Série On a Magazine C’est pas sorcier Ques- 100 % question C dans l’air La rançon. Série The Sentinel Sur le fil Suspense (EU, 2000) En clair jusqu'à 20.45 tion. Série. 18.15 Exclusif Magazine 18.55 tout essayé 19.50 Un gars, une fille Au petit tions pour un champion 18.50 Le 19-20 de Voyages, voyages. La Palma. Documentaire du rasoir. Série 19.54 Le Six Minutes, Météo 18.40 Daria Série 19.05 Le Journal 19.20 +de Le Bigdil Jeu 19.55 Météo, Journal, Météo. déjeuner. Série 20.00 Journal 20.30 Question l’information, Météo 20.15 Tout le sport 19.45 Arte info 20.15 Reportage. Le Cross de 20.05 Mode six Magazine20.10 Malcolm Thé- cinéma 19.40 + de sport 19.50 Le Zapping ouverte 20.50 Météo 20.55 Point route. Magazine 20.25 C’est mon choix... ce soir. la Légion. Documentaire. P.-Henri Menthéon. rapie. Série 20.40 Caméra Café Série. 19.55 Les Guignols de l’info.

20.55 B . 21.00 E  20.55 L F   20.45 L B 20.50 O  A 20.05 F Enfance Magazine aa Téléfilm. Sebas- Téléfilm. Championnat de volée. Série. Avec Isabelle Renauld, Delphine présenté par Guilaine Chenu. Flics au bord Film. Claude Chabrol. Avec Michel tian Schipper. Avec Frank Giering, Florian David Straiton. Avec Greg Evigan, Rachael France D 1. Lens - Paris-SG. Match décalé de Rollin, J.- F. Garreaud (Fr., 2001). 1858637 de la crise de nerfs ; Obésité City. 7860453 Serrault, Charles Aznavour (Fr., 1982). 278453 Lukas, Antoine Monot Jr (All., 1999). 955434 Crawford, Diego Matamoros, David Hewlett la 22e journée. En direct du stade Félix-Bol- Enquête sur des disparitions Dans son premier reportage, l’équipe Une série de meurtres par strangula- Lorsque Floyd annonce à ses deux (Canada, 1999) % 226960 laert, à Lens. 20.45 Coup d’envoi. 216182 d’enfants, dont la troisième victime, d’« Envoyé spécial » a filmé le quoti- tion est commis dans une petite ville copains son intention de quitter Ham- Une géologue en mission sur une plate- Une défaite des footballeurs parisiens Elisa, a été kidnappée à la sortie de dien des policiers de Chambéry. Dans bretonne. Un tailleur juif est témoin bourg pour Singapour, ces trois forme pétrolière d’Alaska découvre en réduirait à néant les derniers espoirs son école. Les enquêtrices soupçon- cette ville moyenne de province, le de l’un de ces crimes, perpétré par un meilleurs amis du monde décident, le plus d’une étrange substance aux ver- de titre d’une équipe plus à l’aise loin nent dans un premier temps un malaise est aussi palpable que dans bourgeois irréprochable. premier choc passé, de fêter digne- tus très curatives, une colonie extrater- de ses bases. ancien instituteur au passé trouble. les grandes villes de France. 22.55 Météo 23.00 Soir 3. ment ce départ. restre peu conciliante. 22.45 U    23.10 C   23.30 P   22.00 T - L    : 22.30 L M   a 22.50 U   Télé- Magazine Grand     Film. Damon Santos- film. J. Laing. Avec Kelly McGillis, Kieren Hut- présenté par Frédéric Lopez. Lesujet culte du banditisme : la nouvelle donne. Magazine Le pourquoi Film. Stuart Orme. Avec Donald Sutherland, tefano. Avec Matthew Perry, Neve Campbell, chison, Barry Corbin (EU, 2001) ? 5474386 mois : recettes de péplum ; François Ozon : présenté par Elise Lucet. Invités : Hervé du comment. Documentaire. 100025453 Eric Thal, Julie Warner (EU, 1995) % 5232273 Oliver Platt (Etats-Unis, 1999) & 1010786 0.30 Les Coulisses de l’économie 1.15 Exclu- portrait d’un jeune prodige ; Les flics dans Lafranque, François Marcantoni, D. Artaud, 22.55 Thema Un monde caché : le pouvoir des Des extraterrestres envahissent la Un architecte se fait passer pour un sif. Magazine. l’objectif ; Les tournages du mois. 2279750 C. Dubois, O. Fose, L. Aime-Blanc. 8131347 mathématiques. Documentaire (All., 2001). Terre en possédant des corps humains. homosexuel pour décrocher un contrat.

1.50 Vis ma vie 3.25 Reportages Soixante 1.15 Journal de la nuit 1.35 Météo.1.40 Nikita 1.05 J’ai pas sommeil Magazine 1.40 Espace 23.55 Thema. Donald au pays de mathémagi- 0.25 Demain, tous... obsédés ? Invités : Mia 0.25 Star Hunter Série & 1.20 Quitte ou dou- ans ! Et bien dansez maintenant. 3.50 Histoi- Un homme bien placé. Série ? 2.25 Fallait y francophone Mémoriel, l’actualité du monde que. H. Luske. Animation (EU, 1959) 0.25 Frye, Alexandre Delperrier, Sonia Dubois. ble a Film. E. Burns. Comédie dramatique res naturelles Le pinceau et le fusil. Docu- penser Magazine 4.25 24 heures d’info 4.35 francophone. Magazine 2.05 Ombre et lumiè- L’Ange des maudits aa Film. Fritz Lang. 2.25 M6 Music 3.00 Fréquenstar Les Dix Com- (EU, 1998) &. 2.55 Hockey NHL. New York Ran- mentaire 4.20 Musique 4.45 C’est quoi Météo 4.40 Pyramide Jeu 5.10 Doc Urti Les re Magazine. Invitée : Marie-Claire Noah Western (EU, 1952, v.o.). 1.55 L’Epopée de mandements 3.50 Fan de 4.15 Jazz 6 Jazz-à- gers - Boston Bruins. 4.55 La Plage Film. D. l’amour ? Magazine (70 min) &. fontaines de Paris (45 min). (30 min). l’« Orient-Express » Documentaire (65 min). Vienne : trio Medeski-Wood-Martin (60 min). Boyle Aventures (EU, 1999, 115 min) %. CÂBLE ET SATELLITE RADIO FRANCE-CULTURE FILMS MAGAZINES 20.15 C’est ma planète. [6/6]. Planète DANSE 15.30 Jugé coupable aaClint Eastwood (Etats-Unis, 17.00 Les Lumières du music-hall. Paul Anka. Michèle 20.20 Hollywood Stories. [2/2]. Princesse 18.50 Accent on the Offbeat. Chorégraphie et musique 20.30 De mémoire d’ondes. 1999, v.m., 125 min) & CineCinemas 3 Torr. Paris Première Diana. Paris Première de Peter Martins. Par le New York City ballet. Avec le 21.00 Le Gai Savoir. Jean-Marie Lamblard. 16.00 L’Etoffe des héros aaPhilip Kaufman 19.00 Explorer. Les oiseaux macareux. Les canyons des 20.30 La Semaine des sales bêtes. L’Invasion des Wynton Marsalis Ensemble. Muzzik 22.00 Journal. (Etats-Unis, 1983, v.m., 190 min) & CineCinemas 1 profondeurs. Kamikaze. Le mystère serpents. National Geographic MUSIQUE 22.10 Multipistes. 17.20 Arrowsmith aaJohn Ford (Etats-Unis, 1931, N., des Mayas. National Geographic 20.45 : La Construction européenne. Le Plan Marshall en 22.30 Surpris par la nuit. v.o., 100 min) & Cinétoile 21.55 Recto Verso. Invité : Alain Souchon. Paris Première action. Des films pour l’Europe. La Chaîne Histoire 20.35 Bach. Préludes et fugues BWV 859, 860 et 861. Avec 0.05 Du jour au lendemain. 17.30 aa 0.40 21.00 Les Sans-Espoir Miklos Jancso (Hongrie, Rive droite, rive gauche. Paris Première Les Plus Belles Routes du monde. Jorg Dermus (piano). Mezzo FRANCE-MUSIQUES 1965, N., v.o., 90 min) % CineClassics DOCUMENTAIRES Irlande et Bretagne, la route des légendes 21.00 Berlioz. La Symphonie fantastique et Harold en 19.00 La Fièvre dans le sang aaElia Kazan celtiques. Voyage Italie. Par l’Orchestre de Paris, dir. C. Eschenbach. Mezzo 20.00 Concert. Par le Chœur de Radio France (Etats-Unis, 1961, 120 min) & Cinétoile 17.00 Deux ans dans les îles 21.05 La Grande Aventure de la presse filmée. [4/4]. TV 5 22.40 Tchaïkovski et Moussorgski par Brigitte. Avec et l’Orchestre national de France, dir. 20.45 Histoire du journalisme en temps de guerre : Galapagos. National Geographic 21.30 Profession éco-reporter. National Geographic Brigitte Engerer (piano). Mezzo Charles Dutoit : œuvres de Chostakovitch, Premier voyage aaMarcel Ophuls (France, 1994, 17.05 Dalaï-lama, le sourire et la conscience. [1/2]. Histoire 22.15 A la découverte des récifs sous-marins. Les requins TÉLÉFILMS Roussel. 90 min) & Planète 17.30 D’îles en îles. Maui à Hawaï. Voyage dormeurs géants. Odyssée 22.00 En attendant la nuit. Laurent Cuniot. 20.55 Dead Man aaJim Jarmusch (EU - All., 1995, N., 18.00 Mammifères marins. Les chasses 22.25 La Construction européenne. Les Brûlures de 21.00 L’homme qui a capturé Eichmann. 23.00 Jazz, suivez le thème. v.o., 120 min) % Canal Jimmy du dauphin roi. National Geographic l’Histoire. L’Europe, de Rome à Maastricht. Chaîne Histoire William A. Graham. Histoire 0.00 Extérieur nuit. 21.00 aa 18.00 22.40 22.05 Règlements de comptes à OK Corral John Jacques Lacarrière, l’Ulysse des temps modernes. Bardot : Une première. Téva Un pique-nique chez Osiris. Nina Companeez RADIO CLASSIQUE Sturges (Etats-Unis, 1957, v.o., 120 min) & Cinétoile [2/4]. Chemin faisant. Histoire 22.45 Les Secrets de la Méditerranée. Une montagne [1 et 2/2]. Festival 22.50 Personne ne parlera de nous quand nous 18.25 La Guerre en couleurs. La bataille dans la mer, la Corse. Odyssée SÉRIES 20.00 Les Rendez-Vous du soir. Œuvres serons mortes aaAgustín Díaz Yanes (Espagne, de Sicile. La Chaîne Histoire 22.55 Jean Nouvel architecte. La poétique de Ravel, Poulenc, Roussel. 1995, v.o., 100 min) & Cinéstar 2 19.05 Tous les parfums de l’Arabie. Odyssée de l’espace. Canal Jimmy 19.55 Le Caméléon. Le grand plongeon Série Club 20.40 La pianiste Maria Joao Pires. Œuvres 23.30 La Caravane héroïque aaMichael Curtiz. 19.15 Planète actuelle. Les Splendeurs naturelles de 23.00 Tempête dans les hauts fonds. National Geographic 22.25 The Practice. Confessions Série Club de Beethoven, Brahms, Dvorak, Mozart, Avec Errol Flynn (Etats-Unis, 1940, N., v.o., l’Afrique. [7/12]. Le monde des oiseaux. Planète SPORTS EN DIRECT 22.30 L’Instit. Tu m’avais promis. TV 5 Chopin, R. Schumann. 120 min) & CineClassics 19.50 Les Mystères de l’Histoire. [1/2]. La crise des 23.40 Profiler. Sombres désirs (v.m.) % TSR 22.47 Les Rendez-Vous du soir (suite). 0.30 Un homme dans la foule aaaElia Kazan missiles de Cuba. La Chaîne Histoire 20.00 Football. Coupe d’Afrique des nations (1er tour, 0.05 Le Caméléon. Un happy landings (v.o.) & Série Club Œuvres de Bruckner, Dohnanyi. (Etats-Unis, 1957, N., v.o., 125 min) & Cinétoile 20.00 Fourmis infernales. National Geographic Groupe A) : Mali - Nigeria. Eurosport 0.20 Ally McBeal. The Ex-Files (v.o.). & Téva 0.00 Les Nuits de Radio Classique. VENDREDI 25 JANVIER TF1 FRANCE 2 FRANCE 3 FRANCE 5 / ARTE M6 CANAL+

12.05 13.00 12.20 12.55 13.55 15.00 12.50 13.35 f 13.30 Attention à la marche ! Journal, Pyramide Météo, Journal, Météo, C’est mon choix Magazine Abus La Folie des grandeurs [3/3]. Dans les Bienvenue au club ! Téléfilm. Bob En clair jusqu'à 13.45 Encore + de cinéma Météo 13.55 Les Feux de l’amour Feuilleton Point route 13.50 Derrick Une triste fin. Série de confiance Téléfilm. Larry Peerce. Avec airs 13.45 Le Journal de la santé 14.10 Les Giraldi. Avec Jack Scalia, Linda Hamilton (EU, 14.00 90 minutes % 15.55 Spin City & 16.15 14.45 Le Piège de feu Téléfilm. Robert Day. 14.55 Un cas pour deux Des photos compro- Roma Downey, William Russ (EU, 1999). Morts du dernier jour 15.10 Les Gens du 1986) & 15.15 Destins croisés Star Déchue & Mon voisin le tueur Film. Jonathan Lynn. Avec Lee Majors, Lisa Hartmann (EU, 1991). mettantes. Série 16.00 Commissaire Lea 16.30 MNK Titeuf ; Sister, Sister. 17.35 A toi fleuve 16.05 Nés parmi les animaux sauva- 16.05 M6 Music 17.30 Le Pire du Morning Avec Bruce Willis, Matthew Perry % 17.50 16.30 17.25 16.50 17.50 17.05 17.55 & 18.54 & f 18.40 Alerte à Malibu Canicule. Série Sommer Le mort de la cabane. Série Un l’actu@ C’est pas sorcier Faire un dis- ges [1/3]. Cours avec les lions Les Largo Winch Alerte maximum Star Hunter En clair jusqu'à 20.59 Daria Melrose Place Un jeu dangereux. Série 18.15 livre 16.55 Des chiffres et des lettres 17.25 que, ça vous chante ? 18.15 Un livre, un jour Refrains de la mémoire [3/23]. Mexico, 1952 Compagnon de route 18.55 The Sentinel Faisons un rêve. Série & 19.05 Le Journal Exclusif Magazine 18.50 L’euro ça compte Qui est qui ? 18.05 Friends Série 18.55 On a 18.20 Questions pour un champion 18.50 Le 17.35 100 % question 18.05 C dans l’air Maga- Scoop. Série & 19.54 Le Six Minutes, Météo 19.20 + de cinéma 19.40 + de sport 19.50 Le 18.55 Le Bigdil Jeu 19.50 Vivre com ça Magazi- tout essayé 19.50 Un gars, une fille Barbecue 19-20 de l’info, Météo 20.15 Tout le sport zine 19.00 Tracks Magazine 19.45 Arte info, 20.05 Mode six 20.10 Malcolm Malcolm brû- Zapping 19.55 La Semaine des Guignols ne. 19.55 Météo, Journal, Météo, Trafic infos. avec les copains 20.00 Journal, Météo. 20.25 C’est mon choix... ce soir Magazine. Météo 20.15 Reportage Le Silence de la terre. le les planches 20.40 Caméra Café Série. 20.05 Burger Quiz 20.45 Encore + de cinéma

20.50 L E    20.55 B   Des 20.55 T Voyage au pays des 20.40 R Téléfilm. Hermine Huntge- 20.50 S SG-1 Les Nox & 21.00 O ’  & & S L - Y S L- Divertissement présenté par Arthur et Pierre secrets bien gardés Série. Vincent Monnet. baleines. Magazine présenté par Georges burth. Avec Martina Gedeck, Sylvester Groth, 5841274. Hathor 7558309. Cassandra  Tchernia, avec la participation de Cécile Avec Anne Richard, Jean-François Balmer, Pernoud. Au sommaire : La baleine franche Katrin Böhring (Allemagne, 2001). 992632 5420309. Série. Avec Richard Dean Anderson, Le temps retrouvé Documentaire. Siméone, Isabelle Kuentz, Nicolas Deuil, Marion Game (France, 2001) % 7328477 australe revient à Valdès. Que sait-on des Des années après avoir été abandon- Michael Shanks, Amanda Tapping, Christo- David Teboul & 5695309 Cyril Hanouna, Christophe Renaud, Une jeune juge d’instruction, fraîche- baleines ? La reprise de la pêche en Norvège. née par son mari travaillant sous cou- pher Judge (Etats-Unis, 1997) 5841274 Un portrait enrichi d’interviews exclu- Jean-Yves Lafesse. Invités : Alain Chabat, ment installée à Paris, conjugue vie Du massacre au sanctuaire. Japon, le culte verture, un agent de la Stasi, une quin- Pour que le programme soit rentable, sives d’une figure emblématique de la Gérard Darmon, Christian Clavier, privée refoulée et orages profession- de la baleine. La commission baleinière ; quagénaire, qui élève seule son SG-1 doit essayer de ramener des haute couture française. Chantal Lauby. 70889564 nels. L’argent de la baleine. 506545 enfant, est accusée de haute trahison, objets technologiquement supérieurs 22.20 Yves Saint Laurent, 5 avenue Marceau, 22.35 Bouche à oreille Magazine. 22.25 Météo 22.30 Soir 3 emprisonnée et jugée... à ceux utilisés sur Terre. 75116 Paris Documentaire. D. Teboul. 1566361 23.10 S   22.40 N Y 911 22.50 O     22.15 L V   - E   23.25 P,  - 23.55 B   aaa Magazine Un début de     P    Film. présenté par Julien Courbet, avec la participa- semaine difficile 9562632. Un retour préma- Magazine présenté Documentaire. Rashid Masha- La Fin du sabbat Luis Bunuel. Avec Catherine Deneuve, Jean tion de maître Didier Bergès, Camille turé 1789816. Série. Avec Eugene Byrd, par Marc-Olivier Fogiel, avec la participation rawi (2001, 55 min). 7536187 & 125423. Aliénation maligne % 4180572. Sorel, Françoise Fabian (Fr., 1966) % 7886293 Robiaud, Christelle Larbaneix, Hervé Michael Beach. d’Ariane Massenet, Stéphane Blakowski, Le quotidien des journalistes de « La Série. Avec Derek de Lint, Helen Shaver, Une jeune bourgeoise se rend réguliè- Pouchol, Nicolas Rossignol, Coraline Cortot, Un des membres de l’équipe est scan- Alexis Trégarot. 4099125 Voix de la Palestine », dont les locaux Alexandra Purvis, Colleen Rennison. rement dans une maison de rendez- Damien Castagnera, Stany Coppet. 6679516 dalisé par le curieux traitement d’une Toujours à la pointe de l’actualité situés à Ramallah en Cisjordanie ont Dans La Fin du sabbat, Kat se laisse vous pour se prostituer. Une explora- Des personnes imprudentes se font affaire de braquage par les journa- médiatique, Marc-Olivier Fogiel et été détruits à l’explosif, après avoir été envoûter par une amie qui prétend tion des zones les plus sombres de la parfois rouler par des escrocs de tout listes : ceux-ci semblent en effet avoir son équipe ont su conquérir une part évacués, par les soldats de Tsahal, le être malade et vouloir lui céder ses conscience. Un des plus beaux films poil. « Sans aucun doute » dresse un des préjugés raciaux. d’audience importante. samedi 19 janvier, lors d’une opéra- dons. de Luis Bunuel, transcendé par l’inter- tableau des « entourloupes » possibles. 0.15 Journal de la nuit, Météo. tion de représailles. prétation de Catherine Deneuve.

1.25 Les Coups d’humour Gilles Détroit 2.00 0.45 Histoires courtes Emilie est partie. 0.55 Ombre et lumière Magazine. Invité : 23.10 Le Muet du mois - The Boob aaFilm. 1.00 M6 Music 2.30 Fréquenstar Magazine. 1.35 Esther Kahn aa Film. Arnaud Desple- Mode in France 3.00 Exclusif 3.35 Reportages Thierry Klifa. Avec Danièle Darrieux Miskina. Bernard Loiseau. 1.25 Toute la musique qu’ils William A. Wellman. Avec Gertrude Olmsted, Invité : Etienne Daho 3.20 London Capital chin. Avec Summer Phoenix (2000, v.o.) 4.00 Patrouille de France, les hommes de l’air 3.55 Nicolas Lartigue & 1.20 Envoyé spécial Flics aiment Magazine. Invité : Marcel Bluwal George K. Arthur (EU, 1926, muet, N.). 0.15 Live 4.10 E=M6Magazine. Le premier voilier Grolandsat % 4.30 Haute surveillance Télé- Histoires naturelles Artisans pêcheurs en au bord de la crise de nerfs. Obésité City 3.20 (65 min). Tracks spécial cinq ans Magazine 2.20 Danse volant. Bébés à la carte. C’est pour bientôt. film. Johanna Demetrakas. Avec Jennifer pays de Caux 4.30 Musique (30 min). Comme au cinéma Magazine (100 min). City Dance [2/3]. Documentaire (25 min). 4.30 M6 Music (20 min). Beals (EU, 2000) % 6.00 Congo (49 min). CÂBLE ET SATELLITE RADIO FRANCE-CULTURE FILMS DÉBATS 19.55 Manchots et pétrole ne font pas bon DANSE 13.25 Hôtel de France aaPatrice Chéreau (France, 22.30 Bibliothèque Médicis. L’ami Hugo. Invités : ménage. Odyssée 21.00 Cendrillon. Chorégraphie de Rudolf Noureïev. 20.30 Black and Blue. Invité : Petr Kral. 1987, 100 min) & Cinéfaz Robert Badinter ; Bachir Boumaza ; Max Gallo ; 20.00 Crabes rouges et fourmis folles. National Geographic Musique de Prokofiev. Par le Corps de ballet et 21.30 Cultures d’Islam. Alain Blottière. 13.25 Lune rouge aaJohn Bailey (Etats-Unis, 1994, Jean-François Kahn ; Jean-Marc Hovasse ; 20.15 Hollywood Stories. Charlie Sheen. Paris Première l’Orchestre de l’Opéra national de Paris, dir. Michel 22.00 Journal. 100 min) & Cinéstar 1 Bertrand Poirot Delpech. Public Sénat 20.15 Histoires de la mer. [1/13]. Planète Quéval. Avec Sylvie Guillem (Cendrillon), Charles Jude 22.10 Multipistes. 14.25 Les Yeux noirs aaNikita Mikhalkov (Italie, MAGAZINES 20.45 L’Effet bœuf. Planète (le prince Charmant). Mezzo 22.30 Surpris par la nuit. 1987, v.m., 115 min) & CineCinemas 2 21.00 Mangeurs d’hommes. Les requins. Nat. Geographic 0.05 Du jour au lendemain. 14.35 aa 17.00 21.00 MUSIQUE Le Dernier Train de Gun Hill John Sturges Les Lumières du music-hall. Félix Leclerc. Civilisations. La Momie perdue. Histoire FRANCE-MUSIQUES (Etats-Unis, 1958, 95 min) & Cinétoile Catherine Lara. Paris Première 21.20 Deuxième Guerre mondiale. Nuremberg, procès 19.30 Classic Archive. En 1959 et 1966. Avec Emil Guilels 15.25 La Croisée des destins aaGeorge Cukor. 17.10  20.10 100 % politique. Invités : Jack Lang ; de la tyrannie. La Chaîne Histoire (piano), Stanislas Neuhaus (piano). Mezzo 20.05 Concert franco-allemand. Avec Ava Gardner, Stewart Granger, Bill Travers Stéphane Rozès. LCI 21.20 Spécial George Harrison. George Harrison et Ravi 21.00 Joe Henderson Quartet. Muzzik Par le Chœur de femmes et la Philharmonie (Etats-Unis, 1956, 110 min). TCM 18.40  1.10 Le Club de l’Economie. Jean Peyrelevade. LCI Shankar : « All Things Must Pass ». Canal Jimmy 22.05 Spécial George Harrison. Paul McCartney. Au de Dresde, dir. Jean-Paul Penin. Œuvres 16.15 Le Roman de Mildred Pierce aaMichael Curtiz 19.00 Explorer. Courses sous-marines. La folie du hareng. 22.00 Boat people, les oubliés de l’espoir. Histoire Cavern Club de Liverpool, en décembre 1999. Canal Jimmy de Chabrier, Chausson, Bartok, Schmitt, (Etats-Unis, 1945, N., v.o., 110 min) & CineClassics Le flamenco. National Geographic 22.30 Mars, des traces de vie. Planète 22.05 Keith Jarrett. A Tokyo, le 14 avril 1987. Muzzik Debussy. 19.00 L’aigle vole au soleil aaJohn Ford 20.10 La Vie des médias. L’exception culturelle. 23.25 Un remède contre l’obésité. Planète 22.55 Earth, Wind & Fire. Au Japon, en 1994. Canal Jimmy 22.30 Alla breve. Œuvre de Malmasson. (Etats-Unis, 1957, v.m., 105 min). TCM Invité : Ridley Scott. LCI 23.40 Les Mystères de l’Histoire. [1/2]. La crise 23.05 Milhaud. Le Bœuf sur le toit. Avec Domenico Nordio 22.45 Jazz-club. Le quartette de Drew Gress, 20.40 Un plan simple aaSam Raimi (Etats-Unis, 22.00 Des livres et moi. Invités : David Lodge ; des missiles de Cuba. La Chaîne Histoire (violon). Par l’Orchestre de la Radio-Télévision italienne, contrebasse, avec Tim Berne, saxophone. 1999, 125 min) % RTBF 1 Philippe Djian. Paris Première 23.45 Le Son de Hollywood. Mezzo dir. Jean-Claude Casadesus. Mezzo 1.00 Les Nuits de France-Musiques. 21.00 aaa 23.05 0.30 America, America Elia Kazan Dites-moi. Invité : Robert Hossein. RTBF 1 L’islam en questions. [1/3]. L’ex-URSS. Chaîne Histoire TÉLÉFILMS RADIO CLASSIQUE (Etats-Unis, 1963, N., v.o., 170 min) & Cinétoile DOCUMENTAIRES SPORTS EN DIRECT 22.45 L’âme des guerriers aaLee Tamahori 20.40 Meurtre dans les hautes sphères. J. Byrum Festival 20.00 Les Rendez-Vous du soir. Œuvres (Nouvelle - Zélande, 1994, v.o., 100 min) ! Cinéfaz 17.05 Les Mystères de l’Histoire. Stonehenge, l’éternel 13.00 Biathlon. Coupe du monde. Relais 4x7,5 km dames. 20.45 Attente mortelle. Larry Shaw. RTL 9 de Stamitz, Just, Fränzl. 23.50 Rocco et ses frères aaaLuchino Visconti mystère. La Chaîne Histoire A Anterselva (Italie). Eurosport SÉRIES 20.40 Reynaldo Hahn, compositeur (Italie, 1960, N., v.o., 170 min) & Cinétoile 18.00 Les Brûlures de l’Histoire. L’Europe, de Rome 17.00 Bobsleigh. Coupe du monde masculine. et critique. Œuvres de Hahn, Massenet, 0.00 Graine de violence aaRichard Brooks à Maastricht. La Chaîne Histoire Bob à deux (1re manche). Eurosport 19.55 Le Caméléon. A la recherche du passé Série Club Saint-Saëns, Hahn, Mendelssohn, Hahn, (Etats-Unis, 1955, N., v.m., 100 min). TCM 18.30 Les Secrets de la Méditerranée. Une montagne 20.00 Handball. Championnats d’Europe hommes 2002. 20.55 Cadfael. Le capuchon du moine TMC Mozart, Stravinsky. 0.20 Les Poupées du diable aaTod Browning dans la mer, la Corse. Odyssée France -Allemagne. Eurosport 0.05 Le Caméléon. Jarod’s Honor (v.o.) & Série Club 22.40 Les Rendez-Vous du soir (suite). (Etats-Unis, 1936, v.o., version colorisée, 19.50 Dizzie Gillespie Quartet. Muzzik 20.30 Football. Coupe d’Afrique des nations (1er tour, 0.10 Deux flics à Miami. Pardonnez-nous nos offenses Œuvres de Weber, Beethoven, R. Schumann. 75 min) & CineClassics 19.55 Projos du week-end : Mel Gibson. CineCinemas 1 groupe A) : Libéria - Algérie. Eurosport (v.o.). 13ème RUE 0.00 Les Nuits de Radio Classique.

