Allanche. Neuf Siècles De Son Histoire
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Maurice PESCHAUD Ancien maire Ancien conseiller général d'Allanche ALLANCHE NEUF SIÈCLES DE SON HISTOIRE AVANT-PROPOS Dans « Allanche, neuf siècles de son histoire », que je livre au lecteur, je me suis efforcé de rappeler les principaux épisodes qui ont marqué la vie des habitants de notre cité, depuis ses. origines présumées jusqu'à la première guerre mondiale de 1914-1918. En ce qui concerne le passé lointain, j'avoue que j'ai effectué une ample moisson de renseignements dans les articles parus dans le Bulletin paroissial d'Allanche, « La Voix de Saint Jean-Baptiste », paru de 1901 à 1910 et en 1933, sous la signature de M. Morisque (1). J'ai complété ma documentation grâce à des notes puisées dans certains folios des Archives Départementales que m'avait communi- qués le regretté archiviste, M. Ernest Delmas, ainsi que dans la collection de la « Revue de la Haute-Auvergne » et dans des ouvrages traitant d'histoire locale et régionale, qu'a eu l'amabilité de me prêter Mlle Bouyssou, directrice des Services des Archives départementales, à qui j'exprime toute ma gratitude. Pour ce qui est du passé plus récent, j'ai eu à ma disposition les registres d'état civil, des délibérations des conseils municipaux qui se sont succédés à Allanche, des tableaux de recensement et aussi (1) M. MORISQUE fut percepteur à Allanche de la fin du siècle dernier jusqu'en 1910 environ. Passionné d'histoire locale et doué d'une grande érudition et de beaucoup de talent, il compulsa les vieux parchemins et les terriers de la Seigneurie d'Allanche, ainsi que de nombreuses archives des notaires. Il fut, il convient de le proclamer, le premier et le véritable historien de notre ville. Par l'intermédiaire de M. l'abbé E. CUSSAC, alors curé-doyen d'Allan- che, j'ai eu le plaisir d'entrer, en 1935, en relations épistolaires avec lui. De Montauban où il avait pris sa retraite ou de sa propriété de Com- belimagne, près Raulhac, en termes fort aimables, M. MORISQUE répondait à mes questions, me conseillant, complétant ma documentation ou la rectifiant au besoin. Et il me donna même l'autorisation d'utiliser ses articles, ce qu'il avait fait également pour le docteur PARLIER. les dossiers des travaux qui ont été réalisés... J'ai également rappelé les récits de personnes dgées qui ont vécu certains événements que je rapporte et j'ai évoqué mes souvenirs de jeunesse. Mes récits sont imparfaits, certes, et sont susceptibles d'être rectifiés et surtout d'être complétés. Mon but a été de sauver de l'oubli les faits et gestes de nos aïeux qui ont lutté avec courage pour préserver leurs familles, conserver leurs libertés et leur patrimoine et permettre à Allanche de devenir ce qu'elle est de nos jours. Je dirai avec E. Baluze, bibliothécaire de Colbert : « J'ai résolu « d'écrire l'histoire de notre ville, pour nos concitoyens, de peur que « nous ne passions pour des étrangers et des hôtes dans notre propre « pays. » J'ai fait mienne cette phrase d'un philosophe du XIXe siècle : « Notre dépendance du passé est plus grande que nous ne le croyons ; « et on ne se diminue pas à le connaître, on y trouve au contraire « le moyen de se grandir. » C'est pourquoi, c'est en y mettant tout mon cœur d'enfant d'Allanche, où je suis né, où j'ai toujours vécu et que j'ai eu l'honneur et la charge de servir ou d'administrer près de quarante années, que j'ai composé ce petit ouvrage. M. P. I Un peu de géographie Avant de parler du passé, de l'histoire de notre cité, plantons son décor actuel pour ceux qui ne la connaissent pas encore et pour ceux qui ont l'intention d'y venir en vacances respirer son air pur et vivifiant et y goûter son charme et la tranquillité. Allanche est en Terre Auvergnate, au Pays Vert des Vacances. C'est une petite ville coquette, dont les maisons sont construites en pierres résistantes et couvertes d'ardoises grises (à l'exception toutefois des pavillons du « Super-Allanche », à l'est, édifiés, à partir de 1957, par l'intermédiaire du « Foyer Cantalien », promoteur M. A. Chauvet, député du Cantal, et qui sont couverts en tuiles rouges). Assise au fond d'une vallée peu profonde et étroite, elle est baignée par la rivière qui porte son nom : « l'Allanche ». Celle-ci prend sa source sur les confins du Cézallier, dans la montagne de Moussure-Bas; sur son parcours sinueux, elle se jette du haut de la cascade des Veyrines, en aval du village de Landeyrat, pour baigner le village du Bac, traverser Allanche, Sainte-Anastasie, et ayant recueilli de nombreux ruisseaux tout au long