KLAUS CROISSANT

A PROPOS DU PROCES .;t: BAADER-MEINHOF d :1. ..-.4 PREFACE FRACTION :; ARMEE t: < De qui döpend que l'oppression demeure ? De ROUGE nous ! < De qui qu'elle ,.= döpend soit brisöe ? De nous La torture dans les prisons := ögalement ! > En reprenant ce passage de Brecht, en R.F.A. '.4 Utrike Mein- J hol parlant au nom des prisonniers de la Fraction : Armöe Rouge, ä l'occasion de l'un de ces procäs, en septembre 1974, rösumait par lä l,enieu de la lutte menöe par ceux-ci. Partout, que ce soit dans le cadre .,.:t de la < guörilla m4tropolitaine > ou dans les condi- tions particuliöres ä la dAtention späciale qu'ils ; subissent. . Montrer que la lutte est possible, malgrö toutes les lormes de domination du systöme, malgrö toutes les chaines röelles, matörielles, celle de la söcuritö, de la bonne conscience, celle de I'idöologie, de la , \ malg.rö lg'peur. Prendre conscience de cette lorce matörielle qu'est Ia laiblesse translormöe en iorce. Les gröves de la laim des prisonniers de la R.A.F., mäme si ceux-ci n'ont pas röussi ä obtenir ce qu,ili demandaient : le möme traitement que les pri- 3 autrei sonniers ,et la suppression des trqitements spöciaux en sont la dömonstration pratique. Ne pas cisser de rösister malgrö les lavages de cerveiu, malgrö la volontö du systäme de translormer des combättunts CHRISTIAN BOURGOIS EOITEUN

ß rfutolutionnaires en loques incapables de lutter, .n fai- dites rövolutionnaires, de qualifier sant möme le du systöme, utiliser l'arrne ultime la notion d'impö- ieu rialisme < rätro >. qualifient dont ils disposent levv corps, leur identitö poli- de Comme ils de rötro - la lutte pour le communisme, la thöorie rövolution- I tique mener collectivement des mois durant cette ..: naire, au nom d'une Iutte sans- abattre par I'assassinat de l'un soi-disant thöorie du < dösir >, se laisser oubliant tentre eux, Holger Meins. ou voulant laire oublier que < besoins et dösirs > ne sont pas < > Le systöme met tout en Guvre pour biser dans nature ö l'ötat pur mais obiet de la domination I'euf cette lutte qui le menace directement et qui du capital. Le procös qui s'ouvre ä Stuttgart risque de exemple en Europe. Relusant de se se döroulera sans laire doute I'absence laisser piöger par Ie carcan de la lögalitö comme la en des döfenseurs* öcartös par des lois sans pröcödent plupart des organisations dites d'extAme-gauche, dans les systämes dits < dömo- cratiques >. partie guerre que.möne relusant d'attendre que les < masses > prennent fini- Il lait de la le sysftme pour tiative de la lutte ; mais se donnant les moyens öcraser ce foyer de guörilla. d'öbranler dös maintenant le pouvoir polilico-mili- Les conditions de dötention spöciale issues des recherches scientifiques taire en cröant les conditions de la guörilla, ld mäme menöes en Allemagne et des expöriences passäes oü I'ennemi a concentrö ses postes de commande, de röpression et en cours, en particulier celles utilisöes en I'organisation de guörilla urbaine mötropolitaine est lrlande du Nord contre les combattants le complöment des organisations de liböration des de |I.R.A. sont destinöes ä briser les combattants territoires occupös par I'impörialisme dans les pays fövolutionnaires de la R.A.F. A les d'Amärique' latine, d'Asie. La guörilla empöcher d'expliquer leur lutte au cours de procäs d'Afrique, publics, urbaine mötropolitaine ouvre un second un ä empächer Ie peuple allemand de compren- front, pleinement que intörieur. C'est ainsi qu'en 1972 lors des bom- dre la lutte de la Fraction Armöe lront Rouge est peuples bardements du port de Haiphong par I'aviation U.5., sa lutte, la lutte des vers le communisme. au moment ott l'ensemble des organisations dites A ces conditions de dötention spä- ciales s'ajoutent I'utilisation massive des mödias, r:' r6v olutionnair es p arisi ennes es sayaient v ainement, au :: I'utilisation de la provocation policiäre, cours d'une manifestation q de masse >, d'approcher les menaces de bombes l'ambassade U.S. place de la Concorde, un attribuöes par les services secrets ä la R.A.F., cela aussi est une science militaire, la commando de la Fraction Armöe Rouge faisait sauter < conduite psychologique de la guerre > ayant ses I'ordinateur central du quartier gönöral des forces racines dans la lutte les partisans par amöricaines en Europe ä Heidelberg. Par Iä le lront contre menöe le Troisiöme Reich, röpression guerres de l'intörieur n'ötait plus seulement celui de la guerre dans Ia des de que möne quotidiennement Ie pouvoir contre le liböration nationale comme celle du peuple algö- rien et dans les bureaux peuple. Un groupe de rövolutionnaires refusait de se d'ötudes du Pentagone, et des services spöcialisös l'armöe prö- laisser enlermer dans le de la protestation clas- de frangaise se ieu parant des ollensives sique, soupape de süretö permise par le systöme, d contre I'ennemi intörieur. linis Les combattdnts les piäges du marginalisme, du radicalisme verbal, de ta R.A.F. ne doivent pas ätre pergus comme ce qu'ils sont des militants rövolu- car cette action et I'organisation qui la menait se : tionnaires, mais comme < situaient dans le cadre de la lutte des peuples contre des fanatiques, des despera- dos, des psychopathes >. pourquoi I'impörialisme, dans un pays oü l'idöologie essaie C'est iI importe pour tous ceux qui que rnäme, par I'intermödiaire de certaines organisations ant compris cette lutte est aussi la n6tre de dänoncer /a peur des autoritös

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L allemandes et de ses alli6s, une peur dont Ia mani- festation n'est rien d'autre que < contre-rövolution >. Parler de < döfaites > de la Fraction Armöe Rouge c'est faire le jeu du systAme, de la contre-rövolution, ne voir qu'un aspect des choses, se placer en atten- tiste, iuge sur la touche, c'est oublier que I'existence möme de ce groupe est une plaie r6elle, une bröche dans I'appareil mondial de l'impörialisme. Dans la röpression des militants de la R.A.F., le systäme se dämasque, le < liböral > se röväle ötre un < nou- M" Kreus CnorsseNr veau fasciste >, le pseudo-rövolutionnaire un colla- borateur, pröt ä ötre solidaire contre la röpression mqis ä se dösolidariser de la lutte, mettant l'accent LE PROCFS DE STUTTGART sur la critique, sans essayer de comprendre la dialec- lique lutte-röpression. Toute notre action de solidaritö visera d'abord d En R6publique Fdd6rale d'Allemagne, aprös des permettre aux prisonniers'et ä ceux qui les dölendent consultations prdcipitdes, une loi vient d'6tre d6cr6tde, de s'exprimer, d'expliquer leur lutte. Nous ne tombe- quelques semaines seulement aprös la mort de Holger rons pas dans le piöge de cette dötention spöciale gravement qu'ils Meins ; elle restreint trös les droits des subissent car, ne nous y trompons pas, le d6fenseurs. Cette loi est en vigueur depuis le 1* jan- systöme aimerait bien ne pas les tuer mais en laire vier. Elle est de caractöre ouvertement fasciste. C'est des < Ötres > reniant leur luttes, I'oubliant, ou pro- une loi d'exception dont le but est de rendre impos- clamant procureur leur erreur. Le lödöral Buback sible une d6fense politique dans une affaire trös ne proposait-il pas ä plusieurs mil- particuliöre : le procös contre la Fraction Armde lions de marks aprös son arrestation s'il döclarait ä Rouge (R.A.F.). I'oplnion publique que la lutte de la R.A.F. ötait un Aujourd'hui, I'appareil ex6cutif et I'appareil judi- öchec. Pourtant les rövolutionnaires vietnamiens ne ciaire de I'Etat ont peur des proces contre la R.A.F. : s'y trompaient pas, eux quelques jours aprös Ia : en effet, ä I'occasion de ces procös, dans l'hypothöse deslruction d'une partie du grand quartier gänöral d'une procddure fondde sur les principes d'un 6tat de amöricain en 1972 par la R.A.F., les photos de droite, la d6fense devrait expliquer au cours de celui-ci et de militants de la R.A.F, se trouvaient l'audience les motifs et les buts de la Fraction Armde allichöes sur les murs de Hanoi. image, le Cette Rouge. Et ceci face ä I'opinion publique internatio- systöme aimerait bien Ia disparaitre une laire lois nale. Cela signifie qu'en utilisant tous les moyens pour toutes. Cette image, c'est celle de la < crilique scientifiques ä sa disposition, Ia ddfense serait ame- des armes >, ce procäs celui de la < Röpublique de n6e ä pr6senter I'objet des actions r€volutionnaires, Stuttgart >. leur aspect international, ainsi que le contexte social de celles-ci, leur fonctionnement, en un mot, la ldgitimation historique et morale de I'action r6vo- lutionnaire.

l0 t3 Un tel procös, qui ne pouvait 6tre qu,un procös . exclue, alors que prdcisdment I'accusation lo1al, reposant sur les principes traditionnäts de porte sür I'appartenance ä un collectif. I'Etat constitutionnel, ne doit- plus avoir lieu en Le droit des ddfenseurs R6publique F6d6rale. Les serviies de söcuritö de et des accus6s ä faire des ddclarations contenu fEtat craignent qu'un grand nombre de personnes au politique pendant chaque phase du procös a 6t6 puisse se rendre compte, au cours de ce procös, que supprim6. A l'ävenir, le proöös peut m6me avoir les actions rävolutionnaires ne sont jamais aiigZes lieu contre des accusds incapables de comparaitre contre le peuple, mais contre ceux qui, quotidieine- pour des raisons de sant6. En compl6- ment une loi va €tre promulgu6e, permettant ment et des millions de utilisent Ia violence ä un fois, juge, dans le cadre de procddures contre lui. Les services de s6curit6 de I'Etat craignent pölitiques, de sur- veiller les conversations entre avocat accus6. d'ötre ddmasquds au cours du procös ä venii: ce et Un avocat peut ötre sont.eux qui mönent la lutte contre le peuple, qui le exclu de la d6fense, avant möme qu'un jugement ait 6t6 prononc6 dans Ie cadre manipulent et qui le trompent. Eux qüi dn ZZ luin d'une procddure p6nale, est soupgonnd ont utilisd la menace d'attentat ä la b-ombe, montde s'il d'avoir de tottes piöccs, participd aux faits faisant I'objet de I'instruction. contre la population de Stuttgart, Ainsi afin de discipliner et d'intimider toute la populalion une ddcision du prdsi'dent du tribunal de Stuttgart du 30 ddcernbre 1974 : d'une grande ville. Ce sont eux qui, en rirais 1974, < Le docteur ont mis en scöne une menace d'attaque aux K. Croissant se r6völe ötre I'un des roquettes principaux responsables contre les millions de spectateurs de d'une campagne dirigde la Coupe du contre la justice, qui Monde de football, et cä sont eux qui, durani doit permettre de maintenir la l'€t6 solidarit6 et de soutenir un groupe 1974, ont voulu faire croire ä la population que la inculp6 selon le paragraphe 129 S.G.T.B. (association Fraction Arm6e Rouge empoisonnaii I'eau potable. de malfaiteurs). Pendant la gröve de la faim de nombreux Comme ce sont eux aussi qui ont voulu rendre la ddtenus appartenant ä ce groupe et aprös la mort prövenu R.A.F. responsable de l'attentat ä la bombe contre du Holger Meins, il (Croissant) porte-pärole la gare de Br6me, le 7 ddcembre 1974. s'est fait du groupe, en particulier au cours de prises de position Afin d'empAcher le döroulernent d'un procös au publiques ä Stuttgart et ä Munich en novembre 1974. cours duquel leurs pratiques illögales seraiint dömas- Les doutes exprim6s le 16 octobre 1974 par le tribu- quöes, les services de süretö de I'Etat essaient depuis nal concernant un soutien qui ne seraii pas seule- plusieurs annöes d'öcarter les döfenseurs et d; Ies ment terminologique mais un soutien dans les faits < criminaliser >. Dans ce but, ils utilisent une cam- sont 6cartös; n6anmoins I'avocat du docteur Croissant pagne de persdcutions sans mesure contre les avocats, fait partie du groupe de ddfenseurs contre lesquels et publient une partie des dossiers du procös, dans des indices importants font penser ä une participation une soi-disant < documentation > du ministöre de aux faits incriminds. r I'Intdrieur : une intervention monstrueuse dans le Ce vocabulaire lait apparaitre des parallöles frap- cadre d'une proc6dure en cours, m6prisant d6lib6r6- pants avec les döclarations du iuge le plus impor- ment les ordonnances de la loi sur la presse. tant de I'Allemagne nazie, Ie prösident du Volks- gerichtshol de Berlin, Ie- 1*. janvier, un avocat ne peut plus Roland Freisler. Celui-ci, dans -.Depuis son traitö de droit pönal d6fendre qu'un seul accusd dans le cadre d\rne nazi, döclarait : < Les conflits les plus aigus qui sont apparus dans möme procddure. Ainsi une ddfense collective est les tribunaux avant la prise du pouvoir, au cours de t4 15 soidisant procös politiques, et dus ä I'id€ologie poli- allemand : le Bundeskriminalant. Selon les termes tique sp6cifique du ddfenseüi, portaient sur des pro- du Procureur Fdddral, l'action 6tait dirig€e contre blömes de procddure durant les procös. Ces conflits ce qu'ils appellent < Ia sphöre des sympathisants > : ont toujours fait partie du d6chirement politique du c'est-ä-dire contre les parents des prisonniers, contre peuple allemand. Ils ne se produisent plus aujour- leurs avocats, contre les membres du Secours Rouge, d'hui. Ces conflits indignes 6taient dus aux efforts de contre des dcrivains qui avaient publiquement ddmagogues revötus de la robe d'avocat, ennemis ddnoncd la torture par isolement ; les laväges de du peuple allemand qui d6sirent ddtruire toute auto- cerveau et la d6tention-extermination. q rit6. Ces ddfenseurs r ont 6t6 exterminds ou n'osent Par cette action policiöre fut cr66 le climat dans plus abuser de leur charge, sachant qu'aujourd'hui ils I'opinion publique qui permettait de faire passer la n'auront plus de chances d'ötre 6coutds, auprös de loi d'exception dans un d6lai de quinze jours, un leurs collögues les plus proches et devant les tri- peu avant Noöl. bunaux. > Quelques jours aprös l'enlövement du politicien Les services de süret6 de I'Etat et la justice de la C.D.U. Lorenz, le Procureur F6d6ral a utilisd le Rdpublique F6d6rale qui leur est soumise font partie climat de pogrom crö6 par les responsables des des nations industrielles les plus avancdes sur la voie pouvoirs publics afin de demander, pour la pre- du nouveau fascisme, compagnon de route des rap- miöre fois, I'exclusion d'un döfenseur quelques ports de domination capitdiste. semaines avant le ddbut des procös contre la Frac- Il s'agi1 de la mäme iustice depuis Ia chute de tion Arm6e Rouge. Huit jours /us tard la seconde fempire de rnille ans, depui,s Ie lascisme nazi dans demande d'exclusion 6tait formul6e, cette fois contre Iequel elle fest parfaitement intögröe, contrc lequel mon collögue Groenewold, de Hambourg. elle n'a pas protestö, et qui depuis n'a rien appris de La requöte du Procureur l€döral de Karlsruhe nouveau. La justice allernande auiourd'hui se plie demandant mon exclusion de la döfense d'Andreas sqns aucune rösistance aux intöröts exterminateurs de Baader est datöe du 3 mars 1975. Elle a ötö commu- l'appareil de sfiretö de I'Etat. C'est cette iustice qui niquöe le iour mäme par courrier au Tribunal du döcide des mesures de dötention par isolernent, meslt- procös de Stuttgart. Le Procureur lödöral ätait parti- res exterminatoires pour des Afies humains, sur pro- culiörement pressö de voir suspendre mes droits de position du procureur lädöral et des administrations döfenseur ä visiter le prisonnier et ä lui öcrire sans responsables de la contre-insurrection. surveillance. Un dölai d'un jour seulement ätait La loi d'exception sur les restrictions des droits accordö pour röpondle ä cette requArc. de la ddfense et sur son exclusion des procös poli- Bien que i'ai dernandö une prolongction du döIai tiques a 6t6 pröparäe par une action policiöre. Fin le tribunal a döcidö le ll mars 1975 de suspendre ncvembre 1974, ä 6 heures du matin, quatre-vingt mes droits ä la döfense. Depuis, toute visite au appartements et deux bureaux d'avocats, en R6pu- prisonnier m'est interdite, tout öchange de corres- blique Fdddrale et ä Berlin-Ouest, ont 6t6 encercl6s pondance entre dölenseur et accusö döfendu. par des unit6s de police armdes jusqu'aux dents, Le tribunal fondait sa d6cision de suspension des et ont 6td perquisitionnds. 94 personnes furent appr6- droits ä la d6fense en affirmant que dös maintenant hend6es, 18 arr6t6es, 8 d'entre elles sont aujour- il s'avöre que j'ai :

gericht) 6taient au courant accusds continuent de mener de leur d6tention >. de la publication de I'interview dans le Spiegel depuis le 2ö 1975. On peut lire plus loin dans la möme ddcision : ianvier r.a prdcipitation inhabituelle avec << Croissant a non seulement men6 les n6gociations laquelle^d6fenseur l,exclu- sion et la suspension des ddcisives avec le Spiegel, mais il a dgalemänt trans- droits du est men6e, permet ä.chacun de constater port6 les questions et les rdponses däns les cellules, sans 6quivoque que des considd.rations dtrangöres piocddüre et ä l'ext6rieur, ignorant pär lä les röglements sur ä la en cou_rs jouent un röle. non n6gligeable Ia.censure.. Il s'agit lä d'un cas exemplaire du systöme :-la proc6- dure d'exclusion doit 6tre men6J d'information rendu possible avec faide des avocats dans un climat fasciste de pers6cutions, peine entre les prisonniers et Ie monde extdrieur : condition oü m€me la de mort n'effraie pas, et si rapidement n6cessaire ä la continuation d'une association que I'opinion publique de critique internationale n'aie päs criminels ä partir de la prison. > le temps'd,dleier la voix. En r6alit6, rdponses donndes par les prison- . .les La justice politique en niers et_publi6es par le magazine Spfegel le 20 R6publique F6d6rale a €t6 lan- soutenue, dans ses tentatives vier 1975 traduisent la d6linition poiitique quä ta d'exclure les d6fenseurs g€nants des procös de la R.A.F. (Fraction Armde Rouge) srest dbnn6i. R.A.F., et encouragde ä en exclure d'autr€s, par plus Prösenter cette döfinition l'opinion pubtique les hautes sphöres gouver- d nementales le 13 mars avant le däbut du procös est I'un des devoirs-de ; 1975, devant des Äi[ions de tdldspectateurs, ä I'occasion la dölense et un droit des accusös. Le tribunal du d6bat sur la s6cu- rit6, le Chancelier f6ddral Schmidt n'avait donc aucune compötence pour censurer les d6clarait ce qui suit : questions posöes par le Spiegel et les röponses don- < .., le gouvernement n!e1.qar les prisonniers. LeJaccus6s aväient la pos- lödöral attend que la cam- pagne des avocats sibilit6 pour la premiöre fois et par cet interview, soit röfutöe avec iettetö mais aussi avec lermetö par exemple, Ia campagne lan- de riposter ä une guerre conduite fsychologiquemetri ; cöe par les teroristes et leurs avocats propaos par les responsables des pouvoirj publfus; ce ä d'une et prötendue et soi-disant jusqu'au gouvernemäntal, pendant plusieurs "torlute par isolbmönf,, ainsi _niveau que Ia gräve de la ont ötö gpqes. Ceux qui veulent interprdter acte de faim, traitöes avec beau- cet coup trop d'indulgence. l6gitime ddfense, consistant ä permettre par la publi- Cette impuissance et cette indulgence ne doivent plus cation I'exercice de la fonctiön de d6fense, comme se reproduire. < Il existe des liens internationaux la continuation des activit6s d'une association de des terroristes et des liens internationaux criminels, acte de soutien punissable d'aprös le para- des dölenseurs sympathi- sants. Les procös du groupe Boader-Meinhof graphe 129 du Code p6nal, ceux-lä ddölarent donc qii vont commencer ne manqueront pas que les lois g6ndrales et les principes de la consti- de döclencher d,im_ portantes campagnes organisöes par tution sont sans effets pour ut certain groupe les sympathi- d'accus6s. sants. De soi-disants avocats du droit venus deioutes les parties .Par cette döcision du Tribunal (Oberlandesgertcht) du monde viendront en R.F.A. afin d,y p.roclamer leur philosophie. Andreas Baader est privö, quelques semaines avant Ils viendront alin de dönigrer notre Etat constitutionnel l'_ouverture du procös, d'un avocat qui pröparö, devant notre opi- a nion publique, comme depuis.plusieurs annöes, Ia dölense dans procös cela s'est döiä lait et comme lei ceh se dessine contre la Fraction Armöe Rouge. actuellement d propos du procös ä Bückeburg (l). gouvernement Le Procureur fdd6ral et le tiibunal (Oberlandes- Le l4dörat attend que

18 19 de telles campagnes soient contröes avec toute la Police Criminelle >. Ce passage cynique trahit Ie clartä et la termetö nöcessaire, cotnrne cela a ötö fait que les intdröts de la süretd ont öhez certains räcernment le cas ä Stuttgart, oü un tribunal a relusö priso.nniers prioritd sur leur survie : il est vrai qu'un d'autoriser l'admission de certains > prisonnier mort est celui qui correspond de ces avocats-iä. - le mieux Cette d6claration exprime I'esprit du nazisme. Des aux imp6ratifs de süret6 de I'Etat. 1vo:at! 6trangers qui observent les procös contre Holger Meins a ätö victime de cette möme ord.on- la R.A.F. (Fraction Arm6e Rouge) iont diffamds nance : ä I'intörieur de la prison de lYittlich : ce comme < soi-disants avocats du droit >. Les tortures n'ötait pas le directeur de la prison ou Ie Prösident exercdes-en. Rdpublique Fdd6rale par I'isolement de du tribunal qui avaient d garantir Ia vie du prison- longue contre les prisonnieis politiques nier, c'est plutöt le F.B.L allemond. .dur6e 'contesta-sont contest6es avec obstination, bien que iette Pourquoi Holger Meins n'a.t-il pas ötö translörö tion, compte tenu de la r6,alit6, est plus que p6nible. dans les dälais ordonnös par le Tribanal par döcra L'exclusion de d6fenseurs, quelquös semaines avant du 2l octobre 1974 ä ta prison de Stuttgart ? I'ouverture du procös, le plui complexe de I'aprös- Le Sicherungsgruppe Bonn ignorait-il par exemple guerre, est en fait la rdaction ä l,acrusation pört6e que la nutrition forcöe, ä la prison de Stuttgart, se publiquement contre le procureur f6d6ral et lä pr6- taisait selon les rägles de I'ort mödical, avec des sident du tribunal pour la responsabilitd qu'ils se quantitös suffisantes de nourrtture, alors qu,d partagent dans Ie meurtre de Holger Meins, commis la prison de Wiltlich ces rögles ötaient gravement sous la direction des services de s6curitö de I'Etat. transgressöes, et la procödure ellectuöe avec des Cette accus.ation, je la maintiens ; je l,ai formulde quantitös de nourriture insullisantes et appliquöe pour la premiöre fois le l0 novembre-|974, au cours irröguliärement ? $ju-ne co-n{61ence de presse, un jour aprös la mort de Pourquoi le Procureur lödöral a-t-il döclarö, Holger Meins. Depuis, cette äccusation s'est ren- contrairement d la vöritö, en ce qui concernait la forcee. döcision du iour de transfert, que cette date ne Le pouvoir de döcision supr1m,e quant ä la vie pourrait Afie respectöe du fait de < nombreuses et ou mo-rt d'un prisonnier de la R.A.F. n,est'pas importantes dispositions pröparatoires et mesures de entre les mains des personnes capables de poiter söcuritö > ? directement leur aide. C'est ce que prouve uie dis-' Le Procureur lödöral ignorail-il que le Sicherungs- position interne de Ia prison de Cologne, datöe du gruppe Bonn disposait de tous lei moyens en per- ? *ü! 1973. On peut y lire, sous la ribrique trans- s,onnel et en matöriel pour ellectuer le translert dans f-erts hors des prisons . < Ia mise en applicätion dans les dölais prövus 7 les cas les plus urgents, par exemple äan7e, de mort, Pour quelles raisons, par la suite, la prolongation est seulement ä ellectuer si le Sicherungsgruppe Bonn du dölai de transfert autorisöe par Ie tribunal * tel. O2221.35001. (F.B.I. allemand) i donnö son au plus tard le 4 novembre n'a-t-elle pas non consenlernent >. plus ötö respectöe ? - Ce document r6völe qui ddtient en dernier ressort Pour quelles raisons la nutrition lorcöe a-t-elle Ie pouvoir de ddcision sur la vie ou la mort d'un ötö arrätöe, chez Andreas Baader, le 4 novem- prisonnier de la R.A.F. : le Sicherungsgruppe, F.B.I. bre 1974 ? , allemand, ou sous sa nouvelle appeltätion j user--,. Quelles s.ait les < raisons techniques > que le vice de Süretd de I'Etat de I'Oifice F6d6ral de, Procureur l&döral donnait d la presse pour lä non- 2A 2l observation de Ia date prävue pour Ie transfert, < raisons > qui se sont opposees au transfert prävu dans les dölais lix6s par la döcision du Tribunal T Le Sicherungsgruppe Bonn n'ötait-il peü-ete pas informö de I'ötat de santö de Holger Meins? Le Procureur lödöral et le Präsident du tribunal n'ötaient-ils pas en possession des rapports sur la santö de Holger Meins et des autres prisonniers apris plus de 50 iours de gröve de la laim ? Le Procureur f6d6ral et le Prdsident n'ignorent pas que le röle lamentable qu'ils ont joud dans ce meurtre, dirigd par les services de süretd de l'Etat, sera r6vdlö par les avocats au cours du procös. L'exclusion des ddfenseurs, et par lä-möme I'andan- Vrxron KtslNxnrec tissement de toute la stratdgie de la ddfense, est une tentative fasciste de la justice politique, consis- LES COMBATTANTS ANTI-IMPERIALISTES tant ä continuer de voiler la mort de Holger Meins, FACE A LA TORTURE et ä faire taire tous les d6fenseurs qui ont le cou- rage de ddcrire, de prouver et de ddnoncer devant I'opinion publique internationdle la stratdgie d'exter- Il faut rcconnaifte que la torture est mination pratiquöe alin de petmettrc aux rap_ des r6volutionnaires emprisonnös par les ports de propriätö de se perpötuer. 'services de süret6 de l'Etat. Bien sür, en disant cela nous perdons C'est pour cette raison que les services de süretd beaucoup d'amis. Ceux-ci s,opposent ä de I'Etat, ainsi que la justice politique, et jusqu'ä la Ia torture, mais aussi ils pensent qüe l'on peut maintenir les rapports-de sphöre gouvernementale, projettent un procös sans propriätö sans laire usage de Ia torture. accus6s et sans avocats, un procös fantöme oü le Ce qui n'est pas vrai. tribunal ne verra en face de lui ni accusds ni avocats. Bertolt BREcrrr. Les avocats commis d'office par le tribunal, non seulement ne böndficieraient pas du tout de la < Travailler.. du latin populaire, tor- turer.avec le tripalium (vers 10gO); confiance des accus6s, mais de plus ne les auraient travail: l'€tat de celui qui souffre, pas vu et n'auraient pas pu parler avec eux. qui est tourment6. ) Le tibunal, l'accusation lödärale et les avocats (Tir6 du dicrionnaire Le petit Robert.) commis d'office par la raison tEtat seraient entre Les textes qui une mise en sc/ne macabre qu'on ne se reprä- suivent, s'ils constituent une d6non- -eux: ciation sente que dans les dictatures Etats des tortures exercdes ldgalement par les auto- et les ouvertement ritds judiciaires lascistes. de la Rdpubüque f6d6rale d,Alle- magne, se veulent surtout un t6moignage sur la r6sistance de ceux. qui . sont victimes äe ies prati- ques : les prisonniers politiques. C,est pourquoi le document politique essentiel de ce dossiei est öonsti- tu6 par la < Ddclaration faite ä I'occasion de la '.::.

. l.*. 23 ".''i l€', par I'administration d'une prison. Ils n'ont pas 6td gröve de la faim >, en mai 1973, par plus de 80 pri- capables de reconnaitre que, pour les prisonniers politiques. gröve sonniers Cette de la fin, commencde politiques, ces traitements sont la rögle, qu'ils sont (jour le 8 mai anniversaire de la victoire sur le fas- pratiquds syst6matiquement, qu'ils font I'objet de jusqu'ä juin. cisme nazi) a dur6 la fin du mois de recherches scientifiques destin6es ä les perfectionner gröve, Les autorit6s ont tout fait pour briser cette et surtout que des traitements spdciaux, ddnoncds seconde, mende möme temps et la en collectivement par beaucoup pour ce qu'ils. sont vraiment : des par des prisonniers politiques. pas h6sit6 Elles n'ont tortures, s'insörent dans une stratdgie globale des jeu ä mettre en la vie des prisonniers en essa_yant pays imp6rialistes pour combattre en ddtruisant de briser leur gröve de la faim, en les privant pen- I'identit6 politique des militants ou- en les exter- jours (Si dant plusieurs de toute nourriture liquide. minant physiquement les mouvements de lib6- le corps humain peut r6sister plusieurs semaines, ration. L'attitude de -groupes se disant ( sponta- sans que cela ait des rdpercussions profondes pour ndistes > et qui ont refus6 de publier dani leur la sant6, au manque de nourriture solide, il ne peut, organe (1) la d6claration des prisonniers politiques, jours, au-delä de quelques rdsister ä la privation de montre bien la difficult6 qu'6prouve ,une certaine liquide : la mort est alors fatale cl. l'article de - gauche ä admettre dans son pays un type de lutte K. Croissant dans ce dossier, sur la gröve de la faim remettant en question leur < attentisme >. Nous y de B. Braun.) La gröve de la faim, bien que men6e reviendrons plus loin. Malgr6 ce boycott par la dans beaucoup de prisons de R.F.A., a 6t6 tout droite et par la gauche, la gröve de la faim a 6t6 d'abord systdmatiquement passde sous silence par la men6e collectivement environ un mois et demi, elle presse allemande, ä de trös rares exceptions prös, s'est achev6e par une conf6rence de presse donn€e et cela malgr6 les gröves de la faim de soutien entre- ä Paris dans les locaux de I'A.P.L. (2) par les avo- prises dans plusieurs villes par les membres des cats des prisonniers politiques, et par une mani- < Comit6s contre la torture des prisonniers poli- festation devant I'ambassade d'Allemagne avec la tiques >, malgr6 aussi les nombreuses ddclarations participation des membres des groupes suivants : faites ä la presse par les avocats, et malgrd la gröve A.R.M. (Association contre la r6pression mddico- de la faim ä laquelle participörent les avocats des policiöre), Cahiers pour la folie, G.I.A. (Groupe pri- prisonniers. Cet acte collectif de r6sistance des d'information sur les asiles), Comit6s contre la tor- sonniers politiques soumis ä la torture par I'isole- ture envers les prisonniers politiques en R.F.A., groupes ment, s'il a 6t6 soutenu par de rares de IZ.R.U. (Informationszentrum Rote Volksuniversi- I'extr6me gauche, a surtout plac6 ceux-ci dans I'em- barras. Beaucoup ont essayd de parler ä cette dpoque des mauvais traitements dans les prisons mais ils ont l. Wir Wollen Alles. souvent ni6 qu'il existait un traitement spdcial, 2. A I'occasion de cette conf€rence de presse, un certain rdserv6 aux seuls prisonniers politiques. Ils ont 6t6 nombre de personnalit6s ont sign€ un appel demandant qu'il les premiers ä souligner que l'isolement est 6galement soit mis fin ä I'isolement des d6tenus politiques et que ceux-ci soient trait6s comme des d€tenus de droit < pratiqud contre des prisonniers dits de droit com- commun. Parmi les premiers signataires figurent M" Leclerc, mun > ; toutefois ils n'ont pas voulu voir ou pas IvIM. Michel Foucault, Iean-Paul Sartre, Philippe Sollers, cru n6cessaire de dire que ces traitements envers Marcellin Pleynet, M" Jean-Jacques de Felice et le CA.P. (Comit6 les prisonniers < de droit commun sont occasion- d'action des prisonniers). Cl. Le Monde du r l/7 / 1973. nels, la plupart du temps congus comme < punition > 25 24 tät - Heidelberg Centre d'information universitd populaire rouge), -The Mental Patient Union (Grande- vaincu. Si la victoire sur lui est devenue possibie, Bretagne). si on le combat dans chaque coin de la terre de fagon L'initiative de ddnoncer les tortures vient donc .ä le forcer ä diviser ses forces et s'il est possible d'abord des prisonniers politiques eux-m€mes. C'est de I'abattre ä cause de cette division, si la thöse communistes juste, pourquoi elle est indissociable leur rdsistance, des chinois est il n'existe de alors qu'elle soit individuelle face ä I'arm6e de bourreaux aucune raison pour tenir quelque pays ou quelque en vert ou en blanc, ou qu'elle s'exprime collecti- r6gion que ce soit hors de la lulte anti- impdrialiste sous pr6texte que vement dans des gröves de la faim ou d'autres actions. les forces de la r6vo- lution sont Nous avons donc non seulement voulu ddnoncer, en faibles alors que celles de la rdaction y sont fortes (3). ) les d6crivant, les conditions de d6tention, ddmasquer la < collaboration > de savants et donner la parole La R.A.F. se situe donc bien en tant que <. frac- > aux avocats diffamds, poursuivis dans leur travail tion dans la ligne anti-imp6rialiste du mouvement 6tudiant allemand. Le S.D.S. de d6fenseurs ; mais surtout laisser s'exprimer les avait mobilisd et orga- prisonniers politiques en publiant certaines de leurs nisd ses 6tudiants sur des thömes anti-impdrialistes comme la manifestation contre le chah d'Iran ä lettres. juin Il n'est toutefois guöre possible de situer la lutte Berlin, le 2 1967, au cours de laquelle l'6tu- diant Benno de ceux qui aujourd'hui sont emprisonn6s et torturds Ohnesorg a 6td assassind par un membre police sans 6voquer leur praxis avant leur emprisonnement, de la politique, du nom de Kuras (celuici a et leur conception de I'action rdvolutionnaire. Par d'ailleurs eu de I'avancement depuis). ailleurs, nous serons amen6 ä nous demander pour- Les actions entreprises contre le quartier gdn6ral quoi la d6nonciation de la praxis de ces groupes des forces amdricaines installd ä Heidelberg et Franc- a pu pdn6trer jusque dans les rangs d'organisations fort se situent directement dans la ligne de la cam- gauchistes. pagne du S.D.S. contre I'imp6rialisme am6ricain, et Les prisonniers politiques en R.F.A. appartiennent de ses campagnes de soutien au F.N.L. La mdthode de lutte employ6e presque tous ä la R.A.F. (Fraction Armde Rouge) est, elle, diff6rente, plus directe ; ou au S.P.K. (Collectif Socialiste de Patients de I'Uni- elle constitue, du fait des d6gäts en matdriel et en versitd de Heidelberg). hommes, un coup direct portd contre les bases de La R.A.F., que la presse de Springer (ministre I'impdrialisme dans les mdtropoles. Ici ce ne sont officieux de la propagande de la R.F.A., diffusant plus des rdvolutionnaires d6sarm6s qui sont les vic- un quotidien de masse du niveau de Minute, c'est- times d'une rdpression plus forte, miäux organiide et ä-dire fasciste (Bild-Zeitung) ä des millions d'exem- l6gale : on passe d'une situation de ddnonciation plaires) a appel6e la < bande ä Baader > (du nom d'Andreas Baader, I'un des premiers membres du 3. Tir6 de La : l6e groupe Baader-Meinhof, se d6finit elle-m6me le marchE et. l'6change des marchandises ont leurs lois, pis dans un de ses premiers 6crits, Sar la conception de tant donc si I'on contribue ä ditramer un groupe r6vo- lutionnaire en le qualifiant de bande guöritla urbaine et en 6voquant ä son la : Dropos sur la couverture la < bande ä Bonnot >. Rappe- < S'il est vrai que I'imp6rialisme am6ricain est un lons en passant que la bourgeoisie, par la bouche de tigre en papier, cela signifie qu'il peut €tre finalement toütes sortes de collabos, a parl6 il n'y a pas longtemps de q bande de rebelles r ä propos des combattants vietnamiens. 26 27 verbale, ou I'on se plagait sur la d6fensive, ä une dans beaucoup de cas, chez l'ouvrier allemand, uie situation de r6ponse ä la violence, en attaquant les conscience d'6tre exploit6, c'est d'abord la rdsignation centres de commandement de l'occupant am6ricain. qui domine. Le nazisme, l'aprös-guerre, I'interdic- Le pouvoir de ddcision est renverse. Ces actions tion du K.P.D., la chasse aux sorciöres commu- de la R.A.F. ont montrd qu'il 6tait possible de por- nistes, les fautes du K.P.D. aussi, les erreurs 6vi- ter des coups sensibles ä I'ennemi lä oü il se öroit dentes de la R.D.A., crdent encore aujourd,hui un le plus fort et Ie plus en sdcuritd, dans les m6tropoles climat favorable ä I'anticommunisme. Toutefois I'eu- qu'il domine pour I'instant. Ce n'est plus seulement phorie du miracle dconomique est bien terminde. Ce le camp rdvolutionnaire qui pleure ses victimes et miracle avait 6t6 rendu possible gräce ä I'apport de condamne les bourreaux prot6gds par ce qui ose main-d'cuvre qualifi6e et de techniciens r6fugi6s et s'appeler justice ; ä partir de ces äctions de la R.A.F., aussi gräce ä l'apport dnorme en capitaux provenant I'ennemi est amen6 ä compter lui aussi ses < vic- de la sure_xploitation d'une armde de r6serve de plu- times >. Pour les combattants de la R.A.F., I'anti- sieurs millions de travailleurs dtrangers maintönus imp6rialisme n'est pas seulement une activit6 de dans des conditions de vie d6gradantes, et gräce enfin colloques et de s6minaires ou'de < comitds de sou- ä_la solidarit6 capitaliste qui s'exprima par Ie plan tien aux luttes du peuple x >, mais d'abord la prise Marshall en vue d'dtablir un bastion de I'imp6ria- de conscience de la ndcessitd de remettre en queition lisme amdricain en Europe. le monopole des armes de la bourgeoisie. Dös I'automne 1968, les premiöres gröves sauvages Ces actions de la R.A.F. contre les installations ont lieu dans I'industrie mdtallurgique, la repr6sän- amdricaines en 1972, posent ä la gauche extra- tativitd ugique des syndicats est remise en qüestion. parlementaire un certain nombre de problömes. Le [-a canalisation de la lutte des classes par le moyen S.D.S. s'est dissous et les organisatiöns d'extröme des accords de salaires renouvelables seulement gauche se trouvent dans une phase nouvelle : cer- däns le cadre de discussions bilat6rales oü siögent tains veulent construire le parti marxiste,l6niniste ou d'un cöt6 les reprdsentants de syndicats- trotskyste de demain, d'autres pour corronipus,-rien li6s se lancent des directement au pouvoir et n'ayant plus ann6es dans des programmes de recherches th6ori- de commun avec leurs camarades en usine, de I'autre ques ä partir des euvres 6conomiques de Marx, en cöt6 les reprdsentants du patronat des grands trusts s_e d6clarant incapables de toute praxis politique, Siemens, A-E.G. Krupp, Mercedes, Volkswagen d'autres encore envoient leurs miliiants se rappro- commence ä ötre refus6e. Ce sont les mömes qui ont- cher des masses en travaillant dans les usines et en mis au pouvoir le fascisme nazi. y cr6ant des groupes d'entreprise, d'autres encore se spdcialisent dans un secteur donn6 des luttes : Le repr6sentant du patronat de la m6tallurgie au luttes pour le logement et luttes contre la sp6cula- cours des n6gociations en 1973 dans Ie cadie des tion comme ä Francfort, avec occupation de maisons, accord_s de salaires pour I'industrie mdtallurgique '6migr6s de soutien aux en lutte contre les conditions lade-Wurttemberg 6tait d'ailleurs un ancien S.S., de travail et de logement plus dures que des ouwiers chargd de la politique 6conomique dans les terri- allemands, etc. !!rir_es ogcupds ä I'Est, aujourd'hui prdsident de Ia Le d6calage entre ces groupes et le niveau de F€ddration du patronat de la m6ta[lurgie. Le trait conscience des masses est encore trös grand ; I'im- d'union entre le nouveau fascisme et le fascisme pact de la propagande bourgeoise est fort : s'il existe nazi passe par la table de ndgociation syndicale. Hier

28 29 < Nous ne verserons aucune larme sur Ie colonel on parlait d'extermination et de colonisation de pays am6ricain tu6, sans doute responsable de la mort conquis, aujourd'hui on parle de r6forme. de beaucoup de Vietnamiens, niais nous pensons A partir de 1968, on assiste effectivement ä une que beaucoup plus que les quelques bombes la prise de conscience de certaines parties de la classe lutte organis6e des masses peut porter un coup au ouvriöre ; les thömes de lutte rappellent ceux des systöme. > autres pays europ6ens, en particulier dans I'industrie Pourtant cette critique 6tait la moins directe, en automobile : refus des cadences, du travail ä la apparence la plus solidaire, en r6alitd la plus sub- chaine, lutte contre les petits chefs, totalisation des tile, car au lieu de pleurer sur le fait que la R.A.F. luttes : maison, transport, fabrique, critique de la a op6rd en dehors du < mouvement ) comme le division du travail, discussion sur la multinationalit6, groupe l'a fait dans une critique de la- R.A.F. pro- sexualit6. L'influence de la Gauche Prol6tarienne en noncde au cours d'un teach-in du Secours rouge ä France, de Lotta Continua et de Potero Operaio en Francfort il avait la possibilitd d'€tre cette Italie, est 6vidente sur les groupes spontandistes charniöre entre- luttes d'entreprise et luttes directes allemands. Les limites de ces groupes, leurs diffi- contre les bases du pouvoir. Au lieu de se faire cult6s par rapport au problöme de leur origine intel- propagandiste de la lutte anti-imp6rialiste, ce groupe lectuelle et de classe, sont les m€mes que celles des < r6volutionnaire > contribua ä isoler davantage la groupes frangais. Leurs actions de soutien ou exem- R.A.F. des < masses >. plaires se situent toujqurs ä la limite de la l6galitd La r6signation de la classe ouvriöre, le fait qu'elle et de I'ill6galit6 bourgeoise. Ils n'arrivent pas ä vain- n'entrevoit aucune possibilitd de libdration r6elle du cre la r6signation des avant-gardes ouvriöres qui ont fait de la disproportion entre l'6normitd de I'appareil du mal ä se reconnaitre en ces groupes, finalement r6pressif ä tous les niveaux et la faiblesse deJforces sans identitd politique propre, antidogmatiques sou- rdvolutionnaires, ne peuvent ötre d6pass6s par la vent par rdaction contre I'organisation, vaguement d6nonciation subtile, venant de < gauchistes >, du antir6visionnistes et ayant rompu avec la tradition seul groupe essayant de montrer par la pratique anti-imp6rialiste du mouvement 6tudiant dont ils sont qu'il est possible de porter ä I'adversaire des coüps issus, du fait que cela n'intdresse pas ou peu les qui n'aient pas seulement une valeur symbolique öu travailleurs. verbale mais celle d'exemples ä suivre. Les < marxistes-l6ninistes > et < trotskystes > sont Les actions anti-impdrialistes de la R.A.F. constructeurs de parti, de möme que les ( sponta- peu par ces groupes < spontands > donc soutenues n6istes > attendant la grande prise de conscience prdförent plus ou qui souvent de maniöre subtile des masses, ont adoptd I'opportunisme des sociaux- propagande bourgeoise. Cer- directe s'associer ä la ddmocrates que L6nine ddnongait d6jä dans L'Etat tes, ils ne parleront pas de terrorisme mais ils sou- et la Rövolution : ligneront lieu souligner le coup la diff6rence au de < La n6cessit6 d'inculquer systdmatiqument aux portd I'adversaire commun. C'est ainsi que le ä masses cette id6e et pr6cis6ment cellelä de groupe < Revolutionärer Kampf > de Francfort, inter- la rdvolution violente- est ä la base de toute- la venant l'6poque l'usine automobile Opel ä surtout ä doctrine de Marx et Engels. La trahison de leur un tract dis- ä.Francfort-Rüsselsheim, d6clarait dans doctrine par les tendances social-chauvines et kauts- de cette usine et que je cite tribu6 aux travailleurs kistes, aujourd'hui pr6dominantes, s'exprime avec un de mdmoire :

31 30 I relief singulier dans I'oubli par les partisans des unes potisme des capitalistes en usine s'ajoute le despo- comme des autres de cette propagande, de cette tisme des capitalistes dans tous les domaines de la agitation. vie, par les rnass media et par la consommation < Sans r6volution violente il est impossible de massive. substituer I'Etat prol6tarien ä l'Etat bourgeois. > < Avec I'introduction de la journde de huit heures, A I'origine de cette diffdrence entre la R.A.F. et correspondant ä Ia domination de vingt-quatre heures la plupart des groupes gauchistes allemands et euro- du systöme sur le travailleur par la crdation du pdens, on trouve une diffdrence de r6ponse au pro- pouvoir d'achat des masses, des- 6chelles mobiles blöme du sujet r€volutionnaire. La R.A.F. d6blarait le systöme a remport6 une victoire sur les projets,- en 1972, dans une brochure intitulde : Mener la les besoins, les alternatives, la fantaisie, la sponta- lutte anti-impörialiste gznslTvire l'armöe touge, ndit6 en un mot sur l'€tre humain dans sa totalit€. dans un chapitre consacr6- au sujet r6volutionnaire, < Le systöme a rdussi dans les mdtropoles ä que nous citerons entiörement : plonger les masses si profond6ment dans sa propre < Le problöme de l'opportunisme n'est pas r6solu merde, qu'elles ont apparemment perdu leur vision du fait que Negt (4) se soit ddmasqu6. La ddfinition d'elles-mömes en tant qu'opprimdes et exploitdes ; du sujet rdvolutionnaire n'est pas terminee du fait de sorte que pour elles I'auto, une assurance-vie, un que I'analyse du systöme conduit ä la constatation contrat d'dpargneJogement leur font accepter tous que les peuples du tiers-monde sont I'avant-garde les crimes du systöme et que, mis ä part I'auto, les et par la transposition de la notion ldniniste de l'aris- vacances, la salle de bains, elles ne peuvent rien tocratie ouvriöre surs les masses dans les mdtropoles. se repr6senter et esp6rer. Au contraire elle commence lä ! < Nous concluons ä partir de cela que le suiet s La notion de travailleurs salari6s de Marx, ne rövolutionnaire est tout un chacun qui se liböre de caract6rise plus seulement la situation d'exploitation ces contraintes et reluse sa participation aux crimes des masses dans les m6tropoles. I'l faut constater du systäme. Que chacun de ceux qui trouvent leur que I'exploitation dans le domaine de la production identitö politique dans les luttes de liböration d,es cr6e un degrd jamais atteint de fatigue physique et peuples du tiers-monde, chacun de ceux qui se d'usure psychique et les progrös de la division du refusent, qui ne marchent plus, chacun de ceux-lä travail ont amen6 une augmentation dnorme de I'in- est : suiet r4volutionnaire, cmnarade. tensitd du travail qui va en s'accroissant. Il faut < Cela signifie que nous devons analyser la journ6e constater que l'instauratiön de la journde de travail de vingt-quatre heures du systöme imp'drialiste. Nous de huit heures a 6t6 la condition de base de I'aug- devons ddmontrer dans tous les domaines du travail mentation de I'intensit6 du travail et que, de ce fait, et de la vie de cette soci6t6 comment s'effectue en le-systöme a accapar6 la totalitd du temps libre de eux l'accaparement de la plus-value, ä propos de l'ötre humain. A l'exploitation physique en fabrique l'exploitation en usine comme partout ailleurs. Trou- vient s'ajouter l?exploitation de la pens6e et des ver la clef. sentiments, des aspirations et des utopies au des- < En postulant : le sujet r6volutionnaire sous la - domination de I'impdrialisme dans les mdtropoles est l'ätre humain dont la journ6e de vingt-quatre 4. Oskar Negt, professeur de sociologie ä Hanovre, a heures correspond ä vingt-quatre heures de domina- trait6 les membres de la R.A.F, de < desperados > lors d'un meeting en faveur d'Angela Davis. tion par le systöme, nous ne faisons que ddfinir les