Les codes du CSA & Tous publics % Accord parental souhaitable ? Accord parental indispensable ou interdit aux moins de 12 ans ! Public adulte. Interdit aux moins de 16 ans # Interdit aux moins de 18 ans. Les cotes des films a On peut voir aaA ne pas manquer aaaChef-d’œuvre ou classique. Les symboles spéciaux de Canal + DD Dernière diffusion d Sous-titrage spécial pour les sourds et malentendants. 34/LE MONDE/VENDREDI 25 JANVIER 2002 CARNET

DISPARITIONS AU CARNET DU « MONDE » -Mlle Emma Desportes de Linières, - Caroline Rossi, Colloques sa fille, sa compagne, Mme Lydia Ewandé, Eléonore et Cédric, Le colloque : « Le sens Décès Ainsi que toute la famille, ses enfants, de l'hospitalité », organisé par la BPI Et ses amis, Elisabeth Mathiot-Ravel, au Centre Georges-Pompidou, Michel Fleury me ont la tristesse de faire part du décès de Elisabeth Mathiot, se tiendra le 26 janvier 2002, M Germaine AUDIGIER, sa mère, née DUVAL, petite salle, entre 11 heures et 19 h 30, M. Edmond Maximilien Ses frère et sœurs, avec Anne Gotman, Carmen Bernand, DESPORTES de LINIÈRES, ont la tristesse d'annoncer le décès de J.M. Belorgev, Laurent El Ghozi, s'est éteinte le 18 janvier 2002, dans sa Un archéologue flamboyant chevalier de la Légion d'honneur, André Bernand, Alain Montandon, quatre-vingt-douzième année. exécuteur testamentaire Jean MATHIOT, Alice Ferney, Anne-Sophie Vergne,

e et président fondateur René Schérer, Abdelwahab Meddeb, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL et vice- à partir de 1958 à la IV section de Elle a été inhumée dans l'intimité, le de l'Association Charles Dullin, survenu le 19 janvier 2002, à Marseille. Maurice Aymard, Jacques Derrida, président de la Commission du l’Ecole pratique des hautes études, 21 janvier, au cimetière de Chamarande Colette Fellous. (Essonne). Vieux Paris depuis 1975, Michel où il occupa différents postes de Les obsèques auront lieu le samedi Entrée libre dans la mesure Fleury est mort vendredi 18 janvier responsabilités, dont celui de prési- survenu le 22 janvier 2002, à Paris, à 26 janvier, à 10 heures, au crématorium des places disponibles. Marcelle Duval, l'âge de quatre-vingt-treize ans. de Manosque, quartier La Rochette. Renseignements au : 01-44-78-45-32. à son domicile parisien. Il était âgé dent de 1980 à 1983. On lui doit sa sœur, de 78 ans. quelques notables sauvetages Béatrice, Claire, François, Bernard, La cérémonie sera célébrée le Cet avis tient lieu de faire-part. Chartiste, archiviste-paléogra- urbains, notamment celui de l’îlot Pierre, vendredi 25 janvier, à 14 h 50, au Ecrire le sport : colloque international, ses enfants, 31 janvier-2 février 2002. phe, archéologue, historien, Maubert, entre le boulevard Saint- crématorium du cimetière du Père- Ses petits-enfants, Lachaise, à Paris-20e, où l'on se réunira. Limoges, Bibliothèque Michel Fleury avait tous les titres Germain et la Seine, dont fait par- Et ses arrière-petits-enfants. Léopoldine SCHWALBACH, francophone multimédia. pour être un homme de cabinet, tie la rue de Bièvre, chère à Fran- Ni fleurs ni couronnes. une personnalité hors du commun, Renseignements : 05-55-43-56-08 paisible, confiné à l’étude de quel- çois Mitterrand. 26, rue Fabert, (ou 79-68-36). ques savants grimoires. Ce fut en Il fut moins heureux dans le quar- 75007 Paris. 14, rue des Volontaires, née Weizmann, est décédée à Lyon, le 75015 Paris. mardi 15 janvier 2002, dans sa cent réalité un homme de terrain, un tier des Halles, où il ne put empê- quatrième année. Métamorphose de l'argent. militant du patrimoine et de l’archi- cher la destruction des pavillons – Le président, Un colloque proposé par la BPI/Centre Après de brillantes études (docteur en er tecture, au verbe puissant et au de Baltard. Il a mené ou supervisé Et le secrétaire perpétuel, – Les associés, philosophie), faites en Allemagne en Pompidou, les 1 et 2 février 2002, Les membres de l'Académie nationale Et collaborateurs d'Andersen compagnie de Hannah Arendt, Karl de 11 heures à 19 heures, teint coloré, bataillant, polémi- à Paris de nombreuses fouilles de médecine, réunissant sociologues, psychanalystes, quant sans cesse contre les « van- archéologiques. Celles du parvis de ont la profonde tristesse de faire part du Löwitz et Herbert Marcuse, cette ont la tristesse de faire part du décès de décès de militante antinazie fut contrainte, avec économistes, journalistes, magistrats... dales », ouvrant des chantiers, Notre-Dame, en 1965, ont débou- leur très estimé confrère, le son mari Johann, de passer la guerre dans Autour des représentations échangeant des propos peu amè- ché sur la construction d’une cryp- Oldrich FISCHMEISTER, la clandestinité en région lyonnaise. et des bouleversements de nos usages. nes avec certains de ses confrères te archéologique dont les excrois- professeur Yves BOUVRAIN, HEC 1970, associé d'Andersen, Suite à diverses études sociologiques Entrée libre, programme détaillé membre de l'Académie de médecine, au 01-44-78-49-02. qui ne partageaient pas son point sances viennent, hélas ! gâcher la sur le terrain, ils publient ensemble deux survenu le mardi 22 janvier 2002, à l'âge livres sous les pseudonymes d'Andrée de vue, notamment celui de la perspective de la cathédrale pari- survenu à Paris, le 21 janvier 2002, dans de cinquante-trois ans. Andrieux et de Jean Lignon : « L'Ouvrier Colloque du Consistoire israélite « conservation du patrimoine », sienne. Il connut plus de succès sa quatre-vingt-douzième année. d'aujourd'hui » (Denoël, 1960) et «Le qu’il opposait à la « restauration ». avec la crypte archéologique du de Paris : La cérémonie religieuse sera célébrée Militant syndicaliste d'aujourd'hui » « Joseph Roth : le destin tragique Ces prises de position ne lui ont Louvre, qui met en valeur les vesti- Le secrétaire perpétuel, le samedi 26 janvier, à 9 h 15, au temple (Gonthier, 1973). professeur Louis Auquier. d'un écrivain juif d'Europe ». pas suscité que des amis. Cet hom- ges médiévaux de l’ancienne forte- de La Celle - Saint-Cloud (Yvelines) Ils ont travaillé avec les équipes me de droite qui revendiquait très resse de Charles V, et qu’il avait (Porte d'Orient). CFDT pendant près de vingt ans et ont Avec Monsieur le maire du écrit dans les revues Esprit et Etudes. 16e arrondissement, Pierre-Christian fort ses convictions, avait une tri- contribué à exhumer au prix d’une 41, rue Ybry, Sous son nom de Léopoldine Weizmann, bune, la Commission du Vieux intense polémique avec ses confrè- Christo CHARIDEMOU Taittinger, le président Moïse Cohen, les 92200 Neuilly. paraissent une réflexion philosophique : professeurs Erika Tunner et Maurice- Paris – conseil du maire de Paris en res archéologues à l’œuvre dans la nous a quittés le 19 janvier 2002, dans sa « Heidegger était-il nazi ? » (Etudes, Ruben Hayoun, le docteur Emil Brix, de matière de patrimoine –, où il sié- cour Napoléon du Louvre. cinquante-septième année. mai 1988) et, en 1995, un dernier livre Vienne, et M. Gerhard Weinberger, – Le docteur Dominique Lacour, publié en Allemagne, préfacé par Alain geait depuis 1955. Il n’y mâchait Michel Fleury est l’auteur, avec Julie Lacour, ministre plénipotentiaire près Ses amis de Courbevoie, et d'ailleurs, Touraine et Jürgen Habermas, qui l'ambassade d'Autriche. pas ses mots, comme en témoi- Louis Réau, d’une Histoire du van- son fils, sa petite-fille, évoque son parcours intellectuel, sa le pleurent. ont la douleur de faire part du décès du gnent les comptes-rendus publiés dalisme fort remarquée, et d’une réflexion philosophique et ses jugements Le jeudi 31 janvier 2002, à 20 heures. dans le bulletin de cet organisme. vingtaine d’ouvrages, presque tous Ils garderont fidèlement son souvenir. politiques : Zum Bericht über eine Mairie du 16e arrondissement, docteur Jean René LACOUR, Generation (Info Verlag). Né le 17 novembre 1923 à Paris, consacrés à l’histoire parisienne ; chevalier de l'ordre du Mérite, 71, avenue Henri-Martin, Paris-16e. Michel Fleury avait commencé sa parmi ceux-ci, Naissance de Paris, Ils demandent à tous ceux qui l'ont Ses amis se souviendront de son Renseignements et inscriptions, tél. : 01- membre de l'Académie de chirurgie, érudition hors du commun, de son carrière aux Archives nationales en où il examine l’évolution de la ville connu d'avoir une pensée pour l'homme ancien chef du service de chirurgie 40-82-26-02. E-mail : e de cœur qu'il était. implacable rigueur intellectuelle, de sa [email protected] 1949. Il fut ensuite directeur des du néolithique jusqu’au XX siècle. à l'hôpital Gustave-Roussy, volonté farouche et de son engagement, Antiquités historiques d’Ile-de- docteur honoris causa de l'université qu'elle a maintenus jusqu'à ses derniers Laval, Québec (Canada), France de 1965 à 1983 et enseigna Emmanuel de Roux – Le premier président, instants. Conférences Le procureur général, survenu le 21 janvier 2002, à l'âge de L'association des magistrats et anciens Vendredi 25 janvier, 20 h 15 à 21 h 30, quatre-vingt-six ans. Remerciements « Christianisme, bouddhisme magistrats de la Cour des comptes, et théosophie ». ont la tristesse de faire part du décès de La levée du corps aura lieu le – Denise René, Loge unie des théosophes, Le Père Yves Aubry 25 janvier, à 11 heures, à la chambre Et sa famille, 11 bis, rue Kepler, Paris-16e. Mme Dinah DERYCKE, mortuaire de l'hôpital du Kremlin- très touchées des marques de sympathie Entrée libre et gratuite. conseillère référendaire Bicêtre. qui leur ont été témoignées lors du décès Tél. : 01-47-20-42-87. du www.theosophie.asso.fr Le fondateur du Bon Larron à la Cour des comptes, Ni fleurs ni couronnes. sénatrice du Nord. docteur Marcel BLEIBTREU, Cet avis tient lieu de faire-part et de Débats PRÊTRE du diocèse de Versailles, cette fraternité internationale pré- Cour des comptes, remerciements. vous prient de trouver ici leurs sincères le Père Yves Aubry, fondateur de l’as- sente dans 95 pays. le Père Yves 13, rue Cambon, remerciements. Le Centre hébraïque d'étude et de réflexion sociation d’aide aux prisonniers Le Aubry est l’auteur d’un ouvrage Pri- 75100 Paris 01 SP. 20, avenue de Versailles, Bon Larron, est mort vendredi son, terre de métamorphose (Fayard), 75016 Paris. organise le dimanche 27 janvier 2002, de (Le Monde du 23 janvier.) Anniversaires de décès 18 heures à 21 heures, à la salle Olympe- 18 janvier, à l’âge de 81 ans. paru en 1999. En situation de retraite de-Gouges – Le professeur Thomas Tursz, – Le 25 janvier 2000, Né le 18 octobre 1921, à Flers depuis 1996, il demeurait le con- – Le président de l'université Paris-I - (15, rue Merlin, Paris-11e, métro (Orne), Yves Aubry est ordonné seiller spirituel de l’association, qui directeur de l'Institut Gustave-Roussy, Panthéon-Sorbonne, Le conseil de direction, René BAROUH Voltaire), un grand débat sur le thème prêtre à Versailles en 1947. D’abord compte 1 200 membres en France. Les enseignants, Ses collègues, ses élèves, « Science et tradition juive, nommé vicaire à Corbeil en 1948, il Le personnel administratif, L'équipe médicale et le personnel de nous quittait. antagonisme ou complémentarité ? » est aumônier fédéral de l’Action Jean-Pierre Dubois Les étudiants, l'Institut Gustave-Roussy, Intervenants : le professeur catholique ouvrière en 1951, curé de ont la tristesse de faire part du décès, ont la tristesse de faire part du décès du Que ceux qui l'ont connu et aimé aient Jacques Goldberg (Sorbonne), Mantes-la-Ville en 1960 et curé de survenu le 20 janvier 2002, de pour lui une affectueuse pensée. Rav Moché Kaufmann, M. Gérard Zyzek, M. Henri Infeld (Anvers). a docteur Jean LACOUR, Trappes de 1966 à 1976. C’est alors PIERRE BOURDIEU, sociologue, ancien chef du département Renseignements et inscriptions que son ministère connaît un tour- ancien professeur au Collège de M. Jean-Toussaint DESANTI, – De la tâche et du plaisir de vivre, professeur émérite de philosophie de chirurgie générale, au : 01-13-14-60-14. nant qui va orienter toute sa vie au France, est mort mercredi 23 jan- ancien sous-directeur esquive. à l'université de l'Institut Gustave-Roussy, Esquive furtive, ô déjà loin dérivée. service des détenus. Nommé aumô- vier des suites d’un cancer à l’hôpi- Paris-I - Panthéon-Sorbonne. Oui ! C'était l'éclat de ta voix qui, si nier de la prison de Bois-d’Arcy dès tal Saint-Antoine à Paris. Il était professeur au collège de médecine Cours des Hôpitaux de Paris, vite, à l'incroyable a acquiescé, du doux la fin de sa construction en 1980, le âgé de 71 ans (lire page 29). membre de l'Académie de chirurgie, désir de vivre si légèrement déliée. Formations informatiques à domicile Père Yves Aubry découvre que tout a EDVALDO IZIDIO NETO, footbal- (prise en main matériel, Internet, prisonnier, tel le bon larron de l’Evan- leur brésilien plus connu sous le survenu le 21 janvier 2002. Maïg QUEFFÉLEC, multimédia, bureautique), – Le directeur, 25 janvier 1999. gile, peut passer « de l’enfer au para- nom de Vava, est mort samedi Les enseignants, dépannage micro. dis » dans sa cellule s’il rencontre le 19 janvier à Rio de Janeiro d’une Les anciens étudiants de l'UFR de Ce grand médecin était un des pères Une équipe de formateurs fondateurs de la chirurgie et de techniciens à votre service Christ incarné dans un visiteur. Sur insuffisance cardiaque à l’âge de philosophie de l'université Paris-I, cancérologique française. Rectificatifs en Ile-de-France. cette foi en l’espérance, le Père 67 ans. Né le 12 novembre 1934 à ont la grande tristesse d'annoncer le – Dans l'annonce parue le Aubry fonde peu après la Fraternité Recife, Vava avait été l’avant-centre décès de leur collègue, maître et ami, Ils adressent à sa famille et à ses 16 janvier 2002, dans la rubrique des prisons Bon Larron, reconnue de l’équipe vainqueur de la Coupe proches leur témoignage d'affection et de Anniversaires de décès de par l’épiscopat. du monde en 1958 et en 1962, aux Jean-Toussaint DESANTI, sympathie. M. Norbert PETRANKER, L’association comprend des visi- côtés de joueurs mythiques comme survenu le 20 janvier 2002. teurs de prison et des corres- Pelé, Didi ou Garrincha : il avait ins- Nos abonnés et nos actionnaires, il fallait lire : pondants. Estimant que la « recons- crit cinq buts en Suède en 1958 et Dans son enseignement comme dans truction de la personne » doit se pour- quatre au Chili en 1962. Vava avait bénéficiant d’une réduction sur De tes yeux grand ouverts sur le ses livres, Jean-Toussaint Desanti Pour toute information, contactez le suivre après la sortie de prison, le débuté sa carrière en 1952 comme incarnait l'intelligence philosophique au les insertions du « Carnet du monde. 01-46-67-18-90. Père Yves Aubry accueille les anciens milieu de terrain de Recife. Mais travail. La générosité de l'homme et du Monde », sont priés de bien détenus sur une péniche amarrée c’est à Vasco de Gama qu’il connut professeur, l'acuité de sa pensée resteront vouloir nous communiquer leur Vous pouvez près de Paris, où leur est proposée la gloire en devenant champion de dans toutes les mémoires. Communications diverses (Le Monde du 22 janvier.) numéro de référence. nous transmettre une aide matérielle, spirituelle ou l’Etat de Rio en 1956 et 1958. Entre Michel Suzanne PERNOT, éducative. En 1989, il rencontre à les deux Coupes du monde, il avait vos annonces la veille Montrichard-ligne de démarcation Londres Charles Colson, ancien con- émigré à l’Atletico Madrid, avec pour le lendemain Jean SEGAL : 01-43-28-71-10. seiller de Richard Nixon, qui fut lequel il remporta deux Coupes d’Es- jusqu’à 16 h 30 incarcéré lors du Watergate et qui pagne en 1960 et 1961. A son retour Permanence le samedi Soutenances de thèse avait aussi fondé une fraternité des au Brésil, il joua à Palmeiras, avant prisons en 1976, aux Etats-Unis, de porter les couleurs de l’America jusqu’à 16 heures – Mlle Katia Malaussena soutiendra sa thèse de doctorat « Essai selon les mêmes intuitions spirituel- au Mexique et des San Diego Toros d'archéologie comparée des les que le Père Aubry. Depuis cette aux Etats-Unis. Vava raccrocha défi- commémorations nationales anglaises, rencontre, Le Bon Larron est affilié à nitivement ses crampons en 1967. françaises et québécoises (1980- 2000) », université Paris-XIII, vendredi 25 janvier 2002, à 9 heures, salle 300 A LIRE EN LIGNE UFR de lettres, 99, avenue Jean- ambassadeur au Laos par décret Baptiste-Clément (Villetaneuse). paru au Journal officiel daté 21- Retrouvez sur le site Internet du 22 janvier, en remplacement de Monde (www.lemonde.fr/carnet) le Renaud Lévy, qui occupait cette Tous les jours détail des nominations, l’essentiel fonction depuis janvier 1998. dans le des lois, décrets et décorations parus au Journal officiel, ainsi que les DOCUMENTS OFFICIELS « Carnet du Monde » adresses des sites publiant des docu- L’Assemblée nationale a mis en NAISSANCES, ments significatifs. ligne la proposition de loi de Jean- ANNIV. DE NAISS., Marc Ayrault renforçant la lutte MARIAGES, JOURNAL OFFICIEL contre l’esclavage moderne, dis- Au Journal officiel daté lundi 21- cutée en séance publique le FIANÇAILLES, PACS mardi 22 janvier est publié : 24 janvier. FORFAIT 10 LIGNES E b 120 - 787,15 F TTC Architectes et urbanistes : un http://www.assemblee-nationale.fr/ La ligne suppl. : 12 E - 78,71 F TTC arrêté relatif à la composition et aux propositions/pion3522.asp TARIF ABONNÉS 100 E - 655,96 F TTC modalités de fonctionnement de cha- Le Sénat publie le rapport de Fran- La ligne suppl. : 10,00 E - 65,60 F TTC cune des commissions de spécialité cis Giraud, Gérard Dériot et Jean- m 01.42.17.39.80 + 01.42.17.38.42 compétentes à l’égard du corps des Louis Lorrain sur le projet de loi Fax : 01.42.17.21.36 e-mail: [email protected] architectes et urbanistes de l’Etat. relatif aux droits des malades et à Les lignes en capitales grasses sont la qualité du système de santé. facturées sur la base de deux lignes. Les lignes en blanc sont obligatoires et NOMINATION http://www.senat.fr/rap/l01-174/l01-174. facturées. Bernard Pottier a été nommé html LE MONDE/VENDREDI 25 JANVIER 2002/35

  CARNET DE ROUTE Premiers ministrables Les 35 000 Pomaks de Grèce sortent de leur réserve IL N’EST PAS interdit de se autre : « Les six premiers ministres moquer un peu. Y compris du de Chirac ». Choix délibéré, en journal qui vous offre le couvert, effet. D’abord parce que cela eût le rond de serviette, et bientôt, tel pu engendrer des rapproche- EHINOS (Thrace occidentale) société allemande : Wismarer Kor- que c’est parti, un lit de camp. ments sarcastiques, genre Les de nos envoyés spéciaux rosionschutz GmbH. Avec une Le Monde, hier, s’est lancé dans Cinq Sous de Lavarède ou les Sept La route monte directement à dizaine d’hommes, il va chaque un jeu journalistique vieux com- Nains de Blanche-Neige. Ensuite, l’assaut du massif du Rhodope, qui année passer trois mois d’hiver me l’élection présidentielle et au et plus sérieux, parce que, sous culmine, en Bulgarie, de l’autre dans les chantiers navals de Wis- charme inusable : la quête hypo- cette forme, et sans l’adjonction côté de la frontière. A quelques kilo- mar (ex-RDA) pour nettoyer les thétique de l’éventuel « premier du qualificatif « éventuels », le ris- mètres de Xanthi, la préfecture de cales des bateaux et les peindre ministrable ». Et donc, à tout sor- que de confusion eût été plus Thrace occidentale, le voyageur contre la corrosion. Un travail insa- tant, tout honneur, cet exercice sérieux. franchit une limite aujourd’hui invi- lubre, payé de 2 000 à 3 000 ¤ par virtuel a porté, mercredi, sur les Six, en effet, c’eût été cinq de sible, mais qui, voilà quelques mois. Le billet, l’hébergement et la « premiers ministrables » appelés trop. Un Matignon chiraquien à années encore, était marquée par nourriture sont à la charge de la à disputer, au joli mois de mai, six têtes, imaginez l’hydre abomi- une barrière. La « barra » signalait société. En trois mois, il gagne sous la casaque Chirac, le grand nable ! Tandis que, avec des « pre- l’entrée dans le territoire des autant qu’en un an avec le tabac. prix 2002 du président de la Répu- miers ministrables », c’est tou- Pomaks. Elle était fermée la nuit Plus haut dans la montagne, le blique. jours cinq – voire six de trop pour de 23 heures à 6 heures. Celui qui maire de Thermes, Hassan Nazir, « Six premiers ministres pour qui n’en sont pas –, mais d’une avait trop tardé en ville était con- voudrait développer l’écotourisme Chirac ». Ainsi était titrée, en essence autrement volatile. damné à attendre le lendemain en exploitant les sources d’eau manchette, la « une » du Monde. Le « premier ministrable », con- pour rentrer chez lui. chaude. Fichu noué sous le men- A ce propos, et afin d’évacuer ici dition nécessaire mais pas suffi- Les 35 000 Pomaks de Grèce  / ton et longue gabardine noire toute contestation sur la forme sante, est un homme ou une fem- sont concentrés dans cette petite Une région qui vit de la culture du tabac. comme en portent les islamistes même de cette manchette, deux me déjà heureux. Pas élu, mais région, à quelques kilomètres à vol turques, sa femme sert les jus de remarques. heureux. Touché par le doigt de d’oiseau de leurs cousins de Bulgarie. L’origine grandes feuilles ver- fruit. Des hommes âgés se dirigent vers la mos- La première tient au résumé à Dieu. Virtuellement crédibilisé. des Pomaks est incertaine, en tout cas disputée. tes, une tradition quée à l’heure de la prière. La religion n’est pas son seul nom, « Chirac », du Appelé à fonder sa propre garde Ils seraient des Slaves islamisés pendant la con- depuis le milieu du Ehinos un sujet de conversation. « C’est comme avec le patron de l’écurie. Que le lecteur pour occire la concurrence. Cour- quête ottomane. En Thrace occidentale, dans la XIXe siècle. Mais sanglier, mieux vaut ne pas en parler », dit Has- n’y voit pas une désinvolture, un tisé déjà, sollicité encore plus, courte période d’entente entre le président grec une tradition mena- san, et revenir aux affaires. manque d’égards regrettables adoubé. Et, qui plus est, ayant Venizelos et Atatürk, on les confondait volon- cée par les déci- C’est le ministère grec des affaires étrangères pour la personne et la fonction. droit dans Le Monde à son profil, tiers avec les Turcs, et certains avaient officielle- sions de l’Union qui supervise l’administration du pays poma- Mais c’est ainsi. Faute de place et à sa photo, sa « bobine » en ter- ment protesté. Maintenant, on les appelle européenne. Invo- que et de la minorité musulmane en général, en de signes disponibles, l’utilisation me de maquette, et à l’énoncé de Pomaks, pour les distinguer de la minorité tur- quant la santé vertu du traité de Lausanne de 1923 qui a tracé du prénom est impossible. Quant ses multiples qualités et atouts. que. Mais ceux qui revendiquent le plus farou- publique, Bruxelles la frontière entre la Grèce et la Turquie. Le au M. comme monsieur – impéra- Le tout dans un ordre de parade chement une identité musulmane veulent être ne veut plus subven- démantèlement de la discrimination, commen- tif naguère dans ce journal et définitivement alphabétique, ce turcs. tionner le tabac. Le cé au début des années 1990 par le gouverne- dont seuls les défunts et les repris qui montre bien l’objectivité bien- Ehinos est leur fief. Le gros bourg accroché préfet de Xanthi, Mer Méditerranée ment conservateur de Constantin Mitsotakis, de justice étaient notoirement pri- veillante et neutraliste de ce quo- aux contreforts du Rhodope est le repaire Georges Pavlidis, a s’est accéléré. Les Pomaks ne vivent plus dans vés –, il n’est plus d’époque. Man- tidien. d’Aga, le « faux mufti », ainsi dénommé parce écrit à Heinz Fischler pour demander le main- une réserve, même s’ils sont, pour quelques que de dynamisme ! Et d’ailleurs, Le « premier ministrable » est qu’il s’est proclamé mufti à la place du mufti tien des aides. Le commissaire à l’agriculture est années encore, dans une enclave. Le maire de campagne électorale fait foi : un homme ou une femme qui désigné, comme le veut la loi, par les autorités intraitable. « Nous avons essayé de développer Thermes montre la route qui va vers la Bulgarie. qu’entend-on scander, ici et là, peut rentrer tête haute le soir à la grecques. Tout est calme dans le village, sur les activités de substitution, explique Georges Il ne reste plus que 500 mètres à percer, et la déjà ? « M. Chevènement, prési- maison, sous les acclamations de lequel flotte une odeur de tabac séché. Les hom- Pavlidis, mais ça n’a pas marché, ni l’artisanat ni frontière sera atteinte. « Ma tante habite en Bul- dent ! » ? « M. Jospin, prési- sa famille, parentèle, amis, voi- mes sont au café pour regarder, en ce milieu de l’élevage. » garie, dit-il, mes cousins sont venus une fois, dent ! » ? « M. Chirac, prési- sins et concierge. Imaginez la légi- matinée, un concours de chant à la télévision L’élevage ? Les Pomaks rappellent qu’il y avait mais je ne suis jamais allé de l’autre côté. » Il fau- dent ! » ? Evidemment, non ! time fierté de la bignole chassant turque. Ici on ne sert pas d’alcool, pas même de plusieurs millions de têtes de bétail jusqu’à ce dra encore quatre ou cinq ans pour que la route La deuxième remarque tient à le VRP, le démarcheur, le bière. Quelques kilomètres plus loin, à Satres, qu’en 1983 un ministre socialiste, Yannis Kapsis, soit construite, côté bulgare, par l’Union euro- l’ablation, délibérée, de l’article fâcheux : « Enfin quoi, monsieur, on se veut plus libéral. Quand le maire, Tzelal décide de chasser les troupeaux sous prétexte péenne et qu’on circule librement. « Pendant la « les » devant ces six premiers j’ai un premier ministrable dans Kiats, reçoit, l’ouzo coule à flots : « S’il vient, de protéger la forêt, en fait pour pousser les guerre froide, avoue un diplomate grec, nous avi- ministres, qui aurait ainsi transfor- l’immeuble ! » Et de fait, le pre- l’iman ne dira rien, mais il ne boira pas. En tout Pomaks à l’exode. Restaient le tabac et le travail ons encore plus peur des Bulgares que des mé la manchette « Six premiers mier ministrable est déjà dans l’es- cas pas en public », précise-t-il. saisonnier en Europe occidentale. A Ehinos, le Turcs. » ministres pour Chirac » en une calier de sa propre gloire ! La région vit de la culture du tabac. La plus patron du café, Ahmet Kopen, porte un maillot petite parcelle de terre arable est plantée de jaune où s’inscrit en lettres noires le nom d’une Didier Kunz et Daniel Vernet CONTACTS IL Y A 50 ANS, DANS 0123 EN LIGNE SUR lemonde.fr f RÉDACTION Guide culturel : http://aden.lemonde.fr a Opération 21 bis, rue Claude-Bernard, 75242 Paris Marché de l'emploi : Marguerite Long et le concerto de Ravel bacs blancs. CEDEX 05. Tél : 01-42-17-20-20 ; http://emploi.lemonde.fr Site éducation : http://educ.lemonde.fr télécopieur : 01-42-17-21-21 ; Du 24 janvier Marché de l'immobilier : CE FUT, aux Concerts Lamou- pour la défense de l’illustration de la des auditeurs le rendait présent pour au 27 février, télex : 202 806 F http://immo.lemonde.fr f ABONNEMENTS reux, une émouvante évocation : il y musique française. Vingt ans déjà ! tous ? Mais pourquoi les Concerts Abcbac.com f TÉLÉMATIQUE a vingt ans, dans cette même Salle Nul ne l’eût dit en écoutant le concer- Lamoureux ont-il mêlé Brahms et et lemonde.fr Par téléphone : 01-42-17-32-90 3615 lemonde f DOCUMENTATION Pleyel, Marguerite Long, dédicataire to exécuté avec la même agilité, le Stravinsky à cette manifestation du permettent Sur Internet : http://abo.lemonde.fr Par courrier : bulletin p. 6 Sur Internet : http://archives.lemonde.fr du Concerto en sol de Ravel, en don- même esprit si vif, avec le même sen- souvenir, alors qu’il eût été si facile de s’entraîner f COLLECTION Changement d'adresse et suspension : nait la première audition. Le maître timent dans l’andante admirable qui de mettre au programme, comme le aux épreuves du baccalauréat et de faire corri- 0-825-022-021 (0,15 euro TTC/min) Le Monde sur CD-ROM : avait pris des mains de Pedro de déroule sa longue phrase chargée de 14 janvier 1932, la deuxième Suite de ger sa copie. www.lemonde.fr/education f INTERNET 01-44-88-46-60 a Le Monde sur microfilms Freitas Branco la baguette pour diri- tendresse contenue. Rien n’avait Daphnis,laValse, la Rhapsodie espa- Internet, une chance pour l’Afrique. Site d'information : www.lemonde.fr 03-88-71-42-30 ger lui-même son dernier ouvrage. changé – et si Jean Martinon n’avait gnole, la Pavane et le Boléro, pour Une rencontre avec John Sarpong, créateur Site finances : http://finances.lemonde.fr f LE MONDE 2 Dimanche, Marguerite Long se pris la place que l’auteur occupait il y entourer le Concerto en sol ? du portail Africast.com. interactif.lemonde.fr Site nouvelles technologies : Abonnements : 01-42-17-32-90 retrouvait sur la même estrade pour a vingt ans sur l’estrade, qui aurait a Pierre Bourdieu. lemonde.fr republie le http ://interactif.lemonde.fr En vente : « Histoires d'euros ». interpréter le concerto qu’elle fit douté que Maurice Ravel ne fût enco- René Dumesnil dialogue entre le sociologue et Günter Grass, applaudir en tant de pays parcourus re là, tant la ferveur de l’interprète et (25 janvier 1952.) intitulé « La tradition “d’ouvrir sa gueule” ». a Tirage du Monde daté jeudi 24 janvier 2002 : 514 057 exemplaires. 1-3

