UNIVERSITE D’ANTANANARIVO ECOLE SUPERIEURE DES SCIENCES AGRONOMIQUES DEPARTEMENT DES EAUX ET FORETS Formation 3ème cycle Promotion « SATRANA »

Mémoire de DEA Diplôme d’Etudes Approfondies En Foresterie – Développement – Environnement

N° 02/2007/EFOR

Etude de potentialité et de valorisation des produits halieutiques dans le lac Mankoy, Commune rurale de Soahany (District d’)

Présenté par RAKOTOMANANA Harimalala Tina Le 22 février 2007

Devant le jury composé de :

Président : Jean de Neupomuscène RAKOTOZANDRINY Rapporteur: Georges RAFOMANANA Examinateurs : Harimanana ANDRIAMBAHOAKA Rejo Robert ANDRIAMANANJARA UNIVERSITE D’ANTANANARIVO ECOLE SUPERIEURE DES SCIENCES AGRONOMIQUES DEPARTEMENT DES EAUX ET FORETS Formation 3ème cycle Promotion « SATRANA »

Mémoire de DEA Diplôme d’Etudes Approfondies En Foresterie – Développement – Environnement

N° 02/2007/EFOR

Etude de potentialité et de valorisation des produits halieutiques dans le lac Mankoy, Commune rurale de Soahany (District d’Antsalova)

Présenté par RAKOTOMANANA Harimalala Tina Le 22 février 2007

Devant le jury composé de :

Président : Jean de Neupomuscène RAKOTOZANDRINY Rapporteur : Georges RAFOMANANA Examinateurs : Harimanana ANDRIAMBAHOAKA Rejo Robert ANDRIAMANANJARA

Je serai pour vous un père, et vous serez pour moi des fils et des filles, dit le Seigneur tout-puissant. II Corinthiens 6 :18

«« FFFFEEMM –– BBIIOODDIIVVEERRSSIITTEE »» «« MMIISSEE EENN PPLLAACCEE DDEE PPRROOJJEETTSS PPIILLOOTTEESS DDEE PPRROOTTEECCTTIIOONN EETT DDEE VVAALLOORRIISSAATTIIOONN DDEE LLAA BBIIOODDIIVVEERRSSIITTEE »»

Ministère de l’’Environnement, des Eaux et Forêts (MINENVEF) Fonds Français pour l’’Environnement Mondial (FFEM)

L’objectif global du projet consiste à proposer des exemples de gestion viable de l’environnement et de la biodiversité basée sur un développement économique des filières des ressources naturelles renouvelables au profit des populations rurales. Spécifiquement, il faut : • Impliquer des instances locales dans la gestion de l’environnement • Sécuriser les utilisateurs dans la gestion durable des ressources naturelles • Promouvoir des entreprises de valorisation respectant la gestion rationnelle et durable des ressources naturelles et de leurs produits. Le projet travaille sur deux sites : 1. le couloir forestier de Zahamena-Moramanga et les abords de la RN2, dans la région montagneuse et humide de la Côte Est ; 2. la région de Bemaraha dans la Sous-préfecture d’Antsalova, zone sèche localisée sur la Côte Ouest. Le choix de ces sites est dicté par la problématique de gestion de leur biodiversité, les curiosités de leurs paysages, les conditions d’accès et d’usages de leurs ressources naturelles Deux cellules opérationnelles assurent la concrétisation des activités du projet dans ces sites.

RESUME

L’écosystème lacustre présente des valeurs écologiques et économiques en ce sens qu’il constitue un réservoir inestimable de ressources piscicoles qui génèrent une source de vie et d’alimentation pour la population locale. Les pressions et les menaces auxquelles elles sont sujettes ont des répercussions sur la composition du peuplement piscicole. L’insécurité sociale et l’enclavement très marqué de la zone d’études constituent un obstacle majeur à une exploitation économique des ressources. A , les recherches entreprises dans le cadre des zones humides sont encore insuffisantes et elles n’ont bénéficié qu’une attention limitée comparée à la multiplicité des actions environnementales existantes. Dans un but de rationalité, une investigation a été menée dans la région du . Elle est axée sur une étude de potentialité et de valorisation des produits halieutiques de l’écosystème lacustre de Mankoy. La zone d’études se trouve précisément dans le District d’Antsalova, Commune rurale de Soahany. Pour constituer les informations nécessaires, l’approche inventaire a été effectuée. Les informations relatives ont été prises comme les paramètres hydrologiques et biologiques des captures. Trois hypothèses ont été formulées pour atteindre les objectifs de l’étude. Les résultats de l’investigation ont montré que trois espèces appartenant à trois familles différentes sont les plus exploitées. Elles sont toutes introduites à savoir la famille de Cichlidae représentée par Oreochromis niloticus, Ophiocephalus striatus de la famille des Ophiocephalidae et Heterotis niloticus appartenant à la famille des Ophioglossidae. Les résultats des analyses ont mis en évidence que ces espèces introduites, adaptées aux conditions hydrologiques locales, abondent dans le plan d’eau aux dépens des espèces autochtones et endémiques. Mots clés : capture, espèce autochtone, espèce introduite, exploitation, filet maillant, lac, pêche, plan d’eau, poisson, population piscicole

ABSTRACT The lake ecosystem has ecologic and economic value. It contains an invaluable tank of fish resources which produce a life source and subsistence food for the local population. The pressures and the threats which weight on them have consequences on the composition of the fish population. The social insecurity and the remarkable remoteness of the study sites constitute a greater obstacle to the economic exploitation of resources. To Madagascar, the researches undertaken in the wet zones are still insufficient. They have been benefited only for a limited attention comparing to the multiple existing environmental actions. For a reasonable goal, an investigation has been managed in the Region of Melaky. It was focused on a study of potentiality and assessment of fish products of the ecosystem of the lake Mankoy. The study site is located precisely in the District of Antsalova, Rurale commune of Soahany. To get the necessary informations, the inventory method was been carrying out. The relative informations had been taken like the hydrologic and biologic parameter of capture. Three hypothesis have been formulated to reach the objectives of the study. The investigation results showed that three species belonging to three different families are the more exploited. They are all introduced species namely the family of Cichlidae represented by Oreochromis niloticus, Ophiocephalus striatus from the family of Ophiocephalidae and Heterotis niloticus belonging to the family of Ophioglossidae. The analysises results show that these introduced species, adjusted to the local hydraulic conditions, abound in the water plan costing to autochthon and endemic species. Key words: capture, autochthon, introduced species, exploitation, stitch net, lake, fishing, water plan, fish, fishing population

REMERCIEMENTS

Si ce travail a pu voir le jour c’est en très grande part grâce à Dieu qui nous a donné la force, le courage ainsi que les connaissances. Cette recherche a pu être effectuée grâce aux moyens mis à notre disposition par le projet FFEM-Biodiversité. Notre reconnaissance s’adresse également à tous ceux qui nous ont aidé de leurs conseils et de leurs observations, et ont facilité la réalisation matérielle de ce livre, plus particulièrement à : • Monsieur Jean de Neupomuscène RAKOTOZANDRINY, Docteur ès Sciences, Professeur titulaire, Directeur Scientifique de la formation troisième cycle à l’ESSA (École Supérieure des Sciences Agronomiques), qui malgré ses lourdes responsabilités nous a fait le grand honneur de présider le jury de ce mémoire. • Monsieur Georges RAFOMANANA, Docteur ès Sciences, Directeur de Recherche à l’ESSA, qui a suivi de près ce travail et n’a pas ménagé ses efforts pour nous diriger et encourager tout au long de l’élaboration de ce mémoire. • Monsieur Harimanana ANDRIAMBAHOAKA, chef du projet FFEM- Biodiversité (mise en place de projets de protection et de valorisation de la biodiversité), pour l’intérêt qu’il a témoigné à notre recherche. • Monsieur Rejo Robert ANDRIAMANANJARA, Enseignant Chercheur à l’ESSA qui a accepté de siéger parmi les membres de jury. Nos plus vifs remerciements s’adressent aussi : • Au personnel du projet FFEM-Biodiversité qui nous a encouragé pendant la rédaction de ce mémoire. • Au projet FFEM-Biodiversité d’avoir accepté la totalité du support financier et matériel alloué à la réalisation de ce mémoire. Nous tenons également à adresser notre profonde reconnaissance • Aux gens du village d’Ampananira qui ont contribué activement à la bonne marche de notre travail. • A toutes et à tous les professeurs de l’ESSA qui nous ont transmis leur savoir et leur connaissance pendant notre année d’études. • A ma famille et à mes amis qui m’ont soutenu moralement et financièrement. • Aux dirigeants du Campus Ministry-Jeunesse en Mission. Sans votre dévouement, il est certain que ce mémoire n’aurait pas eu lieu. • Aux staffs et aux étudiants du 2nd UDTS (University Discipleship Training School) qui ont prié pour la réalisation de ce travail. Nous tenons à remercier ici tous ceux qui de près ou de loin ont contribué à l’organisation et au bon déroulement de cette recherche.

GLOSSAIRE

Biotope : milieu physique et chimique dans lequel vivent les végétaux et les animaux. Ce milieu est l'élément non vivant, ou abiotique, de l'écosystème. Il renferme la totalité des ressources nécessaires à la vie. Dans un lac, il est composé d'eau et de substances dissoutes (oxygène, gaz carbonique et sels minéraux).

Cuesta : relief de côte où le pendage des couches géologiques est faible et où alternent couches dures et couches tendres

Eutrophisation : enrichissement d’un milieu aquatique (lac, réservoir, cours d'eau ou rivage marin) en sels minéraux, entraînant une prolifération des plantes aquatiques.

Fagne : petit marais

Filet dormant : on laisse en place le filet maillant pendant un certain temps et dans lequel les poissons viennent se prendre

Filet maillant : engin de pêche dans lequel le poisson se maille, c’est-à-dire se prend généralement par les ouïes

Lac : nappe d’eau non courante, de surface importante et assez profonde, ne communiquant jamais avec la mer

Longueur standard : distance entre la bouche et le pédoncule caudal

Longueur totale : distance entre la bouche et la nageoire caudale

Marais : dépression dont le fond plus ou moins imperméable retient l’eau et qui n’a pas d’écoulement. Le terrain est saturé d’eau et envahi par des plantes

Marécage : milieu humide et tourbeux où l’écoulement d’eau n’existe pas

Tourbière : écosystème de marécage où la matière organique se crée plus rapidement qu'elle ne se décompose, entraînant l'accumulation de substance végétale partiellement décomposée. Ce matériau est appelé tourbe.

TABLE DES MATIERES

LISTE DES ABREVIATIONS ...... i LISTE DES CARTES ...... ii LISTE DES PHOTOS LISTE DES FIGURES LISTE DES TABLEAUX ...... iii

INTRODUCTION...... 1

Partie I : CONTEXTE ACTUEL ET PROBLEMATIQUES ...... 3

1-Contexte 1-1-Cadrage de l’étude 1-2-Généralité 2-Présentation du milieu d’étude...... 4 2-1-Milieu physique 2-1-1-Localisation 2-1-2-Climat ...... 6 2-1-3-Hydrologie 2-1-4-Topographie...... 8 2-1-5-Pédologie ...... 10 2-2-Flore et faune 2-2-1-Végétation 2-2-2-Faune ...... 11 2-3-Milieu social et économique...... 12 2-3-1-Milieu social 2-3-1-1-Démographie 2-3-1-2-Typologie des acteurs locaux ...... 13 2-3-1-2-1-Types d’acteurs par tranche d’age 2-3-1-2-2-Types d’acteurs par activités 2-3-1-3-Organisation sociale ...... 14 2-3-1-3-1-«Ràza » 2-3-1-3-2-«Fokoa »...... 15 2-3-1-3-3-«Fàta » 2-3-1-3-4-Structure spatiale du village 2-3-1-3-5-Migrants 2-3-1-4-Capacité associative...... 16

2-3-1-5-Us et coutumes 2-3-1-6-Mode de vie ...... 17 2-3-1-7-Relation sociale ...... 19 2-3-1-8-Système de pouvoir ...... 20 2-3-2-Cadre économique 2-3-2-1-Echanges dominés par le troc 2-3-2-2-Principales activités économiques ...... 21 2-3-2-2-1-Riziculture 2-3-2-2-2-Maïs et manioc et autres cultures ...... 22 2-3-2-2-3-Elevage...... 23 2-3-2-2-4-Pêche 2-3-2-3-Infrastructures de base...... 26 2-3-2-3-1-Education 2-3-2-3-2-Santé 2-3-2-3-3-Moyens de communication ...... 27 3-Problématiques

Partie II : METHODOLOGIE ET SRATEGIE D’APPROCHE ...... 30

1-Objectifs 2-Hypothèses de travail 3-Méthodologie d’approche ...... 32 3-1-Enquêtes 3-1-1-Enquête par questionnaire 3-1-2-Entretien...... 33 3-1-3-Recherche participative 4-Stratégie d’approche 4-1-Recherche bibliographique 4-2-Choix du site d’investigation...... 34 4-3-Facteurs abiotiques ...... 35 4-3-1-Température de l ‘eau 4-3-2-Oxygène dissous et pH ...... 37 4-3-3-Turbidité de l’eau...... 38 4-3-4-Salinité 4-3-5-Profondeur de l’eau 4-4-Facteurs biotiques...... 39 4-4-1-Végétation

4-4-2-Faune 4-4-2-1-Plancton 4-4-2-2-Inventaire ichtyologique...... 40 4-4-2-3-Echantillonnage 4-4-2-4-Matériels et méthodes de pêche : le filet maillant pour la capture des poissons ...... 41 4-4-2-5-Paramètres biologiques 4-4-2-5-1-Identification des captures 4-4-2-5-2-Mensuration des captures 4-4-2-5-3-Poids des captures ...... 42 4-4-2-5-4-Dissection 5-Méthodes d’analyses ...... 43 5-1-Traitement et analyse des données 5-1-1-Données quantitatives 5-1-2-Données qualitatives 5-1-3-Abondance et quantité capturée par espèce 5-1-4-Estimation de la potentialité ...... 44 6-Matériels utilisés 7-Limites de la méthodologie...... 46 7-1-Contraintes temps 7-2-Contraintes matérielles

Partie III : RESULTATS, ANALYSES, DISCUSSIONS ET PERSPECTIVES D’AVENIR ...... 48

A-Résultats et analyses des enquêtes 1-Diversité ethnique 2-Niveau d’instruction 3-Age de performance ...... 49 4-Taille du ménage...... 50 5-Typologie des pêcheurs 6-Moyens de production...... 51 6-1-Filet maillant 6-2-Nasse 6-3-Ligne 6-4-Pirogue 7-Activité de pêche...... 52 8-Utilisation des ressources...... 53

B- Résultats et interprétation des échantillonnages 1-Facteurs abiotiques 1-1-Paramètres physiques et chimiques 1-1-1-Température de l’eau 1-1-2-Turbidité et profondeur de l’eau ...... 54 1-1-3- pH ...... 55 1-1-4- Oxygène dissous ...... 56 1-1-5- Salinité...... 57 2-Facteurs biotiques 2-1-Flore 2-1-1-Plantes supérieures ...... 58 2-1-2-Phytoplancton ...... 60 2-2-Faune ...... 61 2-2-1-Zooplancton 2-2-2-Poissons 2-2-2-1-Détermination qualitative 2-2-2-2-Biologie des familles de poissons recensées ...... 63 2-2-2-2-1-Famille des Cichlidae 2-2-2-2-2-Famille des Ophiocephalidae...... 64 2-2-2-2-3-Famille des Ophioglossidae 2-2-2-2-4-Famille des Mugilidae...... 65 2-2-2-2-5-Famille des Ariidae ...... 66 2-2-2-2-6-Famille des Anguillidae 2-2-2-2-7-Famille des Elopidae 2-2-2-2-8-Famille des Gobiidae ...... 67 2-2-2-2-9-Famille des Eleotridae 2-2-2-2-10-Famille des Chanidae 2-2-2-2-11-Famille des Palemonidae 2-2-2-2-12-Famille des Scyllaridae ...... 68 2-2-2-2-13-Famille des Dussumieridae 2-2-2-2-14-Famille des Ambassidae 2-2-2-2-15-Famille des Carangidae ...... 69 2-2-2-2-16-Famille des Chaetodontidae 2-2-2-3-Composition spécifique 3-Résultats des pêches expérimentales...... 70 3-1-Composition spécifique des captures 3-2-Répartition des captures par sexe ...... 71

3-3-Croissance...... 72 3-4-Abondance relative des espèces capturées ...... 74 3-5-Equilibre des espèces...... 75 4-Analyses des pêches de sondage ...... 76 5-Estimation de la potentialité du lac ...... 77 C-Discussions...... 78 1-Comparaison des facteurs abiotiques et biotiques du lac Mankoy avec les autres lacs de l’Ouest 1-1-Paramètres physiques et chimiques 1-1-1-Température de l’eau 1-1-2-Turbidité 1-1-3-Profondeur de l’eau...... 79 1-1-4-pH 1-1-5-Oxygène dissous ...... 80 1-2-Faune 1-3-Potentialité...... 81 D-Proposition d’un plan de gestion et d’aménagement...... 82 1-Méthodologie d’approche 2-Stratégie d’application 2-1-Aménagements sociaux 2-1-1-Vie associative 2-1-2-Promotion des initiatives locales ...... 83 2-1-3-Création de capacité en identification des besoins et formulation de propositions 2-1-4-Information, formation, sensibilisation et éducation environnementale 2-1-5-Renforcement de la cohésion sociale...... 84 2-2-Préservation de la forêt environnante 2-2-1-Maintien de la gestion traditionnelle 2-2-2-Reboisement 2-3-Aménagement de la pêcherie...... 85 2-3-1-Réglementation des mailles utilisées 2-3-2-Amélioration des techniques de captures 2-3-3- Création de zone de frai 2-3-4- Fermeture de pêche annuelle ...... 86 2-3-5-Contrôle, suivi et surveillance 2-3-6-Maintien de la gestion traditionnelle 3-Résultats attendus...... 87 4-Mesures d’accompagnement

5-Perspectives d’avenir ...... 88 RECOMMANDATIONS...... 89

CONCLUSION GENERALE ...... 91

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ...... 93

ANNEXES ...... 97

LISTE DES ABREVIATIONS

ANGAP : Association Nationale pour la Gestion des Aires Protégées

BCPA : Bureau de Consultation sur la Pêche et l’Aquaculture

DWCT: Durell Wildlife Conservation Trust

ESSA: Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques

FAO: Food and Agriculture Organization

FFEM: Fonds Français pour l’Environnement Mondial

FIMILOVA : Fikambanana Miaro ny Loharanonkarena Voajanahary Ampananira

FRAM : Fikambanan’ny Ray Aman-drenin’ny Mpianatra

INSTN : Institut National des Sciences et Techniques Nucléaires

MAEP : Ministère de l’Agriculture de l’Elevage et de la Pêche

ONE : Office National pour l’Environnement

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

PNUE : Programme des Nations Unies pour l’Environnement

PPN : Produit de Première Nécessité

UPDR : Unité de Politique de Développement Rural

VOI : Vondron’Olona Ifotony

i LISTE DES CARTES

Carte n°1 : Localisation de la zone d’études ...... 5 Carte n°2 : Localisation des plans d’eau ...... 7 Carte n°3 : Occupation des sols ...... 9 Carte n°4 : Localisation des stations de prélèvement...... 36

LISTE DES PHOTOS

Photo n°1 : Lac Mankoy...... 8 Photo n°2 : Lieu de pêche et lieu de prélèvement d’Etrevo ...... 8 Photo n°3 : « Trano an-tanimbary” ...... 17 Photo n°4 : Pratique du « fidoboka »...... 18 Photo n°5 : Fruits de Etrevo ...... 19 Photo n°6 : Repiquage...... 22 Photo n°7 : Transport des plants de riz en « dokodoko »...... 22 Photo n°8 : Habitation des immigrants merina à Anosibe...... 24 Photo n°9 : Traversée du lac à pied...... 35 Photo n°10 : Thermomètre aquatique...... 36 Photo n°11 : Piluliers...... 36 Photo n°12 : Disque de SECCHI...... 37 Photo n°13 : Profondimètre...... 37 Photo n°14 : Filet à plancton ...... 39 Photo n°15 : Ophiocephalus striatus mesurée à l’aide d’un mètre ...... 41 Photo n°16 : Peson ...... 41 Photo n°17 : Pesage des captures ...... 41 Photo n°18 : Balance ...... 41 Photo n°19: Oreochromis niloticus ...... 62 Photo n°20: Heterotis niloticus ...... 64

LISTE DES FIGURES

Figure n°1 : Répartition par sexe de la population ...... 12 Figure n°2 : Répartition ethnique de la population ...... 13 Figure n°3 : Répartition par activité de la population ...... 14 Figure n°4 : Niveau d’instruction de la population ...... 48 Figure n°5 : Age de performance de la population...... 48 Figure n°6 : Taille du ménage ...... 49

ii Figure n°7 : Evolution de la température de l’eau...... 53 Figure n°8 : Répartition de la turbidité...... 54 Figure n°9 : Evolution du pH ...... 55 Figure n°10 : Evolution de la teneur en oxygène dissous...... 56 Figure n°11 : Composition spécifique des captures ...... 69 Figure n°12 : Proportion des captures par espèce...... 70 Figure n°13 : Répartition des captures par sexe ...... 71 Figure n°14 : Evolution de la croissance pondérale ...... 72 Figure n°15 : Evolution de la croissance linéaire...... 72 Figure n°16 : Abondance relative des espèces ...... 73 Figure n 17 : Abondance relative de la taille des captures ...... 74 Figure n°18 : Abondance relative du poids des captures

LISTE DES TABLEAUX

Tableau n°1 : Tranche d’âge de la population...... 13 Tableau n°2 : Rappel des objectifs et des hypothèses ...... 31 Tableau n°3 : Taux d’échantillonnage ...... 47 Tableau n°4 : Inventaire des plantes supérieures ...... 58 Tableau n°5 : Groupe phytoplanctonique...... 59 Tableau n°6 : Groupe zooplanctonique...... 60 Tableau n°7 : Liste des espèces de poissons présentes au lac Mankoy...... 61 Tableau n°8 : Répartition des familles présentes ...... 62 Tableau n°9 : Résultats des mesures biométriques...... 71 Tableau n°10 : Classification des eaux douces suivant la température ...... 77 Tableau n°11 : Valeurs de la turbidité dans les trois lacs...... 77 Tableau n°12 : Valeurs du pH dans les trois lacs ...... 78 Tableau n°13 : Teneur en oxygène dissous dans les trois lacs ...... 79 Tableau n°14 : Composition spécifique de la faune aquatique dans les trois lacs ...... 79 Tableau n°15 : Production des trois lacs ...... 80 Tableau n°16 : Récapitulation des différentes interventions pour chaque objectif ...... 85

iii

Introduction

Les écosystèmes des zones humides font partie du patrimoine naturel. Les valeurs qu’ils procurent sont le reflet des nombreuses fonctions telles que les réservoirs de diversité biologique et les produits qui peuvent être exploités par l’homme que sont les produits halieutiques (Ramsar, 2000). Selon l’article premier de la Convention de Ramsar en 1971, les zones humides sont définies comme des étendues de marais, de fagnes, de tourbières ou d’eaux naturelles ou artificielles, permanentes ou temporaires, où l’eau est stagnante ou courante, douce, saumâtre ou salée, y compris des étendues d’eau marine dont la profondeur à marée basse n’excède pas six mètres.

Madagascar, Ile continent, en raison de son relief et de ses régimes pluviométriques, présente une multiplicité des écosystèmes aquatiques sur une surface réduite. L’eau revêt une importance de par son abondance (ANGAP, 1998). Les zones humides y sont largement répandues, existant même dans les zones extrêmement arides et s’étendant des régions littorales aux régions montagneuses (Safford, 2000) en l’occurrence dans la région du Melaky, plus précisément dans la sous-préfecture d’Antsalova où cet écosystème connaît une importance assez particulière à Soahany. Selon Rafomanana (1994), la façade occidentale, région des plans d’eau intérieurs à rendement assez élevé en poissons, constitue des potentialités estimées importantes pour satisfaire les besoins locaux et c’est un fournisseur de produits halieutiques. Aucun recensement des zones humides de Madagascar n’a encore été effectué (Safford, 2000).

