Messages 2015 Revue Annuelle De L’Association Des Glières Pour La Mémoire De La Résistance
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
MESSAGES 2015 REVUE ANNUELLE DE L’ASSOCIATION DES GLIÈRES POUR LA MÉMOIRE DE LA RÉSISTANCE ÈME LE 27 B.C.A. DANS LA RÉSISTANCE Créé en 1871, le 27 ème B.C.A. a écrit ses premières pages de gloire pendant la Grande Guerre. Arrivé sur Annecy en 1922, le bataillon fait partie du paysage annécien lorsqu’éclate le deuxième conflit mondial. Pourtant ce seront les années de clandestinité, les événements des Glières et de la libération qui seront le véritable creuset de l’intégration du 27 dans son en- MESSAGES vironnement haut-savoyard. L’implication des cadres ÈME du bataillon dans les maquis, la complicité des popu- LE 27 B.C.A. lations des vallées qui leur procurent abris et nourri- ture, au péril de leur vie, ont tissé entre eux des liens DANS LA RÉSISTANCE de cœur et de sang. 2015 L’inscription “ Les Glières 1944 ” dans les plis du drapeau des chasseurs est un vibrant hommage à cette intimité née entre le 27 et sa région. 50 ans de conscription ont depuis renforcé cet at- tachement mutuel. Professionnel depuis près de 20 ans, essentielle- SOMMAIRE ment tourné vers les opérations extérieures, le batail- Éditorial p. 7 lon a trouvé dans son ancrage local un pivot du lien Armée-Nation. À l’heure d’un nouvel engagement • Le 27 ème B.C.A. des années noires p. 11 massif, dans le cadre de l’opération Sentinelle, sur 1940-1944 p. 17 le territoire national et notamment dans les pays de • Georges Aragnol, maquisard des Glières, p. 37 Savoie, ce lien né en 1944 montre à nouveau toute sa rescapé des camps valeur. Vivre la Mémoire p. 45 Lieutenant-Colonel Frédéric Vola Nécropole nationale de Morette, p. 47 65 ème chef de corps du 27 ème B.C.A. • • Collège des Allobroges, La Roche-sur-Foron p. 49 • Randoglières p. 51 • Commémoration de l’Appel du 18 juin 1940 p. 53 • Glières fête la Liberté p. 55 • Centenaire de la naissance de Tom Morel p. 56 De nouvelles publications p. 59 • Le maquis des Glières en 20 questions p. 61 • “ Pour des cerisiers en fleurs ” p. 63 In memoriam • Jean-Louis Crémieux-Brilhac p. 65 • Joseph Eusèbe p. 67 Un détachement du 27 ème BCA en tenue de parade Association des Glières rend les honneurs à la Nécropole Nationale de Morette pour la mémoire de la Résistance ÉDITORIAL Cette édition 2015 de notre revue “ Messages ” est cen- se réfugier dans nos mon- trée sur le rôle du 27 ème Bataillon de chasseurs alpins dans la tagnes alors que rien n’avait Résistance en Haute-Savoie, à Glières en particulier, et dans pu être prévu pour les rece- la libération du département. voir. Leur nombre n’a cessé En effet, alors que rares sont désormais parmi nous les de croître jusqu’à dépasser ultimes acteurs 1, il faut rappeler le devoir de reconnaissance les 5000 au cours l’été 1943. qui leur est dû. À part ceux qui venaient par des filières de la Résistance, ces jeunes arrivaient sou- vent avec l’idée d’attendre quelques mois en sécurité dans une région accueillante Depuis sa création présentant l’avantage d’être il y a soixante et onze ans, occupée par les Italiens et non l’Association des Glières par les Allemands. Comme n’a eu de cesse de trans- une majorité de Français, ils mettre le message légué espéraient bien que les Alliés par les hommes du Plateau. débarqueraient en France Elle s’est efforcée de faire avant l’automne. On com- connaître et respecter leur prend qu’une bonne partie histoire, notamment par cette d’entre eux ait quitté la région revue “ Messages ”. Pourtant, à la fin de l’été, au moment où quand on parcourt nos mul- arrivait l’armée allemande. tiples publications et déclara- C’est donc d’abord tions et qu’on essaie de mesu- pour faire face à cet afflux rer l’impact que nous avons incontrôlable que les respon- eu sur l’opinion de nos conci- sables du mouvement Com- toyens, on peut se poser une bat demandèrent au chef de question : l’image lumineuse bataillon Vallette d’Osia de de ces jeunes maquisards les rejoindre et de prendre prenant les armes pour libé- en mains l’organisation des rer notre patrie, si largement “ maquis ”. Utilisant le réseau justifiée soit-elle, ne laisse-t- des anciens de son bataillon, elle pas dans l’ombre le travail le Commandant se mit aus- de ceux qui leur ont appris à sitôt à la tâche avec toute “ faire la guerre ”? l’énergie qu’on lui connaît. N’oublions pas que, à la Ce ne fut pas une suite des décisions du gou- tâche facile. Tous les “ réfrac- vernement de Vichy sur “ la taires ” n’avaient pas “ pris le Relève ” puis le “ Service du maquis ” pour devenir des Travail obligatoire ”, les pre- combattants. La majorité miers Résistants de Haute- d’entre eux n’avaient jamais Savoie se sont trouvés face à eu la moindre formation un problème difficile à gérer : militaire, ni l’entrainement l’afflux de jeunes gens venant à la clandestinité. Certains 1/ Citons tout particulièrement Élie Muffat, sergent dans le bataillon Vallette d’Osia, chef de la section A.S. de Groisy, en soutien du maquis des Glières, libérateur de Thorens et d’Annecy aux côtés de Louis Mo- rel comme lieutenant dans la compagnie Le Chamois, aujourd’hui âgé de 97 ans et toujours présent pour témoigner. 