Samedi avec 0123 daté dimanche/lundi - Dossier spécial 8 pages Ils seront tous à Porto Alegre ! VENDREDI 25 JANVIER 2002

HUMOUR ANGLAIS BANDE DESSINÉE PAROLES D’ÉCRIVAINS IMAGES Edward Carey, Deux recueils DE L’IDENTITÉ JUIVE David Lodge, d’entretiens Eugen Weber rend compte Julian Barnes, avec Marguerite Yourcenar de l’ouvrage de Jacques Joseph Connolly et Julien Gracq Attali sur les juifs et l’argent. Louis de Bernières, page VI JEUNESSE Et aussi : P. Birnbaum, John Lanchester pages IV et V page VII D. Nirenberg, P.-A. Taguieff... pages II et III pages VIII et IX Ombre

En un essai atypique, aussi alerte qu’érudit, vive le philosophe Roberto Casati pourfend l’obscurantisme hérité de Platon qui ne reconnaît que la lumière. hacun sait que les chauves-souris utilisent leurs Inventant, sur le modèle Coreilles pour s’orienter et détecter les obstacles éventuels à leur navi- du jeu, le « livre gation. Mais entendent-elles des formes ou voient-elles avec leurs de société » oreilles ? Cette délicate question résumait bien la singulière démar- che de Roberto Casati et Jérôme ombres sur les toiles du peintre Dokic, qui livrèrent en 1994, dans du Quattrocento Masaccio à l’évo- une indifférence regrettable, une cation des ombres envolées de ILL. MARC-ANTOINE MATHIEU brève analyse philosophique, sti- Peter Pan chez James Barrie mulante quoique assez ardue, de (1904) ou de Peter Schlemihl chez Ce discrédit hâtif, Roberto avril 1909, dont les clichés triom- te mental », avant de s’attendrir LA DÉCOUVERTE DE L’OMBRE la perception auditive. Six ans Chamisso (1813) ou la menace Casati le récuse tout au long de phalistes accusent des ombres presque sur les ombres, « pirates De Platon à Galilée, l’histoire après La Philosophie du son (éd. obstinée de celle de Peter Kurten, cet essai atypique. Jusqu’à asseoir bien trop courtes (toutefois la métaphysiques » qui donnent un d’une énigme qui a fasciné les Jacqueline Chambon), le jeune M. le Maudit pour Fritz Lang sa structure sur une astucieuse National Geographic Society n’ac- charme particulier à la science, grands esprits de l’humanité chercheur d’origine milanaise, (1931), du théâtre d’ombres java- mise en scène, puisque le philoso- cepte de se déjuger qu’à la fin du inaccessible aux « esprits assu- (La Scoperta dell’Ombra) médaille de bronze du CNRS nais aux spectacles parisiens du phe compose un pastiche de dialo- XXe siècle !). Et que dire des « cas- jettis par Platon ». Gageons que de Roberto Casati. 1996 et cofondateur de la Euro- Chat noir, où l’exigence illusion- gue socratique découpé en cinq se-tête » proposés en rafale dès les l’acuité lumineuse d’un essayiste Traduit de l’italien par pean Review of Philosophy dont il niste prime sur l’impératif drama- scènes, qui encadrent les quatre premiers chapitres… qui lit dans l’ombre « la mémoire Pierre-Emmanuel Dauzat, assume une part de la direction, tique (ce qui explique que ces parties de l’ouvrage. Platon dialo- Pourtant ces entrées ludiques de la lumière » ne connaîtra pas Albin Michel, « Bibliothèque publiait seul, chez Mondadori, un « chinoiseries » ne survécurent gue, des hauteurs de l’Acropole ne détournent jamais du véritable d’éclipse. Idées », 296 p., 22,90 ¤. essai bien plus accessible, récréa- pas à l’invention du cinématogra- au bord de la mer, aux alentours propos, et les deux dernières par- tif même et pourtant éminem- phe), rien n’échappe au champ du Pirée, avec Skia, son ombre, ties, plus classiquement conduites ment sérieux, à la gloire de l’om- d’investigation de Casati, qui livre qui lui reproche sa trop faible con- mais tout aussi vivantes, grâce à bre – est-ce parce que les chauves- pêle-mêle les éléments d’une his- sidération et le tort considérable l’art si subtil qui conduit à mener souris voient l’espace mais igno- toire de la perception de l’ombre que le mythe de la caverne lui por- le raisonnement du découvreur rent les ombres ? La malice dont quand son propos premier reste la te, « montrée du doigt pendant des en tenant la main du lecteur-spec- fait preuve l’astucieux essayiste célébration de cette même ombre siècles comme épouvantail de la tateur – car il y a toujours une permet de ne rien exclure. comme moteur de la pensée occi- philosophie ». Ponctuant la once de spectaculaire dans les Avec une louable célérité, les dentale. Offrant en prime les éta- démonstration, ces échanges ont mystères du clair-obscur. Comme éditions Albin Michel proposent pes plus ou moins ordonnées d’un leur rythme propre, scandant le on suit la mesure légendaire par le déjà, dans l’alerte traduction de périple qui brosse une histoire passage du temps, l’espace d’une Milésien Thalès de la hauteur des Pierre-Emmanuel Dauzat, rare- vivante des sciences, finalement, journée, avec les variations que la pyramides égyptiennes ou, à l’invi- ment à pareille fête, cette Scoper- de révisions en repentirs, tenues course du soleil commande, jus- tation de Parménide, les rythmes ta dell’ombra, en passe de conqué- pour « exactes ». Thalès et Gali- qu’à ce que Skia semble gigantes- lunaires, « porte d’entrée de l’astro- rir le public anglophone (The Dis- que à l’heure du cré- nomie naturelle » que pousse covery of the Shadow, Knopf aux puscule. Fin de Anaxagore dès le Ve siècle, on Etats-Unis, and Little Brown au Philippe-Jean Catinchi l’échange et de la plai- assiste aux « guerres de l’ombre » Royaume-Uni). Et c’est claire- doirie. avec Kepler, Galilée, Gassendi et ment un événement. lée, Aristarque et Cassini, ou l’as- Mais derrière ce jeu de scène – quelques autres, puis on s’invite Loin de décliner en variations tronome errant Al Bîrûnî (XIe siè- ne manquent pas même les indica- au laboratoire optique que pein- les éléments de son champ de cle) auteur d’un Traité complet des tions théâtrales (« rideau »)–, tres, physiciens et mathémati- recherche, la métaphysique et la ombres, le plus important jamais rien n’est gratuit et le débat sur la ciens visitèrent à l’envi. philosophie de la perception, de consacré au sujet… nature de l’ombre (piège pour l’es- L’illustration, abondante, judi- l’ouïe à la vue, Roberto Casati Une telle démarche, si peu aca- prit ou auxiliaire de la science ?) cieuse et commentée quand elle invente un ton, à force d’en juxta- démique, ne doit en fait rien au toujours au cœur du propos. La est visuelle, est parfois plus per- poser plusieurs. Dès la couvertu- hasard ; elle répond à l’originalité vertu de Casati est de ne jamais sonnelle, Casati n’hésitant pas à re, le fragment d’illustration de d’une notion si intégrée qu’on ne sacrifier le docte au sentencieux, livrer ses propres impressions Nadia Morelli désarçonne : un la remarque plus, qu’on la saisit à alors même que son information face à l’éclipse du 11 août 1999, lapin agile, en équilibre sur une peine et que l’esprit peine à s’en ne supporte aucune approxima- qu’il observe en mer Noire : «La patte, imite dans un jeu d’ombre emparer. « Le cerveau se sert conti- tion. Et de ne pas exclure la mali- mise en scène ne lésine pas sur les une main humaine. Cette pirouet- nuellement des ombres de façon ce : ne voit-il pas dans l’adoption effets brutaux. La température bais- te liminaire annonce assez que fort astucieuse pour apprendre d’un « temps universel » lu à se. Un mystérieux vent frais se lève. l’œil, autant que l’esprit, participe comment sont faits les objets et où Greenwich « l’un des tout premiers L’ombre descend comme un oura- à ces jubilatoires « leçons de ténè- ils se trouvent. Dans le même exemples de mondialisation » ? gan sur la mer. La lumière s’éteint bres », aussi harmonieuses mais temps, il ne sait pas bien à quoi s’en L’apprentissage scientifique et, l’espace de quelques secondes, moins terribles que les partitions tenir avec elles. Les ombres sont des comme une mallette de jeux. Avec tombe une nuit métallique. L’esprit baroques. objets étranges, qui nous laissent des énigmes et des devinettes. est pris au dépourvu par la vitesse à De l’observation des gratte-ciel perplexes. » « Entité mineure », « Trouvez l’erreur », suggère la laquelle la nuit s’installe. [...] Au new-yorkais des années 1930, l’ombre est perçue depuis la fable légende d’une eau-forte du gra- milieu de tout cela danse un soleil curieusement coiffés d’invraisem- de la caverne, au septième livre de veur Piranèse représentant la basi- noir qui n’est plus fournaise mais blables ziggourats, à la méthode La République de Platon, comme lique Saint-Pierre où les ombres pierre de malheur (…).» L’esprit, expérimentée par Eratosthène une notion négative : manque de dénoncent un soleil en plein nord. désarmé une fois encore par les (IIe siècle avant notre ère) pour lumière, diminution de l’objet qui La photo n’est pas en reste, qui sortilèges de l’ombre… déterminer la forme et la dimen- la projette, nature incertaine qui révèle l’imposture de l’Américain Mais pouvait-il l’emporter face sion de la Terre, des corps transpa- suscite le soupçon, la peur, écran Robert Peary, prétendument à un concept que Casati philoso- rents qui ne retiennent pas les enfin à la connaissance directe. « conquérant du pôle Nord » en phe qualifie de « véritable parasi- II / LE MONDE / VENDREDI 25 JANVIER 2002 dossier b L’humour, cette « révolte supérieure de l’esprit » selon André Breton, est Humour anglais pince-sans-rire s’il est n dit qu’il voyage mal, court toute la gamme des tons, rappelle Tom Sharpe, maître en anglais. Les gens de que son essence subti- du plus clair au plus sombre, pour loufoquerie et excès en série. le s’évapore en passant mieux accepter le monde ou, au Dans une veine plus tempérée, la Tamise ont un art d’un pays à l’autre, contraire, pour mieux le détruire. deux écrivains qui ont fait leurs d’uneO langue à l’autre. L’humour, Aujourd’hui l’humour, choisis- preuves depuis longtemps, Julian consommé du contrôle considéré comme une spécificité sant franchement sa couleur, ne Barnes et David Lodge jouent anglaise, serait insaisissable, aus- donne que rarement dans les avec assurance de tous les res- de soi et de la satire, si intransportable que le climat et demi-teintes. Ce n’est pas sur le sorts de l’humour. L’un prend le degré d’humidité de l’air qui mode de l’understatement,de volontiers pour thème le couple féroce ou teintée de l’ont produit. Le mot même d’hu- l’euphémisme stoïque qu’il s’exer- et ses mésaventures tragi-comi- mour est intraduisible, Valéry ce et il néglige cette forme suprê- ques, quand il ne préfère pas les flegme. Six romanciers l’assurait, lié précisément à sa me d’indifférence, ou de polites- rapports entre la France et l’Angle- charge d’indéterminé. Freud, se, qu’on appelle le flegme britan- terre – autre couple, autres malen- nous en offrent une quant à lui, voyait dans l’humour nique. Chargé d’une formidable tendus. L’autre, fin critique et quelque chose de… du moi qui violence burlesque, il transmet théoricien averti, introduit dans palette contemporaine : s’affirme victorieusement et avant tout la rage – une fureur son Tout petit monde (1984) et son « refuse de se laisser imposer la vindicative à l’égard des personna- Jeu de société (1988) les techni- du loufoque esquissé par souffrance par le monde environ- ges et des valeurs de leur classe. ques de pointe en matière de post- nant », bien plus, la transforme, modernisme : parodie, pastiche, Edward Carey à l’ironie cette souffrance, en une occasion NOIR ET GRINÇANT camouflage, citations, emprunts, de plaisir. Le condamné que l’on C’est Martin Amis, condamnant jeux de langue… David Lodge, et propre à Julian Barnes, mène à la potence un lundi la société permissive des années bien d’autres à sa suite, en revient s’écrie : « Voilà une semaine qui 1970 dans des romans d’une donc à des textes classiques et à de l’exercice de style commence bien ! » méchanceté ulcérée, telles Pou- des genres anciens pour mieux les L’humour traduit ce contrôle pées crevées (1975), qui met en scè- subvertir. Esprit ludique de peaufiné de soi, cette distance vis-à-vis des ne pour un week-end d’orgie un rigueur. Citons ici Michael Frayn autres et de soi-même que les nain obèse, puant et contrefait, avec Tête baissée (1999), un sus- par David Lodge Anglais sont censés posséder au un jeune homme obsédé par la pense érudit et comique, où s’af- plus haut point. Il est une attitude perte de ses dents et divers person- frontent universitaires suspects et au burlesque de base, un ingrédient indispensa- nages pour qui le sexe est une aristocrates bouseux dans la chas- ble, mêlé en de plus ou moins for- fonction organique, aussi insigni- se à l’argent, ou John Lanchester, de Joseph Connolly tes proportions aux humeurs qui fiante que l’excrétion ou la diges- nouveau venu remarqué, qui use traversent la littérature. Humour tion. Devant la violence de l’atta- avec talent de recettes éprouvées et à la drôlerie jubilatoire de Laurence Sterne, que, le lecteur est pris entre un pour expédier dans les rues de humour noir de H. H. Munro, vague dégoût et son admiration Londres son quinquagénaire naïf de Louis de Bernières alias Saki, suivi de sa cohorte pour la vigueur de l’auteur : la maî- et bedonnant (Mr. Phillips). d’animaux sauvages, humour trise de l’écriture, l’audace de la et de John Lanchester. rose, teinté de fantaisie, de David vision – cette inventivité morbide. SUR LE MODE DE LA SATIRE Garnett qui changea une femme Plus récemment, sur le même Evelyn Waugh, qui de notre siè- « L’humour est l’art en renard, humour féroce mode grinçant et satirique, Drôle cle avait tout compris, comme le d’Evelyn Waugh qui fustigeait de bazar de Joseph Connolly, une dit Simon Leys, l’un de ses grands Laurence Sterne par Edward Carey de perdre », disait avec indignation la société, sinistre comédie des erreurs, mon- admirateurs, reste le modèle humour serein d’Anthony Powell tre avec efficacité les horreurs de accompli. Jonathan Coe, avec sa l’ère Thatcher, décidément une quoi faire. Il semble d’ailleurs se Romain Gary. regardant passer la ronde des la vie conjugale au sein de la bour- satire irrésistible de l’aristocratie source d’inspiration inépuisable. porter mieux que jamais. A moins bouffons et des nymphes (La Dan- geoisie londonienne – une guerre anglaise possédante – belles L’humour en Angleterre est une que, refusant ces lourdes tâches, Mais aussi de perdre se de la musique du temps), des sexes qui n’atteint pas à la demeures et parcs verdoyants –, longue tradition, on le sait. Pour- il ne préfère l’évasion, la mise en humour désenchanté, d’un beau puissance dévastatrice et à la terri- de ses rituels et de ses travers, fendre la bêtise, le conformisme, liberté de l’esprit : tourner le dos, son temps en lisant gris automnal, de Barbara Pym et fiante noirceur d’Amis, mais qui pourrait bien marcher sur ses tra- l’ironie sceptique, la plaisanterie fermer la porte, c’est encore de de ses consœurs (Anne Fine, Ali- de ce fait provoque franchement ces. Testament à l’anglaise (1994) bête, l’ennui installé et l’impostu- l’humour, Lewis Carroll le prouva. british ce Thomas Ellis…) L’humour par- le rire. A son meilleur, Connolly est une charge virulente contre re régnante,… il a aujourd’hui de Christine Jordis Road movie canin Affreux, Le bon plaisir d’Edward Carey En compagnie du flamboyant Le Rouquin, sales et Premier roman, loufoque, d’un touche-à-tout britannique Louis de Bernières offre une fable drôle et enlevé méchants dont les dessins stimulent l’écriture. montagne, entre la Colombie et le daient ses parents à la campagne, drier des gants », obsédé d’immobi- LE ROUQUIN Venezuela. Il est enseignant, cow- DRÔLE DE BAZAR L’OBSERVATOIRE dans le Norfolk. Et « Le Portier », lisme et de pureté ; ou encore celle Une histoire australienne boy, jardinier, mécanicien, docker. Et (Stuff) (Observatory Mansions) gardien mutique des lieux, par le de la femme-chien, arrivée au de Louis de Bernières. il prend des notes pour ses mille cinq de Joseph Connolly. de Edward Carey. concierge de l’immeuble qu’il occu- manoir avec un collier autour du Traduit de l’anglais cents pages sud-américaines où défi- Traduit de l’anglais Traduit de l’anglais pe de temps en temps, à Londres. cou ; et aussi celle du père Orme, par Fanchita Gonzalez Batlle, lent, en une hilarante galerie de por- par Serge Chauvin, par Muriel Goldrajch, Sans oublier le nom de son narra- ce « génie du non-faire », ou de Mercure de France, traits, ploutocrates cyniques, guérille- Gallimard, 402 p., 22,50 ¤. Phébus, 392 p., 21 ¤. teur, Francis Orme, qui vient, lui, Claire Higg, qui vit devant son télé- 130 p., 13,50 ¤. ros de pacotille et intrigantes de tout d’une rue de son quartier. Ou en- viseur, entourée des personnages poil. Cette trilogie lui vaut d’être e Joseph Connolly, on e réalisme, non merci, core les mannequins de cire parmi de séries dont elle porte le deuil ifficile de parler d’hu- salué d’emblée pour sa verve et sa a déjà pu lire aux édi- sans façon. Pour être tout lesquels évolue le dénommé Orme, lorsqu’il meurent. Le tout dans une mour anglais sans évo- drôlerie. tions de L’Olivier, à fait franc, Edward Carey héritage d’un bref emploi de sur- organisation totalement crédible, quer Louis de Bernières. Mais c’est avec La Mandoline du Vacances anglaises « déteste ça » – même s’il veillant au Musée de Madame Tus- malgré l’invraisemblance absolue Alors que sortait en Fran- capitaine Corelli (Denoël, 2001) que («D Points-Seuil ») et N’oublie pas Lreconnaît l’importance de cette tra- saud. des personnages et des situations. ceD sa trilogie sud-américaine – Senor Louis de Bernières triomphe vrai- mes petits souliers. On retrouvera dition dans la littérature anglaise, Car tel est le bon plaisir d’Ed- Mais le périmètre du roman, Vivo et le Baron de la coca, La Guerre ment. Un million d’exemplaires ven- ici la même verve iconoclaste, même s’il n’a pas l’intention de ward Carey – et sa source d’inspira- pour Carey, ne se limite pas à l’écri- des fesses de Don Emmanuel et La dus dans le monde, plus de quarante décapante, confinant souvent au froisser des confrères. D’ailleurs, à tion : connecter entre eux des uni- ture. Pour preuve, L’Observatoire Calamiteuse progéniture du cardinal traductions, un film : l’histoire de ce grotesque, dérapant sur les cha- la réflexion, ce romancier de trente vers disparates, puis bondir de l’un est rempli de dessins (les siens) et Guzman, tous publiés chez Stock –, quatrième roman, situé sur l’île grec- peaux de roue à deux doigts de la et un an ne paraît pas particulière- à l’autre en laissant son imagina- son prochain livre, à paraître au les lecteurs découvraient une singu- que de Céphalonie pendant la secon- vulgarité. On l’aura compris si on ment soucieux de fréquenter les- tion faire des petits à sa guise. Par printemps 2003, comprendra des lière façon de faire rire en traitant de guerre mondiale, dévoile un Louis ne le connaît pas déjà, Joseph dits confrères, compte tenu sans l’absurde comme une chose norma- de Bernières moins baroque, plus lyri- Connolly ne fait pas dans la légè- doute de la multiplicité de ses acti- Edward Carey le. Pour Louis de Bernières, ce procé- que, mais toujours aussi spirituel. Les reté, ignore l’« understatement » vités (Confrères en quoi, d’abord ? Agé de trente et un ans, le romancier anglais dé est le moteur même de l’humour. librairies anglaises sont prises d’as- et tient plus de Tom Sharpe ou Ecriture ? Dessin ? Sculpture ? Edward Carey a obtenu un succès respectable Mais un humour qui puise de part et saut – c’est le livre que lit Julia des Monty Pythons que d’Oscar Théâtre ?), mais aussi de sa singula- avec L’Observatoire, son premier roman, d’autre de la Manche, alliant à Roberts dans Coup de foudre à Not- Wilde ou de Wodehouse. rité dans le paysage littéraire. Car aujourd’hui traduit en plus de dix langues. l’« understatement » une forme de ting Hill – et l’accueil dépasse toutes Emily donc, est une ravageuse L’Observatoire, son premier roman, Après avoir passé cinq ans dans une école mili- truculence à la Rabelais ou de mor- les espérances. « Sauf en France », d’hommes qui humilie son mari, campe sur les terres isolées du lou- taire qui devait le conduire dans la marine, il a dant à la Voltaire. note Louis de Bernières avec une ses enfants, son amant et la plu- foque – voire, parfois, du grotes- effectué des études théâtrales. Il a écrit plu- Rien d’étonnant d’ailleurs : com- pointe de regret pour le pays de ses part des gens mais aussi une fem- que –, sans attaches claires avec le sieurs pièces, dont une pour le Théâtre natio- me l’indique son nom, ce grand lec- ancêtres. me d’intérieurs (le sien et ceux roman britannique contemporain. nal de Roumanie. Il est aussi illustrateur et teur de Candide a du sang français Aujourd’hui, il revient à une veine des autres) à succès. Elle a le sens On peut lui trouver quelques res- sculpteur à ses heures. dans les veines. « Mes ancêtres ont plus légère. Après ce succès, il s’offre, des affaires et sa petite entreprise semblances avec un Lewis Caroll quitté la Normandie il y a mille ans », comme l’écrit son éditeur, « de peti- de décoration fonctionnerait à rigolard et désabusé, qui aurait exemple, l’écrivain (qui ne voit pas photos. « Je vais sculpter la statue expliquait-il au Monde en 1995. Ils tes vacances ». Il nous raconte l’histoi- merveille si elle n’avait pris pour choisi la décrépitude comme desti- du tout pour quelle raison il fau- de deux sœurs jumelles, qui sont les sont venus avec William the Bastard, re d’un chien. Pas un toutou pour associé son rêveur de mari, Kevin, nation pour son Alice. Ou alors drait se limiter à un seul métier) se personnages centraux de mon que vous appelez Guillaume le Conqué- moquette épaisse. Non, un chien un pauvre bougre, toujours aussi avec un Garcia Marquez, pour le sert de ses dessins pour stimuler deuxième roman, explique-t-il. Puis rant. Puis ils sont repartis en France sans domicile fixe, épris de liberté et soucieux de bien faire qu’à côté merveilleux, mais la fable en son écriture. Dans des gros cahiers j’introduirai dans mon livre les cli- après s’être disputés avec lui. Plus tard, de grands espaces, un nomade, com- de la plaque. Leur fils est un moins. Une chose est sûre : L’Obser- de toile noire qui empestent le chés correspondant aux principales ils ont eu la mauvaise idée de se faire me lui, fou d’aventures et de rencon- affreux jeune et leur fille s’est enti- vatoire est un drôle de livre très café, il dessine des gens, des situa- phases de l’élaboration de cette huguenots quand il ne fallait pas. A la tres, qui aime voir du pays sans atta- chée du fils de Raymond, l’ami de réussi, extraordinairement imagi- tions, des paysages incongrus qui œuvre. » Pas la moindre pédante- Révolution, beaucoup ont perdu la ches ni contraintes. Après Médor, Kevin qui est aussi l’amant natif et savoureux, en dépit de en engendrent d’autres, aussitôt rie chez ce touche-à-tout sans tête. Les autres ont regagné l’Angleter- Mirza, Baltique, Milou et Ran- d’Emily. La femme de Raymond quelques longueurs et de minimes transférés dans le récit. domicile fixe, qui écrit chacun de re, où la politique se pratique avec tanplan, il va donc falloir faire entrer est une souillon alcoolique dotée redites. Un roman composé de C’est à partir du théâtre, sa pre- ses livres dans un lieu différent. Et moins d’enthousiasme. » Le Rouquin (Red Dog) au panthéon d’une mère gâteuse qui vit sous le courts chapitres (« Franchement, mière vocation, qu’il est un jour pas la moindre trace, du coup, des Né en 1954, le jeune Louis de Ber- canin. D’autant que cette bête a vrai- même toit. Raymond est un porc, quel intérêt, ces longues tirades, ces venu au roman. « Au départ, je obsessions de collectionneur sur nières s’installe à dix-huit ans dans la ment existé, elle a même sa statue, à mais les femmes sont folles de lui, textes où tout doit s’enchaîner d’un voulais être comédien, jusqu’au lesquelles s’appuie son récit. Car, à Karratha, au nord de l’Australie. sauf Emily, bien sûr, et il la hait, bout à l’autre de l’histoire ? », s’ex- moment où quelqu’un a eu la mau- l’image de Francis Orme, accumu- Dans une langue simple, traduite bien entendu. Liaison abjecte. clame l’auteur, d’un air fausse- vaise idée de me confier le rôle de lateur fou (le catalogue complet de de manière fluide et accessible aux Avec de tels personnages, ou ment exaspéré, sa houppe blonde Hamlet. J’ai été assez mauvais, je son exposition secrète, composée lecteurs de tous âges, Louis de Berniè- plutôt de tels ingrédients, Connol- descendant sur son visage rieur et crois. Puis j’ai écrit plusieurs pièces, de 996 lots, figure à la fin du livre), res nous conte les facéties de cet ani- ly a concocté une mixture bien juvénile), organisés comme les éta- avant de découvrir que le roman, le livre joue de toutes les formes mal flamboyant, ses errances, ses épicée. Dans la déferlante de pes d’un chemin de croix sans contrairement au théâtre, permet de taxinomie. La suite des cha- ruses, ses longues virées, ses attache- catastrophes tout aussi improba- queue ni tête. En l’occurrence, la d’être le seul maître, de prendre la pitres s’apparente aux tableaux ments, ses dépits amoureux. Il faut y bles que méritées par les unes et lente et pénible progression vers le place que l’on veut, d’envahir tout d’une exposition, l’auteur se plaît à voir une fable rapide et drôle. Louis les autres, surgit quand on s’y présent d’un groupe de gens, liés l’espace. » Ce qu’il aime, lui, c’est énumérer des choses et des gens, de Bernières, décidément, est tou- attend le moins, une petite brise par leur commune occupation « le cirque », l’aspect « carnava- les objets se dilatent de manière jours là où on ne l’attend pas. On de folie plus douce, voire plus ten- d’un immeuble à moitié en ruine. lesque » des choses. D’où le loufo- extraordinaire, au point d’empié- dirait que cette fois, il a voulu pren- dre, qui fait dérailler vers un peu L’immeuble, dit « le manoir de que et la drôlerie qui émanent de ter sur le monde des humains, le dre à contre-pied La Fontaine. Ce d’espoir et de compassion, quand l’Observatoire », semblable à «un son livre, pourtant grave par cer- temps s’abolit. Dans ce monde-là, dogue-là, « aussi puissant que beau » tout s’effondre au propre et au vieillard assis, ses bras flasques ser- tains aspects. On y découvre des seul compte le temps de la fiction, mais sans « col pelé », courra long- figuré au moment du cataclysme rés autour de ses genoux arrondis », figures incroyables, comme celle sans autre devoir vis-à-vis du réel temps dans notre imagination. final. lui a été inspiré par une grande mai- de Francis Orme, qui vit avec des que de le supplanter. Fl. N. M. Si. son de style Tudor que possé- gants blancs, tenant un « calen- R. R. dossier LE MONDE / VENDREDI 25 JANVIER 2002 / III b David Lodge, « victime » de son succès A pas comptés Le romancier anglais s’avoue un peu « prisonnier du label comique » qui a fait sa fortune. John Lanchester offre un tableau réjouissant Pour autant, dans cette veine, il prolonge sa peinture de la société anglaise. Et l’on ne peut que s’en réjouir de Londres à travers la déambulation d’un oisif forcé Sa vocation de comptable ne le le chic anglais, avec son gilet de Kennedy, malencontreusement des situations sous leur angle MR. PHILLIPS quitte pas : il additionne, met en PENSÉEES SECRÈTES lainage grisâtre et ses chaussures survenu après deux semaines de humoristique, y compris lorsque (Mr. Phillips) équation, fait des statistiques ou (Thinks…), de sport incongrues, mais un représentations – mais le tout nou- les personnages se trouvent dans de John Lanchester. établit des proportions – c’est un de David Lodge. regard très aigu sous le maquis veau chansonnier découvre la de mauvaises passes. De plus, Traduit de l’anglais peu trop calculé de la part de Traduit de l’anglais des sourcils en bataille. Après satisfaction de voir les gens rire tous ses récits enregistrent, au fil par Claude Demanuelli, l’auteur, mais les résultats sont par Suzanne V. Mayoux, avoir averti qu’il est un peu sourd, de ses trouvailles. Laissant de côté des années, les évolutions de la Seuil, 270 p., 20 ¤. assez amusants pour que cela lui Rivages, 402 p., 20,60 ¤. Lodge consent aimablement à évo- le roman qu’il était en train d’écri- société britannique – fût-ce au tra- soit pardonné : ainsi en observant quer son changement de cap litté- re, il se lance alors dans la rédac- vers des communautés plus ou e lundi 31 juillet 1995, les passagers d’un bus, Mr. Phillips out au fond des pensées raire. Car c’est sous une autre éti- tion d’un livre où il met à profit ce moins closes que David Lodge Mr. Phillips s’éveille, com- arrive, preuves à l’appui, à la con- les plus secrètes de ses quette, celle d’écrivain catholique, talent si gratifiant. Ce sera La Chu- affectionne et dont il s’est fait le me souvent, en enten- clusion que 33,6 % d’entre eux personnages, David Lod- qu’il a fait ses débuts dans la car- te du British Museum (Rivages maître incontesté, à commencer dant le bruit des avions n’ont jamais fait de promenade sur ge laisse parfois flotter rière. A l’époque où Graham Gree- poche nº 93), son premier best-sel- par les campus universitaires. Tel- Lqui vont atterrir à Heathrow. Mais la Tamise, n’ont jamais vu de mac- Tquelques fantasmes intéressants. ne et Evelyn Waugh prônaient la ler. Après ce coup d’éclat, David les sont deux des caractéristiques après avoir longuement rêvassé chabée et n’ont jamais fait l’expé- Prenez Ralph Messenger, par compatibilité entre littérature et Lodge reprend l’ouvrage abandon- de Pensées secrètes, son nouveau dans un demi-sommeil, il ne se rience de la sodomisation. Certes, exemple, beau parleur et spécialis- engagement religieux, lui publie né, qui deviendra Hors de l’abri roman, qui voit s’affronter des per- lève que vers 7 heures quand le nombre de pensées et de te de sciences cognitives à l’univer- The Picturegoers,en1960etGin- (Rivages poches n˚ 189)… dans sonnages dans les étendues déso- camion des éboueurs tourne au réflexions de M. Phillips digressent sité de Gloucester. Un jour qu’il ger, You’re Barmy, en 1962. Rien à l’indifférence générale. « Découra- lées du campus de Gloucester (fic- s’exprime – sans témoins – devant faire, pourtant, ses livres stagnent gé », il revient vers l’humour qu’il tif lorsque l’auteur l’a décrit, mais son magnétophone, pour mener à dans une relative confidentialité. ne quittera plus vraiment, même devenu réel depuis). Pour une John Lanchester bien des recherches sur la structu- Du moins jusqu’au jour où leur s’il poursuit sa carrière universitai- fois, David Lodge a déserté le Né à Hambourg en 1962, John Lanchester a re de la pensée, Messenger rêve auteur fait l’expérience du scéna- re (jusqu’en 1986) et si certains de microcosme de Rummidge, ce passé son enfance à Calcutta, Rangoon, Brunei au plaisir immense que doivent rio pour une revue de cabaret, ses romans – Thérapie, par exem- campus imaginaire dont il a fait ou Hong Kong, a fait ses études à Oxford et vit ressentir les lauréats du prix avec son ami et confrère ensei- ple (Rivages poche no 240) – n’en- un lieu passablement célèbre, par à Londres. Il a été critique gastronomi- Nobel. « On s’endort chaque soir gnant-romancier, Ray Bradbury. trent pas tout à fait dans cette l’intermédiaire de plusieurs que – comme Will Self – à l’Osberver, puis en souriant à la pensée d’être un Et là, non seulement la revue catégorie. romans (en particulier Un tout rédacteur en chef adjoint de la London Review Nobel et on se réveille heureux, rencontre un franc succès – du L’ensemble de ses livres ont petit monde et Jeu de société, Riva- of Books, mais après le succès de son premier d’abord sans savoir pourquoi, mais moins jusqu’à l’assassinat de John cependant en commun d’analyser ges poche nº 69 et 44). roman, Le Prix du plaisir (Seuil) – l’histoire éru- aussitôt on s’en souvient. » David Grâce aux démêlés intellectuels dite et loufoque de Tarquin Winot, psychopa- Lodge, lui, n’aura sans doute et amoureux de Ralph Messenger, the, amateur de bonne chère, entre la France jamais ce plaisir-là, cette suppo- le scientifique, et de sa comparse et l’Angleterre – qui a obtenu toutes sortes de sée béatitude éternelle. Et pour Helen Reed, une romancière char- prix, le principal étant le Whitbread Prize du cause : après deux premiers gée d’un atelier d’écriture, premier roman, il écrit et collabore à différen- romans raisonnablement l’auteur nous plonge dans le tes publications. « sérieux », cet Anglais de soixan- débat sur la conscience et la per- te-sept ans a délibérément opté ception, sur l’existence même du coin de la rue. Puis, comme cha- principalement vers le sexe, les pour la veine comique. Avec le monde et de l’homme. Même s’il que jour de semaine depuis vingt- femmes, les filles. Mais même lors- succès que l’on sait, chacun de ses comporte des passages trop sept ans, il part attendre son train qu’il se voit à la tête d’un harem, livres faisant un tabac. Mais il arri- bavards, même si l’intrigue senti- à la gare de Clapham Junction. Il Mr. Phillips garde le rôle principal ve que David Lodge, par ailleurs mentale est convenue, Lodge réus- en redescend page 66, près du che- et le rang d’épouse numéro un, et universitaire et critique littéraire, sit le curieux tour de force d’intro- nil de Battersea. Jusque-là, le lec- s’il a vu 8 1/2 de Federico Fellini, il auteur de plusieurs ouvrages théo- duire un sujet ardu dans un teur a appris que Mr. Phillips n’a n’en fait pas mention. Entre rémi- riques sur le langage, en vienne à roman populaire. Surtout, les rien de particulier : il aime sa fem- niscences, fantasmes et calculs regretter cette étiquette un peu réflexions sur la conscience et me et ses enfants, n’apprécie pas savants, sa promenade va le con- trop fermement collée sur son l’empathie l’amènent à des consi- trop ses voisins, a cinquante ans, duire – il n’a pas de plan préétabli, front – comme si ce fructueux des- dérations tout à fait intéressantes perd ses cheveux, grisonne et il est ici ou là, sans trop savoir com- tin littéraire l’avait privé d’autres (et parfois désopilantes, notam- prend du ventre. Mais alors, pour- ment ni pourquoi – à la Tate Galle- voies possibles. ment dans les pastiches de ses con- quoi donc se retrouve-t-il ainsi ry devant les préraphaélites, dans « Je suis parfois prisonnier de ce temporains) sur le roman, les « en costume-cravate, une mallette un sex-shop à voir un film porno, label comique et je me sens obligé rouages de son élaboration, ses noire sexy à la main, dans ce quar- dans un restaurant branché de de résister à la tentation de ne pas mystères. tier où il n’y a pratiquement pas de Soho où il déjeunera avec son fils me reproduire moi-même. Mais les Raphaëlle Rérolle bureaux »? Après vingt-sept ans de aîné, producteur de disques en plei- éditeurs, le marché et les lecteurs bons et loyaux services comme ne ascension ; il assistera dans un vous poussent dans le sens qu’ils e A signaler : Les Quatre vérités, de comptable, dans une petite compa- bus à un coup de foudre inattendu attendent. » David Lodge est arri- David Lodge (Rivages poche nº362), gnie de restauration collective, il et prodigieux entre une jeune éco- vé d’un pas rapide dans le bar de et David Lodge/Le Choix de l’éloquen- vient de se faire licencier – trois lière et un clochard puant et à une l’hôtel parisien où il séjourne ce, de Jean-Michel Ganteau (éd. Pres- jours plus tôt, le vendredi – et il n’a conférence dans une église, porte-

