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Tanto Jutsu Maîtrise De L’Arme Et Buki Dori

Tanto Jutsu Maîtrise De L’Arme Et Buki Dori

aïkibudo

Maître Alain Floquet définit l’Aïkibudo comme “un Art Martial Traditionnel, sophistiqué et pragmatique, particu- lièrement adapté vers la défense, qui ne saurait être ce qu’il est, s’il n’était étudié en réponse à des attaques pré- cises, sincères, réelles et variées, issues des Arts Martiaux anciens et modernes”. TANTO JUTSU MAÎTRISE DE L’ARME ET BUKI DORI

ans le Japon médiéval, les Bushi étaient porteurs en permanence, et selon leur D rang et les circonstances, d’une ou plusieurs ar mes blanches. Le Daisho (, et Tanto) était le symbole de leur devoirs et de leurs droits. Le Tanto faisait partie intégrante de cette parure, car il constituait la dernière arme sus- ceptible d’être portée par un samouraï en présence d’un digni- taire de très haut rang. Un type particulier de couteau était par ailleurs utilisé pour la cérémonie du Seppuku (éventration rituelle en croix). Les femmes de Samouraï étaient dès leur plus jeune âge familiari- sées avec les armes blanches spéci- fiques qu'étaient la , le Tanto ou le Kaiken (couteau stylet qu'elles portaient soit dans les manches de leur , soit passé dans leur ). Elles se porter un Vajra(1) représentant ler son maniement à celui d’ un contre ce type d'arme, à mains devaient de maîtriser le maniement pour les Japonais un éclair, et pour couteau. nues ou à l'aide d'ustensiles parti- de ces armes pour être en mesure les Tibétains un symbole de ce qui Enfin, les gens du peuple étaient culiers. La logique qui prédominait de contrer une agression directe est indestructible. S’il ne s’agit pas également porteurs de diverses en l’espèce était que l’expert en envers elles-mêmes ou leurs d’une arme à proprement parlée, armes blanches, ce qui impliquait Budo devait pouvoir sortir en vie enfants, et défendre ainsi leur hon- cet attribut du rang dans la hiérar- la connaissance parfaite de leur d’une confrontation avec un cou- neur à défaut de leur vie! A l’instar chie bouddhiste pouvait utilement usage pour pouvoir espérer s'en teau, arme particulièrement discrè- de leurs époux, elles étaient sus- servir à bloquer un coup, ou à défendre en cas de besoin. te et meurtrière. ceptibles d’utiliser le Kaiken à l’oc- atteindre des points vitaux à l’occa- Ainsi, la majeure partie des écoles Maître Alain Floquet insiste sur les casion de la cérémonie du sion d’un combat au corps à corps. traditionnelles d’Arts Martiaux ont composantes historiques tradition- Seppuku, pour laquelle elle devait Différents types de Vajra existaient inclus dans leur programme d’en- nelles de l’Aïkibudo et le lien inti- se trancher rituellement la carotide. dont certains comportaient des par- seignement le Tanto jutsu, ainsi me qui relie les différentes pra- Les moines avaient l’habitude de ties aiguisées pouvant ainsi assimi- que le principe de travail efficace tiques existantes en son sein. Ce

20 souci ancestral de complémentari- L'étude commence par le Tanto no d'être coupé lors d'une confronta- caractère profondément utilitaire té et d’efficacité reste d’actualité Kata, qui regroupe les huit frappes tion réelle au couteau (plus de de cet art martial héritier des pra- dans la pratique évolutive contem- élémentaires possibles avec un 60%), et sur les risques certains tiques guerrières japonaises en poraine ; c’est pourquoi le pro- . Ces huit frappes enchaî- d'atteintes graves. vigueur sur les champs de gramme technique de notre disci- nées sont effectuées tant à droite Dans le cadre du randori, le prati- batailles, pour ne pas risquer de pline comporte un nombre consé- qu'à gauche, permettant une quant touche du doigt une mise en tomber dans une pratique dénatu- quent de techniques, notamment meilleure coordination motrice, application pratique de ses rée, sans réalisme. en ce qui concerne le maniement ainsi qu'une sensibilisation au connaissances au sein d’exercices des armes et le travail spécifique de danger réel inhérent à l'usage de réalisés en Kumi (avec parte- 2° / Buki-Dori. cet arme. L'accent est mis sur le naire), avec un souci de réalisme et LE TRAVAIL potentiel destructeur du couteau d’authenticité, sans toutefois se SPECIFIQUE DE 1° / qui permet une succession rapide départir du contrôle et de la maîtri- BUKI DORI(2) L'APPRENTISSAGE de frappes sur des parties du corps se imposées par l’utilisation suc- DES ATTAQUES qui induisent une incapacité phy- cessives de copie d’armes réelles, Le travail de Buki dori contre le AU TANTO sique immédiate et très rapide, en bois puis en métal ! Ce travail Tanto est une composante du pro- avec danger réel de décès ! aux armes fait référence aux com- gramme Aïkibudo abordée dès le La pratique du Tanto commence L'apprentissage se poursuivra bats entre samouraï sur le champ 2ème dan. Il faut ici préciser que dès le début de la pratique ensuite par l'étude de frappes com- de bataille. Il faut remarquer ici la maîtrise de cette arme profite Aïkibudo. Les bases techniques plémentaires et d'enchaînements l’importance de la notion de vigi- directement dans cette partie du relatives aux Taï-Sabaki, de la dis- rapides inhérents à ce type d'arme, lance de tous les instants programme, dans la droite logique tance (Ma-aï) et les formes de et faisant l'intérêt pratique de cette (Zanshin), et conserver à l’esprit le des enseignements traditionnels. canalisation sont partiellement arme silencieuse mais terriblement intégrés dans le corps et permettent efficace. L'accent sera mis sur le particulière de cette arme pourcentage élevé de chances