de son parcours, se jeter en aval de Neussargues, au Pont du Vernet dans l'Alagnon qui rejoindra l'Allier et le bassin de la Loire. Elle est très poisson- neuse en truites « Fario » ou « Arc-en-ciel » que l'on vient pêcher de loin, ainsi que dans les ruisseaux où naguère foisonnaient les écrevisses. Elle est dominée à l'ouest par des plateaux aux riches pâturages et par de sombres forêts de sapins, de pins sylvestres et d'épicéas qui portent les noms de Roche-Grande, La Chaye et La Pinatelle. Et à l'est par le Pic de Mathonnière (1 300 m d'altitude) ( qui fait (*) Le sommet du pic de Mathonnière était surmonté d'une croix en bois de plus de 2 mètres de hauteur, reposant sur une plate-forme de roches basaltiques. Cette croix avait été implantée le 6 avril 1903, par partie des Monts du Cézallier, à peu de distance du Chamaroux (1 478 m d'altitude) et du Luguet. Leur sol est formé de schistes cristallins et de granit de l'époque éruptive ancienne. Allanche, chef-lieu de canton, le plus élevé du Cantal (980 m), est sise au nord-est du département, à 100 kilomètres environ de Clermont-Ferrand, capitale de la région Auvergne et à près de 80 kilomètres d'Aurillac, chef-lieu du département. Il fait partie de l'arrondissement de Saint-Flour, distant de 33 kilomètres et de 20 kilomètres de Murat qui était jusqu'en 1926 son chef-lieu d'arrondissement. Onze communes composent notre canton : Allanche, Charmen- sac, Joursac, Landeyrat, Peyrusse, Pradiers, Sainte-Anastasie, Saint-Saturnin, Ségur-les-Villas, Vernols et Vèze. Il y avait égale- ment Chanet, mais, en 1964, cette commune a fusionné avec la commune d'Allanche. Toutes ces communes ont un passé riche en événements historiques. Le climat est typiquement auvergnat : agréable et chaud en été et en principe rude et froid en hiver, avec des tempêtes de neige que le vent du Nord balaie et amasse en congères que les chasse- neige devront déblayer pour assurer la circulation sur les routes et même parfois sur la voie ferrée. Pays essentiellement agricole, dont la ressource principale est l'élevage des bovins de race Salers au pelage roux, mais qui depuis quelques années tend à être supplantée par la race Charollaise beige et par quelques brunes des Alpes. Et il existe encore dans certaines fermes des troupeaux de moutons. Lorsque arrivent les beaux jours, les étables se vident de leur bétail qui s'égaille dans les prairies où l'herbe, une fois la neige disparue, a poussé tendre et abondante. Puis la transhumance fait son apparition. Des plaines des environs d'Aurillac « montent à l'estive » des troupeaux de vaches laitières et leurs jeunes veaux, pour rejoindre soit par chemin de fer, soit par camions (mais de moins en moins par la route) chacun leur cantonnement bien déterminé : Vernols, Les Fouillades, Les Veyrines, Mathonière, Chavanon, etc., car ils sont nombreux dans nos montagnes. Et la gare de Landeyrat, « la gare du bout du monde, ouverte vingt jours par an, la gare du Texas auvergnat '» a écrit un humoriste, est également un haut lieu de la transhumance. M. Gibert, fermier au Bac. Au moment où elle fut élevée dans le ciel, un des bras se détacha et tomba sur la tête du malheureux Gibert qui la plantait et qui fut tué sur le coup. Néanmoins, elle n'en fut pas moins réparée et devait demeurer debout près de 30 années, symbole de la foi chrétienne des habitants et aussi point de repère visible de loin pour les voyageurs. Mais les tempêtes et les orages l'endommagèrent et la terras- sèrent; elle ne fut pas remplacée. Ces troupeaux demeureront et pacageront jusqu'en automne, en liberté, sous la surveillance d'un pâtre, d'un vacher et de ses aides qui, eux, logeront dans un petit habitat rustique, appelé « le buron », à la fois cuisine et chambre à coucher pour les hommes et salle de fabrication de ce fromage à la croûte épaisse et veinée et à la pâte blanche et compacte que l'on dénomme « fourme du Cantal ». Toutefois, depuis quelques années, nous assistons, en raison de la difficulté à trouver du personnel volontaire, quoique bien rémunéré pour vivre ainsi en solitaire pendant plusieurs mois, à une reconver- sion de certaines montagnes. Il n'y a plus de parcs où l'on rassemblait les vaches au moment de la traite; on ne fabrique plus de fromage, on y « estive » les troupeaux pour l'embouche. Il existe à Allanche chaque mois une foire de bétail importante par les transactions qui interviennent. Jusqu'en 1965, elles se tenaient sur la place dite du Monument, mais depuis cette date, il a été créé un nouveau foirail avec des barres pour attacher les animaux, derrière le bâtiment du C.E.G.