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As Loud as Possible As Loud as Possible

Concert de , Toritsu Kasei Loft, , 1985 (Photos : Gin Satoh) Concert de Hanatarash, Toritsu Kasei Loft, Tokyo, 1985 (Photos : Gin Satoh)

Whitehouse, , Maurizio Bianchi, The Haters, Hanatarash, The Gerogerigege, Massona, Prurient, John Wiese… Un parcours parmi les grandes figures du harsh noise, au sein de l’internationale du bruit sale de ses origines à nos jours. AS LOUD AS 48 POssi- 49 ble. Whitehouse, Merzbow, Maurizio Bianchi, The Haters, Hanatarash, The Gerogerigege, Massona, Prurient, John Wiese… A tour among the major figures in harsh noise, within dirty Noise International—from its inception to the present day. Fenêtre ouverte. Le bruit, c’est ce son fronde, indompta- juste une main pour sculpter, une intention pour guider, Mais comment la musique a-t-elle osé muter en ça ? ble, discordant, une puanteur dans l’oreille, comme l’a écrit à peine une idée pour le conceptualiser. Il n’est pas une Objectivement, si on regarde la tête du harsh noise, son Ambrose Bierce dans son Devil’s Dictionary, ce que tout musique bruyante mais une musique-bruit taillée, pas un nom, il faut tout de même se pencher un peu en arrière, le oppose et tout interdit à la musique. Le bruit sévère, le bruit genre, encore moins un mélange, car s’il est né d’amonts XXe siècle brouhaha, pour comprendre cette « birth-death dur, le harsh noise, c’est, pire encore, le chaos volontaire, la lisibles dans l’histoire de la musique, dans l’histoire du XXe experience », si l’on m’autorise à citer le titre d’un disque de crasse en liberté, même pas la musique de son-bruits rêvée siècle, il n’a dans sa pratique et sa nature d’autre horizon Whitehouse, le premier de surcroît. Jacques Attali écrit dans par Luigi Russolo dès 1913, même pas le bruit des machines que ses propres vertus terminales, il n’a d’autre filiation que son Bruits de 1977 (hors-sujet, quand même, n’en déplaise ou un miroir sale, mais plutôt le vide exagéré par la violence le petit paradoxe technologique qui lui permet d’exister. Il aux universitaires du noise qui adorent venir y piocher des électrique. Il n’est pas moderne, il n’est pas industriel, il est convient à cet effet de ne pas se perdre dans les méandres explications), que « la vie est bruyante, bruits du travail, electrophilia pire. Russolo voyait l’art des bruits des machines comme le des mélodies sculptées, éventuellement mises à mal par le bruits des hommes, bruits des bêtes », mais ce qui est sur- Black Noise Practitioner possible dans le creux de l’oreille nouvelle : le harsh noise, bruit, l’électricité, les logiciels, de la musique produite, en tout arrivé en même temps que les machines et les véhicules, (Skul, 2004) terminal, envisage juste détruire jusqu’à cette oreille-là. Le cherchant désespérément le harsh noise, puisqu’il n’est lié à la c’est la musique qui a envahi la vie, qui est devenue ce bruit En 1997, Steven Parrino concevait ce qui harsh noise est un trou noir. Le harsh noise asservit ses technologie que dans ses mésusages, la violence qu’il inflige de fond total sans filiation avec l’art, quand les supports de devait devenir sa nouvelle tendance musi- praticiens servants, ses militants. Le harsh noise est, dans aux machines en les dérivant avec elles-mêmes, en lacérant stockage eux-mêmes (disques, bandes, ondes et fréquences cale : un son électrique et brutal. Après la musique, l’ennemi sensible, une extrémité horrible. Le membranes par le volume, en forçant les épousailles avec dématérialisées dans les airs, dans les mémoires virtuelles, quelques obscurs concerts, Electrophilia était né. En 2002, Jutta Koether, elle- harsh noise n’est pas anxiogène, mais, pire encore, un assaut les pires artefacts de junk technologique récupéré dans la dans les réseaux) sont devenus sources supplémentaires. même artiste noise et performeuse de volontaire, une menace littérale pour le corps, un marteau poubelle du voisin puis branché tel, ou un peu éventré, dans Dans l’art, le parcours est un éclat dans toutes les directions longue date, rejoignait le groupe. Avec piqueur, un livre sans narrateur ni personnages, un cylindre la mixette épuisée ; il convient de comprendre que le harsh du monde, l’invasion progressive des glissandi et des tessi- Koether et Parrino comme agitateurs de douleur, une aberration au monde à moudre du signe, ce noise est né au bout du siècle de l’information, en essayant tures dans l’orchestre, Henri Barzun et la simultanéité dans d’idées et de sons, Electrophilia s’est imposé et a marqué de sa présence divers qui n’aurait jamais dû s’incarner, en quelque sorte. Le harsh de faire sans elle, en s’incarnant en poussière exagérée des la poésie pour « boucaner », Dada, ses bruits de tambour et shows new-yorkais. Ces concerts ont été noise, c’est un bruit volontairement libéré, un labyrinthe de musiques électriques, en cendre de mort de musique sacri- ses monceaux d’ordures, Russolo et ses machines de musi- enregistrés, et quatre d’entre eux rassem- feedbacks autogénéré, autodévorant en même temps, avec fiée, annulation saturée. que de guerre, Schwitters et « la pensée dans la bouche », blés sur un nouvel : Black Noise Practitioner. Le son d’ Electrophilia s’ap- Varèse et ses sirènes, Varèse et ses tambours, les radios parente à un mélange de la densité sonore et les platines sur la scène de l’auditorium avec Milhaud, du Metal Machine Music de Lou Reed, avec Cowell, avec Cage, l’interlude de la musique de bruits de la stridence libératrice d’Albert