?2 33 limites ä I'int6rieur desquelles l'analyse de classe peut etre effectu6e, nous n'affirmons pas que le prisons,.les bureaux, les höpitaux, les administrations, postulat est d6jä I'analyse elle-mOme. les partis, les syndicats, partout. Contre tout ce qui, < que Rosa Il est vrai ni Marx, ni Ldnine, ni dans ce rapport nie, opprime, d6truit : la consom- Luxemburg, ni Mao n'ont eu ä faire aux lecteurs mation, les rnass media, la cogestion, I'opportunisme, de Bild, au t6l6spectateur, ä l'automobiliste, ä l'€löve le dogmatisme, domination, la le -patöÄatisme, lä conditionnd psychiquement, ä la r6forme universi- brutalit6, I'isdlement de I'individu. taire, ä la publicit6, ä la radio, ä la vente par corres- . < Il s'agit de nous ! Nous sommes les "sujets pondance, ä l'6pargne-logement, < la qualit6 de la ä r6volutionnaires". Celui qui commence ä luttef et .un vie > (5), etc., c'est fait que le systöme se repro- ä r6sister est I'un d'entre nous. par ses offensives r6p6t6es duit dans les mdtropoles <-La question de savoir quelle est la partie du non pas sur la psychd de l'6tre humain, de maniöre systöme la plus facile ä combattre, la ptüs faible, biais des rapports ouvertement fasciste mais par le ne_ peut ötre rdsolue que par nous-m6mös, non pas marchands. selon le principe : I'un aprös I'autre; mais danj la < Ddclarer que des couches entiöres de la popu- dialectique de la th6orie lt de la praxis. > lation sont perdues pour la lutte contre l'impdria- Voilä ce qui diffdrencie la praxis de Ia R.A.F. lisme du fait qu'elles ne pouvaient encore ötre prises de. celle-d'autres organisations ; le sujet r6volution- en consid6ration dans I'analyse du capitalisme par naire n'est plus - projet6, esp6rd, 6duqu6, forc6, K. Marx, est ä la fois sectaire, absurde et pas marxiste attendu, agit6, missionaris6 ; le sujet r6volutionnaire pour un sou. est l'dtudiant de Francfort ou de paris, le travail- < C'est seulement si nous rdussissons ä concevoir leur de B.M.W. ou de Renault. Celui qui ne peut notre journ6e vingt-quatre heures dans la rela- de plus vivre sous la domination destructrice de ce que serons tion imp€rialiste-anti-impdrialiste nous systöme et qui se pose le problöme de savoir comment en mesure de formuler nos problömes et de les 6carter I'oppresseur d6finitivement, sürement. Non que prdsenter de telle maniöre notre formulation pas celui qui attend et continue ä collaborer, non puisse ötre comprise par chacun, que nos actions pas celui qui verse des larmes sur les rdvolution- pergues seulement comme celles de la seront non naires chiliens sans se demander en quoi l,6chec de 6galement propagande, notre lan- R.A.F. mais notre I'U. nit6 Populaire Ie concerne aujourd'hui. Non pas gage, ! nos mots. Servir le peuple celui qui, avec la gauche opportuniste, se contentera < peuples I'avant-garde Si les du tiers-monde sont de voir un succös dans un 6-hec (comment une action de la rdvolution anti-imp6rialiste, ce qui signifie la collective de r6appropriation peut Ctre < r6cup6r6e-d,avoir I grande espdrance, objective, d'une lib6ration des par la restitution du < tr6sor de guerre > afin par est d'6ta- ötres humains eux-mömes, notre devoir ä nouveau SON ( outil de trava-il >), mais celui qui de lib6ration des peuples blir la relation entre la lutte a compris, comme George Jackson, que le fascisÄe lib6ration par- du tiers-monde et les aspirations de aujourd'hui se cache sous le masque du r6formisme. dans les m6tropoles : dans tout oü elles apparaissent I e systöme de domination actuel peut se permet- les les les les 6coles, les universit6s, usines, familles, tre le luxe d'une gauche, d'une exträme-gauöhe qui se contentent de d6noncer la r6pression, [e nouveau fascisms, le racisme, tous les crimes du systöme. Tant 5. Thöme 6lectoral de Willy Brandt. gue la rdsistance sera verba,le, tant qu,elie continuera ä raffermir la bonne conscience gaüchiste, tant ,qu'il 34 35 insurectionnelle. sera possible de se compromettre avec le systöme Illusion, illusion ä la peau dure. Mais les illusions tout Cn 6crivant, tout en lisant un heMomadaire ou font vivre et ce sont les m€mes qui en deviennent gras des quotidiens gauchistes, en militant dans telle ou et les m€mes qui en crövent. importe telle organisation sans se poser le seul problöme Il d'ailleurs de se demandef pourquoi non seulement presse qu'un r6volutionnaire a ä se poser : comment s'or- la bourgeoise frangaise n'a pas beaucoup parl6 ganiser pour la libdration du joug imperialiste ? tant de la R.A.F., ce qui va de soi, mais pourquoi les gauchistes que toute trahison ne sera pas conque comme une ont d6form6 la r6alitd ou carr6ment diffam6. quelques trahison ä soim€me (parce que < soi-m€me >, cela Citons exemples : Krivine, ne peut signifier que < soi-m6me > lib6r6 de toutes dans son ouvrage rdcent Questions ä Ia -Rövolution, dominations), sera possible au systöme de se per- se contente de parler de < pratique il nihlliste pdtuer par nous, ä ltaide de nos contradictions, ä r. La Cause du Peuple, i'aide dä notre militantisme de salon, de notre radi- dans un numEro de ddbut 1973,- parlait < calisme verbal. Ce qui diffdrencie la R.A.F. de la de la bande ä Baader, groupe petit- bourgeois plupart des groupes gauchistes, c'est cette absence isol6 des masses >, en disant, en passant, -UeaC la möme chose c >. ä'aitentisme mafure tant d'avertissements : le de Septembre Noir coup d'Etat du Chili, celui de Gröce, les bruits l'e1g311s de I'O.R.A. (Organisation R6volu- tionnaire- Anarchiste) publiait dgalement r6pdtds de coup d'Etat militaire en Italie, le formi- un article reprenant les thöses de provocation par aaUte a6ptoiembnt de forces en France contre l' < ad- la dirig6e -int6rieur I'Etat. versaire >, I'organisation militaire de la certain Sandoz, bourgeoisie anglaise devant les difficultds de repro- Un sans doute pour ne pas perdre- q duction du capital anglais. La gauche vit toujours la bonne dtoile > protectrice de ses amis sociaux-ddmocrates dans I'illusion que la bourgeoisie aMiquera un jour allemands, n'hdsitait pas ä par- ler dans paru volontairement, du fait de la pouss6e des masses. un article dans le Nouvel Observateur d'actions < (6). Pourtant en mai 1968, d'un cöi6 il y avait plus de ä la Bonnie and Clyde > dix millions de grdvistes, de l'autre cöt6 tout au plus Ces rdactions ne s'expliquent que par le fait que ces groupes, quelques centaines de milliers de mercenaires', paras' du moins les rnoins compromis d'entre eux, gendärmes, l6gionnaires, C.R.S. et autres bandes fas- se sont trouvds remis en question par la praxis de la R.A.F., justement öistes arm6es. Et pourtant la rdvolution ne se fit pas, du fait de sa ddfinition du - sujet rdvolutionnaire. les dix millions c6dörent devant les mercenaires Fini la fonction alibi des gau- arm6s et les promesses de r6forme. Cela parait chistes-attentistes se parant du titre de nouveaux- banal mais aujourd'hui encore I'on parle beaucoup r6sistants mais attendant que les masses viennent leur donner le signal pour passer groupes d'acquis, rdel öertes, de Mai 1968 mais trös peu de ä l'action. Ces l'6chäc rdel lui aussi. On en a fait un mythe, pres- en rdalitd se cachent derriöre les masses, par peur de la lutte, de la vraie, celle oü l'on se trouve dans que- un alibi, < j'en 6tais... >. La presse gauchiste parle souvent de nouveau un camp ou dans un autre et oü il n'est plus possible Mai 1968, jamais ou piesque jamais on ne parle de ddpasser Mai 1968. Il suffit de refaire mieux. 6. Seul lean-Paul Sartre d6clarait, dans une intenriew Pourtant on ne fait ainsi que reproduire I'illusion accord6e al Spiegel en 1972, < que I'un des seuls groupes qu'entretiennent depuis plus de cent ans tous les allemands qu'il consid€rait comme vraiment r6volution- naire 6tait la fraction arm6e rouge >. opportunistes : la prise du pouvoir par une gröve 37 36 en Tigre de Papier est exacte mais il y a fort ä tuir"., ,l4i.l de rester avec un pied dans l'autre camp. Leurs dif- pour. d6truire : ;) ce Tigre et je suis d'avis que s'il y a, { famations ne viennent que s'ajouter ä celle des id6o- fort ä faire pour croitre, lö plus'töt on cömmencera -! logues bourgeois, elles ont pourtant une autre r6so- ga mieux _vaudra. , (Citd d'aprös Devont mes yeux nance, parce que destinde ä un public de gens qui la mort, Gallimard.) ep ont marre et qui ne demandent souvent qu'ä pas se poser le problöme de I'organisation lutter. Les Ebert et Scheidemann d'aujourd'hui ne .Ne. militaire, celui du contre-terrorisme (dani le sens sont plus seulement dans le camp social-ddmocrate, de r6ponse au terrorisme quotidien du nouveau fas- ils sont dans le camp gauchiste, car dire aujourd'hui cisme dans les mdtropolös) aprös l,assassinat de d'un groupe qu'il est isol6 des masses, c'est contri- Pierre_Overney en Franöe, celui de Georg von Rauch, buer ä cr6er les conditions ndcessaires ä cet isolement. Petra Schelm, Thomas Weissbecker-paila police du En guise de r6ponse, nous leur citerons la lettre de nouveau fasciste Genscher, ministre de I'Int6rieur de Jonathan ä George Jackson, de juin 1969 : la R.F.A., membre du parti < libdral >, aprös Ie < Une chose est bien claire, c'est que nous nous coup d'Etat du Chili et tant d'autres exemples^devant trouvons devant un besoin d'organiser certaines nos yeux, c'est pr6parer la d6faite, permettre ä I'en_ ddfenses ä petite 6chelle, maintenant, contre les abus nemi d'dtablir plus solidement sa d-omination meur- les plus flagrants du systöme. J'entends cela dans un triöre sur des millions d'6tres humains. Aller sans sens militaire. La periode de I'activitd d6sordonn6e, armes au massacre ou prendre le << risque > d'orga_ des dmeutes et des protestation, marches de de l'agi- niser notre libdration ? Telle est l,alternative. tation/dducation purement politique, tire ä sa fin. I,q bourgeoisie a toujours essayd et essaie encore La violence de I'opposition I'a men6e ä sa fin. Nous - de.discrdditer, de d6clarer fou, de psychiatriser celui ne pouvons plus hausser le niveau de conscience qui.se pr6pare ä I'affronter militairement. Elle agit d'un seul millimötre sans une nouvelle orientation lä de maniöre consdquente. Le propre du systöÄe tactique. A eux seuls, les passe-temps politiques ä capitaliste est d'inverser la r6alit6, äe pr6senter long terme n'ont pour nous aucun intdröt pratique. la r6alit6 exactement sous I'apparence de son contraire. << A mon avis, cttte id6e revient ä supposer qu un C'est ainsi qu'Engels remarquait d6jä que, dans plu_ jour, dans un avenir lointain, nous produirons une sieurs langues, le patron s'appelle u donneur puce de trois cents kilos pour lutter contre le Tigre de ira- vail > alors qu'il prend le tiavail du salari6, I'ou- de Papier. ne faudrait pas trop y compter. et Il Nous vrier-_< preneur de travail >, alors qu,il dönne sommes lä ä attendre le moment oü toutes les vic- son travail_et par lä permet au patron de devenir plus times du capitalisme se dresseront indign6es pour riche (en allemand Arbeitgeber et Arbeitnehnier). ddtruire le systöme, et pendant ce temps nous nous De tout temps terroristes et terrorisme ont 6t6 des faisons croquer par familles entiöres guand I'envie termes employds pour ddsigner ceux qui combattaient en prend ä cet animal-lä. n'y aura pas de super- il contre des systömes de terreur; les rdsistants esclaves. Il va falloir que, parmi nous, certains pren- au nazisme dtaient d6sign6s par la Gestapo comme ( nent Ieur courage ä deux mains et fassent un plan ter_ roristes >, les combattanis alg6riens-6taient qualifi6s rdvolutionnaire trös dur pour mener des repr6sailles de < te-rroristes >, les tortionnaires comm" 'Massu, violentes et sdlectives. Nous avons le nombre pour Bigeard et autres 6taient les < pacificateurs >. Celui nous si les Blancs qui sont en faveur d'un changement qui remet les choses en place eit fou, il est en tout r6volutionnaire peuvent emp6cher cette affaire de cas dangereux, il faut lö ddtruire ou le neutraliser ddg6n6rer en guerre de races. L'image des Etats-Unis

38 39 en ddtruisant son identitd politique, en en faisaut un collaborateur passif (collaborateur quand m0me, . En.France, la pr6paration psychologique de I'opi- comme tous ceux qui se contentent d'attendre des nion ä la lutte contre l' < adversaire intdiieur > n'äst lendemains qui chantent). Parler aujourd'hui de la pas seulement id6ologique, elle est Ie reflet d'une n6cessit6 de s'organiser face aux < bandes armdes du peur rdelle de la clique au pouvoir de voir remis en capital > relöve de la folie, aller droit au massacre question son monopole des armes et celui de la c'est 6tre normal. Entre les deux l'opportunisme violence, au profit de groupes arm6s de lib6ration, gauchiste qui sait mais qui attend les conditions formds de gens organisös autour de problömes qui objectives. C'est ainsi que le pouvoir veut dviter ä les concernent directement : conditions de travail, tout prix qu'en Europe se propage la gudrilla urtaine. situation d'6migration, lutte pour I'avortement, lutte Le meurtre de l'dditeur italien Giangiacomo Feltri- contre la vie chöre, lutte pour un logement d6cent, nelli, en 1972, montre que les terroristes des services organisations de patients, insoumission, etc. L'int6- secrets ne reculent devant rien. La disproportion r6t iddologique du systöme est donc d'isoler par tous entre les forces dites < anti-terroristes > des diff6rents les moyens ceux qui, aujourd'hui, propagenf la gu6- pays impdriäüstes et la rdalit6 encore en ddveloppe- rilta urbaine. Contre les groupes qüi, än Italie, dans ment des mouvements de lib6ration, pratiquant la le Pays Basque, en Irlande, en Allemagne, etc., ont gu6rilla urbaine, est 6norme. Elle montre bien que choisi cette voie, Ia bourgeoisie s'est toujours servi I'adversaire a peur de voir se ddvelopper sur ( son ) de la thöse de la . provocation fasciste, trös vite terrain des < foyers > de gudrilla. L'adversaire fera reprise en ocur par les rdvisionnistes et opportunistes tout pour gagner du temps, la lutte id6ologique, de tout bord. Leur argumentation : u Les actions I'infiltration dans la gauche (cf. ä ce sujet le livre du violentes font peur aux masses et d6truisent le travail g6ndral anglais Kitson, I'un des responsables de la politique accompli depuis des ann6es. > Ces organi- contre-gu6rilla en Irlande, paru ä Londres aux 6di- sations, ou plus exactement leurs dirigeants, d6äon- tions Faber and Faber, en 1972, sur I'infiltration de trent _surtout par lä qu'ils peuvent faire bon mdnage groupes gauchistes et de syndicats). avec Ie systöme, qu'ils peuvent continuer ä bien viwe La violence ouverte, la torture intensifi6e, perfec- alors que tout est destruction, ils ont oubli6 la fagon tionn6e, I'appareil iddologique et l'appareil policier dont Marx parlait du capitalisme (Le Capital, Liwa I) utilis6s pour poursuivre les membres de la R.A.F., < comme se nourrissant ä la maniöre d'un vampire 6taient sans rapport avec le nombre r6el des mem- aspirant le travail vivant >. Le processus de repro- bres du groupe. Ils t6moignent aujourd'hui de la duction du capital est, dans son essence : transfor- peur de la bourgeoisie de voir se d6velopper une mation de force de travail vivante (intelligence, forme de lutte qu'elle ne mdsestime point, justement muscles,, ccur, nerfs, sens) en travail mort, fig6, en du fuit que quelques victoires, möme symboliques, sur capital. Les marchandises sont pr6cieuses parce que I'appareil militaire, policier ou id6ologique, peuvent tachdes du sang de ceux qui les produisent. A ceux amener les masses ä surmonter leur rdsignation et ä qui rdpondraient que cela est rh6torique, citons les se poser la question : comment nous organiser nous- millions de morts des guerres impdriatiites, les exter- mömes face ä I'appareil terroriste qui nous ddtruit min6s de la Commune de Paris, la liquidation mas- chaque jour davantage ? Cela, le systöme ouest-alle- sive des communistes indondsiens, celle des r6sistants mand veut l'6viter ä tout prix, comme tout Etat sous chiliens pour ne citer que ceux-lä, les victimes d'< ac- la domination de l'imp6rialisme. cidents > de la circulation, pr6ws, planifi6s dans la construction des voitures faites pour la casse, les 40 41 cit6 amus6e de ceux qui c savent > et le d6faitisme victimes des < accidents > du travail parce que le complice de ceux qui ddcrivent la machine respect ( sans de la norme > de production est plus chercher la faille. Rdsultat : on se sent ou trös fort important que le respect de humain, l'€tie les morts ou trop faible, jamais menacd et jamais capable de ä petit feu des prisons, I'assassinat rdgulier ä petite se d6fendre. dose par ces petits riens qui rendent la vie suppor- aspects : la guerre ä l,organisation. table, .Autres- Une tout en rapprochant la mort, tabac, drogues, critique fond6e du bureaucratisme, du stalinisme alcool, et tranquillisants, excitants, etc. Toute l'6cono- d'autres ddformations de la pens6e r6volutionnaire mie impdrialiste est 6conomie de mort, sous tous ces c.onduit ä rejeter toute id6e d,actions organis6es aspects, möme les plus innocents, les plus agrdables. d6passant un certain cadre. La force du peupiä Pourtant, qui rdside ceux se dressent contre ce systöme et dans. sa capacit6 ä s'organiser autour dös problömes refusent d'attendre d'ötre lib6rds, les plus opprimds, qui le touchent directernent : logement, öonditions ceux-lä qui sont fous refusent cette dconomie raison- de vie, insoumission et lutte coitre I'arm6e bour- nable de la mort calcul6e I'ordinateur, pr6vue par ä geoise, ali6nation de la famille et de la sexualitd, les trusts multinationaux et cautionnds par les r6for- lutte d'atelier ; en luttant contre les formes que rev6i mistes de tous bords. la domination impdrialiste sur sa vie, il r'efuse la Les membres de poursuivis - la R.A.F. sont en tant collaboration, cela ne veut pourtant pas encore dire que membres d'association de malfaiteurs alors qü'ils que, par lä, il est capable de s'ins6rör dans la lutte n'ont fait que r6pondre aux crimes de l'association directe contre le pouvoir ä I'origine de son ali6na- de malfaiteurs la plus efficace et la plus puissante tion. A-partir d'un certain nivealu de conscience, ä du monde imp6rialiste. Lä oü les conditions de vie partir d'une certaine expdrience d'organisation, il'est deviennent chaque jour plus insupportables, lä oü ndcessaire d'apprendre-ä analyser ga jours, -les l-a nature de la bouge tous les en France par exemple, le domination impdrialiste dans m6tropoles systöme recours : le a ä des armes id6ologiques trös nouveau fascisme. Cela veut dire que l''arme que puissantes non seulement produit des ; il films oü la constitue la rupture de I'isolement de I'individu sära collaboration avec les fascistes est excus6e, exp,liqu6e, 6mouss6e s'il n'est fait un apprentissage de la lutte. rendue sympathique (cf. Lacombe Lucien de Louis Cela signifie : Malle), mais il imagine des situations, dessine une a) Se donner les cat6gories permettant d'analyser image des groupes arm6s comme bandes de despe- la so.ci6t6 dans laquelle on vit, ö,est-ä-dire la critiqui rados, de < d6biles > (comme en libert6 le fait Cha- de l'dconomie politique selon les principes d6fi'nis brol dans son dernier film-collaboration Nada) et par Marx. Apprendre ä les appliqüer ä'la soci6t6 surtout essaie parmi les groupes de gauche de multi- qui est la nötre, 6tudier ä l'6chelön mondial plier la domi_ les soupapes de süret6. La colöre sera toujours nation : le pillage des pays producteurs plus .impdrialiste verbale, l'adversaire sera toujours sous-estim6, de matiöres premiöres, lös mEcanisniej d'äxploitation Marcellin est pour la plupart des pub'lications gau- de la force travail, etc. chistes un maniaque jamais de I'ordre, il n'apparait ö) Etablir Ie lien entre sa lutte et sa vie person_ comme I'instrument remplagable ä tout moment d'un nelle, condition premiöre pour ötre en meiure de systöme de destruction, ä [a limite on en rit, I'humour rösister möme ä la torture, irouver son identit6 poii_ aussi peut 6tre un tampon de la haine, il r6sorbe. tiqrre,.en groupe effectuer un contröle rdciproque et L'adversaire est minimis6 prdsent6 ou comme tout- solidaire les uns par les autres, se d6barässer des puissant, indbranlable. Le ton oscille entre la compli- 43 42 dans lesquelles la force humaine de vie est transfor- besoins artificiels cr6€s par le systöme : besoin de m6e rationnellement matiöre inorganique (en possdder I'autre dans la iexualitd, besoin d'6vasions, en capital). alcool, drogues, passe-temps. Apprendre ä se lib6rer du capital s'exprime dans la ratio- dös maintenant collectivement dans la lutte, ötre en nalisation des entreprises, le d6veloppement des for- mesure de persuader sans ötre sectaire de du fait productives, I'identit6 entre vie, rapports humains et lutte pour ces I'intensification de I'exploitation et la lib6ration. la perp6tuation par la violence des rapports de pro- duction. sa c) Cbmmencer ä se poser le problöme de groupes L'individu isol6 est d6termin6 dans rationalitd par la rationalitd du capital, qui I'affronte militaires autonomes de gens qui se connaissent comme <. force nature D, confrontd bien, s'y pr6parer : armes, infrastructures, de la et il est appropria- quotidiennement tion d'argent, etc. avec elle et de ce fait elle lui apparaitra comme 6tant < rationnelle >. contes- L'ennemi utilise dans toutes les occasions I'isole- Sa tation de la violence destructrice vie sera donc ment une des formes 6prouv6es est I'isolement de ne ; d'abord qu'une contestation ressentie, contesta- groupusculaire, la stagnation. une tion < > Les groupes 6tant bloquds par le problöme-c16, dmotionnelle. La raison 6tant l'6l6ment domi- nant, ces < faux pas > dmotionnels seront rationalisds celui des conditions de la rdvolution, seule I'auto- par I'individu < disparaitront > sous formes d'ul- organisation ddbouchant sur l'action arm6e de har- et cöres d'estomac, d'affections biliaires, de troubles de cölement peut porter des coups dangereux au sys- töme. Il ne s'agit pourtant pas d'un problöme la circulation, de calculs r6naux, de crampes de toutes sortes, d'impuissance sexuelle, de technique et il serait dangereux de vouloir commen- de rhume, maux dents, peau, cer des actions armdes sans crder les conditions de de maladies de la de mal de d'efücacitd des actions d'un groupe. La premiöre dos, migraines, asthme, accidents du travail et d'auto- mobile, insatisfaction, les se condition est I'identit6 politique de ses membres, etc., ou alors 6motions levier permettant d'agir sans crainte d'6tre repris ddchargent dans les relations humaines, dans le man- que de passion (sdrieux), dans la psychose, etc. dans les m6canismes r6cup6rateurs de la maehine ä broyer impdrialiste. < Cette violence de la < raison > est la mort rampant€ sous la forme rdactionnaire de la maladie. < Identit6 politique : Les besoins victimes systäme < Afin de maintenir le rapport entre les forces de ce type de du point productives d6velopp6es et les conditions de pro- deviennent le central le point de d6part, le moteur du travail politique - duction syst6matiquement et violemment sous-d6ve- devenant agitation, orga- patients lopp6es au profit de la perpdtuation de l'accumula- nisation socialiste autonome de se ddfinis- sant ä partir de la (...) u (Traduit tion du capital, il est. n6cessaire de maintenir la maladie. de Aus der soumission des besoins humains aux ( Iois natu- Krankheit eine Wafle machen, Trikont Verlag, Mun- par patients relles > de production destruction chen, le collectif socialiste de de Heidel- la et de la (7). capitaliste. berg.) < Chez l'individu cette contradiction s'exprime par La gudrilla urbaine et sa prdparation passent par la s6paration et I'opposition entre raison et 6motion. la prise de conscience de la domination du capital La cohabitation, si possible sans heurt, de ces deux expressions de la vie artificidllement s6pardes, est la condition de I'apathie, I'ordre des ateliers de fabrique 7. Faire de la maladie une atme, 6ditions Cbamp Libre,

44 45 t,. ' .- s-ur le ( soi r qui n'est possible que sous la forme de collectifs oü I'individü n'est plüs fivr6 ä ce qu'il Sud, Gröce, Turquie, Afrique du Sud, IsiaöI, Asie, croit 6tre lui-möme. Elle ne peut Ctre commandde etc., etc. Sa fonction est ä la foi destructrice (elle d'en-haut pa,r une organisation ddcidant du jour au essaye d'obtenir du prisonnier politique des rensei- lendemain de pratiquer la gudrilla, elle rie peut gnements sur son organisation et le ddtruit humai- qu'ötre I'expression de groupäs autonomes qui-lut- nement en essayant de d6truire son identit6 poli- lent en fonction d'un beioin-concret et humain, elle tique) et d'intimidation. Dans certains pays elle est ne peut donc ötre l'cuvre que de groupes de gens un mode de gouvernement par la terreur, par que rdunit un besoin commun de-changemeni li6 exemple au Br6sil ou en Iran. Si dl,le est un mode directement ä leur vie. Il ne s'agit doic pas de de gouvernement, elle crde, de möme que les condi- changer la strat6gie de groupusculehais de remettre tions d'exploitation, sa propre destruction en tant ,la en question l'organisation groupusculaire dans la qu'elle est g6ndratrice de r6sistance de . part mesure oü celle-ci ne fait que reproduire les d'individus. plac6s devant I'alternative fausse : mou- < besoins > de carriöre, de prestige, d'individus qui rir ou < vivre > en esclave, et qui choisissent de croient 6tre des r6volutionnaires 1t qui ne sont en lutter pour pouvoir vivre. Les tortures pratiqudes fait que la relöve du pouvoir, lequel n'est pas mis en R.F.A., par l'isolement, en laissant des prison- en question. La lutte anti-imt6rialiste öfficace, niers trös gravement malades sans soins (cf. le cas comme elle a 6td mende par la R.A.F. et le S.p.K., de Katharina Hammerschmidt) (8), ä I'aide de psy- n'est' donc envisageable qu'en se situant soi-möme chodrogues, de suppression de nourriture liqüide, ä I'intdrieur de tous les conditionnements du capital d'alimentation forc6e, de psychiatrie, veulent ötre des sur l'€tre humain. Cela aussi la rend d6sagr6able ä tortures propres, moins spectaculaires, ne laissant certains de ceux qui se nomment gauchiites mais que peu ou pas de traces ; e,lles n'en sont pas moins qui sont devenus des caricatures de idvolutionnaires des tortures semblables par leurs effets ä celles uti- professionnels, des fonctionnaires travaillant pour lis6es dans tous les pays sous la domination de l_eur organisation mais ne s'ins€rant pas dans le cadre l'imp6rialisme. Elles nous montrent que le systöme d'une - organisation oü des individus apprennent du nouveau fascisme (cf. I'article d'A. Glucksmann ensemble ä lutter contre I'impdrialisme lä oü il se dans ,les 7.M.,' n" 3I0 bis, < Nouveau fascisme, manifeste d'abord : sur chacün de nous pris isol6- nouvel'le ddmocratie >, suppl6ment du numdro de ment. Cette armelä est la plus forte qui sbit, I'indi- mai 1972) a reconnu dans les partisans appliquant vidu unifi6 avec le seul beCoin r6el non produit par la mdthode de la gu6rilla urbaine des ennemis si le capital, celui de se lib6rer, travaillanf collective- ment avec ses semblables. Pour briser cette arme-lä le capita'l fait appel ä E. Katharina Hammerschmidt, emprisonn6e en d6tention pr6ventive I'une des armes les plus anciennes du monde : la ä Berlin depuis le 30 novembre 1972, est atteinte torture. E'lle d'une tumeur maligne affectant la gorge et les poumons. est utilis6e partout oü des €tres Elle a 6t6 d6lib6r6ment laiss6e sans soins de septembre ä humains se sont dressds contre l'impdrialisme. Elle fin novembre 1973. est organisde, enseignde par les sp6cialistes de la Bien qu'elle eüt 6t6 examin6e par les mddecins de la prison contre-rdvolution ; c'est ainsi qu'aux Etats-Unis on conscients de son 6tat, les autorit6s judiciaires ont refus6 sa lib6ration, invoquant des raisons de s6curit€. enseigne la torture ä tous les pays oü la C.I.A. arrive -: Elle a 6t6 lib6r6e, le 30 novembre 1973 et imm€diatement ä maintenir sa domination Amdrique du transport6e_.4 I'höpital. La tumeur canc6reuse n'€tait plus op6rable. Elle I'aurait 6t6 quelques semaines plus töt, 46 47 dangereux pour lui qu'ils I'obligent ä jeter son mas- raissent cornme ce qu'elles sont : extermination non qu-e -rdformateur, pour montrer son viiage vdritable, cach6e de force de travail < bon march6 r, dans les celui d'un systöme de domination au service de m6tropoles I'obtigation de vendre sa force de travail Siemens, A.E.G., I.T.T., Dow Chemicals, Generals est le plbs souvent pergue comme < libert6 r. Libert6 Motors, Fiat, Volkswagen, Citroön, pechiney et pour quoi et pour qui ? La sdparation entre tortures autres associations- de malfaiteurs. Il a de plus en physiques et tortures psychiq-ues est fondde sur la plus de mal ä garder son apparence d6mocrätique ; diffdrence des mdthodes de torture employdes. I-es c'est ainsi que dans le num6ro du Spiegel au t i diff6rentes mdthodes de torture constittieni un tout fdvrier 1974, l'on pouvait lire un artiile ännongant indivisible du fait de leur essence commune, de I'arrestation de membres pr6sum6s de la R.A.F. leur fondement commun : l,extermination. ou d'une autre organisation de gu6rilla urbaine, un < Fonctionnellement, ces m€thodes sont .inter- €loge du film < contre-gudrilla >-de Chabrol, ei un changeables. Il y u un rapport entre mode d'exploi- article sur < I'alimentation forcöe de membres de tation et m6thode de torture employ6e. Lä^ oü, I'I.R.A. en gröve de la faim contre leurs conditions comme dans les pays colonisds, la pioduction de de d6tention >. Cet hebdomadaire collaborateur n'a Ia plus-value absolue est la forme donninante de la jamais cru bon de d6noncer les pratiques de torture production. de plus-value, le processus de produc- {llt_ r-ol pays. Alors, entre un dciivain expuls6 tion pr6voit la destruction ripide de la förce de d'U.R.S.S. (bien que des milliers d' < 6crivains > travail employde, du fait de l'existence d'une main- moins connus, travailleurs dtrangers, soient expul- d'cuvre abondante. En I'occurence, le meurtre quo- s6s d'Allemagne ou de France thaque mois ians tidien et la mort par la faim font partie de l'id6olägie un mot de protestation), et des pages de viols publi- dominante de la contre-rdvolution. citaires pour ( tous les goüts i on läche du lest : < Par contre, la torture par I'isolement pratiqu6e < - les mdchants Anglais, les mdchants Russes, ils tor- chez nous est la forme d'ütilisation de la^ violäce turent, eux... >, correspondant ä une exploitation ä long terme et . Ddciddment, ils commencent waiment ä avoir peur. optimale de la force de trävail. Cette fornie d'exploi- Aprös I'arm6e de flics en uniforme, faisons donner tation correspond < ä la contrainte muette des condi- ceux des. r6dactions, mais surtout pas tions dco_nomiques - de combat- > (Marx), rendue possible par la tants anti-impdria,listes chez nous. forrre subtile de la contrainte iddologique. A propos de la s6paration faite entre tortures < De möme, le choix de l'utilisation äe diff6rentes physiqges et tortures psychiques, on pouvait lire formes de torture est li6 au d6veloppement de la dans Rote Volks-Univ:eristöt,- n" lZ, 6dit6 par le lutte des classes. Il est dvident quä face de la gr_oupe I.Z.R.U. de Heidelberg, en juillet 1973 : r6sistance massive contre les conditions de vie < La sdparation faite entre tortures psychiques et meurtriöres et leurs masques, la contre-r6volution tortures physiques n'est possible que iur lä base impdrialiste est obligde d'utiliser des m6thodes jugement d'un fauss6 pär l'iddolögie bourgeoise, directes de violence afin d,obtenir des r6sistants qui est tout au plus Capable de ieconnaitie les emprisonn6s aveux et renseignements. aspects directs de l'utilisation de la violence, mais < I-a conduite de la guerre contre-r6volutionnaire n'est pas capable de la discerner sous ses formes exige de briser I'identitd politique des combattants vari6es, subtiles et quotidiennes. Si les formes bru- r6volutionnaires afin d'empechei des actes de soli- taleg de I'exploitation dans les pays colonisds appa- daritd sur les lieux de travail, dans les prisons ou

48 49 lit6, haine de soi, id6e de < se > f,linguer, apathie, autres domaines de la vie. Conditionnde par la domi- honte, peur.) nante id6ologique de la conduite de la guerre contre c Ce qui_est le peuple dans les mdtropoles, la contre-r6volution nouveau dans les tortures des .pri- sonniers politique-s est obligde d'avoir recours ä des mdthodes silen- ep !'F,A., c'est le fait qu,eiles ont I'apparence justice. cieuses, la torture est alors prdsent6e hygidniquement, de la Sous ses fornies les plus cornues, pas d'empreintes digitales, pas de traces de sang, la torture est I'expression organisöe dg I'arbitraire de plaies ouvertes, aseptique et sans odeur. L'appa- des organes de I'ei6cutif ; en R.tr.A. c'est la justice_ rence de respect de la constitution d6mocratique et qui est directement responsable des tortures par I'isolement humanitaire doit ötre respect6e. des prisonnieis politiques. Ces tortures ordonndes < torture, quelle que soit sa forme, ne peut par la justice sont I'expres- La sion ötre interpr6t6e par I'arbitraire des organes de l'ex6- du lascisrne < lögalisö r. (...) cutif ou de certains de ses fonctionnaires. La torture < La torture par I'isolement est ordonnde centra- planifi6e de I'ap- lement pa1 est I'organisation scientifiquement la plus haute instance judiciaire,-justice). le plication de la violence. Les psychiatres, psycho- Bundesgerichtshof (Cour f6d6rale de Les prdparent m6tho- ddcisions logues, sociologues, et m6decins les du Bundesgerichtshof permeft;nt aui luges des ad6quates et les perfectionnent continuellement. des tribunaux d'instances infdrieures (< juges inä6- < La torture est une science. pendants >), d'€tre couverts dans leurs d6clsions de ( La torture est I'une des formes les plus bru- torturer. Ces juges essaient de se ddbarrasser de tales de la violence contre-r6volutionnaire, elle per- leurs responsabilit6s en se rdfdrant aux ddcisions met de d6finir la notion de < science bourgeoise > du .Pundesgerichtshof. La s6paration de la respou- du fait de son organisation systdmatique et de ses sabilit6 caractdrise dgalement-le fascisme. fondements thdoriques. (...) < La lutte contre la torture par I'isolement des < Les mdthodes de torture utilis6es dans les colo- prisonniers politiques de la R.F.A. est, de la m6me nies portugaises sont 6tudi6es et perfectionn6es dans maniöre que les actions de rdsistance pour lesquelles les m6tropoles. (...) les prisonniers politiques sont ddtenirs et toitur€s, < La torture face ä laquelle I'individu parait ötre partie de la lutte mondiale contre l,impdrialisme. livr6 sans d6fense, est sans effet si les individus i comprennent que la vie dans ces conditions meur- c Nos d€laites d,aujourd,hui triöres n'est possible qu'en tant que rdsistance collec- Ne prouvent rien sinon tivement pratiqu6e contre elle. L'isolement devient que nous sommes trop peu une arme si le prisonnier politique fait acte de r6sis- nombreux gröve que dans la lutte contre I'inlamie tance en entreprenant une de la faim, et et de ceux qui nous regardent 'les autres prisonniers se solidarisent avec lui, ce en spectateurs nous attendons qui signifie : mise au möme r6gime de tous ceux qu'au moins ils aient honte ! qui rdsistent et passage de I'isolement ä la rdvolte Bertolt BREcnT solidaire et col'lective de la prison. Il est errond de Conte les objectivistes. croire que la violence de ces conditions de domi- nation disparait si on lui cöde, la violence de la < Dans ,la phase actuelle de l'histoire, personne << prison ext6rieure > est alors dchangde contre celle ne peut plus contester qu'un groupe arm6, si petit de la < prison int6rieure > (: sentiment de culpabi- 51 50 soit-il, a plus de chance de se transformer en une grande arm6e du peuple qu'un groupe qui se limite ä r6pandre des principes rdvolutionanires. > Trente questions d un Tupamaro.

Le 18 f€wier 1974

Viktor KrsrNrnrrc.

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DE HEIDELBERG AU CAP VERT

< En apprenant la nouvelle des attentats ä la bombe de la R.A.F. contre les installations du quartier gdn6ral am6ricain ä Francfort et Heidel- berg (1), nous avons spontan6ment bondi de joie. Enfin l'on entreprenait quelque chose contre les bases de I'imp6rialisme en Allemagne f6ddrale. > Il ne s'agit pas ici des r6actions verbales d'une secte petite-bourgeoise, mais de phrases tirdes du rapport d'un combattant appartenant ä un mouve- ment de lib6ration des territoires occupds par les Portugais. Il avait, avec des camarades de lutte, appris la nouvelle alors qu'il se trouvaient dans une des bases d'appui de la gudrilla. Alors que pendant des ann6es ils avaient entendu pader de la R:F.A. comme de l'un des pires ennemis des peuples africains en tant que fournisseur d'armes de la puissance coloniale- portugaise les gu6ril- leros, pour la premiöre fois, pouvaient- reconnaitre en Allemagne f6d6rale un acte qu'ils qualifiaient de r6sistance effective ä I'imperialisme. Je fis remarquer que leur apprdciation des acti- vit6s de la R.A.F. 6tait diffdrente de celle de groupes marxistes en Allemagne fdddrale, ce ä quoi le cama-

53 rade africain repondit : q Dans une situation de lutte, on pergoit diff6remment. > r6pressive utilisde ä I'heure actuelle pour opprimer Il n'est pas possible de se demander comment les prisonniers politiques est purement politique, elle r6sister ä I'aggravation des actes rdpressifs de la ne s'explique que comme type de rdaction imp6- justice de classe envers les prisonniers politiques rialiste. sans ddfinir le contenu des actions pour lesquelles S'ils appartiennent ä une bande dans le sens ces personnes sont torturdes. < commun > du terme, beaucoup de ceux qui sont Contrairement ä toutes les tendances traitant la emprisonn6s aujourd'hui pour des raisons politiques R.A.F. et d'autres groupes combattants en criminels, seraient bien mieux trait6s, ne serait-ce que du fait il importe de constater que leur motivation a 6t6 de leurs origines bourgeoises. incontestablement politique et leur action anti-imp6- La violence de la r6pression ne peut pas non rialiste. plus ötre expliqu6e par la rdaction ä la combinai- La participation de la R6publique fdd6rale d'Alle- son : actions politiques et < criminalitd >. magne au systöme de r6pression de I'imp6rialisme Faisons une seconde supposition : quelles auraient amdricain, le röle actif jou6 par le capital ouest-alle- 6td les rdactions de I'appareil d'Etat s'il y avait eu mand dans la stabi'lisation du systöme d'exploitation en R.F.A. une association de malfaiteurs d'extröme raciste en Afrique du Sud, la complicitd du gouver- droite ? uement fdddral avec les criminels de guerre portugais Il est difficile de se l'imaginer. Apparemment, ont rendu intoldrable qu'on en reste ä la simple le systöme politique et dconomique de la R6publique protestation verbale ; la rdponse ä la violence provo- f6ddrale ne peut engendrer une d6viation r6actionalre catrice de l'imp6rialisme a ötö la contre-violence; avec des aspects terroristes ; les groupes combattants celle-ci ne peut ötre comprise sur le plan de son d'extr6me droite tiennent plus du happening poli- efficacit6 que symboliquement. tique dans un club de tir. Cela nous amöne ä Les attentats contre les installations du quartier conclure qu'en R.F.A. les tendances fascistes sont g6n6ral am6ricain ont amen€ une intensificatlon du int6gr6es par la soci6t6, que le fascisme est potentiel de r6pression, du moins sur le plan de son < d6pass6 > institutionnellement. Et oü cela se voit- utilisation par la propagande journalistique, du fait il plus directement que dans la superstructure judi- que les int6r6ts de la plus grande puissance imp6ria- ciaire ? (...) liste dtaient directement touchds et que la poursuite I. a sp6cificit6 de la rdpression au stade de I'imp6- des actions aurait fait comprendre aux masses le rialisme rdside dans son caractöre scientifique. caractöre de provocation de la prdsence des inp6- C'est, ä grande 6chelle, la concentration de nou- rialistes. veaut6s scientifiques ä des fins de destruction, garan- Il"ne s'agit pas ici de criminalitd c ordinaire > tissants un maximum de mobilitd et d'efficacitE dans mais de types de comportements politiques que I'on la liquidation des mouvements anti-impdrialistes. criminalise. Pour le d6montrer faisons une hypo- Cela signifie une utilisation de l'ensemble des tech- thöse : niques scientifiques :'de la mdt6orologie ä I'anthro- Si la R.A.F. n'avait pas 6t6 la R.A.F. mais sim- pologie. plement une association de malfaiteurs, se trouverait- A une dchelle plus rdduite, I'utilisation de la il quelqu'un pour croire qu'un tel appareil de search science signifie I'utilisation de drogues agissant sur and destroy aurait 6td mis en branle ? L'dnergie le psychisme dans les camps de concentration et prisons ainsi que la mdthode d'isolement total des 54 55 prisonniers. Ces deux moyens de rdpression per- mettent, ä la diffdrence des mdthodes de torture conventionnelles, une destruction sans trace des structures de la personnalit6 et des formes sociales de la vie. Ce n'est pas un hasard si ces deux m€thodes sont utilisdes aussi bien dans les colo- nies portugaises que dans les prisons ouest-alle- mandes. Dans un camp de coircentration des iles du Cap Vert les prisonniers sont totalement isol6s pendant plusieurs mois. IIs ne regoivent ni liwe ni courrier. Dans les cellules ne pdnötre aucun ötre humain. Certains prisonniers sont enferm6s pendant ptusieurs mois, seuls, dans des citernes. Les prisonniers qui dtaient reläch6s aprös deux anndes d'isolement, n'6taient, du fait des graves ravages psychiques subis, plus capables d'actes de rdsistance poli- tique. (...) Christian Srcnrst. LES METHODES D'EXTERMINATION, Srer TnuNs Analyse et Documents LA TORTURE PAR PRIVATION SENSORIELLE

En mddecine g6ndrale, on recourt ä l,isolement aussi bien-.pou1 Ja pr6vention par exemple dans les maladies infectieuses telles- ü tuberculose ou la rrariole que pour favoriser le processus de gu6rison, par- exemple aprös un accidönt grave ou une op6ration compliqu6e. L'isolement est a-lors tou- jours consid6rd comme un mal n6cessaire, autant que possible de courte dur6e, et tout est mis en cuvre_ pour aider le patient ä quitter le plus vite possible I'höpital ou le pavillon de quarantaine. _ Il n'en est pas ainsi en psychiatrie bu en justice. La pr6tendue science psychiatrique a d6velopp6 un nombre consid6rable de m6thodes pour isoiei des hommes sous divers rapports. Ainii, I'interdiction ou la censure du courrier et des lectures est un phdnomöne normal, de m6me que la r6duction ou I'interdiction des visites, habituelle dans les höpitaux psychiatriques. Les cures de sommeil ou d,insuline sont des m6thodes artificielles pour isoler les hom_ mes pour longtemps sous le pi6texte de les < cal_ mer >. Souvent les patients sont conditionnds de telle fagon qu'ils ne veulent plus quitter leur isole-

59 ment; le vide auquel ils dewaient retourner leur fonctions physiologiques de nos organes sensoriels parait trop insupportable. ä l'6tat de veille. Dans le somrneil, au contraire, les L'6tectrochoc est une forme bröve mais inten- impressions doivent €tre beaucoup plus intenses sive d'isolement qui ressemble ä la crise d'6pilepsie. porir pouvoir ötre enregistrdes et 6labor6es, ce qui La branche de la psychiatrie qui s'occupe de tfaite- implique en revanche une fatigue exagdr6e de la ment physique travaille ä la recherche de mdthodes perception sensorielle. d'isolement de plus en plus parfaites. En psychia- Les fonctions d'auto-direction et de d6ploiement trie, la gudrison ressemble de plus en plus ä la de I'organisme humain dans son milieu sont alimen- rdpression de I'activitd humaine. t6es, en premiöre instance, par la perception senso- En justice dans la mesure oü la peine de mort rielle de ce milieu changeant. et les chätiments- corporels reculent toutes les La constitution et la conservation d'un milieu formes d'isolement sont utilis6es dans -la pr6vention, artificiel qui se distingue, d'une part, par sa constance dans les interrogatoires et comme punition. Ces dif- et son immuabilitd et, d'autre part, par des stimu- fdrentes fonctions se recoupent. La punition sert ä lations dos6es arbitrairement möme dans le som- la prövention gdndrale et particuliöre, doit intimider, meil finissent par atrophier- les organes de sens inspirer la terreur et la rdpandre. La peur et la et conduisent- ä une ddsintdgration et ä une ddsorien- terreur ä leur tour servent ä extorquer des aveux tation extrbme de I'individu ainsi isol6, de la m6me ou m€me ä imposer une conduite pr6-6tablie lors du fagon qu'une immobilisation forcde de longue durde procös. Sous couvert d'enquöte et d'interrogatoire, aboutit ä une atrophie de la musculature, ä une anky- on isole de plus en plus gens, ce qui peut, par une lose des articulations et ä des ddformations osseuses. forte rdduction de leurs facult6s de perception, les Nous avons vu cela rdcemment sur les photos et mener ä perdre leur capacitd de penser par eux- les rapports des prisonniers des cages ä tigres sud- mömes. vietnamiennes. Le viol de I'environnement imm6diat du prison- nier se fait d'une maniöre extr€mement subtile et Un isolement total plus eflicace que les cages ä perfectionnde, dont I'analyse approfondie a 6te tigres. men6e scientifiquement. Au centre de cette analyse se trouve le concept Par la paralysie des fonctions.motrices dans les de privation sensorielle que j'aimerais maintenant cages ä tigres d'aprös les modöles classiques dclairer par quelques remarques gdndrales. on avait atteint- ce qui, par I'intemrption des fonc-- On entend par privation sensorielle une rdduction tions sensorielles (sources et bases d'une transfor- trös forte de la perception par laquelle l'homme mation active du milieu) peut ötre obtenu de fagon s'oriente dans son environnement. Donc : isolement plus subtile et plus approfondie gräce ä la privation de l'environnement en affamant la vue, I'ouie, I'odo- sensorielle. rat, le goüt et le toucher. D'un autre cö16, les sens priv6s de leur nourri- Les sens de I'homme pergoivent en premier lieu ture deviennent particuliörement sensibles ä des chan- les changements de I'environnement, leur nourriture gements möme minimes du milieu et les transmettent est faite d'une suite ininterrompue de changements. comme signaux trös amplifi6s au cerveau. Cela peut La diff6renciation, I'enregistrement et l'achemine- se traduire par des r€actions disproportionn6es de rnent de ces changements vers le cerveau, sont les peur, de joie ou de colöre. De toutes fagons, la

60 61 Fonction-clö de I'isolement acoastique. d6sorientation de I'individu, produite par la priva- tion sensorielle, conduit aveC certitudä, ä plüs ou Plus que tout, un isolement .acoustique presque moins. longue 6ch6ance, ä des rdactions diJpropor- total, interrompu tout au plus par de rares 6ruptions tionndes aux stimulations du milieu. de vacarme, a ici une fonction-c16. Des changements ou une structuration de l'6chelle Mais il serait errond de conclure partir de ä acoustique sont, dans la nature, les indices soit de telles r6actions qu'une ( sorte de noyau dä la per- ph6nomönes mdtdorologiques (vent, tonnerre, pluie), sonnalitd > apparaitrait ä nu dans ia situation de soit de la pr6sence d'autres €tres vivants. privation sensorielle celle-ci produit : seulement Ce n'est pas pour rien que la langue et la une ddformation personnälitd. de la musique est comme moyen acoustiquo de- commu- Dans des conditions normales, les stimulations nication -la forme la plus vieille et la plus ddvplop- du milieu sont pergues et vdcues comme parties p6e de l'6change d'informations entre les hommes. d'un courant continu de changements du milieu ; On ne peut s6parer ni historiquement ni technique- elles peuvent ötre int6grdes dani un contexte syst6: ment le travail en commun, la vie en commun et la matique et 6labor6es. Pour la personnalit6 produite communication acoustique. Cela vaut aussi bien pour par Ia privation sensorielle, cela est rendu impos- I'histoire de ,l'humanit6 que pour le d6veloppement sible. individuel de l'6tre humain dös la naissance. Le fonc- La destruction de I'identit6 d'un individu soumis tionnement vital complet de I'organisme du nouveau- ä la privation sensorielle se manifeste par les effets n6 se manifeste pour son entourage d'abord acous- conjoints de la d6sorientation progressive, des ten- tiquement : le b6b6 crie. Et les parents, le m6decin dances hallucinatoires et des ddsordres des fonctions ou la sage-femme pergoivent immddiatement la nou- v6g6tatives (augmentation de la faim, de la soif, du velle vie par I'acoustique. Il ne faut pas oublier besoin de sommeil, du besoin d'uriner...). que I'ouie en anatomie swsi est dtroitement li6e au sens- de l'6quilibre, est une -base extr6mement Dans la nature, la seule situation comparable ä importante de l'orientation et que la suppression celle de I'homme totalement priv6 de ses sens, est de la facult6 d'orientation par rapport ä la pesan- celle de I'homme perdu dans le d6sert et qui voit teur est I'un des symptömes majeurs aussi bien de des mirages. Mais dans le ddsert, au moins, les la crise d'dpilepsie que de l'dlectrochoc aigu. changements naturels du jour et de la nuit se En r6sum6, on peut dire que la privation senso- produisent encore avec leurs variations de lumiöre rielle par l'installation d'individus dans un environ- et de tempdrature, que l'homme 6gar1 peut enre- nement complötement artificiel constant est ä gistrer et avec ses sens et sur lesquelles il peut et I'heure actuelle le moyen le plus addquat de la doit se rdgler. destruction de la substance vitale sp6cifique de l'ötre De tels repöres manquent ä I'homme isol6 arti- humain. ficiellement. Il est soumis ä un r6gime d'arbitraire Par la privation de nourriture au sens traditionnel, sur lequel il ne peut se r6gler et qu'il ne peut abso- on peut ddtruire la vie humaine aussi bien qu'ani- lument pas changer, un rdgime qui semble möme male, exactement comme par un coup de feu ou annuler les lois naturelles de la succession du jour la chambre ä gaz. La privation sensorielle, par et de la nuit, du chaud et du froid, du bruit et du contre, est un moyen de destruction de la substance silence. 63 62 vitale spdcialement adaptd ä I'organisme humain (si I'on excepte les mdthodes modernes de gavage de appeldes en Hollande Dovencel (ä peu prös : mar- I'animal de boucherie). La privation sensorielle mite), n'est g6ndralement pas ddcidde par un tri- parce qu'elle ne peut ötre appliqude que dans des- bunal mais par le personnel pdnitentiäire. Ainsi, conditions fabriqu6es par l'homms gsf ä la fois j'ai vu un gargon de seize ans qui, lorsque j'ai fait la m6thode la plus humaine et la -plus inhumaine sa connaisance, 6tait depuis sa onziöme ann6e de destruction progressive de la vie. Utilisde pen- enfermd dans une cellule complötement isolde d,une dant des mois et des ann6es, elle est le meurtre maison de correction. Pendant des ann6es, ni la parfait pour lequel personne ou bien tous, sauf lumiöre du soleil ni les bruits du dehors ne lui la victime 1's5f responsable.- dtaient parvenus. Il n'avait de contact qu'avec ses Prendre conscience- de cette responsabilitd ne signi- gardiens. Il n'avait de lumiöre artificielle que quand fie pas seulement accuser ceux pour qui I'exercice cela leur plaisait. Les bruits ne lui parvenaient m6me de la violence fait partie de la routine quotidienne ; pas quand on ouvrait la porte de sa cellule. Celle- cela signifie aussi d€voiler les recherches faites dans ci 6tait situde trös profond6ment sous le sol et, pour les instituts scientifiques en vue de perfectionner les conditions de l'6poque, trös bien construite. I'isolement des prisonniers et des patients. Ce n'est pas le Kapo maniant I'instrument de torture pr6fa- La < cellule silencieuse > en R.F.A. briqud qui est le principal coupable dans le systöme de torture moderne, mais ceux qui, connaissant les Vers la fin des anndes cinquante, des cel'lules implications, mönent la recherche fondamentale ä spdciales d'exp6rimentation ont 6t6 bäties, surtout partir de laquelle la möthode du systöme se ddve- au Canada et aux Etats-Unis : les silent rootns loppe. (Heron, Baxton, Scott, Salomons, etc.). C'est seu- La recherche scientifique sur les effets de la lement beaucoup plus tard que de telles recherches privation sensorielle n'a 6t6 entreprise syst6matique- ont 6t6 entreprises en R.F.A. Dans ce pays on ment qu'il y a quelque vingt ans. Les mdthodes de trouve la < cellule silencieuse > la plus perfection- recherche et d'exp6rimentation ont 6t6 d6velopp6es nde au < Laboratoire d'6tude clinique du comporte- ä partir de notions intuitives qui avaient 6td appli- ment >, de I'höpital universitaire de Hambourg- qu6es bien avant. Les prdcurseurs des < cellules Eppendorf. Lä on ne fait pas qu'observer et mesurer d'isolement > dans lesquelles on exerce la privation les rdactions corporelles des sujets d'expdrience, mais sensorielle, ne sont pas seulement les cages ä tigres, on dtalonne des tests dans la carnera silento. Sur la les quartiers d'isolement des höpitaux psychiatriques, base de telles recherches, on classe les r6actions les prisons et les camps de concentration mais, d6jä des hommes en diffdrentes cat6gories. bien avant, les casemates et les caves dans lesquelles - A chaque fois, on remarque que, sous I'effet on murait les hommes, les < oubliettes r. Du siöcle intense ou prolongd de la privation sensorielle, dernier vient aussi un riche arsenal de cellules sur les phdnomönes suivants apparaissent de maniöre lesquelles repose encore notre systöme carcdral constante, en plus de la peur et des rdactions de actuel. Dans les prisons ä cellules, il y a en g6n6- panique : troubles de la perception et de la connais- ral quelques cellules complötement s6par6es des sance (hallucinations, autoscopie, falsifications illu- autres quartiers, dans lesquelles on garde certains soires) et troubles des fonctions v6g6tatives telles prisonniers. L'envoi dans I'une de ces cellules, que sensation de faim ddformde (renforc6e), troubles du rythme du sommeil, dou,leurs cardiaques fonc- 64 65 tionnelles, dds6quilibres moteurs, tremblements et par des- moyens chimico-pharmaceutiques convulsions comme avec l'dlectrochoc. Dans I'exp6- sur des gens qui ne seraient pas rience hambourgeoise (Jan Gross entre autres) on a enferm6s dani une cellu,le d'isolement. aussi perfectionn6e. construit une forme simplifide de classification des On espöre ainsi, par des prdparations trös sp6cifiques, types de personnalitd humaine sur la base de ces rendre super- flue la structure compliqude observations et des procös-verbaux des tests. Les de la camera silänta, des < oubliettes > modernes, rdactions aux exp6riences ont 6t6 divis6es en trois et obtenir les mömei r6sultats avec un comprim6 que I'industrie pourrait cat6gories : sans fagon fabriquer massivement. r6actions animales a) Cat6gorie des ; Sjef TruNs. ä) Catdgories des structures de base de la per- ou sonnalit6, telles qu'elles sont form6es et plus P.S. Le prolesseur lan Gross, directeur des moins stabilis6es par la disposition et le premier recherches- au < Laboratoire pour l,ötude clinique ddveloppement, et qui en tous cas r6sistent plus du comportement > de Hambourg-Eppendorf,- a longtemps ä une situation de stress que celles de röpondu ä l'exposö ci-dessus qu'it naccäpteraii'pas la cat6gorie C; que les rösultats de ses recherches soient utilis6s-< ä c) Catdgorie des r6actions aux stimulations de des fins militaires >. milieu aussi bien social et culturel que physique. Aualt son dömönagement de ä Harnbourg, Les d6formations de la personnalit6 amen6es par en 1968, le prolesseur Gross a travaillö ä un contrat des situations exp6rimentales planifides sont pr6- de recherche militaire. sent6es comme des caractöres de personnalit6 inh6- L'un de ses plus proches collaborateurs a pafü- rents ä I'organisme humain. cipö comme rapporteur d un congrös de I,O.T.'A.N., Dans ces conclusions, ce qui pourrait ötre tout ö Monte-Carlo, au printemps 1972. au plus une hypothöse de travail pour des recherches s. T. plus pouss6es, est transformd en affirmation dog- matique sur les structures de la personnalitd. Ainsi, l'on affirme que les rdactions des sujets sont une indication quant au ( noyau essentiel de la person- nalit6 >. On donne ainsi carte blanche au juge pour sou- mettre les gens qui lui sont < confids >, ä la privation sensorielle, afin de d6gager la personne < r6elle >, bien qu'en rdalit6 il ait devant lui une personne terriblement diminude palles conditions de d6ten- tion. Ce qui est remarquable dans l'expdrience ham- bourgeoise, c'est aussi que l'on n'analyse pas seu- lement les effets de la privation sensorielle sur les sujets d'exp6rience, mais que l'on teste aussi comment on pourrait produire les m0mes effets