Cet écosystème abrite une partie importante de la diversité physique et biologique mais est également le point de départ des conflits de gestion de ressources les plus difficiles qui soient. Ceci est dû avant tout au fait qu’il est hautement sensible aux changements (Safford, 2000). Les zones humides et la biodiversité aquatique en général sont sujettes à de nombreuses menaces à Madagascar, le plus souvent du fait des activités humaines et annuellement en raison des catastrophes naturelles en saison de fortes pluies.

De plus, malgré la multiplicité des activités environnementales de ces dernières décennies, les zones humides d’eau douce n’ont reçu qu’une attention limitée. C’est la raison pour laquelle le FFEM a décidé d’orienter ses actions sur une approche intégrée concernant toutes les potentialités de la région d’Antsalova en vue de la conservation de cet écosystème aquatique et surtout l’exploitation durable des produits halieutiques à Soahany.

C’est dans cette optique que le Projet FFEM-Biodiversité, en collaboration avec l’ESSA-Forêt, a mis au point une recherche intitulée « Etude de potentialité et de valorisation des produits halieutiques des zones humides, cas du lac Mankoy à Soahany. »

1

Cette étude consiste à déterminer la potentialité en produits halieutiques du lac afin d’avancer une stratégie de valorisation des exploitations. Spécifiquement, elle essaie d’évaluer l’état de l’effort de pêche dans l’écosystème lacustre en ressources halieutiques. Dans le même ordre d’idées, l’identification des acteurs locaux, la connaissance du mode de valorisation des ressources existantes, la compréhension des interrelations et l’analyse des techniques de gestion traditionnelle vont contribuer à une proposition d’un plan stratégique de gestion responsable des ressources naturelles renouvelables économiquement viable et socialement acceptable pour un développement durable.

Le présent travail comporte trois parties. La première partie est consacrée au contexte actuel et problématiques. La deuxième partie essaie de mettre en exergue la méthodologie et la stratégie d’approche; et la troisième partie se réserve à l’analyse et aux discussions des résultats suivis des perspectives d’avenir.

2

Partie I- Contexte actuel et problématiques

Cette partie tente de dégager le contexte dans lequel cette étude a été menée, d’une part et d’autre part elle va traiter le milieu physique et le contexte social et économique dans lesquels se trouve la zone d’études. Sa situation géographique permet de déterminer ses caractéristiques climatique, hydrologique et géomorphologique qui conditionnent les types de faune et de flore existants. De par ce contexte physique, la population autochtone a adopté leur propre mode de vie et de production qui est basé sur l’exploitation primaire des ressources qui leur sont allouées. Partant de la connaissance du milieu naturel ainsi que de la réalité sur terrain, des problématiques auxquelles sont soumises l’étude vont être identifiées afin d’avancer les objectifs et les hypothèses y afférents.

1-Contexte

1-1-Cadrage de l’étude

Dans le cadre des interventions du projet FFEM – Biodiversité à Antsalova, la Commune rurale de Soahany a été désignée, dans le cadre de la convention élaborée avec les trois autres projets environnementaux intervenants à Antsalova (Programme Bemaraha, The Peregrine Fund, DWCT), comme zone d’intervention prioritaire dans la sous préfecture. A cet effet, des recherches plus appropriées s’avèrent nécessaires afin de contribuer scientifiquement et techniquement à la concrétisation des interventions envisagées.

1-2-Généralité

La pêche intérieure est soumise à des facteurs plus favorables, le principal étant la multiplicité des plans d’eau continentale de l’Ile et leur répartition sur toute la superficie de cette dernière ; les plans d’eau représentent 1% de la surface du pays (Moreau, 1972)

La Province Autonome de Mahajanga qui occupe plus de la moitié des terrains sédimentaires de Madagascar d’une superficie de 15.049.100 ha est très riche en plans d’eau naturels ou artificiels. Les recensements faits par Kiener (1963) et le Service Provincial des Ressources Halieutiques de Mahajanga (1991) ont permis d’identifier 763 plans d’eau couvrant une superficie totale de 64.408 ha. La production de 2000 est estimée à 12.000 t et la potentialité est évaluée à 15.509 t (BCPA, 2002).

3

Riche en cours d’eau, la Commune rurale de Soahany présente une potentialité en eau inestimable du fait du régime annuel bien alimenté. D’autant plus que l'Ouest de Madagascar est caractérisé par l'existence de multiples plans d'eau superficiels appelés localement « Ranovory ».

Le village d’Ampananira peut être considéré comme une zone à vocation piscicole en tenant compte de la superficie de la zone lacustre d’environ 200 ha et de celle des marais. 18 « ranovory » ont été inventoriés dans le site d’études dont le plan d’eau Mankoy occupe la plus grande superficie avec 50 ha. L’essentiel des activités agricoles s’y effectue, plus précisément la production rizicole, ainsi que l’exploitation des ressources par la pratique de la pêche. A cet effet, ce milieu aquatique a attiré une concentration de population en relation avec le système de production. Certes, la pêche continentale demeure encore au stade de subsistance à caractère familial. La prédominance de la riziculture au niveau de l’économie locale associée à l’enclavement très marqué du village limite le développement d’une activité de pêche à caractère lucratif.

Le village d’Ampananira dans la Commune rurale de Soahany présente un potentiel important de plans d’eau lacustres dans lesquels la population locale tire son apport protéinique et ses revenus par l’exploitation de ce milieu. Une étude axée sur la potentialité et la valorisation des ressources halieutiques s’avère indispensable dans le but de connaître aussi bien la richesse ichtyque que l’exploitation du peuplement piscicole dans une optique de pérennisation de l’activité de pêche.

2-Présentation du milieu d’étude

2-1-Milieu physique

2-1-1-Localisation

Sur le plan géographique, le village d’Ampananira se situe entre 44° 20’ et 44° 33’ de longitude Est et 18° 51’ et 19° 05’ de latitude Sud, (carte n°1). Administrativement, il appartient au Fokontany de Mokotibe, à la Commune rurale de Soahany, au District d’Antsalova -Région du Melaky. Il se trouve au Nord-Ouest du District.

La Commune rurale de Soahany fait partie des 5 Communes du District d’Antsalova. Elle se situe à 75 km à l’Ouest d’Antsalova et à 130 km au Sud de . Elle est délimitée par les Communes rurales d’ (District de Maintirano) au Nord, de Masoarivo au Sud, d’Antsalova à l’Est et par le Canal de Mozambique à l’Ouest.

4

Carte n°1 : Localisation de la zone d’études

N N

Source : FFEM, 2005

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La voie d’accès est constituée par une route secondaire. Durant la période de pluie « Asara », elle est presque inaccessible aux voitures.

Avec ses 7 fokontany, elle s’étend sur une superficie de 1134,23km2. Elle présente plusieurs sites d’intérêts biologiques et écologiques tels que le massif forestier de Tsianimpiha, les lacs, les zones côtières, la mer et la mangrove de Soahany (ONG FITAFAM, 2003).

2-1-2-Climat

Le climat de la région d’Antsalova est du type tropical sec caractérisé par deux saisons bien distinctes: saison sèche (du mois avril au mois d’octobre) et la saison pluvieuse (du mois de novembre au mois de mars). Durant la période de pluies, cette région enregistre annuellement 1200 mm de précipitations. Ces dernières grossissent la Soahany et provoquent parfois des inondations. La saison sèche dure sept à huit mois pendant lesquels le mois d’août est le plus sec, contrairement au mois de janvier, le plus arrosé.

La température moyenne annuelle varie entre 24°C et 28°C. Le mois de janvier est le plus chaud avec une température moyenne de 28°C. Le mois de juin, dont la moyenne de température est de 20°C, reste le mois le plus froid (FFEM, 2004).

2-1-3-Hydrologie

Le fleuve Soahany draine toutes les dépressions de la région. Son débit est très variable. En saison sèche, seuls les cours d’eau provenant des régions sableuses lui apportent de l’eau. Le début des crues en janvier coïncide au mois de plus grande pluviosité. Son débit augmente très rapidement. Le fleuve déborde et inonde pratiquement toute la zone alluviale. Il alimente le lac Mankoy dont le niveau remonte lors des années pluvieuses.

La structure hydrologique comprend deux systèmes : le milieu lotique et le milieu lentique. Le milieu lotique correspond au milieu d’eau courante tel que le fleuve Soahany, le principal cours d’eau de la zone, la rivière Berenty utilisée comme canal d’irrigation des bas- fonds et d’abreuvoir pour les animaux et les ruisseaux à forêts galeries avec les « ranovory ».

Le milieu d’eau stagnante ou dormante encore appelé milieu lentique dans la zone d’étude est composé de lacs, de marécages, de marais. Ces eaux stagnantes sont souvent en relation, soit directement, soit par l’intermédiaire des nappes phréatiques, soit encore

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temporairement (inondation) (ONE et al., 1996). La présence de plusieurs lacs et/ou « ranovory » (encadré dans la carte n°2) offrent des atouts économiques dont les plus importants sont Antsoha, Ankirio et aussi Mankoy. En outre, ces plans d’eau sont très poissonneux dans la zone d’études. Les cyclones « Gafilo » et « Elita » en 2003 ont considérablement augmenté leur nombre et proportion à cause des pluies diluviennes qu'ils ont amenées.

Carte n°2 : Localisation des plans d’eau

Source : FFEM, 2003

Le plan d’eau Mankoy

Selon la classification des milieux lentiques malgaches (Elouard in ONE, 1996), Mankoy fait partie du groupe des lacs de plaines qui sont caractérisés par une faible profondeur et se concentrent souvent dans les zones de drainage mal assuré. Leurs superficies augmentent considérablement en saison des pluies.

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En effet, Mankoy est une dépression alimentée à la fois par la nappe phréatique et les précipitations lors de la période de crues du ruisseau Kingalava, affluent du fleuve Soahany. Il est presque entièrement colonisé par une plante aquatique appelée Nymphaea stellata ou Etrevo. Il est bercé directement par des forêts dégradées à mokombe (Enterospermum resinosum), sely (Grewia spp), mokonazy (Ziziphus mauritiana) dans la partie Nord-Est et Sud-Ouest. Le reste est occupé par des savanes avec des éléments ligneux (carte n°3). Pendant la période de pluies, ce plan d’eau double de superficies et de profondeur dont cette dernière atteint au minimum 3 m.

Cette unité constitue à la fois un lieu de pêche et un lieu de prélèvement d’« etrevo » dont les graines servent d’aliment de substitution au riz durant la période de soudure. Plus les pluies diminuent, plus ce plan d’eau s’assèche. Le pourtour est ainsi utilisé pour la riziculture de décrue, principale activité de la population (photos n°1 et 2).

Photo n°1 : Lac Mankoy Photo n°2 : Lieu de pêche et lieu de prélèvement d’« Etrevo »

Au premier plan, lac Mankoy colonisé par Nymphaea A côté da la pirogue, une personne est en train de stellata, au second plan riziculture de décrue et « trano se courber pour prélever des fruits de Nymphaea antanimbary »sur le retrait des eaux, arrière plan forêt stellata dégradée

Source : Auteur, juin 2006

2-1-4-Topographie

De l’intérieur vers la côte, de vastes plateaux s’abaissant doucement en plaine côtière dominent dans la Commune de Soahany. L'allure générale du relief de cuesta et de plateaux alternant avec des dépressions disposées en auréoles concentriques a été façonnée par l’érosion sélective du réseau hydrographique (MAEP et al., 2003). L'altitude y est généralement inférieure à 300 m (Besairié, 1973), donc c’est un terrain à pente très faible.

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Carte n°3 : Occupation des sols

N

Source : FFEM, 2005

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2-1-5-Pédologie

Géologiquement, cette zone appartient aux formations sédimentaires dues aux dépôts pliocènes continentaux et des épandages plus récents, recouverts d’une carapace argilo- sableuse ou appelée aussi sables roux. Pédologiquement on y rencontre les types de sols suivants :

• sols sur glacis conservés avec sols ferrugineux, rouge et jaune, non lessivés à concrétions ou pas et ; • sols en bordure des talwegs et des vallées secondaires composés de sols peu évolués sur alluvions, sols hydromorphes de type vertique ou paravertisols, sols ferrugineux rouges ou jaunes lessivés, sols jaunes et rouges à concrétions et sols jaunes et rouges sur glacis (FFEM, 2004).

2-2-Flore et faune

2-2-1-Végétation

D’après KOECHLIN en 1974 (in FFEM, 2004), la forêt d’Ampananira fait partie de la région biogéographique occidentale (Région de l’Ouest) et du domaine phytogéographique de l’Ouest.

En général, quatre types de formation végétale se trouvent à Ampananira (FFEM, 2004):

9 la forêt dense sèche peu dégradée dominée par les essences suivantes : « Arofy » (Commiphora sp), « Manary » (Dalbergia sp), « Hazomalany » (Hazomalania voyroni), « Katrafay » (Cedrelopsis grevei) ; 9 la forêt dense sèche dégradée avec des espèces pionnières comme « Mokombe » -Enterospermum resinosum-, « Sely » -Grewia sp-, « Mokonazy » - Ziziphus mauritiana, et comme source principale de tubercules alimentaires tels que « Antaly » -Dioscorea antaly-, « Sosa » -Dioscorea soso-, « Oviala » -Dioscorea sp- , « Kabija » ou « Tavolo » -Tacca pinnata ;

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9 la formation secondaire constituée par des savanes avec éléments ligneux avec ou sans palmiers. Elle est caractérisée par un mélange discontinu d’espèces herbacées (Aristida sp, Hyparrhenia sp, Heteropogon spp, Imperata cylindrica) et d’espèces ligneuses tels que le « Sakoa » -Poupartia caffra- « Mokonazy » -Ziziphus mauritiana- « Mantalajy » -Acridocarpus excelsus-. Quelque fois on y trouve des palmiers comme « Satra » -Hyphaenae shatan–, « Mokoty » -Bismarkia nobilis- et « Kalalo » -Dypsis sp. et ;

9 la végétation aquatique dans les lacs et zone marécageuse temporairement inondée : à part les graminées, on y trouve généralement des « Mokoty » -Bismarkia nobilis-, « Dimaky » -Borassus madagascariensis-, « Kalalo » – Dypsis sp –Parmi les espèces, soit en bordure soit à l’intérieur des lacs, on note la présence d’« etrevo » - Nymphaea stellata, « Kalalo » – Dypsis sp -, « Vondro » -Cyperus sp., « Bararata » – Nastus phragmites.

Physionomiquement, la majorité des espèces forestières sont des espèces caducifoliées (espèces qui perdent leurs feuilles durant la saison sèche), néanmoins certaines ont des feuilles persistantes à tendance vers la sclérophyllie pour l’adaptation à la longue saison sèche.

2-2-2-Faune

La Commune présente une grande diversité faunistique aussi bien aquatique que terrestre. Les caractéristiques du régime pluviométrique et du tracé hydrographique favorisent la formation de différents plans d’eau qui sont des habitats privilégiés de diverses espèces de poissons.

Dans la forêt sèche, la plupart des classes du règne animal y sont représentées. On y trouve en abondance des espèces aviaires comme Numiia mitrata (Akanga), Margaroperdrix madagascariensis (Tsipoy), Bubulcus ibis (Vorompotsy).

Des reptiles du groupe Ophidiens : Acrantophis sp. (Do) Lioheterodon madagascariensis, et du groupe des Sauriens : Chalarodon madagascariensis peuvent y être rencontrés.

Des Mammifères y vivent aussi: Propithecus verreauxi (Sifaka),, Eulemur fulvus (Varika), Lepilemur ruficaudatus (Boengy), Potamocherus larvatus (Lambo), Tenrec ecaudatus (Trandraka).

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2-3-Milieu social et économique

2-3-1-Milieu social

2-3-1-1-Démographie

Selon le dernier recensement de la Commune en 2002, le nombre de la population à Soahany est estimé à 3742 habitants dont 51,20% de femmes et 48,80% d’hommes (figure n°1). Les Sakalava représentent l’ethnie majoritaire avec 62% de la population totale, suivis des Antaisaka 27%, 6% d’Antaimoro, et le reste est composé de Betsileo et de Merina et une minorité d’Antandroy (figure n°2). Cet hétéroclisme de la population a fait apparaître les notions de « tompontany » ou autochtones et « mpiavy » ou bien les immigrants.

Figure n°1 : Répartition par sexe de la population

Femmes 48,80% 51,20% Hommes

Source : FITAFAM, 2003

L’accroissement démographique reste relativement bas, qui est à l’ordre de 1,5% à 2% par an malgré le flux migratoire et le nombre des autochtones. Un ménage est composé en moyenne de 4 à 5 personnes

Sur une superficie de 1134,23 km2, une très faible densité est observée qui est de l’ordre de 3,30 habitants au km2. De fortes concentrations de la population se trouvent dans le chef-lieu de la Commune, au niveau des campements ou villages, plus précisément autour des bas-fonds à vocation agricole ou lieu de riziculture.

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Figure n°2 : Répartition ethnique de la population

5% 6%

Sakalava Antesaka 27% Antemoro 62% Betsileo-Merina

Source : FITAFAM, 2003

2-3-1-2-Typologie des acteurs locaux

2-3-1-2-1-Types d’acteurs par tranche d’age

Pour tous les types d’activités, une proportion assez moins élevée de 31% des populations actives entre 18 à 60 ans (tableau n°1) est à noter. Par contre, ce taux se voit renforcé par le taux de 44,65% des jeunes entre 6 et 17 ans en situation de déscolarisation. Et ils vont forcément devenir dès leur jeune âge des gardiens de zébus ou de main-d’œuvre (FITAFAM, 2003).

Tableau n°1 : Tranche d’âge de la population

Tranche d’âge 0-5 ans 6-17 ans 18-60 ans

Pourcentage 24,35 44,65 31

Source : FITAFAM, 2003

2-3-1-2-2-Types d’acteurs par activités

Vu que la région est favorable aux activités agro-pastorales, les acteurs locaux sont constitués principalement de 90% d’agriculteurs - éleveurs de bovins.

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Les 10% de la population ne font que l’élevage de bovins (figure n°3). Les Sakalava sont les grands éleveurs de zébus de type extensif.

Figure n°3 : Répartition par activité de la population

10%

Agriculteurs-éleveurs Eleveurs

90%

Source : FITAFAM, 2003

Les immigrants, les Antaisaka du premier rang, les Betsileo, et les Antaimoro ont amené avec eux leurs pratiques rizicoles qui ont modifié les habitudes alimentaires et l’économie de la région. Les techniques extérieures qu’ils apportent sont adoptées par les Sakalava. De ce fait et par suite de la recrudescence des vols de bœufs, entraînant la diminution du nombre du cheptel, nombreux se sont convertis dans l’agriculture.

2-3-1-3-Organisation sociale

A Ampananira, la population est constituée essentiellement de « Sakalava », originaires de la région. Les migrants sont rares. L’organisation sociale de cette ethnie est fondée sur les liens de parenté qui sont appelés « ràza », « fokoa » et « fàta » (FFEM, 2004).

2-3-1-3-1-« Ràza »

Les Sakalava se distinguent par « ràza ». L’appartenance au « ràza » du père est essentielle, celle de la mère compte moins. Parmi les « ràza », on peut citer Mampiresaka, Marojohary, Makoy et Tsaranga. Ils constituent les différentes hiérarchies claniques.

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Les personnes d’un même « ràza » descendent d’un ancêtre masculin commun. Ce lien de parenté s’étend au-delà des limites des « fokontany ».

2-3-1-3-2-« Fokoa »

Le « ràza » se subdivise en « fokoa », en quelque sorte des familles élargies. Ils appartiennent à des lignées parallèles. A Ampananira, le « fokoa » représente donc le « ràza » puisque les habitants descendent d’un ancêtre commun.

Ces familles d’une lignée parallèle se réfèrent à un « lohaolo » ou encore « olobe » qui est l’aîné vivant de la grande famille. Il jouit d’un capital symbolique supérieur à tous les autres de sa lignée. Ce qui fait de lui en principe la personne la plus écoutée du « fokoa », donc partant du « ràza » dans le « fokontany ».

2-3-1-3-3-« Fàta »

Etymologiquement, le mot « fàta » dérive du mot « fatana » qui signifie foyer. C’est la plus petite unité familiale isolable. Elle peut être assimilée au foyer.

Un « fàta » n’est cependant pas exactement la famille nucléaire en ce sens qu’en dehors des parents et des enfants, il peut y avoir des personnes proches qu’ils hébergent, notamment des femmes avec leurs enfants, ou éventuellement des vieilles personnes ne pouvant plus travailler.

2-3-1-3-4-Structure spatiale du village

Comme il a été mentionné plus haut et d’après la généalogie, Ampananira est constitué par un seul « ràza ». Les habitants forment alors un seul noyau. Actuellement, le village s’est désintégré en groupes de maisons par « ràza ». Cette situation peut engendrer des problèmes sociaux qui créent un obstacle au développement économique de la communauté.

2-3-1-3-5-Migrants

Les migrants ou « mpiavy » sont rares. Dans la plupart des cas, ils sont de sexe féminin. Comme elles se sont mariées avec les Sakalava, elles se considèrent comme appartenant à cette ethnie. Ceux du sexe masculin sont presque inexistants.

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Un migrant peut cependant constituer un foyer. Son implantation doit être approuvée par le « fokoa ».

2-3-1-4-Capacité associative

La présence d’une école primaire a incité les habitants à créer une association des parents d’élèves dénommée FRAM. Elle assure une partie du salaire de l’instituteur. Il s’agit d’une association spontanée, née de l’initiative du « lohaolo ». En échange de l’acceptation de l’instituteur, il lui a laissé une parcelle de rizière à cultiver. Les autres « fokoa » ont suivi par la suite. Ils le ravitaillent à tour de rôle en denrées alimentaires, essentiellement le riz. En dépit de cette initiative, l’instituteur désertait et l’école a dû fermer ses portes.

Dans le cadre de la mise en place de projets de protection et de valorisation durables de la biodiversité, le processus de transfert de gestion des ressources naturelles renouvelables à la population locale est dès lors recommandé.

A cet effet, une association des acteurs locaux ou VOI (Vondron’Olona Ifotony) a été créée dans le but de valoriser et pérenniser ces ressources. FIMILOVA ou Fikambanana Miaro ny Loharanon-karena Voajanahary Ampananira est constituée par les communautés locales bénéficiaires de ce contrat de gestion. Cette association est déjà officialisée.

2-3-1-5-Us et coutumes

Dans la coutume locale, trois rites essentiels sont pratiqués tels que: « tapajaza » ou circoncision, « soronanaky » et enfin « asa lolo » ou rite funéraire. « Soronanaky » marque la reconnaissance d’un jeune garçon par son entrée dans la lignée paternelle, le « ràza »,

Si le premier et le troisième sont certainement généralisés à Madagascar, le deuxième, bien que sans doute pas unique chez les Sakalava, revêt une importance particulière. En fait, le « soronanaky » marque d’une part la reconnaissance légitime du couple par ses parents, mais d’autre part, et ce n’est pas de moindre importance, il marque l’acceptation de toute la descendance du couple vis-àvis du « ràza ».

Ces trois rites donnent lieu à des cérémonies pouvant mobiliser toute la communauté, sans distinction des « ràza » et bien au-delà des limites des « fokontany ».

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2-3-1-6-Modes de vie

Les Sakalava d’Ampananira sont en majorité des agriculteurs qui mènent une vie « nomade ». Cette dernière est liée notamment au régime hydrologique et au mode d’exploitation spatiale. Pendant la saison sèche, les habitants se déplacent dans les bas-fonds, en suivant le retrait des eaux stagnantes pour pratiquer la riziculture de décrue. Pendant la période de pluies, ils campent dans leur village près de la forêt. Cette double habitation dure 8 à 9 mois pour l’habitation à la rizière, de février à mi-décembre et 4 mois au village, de mi- décembre à avril.

De ce fait, deux types d’habitats se rencontrent dans la zone d’étude: « trano an- tanimbary » (maison temporairement construite durant la culture de riz) et « trano ankiaka » ou maison au village. Le plan d’eau Mankoy est entouré par la forêt où se localise cette dernière appelée encore « trano antanà ».

De petite dimension, « trano an-tanimbary » est construite en général avec des bois et des feuilles de « Mokoty » -Bismarkia nobilis- ou de « Dimaky » -Borassus madagascariensis. L’assemblage des différents éléments de l’ossature de cette maison est effectué avec des lianes comme « Vahipindy » -Celastrus sp- ou écorces de Gewia sp. (photo n°3). Photo n°3: « Trano an-tanimbary »

Elles se trouvent au niveau du retrait des eaux stagnantes colonisé par Salicornia sp. Source : Auteur, juin 2006

« Trano antanà » est une maison en « rotsopeta », munie de véranda. L’ossature est constituée de perches, gaulettes, bambous lianes, d’écorces de Tiliaceae, de lianes et de feuilles de « Mokoty » (Bismarkia nobilis) ou des tôles.