pour quelques jours. Pas vraiment AHMET SEL POUR « LE MONDE » ses universitaires de Bordeaux). encore rien dit à sa femme ni à ses ra les courses d’une vieille dame enfants. charmante qui s’avérera être la Tel Mr. Bloom à Dublin – mais femme de son ancien professeur la comparaison s’arrête là – Mr. de religion, et se retrouvera même Phillips va déambuler dans Lon- en plein milieu d’un braquage de Retrouvailles conjugales dres, en oisif, un peu perturbé sans banque. doute, mais sans trop penser à ce S’il y a quelque chose d’un peu qui l’attend après ses trois mois de contraint, d’un peu raide, d’un peu Dix ans après, le trio de « Love etc. » – Gillian, Oliver et Stuart bien décidé à reconquérir sa femme – est de retour préavis, et comme une partie de fabriqué dans tout cela, on ne s’en- son travail consistait à faire les cal- nuie pas une seconde à suivre Et avec eux, Julian Barnes, plus ironique que jamais culs de coût des licenciements éco- Mr. Phillips, même si à force d’être nomiques, il sait à quoi s’en tenir. M. Tout-le-Monde, il semble plu- serre la main ? » Dix ans après, c’est la forme expérimentée dans Love, mour frais et ironique du premier En ce premier jour de semi-liberté, tôt M. Personne, on sourit, bien DIX ANS APRÈS lui, à nouveau, qui vient lui taper etc. Ce sont trois voix qu’il entrelace roman Metroland, jusqu’à la farce de pré-retraite ou de paupérisa- sûr et, étrangement, on referme le (Love, etc) sur l’épaule : « Salut ! On s’est déjà en prenant bien soin de s’éclipser burlesque et satirique d’England, tion imminente, Mr. Phillips se lais- livre en se disant que finalement, de Julian Barnes. rencontrés. Stuart. Stuart Hughes. » derrière elles. Tantôt, elles se répon- England », note Vanessa Guignery, se distraire par tout ce qu’il n’a tout cela est assez triste. Traduit de l’anglais par Voilà, dit Barnes. C’est aussi simple dent en une sorte de « trilogue », maître de conférences à la Sorbon- jamais pris le temps de regarder. Martine Silber Jean-Pierre Aoustin, que cela : « J’ai écrit ces mots et c’est tantôt elles sont juxtaposées en ne, dans un essai récent, Julian Bar- Mercure de France, reparti, comme si je renouais avec trois monologues qui ne communi- nes, l’art du mélange (3). Dans un « Bibliothèque étrangère », des amis perdus de vue. » quent pas. Mais, dans tous les cas, chapitre intitulé « Les stratégies de 256 p., 18,50 ¤. C’est reparti. Stuart, Gillian, Oli- l’auteur y prend un plaisir non dissi- l’humour », Vanessa Guignery ten- ver : une femme entre deux hom- mulé : « Je sentais bien que je pou- te de démonter quelques ressorts omprenez-le. Ce n’est mes, deux couples qui se désagrè- vais exploiter cette forme de narra- du comique barnesien, de l’excentri- pas tout à fait sa faute à gent et se reforment, le lent affadis- tion, la pousser jusqu’à l’extrême. cité à l’irrévérence en passant par le lui, Julian Barnes, s’il don- sement du désir, « les choix Comme dans le chapitre où les per- persiflage ironique, la charge, la ne aujourd’hui une suite oubliés », les « vies qu’on aurait pu sonnages donnent des réponses à des caricature ou la description techni- àCLove, etc, le livre qui lui valut le avoir », les doutes qu’on nourrit sur questions que seul le lecteur se pose. que totalement décalée – d’un rap- prix Femina étranger en 1992 (1). port sexuel, par exemple. L’am- Dix ans après ses lecteurs lui deman- Julian Barnes pleur de cet éventail force l’admira- daient encore des nouvelles de ses Né à Leicester en 1946, de parents professeurs tion et situe Julian Barnes dans personnages. Ce qui nous vaut ce de français, Julian Barnes, après des études de « une tradition littéraire accueillan- prolongement pour lequel Barnes a langues et de littérature à Oxford, commence, te » auprès des grands maîtres de repris le titre de l’édition française en 1972, une carrière dans le journalisme qu’il l’esprit anglais : Swift, Carroll, Wil- du premier volume. n’abandonnera qu’en 1986. Entre-temps, il de, Evelyn Waugh… « Il y avait ceux qui pensaient que publie, en 1980, son premier roman, Metro- Et lui, que pense-t-il de cette Gillian allait quitter Oliver, ceux qui land, qui reçoit le prix Somerset-Maugham, canonisation universitaire ? Com- croyaient que, par son stratagème, ainsi que son premier roman policier sous le ment réagit-il à l’idée d’être entré elle avait sauvé son mariage. Dans pseudonyme de Dan Kavanagh, Duffy. Sui- ainsi, de son vivant, au noble pan- une sphère de ma cervelle, le livre vront notamment Le Perroquet de Flaubert théon du wit ? « Je me vois un peu continuait d’exister », explique (Stock, 1986, prix Medicis essai), Une Histoire comme une pierre tombale, plaisan- l’auteur du Perroquet de Flaubert. du monde en 10 chapitres 1/2 (Stock, 1990), te-t-il, en tentant presque de vous Pour un peu, il s’excuserait presque Love, etc (Denoël, 1992, prix Femina étranger, attendrir de son grand regard bleu. d’avoir cédé à l’insistance de ses per- adapté à l’écran et réalisé par Marion Vernoux, Bien sûr, c’est très flatteur d’être l’ob- sonnages, comme on passe un capri- avec Charlotte Gainsbourg, Yvan Attal et Char- jet de colloques et d’études, surtout ce à des enfants gâtés ou comme on les Berling) ou England, England (Mercure de en France. Mais, en même temps, il y ouvre la porte à des voisins un peu France, 2000). En Angleterre, vient de paraître a une voix off qui me dit : “Pas si vite. envahissants. Mais Barnes est trop chez Picador Something to Declare, un recueil Rien ne presse, s’il vous plaît… Enco- bien élevé. A la dernière page, il a de chroniques sur ses passions françaises re un instant monsieur le bour- gommé « The End » et s’est remis (318 p., 6,99 £, 11,89 ¤). reau !” » au travail. Florence Noiville Et le roman est venu comme ça. soi-même, les blessures d’amour Je me suis beaucoup amusé avec ça. Comme ces traits d’humour dont il propre, les délices de la vengeance, Pour un écrivain, cette forme est fasci- (1) Denoël et Folio n˚ 2632. Signalons est si délicieusement coutumier. les perversités de la séduction… nante. Elle permet de créer un con- également qu’England, England, paru Comme le fameux wit, l’humour Dans Love, etc, Gillian avait quitté tact très intime entre le lecteur et les en 2000 au Mercure de France, est anglais, dont on dit qu’il est «le Stuart pour son meilleur ami, Oli- personnages. Quant à l’auteur, il dis- désormais disponible en Folio fruit d’une fulgurance de l’esprit qui, ver. Oliver et Gillian étaient partis paraît totalement, tout en menant le (n˚ 3604). parfois, surprend même celui qui en France et avaient eu deux filles, jeu plus étroitement que dans un (2) Voir la savoureuse anthologie d’hu- l’énonce » (2). Surpris, Julian Barnes tandis que Stuart tentait de refaire roman conventionnel. » mour anglais de Jean-Loup Chiflet, Wit l’a été surtout par la facilité avec sa vie en Amérique. Une décennie Encore une fois, chez Julian Bar- Spirit et Wit Spirit 2 (éd. Mots et Cie, laquelle il a renoué avec ses person- plus tard, tous se retrouvent à Lon- nes, on sera frappé par le brio, la 2000 et 2001). nages comme on retombe, en socié- dres. Le mariage de Stuart a tourné drôlerie, la puissance de l’ironie. Et (3) Presses universitaires de Bordeaux, té, sur d’anciennes connaissances. court et le « premier homme » ren- aussi par l’habileté à passer d’un 2001. Cet ouvrage est publié dans la Dans la première page de Love, etc, tre avec l’idée claire de reprendre genre à un autre, comme si, entre collection « Couleurs anglaises », qui Stuart apostrophait le lecteur : au second « celle qu’il n’a jamais ces- deux livres, Barnes sautait d’un analyse, pour le public français, le « Salut ! Je m’appelle Stuart Hughes. sé de considérer comme sa femme ». bout à l’autre de lui-même. Quelle meilleur de la production romanesque Enchanté de vous rencontrer. On se A nouveau, Barnes se délecte de distance parcourue depuis « l’hu- britannique contemporaine. IV / LE MONDE / VENDREDI 25 JANVIER 2002 dossier b La BD vit sa septième année de paradis

à propos du « père » de Tintin —, Alors que s’ouvre voire psychologues et psychana- lystes, s’intéressent à ses diffé- le vingt-neuvième rents aspects : portraits d’auteurs, monographies, guides, Festival de bande essais, ouvrages historiques, etc. Deux livres très documentés ans leurs rêves les dessinée d’Angoulême, – et, pour le second, abondam- plus fous, certains romanciers, y le tirage des BD ment illustré – viennent ainsi de Dcompris parmi les plus fêtés, doi- paraître sur les origines de la BD vent envier les auteurs de BD. Si franco- belge classique, relue à la le roman distingué à l’automne est en expansion, lumière de l’invasion des 2001 par le prix Goncourt, Rouge « comics » américains et de la loi Brésil, de Jean-Christophe Rufin, le cinéma s’intéresse de 1949 sur les publications desti- a bénéficié d’un premier tirage nées à la jeunesse : Haro sur le de 250 000 exemplaires, le der- de plus en plus gangster ! La moralisation de la nier album d’Astérix, Astérix et presse enfantine, 1934-1954, de Latraviata, d’Albert Uderzo, a été au neuvième art, Thierry Crépin (CNRS Editions), imprimé ipso facto à huit millions et L’Age d’or de la BD, les journaux d’albums, dont trois pour le seul les ouvrages illustrés, 1934- 1944, de Jean-Jac- marché francophone. Ce n’est ques Gabut (Catleya Editions). pas un cas isolé : L’Etrange Ren- de référence Sans oublier un ABCdaire de la dez-Vous, deuxième aventure clo- BD, de Philippe Mellot et Claude née de Blake et Mortimer due au sont légion Moliterni (Flammarion), et La tandem Jean Van Hamme et Ted Nouvelle BD : Blain, Blutch, Benoit, a été tirée à 600 000 exem- et son activité a, David B., de Crécy, Dupuy et Berbé- plaires ; le dixième tome du Petit rian, Guibert, Rabaté, Sfar, Spirou, de Tome et Janry, à pour la septième année de Hugues Dayez (éd. Niffle). 400 000 ; le premier volume du nouveau cycle d’héroïc-fantasy consécutive, CROISSANCE CONTINUE intitulé Lanfeust des étoiles, d’Arle- Les éditeurs sont en partie res- « Peter Pan » tiré l’édition de Loisel ston et Tarquin, à 360 000. ponsables de ce triple succès. Les ventes, elles, ne sont pas en Depuis sept ans, ils ont tenté d’en- livraisons reste. Pour le dernier album cité, vers le haut. rayer une production excédentai- 194 000 exemplaires ont trouvé re qui faillit les mener au bord du b Mais la saturation PERSEPOLIS 2, de Marjane Satrapi preneurs, dix-huit jours après sa gouffre et restructuré leurs col- « Un Monde Dans ce deuxième volume de Persepolis, Marjane mise en vente, à la mi-décem- guette lections en les dotant parfois de de différence » Satrapi entremêle souvenirs de jeunesse et chroni- bre 2001. Quant à Astérix et Latra- vraies directions littéraires. Mais, de Howard Cruse que politique des vingt dernières années de son pays viata, il a littéralement pulvérisé regain d’intérêt du public aidant, d’origine, l’Iran. Elle y grandit au rythme de la révolu- les chiffres du secteur de l’édition et parce que les démons anciens dernières années. Laboratoires tion islamique, puis de la guerre avec l’Irak. Cette francophone, avec une vente tota- ne sont pas si lointains, la produc- pour leurs aînées et tremplins autobiographie – quatre tomes prévus – constitue un le de 2 288 100 exemplaires, soit salle de mais aussi de Blueberry, tion BD de l’année 2001 s’est éta- pour les auteurs, Amok, Les témoignage passionnant sur les soubresauts de l’Iran 400 000 de plus que l’aventure de Bob Morane et sa fameuse blie à 1 292 nouveaux albums Requins-Marteaux, Ego comme contemporain. Et compose un récit entre drôlerie et précédente d’Astérix, La Galère Ombre jaune, sans oublier les pro- (contre 1 137 en 2000), selon les X, 6 Pieds sous terre, Pointe noi- tragédie, servi par un graphisme en noir et blanc, d’Obélix. jets englobant d’autres héros de chiffres de Gilles Ratier, de l’As- re, Nuclea, etc., développent des sobre et émouvant (éd. L’Association, 88 p., 14 ¤). BD devenus des classiques com- sociation des journalistes et criti- collections au graphisme et RÉEL ENGOUEMENT me Jeremiah, Neige ou Peter Pan. ques de BD. Livres Hebdo du aux récits inventifs, de l’auto- Ce succès éditorial, qui ne va La télévision a déjà confirmé 18 janvier évoque, quant à lui, un biographie au « roman graphi- pas toujours de pair, loin s’en son intérêt pour plusieurs person- accroissement du nombre de que » en passant par une relectu- faut, avec la qualité du scénario nages de BD qui lui assurent une titres de 25,1 % par rapport à re de l’histoire ou du fantastique, ou du dessin, devrait toutefois forte audience auprès des 2000. Avec trente millions d’al- quand d’autres, plus établis mais donner un surcroît de tonus au enfants, mais aussi de leurs bums vendus en 2001 et un toujours férus d’expérimenta- 29e Festival international de la parents, qu’il s’agisse de séries chiffre d’affaires estimé à 230 mil- tion, comme L’Association, bande dessinée d’Angoulême, qui d’animation comme Lucky Luke, lions d’euros, la BD a enregistré jouent les empêcheurs de publier a lieu du 24 au 27 janvier. Il est dû Titeuf, Cédric ou de Jack Palmer et une croissance très supérieure à en rond. Il ne faudrait toutefois à l’intérêt croissant du public autres Agrippine… la moyenne d’autres secteurs de pas que ce renouveau de la BD pour la BD, ainsi qu’à la légiti- Succès éditorial, succès média- l’édition (+ 8 %, contre + 4,5 %). se solde par une nouvelle satura- mité qu’il accorde désormais à ce tique, mais aussi succès d’estime. Cette recrudescence est certes tion, précipitant les difficultés « Green Manor 2, de l’inconvénient d’être mort », de Bodart et Vehlmann genre littéraire. Selon L’Etude Car la BD n’est plus l’apanage de due aux grandes maisons d’édi- des ces structures éditoriales légè- d’image et de notoriété publiée en jeunes gens considérés comme tion du secteur – Dargaud, Le res et menaçant les quelque mai 2001 par le Club Entreprises de gentils attardés. Universitai- Lombard, Casterman, Dupuis, 1 100 scénaristes et dessinateurs b ADIEU, RÊVE AMERICAIN, du Festival d’Angoulême (qui va res, philosophes – comme Michel Glénat et Vents d’Ouest, Les (parmi lesquels 80 femmes seule- de Pierre Christin et Jean-Claude Mézières de la chambre de commerce et Serres et son Hergé, mon ami (éd. Humanoïdes associés, Soleil, Del- ment...) qui vivent aujourd’hui, Les deux auteurs ont, ensemble ou en solo, parcou- d’industrie d’Angoulême à Fran- Moulinsart), qui s’ajoute aux court, etc. –, mais aussi à la multi- tant bien que mal, de leur art. ru les Etats-Unis depuis le milieu des années 1960. ce Télécom, en passant par Mc- nombreux ouvrages déjà publiés tude de petits éditeurs nés ces Yves-Marie Labé C’est ce cahier de leurs mythes dont ils tournent Donald’s), 30 % des Français les pages, à l’aide de dessins, de photos, de publici- déclarent être « très intéressés » tés qui choisissent de parler bottes, bagnoles, ou « assez intéressés » par la BD, b machines à sous… Christin et Mézières racontent notamment au sein des l’Amérique des cow-boys, celle des quads qui ont 18-39 ans. D’ailleurs, 25 % des remplacé les pur-sang, du rêve californien, des personnes interrogées lisent Victor Hugo « cartooniste » cimetières de voitures, des villes fantômes ou des entre un et cinq albums par an, embouteillages de camping-cars. Sans oublier les tandis que 65 % considèrent la ghettos, ces plaies ouvertes, et l’écho de l’attentat BD comme un « art à part du 11 septembre, « terrible retour de flamme » entière ». pour cet « Empire du Bien autodésigné ». Un livre à Autre preuve de l’aura qui « Vlad » méditer comme un adieu à la jeunesse d’un conti- de Griffo et entoure désormais le petit mon- nent (éd. Dargaud, « Les Correspondances de Pier- Yves Swolfs de de la BD, l’enthousiasme que re Christin », 40 p., 13 ¤.) lui témoigne le cinéma. En 2002, outre le film Mission Cléopâtre, b UN MONDE DE DIFFÉRENCE, prévu pour le 31 janvier, inspiré de Howard Cruse des aventures d’Astérix et doté Education sentimentale et politique d’un d’un budget qui en fait le plus jeune Américain des années 1960 qui important de l’histoire du cinéma découvre tour à tour son homo- français (48 millions d’euros), sexualité et la ségrégation raciale, avec d’une distribution d’acteurs particulièrement virulente dans le à faire pâlir n’importe quel pro- sud des Etats-Unis, où il grandit, ducteur, la BD devrait fournir au avant de s’engager dans la lutte septième art un riche contingent en faveur des droits civiques. Une de scénarios et de héros. En plus fiction nourrie de souvenirs per- de From Hell, adapté des récits sonnels, au graphisme hyperréa- retraçant la vie de Jack L’Even- liste et pointilliste (éd. Vertige treur et surtout de la BD épony- Graphic, 224 p., 20 ¤). me d’Alan Moore et Eddie Camp- bell, sont prévues les sorties en b JONATHAN : LA SAVEUR DU SONGRONG, de Cosey Jonathan, jeune amnésique en quête de son passé, apparaît en 1975 dans Tintin. Treize albums plus tard, il est devenu De haut en bas, le héros atypique d’une série et de gauche à droite : humaniste. Ici, il se consacre 1) Pista va chez les filles. à la cause du peuple tibétain 2) Pista convoite une jolie femme. en butte à la répression chinoise. 3) Pista reçoit le prix Imprégnées de sagesse orientale et de poésie à l’Institut. de philosophie bouddhiste, ses aven- 4) Pista a la croix d’honneur et crie : vive le roâ ! tures séduisent autant par leur graphis- 5) Pista monte la garde me, réaliste et sensible, que par la et appelle les républicains sacrés cochons. générosité des idées défendues par (in Album de « Choses à la plume », l’auteur (éd. Le Lombard, 64 p., vers 1835, édition Massin, 9,45 ¤). tome XVII, n˚42-43 (1967) dossier LE MONDE / VENDREDI 25 JANVIER 2002 / V b livraisons narratif fertile en rebondissements et par un trait d’une impeccable précision (Seuil-BD, 220 p., 20 ¤). AUTOBIOGRAPHIE FANTASTIQUE b PILULES BLEUES, de Frederik Peeters Frederik rencontre Cati. Elle est séropositive, comme b LA LIGUE DES GENTLEMEN EXTRAORDINAI- son fils de trois ans. Tous deux doivent se soumettre RES, d’Alan Moore et Kevin O’Neill à la trithérapie. Débute pour le jeune homme une Quand les grands héros de la littérature populaire se liaison tamisée par l’anxiété et les questions, mais irra- rencontrent, ils forment la Ligue des gentlemen diée par l’« admiration amoureuse » qu’il porte à la extraordinaires… Le capitaine Nemo, Allan Quater- jeune femme, à son courage et à son désir de vivre. main, Auguste Dupin, l’Homme invisible, Sherlock Commence aussi pour lui une réflexion sur la médeci- Holmes et le docteur Jekyll se réunissent afin de con- ne et son pouvoir, la science et ses interrogations, la trecarrer les projets néfastes de Fu Manchu et du société et ses classifications, ponctuée par des visions docteur Moriarty. Un scénario surprenant bâti par oniriques où gambade un mammouth citant Epictète Alan Moore, figure de proue de la BD anglo- ou Oscar Wilde. Ce roman en noir et blanc sur saxonne, à qui l’on doit notamment From Hell, volu- l’amour au temps du sida, exceptionnel par son ton mineuse « autopsie dessinée » de Jack l’Eventreur dénué du moindre apitoiement sur soi-même, est aus- (éd. USA, 152 p., 25 ¤). si un bouleversant témoignage sur le pouvoir des sen- timents et sur la quête du bonheur, envers et contre tout. (éd. Atrabile, « Flegme », 200 p., 19,82 ¤). b LA VALSE DES ALLIANCES, de Will Eisner L’Américain Will Eisner, 84 ans, qui créa le fameux Spirit en 1941, explore depuis les années 1970 une veine plus intimiste et sociale. Ses « romans graphi- ques » racontent le quotidien du petit peuple du Bronx ou de Brooklyn, quartiers de son enfance. Fin connaisseur de la condition humaine, Eisner dépeint ici les stratégies d’ascension sociale fondées sur le mariage. Lucidité redoutable et humour acide pour cette savoureuse galerie de portraits (éd. Del- court, 168 p.,13,95 ¤).