Cette connaissance précieuse per- met donc directement au prati- quant de pouvoir concevoir les ripostes et les limites de son travail contre un agresseur porteur d'un poignard. Comme toujours en Aïkibudo le pratiquant se trouve projeté dans une dimension parti- culièrement réaliste, puisque est supposé maîtriser le mieux pos- sible l’arme utilisée pour l’agres- sion. Le souci d’authenticité se retrouve alors tant dans le caractè- re vraisemblable de l’attaque considérée qu’au niveau la recherche d’une solution technique efficace. Il est évident que seule la connaissance la plus parfaite pos-

(1) Arme en forme de foudre ou d’éclair, attribuée au dieu de l’Hindouisme Indra. (2) Buki-Dori : travail spécifique contre la panoplie des armes.

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“Le travail spécifique aux armes et sa transposition manuelle constituent la colon- ne vertébrale de notre pratique, qui permet, aux travers de techniques guerrières de façonner des pratiquants complets, tant en combat que dans la vie de tous les jours.”

sible de l’utilisation du Tanto per- ter la technique (Shiho nage, Yuki met de pouvoir se sortir en vie chigae ou Kote gaeshi) et prend d’une confrontation armée, que garde à la zone de danger liée à l’on soit porteur ou non d’une l’arme, en se tenant à une distance arme. On retrouve ici la logique qui un peu plus grande de son parte- prédominait dans l’ensemble des naire durant l’exécution de la tech- principales écoles traditionnelles nique. Le contrôle au sol se conclut d’Arts Martiaux Japonais. par une luxation du coude permet- Les règles du combat aux armes se tant le désarmement sans effort transpose directement dans le tra- ainsi que l’immobilisation définiti- vail de Buki dori. Les déplacements ve de Seme. Le désarmement peut seront les mêmes, l’utilisation des également se faire ou dans le mou- Tai-sabaki, la notion de distance vement par une luxation de l’en- (Ma-aï) et donc de Zanshin seront semble du bras (poignet, coude et adaptés à l’arme utilisée par Kiri épaule). Le choix technique dépen- komi, pour ne pas être à portée dra en grande partie de l’opportuni- immédiate de celle-ci. La notion de té offerte par l’attaquant et de la temps de réaction sera également maîtrise plus ou moins avancée de adaptée à la possibilité d’action de Tori. Il est évident qu’un pratiquant l’arme : l’utilisation d’un couteau, à Haut Gradé aura une plus grande petit rayon d’action mais très rapi- facilité d’adaptation qu’un jeune de ne sera pas la même que celle Yudansha. La pratique du randori d’une arme plus longue, d’autant apportera alors l’expérience et la plus que cette arme discrète sera fluidité nécessaire à un sain idéalement utilisée à l’occasion apprentissage du Kaeshi waza. d’un corps à corps pour plus d’effi- Le travail spécifique aux armes et cacité. sa transposition manuelle consti- La stratégie de combat diffère ici tue la colonne vertébrale de notre légèrement : sur les photographies pratique, qui permet, aux travers ci-contre, Seme est porteur d’un de techniques guerrières de façon- couteau (Tanto). La position de ner des pratiquants complets, tant garde de Tori s’adapte à la longueur en combat que dans la vie de tous de l’arme, soit un bras de la pointe les jours. du Tanto. Dès l’entrée sur l’attaque L’ensemble des formes de travail de Seme, Il est primordial de maî- envisagées dans le programme triser immédiatement le bras por- Aïkibudo étaient parfaitement com- teur de l’arme, avant de porter un plémentaires sur le champ de atémi ; il faut canaliser l’attaque en bataille et le restent dans la pra- sortant de la zone de danger du tique contemporaine, : s’il est assez couteau, et contrôler de façon défi- peu fréquent de nos jours d’être nitive le poignet de la main armée : confronté à un adversaire porteur ce contrôle devra être maintenu de l’une des armes traditionnelles, durant l’ensemble du travail, jus- le travail de Buki-Dori reste une qu’à complet désarmement de valeur sûre dans un contexte SEME et son contrôle définitif au conflictuel. Le travail spécifique aux façonner des pratiquants complets, tante lors des duels meurtriers sol. L’atémi reste alors possible, par armes et sa transposition manuelle tant dans le cadre d’une réponse ancestraux apporte cette souplesse exemple du pied, en complément constitue la colonne vertébrale de légitimée en self-défense que dans et cette ouverture d’esprit si chère à de la saisie douloureuse du poi- notre pratique, qui permet, aux tra- la vie de tous les jours. Cette adap- nos maîtres qui doivent transpa- gnet. Il se décale ensuite pour por- vers de techniques guerrières de tation de tous les instants si impor- raître dans la vie de tous les jours…