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Une minorité de personnes possède des filets au village. Alors les habitants s’organisent. Ceux qui n’en ont pas coopèrent avec les propriétaires de filets. Ils vont pêcher ensemble et se partager les captures. Le « fidoboka » est toujours pratiqué. Il consiste à rabattre les poissons vers les filets pièges tendus (photo n°4). Comme cette ressource halieutique est destinée essentiellement à la consommation, la pêche se pratique quotidiennement jusqu’à ce que le plan d’eau soit tari. Le poisson sert à accompagner les repas composés de riz ou de manioc ou d’autres produits alimentaires.

Photo n°4 : Pratique du « fidoboka »

Deux personnes sont en train de battre l’eau à l’aide d’un bâton

Source : Auteur, juin 2006

En saison de pluies, période pendant laquelle l’inondation des bas fonds dure quelques mois, les villageois se trouvent en situation précaire car ils sont restés enclaver et sans approvisionnement. Et ils sont souvent sous alimentés. Durant cette période d’isolement, après épuisement de leur réserve de récoltes, la forêt reste la seule issue pour assurer leur nourriture par le système de cueillette et de chasse.

Les produits forestiers offrent une source d’alimentation humaine non négligeable pour la population locale ainsi que pour la population riveraine. Les produits forestiers non ligneux les plus exploitées sont : « Antaly » (Discorea antaly), « Etrevo » (Nymphaea stellata), « Tavolo » (Tacca pinnatifida), « Oviala » (Dioscorea acuminata, Dioscorea sp), « Sosa » (Dioscorea soso), miel et « Sora ».

« Antaly » et « Etrevo » (photo n°5) constituent une alimentation de base de la population locale durant la période de soudure. La récolte débute au mois de janvier jusqu’ au mois de décembre. Ces deux ressources se trouvent respectivement dans la forêt dégradée et secondaire et dans les lacs. Quant aux Tavolo et Oviala, ils complètent les deux premiers. Concernant le miel, la récolte est occasionnelle.

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En général, la période de cueillette se trouve entre le mois de février et juin. « Sora » n’est autre que la sève fermentée de « Satra » ou « Mokoty » adultes obtenu par étêtage. Son exploitation constitue une des ressources financières de la population locale.

Photo n°5 : Fruits de « Etrevo » conservés dans un trou

Source : Auteur, juin 2006 2-3-1-7-Relation sociale

En général, dans une société à caractère mono ethnique comme à Ampananira, des problèmes conflictuels majeurs ne se rencontrent que très rarement. S’ils existent, ils sont réglés à l’amiable ou du moins par l’intermédiaire des chefs coutumiers locaux. Les problèmes sociaux résultent en fait d’une contradiction entre les systèmes de production pratiqués par les différents acteurs, d’où le problème de l’utilisation spatiale des terres. Cette contrainte demeure un des conflits souvent majeurs.

En saison sèche, l’élevage extensif de bovin dépend beaucoup des bas-fonds et des dépressions. Par contre, ces espaces sont aménagés en rizières ; ce qui entraîne des désaccords entre les différents acteurs. Afin d’éviter la divagation des bœufs, les riverains ont clôturé le plan d’eau mais quelquefois ces animaux arrivent à endommager ces clôtures.

L’exploitation des ressources au niveau de Mankoy pose des problèmes entre les locaux qui se considèrent comme les détenteurs de celles-ci et les étrangers au village qui y viennent pour prélever plus de fruits d’ « Etrevo » que de poissons.

Les habitants d’Ampananira sont réticents à la présence de ces étrangers puisqu’ils les accusent d’épuiser leurs propres ressources. En ce sens, selon eux, ces personnes n’ont aucune notion de gestion de l’exploitation. En fait, en prélevant les fruits mûrs, elles déracinent cette plante aquatique alors qu’elle porte encore des fruits verts. Concernant la pêche, les habitants ont adopté un mode de gestion du stock qui consiste à exploiter le lac au fur et à mesure des besoins quotidiens de chaque famille.

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La biomasse existante doit être suffisante jusqu’à ce que le plan d’eau soit tari. En d’autres termes, cette mesure a pour but de répartir les exploitations pour permettre à chaque famille de consommer cette ressource selon leurs besoins.

L’activité de pêche effectuée par les étrangers, bien que d’une moindre importance, rompt la gestion traditionnelle du stock. C’est la raison pour laquelle, les habitants d’Ampananira considèrent que ces personnes n’ont aucune gestion de l’exploitation.

2-3-1-8-Système de pouvoir

Un hameau ou un campement est constitué généralement par des personnes de même clan ou groupe se partageant le même endroit, et qui se sont formées indépendamment. L’organisation sociale au niveau du « Fokontany » ou des campements a un caractère particulier. En effet, la société est souvent dirigée traditionnellement par deux instances différentes où les femmes sont totalement absentes.

Le système de pouvoir se subdivise en deux à savoir le pouvoir légal et le pouvoir légitime. Le premier est celui qui est dirigé par le Président du « Fokontany » et son adjoint (souvent jeune et lettré), représentants de l’Etat ayant le pouvoir administratif et l’ordre public. Le deuxième système est celui des « Olobe ». Ces derniers sont des représentants de chaque clan, désignés légitimement soit par leur âge ou leur fonction au niveau du clan, c’est- à-dire leur position sociale, ou encore par leur savoir et leurs compétences vis-à-vis des relations inter claniques. Ces « Olobe » jouent un rôle non négligeable puisqu’ils jouissent d’un pouvoir moral ; et de par le caractère, la majorité de la population les respectent par crainte ou par passivité.

2-3-2-Cadre économique

2-3-2-1-Echanges dominés par le troc

Le système de troc est fortement observé dans l’économie locale dont le riz constitue la principale monnaie d’échange, ainsi que les zébus pour certains objets rares ou de valeur. Des moyens de communication défaillants sont à l’origine de la persistance de cette économie d’échanges. De plus, les centres de commerce se trouvent assez éloignés du village alors le déplacement des hommes et la circulation des marchandises demeurent très limités.

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Pendant la période de récoltes, beaucoup de personnes venant d’Antsalova et de Maintirano emmènent des PPN, des effets vestimentaires, des boissons et des ustensiles de cuisine pour les échanger contre du riz. Il existe quand même quelques échanges marchands, notamment à chaque marché mensuel de zébus à Mokotibe.

La production de Sora, vin de palmier, se vend localement à raison de 1000 Ariary le sceau mais une minorité de personnes à Ampananira fabriquent seulement le Sora. Ce commerce constitue une source potentielle de revenu monétaire.

2-3-2-2-Principales activités économiques

L’agriculture constitue la principale activité économique. Les habitants sont des agriculteurs éleveurs. Cette activité est cependant basée sur la riziculture. Le manioc et le maïs sont secondaires et insuffisants pour combler les déficits en riz. Les terrains sont relativement sous exploités par rapport aux surfaces aménageables. Cela est dû à plusieurs raisons telles que :

• le ravage causé par les animaux sauvages et le piétinement des bœufs sur les cultures ; • l’inexistence de sensibilisation en vulgarisation des techniques agricoles ; • l’insuffisance de débouchés potentiels pour écouler les produits et, • la prédominance de la culture d’être nourri par la nature, à savoir la cueillette et la chasse.

2-3-2-2-1-Riziculture

Le principal produit agricole est le riz, consommé et échangé selon leurs besoins. La riziculture s’effectue dans les dépressions, en saison sèche. Elle dépend du retrait progressif des eaux du lac. Par conséquent, cette pratique ne permet qu’une seule saison culturale qui n’est autre que la riziculture de décrue. Le semis a lieu en juin, le repiquage s’effectue en fonction du niveau de l’eau mais en général en juillet (photo n°6) et la récolte en octobre ou novembre. Les techniques traditionnelles utilisées et les semences ne donnent qu’un rendement assez faible qui varie entre 1 et 3 tonnes à l’hectare. La quantité de riz produite ne couvre donc pas toute l’année. Environ 70 % des gens ont moins de 8 mois de réserve de riz (FFEM, 2004).

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Auparavant, les Sakalava effectuaient un semis direct sur la périphérie des lacs quand l’eau connaît une baisse suffisante. Par contre, les immigrants se sont mieux adaptés à ce milieu en introduisant un système de pépinière qui est développé pour éviter que les plants se dessèchent. Les Sakalava adoptent actuellement cette pratique. C’est la technique de « dokodoko » (photo n°7). Le repiquage n’est pas obligatoire dans les plaines. Le semis direct présente l’avantage du travail minimum mais il demande trois fois plus de semences.

Photo n°6 : Repiquage Photo n°7 : Transport des plants de riz en « dokodoko »

Le repiquage s’effectue en fonction du niveau de l’eau Ces plants de riz sont prêts à être repiqués Source : Auteur, juin 2006

2-3-2-2-2-Maïs et manioc et autres cultures

Le maïs et le manioc complètent les déficits alimentaires lors de la période de soudure. En d’autres termes, ils sont destinés à la consommation. La technique utilisée est la défriche sur brûlis appelée localement « hatsake ». La production demeure cependant moins élevée en raison des dommages causés par des sangliers malgré les clôtures. Les agriculteurs ne disposent pas de moyens de lutte satisfaisants.

La population cultive le maïs en « baiboho » (bas-fond). Il est semé dès les premières pluies (octobre) et récolté en janvier/février. Dès sa première installation, la parcelle doit être défrichée. L’association des bananiers avec des maïs, des maniocs et même des cultures potagères se développe. C’est une parcelle permanente de cultures.

Le manioc est cultivé en buttes autour des habitations. Les boutures de novembre/décembre produisent de gros tubercules dès le mois d’avril/mai. Il est très apprécié par les habitants du village.

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Les autres cultures vivrières sont peu développées et limitées autour des cases. La canne à sucre est utilisée pour fabriquer du sucre, mais aussi pour le rhum local. Des pieds d’agrumes (oranges) sont dispersés et en mauvais état. Des papayers ainsi que de petites parcelles de bananiers complètent ces cultures fruitières. Les fruits sont destinés à la consommation familiale.

Quelques agriculteurs font des potagers dont les tomates, les poivrons, les courges, les oignons et les brèdes sont les principales cultures. Ils n’accordent généralement que peu de soins à ces plantes potagères. Elles sont souvent envahies par des mauvaises herbes et ne produisent que de petites quantités.

2-3-2-2-3-Elevage

Bien que la riziculture soit la principale activité, l’élevage bovin tient toujours une place importante dans la culture sakalava. Ce type d’élevage est généralisé puisque la plupart des habitants possèdent des bœufs. En outre, c’est un signe de richesse. Une partie du troupeau est dressé pour piétiner des rizières et pour assurer le trait des charrettes. Les échanges sont des pratiques courantes. Les animaux dressés sont marqués à l’oreille (« sofin’omby ») d’une marque spécifique au « ràza ». Le reste est laissé à l’état quasiment sauvage (« omby maliha »).

Du type extensif, cet élevage est basé sur le pâturage libre dans les savanes et les dépressions en saison sèche. Le rassemblement des troupeaux selon la disponibilité du propriétaire permet de compter le nombre du cheptel. Ce dernier ne reçoit aucun soin et/ou suivi particuliers. Par ailleurs, il tend à diminuer à cause des vols de bœufs.

D’autres types d’élevage sont pratiqués mais moins importants. Chaque foyer possède quelques têtes de poules et de canards (communs ou de barbarie) qui sont destinés à la consommation.

2-3-2-2-4-Pêche

La pêche n’occupe qu’un rôle secondaire dans les activités de la population. Ce sont les immigrants permanents et/ou temporaires à proximité des lacs ou des cours d’eau dans des autres localités comme à Anosibe qui vivent de la vente des produits halieutiques (photo n°8). Par ailleurs, ce sont les Merina, Betsileo, les Korao qui ont apporté la technique d’une pêche traditionnelle mais lucrative.

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Photo n°8 : Habitation des immigrants merina à Anosibe

Au premier plan des poissons salés et séchés, au second plan les immigrants merina, en arrière plan leur habitation temporaire et l’affluent de la Soahany

Source : Auteur, juin 2006

Connaissant bien cette activité, les Sakalava d’Ampananira préfèrent maintenir leur système de production représenté par la riziculture et l’élevage. D’autant plus que le nombre encore faible d’immigrants à Ampananira est considéré comme une stratégie pour les habitants d’empêcher ces personnes à s’ingérer dans la localité, d’une part, et d’autre part de conserver le lac Mankoy où l’essentiel de leur alimentation s’y trouve.

Pour les locaux, la pêche se fait surtout à la canne ou à la nasse. Seule une minorité de personnes possèdent des filets maillants d’une longueur de 50 à 100 m sur 1 ou 2 mètres de chute. Le maillage est de 3 doigts ou 5 cm. Les captures mises à terre sont utilisées davantage pour la consommation familiale et/ou communautaire et moins pour la commercialisation en tant que source de revenus. Comme il a été dit plus haut, les habitants coopèrent avec les propriétaires de filets. Et ils se partagent ainsi les captures. La notion d’une économie monétaire est loin d’être acquise vu qu’ils vivent encore du troc.

De petites pirogues d’une longueur de 2 m environ existent. Elles sont surtout utilisées pour le déplacement et pour le transport des plants de riz en « dokodoko » lors de la période de repiquage en saison sèche. L’usage de cet engin pour la pêche se situe en saison de pluies pendant laquelle le niveau de l’eau monte. Elle est habitée par des crocodiles.

En effet, la pêche se pratique de temps en temps quand l’envie de manger du poisson se fait en accompagnement du riz et autres aliments comme « Etrevo », « Antaly », ou encore manioc. En général, deux sorties de pêche par jour sont enregistrées : la première le matin et la seconde l’après-midi. A chaque sortie, le « fidoboka » est utilisé. Les filets sont tendus en permanence dans l’eau. Les propriétaires les déplacent au fur et à mesure que les captures diminuent. Ils sont libres de choisir leur lieu de pêche.

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Le lac Mankoy est très poissonneux. Des espèces de poissons aussi bien autochtones ou endémiques ou introduites y sont présentes. Cependant ces dernières sont abondantes et dominantes telles que Oreochromis niloticus (Karoka), Heterotis niloticus (Fiavahiny) et Ophiocephalus striatus (Fiado).

Conscients des avantages que leur procure cette étendue d’eau, les autochtones se sont organisés implicitement en créant leur propre gestion. Il s’agit d’une gestion traditionnelle dans laquelle ils s’accordent à interdire toute activité de pêche à but lucratif par des tierces personnes qui n’ont pas des autorisations et l’aval du chef coutumier. Il est interdit de souiller l’eau du lac, de pêcher en fin de soirée car ceci peut perturber les oiseaux d’eau douce dont Mankoy constitue leur habitat.

Aussi, le prélèvement de fruits d’« Etrevo » non matures est-il réglementé. L’exploitation de cette plante alimentaire par des tierces personnes doit obtenir une autorisation de la communauté.

Quelques étrangers sont cependant des pêcheurs à part entière et exportent le poisson salé et séché en quantité vers les marchés comme Morondava, voire Antananarivo. Les pêcheurs étrangers utilisent systématiquement le filet. Ils viennent de Morondava, d’Antsirabe ou d’autres régions. Ils demandent aux autochtones l’autorisation de s’installer en un endroit où ils habitent temporairement et conditionnent les poissons. C’est le cas du lac Mahalio qui se trouve au Sud-Ouest d’Ampananira.

Dans le processus de transformation des poissons, ils utilisent des sacs de sel. C’est la raison pour laquelle il leur est reproché de causer l’augmentation de la salinité de l’eau et des sols. De surcroît, les locaux regrettent qu’ils refusent de donner pour quelques poissons alors qu’ils pêchent dans leur territoire.

En fait, ces reproches, fondées ou pas, dénotent de nouveau des problèmes sociaux et juridiques. Les pêcheurs eux-mêmes, ainsi que les autochtones, disent que les locaux sont divisés entre hostiles et favorables aux pêcheurs étrangers. Ceux qui sont hostiles construisent les reproches citées plus haut car ils ont le sentiment de se faire voler leurs propres ressources. Tandis que ceux qui sont favorables justifient la nécessité de la présence de ces pêcheurs par le fait que les poissons menacent la production rizicole car ils mangent les racines et les thalles de riz. Il en ressort que la pêche est donc une activité à considérer dans une optique de transfert de gestion.

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La pêche est souhaitée en partie parce que les poissons sont nuisibles pour la riziculture (FFEM, 2004). Mais en même temps, il existe une certaine hostilité aux pêcheurs étrangers. Pourtant, la présence des pêcheurs venant de loin laisse penser que les ressources halieutiques ont un potentiel élevé. Quand on sait que les paysans font le « hatsake » en sachant qu’il y aura des pertes à l’avance, pourquoi ne pas penser à une promotion de la pêche par les habitants locaux comme alternative au lieu d’investir du temps et de l’énergie pour le « hatsake »?

Comme solution au « pillage » des poissons par les pêcheurs étrangers, plusieurs ont d’ailleurs proposé comme solution que des filets de pêche soient distribués aux locaux afin qu’ils puissent exploiter eux-mêmes « leurs » poissons.

2-3-2-3-Infrastructures de base

2-3-2-3-1-Education

Les infrastructures de base sont presque inexistantes. Elles accentuent encore l’enclavement de la zone. Avant, une Ecole Primaire Publique a existé à Ampananira. Faute de moyens et de motivations de la part des parents d’élèves, cette institution a dû fermer ses portes. Les enfants qui ont fréquenté l’école ont déjà oublié ce qu’ils ont appris. De ce fait, les enfants en âge de scolarisation sont presque analphabètes et la plupart des adultes sont illettrés. Des écoles primaires existent à Soahany, Besarà Ambony, Bemonto, Tsianaloka et Mokotibe mais elles sont éloignées. Par rapport à la zone d’études, Mokotibe est le plus proche à une distance de 10 km.

L’éducation n’est pas prioritaire ou négligée par la majorité de la population puisque selon leur culture, les enfants sont plutôt formés dans l’apprentissage de la vie quotidienne comme le gardiennage des zébus pour les garçons et les tâches ménagères pour les filles.

2-3-2-3-2-Santé

Aucun service de santé existe à Ampananira. Les habitants ont recours à la médecine traditionnelle qui assure tant bien que mal la guérison des maladies. Cependant, des centres de santé se trouvent à Soahany, Mokotibe, Bemonto mais ils sont très éloignés. A cet effet, les malades doivent effectuer des heures de marche à pied ou en charrette pour aller se faire soigner. Ainsi, ils ne décident de s’y rendre qu’en cas de grave maladie.

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2-3-2-3-3-Moyens de communication

La Route Nationale 8a relie Antsalova et Soahany. Les voies de communication sont des pistes rurales en état déplorable. Elles ne sont accessibles annuellement que 6 à 8 mois seulement pendant la saison sèche et encore bien souvent avec un véhicule tout terrain. Le déplacement d’un village à l’autre s’effectue sur des pistes pédestres. Durant la période de pluies, l’étendue de la zone est submersible et se transforme en un grand lac ne permettant que les déplacements en pirogue.

La commune souffre des problèmes des moyens de transport. La liaison entre différents fokontany est assurée par des charrettes, pirogues de décembre à avril. L’état lamentable des routes et des pistes rurales associé à la précarité et aux carences des moyens de transport est à l’origine de l’enclavement généralisé de la Commune, surtout pendant la période des pluies.

Livrés à eux-mêmes, les paysans, sont obligés d’exploiter les ressources existantes pour survivre. Ceci explique la prédominance des activités de cueillette et de l’économie de subsistance dans la zone d’études.

3-Problématiques

La surexploitation des ressources biologiques aquatiques constitue une des causes de la diminution de la production dulcicole et des autres produits de la pêche (ANGAP, 1998). Entre autres, la menace de disparition d’une espèce dépend des actions de l’homme. Tout est lié aux modes d’exploitation et de l’état du milieu d’une part et des équilibres biologiques établis par les populations existantes dans les divers biotopes d’autre part (Rafomanana, 1994). Mais dans quelle mesure les actions d’origine anthropique conduisent-elles à une diminution du potentiel halieutique ?

Or, les produits halieutiques peuvent jouer un grand rôle pour pallier les carences protéiniques éventuelles dans l’alimentation de la population. Cependant, on sait que le développement de la production de poissons est lié étroitement aux possibilités d’écoulement de ces produits à destination du marché local voire régional (Kasprzyk et Randrianarisoa, 1990). Un savoir-faire technique de l’exploitation et du réseau de marché doit être requis. En conséquence, la connaissance des différents problèmes, c’est-à-dire les facteurs qui risquent de freiner la commercialisation, l’écoulement des produits et la consommation apparaît très importante pour l’extension de la pêche en général.

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Madagascar, de par sa situation géographique défavorable aux transports, ne bénéficie que de faibles moyens nécessaires qui bloquent tout développement économique et social. La contribution des réseaux de transport sur les échanges intérieurs est faible voire inexistante. L’insuffisance actuelle a entraîné une infrastructure non intégrée dans les systèmes de production et détermine ainsi un déséquilibre entre les régions avec la persistance de structures de production traditionnelles.

A cet effet, la situation géographique et l’insécurité généralisée à Soahany compromettent le développement économique de cette localité. La route est en très mauvais état, impraticable pendant la période des pluies. La population reste enclavée sans moyen d’approvisionnement en PPN et d’écoulement des produits locaux. Il se trouve que le circuit de commercialisation est trop long pour l’évacuation des produits. L’insécurité avec les attaques des dahalo ou brigands règne presque toute l’année.

En outre, le procédé de transformation des poissons exige l’utilisation d’un biocide appelé k-othrine pour la conservation. Les poissons non traités au k-othrine ne sont généralement acceptés au niveau du marché régional. Pourtant cette technique est dangereuse pour la santé humaine puisque c’est un pesticide, donc à mon humble, un poison. La non maîtrise des techniques de transformation telles le séchage, le salage et le fumage, associée à la durée d’évacuation des produits entraînent la pourriture de ces derniers. D’où le recours à ce biocide est quasi impératif pour garder les produits commercialisables. Ce procédé de transformation est-il nécessaire pour une valorisation locale des ressources halieutiques ?

Un autre facteur interne réside dans le système de production lié au système d’échange pratiqué. La prédominance de l’économie de troc où le riz constitue le principal objet d’échange détermine en grande partie la hiérarchisation des activités. Les habitants se préoccupent davantage à la production rizicole. Aussi, la pêche est-elle limitée au niveau de l’économie de subsistance. A ce stade, il s’agit plutôt d’une activité de « cueillette » ou de pêche de ravitaillement à caractère familial. En plus de la valeur alimentaire que procure le poisson, il possède aussi et surtout une valeur économique par la vente des produits halieutiques. Les revenus générés par les poissons sont cependant négligés au profit de la production rizicole.

Le plan d’eau de Mankoy est soumis à différents facteurs qui peuvent constituer un frein au développement et à l’amélioration des activités de pêche effectuées. Partant de ces constats, la présente étude essaie de résoudre en partie la problématique rencontrée dans la zone d’études en collectant les données sur les caractéristiques de la population aquatique et de la production piscicole dans une optique d’une gestion durable.

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En bref, la diversité de l’écosystème a engendré une diversité des activités. L’existence de plusieurs plans d’eau dans la Commune rurale de Soahany, en l’occurrence celui de Mankoy, a généré l’importance de l’activité de pêche qui constitue l’essentiel de la consommation familiale dans la zone d’études. Les tubercules bruns de Nymphaea stellata, une plante aquatique dominant le plan d’eau, fournissent malgré leur amertume un appoint notable à l’alimentation humaine. Chaque année au moment de la décrue, les villageois plantent du riz sur les parties fraîchement exondées du milieu lacustre. La riziculture de décrue constitue la principale activité. Comme l’économie de troc est encore largement pratiquée dans le village d’Ampananira, le riz fournit l’essentiel des échanges. Les dépressions servent aux cultures vivrières et ce sont des lieux de pâturages des troupeaux de zébus. La forêt abrite de nombreuses espèces végétales et animales et de gibiers. Elle est utilisée pour l’activité de cueillette et de chasse. Les voies d’accès difficiles, la non maîtrise des techniques de transformation du poisson et surtout l’importance de la riziculture de décrue dictée par la persistance de l’économie de troc demeurent des obstacles principaux à une éventuelle reconversion de l’activité de « cueillette » par la pêche de subsistance à une exploitation rationnelle et rentable économiquement.