66 NOI.IVEAUX PERFECTIONNEMENTS SCIENTIFIQUES DES TECHNICIENS DE TORTURE

I. Prtvation sensorielle lavage cerveau. - et de Les prisonniers politiques sont gardds des mois et des ann6es dans un isolement total et systdma- tique. Ils n'ont pas le droit de parler ä d'autres prisonniers, toute tentative dans ce sens est punie par un'isolement plus grand. Ils font la promenade seuls, souvent les mains li6es. Il n'y a aucun contact visuel avec le monde extdrieur et il y a souvent des contröles nocturnes, ce qui aboutit ä une privation de sommeil. Les cons6quences de I'isolement sont connues depuis longtemps. Le psychiatre amdricain Engels 6crit en 1967 : < Chez les prisonniers qu'on isole, on remarque les faits suivants : difficultds ä discerner la r6alit6, apparition d'hallucinations visuelles ou auditives, tendances ä mal interpr6ter les stimuli du monde ext6rieur, y compris ceux de son propre corps, r6duc- tion des capacit6s logiques et rationnelles de penser ainsi que d'€tablir des relations entre diffdrents

69 six heures durant dans une < camera silens > dans domaines, apathie, d6pression, repli sur. soi-möme de semblables conditions : interrompu de crises paniques d6sorganis6es. cet Si < Dans notre modäle de relation entre < quasi- 6tat se prolonge, il peut se terminer par mort. ) la patient ) et < quasi-mddecin >, devaient apparaitre Depuis 1972, la Deutsche Forschungs Gemein- deux phdnomönes : il s'agit premiörement d'une rela- (D.F.G.) schaft de l'Universitd de Hambourg a ins- tion oü l'une des personnes est d6pendante de I'autre, titu6 un domaine de recherche sp6cial (Sonder For- et deuxiömement d'une relation oit I'une des per- schungsbereich 115, par la suite äppel6 D.F.B. 115), sonnes peut manipuler I'autre, Nous pensons aussi intitul6 : < Recherches sur I'agreiiivit6 >. que la grande suggestibilit6 des cobayes peut ötre Un des directeurs responsable de ce projet est due ä I'isolement, puisque dans cette situation les le directeur de la clinique universitaire psycliairique, capacitds ä contröler le monde extdrieur sont limitees fe professeur Jan Gross. Il est connu cörirme sp6öia- ou m6mes bloqu6es, ce qui rend les sujets plus förte- liste dans la recherche sur la q privation sensoriälle o. ment d6pendants d'informations transmises par celui Gross a d6jä fait dans les ann6es 1960 des exp6- qui conduit I'exp6rience. Cette d6pendance unilat6- riences semblables ä Prague. Il part des exp6riences rale du cobaye vis-ä-vis de I'exp6rimentateur est, faites sur des ötres humains par les Amdricäins dans dans le cas de l'isolement sensoriel, plus forte que les anndes 1940 (lavage de cerveau). Il a particu- dans d'autres situations ; c'est pourquoi nous nous liörement 6tudi6 les expdriences de Hebb et Scott. sommes döcidös ä nous en servir comme modöle de Ceux-ci avaient complötement isol6 de toutes rela- relation patient-m6decin. > (Gross et Svab dans la tions avec le monde ext6rieur des dtudiants en revue Nerven Arzt, n" 40, 1969, pp. 2l-25.) psychologie qui avaient une position relativement Dans un article destind ä un cercle trös restreint ndgative par rapport au spiritualisme. Enfermds dans de lecteurs, Gross et Svab apportaient les pr6cisions une cage insonoris6e de la grandeur d'une armoire, suivantes : << Cet aspect [possiblitd d'influencer les 6tudiants portaient des lunettes qui ne laissaient quelqu'un par I'isolementl peut sürement jouer un filtrer qu'une lumiöre diffuse. Ils ne savaient pas röle positif en podnologie (science de la punition), depuis combien de temps ils se trouvaient d6jä däns ä savoir quand il s'agit de rööduquer un individu cette cage, ni combien de temps ils devaient encore ou un groupe et quand l'utilisation d'une telle d6pen- y rester. La satisfaction de leurs besoins (manger, dance unilat6rale et d'une telle manipulation peut ddfdquer, parler) ne se faisait que par l'interm6diaire efficacement influencer le processus de r66ducation. > du directeur de I'expdrience. Dans cette situation de Dans leur communication de Prague, les deux total isolement, on donnait, en tant que stimulant psychiatres critiquent particuliörement les tortures occasionnel, de la propagande spiritualiste aux inhumaines pensent-ils ä des tortures humai- cobayes. nes ? avec- recours ä la violence physique ou - que Les exp6riences ont montr6 que les cobayes morale employ6e aussi bien par le nazisme sous le stalinisme. cela pour une raison bien devenaient << beaucoup plus tol6rants > au spiri- Et tualisme qu'auparavant. objective : avec les m6thodes de I'ancien fascisme, on a produit des aveux mensongers ! Gross et Svab L'intdröt de Gross pour les recherches am6ri- mettent en garde contre les aveux mensongers, ils caines donne des renseignements sur ses propres veulent de vrais aveux. Avec leurs expdriences de intentions. Il fit lui-m6me, avec Svab, ä prague, en 1966, Gross et Svab veulent surmonter les < dcueils > 1966, des expdriences sur des pilotes qu'il observait

70 7t de I'interrogatoire pour mettre ä jour des m6thodes recherche avec le nouveau fascisme qui vient du d'interrogatoire plus efficaces : ministöre de I'Int6rieur - l6galement. < En criminologie aussi, ä I'occasion il'interro- gatoires d'accus6s- ou de t6moins, I'emploi de" la III. - Recherches sur l'agressivitö. ddpendance envers I'interrogateur pour des obtenir La recherche sur I'agressivitd, co'mmenc6e ä Ham- aveux ou des renseignements appartient ä la techni- bourg, en 1972, par la Deutsche Forschungs Gemein- que traditionnelle. Pourtant, les ddcouvertes lors des schaft (D.F.G.), a pour titre : c Aspects psycho- exp6riences de privation sensorielle rendent attentif somatique, psychodiagnostique et th6rapeutique de aux s6rieux dangers qui rdsultent de I'emploi incon- l'agressivit6 >. Ce projet de longue durde sera financd pareilles pratiques. sid6r6 de La suggestibilit6 ren- jusqu'en 1975 ä raison de 2800000 D.M. Tous les forcde de I'individu isol6 peut ä ötre un obstacle instituts et cliniques psychiatriques, psychanalytlques la v6rit6 de ses ddclarations. peut arriver que Il et psychosomatiques de Hambourg-Eppendorf et constate plutöt qu'il entendre l'instructeur ce veut Barmbeck, sont conjointement associ6s ä ce projet. que ce qui a eu lieu. pas question Il n'est absolument I1 est r6v6lateur de remarquer I'intdr€t qu'y porte ici d'une tentative de I'instructeur d'obtenir un aveu ro.T.A.N. mensonger ou I'auto-accusation I'interrog6, de comme Un des directeurs, le professeur Meyer, a assist6 c'6tait le cas des m6thodes d'interrogatoire illdgales en juillet 1973, i Monte-Carlo, ä des journ6es orga- dans le pass6. sont dangereux 6cueils dans Ce lä de nis6es par |O.T.A.N. sur la recherche sur I'agres- pratique I'interrogatoire. que la de Ce ne sont lä sivit6. Sa participation a 6t6 financ6e par le Sonder- quelques exemples oü I'emploi des r6sultats de Forschungi-Bereich 115 (S.F.B. 115). n y avait lä recherches sur la privation sensorielle, sur I'isole- des repr6sentants des Etats-Unis, du Canada, de ment social peut probldmatique ötre utile ä la de l'Angleterre, de la Norvöge et de la Pologne. Des la criminologie de po6nologie. > et la thömes fondamentaux sur I'agressivit6 furent trait6s : Le moment de I'isolement social d'une part et, < Comportement agressif chez les enfants, les ado- d'autre part, la stimulation sensorielle limitde qu'il lescents et les adultes. Quelles sont les couleurs permet, sont les deux 6l6ments de la torture par qui influencent le comportement- des ötres humains isolement inflig6e aux prisonniers politiques, tel que quand ils doivent punir des partenaires d'exp6rience la d6crit Gross en 1967. Le but est des aveux vrais au moyen d'dlectrochocs fictifs ? Quel langage et une r66ducation par les m6thodes de l'isolement employer pour qu'un 6tre humain- y rdagisse plus social et de la stimu,lation : lavage de cerveau. ou'moins agressivement. > Etc. Gross critique la torture du pass€, celle du fascisme Aprös avoir fait ses premiöres expdriences avec et celle du stalinisme. A la place des vieilles des 6tudiants, le < laboratoire d'isolement > de Ham- m6thodes de torture il en d6veloppe de nouvelles, bourg les continue maintenant, dans le cadre du plus efficaces, plus douces, plus propres, plus d6gui- S.F.B. 115, avec des soldats. et lier l'agressivitd. > (S.F.B. 115, description du pro- une torture < ldgale >. En un mot, I'alliance de la gramme de recherche.)

7? 73 celles-ci ä la rdalitd des banlieues de b6ton, du On pr6sente aux soldats < un modöle d'agressi- travail ä la chaine, de l'isolement graduel. vitd >, c'est-ä-dire qu'on met au point des.mdthodes Ce qu'il faut < empöcher >, c'est le rejet de cette avec lesquelles ont peut les rendrä agressifs. L'appli- r6alit6 par I'individu. Dans la maladie, dans le non- cation d'une telle recherche est d6jä comprise dans mouvement, dans le < suicide >, cette attitude de la situation m6me des soldats oh les enferme et : rejet s'exprime comme < refus de mise en les isole dans des chambrdes la de huit lits, dans des valeur > : I 200 suicidös par an ne sont pas exploi- bunkers, des chars, des sous-marins, des cabines tables. Ce qu'il faut supprimer aujourd'hui, ce n'est de pllotage. < L'int6r€t de cette recherche n'a pas pas la personne qui proteste, mais la protestation besoin d'ötre explicit6 >, est-il dit dans le S.F.B. elle-möme. 1 15. < Pour le domaine de la psychologie clinique du -.Les psychiatres savent bien que I'agressivit6 se S.F.B. 115, le but central est la mesure de I'agres- d6veloppe pendant I'isolement : u pei privations sivit6. > Cela se fait au moyen de tests psychologiques physiques, psychiques et sociales provoquent d'im- permettant de sonder la structure psychologique du portantes frustrations qui peuvent mener ä des rdac- cobaye. Il est rdvdlateur que les psychiatres s'int6- tions d'agressivit6 (S.F.B. 115). ) ressent aussi ä c I'hostilit6, ä la peur, ä la pensde < Privations physiques, psychiques et sociales > schizophröne, ä I'espoir et ä la volontd de r6ussir >. signifient que I'on supprime certains stimuli senso- Mais ce ä quoi ils slntdressent'plus particuliörement, riels et qu'on submerge le patient avec d'autres : ce sont les mesures biochimiques... Ils veulent mettre pendant le travail ä la chaine, ä l'höpital, dans les en relation les rdsultats de ces derniöres mesures banlieues de b6ton. A la chaine, les ouvriers pro- physiologiques et psychologiques, afin de compl€ter duisent du rebut, ä l'höpital, les patients renversent et de v€rifer les mdthodes psychologiques ä I'aide des leur table, dans les banlieues de b6ton les adoles- r6sultats en physiologie et biom6trie ; cela pour cents cassent les fenötres des Maisons de Jeunes. ddvelopper un systöme de mesure plus simple. Cela Le psychiatre Gross et le psychologue Kempe leur permettrait alors de juger, d'une maniöre pure- ment quantitative, comportement pr6tendument voient les choses de la maniörö iuivantä : le agressif d'individus ou de groupes entiers, et d'or- < La tendance äctuelle est avant tout d'öliminer donner des techniques th6rapeutiques aussi rapides si possible tout danger de la vie des citoyens. Cette que nombreuses. En d'autres termes, ils sont la planification et cette s6curisation monotonise ä la vie recherche de substances chimiques permettant la de l'homme... La confrontation avec l'inhabituel, manipulation de la protestation et de la r6sistance. I'impr6visible, le danger est une exp€rience que, Ils ne sont manifestement pas satisfaits du valium. dans notre soci6t6, n'est presque plus possible il A Hambourg, le point primordial de la recherche de faire. D'oü, dans les situations critiqües, des r6ac- sur I'agression est l'observation du comportement tions fausses, de panique. > La recherche psychia- humain en situation de privation sensorielle totale. trique doit dös lors < avoir pour but le d6vel,oppe- Sous le titre < Agression en situation d'appauvris- ment de techniques thdrapeutiques propres ä r6duire sement de stimulations et ses correspondants biochi- I'agressivitd destructive, 6carter les inhibitions ä miques et physiologiques >, se cache un large ndvrotiques de I'agressivit6 et ä permettre une expres- domaine de recherches dont les r6sultats sont ndces- sion int6gr6e ä la r6alit6 des impulsions agresiives saires au perfectionnement de la torture par isole- (S.F.B, 115) >, c'est-ä-dire, on s'en doute, ajuster 75 74 pouls. Tous ces enregistrements passent ment dans les prisons de la R.F.A. et du monde contröle du Les exp6riences pratiqudes sur des cobayes sur ordinateur. _entier- compl6ter, sur une humains au < Laboratoire d'6tudes cliniques Les psychiatres veulent -plus du -6öhelle, jusqu'ä prdsent frag comportement ) sont ä m6me de r6pondre aux grande des rdsultats questions pos6es par I'isolement. äentaires pour ddcouwir des moyens fiables de description-des 6tats psychiques. Les expdriences de La < camera silens > a 6t€ construite lors de la deux heures faites autrefois avec des dtudiants sont reconstruction de la clinique psychiatrique univer- poursuivies aujourd'hui, sur une dur6e de six heures, sitaire de Hambourg. C'est une piöce säns fen6tre avec des soldats. da-ns laquelle aucun bruit ext6rieui ne peut parvenir. Les chercheurs partent de I'hypothöse que I'isole- Elle garantit ce que les savants appellent la < priva- ment est << frustrant > : les agressions qui se renfor- tion sensorielle >. Cette privation sensorielle peut cent au cours de I'isolement sont lib6r6es. Mais il encore 6tre renforc6e par le < white noise >, torture chose qu'ils ne savent pas encore aüjour- pratiqude y a une en Irlande du Nord : douze haut-parleurs combien de temps peut-on supporter cet peuvent produre d'hui : hifi un bruit continu qui- 6touffe isolement ? Les savants allemands reculent enmre tous les autres bruits produits par le cobaye lui- devant une prolongation du ternps d'exp6rience. I.es möme dans sa cellule. Cris, chänsons, claquement eux, ont 6t6 plus loin : ils ont fait durer de doigt. Amdricains, Un cobaye s'exprimait ainsi, aprös deux les expdriences quelques jours, jusqu'ä ce que les heures d'isolement : < Je crois qu'ä la l,ongue on cobayes n'en puissent plus. En R.F.A., il y a quelques ne peut pas se ddtendre ici. A un moment ou ä un limites ä ne pas ddpasser : on craint le parallöle avec ga autre, vous 6nerve qu'il n'y ait absolument rien. par les nazis. Mais ces diffi- Pas qu'on les exp€riences faites un bruit puisse dcouter ; rien qu'on cultds sont tourn6es en remplagant l'6l6ment dur6e puisse regarder, avec quoi on puisse s'occuper de I'exp6rience par I'intensit6 et l'ampleur. rien on ; ne peut pas supporter ga longtemps. ) - Le point principal de la recherche sur la torture En fait le cobaye n'est pas seul : il est continuel- est formuld au chapitre << Conclusions escompt6es > : lement observö par le directeur de I'exp6rience. Un < Ce qui caractdrise les exp6riences de privation micro enregistre sur magndtophone tout ce qu,il dit. sensorielle est un besoin de stimuli seqsoriels qui < Comme I'individu qui subit le test ne possöde, dans croit avec la dur6e de l'exp6rience et qui se mani- de. telles conditions, pas ou presque pas de possi- feste ä presque tous les niveaux. bilitds de tester la r6alit6 de Ce qui l'äntoure,-il est < La frustration engendr6e par la rdp6tition de relativement facile, par des instructions, des 6v6ne- ces < conditions > provoque des agressions qui peu- ments simulds e1 d'autres choses semblables, d'ins- vent s'exprimer presque uniquement par le canal taurer des sitations qui seraient, sinon, trös compli- verbal. qu6es ä atteindre (S.F.B. 115). , < Il est possible de comparer les conditions qui Une cam6ra infrarouge fait des photos ä l,insu provoquent une forte agression verbale avec des --enregistre d6ter- du cobaye, une sonde magn6tique tous variables physiologiques permettant de mieux ses mouvements. Un dmetteur placd ä I'intdrieur miner la situation de validation que le permettaient de I'estomac en transmet les con[ractions. On enre- les expEriences faites auparavant. gistre aussi la respiration. On procöde ä un 6lectro- < Il faut citer sous ce rapport J. Fahrenberg (1967) < stress n'est pas cardiogramme, ä un dlectroencdphalogramme, au p. 75 : Un producteur de

76 77 ce que I'expdrimentateur prend pour tel mais,.au ; d'analyse canal verbal est la contraire, ce que Ie sujet reconnait comme tel. L'instrument du Ce m6thode d'analyse du contenu linguistique faite n'est pas tant la situation d,excitation mais la consti_ psycho-physiologique de t,individ,, qui par Gottschalk et Gläser. < Le proc6dd mis au lution. ist point par Gottschalk depuis 1958 a I'avantage d'ötre lmportante : dans ce dernier point, l,analyse de la toute communication fix6e par 6crit : signification des impressions äst, jile aussi, d'une äppücäble ä grande importance (S.F.B. 115)., qu il s'agisse de lettres, de transcriptions, d'asso- clations libres, de dialogues psychoth6rapeutiques le programme d,analyse, .Pour les psychiatres ont de comptes rendus de röves, (S.F.B. 115). mis au une dchelle graäu6e ou _point pJrmettant de On applique cette m6thode pour d'autres raisons mesurer le comportement. A öt6 des proc6d6s d,ana- AUSSI : Iyse et de contröle physiologique ei biochimiques, << peut enseign6e ä des tech- deux autres procddds-dö Cette m6thode 6tre mesüre sont importants : niciens sans qualification particuliöre, c'est-ä-dire ä 1) I'analyse de la production verbale; des gens qui ne sont ni m6decin ni psychologue : aux gardiens de prison, aux procureurs. > 2) des impulsions l'^ulyse et du comportement expressions s'analysent ainsi : ou, suJet.' Les diff6rentes < conditions provoquant une forte agression >: , Les mouvements de la personne isol6e sont mesu_ condition- d'isolement et d'immobilisation; rds >: par une < sonde de Forster ,. C'est un instru- << mesure des r6actions verbales, sans stimuli ment de mesure trös pr6cis qui enregistre, ä I'int6rieur fa- personne immobilis6e doit commencer ä parler o'un champ magn6tique, tous les mouvements du d'elle-m6me, y 6tant oblig6e par les conditions sus- g9-91ye. Ceux-ci sont plus tard d'aprös Ieurs citant I'agression, on renonce dans ce cas aux diffdrences -class6s et leurs significations. Cei -rrures oot stimuli ; lT._qf"d" importance_ parce que, ä part ta parole, a s6nvisnt mieux pour d6terminer la situation tes cobayes-n'ont que le mouvement pour se-d6fen_ de- validation > : la vdracitd de l'6noncd est mieux clre contre I'isolement. Le mouvemenl est pour une sauvegard6 quand il n'est pas falsifi6 par des stimuli personne isolde un moyen de rdsister, les pfochiatris que lors des expdriences faites-jusqu'ici.. essaient > de prdvoir I'iniensitö et h dürve äe la r6sis_ comparaison aux < variables physiologiques tance en observant les mouvements du cobaye (on- ne parle pas ici des variables chimiques mais joignant it en ces derniöres observations aux autres elles font aussi partie du programme du S.F.B. 115) : mesures. Quand les conditions de I'isolement r6dui_ elle permet de v6rifier les paroles des personnes sent des postsibilit6s de mouvement, le cobaye immo- isol6es. bilis6 et isol6 est contraint de s'eiprimel-o ce qu,it En 1967, Gross travailla ä une mdthode qui devait peut faire exclusivement par le cänal verbal >.' forcer le cobaye ä < un dnoncd juste > au moyen de Le processus stimuli et de suggestions. En 1972 le S.F.B. 115 a ainsi congu a pour but dvident de faire- d6pass6 ce stade : l'6nonc6 de la personne isol6e et -que e4pression de vi" oe se manifeste que -toute fauss6 par les interventions sugges- dans Ia parole, dans la communication avec le immobilisde est ötre lexp6rience ou avec son magn6to. tives du directeur de I'expdrience. Cela doit ltr::,:*,d".phone, c'est-ä-dire sur le- p]qn oü il est le- plus 6vit6 maintenant. perfectionnement vient du qu'il ne faut facile de mesurer et de contiöter ta piisonne isol6e. Le fait employer I'isolement qu'en le dosant d'aprös la 78 79 constitution de chaque individu. pour cela les cher_ psychosociologique de I'individu. > La force de la cneurs observent le cobaye sans faire appel au lan_ torture par isolement vient de ce qu'elle est m6tho_ gage, ils analysent son et son -ötat euätlution pou, dique et effective. Mais sa faiblesie provient de la ddcouwir le moment oü sera pröt il ä utiliser le n6cessit6 de la d6guiser. Dans Ia mäsure oü nous < canal verbal >. Gross et Kempe s'int6ressent depup -p"rroon",d6jä l'avons d6voil6e,,nous pouvons la combattre, nous lolstgpn-s ä Ia r6sistäe ä.r pouvons rompre soumises le silence de la presse, de Genscher ä I'isolement ; ils ont meme reOigd un (ministre de l'Int6rieur), catalogue de Gröss (psychiatre), ei de ces actions de r6sistance. de Martin (procureur g6n6ral). En fait, le but non avou6 de ces iecherches la- est .mise au point de nouvelles a.oeu"r. Dans le cadre de xxx. la mesure de I'agressivit6 tcolmprise comme Ie rdsultat visible de la räsistance),'tes-äesures bio_ chimiques sont les plus impojantes;--quand les savants auront su rddrrils I'agressivit{ ä un proces- sus chimique, le deuxiöme städe de la recherche _ c'est-ä-dire la mise au point d,une hormäne contre I'agressivit6 ne sera^plus difficile ä äit.iodr". . L'emploi -de cet isolement < chimique o pourrait alors perfectionngl tortures et lavages'de cerveaux. _ De telles recherches ne peuuerrl 6tre faites sur des prisonniers politiques, cai ceux_ci sont capables oe oe;ouer les techniq-ues d'oppression psyc'hiatri_ par :qy:^:_t"ltortyre isolement n'ä pas r6uäsi'jusquä present ä vaincre Ia r6sistance de ces derniärs.'- ptisonn iers sont liw6; i _^,Y?.it, I :i -politiques üppu_ eyi a pouvoir et tes moyens'de rentorcer::1t ],11t",,utr9 -le la durde et I'intensitd de I'isolement. Deux d.'entre eux ont 6t6 soumis pe"Oani-ierp""tiu.-"nt six.et neuf mois ä I'isotement l" piu;;;;;s6 prati qu6 jryC.u'q. pr6sent en R.F.A. lion ,'"G-ent ils ont 6td -ieu.s isol6s socialement, mais de ptrrs cet_ lules avaient 6t6 am6nag6ei afin a" näluirr", passer aucun son. Le but de la machine judiciaire eit 6vi_ dent : amener le orisonnier ä se aornportar'ae fagon contrölable. < I.es , conditons de d6tentions doivent ötre adaptdes ä l'6tat corporel et psyctroiogique d,un condamn6. > Mdthode^qui est pät"ti"of;eä par p.sychiatres les de Hambourg : ( ce n,est pas tant la situation d'excitation qui-importe, ;;i; iJ situation 80 LA SECTION SILENCIEUSE, FORME LA PLUS DURE DE LA TORTURE PAR L'ISOLEMENT

Comitö contre la torture des prisonniers politiques en R.F.A. - Hamburg

- La prison de Cologne-Ossendorf, entourde par deux casernes et des maisons du perionnel p6niön- tiaire, se trouve dans un quartier iecul6 de iologne. Les prisonniers sont internds dans des ailes ä un ieul 6tage, trös 6cart6es les unes des autres, li6es centrale- ment par un systöme de couloir. A I'extr6mit6 de l'6tablissement se trouve le d6par- tement psychiatrique dont une aile appelde u psychia_ trie pour femmes> fait partie de la section siläöieuse.

< Les six cellules de cette annexe se ferment pour une partie seulement avec les clös de la section pour hommes, pour le reste avec les clös de la section pour femmes. Nous en concluons que ce döpartement, rnalgrö sa dönomination, n'est donc pas seulemeni destinö d la psychiatrie pour femmes, mqis il sert ä des buts autres que la psychiatrie des lemmes döte- nues. C.ette ypposition s'impose d'autant plus qu'il existe dans l'ötablissement une aile particuliäre pour

83 le traitement psychiatrique des hommes, aile beau- et elle ne pouvait passer en jugement du fait de coup plus grande et moins isolöe des tvönements de troubles graves de la circulation dus ä la d6tention. l'ötäblissement que celle appelöe < psychiatrie fömi' La destruction de la personnalit6 des internds dans nine >. (Maitre U. Preuss, avocat.) la section silencieuse est prouv6e scientifiquement, elle est connue des autorit6s. Le directeur de la pri- est Depuis novembre 1971, la section silencieuse son, Brücker, d6clarait : utilisde uniquement pour les d6tenus politiques : < La dötenue Ulrike Meinhol est isolöe acousti- Astrid Proll, et Gudrun Ensslin. quement dans sa cellule. > Dans cette section silencieuse, on a isol6 Gudrun Le psychiatre de l'6tablissement, Götte, d6clarait pour la Ensslin et Ulrike Meinhof cette derniöre de son cötd : troisiöme fois. Elles sont les- seules prisonniöres dans < Du point de vue mödical, un isolement aussi cette aile, toutes les autres cellules sont vides. La söväre est, ä la longue, dösavantageux pour un.Afte plupart du temps, aucun bruit extdrieur ne .parvient humain. > ä I'int6rieur du bätiment. Il n'y a pas de bruit rappe- L'isolement particuliörement s6vöre d'Astrid Proll lant la vie humaine. Il n'y a que les pas et les consi- a dü ötre supprim6 partiellement au d6but de 1973, gnes des gardiens trois fois par jour, et la radio de les responsables craignant que les effets de destruc- la prisonf mais tout cela ne fait que souligner le tion dus ä cette torture ne parviennent ä la connais- silence ambiant, sans le supprimer. Ce qui manque, sance du grand public lors du procös ä venir. Le c'est le rythme de bruits quotidiens dont I'homme a 20 ddcembre 1972, Ie directeur de l'6tablissement, besoin pour se repörer. Brücker, fit part au prdsident de I'administration p6nitentiaire entretien A ce silence artificiel vient s'ajouter la monotonie de Cologne, d'un qu'il avait procureur blanche. Les murs et tout I'ameublement sont peints eu avec le Dr Schaefer sur la dd.tention en blanc. La lumiöre du jour est arrötde par I'appli- dans l'isolement total d'Astrid Proll. cation d'un grillage fin de type moustiquaire < Noas avons des raisons de penser que les döfen- contre les barreaux les- lumiöres au n6on restent- seurs d'Astrid Proll demandent, aprös I'ouverture du ; procös, allum6es m6me le jour, d'un blanc 6blouissant. Les le report de celui-ci en argumentant que leur pas contours s'eftacent, I'cil n'est pas sollicitd. cliente n'est en mesure de participer au procös, celle-ci ayant subi des dommages psychiques du lait Dans ce silence monotone, cette monochronie arti- de sa dötention dans I'isolement total. La dölense ficielle, I'organisme humain est atteint dans sa tota- aurait döjä argumentö en ce sens. > lit6, touch6 par la paralysie des organes des sens ; Depuis un certain temps, le ministre de la Justice de la möme maniöre qu'un faux pas tord une jambe, repousse toutes les attaques quant aux effets destruc- cette privation d'impressions pour les sens attaque teurs de l'isolement dans la section silencieuse, fai- et d6tluit peu ä peu, mais irr6mddiablement des sant valoir les visites frdquentes des avocats et des fonctions vitales comme I'oricntation, I'intelligence, parents rapproch6s et I'autorisation d'6couter la les facult6s de concentration, I'irrigation sanguine; radio, de lire des journaux et des livres. Il essaie ä la longue, un tel 6tat est mortel. Astrid Proll, inter- dgalement de faire passer les rencontres quotidiennes n6e pendant cinq mois dans cette section du silence, permises entre Ulrike Meinhof et Gudrun Ensslin, ä düötre relächde au d6but de cette ann6e : son 6tat ainsi que la promenade commune pour une am6liora- cle sant6 ne lui permettait plus de survivre en prison tion des conditions de ddtention. En r6alit6, les pro-

84 85 menades dans la cour de la prison et les rencontres ont 6t6 observ6s malgr6 la possibilit6 d'6couter la quotidiennes des deux interndes servent ä camouffer radio et de rencontre ä tout moment. les effets de la privation sensorielle. Les contacts Contrairement au cas de la d6tention sociaux dans une situation de privation sensorielle ont d'Ulrike Meinhof et Gudrun Ensslin, le contact 6td l'objet d'exp6riences scientifiques dont les r6sul- social n'6tait pas limit6 ä quelques heures par jour, tats ont 6t6 publi6s. L'on s'accorde sur le fait que mais a dt6 possible pendant toute la dur6e de I'exp6rience. m€me la communication sociale constante, pendant Ce genre d'expdrience ne dure que quelques heures, tout une pdriode oü les gen-s sont coup6s- du monde ext6- au plus quelques jours et doivent alors 6tre interrom- rieur ne supprime par les effets psychiques et physio- pues du fait des dangers encourus par la sant6 des logiques propres ä ces conditions de privations senso- personnes-tests. Cela permet d'imaginer ce que rielles et connus comme tels. C'est ce que Davis cela veut dire que de subir pendant des semainei et des afürme dans ses travaux de l96l ä plusieurs reprises : mois un tel traitement, möme s'il est parfois possible < Probablement peut les le contact social röduire d'amdnager des contacts sociaux. effets de la privation sensorielle, mais ne les empöche Les visites de parents se perdent dans la mono- pas entiärement (..,) le contact social n'arräte pas la nie et ne peuvent pas compenser les consdquences destruction de l'intellect qui est l'effet de la privation de cette situation d'internement. Une demi-heure sensorielle. r L,es consdquences.de'ia privation senso- aprös, tu ne te souviens möme plus si elle a eu lieu rielle sont connues des autoritds ainsi que les rdsul- le jour m6me ou la semaine passde (extrait d'une tats des recherches scientifiques qu'ils utilisent contre lettre d'une des ddtenues de la section silencieuse). Ulrike Meinhof et Gudrun Ensslin. La section silencieuse est, ä I'heure actuelle, I'ins- Nous en trouvons une preuve en constatant la simi- trument le plus dur utilis6 pour la torture par I'iso- litude des conditions de d6tention de celles de et lement, torture pratiqu6e sur tous les prisonniers I'exp6rience suivante : politiques en R.F.A. A I'isolement par iapport au monde extdrieur vient s'ajouter le fait que 1es pri- < Les sujets portaient des masques transparents, sonniers politiques sont coup6s contact elles n'avaient pas gants q manchettes, de de tout de de humain ä I'int6rieur de la prison. maniäre ä empächer la sensation du toucher, leur D6tention cellulaire s6vöre, d6mdnagement espace de mouvement n'ötait pas limitö au dortoir. des cellules voisines, ainsi que de celles qui se trouvent On les groupait en couples, on leur permettait de en-dessous et au-dessus, promenade individuelle dans se parler, de se promener et de se livrer ä n'importe la cour sp6ciale, souvent menottes au poing, inter- quel acte normal qu'il est possible de dans ces laire diction de participer aux activit€s collectives pr6- conditions. Deux des suiets eurent des hallucinations, : ,sentations de films, t6l6vision, douche, cantine, cultes. I'un des sujets'fut pris d'hallucinations alors qu'on le Il est interdit, sous peine de sanctions, d'entrer en cherchait pour la promenade. > contact avec les prisonniers politiques. Cette torture est ordonnde et pratiqu6e sur les La perception par le sens de la vue au travers du prisonniers politiques dös le premier jbur leur masque appliqu6 pour cette expdrience est sembla- de internement. L'ordre est donn6 par le Bundesgericht- ble ä I'environnement monotone et sans couleur des shof (Cour fdd6rale de Justice), instance supr€me de cellules de la cour de la section silencieuse. Il importe la R.F.A. et reprise par tous les autres tribunaux, ce de souligner que les eftets de privation sensorielle qui montre bien que le traitement spdcial des prison- 86 87 niers politiques est une mesure visant leur exter- trait6es ni moralement, ni physiquement >. L'article 3 mination. de la Convention des Droits de I'Homrhe dit : < per- Les m€mes moyens d'extermination sont mis en sonne n'est ä soumettre ä la torture ou ä une peine @uvre et prdvus contre les prisonniqrs politiques d'au- ou un traitement inhumains ou humiliants. > tres pays. Une section silencieuse se trouve actuelle- - Nous, mddecins, assistants m6dicaux et psycholo- ment en construction au septiöme 6tage de la prison giques de Francfort, Hambourg, Heidelberg,^Cblogne, de Duivendrecht aux Pays-Bas. En Suöde, le journa- Munster, Munich et de la Hollande, nouslonstatons liste Jan Guillou a 6t6 condamn6 aprös une plainte que les deux röglements l6gaux sont enfreints sciem- pour espionnage, fait l'objet de tortures semblables ment par la justice. Nous constations qu'en Allema- dans une section silencieuse de la prison de Stock- gne f6d6rale des ddtenus politiques sont tortur6s. La holm. Dans les colonies portugaises, les prisonniers torture a comme but de les d6truire, eux qui agis- politiques sont enferm6s dans des cellules constitudes sent politiquement, et de rompre leur r6sistänce.- par des citernes et immergdes dans l'eau afin de les . I-: -tqt que le procös contre la prisonniöre politique couper de tout bruit et stimuli pour les sens. En Astrid Proll a dü 6tre interrompu et que l,accui6e Irlande du Nord, on contraint les prisonniers politi- a dü 6tre libdrde de la prison d'instructiön, d6montre ques ä rester debout pendant des journ6es, s'appuyant I'effet destructeur de la torture de I'isolation. Comme contre le mur avec seulement la pointe des doigts ; r6sultat de la d6tention d'instruction ä laquelle sont ils ont une cagoule fixde sur la töte, et dans la cellule soumis les d6tenus politiques en R.F.A., le m6decin- on fait donner le < white nise >, mdlange sonore chef de I'höpital du district Main-Taunus ä Bad- faisant appel ä toutes sortes de fr6quences absorbant Soden,-le docteur Jörg Schmidt-Voigt a diagnostiqu6 tous les sons, m6me des bruits que I'on fait soimöme. une faiblesse aiguö de la circulation et un 6tät d'6pui- < Notre volontö de ne pas crever, de ne pas nous sement qui met sa vie en danger. La cause en est, laisser briser est notre volontö de rendre I'impossible selon le docteur Schmidt-Voigt, la o ddtention d'ins- possible. Que nous soyons torturös, combien de truction > qui dure depuis mais 1971, et le < change- temps, avec quelle intensitö, avec ou sans chance de ment de nrode de vie > correspondant (expertise tu survie, cela ne döpend en aucune maniöre des mots 25 janvier 1974). que nous utilisons pour d4crire ces saloperies. Cela Qu'est-ce que ce mode de vie ? est obiet de consommation. Mais cela döperid par Dans la section silencieuse de la prison de Colo- contre de Ia force organisöe, de la puissance des gne-Ossendorf, oü Astrid Proll a dt6 ietenue pendant protestations. Cela döpend de ce que nous sommes six mois, elle 6tait coup6e de tout contact, de tout (vous ötes) capables pour polariser I'opinion publique bruit indiquant la pr6sence d,un ötre vivant. C'6tait ä propos de la torture, en un mot pour amener des une aile sp6ciale dans un coin de la prison. Les murs gens protester. d > (Extrait de la lettre d'une prison- et les installations des cellules dans-la section silen- politique niöre de la prison silencieuse.) cieuse sont peints en blanc, ils doivent rester nus. fl n'y a pas Döclaration des mödecins et psychologues contre de diff6rence acoustique entre la nuit et le la jour- La perception section silencieuse de la prison de Cologne-Ossendorf de mouvements, de sensations diffdrencides, en R.F.A. - 9 mars 1974 est rendue impossible. Dans la division silenciäuse, des hommes sont Selon I'article 104 de la Constitution de la R.F.A. tenus pendant des mois dans un environnement arti_ < des personnes apprdhend6es ne doivent 6tre mal- ficiel mortellement monotone.

88 89 C'est la torture au moyen de I'isolement social sys- lion de I'opinion publique peut lutter contre l,isola- t6matique (ddtention individuelle, interdiction de tion des d6tenus politiq-ues-par la torture de I'isole_ contacter d'autres d6tenus et de s'entretenir avec eux) ment dans les prisons. sensorielle. L'organisme humain et de la ddprivation Pou-r empöcher la destruction des ddtenus politi_ n'est pas fait pour cette conformit6. L'intention de la ques dans les prisons, nous exigeons : justice est ä ddduire directement de ces mesures : La lib6ration imm6diate d'Ulrike Meinhof et section silen- la destruction des d6tenus politiques. La Gudrun- Ensslin de Ia section silencieuse. cieuse est le moyen extr€me de la justice politique La suppression de la section silencieuse de pour I'instant. Cologne-Ossendorf- . Dans la section silencieuse de la prison de Colo- L'abolition de la torture par I'isolement dans gne-Ossendorf se trouvent actuellement Gudrun la -Rdpublique f6ddrale d'Allemägne Ensslin et Ulrike Meinhof. Ulrike Meinhof y est pour la troisiöme fois depuis son arrestation de juin 1972. La semaine derniöre, la presse a 6crit que Gudrun Ensslin et Ulrike Meinhof auraient eu des < allöge- ments de d6tention >. En r6alit6, les deux d6tenues politiques ont 6te transfdr6es dans la section silen- cieuse. Des 168 heures de la semaine elles passent six heures en-dehors de leurs cellules ; tout le reste est silence, isolation acoustique qui provoque, aprös deux jours, de graves l6sions dont I'eftet, durable, 6gale celui des dlectrochocs. De tels allögements de d6tention provoquent, selon les recherches de Davis et al. faites en 1961, un ralentissement de I'effet destructeur mais ne l'arröte pas. << Bien sür, comme une des deux ddtenues 6crit, il y a une diff6rence entre la vie toute seule ou ä deux, comme il y a une dift6rence entre 800 et 1 000 dlectrochocs. > Nous ne pouvons supporter plus longtemps cette destruction de la vie pratiqu6e par la justice et les m6decins qui perp6tuent la tradition des nazis. Le traitement spdcial que les d6tenus politiques subis- sent, c'est-ä-dire la torture de I'isolation perfection- n6e scientifiquement qui rend malade systdmatique- ment, qui d6truit la vie, est en contradiction flagrante avec l'obligation du m6decin de s'engager pour la vie humaine. Le travail des comitds contie la torture et des avocats des d6tenus politiques a montr6 que la pres-

90 Ulrich K. Pneuss Berlin 15 Meleortestr. I des buts de d6tention qui ne s'6puisent nullement avocat. 10-8-1973 dans le traitement psychiatrique dei femmes d6tenues Au Ministre de la Justice de Nordhein-Westfalen ä la centrale. C'est d'autant plus probable que la 4 Düsseldorf I prison renferme 6galement une aile sp6ciale pour le Martin Lüther Platz 40 traitement psychiatrique des hommes, qui est beau- coup plus grande et moins isol6e de la vie de la prison que ne I'est l'aile ddsign6e sous le nom de Au nom et en vertu de la procuration ci-jointe de < psychiatrie des.femmes >. Mme Ulrike Meinhof, je demande qu'on cesse d'uti- L'isolement total de ce corps de bätiment, en rela- liser le corps du bätiment de la maison d'arröt de tion avec sa vacuit6, produisent une forme spdcifique Cologne-Ossendorf, d6sign6 sous le nom de < psy- d'isolation acoustique de mes clientes que I'on chiatrie des femmes >, pour y faire purger une peine emploie d'habitude en tant que th6rapeutique de choc ou renforcer des mesures de s6curit6 exig6es par une sur des malades psychiatriques. d6tention pr6ventive ou une recherche psychiatrique. Il s'agit visiblement ici de la < camera silens > de Motif : Du d6but novembre l97l d la mi-jan- la maison de d6tention. Le m6decin de la centrale, vier 1972, ainsi que du 15 avril au 15 juin 1972, ma le docteur Goette, a expliqu6 6galement, dans sa cliente, Mme Astrid Proll, et du 16 juin 1972 jus- d6position lors du procös Mahler devant le tribunal qu'au 9 fdvrier 1973, ma.cliente Mme Ulrike Mein- de la Chambre de Berlin, qu'il s'agissait ici de la hof, incarcdrdes ä la maison d'arröt de Cologne- < division silencieuse > de l'6tablissement. Ossendorf, ont 6t6 ddtenues dans I'aile de cette A I'isolation spatiale et acoustique de ce genre de centrale d6sign6e sous le nom de < psychiatrie des bätiment tout entier, vient encore s'ajouter le fait que femmes >. les cellules de mes clientes, ainsi que toute installa- Cette bätisse est une aile du bätiment d'un 6tage tion de la piöce ä I'exception de la porte de la situ6e au bord de I'ensemble de la centrale, il contient cellule dtaient- complötement peintes en blanc, six cellules et une cour qui est beaucoup plus petite que la fenötre- de la cellule, d'abord complötement que celle des autres ailes de la prison, oü les pri- ferm6e, fut ouverte plus tard sous la forme d'une sonniers font leur promenade. Durant les p6riodes fente 6troite et voil6e d'un grillage de garde-manger, sus-mentionndes oü Mme Proll et Mme Meinhof que l'6clairage au n6on n'6tait pas 6teint la nuit chez furent d6tenues dans cette aile du bätiment, le reste Mme Meinhof, que la cellule de Mme Meinhof 6tait des cellules n'6tait pas occup6. Ce qui est caract6ris- rest6e pendant tout I'hiver ä une tempdrature inf6- tique pour ce bätiment, c'est qu'il n'a qu'un trös petit rieure ä la normale. Dans cette isolation acoustique nombre de cellules, contrairement aux autres ailes et visuelle, mes clientes n'avaient que le contact de la centrale qui ont jusqu'ä trente cellules. acoustique et social minimum avec les employdes de Pour une partie, les six cellules de cette aile ne la prison pour la nourriture. Elles vivaient pratique- peuvent s'ouvrir qu'avec les cl6s de la division des ment pendant vingt-quatre heures sans milieu hommes, pour une autre partie, elles ne ferment ambiant discernable. Mes clientes avaient möme regu qu'avec celles de la division des femmes ; on peut I'interdiction de coller des affiches et des photos, des d6duire que malgr6 sa d6nomination, cette division statistiques ou autres ä ces murs d'un blanc blafard. n'a nullement pour seul but de division infirmerie du On sait depuis, et d'une maniöre scientifique, quels service de psychiatrie de femmes, mais qu'elle a sont les rdsultats d'une isolation sociale aussi totale.