Ayler, enregistrés (et, c’est hors-sujet, organisés) de Schaeffer, le des intrusions radicales de Merzbow et de la brutalité obscène des Stooges. Noise Le harsh noise, c’est le chaos volontaire, la crasse en psychédélique radical, Electrophilia mêle la manipulation brutale des basses électri- liberté, le vide exagéré par la violence électrique. ques aux textures glaçantes des synthés. Le harsh noise est un trou noir...une extrémité horrible. In 1997 Parrino conceptualized what was to be his new musical focus, a sound 50 Texte / Text : Olivier Lamm electric and brutal, and after a few small 51 obscure shows, Electrophilia was born. In 2002 Jutta Koether, long time noise & per- Harsh noise is deliberate chaos, filth set free, the void formance artist in her own right, joined the band. With Koether and Parrrino mashing exaggerated by electric violence. But how did music dare to change into that? ideas and sounds Electrophilia has expan- ded and made its presence felt in shows Harsh noise is a blak hole... a horrible extreme. Objectively, if we look at the first feature of harsh noise, around NYC. These shows have been docu- its name, we need to turn back a little, to the 20th-century mented, and four have been collected and hubbub, to understand this “birth-death experience,” if I turned into this double LP release: Black may quote the title of a record by Whitehouse, their first Noise Practitioner. The sound of Electro- philia evokes a mix of the sonic denseness what’s more. Jacques Attali wrote in Noise, published in of Lou Reed’s Metal Machine Music, the An open window. Noise is that rebellious, uncontrol- sculpt it, an intention to guide it, barely an idea to concep- 1977 (irrelevant, even so, whatever university academics of free screech of Albert Ayler, the extreme lable, discordant sound, “a stench in the ear,” as Ambrose tualise it. It is not noisy music but hewn noise-music, not “noise” who love digging around in it for explanations may attack of Merzbow and the raw dirt of the Stooges. Electrophilia is extreme psychede- Bierce wrote in his Devil’s Dictionary, what everything a genre, still less a mixture, because it is born of sources think), that “life is noisy, work noises, human noises, ani- lic noise; brutal electric bass manipulations opposes to music and forbids music from being. Loud detectable farther back in the history of music, in the his- mal noises,” but above all what happened at the same time interwoven with freezing synth textures. noise, hard noise, “harsh noise” is worse still: it is delibe- tory of the 20th century, in its practice and its nature it as machines and vehicles was the invasion of our lives by rate chaos, filth set free, not even the noise-sound music has no horizon other than its own terminal virtue, it has music, which became that total background noise with no dreamt up by Luigi Russolo as early as 1913, not even the no filiation other than the little technological paradox that relation to art, when the very means of storing it (records, noise of machines or a dirty mirror, but rather the void allows it to exist. It is therefore appropriate not to get lost tapes, waves and frequencies dematerialised in the air, in exaggerated by electric violence. It isn’t modern, it isn’t in the meanders of sculpted melodies, possibly undermined virtual memories, in networks) became supplementary sour- industrial, it’s worse. Russolo saw the art of the noises by noise, electricity, software, music produced searching ces of noise. In art, the path taken was an explosion to all made by machines as the potential in the hollow of the desperately for harsh noise, since it is linked to technology corners of the world, the gradual invasion of the orchestra new ear: terminal harsh noise envisages only destroying only in its misuses, the violence it inflicts on machines by by glissandi and tessituras, Henri Barzun and simultaneity that selfsame ear. Harsh noise is a black hole. Harsh noise using them to bypass themselves, by lacerating membranes in poetry for making a racket, Dada, its drum noises and its enslaves its serving practitioners, its militants. In music with volume, by forcing a union with the worst artefacts of mounds of rubbish, Russolo and his war music machines, harsh noise is the perceptible enemy, a horrible extreme. technological junk retrieved from the neighbour’s rubbish Schwitters and “thought made in the mouth,” Varèse and Harsh noise does not generate anxiety, worse still it is a bin and plugged in as it is, or eviscerated a little on the his sirens, Varèse and his drums, radios and turntables on deliberate assault, a literal threat to the body, a pneuma- exhausted mixing table; it is appropriate to understand that the stage of the auditorium with Milhaud, with Cowell, with tic drill, a book with no narrator or characters, a cylinder harsh noise was born at the end of the information century, Cage, the interlude of music consisting of noises recorded of pain, an aberration in the world of sign-grinding, what trying to do without it, being embodied in the exaggerated (and organized, though this is irrelevant) by Schaeffer, the should never have been embodied, in a way. Harsh noise is dust of electric music, in the ashes of sacrificed music, in pure sound-effects happiness of nascent , a deliberately released noise, a self-generated and likewise saturated cancellation. Stockhausen who made white noise with hymns in praise self-devouring labyrinth of feedbacks, with just a hand to of war, Cage again, less important for his