6 La fanfare du 27 au plateau des Glières 7 avaient tendance à confondre attaques de l’armée d’oc- ils ont non seulement appris fut le cas notamment à Thuy la frontière des Alpes, où, sion le service de la France leur séjour dans nos mon- cupation ou des forces de à se battre mais auxquels ils (sur la commune de Thônes), tout au long de l’hiver 44-45, par les armes. Devenus des tagnes avec des vacances. Ils police françaises contre les ont insufflé la volonté de le Pouilly (près de Saint-Jeoire), se déroulèrent de durs com- “ professionnels ”, absorbés n’ont guère apprécié que des premiers maquis en 1943. faire au nom d’une “ certaine Saint-Gingolph. Bref, dans bats, pour aboutir à la vic- souvent par des “ opérations anciens du 27 viennent leur im- En témoignent ses rappels idée ” de la France et de la une guerre, il y a forcément toire du 8 mai 45. extérieures ”, ils peuvent poser les règles élémentaires à l’ordre énergiques (qu’on Liberté et dans la continui- des erreurs et toute erreur se Ce qu’on peut surtout trouver dans la mémoire des de la vie en groupe ( à com- trouvera dans ses Mémoires) té de ce qu’avait été “ le 27 ” paie … Mais, tout compte fait, en retenir c’est que, grâce à Glières et de la Résistance mencer par celles de l’hygiène adressés aux premiers res- dans ses heures de gloire reconnaissons que la popu- ceux qui ont encadré, formé, haut-savoyarde un champ indispensable ) et celles de la ponsables des camps. Il est comme dans ses moments lation de la Haute-Savoie a conduit les volontaires ayant de réflexions et d’inspiration sécurité collective en situation clair que les maquis haut- d’épreuves. La Haute-Savoie été plutôt épargnée. Tel était rejoint la Résistance, notre pour les valeurs morales de guerre. Ce sont ces prin- savoyards avaient bien be- ne doit pas l’oublier. bien le souci de ceux qui département a pu jouer un qu’ils doivent représenter et cipes élémentaires autant que soin du “ métier ” que pou- Mais nous devons aussi ont mené les grandes opé- rôle remarquable dans la libé- défendre. Leurs relations avec les techniques de combat qu’il vait leur enseigner la pléiade mieux mesurer que cet enca- rations de la Résistance - y ration de la France et la victoire la population haut-savoyarde, fallait leur apprendre à respec- de sous-officiers et d’officiers drement des maquis haut- compris lors des combats finale, en évitant largement le concrétisées dans les jume- ter. Malheureusement l’impres- qui les ont rejoints après la savoyards par des “ profes- des Glières - contre les occu- pire pour sa population. lages de leurs compagnies sion trompeuse de protection dissolution de l’Armée d’Ar- sionnels ” a épargné bien pants et leurs supplétifs. Il était donc nécessaire avec nos cités, accompagnées que leur donnait l’espace mistice. En fait, ces “ chas- des vies dans notre dépar- Ce fut surtout vrai de retracer l’histoire du 27 ème par leur remarquable Fanfare, montagnard leur faisait souvent seurs ” avaient, depuis 1940, tement non seulement au lors de la libération du dépar- Bataillon de Chasseurs Alpins sont essentielles pour leur trouver inutiles les exigences un objectif : recruter et en- long des mois de combat tement qui fut relativement dans la Résistance à la lumière éviter de devenir de simples de ces “ militaires ” qui vou- traîner “ l’Armée de la Libéra- clandestin, mais surtout lors peu coûteuse en vies hu- de tout ce que nous avons instruments au service d’ob- laient faire d’eux des soldats. tion ” dans la continuité de ce de la libération. Les chefs de maines, par rapport à ce qui compris avec le recul du temps. jectifs qui les dépasseraient. Ils Les interventions de l’armée qu’était leur bataillon. Leur ré- l’Armée Secrète ont parfois s’est souvent passé ailleurs Nul mieux que Jean-René sont les héritiers de ces “ chas- italienne et des forces de po- compense fut le jour où des été accusés “ d’attentisme ”. et qui aurait pu se passer ici.