22 3° / rait se passer un budoka averti ! LE RECOURS Il faut ici préciser que le travail de AU TONFA ces armes se fait selon les aspects fondamentaux de la pratique Maître Alain Floquet a eu le souci Aïkibudo. Le souci d’efficacité d’associer dans la pratique impose une recherche la plus réa- Aïkibudo l’ensemble des tech- liste possible, tant dans ses aspects niques susceptibles de permettre traditionnels guerriers (efficacité un apprentissage complet des réali- totale avec possibles altérations tés du combat, dans un souci per- partielles ou totales des capacités manent d’efficacité et d’adaptation physiques de Seme) que dans ses aux évolutions technologiques. aspects évolutifs contemporains C’est pourquoi le pratiquant (avec un souci prépondérant de d’Aïkibudo s’exerce également à contrôle final de Seme, sans aucu- l’utilisation d’armes particulières, ne altération de ses capacités phy- tant dans leurs dimensions histo- siques). Le respect des règles juri- rique que contemporaine. diques de la légitime défense au Arme traditionnelle en provenance terme des articles 122-5 et 122-6 de l’île d’Okinawa, le Tonfa est un du Code Pénal est une dominante bâton dans lequel est implantée importante de l’apprentissage de perpendiculairement une poignée ces armes et de leurs possibilités. au niveau du premier tiers. Cette La finalité de la technique doit tou- arme est directement attachée à la jours être une maîtrise totale de pratique du Karate. Maître Alain Kiri Komi, Tori ayant à la fois récu- Floquet a pressenti le formidable péré l’arme utilisée pour l’attaque potentiel de cette arme dans le et les mains parfaitement libres. cadre de son travail de policier. Ainsi le pratiquant d’Aïkibudo pos- Aussi a-t-il intégré l’usage de cette sède un potentiel martial varié et arme dans le programme Aïkibudo, particulièrement efficace pour pou- à partir d’un niveau avancé de pra- voir raisonnablement maîtriser une tique. L’étude des frappes, attaque en permettant de veiller à contrôles et blocages élémentaires l’intégrité physique de Seme. se fait également par le biais d’un Kata, avant d’envisager, tout En collaboration, comme le Tanto, les possibles Paul-Patrick Harmant, 6°dan, mises en application des tech- (D.T.I.R. Zone Est) niques Aïkibudo avec l’usage de (D.T.F.Adjt – F.I.A.B.) cette arme. L'utilisation d'un Tonfa Jean-Pierre VALLE, 3°DAN, sera particulièrement adapté au (D.T.F. Adjt-polices F.I.A.B.) travail contre armes blanches, sur les photographies. sachant que seules les personnes dépositaires de la force publique et Séminaire Monitorat Fédéral titulaires d'une autorisation de port et Brevet d’Etat Aïkibudo d'arme de 6ème catégorie au terme (sous la direction de de la loi pénale française, dans le Paul-Patrick Harmant) cadre de leurs activités profession- du 27 au 30 avril 2002, nelles pourront utiliser ce type d'ar- Salle de la Fraternelle, me. C'est pourquoi ce type de pra- Rue Jeanne d’Arc, tique est susceptible d'intéresser 54350 Mont Saint-Martin. plus particulièrement les représen- Inscription et renseignements : tants des forces de l'ordre, les mili- 03.88.15.37.61.(pro.) / taires et les professionnels de la 03.88.72.36.89.(dom.) sécurité. En ce qui concerne les autres pratiquants, il ne faut toute- copyright : fois pas oublier qu'une revue rou- Christine Fuche lée serrée ou un parapluie se sub- (IDF-CERA) stitueront utilement à un Tonfa, copyright méthode dans le cas d'une agression à l'ar- et techniques Aikibudo me blanche. Ce potentiel tradition- Alain Floquet. nel retrouve alors son utilité pra- tique toute naturelle dont ne sau-

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