violation of music pur bonheur bruiteur de la musique électronique qui naît, Ce truc dégueulasse. Au bout du tunnel de la satura- rialiste comme altérateur, le harsh noise, s’est ainsi presque Stockhausen qui fait du bruit blanc avec des hymnes va-t-en- tion des sources, les découvreurs du harsh ont réussi à en immédiatement constitué en signaux purs sabotés, retour- guerre, Cage à nouveau, moins important pour son viol de la imiter les effets (meilleure instance a posteriori, Play Stan- nés, bouclés par et sur eux-mêmes. Akita a entendu la power musique par la vie que pour son championing de la pratique dards, chef d’œuvre de 1997 de l’orchestre de bruit du monde electronics de Whitehouse, amas purulent de fréquences amateur tous azimuts, de l’aléatoire total dans la pièce de Ground Zero, concentration absolue de sources mêlées, para- synthétisées, bruits accidentels en invasion et de scansions musique, des boîtes en plastique pour jouer, AMM, le Nihi- sitées et parasites mêlés) en supprimant la source : ils ont dégueulasses, il a rencontré le pionnier Maurizio Bianchi, et list Spasm Band et les autres, Maciunas qui casse un piano, branché la machine-relais, la mélangeuse sur elle-même, et la matière harsh noise, ultradensité qui impose ses propres Persepolis de Xenakis qui délivre, dès 1971, bruits métalli- ont réussi à ne garder de l’euphorie de violence du rock que enjeux, ses propres procédés d’écoute, est venue, presque hanatarash ques écrasés et grincements saturés de poussière, du vrai l’euphorie, que la violence. C’est Jojo Hiroshige, à la tête de accidentellement, au monde. The Hanatarashi noise volontaire dans le fond de la bande, la poésie sonore et d’Alchemy Records, harsh noiser since 1979, (Alchemy, 1984) de Henri Chopin ou François Dufrêne qui mettent le micro qui explique, « Nous adorions l’euphorie live de Deep Purple, L’idiot la tête dans la bouche du lion. D’abord cal- dans la gorge pour amplifier le corps-orchestre et achever de Black Sabbath ou Hendrix, ils arrivaient sur scène avec ces quée sur les raccourcis de la power electronics de White- Hanatarash (traduire par « morve au nez » ) est formé en 1984 à par un dénommé démanteler, après le signe, la voyelle jusqu’au bruit pur. Et immenses murs de feedback. Ce que Hijokaidan a fait, c’est house, des Haters de GX Jupitter-Larsen ou Con-Dom, héritiers Eye Yamatsuka, futur leader des Bore- puis, lisiblement, les noces de la musique et de la violence, se débrouiller sans les mélodies, sans les solos de guitares, des jeux subversifs de l’indus, , Brighter doms, qui n’aime alors rien tant que de la mise au monde de l’aberration rock, Bo Diddley, la course pour aller directement au feedback, à la décharge orgasmique Death Now ou NON, cette extrémité empirique nouvelle s’est tout saccager sur scène en hurlant et faire au boucan de la British Invasion (de mémoire, les plus durs, de bruit qui s’échappe des enceintes explosées. » Le bruit vue promouvoir et avancer tous les motifs de la déviance du boucan par tous les moyens possibles, comme un enfant-roi sans garde-fou. La c’était The Creation), puis l’escalade infinie, Blue Cheer, les est ce signal impur et irrégulier, chaos flou de fréquences et des art de la limite, porno, guerre, viol, , merde fureur incontrôlable qui s’empare de lui Sonics et le Velvet, Metal Machine Music ou le bruit de rien simultanées, qui parasite un message codé en démantelant — ce n’est pas par hasard que l’écrivain , editor s’apparente à une forme de rite sacrificiel dans la machine mainstream, les Rallizes Denudés, Pere Ubu, le code. Il n’existe pas par lui-même, ainsi une musique de de la subversion totale du fanzine Pure, ait été membre de où les accessoires sont des matériaux de construction industriels auxquels sont l’industriel total de Throbbing Gristle, P16.D4, SPK, NON ou bruit est un néant qui doit se parasiter lui-même pour se Whitehouse, ce n’est pas par hasard que Tetsuya Endoh de apposés le logo du groupe. Si l’esthétique Neubauten, Branca et ses enfants, les Swans, Discharge puis faire entendre. S’il a aussi commencé en empilant et satu- The Gerogerigegege (gero pour vomi, geri pour diarrhée) renvoie à la transgression punk (le mot Napalm Death, Slayer, le black metal, l’Everest de bruit sur rant les déchets (les premiers pas du Merzbow de Masami se branle sur scène à toutes les occasions, ce n’est pas par cock est décliné dans chaque titre), le la page de JR de William Gaddis en 1975, et, enfin, en même Akita, en lien direct avec le Merzbau de Schwitters qui lui hasard que Mayuko Hino de C.C.C.C soit une ancienne star contenu est une entité sonore hors normes qui condense l’énergie destructrice la plus temps, juste avant, juste après, la pure boucle de mort, Whi- a donné son nom, célébraient les monticules d’ordures du du porno bondage —, mais la vérité, c’est que le raccourci pure qui soit, totalement étrangère à toute tehouse, Merzbow, Hanatarash, le harsh noise. monde moderne), s’il aime parfois s’apposer à la pop et s’ex- est moins logique qu’historique, les racines du noise nippon forme musicale préexistante. Le bruit y hiber en excès théorique de la musique occidentale impé- étant plus à trouver dans le rock psychédélique, le garage est indissociable du geste qui le produit, résultant d’une action proche d’une crise de démence. Tout n’est que folie et vio- lence à l’état pur, larsens, cris et percus- sions saturées. Eye y vomit toute forme d’académisme, de stratégie intellectuelle, de politesse ou de bon goût. 52 As Loud as Possible 53 Hanatarash (which can be translated as “snot”) was formed in Osaka in 1984 by someone called Eye Yamatsuka, the future leader of the , who at that time liked nothing better than to lay waste to everything on the stage while howling and making a racket by every possible means, like an imperious child without a by life than for his all-out championship of amateurism, ded in imitating its effects (the best a posteriori instance, signals looped by and on themselves. Akita heard White- safety rail. The uncontrollable frenzy that of the totally random in pieces of music, plastic boxes for Play Standards, the 1997 masterpiece of the Ground Zero house’s power electronics, a purulent heap of synthesized gripped him was like a form of sacrificial playing, AMM, the Nihilist Spasm Band and the others, world orchestra of noise, a total concentration of mixed, frequencies, invasive accidental noises and lousy scansions, rite in which the accessories were indus- trial building materials with the group’s Maciunas who breaks a piano, Persepolis by Xenakis who parasitized sources and mixed parasites) by doing away he met the pioneer Maurizio Bianchi, and harsh noise as an logo affixed to them. While the aesthet- as early as 1971 delivered crushed metal noises and dusty with the source: they have plugged the feed machine, the entity, an ultra-density that sets its own agenda, imposes ics refer back to punk transgression (the saturated grinding sounds, real deliberate noise in the mixer into itself, and of the euphoria of violence of rock its own listening procedures, came into the world, almost word “cock” crops up in every title), the content is an exceptional sound entity that background of the tape, the sound poetry of Henri Chopin have succeeded in retaining only the euphoria, only the vio- by accident. condenses the purest destructive energy or François Dufrêne who put the microphone in the throat lence. Hiroshige, leader of Hijokaidan and head of Alchemy in existence, totally alien to any pre-exist- to amplify the body-orchestra and finish dismantling the Records and a harsh noiser since 1979, explains: “We just The idiot with his head in the lion’s mouth ing musical form. The noise cannot be dis- vowel, after the sign, to make it pure noise. And then, as we loved the live euphoria of bands like Deep Purple, Black Initially modelled on the power electronics shortcuts of sociated from the gesture that produces it, resulting from action that is close to an can read, the marriage of music with violence, the beget- Sabbath and Hendrix. They would really let go on stage Whitehouse, The Haters, GX Jupitter-Larsen or Con-Dom, attack of madness. Everything is just insan- ting of the rock aberration, Bo Diddley, the rush towards with massive walls of feedback. What Hijokaidan did was the heirs of the subversive games of , ity and violence in its pure state, feedback, racket of the British Invasion (from memory, the harshest to dispense with tunes and guitar solos, and cut straight Throbbing Gristle, Brighter Death Now or NON, this novel screams and saturated percussions. Eye abhors any form of academicism, intellec- were The Creation), then the endless escalation, Blue Cheer, to the feedback, the orgasmic release of noise from spea- empirical extremism found itself being promoted and tual strategy, good manners or good taste. the Sonics and Velvet, Metal Machine Music or the nothing kers broken in the process. ” Noise is that impure, irregular advancing all the motifs of deviancy and the marginal arts, noise in the mainstream machine, the Rallizes Denudés, signal, a blurred chaos of simultaneous frequencies, that pornography, war, rape, techno, shit—it’s no accident that — Julien Bécourt Pere Ubu, the total industrialism of Throbbing Gristle, P16. parasitizes a coded message by dismantling the code. It the writer Peter Sotos, editor of the total subversion of the D4, SPK, NON or Neubauten, Branca and its children, the doesn’t exist through itself, so is a nothing that fanzine Pure, was a member of Whitehouse, it’s no accident Swans, Discharge, then Napalm Death, Slayer, black metal, has to parasitize itself to make itself heard. If it also star- that Tetsuya Endoh of The Gerogerigegege (gero for vomit, the Everest of noise on the page of JR by William Gaddis in ted by piling up and saturating garbage (the first steps of geri for diarrhoea) tosses off on stage at every opportunity, 1975, and finally, at the same time, just before, just after, Masami Akita’s Merzbow, directly linked with Merzbau by it’s no accident that Mayuko Hino of C.C.C.C is a former the pure death loop, Whitehouse, Merzbow, Hanatarash, Schwitters which gave it its name, celebrated the rubbish porno bondage star—, but the truth is that the shortcuts harsh noise. heaps of the modern world), if it sometimes likes to latch on are less logical than historical: the roots of Japanese noise to pop and display itself in a theoretical excess of western are to be found more in psychedelic rock, amateur garage This lousy thing. At the end of the tunnel of the satura- imperialist music as a debaser, harsh noise was thus almost recording or in Zen, the depiction of harsh noise being tion of sources, the discoverers of harsh noise have succee- immediately constituted in pure botched, turned-back far more problematic than that of the harsh noiser. So the As Loud as Possible amateur ou dans le zen, la représentation du harsh noise son corps, et qui ne doit surtout pas avouer de surconscience étant bien plus problématique que celle