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Partie II- Méthodologie et stratégie d’approche

Après avoir déterminé le potentiel halieutique de la zone d’études, il est important de procéder à une méthodologie et stratégie d’approche succinctes afin de dégager la composition spécifique du plan d’eau et la valorisation durable de la pêche en eau douce.

1-Objectifs

La finalité de l’investigation vise à déterminer la composition spécifique du plan d’eau et la valorisation durable de la pêche en eau douce. Trois objectifs spécifiques sont à atteindre :

1. Connaître la potentialité de cet écosystème en ressources halieutiques. 2. Connaître le mode de valorisation des produits halieutiques par les exploitants locaux. 3. Et proposer un plan stratégique de valorisation des ressources halieutiques

2-Hypothèses de travail

Trois hypothèses ont été posées pour mieux cerner les objectifs et faciliter la récolte des données en vue de l’établissement des méthodes de traitement de celles-ci (tableau n°2).

1. L’enjeu des conflits d’intérêt entre différents acteurs est inhérent à tout système d’utilisation des ressources. Ce qui sous entend toute une stratégie d’exploitation de celles-ci. Ces conflits sont à l’origine des désaccords sur l’accès, le contrôle et l’utilisation du potentiel halieutique. A cet effet, la réduction des pressions latentes permet une meilleure gestion et utilisation des ressources halieutiques. 2. Le mode de valorisation actuelle ne conduit pas à une rentabilité économique durable des ressources aquatiques. L’utilisation du k-othrine marque la précarité du mode de transformation et notamment dans un souci de rentabilité des activités. Cette dernière dépend en grande partie des moyens d’écoulement des produits afin d’aboutir au développement économique de la pêche. 3. Et la valorisation des produits halieutiques pour un développement durable est faisable.

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Tableau n°2 : Rappel des objectifs et des hypothèses

Hypothèses Objectifs spécifiques Mode de vérification Sources de vérification

H1 : La surexploitation des ressources OS1 : Connaître la potentialité de cet Evaluation de la richesse et de la diversité Inventaire ichtyologique contribue à la diminution du potentiel écosystème en ressources halieutiques faunistique des lacs Enquête par questionnaire halieutique Evaluation de l’état des ressources Connaissance du degré des pressions H2 : Le mode de valorisation actuelle OS2 : Connaître le mode de Connaissance du mode d’exploitation Enquête par questionnaire ne conduit pas à une rentabilité valorisation des produits halieutiques Identification des matériels de pêches utilisés Entretien – interview économique durable des ressources par les exploitants locaux par les exploitants Recherche participante aquatiques Détermination des périodes de pêches Détermination du mode de transformation – traitement et conservation des produits H3 : La valorisation des produits OS3 : Proposer un plan stratégique de Identification d’une filière porteuse des Méthode participative halieutiques pour un développement valorisation des ressources produits halieutiques Entretien- interview durable est faisable. halieutiques Détermination des flux des produits, des prix, des débouchés Détermination du niveau d’exploitation socialement acceptable

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3-Méthodologie d’approche

La méthodologie comprend les démarches entreprises pour parvenir à l’objectif fixé. Ces démarches se divisent en différentes étapes à savoir les méthodes d’investigation, le traitement et des analyses des données obtenues. Les premières consistent à la récolte des informations par les investigations bibliographiques, les enquêtes, les études hydrologiques ainsi que l’inventaire de la faune et de la flore. L’inventaire sur la population piscicole du lac Mankoy a été mené par l’utilisation du filet maillant.

3-1-Enquêtes

3-1-1-Enquête par questionnaire

Elle consiste à poser à un ensemble de répondants, le plus souvent représentatif d’une population, une série de questions (Quivi et Campenhoudt, 1995) relatives au niveau d’exploitation notamment le nom des espèces cibles, la quantité prélevée. Les modes de valorisation par le biais des matériels de pêche utilisés, la transformation et le traitement pratiqués sont aussi étudiés. L’enquête par questionnaire se distingue des autres méthodes de recueil d’informations par le fait qu’elle vise la vérification d’hypothèses théoriques et l’examen de corrélation que ces hypothèses suggèrent (Quivi et Campenhoudt, 1995).

Les limites de cette méthodologie sont liées à la disponibilité des enquêtés ainsi qu’à la méfiance généralisée de la population locale.

La disponibilité des enquêtés est fonction du calendrier de travail. Ce dernier doit être prioritaire puisque c’est la base de la survie en économie de subsistance. La descente sur terrain coïncide avec la période de repiquage du riz, période pendant laquelle les habitants préparent les plants et les transportent au niveau du plan d’eau pour être repiqués. Des fois, il arrive que les enquêtés disponibles au village ne sont que des personnes âgées. Ce qui rend les résultats biaisés puisqu’elles sont très méfiantes. Pour remédier à cette difficulté, des questions semi-ouvertes ont été posées pour les guider, mais dans la plupart des cas, la contrainte temps de faire l’enquête avec les paysans dans leur champ de culture s’avère toujours difficile.

La méfiance des habitants est beaucoup marquée du fait de l’insécurité généralisée qui règne dans la région par la présence des « Dahalo » ou des brigands de grand chemin.

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De ce fait, ils n’ont pas confiance entre eux, d’où une méfiance inter et intra ethnique. De plus, ils ont peur des questionnaires, ils pensent que les « Vazaha » veulent s’emparer de leurs terres. Ces attitudes conduisent quelques fois à la réticence. Cette situation a pu être surmonté grâce aux techniques de communication adoptées et à l’éloquence de notre guide.

3-1-2-Entretiens

Selon Quivy et al en 1995, la méthode d’entretiens se distingue par la mise en œuvre des processus fondamentaux de communication et d’interaction humaine. Ces processus permettent au chercheur de retirer de ses entretiens des informations et des éléments de réflexion très riches et nuancés.

Cette méthode se caractérise par un contact direct entre le chercheur et ses interlocuteurs et par une faible directivité de sa part. Le contenu de l’entretien va faire l’objet d’une analyse de contenu systématique destinée à tester les hypothèses.

La souplesse et la faible directivité du dispositif permet de récolter les témoignages et les interprétations des interlocuteurs en respectant leurs propres cadres de référence : leur langage et leur catégorie mentale. Cette méthode est à adopter auprès des personnes ressources afin de recueillir plus d’informations concernant le thème.

3-1-3-Recherche participative

La participation inclut toutes les parties prenantes et doit être plus étendue qu’une simple participation locale. Elle se réfère à la manière dont la population locale prend part à la prise de décision et aux résultats des actions qui les concernent.

La recherche participative insiste sur la participation de la population locale au processus de recherche et son contrôle des résultats (Byers, 1997). Elle encourage le chercheur à considérer les informateurs non seulement comme des objets d’étude, mais aussi comme des participants au processus de recherche (Byers, 1997).

4-Stratégie d’approche

4-1-Recherche bibliographique

La recherche bibliographique permet de situer clairement le sujet par rapport à des cadres conceptuels reconnus (Quivi et al, 1995) et prendre connaissance des travaux de référence sur le thème étudié.

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Le début de cette étape exploratoire consiste avant tout à répertorier et à consulter des documents les plus spécifiques et les plus spécialisés possibles sur le sujet de la recherche (Aktouf, 1990) dans les bibliothèques, et après au rassemblement des informations pertinentes les plus récentes. Cette étude est faite avant, pendant, et après la descente sur terrain afin de bien cerner la problématique et juger les démarches méthodologiques adoptées. Elle permet aussi de connaître la zone d’études et les espèces aquatiques existantes ainsi que les modes de valorisation de celles-ci dans les zones lacustres de Soahany. Les informations recueillies sur terrain sont à recouper et à vérifier.

4-2-Choix du site d’investigation

La phase de diagnostic préliminaire consiste à répertorier les différents plans d’eau à partir d’une étude cartographique, effectuer les paramètres d’observation et la reconnaissance du milieu. Toutes ces étapes conditionnent le choix du site en fonction des modalités de réalisation d’une part, et d’autre part en fonction du contexte physique et social.

Trois sites ont été répertoriés : Mankoy (Ampananira), Mahalio (Ampananira), Anosibe (Bemia). La nappe d’eau de Mahalio est un plan d’eau permanent par opposition aux deux autres qui sont temporaires. Par contre, lors de l’investigation menée, il n’occupe qu’une surface assez réduite et les pêcheurs locaux et les immigrants ne l’exploitent que rarement, c’est-à-dire quand les deux plans d’eau sont taris.

Quant à Anosibe, les conditions du milieu humide limitent la réalisation de l’étude en l’occurrence le prélèvement des échantillons. Il n’existe que des pirogues à pagaie sans balanciers alors que Anosibe est réputé comme habitat des Crocodilus niloticus puisqu’il est alimenté par le fleuve Soahany. Par ailleurs, la réticence très marquée des pêcheurs immigrants à notre égard semble désavantager la pertinence de la recherche.

Après des échanges d’information et de discussion, il a été décidé de focaliser l’étude sur l’écosystème lacustre de Mankoy où les conditions de travail permettent de réaliser l’investigation proprement dite. Comme à Anosibe, on ne trouve que de simples pirogues à pagaies, mais la profondeur de l’eau ne pose pas assez de difficultés. En outre, le village d’Ampananira bénéficie d’un transfert de gestion des ressources naturelles renouvelables alors qu’aucune recherche sur les plans d’eau n’a pas encore été effectuée. D’où la nécessité d’une investigation plus approfondie sur ce milieu humide s’avère nécessaire et indispensable.

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L’intérêt de ce site réside non seulement dans la surface qu’occupe le lac ainsi que le niveau de l’eau, mais aussi l’attitude moins réticente des habitants. Cependant, c’est un lac tarissable. L’activité de pêche est presque destinée à la consommation. Ces facteurs limitent le choix du site d’études.

4-3-Facteurs abiotiques

Elle concerne les paramètres suivants : température de l’eau, oxygène dissous, pH, turbidité, et profondeur de l’eau. Dans le but de mieux prospecter le plan d’eau, quatre stations ont été choisies arbitrairement (carte n°4). Les mesures et les prélèvements de ces paramètres ont été effectués tous les cinq jours à l’exception de la turbidité et de la profondeur de l’eau. Faute d’un moyen d’embarcation approprié, étant donné qu’il n’existe que de petites pirogues à pagaies sans balanciers, il a fallu traverser l’eau à pied dans cette étude hydrologique (photo n°9). Par conséquent, deux prélèvements tous les cinq jours ont été réalisés dont le matin vers 8 h 30 et l’après-midi vers 15 h 30. Dans tous les cas, les points d’échantillonnage sont choisis en fonction de la profondeur et de l’influence externe. Photo n°9 : Traversée du lac à pied

Notre guide prêt à prospecter le plan d’eau

Source : Auteur, juin 2006

Chacun des paramètres physico-chimiques occupe un rôle important aussi bien sur la vie du poisson que sur son comportement. Les prises des échantillons ont permis d’identifier les mesures suivantes.

4-3-1-Température de l’eau

Les températures de l’eau sont mesurées avec un thermomètre aquatique (photo n°10) et sont prises à un niveau intermédiaire de l’eau. Le thermomètre est maintenu dans l’eau pendant 2 à 3 minutes avant la lecture. Ce paramètre agit sur la survie et la répartition géographique des poissons.

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Carte n°4 : Localisation des stations de prélèvement

44 °23'00" 44 °23'10" 44 °23'20"

18 °44'10" 18 °44'10"

Station 1 18 °44'20" # 18 °44'20" Station 2 # # Station 4

18 °44'30" 18 °44'30"

Station 3 #

44 °23'00" 44 °23'10" 44 °23'20" 100 0 100 200 Meters

Stations N # Plan d'eau Mankoy W E

S

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Photo n°10 : Thermomètre aquatique

Source : Auteur, juin 2006

4-3-2-Oxygène dissous et pH

Des prélèvements d’eau sont faits pour la mesure de ces paramètres chimiques. Les échantillons d’eau sont mis dans des piluliers (photo n°11) et l’analyse de ces échantillons a eu lieu à Antananarivo. L’analyse de l’oxygène dissous a été effectuée au laboratoire de l’INSTN, tandis que celui du pH a été déterminé au laboratoire de l’ESSA. Le pH détermine la productivité d’un milieu lacustre. L’oxygène dissous détermine le fonctionnement de la respiration et la vie d’un poisson.

Photo n°11 : Piluliers

Les échantillons d’eau sont mis dans ces piluliers

Source : Auteur, juin 2006

Lors de l’investigation, les prélèvements des échantillons d’eau ont été effectués sur place du 10 au 16 juin. Lles analyses des paramètres physico-chimiques ont été réalisées à Antananarivo dans les laboratoires de l’ESSA et de l’INSTN au mois d’août. Ces échantillons ont été acheminés en voiture d’Ampananira à Antsalova, par avion d’Antsalova à Antananarivo. Durant ces laps de temps et compte tenu des conditions de transport ainsi que des moyens de conservation adoptés, les propriétés de l’eau dans ces échantillons peuvent changer biaisant ainsi les résultats des analyses. Les valeurs obtenues sont toujours inférieures par rapport aux valeurs normales.

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4-3-3-Turbidité de l’eau

La turbidité est mesurée à l’aide d’un disque de SECCHI (photo n°12) : un disque de couleurs blanche et noire alternées, ayant un diamètre de 23 cm et relié à une corde graduée. On fait descendre lentement ce disque dans l’eau jusqu’à ce qu’il disparaît, plus précisément jusqu’à ce que les couleurs blanche et noire disparaissent. Ainsi c’est à un niveau directement lu sur la corde qui constitue la valeur de la turbidité. Ce paramètre est lié aux quantités des matières en suspension dans l’eau et il est en relation avec la richesse en plancton.

Photo n°12 : Disque de SECCHI

Source : Auteur, juin 2006

4-3-4-Salinité

Faute d’un appareil servant à mesurer le taux de salinité de l’eau (ou salinomètre), ce paramètre a été identifié par la présence des espèces salinicoles ainsi que des espèces euryhalines.

4-3-5-Profondeur de l’eau

La profondeur de l’eau a été déterminée à l’aide d’un profondimètre (photo n°13). On immerge le bout de l’appareil à une position verticale par rapport à l’eau pendant 2 à 3 minutes et ensuite la hauteur est directement affichée sur cet appareil. La profondeur marque la pérennisation d’un plan d’eau et des espèces existantes qui trouvent des refuges permanents pour leur reproduction. Photo n°13 : Profondimètre

Source : Auteur, juin 2006

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4-4-Facteurs biotiques

4-4-1-Végétation

Chaque lac est caractérisé par son peuplement floristique. Dans ce cas, la végétation se subdivise en deux, à savoir les plantes supérieures et le phytoplancton. L’identification des plantes supérieures est faite sur place. Le taux de recouvrement est estimé à l’œil nu tout en se référant à l’inventaire floristique effectué dans la localité par le FFEM en 2003.

Cette identification est basée sur l’observation des plantes supérieures ainsi que la détermination des espèces et leur abondance. Cette méthode convient à la recherche effectuée qui consiste à ressortir les caractéristiques du peuplement floristique. Elle est simple et rapide et ne demande pas beaucoup de temps. Cependant, une observation directe peut biaiser les résultats en ce sens que la méthode consiste à une estimation à l’œil nu. De ce fait, les données obtenues ne concernent que des informations qualitatives pour déterminer l’abondance relative des plantes d’une part, et d’autre part ces données ne permettent pas de quantifier le taux de couverture végétale.

La détermination du phytoplancton à l’aide d’un microscope consiste à identifier les familles présentes ainsi que leur abondance.

4-4-2-Faune

La faune aquatique est composée de deux groupes différents : le zooplancton et les poissons.

4-4-2-1-Plancton

Le plancton du règne animal et du règne végétal est le maillon de la chaîne alimentaire dans le milieu aquatique. L’inventaire a été effectué sur les quatre stations à raison d’un prélèvement tous les cinq jours, plus précisément la matinée.

La procédure de l’échantillonnage a été réalisée à l’aide d’un filet à plancton (photo n°14). Ce filet est tiré horizontalement au ras de l’eau sur une certaine distance de 30 à 40 m suivant les stations et à une vitesse constante. Le trait vertical s’est avéré non pertinent à cause de la profondeur relativement faible du site d’études.

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Photo n°14 : Filet à plancton

Source : Auteur, juin 2006

Ainsi, les organismes récoltés sont mis dans un pilulier avec de l’eau formolée. Ces échantillons sont ensuite analysés au laboratoire de microbiologie de l’ESSA à l’aide d’un microscope électronique pour identifier les espèces de plancton dans la zone de pêche. Ce procédé consiste à prélever chaque échantillon à l’aide d’une pipette pour être observé et analysé au microscope. Les résultats de ces analyses ont été compilés aux résultats des études planctoniques antérieures effectués par BCPA au lac Antsoha, dans la Commune rurale de Soahany, et au lac Masamà, dans la Commune d’Antsalova. Cette compilation des données permet de compléter et de vérifier les résultats obtenus sur terrain, étant donné que la détermination des espèces de plancton semble être difficile.

Par ailleurs, la conservation des échantillons au formol peut détruire le plancton et une détermination nette des échantillons est impossible. Ceci a limité en grande partie l’analyse du plancton dont la référence à d’autres études correspondantes a été impérative.

4-4-2-2-Inventaire ichtyologique

L’inventaire ichtyologique vise à identifier les caractéristiques morphologiques et biologiques des individus capturés dans la zone de pêche. Les paramètres définis vont caractériser la potentialité des ressources étudiées. Les données collectées auprès des pêcheurs vont constituer les éléments de l’analyse de l’exploitation proprement dite.

4-4-2-3-Echantillonnage

Pour l’inventaire de la population faunistique, divers échantillonnages ont été effectués pendant 4 jours. L’objectif consiste à inventorier qualitativement et quantitativement la faune ichtyque. Ces pêches de sondage vont permettre de voir le niveau d’exploitation des lacs, les différentes espèces existantes et cibles des pêcheurs, la quantité et la qualité des prises débarquées. La durée des échantillonnages s’avère assez courte pour représenter l’abondance de chaque espèce.

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4-4-2-4-Matériels et méthodes de pêche : le filet maillant pour la capture des poissons

La pêche expérimentale est effectuée au moyen de filet maillant. Il est le seul matériel utilisé par les pêcheurs locaux. C’est la raison pour laquelle ce matériel a été choisi comme engin de pêche expérimentale.

L’échantillonnage est basé sur la méthode de capture par filet dormant. Il s’agit d’un filet maillant de 100 m de longueur et ayant une chute de 2 m ; le maillage est de 3 cm étiré. Cet engin est laissé ouvert pendant en moyenne trois heures et demie, ensuite on relève le filet.

Avant toute dissection éventuelle, chaque individu capturé est identifié, mesuré et pesé. Les poissons sont déterminés grâce à des ouvrages de systématique des poissons (Kiener, 1963) et des publications.

Le choix du filet maillant comme engin de pêche expérimentale présente quelques inconvénients sur les interprétations statistiques des données obtenues, en l’occurrence la surface effective que peut balayer le filet durant une pose. De ce fait, il nous semble inadéquat de standardiser les efforts de pêche. Ce qui fait que l’estimation de la potentialité demande beaucoup de prudence puisqu’elle ne reflète qu’une visualisation d’ensemble de la situation.

4-4-2-5-Paramètres biologiques

Les paramètres biologiques tels que l’identification, la mensuration, le poids et la détermination du sexe des individus capturés entrent dans la constitution des éléments nécessaires pour la gestion de l’exploitation des ressources halieutiques.

4-4-2-5-1-Identification des captures

Les noms des espèces cités par les pêcheurs ne sont que des noms vernaculaires. Dans la mesure du possible, à chaque espèce sont attribués des noms scientifiques par l’intermédiaire de la bibliographie.

4-4-2-5-2-Mensuration des captures

La mensuration est obtenue par la mesure de la taille. Elle comprend la longueur standard (LS) et la longueur totale (LT). La longueur standard de chaque individu est prise : c’est la distance entre la bouche et le pédoncule caudal.

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La longueur totale est obtenue par la distance entre la bouche et la nageoire caudale. Cette mesure consiste à déposer sur un même axe l’extrémité antérieure du poisson et le pédoncule caudal et la nageoire caudale. Le matériel utilisé est le mètre (photo n°15). L’unité est le centimètre. Cette mesure permet d’exprimer la relation qui existe entre le poids et la longueur et elle est à la base de l’évaluation de la croissance d’une espèce. Photo n°15 : Ophiocephalus striatus mesurée à l’aide d’un mètre

Source : Auteur, juin 2006

4-4-2-5-3-Poids des captures

Après avoir déterminé la taille des poissons, chaque individu est pesé. Les espèces inférieures à 600 g sont mesurées à l’aide d’un peson (photos n°16, 17), par contre, celles qui dépassent cette unité sont pesées avec une balance de force 22kg (photo n°18). Le poids est noté en grammes. Les poissons sont pesés frais avant toute dissection éventuelle.

Photo n°16 : Peson Photo n°17 : Pesage des captures Photo n°18 : Balance

Source : Auteur, juin 2006

4-4-2-5-4-Dissection

La dissection optée consiste en la détermination du sexe du poisson. En effet, une incision est effectuée au niveau de l’abdomen pour connaître son sexe.

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5-Méthodes d’analyse

5-1-Traitement et analyse des données

En général, le traitement des données comprend la saisie, le choix des paramètres à étudier, le type d’analyse utilisé, du mode de calcul et des données collectées. Vu la présence de deux types de données, il y a alors lieu de traiter les données quantitatives et les données qualitatives.

5-1-1-Données quantitatives

Elles sont représentées par des chiffres ou des valeurs, à savoir le poids et la taille des captures. Elles concernent également la pêche, à savoir le niveau de production et le rendement du plan d’eau. Les échantillonnages effectués ne permettent pas de déterminer le niveau de la production du plan d’eau. Cette dernière a été calculée sur la quantification des enquêtes.

5-1-2-Données qualitatives

Elles se basent sur des informations non quantifiables et concernent particulièrement la localisation des zones de pêche, les activités halieutiques plus précisément, la période de pêche, les caractéristiques des engins, la composition de la capture, les techniques utilisées, la méthode de valorisation et de traitement des produits, les circuits de commercialisation ainsi que l’organisation et l’association des pêcheurs. Les données traitées sont les données rassemblées auprès des pêcheurs après leurs sorties de pêche.

Les données qualitatives présentent des avantages puisqu’elles permettent de caractériser les activités de pêche. Cependant, les informations recueillies auprès des pêcheurs ont été recoupées et vérifiées.

5-1-3-Abondance et quantité capturée par espèce :

Ce sont la diversité et la composition faunistique qui mettent en exergue la faune ichtyque. Dans ce cas, le facteur le plus essentiel est la détermination de l’abondance des individus obtenue à partir de la détermination des espèces, le nombre des individus capturés et leur poids total. Ainsi :

Abondance=Nombre d’individus d’une espèce /nombre total des captures

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En faisant le rapport et le pourcentage du nombre et des poids des captures, cette approche permet d’identifier les espèces dominantes et/ou abondantes, les espèces cibles, en d’autres termes les caractéristiques d’exploitation.

5-1-4-Estimation de la potentialité

En premier lieu, il faut déterminer le nombre de pêcheurs des « fokontany » riverains, leur origine ethnique et le nombre de pêcheurs permanents et/ou professionnels. Ensuite, déterminer le nombre total de jours de travail durant l’ouverture et la fermeture de la pêche. Evaluer en gramme la prise par unité d’effort à partir d’une moyenne de mises à l’eau par sortie de pêche. En considérant toutes ces données, l’estimation de la production en tonnes pendant la saison de pêche peut être évaluée. La production est présentée comme suit :

P(t)=p*s*m*n

Où p : prise par unité d’effort en g

s : durée de la saison de pêche

m : moyenne de mise à l’eau

n : nombre de pêcheurs permanents

Cette méthode se rapporte à celle adoptée par Therezien et al. en 1967 pour l’évaluation de la production du lac Kinkony. Elle consiste, en effet, à estimer le nombre de pêcheurs pendant la période de pêche, en général 7 mois, multiplié au nombre de jours de travail par mois et le poids moyen des captures de poissons par jour.

Cette méthode est simple et rapide pour une évaluation de la production. Cependant, elle n’essaie que d’approcher la valeur au plus près, compte tenu du fait qu’il s’avère impossible de recenser exactement tous les pêcheurs, ni de chiffrer leur production avec précision. De plus, le nombre des pêcheurs d’occasion (étrangers ou « mpiavy ») ne peut être contrôlé. La masse de poissons ne sera donc pas portée sur cette évaluation. Seul comptera le tonnage sorti par les pêcheurs autochtones.