92 93 En effet, une isolation acoustique et visuelle Il se produit des rdactions physiologiques et psycho- complöte, donc une isolation sociale et totale, möne logiques que l'on range dans catdgorie de la la ä une d6formation de la personnalitd intellectuelle en d6privation sensorielle (cf. J. Gross, Ch. C. Reimer : particulier, parce que la relation communicative avec Dölire de döprivation et d'isolation sensorielle, Cli- le milieu repr6sente un des 6l6ments constitutifs de nique universitaire psychiatrique de Hamburg la ; cette personnalitd. Ce n'est pas ä tort que le traite- confdrence faite ä Tübingen en : J. Gross, l97l ment des intellectuels sovi6tiques par les organes J.M. Burckard, P. Kempe : Döprivation sensorielle ex6cutifs de I'U.R.S.S. leur internement dans les Forme spöciale des recherches sur Ie comporte- - cliniques psychiatriques- qui, comme on le sait, vise ment, in < Psychiatria, Neurologia, Neurochirurgia, ä une isolation totale de leurs d6tenus, ne serait-ce tome (1973), pp. 189-99 : Inside d. 73 ; J. Vernon que par I'utilisation des produits psycho-pharmaceu- the Black Room, New York, 1964 Sensory depri- ; tiques a 6t€ d6clar6 faire infraction ä la Ddclara- vation Science journal, fdvrier 66, pp. 57-61). in : tion des- Droits de I'Hornme de I'O.N.U. La l6sion Le concept de privation sensorielle sert en psy- inflig6e au centre de la personnalit6 n'est plus, ä chiatrie d6signer significative de la ä la limitation I'heure actuelle, le seul fait de I'intervention physique perception humain faut sensible chez l'ötre dont il directe dans l'int6grit6 corporelle mais dans la que son ; trouver la cause dans le fait I'individu et r6pression exercde contre l'opposition intellectuelle, organisme sensible n'ont pas la possibilitd de perce- on pratique I'ablation et, si possible, l'6limination dans des processus discer- voir leur milieu ambiant totale de leurs communications sociales. Un exemple nables. sur perception et la diff6renciation de C'est la de cette rdpression contre des groupes politiques et genre processus que fonction de ce de repose la des individus ind6sirables peut s'appuyer aujourd'hui I'organisation sensorielle humaine. sur des rdsultats d'exp6riences scientifiques. Si ce processus se trouve volontairement ou sans contrainte placd pour -un certain temps dans C'est ainsi que le groupe de travail de J. Gross une situation oü- le milieu ambiant n'6met aucune (Laboratoire de recherches cliniques sur le compor- impulsion discernable d'aucune sorte, les effets de la tement ä la clinique universitaire psychiatrique de ddprivation sensorielle apparaissent. Hamburg) a construit ce que l'on appelle une Dans un expos6 fait le 11 mai 1973 ä Francfort, < camera silens >, congue comme un espace dans le psychiatre hollandais J.P. Teuns a ajoutd ce qui I'espace sans ondes acoustiques et qui peut ötre suit : considdrd dans des circonstances normales comme < La fabrication et le maintien d'un environne- isol6 de tout bruit ; möme les sons produits dans ces ment artificiel qui se distingue d'une part par sa piöces elles-m6mes (frottements de v6tements, par constance et son absence de changement, et d'autre exemple) se trouvent tellement assourdis qu'il ne se part par des excitations dosöes selon un libre arbitre produit pas la moindre rdaction (cf. J. Gross : Döpri- jusque dans le sommeil paralyse peu ä peu les vation sensorielle, op. cit. p. 190). -orgqnes des sens et dösintögre- et dösoriente totale- Les mömes recherches dans des chambres isoldes ment l'individu ainsi isolö, de möme qu'un manque ont 6t6 entreprises aux U.S.A. et au Canada sous de mouvement conduit au bout d'un certain forcö, l'6gide du Ministöre canadien de la D6fence (cf. temps ö un ramollissement de la musculature, ä des E. Lausch, Manipulation. L'atteinte au cerveau, Stutt- raidissements des articulations et ä des dölormations gart,1972, p. 185). osseuses. > g4 95 Les exp6riences ont montrd qu'un bref s6jour dans mongö suffisatnmen, (3 000 calories par iour) et des chambres isoldes suffisait pour que des formations aient d peine fait de mouvement. Apräs I'expörience ddlirantes aient lieu dans I'esprit de l'individu sous leur temps de röaction s'ötait fait plus long. Leur forme d'hallucinations provoqudes par la stabilit6 sensibilitö ä la douleur ötait plus grande. > permanente du milieu. Dans la conf6rence ddjä cit6e du psychiatre hol- Lausch (p. 191), fait le rapport , suivant d'une exp6- landais Teuns, on peut lire : < Il ne läut pas oublier rience : amdricaine que I'ouie est ötroitement liöe au sens de Ia pesanteur < Le responsable de I'expörience enlerma isolö- exträmement important pour le sens de I'orientation ment des ötudiants avec leur accord dans des cham- et que le handicap du sens de I'orientation en ce qui bres expörimentales qui n'ötaient ni sombres ni ötan- concernne le centre de gravitö est un des symptilmes ches au bruit... Mais il amoindrit leur vision en leur principaux tqnt de l'accäs d'öpilepsie que des ölectro- mettant des lunettes de verre döpoli. II ömousse leur chocs... L'organisme humain est incapable de rösister sens du toucher en leur mettant des gants et en d la döprivation sensorielle provoquöe artificiellement entourant leurs mains de msnchettes de carton. Leur par des hommes, (cf. p. 3 du manuscrit). ouie est altöröe par Ie vrombissement d'un climoti- La cons6quence la plus importante de I'isolement seur. que Bien les participants ä cette expörience social d'un individu est le handicap des fonctions aient ötö gönöreusement payös, certains ötudiants intellectuelles. C'est ainsi qu'E. Lausöh 6crit (p. 102) trouvörent cette nouvelle expörience si insupportable que la plupart des sujets se plaignent < de ne plus qu'ils I'arrätörent däs premier jour. Ie Ils se plai- pouvoir se concentrer au bout de quelque temps, de gnaient surtout de ne plus pouvoir penser d'une ce que leurs pensöes tournent en rond ou de ce suivie. Chez ceux qui lagon röussirent ä tenir dans qu'elles remächent toujours le möme sujet. > Celte la piöce jusqu'ä jours), la lin de l'expörience (six on action se fait sentir aussi quand on apporte ä I'indi- assista ä des comportements bizarres. Soudain, ils vidu dans sa situation d'extrOme isolöÄent certaines eurent des accös de et de panique lureur ä I'idöe de excitations pour son organisation sensorielle dosdes continuer ä demeurer dans un espace lermö et l'expö- selon un libre arbitre. On peut citer rience arräfte dgalement le fut brusquement dans certains cas. rapport de Lausch (pp. 193 et 194) comme preuve Plusieurs participants ä l'expörience avaient des hal- ä I'appui : Iucinations. IIs voyaient des öcureuils ou entendaient de la musique, ils avaient la sensation tavoir deux < Au cours d'une expörience, le chercheur installa corps ou croyaient que leur töte s'ötait söparöe du dans la cellule une boite optique que les participants tronc. > pouvaient allumer et öteindre ä leur grö. Ce qu,ils S'ajoute ä cela que cette situation d'isolation totale voyaient ötait sans intöröt : sur un fond neutre se conduit aussi ä des perturbations des fonctions v6g6- dessinaient faiblement deux cercles et une ligne. Dans tatives ; car la paralysie des fonctions sensorielles des conditions normales les ötudiants n'auraient g€ne aussi consid6rablement les fonctions motrices accordö ö ce genre de chose qu'une attention fugi- qui sont indispensables au fonctionnement de I'orga- tive. Un appareil d'enregislremmt automatique nisation physiologique. C'est ainsi que Lauich prouva que les gens enlermös dans l'obscuritö consa- (p. 19a) 6crit que < les suiets de I'expöiience... ont craient beaucoup plus d'attention ä ce simple dessin. presque tous perdu plusieurs kilos bien qu'ils aient Visiblement, leur cerveau exigeait si impärieusement

96 97 des stimulants que mäme un dessin aussi simple ., On emploic souvent cctto m6thoda pour röduirc ä pouvait les attirer. I'impuissance des adversaires politiquds. Lausch citc < Pendant soixante-douze heures, les suiets regar- p. 195 Ic commontaire dc Vernon sur c€s exp€- dörent cette image neutre pendant en moyenne trois nencc8 : minutes. Quand on leur demanda plus tard s'ils s'ötaient intöressös ä cette image, ils indiquörent un c L'individu enlermö vit des moments terrlbles de temps bien moindre que ce n'ötait vöritablement le monotonle et d'ennui qui lui lont chercher toules les cas... La boite optique se rövöla €tre un des moyens lormes d'excitation, Si, pour une raison quelconquc, les plus importants pour prövoir qui supporterait nous dösirions dövelopper un moyen supörieur dc I'expörience et qui I'arröterait prömaturöment. lavage de cerveau, c'est cette recherche de I'excita- tion que nous pourrions utiliser ä nolre avantage, > < Vernon et ses collaborateurs avaient cherchö longtemps avant de trouver des critöres permeltant Cette formule de Vernon au conditionncl s'est de tels pronostics. Les esprits divergirent bientöt sur faite r6alitd entre-temps. Ch. Sigrist, professeur les rösultats de la boite optique. Les 4tudiants qui d'ethnologie et de sociologie ä Munster, rapporte ses abandonnörent plus tard quelles que soient les expdriences avec des Africains en Ancöl-a et au ralsons qu'ils donnaient pour- leur capitulation Mozambique oü ils dtaient prisonniers dei portugais. passörent les vingt-quatre premiöres heures de leur- Il en parle dans un manuscrit de l9Z3 encore non söjour dans la chambre en moyenne quinze lois plus publid : de temps devant la boite que leurs camarades qui tinrent le coup. > < Dans un camp de concentration, sur une ile du Cap Vert les prisonniers restent isolös pendant des Ce < d6sir imp6tueux de simulation ) est une des mois. Ils n'onl droit ni aux lettres ni aux livres, NuI conditions prdalables essentielles de ce qu'on appelle son humain ne pönäne dans les cellules. Les prison- le lavage de cerveau. C'est ainsi que Lausch parle niers qui furent libörös apräs deux ans de räclusion au m€me endroit personnes de soumises ä I'exp6- isolöe n'ötaient plus capables de quelque lorme que rience auxquelles la Turquie 6tait indiffdrente avant ce soit de rösistance politique, vu les domrnages ce test et qui, aprös un traitement correspondant dans psychiques considdrabtes qu'ils avaient subis. Tani te l'isolement, 6tait devenues des sympathisantes de la potentiel de rösistance psychique individuelle que les Turquie. structures en chaine de solidaritö politisables sont systömatiquement dötruits. > < Aprös que les personnes cobayes aient passö Cans la chambre noire, I'expörimentateur leur lit Quelle que soit Ia constitution individuelle des iouer une bande magnötique avec un discours de individus qui lui sont soumis, les r€sultats de cet propagande pour question- la Turquie. Un deuxiöme isolement social extröme se.font sentir ; seules varient naire rövöla que cet endoctrinement primitif avait les formes que prend cette ddprivation sensorielle partir agi : ä de cet instqnt les ötudiants avaient pour (cf. J. Gross : Dälire dans les döprivations sensorielles Turquie la des sentiments d'amitiö. Par contie, dans et dans I'isolement). Dans leur ensemble, elles carac- un groupe d'ötudiants qui n'avaient pas ötö dans la t6risent cependant sous des formes diffdrentes les chambre obscure, la propagande öchoua, > limites scientifiques de I'identit6 personnelle.

98 99 Le traitement auquel ont 6t6 soumises mes clientes la centrale Cologne-Ossendorf sont relides ä une pendant des mois chaque fois repr6sente une attaque radio commune signifie uniquement un l6ger adoucis- violente de I'identit6 de leur personnalit6. Certes, sement de I'isolement. Car il s'agissait lä uniquement elles ne sont pas restdes enfermdes pendant des mois de bruits de coulisses techniques dont la direction dans une chambre obscure, cornme ce fut en partie de l'6tablissement se r6servait de r6gler I'intensit6, le cas pour les expdriences dont il a öte question ici, bruits qui ne peuvent remplacer un milieu social mais I'expdrience au cours de laquelle les personnes sans parler des formes de communication r6ci- cobayes durent porter des lunettes montre que les -proques. conditions de d6privations sensorielles ne ddpendant Enfin, ce n'est pas parce qu'il y a eu quelques pas du fait de l'obscurit6, mais du fait de la perma- visites pendant cet isolement extröme qui a durd des nence et de la continuit6 absolues des perceptions mois que celui-ci s'en trouve 6limin6. De toute fagon, sensibles. Une cellule complötement blanche, des Mme Meinhof n'avait le droit de recevoir que les meubles blancs et une fenötre pourwe d'un grillage visites de parents, et en g6ndral ces visites qui avaient de garde-manger ont la m€me fonction, surtout quand lieu sous la surveillance d'un employ6, ne d6pas- ils conditionnent la vue pendant des mois. Mais la saient pas trente minutes. Elles avaient lieu ä quinze d6privation acoustique est encore plus importante que jours d'intervalle environ, ce qui faisait une heure la d6privation visuelle ; les r6sultats ont montr6 ici de visite par mois divis6e en deux demi-heures pour qu'ils conduisent beaucoup plus fr6quemment et un isolement qui a dur6 huit mois dans le cas de plus intensdment ä des apparitions de d6privation Mme Meinhof, alors qu'elle passait le reste du mois (cf. sensorielle Gross : Dölire de döprivation senso- dans I'isolement complet d6jä d6crit. Il est clair que rielle, p. l1). On ne peut 6carter le fait qu'il y ait cette heure de visite mensuelle ne pouvait rien eu agression violente sur I'identit6 personnelle de changer ä la r6alit6 de la ddprivation sensorielle. parce mes clientes qu'une femme imprisonn6e depuis Il est clair que les actions sociales et psychiques une vingtaine d'anndes s'est trouvde pour une courte de cette < division silencieuse > de l'6tablissement pdriode dans la cellule voisine de celle de Mme Proll p6nitentiaire de Cologne-Ossendorf sont partie int6- et que sa pr6sence < > animait le corps de bätiment. grante de la justice pdnitentiaire qui vise en derniöre Il ne s'agit pas d'afürmer que la situation sp6cifique cons6quence ä briser la conscience morale et poli- de cette femme qui fut amen6e lä-bas pour observa- tique et ä 6teindre la personnalit6 de l'individu. Tant psychiatrique tion correspond ä une suppression de qu'une d6cision claire et nette n'aura pas 6td prise quoi I'isolement ; qu'il en soit, son sdjour dans cette par les services d'Etat responsables pbur inteidire aile fut si par bref rapport ä la durde totale du s6jour sans exception I'utilisation de cette < division silen- que que cette Mme Proll dans ce möme endroit cieuse > pour quelque d6tenu que ce soit, cette incar- pdriode ne peut pas jouer. Möme chose pour le fait c6ration demeure dans I'arsenal des moyens de qu'en janvier 1,973 put pendant quinze on entendre contrainte employ6s envers les d6tenus d'une prison. jours environ le bruit des aspirateurs et armoires des Ce n'est que par la d6saffection de cette aide que la qu'on changeait de place. Car ces bruits qui durörent menace qui pöse sur l'existence et la personnalit6 de une heure ä une heure quinze jours et demie pendant chaque d6tenu pourra €tre 6limin6e. environ ne peuvent entrer en ligne de compte avec l'isolement de Mme Meinhof. Prof. Dr U. Pneuss, Möme que le fait les cellules de I'aile isol6e de avocat.

100 101 DES MEDECINS PORTENT PLAINTE r-epgnse aux questions posdes par le tribunal, l'6tat. {6plorable de la circulation sanguine de la patiente. Son 6tat est incontestablement cäract6ris6 par : 1) ta faiblesse anormale de la Jörgen Scrurlpr-Volcr tension art6rielle, möme en position ; 2) la faiblesse des capacit6s Doctcur cn mddecinc .allongde d'adaptation aux efforts (cela joue un rölö dans Sp5cialieic en m6dccino intcrno l'6valuation Mddocin-chcf du service dc m6decine intorne de I'höpital des capacit6s de ionctionnement de cantonal du Main-Taunus. I'organisme),- particuliörement au maintien prolong6 Bad-Soden am Taunus. dans m€me. .u.19 position (assise ou debouti, ce q-ui 6232 Bad.Sodcn a. Ts, est visible aussi bien dans les tests de circulatiön L.a 25-l-1974 sanguine que dans les 6lectrocardiogiammes. Expertise m4dicale . En comparaison avec le rdsultat obtenu lors de A la demande du tribunal du Land de Francfort/ l'exam-en 9$9nn6 par le tribunal ä la clinique canto- Main (d6cret judiciaire du 22-l-1974), il a 6t6 dtabli nale de Main-Taunus ä Bad-Soden, en- date du pour : 28-ll-73,Ia situation circulatoire de la patiente s'est d6t6rior6e pendant ces huit semaines. la photographe ASTRID PROLL 28-ll-73 : tension artdrielle - couch6e IOO/75 - nde [e 29-5-1947 ä Kassel debout 110/80. nationalitd allemande, cClibataire 28-11-73: pouls - couch6e 87 - debout ll5. actuellement ä la prison de ,uMain I- es- consdquences subjectives d'un tel changement accusde de tentative de meurtre et autres ddlits pathologique de l'6tat circulatoire sont coäfirmds une expertise de mddecine interne : l'exp6rience mddicale par I'importance --suivantet la diversitd des troubles de I'6tat- g6n6ral täh qu'ils Selon le d6cret du tribunal, I'expertise doit sont d6crits continuellement par lä patiente. 'ious comprendre particuliörement les points iuivants : ces troubles, ainsi que I'important affaiblissement des 1) Capacitd de I'accusd de comparaitre devant le capacitds plysiques et psycho-intellectuelles ont pour tribunal si ndcessaire. cause une faiblesse dans la circulation, provoquant - 2) Mesures th6rapeutiques et autres par lesquel- un approvisionnement insuffisant du corps en oxy- les la capacit6 de I'accusde ä comparaitie en juitice göne. Cet affaiblissement est particuliörement rapiäe et sensible peut ötre assurde. au niveau du systöme nerveux cential ; Le certificat a 6tö fait ä la suite d'un examen les tissus nerveux r6agissent de fagon particuliöre- effectud entre 13 heures et 15 h 10, le 25-l-1974, au ment exacerb6e ä ce manque d'oxygöne. service de mddecine interne de I'höpital cantonal du A I'aide de ces donndes m6dicaiei, nous pouvons Main-Taunus Kreia ä Bad-Soden/Taunus. r6pondre ä la premiöre question : du fait des iroubles importants + f31{ fonciionnels que psycho.intellec- Extraits tuels ainsi observds la patiente n'est pas en mesure, ä, I'heure actuelle,- de participer au d6roule_ III. Appr6ciation du m6decin spdcialiste. ment du procös. En suppldment aux diagnostics effectuds, il faut Et ä la deuxiöme question : mesures th6rapeuti_ remarquer, pour I'apprdciation mddicale et pour la ques : Outre ses 6l6ments constitutifs, la cauie du t02 103 progrös de la d6tdrioration de la santd de la patiente Motifs : se trouve d'abord dans les changements du mode de Ils s'appuient sur les documents suivants : vie provoqu6s par la d6tention pr6ventive. Cet 6tat 1) Plainte de maitre Schily, avocat, du 9-1-74. de fait doit 6tre le point de d6part de toute propo- sition th6rapeutique. Une condition pr6alable impor- 2) Ddclaration ä la presse de maitre Schily, du tante qui permettrait la participation au procös de la 10-r-74. patiente, est un traitement spdcial intensif de longue 3) Rapport des entretiens entre Katharina Ham- dur6e : la reconstitution de ses capacitds doit compor- merschmidt et maitre Ströbele, avocat, le 2-l-74. ter une r66ducation psychique et chimique de la 4) Article de l'hebdomadaire < Stern > du circulation. En ce qui concerne les mesures phy- l7-I-74, pages 125 et suivantes. siques, il serait bon de proc6der selon les m6thodes 5) Article du du l2-l-74. employ6es dans le centre de r6g6n6ration de la cir- 6) Expertise du docteur F.W. Neubauer, mddecin culation sanguine. Des mesures suppldmentaires interniste, Berlin 61, diefenbach-strasse 65. seront possibles : une nourriture riche et appropride, Katharina Hammerschmidt, prisonniöre politique, une interdiction du tabac (nicotine), des m6dica- n6e le 14-12-43, se trouve depuis juin 1972 en ments stabilisant la tension (Acrinor ou Ordinal d6tention prdventive. Il lui est reprochd d'avoir sou- retard), et des injections d'hormones r6nales de tenu la R.A.F. (Fraction Armde Rouge). beufs (Cortiron-depot). Il est particuliärement impor- En aoüt 1973, Katharina Hammerschmidt fut sou- tant pour la rdussite de ce traitement qu'il soit mise ä une radiographie de routine. On constata une effectu6 dans un milieu de vie approprid. La durde anomalie pathologique au mddiastin sup6rieur droit. d'une telle th6rapie est ddjä d'au moins trois mois, Aucun diagnostic ne fut alors entrepris pour savoir quand elle a lieu dans des conditions normales. Les ce qu'il en 6tait vraiment. observations rdp6t6es du systöme circulatoire, Le 29-9-73, la patiente demanda un m6decin et commencdes quelques jours aprös I'arr€t du traite- se plaignit des douleurs suivantes: ment, permettront de voir dans quelle mesure ce traitement intensif autorisera la malade, vue I'impor- l) enflement important du cou ; tance de ses troubles, ä participer, de fagon restreinte, 2) forte douleur ä la cage thoracique et au cou; aux d6bats d'un tribunal. 3) difficultd ä avaler et ä respirer I , 4) difficult6 ä parler - enrouement. A I'avocat g6n6ral du Landgericht Aprös examen, le mddecin d6clara ne rien pouvoir 1 Berlin 21 - Turmstr. 91 remarquer et fit appel au m6decin de l'dtablissement spdcialiste pour les maladies internes, docteur Löckel. Plainte döposöe publiquernent Celui-ci l'examina et le lu" ou le 2 aoüt, on lui fit Contre les m6decins de la prison pour femmes de une radiographie ainsi qu'une prise de sang. Le Berlin (21 - Lehrterstr. 6l), nous mddecins et inter- r6sultat de ces examens lui fut communiqud par le nes soussignds, portons plainte contre les docteurs m6decin quelque temps aprös : < Vous n'avez rien. > Meitzner, Dusen, Helfsmeyer, Schatterer, Löckel, et Si on s'en tient uniquement aux symptömes clini- contre le juge responsable Schedon, pour tentative ques, sans m6me tenir compte des rdsultats des deux de meurtre contre Katharina Hammerschmidt. radiographies, tout m6decin devrait soupgonner le

l04 105 ddveloppement de quelque chose qui occupe une niquc dc Moabit. Et ce n'est qu'aprös un acclg certaine place dans les rdgions thoraciques ou du d'Ctouffement drns la nuit du 28-au-29 novcmbrc, cou. Les dangers qui r6sultent directement d'un tel quc Katharina Hammerschmidt iut sortir dc la pri- diagnostic imposent ä chaque m6decin d'entreprendre son oü elle Ctait maintenue en d-Ctention prCventive. imm6diatement des examens approfondis. Le diagnostic et la thdrapie qui fureirt aussitöt Jusqu'au l2-ll-73, c'est-ä-dire durant six semai- entrepris indiquent : r obstruction de la circulation nes, il ne fut rien entrepris : les mddecins de la des membres supdrieurs (due ä un rdtrdcissement des prison ne firent ni diagnostic, ni thdrapie. veines) qui persiste möme quand les bras sont lev6s - Les faits suivants viennent encore äggraver cette turgescence des veines sur la face antdrieure du situation : thorax. . Poumon : son plein ä la percussion au poumon 1) le cou continuait tous les jours ä enfler; basal droit. 2) le visage se mit aussi ä enfler ; Radiographie I tumeur de grosseur la - d'une t€te 3) Ies difticultds ä parler augmentörent ; d'enfant au mddiastin antdrieur. 4) augmentation des difücutt6s respiratoires allant Diagnostic ! sarcome. jusqu'ä de graves troubles; Thdrapie : traitement aux rayons de cobalt. 5) difficultds ä avaler croissantes ; Nous constatons donc : bien-qu'une radio en aoüt 1973 ait montrd une caractdristique 6) persistance des douleurs thoraciques ; pathologique et 7) la patiente se pr6sentait aux mddecins tous les cliniques 6vidents jeudis (jour de consultation). Elle informait les appäraissent chez Kathaiina' Ham- merschmidt, mddecins de la prison de I'aggravation croissante les mddecins de la prison se sont refu- de son 6tat. sds pendant 4 mois (au minimüm) de prendre les mesures mddicales qui s'imposaient. -M{grd tout cela, les m6decins de la prison Katharina Hammerschmidt est maintenue ainsi reJusörent de prendre les mesures mddicalei qui que les autres prisonniers politiques - - en R.F.A. s'imposaient de toute urgence. Si Katharina Hammör- dans une situation d'isolernent total (exactement- schmidt a 6t6 examin6e depuis juillet 1972). le 12 f€vrier 1973 par un Afin de perfectionner -mddicauxplus effec- mddecin de la clinique universitaire, ce n'est pas tivement cet isolement, leJ traitements sur demande d'un m6decin de la prison, mais sur absolument n€cessaires n'ont pas 6t6 entrepris. Ainsi celle de quelqu'trn qui n'6tait pas m6decin, son d6fen- les m6decins se sont inclinds devant les int6röts de seur. Il avait arrachd une ddcision judiciaire. I'administration de la justice et ont agi en dehors Le m6decin sp6cialiste d6clare que de nouveaux de_tout comportement m6dicalement jüstifiable. examens sont n6cessaires sans d6lai, et que son 6tat Il s'agit lä d'une tentative de meurtre. est grave. Il ddclara dans une lettre aux mddecins Cette plainte a 6t6 signde par l3l mddecins en de la prison qu'il pouvait s'agir d'une tumeur. Il R.F.A. exigea que des observations s6rieuses soient faites immddiatement. Aucune de ces observations ordon- LA coNvENTIoN EURoPEENNE n6es par le m6decin sp6cialiste ne furent r6percut6es DES DROITS DE L'HOMME Anr 3. peut dans la prison. Deux semaines plus tarä, le 2g Nul ne 6tre soumis ä la torture ni ä des peines -ou lraitements inhumains ou ddgradants. novembre 1973, la patiente fut eiamin6e ä la cli-

106 107 Le sentiment que la cellule bouge tu te röveilles, tu ouvres les yeux la celfule bouge,- faprös-rnidi quand le soleil brille,- elle s'urArc but d'un coup. Tu ne peux pas te döbarrasser de ce sentiment que tu bouges. Tu ne peux savoir pourquoi tu trembles : de liövre ou de froid. Tu ne peux pß expliquer pourquoi tu trembles, tu göles. Pour parler ä voix normale, il faut des eflorts com.rne pour parler trös fort, il laut presque gueuler, EXTRAIT DE LETTRE Le sentiment de devenir muet. Tu ne peux plus identitier le sens flgs asls tu ne peux que deviner l'ysags des sifflantes - < Notre volontö de ne pas crever, de ne pas nous s, ss, tz, sch est absolument- insupportable. - lai-s1er vriser, est notre volontö rendre' de l,impos- Les gardiats,- Ia visite, la cour semblent de cellu- sible possible. Que nous soyons torturöes, coibien loid maux de täte flashes. de temps, avec quelle intensitö, avec ou sans chance On- ne peut plus contrdler- la syntaxe, la gram- de survie, cela ne döpend en aucune rnaniäre des maire. mots que nous utilisons pour döcrtre ces saloperies. öcris lignes, la Cela est obiet de consomnation. Maß cela ääpend Quand tu deux et ä la lin de deuxiöme ligne, tu ne peux pas te rappeler le döbut par contre de la force organisöe, de la puissancb des premiöre. protestations. Cela döpend de ce que nous sommes de la (vous tteg capables äe polariser fipiii"" publique Le sentiment qu'on se consume de l'intörieur, le d propos de la torture, en un mot d'amener'les gbns sentiment qui si tu disais ce qui se passe, si tu löchais ä protester. > cela, cela silllerait comme de I'eau bouillante ä Ia (Extrait-Lettre d'une prisonniöre politique de la ligure de I'aatre comme par exemple I'eau bouillante section silencieuse.) qui le brüle pour Ia vie, le döfigure. I e sentiment que la t1te explose, le sentiment Une agressivitö dömente, pour laquelle il n'y a pas qu'en lait la boite crönienne va-se casser, exploser. de soupape. . Le sentiment qu'on te rentre de lorce la moelle C'est le plus grave, la conscience claire qu'on n'a öpiniäre dans le cerveau. aucune chance de survivre, l'öchec total, pour laire Le sentiment que le cerveau se ratatine comme passer cela, le laire comprendre ä d'autres. un pruneau, Aprös les visites, c'est le vide. Une demi-heure Le sentiment que tu es sans cesse sous tension aprös, tu peux seulement reconstituer rnöcaniquement sans que cela se voie et que es tälöguidö. si la visite a eu lieu le jour möme semaine tu -associations ou la Le sentiment qu'on te dömolit les pröcödente. d'idöes. Se baigner une lois par semaine, cela signifie, au Le sentiment de pisser ton äme comme quand contraire, se d,ötendre pour un moment, se reposer, on ne peut pas se retenir. cela ne dure aussi que quelques heures. r08 109 Lc sentlmcnt que lc tcmps at I'cspacc sont lmbd- qu6s I'un dans l'autc, Le scntimcnt de sc ttouver au mllleu de mirolrs dälormants, dc titubq, Apräs : une öpouvantable euphorie, parce que tu entend quelque chose, ä cause de la ditlärence acous- tlque cntrc lc iour ct la nult, Lc scntlment que le temps coulc maintenant, quc le ceweau se dilate ä nouveau, que la moälle öpiniäre redcscend pen- dant des semaines, - Le sentiment qu'on t'a arrachä la peau, Kuus CnorsslNr

LA JUSTICE ET LA .TORTURE PAR L'ISOLEMENT'}

Andreas Baader Holger Meins Gudrun Ensslin Inge Viet Manfred Grashof Ulrike Meinhof Carmen Roll Werner Hoppe Rolf Heissler Irmgard Möller K. Hammerschmidt Bernhard Braun Dr Wolgang Huber Brigitte Monhaupt Dr Ursula Huber Jan Carl Raspe Siegfried Hausner Verena Becker Ingrid Schubert Irene G

1. L'attentat en question a 6t6 commis au printemps 1972.

111 Heinrich Janssen Stefan Heidebrand prdventive, les conditions de ddtention ne peuvent Klaus Jünschke Rolf Pohle 6tre renforc6es que dans la mesure oü cela est n6ces- Dieter Kunzelmann Heinz Brockmann sitd par les buts de la d6tention pr6ventive ou par Marianne Hoppe Wolfgang Grundmann le maintien de I'ordre ä l'int6rieur de la prison. Dans les faits, les conditions de la d6tention pr6ventive pour les prisonniers politiques d6passent de loin les et plusieurs autres prisonniers en ddtention pr6ventive cas de renforcement de la ddtention pr6vues par la ou en application de peine font depuis le 8 mai 1973, loi. Les prisonniers politiques sont maintenus en c'est-ä-dire depuis vingt-cinq jours, une gröve de la permanence dans l'isolement, ä la demande du pro- faim illimit6e. Ils sont ddcidds ä la continuer jusqu'ä cureur et par ddcision judiciaire. Dans le ddtail, les ce que leur juste revendication : suppression de la mesures d'isolement se fondent sur les ddcrets concer- torture par I'isolement, soit reconnue. nant les conditions de ddroulement de la ddtention Pour Horst Mahler, Ingrid Schubert, Eric Grusdat, prdventive, instructions administratives 6manant des Heinrich Janssen, Irene Görgens, Brigitte Asdonk, ministöres de la Justice des < länder ), mais n'ayant Monika Berberich et Hans Jürgen Bäcker, la d6ten- pas caractöre de loi. tion dans l'isolement dure depuis deux anndes et demie, pour la plupart des autres prisonniers depuis Ces mesures d'isolement comportent dans la rögle : plus d'une annde. De nombreux ddtenus, en prdven- l. Stricte d6tention individuelle; c'est-ä-dire que tion ou en applicatiori de peine, se sont associds ä le prisonnier est isol6 ä I'int6rieur de la prison pen- cette gröve de la faim, ayant compris que leur d6ten- dant des mois et des ann6es, isolement renforc6 par tion est une politique. r6pression la mise en place d'un grillage s'ajoutant aux justice fin Les institutions de I'Etat et de la nient barreaux devant les fen6tres ou de plaques de bdton avec une d6termination born6e que ces prisonniers empöchant le prisonnier d'avoir tout contact visuel sont des prisonniers politiques. Face aux moyens d'in- avec I'extdrieur. formation, on affirme qu'en R6publique Fdd6rale il prisonnier n'y a pas de prisonniers politiques. 2. Le est condamn6 ä faire sa prome- Cette affirmation nade quotidienne cherche ä tromper l'opinion publique. qui gou- seul. Etant d6jä isol6 dans sa Ceux cellule, ne peut entrer vernent cet Etat, les hauts fonctionnaires qui tiennent il en contact avec d'autres prisonniers au coPrs sa promenade. les leviers de commande, n'ignorent pas du tout qulil de y a en rdalitd des prisonniers politiques en R.F.A., 3. Exclusion de toutes activit6s collectives, ] com: que le nombre de ceux-ci augmente continuellement pris des services religieux et de la douche prise en et que de nombreux ddtenus prennent conscience du commun. caractöre politique de leur d€tention. 4. Censure politique des livres, journaux, rewes et Le traitement < sp6cial > infligd aux prisonniers toutes autres sortes d'imprim6s. A cela s'ajoute pour politiques, compard aux conditions de d6iention des beaucoup de prisonniers la restriction rigdureuse du prisonniers de droit commun, ddmasque l'impudence courrier et des visites, d'une maniöre jusqu'ä pr6sent du mensonge officiel. jamais pratiqu6e dans l'histoire de la justice d'aprös D'aprös I'article 119, paragraphe 3, du Code de la guerre. procddure p6nale (Strafprozessordnung), texte de Ces prisonniers ne sont autorisds ä recevoir du base sur les conditions d'application de la ddtention courrier que de leurs parents les plus proches, de tt2 113 leurs avocats et des services publics, toutes les ot du röglcment dca prisons alors quo, corrcct€mcnt . autres lettres sont renvoydes ä leurs expdditeurs, si appliqudc, les tcxtes constitutiofncls garantisssnt-et la elles ne sont pas, comme dans beaucoup de cas, sim- libertd d'cxpression et d'information intordiscnt plement ouvertes, au mdpris du secret de la corres- la censure. Pour le fonctionnaire appliquant la cen- pondance, garantie par la Constitution. Ils ne peuvent sure politique il y a identitd entrc- I,oräre constitu. dcrire qu'ä leurs parents les plus proches, leurs avo- tionnel auquel il doit se r6f6rer dans ses d6cisiois cats, aux services publics. Tous les autres envois et I'ordre social au pouvoir dans cet Etat. La fonc- sont retenus. tion de la justice devient pour tout un chacun 6vi- - Ces prisonniers ne peuvent recevoir de visite que dcnte lorsquc des juges ef des gardiens de prisons de leurs parents les plüs proches, de leurs avocats et faisant fonction de censeurs confiiqucnt des liires ou d'autorit6s dans I'exercice de leurs fonctions. Tous les revues socialistes ou de la littdrature marxiste ou tout autres visiteurs sont refoul6s. simplement orientde ä gauche ou encore lorsque ces Plusieurs prisonniers, comme Wolfgang Grund- personnages ddnoncent des * tendances extrdmistes r mann, Manfred Grashof, Klaus Jünschke, voient ou q de lutte des classes r. Cette fonction n'est donc tous les imprimds, y compris les quotidiens, censurds pas de prot€ger I'ordre constitutionnel mais de pro- par ddcision judiciaire. Les textei en rapport direct tdg.qr la domination capitaliste et la complicit6 irirp6- avec les. procös ä caractöre politique ou attaquant rialiste d'un ordre social oü l'un des articles essentiels ceux qui dans cet Etat possödent le monopole äe la de la Constitution de la R.F.A. est r6duit ä une violence, sont d6coup6s. Souvent les prisonniers phrase cynique : reeoivent .des journaux ou imprim6s presque entiö- c La Rdpublique fdddrale est un Etat f6d6ral rement ddcoupds. d6mocratique et social. r (Article 20, Grundgesetz, Une censure renforcde de tous les dcrits politiques paragraphe 1.) est pratiqu6g pour La justice politique protöge tous les prisonniers politiques-aussi' ne pas le systöme par les magistrats ou les garäiens. Cela est constitutionnel mais l'ordre social, c'est-ä-dire le une mesure d'isolement permanente. systöme de domination d'un Etat qui est un des Toutes ces mesures, de par leur nature et leur meilleurs alli€s de la puissance prinöipalement res- caractör-e syst6matique, doivent €tre d6finies pour ponsable de I'assassinat massif pratiqu6 au Vietnam qu'elles ce sont : traitement inhumain et tortüre ; et de I'oppression qui ddtruit dei vieJhumaines dans de-par leurs formes elles correspondent ä la d6fi- les pays du tiers monde. nition des traitements spdciaux innigds ä des 6tres La protection de ce systöme de domination humains et enfreignent I'article g dJh Ddclaration entraine la r6pression de tous les socialistes cons6- des Droits de quents avec eux-mömes. I'Homme et I'article premier de la loi C'est pour cela que-aux la jus- fondamentale (la Constitution de Ia Rdpublique f.6d6- tice- pratiquant la censure politique foule pieds rale d'Allemagne). les libertds.garanties par la Constitution, dös qu-'elles Or selon I'article 5, paragraphe 3 de la loi fonda- sont exerc6es par les prisonniers politiques qui ont mentale (Grundgesetz), personne ne peut ötre favo- d'un Etat ddmocratique, d'un Etat social, d'un Etat ris6 ou d6favorisd du faii de ses opinions politiques. de droit une autre conception que celle des gens pratique qui pouvoir . -La quotidienne dans läs prisons aböutit ont le dans cet Etat. ä I'interdiction sous le couvert des notions < d'ordre La justice politique m6prise ses propres lois si libre et ddmocratique r d, < ordre constitutionnel > elle entrevoit dans le respect de la-loi- un danger tt4 ll5 pour le sysGme de domination existant, möme si Dans une lettre adressde par le procureur de celui-ci est injuste, exploiteur et destructif. Karlsruhe ä I'avocat de Hausner, il est dit de maniöre Si I'existence du pouvoir r6el est remise en ques- lapidaire : tion, on s'apergoit rapidement de la fragilitd de la < Par la pr6sente je vous informe que votre client fagade de l'Etat de droit bourgeois et des garanties Siegfried Hausner sera transf6r6 ä I'höpital p6niten- juridiques de sa Constitution. On s'apergoit alors tiaire de Hohenasperg afin d'examiner sa respon- que les organes institu6s prdcisdment pour protdger sabilitd p6nale. > et garantir I'Etat constitutionnel I'attaque ouverte- Contrairement aux prescriptions du Code de pro- ment et massivement et il devient dvident que le droit cddure pdnale, ces mesures ont 6t6 prises sans d6ci- n'est que I'expression du pouvoir dtabli et des rap- sion juridique. Le procureur a dü renoncer ä cette ports de force. psychiatrisation aprös les protestations des d6fenseurs La justice rdprime la rdsistance des prisonniers et des membres du S.P.K. concern6s qui avaient politiques contre les structures du pouvoir en R.F.A. refus6s toute participation aux tentatives de psychia- en mettant en doute leurs facult6s mentales, en pr6- trisation par des mddecins de la prison. parant (ou en ayant recours ä) ,leur psychiatrisation. Aux protestations l6gales des prisonniers comme, La procddure contre le S.P.K. (Collectif socialiste de par exemple, une gröve de la faim, l'on rdpond par Patients de Heidelberg) en est un exemple. Pour la tentative de psychiatrisation de force. janvier la pr6paration du procös, le tribunal du Land ä Siegfried Hausner avait commencd, le 18 Karlsruhe a posd au directeur m6dical de la prison- 1973, une gröve de la faim contre l'isolement qu'il subissait depuis son arrestation. Le lendemain ddjä, höpital de Hohenasperg la question suivante : le mddecin du p6nitencier de Karlsruhe le menagait < En supposant qu'une personne refuse l'ordre de transfert au Hohenasperg s'il ne cessait pas la 6conomique et juridique de la R6publique f6d6rale gröve de la faim. En effet, Hausner a 6t6 transf6r6 d'Allemagne, et qu'elle se place consciemment en ä I'höpital prison un jour aprös. Le 23 janvier 7973, opposition avec ses structures dconomiques et un m6decin, Frau Dr Kulicke, lui annonga qu'on enfreint la loi pour les changer, est-il possible allait le psychiatriser. Les d6tails de son s6jour sont d'aprös les rögles reconnues de la psychiatrie d'af- tirds des observations faites par son avocat au cours firmer sur ce seul fait que cette personne souffre -malade de sa visite du 29 janvier 1973. Il d6crit la cellule de troubles de la conscience, est I'es- de 46, de sinistre r6putation, dans laquelle Hausner 6tait prit ou est atteinte de faiblesse mentale ? > enferm6. Je cite une lettre de son avocat au tribunal Le directeur m6dical a rdpondu ä cette dange- de Karlsruhe, dat6e du 31 janvier 1973 : reuse question de maniöre 6vasive... < Dans la salle qu'occupe Hausner, huit personnes Inddpendamment de cette demande, les institutions sont enferm6es, il n'y a pas de casier, mais des boites judiciaires, en I'occurence le procureur de Karlsruhe, en carton afin que les prisonniers puissent y ddposer ont proc6d6 un mois auparavant au transfert de qua- leurs affaires. Des traces de sang sur les murs qui tre membres du S.P.K., Eckehard Bleck, Siegfried pourraient provenir du fait que des prisonniers se Hausner, Heinz Mühler et Werner Schork, contre cognent la töte contre le mur. leur volont6 et par I'utilisation de Ia violence, ä < Ni chaise, ni table ; dans la salle, les intern6s ne I'höpital prison de Hohenasperg afin de les psy- peuvent donc que vivre au lit. chiatriser de force. < Comme les autres prisonniers, Hausner porte

116 lr7 I'unifo.rme -dc I'höpital-pricon, qui par scs tayurcs Koch, adressd le 23 mai 1973 ä la presse, on peut rappollc cglui dcs prisonnicrs dcs camps dc concon- lire : tration. Vers 17 heurcs I'on retire { Hausner ses < Bien que Baader se trouvät en bonne condition, vOtcmclts, ainsi quo son stylo ä bille, ce qui fait le 22 mai 1973 vers midi, le m6decin de la prison, qu'aprös cgtte heure il ne peut m0me pas s'occupcr le Dr Degenhardt de Kassel, arriva dans sa cellule ä 6crire. Cigarettes et tabaö lui ont 6td confisqu6i ä avec un commando de dix gardiens afin de lui faire son arrivde. ingurgiter par la force une solution ä I'aide d'un .. tif d'avocats de Francfort. L'avocat put s'assurer de A I'accusation de psychiatrisation forcde, le tri- l'6tat de sant6, relativement bon, du prisonnier. Lors- bunal du Land ä Karlsruhe rdpondit le 14 f6vrier qu'il se rendit I'aprös-midi ä nouveau dans la prison 1973, par 6crit : pour continuer sa visite, Koch apprit par le gardien c Le tribunal n'a pas ordonn6 ou autoris6 un exa- chef que le m6decin avait prescrit ä Baader de rester men psychiatrique. Il n'a pas eu lieu. D'aprös le strictement allong6. Une visite d'avocat n'6tait de ce rapport de I'höpital du Land, les m6decins ont voulu fait pas possible. L'avocat demanda ä ötre regu par se faire une image de l'6tat psychique du malade, du le directeur Metz qui refusa. fait-qufils le soupgonnaient dc troubles psychiques. > < En tant que d6fenseurs d'Andreas Baader nous -- Il ne peut 6tre reconnu de maniöre plui netie que constatons : Andreas Baader ne fait pas seulement I'on essaie de soumettre un prisonnier ä un examen I'objet de tortures psychiques, dans la prison de psychiatrique contre sa volont6 et sans la ddcision Ziegenhain (Hessen), mais il est tortur6 physique- judiciaire exig6e par Ia loi. ment selon des mdthodes copides dans les moindres - De maniöre g6ndrale, I'emprisonnement par l,iso- d6tails sur celles des rdgimes fascistes de Gröce, lement et les mesures prises par les instänces de Espagne, Portugal, Turquie et Br6sil. Une alimen- I'Etat pour I'appliquer ät poui briser la rdsistance tation par la force, malgrd la promesse de s'alimenter ldgale de prisonniers, atteignent une telle ampleur volontairement faite par le prisonnier, est une torture. que l'opinion publique ne peut plus rester iilen- < Nous exigeons la punition du mddecin de la pri- cieuse. Plusieurs prisonniers sont nourris par la force. son, le Dr Degenhardt, et de ses aides. > Citons le cas d'Andreas Baader. Dans un communi- Aprös ce traitement, le 24 mai 1973, Andreas qu6 de ses avoCats, Golzem, von Plottnitz, Riedel et Baader a 616 plac€ dans une cellule < söche > et pri-

118 119 jours privd d'eau pendant plusieurs (continuation des < Les deux expertises voient dans la privation tortures prdcddentes). d'eau potable un excellent moyen pour faire cesser Bernhard Braun, emprisonnd au pdnitencier de une gröve de la faim mais ne se posent pas le Munich-Stadelheim, a aussi 6td menac6 d'6tre priv6 problöme des cons6quences de cette mesure (1). ) d'eau, mais du fait d'une plainte portde par son Si malgr6 tout cela le dessöchement est pratiqu6 avocat contre le directeur de la prison, cette mesure dans d'autres prisons sur certains prisonniers, cela n'a pas 6t6 appliqu6. prouve ä quel point la justice et le systöme p6ni- Le tribunal de Munich a refusd la mesure de tentiaire de R.F.A. sont disposds ä la torture. Celui privation d'eau potable demand6e par le directeur qui dans une situation aussi alarmante garderait le de la prison le 2I mai 1973. silence serait coupable de complicit6 avec des mesu- < La privation d'eau potable serait selon I'avis du res inhumaines que le systöme au pouvoir rdserve ä juge d'instruction une atteinte injustifi6e au droit ceux qui ne peuvent plus longtemps supporter son fondamental du prdvenu ä I'int6grit6 de sa personne inhumanitd. (article 2, paragraphe II : Grundgesetz). Cela res- Klaus CnorssANT. sort aussi du jugement port6 sur cette mesure d'un 1973. point de vue m6dical. D'aprds I'expertise du mddecin du tribunal du Land une privation d'eau potable ne serait envisageable que th6oriquement et elle serait m6dicalement irresponsable möme pour une courte dur6e. La privation de liquide aurait des effets n6fastes sur la sant6 möme sous contröle m6dical. Du fait de I'apparition de troubles graves de l'6qui- libre mental l'on pourrait s'attendre ä des d6lires, des crampes, des syncopes, provenant de troubles de la circulation et finalement ä la mort par d6shy- dratisation. Du fait de ces cons6quences d6vasta- trices, cette mesure de dessöchement est incompa- tible avec I'article 2, paragraphe II, Grundgesetz. < L'article 2, paragraphe II de la Grundgesetz exige une base l6gale pour des interventions concer- nant le droit fondamental ä la vie et ä I'int6grit6 du corps. L'article 119, paragraphe III. SI.-PO (Straf- prozessordnung : Code de proc6dure p6nale) ne peut €tre reconnu comme fondement l6gal du fait de I'importance de I'intervention. < Cette mesure n'est pas non plus justifiable par les principes g6n6raux du ministöre f6d6ral de la sant6, ni par l'expertise du m6decin auprös du tri- l. Cette d6cision du tribunal a 6t6 annulEe le 5 juin 1973 bunal du LanC de Furth. aprös l'expos6 de Klaus Croissant, par le Tribunal du Land (instance sup6rieure de Munich). Braun a 6t6 plac6 dans une cellule söche. t20 d). pdnötre dans sa cellule accompagnd de doux gardicffi. La plaintc ayant trait ä I'interdiction dc participor aux manifestations collectives a 6td repoüssde iar d6cision du Landgericht de Kaiserslautern datCc'du 6 f.6vrier 1972.

2) 12 avrtl 1972 Juge d'instruction au B.G.H. : Les agents du B.K.A,- (2) ont toujours I'autori- sation de demeurer auprös du prdvenu durant les visites de ses parents.

3) l2 avril 1,972- Juge d'instruction au B.G.H. : Le prdvenu DOCUMENTS est dispens6 des menottes ä I'intdrieur des bätiments de la maison d'arr€t de Hambourg. En ce qui concerne I'heure de loisir, le port des I. Mesures spöciales - pour l'isolement. menottes est maintenu jusqu'ä nouvel ordre. 4) Electrophone ä piles autoris6, ä la condition Maitres expresse que la maison d'arr6t se charge de procurer Kurt Groenewold, Franz-Josef Degenhardt et Wolf I'appareil et les disques au pr6venu. Dieter Reinhard Avocats 5) 12 septembre 1972 Tribunal de Kaisers- lautern : - 2000 Hambourg 19 pr6venu Osterstrasse 120 Le ne sera autoris€ ä recevoir des visites et du courrier que des membres de sa famille ; les Objet : Instruction de I'affaire Manfred Grashof et journaux, les pdriodiques, les livres et autres objets Wolfgang Grundmann. imprimds devront €tre contrölds par l'dtablissement pdnitencier de Zweibrücken. Me rapportant ä votre lettre du 27 mars 1973 KG/SU/793 que le tribunal de Kaiserslautern- 6) 22 däcembre 1972 Tribunal de Kaisers- m'a fait parvenir- pour que j'y donne suite, je vous lautern : - transmets les instructions suivantes : I'accus6 Grashof Confirmation de la ddcision communiqude par fait I'objet des ddcisions judiciaires ci-aprös : t6l6phone : tous les articles concernant l'initruction et les procös des complices l) 24 mars 1972 juge d'instruction du B.G.H. (l) : du prdvenu dewont ttre d6coup6s dans les journaux a) mains li6es derriöre le dos lors des ddplace- dont la lecture est auto- ris6e. ments ä I'extdrieur de la cellule ; 7) 23 däcembre 1972 b) heure de loisirs prise individuellement ; Landgericht de Kaisers- : - c) interdiction de participer aux manifestations lautern collectives, service religieux compris ;

. l. q.G.H. : Bundesgerichtshof : Cour f6d6rale de jus- 2. B.K.A. Bundes Kriminalant : Police judiciaire fdd6- tice : la plus haute instance de justice p6nale en R.F.Ä, rale dont le modöle est le F.B.l. am6ricain. t22 t23 Le recours engagö par le pr6venu contre I'article Anötä N'6a6t6repouss6. 8) 16 janvier 1,973 Amtsgericht de Kaisers- < A la demande de la maison d'arröt de Karls- lautern : - ruhe les mesures suivantes ont 6t6 arrötdes ä I'en- Interdiction d'utiliser un poste de tdl6vision per- contre de Lutz Buhr et seront applicables dös son sonnel. retour de I'höpital pdnitencier de Hohenasperg : 9) Landgericht de Kaiserslautern : l) cellule individuelle, Le recours engag6 par le prdvenu contre I'article 2) promenade individuelle, No8a6t6repouss6. 3) bain individuel, 10) 5 octobre 1973 juge d'instruction du B.G.H. : - 4) interdiction d'assister aux activitds de loisir, service religieux inclu, Autorisation de fouiller d'une maniöre approfondie le prisonnier, ses effets, et sa cellule, particuliörement 5) contröle journalier et approfondi de la cellule, avant et aprös chaque visite ; observations r6p6tdes 6) fouille approfondie du prdvenu ä effectuer par au cours de la nuit, en actionnant briövement le deux gardiens avant chaque prdsentation au juge et commutateur de la cellule. lorsqu'il quitte sa cellule, ll) 29 mars 1973 Amtsgericht de Kaisers- 7) port des menottes pendant chaque pr6senta- lautern : - tion et lorsqu'il quitte sa cellule, Avant et aprös les visites de I'avocat, on devra 8) au moins deux agents seront requis pour pdn6- proc6der ä une fouille plus complöte du pr6venu et trer dans la cellule, de sa cellule. On s'en dispensera avant et aprös les visites de la famille. 9) hors de sa cellule le prdvenu doit ötre sous la surveillance permanente agents qui se tien- l2') 28 mars 1973 Amtsgericht de Kaisers- de deux dront ä proximitd, lautern : - Le prdvenu a la permission d'effectuer la prome- 10) aprös les visites des avocats et d6fenseurs, le nade quotidienne en compagnie d'un prisonnier en prdvenu devra 6tre soumis ä une fouille approfondie d6tention prdventive qui sera choisi par l'6tablisse- ä laquelle devront assister deux agents, ment pdnitencier mais ne devra pas faire partie des 11) au cours des visites, le prdvenu n'a pas le complices du pr6venu ni ätre soupgonnd des mömes droit d'accepter ou de donner des fruits ou autres d6lits. Les d6cisions Nos 11 et 12 ont 6galement 6t6 objets, prises ä l'6gard du pr6venu Grundmann. 12) le prisonnier n'a pas le droit de conserver Du reste, votre demande concernant le pr6venu dans sa cellule plus de dix livres et dix journaux Grundman n'a pas 6td satisfaite, cette affaire pas- (ou magazines). sant actuellement devant le B.V.G. Ces mesures sont n6cessaires, car le prisonnier actuellement en ddtention pr6ventive continue ä Signd Tagliobor manifester I'intention de troubler I'ordre de l'6ta- Le Staatsanwalt. blissement. Il y a lieu de redouter une tentative Procureur. d'dvasion ; il tend ä se livrer ä des actes de vio-

124 125 lence qui justificnt Io renforcement dcs meguros dc tempörent pas ä l'ordre de quitter la salle. Hoppe süret6, demanda mömes aux autres prisonniers, sans gränd Un recours pourra ttre engag€ contre cet arr0td succös il est vrai, de procdder ä un vote afi-n de il dcvra alors Strc ddpos6 par 6crit au grcffc dc d6cider s'il devait se ietirer ou non. Comme les -I'Amtsgericht de Karlsruhe. arrtres- perturbateurs refusaient de quitter les lieux, I'aumönier n'eut pas d'autre possibiiit6 Signd Waetkc, que d'inter- rompre la messe. Le comportement du prisonnier Juge. en ddtention pr6ventive Hoppe constitue non seule- ment une grave infraction au röglement de l,6tablis_ sement, mais montre aussi que Hoppe a tent6, en Arrätö misant sur la solidaritd des autres-prisonniers, de protester publiquement contre les ordres r6p6ttis de concernant la procddure engag6c faire silence et de les ignorer. Il est ä craindre que contre Werner Hoppe le prisonnier en d6tention pr6ventive tente de pousser les nC le l7 fdvrier 1949 ä Hambourg. autres ddtenus ä se rdvolter contre le röglement de l'6tab'issement. Ces inqui6tudes sont fond?es sur Le prisonnier en ddtention prdventive fait I'objet le fait qu'il partage les iddes des groupes de l,extr6me gauche qui se des mesures de sdcuritd suivantes : sont donnd pour but äe combattre et de d6truire I'ordre prot6gd par le G.G. (3) 1) interdiction de participer au service religieux, -quepar- tout par tous les moyens. - 2) interdiction de participer aux activitös collec- .et Sur le fait, aussi, le prisonnier en tives, d6tention pr6ventive n'a plus, comme par. le pass6, enfreint tout seul 3) promenade individuelle. le röglem-ent intdrieur mais qu'il s'est avec les Pour les points 2 et se ä une inter- -ligu6 autris d6tenus pour 3 on limitera organiser un soulövement diction d'une dur6e mois. Ensuite commun. d'un la ddcision Les mesures arröt6es sera reconsiddr6e. sont indispensables. Les mesures d6crites aux points 2 et 3 sont temporaires et seraient srrspendues si le d6tenu donnait l;impres_ Motils sion de vouloir ä I'avenir respecter le röglement int6rieur. Aprös la mise en application de I'arrötd du 12 juil- Le Pr6sident de la Grosse let 1973 stipulant la suspension des mesures de sdcu- F.K. 7 ritö ordonndes auparavant, il s'est av6rd que de von Gerkan nouvelles mesures de s6curitd doivent ttre prises. Juge si6geant au Landgericht Le prisonnier trouble le service religieui du 12 Remarques juillet 1973 en conversant ä voix haute avec d'autres prisonniers et ignorant les divers rappels ä I'ordre .La d6cision pr6cit6e du 12 juillet l9Z3 avait 6tö de l'aumönier. Il r6clame le droit de profiter du prise notamment ä cause des dommages physiques service religieux pour prendre des contacts avec les prisonniers et discuter avec eux. Hoppe et les 3. Grundgesetz : Loi fondamentale (Constitution de la autres prisonniers ayant contribu6 au ddsordre n'ob- R.F.A.).