du harsh noiser. dans ses gestes maladroits et dérisoires. Qu’on se le dise, le Concert de Hanatarash, Shibuya Lamama, Tokyo, 1985 (Photos : Gin Satoh) L’école occidentale de la noise music, sadienne, bataillenne, harsh noise est facile à faire, mais il demande, comme l’idio- fouille donc d’abord le lubrique et met le corps, cette « usine tie, une dévotion totale. qui ignore le silence » comme dit Henri Chopin, au centre du boucan, le met en scène, tout puissant ou docile, souffreteux Grand Impassible. À l’inverse, le harsh noiser au Japon, (William Bennett de Whitehouse, qui expose un torse chétif après les excès de mise en scène de Hanatarash (le pre- en mimant les pleins pouvoirs), incarnant le bruit sans visage mier groupe de Eye Yamatsuka, qui aimait bien détruire les en monstre tortionnaire en prenant le raccourci de ses effets concert halls à la pelleteuse), les cris primaux de Yamazaki sur le corps qui écoute. Sans se voiler la face, le bruit est cet « Maso » Takushi a.k.a. Masonna, ou les affinités d’Akita avec assaut qui prend à partie et éprouve, et le noise occidental, le bondage, n’a rien à montrer, tout à faire entendre. Vio- au moins dans sa frange post-indus, est une affaire de pou- lent Onsen Geisha, , Hijokaidan, les deux salarymen voir, et la mise en scène, sur les pochettes dégueulasses des d’, MSBR (R.I.P.) ou Solmania (R.I.P.) sont ces cassettes, ou sur scène, en leather boys musculeux, d’une travailleurs impassibles, serviteurs presque fascinés, comme ascendance sur le bruit tout puissant, ou, en corps ravagé frappés de mutisme, cloîtrés et entièrement dévoués à la et figure misérable, d’une mise à mort par le bruit (voir les cause esthétique du harsh pur, simple. Comme l’écrit Matthias rapports privilégiés que la scène harsh américaine, via le Huss pour le magazine Release, « J’ai aimé le noise japonais Prurient de Dominick Fernow, entretient ces temps avec le avant même en avoir entendu. C’était le black des intellos, je black metal dépressif ou le doom metal miséreux). Power me suis dit, insupportable pour les gens ordinaires, et pour- electronics, ça signifie un peu, pour crâner ou pour mourir, tant exigeant et mystérieux bien plus que nécessairement la tête dans la bouche du lion. Plus près de nous, le harsh evil […]. D’après les revues, il y avait ce gars intello appelé noiser est aussi ce clown désespéré qui met en scène son Akita qui ne parlait pas beaucoup, mais qui montait sur scène amateurisme, ce musicien volontairement dépassé par ses pour faire LA MUSIQUE LA PLUS EXTRÊME DU MONDE. » outils et par la musique, qui hurle la subversion technologi- C’est le mystère du Grand Impassible, qui permute le grand que et le sabotage du progrès au moins autant que celui de déballage du corps transgressé et le geste invisible, doigt à

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western school of noise music, influenced by de Sade, by superconsciousness in his clumsy pathetic gestures. Let’s Bataille, first rummages around in lewdness and puts the say it, harsh noise is easy to make, but like idiocy it requi- body, that “factory that is ignorant of silence” as Henri res total dedication. Chopin describes it, at the centre of the racket, puts it on stage, all-powerful or docile and sickly (William Bennett The Great Impassive. The harsh noiser in on the of Whitehouse, who exposes a puny torso while miming other hand, after the excesses of the staging of Hanatarash omnipotence), embodying faceless noise as a torturing (Eye Yamatsuka’s first group which delighted in destroying monster by taking the shortcut of its effects on the liste- concert halls with a mechanical shovel), the primal screams ning body. Without covering its face, noise is that assault of Yamazaki “Maso” Takushi a.k.a. Masonna, or Akita’s affi- that sets about us and tests us, and western noise, at least nities with bondage, has nothing to show, and everything in its post-industrial fringe, is a question of power, and the to make heard. Violent Onsen Geisha, Aube, Hijokaidan, presentation, on the lousy cassette sleeves or on stage as the two salarymen of the Incapacitants, MSBR (R.I.P.) or muscular leather boys, of an ascendancy over all-powerful Solmania (R.I.P.) are impassive workers, almost fascinated, noise, or the presentation, as a wasted body and a wret- mute, cloistered servants, completely dedicated to the aes- ched face, of death by noise (see the special relationship thetic cause of harsh noise pure and simple. As Matthias that exists right now between the U.S. harsh scene, through Huss writes for the magazine Release, “I liked Japanese Dominick Fernow’s Prurient, and depressive black metal or noise even before hearing it. It was the black of intellec- down-and-out doom metal). Power electronics more or less tuals, I told myself, unbearable for ordinary people, yet means putting your head in the lion’s mouth, in order to demanding and mysterious far more than necessarily evil show off or to die. Closer to us, a harsh noiser is also that […]. According to the magazines, there was this highbrow desperate clown who makes a feature of his amateurism, chap called Akita who didn’t talk much, but got up on stage that musician deliberately out-of-his-depth with his tools and made THE MOST EXTREME MUSIC IN THE WORLD.” and with music, who bellows technological subversion and It is the mystery of the Great Impassive who swaps the the sabotage of progress at least as much as the sabotage large-scale unpacking of the violated body for the invisible of the body, and