6-Matériels utilisés

Les matériels utilisés lors de l’investigation sur terrain sont classés suivants les paramètres étudiés tels que les matériels de :

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• Mesure des paramètres physico-chimiques : ƒ Thermomètre aquatique ; ƒ Disque de Secchi de 23 cm de diamètre et ; ƒ Profondimètre • De conservation : ƒ Formol à 30% et ; ƒ Piluliers • De pêche : ƒ Filet maillant de 100 m de longueur, 2 m de chute, maille de 3 cm et ; ƒ Une pirogue de 3 m de longueur • De mensuration et de pesage : ƒ Mètre ; ƒ Balance de charge 22 kg et ; ƒ Peson de charge 600 g

Avantages et inconvénients de ces matériels

ƒ Thermomètre aquatique : ce matériel, destiné spécialement à la mesure de la température de l’eau, présente une précision des valeurs escomptées. En d’autres termes, il est efficace et fiable dans ce domaine. ƒ Disque de Secchi : fabriqué manuellement, il est très pratique et bien adapté à l’évaluation du paramètre étudié. ƒ Profondimètre : il présente un atout non négligeable du fait de la précision des valeurs obtenues ƒ Formol : il est utilisé pour la conservation des échantillons pour l’identification des planctons. Son taux assez élevé dépigmente facilement les échantillons. ƒ Piluliers : faute de moyens financiers, des flacons de médicaments ont été utilisés pour remplacer les piluliers. Les inconvénients c’est que leur volume est au- dessous de 50 ml. Lors des échantillonnages, le bouchon ne peut pas se fermer quand il est rempli d’eau. Alors, il a été impératif d’utiliser des cordes en plastique afin de contenir les échantillons. ƒ Filet maillant : avec des mailles à 3 cm, la sélectivité de ce matériel est notée parce que le prélèvement peut affecter seulement les individus d’une même taille. ƒ Pirogue : sa longueur est trop réduite pour le déplacement. ƒ Balance et peson : ces deux matériels sont faciles à manipuler et il suffit de lire pour connaître le poids de l’espèce. La précision est l’une des atouts du peson parce qu’il est gradué à un milligramme près.

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7-Limites de la méthodologie :

Elles tiennent à des facteurs défavorables liés aux techniques d’approche et aux contraintes de la méthodologie. Il faut mentionner d’emblée que l’évaluation de stock de faune aquatique nécessite des données statistiques de plusieurs années, tout au moins durant une année d’activité; ce qui justifie les limites des données et du temps disponible.

7-1-Contraintes temps

Une étude d’un milieu humide demande de la disponibilité temporelle, en ce sens qu’elle exige des données sur deux saisons humide et sèche pour être effective. Or, le temps imparti à la recherche et le budget alloué ne permettent pas de réaliser deux descentes sur terrain réparties en deux saisons. En outre, l’inaccessibilité de la localité en période de pluies limite la recherche. A cet effet, les résultats obtenus lors de la saison sèche sont insuffisants pour déterminer la potentialité effective du plan d’eau.

Comme la durée des travaux d’investigation est assez courte, ne dépassant pas 30 jours, le taux d’échantillonnage utilisé n’est pas significatif.

7-2- Contraintes matérielles

Des moyens financiers limités n’ont pas permis d’acquérir des matériels d’investigation appropriés pour ne citer que les piluliers. L’utilisation de petits flacons à volume trop réduit pour pouvoir analyser les différentes propriétés de l’eau a limité les échantillons d’analyse. Par conséquent, la teneur en Azote totale n’a pu être réalisée.

Compte tenu des moyens matériels aussi bien de la recherche que dans la localité, les conditions de travail ont limité les interventions puisque l’exploration du lac à pied a été impérative.

Les valeurs des paramètres chimiques obtenues après les analyses en laboratoire présentent des incertitudes, qui quelque fois sont importantes. Il a fallu 45 jours pour que les échantillons prélevés puissent être analysés au laboratoire à Antananarivo. D’où la limite d’une évaluation de la fiabilité des résultats.

Sur le plan de la bibliographie, les ouvrages publiés concernant la zone d’études sont encore rares ; On est alors obligée de se référer sur des données générales. En outre, peu de documents scientifiques sur les zones humides existent à Madagascar.

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En bref, la méthodologie adoptée pour l’étude du plan d’eau a permis d’une part, d’obtenir des données qualitatives et des données quantitatives, et d’autre part, de traiter et d’analyser ces données. Cette analyse consiste en la détermination de l’abondance et des quantités capturées par espèces lors des pêches de sondage ou de l’échantillonnage effectué ainsi qu’une estimation succincte de la potentialité du milieu lacustre. Comme toute recherche scientifique, quelques contraintes d’ordre matériel, méthodologique et financier ont limité le bon déroulement de l’étude ainsi que les inconvénients affectés à quelques matériels. Cependant, les données obtenues seront traitées avec précision et l’interprétation des résultats tiendront en compte ces différentes contraintes.

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Partie III- Résultats, analyses, discussions et perspectives d’avenir

Tous les résultats obtenus sont consignés sous forme de figures et/ou de tableaux suivis respectivement par des interprétations y afférentes. Les analyses faites sur l’eau ne permettent pas d’avoir une idée complète et exacte sur la richesse de celle-ci.

Les résultats correspondent à la méthodologie adoptée. Ainsi, ils sont subdivisés en deux parties bien distinctes. La première partie consiste à donner les résultats de l’analyse des prélèvements, les inventaires qualitatif et quantitatif. La seconde partie va traiter les résultats des enquêtes qui concernent l’utilisation des poissons.

A-RESULTATS ET ANALYSES DES ENQUETES

L’échantillonnage des personnes enquêtées est raisonné, c’est-à-dire choisir les pêcheurs comme cible en fonction de leur disponibilité.

Tableau n°3 : Taux d’échantillonnage

Zone d’enquête Nombre total de ménages Nombre d’enquêtés Taux d’échantillonnage Ampananira 45 36 80%

Source : Auteur, 2006

1-Diversité ethnique

L’activité de pêche dans le lac est dominée par les Sakalava qui sont les « tompontany ». Des « mpiavy » d’origine merina, korao n’y viennent qu’occasionnellement, alors leur effectif n’a pu être déterminé.

Cette venue des autres ethnies favorise l’échange culturel au sein de la communauté et plus particulièrement au niveau des pêcheurs. Elle incite les exploitants locaux, se résignant encore à la subsistance, à acquérir l’esprit spéculatif.

2-Niveau d’instruction

Presque tous les habitants sont analphabètes. Seuls 16,67% ont connu l’école et savent à peine lire et écrire (figure n°16). Ils se sont arrêtés au niveau primaire. L’éloignement de leur campement par rapport aux infrastructures scolaires constitue un obstacle à la scolarisation des enfants.

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Figure n°4 : Niveau d’instruction de la population

16,67%

Illetré Lire et écrire

83,33%

Source : Auteur, 2006

3-Age de performance

63,89% des personnes enquêtées ont un âge compris entre 20 à 50 ans. 36,11 % sont situés dans la classe d’âge de plus de 50 ans (figure n°17). La jeunesse de la population constitue un atout. Cette tranche d’âge affiche un certain dynamisme, capable d’apprendre de nouvelles techniques de pêche ou d’améliorer celles qui sont pratiquées.

Figure n°5 : Age de performance de la population

36,11%

20-50 ans >50 ans

63,89%

Source : Auteur, 2006

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4-Taille du ménage

L’enquête a démontré que 23,08% des pêcheurs et/ou villageois ont un enfant. Les pêcheurs ayant plus de 3 enfants sont majoritaires avec 42,31%, suivis par ceux qui ont 2 enfants (19,23%) et enfin ceux ayant 3 enfants (15,38%). Les données obtenues lors de l’investigation sont présentées à la figure n°6.

Figure n°6 : Taille du ménage

23,08%

1 enfant 42,31% 2 enfants 3 enfants >3 enfants 19,23%

15,38%

Source : Auteur, 2006

5-Typologie des pêcheurs

Ces résultats concernent les conditions d’exploitation du plan d’eau. Il existe un noyau de pêcheurs professionnels, concentrant uniquement leurs efforts sur la pêche. Ces professionnels sont essentiellement des Betsimisaraka ou Korao, mais certains Sakalava et Merina imitent leur exemple. Comme il a été dit plus haut, la population locale, pour freiner le gaspillage de leurs ressources par des Mpiavy, limite le nombre et la fréquentation de ces derniers. Par conséquent, toute exploitation du plan d’eau par des tierces personnes doit avoir l’aval et l’autorisation de l’autorité locale

Une minorité de Sakalava dans le site d’études ont décidé de devenir des pêcheurs semi professionnels en associant cette activité avec la riziculture et l’élevage. Les activités agricoles occupent, cependant, une place importante.

A côté de cette minorité existe toute la masse de pêcheurs d’occasion, c’est-à-dire la majorité de la population locale, qui cherche avant tout à profiter de la proximité du plan d’eau pour parfaire leur alimentation.

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6-Moyens de production

6-1-Filet maillant

L’entretien avec les pêcheurs a montré que le matériel le plus utilisé est le filet maillant aussi bien pour les pêcheurs semi professionnels que pour les riverains. En effet, ces derniers, pour pêcher, coopèrent avec les propriétaires de filet qui peuvent appartenir au premier ou au second groupe de pêcheurs

Le filet maillant mesure généralement 100 m de long sur 1,50 m de haut. Leur maille varie de 6 cm (3 doigts) à 8 cm (4 doigts). Ils sont faits en nylon monofilament, les lests en plomb. Leur durée estimative s’élève à deux ans. Seules 7 personnes en possèdent.

La méthode du « fidoboka » est communément utilisée. Elle consiste à taper généralement sur l’eau dans le but d’effrayer le poisson qui se maille quand il a fui en direction du filet. La méthode dormante consiste à laisser en place le filet plusieurs heures de suite et les poissons viennent s’y prendre. Cette méthode ne se pratique généralement que la nuit. La préférence pour cet engin s’explique par la facilité à piéger les poissons.

6-2-Nasse

La nasse est appelée « treko » en dialecte sakalava. Ce piège est généralement un engin en vannerie. Elle est tressée avec les nervures des feuilles de Satrana, ce qui limite leur durée d’emploi. Cet engin est muni d’une entrée agencée de telle façon que le poisson ne puisse plus sortir. Il peut être dormant, c’est-à-dire immobile, appâté ou non.

6-3-Ligne

La pêche à la ligne est souvent pratiquée par les femmes ou les enfants pour la consommation journalière de la famille. Cette méthode consiste à accrocher le poisson au moment où il mange l’appât fixé à un hameçon.

6-4-Pirogue

Le moyen de locomotion et de travail sur le lac est la pirogue monoxyle. Elle mesure 2 à 3 m. Cette taille réduite explique l’utilisation de cette embarcation à des usages quotidiens comme le déplacement d’un lieu à l’autre, le transport des plants de riz en période de repiquage.

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7-Activité de pêche

Selon les résultats obtenus, l’activité de pêche peut avoir des impacts sur les ressources piscicoles ainsi que sur l’écosystème lacustre en général. Ces impacts sont relatifs à la diminution progressive du stock de poissons par l’utilisation d’un matériel et d’une méthode de pêche non adéquats ainsi que l’augmentation du nombre de pêcheurs.

Les pêcheurs utilisent en général le filet maillant car il leur permet de capturer beaucoup de poissons. Cependant les mailles mesurent 2 à 3 doigts. Ceci présente un danger pour la ressource piscicole car ce sont toujours les jeunes poissons en cours de développement qui sont capturés. Par conséquent, la régénération de certaines espèces se trouve menacée. L’utilisation du filet à petites mailles s’avère très dangereuse car c’est le renouvellement du stock qui est compromis.

La méthode de « fidoboka » présente un avantage en ce sens qu’il permet de se procurer une quantité suffisante de poissons. Pourtant, elle constitue une menace pour la vie des ressources halieutiques. Les pêcheurs, en tapant l’eau avec des bâtons, risquent de détruire un biotope important pour certaines familles.

Le nombre des pêcheurs étrangers venant des autres localités comme Bemamba traduit un accroissement au niveau démographique et au niveau de l’immigration. Ces pêcheurs campent autour du lac pendant la saison de pêche, plus précisément en saison sèche au moment où l’eau du lac commence à tarir, moyennant un droit de pêche et une autorisation de l’autorité coutumière. Quelques-uns changent temporairement de travail en pratiquant la pêche.

Le village d’Ampananira est alors occupé, néanmoins temporairement, par des immigrants saisonniers pendant la période d’activité de pêche. Le problème se pose car la plupart d’entre eux ne respectent pas les édits traditionnels et les tabous correspondants comme l’interdiction de la salaison des poissons, l’interdiction d’utilisation de filets à petites mailles. Un autre problème y afférent concerne l’évolution de la dégradation de la forêt autour du milieu lacustre. En effet, comme la plupart des poissons sont destinés à être fumés, les pêcheurs cherchent des bois de chauffe dans la forêt environnante. Cette pratique peut être néfaste car l’absence de couverture végétale autour du lac va aggraver le phénomène de l’érosion. C’est la cause principale du changement des caractères physico-chimiques de l’eau.

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8-Utilisation des ressources

La plupart des poissons capturés sont consommés à l’exception des prises des pêcheurs semi professionnels. Les poissons sont vendus surtout séchés mais quelquefois ils ne subissent aucune transformation et sont commercialisés frais aux villages environnants.

Le fumage est la seule technique utilisée par les pêcheurs de la zone d’études pour conserver les poissons. Ces derniers sont écaillés, tranchés longitudinalement et ensuite éviscérés. Après toutes ces préparations, ils sont enfilés par trois sur un petit bâton, appelé « salaza », spécialement utilisé pour cette transformation. Le soir, les pêcheurs les font griller au feu. Lorsque les poissons sont bien séchés, ils sont placés dans un grand panier et gardé dans un endroit avant leur mise en vente dans le marché d’Antseranandaka.

B-RESULTATS ET INTERPRETATION DES ECHANTILLONNAGES

1-Facteurs abiotiques

1-1-Paramètres physiques et chimiques

1-1-1-Température de l’eau

La température est l’un des paramètres écologiques importants puisqu’elle agit directement sur la survie et la répartition géographique des poissons. L’eau du lac présente une variation significative de la température au cours de la journée qui est due à l’influence directe du transfert d’énergie emmagasiné par le sol du littoral. De plus, ce paramètre varie également avec celui du milieu ambiant, d’où les impacts sur la faune ichtyque.

La biologie des poissons est liée aux conditions particulières d’un habitat dans lequel la température joue un rôle primordial. Il se répercute sur la présence des gaz tenus en dissolution dans l’eau et principalement sur la teneur en oxygène nécessaire à la vie des animaux. Les poissons n’ont pas les mêmes exigences à ce sujet. Il existe des poissons à forte concentration d’oxygène et ceux à faible oxygénation (Fernand, 1946). Plus la température de l’eau est élevée, moins cette eau contient d’oxygène dissous. En cas d’élévation de la température, le poisson consomme plus d’oxygène (Moreau, 1972).

La température varie de 25 à 29°C. Ce qui donne une moyenne de 27,4°C (figure n°7). Les valeurs minimales enregistrées se situent au cours de la matinée dont la moyenne est de l’ordre de 25,7°C.

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Les maximales au cours de l’après-midi sont supérieures à 28°C et elles oscillent autour de 29°C. Le niveau constamment élevé de la température donne un caractère tropical à ces eaux avec une production élevée. Il a une grande importance pour les pêches (Thérezien et al., 1967).

Figure n°7 : Evolution de la température de l’eau

27,8

27,6

27,4

27,2

27 Température (°C) 26,8

26,6 S1 S2 S3 S4 Stations

Source : Auteur, 2006

1-1-2-Turbidité et profondeur de l’eau

La turbidité est un facteur qui traduit la productivité de l’écosystème. La présence des matières en suspension peut être due à l’action du vent. Dans la zone d’études, l’eau du lac Mankoy est animée annuellement par les vents dominants du Sud-Est ou les Alizés, les Moussons du Nord-Ouest et les cyclones. Ainsi, par l’action du vent, la valeur indiquée par le disque de Secchi se trouve moins élevé. Ce paramètre est aussi en relation avec la richesse de l’eau en plancton.

La turbidité est liée aux quantités des matières en suspension dans l’eau apportées par des écoulements d’eau qui sont chargés de sédiments mélangés de limons et de fines argiles. Au niveau des quatre stations de prélèvement, la valeur obtenue est inférieure à 30 cm, soit une moyenne de 26,6 cm (figure n°8). A cet effet, l’eau est trouble pendant la saison sèche.

En ce qui concerne la profondeur de l’eau, elle varie de 60 à 85 cm au niveau de la zone littorale et atteint 150 cm au centre pendant la saison sèche qui correspond à la période de descente sur terrain.

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Par contre, d’après les enquêtes, le niveau de l’eau monte aux environs de 300 cm en saison pluvieuse. Ceci marque une nette variation de la profondeur de l’eau entre les deux saisons qui est de 60 à 300 cm.

Figure n°8 : Répartition de la turbidité

30

29

28

27

26

Turbidité (cm) Turbidité 25

24

23 S1 S2 S3 S4 Stations

Source : Auteur, 2006

Le lac Mankoy est irrigué principalement par la rivière Soahany, plus précisément par son affluent. Durant la saison pluvieuse, l’eau de cette rivière monte et inonde périodiquement ce plan d’eau ainsi que les dépressions dans la région. Par conséquent, le niveau du plan d’eau varie en fonction des pluies et des crues de la Soahany.

1-1-3-pH

Le pH ou potentiel hydrogène permet de caractériser l’acidité ou la basicité d’un milieu. C’est un facteur déterminant de la productivité de l’eau. Les valeurs obtenues varient entre 6 à 7 (figure n°9), ce qui veut dire que l’eau du lac est toujours basique quelle que soit la variation des autres paramètres au cours de la journée. La stabilité relative des valeurs du pH indique l’équilibre de l’écosystème en ce qui concerne l’oxydoréduction des matières organiques.

Cette valeur moyenne du pH indique des critères pouvant expliquer une densité de végétation élevée et une forte production primaire. Elle est de plus favorable à la vie et à la croissance des poissons (Thérezien et al., 1967).

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Figure n°9 : Evolution du pH

6,68 6,68 6,67 6,67 6,66 6,66 pH 6,65 6,65 6,64 6,64 6,63 S1 S2 S3 S4 Stations

Source : Auteur, 2006

1-1-4-Oxygène dissous

Avec la température de l’eau, l’oxygène dissous est considéré comme le paramètre le plus important de la vie d’un poisson. En effet, pour respirer, le poisson absorbe de l'eau par la bouche et l'expulse à travers les branchies : l'oxygène dissous passe à travers les membranes des branchies dans le sang. Un autre fait remarquable chez certains poissons exotiques réside dans la possession d’organes respiratoires accessoires qui leur permettent de résister dans une eau très appauvrie en oxygène (Fernand, 1946).

Ce paramètre varie tout au long de l’année en fonction de l’augmentation de la température et de la turbidité. Plus la température s’élève, plus la teneur en oxygène dissous diminue en raison de sa faible solubilité. En outre, la prolifération de la végétation aquatique entraîne une diminution de la teneur en oxygène dissous dans les eaux. Les algues et les plantes aquatiques qui se développent en surface forment une couche opaque qui empêche la lumière de pénétrer dans les couches inférieures du plan d’eau (Encarta, 2005). Ainsi, ces différents facteurs contribuent inévitablement à une réduction de la proportion d’oxygène dissous dans l’eau. Cependant les valeurs obtenues sont assez faibles pour la survie des poissons.

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Comme il a été dit plus haut, les proportions de l’oxygène dissous ne représentent pas la réalité sur terrain en raison des contraintes d’ordre technique et financier. Dans l’ensemble, les valeurs oscillent entre 0,39 et 1,53 mg/l (figure n°10). Cette teneur en oxygène dissous est relativement basse par rapport aux autres lacs du District d’Antsalova comme Antsoha et Masamà (BCPA, 2002 et 2003).

Figure n°10 : Evolution de la teneur en oxygène dissous

1,80 1,60 1,40 1,20 1,00 0,80 0,60

Oxygène dissous Oxygène 0,40 0,20 0,00 S1 S2 S3 S4 Stations

Source : Auteur, 2006 1-1-5-Salinité

En observant la flore du littoral, on peut déduire que pendant la période de l’étiage, la salinité des eaux est effective. La présence des espèces salinicoles en témoignent telles que Salicornia sp. qui colonise toute la zone de retrait des eaux. Selon Roger et Andrianasolo in Goodman et al., 2003, cette espèce se rencontre fréquemment dans les zones dessalées d’arrière mangrove. Quant à l’existence de Ziziphus mauritiana, cette espèce marque le contact entre cette zone et les eaux douces.

2-Facteurs biotiques

Des échantillonnages ont été réalisés dans le but d’essayer d’inventorier les diverses espèces se trouvant dans ou à proximité immédiate du lac.

2-1-Flore

Elle concerne la végétation environnante constituée par la forêt secondaire, la savane avec ou sans éléments ligneux, les zones temporairement inondées.

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Un inventaire du phytoplancton complète la liste des espèces floristiques. La productivité d’un milieu lacustre dépend de la quantité de nourriture produite en son sein, nourriture se trouvant à la disposition du peuplement piscicole.

2-1-1-Plantes supérieures

Aucune partie de la zone du lac n’est nue. Elle est toujours recouverte par des plantes supérieures qui se répartissent comme suit1 :

• plantes rivulaires : ce sont celles qui vivent hors de l’eau et peuplent les rives : ce sont soient des essences forestières, soient des végétaux herbacés. Ces derniers fixent les berges et fournissent une matière organique et de l’ombrage pour les poissons ; • plantes palustres : ce sont généralement des plantes à fort développement, possédant une souche importante et un système radiculaire puissant comme Nastus phragmites, Cyperus sp. Elles forment des refuges pour les poissons, donnent un certain ombrage et protègent dans une certaine mesure les berges. Elles présentent cependant des inconvénients, notamment en ce qui concerne la concurrence alimentaire, car ces plantes absorbent les matières nutritives du fond. Elles entraînent ainsi le comblement et l’envasement des parties peu profondes du plan d’eau ; • plantes semi immergées et flottantes : le plus souvent, ces plantes sont partiellement immergées. Une grande partie des feuilles sont aériennes. Elles sont intermédiaires entre les types palustre et submergé comme Nymphaea stellata. Tant qu’elles ne deviennent pas envahissantes (ce qui est cependant généralement le cas de cette espèce), elles jouent un rôle intéressant, du fait qu’elles donnent une certaine quantité de matières organiques. Les jeunes pousses servent de nourriture aux poissons herbivores ; • plantes submergées : leur croissance se fait entièrement sous eau. Elles présentent une valeur piscicole en ce sens qu’elles constituent la nourriture principale des poissons phytophages (herbivores) et de nombreux organismes aquatiques. Elles sont une source importante d’oxygénation des eaux stagnantes.

1 MOREAU J., 1972. Pisciculture et pêche continentale

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Tableau n°4 : Inventaire des plantes supérieures

FAMILLES ESPECES ABONDANCE

Rubiaceae Enterospermum resinosum +++

Tiliaceae Grewia sp +++

Rhamnaceae Ziziphus mauritiana +++

Poaceae Aristida sp +++

Hyparrhenia sp +++

Heteropogon sp ++

Imperata cylindrica +

Nastus phragmites +

Anacardiaceae Poupartia caffra +

Malpighiaceae Acridocarpus excelsus +

Arecaceae Hyphaenae shatan +++

Bismarckia nobilis +++

Dypsis sp ++

Borassus madagascariensis ++

Nympheaceae Nymphaea stellata +++

Cyperaceae Cyperus sp ++

Chenopodiaceae Salicornia sp. +++

Sources : Auteur, 2006 et FFEM, 2004

Quelques espèces inventoriées sont des indicatrices des conditions hydrologiques ou édaphiques. Nymphaea stellata qui présente une abondance très élevée d’après le tableau ci- dessus est une espèce aquatique et caractéristique du paysage. Elle ne se développe que dans les zones calmes et non perturbées. Tandis que la présence de Salicornia sp témoigne des conditions édaphiques salées ainsi que Ziziphus mauritiana.