126 t27 et psychiques qui avaient rdsultd d'un internement par isolement de plus de deux ans. Depuis la derniöre d€cision, Hq,Rne est encore plus isol6-qu'auparavant. Il est plongd dans le vide sonore : toufes les cellules situ6es ä cöt6, au-dessus et au-dessous de la sienne restent inoccup,6es. En ce qui concerne - la ddmarche de Hoppe-d'6cider deman- dant aux autres d6tenus de voter pour s'il devait rester ou non au service religieux, demande qui serait restde < sans 6cho >, il faut noter qu'au- cun prisonnier n'a exig6 qu'il s'en aille. Dans toutes les prisons, les services religieux ont toujours donn6 aux prisonniers I'occasion de prendre des contacts IEUOTCNNGES DE PRISONNIERS et de discuter entre eux. EXTRAITS DE LETTRES

Le chef 6cume I'Amdrique. Les prisons et le mar- ch6 des techniques de sdcuritd pour les prisons. Ce qu'il trouve bien on le construit ici. La < prison modöle > Klingelpütz est un bon exemple. Pas de meilleures conditions de vie pour les prisonniers, mais plus de s66uritd pour I'ordie, le calme et la rel6ga- tion. Le pr6venu est une chose dans les dossiers, un num6ro ; dans l'existence, un cobaye ä la limite de la vie. Les moyens .' d'abord les techniques d'adminis- tration : cela va du psychiatre ä la violence ouverte. Si celle-ci ne suffit pas, il y a, ä la prison de Rein- bach, une survivanve du Moyen Age ä disposition : les oubliettes. Quinze jours d'obscurit6 par exemple. Ensuite les techniques de construction : la prison est ä 80 ou 90 Vo s6par6e visuellement et aCousti- quement du monde extdrieur (bätiments bas, hauts murs, unit6s complötement fermdes sur elles-m€mes, dchelonnement : les gars difficiles au milieu, les autres autour). Les unit6s fermdes sur elles-mämes sont isoldes les unes des autres, en partie visuelle- ment, en partie acoustiquement. Chaque unit6 est comme une cage ä lapin, deux dtages il n'y a - t29 pas quand par de vis-ä-vis et on regarde la fen€tre nes : pas'de livres, pas de journaux les premiers dix de la cellule on voit le rouge monotone du mur jours, pas d'argent pour les besoins de base (tabac, arriöre (tout de la maison d'en face est d'un rouge etc.). Au fur et ä mesure, ils renforcent les mesures monotone). Cela 6vite d'avance les < conflits limi- de s6curit6 ; cadenas suppldmentaire, la nrdt un gar- t6s >. La taule est contrölable, la r6bellion plus dien devant la cellule et dans la cour un gardien facile ä combattre. Contre les hommes, I'arme de arm6. (...) l'isolement, la mdthode Ossendorf. Isolement. L'ensemble de la prison : tant de bäti- Au moment de mon transfert ä Cologne, les < mesures de s6curit6 > 6td terriblement renfor- ments s6par6s. L'ensemble du bätiment : tant de ont grillage-moustiquaire cellules s6pardes. peut encore augmenter cet cdes : lumiöre continuelle, On (pour isolement : stricte garde au secret. Refus'd'accorder devant les fenötres, mesures disciplinaires des piles des faveurs. Refus d'accorder des droits reconnus. v6tilles, par exemple ä cause de deux 6lectriques que je garder qui D'une fagon g6n6rale : le meurtre ä cr6dit. Pour la n'avais pas le droit de mais avaient gardiens propagande : un 6metteur dans la maison, Big Bro- 6td n6glig6es par les lors du contröle d'en- prome- ther qui peut t'atteindre toujours et partout, möme tr6e) ; fouille en allant et en revenant de la pendant gardes, arm6 quand la radio de la cellule est arröt6e, m6me quand nade ; celle-ci, trois dont un ; pour pendant les tu dors. y a eu huit suicides ä Ossendorf cette mancuvres terroriser ma famille Il quatre ann6e : huit meurtres. visites en nous faisant espionner par flics ; permission La police de l'6migration, la justice, les flics ne ils m'ont enlev6 ma radio malgr6 la don- juge sont que des complices. n6e par le ; ils m'ont aussi enlev6 mon thermo- plongeur... En gros voilä ä peu prös les faits. La plus grande vacherie aprös mon arrestation : une fois en ma pr6sence, une autre fois derriöre La torture par l'öclairage conün eI, I'usage du gril- mon dos, ils ont racont6 ä mes parents, mes deux lage-moustiquaire. j'avais je scurs et mon,fröre, ce que fait, ce que Lumiöre continue plus tard, ä partir de janvier pourrais avoir qui pourrait i fait, ce encore arriver, 1973, rdveil toutes les heures. La torture rdsulte de ce que je pourrais empöcher. Bref, on torture ma la conjonction entre la situation d'isolement et la famille parler. dans le but de me faire Les femmes lumiöre continue avec rdveil toutes les heures. < Les s'effondrent se pleurer. et mettent ä Toute la famille pensdes sont libres >, cela n'est vrai que sous rdserve. essaye persuader. je de me Et dois me taire devant Il faut pour cela un minimum d'autonomie physique (Mes tous les mensonges et les calomnies. parents et psychique. Si cette autonomie est rdduite par la croyaient aux autorit6s : que ergo, tout ce disaient lumiöre continuelle et le r6veil toutes les heures, les (En flics 6tait vrai.) Iran, des parents [par exem- par exemple, I'existence se rdduit ä la simple respi- ple fröre sceurl physiquement ou sont tortur6s pour ration. De plus, l'6clairage continu combind avec le forcer les prisonniers ä parler une < Lettre de [voir rdveil nocturne est I'expression d'un pouvoir de prison > dans Rösistance, No 1, septembre 19721 domination totale, c'est I'usure du combattant par tout ä fait dans cette ligne un article dans le B.Z. la d6monstration permanente de la < toute-puis- me diffamant comme traitre.) sance ) du systöme imp6rialiste. Si cette permanence En plus de cela, pendant jours, toutes sortes cinq du contröle est dirigde contre le prisonniel fag- d'obstacles pour m'empöcher de contacter mon avo- tique d'usure du foyer de guerre civile couvant- ä cat. D'autres brimades pendant les premiöres semai- prisonnier I'int4rieur du - le grillage moustiquaire 130 131 est un moment de l'encerclement du prisonnier, le attach6s, Ies menottes toujours au poignet, jhrrive point sur I'i de l'isolement. enfin dans la salle oü dix t6moins attendent que je " La torture larvöe. fasse mon entr6e. On me photographie. Ils m'ont arrangd une coiffure comme jamais de ma vie. Pour La torture comme somme de petits terrorismes : sür je n'ai jamais eu cette gueule-lä, que la promenade, attach6 I'inspection quotidienne et ce soit avant ou aprös mon arrestation. mdticuleuse de la cellule- le palpage ä chaque Toute I'affaire se joue sortie de cellule, etc. Cela -aussi c'est de la torture, entre environ 10h30 et 12 h 30. Tous ceux de la qui mais celle qui ne fait pas de gros titres. Soko voulaient m'in- terroger sont lä, sauf W. Pour Ia prison il y avait La violence nue. S. et la clique des inspecteurs et dvidemment un La nouveaut6, ga a öt6 la brutalitd : deux flics -paquet de matons. font irruption dans la cellule et m'attrapent par le R6sultats : c'est enfl6 ä la place des liens. Le bras ; avant m€me que je puisse me rendre compte dessus de la main est encore insensible (les nerfs de ce qui m'arrive, ce type de la < Soko > (1) qui a sont engourdis). Quand je bouge la töte ga craque un d6faut de prononciation est devant moi et veut et ca fait mal. Sur le cräne, j'ai une bosse. lire une d6cision du tribunal. Je me laisse tomber et pendant ce temps la cellule se remplit de matons * (l'un est arm6 d'une matraque, les autres sont pour l* la plupart des < armoires >). La suite est difficile ä d6crire. Pendant qu'ils me ligotent, celui qui a la L'arrestation. matraque me frappe le genou et la jambe gauche, un < T'as eu de la chance que Schorsch ait eu la autre essaie de me briser la nuque ; je me fais tout main süre. > ä fait l'impression d'6tre une grosse hdlice entourde Quatre journdes d'identification. de cinq petites (les cheveux). Les menottes sont D6fil6 des auxiliaires < neutres > : cur6, mddecin. serr6es jusqu'ä l'os. On me traine au cachot et on < Vous pouvez tranquillement me... ) < Ce que me jette sur le bas-flanc. Le type de la Soko essaie vous dites ici reste entre nous... ) - toujours de son papier. Je gueule < Je m'en Exp6rience < lire : - : ne pas c6der > d'un pouce, pas de fous ! Fous-moi le camp, rat ! > La rdponse ne se cigarette, pas de caf6, rien. Car de toute fagön, on fait pas attendre, il me relöve en me tirant par les ne voudrait pas les voir. A chaque < faiblesse > ils menottes qui se serrent si fort que je hurle, et il croient ddceler une piste possible, ils reviennent, ils me rejette t6te la premiöre sur le bas-flanc. Quelques recommencent. Chaque mouvement humain est temps aprös ils me trainent chez le coiffeur. Pen- pergu, ä cent pour cent, comme une faiblesse, dans dant qu'on me coupe les cheveux, la barbe .et les la cervelle d'un flic ; ils ne peuvent plus penser favoris, j'entends des cris horribles qui viennent d'une autrement. autre cave. Facile ä deviner : ljlrike ! On me tord Le quatriöme jour, ma möre est amende par quatre - "se le bras et j'avance de mon plein 916. D'abord je dois flics pour m'identifier. T. en personne plante retourner dans la cellule. Les pieds et les mains entre nous, nous interrompt : < Vous ne pouvez qu'am6liorer votre situation... > etc. Il veut commen- 1. Sonderkommission < Baader-Meinhof > : groupes poli- c-er un interro-gatoire, je l'ignore. Il nous interrompt ciers sp6cialis6s dans la lutte c anti-terroriste >. de nouveau. Je I'engueule : < la ferme >. Il bondit

132 133 de sa chaise, se rue sur moi cornme s'il voulait me surveillent la porte. Devant moi trois flics, un m6de- frapper. Se rend compte que cela pourrait nuire ä cin, la < s@ur >. Ils papotent tous. Je m'imagine qu'ils sa ldputation auprös de ma möre, le bon oncle qui veulent m'attacher afin d'avoir huit mains de libre, ne veut que mon bien. de fagon ä amener mes mains en position pour Moi : < C'est toi ou moi >. Je me löve. Il sort prendre mes empreintes digitales. (Auparavant ils et me laisse seul avec elle. Pas 6tonnant, elle l'ap- avaient essay6, sans succös, ä cinq, sans me lief, pelait tous les mois pour lui demander s'il n'avait pendant des heures.) Je ne sais pas du tout ce qu'ils pas encore de mes < nouvelles > ou des trucs de ce ont pu raconter. Je r6fl6chis f6brilement ä ce qui genre. va m'arriver. Ils se pr6cipitent sur moi, me jettent Il n'arrive pas ä faire des photos ressemblantes sur la chaise. Je donne des coups de pieds autour et pas du tout d'empreintes digitales. Au t6l6objectif, de moi. Aprös m'avoir attachd les jämbes et la le pull remont6, le col de manteau dress6, etc., de taille, quelqu'un, venant par derriöre me prenä la I'extdrieur de la cellule... Ils vous arrachent la töte töte et la presse vers le bas, me collant au möme en tirant les cheveux. Puis : les yeux ferm6s, faire moment le masque d'anesth6sie sur la figure. Natu- des grimaces. Tu peux ötre sür d'une chose : bien rellement ma respiration est trös forte. J'ai peur de que leur 6tant totalement liw6, tu ne feras rien volon- mourir, je veux rester 6veill6e, me raidis contre les tairement, ils n'auront rien de toi. Du fait de cette liens, ce qui fait que je respire plus fortement encore fermet6 tu es toujours aux aguets ici en taule : d'oü ce truc. viendra la prochaine attaque ? trls peuvent tout faire Je me r6veille dans une chambre de malade. Le avec toi ; en dehors de la machine il n'y a rien. brouillard. Ils sont autour de mon lit. En ce qui les Il est bon d'6crire. De tout noter. De comprendre, concerne, les matons, pas de ddsorientation. J,ai com- de d6finir tout ce qu'ils font avec toi, chaque salo- pris tout de suite : des flics. Mais il m'a fallu un perie, chaque ruse, de fagon ä Emousser ä chaque moment pour comprendre comment j'6tais arrivde fois le tranchant de leurs annes. sur ce lit de malade. J'ai dü leur demander, car je ne comprenais pas ce qui 6tait arriv6. Je vais aux L'anesthösie forcöe. chiottes, ä mi-chemin je vomis dans un lavabo. Le < Ils viennent me chercher dans la cellule vers porc avait tripl6 la dose d'6ther. Le soir encore ils 6 heures. Cellule söche. < Vous devez rester ä jeun. > devaient me soutenir, je voulais toujours sortir du Je n'ai pas compris pourquoi. B6tise ? Je ne sais lit dans mon brouillard. Je ne pouvais plus bouger pas exactement. Je crois que d'une certaine maniöre la mächoire, le cou 6tait 6gratign6. Ils iestaient iur je ne voulais pas le savoir. Je ne peux pas l'expliquer place.pour m'empöcher de sortir. Je disais toujours exactement. Je ne peux que dire que je n'ai jamais vouloir retourner dans la cellule. r6ussi ä m'imaginer ce qu'ils me feraient la prochaine Puis ils ont voulu causer. Je n'ai pas 6chang6 dix fois, aprös m'avoir de nouveau menacd < d'utilisation phrases avec eux pendant ces dix semaines. pas un directe de la violence >. Ce qu'ils ont fait. Je me mot. Je n'ai pas parl6 avec les gardiennes, dös le suis fait apporter un livre. d6but ; aprös j'en avais encore moins envie. Je ne Ensuite le service de sant6. La table gyn6cologique pouvais pas parler avec elles. Je connais toutes les pour s'allonger. Partout des liens de cuir, trente- savantes analyses, < leur situation est anssi contra- quatre centimötres de large. Je suis debout, face ä dictoire v €tc., et les analyses sont justes. Leur cette chose. Derriöre moi deux < armoires ä glaces >, limite : ces analyses ne comprennent pas qrre jus-

t34 135 tement ces contradictions sont instruments de ter- cellules. Il n'y a pas de plafonds, on marche sur du moins dans certaines situations. Non, un bäti en fer. touiours. Elles te ddsarment. C'est 6vident : les Dans la tour möme il y a une cellule de sdcuritd, contradictions institutionalisdes, arrangdes pour af- la veilleuse toujours allumde, sans interrupteur. Un faiblir la victime de I'institution, la ddsarmer, et lui haut-parleur que I'on ne peut entendre plus d'une enlever haine. la Et la haine contre les porcs est la demi-heure sans que la t€te se mette elie aussi ä seule forme que prend la vie en taule. vibrer. La cellule n'ayant pas d'intemrpteur il faut Tu remarques comme il est important de ne pas appeler la gardienne les infor- parler qu'ils si I'on veut entendre au fait f6tent chacun de tes mots mations. Les deux cellules voisines sont destin6es ä comme une victoire en r6alit6 comme soulage- emmagasiner du papier hyg_i6nique et autres articles ment leurs consciences- de de tortonnaires ct d'as- de nettoyage, elles sont donc vides. Les cellul.es en sasins. Tu les aides ä porter une partie de leur dessous et au-dessus aussi sont vides. responsabilit6, tu dois te faire leur complice. Tu l'heure de la bouffe, un tabouret est mis devant dois leur montrer ton accord avec tes propres tor- A ma cellule, trois gamelles, un couvert en plastique. tures. Ils veulent la victoire totale et comme cela Le maton se place ä cöt6 du tabour_et. Les filles de ils I'auraient. Et justement cela- tu le scl's et tu service s'amönent avec casserole remplissent les comprends entre autres choses, peut-6tre pour la la ; gamelles, disparaissent au coin, cinq mötres plus premiöre fois, ce que les savantes analyses ne savent pqs. loin. La trappe s'ouvre, la bouffe y est jetde, le couvert aussi. Une demi-heure plus tard elles revien- Aprös deux semaines ils m'apportent des livres nent chercher la bouffe et le couvert. Le tabouret sans que je leur demande. trls m'amönent chez le aussi est enlev6. mddecin parce que je ne parlais pas. Je n'ai parl6 avec eux que lorsque (aprös mon transfert) j'ai pu Avant que je sorte de la cellule, un gardien de parler avec d'autres ddtenus par la fen€tre. Lä, cela la section des hommes est toujours appel6. Les cou- 6tait possible. Pourquoi ? Parce que la lutte prend loirs sont 6vacuds, du fait que les prisonniers veulent une autre direction, parce que les contradictions me voir, ils dpient par les fissures. redeviennent importantes dans ce contexte diffdrent. Dans la cellule un lit de fer rabattu le jour. Deux On raconte de M.C. dans le bled (Aichach) que planches faisant office de table et de banc, sont leurs voisines ont demandd aux gardiennes si lbn ddtachdes du mur. La fen6tre, la partie infdrieure rdinstaurait le sysGme des camps de concentration. ä deux mötres cinquante du sol ütr long bäton Elles ont expliqud ä M. qu'elles ne savent pas ä pour 6teindre la lumiöre. Du verre-, canel6. Pour I'avance ce qu'elles feront. Elles doivent exdiuter. regarder par la fenötre sur la cour, ou sur le bäti- La question de leurs voisines leur 6tait ddsagrdable ment des hommes qui se trouve en face, il faut grim- car elles voulaient sortir de geö- per sur I'armoire boiteuse. Dans la liste des actes leur r6putation- de liöres. lnspecteur sociat ! punis par le röglement interne on peut lire < est montd sur I'armoire >. La taule. Le gros mec style patron, vient une fois par Aichach est une vieille prison. En forme de croix. semaine et me dit que je dois avoir un < ordre f6mi- D'une tour ronde vitrde, ä la hauteur du premier nin >. Comme il ne me donne pas de grand balais, 6tage, il est possible de voir tous les couloirs de j'arröte au bout d'une semaine et demie de Ie r6cla-

136 137 mer. La bouffe 6tant immangeable, je refuse de net- peut rdgler sa montre de cette maniöre. Jamais de toyer les gamelles. changement. Rythme meurtrier qui vous tape sur Une fois par semaine quelques bonnes femmes le systöme. L'heure libre, quand elle a lieu, est ä passent devant ma fenötre pour la promenade (ä 7 heures du matin. Seul avec trois matons, non sept heures du matin), elles y tapent et trois ou armds (du moins je ne vois pas d'armes). La cour quatre me saluent du poing ou font le signe de la de promenade est au bout du monde, dans le coin paix. Les gardiennes d'esclaves les chassent trös le plus retir6, d'ailleurs tous les prisonniers travail- rapidement. lent. Le vendredi, douche seul sous surveillance. Je me r6jouis, comme s'il s'6tait passd quelque Auparavant, fouille complöte. Pendant ce temps-lä, chose. > la cellule est mise sens dessus dessous. I e mardi, on a un ticket d'achat oü il faut faire une croix *** devant les choses dont on a besoin. Ce qui n'est'pas inscrit sur le ticket, on doit le commander ä part. üne autre taule. Les autres prisonniers peuvent faire leurs achats eux- u (...) La taule est un bätiment moderne avec m€mes et choisir eux-m€mes. Tous les trucs sont toutes les chicaneries possibles ; autrement dit. vachement chers. On nous traite selon toutes les construit selon les toutes derniöres ddcouvertes de rögles de I'exploitation (par exemple une livre de la torture. Il est possible d'isoler tous les prison- pommes : 80 Pfenning, environ 1,50 F). niers les uns des autres. Chaque cellule'est fermde Les iournaux. sur elle-möme : aucun contact par le corridor, vers On ne peut pas appeler ga des journaux. Ils sont le bas, etc... Les cel'lules d'ä cöte et d'en dessous ont d6chir6s ä qui mieux-mieux. Ils pourraient venir öt6 transform6es en d6barras aucun contact non : directement du marchand de chiffon. g6n6ral, plus dans ces directions. Des grilles en b6ton, et En les articles les plus importants manquent. Strack dit chez les prisonniers politiques y a en plus une il que tous les articles qui touchent d'une maniörd ou grille m6tallique contre les mouches. Les fenötres d'une autre les procös de la R.A.F. doivent 6tre (fenötres ä bascule, vitre incassable) peuvent s'ouvrir ddcoup6s pour la süret6 de la procddure. de la largeur d'une rnain. D'oü, mauvaise lumiöre Il semble qu'il y a toujours et partout des procös contre la toute la journde (du n6on) et mauvais air : toute la R.A.F. car il y a tous les jours des articles journde, mal de töte. La cellule contient : un lit de ddcoupds.- A I'occasion d'une comparaison j'ai pu fer, un casier m6tallique, une chaise, une table, un vdrifier qu'il manquait des articles qui n'avaient abso- W.C., un lavabo, un haut-parleur, un radiateur, et lument rien ä voir avec la R.A.F. Pure brimade, les tubes au n6on, qu'on peut commander soi-möme donc, destin6e ä nous d6sorienter. de 6 heures ä 22 heures. Grandeur : environ 2 m sur 4 m. Les r6clamations ä cause de la lulniöre et Journaux de gauche. de l'air restent sans r6ponse. N'en vois pas la couleur. J'ai une permission pour trois journaux de gauche, commandds y a trois quotidien. il Emploi du temps mois d6jä. Jusqu'ä aujourd'hui je n'ai encore rien La porte de la cellule s'ouvre cinq fois par jour. reeu. Le flic de la s6curit6 fait chaque fois des Toujours aux mömes heures. Petit ddjeuner, temps difficultds : ou bien I'exp6diteur ne correspond pas libre, distribution des journaux, d6jeuner, diner. On parce que son nom est 6crit ä la main ou bien une

138 139 quelconque invention. On veut ä tout prix emp€cher visite de I'avocat. Pendant ce tempsJä la cellule que je sois au courant de ce qui se passe au dehors : est pass6e ä la loupe. ddsorienter et ddmoraliser. Qu'ils aillent se faire fou- Courrier et visite. tre. Les r6clamations sont absolument inutiles. J'en - ai ddjä fait en masse. Toujours le m€me refus cyni- Aussitöt aprös mon transfert de Hambourg, il y que. (La r6clamation pour la fen€tre a 6t6 rejetöe eut pour moi un arröt du courrier et des visites, ä < pour que je ne tombe pas par la fen6tre >.) Il en I'exception de la famille. Vraisemblablement mon est de m6me pour tout. fröre n'appartient pas ä ma famille, car ils I'ont vachement couillonnd. Il a d'abord dü attendre des Commande de livres. heures pour I'autorisation. Et quand il l'a obtenue enfin, le temps de visite 6tait termin6. Et il a dü s'en j'ai premiöre Au bout de six mois regu pour la retourner sans avoir < accompli sa mission >. La quoiqu'ils fois des livres, aient 6t6 autorisds depuis r6clamation que j'ai ddposde ä la suite de cet inci- longtemps. J'ai donn6 au flic de la s6curit6 une liste dent n'a jamais 6td prise en considdration. Je n'ai de bouquins qu'il accorda et promit de commander. plus eu de visites depuis juin dernier. Ir courrier Quand, au bout de quatre mois, aucun des liwes je ä ma famille est repoussd de semaine en semaine et n'6tait encore lä, me suis inqui6t6. Tout ä coup, non transmis parce qu'il est diffamatoire ! La diffa- le m6me flic me dit qu'il fallait que fe les commande mation consiste dans le fait que j'6cris ä mes parents moi-m€me. Ce que j'ai fait. Pourtant il a renvoyd qu'on fait des expdriences sur les prisonniers politi- les livres parce qu'ils n'dtaient pas < autorisds >. ques pour voir combien de temps un homme supporte la terreur fasciste. Ceci est un fait objectif qu'ils Courrier des avocats. veulent cacher ä I'opinion publique. premiöre que C'est la fois le courrier de mon La confrontation. ddfenseur a 6t6 ouvert par Strack ou par I'avocat g6ndral, quoiqu'il ait öt6 distinctement 6crit dessous : C'est de la rigolade. Deux jours avant, la < Soko > Courrier de la d6fense. Ils essayent ainsi d'avoir des (commission sp6ciale) est venue pour me dire qu'il informations qu'ils n'obtiennent pas de nous parce fallait que je me fasse couper les cheveux et la barbe. que I'on ne veut rien avoir ä faire avec ces salo- J'ai refus6. Peu aprös, ils sont venus ä plusieurs et peries d'impdrialistes. Il semble qu'ils regardent notre m'ont train6 chez le coiffeur. J'ai encore refusd car courrier depuis ces derniers temps seulement. La ils ne m'avaient montr6 aucune d6cision 6crite de semaine derniöre ils ont saisi une lettre de B. sous ce genre. Ils me sont alors tombds dessus ; I'un d'eux pr6texte qu'il n'y avait pas (malgr6 I'en-töte) de me ligotait, l'autre me tirait par les jambes, puis ils courrier de la d6fense ä I'int6rieur. B. a port6 plainte m'ont attachd les mains ä la chaise, m'ont pris la contre cela pour non-respect du droit, etc... Ils font töte en tenaille et ont serr6. Je ne pouvais rien faire. tout pour rendre notre ddfense impossible. Dans Aprös cela, je ressemblais naturellement ä I'image d'autres prisons, les avocats peuvent aller et venir qu'il leur fallait de moi : le coupable. En tout cas, en semaine quand ils le veulent. Ici impossible. Les je n'avais jamais eu cette tete-lä auparavant. Deux heures de visite sont rdgl6es par les matons. Il va jours aprös, la confrontation. D'abord les mains sans dire qu'elles ne suffisent pas. En outre, on doit li6es derriöre le dos, traind ensuite dans un grand se d6shabiller complötement. avant et aprös chaque gymnase aux portes duquel dtaient install6s des

140 t4l flashes, qu'ils ont fait fonctionner jusqu,ä ce que je 18 mai. Le < m6decin > revient avec une suite puisse ne plus rien voir. Puis ils-m'ont traiid äu nombreuse (trois types en blouse blanche et cinq en milieu de la salle, et j'ai dü rester lä trente secondes vert.) D'abord refus de la consultation, ensuite aüto- debout. Qa n'a pas 6t6 difficile aux gcns d,identifier risation de prendre la tension (elle est, parait-il, inf6- un type ä qui on avait attachd les mäins dans le dos rieure de 80 ä la normale). Premiöre menace de me et qu'on avait < arrangd > ä < leur goüt >. La proc6- forcer ä manger avec une canule. Sorte d'intimida- dure fut renouvelde deux mois pluJ tard. tion. Il veut voir comment je r6agis. Rien. Les transports. l9 mai. Transport ä Berlin (pour le procts Kunzel- De Hambourg ä ici : j'ai öt6 conduit les mains mann). A 1l heures. L'6tablissement file de la bouffe dans le dos ä Fuhlsbüttel en auto, de lä par h6li- aux flics. Blabla dans l'avion pour me convaincre de coptöre. J'ai tout le temps 6t6 ficel6 au so[ comme bouffer. (< Mais mangez donc, les autres le font aussi, ul chien. Les_types de la < Soko > n,ont fait que en secret, personne d'autre que nous ne le verra, rire de mes rdclamations. > nous ne vous trahirons pas. >) Premiöre tentative d'interrogaloire par provocation. Ils perdent leur temps (< On parle pas ä ces gens-lä. >) Arriv6 ä * Berlin I'aprös-midi. Lä, aucune r6action ä la gröve *rt de la faim jusqu'ä mercredi, si ce n'est l,essäi de nous aguicher avec des trucs comme des oranges, des yaourts, de la viande, etc. u cnüvn DE LA FArM 23 mai. Retour ici le mercredi aprös-midi. Suis tout de suite r6quisitionn6 par le u mödecin > et son assistant flic. Ils veulent me forcer ä la canule, sans 8 mai. Ddbut de la gröve de la faim. Revendi- ddcision du tribunal. Refus6. cation aux flics de la s6curit6 : fin de Ia torture. 25 mai. Premiers symptömes. Douleurs aiguös ä 10 mai. Premiöre tentative de division des matons. I'estomac et pisse brune.-Venue du < m6decii, M. et K. ont soi-disant arretd leur gröve. Mensonge. renvoy6. Le soir, de nouveau du cacao sucr6, refus6.- Les matons veulent un peu trop viie lacher du lest. 26 maL Douleurs ä I'estomac de plus en plus Je m'en fous. Du 10 mai au 13 mai on a le soir {guös. .Mes jambes sont comme paraiys6ens. Aöcös du cacao sucr6. Sinon une ou deux fois du th6. D,oü de vertige. Je peux ä peine me tenir sür mes deux refus des boissons. jambes. Le soir, de nouveau du th6 suslS refus6. 14 mail Pour la premiöre fois visite d'un < doc- 27 mai. Venue du < m6decin >. Renvoyd.- La nuit, teur ). Consultation refus6e. Ce n'est pas la gröve violentes douleurs d'estomac. Je bouffe ün verre qui de est la cause de la maladie, mais la törture. Donc confiture. Qa va mieux. ce n'est pas gröve la qu'il faut supprimer mais la 28 mai. Je bouffe petit ddjeuner et d6jeuner. Sch. torture. < _ Arr€tez la torture, ensuite on bouffera. > (maton) court raconter ä toute la taule et ä K. et 15 mai. Le < mddecin > vient ä 6 h 30. Il veut me M. que j'arr€te la gröve. Qu'ils aillent se faire foutre. surprendre dans mon sommeil. Et en profiter pour Mensonge. Sch. veut pousser de cette maniöre les se faciliter (En la täche gdn6ral, le < m6decin > vient autres grdvistes ä arr€ter. Ils avaient fait de moi le toujours ä heures.) Refus t de la consultation pour noyau de la gröve. Ils voulaient transf6rer M. ä Ies m6mes raisons. Karlsruhe. Pendant ce temps, c,6tait chez moi les 142 143 grosses propositions : ils voulaient me couvaincre encore le nez bless6, le < mddecin > voulait abso- de suivre un examen < intensif > (ils parlaient de lument me faire passer la sonde par le nez. Toujours test pour le foie, d'dlectrocardiogramme, de radio). des chicaneries. Je lui ai demandd si c'6tait plus Qa voulait dire que je devais quitter la prison. Pour facile par le nez ou par la bouche, il m'a rdpondu : oü ? Facile ä deviner. (Cf Hausner.) Mais comme par la bouche. j'avais interrompu la gröve plus töt, la consultation 5 juin. Le < mddecin > vient ä t heures. Veut de n'6tait plus aussi importante. Qa montre clairement nouveau me nourrir de force. Refus. D'abord, parce leur intention. Il y a lä un lien direct avec le transfert que j'ai besoin de rien, ensuite, parce que je veux de M. On est soi-disant les grdvistes les plus d6sa- pousser le mdcanisme ä fond, comme ga a 6t6 fait gr6ables et ils veulent nous envoyer ä I'asile. < L'asile la semaine derniöre avec M., pour voir ce qu'ils pour les rdvolutionnaires. > fontl Je crois qu'ils ont I'intention de me faire un 31 mai. Le < mddecin > passe ddjä ä 6 heures ( examen intensif 1' g'ssg-|-dire m'envoyer ä I'asile avec une sonde et sans ddcision du tribunal, pour psychiatrique. Hier,- Sch. m'a volontairement donnd une < consultation >. Refus. Le soir, ä nouveau ce l'information suivante qui m'a 6tonn6. Il disait que thd sucrd ddgueulasse. Refus6. I'aumönier 6tait intervenu en notre faveur et que 1"" juin. Me sens faible. Peux pas tenir sur mes quelque chose changerait bientöt. Mais quoi ? jambes. Je suis tout de suite saisi de vertige. L'aprös- Dans les endroits oü l'on n'arrive pas ä instaurer midi, arrivde de la ddcision de m'adnninistrer de la torture par I'isolement, parce qu'il y a trop de force la nourriture. C'est Strack qui I'apporte. (Elle prisonniers politiquement conscients et pas assez de est dat6e du 24 mai elle a mis un ternps inha, cellules d'isolement, les flics et les geöliers se rabat- bituel pour parvenir jusqu'ici- intentionnellement. tent sur les mdthodes fascistes bien 6prouv6es : coups Les matons voulaient sciemment- me laisser ainsi et injections pour ceux qui se d6fendent le plus, < gigoter r.) Le soir je me suis effondrd en voulant menaces, intimidations, punitions collectives pour dteindre la lumiöre. J'avangais par ä-coups. IIs doi- les autres. vent savoir qu'un homme qui vit habituellement de Le 28 avril 1973 on a appliqud dans la prison pain et d'cufs ne peut pas faire une gröve d'un mois de femmes de la Lehrterstrasse des mdthodes de sans se ddtruire. cgmp de concentration. (Je bouffe pas beaucoup car cette bouffe pleine Qa commenc€ comme ga : de graisse me d€goüte. Elle me donne envle de La camarade I.V. souffrait de troubles de la ddgueuler.) circulation et risquait ä chaque instänt de tomber 3 juin. Pour la premiöre fois la sonde. Procddd en syncope ; elle demanda une infirmiöre pour avoir vachement brutal. Le type a fait ga si brutalement la permission de prendre I'air pour quelques minutes, que la sonde n'a pas pu passer par le nez. Qa a elle savait qu'aprös elle irait mieux. L'infirmiöre se gignd toute la matinde. (BlessureJ des muqueuses.) rendit bien compte qu'elle allait mal mais lui refusa F,lsuite il a fallu passer la sonde par la bouche. Qa l'autorisation de sortir en lui proposant ä la place allait mieux mais c'6tait pas encore ga. Qa me don- des pilules, que I. naturellement refusa. nait envie de vomir. M., une des pires gardiennes, arriva ä la rescousse 4 juin. Le cmddecin ) est venu ä t heures. Je me et fit remarquer ä I. qu'elle poussait et que de toute suis laiss6, < de mon plein 916 r, nourrir de force. fagon elle voulait recommencer ä semer la merde. Quoiqu'ä la suite de la terreur de la veille, j'aie eu I. eut alors une crise et tomba dans les pommes. t44 t45 I,es gardiennes la trainörent dans sa cellule. euand noude : ga ne laisse pas de trace. Le möme flic, la elle revint ä elle, elle vomissait et saignait du nez, tirant par les cheveux, lui bourra le visage de coups elle en avait ras le bol d'6tre trait6J comme une de poing. Les autres l'enchainöreni en serrant ä bloc, chienne, elle se mit ä d6molir sa cellule et ä foutre la balancörent sur son lit et se jetörent sur elle de ses fringues par la fenötre; elle s,arr€ta au bout tout leur poids, si bien qu'elle faillit €touffer. Pen- d'un moment et s'allongea sur son lit ; au moment dant ce temps-lä, les gardiennes vidörent la cellule oü elle allait s'endormir quatre ou cinq matons venus et une infirmiöre lui planta une seringue de tranquil- exprös de Moabit, lui tombörent deisus, I'enchai- lisant dans les fesses. Elle s'dvanouit et se r€veilla nörent et la trainörent au cachot. neuf heures aprös. La camarade A.R. qui avait appris Ils avaient serr6 les chaines ä tel point qu'f. en cette saloperie et qui dvidemment protesta aussitöt, eut les- bras et les jambes bless6s, ilJ la frappörent eut droit elle aussi ä une piqüre dont elle ressentait aussi dans les reins et au sexe. Malgr6 sa syncope, encore I'effet deux jours plus tard. on l'enferma au cachot, trou sans air et sans iumiöre Les autres prisonniöres qui se mirent ä crier, ä oü. il faisait plus de trente degrds jus- hurler et ä tambouriner aux portes, eurent elles ; elle y resta - droit qu'au lendemain, lundi, et ne iegut aucun soin. aussi ä I'exp6dition punitive envoyde par la directrice. Une autre camarade, K.H., avait appris en gros ce Le repas fut distribuö par quatre ä cinq gardiennes qui 6tait arriv6 ä I. et ddclara ä la gäidienne-qu'elle prot6g6es par trois ou quatre flics. La promenade, la voulait la voir. Elle n'en regut pas l,äutorisation. Elle t616, ainsi que toutes les occupations ä I'ext6rieur alla voir V.B. dans sa cellule-pour discuter de I'af- des cellules furent supprim6es ä la plupart des prison- faire. En revenant ä sa cellule, elle discuta avec la niöres. Entre temps, un grand nombre d'entre elles gardienne.sans que ga d6g6nöre en bagarre. Les fut puni par la direction. matons lui tombörent dessus, la passören1 ä tabac, lui donnörent des coups de pied et l,enchainöreni sauvagement aux bras et aux jambes. Un des flics lui enfonga un torchon mouill6 dans la bouche, un * autre la ficela dans une couverture oü elle faillit *rß dtouffer. L'un d'eux demanda une seringue et oir lui balanga une piqüre bien qu'elle se d6bättit ; c'6tait un puissant anesth6siant car elle s'€vanouit aussitöt et ne revint ä. elle que quatre ou cinq heures plus LETTRE DES PRISONNIERS POLITIQUES AUX AVOCATS tard. Elle avait des bleus aux jambes et a.rx 6ras, le visage enfl6, mal au cräne, et elle vomit. Son brai < Ne plus rien avoir d perdre. > gauche 6tait complötement paralysd et I'est encore aujourd'hui. Cette phrase est de I'or en ce qui concerne les . V.B. arait 6galement exig6 de voir I., ce que les individus. Personne, ä part les quelques paysans, les bonnes femmes refusörent. Elle donna alois des ouvriers avec leur petit lopin de terre ä la campa- coups de poing contre la porte ; un groupe de matons gne, personne en dehors des salauds n'a plus aujour- se pr6cipita dans sa cellule et lüi cögna la töte d'hui une vache ou un potager, möme pas un mor- contre le mur. Pendant que trois flics lalenaient, le ceau de pain qui viennent d'autre chose que du quatriöme la frappait avöc une serviette mouillde et travail salari6, que celui-ci soit productif ou bien

146 147 meme improductif. Chacun vit .de la main ä la < La pnson est partout dans le systöme. > bouche, il n'y a plus, en tout et pour tout, que des La prison est bien ce qu'il y a de pire pour tous proldtaires d'un cöt6 et des capitalistes de I'autie, plus les hommes. Celui qui est lä-dedahs ne peut vouloir leur armde de larbins manag-ers, politiciens, journa- qu'une chose, en sortir et on ne peut absolument listes, etc. Autrement dit, il n-y a plus zn senl iromme rien dire contre cela. Dehors c'est la rue.,. Acctt- qui ait quelque chose ä peiOre en dehors de ses mulez, accumulez ! C'est lä la loi de Moise et des chaines ; historiquement, voilä tout simplement la prophötes, et pas : ddtruisez, ddtruisez. situation. Mais rien n'attache autant, justäment, que Mais la prison a pour but la destruction, la dis' ces chaines : la consommation, les relations humäi cipline, la terreur ; la prison est une partie vitale nes, la famille et Brahms, les histoires de cul, Ie du systöme, mais justement une partie. Le camp de microcosme dans .les cages ä lapin, les exercices de prisonniers dans la guerre de la bourgeoisie contre voltige sur l'dchelle du prestige, les carriöres de la le peuple, autrefois ndcessaire pour forcer le pzuple peur, les espoirs r6ifi6s, la relation passive ä la mala- dans les centres d'accumulation, et amener enfin die, les projets de vacances, les deties ; et le premier I'histoire au point oü I'on peut se passer de lui. pas vers le cas 6ch6ant, dans l,action r6vo- Voilä la raison du < nouveau fascisme >, voilä pour- lutionnaire,- c'est de se ddgager de- tout cela. Ceux quoi il y a de plus en plus de rdsistants et de moins dont vous dites ou qui disent d'eux-mömes qu,ils en moins de < lumpen >en prisons. n'ont_ plus- rien ä perdre, ont effectivement d6jä Le principe de la guerre de peuple, c'est la sup'6- gagnd quelque chose : ils se sont rendu compie riorit6 ä long terme de la volont6 r6volutionnaire que les chaines enchainent et rien de plus, ce ilui des masses, contre la supdrioritd technique des merce- est ddjä, au niveau de la prise de conscience, une naires. La prison c'est ce principe pouss6 ä I'ex- lueur de libert6. Le < rien h'avoir ä perdre que ses tröme : tant de flics par prisonnier, le rnonopole des chaines I de Marx est une d6clarati,on histörique- armes, I'accumulation (impossible partout ailleurs) de mat6rialiste au sujet de la classe. Reportde aux indi- mat6riel logistique en rapport avec le nombre des vidus la phrase n'est qu'une idiotie. L,identitd r6vo- proldtaires. Serrures, verrous, serrures de süret6, lu,tionnaire ce n'est justement pas I'individu nettoy6, grilles, murs, talkie-walkies, autos, portes d'acier, d6barrass6 de tout, mais celui qui a d6jä gagn6 quit- pistolets mitrailleurs, plus la guerre psychologique. que chose : la conscience dont, ä conaitio-n que la Si partout dans le systöme on 6tait confrontd ä rdsistance s'y ajoute, d6coule la libertd d,actiön et, cet apparcil, on n'aurait pas besoin de former I'armde par I'action collective seulement, la possibilit6 de rouge. Les porcs auraient raison ; seuls quelques fous faire -usage des deux. Reconnaitre qu'ön n'a o plus malades auraient d'autres id6es en t€te que le suicide. rien ä perdre ), cela signifie avoir d6jä r6alis6 l;une Si les gens dans le < Märkischen Viertel , (4), ä des conditions n6cessaires pour avoir plus jusqu'ä l'usine, au bureau, reconnaissent : < Mais c'est une ce que I'on ait tout. - prison >, alors c'est une mdtaphore pour I'absence , Si vous croyez ce que vous dites, si vous trouvez de vie, la volontd de sortir, de ne plus supporter la..me1de- insupportable, alors qu;est-ce qui vous le despotisme des porcs, de ne plus danser sur leur retient ? llais le problöme est justemenf que si musique. C'est ainsi que I'on commence ä penser en peu de choses avancent, ou mämä d6marrent, bien communiste. que les signes du temps soient ä la rdvolution et ä rien d'autre. 4. Grand ensemble ä Berlin-Ouest,

148 t49 Mais si I'on s'endort sur cette prise de consqience, manitd de la prison ! RIEN NE PEUT REMPTA- alors elle devient fausse. parce qu'avec un nouveau CER LA LUTTE ARMEE. nom on.n'a rien gagn6. parce qutil s,agit de changer Il ne s'agit pas du tout non phis de < reddfinir le le moncte et que pour cela les diff6rences de terräin concept > mais il faut faire savoir publiquement que sont trös importantes. La phrase < partout dans le l'on torture dans les prisons de la R.F.A. Il faut systöme c'est Ia prison > cdlöbre le terrain de l,en_ sensibiliser l'opinion ä la torture, faire connaitre les nemi au lieu de l'occuper pour I'an6antir. nouveaux moyens sans oublier les anciens. Et Am- La nuit tous les chäts sänt gris, partout c'est Ia nesty un jour ou l'autre comprendra que le capital prison, cela c'est la nuit de ta ptrilosophie, la th6orie n'opöre pas sans la justice et que les combattants sans la pratique qui ainsi deviänt trös vite fausse. rdvolutionnaires en Angola n'opörent pas sans les . Le fait qu'ils nous aient priv6s pour le moment combattants r6volutionnaires en R.F.A. Alors il ris- de notre capacit6 d'action ne doil en aucun cas que d'y avoir pour Amnesty quelques < crises > parce faire. oublier qu'il ne s'agit pas d'interprdter le que cette prise de conscience les contraindra ä faire monde d'une maniöre nouvelle, mais d'agir. Et ce quelque chose comme un pas qualitatif, parce que qui ddfinit Ia situation c'est la d6faite de ia gauche la contradiction entre capitalisme et droits de dans la ddfaite de la R.A.F. Evidemment, la- r6vo_ l'homme leur pötera ä la gueule. Vendre la souf- lution < est la seule forme de guerre ou lä victoire france en se parant du nom prestigieux < d'anti- Ir9 peut ötre pr6par6e que par une s6rie de ddfaites >. fasciste > ce qui est d'ailleurs tout ä fait en Mais si nous nous contenions de r6p€ter la formule accord avec- I'id6ologie autoris6e et möme souhait6e d,ebile. ( partout dans le systöme c^'est la prison >, par le systöme sera alors un peu plus difficile. alors les porcs continueront leurs saloperies pen_ Parce qu'il s'agit- lä de la lutte du prol6tariat, du front dant deux mille ans. des forces populaires sans lesquelles le prolötariat ne peut combattre son andantissement, ni les droits de A propos < de la taule c'est la torture > et ä propos I'homme €tre arrach6s. justement de Ia torture. La torture. Le mot est pourtant clair : ddpasser Si Jes protestations contre la torture peuvent avoir les limites de la capacit6 de souffrance des hommes, une.fonction, alors que ce soit celle-ci : protection andantir les prisonniers physiquement et psycholo- de l'initiative rdvolutionnaire, de la gauche anti- giquement. impdrialiste en train de s,organiser äffectivement Lä oü c'est le cas, le bavardage doit cesser. Parler contre .des moyens et des mdthodes prdcis pour encore ä ce moment lä des souffrances c'est une fois forcer les gens ä parler. La vie et lä. santd'des de plus faire bon marchd des prisonniers. prrsonnlers sont comprises lä_dedans. Il y a la litt6rature sur la torture, du point de vue Evidemment la taüle c'est la torture comme la des salauds, des tortionnaires : le sadisme. Du point chaine, comme tout cela. Seule la violence peut de vue des victimes : le < kitsch ,. Il y a peu de nous en tirer. Seule la violence nous libdrera. choses dcrites effectivement du point de vue des vic- Les associations pour les droits de I'homme times (par exemple Henri Alleg en 1958 sur la tor- (Amnesty International, etc.), peuvent se charger ture en Alg6rie : froide description des saloperies). d'une fonction politique concröte, mais il ne s,alit M6me chose dans les rapports des associations pour pas seulement de d6noncer l,inhumanitd de la chaiäe , les Droits de l'homme. De toute maniöre, la fonc- et des cadences, il ne s,agit pas de d6noncer I'inhu_ tion de << r6v6lateur > qu'avaient les rapports sur

150 151 la torture il y a encore dix ou quinze ans, leur publi- cher lä est aussi vieux que les Notstandsgesetze (6)... cit6 mondiale, tout cela, c'est fini depuis qu'on tor- ..- Le nouveau fascisme n'est justement pas Hitler et ture partout dans le monde : C.I.A., paras, green- Himmler mais est produit par_le systöme, ici et main- berets, flics-criminels du Br6sil, etc... tenant, dans toutes les m6tropoles. C'est pourtant cela que les gens ne voient pas que prouve Et devant I'opinion mondiale une presse Qui s'auto. et Glucks- censure ä presque I@ Vo : dvidemment qu'on tor- mann. Et si l'on doit faire du pathos alors : ture ( partout >, mais en aucun cas dans son propre . Celui que a pris connaissance de sa position pays... Celui qui est vaincu, qu'il se relöve Il n'y a pas que les opportunistes qui se cassent Celui qui est perdu, qu'il lutte la gueule. Nous n'avons absolument aucune raison Comment pourra-t-on I'anöter ? de sous-estimer ä quel point les porcs sont rEsolus B. Brecht. ä nous bousiller, ä se d6barrassel de nous, et les L'identit6 du sujet rdvolutionnaire le noyau moyens qu'ils ont pour cela. Ils peuvent bousiller indestructiblg g'ssf la dialectique matdrialiste.- n'importe qui et n'ont aucun scrupule. - Martin (5) les leur enlöve. Et quant ä la protec- tion que vous, les avocats, avez pu exercer pour * nous jusqu'ä pr6sent, elle est sacrdment insuffisante ** et la politique de Martin veut obligatoirement que vous soyez < liquid6s >. C'est pour cela aussi que se forment les comitds contre la torture. Pourquoi Df,CLARATIoN DEs pRrsoNNIERs polrrreuEs EN GRtvB appeler la taule torture ? C'est pourtant bien suffi DE LA FAIM pENDANT LE Mors oe ulr 1973 sant que la taule soit la taule et le systöme le capi talisme. Notre gröve de la faim de janvier-fdvrier a 6chou6. Les larbins scientifiques-alibis du systöme ne Les promesses faites par la q Bundesanwaltschaft > ddtruisent ni I'un I'autre. peuple, ni Nous, le nous de supprimer notre isolement 6tait de la merde. Nous le ferons. sommes ä nouveau en gröve de la faim. Et pour cela nous devons prot6g6s ötre contre la Nous exigeons : torture. MEME TRAITEMENT POUR LES PRISON- Elle 6videmment partie fait de la contre-stratdgie NIERS POLITIQUES QUE POUR LES AUTRES du < programmes de lutte contre gudrilla du la > PRISONNIERS ! systöme. Dans l'avenir on torturera plus, pas moins. LIBRE INFORMATION POLITIQUE POUR Et puis y aura d'autres meurtres-suicides, il bien TOUS LES PRISONNIERS Y COMPRIS LA d'autres tentatives de meurtre. Et cela dans la.mesure PRESSE D'EXTREME GAUCHE. oü ils tiennent leurs troupes de terreur du Bundes- Ni plus ni moins. Imm6diatement. Nous ne nous genzschutz prötes ; ce que Khulmann est all6 cher- laisserons pas avoir par des mancuwes du genre : < Du calme, Ie temps travaille pour toi. > 5. Martin : Generalbundesanwalt : Pfocureur g6n6ral : g-rand inquisiteur charg6 de I'enqu0te et de la pbursuite de la R.A.F. 6. L6gislation d'exception pour l'6tat d'urgence.