whatever happens must not confess to any gesture, a barely moving finger on the pedal control or, bet- peine mouvant sur le potard de la pédale ou, mieux encore, la grande contradiction, maso, juvénile, qu’importe, la recon- As Loud as Possible Loud as Possible sur le pad du Powerbook — c’est la plus belle révolution du naissance animale du bruit sur le corps, dans le corps. Et puis, noise numérique, mieux que les impassibles finlandais de juste avant et juste après : la reconnaissance connaisseuse Steven Parrino, sans titre, 1994, collaboration avec / collaboration with Alix Lambert, chewing gum sur photo / chewing gum on pho- tograph, coll. de la famille Parrino / of the Parrino family, Gagosian Gallery, New York (photo : Didier Barroso) Pan Sonic et leurs machines magiques, le harsh noise Apple du gourmet, qui sait pénétrer dans la boule de feu pour en (Pita, Russell Haswell) n’a plus besoin de se mettre en scène apprécier les matières, les monticules, les crevasses et les du tout. On dira ainsi ce qu’on veut sur ce qu’a perdu la contours, car la vérité, pour le noisehead, c’est que le harsh musique de Merzbow en rentrant dans l’ordinateur, à tort est fabuleusement riche, généreux, varié. L’internationale ou à raison : sur scène, Akita immobile avec un laptop qui Noise se porte ainsi à merveille, pulsant à pleins poumons délivre le bruit total, qui ne peint rien, propose l’expérience en éditions-mystères, cassettes en or (si, si, cassettes), split ultime d’un vertige insondable, sépulcral, abyssal, le regard singles et 33 tours super épais, festivals-marathons, coffrets vide de Gilles de Rais. sans échelle, fanzines actifs et forums super exclusifs, titillée par les engouements hippie, métal sombre, spazz, idiot-rock The Ideology of Noise. Attali écrit que « la musique dans qui emplissent les souterrains arty de toute la planète. Aux l’espace des bruits est une canalisation de la violence », et États-Unis, après les légendes Emil Beaulieu (à la tête du l’auditeur de harsh noise, le hard disk bourré de rips MP3 label RRR), Bastard Noise, Kevin Drumm, les poster-boys de 45 tours ou de cassettes de noise obscur du début des parfaits de Wolf Eyes ont quasi chacun une base de rallie- années 1980 et de black metal latvien est en droit de se ment entre les mains (Dilloway fait Nelson Records, Olson demander : qu’est-ce que c’est, donc, un bruit exagéré dans fait American Tapes, Connelly fait Gods of Tundra), et sont un espace de bruits ? C’est quoi, le bonheur du fan de harsh autant de rouages au sein d’une scène tentaculaire, pleine noise ? Il y a la catharsis de l’hétérogène, de l’informe diony- de noms magiques et autant de groupe one-shot, actifs ou siaque, l’immanence acoustique de l’immersion, la submer- inactifs, tous emmêlés, Nautical Almanach, Sickness, Force- sion dans la violence, et la pure jouissance de l’anxiogène, field, Lockweld, Sissy Spacek, LHD (ces trois-là avec le héros

Sur scène, Merzbow immobile avec un laptop qui délivre le bruit total, propose l’expérience ultime d’un vertige insondable, sépulcral, abyssal, le regard vide de Gilles de Rais.

56 As Loud as Possible 57 On stage, Merzbow motionless with a laptop, serving up total noise, painting nothing, offers the ultimate experience of an unfathomable, sepulchral, abyssal vertigo, the empty gaze of Gilles de Rais.

ter still, the pad of the Powerbook—it’s the finest develop- animal recognition of noise on the body, in the body. And ment of digital noise, better than the impassive Finns of then, just before and just after: the connoisseur’s recogni- Pan Sonic and their magic machines, and Apple harsh noise tion of the gourmet who knows how to penetrate the ball (Pita, Russell Haswell) no longer need appear on stage at of fire to savour its materials, its hummocks, crevices and all. So people can say what they like about what Merzbow’s contours, for the truth is that for the noisehead harsh noise music being lost by going back into the computer, wrongly is fabulously rich, generous and varied. The Noise Interna- or rightly: on stage, Akita, motionless with a laptop, serving tional is really thriving, pulsating with full lungs in mystery up total noise, painting nothing, offers the ultimate expe- editions, gold cassettes (yes, really, cassettes), split singles rience of an unfathomable, sepulchral, abyssal vertigo, the and super thick LPs, marathon festivals, outsize record empty gaze of Gilles de Rais. boxes, active fanzines and super exclusive forums, titillated by hippie, dark metal, spazz, idiot-rock infatuations which The Ideology of Noise. Attali writes that “music in the fill arty underground rooms right round the planet. In the noise space is a channelling of violence,” and the hearer United States, after legends like Emil Beaulieu (head of the of harsh noise, the hard disk stuffed with MP3 rips of EPs RRR label), Bastard Noise, Kevin Drumm, practically every or of cassettes of obscure noise from the early 1980s and one of the perfect poster-boys of Wolf Eyes has a rallying Latvian black metal, is entitled to wonder : So what is an base under his control (Dilloway does Nelson Records, exaggerated noise in a noise space? What is the happiness Olson does American Tapes, Connelly does Gods of Tun- of the harsh noise fan? There is the catharsis of the hete- dra), and they are all just cogs within a tentacular scene, rogeneous, of Dionysiac shapelessness, the acoustic imma- full of magic names and lots of one-shot groups, active or nence of immersion, submersion in violence, and the pure