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2-1-2-Phytoplancton

L’abondance en phytoplancton est un avantage pour la population piscicole en matières nutritives dans la mesure où elle trouve une nourriture suffisante dans les zones peu profondes. La turbidité de l’eau du lac est due essentiellement à l’abondance du phytoplancton. Les principaux groupes phytoplanctoniques de la zone de pêche sont présentés dans le tableau ci-dessous.

Tableau n°5 : Groupe phytoplanctonique

FAMILLES ABONDANCE

Chromophytes Diatomeae +++

Dinophyceae (péridiniens) +

Chrysophyceae +

Cryptophyceae +

Euglenophyceae (eugleniens) +

Chlorophytes (algues Euchlorophyceae +++ vertes) Zygophyceae +++

Cyanophytes Cyanophyceae (algues bleues) ++

Sources : BCPA, 2002 et 2003, Auteur, 2006

Les principaux groupes de phytoplancton sont tous des organismes autotrophes capables de réaliser la photosynthèse, c’est-à-dire de fabriquer la matière organique nécessaire à leur développement. Le phytoplancton fait donc partie des producteurs primaires dans la chaîne alimentaire, plus précisément à la base de la chaîne trophique. Il sert de nourriture au zooplancton et aux poissons.

La présence des algues qui produisent de l’oxygène et fixent des substances nutritives diminue le risque de phénomène d’eutrophisation. La présence de Diatomées indique cependant que la zone est riche en substances nutritives.

Le lac est pauvre spécifiquement en diversité phytoplanctonique mais l’abondance des Diatomées et des Chlorophytes est très élevée. Ceci implique la qualité des caractéristiques physico-chimiques de l’eau qui agit sur la productivité du milieu lacustre.

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2-2-Faune

Elle consiste à inventorier les espèces du zooplancton ainsi que les vertébrés aquatiques. Ces derniers vont permettre de ressortir le niveau d’exploitation du plan d’eau.

2-2-1-Le zooplancton

Se situant à la base de la chaîne alimentaire, le zooplancton qui s’est nourri sur le phytoplancton sert à leur tour de proies à des poissons ou d’autres organismes aquatiques carnivores comme les crustacés et les larves d’insectes aquatiques. Il est composé essentiellement par des Crustacés.

Tableau n°6 : Groupe zooplanctonique

CLASSIFICATION FAMILLE ABONDANCE

Rotifères ++

Crustacés entomostracés Cladocères +++

Copépodes +++

Palémonidées +++

Ostracodes +++

Sources : Auteur, 2006 et BCPA, 2002 et 2003,

Le zooplancton est composé d’organismes hétérotrophes qui puisent sur leurs proies les matières organiques qui leur sont nécessaires et qu’ils sont incapables d’élaborer. Il est donc un consommateur primaire qui se trouve au deuxième maillon de la chaîne trophique.

Les Crustacés dominent largement le zooplancton. Les groupes représentés sont cependant relativement faibles. Néanmoins, la richesse en quantité des Entomostracés traduit une chaîne trophique bien équilibrée.

2-2-2-Poissons

2-2-2-1-Détermination qualitative

C’est le groupe le plus important de la faune du plan d’eau. Les espèces recensées, plus précisément signalées présentes lors des enquêtes, sont représentées dans le tableau ci-

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dessous. Elles sont classées par ordre d’importance d’exploitation, espèces autochtones et introduites confondues afin de mettre en valeur l’abondance des espèces. A chaque espèce correspondent un nom scientifique et un nom vernaculaire local.

Tableau n°7 : Liste des espèces de poissons présentes au lac Mankoy

Familles Noms scientifiques Noms Origine Abondance vernaculaires

1-Cichlidae Oreochromis niloticus Karoka Introduite +++ (Linné)

2-Ophiocephalidae Ophiocephalus striatus Fiado Introduite +++

3-Ophioglossidae Heterotis niloticus Fiavahiny Introduite +++ (Cuvier et Valencienne)

4-Mugilidae Mugil robustus Kelimany Autochtone +++ 5-Ariidae Arius madagascariensis Tsizaray, Gogo Endémique +++ (Vaillant) 6-Anguillidae Anguilla bicolor (Mc Amalomainty Autochtone ++ Clelland) 7-Elopidae Megalops ciprinoides Fiafotsy Autochtone ++ (Broussonnet)

Elops saurus (Forskal) Kilegnilegny 8-Gobiidae Glossogobius giurus Banana fotsy Autochtone ++ (Hamilton et Buchnan) 9-Eleotridae Eleotris fusca (Bloch et Banana mainty Autochtone ++ Schneider) 10-Chanidae Chanos chanos Vango Autochtone ++ (Forskal) 11-Palemonidae Machrobrachium sp. Langosita Endémique ++ 12-Scyllaridae Scylla sp. Drakaka Autochtone + 13-Dussumieridae Pellonulops Varilava Endémique + madagascariensis (Sauvage) 14-Ambassidae Ambassis commersoni Kimbatsy Autochtone + (C et V) 15-Carangidae Caranx sp. Lagnora Autochtone + 16-Chaetodontidae Scatophagus Hinta Autochtone + tetracanthus (Lacepède) Source : Auteur, 2006

+++ : très abondant ++ : abondant + : moins abondant

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16 familles et 17 espèces ont été identifiées dont 3 espèces introduites, 11 espèces autochtones et 3 espèces endémiques (tableau n°8). Les poissons autochtones sont les mieux représentés. Cependant, ceux qui sont introduits occupent une place prépondérante au niveau de l’exploitation à savoir Oreochromis niloticus, Ophiocephalus striatus et Heterotis niloticus, suivis par Mugil robustus (autochtone) et Arius madagascariensis (endémique).

Tableau n°8 : Répartition des familles présentes

Nombre Familles Introduite Autochtone Endémique 16 3 10 3

Source : Auteur, 2006

2-2-2-2-Biologie des familles de poissons

2-2-2-2-1-Famille des Cichlidae

La famille des Cichlidae est représentée à Madagascar par les espèces dénommées communément « Tilapia ». Ce sont des poissons d'eau douce originaires d’Afrique, mais introduits à des fins commerciales dans de nombreux pays comme la Grande île entre 1961 et 1962. Parmi les espèces de Cichlidae à Madagascar, une seule espèce existe au lac Mankoy qui est Oreochromis niloticus (photo n°19)

Photo n°19 : Oreochromis niloticus

Source : Auteur, juin 2006

Les Tilapias vivent dans des eaux dont la température est généralement comprise entre 20 et 25 °C. Certains sont capables de survivre dans des eaux où la teneur en oxygène est particulièrement faible. Les Tilapias sont caractérisés par un corps assez court et trapu, recouvert de petites écailles cycloïdes (écailles rondes dont les bords sont émoussés) ou cténoïdes (rondes, avec des bords en dents de scie). Ils mesurent en moyenne de 10 à 30 cm de long (Encarta, 2005).

63

Oreochromis est caractérisé par un régime alimentaire microphage en se nourrissant particulièrement de microphytobenthos constitués des plantes et des détritus organiques présents dans l'eau. Il se nourrit aussi de larves d’insectes, de petits crustacés ou de vers. Il pratique l'incubation buccale.

Après la fécondation, l'un des parents (souvent le mâle) jeûne et accueille les œufs dans sa bouche durant les dix à douze jours de maturation nécessaire à l'éclosion des œufs, d’où leur appellation Oreochromis. La période de ponte se situe au cours de la saison chaude qui coïncide avec la saison pluvieuse comme la plupart des poissons tropicaux en général.

Lors des pêches de sondage, plus de 70% des captures sont constituées de Tilapia nilotica. Presque tous les engins de pêche utilisés permettent de les capturer comme le filet maillant, la nasse, et la ligne.

2-2-2-2-2-Ophiocephalidae

Introduite clandestinement dans les années 70, la seule espèce de cette famille rencontrée à Madagascar est Ophiocephalus striatus. Elle est appelée localement « Fiado » en raison de sa couleur qui ressemble fort bien à celui du serpent Acranthophis madagascariensis ou Do (photo n°15).

C’est une espèce carnivore très dangereuse, à croissance rapide et d’une grande taille. Elle est capable de vivre dans un milieu pauvre en oxygène dissous. Ce qui lui permet de vivre hors de l’eau et de se déplacer ainsi d’un plan d’eau à l’autre. De par ses caractéristiques, elle constitue donc une réelle menace pour la population piscicole. Elle est devenue une espèce envahissante puisqu’elle se rencontre presque dans tous les plans d’eau continentale malagasy.

Ophiocephalus striatus fait partie des principales espèces capturées lors de l’échantillonnage. Elle est appréciée par les habitants à cause de sa chair tendre avec peu d’arêtes.

2-2-2-2-3-Ophioglossidae

Heterotis niloticus est la seule espèce qui représente cette famille à Madagascar (photo 20). Son introduction se situe dans les années 60 par le Président de la République P. Tsiranana, d’où son appellation de « Trondron’i Prezidà ». A Ampananira elle est connue sous le nom de « Fiavahiny », littéralement poisson-étranger ». C’est une espèce typiquement africaine.

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Photo n°20 : Heterotis niloticus

Source : Auteur, juin 2006

Sa tête ressemble un peu au mulet (Mugilidae), et son corps à celui de l’anguille à cause de ses nageoires dorsales et anales longues et une nageoire caudale petite et arrondie. Ses écailles sont bien structurées.

Heterotis niloticus se reproduit durant la saison chaude, d’octobre à avril. Elle se caractérise par une croissance rapide. En une année, sa longueur peut atteindre 50 à 60 cm pour un poids supérieur à 1500 g. C’est une espèce carnivore vorace.

Au plan d’eau Mankoy, elle se pêche avec les filets maillants. Elle occupe la première place et dépasse en poids les Cichlidae dans les captures.

2-2-2-2-4-Mugilidae

A cette famille, Mugil robustus est la seule espèce qui existe dans la zone d’études. Elle a un museau arrondi et une petite bouche aux nageoires épineuses. Les mulets vivent dans les eaux marines côtières et en eau saumâtre dans toutes les mers tropicales (Encarta, 2005). En d’autres termes ce sont des espèces euryhalines. Elles effectuent des migrations saisonnières vers la mer en période de ponte d’avril à septembre. Ceci peut expliquer l’absence de cette espèce dans les échantillonnages.

Mugil robustus ou « Kelimany » se caractérise par sa petite taille dont le maximum ne dépasse pas 35 cm. Elle se pêche au filet maillant de petites mailles (3 doigts, équivalent à 4 cm étirées), à la nasse et ligne. C’est une espèce autochtone.

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2-2-2-2-5-Ariidae

Arius madagascariensis représente la famille des Ariidae au Mankoy. Elle est appelée localement « Gogo » ou « Tsizaray ». Sa chair est grasse et elle est très appréciée par la population locale si bien qu’en cas de pêche maigre.

Le pêcheur la réserve toujours pour la consommation familiale et ne partage pas ses butins, d’où son nom qui veut dire littéralement « qu’on ne peut pas partager ».

Cette espèce se distingue par sa queue légèrement hétérocerque. Sa couleur est brun grise avec quelques reflets bleu acier. Son corps est dépourvu d’écailles. Les nageoires dorsales et pectorales sont souvent bordées d’épines aiguisées, parfois venimeuses. Elles servent de moyen de défense et peuvent infliger de graves blessures. Sa taille peut atteindre 70 cm avec un poids maximal de 3200 g.

C’est une espèce euryhaline. La période de ponte se situe d’octobre à fin novembre. Ce sont les mâles qui effectuent l’incubation buccale. Cette espèce se capture avec le même engin utilisé pour celui de Mugil robustus.

2-2-2-2-6-Anguillidae

Anguilla bicolor ou « Amalomainty » est la seule espèce appartenant à cette famille des Anguillidae du plan d’eau de Mankoy. Elle est autochtone. L’anguille est un poisson allongé ressemblant à un serpent. En général, elle ne comporte pas d’écailles, son corps est protégé par une couche de mucus glissant.

Elle se pêche essentiellement la nuit à l’aide d’une ligne. Sa capture est rare, cependant elle est prisée pour la consommation.

2-2-2-2-7-Elopidae

Megalops ciprinoides et Elops saurus sont les deux espèces de la famille des Elopidae rencontrées dans la zone d’études. Ce sont des espèces autochtones. Elles sont typiquement euryhalines dont les migrations ont lieu en saison chaude.

Megalops ciprinoides ou « Fiafotsy »est caractérisée par sa couleur argentée et une dorsale dont le dernier rayon est prolongé par un long filament. Elle comporte aussi beaucoup d’arêtes. Elle se pêche à la nasse, au filet maillant, mais rarement à la ligne.

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2-2-2-2-8-Gobiidae

Glossogobius giurus représente la famille des Gobiidae dans ce lac. C’est un poisson des mangroves et des estuaires des côtes tropicales de l'océan Indien (Encarta, 2005), capable de vivre à l'air libre. Il a une taille réduite, de 10 à 27 cm, et de grandes nageoires, et peut se déplacer à terre à l'aide de ses nageoires pectorales, avec une vitesse considérable.

Sa présence dans le plan d’eau prouve qu’il est euryhalin. Ce poisson se nourrit d'insectes et de crustacés. Il a de jolies teintes brunes sur fond sableux et des coloris bruns gris ternes sur fond vaseux.

Ce poisson se capture de la même façon que les Tilapia. Sa chair est excellente.

2-2-2-2-9-Eleotridae

Eleotris fusca est la seule espèce appartenant à la famille des Eleotridae de ce plan d’eau. Elle ressemble à Glossogobius giurus du point de vue morphologique. Elle se distingue, cependant, de cette dernière par sa couleur noirâtre sur la partie dorsale, d’une part, et d’autre part, ses nageoires pelviennes ne sont pas soudées.

Elle se capture de la même façon que la précédente.

2-2-2-2-10-Chanidae

Chanos chanos, appelée localement « Vango » est la seule famille des Chanidae présente dans la localité. Elle est euryhaline. Elle se caractérise par sa petite bouche édentée, conforme à son régime alimentaire microphage-planctonophage, essentiellement mangeur d’algues pélagiques. Elle a de très petites écailles (Kiener, 1963).

Elle est capturée avec le filet maillant, accessoirement avec les Tilapia.

2-2-2-2-11-Palemonidae

Machrobrachium sp. est la seule espèce rencontrée de cette famille des Palemonidae. Elle est endémique ; les locaux l’appellent « Langosita ». Cette crevette d’eau douce est caractérisée par la présence de la deuxième paire de pénéïpodes très développées notamment chez le mâle et se terminent par de fortes pinces. Le recouvrement de la carapace est régulier, en tuile de toit (Griessinger et al, 1992 in BCPA, 2002).

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D’un régime alimentaire omnivore détritivore, elle se nourrit de débris végétaux, de zooplancton, de la faune microbenthique (larves d’insectes, petits vers).

Machrobrachium sp. se prend au moyen des nasses ou « treko ». Peu de personnes la pratique. La valeur marchande de la crevette est méconnue par la population locale.

2-2-2-2-12-Scyllaridae

Scylla sp. ou « Drakaka », de la famille des Scyllaridae est un crustacé décapode. Il se caractérise par ses premières pattes transformées en pinces, un abdomen réduit replié sous le corps, un céphalothorax élargi, et la présence d’un squelette externe constitué de chitine formant une carapace dorsale. Bien que très communs parmi la faune du fond des mers et des rivages, les crabes vivent également en eau douce et certains s’aventurent même sur la terre ferme. On les capture à l’aide de filets ou de casiers (nasses). Leur chair est riche en protéine et pauvre en matières grasses.

Malgré cela, ce crustacé est une espèce de faible importance et non valorisée puisque les habitants ne la consomment pas. Elle se trouve parfois capturée par les filets par accident.

2-2-2-2-13-Dussumieridae

Pellonulops madagascariensis ou « Varilava », une espèce endémique, représente la famille des Dussumieridae. C’est un petit poisson, sa longueur ne dépasse pas les 6,5 cm. Ses écailles sont cycloïdes. Son corps est allongé et légèrement arrondi. Il ne comporte pas de nageoires pelviennes sur le ventre. Ses dents sont minuscules et coniques. Il est planctonivore. Sa couleur est jaune et rouge ou orange pour les adultes mâles et femelles (Goodman et al, 2003).

Elle n’est pas valorisée dans la zone d’étude du fait que les habitants ne la pêchent pas. Ils considèrent qu’elle est trop petite pour être consommée.

2-2-2-2-14-Ambassidae

Ambassis commersoni représente la famille des Ambassidae. Elle est euryhaline. L’espèce présente est autochtone. Elle se capture au filet maillant accessoirement avec les Tilapia. Elle n’occupe qu’un rôle secondaire dans la consommation.

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2-2-2-2-15-Carangidae

Caranx sp. représente la famille des Carangidae. De coloration gris-bleu et atteignant 60 cm de long, les espèces de cette famille ont quatre petites épines en avant de la nageoire dorsale et cinq ou six bandes verticales sombres sur le corps (Encarta, 2005). C’est une espèce essentiellement marine. Signalée présente, Caranx sp. présente une faible importance dans la localité.

2-2-2-2-16-Chaetodontidae

Scatophagus tetracanthus appartient à cette famille citée ci-dessus. Cette dernière vit seulement dans les mers chaudes, donc c’est une espèce euryhaline. La taille maximale des espèces est en général comprise entre 12 et 22 cm. Leur corps est arrondi et comprimé, avec un museau tubulaire et de toutes petites dents (dont ils tirent leur nom).

Signalée présente, cette espèce n’occupe qu’un rôle négligeable dans le plan d’eau. Elle contribue à la diversification du peuplement piscicole.

2-2-2-3-Composition spécifique

Le lac Mankoy fait partie des plans d’eau de la côte Ouest de Madagascar où le développement de la population piscicole est important. Certes, la faune aquatique est pauvre en diversité spécifique en ce sens que 17 espèces sur 16 familles ont été recensées. Les espèces introduites dominent largement au détriment des espèces autochtones puisqu’elles constituent la majorité des captures effectuées ainsi que de l’exploitation locale.

En second lieu, il s’agit principalement d’une faune d’origine marine ou revenue de la mer telle que Mugilidae, Ariidae, Elopidae, Gobiidae, Chanidae, Carangidae. Selon De Rham en 1996, les poissons d’eau douce malgache sont considérés comme appartenant à des familles périphériques ou d’eau douce secondaire. Ce qui veut dire que ce sont des espèces qui, à un certain moment de leur évolution, ont pu vivre ou au moins séjourner pendant de longues périodes dans la mer.

La présence des espèces marines dans le lac peut s’expliquer par la proximité de la mer par l’intermédiaire d’un cours d’eau, une rivière se jetant directement à la mer qui n’est autre que la Soahany. Cette dernière, en relation directe avec la mer est à l’origine de la diversité de l’ichtyofaune. Par contre, l’éloignement de cette étendue d’eau marine se traduit par une ichtyofaune moins diverse vu que le lac ne peut amener des apports venant de celle-ci et des autres lacs environnants.

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En ce qui concerne les autres familles, Cichlidae est essentiellement dulçaquicole. Malgré cette pauvreté spécifique, le plan d’eau présente non seulement des formes endémiques qui sont représentées par la famille des Ariidae, Palemonidae et Dussumieridae, mais il se caractérise aussi par une abondance de la population piscicole.

3-Résultats des pêches expérimentales

Pour l’inventaire de la population faunistique, divers échantillonnages ont été effectués. Ces pêches de sondage vont permettre de voir le niveau d’exploitation de ce plan d’eau, les différentes espèces existantes ainsi que la qualité et la quantité des prises. Les résultats sur la composition du peuplement piscicole, présentés sous forme de tableaux et/ou de figures, ne peuvent cependant refléter exactement cette composition réelle.

3-1-Composition spécifique des captures

Plusieurs espèces peuvent être rencontrées dans le plan d’eau Mankoy selon les résultats du recensement présentés au tableau ci-dessus. Mais pendant les temps de pêche, trois espèces de poissons seulement ont été capturées qui sont représentées par Ophiocephalus striatus, Heterotis niloticus et Oreochromis niloticus.

Figure n°11 : Composition spécifique des captures

30

25

20 O.striatus 15 H.niloticus O.niloticus 10

Nombre d'individusNombre 5

0 123456 Echantillonnage

Source : Auteur, 2006

70

Du point de vue proportion, les échantillonnages sont presque dominés par l’espèce Oreochromis niloticus qui occupe plus 75% des échantillonnages. La période de pêche n°4 est constituée uniquement d’une seule espèce qui n’est autre que Heterotis niloticus. Ce qui explique la valeur représentée à 100%. Ophiocephalus striatus, représentant une proportion assez réduite, n’a pu être pêchée que deux fois. Les captures sont inégalement réparties comme le démontre la figure suivante.

Figure n°12 : Proportion des captures par espèce

120 100 96,5 100 83,3 77,8 81,8 80 80 O.striatus 60 H.niloticus O.niloticus 40 22,2 16,7 20 20 9,19,1 3,5 0 123456 Echantillonnage

Source : Auteur, 2006

3-2-Répartition des captures par sexe

La répartition spécifique par sexe des échantillonnages se trouve inégale puisque les individus de Ophiocephalus striatus sont toutes des femelles. Tandis que les deux autres espèces sont bien représentées du point de vue proportion par sexe avec 22,22% de mâle et 24,45% de femelle pour Heterotis niloticus ; 77,78% de Oreochromis niloticus sont de sexe masculin contre 71,11% du sexe féminin. Les poissons ne sont pas généralement ovés puisque la pêche de sondage menée dans la zone d’étude ne correspond pas à la période de reproduction de la population piscicole.

71

Figure n°13 : Répartition des captures par sexe

90 77,78 80 71,11 70 60 50 Mâle 40 Femelle 30 24,45

Pourcentage 22,22 20 10 4,44 0 O.striatus H.niloticus O.niloticus Espèces

Source : Auteur, 2006 3-3-Croissance

L’évolution de la croissance linéaire et de la croissance pondérale des espèces capturées est estimée à partir des résultats de la biométrie à chaque séance de pêche. La biométrie comprend le pesage de l’individu pour évaluer le poids en grammes et les mensurations pour déterminer la longueur standard (LS) et la longueur totale en centimètre. Les poids et les LS présentés dans le tableau ci-dessous sont les moyennes des mesures des individus capturés à chaque séance de pêche.

Tableau n°9 : Résultats des mesures biométriques

O. striatus H. niloticus O. niloticus Echantillonnages Poids (g) LS (cm) Poids (g) LS (cm) Poids (g) LS (cm) 1 100 19 65 11,6 2 252,5 26 59,3 11,5 3 370 29,5 185 24,5 58,3 11,6 4 212,1 25 5 170 23 58,8 11,9 6 160 23 46,1 10,6 Source : Auteur, 2006

Les évolutions de la croissance pondérale et de la croissance linéaire sont présentées dans les figures suivantes.

72

Figure n°14 : Evolution de la croissance pondérale

400

350

300

250 O.striatus 200 H.niloticus

Poids (g) Poids 150 O.niloticus

100

50 0 123456 Echantillonnages

Source : Auteur, 2006 Figure n°15 : Evolution de la croissance linéaire

35

30

25

20 O.striatus H.niloticus 15 O.niloticus Taille (cm) Taille 10

5

0 123456 Echantillonnage

Source : Auteur, 2006

Ces deux figures montrent que parallèlement une évolution nette tant en taille qu’en poids des espèces rencontrées a été observée. Dans ces figures aussi, des segments vides sur les courbes de croissance de chaque espèce ont été enregistrés. Ces segments correspondent aux séances de pêches où aucun individu n’a été capturé.

73

3-4-Abondance relative des espèces capturées

L’abondance relative d’une espèce est estimée par la proportion de chaque espèce présente dans la zone selon la quantité, la taille ainsi que le poids des captures durant la période de suivi. Elle est exprimée par les figures suivantes.

Ophiocephalus striatus présente la proportion la plus faible du point de vue nombre avec 2,78% des captures totales. Les deux espèces dominantes de la zone de pêche sont Heterotis niloticus et Oreochromis niloticus. Cette dernière domine largement le peuplement piscicole du fait de la tolérance en teneur en oxygène dissous assez faible. Etant des herbivores, ces espèces sont les plus favorisées au niveau alimentaire.

Figure n°16 : Abondance relative des espèces

2,78%

23,61%

O.striatus H.niloticus O.niloticus

73,61%

Source : Auteur, 2006

Selon la taille et le poids des captures, Ophiocephalus striatus présente la plus grande proportion alors que les échantillonnages effectués n’ont permis de capturer que très peu d’individus. Elle est suivie par Heterotis niloticus. Ce qui démontre que ces deux espèces ont bien colonisé tous les biotopes (milieu abiotique de l’écosystème) du lac au détriment des Tilapia qui sont généralement de petite taille par rapport aux deux autres espèces.