152 153 Avale ta merde ou cröve ! C'est la loi du sys- vert6brale, il est encere r6cup6rable pour le proces- töme, celle du profit, celle qui intimide, menace, sus d'exploitation capitaliste, tandis que l'autre, qui paralyse, transforme en chien chaque enfant, chaque ne l'est pas, on l'dcrabouille. femme et chaque homme. L'alternätive, dans ce sys- Au milieu de tout cela quelques prisonniers-alibis töme, se r6sume ä cette saloperie : o,r i'6craser sous du systöme, hommes d'affaires condamnds pour le diktat du capital (la chaine ddvore des hommes fraude et les quelques porcs S.S. et recrache le profit ; le bureau ddvore des hommes La rationalit6 du systöme a toujours 6td de terro- et recrache la domination ; l,6cole ddvore des hom- riser et d'an6antir ouvertement une partie du prol6- mes et recrache la marchandise force de travail ; tariat dans les cas extrömes (Treblinka, Maidanek I'universit6 d6vore des hommes et recrache des pro- et Sobidor) pour briser la r6sistance de la grande grammeurs) ou alors crever de faim, se clochardiser, majoritd du peuple contre l'exploitation (la prison < se > flinguer. et les camps d'extermination 6tant I'avant-derriiöre Celui qui refuse cette alternative, qui aprös dix, et la derniöre mesure ä I'encontre de toute forme quinze -ou vingt ans de socialisation-dressage au de r6sistance), cela on le sait, c'est organis6 et tou- profit du procös de production capitaliste est tou- jours voulu. Les prisons deviennent d'autant plus jours une < forte tdte >, u gueulä > encore, sait importantes pour ce systöme que la rdvolte du peüple encgr_e utiliser ses poings pour rdsister ; est plus forte, que la morale du systöme, son id6e _ Celui qui ne supporte pas les cadences infernales de la propri6t6 sont fichus, et que I'armement du devient dingue, tombe rnalade ; peuple n'est plus une simple utopie mais une . Celui qui arl lieu de cogner son chef cogne sa contre-violence effective. - vieille et ses mömes plutöt que de se laisser 6louffer Les salauds ont les prisons bien en main, plus par la loi des bandits et dei assassins (Springer fait il v a de rdformes plus les mailles du filet du sys- 100 millions de marks de bdndfice net'par an töme p6nitentiaire se ressörent. Ils ont tous les < mais honnötement >) ; - moyens : violence, isolement, transfert, corruption, Celui qui_d6veloppe m€me des id6es de pouvoir privilöges, semllibert6 et << prison ouverte >, rdduc- ouvrier et de contre-violence, qui organise et fait tion de peine, mouchards, tortures, gräce, etc... Ils de la politiqug r6volutionnaire, est traltd comme un ont la chaine justice/police/incarc6ration/psychia- criminel ou uh fou. trie ; ils ont les media (journaux, t6l6vision, radio) ; . Depuis l'6poque de nos arriöre-grands-pöres, contre les tensions provoqu6es par l'incarc6ration depuis les ddbuts de la soci6t6 capitaiiste, cötui-lä (meurtre-suicide) : passage ä tabac, mise au pain se .fait cloper par I'asile, l,hospic-e, la prison, la sec et ä l'eau, chaines et cellules capitonn6es ; pour malson de correction, les juges, les flics, les psy_ les lavages de cerveau : la psychiatrie/ les flics chiatres et les curds. th6rapeutes/ le valium et la violence visqueuse et Celui qui ne se laisse pas imposer comme un fait sournoise. naturel Ja guerre inavou6e men6e par la bourgeoisie L'humanisme des porcs se r6sume en un mot : contre le peuple, se retrouve pris dans les äeules hygiäne. Le programme de r6forme des sociaux- de la violence d6clar6e, les cämps de prisonniers d6mocrates en une phrase : 6touffer les r6voltes dans du systöme. I'cuf par une dilförenciation de mesures discipli- Lä aussi, le tri recommence : I'un est < resocia- naires. lisable ), ce qui signifie que, priv6 de sa colonne Le prisonnier politique qui saisit politiquement 154 155 son histoire, qui agit et est traitd en consdquence, prisonniers, parce que c'est la condition de leur qui ddcöle dans I'inhumanitd de sa situation I'inhu- politisation, de leur prise de conscience. Tout de ce manit6 du systöme, qui sent la haine et la r6volte, qui est d'actualit6 dans les prisons : paie au tarif qui agit solidairement et exige une conduite soli- normal, culture/formation, protection des familles, daire, celui-lä on l'isole, c'est-ä-dire qu'on le d6molit autogestion, etc... parce que, sans auto-organisa- socialement. tion des prisonniers,- c'est la poudre aux yeux rdfor- En face de lui tout I'appareil judiciaire se fout miste, parce que, int6gr6e dans des promesses de depuis toujours des Droits de I'Homme et de la rdformes, la dimension politique mobilisatrice serait Colstitution parce que l'on ne peut pas le mani- fichue et intdgr6e ä la dictature des salauds et des puler et que si- on ne I'abat pas froidement on n'arri- gardes-chiourme. vera pas ä s'en d6faire. Ce dont nous avons besoin c'est de la solidarit6 Resocialisation : manipulation plus dressage. des camarades, pas seulement en parole mais en fait. On contraint ceux qui ont 6td i6lectionndi pour Notre gröve de la faim est notre seule possibilit6 cela ä vivre entre des murs, des matons, des rä$e- de r6sister solidairement dans I'isolement. Mais sans ments, des promesses, des menaces, des espdrances, la force, sans la violence de la rue, sans la mobili- des craintes, _ des privations aussi longtemps qu'il sation des citoyens antifascistes (citoyens dont la taudra pour qu'ils acceptent la merde et qu'ils ne docilitd est encore ndcessaire aux salauds), sans leur puissent plus agir autrement que de derriöre les mobilisation pour ddfendre les Droits de I'Homme grilles : ga c'est le dressage. et lutter contre la torture, notre gröve de la faim La collaboration du prisonnier est 6videmment seule ne suffira pas et nous resterons impuissants. souhaitde et fait partie du processus qu'elle abröge et rend irrdversible. Car il y a une chose que le NOUS NOUS TOURNONS VERS VOUS CAMA. prisonnier perd complötemenl dans I'affaire ei qu'il RADES, AVEC NOS REVENDICATIONS. doit perdre : le respect de soi ; c'est ga la manipu- lation. Ce que nous vous demandons c'est de soutenir, Plus il manient la saloperie de maniöre lib6rale d'imposer nos revendications : maintenant ä discröte - l6göre - gentille - sournoise - visqueuse - I'heure oü.vous.le pouvez encore, avant d'ötre vous-- -ddgueulasse bref plus psychologiqLre plus complöte memes pnsonnrers. est la destruction de la personnalitd- du prisonnier. Et se borner ä parler de la torture, camarades, L'ennemi mortel Jes psycho-flics, c'est le prison- au lieu de la combattre, ce n'est pas notre intdr6t, nie.r politique car pöui que les psychos-ialauds ce serait confirmer Ia fonction dissuasion de la puissent agir il- ne faut pas que les priionniers per- terreur. cent leurs masques de mddecin, de tiavailleur sotial Vos actions de janvier et de f6vrier : manifesta- de.ni.öre_ lesquels se cachent Ie pantin, le goret, le tion ä.Karlshure, cassage de gueule de Jessel(l); criminel : or le prisonnier politique perce öes mas- go-in ä la Nord Deutsche Rundfunk et chez quelques ques. salauds de magistrats, quelques pierres dans la sphöre Aujourd'hui on nous isole : demain ce sera le camp de concentration, la < solution finale >. Reform-Treblinka. Reform-Buchenwald. Nous exi- l. M6decin particuliörement sadique d'une prison de geons une libre inlormation politique pour tous les Hambourg.

156 ts7 privee, c'est excellent. Pas de teach-in pas de go-ln au Pen Club, rien sur le syndicat des 6crivains, rien NOTES ä I'adresse des 6glises, qui entre-temps r6agissent ä 1) Page 19, derniöre ligne. - Le procös de Bückeburg: Ia torture et ä propos des Droits de-l'Homme, pas procös du Hollandais Ronald Augustin .accus6 d'appartenir de manifestation ä Hamburg, Munich, Berlin, Franc- a la Fraction Arm6e Rouge. Ce procds se d6roule, non dans un tribunal, mais dans I'annexe d'une prison. Le tribunal fort ou Heidelberg, sans parler plus d'actions mili- qui siöge habituellement ä Osnabrück a 6td transförö ä tantes ga va pas. Bückeburg, ville difficile d'accös, ä tel point que tous les Confrontons- les salauds ä leur propre loi. Met- jours, magistrats et procureur sont amends par les hdlicop- töres du "Bundesgrenzschutz", police tons-leur sous le nez contradiction qu'ils unit6 de sp6cialis6e la entre ce dans la lutte "anti-terroristes". Le bätiment de la prison prönent : lä protection de I'homme, et ce qu'ils fönt : oü se döroule le procös est surveill6 par plusieurs unit6s sa destruction. de police, arm6es de pistolets mitrailleurs, accompagp6es policiers; Le 22 f6vrier 7973, le Generalbundesschwein Mar- de chiens il est entourö d'un triple r6seau de bar- bel6s et d'un systöme de t6l6vision en circuit fermö. Les tin a avou6 qu'ils ne peuvent pas rdsoudre cette visiteurs sont soumis ä des fouilles corporelles humiliantes, contradiction : < Les conditions de dötention sont leurs papiers d'identit6 sont photocopi6s et les donn6es sont chaque lois adaptöes ö la situation physique et psy- transmises par un ordinateur reli6 au fichier du "Bundes- kriminalamf', chique des prisonniers / > C'est vrai. On rögle auto- le FBI allemand ä Wiesbaden. L'accus6, Ronald Augustin, doit supporter la prdsence de deux avocats matiquement I'arriv6e d'oxygöne, on nous donne ä commis d'office qu'il n'a jamais vus, et qu'il a röcus6s. bouffer trois fois par jour et pour ce qui est du Le 10 avril, le procureur röclamait une peine de neuf ann6es nombre de visites de parents,- on peut 6videmment de prison. Des ddlögations d'avocats hollandais, frangais, jeter de la poudre aux yeux quand irlandais et italiens, appartenant au Comitö international de on part du z6ro d6fense des prisonniers politiques en Europe de l'Ouest, absolu. La plus haute instance juridiqui au service ont assistd ä des audiences et ont solennellement proteste de la clique des exploiteurs parle d'extermination ; contre ces graves manquements aux principes du droit dans cela explique tout ; le programme est en marche. Fai- des Etats d6mocratiques. C'est ä eux que fait allusion le chancelier Schmidt. sons pression sur les salauds, vous de I'ext6rieur, nous de I'int6rieur. 2) Page 23, avant-derniöre ligne. - Dossier du num6ro de mars 1974 de la revue les Temps Modernes, comprenant, en plus de ce chapitre: l'article de maitre Klaus Croissant TOUT LE POUVOIR A(J PEUPLE ! qui suit celui de S. Teuns, psychanaliste ä Uttrecht (Hollande), et celui de Christian Siggrist, professeur de sociologie ä l'Universit6 de Münster, en R.F.A., ainsi que I'article consa- Unissons toutes les forces du peuple contre le cr6 aux recherches sur la torture par f isolement. systöme de : profit/pouvoir,/viole nie / famille / 6cole / fabrique/bureau/ taule / maison de correction/asile.

QUATRE - VINGTS PRTSONNIERS POLITI- QUES EN GREVE DE LA FAIM. 8 mai 1973.

158 LA GREVE DE LA FAIM DU 13 SEPTEMBRE 1974 AU 2 FEVRIER 1975

LA RESISTANCE DES PRISONMERS DECLARATION DE GREVE DE LA FAIM A L'EXTERMINATION DES PRISONNIERS DE LA R.A.F., FRAcrroN ARM6E RouGE rN AueulaNe F6p6nlrs

.Celui qui a reconnu sa situation, comment pour- rait-il €tre empöcher d'agir ? Ceci est notre troisiöme gröve de la faim, contre les traitements . sp6ciaux, cöntre la ddtentionJiqui- dation jg.n{solniers politiques ddtenus en R€pu- blique Fdddrale d'Allemägne et ä Berlin-Ouest. L'fso- lement est le vieux truc de I'impdrialisme,-traitement naguöre la q solution finale >, par un sfdciat contre des minoritds d6cr6t6es < indignes de vivre >. Aujourd'hui q traitement spdcial , äes prisonniers politiques ddcrdt6s < hors la loi > par lis flics. R6sister ä la ddtention-destruction, aux traitements spdciaux suivants : ddshumanisation par I'isolement social, des ann6es- durant; . l-avages de cerveaux par la privation senso- rielle- dans des sections silencieusej : depuis d6but mai Ronald Augustin est d6tenu ä la seition silen- cieuse de la prison de Hanovre ; - nouvelles cellules d'isolement, ä temp6rature 163 diffamation et criminalisation des arrocats des constamment trop 6lev6e, insonorisdes, et surveill6es prisonniers- politiques ; par la T.V., selon le modöle exp6riment6 au secteur manipulation refus de recherche de la < Deutsche Fotschungsgemein- et de communiquer les dossiers- par la schaft > de Hambourg, ä : Berlin-Tegel, Berlin Lehr- B.K.A. Bundeskriminalamt ;' assouplissement ponctuel des mesures d'iso- terstrabe, Bruchsal, Essen, Cologne, Straubing ; - fmnsfelfs aprös chaque tentative de rompre lement afin de se servir de prisonniers contrölds par la police, comme t6moins et espions pour proöös, l'isolement- en appelant d'autres prisonniers : les c'est ainsi qu'ä Cologne-Ossendorf ou Jan Car[Raspe - au mitard de Berlin-Moabit, refuse de faire la promenade quotidienne, du fait que - au mitard de Bruchsal , la cour oü il fait sa promenade est utilis6e par des - au mitard de Essen, prisonniers en transit d'une prison ä I'autre, c'est-ä- - au mitard de Straubing, dire tous les jours d'autres cod6tenus, c'est une fluc- - au mitard de Preungesheim, tuation dans laquelle il n'est possible ni de commu- - au mitard de Fuhlbüttel ; niquer, ni de s'orienter. Jusqu'ä ce jour il s'est av6r6 dans la cellule d'isolement (la cloche) surveil- que tous les contacts autorisds exceptionnellement l6e- par la T.V., accoustiquement neutre, et attachd 6taient organis6s et contrölds par les flics (Sicherungs- des journ6es entiöres, ä la prison de Hambourg ; gruppe) ; tentative de meurtre par la privation d'eau terreur envers les parents par perquisition, au- cours de la gröve de la faim ä Schwalmstadt' observations,- injures et filatures avant et aprös les Munich, Hambourg, Cologne ; visites afin de faire pression sur eux pour qu'ils agis- sections de concentration pour les prisonniers sent sur les prisonniers comme les flics I'entendent. politiques- ä la prison de Lübeck; La gröve de la faim est notre seul moyen de r6sis- promenade quotidienne, les mains enchalndes tance collective au systöme de d6tention des cochons, ä Hambourg- et Lübeck; contre la < contre-stratdgie > de I'impdrialisme qui depuis deux ans et demi, d6tention dans des veut d6truire psychiquement et physiquement, c'est- cellules- spdciales ä Cologne Ossendorf, voisinant ä-dire politiquement des rdvoluiionnaires emprison- directement les portes de passages principales de la n6s ou des prisonniers qui en d6tention ont com- prison d'oü impossibilit6 de repos, la m6me chose menc6 ä rdsister de maniöre organisde. C'qst notre unique possibilitd, ä la prison de Berlin-Moabit ; 6tant ddsarm6i, emprisonn6s, iso- tentative de psychiatrisation, menaces et pres- l6s, d'utiliser notre force travail, nos forces physiques cription- d'anesth6sie forc6e dans des buts servant et intellectuelles, notre identit6 en tant qu'ötres I'enquöte humains, afin de faire tomber la pierre que l'Etat ; de la classe dominante cellule parloir avec vitre de sdparation pour a dress6 contre nous sur ses propres pieds. La lutte, c'est transformer les- visites d'avocats, rendant impossible la commu- la faiblesse en force. nication humaine, c'est-ä-dire politique ä Hanowe, L'isolement est I'arme du systöme de d6tention Stuttgart, Straubing ; contre tous les prisonniers, qui sont ddcidds ä ne confiscation r6guliöre de tout le mat6riel de pas se laisser d6truire en prison, et qui sont d6cid6s prdparation- ä la ddfense : notes personnelles par le ' ä combattre I'expdrimentation sur des €tres humains, Sicherungsgruppe Bonn Abteilung Staatschutz ; t64 165 le lavage de cerveau, le programme du systöme de ddtention imp6rialiste. Ils sont isolds afin de liquider ä faire tomber I'int6r6t politique que repr6sente notre toute politisation et rdsistance en prison de fagon ä procös en Allemagne de l'Ouest et ä cacher la strat6- rouler, ä tromper tous les autres prisonniers de droit gie d'andantissement du < procureur f6d6ral >, ce qui commun qui n'ont pas encore compris, bien qu'ils est une partie de leur programme. Le but de cette souffrent et ne possödent rien, comme nous, et n'ont mancuvre est, par le biais de condamnations indivi- rien d'autre ä perdre que leurs chaines. Nous appe- duelles, de prdsenter de nous une image divis6e, et lons tous Ies prisonniers isol6s ä lutter avec nous en mettant au pilori certains d'entre nous, de rompre contre I'isolement. le contexte politique d'ensemble qu'ont tous les pro- La suppression de I'isolement est la condition de cös contre les prisonniers de la R.A.F. (Rote Armee base ä r6aliser par notre lutte afin que I'organisation Fraktion-Fraction Arm6e Rouge) face ä I'opinion autonome des prisonniers, la politique r6volution- publique et de rayer de la m6moire des hommes, le naire, Ia lutte de libdration en prison puisse devenir fait qu'il y a une gu6rilla urbaine rdvolutionnaire en une possibilit6 rdelle de contre-violence proldtarienne R.F.A. et ä Berlin Ouest. Nous, la R.A.F., ne parti- dans le cadre de la lutte des classes ici m6me, dans ciperons pas ä ce procös, nous ne le mönerons pas. le cadre des luttes de libdration des peuples des Tiers La lutte anti-imp6rialiste, si cela ne doit pas res- et Quart Mondes, dans le cadre de l'internationalisme ter un slogan creux, cela signifie : an6antir, briser, prol6tarien, dans le cadre d'un front unique de lib6- ddtruire le systöme de domination imp6rialiste sur le ration anti-impdrialiste dans les prisons et camps de plan politique, dconomique et militaire et aussi les prisonniers des parties du monde domin6es par I'im- pdrialisme. institutions culturelles qui lui permettent de produire I'homogdn6itd des 6lites dominantes, ainsi que des systömes de communication son emprise TOUT LE POUVOIR AU PEUPLE PAR LA assurant id6ologique. L'andantissement militaire de l'imp6ria- CONQUETE DE LA VIOLENCE ! lisme veut dire sur le plan international an6antir les LIBERTE PAR LA LUTTE ARMEE ANTI. alliances militaires de I'imp6rialisme U.S. tout autour IMPERIALISTE ! du globe, ici : de I'O.T.A.N. et de I'armde fdddrale, Les prisonniers de la R.A.F., le 15 septembre 1974. cela signifie sur le plan national an6antir les forma- tions armdes de I'appareil d'Etat qui incarnent le monopole de la violence des classes dominantes et son pouvoir dans I'Etat, ici : la police, la police des frontiöres (Bundesgrenzschutz), les-services secrets. DECLARATION D'ULRTKE MEINHOF Cela signifie sur le plan 6conomique : andantir la LoRs DE soN pRocis A BERLTN structure du pouvoir des trusts multinatiönaux, cela LE 15 sepreMnne 1974 signifie sur le plan politique : an6antir les bureau- craties, organisations, appareils de pouvoir 6tatiques, que Ce procös est une manceuvre dans la stratdgie de autant non 6tatiques qui dominent le peuple. conduite psychologique de la guerre que mönent La lutte anti-impdrialiste n'est pas, et ne saurait l' < Office fdd6ral de police judiciaire >, le bureau ötre une lutte de libdration nationale, le socialisme du procureur fädöral et la justice contre nous, il vise dans un pays. Aux organisations transnationales du capital, aux alliances militaires globales de I'imp6- 166 167 du porvoir de I'appareil d'Etat cornme la congoi- rialisme U.S., ä la coopdration des services secrets, vent les partis rdvisionistes et -les groupes poui la ä I'organisation internationale du capital correspond formation de partis r6visionnistes, ou du-moins ceux de notre cöt6, du cöt6 prol6tariat, du de la lutte des qui pr6tendent le concevoir, car ils ne congoivent rien classes r6volutionnaires, des mouvements de lib6ra- du tout. Dans les m6tropoles, le concept dtEtat natio- tion nationales anti-imp6rialistes du tiers monde, de nal est devenu une fiction, qui n'est la gudrilla couverte par urbaine dans les centres de domination rien, ni.par la rdalitd de la classe dominante, de I'imp6rialisme, i"t I'internationalisme prol6tarien. sa politique, ni par la structure du pouvoir. Elle'ne"i < Un peuple qui en opprime d'autres, ne saurait peut möme plus s appuyer sur les fiontiöres linguis- s'6manciper lui-möme ), dit Marx, et il est clair tiques depuis qu'il y a dans les -döpays richeJ de depuis la Commune de Paris, qu'un peuple vivant I'Europe oecidentale, des millions travailleurs dans un Etat imp6rialiste qui essaie de se lib6rer immigrds. On assiste plutöt en Europe ä un inter- dans le cadre national s'attire la vengeance, le pou- nationalisme du prol6tariat en voie de formation ä voir arm6 ; l'hostilit6 mortelle des bourgeoisies de travers I'internationalisme du capital, ä travers de tous les Etats. Ainsi I'O.T.A.N. est maintenant en nouveaux m6dias, ä travers la ddpendance r6cipro- train de mettre sur pied une rdserve d'intervention que du ddveloppement 6conomiquä, ä travers l,6lar- en cas de troubles internes qui aurait ses bases en gissement de la communautd europdenne et les Italie. appareils syndicaux s'appliquent d6jä depuis- des ann6es ä l'assujettir, le contröler, I'instituiionaliser Ce qui donne son importance militaire ä la gu6rilla et l'opprimer. La fiction de l'Etat mdtropolitaine, et ici ä la R.A.F., aux brigades rouges national ä laquelle s'aggripent les groupes r6visionnistes en ltalie, ä la S.L.A. et ä d'autres groupes aux U.S.A. avec leur forme d'organisation, correspond ä leur f6tichisme ldgaliste, c'est le fait que ses objectifs d'op6ration dans le cadre leur pacifisme, et sa limitation petite-bourgeoise, de la lutte de libdration des peuples du tiers monde leur incapacit6 de penser de fagon dialectique. sont ä I'intdrieur des lignes, ö'esi le fait que dans la La petite bourgeoisie a toujours 6td dtrangöre ä linternationa- lutte solidaire avec les mouvements de lilidration du lisme prol6tarien et sa position classe tiers monde elle peut attaquer I'impdrialisme sur de et sa base de reproduction- excluent que - ses arriöres, d'oü il exporte ses troupes, sbs armes, cela soit autrement elle pense, agit et s'organise- toujours ses instructeurs, sa technologie, ses systömes de en tant que- compl6ment de classe communication et son fascisme culturel pour oppri- la dominante. L'argument selon lequel les masses ne pas mer et exploiter les peuples du tiers monde et pour seraient encore assez avancdes ne fait que an6antir les mouvements de lib6ration. Voilä la ddfi- nous rappeler, ä nous R.A.F. et r6volutionnaires, d6tenus däns I'iso- nition stratdgique de la gudrilla m6tropolitaine dans lement, dans les bätiments sp6ciaux, dans les sections le cadre de I'internationälisme proldtarien : d6clen- spdciales, subissant le lavage de l.a gu6rilla, la lutte arm6e, la guerre populaire cerveau, en prison $er ou encore dans l'ill6galitd les dans l'arriöre-pays de I'imp6rialisme, au cöuis d'un arguments avancds par processus prolongd les cochons colonialistes en Afrique et en Asie car la r6volution mondiale depuis 7O ans, les n'est assurdment pas- une affaire de quelques jours, noirs, les analphabötes, les esclaves, les peuples colonis6s, torturds, opprim6s, de semaines, de mois, elle ne se fera ässurdment pas affam6s, souffrant sous le joug du colonialisme par quelques soulövements populaires, n'est assuid- < ne sont pas encore assez avancds pour prendre- ment pas un processus court, assurdment pas Ia prise ) l6s 169 eux-mCmes en main, en tant qu'Ctres humains, Ieur administration, I'industrialisation, leur 6cole, leur vous pourriez avoir une id6e de solidarit6 et de lutte avenir. de classe. L'action a 6t6 exemplaire, parce qu'il s'agit dans Et dans les prisons y a en effet ä peine un il la lutte anti-imp6rialiste, de lib6ration de prisonniers seul d6tenu, qui devant cet espöce de porc d'avocat en g6n6ral de la prison que le systöme est devenu commis d'office, ne comprenne pas tout de suite longtemps pour- toutes les couches exploitdes et oppri et ne reconnaisse en lui le porc colonialiste, Ia classe mdes du peuple, sans aucune perspective historique, dominante, le masque, le singe. Seul un cochon colo- sans autre avenir que la mort, la terreur, le fascisme, nialiste peut avoir I'id6e, que les d6tenus seraient la barbarie. Lib6ration de I'emprisonnement dans la des < profanes > face ä la justice de classe, ce qui totale ali6nation de soi, de l'6tat d'exception politique est une insulte au peuple, et relöve du m6pris des et existentiel ou le peuple est la proie de I'imp6ria- masses. Ce sont les sales phrases de la petite bour- lisme, de la culture de consommation, geoisie qui ne craint rien, autant que la violence des m6dias, des appareils de contröle la classe proldtarienne, r6volutionnaire, libdratrice et par lä- , de dominante, en proie ä la d6pendance march6 I'appareil möme, l'ill6galit6 et la prison, parce qu'elle craint du et ä d'Etat qui incarne l'ali6nation et la domination de d'ötre expropri6e du röle de domination ridicule et la bourgeoisie sur le peuple. chauviniste que peuvent jouer les petits bourgeois dans le systöme imp6rialiste. Notre action du 14 mai C'est par la violence, armds, que nous avons pris 1970 est et reste I'action exemplaire de la gu6rilla ce dont nous avions besoin, que nous avons expro- mdtropolitaine. Elle contient, a contenu, tous les pri6 la justice de ce type sur lequel elle r6clame 6l6ments pratiques de la stratdgie de la lutte arm6e son droit de possession, tout comme elle rdclame anti-impdrialiste : ce fut la lib6ration d'un prison- de tous les prisonniers et de tous les prol6taires nier d'entre les mains de I'appareil d'Etat, ce fut une que nous employions, valorisions, notre force de action de gu6rilla I'sgfi6n d'un groupe qui s'6tait travail uniquement au service de la classe domi- armd et devint le noyau- politico-militaire par sa d6ci- nante pour les buts du capital. Or nous sommes sion de faire cette action. Ce fut la libdration d'un ddcidds- ä n'utiliser notre force de travail que pour rdvolutionnaire, d'un cadre, d'un type dont nous la lutte de libdration, ä ne plus nous vendre sous avions incontestablement besoin, nous qui avions quelque chantage que ce soit et ä ne plus rien d6cid6 de nous armer, de construire l'arm6e rouge, produire qui ne soit la lutte anti-imp6rialiste, la poli- de d6velopper la gu6rilla m6tropolitaine, de mener tique r6volutionnaire, le contre-pouvoir prol6tarien, la lutte anti-impdrialiste plutöt que de continuet tout c'est-ä-dire la contre-violence. simplement ä en jaser. Nous I'avons libdrd parce que La gudrilla ici, et il n'en n'a pas 6t6 autrement nous avions besoin de lui pour ce que nous avions au Brdsil, en Uruguay, ä Cuba, pour le Che en ddcid6 de faire lutter. Rien n'a chang6 depuis, et Bolivie, part toujours de rien, et la premiöre phrase, je parle ici, je fais une ddposition afin de dire que celle de sa constitution est la plus difficile. On est les flics sont en train d'assassiner Andreas, je le dis un. groupe de camarades qui ont d6cid6 d'agir, de surtout pour que vous nous aidiez ä empöcher cela, quitter le stade de la l6thargie, du radiCalisme vous allez peut ötre scander alors quelque chose avec verbal, d'assembldes, de r6unions, de discussions un contenu politique et un sens politique et alors toujours davantage sans objet et de lutter. Mais tout manque encore. Il s'avöre- que ce ne sont pas 170 l7l la double vie et luttons. Que la cause du peuple, des uniquement les moyens qui manquent, il s'avöre, et masses, des O.S., des lumpen, des prisonniers, des maintenant seulement, quel type d'individu quelqu'un apprentis, des hommes dans les asilep de nuit, des est. C'est I'individu rn6tropolitain qui est issu du masses les plus basses dans notre pays et des mouve- processus de putrdfaction et des contextes de vies ments de libdration du tiers monde est notre cause mortels, faux, ali6nds du systöme : I'usine, le bureau, autant que notre cause, la lutte arm€e anti-impdria- l'6cole, I'universit6, et les groupes r6visionnistes. Les liste, est leur cause. Notre cause est la cause des profession- effets de la division du travail entre vie masses et inversement, quand bien mäme celle-ci ne nelle et vie priv6e, de la division entre travail manuel pourra devenir et ne deviendra rdelle qu'au cours et travail intellectuel, les processus de travail hi6rar- d'un processus prolongd de d6veloppement de la chiquement organis6s, toutes ces d6formations psy- guerre du peuple. chiques de la socidtö marchande, cette soci6td m6tro- < Il n'y a pas de raison >, 6crivait L6nine,' en politaine pass6e putrdfaction de au stade de et 1916 ; contre fu cochon colonialiste et ren6gat Kaut- stagnation, apparaissent sky, u de supposer sdrieusement que dans le capi- Mais c'est ce que nous sommes, c'est de lä que talisme, la majoritd des prol6taires puissent ötre nous venons. Nous sommes l'engeance des procös regroup6s dans une organisation. Ensuite et c'est d'andantissement et de destruction de la soci6t6 l'essentiel, il ne s'agit pas tant de la quantit6 des mdtropolitaine, de la guerre de tous contre tous, de membres que de la signification objective et rdelle la concurrence, de chacun contre chacun, du systöme de sa politique. Cette politique reprdsente-t-elle les oü rögnent la loi de la peur, de la coptrainte, du masses ? c'est-ä-dire sert-elle les masses ? Sert-elle ä peuple en rendement, le carri6risme, la division du la libdration des masses du capitalisme ? Ou bien hommes et femmes, en jeunes et vieux, en dtrangers repr6sente-t-elle les intdröts de minoritö et la 'capitalismela et allemands, oü rögnent les luttes de prestiges. r6conciliation avec le ? Nous ne pou- que Et c'est de lä nous venons de l'isolement, de vons pas prdvoir avec pr6cision quelle partie du pro- la maison individuelle de s6rie, des cages ä lapins, ldtariat suit, et suivra les social-chauvinistes et les des cit6s en bdton, des banlieues, des cellules de opportunistes. C'est dans la lutte que cela se rdvö- prisons, des recoins des cellules de prisons, des lera, cela se ddcidera en dernier ressort dans la rdvo- asiles et sections sp6ciales. C'est de lä que nous lution socialiste. Si nous voulons rester des socia- venons du lavage de cerveau par les m6dias de la listes notre devise est d'aller vers les masses les plus consommation du chätiment corporel, de I'iddologie d6favorisdes, les masses rdelles, c'est la signification de la non-violence, de la d6pression, de la maladie, profonde de la lutte contre I'opportunime, cela en ddclassement, de l'insulte, de du de I'humiliation et est tout le contenu. > que tous les exploitds de l'impdrialisme. C'est de lä Nous avons lib6r6 ce type parce qu'il est un r6vo- nous venons de la prostitution de la bourgeoisie, de lutionnaire et il I'a ddjä 6td ä ce momentlä. Parce I'emprisonnement dans l'dducation bourgeoise et qu'il incarnait d6jä ce dont la gu6rilla, I'offensive jusqu'ä l'dducation proldtaire, ce que nous ayons politico-militaire contre I'Etat impdrialiste ont besoin, compris la ddtresse de chacun de nous, comme la ä savoir la volontd d'agir, la capacitd de se d6finir ndcessitd de nous libdrer de l'impdrialisme, comme uniquement et exclusivement en fonction des buts et 6tant la n6cessit6 de mener la lutte anti-impdrialiste. des n6cessit6s, des täches et du travail qui en d6cou- Que cela d6pend de nous si l'oppression se perp6- lent. Parce que dös le d6but, lui seul pouvait tenir tue, si nous nous prol6tarisons, si nous abandonnons t73 172 gu6rilla, des cadres. La structure du groupe est col- la discussion ouverte, le processus d'apprentissage lective, c'est-ä-dire les lois du march6, de la divi- collectif, et pouvait emp€bher et interäire que ia sion du travail, de la sdparation. entre vie profes- discussion ne ddgdnöre öu ne se termine en'luttes sionnelle et vie priv6e sont abrogdes en son sein. pour le pouvoir. Parce que dös Ie d€but, il n,y avait Le groupe devient libre de domination dans le en lui-plu,s rien de ce qü'est l,imp6rialisme, il'n'6tait processus de conquöte de sa libertd d'action. Les pas ali6n6 dans ses relations avöc les auties. parce structures de direction autoritaires n'ont aucune base qu'il est.un typ-€ qui n'avait en lui plus rien de petit matdrielle dans la gudrilla parce qu'entre autre le bourgeois, qu'il a toujours, dans öhaque situaiion, döveloppement volontaire de la force productive de et envers tous et chacun pens6 et agit de maniöre chaque individu est la condition de I'efficacit6 de la proldtarienne, d6sint6ressde et partiaG. gu6rilla r6volutionnaire : intervenir avec de faibles La fonction de direction dans une organisation forces pour ddclencher la guerre populaire. rdvolutionnaire est la suivante : ddterminär I'orien- Cornme Andreas l'est et l'a 6te dös le d6but, ä tation, pouvoir distinguer dans chaque situation ce savoir un rdvolutionnaire il se trouve dans la ligne qui. est essentiel de ce qui est accissoire, ce qui de mire des flics, qui utilisent actuellement, la revient ä dire, ne jamais perdre de we le but : la conduite psychologique de la guerre, ä savoir I'office rdvolution et les principes du communisme ; faire fdd6ral de la police judiciaire, le bureau du procu- preuve de collectivisme et d,altruisme toujours et ä reur fdddral et la presse de Springer mönent contre chaque seconde. nous. En essayant par la conduite psychologique de . Dans-le p-rocessus de constitution de la gudrilla, la guerre de d6truire l'objet : ä savoir la politique c'est-ä-dire du groupe qui a commenc6 ä lütter, ii r6volutionnaire, Ia lutte armde anti-impdrialiste et se ddbarrasse des reprdsentations des rapports de d'an6antir ses effets sur I'opinion publique en nous production bourgeois- qu'il a dans son t'sychisme, pr6sentant comme une affaire d'individus isol6s, ils de l'Etat qui est sous Ca peau et dans les iapports nous pr6sentent comme ce qu'eux-mömes ils sont; de communication d6terniin6s par la concurrence, et pr6sentent les structures de la R.A.F. comme celles car il apprend au cours du ddvelöppement de I'action de leur propre domination ä I'image de l'organisation de gu6rilla ä se ddfinir par rapfört aux buts et ä 'domination.et du fonctionnement de leur propre appareil de prendre pour objet les öonditi-ons de la lutte, car Comme le Ku Klux Klan, comme la chaque individu apprend dans le procös du travail mafia dans la mesure oü les principes de domi- coltftif justement ceci, s'orienter, penser de maniöre nation -impdrialistes sont le chantage, la d6pendance, prol6tarienne, ddsint6pess6e, anticäpitaliste et anti- la concurrence, la consommation, la sdduction, la imp6rialiste. Nous ne parlons pas'du centralisme- protection, la manipulation, la brutalitd qui marche ddmocratique parce que la gudrilia urbaine ne saurait sur des cadavres, etc. De telles projections sont pos- luliill app.areil centralisdl dans Ia mdtropole qu'est sibles parce que chacun vivant dans ce systöme est la R.F.A.-Elle n'est pas un parti, mais une organi- habitud ä se voir avec les yeux des autres. Ce sont s-ation politico-militaire qui ddveloppe-de sa fonötion les autres qui d6terminent ce que vaut la force de dq direction collectivement ä partir chaque unit6 travail, que chacun est obligd de vendre pour pou- individuelle le groupe avec pour tenäance la voir vivre, jamais nous-m€mes. La radio et la tdl6- dissolution dans- un protessus- d'appientissase collec- vision s'adressent ä nous, comme s'il y avait une tif .au sein du groupe, le but 6ta;i toujouri I'orien_ comprdhension, un accord, une parent6 entre ces tatron autonome et tactique des militants, de la t75 174 faits sur 1'6cran et nous, et il y en a effectivemenl se sauvent, ils d6noncenf et freinent et se mettent dans la mesure oü Ies institutiöns dont ils sont Ies du cötd des oppresseurs. employds-et celles pour lesquelles le peuple est oblig6 C'est le problöme que Marx a tant de fois formul6 : de travailler, sont ies mömös : ce sont lös institutiois ä savoir qu'une personne n'est pas ce qu'elle croit de l'impdrialisme. Le cochon s,adresse ä nous, en tant ötre, mais quelle est sa fonction r6elle, son röle dans que ce que nous sommes rdduits ä ötre dans ce sys_ la soci6t6 de olasses ; qu'elle est d6terminde par ce töme, objets de domination et d'exploitation, acfre- systöme et ses contraintes, si elle n'agit pas par elle- teurs et consommateurs, individus guid6s de I'ext6- möme, si elle ne lutte pas, si elle ne prend pas les rieur, ce que la culture de consorimation n,a fait armes. que totaliser. C'est Ia maladie de I'individu m6tro- Par le moyen de la conduite psychologique de la politain, le regard de I'ext6rieur, la perte de la guerre les flics essaient de d6truire l'image des r6ali- conscience de soi. Ce qui donne son caractöre cho- t6s que la gu6rilla a corrig6, c'est.ä-dire que : quant ä notre action, c'est que des gens agissent sans ss 11'ss1 pas le peuple qui a besoin, pour exister, se voir par les yeux des aufres, et sans s'ön occuper, des- soci6t6s par actions et des usines, mais c'est la que- des gens agissent en partant des expdriences classe des capitalistes qui est, elle, ddpendante du r6elles, celles qu'ils ont faiGs eux-m€mes, et celles peuple ; du peuple. Car la gu6rilla part des faits qui sont ce n'est pas pour prot6ger le peuple des < cri- I'expdrience v6cue dü peuple': I'oppression, i'exploi- minels- ) que la police fonctionne, mais c'est pour tation, la terreur des m6dias, I'ins6curit6 de la vie prot6ger le systöme, I'ordre d'exploitation qu'est e_l d6pit de Ia technologie extr8mement poussde et I'impdrialisme des actions du peuplö-; I'immense richesse de cJ pays ; Ies maladies psychi- . la justice a besoin du peuple pour continuer ques, les suicides, les brutalitds, les cruaut6s infligdes ä agir- mais le peuple n'a pas besöin de cette justice aux enfants, la misöre des 6coles, la misöre du löge- pour vrvre ; ment.-C'est.ce_qui a rendu notre nous n'avons pas action si choquaite - besoin de I'impdrialisme pour pour I'impdrialisme i eue I'opinion publique, popu- vivre- mais llimp6rialisme lui, a besoin de nous pour laire ait trös vite pris la R-.A.F., four ie- qlo'ätte exister. est chose qui est le rdsultat logique et d'ialec- Dans ce but ils ne font qu'incarner ce qu'ils reprd- trqüe--la des rapports en vigueur, la praxis qui en tant sentent et ce qu'ils sont, ce qu'est I'anthropologie du qu'expression des rappoits rdels rbnd au'peuple sa capitalisme, des juges, procureurs, matons ei fas- dignit6 et redonne un sens ä ses luttes, aux r6volu- cistes : le porc qui se complait dans ses alidnations, tions, aux d6faites, et aux efforts, aux r6voltes qui ne vit qu'en rdprimant, exploitant, torturant des 6chou6e-s.-du p-ass6. La chose qui-de rend au peuple' autres et dont la seule raison et le seu,l moyen d'exis- la possibilitd d'avoir conscience son histoiie. ter est de faire carriöre, de fäire de Ia löche, d'6craser, - La gu6rilla permet ä chacun de se rendre compte d'6tre le concurrent, de vivre aux ddpends des autres, de quel cöt6 il est, de trouver, de reconnaitre'oü par I'exploitation, la faim, la misöie, le ddnuement il se trouve en fin de compte et de döterminer sa de quelques milliards d'6tres humains dans le tiers place dans la socidtd de claise et de l,imp6rialisme. monde et ici möme. C3r- il y en a beaucoup qui pensent qu'iis sont du La bourgeoisie a accumulE toute sa haine envers cötd du peuple, mais dös qu'il y a dei heurts avec le peuple, contre nous, et plus particuliörement contre la police, dös que le peuplä coämence ä lutter, ils Andreas en pratiquant la conduite psychologique de

176 177 la guerre. La notion de conduite psychologique de Ia guerre inclue celle de < plöbe i, de < rue >, la situation politique du pays en une situation mili- d' << ennemi >. La bourgeoisie aleconnu en nous une taire, de cette fagon l'insatisfaction s:6tendra ä toutes menace pour elle, Ia seule menace capable de la les couches.du peuple, et les seuls responsables pour mettre en p6ril. tous les mdfaits seront les militaires. r La ddtermination, la rdsolution ä faire la r6volu- Et A.P. Puyan, un camarade iranien : tion, ä pratiquer la violence rdvolutionnaire, ä la < ... du fait de I'oppression de la violence contre- praxis r6volutionnaire, ä l'action politico-militaire r6volutionnaire renforcde contre les combattants de contre le systöme du pouvoir imp6ria,liste. la r6sistance, toutes les coüches et classes oppress6es Toutes les persdcutions contre la gudrilla, contre seront encore plus massivement r6prim6di.- De ce nous R.A.F., ne sont pas seulement dirigdes contre fait les classes dirigeantes augment-ent les contra- nous,,mais ddmasquent ceux qui en sont ä I'origine, drctions entre les classes opprimdes et elles_m6mes, les dirigent, les produisent, leurs ambitions, Ieurs et en crdant un tel climat, la conscience politique peurs, leurs peaux de salauds. Se nommer soi-m6me des masses fait un grand bon en avant ). avant-garde n'a pas de sens, ätre avant-garde est Marx : une fonction pour laquelle on ne peut se ddclarer .. < Le progrös. rdvolutionnaire se fait par la crdation comme tel, ou postuler, c'est une fonction que le d'une contre-rdvolution puissante et ünifi6e, par la peuple donne ä la gu6rilla par sa propre conscience, crdation d'un ennemi qui-amönera le parti de linsur- dans Ie processus ou le peuple prend conscience de r.ecliolr.ä atte.indre par la lutte la mäturitd qui fera lui-möme et se dresse en sä recomaissant lui- de lui le v6ritable parti r6volutionnaire. r m€me dans I'action de- gu6rilla, en ddcouvrant par Si en 6t6 1972, les flics ont d6cr6t6s la mobilisa- I'action- de la gu6rilla sa place dans I'histoire, en iai- tion gdn6rale contre nous, avec 150000 hommes, en sant de la n6cessit6, en soi, de ddtruire le systöme, faisant participer la population ä la chasse ä I'homme une n6cessit6 reconnue, pour soi, par I'aciion de par la tdl6vision, en utilisant I'intervention du chan- la gu6rilla, qui a d6jä fait de cette n6cessit6, la celier f6ddral, en centralisant tout le pouvoir policier slenne propre. entre les mains de la police f6d6ral6 (Bundeskrimi- Car ceci est la dialectique de la strat6gie des nalamt) ä cette dpoque ddjä, un groupe de rdvolution_ luttes anti-imp6rialistes, le fait que dans sa d6fense, nalres, numenquement faible, mettait toutes les for_ ces sa r6action, le systöme, par l'esca,lade de Ia contre- -personnelles et matdrielles, ä I'intdrieur de I'Etat, r6volution, est amend ä transformer l'6tat d'excep- en. branle et, il devenait mat6riellement possible de tion politique en 6tat d'exception militaire, se d6mai- voir que la strat6gie de la lutte anti-imp€rialiste, Ia quant, apparaissant ä tous comme I'ennemi et destruction, la d6faite de la puissance arm6e 6tait : amenant par les moyens mömes de sa terreur, les JUSTE, POSSIBLE, ETAIT REALISTE ET REA- masses ä prendre position contre [ui. LISABLE. Marighela : < Le principe de base de la strat6gie r6volution- . 9u"J d6pend de nous si I'oppression se perp6_ naire dans la situation de crise politiqüe permanente tue- et 6galement de nous qu'elle soit d6truit6. ^ e-st de d6velopper aussi bien dans les- villes que Que I'impdrialisme ait vu tactiquement un dans les campagnes une telle quantitd d,actions r6vo- monstre- mangeurs d'hommes mais vu itrat6gique_ lutionnaires que l'ennemi soii obligd ä transformer ment, un tigre de papier. Aujourd'hui les porcs sont en train d'assassiner 178 179 Andreas. Nous autres prisonniers, membres de la PROGRAMME D'ACTION DE LA LUTTE R.A.F. et d'autres groüpes anti-impdrialistes com- DES TRAVAILLEURS EMPRISONNES mengons aujourd'hui une gröve de la faim. POUR LEURS DROITS POLITIQUES La poursuite-liquidation des flics contre la R.A.F. et leur_conduite psychologique de la guerre contre De qui döpend que l'oppression persiste? De nous ! nous s'expriment aujourd'hui par le- fait que la De qui döpend qu'elle soit brisöe? De nous öga- plupart d'entre nous sont emprisonn6s dans i'isole- lement ! ment depuis des ann6es, cela iignifie ddtention-liqui- dation. La prison, I'armde et la police sont les principaux Mais nous sommes d6cidds ä ne pas nous arrÖter, instruments de l'Etat de la bourgeoisie qui s'en sert ä penser ä lutter, nous sommes d6cid6s ä faire tom- pour aftirmer, d6fendre et imposer son pouvoir. en ber la pierre que l'impdrialisme a lev6 contre nous iant que classe dominante comme elle I'a toujours sur ses propres pieds. fait. Sans son monopole de la violence, ses forma- Les flics sont en train d'assassiner Andreas tions armdes, les flics, la prison, I'arm6e, la classe comme ils l'avaient ddjä essayer en lui supprimant- dominante n'est rien. Il y ä longtemps qu'elle a fini I'eau au cours de la gröve de la faim au cöurs de de jouer son röle historique ? Nous pourrions d'un l'6te 1973. A cette dpoque I'opinion publique et coup de pied faire s'6crouler le chäteau de cartes les avocats crurent qu'aprös quelques joürs il iurait et ,l-es pantins qui maintiennent encore le systöme. de nouveau de l'eau en r6älit6 le piopre mddecin Les temps sont r6volus oü I'on pouvait encore nous de la prison de Schwalstadt- lui d66larait alors faire croire ä nous, socialistes, communistes, ouvriers qu'aprös neuf journdes passdes sans rien boire et il en prison et ouvriers ä la chaine, au bureau, ä l'6cole, disait < vous ötes morf dans dix heures ou vous ä I'universit6, que les temps n'dtaient pas mürs pour buvez du lait >. Le ministre de la < justice > du land mener jusqu'ä la victoire le combat pour la lib6ration de Hessen Hempfler venait de temps en temps se du proldtariat de l'exploitation, de l'oppression, de rgndre compt€ et le corps des m6dbcins de prison I'ali6nation, de la misöre mat6rielle et psychique. 6tait en r6union pendani ce temps au ministöre de Le problöme, dans les m6tropoles, est que, bien la < justice> ä Wiesbaden. que le systöme soit politiquement et dconomiquement Il existe un d6cret d6clarant qu'en Hesse les gröves mür pour €tre d6truit, les forces rdvolutionnaires dans de la faim doivent 6tre bris6es par la privation lorc6e le peuple sont encore trop faibles et qu'il y a plgs de liquide, les plaintes d6pos6es pour tentative de de rdsignation, de l6thargie, de ddpressions, d'agonie, meurtre par le porc-m6decin ont 6t6 rejet6e. plus de malades et de suicidaires, plus de gens qui se Nous d6clarons maintenant que si les flics r6ali- laissent tomber parce qu'on ne peut plus vivre dans saient effectivement leurs intentions et leurs plans ce systöme que de gens qui se lövent et luttent. en coupant l'eau ä Andreas, tous les grdvistes de Bien que l'imp6rialisme ne soit qu'un tigre en la faim emprisonn6s de la R.A.F. rdagiiont imm6- papier, beaucoup le pergoivent ce qu'i'l est actuel- diatement en refusant de prendre toule forme de lement : un monstre d6voreur d'hommes et disent : liqlide, il en sera de mäme si un quelconque des nous voulons, mais c'est impossible. Ce raisonnement prisonniers gr6vistes est priv6 de liquide quel que est faux. Il n'est pas dialectique : plus la- nuit dans soit le lieu et la personne qui fasse i'objet de ceite laquelle nous croyons avoir sombrd est noire, plus tentative de meurtre. 15 septembre 1974. le jour s'approche.