inactive, all intermingled, Nautical Almanach, Sickness, enjoyment of what engenders anxiety, the great contra- Forcefield, Lockweld, Sissy Spacek, LHD (the last three with diction, masochistic or juvenile, what does it matter, the the hero John Wiese, the founder of the Helicopter label), John Wiese, fondateur du label Helicopter), Kites, Metalux, Marcia Bassett (Zaimph, Hototogisu), Pedestrian Deposits, Oubliette, Prurient et le label Hospital. En Europe, il y a le grand Matthew Bower (Hototogisu, ), Andy Bolus, le nordic noise de Sewer Election, Anus Presley, Number Sore, Grunt, Jazkammer et Lasse Marhaug (et son label Jazzasin), et on me glisse à l’oreille que la scène parisienne (Hélicop- tère Sanglante, Tourette, Vomir ou Fred Nipi) a beaucoup de bruit à dire, pour rien, pour tout. C’est que, si le harsh whitehouse incapacitants merzbow wolf eyes ne saura jamais se vassaliser, dans sa forme pure, au monde Birthdead Experience As Loud as Possible Pulse Demon Human Animal pop, il est capable d’imposer ses propres modes d’écoute, de (, 1980) (Zabriskie Point, 1995) (Release, 1995) (Sub Pop, 2006) critique, de terreur et de bonheur (la discographie infinie et Whitehouse, groupe fondé en 1980 par Pionniers du noise électronique, le duo Le « Merz » de Kurt Schwitters, art basé Depuis son apparition au début des années infiniment variée de Merzbow, en horizon, semble contenir William Bennet, fut le pionnier anglais du Incapacitants est fondé en 1981 par sur la récupération de détritus, et parti- 2000 et plus de deux cent productions tous les bruits du corps et tous les bruits du monde, toutes power electronics : genre musical consis- Toshiji Mikawa, employé de banque de son culièrement son Merzbau, ou « bâtiment K7 et CD-R à son actif, Wolf Eyes s’est les intentions, toutes les mal intentions), et si l’on ne pourra tant en vagues de feedback, pulsations de état, rejoint bientôt par Fumio Kosakai, Merz », furent à l’origine du projet Merz- imposé comme l’un des piliers de la nou- jamais retirer au harsh noise sa suprématie, sa dangerosité, sub-basses ou d’ultrasons générés par des qui travaille pour une agence gouverne- bow, du tokyoïte Masami Akita, créé velle scène noise américaine, chaînon synthétiseurs analogiques, paroles hur- mentale. Leur but affirmé est de produire en 1978. Il transposa cette rhétorique manquant entre le hardcore, le power son essence de stockage de mort, sa production immense et lées et distordues, généralement haineu- une masse de bruit pur dégagé de toute à la musique en réintroduisant le bruit electronics et le free jazz. Avec le départ ses publics pourraient bien l’incarner, aussi, en bout de course, ses ou offensives, le tout complètement intention musicale et de tout référent (déchet sonore ou matière dérivée) dans d’Aaron Dilloway, remplacé par Mike en activité constitutive, définitive, de l’animal humain. atonal et sans aucun rythme ni mélodie. humain, à l’aide d’une batterie d’effets ses compositions. Pulse Demon est une Connelly de Hair Police, ce disque marque - La définition en fut donnée par Bennet électroniques et de machines intercon- de ses œuvres les plus radicales, les plus un aboutissement dans la discographie du lui-même sur les notes de pochette de nectées. Leur noise est caractérisée par sombres, s’alignant tout du long sur une groupe. Avec ses fréquences lancinantes, Olivier Lamm est musicien de musique électronique et journaliste. Il a l’album 33 tours Psychopathia Sexualis. son impénétrable densité et sa frénésie pulsation, une ligne sourde de fréquen- ses guitares distordues, ses borborygmes publié trois entre electronica, chaos numérique et techno poppy, et contient tous ces épileptique ; c’est un vortex de fréquences ces graves, presque rythmique, lardée de abjects, ses chuintements de saxophone et participe aux projets Section Amour et Labranisch. Il écrit régulièrement éléments, dont quelques lyrics d’une rare d’une brutalité sidérante où viennent se saillies en ultra hautes fréquences gré- ses coups de massue électroniques, Human pour le magazine Chronicart et achevé plusieurs travaux de recherche dans violence (notamment ce qui ressemble fracasser des cris distordus noyés dans des sillantes, sursaturées. Merzbow produit là Animal distille un climat surnaturel qui le domaine du postmodernisme en littérature américaine. à une séquence de viol ou de séquence vagues de feedback. Entre le grondement une noise progressive et psychédélique, s’installe sournoisement dans le cortex. sado-maso sur Mindphaser, Bennet psal- statique d’Apoptosis et l’écran de bruit sur des titres pouvant durer plus de 24 Aucune échappatoire dans ce magma modiant « Feel the pain with pleasure ! » crissant et saturé de Necrosis pousse une minutes. Provoquant d’étranges hallucina- électro-statique pétri dans le feedback sur une fréquence radio figée). Tel une jungle sonore où les stridences électroni- tions sonores (des voix dans la machine), et la distorsion, jugulé par la pulsation bande originale de snuff movie, Birthdeath ques obstruent l’ouïe comme des lianes. Pulse Demon est une expérience extrême, sourde de circuits imprimés en bout de Experience se vit comme un trip malsain, Hautement convulsives, leurs rares perfor- qui met à l’épreuve nos limites aurales course. Abrasive et viscérale, aussi glau- la plongée en un Enfer digne d’une Divine mances repoussent les limites physiques et se joue des distinctions entre bruit et que qu’un film d’horreur cracra des années Comédie contemporaine, où le Diable de l’expérience sonore. musique, matière et forme, hasard et com- 1970, la musique de Wolf Eyes exorcise la serait seul à hurler au milieu de ses sup- position. part maudite de l’Amérique, un territoire pliciés. Révolutionnaire et totalement Pioneers of electronic noise, the Incapaci- occulte hanté par des démons white trash. 