« Grand vampire, Cupidon s’en fout », de Joann Sfar

b ANGOISSE, DYLAN DOG, tome 3, de Tiziano Sclavi et Carlo Ambrosini Dylan Dog exerce une profession originale : enquê- teur en cauchemar. Avec son assistant, sosie de Groucho Marx, il est confronté au surnaturel tapi derrière l’anodin, en l’occurrence une projection du film Angoisse. Cette série italienne à l’ambiance oppressante, créée dans les années 1980, compte un admirateur de choix : Umberto Eco (éd. Hors collec- tion, 96 p., 10,60 ¤).

« Le Scorpion 2 », de Marini et Desberg b PEEP SHOW, de Joe Matt « La Ligue des gentlemen extraordinaires », d’Alan Moore et Kevin O’Neill Joe Matt se décrit, sans concessions, en jeune mâle nord-américain d’aujourd’hui, coincé par ses obses- sions sexuelles envahissantes et une morale progres- b ZONE ROUGE, VLAD, tome 3, resse surtout au fameux capitaine Crochet. Régis siste étouffante. L’auteur évoque à la fois Woody de Swolfs et Griffo Loisel a inventé un passé de gamin des rues londo- Allen (pour les interrogations existentielles), Robert Thriller futuriste inquiétant, dans le cadre de la Rus- niennes à son Peter Pan, qui cherche à fuir la misère Crumb (pour l’acuité du trait et l’apitoiement sur soi- sie en pleine déliquescence des années 2050, sillon- et à oublier le manque d’amour en inventant de bel- même) et… Bridget Jones (pour le grand vide de sa née par Vlad, parti à la recherche de son frère les histoires pour ses copains orphelins. L’histoire vie amoureuse). Un autoportrait sauvé de la com- jumeau, disparu alors qu’il détenait des documents de Loisel se termine au moment où commence le plaisance par une acuité et un humour réjouissants ultrasecrets. Le trait réaliste de Griffo sert à mer- roman de Barrie, et propose une vision sombre et (éd. Les Humanoïdes associés, 176 p., 13,90 ¤). veille ce récit imprégné de teintes froides, en harmo- tourmentée, très loin de celle, idéalisée, de Walt b LA GUERRE D’ALAN, tome 2, d’Emmanuel Guibert nie avec l’univers de désolation décrit par les deux Disney (éd. Vents d’ouest, 56 p., 12 ¤). Deuxième volet de la biographie d’Alan Ingram auteurs (éd. Le Lombard, 48 p., 9,45 ¤). b IBICUS, tome 4, de Pascal Rabaté Cope, mise en images par Emmanuel Guibert, qui b L’ÉTRANGE RENDEZ-VOUS, Quatrième et dernier volet de la saga de Siméon rencontra par hasard, en 1994, ce vieil Américain ins- de Jean Van Hamme et Ted Benoît Nevzorof. Adapté d’un roman d’Alexis Tolstoï (et tallé en France, avec qui il devint ami. Guibert fait le Créés par Edgar P. Jacobs, disparu en 1987, Blake et non Léon…) écrit en 1924, Ibicus conte le destin d’un récit de sa vie avec un trait épuré, en refusant effets Mortimer sont devenus deux figures légendaires de aventurier cynique et velléitaire, pris dans le maels- spectaculaires et décors superflus, afin de se concen- la BD franco-belge. Depuis 1996, les personnages tröm de la révolution russe. Dans cette fable au des- trer sur les sentiments d’Alan Cope. Une BD très litté- renaissent grâce à de nouveaux auteurs respectueux sin expressionniste, Siméon aura endossé tous les « Le Minuscule mousquetaire », raire (éd. L’Association, 96 p., 15 ¤). de l’esprit de la série originelle, au point d’être par- rôles : faux comte mais véritable escroc, espion raté, de Joann Sfar fois verbeux et de bâtir des scénarios d’une com- organisateur de courses de cafards. Une épopée grin- AVENTURES plexité dépassant celle du maître. Le scénariste Jean çante et dérisoire, à la morale incertaine mais pétrie b CUPIDON S’EN FOUT, GRAND VAMPIRE, Van Hamme (XIII, Thorgal) renoue ici avec le thème de drôlerie (éd. Vents d’ouest, 144 p., 17, 99 ¤). tome 1, de Joann Sfar b LES GLACES, ISAAC LE PIRATE, tome 2, de la science-fiction chère à Jacobs, Ted Benoît se mon- Les aventures nocturnes de Fernand, vampire gentil de Christophe Blain tre fidèle à son style graphique. L’infâme Olrik, âme HISTOIRE et trouillard qui mord ses victimes d’une seule dent Au XVIIIe siècle, le peintre Isaac Sofer accepte d’em- damnée de ces aventures, n’a, quant à lui, rien perdu afin qu’elles croient à une simple piqûre de mousti- barquer aux côtés de Jean Mainbasse, ex-pirate en de sa superbe (éd. Blake et Mortimer, 64 p., 12, 50 ¤). b BERLIN, LA CITÉ DES PIERRES, de Jason Lutes que. Imagination foisonnante, coup de crayon allè- quête de terres nouvelles. Mainbasse lui promet Premier tome de la trilogie conçue par l’Américain gre : Joann Sfar est un authentique conteur. Mais, l’Amérique et, peut-être, la fortune. En échange, POLICIERS Jason Lutes, Berlin plonge dans les années délétères derrière la fantaisie et la tendresse, se devine l’in- Isaac doit immortaliser ses exploits. Le voyage est de la République de Weimar, via les regards d’un quiétude face à la mort et à la disparition des êtres long, et l’issue incertaine… Christophe Blain renou- b DE L’INCONVÉNIENT D’ÊTRE MORT, journaliste de la Weltbühne et d’une artiste peintre, chers… Un des auteurs les plus inspirés et les plus velle avec bonheur le récit de pirates. Ici, pas de com- GREEN MANOR, tome 2, de Vehlmann et Bodart Marthe Muller. Ce récit en noir et blanc mélange inventifs de la nouvelle BD (éd. Delcourt, 48 p., bats épiques ni de héros flamboyants. Mais un Ce récit met en scène les membres respectables avec un égal bonheur graphique les plans serrés et 9,45 ¤). époustouflant talent de dessinateur, au trait hachu- d’un club londonien de l’époque victorienne, imagi- les vues panoramiques de la capitale du futur Reich, ré et spontané, relevé par de superbes aplats de cou- nant le crime parfait. Leur devise : le meurtre n’est tout en croisant sa trame romanesque avec l’iti- HUMOUR leurs (éd. Dargaud, 48 p., 9,45 ¤). rien sans un peu d’élégance. Le trait jovial et ironi- néraire de personnages historiques (von Hin- que de Bodart traduit parfaitement l’humour noir denburg, Rosa Luxemburg, Franz Masereel, etc.), et b L’ACADÉMIE DES BEAUX-ARTS, LE MINUSCU- de ce recueil de nouvelles, qui doivent autant au Mys- en fourmillant de détails sur le quotidien du petit LE MOUSQUETAIRE, tome 1, de Joann Sfar tère de la chambre jaune, de Gaston Leroux, qu’aux peuple berlinois. Dans la lignée du Maus d’Art Les tribulations d’un fier mousquetaire, transformé récits de meurtres en chambre close signés John Dick- Spiegelman (une des lectures fétiches de Jason malgré lui en un personnage lilliputien après avoir son Carr (éd. Dupuis, 46 p., 9,29 ¤.) Lutes), une BD ambitieuse, portée par un souffle absorbé une potion amaigrissante. Plongé dans un b LE CHOUCAS N’EN MÈNE PAS LARGE, univers en miniature gouverné par les femmes, il LE CHOUCAS, tome 4, de Lax devient modèle à l’Académie des beaux-arts et se Ancien ouvrier victime de l’horreur économique pose quantité de questions existentielles… Humour alors qu’il aborde la cinquantaine, le Choucas s’est et aventures, poésie et loufoquerie : le petit monde reconverti en détective. Collectionneur des livres de imaginé par Sfar ressemble à du Dumas revisité par la Série noire, il découvre que la vie d’un privé ne res- Jacques Prévert et Lewis Carroll. Un délice (éd. Dar- semble pas toujours à celle de ses lectures favori- gaud, 48 p., 9,45 ¤). tes… Lax affirme un ton original dans l’univers très b MAX ET NINA : POUR LE MEILLEUR ET POUR balisé du roman noir. Son trait souple, ses astuces LE PIRE, de Dodo et Ben Radis graphiques, ses textes empreints d’humour et truf- Max et Nina se sont mariés. Voyage de noces, fés de références confèrent un ton savoureux à cette câlins, yeux dans les yeux, etc. Après les effusions, série (éd. Dupuis, 48 p., 8, 70 ¤). les désillusions. La vie de couple n’est pas une siné- b AU BORD DU CANAL, de Bruno Heitz cure, et les petites incompréhensions du quotidien Où l’on retrouve le perspicace Hubert, épicier-détec- virent vite au rouge danger. Surtout quand il s’agit tive de Beaulieu-sur-Morne, dans cette sixième de supporter les peines de cœur d’un ex, d’héberger « Berlin, la cité des pierres », aventure dont le charme tient aussi à l’évocation de une grand-mère invivable ou d’accompagner dans de Jason Lutes la France en noir et blanc des Juva 4, des Economia sa masure une héritière branchée en permanence de village et des prêtres en soutane (quoique ici les sur son karma. Dessinée avec une avalanche de b LE SECRET DU PAPE, LE SCORPION, tome 2, confessionnaux s’avèrent lieux périlleux). Abandon- détails qui contribuent à la véracité de cette plongée de Stephen Desberg et Enrico Marini nant une enquête chilienne, Hubert furète entre dans le couple, cette incursion drolatique n’est pas Yeux de velours, fine barbiche, le Scorpion a tout de Beaucaire et Tarascon, où le danger n’a rien d’une sans arrière-pensées autobiographiques de la part l’aventurier. Quand il ne trafique pas des reliques fable à la Tartarin (Seuil, « Roman graphique », des auteurs. Jalonné de remarques d’une justesse anciennes, il conquiert les cœurs, sur les toits de 120 p., 8,99 ¤). qui plongera dans un abîme de réflexions tout bipè- Rome. Un tatouage sur l’épaule lui vaut la haine de se posant la question du bien-fondé d’une vie à farouche d’un certain cardinal Trebaldi… Un zeste de ADAPTATIONS LITTÉRAIRES deux, un récit réjouissant, à l’humour abrasif (Albin Fanfan la Tulipe, une pincée de Scaramouche : le Scor- b CROCHET, PETER PAN, tome 5, de Régis Loisel Michel, 64 p., 12,50 ¤). pion est digne des grands romans populaires d’antan. Parution événement du Festival d’Angoulême, ce Et le trait de Marini insuffle au récit la fougue des his- cinquième et avant-dernier tome d’une adaptation « Persepolis », Sélection réalisée par Yves-Marie Labé toires de cape et d’épée (éd. Dargaud, 48 p., 9, 45 ¤). très libre du roman de James Matthew Barrie s’inté- de Marjane Satrapi et Christophe Quillien VI / LE MONDE / VENDREDI 25 JANVIER 2002 littératures b Labro, portraits et autoportrait Yourcenar entrevue Mitterrand, Platini, Kennedy, Hemingway… sous le regard d’un journaliste Les vingt-trois entretiens choisis par Maurice Delcroix ne brossent pas attentif à leur parole, surtout à leur geste et qui ne craint pas l’admiration un portrait univoque de l’écrivain

comme Jack Nicholson ou Katheri- Philippe Labro plus de liberté et fait un peu cavalièrement Galli- par le dilettantisme d’une Yource- JE CONNAIS GENS ne Graham, la patronne du Wash- plus d’autoportrait, finalement. Le PORTRAIT D’UNE VOIX mard pour la présente anthologie nar pédagogue, qui ne se met guère DE TOUTES SORTES ington Post, morte à l’été de 2001 « style Kennedy », son charisme, Vingt-trois entretiens d’entretiens – une parole aussi peu en frais, multipliant approxima- de Philippe Labro. et seule femme de ce livre – Labro l’énigme jamais résolue de son accordés par Marguerite contrôlée. D’autant que, par deux tions et commentaires de surface, Gallimard, 346 p., 19,50 ¤. s’en explique avec une honnêteté assassinat, sa femme, si mal trai- Yourcenar 1952-1987 fois, la dame avait accepté l’idée le second étonne, jusqu’à Denise désarmante… Ce qui n’empêche tée en privé mais s’activant, en Textes réunis, présentés et d’une publication d’entretiens, exer- Bombardier qui s’avoue avec humi- omancier, cinéaste, hom- pas, bien sûr, les préférences, les public, pour embellir l’image du annotés par Maurice Delcroix, cices assimilés par elle « au jeu de lité porte-parole d’« un médium de me de radio, de télévi- fascinations – Kennedy ou Romain jeune président des Etats-Unis… Gallimard, « Cahiers de la la roulette russe », le déclic demeu- la fugacité et presque de l’anecdo- sion… Philippe Labro a Gary –, voire l’amitié, l’affection – tout cela fonde un mythe que NRF », 480 p., 27,90 ¤. rant toujours aléatoire « au milieu te ». Ce à quoi Yourcenar répond : construit son destin sur Pierre Lazareff ou Jean-Pierre Mel- même les révélations sur «ledark d[e] douzaine[s] de questions parfai- « D’accord. Mais je crois qu’il y a Rcet éclectisme. Pourtant, la soixan- ville. Lazareff, le maître, à coup side de l’icône » – Labro les traite ncidemment, au terme tement vaines » (avec Patrick de quelque mérite à essayer de relever taine venue, s’il se retourne sur sûr : « Pierre Lazareff est mort en comme il convient – ne parvien- d’une lettre à son neveu Rosbo [Mercure de France, 1972], le médium de temps en temps. Il n’y son parcours, quelque chose y 1972. Au milieu des années 70, puis nent pas à ternir. Et Labro, comme Georges de Crayencour, en puis Matthieu Galey [Centurion, a plus de loi écrite qui veuille que la tient une place à part, fondatrice : dès 1980, dans l’univers de la presse tant d’autres, gardera toujours en date du 28 mai 1979 – et men- 1980]). télévision soit absolument farfelue, le journalisme de presse écrite. Et tionnéeI dans l’anthologie établie pas seulement parce qu’il a débuté Extrait par Michèle Sarde et Joseph Brami « Portrait d’une voix » par là, mais parce qu’il a toujours « Voici que Papa (…) murmure, dans l’indifféren- (1) —, Marguerite Yourcenar évo- Reprise d’un commentaire de Marguerite Your- le besoin d’y revenir, parce qu’il ce générale (…) : “Je sais qu’il existe une autre que la visite à Petite Plaisance de cenar sur l’optique de son évocation de l’empe- aime observer, écouter, puis décri- dimension mais je n’arrive pas à l’atteindre.” Jacques Chancel et de l’équipe de reur Hadrien, la formule mériterait la marque re. Par-dessus tout, il aime admi- C’est quoi, “l’autre dimension” ? L’inaccessible techniciens venus réaliser les enre- du pluriel, les vingt-trois entretiens retenus sur rer, et l’exercice du portrait journa- étoile ? Connaissons-nous un seul génie (…) qui gistrements d’une « Radioscopie » les quelque cent soixante rendez-vous médiati- listique est une manière très agréa- n’ait pas cherché sa “note bleue” et qui, l’ayant exceptionnelle (2) et commente les ques recensés ne brossant pas un portrait si ble de dire son admiration, et aussi trouvée, n’en soit pas moins resté insatisfait, avi- limites d’un exercice qui ne lui a univoque. Le calendrier des rencontres, étiré de confier quelque chose de soi de de, obsédé, ou plutôt ignorant qu’il l’avait trou- jamais paru sans danger : «Onse de 1951 à 1987, comme leur rythme, la compé- façon très détournée. C’est tout un vée ? A quel moment de sa création littéraire demande pourquoi les médias obli- tence de l’interlocuteur et sa connaissance de jeu entre la révélation et la sugges- Papa Ernest a-t-il touché l’autre côté de la frus- gent un écrivain à parler sur tous les l’œuvre s’avèrent des éléments déterminants tion, entre l’aveu et la dissimula- tration, la pleine et savoureuse sensation de bai- sujets, alors que son métier est d’écri- pour espérer atteindre l’écrivain. tion, que Labro manie à merveille. gner dans la grâce ? » (p. 85) re sur quelques-uns. Mais je sens Peut-être aurait-on aimé que que l’éditeur y tient pour des raisons Toutefois, comme le chercheur, ou banale. » Le ton est donné. Et la J’ai connu gens de toutes sortes soit – puis dans ce que l’on appelle défi- lui quelque chose de JFK. Toute- publicitaires (…). Et surtout quand le liseur qui avait apprécié la pré- nécessité du propos en même aussi un album, que des photos nitivement la communication –,ce fois, son « grand homme »,ce on vit à l’étranger, on ne peut guère cieuse publication de Sources II, temps. accompagnent le texte. Mais, fina- genre d’homme n’a plus refait surfa- n’est pas Kennedy, mais Hemin- couper tous les ponts. » dans la même collection (1999) ne Il serait cependant injuste de s’en lement, il vaut sans doute mieux ce. On est passé à un autre univers, gway, qui lui fournit les vingt plus Il est vrai que la retraite américai- boudera pas le plaisir d’entendre tenir au facile repérage des répéti- que le texte soit seul, ouvrant le d’autres méthodes, d’autres objec- belles pages de ce livre, pour hono- ne de l’écrivain, dans une île de une fois encore, malgré l’incertitu- tions – l’interlocuteur dialogue rare- champ du rêve, de la reconstruc- tifs, d’autres caractères, d’autres exi- rer une dette éternelle envers l’Etat du Maine, complique singuliè- de d’une leçon dont on voit mal ment au niveau de l’œuvre, l’argu- tion, de l’imagination. Vingt per- gences, capitalistiques en particu- l’homme qui l’a aidé à trouver sa rement la tâche de ceux qui enten- comment elle pût être contrôlée, la ment d’actualité (publication, dis- sonnages sont là, sous le regard de lier. C’est ainsi, chaque époque « “longueur d’onde”, comme disait dent obtenir, en marge de l’œuvre, voix légèrement traînante, diserte tinction littéraire, réception à l’Aca- Philippe Labro, attentif à leurs engendre ses monstres, ses anges, Morand ». Hemingway « statue du confidences personnelles, secrets et volubile de Marguerite Yource- démie bien sûr) justifiant seul sou- paroles, certes, mais plus encore à ses génies. Pour Lazareff, le moule Commandeur de la littérature amé- de fabrication, au mieux pistes d’in- nar. Fût-ce au hasard d’un corpus vent la rencontre – et de déplorer le leur corps, à leurs gestes, à leur est cassé. Et l’époque, qui fabriquait ricaine », Hemingway l’absolue terprétation et – mais cela reste disparate – en annexes, la remar- peu d’envergure de certains parte- posture. Il a écrit ces portraits ces moules, l’est aussi, cassée. » Mel- lucidité, Hemingway modèle inimi- exceptionnel – authentique dialo- quable bibliographie établie par naires (l’article de Paul Guth désole pour Vogue, dans les années 1970, ville, personnage hors norme, table, inégalable, Hemingway qui gue fondé sur la double intelligence Françoise Bonali-Fiquet, est l’un presque d’entrée). Au hasard du dia- pour Le Point, dans les années cinéaste qui éblouissait le jeune autorise Labro, contre tant de ses du texte. Face à un interlocuteur des atouts de la présente édition, logue, le trait malicieux ou cinglant 1980, pour Le Monde, à la fin des Labro : il est mort d’une rupture contemporains se croyant « arri- trop dilettante, Yourcenar soupire : où les présentations succintes sont qui fit la signature de l’écrivain légi- années 1990. Il les rassemble en un d’anévrisme, à 54 ans, un soir qu’il vés » et s’exerçant au mépris uni- « A quoi bon traverser l’océan ?… parfois naïvement sentencieuses. time l’entreprise. Doit-on se débar- volume et les commente, car le dînait avec Philippe Labro ; tout versel, de montrer que savoir admi- (…) Il serait plus facile et moins coû- Avec un souci chronologique rasser de tous les préjugés ? « C’est temps a passé, les modèles ont cela est dit avec une émotion con- rer est une preuve d’intelligence teux (…) de lire mes livres où ma pen- louable, Maurice Delcroix a retenu toujours subversif », se réjouit-elle changé, ou sont morts, et le rédac- tenue, sans exhibitionnisme, mais de la vie. sée s’exprime à chaque ligne. » deux douzaines de rencontres en 1968, bien avant de lâcher, plus teur a vécu et changé lui aussi. avec la volonté claire de rendre à Josyane Savigneau Les lecteurs de l’écrivain savent médiatiques, sensiblement celles énigmatique, en 1986 : « Rêver com- Labro a une curiosité inlassable. cet homme singulier un hommage avec quelle incurable précaution sélectionnées dans la biographie de plique l’existence. » Tout et tous l’intéressent, François particulier, choisi. e A signaler : Lettres d’Amérique,de Marguerite Yourcenar multiplia les Josyane Savigneau (Gallimard, Qu’attendre de plus d’un exer- Mitterrand comme Jean-Paul Gou- John Fitzgerald Kennedy et Philippe Labro et Olivier Barrot, une paratextes (préface, note, carnets 1990), introduisant deux angles cor- cice où le hasard des curiosités de, Michel Platini comme Jean-Jac- Ernest Hemingway sont plus loin- série de rencontres avec des roman- de notes, post-scriptum…) visant rectifs cependant. Il privilégie ainsi pèse davantage que la volonté per- ques Goldman, Francis Fukuyama tains, et cet éloignement permet à ciers américains (Nil, 300 p., 19,70 ¤) autant à éclairer le lecteur sur la les interlocuteurs flamands (ce qui sonnelle d’apparition médiatique genèse du texte, les révisions suc- nous vaut une brève mais passion- de l’écrivain ? Ce n’est que dans cessives dont il fut l’objet, la réécri- nante conversation de 1979 – l’an- son œuvre qu’on peut rencontrer ture étant l’une de ses obsessions née de « Radioscopie » et d’« Apos- Yourcenar. Ici, on se contentera de récurrentes, qu’à proposer un sub- trophes » – avec Léo Gillet, qui réci- l’entrapercevoir. Parlez-moi d’amour til tuteur au texte livré sans défense diva sept ans plus tard [dialogue Ph.-J.C. à un lecteur prédateur dont elle se paru dans la NRF d’avril 1995]) défie. Au point de rendre indispen- comme les moments télévisés (1) Lettres à ses amis et quelques autres Passion, jalousie, rupture, sexualité… autant de thèmes que Jérôme Clément a abordé sable la publication conjointe de (outre Pivot, Denise Bombardier (Gallimard, 1995, lire « Le Monde des cet arsenal de commentaires à cha- ou Francesca Sanvitale). Si le pre- livres » du 14 avril 1995). des femmes – écrivains, cinéaste, chorégraphe… Instructif et passionnant que réédition du texte. Aussi peut- mier parti pris peut s’entendre, (2) Le texte de l’émission, diffusée sur on s’étonner qu’on puisse ranger même si parfois l’affabilité de bon France-Inter en juin 1979, a été publié réalisés par le patron d’Arte France plus complexe entre hommes et au nombre de ses œuvres – ce que aloi de certains échanges frustre aux éditions du Rocher (1999). LES FEMMES ET L’AMOUR au cours de l’été 2001. Ou plus exac- femmes (Elisabeth Badinter)… de Jérôme Clément. tement de ces extraits de conversa- Passionnantes tant par la richesse Stock/France-Culture, tions qui nous sont restituées cette que la diversité des thèmes abordés, 430 p., 21,30 ¤. fois dans leur intégralité. ces conversations le sont aussi pour En librairie le 6 février Seize femmes donc et autant d’ex- ce qu’elles révèlent du rapport inti- périences singulières, de points de me et nécessaire avec l’acte de créa- Julien Gracq tient parole lles sont seize femmes. vue, d’analyses : sur la perception tion. Ainsi que l’expliquent Domini- Ecrivains pour la plupart des prémices de l’amour, sa « cons- que Rolin (« L’amour doit devenir (Edmonde Charles-Roux, truction » dans le temps, la passion écriture »), Lydie Aryckx (« Il faut Tandis que Philippe Le Guillou relate une visite à Saint-Florent, l’auteur du Françoise Giroud, Domi- (évoquée souvent comme destructri- être amoureux pour créer »), Catheri- Enique Rolin, Irène Frain, Alice Fer- ce) ; la notion de fidélité et son corol- ne Breillat (« Le cinéma, c’est du « Rivage des Syrtes » signe un livre rassemblant les rares entretiens qu’il a accordés. ney, Catherine Millet, Camille Lau- laire la jalousie (unanimement per- désir, c’est ce que je privilégie. Nous rens, Emmanuèle Bernheim, Elisa- çue comme un poison à combat- ne sommes pas éduqués pour savoir probable que ces dialogues ont été Cette image traditionnelle de beth Badinter, Catherine Clément) tre) ; la séparation (qu’Alice Ferney que la chose la plus importante de la ENTRETIENS écrits ou réécrits par l’intéressé, à la l’auteur parvenu, de son vivant, à et aussi peintres, plasticiennes ou Camille Laurens associent à la vie, son mouvement, c’est le désir ») de Julien Gracq. virgule près. S’il y a eu, au départ, une sorte de gloire, le livre de Philip- (Lydie Aryckx, Annette Messager), mort) ; l’absence (ce « vide impossi- ou Annette Messager (« L’amour Ed. José Corti, 316p., 18,50 ¤. échange verbal réel, ce qui est donné pe Le Guillou (2), qui relate une visite cinéaste (Catherine Breillat), choré- ble à remplir » pour Françoise (…) c’est un état où se perdre et se à lire à l’arrivée, a été dûment contrô- « à Saint-Florent-le-Vieil, au bord de graphe (Karine Saporta), comédien- Giroud, qui « ravive la présence » trouver comme le travail : on se met LE DÉJEUNER lé et avalisé par l’écrivain. C’est la Loire lumineuse, le vendredi ne (Geneviève Page) et gynécolo- selon Lydie Aryckx) ; la solitude («à en état amoureux »). DES BORDS DE LOIRE d’ailleurs lui qui signe seul l’ouvrage, 6 février 1998 », en témoigne à sa gue (Anne de Kervasdoué). Et, face deux », Irène Frain) ; le rôle de la Au final, loin de tenter une impos- de Philippe Le Guillou. éclipsant (très logiquement) les inter- manière. Livre de piété et d’admira- à ce très bel aréopage, un homme, sexualité (une quête vers l’amour, sible conclusion, Jérôme Clément a Mercure de France, 92 p., 9,50 ¤. rogateurs. De plus, Julien Gracq répu- tion, ce Déjeuner des bords de Loire, Jérôme Clément, autour d’un sujet Catherine Millet, et un « langage de préféré se prêter aux questions En librairie le 6 février gnant autant à la confession intime dessine le profil émouvant de l’écri- unique et pour le moins inépuisa- la pensée », Catherine Breillat) ; ou d’une femme, Laure Adler. Prélude qu’aux considérations générales sur vain – cette fois hors de son contrôle. ble : l’amour. Sans doute, les audi- encore l’évolution des mœurs (mais peut-être à une suite que nous appe- ulien Gracq s’est peu confié le monde tel qu’il est ou devrait être, Seul dans sa grande maison de teurs de France-Culture ont-ils non des mentalités pour toutes ou lons de nos vœux. aux journalistes, encore moins toutes les questions et leurs réponses famille depuis la mort, en 1996, de sa encore en mémoire ces entretiens presque) qui aboutit à un rapport Christine Rousseau aux caméras de télévision. Ce ont la littérature et ses alentours sœur, il apparait dans une lumière choix du retrait, de quelque pour sujet. Les interrogations à tona- déclinante, entouré de ses souvenirs, manièreJ qu’on l’interprète, il le parta- lité biographique elles-mêmes assis au-dessous de son portrait par ge avec un nombre réduit d’écrivains conduisent, ramènent, aux livres, vec- Hans Bellmer. « Je vis parfois des jour- du XXe siècle. Cette attitude donne à teurs exclusifs du rapport au lecteur. nées cafardeuses… » C’est l’unique sa parole, lorsqu’elle est enfin émise Les réponses éclairent les œuvres, confidence de cet homme infiniment ou publiée, un poids auquel ne peut non au titre d’une critique ou d’un pudique et réservé, attentif à son évidemment prétendre un discours commentaire, mais à celui de la con- interlocuteur, parlant « sans amertu- multiplié et ininterrompu. naissance que l’auteur possède lui- me, dans un mouvement de pessimis- En rassemblant, dans l’ordre chro- même de son travail, de son origine me lucide ». Il paye à nouveau sa det- nologique, sept entretiens de l’écri- et de sa signification. te à l’égard du surréalisme et de Bre- vain, donnés de 1970 à 2001, les édi- Une stature d’homme de lettres ton et parle aussi, sans insistance, tions José Corti – éditeur fidèle à se met ainsi en place, que l’écri- avec amusement, de son antipathie Gracq depuis 1938 – confèrent à ce vain maîtrise tant qu’il est là pour pour François Mitterrand, dont il livre la dignité d’une œuvre. La dix- le faire. Précisons que la parfaite déclina un jour l’invitation à se ren- neuvième, selon la liste des titres ins- probité et la hauteur du propos de dre à l’Elysée, avec la reine d’Angle- crits à la rubrique « du même Julien Gracq, le détachement qu’il terre. Ce que Le Guillou nomme la auteur », et peut-être dernière si l’on a toujours manifesté à l’égard des « parabole de l’ermite de Saint-Flo- songe à l’âge de Gracq (né en prestiges mondains ou sociaux, la rent » prend corps. L’intéressé récuse- juillet 1910). Enfin, chacun des textes conscience enfin qu’il a de son art, rait-il l’image ? ici rassemblés (sauf un entretien l’éloignent de tout soupçon de cal- Patrick Kéchichian radiophonique avec Jean Roudaut, cul vulgaire ou vaniteux. Le der- jamais diffusé) a déjà été publié dans nier entretien qui figure dans le (1)Ed. Jean-Michel Place, nº17, 2001, un journal (dont Le Monde) ou une volume, accordé l’an dernier à 192 p., 29,73 ¤. revue ; quatre d’entre eux figurent Bernhild Boie, a d’abord paru dans (2) Romancier et auteur, notamment, dans le second volume des Œuvres la revue de génétique textuelle, Gene- d’un essai sur Gracq (La Table ronde, complètes de Gracq dans « La Pléia- sis (1), précédé de la reproduction de 1991). de » (1995). quelques pages manuscrites de Nous ne sommes pas ici en présen- Gracq. Symbole peut-être d’une e Signalons également l’essai de Jac- ce d’une parole spontanée, directe, ouverture vers des travaux futurs où ques Carion, Julien Gracq et la poéti- tenue devant des interlocuteurs de cette volonté de maîtrise n’aura plus que du paysage (éd. La Renaissance hasard ou de circonstance. Il est très valeur que d’anecdote. du Livre, 50 p., 6 ¤). jeunesse LE MONDE / VENDREDI 25 JANVIER 2002 / VII b