180 181 avec I'ext6rieur, des cellules de sections spdciales et Nulle part mieux qu'en prison il n'est aussi 6vident de sections d'isolement, de miradors pourvus de que Ie systöme des salauds est au bout do son rou- mitrailleuses, de systöme de TV en circuit ferm6. le_au : le travail forc6, Ie rendement, I'ali6nation. Si Les efforts que fait l'imp6rialisme pour maintenir Marx en 1885 dcrivait : < La contrainte dconomique sa domination, qui vont des alliances militaires tout scelle la domination du capitalisme sur I'ouvrier >, autour de la terre ä la construction de forces poli- la violence non-dconomique directe est encore utili- ciöres dans chaque Etat, ä la psychologisation, ä la sde mais seulement de mäniöre exceptionnelle. pour merde des rdformes dans les prisons, jusqu'ä la tenta- le cours habituel des choses on peüt s'en remettre tive de ddvelopper leur potentiel de destruction de aux q lois naturelles de la production >. Mais aujour- vies humaines et de terreur des prisons en les trans- d'hui, le systöme ne päut plus se fier ä tette formant en camps stratdgiques correspondant ä la < contrainte muette des rapports de production fonction strat6gique des villages de regroupement (conditions 6conomiques) en prison, il ne peut möme (centre d'h6bergement selon les termes des colonia- plus se fier ä la < violence directe ,. pour forcer Ie listes en Alg6rie) dans les pays du tiers monde et peuple ä s-'6craser, ä 6tre loyal, I'empöcher de des guerres de lib6ration, ces efforts ne ddpeignent combattre Ie systöme,. les poics' se uöient d6jä pas seulement les forces du systöme salaud. Dans contraints, dans leurs prisons, äe ramper devant nous, toutes ces mesures se rdvölent aussi sa peur, son avec leur ddtention-th6rapeutique, leür psychologisa_ vide int6rieur, sa pourriture, sa stagnation, le fait tion, leurs blufts, Ieurs manipulations.' ' qu'il n'a plus rien que la violence, le fascisme, I'op- Avec les mdthodes de Ia vente-publicitaire et de la pression, la manipulation, qu'il n'a plus d'autre conduite psychologique de la guene, ils essaient d'ob- perspective historique que la barbarie. Tous ces tenlr Ie consentement et la coopdration des prison- efforts montrent qu'il n'a plus rien ä offrir d'autre niers ä leur p-ropre destruction par la psychiatrfsatiän, que la destruction, le morcellement ; la pathologie, Ie ravage des cerveaux, la destruction de leur la contre-gudrilla et pour quelques milliards d'hom- conscience d'eux-mömes. mes du tiers monde, la faim, la misöre, la maladie, Parce que les. porcs ne voient plus comment ils I'analphabdtisme et la mort. pourraient contröler I'agitation dans les prisons. Le Qu'attendons-nous encore ? systöme des salauds ne peut d6jä plus c'ompte, sur Num6riquement et intellectuellement les fascistes ses.armes,-ses exp6ditions punitives, ses mitärds, ses ne nous arrivent pas ä la cheville. Ce qui nous para- cellules silencieuses, son systöme de punition,' ses lyse, c'est que tout ce qui s'est pass6 en faits de moyens mat6riels et pourtant il les possöde tous. La r6sistance dans les prisons s'est fait de maniöre iso- militarisation de I'appareil d'Etat et la psychologisa- l6e, qu'il n'y avait pas de communication, pas de tion de la prison sont I'envers et I'endroit aä ta collaboration et que ceux qui, ä I'ext6rieur, sont m€me r6alit6 et s'interpdnötrent. pr6ts ä nous aider dans'notre combat contre la ddten- A. l'extdrieur des piisons, les flics ddveloppent la tion impdrialiste n'ont fait que glander entre eux qoL{ui!e.psychologique de Ia guerre par les'm6dias. sans savoir quelle 6tait la voie ä suivre. A I'int6rieur, l'dvolution vers lä ddteniion thdrapeuti_ Beaucoup n'ont pas compris non plus la lutte des que s'accomplgne d'une s6rie de nouveaux diiposi_ prisonniers politiques contre l'isolement, la lutte de tifs de s6curit6, de Ia construction des cellules silen_ ceux qui ont 6t6 faits prisonniers dans la lutte arm6e cieuses, de mitards, de dispositifs appliquds aux fen6- contre l'Etat imp6rialiste, les monopoles, les flics, tres des cellules pour emp6cher töüt öontact visuel 183 t82 l'arm6e, la justice, le systöme des prisons et Ia lutte lutionnaire des prisonniers. Dire autre chose, c'est de ceux qui prisonnieis ont comÄenc6 ä organiser voir la r6alit6 ä l'envers, la töte en bas avec les yeux la r6sistance collective des prisonniers con-tre Ia prison. des mddias pourris des salauds et ne pas voii les faits simples, r6els, incontestables. Pour nous, avoir L'isolement est I'arme que le systöme de la d6ten- tion utilise la possibilit6 une fois encore de dire pourquoi nous contre les < agilateurs->, les rebelles pour luttons qu'est les-.andantir physiquement et ce notre lutte. Nous luttons pour et psychiquement äonc I'auto-organisation prisonniers, politiquement. Cela pour des pour les dioits emp6chLer töute tentative politiques les plus 6ldmentaires d'auto-organisation des prisonniers, des travailleurs pour liquider emprisonnds, pour le renforcement du pouvoir d'avalce la lutte pour le pouvoir colleciif col- des äpri- lectif des prisonniers. De plus, le progiamme d'ac- sonn6s, pour leurs droits les plus 6l6mentaires, dräits tion n'eSt pas seulement un programme de survie politiques et droits de I'homme. faut isoler Il donc en prison, mais un instrument permettant ä chacun ceux qui. parlent les cadres, ceux qui politiquement ; de comprendre de quoi il s'agit. Ce but est le d6ve- et organisationnellement veulent agii sont-d6cid6s ef loppement d'un mouvement rdvolutionnaire des pri- ä mettre toute leur forie de travailtans la lutte anti- sonniers. Car I'Etat impdrialiste ne sera m€me pas impdrialiste, la lib6ration peuple du et Ie mouve- capable de satisfaire de sirnples revendications qu'il ment rdvolutionnaire des prisonniärs. devrait pourtant accorder si I'on voulait se bäser Dans le combat des prisonniers politiques -c'est-ä-direcontre sur sa propagande mensongöre, ma'lgrd les milliards I'isolement isolement de I'extdrieur qu'il arrache au peuple pour les fourrer dans son des camarades- ä I'extdrieur - et isolement de I'int6- appareil de rdpression. rieur c'est-ä-dire de tous -les autres prisonniers et des- camarades ä I'intdrieur, il s'agit d,arracher une condition vitale. Car aussi longtömps que les porcs peuvent isoler tout prisonnier qui commence ä organiser 1a lutte, qui oüvre la gueüle pas seule- ment pour lui-m€me, mais pour l,auto-organisation des travailleurs prisonniers, il sera difficiljde d6ve- lopper une continuitd dans le travail, difficile d,arri- ver- ä u-ne auto-organisation et ä un contre-pouvoir collectif dans les prisons. Si les prisonniers politiques se servent aussi de la place accord6e par I'opinion publique.-.ä leur procös, cela veut dire simpfement qu'ils utilisent comme arme la valeur d'dchange que ce procös a dans la t6te confuse de nombreux cama- rades, car, de fait, nous n'occupons pas les mddias d6gueulasses qui crachent leurs gros titres contre nous, mais nous sommes en bas, en prison, dans les cellules d'isolement, au mitard. Et nous ne lut- tons pas pour des privilöges, mais pour I'am6lio- ration des conditions de lutte d'un mouvement r6vo-

184 des crispations musculaires de la poitrine et de I'es- HOLGER MEINS : tomac, ces convulsions se prolongent en r6action en chaine et se propagent violemment et intensdment COMPTE RENDU SUR LA NUTRITION T'ONCE,N ä l'ensemble du corps. Celui-ci se cabre contre ce tuyau. Cela est d'autant plus pdnibüe que cela dure Cinq ä six flics, deux, trois infirmiers, un mddecin. et est violent. Le tout n'est que torture : des vomis- Les flics me poussent, me trainent sur une chaise sements qu'accompagnent des vagues de crispations. d'op6ration, c'est une table d'opdration avec toutes les chicanes, en fait inclinable, pouvant €tre tournde Octobre 1974. dans tous les sens, etc. Repliable en position de fauteuil accoudoirs, accesssoires pour les pieds, la t€te. Ligot6 : deux paires de menottes aux pieds, une courroie de 30 cm de large autour de la taille, au bras gauche deux morceaux de cuir avec quatre courroies allant du poignet au coude, au bras droit deux laniöres au niveau du poignet et du coude. Une laniöre autour de la poitrine. Derriöre moi un flic ou un infirmier qui maintient ma töte des deux mains au niveau du front et la pressent violemment contre la table. En cas de r6sistance active au niveau de Ia t6te, deux autres flics, I'un du cötd gauche, I'autre du cöt6 droit, tiennent les cheveux, la barbe et le cou. De cette fagon tout le corps est maintenu fixe, si cela est ndcessaire un autre maintiendra les genoux ou les 6pau,les. Le seul mouvement possible n'est que musculaire et se situe ä I'int6rieur du corps. Cette semaine ils ont serr6 les laniöres trös fortement, le sang s'accumulait dans les mains qui devenaient bleuätres. La nutrition forcöe. C'est un tuyau rouge, pas une sonde, qui est utilis6, pour 6tre introduit dans l'estomac. De la grosseur d'un doigt; dans mon cas, au niveau des articulations il est graiss6. Cela ne va pas sans convulsions 6touffantes du tube digestif car le tuyau ne fait qu'un ou deux millimötres de moins que le tube digestif. Pour dviter cela il faut faire le mouvement d'ava,ler et rester tout ä fait tranquille. La moindre irritation provoque au moment Ae fin- troduction du tuyau un rdflexe de vomissement puis

186 ' CHRONOLOGIE D'UN MEURTRE Samedi 9 novernbre M' Siegfried Haag, lui aussi ddfenseur d'Holger 13 septembre 1974 Meins se rend le matin ä la prison de Wittlich Les prisonniers de la R.A.F., parmi eux Helger dans I'Eiffel, oü Holger Meins est ddtenu dans la Meins commencent la gröve de la faim. cellule d'isolement. A 11 heures, M" Siegfried Haag 3O septembre veut s'entretenir avec Holger Meins, ce que sa fonc- Aprös 16 jours de grörne de la fam, le mddecin de tion de ddfenseur autorise. L'administration de la la prison : le Dr Freitag commence la nutrition forcde prison lui refuse ce droit : < Ce n'est pas possible > de Holger Meins. d6clare un fonctionnaire. < Holger Meins n'est plus capable de quitter sa cellule r. Haag veut parler ä 6 octobre Holger Meins dans sa cellule d'isolement : < Ce n'est M" Klaus Croissant, d6fenseur de : Baader, Ens- pas possible, lä-bas les visites sont formellement lin, Meinhof, Raspe et Holger Meins demande au interdites. > tribunal.de Stuttgart (Oberlandgericht) par 6crit I'au- M* Haag demande ä t6l6phoner immddiatement torisation de faire intervenir des mddecins auprös des avec le directeur de l'dtablissement. La communica- prisonniers. tion tdldphoriiquö lui est refus6e, < refusde pour rai- sons budgdtaires >. Haag proteste, il t6l6phone ä son 14 octobre collögue Croissant, qui t6l6phone ä son tour au Le prdsident du tribunal (l'Oberlandgerichtsprä- Prdsident Prinzing : < Holger Meins est mourant. sident) Dr Theodor Prinzing qui dirige la proc6dure Laissez imm6diatement son avocat le visiter, per- principale contre les prisonniers de la R.A.F. refuse m.ettez ä des mddecins autres que ceux de la prison d'accorder cette autorisation < la formulation de la de le soigner ! > Prinzing refuse, < il ne'peut prendre demande d'autorisation lui d6plait >. la d6cision tout seul ) Si Holger Meins doit €tre A partir de ce jour, les mddecins des prisons res- sauv6. Des tractations avec- le ministöre de la justice ponsables rdduisent trös fortement les rations qu'i,ls permettent enfin ä I'avocat d'Holger Meins de venir introduisent ä Holger Meins ; la procddure de nutri- ä son chevet. La visite de m6decins ext6rieurs ä la tion forc6e se fait selon la möme m6thode. Pour prison est refus6e ä Holger Meins qui est comateux. pouvoir survivre un ötre humain a besoin d'au moins A 13 heures Siegfried Haag peut enfin voir Hol- I 600 calories de liquide nutritif par jour. Ces der- ger Meins dans le parloir des avocats de la prison. niers jours les mddecins responsables de la vie Holger Meins est amen6 sur un brancard par deux d'Holger Meins ne lui administrent qu'un dixiöme gardiens. Ils d6posent le brancard tout prös de la de la ration n6cessaire ä la survie : 160 calories (cent porte ouverte, ä cöt6 de deux cartons renfermant soixante) ! Pourquoi ? Ils savent que la seule issue des dossiers de sa ddfense et une bouteille pleine possible est alors la mort. Ils peuvent ddcider selon d'eau, puis ils se retirent. Holger Meins a les yeux leur planning quand Holger Meins devra mourir. clos, il n'est plus capable de se remuer, il ne peut Holger Meins est mort malgr6 la nutrition forc6e. möme pas replier ses jambes. C'est un squelette. Vendredi I novembre 1,85 m environ, 42 kilos seulement. Ils lui ont bourrd M" Klaus Croissant regoit un t6l6gramme d'Holger les pantalons de papier. Holger ne peut plus parler, Meins : < Je ne peux plus me lever >. il peut difficilement murmurer quelques mots en r88 189 s'interrompant. Pendant plusieurs instants i,l ne sem- ble pas.entendre. Haag äst oblig€ de s,allonger sur Vous savez depuis le ddbut de la gröve de la faim que le sol ä cötd de Holger Meins pour pouioir le celle-ci ne cessera pas tant que I'isolement et comprendre. Holger le prie de feriner lä porte, ce les traitements sp6ciaux ne seront pas supprimds. n'est pas possible car Ie parloir est trop petii. Hoiger Cela signifie que vous 6tes conscient de votre respon- demande des nouvelles däs autres prisoniiers : Ulri-ke sabilitd. Je vous somme de permettre imm6diatement Meinhof, Jan Carl Raspe et les äutres, puis il n'en ä I'un des m6decins b6n6ficiant de notre confiance peut plus. de se rendre auprös de Holger Meins. Vous en avez ev une liste dans ma lettre du 6 juin 1974. A. 15- heures _Holger Meins est ramend par les gardes dans la cellule d'isolement. Haag : u Je savais Comme m6decin suppl6mentaire je vous ddsigne le Christoph Iäscherbusch. que c'6tait la derniöre entrevu€ avec Hölger Meins. > Dr Peu aprös Klaus Croissant, l,autre aiocat rddige Sign6 : Dr Klaus Croissant, ' une lettre destinde au responsable principal Th6odör Prinzing. Il prend sa voiture pour-amen^er lui-möme la lettre au domicile du juge. A t8 heures Croissant resoit un tdrc;;;:t" < ' Celui-ci dans sa villa en tenue ( ddcontract6e > Holger Meins est mort >. Il s'6crie < assassins / >. fait remarquer qu'il n'est pas en service. Il accepte Des parents et avocats se forment aussitöt en cortöge malgr6 tout la lettre. pour manifester devant la luxueuse villa du juge : En voici Ie texte : le terrain est gard6 par des policiers arm6s de pis- tolets-mitrailleurs. - 4g_ presiOent de la deuxiöme chambre p6nale Les fonctionnaires accusds de de^l'Oierlandgericht de Stuttgart, Ie Dr prinzing. meurtre, ä propos de la cause de la mort ddclarent __{ujourd'hui, le 9 novembie 1974, le prison-nier de maniöre laconique : < insuffisance cardiaque >. Holger- Meins que je ddfends a fait I'objet d,une Dimanche l0 novembre vlsrte cle son avocat ä la prison de Wittlich dans M* Schily et l'Eiffel. Stroebele, les avcicats d'Ulrike Mein- Depuis le t3 septenibre t974 ffofgl, Meins, hof se voient interdire la visite de leur pour ainsi que cliente 35 autres piisonniers ont entiepris unö les mömes raisons que Holger Meins. gröve de la faim contie les conditions de ddtention spdciales et la d6tention dans I'isolement, cr66es dans le but de d6truire I'identit6 politique des d6te- nus. Cette ddtention-extermination se pöursuit. Hol- ger Meins pöse environ 42 kilos, he peut plus marcher, ne peut presque plus parler, il ie meurt. Tout au plus d'ici ä deux jours-il sera mort. Vous ötes responsable de sa mort, car vous €tes celui qui d6cide des conditions de ddtention. Votre responsabilit6 demeure m6me, si, devant t6l6phoner ä la prison de Wittlich vous obtiendrez d,autrei infor- mations. Le fait est que chez Holger Meins la d6ten- tion-extermination et le procesJus de d6nutrition engag6 lentement visent sa mort.

190 bre 1974 et d'insisterpour que les responsables soienl DECLARATION D'AVOCATS pun$. DE HOLGER MEINS Le 19 novembre 1974, les d6fenseurs d'Holger AU SUJET DE LA PLAINTE PORTEE Meins agissent en leurs noms et repr6sentant öga- lement les parents de Holger Meins ont portd plainte POUR MEURTRE ENVERS CELUI-CI auprös du procureur de Trier (Tr6ves) pour meurtre commis sur la personne de Holger Meins, le 9 Le 2l novembre. novembre 1974. Le fait qu'au cours d'une conf6rence de presse La plainte est döposöe contre : que nous avons tenu ä Stuttgart le 10 novembre 1974 1. Le prdsident de la deuxiöme chambre p6nale nous avons parl6 de meurtre pour decrire le compor- de I'Oberlandgericht- de Stuttgart, le Dr Prinzing. tement des responsables de la mort de Holger Meins 2. Le procureur f6d6ral - le procureur gdn6räl (dans I'administration judiciaire et parmi les juges) Buback.- a amen6 un nombie important d'attaques v6h6- 3. Le chef du service de süret6 de I'Etat mentes contre les avocats des prisonniers de la (Staatschutzabteilung)- auprös de la police judiciaire Fraction Arm6e Rouge (R.A.F.). Quatre collögues f6d6rale (Bundeskriminalamt) ä Bonn-Bad-Godes- font I'objet d'une plainte port6e par le ministre fdd6- berg, ainsi que d'autres fonctionnaires de ce service, ral de Ia justice pour affirmation diffamatoire, notre dont nous ignorons dgalement les noms. collögue le Dr Croissant selon des informations rap- 4. Le directeur de la prison de Wittlich Re- portdes par la presse ferait l'objet d'une procddure gierungs- direktor Essmeyer. d'honneur de l'Ordre des avocats. A ce sujet nous 5. Le mddecin de la prison de Wittlich, le Dr soulignons : Hutter.- II n'existe en Rdpublique F6d6rale d'Allemagne 6. L'inspecteur pour la süretd et I'ordre de la aucun texte de loi d6clarant que des juges ou autres prison- de Wittlich, dont nous ignorons le nom. fonctionnaires de la justice sont dpargnds par la Les 6l6ments et faits essentiels nous amenant ä notion de meurtriers ou disant que ces derniers ne porter plainte se rdsument ainsi : peuvent devenir des meurtriers. Il n'existe pas un Tous ceux contre lesquels nous portons plainte monopole qui r6serve aux institutions judiciaires le n'ignoraient pas, et ceci au plus tard ä midi le droit de parler de meurtre et de meurtriers, surtout 9 novembre 1974 que l'6tat de sant6 de Holger en pr6sence d'6l6ments graves rdpondant ä la ddfi- Meins mettait sa vie en danger. Toutes ces per- nition'des textes de loi concernant les actes incri- sonnes du fait de leur charge de hauts fonctionnaires min6s. Ceux qui sont choluds d'entendre parler de et magistrats des ministöres de la justice du gouver- meurtre en rapport avec la mort de Holger Meins, nement f6d6ral et du land de Rheinland-Pfalz avaient feraient bien de se rappeler que dans I'histoire le devoir vis-ä-vis de Holger Meins d'entreprendre contemporaine de notre pays, il ne manque pas tout ce qui 6tait possible et envisageable afin d'as- d'exemples oü de hauts fonctionnaires de la jus- surer I'assistance mfiicale de celui qui se trouvait tice et des magistrats sont devenus des meurtriers : en danger de mort et se faisant de sauver la vie agissant de leurs bureaux. Ce ne sont donc pas les de ce dernier. Aucun de ceux que nous accusons n'a tentatives d'intimidation qui nous emp€cherons de fait face, ne serait-ce qu'un instant ä cette respon- renouveler les accusations 6nonc6es dös le 10 novem- 193 192 sabilitd pr6vue et imposde par la loi. Tous ceux gart Stammheim. Peu aprös le octobre 1974 le contre lesquels nous portons plainte, ont au contraire 2l tribunal accordait un sursis ä I'exdcution du transfert et malgrd les circonstances signalant l'6tat de danger jusqu'au 4 novembre 1974. Les raisons de la d6ci- de mort de Holger Meins, laissd celui-ci mourir faute sion du tribunal qui 6taient connues procureur de soins. Ceux que nous accusons ont juridiquemen't du f6d6ral des parl6, accept6 I'id6e et services de süret6 de I'Etat : ä la de la mort possible de Holger prison Meins. de Wittlich les moyens ndcessaires ä la sur- veillance m6dicale et ä la nutrition forc6e 6taient Le Dr Prinzing, contre lequel nous portons plainte inexistants, contrairement ä la prison de Stuttgart a 6td inform6 t6l6phöniquement de l'6tat reprdsen- Stammheim. De plus le procureur f6d6ral les tant un danger pour la vie de Holger Meins, par et services de süret6 de l'Etat avaient 6td inform6s de son avocat le Dr Croissant, le 9 novembre 1974 ä l'aggravation rapide de l'6tat de sant6 de Holger 13 heures, et a 6G pri6 d'autoriser un mddecin de Meins au cours de la semaine qui a pr6c6dd sa confiance, n'appartenant pas ä la prison ä visiter mort. Ces deux administrations se faisaient trans- Holger Meins. Le juge, Dr Prinzing, contre lequel mettre continuellement les rapports sur l'6tat de nous portons plainte n'a rien fait : non seulement sant6 des d6tenus pdlitiques en gröve faim, il n'a pas autoris6 la visite d'un mddecin bdndficiant de la relevant de la juridiction de Stuttgart, c'est-ä-dire de la confiance du d6tenu, mais il n'a par ailleurs qu'elles connaissaient l'6tat de sant6 d'Holger Meins. rien entrepris afin d'assurer I'assistancb mddicale Ce n'est pas par hasard que de ce d'urgence de Holger Meins. Le juge, que fait le ministöre nous accu- de la justice de Mainz, renvoyait les journalistes sons,,le Dr Prinzing, savait par ailleurs qu'ä la pri- demandant des informations sur la mort de Holger son de Wittlich les conditions et la volont6 n6öes- Meins au procureur f6d6ral. saire ä I'assistance m6dicale de Holger Meins Si Holger Meins avait 6t€ transfdrd avant le 4 no- n'6taient pas r6unies. Il avait 6t6 infoim6 de la vembre 1974 d Stuttgart Stammheim, serait encore plainte ddposde par les avocats d'Holger Meins et il vivant. Le procureur f6d6ral et les services de süretd dat6e du 15 octobre 1974 contre le medecin de Ia de I'Etat de Ia police fdddrale judiciaire pour- prison de Wittlich au sujet de la mdthode n'ont, de nutri- tant, absolument tion forcde : une vdritable torture. rien entrepris, mdlgrd la d6cision La direction de du tribunal comp6tent ordonnant la prison de Wittlich elle-m6me, informait le tribunal le transfert ä Stammheim, jusqu'au jour de sa mort. de Stuttgart dans une note rddig6e ä la mi-octobre Le directeur de la prison de Wittlich, Regierungs- l-974 qu'elle n'6tait pas en mesurä d'assurer la proc6- direktor Essmeyer, le m6decin de la prison de Witt- dure de nutrition forc6e selon les rögles de la säience lich, le Dr Hutter, et I'inspecteur charg6 de la s6cu- mddicale, c'est-ä-dire par le moyln d'une sonde nasale. ritd ont laiss6 Holger Meins mourir de faim. Ma,lgrd la connaissance exacte qu'ils avaient des dangärs Le procureur g€ndral fdddral Buback ainsi que - - menaqant la vie de Holger Meins, ils n'ont möme les agents des services de süretd de I'Etat de la rien entrepris le 9 novembre 197 afin sauver police f6d6rale judiciaire avaient 616 charg6 par 4 de celui-ci. Le m6decin de la prison, le Dr Hutter, d6cision prononc6e par le juge de la 2" cf,am-bre disparut dös la soir6e du 8 novembre et il n'6tait du tribunal de Stuttgart le 2l octobre 1974, de pas possible de l'atteindre le 9 novembre. La pr6- transfdrer Holger Meins au plus tard le 2 novembre sence d'un m6decin n'6tait pas pr6vue prison 1974 de la prison de Wittlich ä la prison de ä la Stutt- de Wittlich pour la journ6e du 9 novembre-I974. 194 195 La nutrition forcde qui 6tait appliqu6e depuis le 30 septembre 1974, quotidiennement, de maniöre < Une question toute personnelle au plus haut d'ailleurs plus qu'insuffisante, n'a pas 6t6 pratiqu6e placö des chasseurs d'anarchistes : avez-vous du tout le 9 novembre 1974. Parler de n6gligences peur ? MAIHOFER (Ministe de I'Intörteur de dans ces conditions est pur cynisme. Cynisme 6ga- la R.F.A.) : J'€tais soldat pendant plusieurs lement la d6dlaration de Ia documentation du minis- annöes,'rien ne peut plus m'effrayer. > töre de la justice du land de Rheinland-Pfaltz des- tin6 ä la presse oü il est d6clar6, que le 9 novembre BILD-4d6cembret974 1974 < particulier constater il n'y avait rien de ä Une question : sous quel drapeau dtiez-vous concernant l'6tat de HOIger Meins... >. Holger Meins soldat, Monsieur MAIHOFFER ?... ne pouvait plus tenir debout et dü ötre port6 sur un brancard, ce m&ne jour.

Le comportement de tous ceux contre lesquels SUEDE : nous portons plainte est ddterminf par mdpris .le groupe de la vie d'Holger Meins. Cette position est incom- Un d'experts psychiatres veut mettre fin l'isolement patible avec la fonction de ceux-ci, ä I'int6rieur du ä des ddtenus. I.es psychiatres du pays systöme de droit de la R6publique F6d6rale et des mettent fin ä I'isolement devoirs prdvus par la loi concernant ces fonctions. de ddtenus. On peut tirer cette conclusion avec certitude proposition Cette position est ä r6futer, nous la qualifions de d'une pour une d6claration qu'un groupe d'experts mobiles ddgradants dans le sens prdvu par les textes a envoyd ä I'association des psychiatres du Code p€nal concernant I'acte de meurtre. suddois. Le groupe constate qu'un m6decin devrait, ou dire protection, La vie d'un ddtenu en prdventive, et sa cons6quemment non, quand il s'agit de I'isolement devraient systöme en vigueur €tre selon le de droit d'un ddtenu, ou refuser de prendre part ä de telles dans ce pays inddpendamment de l'acte de gräve ddcisions. de plus 6l6mentaire de tous la faim, le devoir le Le groupe ddclare qu'un m6decin qui travaille dans qui justice, la ceux ont des responsabilit6s dans la une prison ou qui participe ä une arrestation doit police, et le systöme pdnitentiaire. La mort d'Holger ötre oblig6 de souligner constamment que l'isolement Meins est due au fait quraucun de ceux contre les- est nuisible sous tous rapports. quels portons plainte par la nous n'dtaient motivds Cette ddclaration doit Ötre (aprös avoir 6td traitde), volontd sdrieuse de sauver sa vie. remise ä I'association des m6decins su6döis. La plainte d6pos6e comporte 24 pages, beaucoui A ce groupe de travail qui a 6td constitu6 pen- plus ddtailldes que cette note. Nous attendons que dant le s6minaire d'hiver ä Vaestraes participent, le nos accusations soient prises s6rieusement en consi- prdsident de I'association suddoise pouila psyihiatrie ddration et non pas que des recherches vdritables juvdnile Karl Henrik Karlön, le m6decin-chef de la soient emp'öch6es du fait que certains de ceux que clinique pgur psychiatrie judiciaire ä Upsafia ; charg6 nous accusons occupent de trös hautes charges dans de cours Karl-Erik Toensquist et le professeur de Ie systöme de la justice de la R.F.A. psychiatrie ä Linkoeping, Gerdt Wretmark. Aucun mddecin, pas möme un spdcialiste, ne Golzem, Plottnitz, Riedel, Koch, avocats. devrait pouvoir ddcider, qui peut endurer un isole-

196 197 IJ{, POLICE POLITIQUE ment sans nuance. On peut constater que cette mesure est toujours nuisible. DECIDE La lutte contre I'isolement date d6jä depuis plu- DE LA VIE DES PRISONNIERS sieurs ann6es : un des plus actifs, le mddecin Dr Bertil Wikstroem, Stroemsund. Il y a quelque temps Dans la soir6e du ll novembre l974,le il a quitt6 l'association des mddecins su6dois, pour ( mddecin protester contre le fait que des collögues donnent neutre > (non rattachd ä I'administration p6niten_ des attestations d'aprös lesqueii(! les prisonniers ciaire), Dr Jakob, examinait les prisonnieri Wolf- gang peuvent ötre transf6r6s dans des cellules d'isdlement. Grundmann et Klaus Junschkd. Ses conclusions: jours y a une organisation spdciale qui lutte contre aprös 58. de gröve de la faim l,6tat des prison- Il niers la peine d'isolement. Elle a dErnand6 auprös du exig! le transfert dans une station intensive Ombudsmann de Justice (: conseiller de justice), d'un 6tablisssment hospitalier. J_unscke, 1,85 pesait que l'isolement dans les prisons cesse. Ils rappellent - m, 57 kilos,' Grundmann, l'article 5 de la Ddclaration des Droits de I'Homme 1,81 m, ne pesait plus que 46 kilos. Ils avaieni perdu qui dit qu'aucune personne ne doit ötre soumise ä tous deux 1,/3 du poids. La nutrition forc6e planifi6e üne torture, ä un traitement ou peine inhumaine et 6tait de fagon ä ie que les deux prisonniers continuent perdre d6gradante. ä du -sepoidi, ils seraieni morts de faim. Les deux d6tenus trouvaient pratiquement au möme (Extrait du journal quotidien suddois Dagens stade d'amaigrissement qu,Fiolgef Meins lors - Nyheter du 20 septembre 1974.) de la visite du m6decin < neutie >. Le 12 novembre 1974le Dr Jacob ddclarait : < Je considöre l'6tat de sant6 de Wolfgang Grund- mann et Klaus Junschke comme mettait ei danger leur vie et rdclame immddiatement leur transflrt dans un höpital, le cas de M. Grundmann est parti- culiörement urgent, si ces mesures que ie soilicite ne sont pas appliqudes, je retire toute responsabilitd en tant que m6decin. Six heures plus tard Grundmann 6tait admis dans un höpital ä Zweibrücken. Junschke 6tait admis dans un höpital aprös deux jours seulement presque 50 heures plus tard. - Nous avons connaissance du fait que la police de süret6 J'Etat (Staatsschutzpolizei) -de iögle läs condi- tiens de ddtention des prisonniers polit-iques centra_ lement et dans les moindres d6tai,fs. Lei directeurs des. prisons. informent le Bundeskriminalamt (police judiciaire fdd6rale) exactement de l,6tat de sani6 des prisonniers, en particulier pendant la gröve de la faim-

199 Le directeur de la prison de Schwalmsatdt et Ie la justice a propos6 l'installation d'une station inten- m€decin de cet dtablissement ont fait parvenir des sive ä I'int6rieür de la prison. Ce nlest que lorsque extraits du dossier sanitaire de Baader ä la police le juge menaga de lever le mandat d'arrÖt que judiciaire f6d6rale, violant par lä le secret profes- Junschke du fait du danger de mort encouru par sionnel li6 ä la profession mddicale. celui-ci, le ministöre continuant ä refuser le trans- Le Bundeskriminalamt (police judiciaire f6d6rale) fert de Junschke dans un höpital, en dehors de 6tait de transf6rer ä donc informd dans les moindres ddtails la ^cliniquiprison, que le ministöre ddcida de le l'6tat de santd de Junscke et Grundmann. la de l'universit6 de Mainz (Mayence). La police de süret6 de I'Etat a exig6 des höpitaux Grundmänn a öt6 lgalement transf€r| de Zwei- de telles mesures de söcuritd qu'aucun 6tablissement brücken ä cet dtablissement hospitalier. n'est en mesure d'accueillir les prisonniers. Les direc- Dans le cas de Junschke et Grundmann nous tions des cliniques d6clarörent que ces mesures de constatons ä nouveau que ce n'est pas la justice s6curitd empöcheraient leur fonctionnement. Les qui ddcide de la vie et de la mort des,prisonniers mesures de sdcurit6 consistent en I'occupation de mais la police de süret6 de l'Etat (Staatsschutz la clinique par 2@ policiers en partie 6quipds de oolizei). Etle Oecide des conditions de ddtention pistolets-mitrailleurs. ä"r pritonniers politiques : de I'isolement total qui Pour ces raisons I'höpital communal de Kaisers- condluit ä I'extermination. Elle ddcide ä quel moment lautern, une clinique ä Ludwigshafen et I'höpital et sous quelles conditions les prisonniers politiques communal de Pirmasens ont refus6 la prise en peuvent ötre admis dans des höpitaux sans prendre charge des prisonniers. Pour ces m6mes raisons än considdration la vie des prisonniers. I'höpital St. Elisabeth de Zweibrücken a tentd de se ddbarrasser aussi rapidement que possible du M. Becker, d6tenu Grundmann et a menacd de le ramener en avocate, ambulance ä la prison. Il ne fait pas de doute que par ces mesures de 2l-tt-74. s6curit6 la police de süret6 de l'Etat (Staatsschutz- polizei) veut empCcher le transfert des prisonniers en dehors de la prison. Plutöt que de mettre fin aux mesures d'isolement, elle prdföre accepter l'id6e de la mort d'autres d6tenus. Le ministöre de la justice de Rheinland-Pfalz a tentd contrairement ä la volont6 du juge responsable, d'organiser le transfert vers un höpital rattach6 ä l'organisation p6nitenciaire, bien que le Dr Jacob dans son expertise ddclarait que le transfert dans un höpital-prison signifierait la mort des prisonniers car ceux-ci refusent tout traiternent par des m6decins du systöme des prisons. Afin d'empöcher le transfert dans un höpital en dehors des bätiments de la prison le ministöre de

200 est encore loin achevde. le combat LA DERNGRE LETTRE la faim d'6tre Et DE HOIßER MEINS ne s'arr€te jamais. Mais il y a naturelloment un point : quand tu sais qu'avec chaque poncs, l'intention COMBATTRE victoire des concröte de meurtre devient plus concröte si tu JUSQU'AU BOUT te retires du jeu, te mets en süret6, et donnes- par MFME ICI lä une victoire aux porcs ga veut dire que tu nous que tu es toi-m€me- le porc qui divise et encer- L'unique chose qui compte, livres, c'est le combat, main- pour survivre lui-m6me ensuite en avoir plein tenant, aujourd'hui, demain, que cle et tu aies 6ti gav6 le cul de, comme je I'ai dit, <'la pratique >. Vive ou pas. Ce qui compte, c'est ce que tu en fäis : Fraction Armde Rouge Mort au systöme des un bond en avant. Faire mieux, la ! Apirendre par I'ex- porcs Si tu ne continues pas la gröve de la faim, p6rience. Tout le reste, c'est ! de la irierde. ie combat tu ferais mieux de dire, et avec plus d'honneur (si continue..-Chaque nouvelle lutte, chaque action, cha- tu sais encore ce que c'est, I'honneur) < comme on yte conlil apportent des enseignenients inconnus. dit : ä bas la F.A.R. Victoire pour les porcs. > IJes exp€riences, voilä le ddveloppement des luttes. Ejt_ d6cisif ce qu'on apprend ä'öonnaltre. C,est Ie Ou bien homme, ou bien porc cöt6 -subjectif de la dialäctique R6volution - contre- Ou bien survivre ä n'bnporte R€volution. Quel prix ou bien la lutte ä mort Par . le combat, pour le combat. A partir des Entre les deux, iI n'y a rien. vlcrotres, mals encore plus partir ä des erreurs, des victoire ou la mort disent des types par- c fl,ipps > des ddfaites. ö'est La li une loi du marxisme. tout, et c'est la langue des- guerilleres sf möme Combattre, avoir le dessous, encore combattre, dans la minuscule dimension d'ici. Il- en va de avoir ä nouveau le dessous, c'eit ce qui renouvelle vivre exactement comme il en va de mourir : < Les la maniöre de se battre, ei ainsi jusqu'ä de iuite, hommes (et donc nous) gagnent ou bien meurent, la victoire finale. Voilä la logique Au peüpte. bii le Vieux. au lieu de perdre et de mourir. > Assez triste de devoir encore t'6crire quelque Bien sür : ( matiöre > : I'homme n'est rien que chose de pareil. J'sais, bien sür, pas comment ga matiöre comme but... L,homme entier. Les corps et quand on meurt ou quand on te tue. D'oü ga ? la conscience sont matiöre. qui fait Ce f.ait I'hokme, instant de v6rit6, ce matin, m'est passd ce gu'il est, Jd libertö g'ssf que Dans un il la conscience se par la t€te comme pour la premiöre fois : c'est donc rend maitre de la matiöre- äe soi-m6me, de la ainsi (cela non plus, je ne le savais pas) et ensuite ext6rieure et, surtout- de l,ötre lgtqfe : Dersonnel. (devant juste entre tes Uj des cöt6s,de.Eng-els :-transparent. le @non de fusil braqud Mais le gu6_ yeux) : c'est 6gal, c'6tait ga. En tout cas, du bon rrllero se matdrialise dans le combat _ dans I'aäion röyolutionnaire cöt6. sans fin. Combattre iusqu'ä la mort et bien sür : collectivement. Qa. tu devras aussi le savoir par toim&ne. De toute faeon, tout un chacun meurt. La question est n'es! plus une question de matiöre, mais de Sg seulement de savoir comment, et comment tu as poli.tique. La pratique. Comme tu dis. Avant comme v6cu, et l'affaire est bien claire combattre contre aprös I'affaire. Ce qui est maintenant _ : repose les porcs comme homme pour la liböration de comme pour la premiöre fois- en toi. La grövö de 202 203 I'homme : Rdvolutionnaire, au combat ! De tout notre amour de la vie : mdpriser la mort. C,est ce qu'est pour moi servir le päuple. R.A.F.

Docunent publid 6ans le Spieget Cnnlsrrax Srcnrst du 18 novembre 1974.

LE NOUVEAU FASCISME ET LA GREVE DE LA FAIM DES PRISONNIERS DE LA R.A.F.

< La gröve de la faim des prisonniers politiqyes se poursuit m6me aprös la mort de Holger Meins, dont I'appareil judiciaire est responsable. Dans cette poursuite cons6quente de la rdsistance, d'une r6sis- tance non-violente, se fait jour une qualitd morale de I'action collective dont presque personne n'a politique a pas compris la signification ; lortiori -ceux qui bnt prdconis6 la ddtention par isolement. Mais ä I'nt6rieur de l'6ventail des forces ddmocratiques 6galement, il y a une conscience insuffisante au sujet de cette lutte r6volutionnaire ddterminante pour I'avenir. Pendant trop longtemps nous nous sommes conduits d'une maniöre passive st d2ns le meil- leur des cas seulement verbalement- ä l'6gard de cette gröve de la faim, la troisiöme- et jusqulä maintenant la plus longue. Ce n'est que la mort de Holger Meins qui nous a tir6s de notre l6thargie et nous a permis d'organiser enfin cette grande manifestation contre la d6tention par isolement qui aurait dü avoir lieu dös le d6but. La lutte des d6tenus, leur ddtermination indbranlable ä poursuiwe le combat rdvolutionnaire, m€me dans les conditions de la torture par isolement, ä soumettre I'int6r€t indi-

205 -de viduel de survie au but collectif rdvolutionnaire communiste assassine ä Duis- la lutte anti-impdrialiste, montrent avec force le ther Routhier, ouvrier potentiel moral d'un mouvement r6volutionnaire qui bourg, oü, möme pendant la c6r€monie, les hdficop- ne_.peut 6tre an6anti par I'assassinat de quelquls töres de la police tournoyaient au-dessus de la tombe. militants. Cette barbarie ne peut surprendre en un pays oü Les propos mensongers concernant les motivations le fascisme en tant que summum rdalis6 de la dicta- de la R.A.F. (Fraction Arm6e Rouge) qui veulent ture de la bourgeoisie a f6td ses plus affreux triom- f-aire passer les actions anti-imp6riafistes- non pour phes. Prdcisdment dans cette m6tropole du capita- qu'est cötd la des actes politiques mais comme la cons6quänce iisme la R.F.A., il manque du de laquelle de problömes psychologiques personnels (actes com- classe dominante cette substance morale ä manifestation sans pensatoires par exemple), se vendront de plus en fait ndcessairement appel une plus mal. L'hypocrisie de la classe dominante, de arme telle que la grlve de la faim. ses valets et porte-paroles qui justifient les mdthodes I'l n'en est pourtant pas partout et toujours ainsi. la meurtriöres employ6es contre la R.A.F. par les En Inde, par exemple, I'arme non-violente de mEthodes de lutte violente de celle-ci, est d6iormais gröve de la faim, popularis6e par Gandhi dans la 6tait, apräs I'ind6pendance d6voil6e puisque la r6sistance est mende sans lutte contre les Anglais violence. et jusqu'au milieu des anndes 60, un appel efficace pression La poursuite de Ia d6tention destructrice montre ä l'opinion publique qui exergait une sur que le but des mesures prises par l'Etat est, non le gouvernement pour supprimer des situations scan- I'intensi- pas la protection de la poputlation contre des actes daleuses. Cela a d'ailleurs changd avec classes. le gouver- de terrorisme mais la destruction de I'identitd poli fication de la lutte des Comme'les tique et de la r6sistance anti-imp6rialiste. La i6ac- nement indien essaie de faire mourir 25 000 insuf- tion du pouvoir dtatique ä la lutte non-violente des communistes emprisonnds en les nourrissant par pres- ddtenus de la Fraction Arm6e Rouge est barbare, fisamment, il ne se laisse plus atteindre la est fasciste. Toutes les r6flexions dös responsables sion exercde par une gröve de la faim. Cette bruta- qu'un de la torture par isolement tournent autöur de la lit6 ä l'6gard des prisonniers politiques n'est question comment pouvoir continuer de cacher le 6l6ment dans la strat6gie globale fasciste contre les < meurtre ä crddit > et diffamer la gröve de la militants communistes. Malgrd toutes les diffdrences faim. On ne voit aucun indice pour que les repr6- avec le systöme en Allemagne de I'Ouest, il y a une parlementaire s_entants pourris de la classe dominante rdagissent parentd en ce sens que la d6mocratie que d'une maniöre appropride ä I'appel moral que signifie continue d'exister formellement alors le contenu cette gröve de la faim. et les institutions des droits dÖrnocratiques sont < D'une maniöre appropri6e > cela ne peut vou- min6s ile l'intdrieur. En Allemagne de I'Ouest comme en Inde, la !oir-.djre- que : suppiässiön du traitement sp6cial, dgalitd de traitement des ddtenus politiques ät aei d6tention par I'isolement et le refus de rdpondre au-tres. L'appareil de r6pression montre pr6cis6ment positivement ä l'appel de la rdsistance non-violente fascisme. ä I'dgard de ces meurtres cette insensibilitd barbare. sont I'expression du nouveau je pr6c6demment que barbarie Les commentaires brutaux et cyniques ä I'occasion Lorsque disais la pays de la mort de Holger Meins s'älou1ent aux actions ne peut surprendre dans un fasciste, il faudrait barbares de la police lors de I'enterrement de Gün- par ailleurs probl6matiser cette constatation. Dans la d6claration de solidaritd du mouvement basque 206 207 de lib6ration, I'E.T.A., ä I'occasion de la mort de La tendance de l'ancien fascisme ä faire dispa- Holger Meins, il est dit : < qui aurait os6 dire que raitre les structures diffdrenci6es du droit et de l'äd- dans. un p_!ys qui s'affirme d6mocratique et qui äst ministration, qui est historiquement prouvde par le pass6 par I'expdrience du fascisme, on-laisse mourir national-socialisme, est visible aujourd'hui dans la quelqu'urt pour lrri refuser des conditions plus humai- subordination de plus en plus grande de la justice nes dans son cachot ? >. allemande atu( organes de s6curit6 de I'Etat en La rdponse ä cette question est ä chercher dans particulier aux Bundeskriminalamt. - le que fait le fascisme I selon le lournal de Franc- Par contre, ce qui est nouveau, ce sont les m6tho- lort du 18 novembre 1974, le Minister-presidänt des d'an6antissement voil6 et je peux ici encore Kohl doutait qu'on puisse mettre en accord la res- donner une nouvelle que j'6tofferai- dans les ponsabilitd iro- globale de I'Etat et le fait que I'Etat chains jours selon laquelle I'un des m6decins doive.d6penser des sommes importantes pour quel- responsables du- programme d'andantissement tra- ques a individus dont I'unique büt est ae tä aetäire. vailld sous le III" Reich aux questions de potitique C'est tdllement fasciste qüe m€me la presse boui- raciale. geols9 essaie de ne pas divulguer ce?te prise de Les organes de rdpression et dtinformation position conju- et fait passef avant elle la ddclarätion de guent tous leurs efforts pour isoler les ddtenus sur Carstens. C'est la r6action typique d'un politicien le plan psychique et moral. Mais ,la solidaritd des oucst-allemand ä la gröve de la faim dej ddtenus autres mouvements anti-imp6rialistes dans le monde politiques ,la aprös mört de Holger fvfeins. entier rdpondra aux crimes fascistes. C'est le langage de. I'ancien Jascisme. Le pro- Pour les militants de ces mouvements, la lutte gramme c'est : euthanasie pour les rdvolutionnaires. dans les mdtropoles n'est pas une aventure terro- ( riste, mais est une n6cessit6 et a ete longtemps atten- L'ETAT, POUR DES RAISONS DE SE€U- due. Dans des discussions avec ces RITE ET camarades, 6ga. DE DEPENSES, DOIT ACCEPTER LA lement avec ceux qui connaissent depuis des anndes MORT DES REVOLUTIONNAIRES SINON par leur propre observation la situation LäCCELERER. difficile en ) Allemagne de I'Ouest, il apparait que I'action armde n'a plus besoin d'ötre justifi6e leur incomprd- Ces paroles de Kohl se rattachent ouvertement hension va plutöt ä ce qui leur -apparait comme I'ancien Ie ä fascisme. pacifisme des organisations de gauche. C'est ce que I'I.R.A., dans sa ddclaration de soli- L'existence de cette solidaritd internationale darit6, ne a dit d'une maniöre gdndrale au sujet de la doit certes pas masquer le fait qu'en Allemagne ddtention de par I'isolement. I'Ouest, la classe ouvriöre dans sa masse num6rique I,e programme d'an6antissement qui est mis en ne participe pas aux luttes de ces groupes r6volution- route dans prisons les et qui intensifie-d,une maniöre naires, si bien que la stratdgie d'isolement de I'imp6- meurtriöre l'is

Nous vaincrons. 2 fövrier 1975. R.A.F. (S). INTERVIEW ACCORDEE AU ( SPIEGEL INTERVIEW ' PAR LEs PRrsoNNrERs DE LA R.A.F. LUrrANr pAR LA cnüve DE LA rlnu (20-1.75) ACCORDEE AU q SPIEGEL > par SPIEGEL : < Le cotlectil R.A.F. a-t-il adoptö une les prisonniers de la fraction arm6e rouge nouvelle tactique ? Les carnpagnes pröparöes et diri- RAF göes depuis les prisons ont eveillö dans la population le möme intöröt ä votre sujet que les bombes et les luttant par la gröve de la faim. grenades en 1972 ? > (20 janvier 1975) R.A.F. (Fraction Armöe Rouge) : < Il ne s'agit pas de bavardages sur la tactique. Nous sommes pri- sonniers et nous luttons actuellement avec la seule arme qui nous reste en prison et dans I'isolement : la gröve de la faim collective, afin de sortir du processus d'extermination dans lequel nous nous trouvons : de longues anndes d'isolement social. C'est une lutte ä la vie, ä la mort ; nous n'avons pas le choix sinon de gagner par cette gröve de la faim ou alors de mourir ou 6tre detruits psychiquement et moralement par le lavage de cerveaux, l'isolement et les traitements spdciaux. > SPIEGEL : < Peut-on parler de < torture par isole- rnent > ou m€me de < dötention-extermination > ? Vous lisez un paquet de journaux, si nöcessaire vous öcoutez la radio et regardez la tölevision de temps