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Figure n°17 : Abondance relative de la taille des captures

17,87%

42,35% O.striatus H.niloticus O.niloticus

39,78%

Source : Auteur, 2006

Figure n°18 : Abondance relative du poids des captures

9,96%

O.striatus 51,12% H.niloticus O.niloticus 38,92%

Source : Auteur, 2006

3-5-Equilibre des espèces

Du point de vue équilibre des espèces, 26,4% du cheptel dans l’eau sont constitués par des espèces carnivores : Ophiocephalus striatus et Heterotis niloticus. Elles dominent largement en taille avec 57,65% et en poids avec 90,04%. Se trouvant au sommet de le chaîne trophique, ces carnivores attaquent directement les Tilapia et les autres espèces qui présentent des tailles réduites.

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D’après les résultats des échantillonnages, le nombre des Tilapia est beaucoup plus supérieur par rapport à Ophiocephalus striatus et Heterotis niloticus. Ils ne représentent cependant que 17,87% et 9,96% en taille et en poids. Ceci démontre qu’ils sont des proies faciles à ces prédateurs.

4-Analyses des pêches de sondage

Pendant ces six jours de pêches expérimentales, trois espèces seulement ont été capturées qui sont au nombre de 72. Si on classe celles-ci par ordre d’abondance, Oreochromis niloticus domine largement avec 73,61%. Par contre au niveau de l’abondance pondérale et de la taille, Ophiocephalus striatus et Heterotis niloticus occupent plus de 80% de la proportion.

D’après ces résultats, le lac est pauvre du point de vue composition ichtyologique. Presque toutes les captures sont dominées par les Tilapia. Les autres espèces ne sont représentées qu’en nombre assez réduit. A chaque sortie de pêche, la capture est monospécifique ou composée de deux espèces seulement. La présence des poissons euryhalins ne doit pas être négligée. Ils passent les différents stades de leur cycle biologique en eau douce ou en mer. Autrement dit, ces espèces peuvent indifféremment passer du milieu saumâtre en eau douce et réciproquement. Ainsi, la période d’investigation coïncide à la migration de cette population à la mer.

Selon Kiener en 1963, la capacité des espèces marines de coloniser les eaux douces peut être due à l’existence des accès saisonniers à la mer, à l’alcalinité de l’eau et aussi à la proximité des mangroves. Ceci explique la présence des espèces au lac Mankoy qui ont emprunté le cours du fleuve Soahany lors de la période des crues ainsi que de la proximité de la mangrove de Soahany.

A part ces caractéristiques euryhalines, les espèces capturées sont toutes introduites. En fait, l’écosystème lacustre et les caractéristiques chimiques de l’eau sont à l’origine de la composition du peuplement. Comme il a été mentionné plus haut, plus la teneur en oxygène dissous est faible, plus la population piscicole diminue, plus précisément au niveau spécifique. Par conséquent, les poissons qui affectionnent les eaux claires et oxygénées, disparaissent progressivement au profit des poissons qui peuvent survivre dans ce milieu comme le cas de ces espèces introduites.

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5-Estimation de la potentialité du lac

La saison de la pêche débute au mois de novembre et ne se termine qu’au mois d’août de l’année suivante. En pêchant 30 jours par mois, à raison d’une fréquence moyenne de 1,06 par jour, cette activité dure 300 jours pour une saison. Sur les 36 personnes enquêtées, leur prise moyenne est de 1,52 kg.

En considérant toutes ces données et en se référant à la formule de l’estimation de la potentialité, la production de ce lac pendant une saison de pêche est de 17,400 tonnes.

Il faut signaler que les prises des personnes étrangères au village ainsi que leur nombre n’ont pas pu être identifiés puisque la période de l’investigation ne coïncide pas effectivement à leur descente dans la zone d’études. Certes, seule une minorité de personnes ont été présentes, d’où l’impossibilité de quantifier les captures totales est vérifiée lors de la période d’investigation.

En résumé, les poissons réagissent (bien que de façon différente) pour suppléer à la carence de l’oxygène dissous dans l’eau ou à la diminution, par suite de l’évaporation , du volume d’eau dans lequel ils sont forcés de vivre. Aussi voit-on les espèces introduites subsister là où tout autre poisson ne peut vivre. D’autres espèces entreprennent de véritables migrations, sur le sol, pour gagner quelque point d’eau permanent.

Les propriétés chimiques de l’eau explique la dominance et l’abondance des espèces introduites au détriment des espèces autochtones aussi bien lors des pêches de sondage que lors des enquêtes effectuées. Une zone à vocation rizicole et piscicole, les Sakalava ont associé ces deux activités en privilégiant la riziculture de décrue qui constitue la principale activité. Seule une minorité de personnes ont décidé de devenir des pêcheurs semi professionnels afin d’exploiter le plan d’eau à des fins commerciales bien que le mode de transformation se trouve encore peu développé.

Du point de vue limnologique, c’est-à-dire les aspects physiques, géographique, chimiques et biologiques de cette étendue d’eau dormante, et après avoir abordé la productivité, les interactions parmi les organismes, et entre les organismes et leur environnement ainsi que les caractéristiques de l’eau et des fonds aquatiques, le plan d’eau de Mankoy est défini comme un grand étang. Un étang est une étendue isolée d’eau stagnante, généralement douce. Il est moins profond et moins grand que les lacs. Il résulte le plus souvent de l’imperméabilité du sol. Il reçoit des pluies l’essentiel de leurs eaux.

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C-DISCUSSIONS

1-Comparaison des facteurs abiotiques et biotiques et de la potentialité du lac Mankoy avec les autres lacs de l’Ouest

1-1-Paramètres physiques et chimiques

1-1-1-Température de l’eau

La température de l’eau va influer sur la répartition des espèces piscicoles dans le lac ; D’après les résultats, elle varie proportionnellement avec celle du milieu ambiant dans lequel l’eau du lac fait partie des eaux côtières chaudes. Selon Kiener (1963), il existe quatre classes d’eaux douces à Madagascar suivant la température. La première classe est constituée par les eaux côtières chaudes dont la température varie de 30 à 20°C. Les eaux tièdes de 27 à 17°C appartiennent à la seconde classe. Par contre, la troisième classe est représentée par les eaux fraîches avec des températures comprises entre 25 à 15°C. Et les eaux très fraîches de montagne en quatrième classe où les températures sont entre 23 et 13°C (tableau n°10). Les lacs de l’Ouest appartiennent aux eaux côtières chaudes.

Tableau n°10 : Classification des eaux douces suivant la température

Classification

eau côtière chaude eau tiède eau froide eau de montagne Température (°C) 30-20 27-17 25-15 23-13

Source : Kiener, 1963

La température de l’eau a une grande influence sur la vie des poissons et sur son comportement. Chaque espèce supporte une certaine gamme de température à l’intérieure de laquelle des températures optimales favorisent la croissance, la reproduction, la respiration. C’est sous ce double aspect (résistance à diverses températures, optimum thermique) qu’il faut envisager le rôle de la température dans l’écosystème.

1-1-2-Turbidité

Dans la zone d’études, la valeur de la turbidité se situe autour de 26,6 cm, donc l’eau est trouble pendant la saison sèche, par contre elle devient limpide pendant la saison des pluies.

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Ce paramètre devrait subir les mêmes variations cycliques annuelles que les précipitations. C’est le cas du lac Masamà où la valeur de la turbidité, après les premières pluies, a diminué de 20 à 30 cm, alors qu’elle se trouvait entre 32 à 45 cm avant les premières pluies (BCPA, 2002) (tableau n°11). En effet, les eaux de ruissellement sont très chargées de particules en suspension affectant la limpidité du lac.

Tableau n°11 : Valeurs de la turbidité dans les trois lacs

Mankoy Antsoha Masamà

Turbidité (cm) < 30 < 30 > 30

Sources : Auteur, 2006, BCPA, 2002 et 2003

Les eaux sont turbides en saison sèche à Ampananira comme au lac Antsoha. La valeur obtenue par le disque de Secchi est toujours inférieure à 30 cm. Ceci est dû à l’action du vent où sa vitesse est plus élevée en saison sèche qu’en saison des pluies. Cela entraîne une suspension des particules et par conséquent une augmentation de la turbidité et aussi de la fertilité du milieu lacustre.

Ce paramètre dépend de la quantité de particules en suspension : particules inorganiques (poussières et produits d’érosion) et particules organiques (planctons). Les eaux fort chargées (turbides) freinent la pénétration de la lumière, réduisant ainsi la productivité. C’est une raison de lutter contre l’alluvionnement par les cours d’eau alimentant les plans d’eau.

1-1-3-Profondeur de l’eau

La profondeur de l’eau augmente au fur et à mesure des crues d’un cours d’eau en saison de pluies. Pour Mankoy, le maximum se situe autour de 3 m, alors qu’elle atteint 6 à 7 m pour Antsoha et Masama (BCPA, 2003 et 2002). Le plan d’eau Mankoy est moins profond que les deux autres lacs.

1-1-4-pH

Le pH de l’eau représente son acidité ou sa basicité. Dans la zone d’études, il est toujours basique puisque les valeurs obtenues varient entre 6 à 7 comme les deux autres lacs cités plus haut (tableau n°12).

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Selon Kiener (1963), ce paramètre se situe autour de 7 pour les eaux de la côte Ouest de Madagascar. Ceci est vérifié dans le milieu d’études où la valeur du pH est compatible à la vie des poissons.

Tableau n°12 : Valeurs du pH dans les trois lacs

Mankoy Antsoha Masamà

pH 6-7 7-8 7-8

Sources : Auteur, 2006, BCPA, 2002 et 2003

1-1-5-Oxygène dissous

Les valeurs de l’oxygène dissous du lac Mankoy sont relativement basses par rapport aux deux autres lacs. Si elles varient de 0,39 et 1,53 mg/l, elles sont de l’ordre de 1,5 à 4,5 mg/l au lac Antsoha et de 5,5 à 6,5 mg/l au lac Masama (tableau n°13).

Par conséquent, une teneur en oxygène dissous plus élevée est favorable à la diversité et à l’abondance de la population piscicole. Ce qui n’est pas le cas à Ampananira où le nombre d’espèces tolérant un milieu pauvre en oxygène dissous se trouve limité ainsi que son abondance.

Tableau n°13 : Teneur en oxygène dissous dans les trois lacs

Mankoy Antsoha Masamà

Oxygène dissous (mg/l) 0,39-1,53 1,5-4,5 5,5-6,5

Sources : Auteur, 2006, BCPA, 2002 et 2003

1-2-Faune

Dans le site d’études, 16 familles et 17 espèces ont été rencontrées. Au lac Masamà, 21 espèces réparties sur 17 familles ont été recensées. Quant au lac Antsoha, 16 espèces sur 13 familles ont été répertoriées (tableau n°14). Le lac Mankoy est riche du point de vue diversité spécifique par rapport au lac Antsoha mais il est pauvre comparé au lac Masama où le nombre d’espèces existantes s’élève à 21.

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Tableau n°14 : Composition spécifique de la faune aquatique dans les trois lacs

Mankoy Antsoha Masamà

Famille Espèce Famille Espèce Famille Espèce

Nombre 16 17 13 16 17 21

Sources : Auteur, 2006, BCPA, 2002 et 2003

Les Cichlidae endémiques ne sont pas recensées mais seulement des espèces introduites car les conditions du milieu ne permettent pas à ces espèces de survivre. En effet, elles ne résistent pas à une température de l’eau au- dessus de 15°C, alors que, selon Kiener, l’eau du lac Mankoy est classée parmi les eaux côtières chaudes.

1-3-Potentialité

La production annuelle du lac Masamà est estimée à 45,312 tonnes, celle du lac Antsoha est évaluée à 38,136 tonnes alors que celle du lac Mankoy est de l’ordre de 17,400 tonnes (tableau n°15). Le lac Mankoy est deux fois moins productif par rapport aux deux autres lacs. En effet, ces derniers mobilisent chacun une cinquantaine de pêcheurs permanents et/ou professionnels. Ainsi, l’estimation de la production se base sur la moyenne de leur capture qui varie autour de 30 kg, d’une part, et d’autre part, leur superficie est assez élevée aussi bien en période de pluies qu’en période d’étiage. Dans le cas du « ranovory » Mankoy, comme l’activité de pêche est destinée à la consommation, l’estimation de la production annuelle est basée sur la capture journalière des habitants qui se situe autour de 1,52 kg, d’où la faible potentialité est observée en comparaison aux deux autres lacs.

Tableau n°15 : Production des trois lacs

Mankoy Antsoha Masamà

Production (tonnes) 17,400 38,136 45,312

Sources : Auteur, 2006, BCPA, 2002 et 2003

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D-PROPOSITION D’UN PLAN DE GESTION ET D’AMENAGEMENT

1-Méthodologie d’approche

L’objectif principal de ce plan porte sur la recherche d’une forme de gestion et de gouvernance adaptée à cet écosystème lacustre dans la perspective de sa légitimation par la communauté locale et sa législation par l’Administration.

L’atteinte de cet objectif implique donc la promotion de l’initiative locale. Le changement progressif des comportements des pêcheurs surtout les migrants cherche à ne pas perdre leur identité culturelle respective. Le renforcement des capacités, et la recherche d’un niveau de solidarité plus élevé à travers la mise en évidence d’un intérêt général demandent la participation effective de tous les acteurs. La mise en place d’une structure organisationnelle marque l’objectif de cette méthodologie d’approche proposée.

2-Stratégie d’application

Une fois que la stratégie d’approche est définie, la mise en place de l’exécution des plans d’action est de rigueur.

2-1-Aménagements sociaux

Cette activité se propose de former les pêcheurs afin qu’ils puissent participer à la définition des propriétés concernant l’utilisation de leur milieu. Ceci est également établi dans le but de les faire participer aux mesures d’atténuation des éventuels effets indésirables de leurs propres activités.

Les pêcheurs sont appelés à comprendre l’importance de leur milieu environnant par rapport aux activités effectuées. Ils seront capables de proportionner le degré d’exploitation et les ressources allouées.

2-1-1-Vie associative

Elle permet de donner aux pêcheurs les comportements convenables de vivre en groupe ou en association. Cette méthode leur permet d’apprendre à gérer leurs fonds, à protéger, à négocier les intérêts communs et à régler les conflits. Cette intervention vise à consolider la capacité individuelle des membres vers un renforcement de la capacité collective.

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L’association FIMILOVA présente un avantage pour une vie associative. Tous les habitants devraient y adhérer afin de bénéficier des intérêts communs. Une participation effective et active de tous les acteurs est requise pour la durabilité de l’association.

2-1-2-Promotion des initiatives locales

Un aménagement rationnel des ressources requiert des connaissances et des capacités pour les pêcheurs pour pouvoir s’occuper pleinement de l’exploitation et de l’utilisation de ces ressources. Il faut donc développer le sens de l’initiative chez les pêcheurs.

La promotion des initiatives commence par le renforcement de la capacité collective. L’intérêt de cette stratégie réside dans la rationalité d’un aménagement des ressources par les exploitants locaux. Ces derniers vont devenir des initiateurs, des promoteurs d’une utilisation rationnelle des ressources.

2-1-3-Création de capacité en identification des besoins et formulation de propositions

L’application des méthodes participatives développe l’initiative des pêcheurs. Les acteurs de négociation initient les pêcheurs à identifier leurs problèmes et par la suite à rechercher les solutions convenables.

La participation inclut toutes les parties prenantes. Elle se réfère à la manière dont la population locale prend part à la prise de décision et aux résultats des actions qui les concernent. Le fait de considérer les habitants comme des participants au processus de l’aménagement permet de créer une capacité en identification des besoins et formulation de proposition.

2-1-4-Information, formation, sensibilisation et éducation environnementale

Ce volet reste un des éléments essentiels du développement de la pêche. Un nombre accru de formations doit être dispensé au sein de la communauté pour que cette dernière assure avec succès les activités pour l’aménagement de leur milieu.

Un aménagement participatif et intégré passe par la formation, la sensibilisation et l’éducation environnementale. Ce volet permet d’atteindre l’objectif principal qui consiste à identifier une forme de gestion adaptée à l’écosystème des zones humides. Une formation adéquate et appropriée liée aux besoins et aux attentes de la population locale est requise.

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2-1-5-Renforcement de la cohésion sociale

La recherche des solutions convenables aux différentes sources de conflits et divergences est à entreprendre. Cette tâche fait priorité à l’ouverture d’espace de discussions et de négociations entre les acteurs dans lequel chacun essaie d’abandonner progressivement l’attitude d’auto défense et d’auto justification. A cela s’ajoute la création d’une ambiance de convivialité et de confiance mutuelle et réciproque entre les acteurs.

Le renforcement de la cohésion sociale conduit à la constitution d’un groupe solidement lié au sein de la société. Ce noyau dur empêche l’émergence des factions en cas de désaccord entre les membres. Il crée une confiance réciproque aux uns et aux autres. Cette confiance est très importante dans une société où les habitants se méfient entre eux par peur des attaques par les brigands.

2-2-Préservation de la forêt environnante

La forêt joue un rôle important sur la pérennisation du plan d’eau. Sa préservation constitue une des conditions pour assurer cette pérennisation. Les interventions sont destinées à réguler ou à atténuer les impacts des pressions anthropiques dans la forêt. Les grandes lignes d’intervention se décrivent comme suit :

2-2-1-Maintien de la gestion traditionnelle

L’ethnie sakalava, de par sa culture, est « environnementaliste ». Elle prête beaucoup d’attention à la préservation de la forêt locale. Les prélèvements de bois sur pied sont interdits aussi bien pour utilisation en bois d’énergie qu’en bois d’œuvre. En effet, la population locale ramasse des bois morts pour l’utilisation domestique. Cette stratégie s’avère efficace et mérite d’être retenue voire renforcée.

2-2-2-Reboisement

Il concerne la zone non cultivée située à proximité des campements des pêcheurs. La plantation doit suivre les techniques requises. L’espèce ou les espèces cultivée doit avoir une croissance rapide, adaptée aux conditions locales et peut être utilisée comme bois d’œuvre et d’énergie comme Eucalyptus spp., Acacia mangium. La couverture végétale peut freiner le ruissellement et l’envasement au cas où ceci existe.

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2-3-Aménagement de la pêcherie

L’aménagement de la pêcherie a pour seul objectif la pérennisation de l’activité de pêche par la préservation des ressources halieutiques.

2-3-1-Réglementation des mailles utilisées

La réglementation de la dimension des mailles est importante du fait de sa corrélation avec les tailles de poissons capturés. De plus, les pêcheurs ont toujours tendance à utiliser des filets à mailles très serrées qui ne laissent aucune possibilité de fuite pour les poissons tout venant. L’utilisation excessive contribue sans nul doute à l’épuisement du stock piscicole par diminution progressive de futurs géniteurs. Dans le site d’études, la dimension des mailles habituellement utilisées est de 15 à 30 mm de côté alors que la législation en vigueur prévoit une diminution minimale de 40 mm. Il est donc impératif que les responsables de ce secteur procèdent à des contrôles plus sévères sur la dimension des mailles utilisées.

2-3-2-Amélioration des techniques de captures

L’accroissement de la production peut se faire par l’augmentation de la productivité grâce à l’amélioration des techniques de pêche. Pour cela, les pêcheurs sont obligés d’utiliser des engins plus efficaces. La tâche la plus urgente doit être consacrée à une formation technique simple des pêcheurs, soit par les différents projets de développement de la pêche traditionnelle, soit par une meilleure vulgarisation. Cette formation doit être appuyée par des groupes d’actions plus spécifiques. D’abord, les actions doivent servir à faciliter l’acquisition des engins de pêche, et ensuite elles visent à améliorer les embarcations utilisées par la pêche traditionnelle.

2-3-3-Création de zones de frai

La création de zones de frai permet de protéger les individus au moment de la reproduction et les juvéniles pendant la phase de croissance.

La mesure de protection la plus efficace est de classer les zones en réserves permanentes totales. Elles sont toujours sujettes à des contrôles et des surveillances contre les activités de pêche. Alors, le recours à la délimitation des zones de frai par balisage de quelques zones particulièrement favorables à la reproduction va servir pour les sites de frayères principales et de réserves pour le plan d’eau. Toute pêche y est donc à proscrire.

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2-3-4-Fermeture de pêche annuelle

En ce qui concerne la période de pêche, les activités peuvent être réduites, voire interdites pendant la saison de frai afin de permettre une repopulation naturelle du lac. A ce propos, la date officielle de la fermeture de pêche, du 15 décembre au 15 février, dans l’ex- Faritany de Mahajanga doit être appliquée par les acteurs locaux pour respecter et faire respecter les textes en vigueur.

2-3-5-Contrôle, suivi et surveillance

Actuellement, le contrôle et surveillance de la pêcherie dans le District d’Antsalova sont la responsabilité de l’autorité administrative qui souffre d’insuffisance de personnel. D’où le non respect de la dimension des mailles utilisées est chose courante dans la zone. Ces activités sont à transférer à la communauté des pêcheurs par la mise en place d’un comité de contrôle, de suivi et de surveillance de la pêcherie. La propre participation des pêcheurs dans de telles activités va favoriser leur sensibilisation et leur conscientisation sur l’importance d’une gestion rationnelle et responsable.

Ce comité assure le contrôle de la dimension des mailles, la surveillance des zones de frai protégées. Il a le droit d’appliquer la législation de pêche en vigueur par l’institution du « dina ».

2-3-6-Maintien de la gestion traditionnelle

Depuis longtemps, l’utilisation du filet senne a été interdite dans la localité. Le respect de cette tradition doit être effectif car cet engin est très destructif. Les berges, habitats des poissons sont perturbés et selon les dires des pêcheurs, celle-ci attire l’attisement des crocodiles.

Cette technique de pêche ne donne aucune chance aux poissons aussi bien des géniteurs que des juvéniles ou même des alevins de s’échapper, d’une part et d’autre part, elle met en danger les pêcheurs et même la population contre les crocodiles.

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3-Résultats attendus

A la fin du processus, les faits suivants sont à enregistrer :

• les différents conflits et différends sont résolus ; • l’association des pêcheurs est mise en place ; • le plan d’eau présente une augmentation de la production ; • les zones de frai sont mises en place et les pêches y sont interdites ; • les textes sur les activités de pêche sont légitimés par les pêcheurs qui affichent leurs adhésions et leurs réelles participations pour la mise en application effective ; • le plan d’eau est géré d’une manière participative et efficace ; • la forêt environnante est préservée et l’aménagement se traduit par la présence de surface cultivée en agroforesterie sur la zone non agricole ; • la pérennisation de l’exploitation est assurée et ; • la commercialisation des produits halieutiques est assurée.

4-Mesures d’accompagnement

La mise en œuvre de ces plans d’action ne peut se faire sans être accompagnée des mesures appropriées. Parmi ces mesures, les points suivants méritent d’être précisés.

Ils sont récapitulés dans les tableaux suivants :

Tableaux n°16 : Récapitulation des différentes interventions pour chaque objectif

Aménagement social

Résultats attendus Actions à Acteurs Indicateurs Echéance entreprendre Renforcement de la Elaboration des Communauté Nombre de Court, moyen capacité des membres statuts locale formations à long terme Développement des Formation en vie de Projet Nombre de initiatives locales groupe Commune participants Changement de Gestion des réunions comportement Promotion des Participation et initiatives locales adhésion de la Information, communauté locale au formation, processus sensibilisation et Mise en place d’une éducation gestion participative environnementale du plan d’eau Source : Auteur, 2006

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Aménagement du plan d’eau Résultats attendus Actions à Acteurs Indicateurs Echéance entreprendre Augmentation du Création de zones de Communauté Rendement Court à long niveau de production frai locale Fermeture de terme Légitimation des textes Application des Fokontany pêche sur les activités de textes en vigueur Collecteurs Nombre d’engins pêche par les pêcheurs Maintien du niveau de pêche Adhésion et de l’effort de pêche réglementaires participation des Maintien de la Nombre de pêcheurs au processus gestion traditionnelle réunions dans Contrôle, suivi et l’organisation surveillance Source : Auteur, 2006

Préservation de la forêt environnante Résultats attendus Actions à Acteurs Indicateurs Echéance entreprendre Surface cultivée en Mise en place des Communauté Surfaces boisées Court à long agroforesterie pépinières locale Rendement terme villageoises Projet Boisement, Autorité locale reboisement Entretiens des plantes Contrôle et surveillance formation Source : Auteur, 2006

5-Perspectives d’avenir

Ces plans d’aménagement contribuent à :

• améliorer la sécurité alimentaire par l’augmentation de la production halieutique ; • rendre meilleur les conditions de vie à travers les ressources halieutiques et les revenus liés à l’accessibilité des paysans aux infrastructures de base comme les dispensaires, l’école, les routes ; • la mise en place d’institution durable de gestion et accompagnement du développement local défini par l’appropriation des plans d’aménagement par la population locale garante de développement durable et ; • la responsabilisation de toutes les parties prenantes pour assurer le développement de la localité.