livraisons La furie et la rêveuse b DES INVITÉS BIEN ENCOMBRANTS, d’Annalena McAfee Kaléidoscope réédite cet album, publié par Flammarion en 1984, sur Avec Estelle, redoutable poison qui transforme le foyer familial en guerre de tranchées, et Imogène le thème de la famille recomposée. C’est la première manière d’Antho- qui préfère l’imaginaire livresque au réel, Anne Fine nous offre deux délicieuses et piquantes héroïnes ny Browne, mais on y trouve, parfai- tement aboutis, tous ses signes dis- lion, Estelle, une ex-charmante tinctifs : mur de brique, damier, LA GUERRE SOUS MON TOIT petite fille devenue du jour au len- main de gorille pour figurer l’intru- (The Book of the Banshee) demain une véritable furie. L’am- sion de l’imaginaire (ill. d’Anthony d’Anne Fine. biance familiale est un enfer. La Browne, Kaléidoscope, 36 p., Traduit de l’anglais par mère, après une journée de travail, 13,50 ¤. Dès 5 ans). Autre réédition Dominique Kugler, doit rentrer chez elle par la fenêtre du grand illustrateur britannique, L’Ecole des loisirs, « Medium », du salon pour souffler un peu Prix Andersen, Hansel et Gretel, le 182 p., 10 ¤. A partir de 11 ans avant d’affronter sa fille. Dès le conte des Grimm revisité, sans grands petit déjeuner, la mauvaise singes, mais avec une inoubliable marâ- MAUVAIS RÊVES humeur d’Estelle « se répand com- tre (Kaléidoscope, 36 p., 12,50 ¤. Dès (Bad Dreams) me un gaz toxique » sur un champ 4-5 ans). Et pour tout connaître de d’Anne Fine. de bataille. Malheur à qui arrive à l’univers brownien, signalons la passionnante monographie de Christian Traduit de l’anglais table sans son casque intégral. Tou- Bruel aux éditions Etre, une analyse aussi complète que subtile et riche- par Tessa Brisac, te l’habileté d’Anne Fine éclate ment illustrée (320 p., 45 ¤. Pour adultes). Fl.N. L’Ecole des loisirs, « Neuf », dans ce parallèle entre cette guerre b PETIT CARTON, de Jérôme Ruillier 196 p., 10,50 ¤. A partir de 9 ans d’usure domestique et les grandes Une histoire d’amitié entre un SDF et un carton. Les dessins bichro- heures du premier conflit mondial mes sont d’une grande simplicité, à l’image des thèmes traités – solitu- – lequel passionne le jeune frère de, errance, espoir soudain renaissant à travers la perspective d’aller ’humour, c’est connu, ne d’Estelle, Will. Le moral du reste voir la mer. Du coup, l’apparente abstraction de ce sujet grave est par- résiste pas à la définition. des troupes, c’est-à-dire de l’entou- faitement surmontée (Albin Michel, 40 p., 10 ¤. Dès 3-4 ans). Fl. N. Tâchez de le cerner, il dis- rage, est lui aussi particulièrement b CHERIQUIQUI, d’Alan Mets paraît aussi sec. Faites bien vu, oscillant entre la combati- Dans la basse-cour, Riquiqui, ce tout petit poulet, a des soucis. Trop Ll’expérience avec Anne Fine : pre- vité courageuse, la passivité molle souvent malade, il subit les moqueries des volatiles plus gros que lui, nez l’Eurostar, écoutez, observez, et le total découragement. notamment du « grand Robert ». Pendant ce temps, le loup guette. Il par- interrogez cette grande dame de la Mauvais rêves appartient à une viendra à tous les attraper. Mais qui eût pensé que Riquiqui, malgré sa chéti- littérature et de l’humour anglais. veine plus inhabituelle. La petite vité, réussirait à se transformer en sauveur ? Une nouvelle variation sur un Puis rendez-vous à l’évidence : le Imogène, est tellement en empa- thème connu : on a souvent besoin d’un plus petit que soi (éd. L’Ecole des mystère demeure entier. Bien sûr, thie avec les livres que leurs mon- loisirs, 34 p., 12,50 ¤. Dès 4 ans). St. L. on peut mettre des mots sur les des imaginaires sont pour elle com- b LES TROIS PETITS COCHONS, d’après Charles Perrault choses : ironie, férocité, mordant me des univers réels. Impossible Inutile de revenir sur la maison de paille, de bois, de brique… Malgré des dialogues, sens terrible de la d’approcher une histoire triste sa notoriété, le conte, revisité dans ce livre en relief, est ici d’une origi- psychologie. Mais au fond, cette sans trembler de la tête aux pieds. nalité frappante. Cette nouvelle version ludique et colorée, manipula- femme n’y peut rien. Elle a le sens Imogène, cette créature étrange, ble à l’infini par les tout-petits, est un ravissement (éd. Kimiko, de l’humour comme elle a les yeux est sûrement un cas pathologique. 12 p.,11,50 ¤. Dès 3 ans). St. L. bleus. Elle fait rire tous ceux qu’el- Mais quelle aubaine pour Mel, qui b PETITE PANDA ET SON DOUDOU, de Benoît Marchon JILIAN EDELSTEIN/RAPHO le approche, « les grands (1), les préfère les livres aux êtres Du réveil au coucher, en passant par l’école, pas question pour Petite petits, les mamies, les chats, les per- nium : cela me donne des envies de Robin Williams –, qui n’hésite pas humains, de l’avoir rencontrée. Panda de lâcher Doudou. Ce petit cartonné en couleurs et en vers met roquets ». C’est pour cela que les meurtre. Il vaut mieux pour tous que à se déguiser en femme de ménage Littérature, divorce, féminité, en scène un univers de tendresse où petits et grands se retrouveront. Britanniques l’ont élue, après je sois écrivain. » L’écriture comme pour retrouver ses trois enfants adolescence… : les livres d’Anne Un objet idéal pour moments de plaisir partagé (ill. Michel Bacckès, Quentin Blake, « Children’s Laurea- mesure de précaution ? Sa plume tous les soirs, lui ont valu un Fine ont toujours un substrat extrê- Actes Sud, 24 p., 7,47 ¤. Dès 3 ans). St. L. te », c’est-à-dire, en quelque sorte, canalise les pulsions assassines immense succès. Mais l’on s’amuse- mement sérieux. C’est évidem- b WIZZIL, de William Steig, illustré par Quentin Blake « ambassadrice de la littérature de qu’elle transforme en d’irrésisti- ra tout autant avec les mésaventu- ment pour cela qu’ils font mouche Wizzil, la méchante sorcière, s’en- jeunesse » pour les deux années à bles jeux de l’esprit. Et comme res de ses cancres indécrottables à tout coup. Ils détendent, désan- nuie à mourir. Une seule solution : venir. « rien n’est sérieux en ce bas monde, (Comment écrire comme un goissent, décomplexent, désinhi- sortir et « torturer quelqu’un ». C’est Dernièrement, à l’Institut fran- que le rire », Anne Fine – qui est cochon), les cruautés de ses abomi- bent. Par les temps qui courent, ainsi qu’elle rencontre Marius, le vieux çais de Londres, Anne Fine conver- née à Leicester en 1947 – a passé nables vieilles tantes (Assis ! cela n’est vraiment pas un luxe ! fermier, et qu’ils se découvrent des affi- sait avec la romancière Agnès trente ans derrière son bureau à Debout ! Couché !) ou les déboires Fl. N. nités. Avec la patte inimitable de deux Desarthe, qui est aussi l’une de ses écrire : « Quand je pense que cuisants de ses apprenties séductri- maîtres de l’album anglo-saxons (Kaléi- traductrices à l’Ecole des loisirs (2). j’aurais pu mener une vie norma- ces (Charm School, pas encore tra- (1) Trois romans pour adultes, Les Con- doscope, 36 p., 12,50 ¤. Dès 4 ans). Anne Fine : « J’écris parce que je le ! » duit). fessions de Victoria Plum, Dans un jar- Fl. N. n’aime pas tellement être avec les Même ceux qui croient ne pas la Pour les plus grands, cette ren- din anglais et Une sale rumeur ont paru b SALUT LES BÉBÉS !, de Lionel autres, surtout ceux qui me ressem- connaître ont un jour croisé ses his- trée de janvier apporte deux nou- aux éditions de L’Olivier (repris en Koechlin blent. » La vie de bureau l’épouvan- toires. Madame Doubtfire, par veautés délicieuses. La Guerre sous poche au Seuil). Un livre immense qu’il n’est pas faci- te : « Le week-end, la grand-mère, exemple, c’est elle. Les affres de ce mon toit, est l’hilarant portrait (2) Les livres de jeunesse d’Anne Fine le de ranger dans la bibliothèque ! les dix façons d’arroser son géra- père divorcé – incarné à l’écran par d’une adolescente en pleine rébel- sont publiés à L’Ecole des loisirs. Tant mieux, il sera toujours à portée de main avec son jeu sur les bébés animaux et leurs parents (un plus : le « bébé d’homme » figure entre le caneton et l’agneau) où il s’agit de replacer les pièces rondes d’un puzzle aux couleurs tendres et aux saynètes joliment câlines. Le texte se résume à des onomatopées, puisque le tout-petit imitera aussi bien La lente reconnaissance des bébés lecteurs que des signes d’imprimerie les voix de cette irrésistible ménagerie. Par le créateur de Peluchon, nouveau héros des tout-petits (Seuil, 14,95 ¤. Dès 2 ans). Ph.-J. C. Il a fallu attendre les années 1950 pour qu’une poignée d’artistes inventent des livres pour les tout-petits. b PAS DE BOL !, de Susie Morgenstern et Theresa Bronn Sortant des sentiers battus, les auteurs ont croisé la photo et le dessin Ces pionniers ont vite fait école, soutenus par le travail de René Diatkine, Marie Bonnafé et Geneviève Patte pour raconter un de ces conflits minuscules qui traversent le quoti- dien des enfants ordinaires. Qui, de Yoyo ou de Nono, aura le bol que ujourd’hui, donner des relèvent le défi. Ce sont des créa- drait citer aussi Lobel, Ungerer et Dunoyer de Segonzac (Actes Sud), chacun convoite ? A l’heure du petit déjeuner, la querelle prend des livres aux bébés semble teurs venus de tous horizons. De la beaucoup d’autres – ont réussi à sans parler des créations originales allures de guerre tribale. Prétexte à rappeler ses droits, son besoin aller de soi. « Le temps publicité, comme l’Américain Leo tout exprimer, de l’amour à la vio- texte/musique auxquelles Galli- d’exister et d’être aimé, ce duel ne peut avoir de vainqueur. Aussi ne passé à lire à un tout- Lionni, qui était aussi peintre, ami lence en passant par la vie dans la mard initie l’âge le plus tendre) en départagera-t-on pas la finesse du texte de Susie Morgenstern du Apetit est comme des pièces introdui- de Léger, De Kooning et Calder ; cité. Ils ont inventé une grille de passant par les histoires à répéti- beau travail de Theresa Bronn (éd. Thierry Magnier, 28 p., 10,52 ¤. tes dans sa tirelire », note le pédo- du design, comme l’Italien Bruno lecture du monde, construisant, tion (Clown, d’Elzbieta [Pastel], ou Dès 3 ans). Ph.-J. C. psychiatre Patrick Ben Soussan. Munari, qui a travaillé pour la pro- déconstruisant la symbolique des Alboum de Claveloux et Bruel [éd. b C’EST MON ARBRE !, de Corinne Chalmeau Pourtant, cette idée simple n’a pas duction industrielle ; du décor de couleurs et des formes, comme, à Être]) ; des univers proches (Mon Les plus petits ont droit aussi à un doigt de littérature. Pour ça, il y a la toujours prévalu. A partir des théâtre, comme l’Anglaise Helen l’infini, on combine des mots ou Papa, d’Anthony Browne collection « Rikiki » de Didier (où, avec Loup que fais-tu ?, Denis Cau- années 1950, lorsqu’une nouvelle Oxenbury, qui s’intéresse aux des notes de musique. D’Alex San- [Kaléidoscope]) aux moins fami- quetoux nous fait chatouiller sans risque ce prédateur si familier des génération d’artistes commence à matériaux et aux textures ; ou ders à Kveta Pacovska, d’Elzbieta à liers (Komagata, Ungerer ou Pon- enfants), celle d’Albin Michel aussi, plus convaincante grâce à la malice de inventer des livres pour les tout- encore de la photographie, comme Bénédicte Guettier, les suivants ti), voire aux plus étranges (Chien Corinne Chalmeau qui élabore une progression pour apprendre à compter petits, l’heure est au scepticisme. l’Américaine Tana Hoban, dont les ont entendu la leçon. Et les formu- bleu, de Nadja, Ma vallée, de en un tour de main (Albin Michel, « Mon petit doigt m’a dit », 12 p., 3,81 ¤. Des livres pour les bébés ? Pour œuvres ont été exposées au Musée les visionnaires, tel l’indémodable Claude Ponti, Maman ! de Mario Dès 18 mois). Ph.-J. C. quoi faire puisqu’ils ne savent ni d’art moderne de New York. Imagier du Père Castor, ont trouvé Ramos)… b LES DOIGTS NIAIS, d’Olivier Douzou et Natali Fortier lire ni parler ? Et que raconter à Il suffit de rouvrir aujourd’hui leurs équivalents modernes, tel le C’est que désormais les équipes Le doigt encore, dans une fable sur l’inégale répartition des richesses, des enfants qui ne maîtrisent ni le l’étonnant Max et les maximonstres, must d’Antonin Louchard et Katy d’animation– notamment mises la question des admissions aux frontières, des sans-papiers et autres langage, ni les symboles, ni l’abs- de Maurice Sendak (1963), le robo- Couprie, Tout un monde (éd. en place au lendemain du colloque indésirables. Cet album du Rouergue, d’un engagement civique salu- traction nécessaires à la compré- ratif Léo, de Robert Kraus et Jose Thierry Magnier). sur la langue et les conditions de taire, a le mérite d’être d’abord un superbe travail visuel, imaginatif à hension d’un récit ? Aruego (1971) ou le désopilant Psychiatre, psychanalyste et fon- son apprentissage (1979), où le pro- souhait, qui fait réfléchir sans lourdeur (éd. du Rouergue, 28 p., Quelques aventuriers, pourtant, Julius (hélas non traduit) de John datrice, avec René Diatkine, de fesseur Diatkine et Geneviève Pat- 10,37 ¤. Dès 3 ans). Ph.-J. C. Burningham, pour constater que l’association Actions culturelles te, à la tête de La Joie par les livres, ces pionniers n’ont pas pris une contre les exclusions et les ségré- conjuguèrent leurs efforts pour ride. Dans la modernité qui les gations (Acces), Marie Bonnafé affronter la question de l’insertion unit, l’un des points communs les – dont Calmann-Lévy réédite l’ex- sociale des faibles lecteurs – ont plus frappants est sans doute l’em- cellent Les Livres, c’est bon pour les assez de pratique pour cerner les ploi de la couleur. Elémentaire, bébés – insiste sur le partage vraies priorités : préserver l’accès dira-t-on, lorsqu’il s’agit de conce- nécessaire pour que le livre trouve au récit, par le dialogue et le jeu, voir, pour des « non-lecteurs », sa juste place. Que l’histoire soit accepter que l’univers « sauvage et des livres sans mots et des histoi- lue, récit de mots autant que d’ima- secret » du tout-petit (des gros res sans paroles. Pas si sûr. Pour ges, et le petit respectera l’objet mots aux histoires « cacaboudin ») beaucoup, la couleur est une gram- qui étanche sa soif d’imaginaire. A puisse être intégré sans excessive maire particulière qui permet d’as- condition, bien sûr, que texte et injection d’un « folklore d’adulte », socier des objets pour découvrir le illustration soient d’égale qualité. saisir le bénéfice des livres animés monde. Exemple : l’indémodable Car Marie Bonnafé tient à souli- (fenêtres, languettes à tirer…), imagier de Tana Hoban, Des cou- gner que les enfants opèrent des sans en surévaluer la portée... leurs et des choses, où chaque tein- choix personnels, même si, bien Ce qu’il reste en 2002 du militan- te ouvre un chemin vers l’exté- sûr, le rôle des adultes qui les enca- tisme des origines, c’est l’énergie rieur. Quelquefois, les taches de drent – professionnels engagés ou combative, la conviction que l’ave- couleurs sont tout simplement les simples proches soucieux de nir de la lecture comme de l’équité personnages de l’histoire, comme préserver une sphère d’intimité sociale se jouent là. Raison de plus dans le classique Petit Bleu, petit qui aide à se construire – reste pour suivre les distinctions « peti- Jaune de Léo Lionni, qui est à l’al- primordial. te enfance » décernées chaque bum pour enfants ce que l’abstrac- Tout est bon dès lors, des contes année par les départements du Val- tion est à la peinture. Lionni stylise (de L’Ogresse, de Nacer Khemir, de-Marne ou de la Seine-Saint- son histoire au maximum, faisant aux Trois Boucs, de la collection de Denis ou encore le prix Pitchou du dépendre les péripéties de son Didier « A petits petons ») aux Salon jeunesse de Saint-Paul-Trois- « intrigue » de la place des taches comptines et poésies (Oulibouni- Châteaux, dont le lauréat 2002 sur la page blanche. Qui avant lui y che, de Lynda Corazza, Loup, d’Oli- sera connu le 31 janvier. avait pensé ? vier Douzou [éd. du Rouergue], les Philippe-Jean Catinchi et Des couleurs, des formes, quel- « Pirouette » de Didier, avec Char- Florence Noiville ques mots – ou rien du tout com- lotte Mollet notamment, ou Ma me chez Anno –, avec cette boîte à famille en comptines, de Jean- e A signaler Tout petit tu lis, sélec- outils minimaliste, les premiers Hugues Malineau et Frédérick tion réalisée par le Centre de promo- créateurs – parmi lesquels il fau- Mansot, sur une composition de tion du livre de jeunesse, 64 p., 3,8 ¤. VIII / LE MONDE / VENDREDI 25 JANVIER 2002 dossier b Sans cesse métamorphosé, renouvelé, le regard sur les juifs s’accompagne Images de l’identité juive depuis l’Antiquité d’une légende noire, dont Mythe et réalité dans l’économie des convictions l’antisémitisme moderne prolonge Mine de poésie bancaire, de géographie d’affaires et d’élégies généalogiques, le dernier livre de Jacques Attali la fortune. Tandis que retrace l’histoire du peuple juif dans ses rapports avec l’argent me insociables, ne partageant avec devenir juifs de finance et juifs de (Mayer Lanski, Bugsy Seigel, Dutch ple ». Il parle du royaume juif du Jacques Attali revisite LES JUIFS, leurs semblables ni la table, ni les liba- cour, ils sont juifs du Trésor. « Proté- Schultz). Yémen, détruit au début du VIe siècle LE MONDE ET L’ARGENT tions, ni les prières, ni les sacrifices. gés », ils sont isolés et humiliés en Le succès ne pardonne pas. En par une agression chrétienne, mais il l’histoire de Histoire économique On les accuse d’impiété, de sentir châtiment de leur incrédulité. Mais 1879, le journaliste allemand, Wil- omet d’expliquer que les persécu- du peuple juif mauvais, et aussi de meurtres rituels. ils sont, avec les clercs, les seuls à helm Marr, invente le mot « antisémi- tions dirigées par l’un des princes con- la communauté de Jacques Attali. L’avenir se nourrira de ces fantaisies savoir lire. Des marchands spécula- te », en 1886, Edouard Drumont vertis au judaïsme contre les chré- Fayard, 638 p., 25 ¤. malveillantes. Mais, comme Reinach teurs, lettrés (ils voyagent avec leurs publie La France juive, en 1897 parais- tiens du Nedjéra amenèrent une inva- à la lumière de l’écrira vingt-deux siècles plus tard, livres), viennent vendre leurs épices, sent les Protocoles des sages de Sion. sion éthiopienne et la ruine du royau- oici l’histoire du peuple juif l’histoire des préjugés est une des par- et pratiquer l’usure – mot qui long- Adolf Hitler naît en 1889 : c’est lui qui me himyarite. ses rapports avec l’argent, dans ses rapports avec le mon- ties, et non des moins notables, de temps désigne à la fois le profit com- parvient presque à faire ce qu’une On ne prête qu’aux riches : les l’un des principaux de et l’argent », annonce Jac- l’histoire de l’esprit humain. mercial et l’intérêt du crédit. Dans un succession des princes chrétiens juifs, le plus souvent, sont les victi- V ques Attali. Histoire des juifs Ptolémées, Séleucides, Romains. monde clos qui soupçonne le hor- n’avait pas réussi : l’extermination mes. On note pourtant avec plaisir de par le monde, écrite d’un point de Sous la férule de ceux-ci naît à Beth- sain, ils sont les horsains par excel- comptabilisée, l’extirpation de mas- que les esquisses de destins particu- fantasmes antisémites, vue juif, l’argent servant de fil léem, en – 4, un certain Joshua, dont lence. Pratiques religieuses et alimen- se. Entre 1933 et 1945, les deux tiers liers – qui font l’un des charmes du conducteur. Tracées par une plume la secte messianique prendra le pas taires bizarres, physionomies inquié- des Juifs d’Europe ont disparu. L’ar- récit d’Attali – tracent surtout des suc- David Nirenberg, analyse alerte, les fortunes d’un peuple se sur les autres avant de devenir une tantes… Ils constituent un élément gent n’a pas détourné la violence… cès, parfois des triomphes. Et quand muent en géographie, ses exils religion conquérante : celle du Christ. hétérogène, mal assimilable, et leur L’histoire ne s’arrête pas là, puis- les juifs souffrent, c’est parfois en par- en historien les deviennent porteurs d’une culture En 70, le Temple, après avoir été pillé persécution confirme les préjugés. Il qu’elle nous mène jusqu’à nos jours. tageant le sort des autres : ainsi, com- morale et financière. pendant des siècles par tout conqué- est difficile de se passer de crédit et Succès économique : depuis la nais- me Attali ne l’indique pas, la politi- persécutions qui ont Au commencement, le voyage et rant de passage, est détruit pour de donc des juifs, mais on leur en veut sance de l’Etat d’Israël en 1948, nous que d’immigration américaine de l’échange, et le dieu, unique, de la tri- bon. Un nouvel exil commence pour de ne pas pouvoir se passer d’eux. dit Attali, le PIB a été multiplié par l’entre-deux-guerres n’affecte pas frappé les minorités dans bu d’Ever. Puis d’Abraham, éleveur Cela justifie spoliations, vingt, le revenu par tête par quarante que des juifs. de bétail immigré en Canaan, obéis- agressions, expulsions – l’endettement aussi. Entre-temps, Ce sont là des détails, sujets à con- l’Europe médiévale, sant aux ordres d’un dieu capricieux Eugen Weber (avec confiscation des l’antisémitisme chrétien s’est atté- testation – surtout aujourd’hui, et cruel, qui pourtant lui interdit le biens), ou massacres. nué, l’antisémitisme arabe a pris son quand on affirme le droit à la diffé- comme Pierre Birnbaum sacrifice humain, qui lui ordonne de les juifs et pour ces hérétiques juifs Lettrés, lecteurs (et suspects com- essor. Conflit apparemment insolu- rence et au particularisme. Moins dis- s’enrichir pour mieux le servir, de qui rendent un culte au Christ. Pour me tels), ils joueront un rôle essentiel ble : deux peuples sur une même ter- cutable est l’indifférence d’Attali à la revient sur une identité négocier au lieu de combattre (ce qui ces derniers, la richesse nuit au salut ; dans la diffusion de l’imprimerie. re qui se la disputent. Il n’y a presque dimension proprement religieuse de n’évitera pourtant ni combats ni sacri- pour les juifs, elle est un moyen de Voyageurs, cartographes, astrono- plus dans le monde d’argent spécifi- la persécution d’un peuple, certes déi- divisée par l’enjeu fices). Sécheresse et famine poussent mieux servir Dieu. L’antijudaïsme mes, ils organiseront et financeront quement juif, estime Attali, mais l’an- cide aux yeux de ses détracteurs, bientôt Israël et ses troupeaux vers chrétien, insiste Attali avec raison, la découverte des Amériques. tisémitisme économique continue à mais surtout obstiné dans ses moderne de l’Egypte. La persécution conseille la sera inséparable de la dénonciation Les juifs sont plus tard engagés prospérer. Tandis que d’autres « erreurs ». Le refus opiniâtre d’une fuite, la redécouverte de la Terre pro- économique ; et celle-ci sera ampli- dans les débuts de l’industrie hollan- « nomades » – émigrés, réfugiés, exi- conversion longtemps prédite et la citoyenneté. Plusieurs mise et la réaffirmation du dogme fiée par l’association des juifs et des daise, britannique, française, alleman- lés – prennent la place des juifs com- attendue retardait l’Apocalypse salva- orgueilleux de l’élection d’Israël. métiers d’argent. de, polonaise, autrichienne. Attali me boucs émissaires (maints d’entre trice, la seconde venue du Christ, la ouvrages, de Raphaël Dieu révèle aussi le code moral qui Babylone, Alexandrie, Rome, Cons- nous montre des cohortes de ban- eux étant des Arabes, donc des régénération du monde. La poursui- imposera le travail, le repos hebdo- tantinople, Bagdad, Cordoue. Privé quiers (dont bien sûr les Rothschild), « Sémites » aussi), on continue à te du salut universel justifiait toute Draï, Guy Konopnicki et madaire, qui protégera la propriété d’aspirations politiques, le judaïsme d’innovateurs comme Charles Havas dénoncer le pouvoir financier, cultu- stratégie et toute tourmente. Notre privée et les contrats, prohibera la se plonge dans les spéculations reli- (première agence de presse, 1832) et rel et politique des juifs. auteur le sent bien, du moins on l’es- Pierre-André Taguieff, fraude, le vol et le prêt à intérêt entre gieuses. Abstraction, spéculation les frères Pereire (réseau PLM, 1857), Le récit de tout cela sera pour une père, mais sa thèse fixe ses yeux sur gens d’un même peuple. idéologique et financière vont de d’hommes d’Etat comme Adolphe autre fois. En attendant, notre auteur l’économie de l’argent, quand c’est traitent du perpétuel Ce peuple de pâtres, d’agriculteurs pair : les juifs développent des instru- Crémieux, le garde des sceaux qui, en a gagné son pari : vivant, trépidant, l’économie des convictions et des et d’artisans vit au carrefour des rou- ments de crédit. 1848, abolit l’esclavage dans les colo- informé, coloré, haletant, son gros croyances qui a longtemps dominé retour des stéréotypes de tes marchandes, ce qui veut dire aus- Le centre de gravité se déplace nies et la peine de mort pour délit livre est une mine de poésie bancaire, les relations judéo-chrétiennes. si des chemins guerriers. Exil à Baby- vers les Etats chrétiens d’Europe de politique. de géographie d’affaires, d’élégies Théodore Reinach, le savant de l’antisémitisme ou de lone, retour. Alexandre passe, qui l’Ouest, l’Europe orientale réservant Mais c’est aux Etats-Unis que dès généalogiques, d’exotismes finan- l’avant-dernière fin de siècle, nous le conquiert l’Egypte « accompagné de des déboires à venir. L’Eglise préfère le XIXe siècle les juifs triomphent, fon- ciers. Il se lit facilement ; et c’est là dit : « Anti-judaïsmes théologique, eth- la judéophobie. Enfin mercenaires juifs » et fonde Alexan- confier les terres à des chrétiens à qui dant la première banque de Los l’écueil. Car le plaisir de lire et de tour- nique, économique, sentimental, litté- drie où s’installera une vaste commu- elle peut faire payer une dîme, et aus- Angeles, la première confédération ner les pages ne peut nous faire raire, social se mêlent et se grossissent le journaliste suédois nauté juive, ce qui suscite des réac- si parce que les juifs préfèrent la du travail, créant l’essentiel de Hol- oublier cette vision d’un peuple à la mutuellement mais découlent de la tions hostiles chez les Egyptiens et mobilité. Elle interdit à ses fidèles le lywood : Universal, Fox, Paramount, fois héroïque et victimisé. Version même source : l’antagonisme reli- Göran Rosenberg repose, les Grecs qui les dénoncent comme prêt à intérêt. Banquiers nécessaires, Warner Bros, MGM. Grands syndica- univoque, qui inspire des élisions, gieux. » Peut-être, après avoir avec misanthropes, lépreux, ourdissant souvent uniques, de la société chré- listes (Gompers, Hillquit, Hillman), par exemple quand Attali cite le Lévi- tant d’agilité épuisé les questions d’ar- pour aujourd’hui, la des complots mystérieux. Des docu- tienne au Moyen Age (et au-delà), on grands banquiers (Guggenheim, War- tique (19,18) : « Ne te venge pas et ne gent, Jacques Attali se tournera-t-il ments d’époque publiés par Théodo- leur défend d’autres occupations et burg, Lazard), grands manufacturiers garde pas rancune », mais oublie la vers l’autre grande force qui régit l’hu- question du messianisme re Reinach présentent les juifs com- on leur reproche celle-ci. Avant de (Levi Strauss), grands gangsters suite : « contre les enfants de ton peu- manité : la religion ? Persécution, théories et pratiques Une identité à trait d’union Discuté pour certaines de ses thèses mais couvert d’éloges aux Etats-Unis, l’essai de David Nirenberg Un recueil de Pierre Birnbaum relit l’exil comme discute de la continuité des persécutions contre les minorités dans l’histoire de l’Europe « domicile » fragile entre mémoire et citoyenneté