58 déviant. tants duo was founded in 1981 by Toshiji Kurt Schwitters’ “Merz” art based on the 59 Mikawa, a bank clerk by profession, soon retrieval of rubbish, and his Merzbau or Since it first appeared in the early Whitehouse, a group founded in 1980 by joined by Fumio Kosakai, who worked for “Merz building” in particular, were the 2000s and with over 200 K7 and CD-R William Bennet, was the English pioneer a government office. Their stated aim was starting point for the Merzbow project, releases to its credit, Wolf Eyes has of power electronics, a musical genre to produce a mass of pure noise, freed of created by Tokyoite Masami Akita in 1978. established itself as one of the pillars consisting of waves of feedback, pulses any musical intention and any human refe- He transposed the same rhetoric to music of the new American noise scene, the of sub-basses or ultrasounds generated rence, with the help of an electronic effects by reintroducing noise (sound waste or missing link between hardcore, power by analog , words howled and drum kit and interconnected machines. diverted material) into his compositions. electronics and free jazz. With the Kites, Metalux, Marcia Bassett (Zaimph, Hototogisu), Pedes- distorted, generally hateful or offensive, Their noise is characterized by its impen- Pulse Demon is one of his most radical and departure of Aaron Dilloway, replaced trian Deposits, Oubliette, Prurient and the Hospital label. the whole thing completely atonal, and etrable density and its epileptic frenzy; it darkest works, aligning itself throughout by Mike Connelly of Hair Police, this In Europe, there is the great Matthew Bower (Hototogisu, with no rhythm or melody. The defini- is a vortex of frequencies of stunning bru- on one beat, one muted line of low, almost disk marks a culmination in the group’s tion was given by Bennet himself on the tality where distorted screams drowned in rhythmic frequencies, interlarded with discography. With its monotonous Skullflower), Andy Bolus, Sewer Election’s nordic noise, sleeve notes of the LP album Psychopathia waves of feedback crash into one another. bursts of crackling, supersaturated ultra frequencies, its distorted guitars, its Anus Presley, Number Sore, Grunt, Jazkammer and Lasse Sexualis. Birthdeath Experience contains Between the static rumbling of Apoptosis high frequencies. Merzbow here produces abject stomach rumbles, its saxophone Marhaug (and his Jazzasin label), and it is being murmured all these elements, including some lyrics of and the screen of squealing, saturated a progressive psychedelic noise, above hisses and electronic bludgeon blows, unusual violence (in particular what seems noise in Necrosis a sound jungle emerges titles that can last more than 24 minutes. Human Animal distils a supernatural in my ear that the Parisian scene (Hélicoptère Sanglante, like a rape sequence or a sadomasochism where the electronic stridencies obstruct Giving rise to strange sound hallucinations climate that stealthily establishes Tourette, Vomir or Fred Nipi) has a lot of noise to contri- sequence on Mindphaser, with Bennet hearing like creepers. Their rare perfor- (voices in the machine), Pulse Demon is an itself in the cortex. No way out of this bute, for good or for bad. If harsh noise in its pure form intoning “Feel the pain with pleasure!” on mances are convulsive in the extreme, and extreme experience which tests our aural electrostatic magma moulded out of could never became a vassal of the pop world, it is nonethe- a fixed radio frequency). Like an original push back the physical boundaries of the limits and plays fast and loose with the dis- feedback and distortion, stifled by the snuff movie tape, Birthdeath Experience is sound experience. tinctions between noise and music, matter muffled beat of printed circuits at full less capable of imposing its own methods of listening, cri- experienced like a bad trip, a dive into an and form, chance and composition. stroke. Abrasive and visceral, as flaky ticizing, its own forms of terror and happiness (Merzbow’s Inferno worthy of a contemporary Divine — J. B. as a 1970s crap horror film, the music infinite and infinitely varied discography, looked at all Comedy, where the Devil would be howling — W. P. of Wolf Eyes exorcizes the cursed alone amid those he tortures. Revolutionary aspect of America, a hidden territory round, seems to contain all the noises of the body and all and completely deviant. haunted by white trash demons. the noises of the world, all intentions, all misintentions), and while it will never be possible to take its supremacy, — Wilfried — J. B. its dangerousness and its essence of storing death away from harsh noise, at the end of the day its huge output and its audiences could well also embody it as a constitutive, definitive activity of the human animal. -

Olivier Lamm is a musician working in the electronic music sector, and a journalist. He has published three albums lying somewhere between electronica, digital chaos and poppy techno, and is taking part in the Sec- tion Amour and Labranisch projects. He writes regularly for the magazine Chronicart and has completed several pieces of research in the field of postmodernism in American literature.