La proposition d’une stratégie d’aménagement du plan d’eau repose sur la création d’un environnement favorable aussi bien social, culturel qu’écologique. Sa concrétisation nécessite un changement progressif des comportements des pêcheurs qui est initié par la préservation du plan d’eau. Ce dernier est considéré comme un générateur d’intérêt commun.

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RECOMMANDATIONS

Le transfert de gestion des ressources renouvelables, un des programmes du FFEM- Biodiversité dans la zone d’études, doit être renforcé et amélioré. Ce système consiste à sensibiliser la population locale à participer à la conservation de la biodiversité, d’une part, et d’autre part inciter la création d’un groupement villageois auquel la gestion durable des ressources est à confier à la population locale. Cependant, les attitudes de la population, les problèmes sociaux n’ont pas permis d’avancer profondément dans cette perspective. Comme il a été défini plus haut, les habitants se méfient entre eux. Ils se tiennent sur leurs gardes par peur d’être attaqués par des dahalo qui viennent des hameaux et/ou villages environnants.

La sécurité doit être renforcée par le biais d’une cohésion sociale et conscientiser les villageois sur l’intérêt non seulement de la vie en communauté mais aussi de la valeur de la vie associative. Cette dernière leur permet de déterminer leurs intérêts communs dans une optique de gestion durable de leurs propres ressources.

Les infrastructures routières et les voies de desserte doivent être sujettes à des travaux de réhabilitation pour qu’elles puissent être accessibles durant toute l’année. Il a été constaté que l’enclavement d’une région est l’un des principaux facteurs qui limite le développement de la pêche continentale.

Le plan d’aménagement et de gestion ci-proposé doit être pris en considération par toutes les parties prenantes de la pêche dans la commune à savoir : la communauté locale, les institutions publiques (ministère concerné) et les organismes de recherche et de développement (FFEM, Programme Bemaraha).

Le problème de débouchés des produits de la pêche est dû à la carence des communications en raison de l’état déplorable des voies de dessertes surtout en saison de pluies, saison pendant laquelle les poissons sont relativement abondants. Seule la voie maritime permet d’évacuer les produits vers les grands centres consommateurs comme Morondava, Antsirabe voire Antananarivo.

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A côté de cette insuffisance des voies de communication, la prédominance de l’économie de troc constitue un obstacle à la conversion de ce système d’échanges vers un système monétaire. En fait, il faut former les habitants à acquérir une notion d’économie afin qu’ils puissent valoriser le potentiel halieutique. Ils vont apprendre à transformer leurs propres ressources en une source d’argent par la vente et/ou la commercialisation des produits. Ceci va leur permettre également de participer au développement de l’économie locale et par là même au développement économique régional.

Si cette notion de valorisation à but lucratif est acquise, la population locale ne va plus rencontrer de problèmes inhérents à l’introduction des pêcheurs étrangers. Il faut limiter le nombre de ces derniers. Pour cela, il est proposé que la priorité d’exploiter le plan d’eau soit réservée uniquement à la population locale. Les pêcheurs étrangers doivent se munir d’une autorisation de pêche adéquate.

D’autres recommandations liées à la recherche s’avèrent aussi nécessaires. L’analyse des propriétés physico-chimiques de l’eau doit se faire sur place, c’est-à-dire dans la zone d’étude. Ceci demande un matériel adéquat et approprié ainsi que des moyens financiers suffisants afin de permettre une étude plus approfondie d’un milieu lacustre.

Pour déterminer l’abondance et le stock de poissons, des échantillonnages doivent être réalisés pendant deux saisons, plus précisément la saison humide et la saison sèche. Ceci va essayer de donner une estimation assez précise des résultats attendus.

La tendance actuelle d’approche de développement indique que l’aménagement technique doit être précédé et accompagné d’un aménagement social. Cela se réalise par la construction de la capacité technique, managériale et d’ingénierie sociale pour une valorisation effective. Bref, cette proposition de stratégie de développement considère le facteur humain comme l’élément essentiel pour limiter les effets pervers de l’exploitation du lac à travers les activités anthropiques.

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Conclusion générale

Les plans d’eau stagnante de Madagascar sont surtout connus par leur diversité biologique et piscicole. La richesse spécifique est cependant assez limitée aussi bien en qualité qu’en quantité. La faune ichtyologique est caractérisée par sa pauvreté, son endémicité et son abondance en espèces euryhalines (Mugilidae, Gobiidae, Ariidae).

Le plan d’eau de Mankoy, dont une grande partie est mise à sec durant la période d’étiage, est un bassin de grossissement pour les espèces d’importance économique, représentées par les familles de : Cichlidae, Ophioglossidae, Ophiocephalidae, Ariidae, Mugilidae.

Il présente des particularités du fait que les propriétés physico-chimiques du lac dégénèrent au cours de la diminution du niveau d’eau pour devenir impropre au développement des larves et des alevins. Une diminution de l’abondance de la population piscicole a été enregistrée. La température de l’eau augmente jusqu’à 29°C. L’oxygène dissous se stagne aux environs de 1,5 mg/l. Par conséquent, les espèces introduites qui s’adaptent à ce milieu avec une teneur en oxygène dissous assez réduite dominent largement au détriment des espèces autochtones et endémiques. D’où le caractère monospécifique des captures.

D’après les inventaires effectués sur la structure de la population des poissons, les espèces dominantes dans le lac sont la famille de Cichlidae représentée par Oreochromis niloticus (Karoka), suivie par la famille de Ophioglossidae représentée par Heterotis niloticus (Fiavahiny) et Ophiocephalidae avec Ophiocephalus striatus (Fiado).

L’existence des accès saisonniers à la mer par l’intermédiaire du cours d’eau principal de Soahany et ses affluents semble contribuer à augmenter la diversité spécifique des poissons dans la zone d’études. Ces espèces euryhalines passent les différents stades de leur cycle biologique en eau douce ou en mer. Autrement dit, ces espèces peuvent indifféremment passer du milieu saumâtre en eau douce et réciproquement.

Le potentiel piscicole reste encore important et les poissons ne subissent pas de pressions écologiques notables. La valorisation du potentiel fait défaut puisque l’activité de pêche est presque destinée à la consommation. Seule une minorité de personnes pratique la commercialisation des produits halieutiques.

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La pêche constitue une source de vie. Les poissons procurent une réserve non négligeable en protéine et une entrée d’argent facile par la transformation et la vente des produits halieutiques. Cependant, ancrée dans la pratique de la riziculture de décrue comme la principale activité, la population locale se résigne à vivre dans une économie de troc où le riz constitue l’essentiel des échanges.

Dans une société où les habitudes de la chasse et de la cueillette prédominent, l’initiative d’entreprendre des activités lucratives moyennant des échanges monétaires doit être renforcée. Alors, les habitants doivent chercher les moyens adéquats pour valoriser économiquement les ressources piscicoles afin d’éviter les conflits éventuels générés par l’introduction des pêcheurs immigrants. En effet, l’augmentation du nombre des pêcheurs étrangers qui arrivent à envahir les plans d’eau de la Commune de Soahany prouve l’existence d’un potentiel inestimable en ressources dulcicoles.

Mais, la pêche demeure une activité secondaire dans la zone d’études. Elle tient, cependant une place importante dans la vie économique de la population. La venue des pêcheurs immigrants risque de rompre l’organisation sociale et la gestion traditionnelle qui régissent le plan d’eau stagnante. Il est probable que le stock de poissons va diminuer à cause de la surexploitation. La continuation de cette dernière va entraîner des effets néfastes pour la population qui vit essentiellement des produits de la pêche.

Vu la situation actuelle de l’exploitation, la proposition d’un plan de gestion et d’aménagement semble être indispensable. Il s’agit de mettre en place un système de gestion et de gouvernance du patrimoine lacustre. Les objectifs vont être exécutés suivant l’urgence des activités et l’importance des pressions sur la pérennisation des activités halieutiques.

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34. QUIVI R.&CAMPENHOUDT VAN L., - 1995. Panorama des principales méthodes de recueil des informations. Manuel de recherche en sciences sociales, Paris, Dunod. 188-208pp. 35. RABEMANANJARA C., - Contribution à l’élaboration d’un plan de développement intégré et durable des zones humides, cas d’Antanifotsy Bevava. Mémoire de DEA, ESSA Département des Eaux et Forêts. Université d’Antananarivo. 70p. 36. RAFALIMANANA T., - 1991. Estimation des captures de la pêche traditionnelle malgache en 1990. Projet MAG/85/014, FAO. 31p. 37. RAFOMANANA G., - 1994. L’organisation économique et sociale du développement de l’aquaculture diversifiée et extensive en milieu rural à Madagascar. Thèse de Doctorat de l’ENSAR. Mention Halieutique. Rennes.319p. 38. RAHARIMANANA F.F., - 1998. La pêche artisanale piroguière sur la côte Sud- Ouest de Madagascar. Mémoire d’ingéniorat halieutique, Unité de formation supérieure halieutique. Centre universitaire régional de Toliara. 82p. 39. RAHERINASOLO E., - 2003. Les crevettes d’eau douce de la région de Marovoay : inventaire et identification des espèces intéressant l’aquaculture. Mémoire de fin d’études, ESSA Département Elevage. Université d’Antananarivo.95p. 40. RAJAONARSON F.A., - 1999. Plan communautaire de développement durable intégré d’un milieu lacustre, cas du lac d’Andranobe, Commune rurale d’Antsirabe Ambonivohitra. Mémoire de fin d’études, ESSA Département des Eaux et Forêts. Université d’Antananarivo. 53p. 41. RAMAHAVALISOA B.H., - 2005. Contribution à l’étude des potentialités écologiques et socio-économiques de la mangrove de Soahany dans la sous- préfecture d’Antsalova. Mémoire de fin d’études, ESSA Département des Eaux et Forêts. Université d’Antananarivo. 84p. 42. RAMANANDRAIBE A., - 2002. Amélioration et rentabilisation des stations privées de production d’alevins de carpe cas de la ferme aquacole de Mahandraza. Mémoire de fin d’études, ESSA. Université d’Antananarivo.72p. 43. RAMSAR, - 2000. Les zones humides valeurs et fonctions. 35p. 44. RANDRIAMAHALEO, - 2003. La gestion du stock de Mytilus pedna dans la pêcherie de la région d’Evatraha-Tolagnaro : principes, enjeux et stratégie. Mémoire de fin d’études, ESSA Département Elevage. Université d’Antananarivo. 45. RANDRIANARISOA T.P., - 2002. Identification des besoins en appuis techniques des associations de pêcheurs au niveau des lacs de la sous-préfecture d’Antsalova. Mémoire de fin d’études, ESSA Département Elevage. Université d’Antananarivo. 54p.

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46. RASATATSIHOARANA H.T., - 2005. Contribution à la conservation et à l’utilisation durable des ressources naturelles de la forêt littorale d’Analabe-Sahaka (district de Vohémar). Mémoire de fin d’études, ESSA Département des Eaux et Forêts. Université d’Antananarivo. 75p + annexes. 47. RATSIFANDRIHAMANANA F.N., - 1993. Contribution à l’étude des ressources piscicoles marines du littoral Est de la presqu’île de Masoala. Mémoire de DEA, Faculté des Sciences Département Ecologie et Environnement. Université d’Antananarivo. 69p. 48. RAVONINJATOVO J.M., - 2001. Contribution à la proposition d’un système d’aménagement et de gestion des ressources naturelles dans les zones périphériques d’une ferme crevetticole cas de la région de Soalala. Mémoire de fin d’études, ESSA. Université d’Antananarivo. 67p. 49. SAFFORD R.J., - 2000. Etude environnementale et écologique du lac Sahaka Madagascar. RHIER. University of London. 78p. 50. THEREZIEN Y., MOULHERAT J.L., VINCKE M., - 1967. Etude en vue du développement de la pêche au lac Kinkony. Ministère d’Etat chargé de l’agriculture, de l’expansion rurale et du ravitaillement. Direction de la production. 178p.

CD-ROM : Encarta 2005

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Annexes

ANNEXE 1 : ENQUETE SOCIO-ECONOMIQUE I Identité de l’enquêté/pêcheur 1-Lieu 2-Nom 3-Age 4-Lieu d’origine /ethnie d’origine 5-Année d’installation 6-Niveau scolaire 7-Membres de famille à charge II- Description de l’activité 1-Etes-vous un pêcheur : Professionnel Semi professionnel Occasionnel 2-Depuis combien de temps pratiquez-vous ce métier ? 3-Pour quelles raisons faites-vous ce métier ? 4-Travaillez-vous : Pour votre propre compte En association Pour le compte d’un tiers (société, collecteur…) 5-Période et fréquence de l’effort de pêche : Combien de jours par semaine ? Combien d’heures par jour ? Combien de semaines par mois ? Combien de mois par an ? 6--Pratiquez-vous d’autres activités ? III- Niveau d’activité 1-Investissement dans l’activité de pêche 1-1-Possédez-vous des engins de pêche ? 1-2-Possédez-vous une pirogue ? 2-Moyen de collecte : 2-1-Emballage utilisé 2-2-Effectuez-vous une valorisation du produit ? 2-3-Mode de conservation 3-Quelles sont les contraintes qui limitent votre activité ? IV- Débouché 1-Destination de la production : 2-A qui vendez-vous les produits ?

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ANNEXE 2 : RESULTATS BRUTS DES CAPTURES

N° Espèce Sexe Taille (cm) Poids (g) Capture n° M F Ltot Lsta 1 1 Heterotis niloticus 1 21,5 19 100 2 Oreochromis niloticus 1 15 12 70 3 Oreochromis niloticus 1 13 10,5 95 4 Oreochromis niloticus 1 14,5 12 55 5 Oreochromis niloticus 1 14 11,5 50 6 Oreochromis niloticus 1 15 12 55 2 7 Oreochromis niloticus 1 18,5 14,5 100 8 Oreochromis niloticus 1 12,5 9,5 40 9 Oreochromis niloticus 1 13 10 40 10 Oreochromis niloticus 1 13,5 10,5 45 11 Heterotis niloticus 1 30,5 26,5 270 12 Heterotis niloticus 1 28,5 25,5 235 13 Oreochromis niloticus 1 17,5 14 90 14 Oreochromis niloticus 1 14 11 55 15 Oreochromis niloticus 1 13 11 45 3 16 Ophiocephalus striatus 1 34 29,5 370 17 Heterotis niloticus 1 27,5 24,5 185 18 Oreochromis niloticus 1 19,5 15,5 120 19 Oreochromis niloticus 1 14 11 50 20 Oreochromis niloticus 1 12,5 10 40 21 Oreochromis niloticus 1 14 11,5 50 22 Oreochromis niloticus 1 13 10 45 23 Oreochromis niloticus 1 16 12,5 70 24 Oreochromis niloticus 1 13 10,5 45 25 Oreochromis niloticus 1 13,5 11 50 26 Oreochromis niloticus 1 14,5 12 55 4 27 Heterotis niloticus 1 29 25,5 215 28 Heterotis niloticus 1 23 20 120 29 Heterotis niloticus 1 28,5 25,5 215 30 Heterotis niloticus 1 31,5 28 280 31 Heterotis niloticus 1 28,5 26 220 32 Heterotis niloticus 1 30 27 250 33 Heterotis niloticus 1 29 26 230 34 Heterotis niloticus 1 26 23,5 180 35 Heterotis niloticus 1 28 25 205 36 Heterotis niloticus 1 27 24 195 37 Heterotis niloticus 1 29 26 235 38 Heterotis niloticus 1 26,5 24 200 5 39 Ophiocephalus striatus 1 27 23 170 40 Oreochromis niloticus 1 15,5 13 65 41 Oreochromis niloticus 1 14,5 12 60 42 Oreochromis niloticus 1 13,5 11 50 43 Oreochromis niloticus 1 14 11,5 60

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6 44 Oreochromis niloticus 1 14 11 50 45 Oreochromis niloticus 1 15 12 55 46 Oreochromis niloticus 1 14 11 50 47 Oreochromis niloticus 1 12,5 10 40 48 Oreochromis niloticus 1 13,5 11 45 49 Oreochromis niloticus 1 14,5 11,5 50 50 Oreochromis niloticus 1 12,5 9,5 35 51 Oreochromis niloticus 1 15 11,5 50 52 Oreochromis niloticus 1 13,5 10,5 50 53 Oreochromis niloticus 1 14,5 12 55 54 Oreochromis niloticus 1 12 9,5 40 55 Oreochromis niloticus 1 13 10,5 50 56 Oreochromis niloticus 1 12,5 9,5 40 57 Oreochromis niloticus 1 11 9 30 58 Oreochromis niloticus 1 13 10 40 59 Oreochromis niloticus 1 13 10,5 50 60 Oreochromis niloticus 1 14 11 50 61 Oreochromis niloticus 1 15 11,5 60 62 Oreochromis niloticus 1 13,5 10,5 45 63 Oreochromis niloticus 1 12,5 10 40 64 Oreochromis niloticus 1 13 10 45 65 Oreochromis niloticus 1 12,5 10 40 66 Oreochromis niloticus 1 13 10 45 67 Oreochromis niloticus 1 13,2 10,5 50 68 Oreochromis niloticus 1 14 11 50 69 Oreochromis niloticus 1 12,5 10 35 70 Oreochromis niloticus 1 13,5 11 50 71 Oreochromis niloticus 1 13,5 11 50 72 Heterotis niloticus 1 26 23 160

Source : Auteur, 2006

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ANNEXE 3 : REPARTITION DES EFFORTS DE PECHE ET CAPTURES

N° Nom et prénoms Effort de pêche

Fréq/j Prise (kg) Vente (kg) Cons (kg) 1 Veregny 1 1 0 1 2 Fazo Andrianasoavy 2 2 0 2 3 Léon 1 1 0 1 4 Misengea 1 0,5 0 0,5 5 Fostin 1 5 4 1 6 Angeline 1 1,5 0 1,5 7 Hasa 1 1 0 1 8 Paul Germain 1 5 4 1 9 Bagnana 1 0,5 0 0,5 10 Mahata Faholo 2 2 0 2 11 Polita 1 0,5 0 0,5 12 Tsimahately 1 0,5 0 0,5 13 Tsiviha 1 0,5 0 0,5 14 Vibe 1 0,5 0 0,5 15 Betsengy 1 1 0 1 16 Doroky 1 2 0 2 17 Olga 1 1 0 1 18 Abanifaly 1 1 0 1 19 Solokely 1 1 0 1 20 Ezeny 1 0,5 0 0,5 21 Reziky 1 0,5 0 0,5 22 Tambazy 1 1 0 1 23 Sikily 1 0,5 0 0,5 24 Rabekely 1 0,5 0 0,5 25 Zobera 1 5 0 5 26 Marojoaky 1 2 0 2 27 Lava 1 0,5 0 0,5 28 Nesta 1 3 0 3 29 Jean 1 1 0 1 30 Fenomary 1 0,25 0 0,25 31 Fagna 1 1 0 1 32 Sefo 1 1 0 1 33 Baba 1 1 0 1 34 Nozilahy 1 3 0 3 35 Mahatsanga 1 5 4 1 36 Marohery 1 1,5 0 1,5

Source : Auteur, 2006

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ANNEXE 4 : REPARTITION DES ENGINS DE PECHE ET PRIX D’ACHATS

N° Nom et prénom Nombre Long (m) Haut Acquisition° Prix Unitaire (m) (Ariary) 1 Veregny 0 Fazo 2 Androanasoavy 0 3 Léon 0 4 Misengea 0 5 Fostin 1 100 1 achat 24000 6 Angeline 0 7 Hasa 0 8 Paul Germain 1 50 1 achat 15000 9 Bagnana 0 10 Mahata Faholo 0 11 Polita 0 12 Tsimahately 0 13 Tsiviha 0 14 Vibe 0 15 Betsengy 0 16 Doroky 0 17 Olga 0 18 Abanifaly 0 19 Solokely 0 20 Ezeny 0 21 Reziky 0 22 Tambazy 0 23 Sikily 0 24 Rabekely 0 25 Zobera 1 50 2 achat 15000 26 Marojoaky 1 50 2 achat 15000 27 Lava 0 28 Nesta 1 50 2 achat 15000 29 Jean 0 30 Fenomary 0 31 Fagna 0 32 Sefo 0 33 Baba 0 34 Nozilahy 0 35 Mahatsanga 1 100 2 achat 35000 36 Marohery 1 100 2 achat 30000 Source : Auteur, 2006

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ANNEXE 5 : DONNEES DES FACTEURS PHYSICO-CHIMIQUES DU LAC MANKOY

Température

AM PM Prélèvement S1-8 :30 S2-8 :45 S3-9 :00 S4-9 :30 S1-3 :30 S2-3 :45 S3-4 :00 S4-4 :30 I 27 27 26 26 30 30 30 30 II 25 25 24 25 29 28 27 27 III 25 25 29 25 30 29 29 29 Moyenne 25,67 25,67 26,33 25,33 29,67 29,00 28,67 28,67 Source : Auteur, 2006

pH

AM PM Prélèvement S1-8 :30 S2-8 :45 S3-9 :00 S4-9 :30 S1-3 :30 S2-3 :45 S3-4 :00 S4-4 :30 I 6,82 6,61 6,64 6,6 6,62 6,65 6,7 6,62 II 6,64 6,72 6,63 6,69 6,61 6,7 6,61 6,65 III 6,7 6,67 6,68 6,64 6,61 6,71 6,72 6,68 Moyenne 6,72 6,67 6,65 6,64 6,61 6,69 6,68 6,65

Source : Auteur, 2006

Oxygène dissous

AM PM Prélèvement S1-8 :30 S2-8 :45 S3-9 :00 S4-9 :30 S1-3 :30 S2-3 :45 S3-4 :00 S4-4 :30 I 2,36 0,69 0,39 0,82 0,92 0,61 0,62 II 0,7 3,49 0,58 III 0,7 1,51 0,97 2,07 Moyenne 1,53 0,69 0,39 0,76 1,215 1,69 1,09

Source : Auteur, 2006

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ANNEXE 6 : RESULTATS DES ENQUETES

N° Nom Sexe Ethnie Age Niv scol Nb enfants 1 Veregny 1 Sklv 70 0 2 Fazo Andrianasoavy 1 Sklv 28 0 3 3 Léon 1 Sklv 20 4 4 Misengea 0 Sklv 80 0 5 Fostin 1 Sklv 22 0 2 6 Angeline 0 Sklv 50 0 8 7 Hasa 1 Sklv 20 0 1 8 Paul Germain 1 Sklv 37 4 1 9 Bagnana 1 Sklv 75 0 10 Mahata Faholo 1 Sklv 30 1 5 11 Polita 1 Sklv 28 0 3 12 Tsimahately 0 Sklv 70 0 1 13 Tsiviha 0 Sklv 80 0 14 Vibe 1 Sklv 85 0 2 15 Betsengy 1 Sklv 70 0 3 16 Doroky 0 Sklv 35 0 6 17 Olga 0 Sklv 35 0 2 18 Abanifaly 1 Sklv 60 0 1 19 Solokely 1 Sklv 60 0 7 20 Ezeny 0 Sklv 20 0 3 21 Reziky 1 Sklv 28 0 22 Tambazy 0 Sklv 45 0 5 23 Sikily 0 Sklv 90 0 1 24 Rabekely 1 Sklv 60 0 25 Zobera 1 Sklv 85 0 6 26 Marojoaky 1 Sklv 60 0 6 27 Lava 1 Sklv 30 3 4 28 Nesta 1 Sklv 40 0 4 29 Jean 1 Sklv 50 0 5 30 Fenomary 0 Sklv 35 0 2 31 Fagna 1 Sklv 26 0 32 Sefo 1 Sklv 28 0 1 33 Baba 1 Sklv 20 0 34 Nozilahy 1 Sklv 28 0 6 35 Mahatsanga 1 Sklv 39 4 36 Marohery 1 Sklv 50 5 2 Source : Auteur, 2006

Sexe : 1 : masculin 2 : féminin Sklv : Sakalava Niveau scol : niveau scolaire Nb : nombre

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