interprétant souvent des contextes ment également une défiance femmes juives, musulmanes et citoyenneté », prononcée à Stock- VIOLENCE ET MINORITÉS variés à partir de la Shoah. Grâce à envers le pouvoir : elles bafouent chrétiennes et se vante en plus de SUR LA CORDE RAIDE holm fin 2001. Sans esquisser encore AU MOYEN AGE la subtilité de son approche des l’autorité du roi en la matière. De pouvoir payer une amende afin Parcours juifs entre exil cette « histoire minutieuse de l’exil (Communities of Violence) sociétés médiévales, ce travail plus, de nombreuses léproseries d’éviter le châtiment. et citoyenneté juif », que Yosef Yerushalmi appelait de David Nirenberg. remet en cause l’idée d’une « intolé- sont sous protection royale et la Il convient donc de placer au de Pierre Birnbaum. récemment de ses vœux, Pierre Birn- Traduit de l’anglais rance croissante » à l’égard des lèpre touche au pouvoir thauma- cœur de l’enquête « la cartogra- Flammarion, 468 p., 24 ¤. baum revient sur le vécu écartelé du par Nicole Genet, minorités depuis le Moyen Age, turgique des souverains. phie de ces eaux calmes mais dange- marrane, qui s’émancipe, s’assimile préface de Claude Gauvard, comme celle de la formation pro- Les populations locales savent reuses, ce que nous pourrions appe- n sait les travaux décisifs au prix d’une acculturation qui ne PUF, « Le nœud gordien », gressive d’une « mentalité persécu- s’adapter et user assez vite du dis- ler les bancs de sable de la violence que Pierre Birnbaum a vaut pas forcément dissolution, 356 p., 28 ¤. trice ». Contre la vision d’actes de cours dominant comme en témoi- quotidienne ». Celle-ci participe en consacrés aux Fous de la même si, pour les plus intransi- violence « irrationnels », l’histo- gnent les accusations de lèpre qui effet de la régulation des relations O République (Fayard, 1992), geants, il y a dans toute forme d’inté- n 1996, Daniel Jonah rien restitue aux acteurs toute leur se multiplient, lors de conflits, entre les communautés qui sont grandes figures de ce franco-judaïs- gration risque de « perdre son âme ». Goldhagen, dans un livre capacité d’analyse. Il considère en dans la Couronne d’Aragon, après tout autant faites de moments de me dont il a ailleurs retracé les Et les mêmes de dénoncer la rupture qui eut un écho considéra- effet que les gens du Moyen Age que des lépreux et des étrangers coopération, à travers le prêt d’ar- enthousiasmes féconds comme les de la transmission et d’assimiler au E ble et suscita une contro- manipulaient les accusations, eurent été accusés, en 1321, d’em- gent ou le commerce : forgerons fractures douloureuses. Les « par- « mal absolu » la voie singulière de la verse de grande portée, soutenait sachant bien lesquelles employer poisonner les eaux. Bref, démon- musulmans et chrétiens se retrou- cours juifs » qu’il emprunte aujour- France républicaine, envisagée com- que, pour comprendre la Shoah, il selon les enjeux. Ainsi les discours tre Nirenberg, les violences contre vent ensemble dans la confrérie de d’hui élargissent la réflexion, débor- me la redite de celle, pernicieuse, pro- convenait d’envisager l’antisémitis- sur le « métissage » d’une commu- et entre les minorités doivent être saint Eloi. La violence, plus ou dant le cadre français (même si la posée dans le monde pharaonique me allemand comme spécifique- nauté à l’autre – qui suscite peurs étudiées dans leur contexte politi- moins ritualisée, et cela aussi s’ins- seconde partie y renvoie exclusive- de « Moïse l’Egyptien ». Au terme ment éliminationniste et suivre ain- et angoisses – et les accusations de que, économique et social, analy- crit en faux contre la logique cumu- ment), pour analyser les différents d’un exercice comparatiste, où il si son élaboration dans le temps relations sexuelles qui transgres- sées dans l’action, pour leur lative de la persécution, sert à rap- comportements observés au cours reprend la conceptualisation élabo- long. Pour le politologue de Har- sent les frontières communautai- « valeur stratégique ». peler le tracé des frontières qui des phases, plus ou moins heurtées rée par Albert Hirschman – demeu- vard, l’antisémitisme était un res, en particulier contre les juifs et Ce faisant, l’auteur souligne la séparent ces mêmes communau- selon les contextes nationaux, de rer loyal, protester ou partir –, Birn- « trait permanent de la civilisation les musulmans, ont « servi à nour- nécessaire articulation entre les tés. « Attaquants et victimes sont l’émancipation politique. Avec les baum scrute au plus près la « sor- chrétienne » qui « se fait plus ou rir une multitude de stratégies et ils explosions de violence (celles de étroitement liés et leurs relations tentations, inconciliables, d’élire tie », brutal changement d’allégean- moins manifeste » selon les pério- ont été dirigés par des individus 1320-1321 ou les massacres sont extrêmement variées : les l’exil pour domicile ou de faire retour ce qui joue autant sur l’interprétation des. La même année, et toujours pour servir leurs intérêts, dans des de 1348 et 1391) souvent mises en moments de violence en font partie à Sion, en esprit ou en acte. des textes que sur l’organisation com- aux Etats-Unis, paraissait un autre situations quotidiennes nombreuses exergue par l’historiographie, et et y prennent sens ». Ainsi la notion Funambules en équilibre précaire munautaire. L’identité brisée de celui ouvrage d’une importance majeu- et variées », d’autant plus que ces les oppositions quotidiennes, la d’« intolérance » perd-elle, avec face à des impératifs et des aspira- qui « quitte », rompt tout en cher- re, Communities of Violence, de imputations pouvaient entraîner violence banale parfois ritualisée Nirenberg, beaucoup de sa perti- tions fréquemment contradictoires, chant à demeurer fidèle à une identi- David Nirenberg, qui discute aussi des condamnations judiciaires. comme l’attaque des quartiers nence. les juifs tels que les observe Birn- té imaginaire, l’amène à partir sans de la continuité des persécutions De même, les « pastoureaux », juifs lors de la Semaine sainte dans Couvert d’éloges et de prix aux baum ressemblent à ces danseurs de espoir de retour, la mémoire ne vou- des minorités dans l’histoire de ces bandes de « croisés » qui écu- la Couronne d’Aragon. Ce « carna- Etats-Unis, discuté à l’occasion corde, virtuoses menacés dont on lant retenir que la promesse d’une l’Europe. Par-delà la diversité des ment, en 1320, le sud de la France val clérical antiroyal » assimile à pour certaines de ses conclusions redoute à chaque instant la chute. Jérusalem hypothétique. L’exil approches, cette coïncidence mon- puis l’Aragon en s’en prenant aux nouveau les juifs et le roi, mais sa comme pour son emploi de l’an- Une métaphore de l’inconfort que devient alors un « domicile », à tre toute l’actualité intellectuelle juifs « savent ce qu’ils font ». Leurs violence reste contenue : celle-ci thropologie, le livre de David retrouvent parallèlement Kafka et défaut d’être une théorie. de la question. griefs contre le roi de France pas- « semble avoir été une question de Nirenberg est d’une richesse Freud, avant Levinas, corde raide ou Mais ce domicile n’est-il pas factice L’historien porte son regard sur sent par la mise en cause d’un grou- bruit et de lapidation des murs impressionnante tant par le conte- pointes pareillement éprouvantes. si l’intégration à la nation d’accueil les violences contre les minorités pe qui fait partie de son « trésor ». entourant le quartier juif ». Plus nu même de la recherche que pour En fait, malgré l’intelligence de l’arti- ou à l’espace public commande de (juifs et lépreux surtout) dans le Attaquer les juifs, c’est attaquer généralement, l’historien constate les méthodes déployées. Il montre, culation, Sur la corde raide n’est pas répudier une part de l’origine ? La royaume de France et la Couronne ceux qui sont perçus comme des que, si les dénonciations pour au final, qu’il est possible d’étudier un livre original, mais la reprise de sei- diaspora serait-elle irréductiblement d’Aragon en 1320-1321 mais aussi « agents fiscaux de l’Etat » et qui « métissage » servent abondam- ces mondes anciens selon le point ze textes – et quelques inédits en fran- une forme d’asservissement ? Le sur les relations, pour la seconde, versent de lourdes taxes – payées ment, elles ne débouchent que de vue d’une sociologie de l’action çais –, articles, contributions et com- débat est engagé et l’on comprend entre chrétiens, juifs et musulmans largement grâce aux prêts accor- rarement sur une condamnation qui restitue à « l’homme de la munications diverses, dont la publica- que l’historien s’interroge sur la au XIVe siècle. Au contraire de nom- dés aux chrétiens – au roi qui les ou sur la mort. Les accusations se rue » sa pleine capacité à jouer des tion comme l’édition s’échelonnent « judaïsation redevenue imaginable » breux auteurs, Nirenberg refuse la protège ; c’est donc – et voilà une négocient, les acquittements se références et des modèles pour sur vingt ans, la conclusion elle- dans l’appartenance à l’Etat-nation, démarche téléologique qui insiste autre idée-force de l’ouvrage – monnayent. Voilà Salomon Chur- conduire son existence, avec ou même provenant d’une conférence subtile « identité à trait d’union » sur la « continuité entre les haines résister à la monarchie. Les violen- chulu, juif de Daroca, qui fait, contre l’autre. synthétisant un long questionne- entre appartenance et citoyenneté. du passé et celles du présent » en ces à l’encontre des lépreux expri- apparemment, l’amour avec des Nicolas Offenstadt ment autour d’« exil, domicile et Ph.-J.C. dossier LE MONDE / VENDREDI 25 JANVIER 2002 / IX b Autopsie d’une utopie Juif et citoyen suédois, Göran Rosenberg a vécu en Israël de 1962 à 1967. Il s’interroge sur le messianisme

te dimension eschatologique, dans L’UTOPIE PERDUE. ISRAËL les textes de Moses Hess, de Theodor une histoire personnelle Herzl et de Ben Gourion. Mais, analy- de Göran Rosenberg. se-t-il, à partir de 1967, c’est la com- Traduit du suédois par Christine posante religieuse du messianisme Hammarstrand, qui l’emporte et entraîne Israël dans Denoël, 526 p., 26 ¤ une spirale apocalyptique fondée sur la peur. ix ans passés en Israël, de 14 à 19 ans, dans un Etat pion- « Votre livre doit-il être considéré nier, où tout était à construi- comme une relecture de votre expé- S re. Aujourd’hui journaliste à rience israélienne à la lumière des Stockholm, en Suède, Göran Rosen- événements récents ? berg revient sur ses années de jeu- – Ce n’est pas seulement un livre nesse, de 1962 à 1967. Il évoque sur mon expérience israélienne, c’est l’idéalisme des jeunes pionniers, une histoire personnelle : l’histoire leurs lectures patriotiques, les ran- d’une partie de ma vie, et aussi l’his- données à Massada, l’exaltation toire d’une grande déception. Le titre d’une vie dans laquelle tout parais- suédois est différent du français : sait possible. Pourtant ce livre n’est c’est « la terre perdue ». En suédois, il pas un recueil de souvenirs. C’est n’y a qu’une seule lettre qui distingue d’abord l’autopsie d’une utopie, à les deux adjectifs « perdue » et « pro- laquelle l’auteur a cru, jusqu’à ce que mise ». On ne peut pas comprendre tout bascule, après 1967 : « Je décou- Israël sans la part de rêve, d’utopie vrais que j’avais vécu dans le menson- qui est à la base de cet Etat. Ce qui ge », écrit-il. m’a intéressé, c’est d’explorer ce mes- A travers sa propre déception, sianisme. Je crois qu’Israël est une l’auteur relit toute l’histoire du peu- sorte de point focal, non seulement ple juif dans le prisme du messia- pour les juifs, mais aussi pour le mon- nisme. Une histoire qui est « bordée de occidental. Dans le projet sioniste d’éruptions messianiques », comme il originel, il y avait la volonté de créer le dit, qu’elles soient religieuses ou une nation pour sauver les juifs, mais séculières. Pour Göran Rosenberg, le aussi pour sauver le reste du monde, CINEMATHÈQUE FRANÇAISE « Le juif Süss » de Veit Harlan sionisme a toujours été chargé de cet- avec cette idée que la constitution d’une nation juive contribuerait à transformer le monde. Stratégie de la souillure Taguieff, avertisseur d’incendie – Le conflit israélo-palestinien ne marque-t-il pas l’échec de ce mes- sianisme ? Dans les critiques contre Israël, les esprits les mieux intentionnés Pourfendeur des impasses et des illusions de l’antiracisme, l’essayiste – Je pense au contraire qu’il a une forte dimension messianique. La per- ne reproduisent-ils pas des stéréotypes antisémites ? s’en prend à la banalisation de la judéophobie ception commune chez les Israéliens est qu’il n’y aura jamais de solution comme tous les autres, commet évi- euphémisme » ! La critique con- lisant à merveille, quand la judéo- au conflit, parce que l’antisémitisme SOUS LE SIGNE DE SION demment des erreurs et chacun, LA NOUVELLE JUDÉOPHOBIE tre l’Etat hébreu est toujours phobie arrive de l’extrême droi- n’aura pas de fin et que les Arabes L’antisémitisme nouveau tout aussi évidemment, a le droit de de Pierre-André Taguieff. ontologique : l’Etat d’Israël, cou- te. Mais elle s’endort, frappée de n’accepteront jamais l’existence d’Is- est arrivé les critiquer. Toutefois, ce qui fait Fondation du 2 mars/Mille pable d’un « péché originel », est paralysie, lorsque cette judéo- raël. Nous sommes face à une vision de Raphaël Draï. réfléchir, dans ce dossier documen- et une nuit, 238 p., 12 ¤. le seul auquel on dénie le droit phobie s’exprime par le canal messianique du futur, qui n’est pas Ed. Michalon, 256 p., 19 ¤. té et argumenté, c’est précisément d’exister. des jeunes de banlieues, beurs et fondée sur l’espoir, comme au début qu’il va à l’encontre d’une série de n constat sert d’amorce Ce livre prend la figure d’un africains, et, lorsque ses discours du sionisme, mais sur la peur. Le pro- LA FAUTE DES JUIFS jugements tout faits, aujourd’hui de au dernier livre de Pier- travail philosophique qui deviennent situables à gauche. cessus d’Oslo a été la première oppor- Réponse à ceux qui nous plus en plus répandus chez des gens re-André Taguieff : l’ex- « désocculte » le vrai, en déchire Cette judéophobie banlieusarde tunité de briser ce cercle. Même si, écrivent tant intelligents, informés et de gauche. U pansion planétaire le voile : rien n’est plus manifes- articule ses compréhensibles res- pour beaucoup d’Israéliens, la paix de Guy Konopnicki. C’est à ceux-là en particulier qu’on d’une déferlante judéophobe de te que cette judéophobie, rien sentiments de vies en charpie à n’était pas conçue comme le début Balland, 192 p., 15 ¤ conseillera de lire cet essai. type nouveau, n’épargnant nulle- n’est plus présent, plus à l’œu- un climat planétaire (islamisme, d’une relation avec les Palestiniens, Même s’il ne les convainc pas, ment la France. Le concept de vre chaque heure et en plein anti-israélisme, anti-américanis- mais le début d’une séparation. e nouveau livre de même s’il les irrite, il a le mérite de « judéophobie » s’avère intéres- jour, et pourtant rien n’est me, anti-mondialisme) dont elle » Pour moi, Israël n’est pas la solu- Raphaël Draï donne à rappeler qu’aucun conflit, sans dou- sant : ce virulent phénomène se moins signalé, rien n’est moins reprend les lieux communs, en tion au problème juif, c’est seule- réfléchir. Son argumenta- te, n’est aussi complexe que celui distingue aussi bien de l’antisémi- regardé, rien n’est moins com- les investissant localement. Pour- ment une étape, une partie de l’histoi- C tion est mêlée d’indigna- opposant l’Etat d’Israël et les Palesti- tisme moderne, que du tradition- menté. Cette judéophobie opère tant, c’est de ce côté-là de notre re du judaïsme. La civilisation juive tion et de colère à peine contenues. niens. Au fil d’une histoire riche en nel et bimillénaire antijudaïsme au grand jour, ne se masque pas, vie politique et idéologique que s’est toujours développée dans la Professeur de sciences politiques, coups de théâtre et revirements chrétien, tout en trahissant des et pourtant notre société feint la judéophobie prolifère désor- diaspora, à l’exception d’une courte connaisseur de la psychanalyse, exé- d’opinion, on voit s’y conjuguer un traits communs avec eux, ses de ne la point voir, ou plutôt, mais – Taguieff diagnostiquant période historique. Il faut que les gète de la pensée juive, cet homme grand nombre de dimensions : poli- ancêtres. Judéophobie : ce terme elle la voit pour l’oublier séance une accélération, nonobstant sa Israéliens cessent de considérer les de foi et de culture, auteur d’une tique, militaire, économique, diplo- peu usité permet de saisir que tenante, elle la voit sans la regar- reformulation, du passage de la juifs de la diaspora comme ceux qui quinzaine d’ouvrages, s’efforce de matique, idéologique, religieuse, cette attitude relaie une longue der. droite à la gauche, de la haine n’ont pas encore émigré… comprendre la situation présente : sans compter les interférences mul- histoire de haine, tout en consti- contre les juifs. multiplication des violences envers tiples de la psychologie et de l’histoi- tuant simultanément un phéno- SCHÉMATISME ET ANGÉLISME Le nouvel ouvrage de Taguieff – Vous parlez longuement de l’ac- la communauté juive en France, dia- re. Face à cet extraordinaire enche- mène inédit. Le travail de Taguieff est une s’inscrit dans la continuité d’un cueil fait par Israël aux survivants de bolisation constante d’Israël à tra- vêtrement, que matérialisent en Dans quel contexte politique démarche de vraie philosophie, long engagement, à gauche, con- la Shoah, très timide au début. Com- vers la diffusion quotidienne d’infor- quelque sorte la géographie du terri- et idéologique cette nouvelle suivant une méthode platonico- tre le racisme, qui, par honnêteté ment expliquer cette attitude ? mations-déformations. Exemples toire et celle des Lieux saints, la pire judéophobie se déploie-t-elle ? machiavélienne : contraindre, intellectuelle et exigence d’effica- – Je crois que les Israéliens ont mis détaillés à l’appui, empruntés aux des tentations est toujours de sim- On la rencontre aussi bien dans comme Platon, le regard de son cité, se signale par la mise en du temps à assimiler la Shoah. Leur journaux télévisés aussi bien qu’à la plifier. Savoir une fois pour toutes une large frange des militants lecteur à se détourner des question des impasses et illu- projet était de créer une société nou- presse écrite, et notamment au Mon- qui sont les bons et qui les pro-palestiniens que dans «la ombres et faux-semblants qui le sions de l’antiracisme classique. velle et un homme juif nouveau. Au de, Raphaël Draï met en lumière de méchants, qui a raison et qui a tort. mouvance néo-chrétienne huma- trompent, pour fixer son atten- Ce livre d’analyse et d’alerte, début, ils interdisaient aux survivants nombreux glissements de sens, Discerner à l’avance les coupables nitaire », dans une bonne frac- tion sur la vérité effective (ou, explosif et savant, écrit par un de la déportation de parler le yiddish, interprétations excessives ou ten- et les innocents, les bourreaux et les tion des « nouveaux anti-impéria- pour parler machiavélien, la avertisseur d’incendie, pourrait ils leur demandaient d’oublier le pas- dancieuses. victimes. C’est toujours plus simple, listes » et autres néo-antimondia- « verità effetuale »), de ce phéno- éveiller ses lecteurs, empruntant sé. Ils leur reprochaient même de ne Le résultat est connu de tous : plus rapide, plus confortable. Mais listes, chez des « anarcho-trots- mène politique. On répute en une destinée de déniaisement pas avoir émigré plus tôt ! Israël aujourd’hui passe pour un aussi dangereux. Car ces jugements kistes », chez des demi-soldes de effet l’antisémitisme mort, limi- politico-intellectuel semblable à » Puis il y a eu le procès Eichmann, Etat oppresseur, colonialiste, racis- tout faits, tout prêts risquent de feu le communisme, qui substi- tant les hétérophobies actuelles celle qu’emprunta, au début des en 1961, qui a marqué le début d’une te, dont les concessions ne seraient compliquer encore la situation tuent dans leur imaginaire le au seul racisme anti-Arabes/anti- années 1960, l’ouvrage disruptif prise de conscience. Mais la vraie rup- que manœuvres et les représailles qu’ils prétendent au contraire clari- Palestinien au prolétaire, et chez Noirs. L’antiracisme demeure pri- de Pierre Fougeyrollas, Le Marxis- ture se situe en 1967. La victoire agressions disproportionnées. Cet fier. des « pacifistes ». Le conflit israé- sonnier d’un préjugé invétéré : me en question. Il y aurait dès éclair d’Israël, qui tenait du miracle, a Etat est aujourd’hui réputé « artifi- Sur un ton autre, avec plus d’hu- lo-palestinien et la mondialisa- antisémitisme et racisme ne peu- lors un avant et un après La Nou- été perçue comme une sorte de ciel », ce qui est juridiquement mour froid et parfois plus de distan- tion de l’islam favorisent le recy- vent venir que de la droite et de velle Judéophobie. revanche. Elle a pris place dans un faux, montre Raphaël Draï, qui ajou- ce, on retrouve pour l’essentiel les clage de très anciens fantasmes. l’extrême droite. La « verità effe- Robert Redeker processus eschatologique qui inclut te à cette démonstration juridique mêmes arguments chez Guy Konop- Dans ce contexte resurgissent, tuale » est pourtant différente de la catastrophe de l’extermination et l’idée d’une légitimité fondée en reli- nicki qui analyse, dans La Faute des peu déguisés, l’idée conspiration- ce rêve politique : l’époque la rédemption de la victoire. C’est ain- gion. Cela n’empêche pas Israël juifs, tout ce qu’on leur reproche niste d’un complot juif mondial actuelle s’inscrit en faux contre si que la conscience de la Shoah est d’être aujourd’hui non seulement présentement : se défendre, être (sous l’accusation d’impérialis- cette paresse de la pensée qui devenue une part essentielle de l’ima- soupçonné d’être illégitime, mais solidaires, devenir des oppresseurs me américano-israélien, ou d’im- empêche de déceler l’ambidex- ginaire israélien. jugé d’avance coupable quoi qu’il et surtout… avoir engendré Ben périalisme sioniste), l’amalgame trie de ces pathologies politi- » En réalité, l’Etat hébreu n’est pas fasse, insiste Draï. Il analyse l’engen- Laden ! Partant du principe que entre le juif et la finance (en coa- ques. L’une des raisons de cette né de la Shoah, il existait déjà avant. drement progressif de ce mécanis- l’existence des assassins a des cau- gulant l’Amérique, Israël et le occultation s’élucide : ce phéno- C’est pourtant l’image qui s’est me au cours des dernières décen- ses, on en tire la conséquence extra- capitalisme « mondialisateur »), mène judéophobe nouveau répandue en Europe : Israël comme nies de l’histoire française, notam- ordinaire que les Israéliens sont res- l’accusation de crimes contre les brouille les schématismes canoni- une compensation de l’extermina- ment depuis la phrase de De Gaulle ponsables du terrorisme islamiste ! enfants (dynamisée par la mise ques sur le racisme et l’antisémi- tion. sur le « peuple d’élite, dominateur et Qui, « on » ? Les auteurs d’innom- en scène de la mort du « petit tisme. Un angélique rousseauis- fier de lui ». En retraçant étape par brables « lettres aux juifs » que Mohamed » et de la répression me de pacotille organisait un par- – Que vous inspirent les événe- étape la croissance mouvementée Konopnicki considère comme une de la seconde Intifada), le cliché tage en deux camps : les domi- ments récents et la politique du de l’Etat hébreu, Draï éclaire ce qu’il sorte de nouveau genre littéraire, de la perfidie (suggérer que les nants économiques et politiques gouvernement Sharon ? nomme « stratégie de la souillure » : où de bonnes âmes diagnostiquent victimes sont devenues des avaient intérêt à favoriser ces – A court terme, je suis pessimiste. pour disqualifier l’Etat d’Israël, on tous les malheurs qui viennent par « bourreaux ») et le fantasme du idées abjectes, destinées à oppri- Israël est engagé dans un cycle de en vient à le salir, en le présentant la faute des juifs, réactivant ainsi, maillage médiatique pro-sionis- mer une partie de l’humanité, destructions nourri par une vision comme un pouvoir brutal, inhu- sans s’en rendre vraiment compte, te (Drumont et sa « France jui- tandis que les dominés et les messianique fondée sur la peur. Ce main, tueur d’enfants, animée d’in- une panoplie de poncifs classique- ve » n’est pas loin, sauf que, humiliés en étaient forcément qui fait défaut, c’est une vision politi- tentions génocidaires, un pouvoir ment antisémites. « L’antisionisme relookée, sa rhétorique est pas- exempts. Sur le fond de ce dange- que pragmatique. La merveille du de bourreaux. Conclusion : au lieu et l’antisémitisme ne sont pas deux sée à gauche). L’axe de rotation reux angélisme s’opère un verti- judaïsme rabbinique traditionnel est de distinguer un antisionisme ver- choses différentes », conclut à son autorisant cette banalisation de gineux renversement : l’effet qu’il a su maintenir pendant des siè- tueux d’un antisémitisme véreux, il tour le journaliste. la judéophobie en la relatérali- Durban, l’exploitation de l’antira- cles un équilibre entre l’espérance conviendrait de s’aviser qu’en fait, Ces deux essais ne manqueront sant à gauche se situe dans la cisme à des fins antijuives. messianique et la vie de tous les aujourd’hui, la tournure virulente pas de susciter des polémiques. Ils transformation progressive d’Is- L’antiracisme serait-il sélec- jours. Si tout le monde pense que le de l’antisionisme réhabilite l’antisé- méritent en tout cas d’être lus et raël et du sionisme en repous- tif ? La judéophobie nouvelle Messie viendra demain, la vie s’arrê- mitisme, utilise ses plus anciens cli- médités par tous ceux qui peuvent soirs absolus. Les voilà démoni- prospère chez ceux dont il est tera ! La sagesse consiste à maintenir chés et ses haines antiques. se demander honnêtement si, en sés – satanisés, même des forces estimé, à juste titre, qu’ils sont, la part égale entre ce qui est de l’or- On peut n’être pas d’accord avec dépit de leurs irréprochables certifi- de gauche en France, sombrant dans les banlieues, les victimes dre du possible et ce qui ne l’est pas. Raphaël Draï, trouver qu’il voit tout cats de bonnes vie et mœurs, ils ne dans la pensée magique – à tel du racisme ordinaire (la quoti- C’est cette vision pragmatique qui en noir, ne pas partager sa convic- se laissent pas piéger par l’air du point que le mot antisionisme dienne et hexagonale arabopho- fait défaut aujourd’hui. tion religieuse, juger qu’il fait la temps. Un mauvais air. « fonctionne désormais, dans la bie). La vigilance anti-antisémite Propos recueillis part trop belle à Israël. Car cet Etat, Roger-Pol Droit plupart des contextes, comme un réussit fort bien son office, mobi- par Xavier Ternisien X / LE MONDE / VENDREDI 25 JANVIER 2002 actualités b L’édition poursuit sa croissance Le Whitbread Prize Le Syndicat national de l’édition prévoit une hausse de 6 % pour 2001. Son président, Serge Eyrolles, analyse ce retour au livre, à Philip Pullman mais s’inquiète pour la situation des libraires our la première fois, c’est un écrivain pour la l y a à preque deux ans, le pré- le président du SNE, les gens lisent sous cette législature. C’est dom- tre que la mesure a un impact de représentants des régions et jeunesse qui remporte sident du Syndicat national plus qu’avant. Il y a une lassitude de mage. Il ne serait pas sain que négatif sur leur chiffre d’affaires. des ministères de la culture et de l’un des plus importants de l’édition (SNE), Serge la télé, des ordinateurs, qui coïncide quelqu’un en profite pour remet- La moitié des libraires ont enre- l’éducation nationale. Pprix littéraires britanniques, le Eyrolles, cachait à peine son avec un besoin d’explication. On tre en cause le projet. Nous ne rou- gistré une baisse de leurs activi- Serge Eyrolles se réjouit que Whitbread Prize du livre de l’an- Iembarras : « Je ne sais pas quoi assiste à un retour au livre, que les vrirons pas le dossier, en deman- tés dans le livre scolaire. Plus l’écrit soit représenté dans la com- née, d’un montant de 30 000 £ faire, les chiffres sont bons ! » gens avaient un peu délaissé. Ils pren- dant de faire payer les emprun- inquiétant, un tiers d’entre eux mission Brun-Buisson sur la (48 00 ¤) : Philip Pullman, 55 ans, Depuis dix ans qu’il est à la tête du nent conscience que l’écrit représen- teurs. D’autant que le plafonne- constatent aussi une baisse dans copie privée. « Le respect du droit ancien professeur d’université syndicat, il a tellement été habitué te une valeur. Entre-temps le livre ment des remises pour les collecti- le parascolaire et les dictionnai- des auteurs est en train d’avancer. d’Oxford, est l’auteur d’une trilo- à commenter la mauvaise santé de s’est modernisé. Il a fait des efforts de vités est d’une urgence folle pour res. L’étude montre que 35 % des Si on cumule la copie privée numé- gie : His Dark Materials, publiée l’édition française qu’il était pris de prix, de packaging. On a trouvé une les libraires. » De nombreuses libraires ont été consultés pour rique, la loi sur le photocopillage – en français sous le titre A la croi- vertige à l’idée de donner des résul- bonne relation entre l’offre éditoriale librairies ne pouvaient plus sui- un appel d’offres et seulement un qui rapporte désormais plus de sée des mondes et dont l’héroïne tats en hausse. En 2000, le chiffre et la demande du public. Aujour- vre la course aux rabais prati- sur cinq a été retenu. En Haute- 100 millions de francs, et il reste à est l’intrépide et attachante d’affaires avait augmenté de 4,4 % d’hui, l’édition est un des secteurs de qués par des grossistes pour ser- Normandie, où a été mis en place trouver une solution dans les éco- Lyra. pour s’établir à 2,285 milliards l’économie qui se porte le mieux. vir les collectivités. Les mesures un système d’aide aux familles les primaires – et le droit de prêt, Alors que les premiers volu- d’euros (près de 15 milliards de Nous allons continuer sur notre lan- de Catherine Tasca prévoient sous forme de chèques-livres, cela représentera 350 millions de mes, Northern Lights (Les Royau- francs). 2001 sera une année cée en 2002. » d’accorder une remise maximale acceptés en librairie, la mesure francs. Cela situe l’ampleur du mes du Nord) et The Subtle Knife meilleure encore, puisque le SNE de 10 %, qui permettrait aux est plébiscitée à plus de 90 % par manque à gagner subi par les (La Tour des anges), s’adressaient prévoit une hausse de 6 % en chif- L’OGRE ET… libraires de participer à ces mar- les libraires, alors que la gratuité auteurs et les éditeurs. » à un lectorat âgé d’une dizaine fre d’affaires et de 4,5 % en volume. Ce climat euphorique ne fait chés. est jugée mauvaise par 81 % d’en- L’édition est sur un nuage. Le d’années, le ton s’est sensible- « Je n’ai pas connu ça depuis quin- pas oublier les dossiers en cours. tre eux dans les autres régions. bureau du SNE a été invité à ment élevé avec The Amber ze ans. C’est un phénomène de socié- Ils étaient à l’ordre du jour de la ...LA GRATUITÉ « Nous avons toujours préconisé déjeuner par Jacques Chirac, ven- Spyglass (Le Miroir d’ambre, à par- té, la hausse concerne tous les sec- conférence de presse du Syndi- L’autre dossier qui préoccupe de suivre l'exemple de la Haute- dredi 18 janvier. Les déclarations tir de 12-13 ans), titre qui vient teurs de l’édition, et notamment le cat national de l’édition, jeudi les éditeurs et les libraires, c’est Normandie, on n'a jamais tenu de Jean-Marie Messier, premier donc d’être récompensé. livre de jeunesse, pas seulement avec 24 janvier, en association avec le l’extension de la gratuité du livre compte de ce qu'on a dit. Il est éditeur français, sur l’exception Pullman avait précédemment le succès de Harry Potter ; le la ban- Syndicat des libraires français scolaire dans les lycées. Ou plu- important que le public fréquente culturelle troublent un peu Serge refusé que les deux premiers de dessinée, avec Astérix, mais aussi (SLF). Les mesures annoncées tôt les conditions de sa mise en les librairies », constate Serge Eyrolles, de même que celles de titres soient présentés pour le le roman ou le livre illustré », expli- par Catherine Tasca sur le droit place. Le SNE est favorable à Eyrolles. Catherine Tasca sur la présence prix Whitbread pour protester que Serge Eyrolles. « On n’est plus de prêt ne suscitent pas un « toute mesure qui soulage les Face à cette situation, le SNE et au Salon du livre de Silvio Berlus- contre l’exclusion de la littératu- dans le best-seller, mais dans le long- enthousiasme excessif au SNE, familles dans l’achat des manuels le SLF ont décidé de créer un coni, premier éditeur italien. re pour enfants des grands prix seller. Harry Potter est toujours en mais Serge Eyrolles est prêt à scolaires », mais s’inquiète des observatoire de la gratuité en Mais dix ans après son arrivée à littéraires. Son éditeur français, tête des ventes, La Terre vue du ciel jouer le jeu : « Ce n’était pas ce conséquences sur la librairie. Une région pour l’éducation, qui la tête du SNE, Serge Eyrolles est Gallimard, a renouvelé l’opéra- de Yann Arthus-Bertrand a continué qu’on souhaitait, mais nous avons étude réalisée par CSA-TMO, répond au doux acronyme un président heureux. Tellement tion Harry Potter en proposant à très bien se vendre en 2001 et le donné notre accord. Nous ne vou- auprès de 151 libraires, dans les d’Ogre. L’Ogre veut analyser les heureux qu’il a bien l’intention en grand format et au prix fort le Petit Larousse atteint chaque année lons pas rouvrir le débat. Le projet régions concernées par la gratui- effets de ces mesures. Il sera com- de prolonger son mandat au-delà dernier volume de la trilogie, plé- un million d’exemplaires. » de la ministre de la culture ne té (Centre, Provence-Alpes-Côte posé d’éditeurs, de libraires, de du mois de juin. biscitée dans les collèges. « On a élargi le marché, poursuit sera pas examiné au Parlement d’Azur, Haute-Normandie) mon- fédérations de parents d’élèves, Alain Salles M. Si.

L’EDITION « Ben Laden, la vérité interdite » FRANÇAISE Catherine Millet, études de mœurs b Ménage à trois pour San Anto- e succès d’un livre peut dissimuler son impor- pre réception et sa lecture du manuscrit avant qu’il en a du mal à passer en Suisse nio. Les nouvelles aventures de tance et rabattre sa vraie valeur sur l’anecdote. devienne l’éditeur. Imaginant « l’immense quantité de San Antonio, sous la plume de L’impressionnante réussite éditoriale de La Vie femmes alertées » par le récit, il met dans la bouche de es Suisses ne peuvent pas acheter, sur leur territoire, le livre de Patrice Dard, vont bien paraître sexuelle de Catherine M., de Catherine Millet, l’une d’elles « la » question finalement primordiale : Jean-Charles Brisard et Guillaume Dasquié, Ben Laden, la vérité chez Fayard, mais elles seront repri- publiéL en avril 2001 au Seuil, fait partie de ces événe- « Est-ce que, par hasard, l’une d’entre nous n’aurait pas interdite (Denoël). L’enquête fait l’objet de deux procédures judi- ses en poche au Fleuve noir, l’édi- ments spectaculaires (et donc médiatiques) où le sens vendu la mèche ?» ciaires pour en interdire la diffusion en Suisse romande comme en teur de toujours de Frédéric Dard. et les enjeux de l’œuvre elle-même se perdent, ou du C’est de ce côté de l’humanité sexuée que Christine LSuisse alémanique, où le livre doit être publié par les éditions Pendo. De Le fonds San Antonio restera égale- moins se brouillent. Obéissant à cette logique désespé- Angot adresse un salut amical à sa consœur. Il sonne nationalité suisse, Yeslam Ben Laden, demi-frère d’Oussama, estime que le ment dans la filiale de Vivendi Uni- rante, on omet de s’interroger sur ce sens. juste. Elle exprime, dans son style très sec, économe, livre constitue une « atteinte à son honneur », en le mettant en cause avec la versal, au moins jusqu’en 2006. Cet Les quatre articles rassemblés dans le dernier numé- qui convient à son sujet, des choses importantes sur le société Sico (Saudi Investment Company), dont il préside le conseil accord a été trouvé après des mois ro de L’Infini (Gallimard, no 77, 14 ¤) permettent de regard, l’amour, sur la liberté surtout : C. Millet, écrit- d’administration. de tensions entre la famille de Fré- revenir sur ce qui importe vraiment. Sans d’ailleurs elle, « n’a jamais été prisonnière, puisqu’elle avait tou- Il a déposé, lundi 21 janvier, au tribunal de première instance de Genève, déric Dard et le Fleuve noir (« Le négliger ce « reste » énorme, bruyant, révélateur : le jours cette enclave dans sa tête, cette cavité intime, pas le une requête de mesures provisionnelles urgentes – l’équivalent d’une procé- Monde des livres » du 26 septem- succès. Jacques Henric, époux de Catherine Millet et sexe, mais une case dans la tête qu’elle ne donnait dure de référé en France –, pour interdire l’ouvrage. Il a été une première bre 2001). Après le succès du San auteur d’un livre publié parallèlement au sien, Légendes pas. Elle était généreuse, mais pas de tout… » fois débouté, lundi 14 janvier, lors d’une requête d’extrême urgence, dans Antonio posthume Céréales killer de Catherine M. (Denoël), avec un scrupule d’archivis- Ce sont ces « cavités », lieux interdits et inviolables, laquelle le juge s’est prononcé sans entendre les parties. Le nouveau juge- (plus de 200 000 exemplaires), te, a répertorié et classé les termes, exclamations et qui suscitent évidemment notre insatiable curiosité. ment sera rendu dans les prochains jours. Une procédure a également été auquel il avait contribué, Patrice injures qui ont accompagné, dans les médias, la sortie L’écrivain revient, en son nom propre, sur l’aventure lancée devant le tribunal de Zoug, en Suisse alémanique, à l’encontre de Pen- Dard a décidé de continuer le per- de La Vie sexuelle de Catherine M. Comme dans tout évé- du livre. Avec une probité remarquable que devraient do, qui a acheté les droits pour la langue allemande. Mis en cause dans sonnage créé par son père et de nement éditorial, une partie de la critique devinait plus lui envier nombre d’écrivains, elle s’observe, s’expose, l’ouvrage, l’avocat Jürg Brand s’est pourvu en justice. changer d’éditeur, pour rejoindre ou moins confusément le caractère novateur et propre- écrivant ce qu’elle nomme son « Ultimate Book » (à Ces procédures judiciaires interviennent après plusieurs rencontres de Claude Durand chez Fayard, com- ment stupéfiant du livre, l’autre, s’appuyant paradoxa- l’image des Ultimate Paintings d’Ad Reinhardt), comme conciliation. Les auteurs et les éditeurs ont proposé des modifications qui ne me Frédéric Dard avait souhaité le lement sur son succès et le diabolisant, s’enrageait, elle s’est observée, divisée et rassemblée en elle-même, sont pas jugées suffisantes par les plaignants. Le livre, paru en France en faire. Corrida pour une vache folle s’autorisant canailleries, insultes et obscénités. Etait agissant (ou passive) dans les espaces de débauche novembre 2001, dévoile les liens entre le régime taliban et les Etats-Unis et paraîtra mi-février avec une mise ainsi dénié le véritable et inconscient projet : instruire qu’elle a dûment fréquentés. L’esprit de géométrie et la détaille le financement des réseaux Ben Laden (Le Monde du 13 novembre en place de 100 000 exemplaires un procès conjuratoire, en sorcellerie, contre l’auteur. volonté de « définir des topiques » n’ont jamais quitté 2001). Il a déjà atteint un tirage de 80 000 exemplaires. pour un premier tirage de La lecture de ce florilège de grossièretés est, de ce point Catherine Millet. Une perspective unique, exclusive Mais ce succès s’est arrêté aux frontières de la Suisse. Des négociations 150 000 exemplaires. Un autre titre de vue, parfaitement édifiante. (foin des sentiments, de la morale et de toute idée de ont eu lieu pour trouver un accord avant la distribution du livre dans ce paraîtra à l’automne. Denis Roche, de son côté, raconte avec précision – trangression), se dessine ainsi, en vue de laquelle, infini- pays. Jürg Brand a également écrit au libraire électronique Amazon.com, b PRIX. Le prix littéraire Char- l’un des effets du livre de Millet est d’inciter le lecteur à ment troublé, on ne finit pas de méditer. pour lui demander de ne pas diffuser l’ouvrage, qui est actuellement au les Brisset revient à Pierre Ber- la plus grande rigueur descriptive et analytique – sa pro- P. K. vingt-deuxième rang des ventes d’Amazon.fr. « On avait établi un projet de gounioux pour Le Premier Mot protocole en association avec Pendo, mais ils ont refusé de le signer au dernier (Gallimard). Le grand prix Jean moment. On leur a même proposé de publier un communiqué à la fin du livre. Giono a été attribué à Jean Ras- Cela n’a jamais abouti », explique Olivier Rubinstein, directeur de Denoël. pail pour Adios, tierra de fuego Bernard Noël et Jean-Michel Maul- Paris, dans le cadre des Grandes Les critiques et le contentieux judiciaire ne portent que sur la diffusion en (Albin Michel), tandis qu’Isabelle AGENDA poix s’interrogeront sur la lecture Figures littéraires du XXe siècle à la Suisse du livre. Jürg Brand et Yeslam Ben Laden n’ont tenté aucune action Hausser est la lauréate du prix du poétique (à la Bibliothèque munici- BNF, Didier Eribon donnera une contre le livre en France ou en Allemagne, où l’ouvrage doit paraître. Les jury Jean Giono pour La Table b DU 25 AU 27 JANVIER. POÉ- pale, 3, rue Kuhn ; rens. : conférence sur Jean Genet (à auteurs ont même été interrogés à la télévision suisse pour parler du livre, des enfants (éd. De Fallois) ; ces SIE. A Strasbourg (67) se tiennent 03-88-43-64-64). 18 h 30, site François Mitterrand, que les téléspectateurs ne pouvaient acheter en librairie à moins de faire deux prix sont dotés de 7 622,45 ¤ les 5es Journées des poétiques où, b LE 26 JANVIER. HOSPITALITÉ. quai François-Mauriac, 75013 ; quelques kilomètres ou de le commander par Internet. chacun. entre autres, Henri Meschonnic, A Paris, la BPI organise un collo- grand auditorium) et le 31 jan- A. S. que sur le thème « Le sens de l’hos- vier, Sabine Coron, commissaire pitalité », avec, notamment, Jac- de l’exposition « Livres en bou- ques Derrida et René Scherer (à che » animera un débat « Savoir 11 heures, Centre Pompidou, culinaire, saveur littéraire (à entrée rue Saint-Martin, 75004 ; 14 heures, site François-Mit- petite salle ; rens. : 01-44-78-45-32 terrand, petit auditorium ; rens. : ou [email protected]). 01-53-79-59-59). b LE 27 JANVIER. LIBERTINS. A b LE 30 JANVIER. CELAN. A Paris, le Cinéma des cinéastes, les Paris, les éditions du Seuil et la Mots parleurs et Jean-Luc Moreau Maison de l’Amérique latine invi- se sont associés pour créer deux tent à une rencontre sur Paul LITTERAIRES

rencontres mensuelles déclinées Celan autour de son livre Le Méri- e sous plusieurs formes. La première dien et autres proses (à 18 h 30, abordera « Les libertins : textes MAL, 217, bld Saint-Germain, 2,10 érotiques, gourmandises et déam- 75007. rens. : 01-49-54-75-35). bulations » (de 10 h 30 à 12 h 30, b LES 31 JANVIER ET 1er FÉ- Samuel Beckett studio Les Ursulines, 10, rue des VRIER. ORIENT. A Paris, l’Insti- Irlandais d’origine installé à Paris, Ursulines, 75005 ; rens. : 01-53-42- tut d’études de l’islam et des socié- 40-20). tés du monde musulman (IISMM) Prix Nobel de littérature, il dressa le constat b DU 28 JANVIER AU 3 FÉVRIER. propose deux journées autour du le plus pathétique, mais aussi le plus drôle JEUNESSE. A Saint-Paul-Trois- thème « Romans et nouvelles en et le plus tonique, de l’impuissance humaine. Châteaux (26) a lieu la 18e Fête du Orient contemporain : voies multi- livre de jeunesse sur le thème ples du renouvellement dans les « Sur le fil de la mémoire » avec écritures arabes, iraniennes et tur- b Daniel Picouly en invité d’honneur ques » (à 8 h 45, Ehess, 96, bd Ras- et Babette Cole (rens. : 04-75-04- pail, 75006, rens. : 01-53-63-02-40 51-42 ou [email protected]). ou [email protected]). La tragédie classique er b LE 29 JANVIER. DELIBES. A b DU 1 AU 3 FÉVRIER. BIO- L’interrogation tragique a traversé les siècles. Besançon (25), la librairie Campo- GRAPHIE. A Nîmes (30) se tient novo et l’Opéra-Théâtre rendent le Festival de la biographie avec Les passions et les drames des héros de Racine hommage à l’écrivain espagnol un colloque sur le thème de « La et Corneille nous bouleversent encore. Miguel Delibes, en présence de ses vérité », et la participation de Ils ont inspiré aussi bien Anouilh que Cocteau, deux traducteurs Dominique quatre-vingts auteurs de bio- CHEZ er Camus ou Koltès. VOTRE Blanc et Rudy Chaulet (à 20 heu- graphies (à 14 heures le 1 , 10 heu- MARCHAND res, 50, Grande-Rue, 25000 ; rens. : res les 2 et 3, aux arènes cou- DE 03-81-65-07-71). vertes ; rens. : 04-66-76-51-07 ou JOURNAUX b LE 30 JANVIER. GENET. A [email protected]).