2t7 en ternps. M. Baader, par exemple, a eu ä sa dispo- le doute sur Ia ce que vous avez incontestablz- sition ä un certain rnoment bibliothöque iustice, ine de ment röussi. t 400 volumes. Vous avez des contacts avec tautres membres de la R.A.F., öchangez des messages clan_ R.A.F. : <. C'est parce qu'il s'agit de faits dont destins, vous recevez des visitäurs et vos avocats vont vous ne pouvez pas faire disparaitre I'importance et viennent dans vos cellules, > politique en les contestant. ) R.A.F. : < Si I'on ne possöde que le Spieget et les SPIEGEL : < Vous ätes en dötention pröventive, informations diffus6es pär les r"*ices de s6iurit6 de ötant inculpös pour des dälits graves tels que rneurtre l'Etat, on peut se poser la question. Aprös deux, trois, et tentative de meurtre. Ne subissez-vous pas les quatre anndes d'isolement social, on ne sait plus que mdmes conditions de dötention que les autres prison- I'on se trouve dans un processus d'exteräinatiön. niers en dötention pröventive ? > Cela, on Ie supporte peufötre pendant quelques mois, R.A.F. : < Nous rdclamons la suppression des trai- mals pas pendant des ann6es. Empöcher I'institution_ tements sp6ciaux et ne s'agit pas seulement de nalisation des lavages de cerveau^par I'isolement il est pr6venus. Pour les prisonniers politiques, la justice pour nous la condition de noträ survie, c'est en ne fait pas de diffdrences et ä ce propos, nous fonction de cela que les procös se ddrouläront avec ; 'ou disons : sans nous. Aftirmer .qu'il s'agit pour nous, par cette gröve de la faim, de nous rendre nous-m'eäes < TOUT PROLETAIRE PRISONNIER, inap!-es QUI ä la d6tention et inaptes ä comparaitre devant COMPREND POLITIQUEMENT SA SMUATION, Ie tribunal. alors que chäcun sait {ue des prison- ET ORGANISE LA SOLIDARITE, LA nrers. polltiques- QUI inaptes ä-,la d6tention, sont des pri_ LUTTE DES PRISONMERS, EST UN PRISON- sonnters morts cette affirmation-lä fait partie dä la NIER POLITIQUE, SOIT LE MOTIF tactique_ - QUEL QUE de I'adversaire, c'est de la contre-propa- QUI L'A CONDUIT EN PRISON. gande. Les services du procureur f6d6ral ont-reiul6 ces procös pendant trois ans et demi, pour briser les < La justice isole dgalement des prisonniers qui prisonniers par I'isolement, la tortuie, le lavage de sont ddjä condamnds, pour certains depuis quatre cerveaux, les sections silencieuses, la psychiatrisätion. ann6es, comme : Werner Hoppe, Hellmut Pohl, Rolf Les services du procureur f6d6rai ne'väulent plus de Heissler, Ulrich Luther, Siegfried Knutz. Plusieurs ces procäs. Ou, s'ils les veulent, alors c,est sans les milliers ici sont maltraitds par le systöme p6niten- accusds et sans leurs d6fenseurs, pance qu'il est tiaire et ä partir du moment oü ils commencent ä devenu.6vid-ent que_ ces procös ä lrand qpectacle r6sister, sont bris6s par I'isolement. contre la po,litique r6volutircnnaire j auto-räpr6sen_ < C'est contre cela que nous luttons, par cette pouvoir j_ajion -{u d'Etat impdrialiste (ce qüe veut gröve, en tant qu'action collective contre I'institution- Büback) ne peuvent €tre mis en scöne- qu,en notre nalisation de I'isolement. Dans les prisons anciennes, absence. > lä oü il manque les < machines ä isoler > (sections pour les < fauteurs de trouble >, ce qui signifie : SPIEGEL : < Malgrö leur röpötition constante, d,es ceux qui troublent l'inhumanitd dont ils sont victimes) mensonges ne deviennent pas crödibles ; et I'opinion ces machines sont mises en place, comme Tegel, publique a compris depuii longtemps qu" ä c", m"r_ Bruchsal, Strübing, Hanover, Zweibrücken, etc. Les songes sont lancös de mauvaise loi pour - - ieter nouvelles prisons incluent dans les principes de leur 218 2t9 construction leur architecture, I'isolement conune police de trois Länders, alors qu'il semble systöme de d6tention. Ces principes s'orientent, en qu'au cours de ce procös les accus6s et leurs R.F.A., non pas vers les rrodölei su6dois, mais au ddfenseurs ne seront pas admis ä I'audience contraire vers les m6thodes et exp6riences am6ri- au cas toutsfois oü la justice laisserait caines et les mdthodes fascistes de c programmes de -des accusds en vie. rdhabilitation. > f,,af1syss faites aux döfenseurs : publication - de matdriaux de la d6fense, de parties de SPIEGEL : < Concrötement, dites-nous en quoi dossiers et de dossiers de la sdcuritd de consiste ce que vous appelez < traitements spöciaux >. I'Etat, dans le cadre des campagnes du gou- Nous avons des recherches sur les conditions lait vernement visant ä conditionner les verdicts actuelles de dötention du coXlectif R.A.F. nous ; et 6vincer les ddfenseurs. Manipulations dqs n'avons pu trouver la trace de traitelnents spöciaux, dossiers. mais plutöt une sörie de privilöges. > La presse de Springer peut disposer de dos- R.A.F. : < Vous n'avez fait aucune recherche. - siers avant la d6fense alors que les services Vous vous 6tes laissds informer par la Süretd de du procureur f6d6ral refusent d'en donner I'Etat et par les services du procur-eur f6ddral. Trai- communication ä la d6fense. tements spdciaux, sela signifie : Les d6fenseurs sont surveill6s jour et nuit; Huit mois de section silencieuse pour Ulrike, - leur courrier contrö16, leur t6l6phone sur - pour Astrid. table d'6coute, et leurs bureaux sont per- Des anndes d'isolement social pour tous les quisitionnds. Les avocats ont des sanctions - prisonniers de la R.A.F. disciplinaires de la part de leur Ordre et Des anesthdsies de force, ordonndes par un d'inculpations pour leur travail d'informa- - tribunal, ( aux fins d'enqu6te r. tion auprös de I'opinion publique. Pendant plusieurs Les parents et visiteurs sont I'objet de pres- _ anndes, la promenade - mains li6es. - sions de la part des services de s€curitd de jusque Sur ordre permanent des tribunaux, q utilisa- I'Etat, et ce sur leur lieu de travail. Ils sont terrorisds par une surveillance - tion imm6diate de la force >, ce qui signifie : non les vexations dans les cellules de tranquilli- dissimul6e. sation, au cours des transports, des interro- - Ceux qui d6sirent nous dcrire ou nous visi- gatoires, des confrontations et lors des ter sont espionn6s et fichds par les services visites. de s6curit6 de l'Etat. La censure des journaux. Ils sont oblig6s, sous la pression de la gröve de - Des lois d'exception. la faim, de maquiller la rdalit6 et les ministöres - Des bätiments spdciaux pour les procös envoient des dquipes filmer. - contre les prisonniers de la R.A.F. : ä Kai- < En principe, rien n'est chang6. Mais la rdalit6, serslautern et, ä Stammheim le procös ä I'heure actuelle, c'est s'isolement organis6 de I'int6- sur le budget de ,la Süret6 de I'Etat q {ys-- rieur des prisons avec une prdcision meurtriöre : tout lud > ä 150 millions de marks, dans- une en restant isol6s, les d6tenus peuvent se rencontrer, forteresse de bdton gard6e par des unit6s de par deux, et seulement deux heures par jour. Cela

220 221 24 octobre, Büback, procureur fdd6ral, faisait savoir n'emp€che pas le processus de destruction, ga et au tribunal de Stuttgart que la date du transfert ne reste-un-systöme coup6 de I'ext6rieur. signifie Cela pouvait pas ätre respect6e par les services de süret6 que le lavage de cerveau doit continuer que ei - de l'Etat : cette information n'a toutefois 6t6 l'interaction sociale rendue doit ötre rendue impossible. publique qu'aprös la mort de Holger Meins. u P_ut rapport ä I'ext6rieur, I'isolemeni est perfec- . < Pour terminer, le mddecin de la prison Hutter, a tionn6 par I'exclusion des d6fenseurs, ou en I'occu- cess6 complölement la nutrition artificielle et est parti rence la limitation au nombre de trois de ceux-ci. en voyage. Il faut 6galement prdciser que I'Ofüce Si l'on s'en r6före ä la norme de Posser (2), six anndes fdd6ral de police criminelle 6tait inform6 sur l'6tat d'isolement par exemple pour nous et ä la responsa- des- prisonniers,- pendant toute la dur6e de la gröve bilit6 des services du procureur quänt au f6d6ral de la faim, par les directions des prisons. recul de la date des procös, on comprend ce que < Il faut souligner que signifie < ddtention-extermination >. Prouvez-nous Hutter, avant qu'il se retire, parce que Holger 6tait mourant, a demand6 ä donc qu'un seul de ces < privilöges > n'existe pas ! > Degenhardt de lui assurer qu'il ne ferait l,objet d,au- SPIEGEL : < Au däbut, vous avez döcrit la nutri- cune plainte de la möme maniöre, toutes les tion lorcöe comme une machination lasciste ; aprös plaintes port6es- contre Degenhardt ont 6t6 annul6es. la mort de Holger Meins, vous avez parlö de < meur- < Degenhardt est le m6decin qui, durant yi/d-1973, tre >. N'y a-t-il pas lä une contradiction ? > pendant Ia. seconde gröve de la faim ä Schwalmstadt, a srrpprimd < R.A.F. : < Cela ne vient pas de nous, mais la I'eau pour raisons m6dicales > pendant neuf jours, jusqu'au coma. C'est ce mddeöin que nutrition forcde est un moyen pour enlever ä la gröve - Büback qualifiait de la faim son impact vers I'ext6rieur c'est ainsi de < sommitd mddicale u en parlänt ; ä Frey, qui < soignait > que des stations m6dicales de r6animation ont 6td alors les prisonniers de Zwei- brücken. install6es dans les prisons, afin de pouvoir dire que < tout a 6t6 fait>. Alors que le plus simple n'a pas < Holger. Meins a 6t6 assassind d'aprös un plan portant sur la manipulation 6tö lait .' supprimer I'isolement et les traitements de la date du transfert ; spöciaux ! Holger Meins a 6t6 ex6cut6 sciemment c'est la faille qui permet au procureur f6d6ral et ä la par une sous-nutrition syst6matique, la nutri- police de süretd de I'Etat de viser directement les pnsonnlers, tion artificielle 6tait, dös le d6but, ä la prison de Wittlich une mdthode pour assassiner. Äu d6but, < Le fait qu'aucun journaliste n'ait encore fait de brutale, directe, violente, pratiqu6e pour briser la recherches lä-dessus, ni ne les ait publi6es ne signifie volont6, et par la suite pratiqu6e seulement en appa- rien. quant aux faits eux-mömes ; mais au contiaire, rence. 400 calories par jour : il s'agit seulement souligne la collaboration et la complicit6, I'amalgame d'une question de temps, de jours, jusqu'ä ce que entre les trusts de I'information, les services de i6cu- I'on meurt. rit6 de l'Etat, le procureur f6ddral, les services f6d6- <, Le procureur f6d6ral Büback et les services de raux de la police criminelle et les services secrets. > s6curit6 ont manigancd cela en s'arrangeant pour que SPIEGEL : < Nous n'acceptons en aucune Holger Meins reste ä la prison jusqu'ä maniöre de Wittlich, votre version du soi-disant < meurtre qu'il soit mort.Le (O.L.G.) ä tempöra- 2l octobre; le tribunal (3) ment > de Meins. Vous nous donnez I'imprission de Stuttgart avait ordonnd le transfert de Holger d'une psychose de la persöcution, ce qui serait trös Meins ä Stuttgart au plus tard le 2 novembre. Dös le

222 223 compröhensible aprös des annöes de clandestinitö a R.A.F. : c Ce n'est pas lä notre problöme. [a de dötention. Au < Spiegel >, nous aons critiquä le C.D.U. exige I'arröt de la nutrition. forc6e, de la comportement du mödecin de Ia prison Hutter; Ie möme maniöre qu'elle met le cap ouvertement vers procureut Hutter. > a oavert une instruction contre l'6tat d'exception, le fascisme alors que le S.P.D. R.A.F. : < Il ne s'agit pas de Hutter, il n'est qu'un oriente son potentiel 6lectoral et son histoire vers le des mddecins des prisons, ils n'ont rien ä d6cider. La möme but, fascisation. P6n6tration de I'Etat dans tous mddecine pdnitentiaire est organisäe'hdrarchiquement, les domaines de la vie, militarisation totale de la poli- et Hutter est tout au plus l'un des personnages qui tique, manipulation, endoctrinement du peuple par est saisissable. Un PORC, mais un petit; il sera tout les m6dias, dans le sens des buts de la politique au plus rendu responsable bien que lä aussi, aucune int6rieure et ext6rieure de I'impdrialisme oüest-alle- des personnes qui connaissent I'application des peines mand, c'est-ä-dire camoufler et faire passer, ( ven- et la fonction rdelle de la m6decine p6nitentiaire n'y dre > celle-ci comme politique pour le peuple, les' croient. < socialement faibles >, sous l'aspect de rdformes. Ce que vous appelez < critiquer > c'est un vieux C'est ainsi que la C.D.U. propage ouvertement le que truc qui consiste ä parler d' < inconv6nients >, < d'ac- meurtre, alors la S.P.D-. louvoie, essaie de camou- cidents de parcours > afin de les rendre incompr6- fler les meurtres en suicide, et ne peut prendre posi- hensibles, alors qu'en fait il ne s'agit pas d'accidents tion ouvertement pour la ligne dure de la süret6 de I'Etat, qui d6cide de parcours, mais de la soci6t6 de classes, de sa en dernier ressort de nos conditions justice, de ses camps de prisonniers. de ddtention. > < Compte tenu de la situation dans les prisons, SPIEGEL .' < Ne voyez-vous pas de nouveau d,es de la ddmagogie fasciste autour de cette gräve fantdmes ? Toutes les döclarations connues jusqu'd dans les m6dias, des concerts des politiciens pro- prösent de la R.A.F. ne se basent-elles pas sur les fessionnels, des r6actions incontröldes par rapport analyses insoutenablessur cet Etat, cet S.P.D., cette ä I'action non-violente d'un petit groupe aux limites C.D.U., cette iustice? Nous voyons ici le dälaut qui de la ddfensive prisonnier et isol6 gemals s'll vous a lait perdre, iusqu'ä prösent, I'influence politi- s'agissait d'une -attaque militaire (Strauss- a parl6 de que sur Ia population. Pour cette raison vous n'ätes droit de guerre), tout tend ä montrer ä quel point pas en tnesure de combattre cet ötat, si toutefois il la couverture de ldgitimitd du systöme est bouff6e le möritait de maniäre efficace, pour raison .ses et cette par crises politiques et 6conomiques. vous ne lrouvez pas de soutien ä la base ! > < C'est lä que vous devriez chercher une maladie, R.A.F. < Ce sont un peu des inepties que en considdrant I'int6r6t rdel qu'a I'Etat dans l'exter- : vous essayez ici de tourner. Ce que vous d6clarez < mination des prisonniers de la R.A.F., plutöt que de insou- tenable > n'est avant tout pas marchandable et notre bavarder sur les psychoses de pers6cution. > position, le contre-pouvoir proldtarien, est par rap- SPIEGEL : < boulot consiste ä la remettre en question gräce ä un journalisme qui, depuis longtemps. s'est ouvertement 224 225 d6clar€ comme ayant un röle positif dans le fonction- contre six prisonniers ä Hambourg, afin d'enqu€ter. nement intdrieur de l'Etat cet Etat dont la poli- La nutrition forc6e n'est possible que si le prisönnier tique prol6tarienne est la ndgation.- est sous anesth6sie. Des prisonniers politiques, par e Nous poser cette question ä nous, en tant que exemple, ä Hambourg et Essen : Beer, Pohl, Allnach, question venant du Spiegel, cela n'a pas de sens. Blenck, Hoppe, Kröcher, ont 6t6 enferm6s dans la < La thdorie et la pratique ne deviennent unit6 cloche (cellule d'isolement) ä plusieurs reprises pour que dans la lutte. C'est leur dialectique. Nous d6ve- quarante-huit heures et davantage, parce qu'ils appe- loppons notre analyse comme une arrne, ainsi elle est laient un autre prisonnier pendant lä promänade äans concröte ; et elle a 6td rendue pub'lique lä seulement la cour, ou ne s'arrötaient pas de courir pendant oü nous sommes en mesure de contröler sa publi- celle-ci, ou pour rien : isolds de tout bruit, ne pouvant cation. > pas. möme se lever pour chier, 6tant attachdj par les SPIEGEL : < Vous ne voulez cesser votre gröve mains et les pieds sur une planche, cela signifie une de la laim que lorsque vos revendications auront 6tö privation acoustique, privation des fonctions motri- satisfaites ; avez-vous des perspectives de succäs ? ces, visuelles. L'eftet est comme celui d'un narcoti- Dans le cas contraire, procäderez-vous ä une esca- que. Vous pouvez affirmer que vous trouvez cela Iade, et par exemple, commencerez-vous une gröve bien, mais vous ne pouvez pas dire que nous I'avons de la soil si les revendications ne sont pas satis- invent6, car tous ces faits sont attestds par des cen- laites ? Quelles actions pröparez-vous ä I'intörieur et taines de ddcisions de tribunaux. ä I'extörieur de la prison ? > << . Le soutien par les publications qui lui 6tait ndcessaire, Büback I'a eu, entre autres pär I'initiative R.A.F. : < Büback croit encore pouvoir briser la de Heineman, mais dgalement par I'essai gröve de la faim et I'utiliser afin de nous exterminer, de Dit- furth, paru dans le Spiegel, prdcis quant au fascisme au moyen du meurtre, de la psychiatrisation forc6e. par les mots, pour qui meurtre et psychiatrisation for- C'est pourquoi des stations de r6animation ont 6td cds ne sont que des moyens lui de v6hi- installdes dans les prisons. Stations oü nous devons fermettant culer ses trucs cyniques? pour brutaliser le climat ötre ligot6s vingt-quatre heures par jour, mis en 6tat politique autour de la gröve de la faim. de somnolence par des psychodrogues, nourris de <_Lorsque Carstens, ä la mi-novembre, commenga force, dans un immobilisme total, tant physique qu'in- - de diriger ouvertement le meurtre contre nos person- tellectuel. C'est aussi le pourquoi de l'utilisation de nes, il y avait encore dans I'opinion publique comme la contre-propagande et de la conduite psychologique un choc, une contradiction, de I'horreur. La fonction de la guerre. > de Heineman 6tait d'6carter les doutes, lä oü ils SPIEGEL : < conduite subsistaient encore, par rapport ä la ligne dure de psychologique de la guerre >, tottt cela n'existe que Büback : auprös des intellectuels, des 6örivains, des dans l'imagination de la R.A.F... > 6glises. Le röle de ce personnage a toujours eie ae rev6tir d'un langage le contenu agressif de la politi- R.A.F. : < Cela existe dans la rdalit6 que vous pro- de-l'imp6rialisme _que ouest-allemand ; un aspe-ct qui pagez, Qui est celle de l'imp6rialisme. Il y a eu donne l'apparence de ce que Heineman croit ötre ün l'anesth6sie forcde contre Carmen, afin de prendre.ses contenu humaniste en fonction des associations empreintes digitales, et contre Ulrike la d6cision de qu'il manipule. - I'anesth6sier pour une scintigrafie et en 1974, celle < Les lettres de Heineman 6taient en r6alit6 des

226 227 appels nous demandant de nous soumettre au lavage huit semaines la gröve de la faim de quarante pri- de cerveau ou au meurtre. De la möme maniöre, en sonniers politiques afin d'emp€cher solidaritd et pro- tant que prdsident f&öral, il a gräoi6 Ruhland; et tection. > par ses lettres, il a dirigd les condamnations ä mort SPIEGEL < contre nous du procureur fdd6ral, avec le geste huma- : ... nous avons lait des comptes ren- gröve niste, qui libäre la conscience de ses partisans. Ce dus de la de la laim de la R.A.F. plus d'une fois et de maniäre critique. > qu'il voulait - comme ä Päques, en 1968, oü, pen- dant sa ldgislature, il a voulu int6grer les €tudiants, R.A.F. : < Votre premier compte rendu a paru le les antifascistes traditionnels et la nouvelle gauche cinquante-troisiöme jour de la gröve de la faim, soit g'ssf dans le nouveau fascisme prdparer le terrain cinq jours avant Ia mort de Holger Meins. > pour les meurtres. - SPIEGEL < Etes-vous pröparös ( NOUS ALLONS ENTAMER LINE ESCA_ : ä voir d'autrei cas mortels ? > LADE DE CETTE LUTTE ET COMMENCER LA GREVE DE LA SOIF. R.A.F. : < BUBACK ATTEND CA DANS SON dehors, SPIEGEL : < Vous pensez bien que nous trouvons SPIEGEL : < La mort de Holger Meins a-t-elle un tel soupgon rnonstrueux. > ötö une opportunitö pour le collectif R.A.F.? > R.A.F. : < Oestereicher, le prösident de Amnesty- R.A.F. : < Cela, c'est de la projection fasciste ; la Angleterre, en tant que döfenseur prolessionnel des r6flexion de quelqu'un qui ne peut plus penser autre- droits de I'homme eui, dans ses tentatives de ment qu'en termes de marchö." le systöme qui r6duit conciliation, ötait entiörernent- du cötö de I'Etat toute vie humaine ä de l'argent, de l'ögoisme, du apräs son entretien avec Büback, ötoit : < öpouvantö- pouvoir, de la rdussite. Comme le Che, nous disons : de voir que Büback, lroid comme la glace, iouait au ( LE GUERILLERO NE DOIT RISQUER SA poker avec la vie des prisonniers > (textuellement). > VIE QUE SI CELA EST ABSOL{.JMENT NECES- SPIEGEL < point SAIRE, MAIS DANS CE CAS SANS }IESITER UN : Quel est le de döpart de vote analyse SEUL TNSTANT. de la situation en Röpublique lödörale alle- mande ? > < Et cela est tout ä fait vrai pour la mort de Holger Meins : < la r6sonance de I'histoire >, celle qui s'est R.A.F. : < Centre impdrialiste. Colonie amdricaine. 6veill6e par la lutte arm6e anti-impdrialiste, est entrde Base militaire amdricaine. Puissance dirigeante imp6- dans I'histoire des peuples du monde. rialiste en Europe et dans le Marchd commun. < Elle a < 6t6 une opportunitd ), cela veut dire Deuxiöme puissance militaire de,I'OTAN. Reprdsen- qu'elle a brisd le boycott de I'information. Car, si tant patent6 des intdröts de I'imp€rialisme amdricain beaucoup de gens ne s'dveillent seulement que lors- en Europe de l'Ouest. que quelqu'un est assassind et ä partir de ce moment < La fusion de l'impdrialisme ouest-allernand (poli- commencent seulement ä comprendre de quoi il tiquement, dconomiquement, militairement, id6ologi- s'agit, c'est que vous en ötes 6ga'lement responsable. quement fondd sur les m6mes int6r6ts d'exploitatiön C'est ainsi que le Spiegel a pass6 sous silence pendant du Tiers-Monde, ainsi que- sur I'homog6ndit6 des

228 229 structures sociales au moyen de la concentration (parti communiste allemand) d,en venir ä une politi- des capitaux et de la culture de consommation) avec que orientde vers la rdvolution par la lutte arä6e et l'impdrialisme amdricain caractdrise la position de la la conquöte_proldtarienne du poüvoir politique. R6publique fdd6rale vis.ä-vis des pays du Tiers- o e-pr_e-l 1945, il y a eu l'öffensive-,lavagä de cer- Monde : en tant que parti dans les guerres conduites veau de I'imp6rialisme am6ricain contre le-peuple au contre eux par I'impdrialisme amdricain, en tant que moyen de I'anticommunisme, de la cüttuie de < ville > dans le processus rdvolutionnaire mondial consommation, de la restauration-refascisation poli- d'encerclement des villes par les villages. tique, iddologique, et finalement militaire soui la < Dans cette mesure, la guerilla dans les m6tro- forme de.guerre froide et d'une R.D.A. (R6publique poles est une guerilla urbaine aux deux sens du d6mocratique allemande) qui n'a pas däveiopp6'la terme : gdographiquement, elle surgit, opöre et se politique communiste comme guerrä de lib6rat'iän. II d6veloppe dans les grandes villes, et au sens strat6gi- n'y a pas eu ici de r6sistance äntifasciste, de masses que et politico-militaire elle est une guerilla urbaine arm6es comme en France, Italie, yougoslavie, Gröce, car elle s'attaque de I'intdrieur ä la machine r6pressive Espag19, m6me Hollande. Les condiiions pour celä de I'imp6rialisme dans les m6tropoles, elle combat ont 6t6 imm6diatement brisdes par les alli6j occiden- comme unit6 de partisans sur les arriöres de l'ennerni. taux aprös 1945. par * cela signifie. pour < C'est ce que nous entendons aujourd'hui . , -Togt nous et pour la gauche internationalisme prol6tarien. En un mot : la Rdpu- l6ga.le, ici : il n'y a rien ä quoi nous rattachär, sur blique f6d6rale faisant partie du systöme 6tatique de quoi nous appuye.r historiquöment, il n'y a rien que I'impdrialisme am6ricain, n'est pas une Nation oppri- nous puissons prdsupposer d'une maniöre ou d'une m6e mais une Nation qui opprime. autre en termes organisationnels ou de conscience < Dans un tel Etat, le d6veloppement du contre- proldlarie-nne, pas möme des traditions ddmocratiques pouvoir proldtarien et de sa lutte de libdration, le ou r6pub'licaines. Au plan de la politique 'possibleintdrieure, ddmantölement complet des structures dominantes, i'l s'agit _lä d'un des motifs qui'rend sans de pouvoir, ne peuvent ötre, dös leurs ddbuts, qu'in- retenue le processus de fascisätion, la iurcroissance ternationalistes, ne sont possibles qu'en relation tac- e-t l'excroissance de I'appareil policier, de la machine tique et strat6gique avec les luttes de lib6ration des de süretd de l'Etat comnie poliöe de I'Etat dans l,Etat, Nations opprim6es. la suppression factice de lä division des pouvoirs, la < Historiquement : depuis 1918-1919, la bourgeoi promulgation de lois d'exception fascisies dans le sie imp6rialiste son Etat possöde I'initiative cadre.du.programme de < s6cürit6 interne , _ depuii dans le d6roulement- des luttes de- classe en Allemagne les lois d'urgence jusqu'aux lois d,exception actuel_ et est ä I'oftensive contre le peuple ; et cela jusqu'ä les qul permettent le ddroulement de procös sans ce que les organisations du prol6tariat se soient trou- accus6s ni ddfenseurs, comme pure entreprise de spectacle, v6es totalement d6faites dans le fascisme jusqu'ä la mais 6galement I'exclusion de < radicaux n pas ä des.services ddfaite de I'ancien fascisme, d6faite due non -publics, l'6largissement des compdtences la lutte arm6e, mais aux al'li6s occidentaux et ä de I'Ofüce de police crimlne[e. I'arm6e sovidtique. Dans les ann6es 2O, il y a eu la < Une ddmocratie qui n'a pas 6t6 conquise, qui n'est trahison de la Troisiöme Internationale : alignement _po-ui le peuple qü,un boürrage de cräne et n'a pas total des partis communistes sur l'Union sovi6tique, de base de masse, ne peut pai 6tre ddfendue et qui se trouve ä I'origine de I'incapacitd du K.P.D. ne l'est pas non plus. Toui cela, ce sont des condi-

230 231 t'. " tions spdcifiques au territoire politique de la Rdpu- beaucoup, modifiant leur opinion sur cet Etat 6tant blique f6d6rale. > donn6 les mesures prises pai le gouvernement contre nous, commencent ä le reconnaitre pour qu'il SPIEGEL : < lusqu'ä präsent, avec des bombes ce est : machine rdpressive de et des slogans vous n'avez pu obtenir I'adhösion que !a la bourgeoisie impdrialiste ; 2o au niveau oü nombreux de trös petits groupes d intellectuels et sympathisants soni oeux qui, s'identi- fiant avec notre lutte, anarchistes. Croyez-vous encore pouvoir changer devenant conscienti et relativi- sants dans leur pens6e, leur sensibilitd et finalement cela ? > dans leur action, I'absolutisme de pouvoir du systöme, R.A.F. : < Les guerres de lib6ration des peuples reconnaissent ce qu'il est possible de faire,-que le du Tiers-Monde ont des rdpercussions dconomiques, sentiment d'impuissance ne reflöte pas U ieante politiques, militaires et id6ologiques sur la socidtd objective ; 3" au niveau de I'internationalisme prol6; m6tropolitaine, que Lin Piao appelait < couper les tarien, de la conscience de la relation enträ des pieds ä I'impdrialisme r. Elles a@entuent les contra- luttes de lib6ration dans le Tiers-Monde et ici, de la dictions dans les m6tro,poles. Les moyens et les poslibilitd et de la ndcessit6 de collaborer ldgalement-qu'il mdthodes que le systöme emploie pour nier ces et illdgalement. Au niveau de la praxis , ne contradictions deviennent ddpass6s. Les rdformes se suffit pas seulement de parler, mais-qu'il est possible transforment en röpressions, I'appareil militaire et et n6cessaire, ndcessaire et possible d'agir. , policier est d6velopp6 ddmesurdment et ce d'autant SPIEGEL < Voulez-vous plus que les moyens manquent dans le secteur. : Atre des cadres et le rcster et provoqaer seuls la chute < de la population, la militari du rögime ou bien L'appauvrissement croyez-vous touiours pouvoir sation de la politique, la rdpression intensifi6e, tel est mobiliser les masses prolötariennes ? > le ddveloppement forc6 de la crise du systöme. Sortir d'une position politique et historique ddfensive R.A:F. : < Aucun rdvolutionnaire ne pense ä ren- et intervenir dans ce processus de ddsint6gration est verser seul le systöme, c'est absurde. Il n'y a pas de la condition de base de la politique r€volutionnaire rdvolution sans le peuple. De telles ailirmations ici. r contre Blanqui, L6nine, Che Guevara, contre nous maintenant n'ont jamais 6td SPIEGEL : < On vous reproche souvent un man- autre chose que la d6non- ciation de toute initiative r6volutionnaire, que absolu d'influence sur les m,asses ainsi que de la r6f6rence aux masses ayant pour fonction justifier, avec base. Imputez-vous cela au que de de vendre liaison la lait la politi\ue r6formiste. le collectil R.A.F. est öloignö de la röalitö ? Avez- Il ne s'agit pas de lutter seul, mais de crder ä partir des quotidiennes, veus, entre-temps, aflütö votre optique ? Beaucoup lutGs dei mobilisations et des processus ont I'impression que vous n'attirez encore I'attention d'organisation de la galth.e lögale, avant-garde, qwe Id oü vous suscitez de la pitiö, en consöquence de _une un noyau politico- militaire qui devra mettre place quoi vous n'avez möme pas I'approbation de I'ex- en une structure itt-"g4: condition prdalable, n€cessaire träme gauche. Oü situez-vous vos partisans ? > ä la pos- sibilit6_-d'agir,et- qui,-6tant donn6 les poursuitei et R.A.F. : < Il y a la trace laissde par la politique de l'ill6galit6, et Ia praxis peut donner aux luttes l6gales la R.A.F. Pas de partisans, pas de suMstes et pas dans les- usines, les quartiers, la rue et les univeriitds, d'organisations de successeurs. Mais la R.A.F. et orientation, force et but pour atteindre ce dont ii l'effet de notre politique se situent : Lo au niveau oü s'agira dans les d6veloppernents de la crise 6cono-

232 233 mique et politique de l'impdrialisme : la prise du qui agit de plus en plus ouvertement par rapport ä pouvoir politique. I'impdrialisme ouest-allemand, on assiste dgalement < La perspective de notre politique le ddvelop- au ddveloppement d'une sensibilitd quant ä sa r6pres- pement pour lequel nous nous battons -: un{ort mou- sion intdrieure. Parmi les organisations de la gauche, vement de guerilla dans les mdtropoles est' au l6gale, depuis que la R.A.F. existe, se ddveloppe un cours de ce processus de chute ddfinitive et- d'€crou- processus de discussi,ons et de polarisation par rap- lement de l'impdrialisme amdricain, un moyen n6ces' port au problöme de la politique arm6e. Un nouvel saire, une 6tape, dans la mesure oü les luttes ldgales anti-fascisme est en train de se former, non plus bas6 et les luttes qui se ddvelopperaient spontan6ment ä sur la piti6 apolitique avec les victimes et les pers6- partir des contradictions du systöme pourraient €tre cutds mais identification avec la lutte anti-impdria- bris6es par la rdpression dös qu'elles se manifestent. liste, dirigd contre la police, les services de süret6 de Ce que le parti de cadres bolch6vique reprdsentait I'Etat, les trusts multinationaux, contre l'imp6rialisme pour L6nine, correspond ä l'6poque de I'organisation amdricain. Helmut Schmidt n'aurait pas comptd la multinationale du capital, des structures transnatio- R.A.F., ä I'occasion de son discours de Nouvel An, nales de la r6pression impdrialiste ä l'intdrieur et ä parmi les cinq r6alit6s ou d6veloppement menagants I'extdrieur, .oü nous nous trouvons aujourd'hui, ä principalement l'imp6rialisme en 1974 : I'inflation I'organisation du contre-pouvoir prol6tarien issu de mondiale, la crise du pdtrole, l'aftaire Guillaume, le la guerilla. Au cours de ce processus national et chömage, la R.A.F. ; si nous 6tions des poissons sans international elle se d6veloppe en parti- rdvolution- eau, si la politique r6volutionnaire ici avait une base naire. Il est stupide,- en l'6tat actuel des luttes anti- si 6troite, comme ils le pr6tendent, dans la conduite imp6rialistes en Asie, en Amdrique Latine, au Viet- psychologique de la guerre. > nam, Chili, Uruguay, Argentine, Palestine, de dire SPIEGEL : < L'une de vos troupes d'appui prin- que nous sommes seuls. En Europe occidentale il cipale, du moins le pr6tend-on, serait la douzaine n'y a pas seulement la R.A.F., il y a I'I.R.A., I'E.T.4., d'avocats qui ont charge de coordination tant en des groupes arm6s combattants en ltalie, au Portu- dehors qu'ä I'intörieur de la prison. r6les groupes Quels gal, en Angleterre. Depuis 1968 il existe des jouent vos avocats ? > de guerilla urbaine aux U.S.A. > R.A.F. : << Les avocats engag6s, les d6fenseurs qui SPIEGEL : < Votre base, se sont parait-il, ä I'heure connaissent nos dossiers se politisent in6vitablement, actuelle, quarante camarades de la R.A.F. ery prison, parce qu'ä chaque instant, ils font I'expdrience, litt6- approximativement trois cents anarchistes dans la ralement dös leur premiöre visite ä un prisonnier de clandestinitö en R.F.A. Qu'en est-il des syrnpathi- la R.A.F., que rien de ce qu'il consid6rait comme sants ? > allant de soi en tant qu'instance judiciaire ne fonc- R.A.F. : < Ces chiffres sont I'un de ceux changeant tionne plus. Les fouilles corporelles, le contröle du souvent et 6manant des services de I'Ofüce f6d6ral courrier, les perquisitions dans les cellules, les per- de police criminelle. Ils sont faux, les processus de s6cutions, suspicions, les sanctions du Conseil de prise de conscience ne se laissent pas quantifier si I'ordre des avocats, la conduite psychologique de la facilement. A I'heure actuelle, la solidarit6 est en guerre, les poursuites p6nales, les lois d6cr6t6es train de devenir internationale. Parallölement ä une ( sur mesure > pour leur exclusion, de la d6fense, sensibilisation de l'opinion publique internationale ce ä quoi s'ajoute Ia connaissance des traite-

234 235 ments spdciaux 'que nous subissons' leur impuis- personnes, sans leur avoir enlevd Ie droit de viwe, sance totale ä changer quoi que ce soit, par Ia sans les avoir 6trangl6s en s'a,ppuyant sur des para- proc6dure normale, c'est-ä-dire en utilisant des argu- graphes, enfermds dans des cellules de prison, sans ments juridiques devant les tribunaux et I'exp€rience avoir brisd leur avenir. Il y a aussi le fait que qu'ils font ä tout moment, que c€ ne sont pas les malgrd I'invitation des plus hautes autorit6s ouest- jüges mais le Sicherungsgruppe Bonn (services de allemandes : le pr6sident de Ia R6publique et le pr6- iüiet6 de I'Etat) et les services du procureur f6ddral sident de la Cour constitutionnelle, 15 000 Berlinois qui prennent toutes les d6cisions nous concernant, ce seulement se sont rendus ä I'enterrement, et cela dans qui äst une contradiction entre texte et räalitö consti- une ville Qui, autrefois, mobilisait de 500 ä tütionnelle, entre la fagade de l'6tat constitutionnel 600 000 personnes pour des manifestations anti- et la rdalitd de l'6tat policier, a fait des d6fenseurs de communistes. Vous savez vous-möme que I'indigna- l'6tat constitutionnef des anti-fascistes. La volont6 tion suscit6e par cet attentat contre la justice berli- d'assimiler ces avocats ä nous, d'en faire des troupes noise n'est que de la propagande et de I'hypocrisie, auxiliaires, ce qu'ils ne sont pas, fait partie de la que personne ne porte le deuil pour un masque, que stratdgie du B.K.A. (Office f6d6ral de police crimi- cet exercice imposd n'6tait qu'un moyen de commu- nelle) et des services du procureur f6d6ral. Dans la nication bourgeois et impdrialiste. L'indignation mesure oü la justice est annex6e dans ce procös par exprimait un rdflexe d'adaptation ä un certain climat la süret6 de l'Etat pour servir les buts de la contre- politique. Celui qui, sans ätre lui-möme 6lite diri- insurrection, oü elle est utilis6e comme instrument geante, s'identifie spontan6ment ä une telle masca- dans la stratdgie d'extermination men6e contre nous, rade de justice, dit seulement de lui que lä oü par les services du procureur g6ndral, les d6fenseurs I'exploitation rögne il ne peut se pencher que du qui se basent sur le principe de la s6paration des cöt6 de I'exploiteur. En termes d'analyse de Classes, pouvoirs sont consid6r6s comme des obstacles ä la les protestations en faveur de Drenkmann, lä oü elles fascisation et doivent donc ätre combattus. dmanaient de la gauche et des libdraux, opdraient seulement de fagon ä les d6masquer. > SPIEGEL : < Avez-vous des problömes de dömar- cation politique, vis-ä-vls des autres groapes anar- SPIEGEL : < Ce que nous en savons est quelque chistes opörant dans Ia clandestinitö ? > chose de tout ä lait difförent. Nous s(Nons que Drenkmann a ötö abattu et nous tenons pour une R.A.F. : < Pas vis-ä-vis drt Spiegel. > impudence I'apologie de ce meurtre por la R.A.F. Celui-ci se räduit justice SPIEGEL : < Qu'en est-il du mouvement du 2 iuin ä une de lynch pour un dölit qui approuve le rneurtre ä Berlin-Ouest du iuge apparemment commis de lagon collective par une Drenkmann ? > iustice que vous qualiliez de fasciste. M€rne lors- qu'on accepte la maxime : Ia justifie les moyens juin.> fin R.A.F. : constitue une döfaite pour le coltectil R.A.F. > justifions R.A.F. : < Drenkmann n'est pas devenu la plus R.A.F. : < Nous ne rien. La contre-vio- haute autoritd judiciaire d'une ville de trois millions lence rdvolutionnaire n'est pas seulement l6gitime, d'habitants sans avoir ddtruit la vie de milliers de elle est notre seule possibilitd et nous savons, nous,

236 237 qu'au cours de son d6veloppement, elle donnera ä cace qui n'entratne pas la solidaritö mais repousse la classe pour laquelle vous 6crivez, d'autres occa- ou- avez-vous plutöt l'intention de continuer duts sions d'auto-reprdsentations bigottes, que la tentative -cette voie ? , de faire prisonnier un juge. _ R.4.F. : < La question, c'est : qui repousse qui ? < Votre indignation doit 6tre mise en relation avec Des photos de nous dtaient accrochdes aux palissädes votre silence sur I'attentat de Br0rne, lorsqu'une dans les rues d'Hanoi car l'attaque d,Heidelberg bombe a explosd dans une consigne automatique peu revendiqu6e par la R.A.F. a ddtruit I'ordinateur aü aprös l'annulation d'un match de football. Au Foygn duquel dtaient programm6s et dirigds les contraire de I'action contre Drenkmann cette bombe bombardements amdricains sur le Nord-Vietnam. Les n'6tait pas dirig6e contre un membre de la classe officiers, les soldats et les politiciens amdricains se dirigeante mais contre le peuple, il s'agissait d'une sont.sentis repoussds car, ä Francfort ou ä Heidel- action fasciste sur le modöle de la C.I.A. Comment berg, ils ont soudain senti que le Vietnam leur 6tait expliquez-vous, dans ce cas, que la police de la gare remis en mdmoire, ils ne se sentaient plus en sdcuritd de Br€me 6tait ddjä en dtat dralerte le matin du sur leurs arriöres. La politique rdvolutionnaire doit 7 ddcembre jour oü la bombe explosa ä 16 h 15 6tre aujourd'hui en m0me ternps politique ET mili- de I'aprös-midi- prdvenue par - car elle avait 6td taire. C'est ce qui ressort de la structure de I'imp6- le bureau criminel du Land de Hesse, que I'on s'atten- rialisme : le fait que sa domination dolt ötre assui6e, dait ä cet attentat dans les gares et dans les trains ? ä I'intdrieur et ä l'ext6rieur, dans les m6tropoles et Comment expliquez-vous que la protection civile de dans le Tiers-Monde, d'abord militairement au moyen Bröme-Nord avait d6jä regu ä 15 h 30 I'ordre d'in- de pactes et d'interventions militaires, de programmes tervenir et d'envoyer cinq ambulances ä la gare de contre-guerilla et de < s6curit6 interne >, c'est-ä- principale parce qu'une bombe allait y exploser, que dire l'6laboration ä partir de I'int6rieur de son appa- la police 6tait ddjä lä immddiatement aprös I'explo- reil de violence. Etant donn6 le potentiel de violäirce sion avec l'information toute pr6te, selon quoi elle de I'impdrialisme, it n'y a pas de politique rdvolu- pas n'avait 6td mise au courant d'une attaque ä la tionnaire sans rdsoudre la question-de la-violence ä bombe 15 cela concernant avec grand ä h 56 et un chaque 6tape de I'organisation rdvolutionnaire. > magasin du centre de la ville ? Ainsi les autorit6s de SPIEGEL < image Bröme n'6taient pas seulement pr6venues du temps : Quelle avez-vous de vous- mämes ? Vous rangez-vous et du lieu exacts mais elles disposaient aussitöt aprös au nombre des anarchis- tes ou des marxistes > I'explosion d'une information qui taisait, manipulait ? et ddtournait d'eux le scdnario r6el de leurs propres R.A.F. : < Marxistes. Mais la conception de I'anar- mesures ? Qu'en est-il alors de votre indignation ? > chisme par les services de sdcurit6 de i,Etat n'est rien d'autre qu'un brandon anticommuniste, qui ne tient SPIEGEL .' < Nous vörilierons les faits que vous ä rien qu'ä I'usage d'explosifs. Il est destin6 en tant döpeignez. Vous seuls, dans la clandestinitö, avez mis que rh6torique de la contre-r6volution, 6tant donnö l'accent sur Ia violence. Lorsque les bombes ont la pr6carit6 des conditions de vie dans la sphöre explosö d Munich, ä Heidelberg et ä Hambourg, Ia capitaliste, ä manipuler les angoisses latentes, et R.A.F. a tenu cela pour un lait politique et I'a reven- torrjours ä port6e de la main, du chömage, de la diquö comme tel. Considörez-vous la violence comme crise et de la guerre, afin de vendre, par le biais des les choses et les personnes comrne un concept inefti- mesures de c s6curitd interne >, le peuple ä I'appareil

238 239 d'Etat : police, services secrets armde en tant qu'ins- blique f6ddrale, Down Chemical, I.B.M., General trument du maintien de I'ordre et de la s6curit6. Il Motors, la justice, la police, le B.G.S. ne constituent vise ä la mobilisation r6actionnaire et fasciste du pas le peuple et, le fait que la politique du cartel peuple, cela afin d'entrainer de fagon manipulative p6trolier, de la C.I.A., du B.N.D. (5), de la Cour une identification avec I'appareil de violence d'Etat. constitutionnelle puisse ötre une politique pour le Il s'agit aussi d'une tentative pour pratiquement usur- peuple, puisse incarner le bien€tre de l'Etat imp6- per au profit de I'Etat imp6rialiste la vieille querelle rialiste en möme temps qu'il obscurcit la entre r6volutionnaires marxistes et rdvolutionnaires conscience du peuple, est I'aftaire du journal c Bild r, anarchistes, de jouer contre nous I'affadissement du Spiegel, de la conduite paychologique de la guerre opportuniste du marxiste contemporain qui dit que men€e par la süretd de l'Etat contre le peuple, les marxistes ne doivent pas s'attaquer ä I'Etat mais contre nous. ) au capital, que seulement les usines et non les rues SPIEGEL : < Vox populi, vox R.A.F. ? Ne remar- peuvent €tre aujourd'hui le centre des luttes de quez-vous pas que plus personne ne descend dans la classe, etc. Selon cette fausse comprdhension du rue pour vow ? Lorsqu'il y a un procäs contre Ia marxisme, L6nine 6tait anarchiste et son livre : R,A.F., vous ne rassernblez plus dans les tribunaux < L'Etat et la Rdvolution > est un 6crit anarchiste. que de petits groupes; ne remarquez-vous pas qu'ä Il est cependant le livre stratdgique par excellence partir du moment oü vous a)ez lancö des bombes du marxisme rdvolutionnaire. L'expdrience de tous autour de vous, plus personne ne tient de lit ä votre les mouvements de guerilla est simple : I'instrument disposition ? Tout cela öclaire cependcnt en grande du marxisme-ldninisme, ce que L€nine, Mao, Giap, partie le succös des recherches entreprises contre la Fanon, Che, ont emprunt6 ä la th6orie de Marx, et R.A.F. depuis 1972. C'est vow et non Böll qi d6velopp6, qui pour ce eux 6tait utile, est une arme möpisez les masses. > dans la lutte anti-impdrialiste. > R.A.F. : < Il est bien que vous rdpercutiez les < < guerre SPIEGEL : La populaire > congue pat platitudes de Hakker la situation se trouve ainsi la R.A.F. est devenue dans Ia conscience du peuple caractdrisde : une gauche- l6gale encore tactique- semble-t-il une guerre contre le peuple. ment faible et 6parse ne peut pas transformer la - parlö - > Böll a une lois des 6 contrc 6O millions. mobi lisation rdactionnaire en mobilisation r6volution- R.A.F. : < Il s'agit lä d'un vceu impdrialiste. C'est naire contre la force de r6pression dans le cadre de cette fagon qu'en 1972 le journal < Bild > a national. Cette question vous ne vous la posez m€me retournd la notion de guerre populaire en ( guerre pas. Nous disons : c'est prdcisdment dans cette contre le peuple >. Si vous considdrez le journal contradiction que la politique proldtarienne peut q Bild > comme la voix du peuple... Nous autres, ne devenir en tant que politique armde seulement : la partageons pas le mdpris de Böll pour les masses, politique du prol6tariat, c'est par cette m6diation que car I'OTAN, les holdings multinationaux, la süret6 de I'intelligence, en tant que problöme de la r6volution, I'Etat, les 127 bases militaires am6ricaines en Rdpu- de la strat6gie et de I'analyse de classes se trouve certainement soustraite ä votre plate pol6mique. La R.A.F. n'est pas le peuple, mais un petit groupe qui (l) Bundesnachrichtendienst : rdseau Gehlen, service de a commenc6 la lutte comme partie peuple, qui renseignements ouest-allemand h6ritier des dossiers anti- du communiste de la p€riode nazie. ne surgira comme force de l'histoire que dans la

244 241 Iutte.contre I'imp€rialisme, au cours du long proces- arm€e en guerre populaire prolongde cela signifie que dans le combat contre la structure- de pouvoir de lls^qg_la guere de libdration. LA R.A.F., SA'POLI- TIQUE, SA LIGNE, SES ACTIONS SONT I'impdrialisme le peuple trouvera ä long terme son PROLETARIENNES, SONT UN DEBUT DE avantage, se ddlivrera de l'emprise des lavages de CONTRE-POUVOIR PROLETARIEN. LA LUTTE cerveaux par les m6dias - car notre combat est une COMMENCE. VOUS PARLEZ DU FAIT QUE Realpolitik, c'est un combat contre les ennemis CERTAINS D'ENTRE NOUS SONT PRISÖN- rdels du peuple, tandis que la contre-rdvolution NIERS _ CELA CONSTITUE SEULEMENT UNE est rdduite ä placer les faits la t6te en bas. Il y a DEFAITE. VOUS NE PARLEZ PAS DU PRIX cependant le problöme du chauvinisme de m6tropole POLITIQUE PAYE PAR L'ETAT IMPERIALISTE dans la conscience du peuple, lequel, au moyen du CONTRE UNE PETITE UNITE SEULEMENT DE concept d'aristocratie ouvriöre, est seulement mal LA R.A.F. Parce qu'un des buts de I'action r6vo- d6fini en termes de cat6gorie 6conomique... Il y a le. lutionnaire, sa tactique dans. cette phase de construc- problöme que l'identitd nationale dans les m6tropoles tion, est de contraindre I'Etat ä agir ouvertement, de ne peut 6tre que r6actionnaire, comme identification le contraindre ä une rdaction, qüi r6völe les stiuc- avec I'imp6rialisme. Cela signifie dös le ddbut que la tur.es de la rdpression, de I'appäreil de rdpression, conscience rdvolutionnaire dans le peuple n'est pos- prol6ta- qui lgt rend perceptibles, et ainii se propose comme sible que dans le cadre de I'internationalisme condition de lutte de I'initiative rdvölutlonnaire. rien, dans I'identification avec les luttes de libdration q Marx dit : q Le progrös r6volutionnaire se fait anti-impdrialiste des peuples du Tiers-Monde, ne peul paf_la cr€ation d'une contre-r6volution puissante et pas seulement se ddvelopper ä travers les luttes de unifi€e, par la crdation d'un ennemi qui-amönera le classes ici. Etre cette articulation, rdaliser I'interna- parti de I'insurrection ä atteindre pär la lutte la tionalisme proldtarien comme condition de base de la maturitd qui fera de lui le v6ritable parti r6volu- politique r6volutionnaire, ötre de cette fagon la liaison tionnaire. > L'dtonnant n'est pas que nous ayons entre les luttes de classe ici et les luttes de liböration subi lne d6faite, mais que depuis öinq ans ell-e se du Tiers-Monde, est I'affaire de la guerilla dans les perpdtue : la R.A.F. les faiis dont parle le gou- mdtropoles. > vernement ont chang6.- ( EN 1972, APRES UN SONDAGE, 20 Vo DES ADULTES ONT DECLARE QU'ILS ACCEPTE. RAIENT DES POURSUITES JUDICIAIRES POUR POUVOIR CACHER CLTEZ EUX L'UN D'ENTRE NOUS. EN 1973, T]NE ENQUETE PARMI LES ECOLIERS REVELÄIT QIJE tS Vo D'ENTRE EUX S'IDENTIFIAIENT AUX AC- TIONS DE LA R.A.F. Il est sür que le bien-fondd de la politique rdvolutionnaire n'eit pas ä vdrifier au moy-en d'enqu6tes ddmographiques, car le pro- cessus de prise de conscience, de cönnaissance el de politisation pas quantifiable. -n'est Mais cela signifie que le ddveloppement de la thdorie de I'insurreition

242

I LE COMITE CONTRE LA TORTURE DES PRTSONNIERS POLITIQUES EN R.F.A.

La torture des prisonniers politiques de R.F.A. est l'adaptation des mdthodes utilisdes par I'imp6ria- lisme au Chili dans une rndtropole europdenne par un Etat qui se dit a ddmocrate r, c sociäl > et < lib6- ral r. A ce titre, ces mdthodes peuvent faire exemple. Les d6tenus de la R.A.F. sont des r6volutionnaires, le traitement qui leur est inflig6 a le möme but que celui inflig6 aux r6volutionnaires chiliens : les exter- miner. L'ennemi est le möme, le but est unique, la libdration ddfinitive du joug impdrialiste pour une soci6t6 d'hommes libres. Interview6 au sujet de la gröve de la faim des prisonniers de la R.A.F., Vogel, ministre fdddral de la Justice, membre du S.P.D., ddclarait ä I'hebdoma- daire < Le Spiegel >, le 16 d6cembre 1974 : ( LE DROIT FONDAMENTAL A LA VIE N'EST PAS UN DROIT ABSOLU, D'APRES LA CONSTITUTION., Nous ferons tout pour empöcher les meurtres d'autres rdvolutionnaires, et ferons connaitre leurs luttes. ( DE QUI DEPEND QUE L,OPPRESSION PER. SISTE ?

245 _ (DE NOUS!

C DE QUI DEPEND QU'ELLE SOIT BRISEE ? _ < DE NOAS EGALEMENT ! >

Adresser les dons :

... S-qtl sous enveloppe, soit sous forme de chöque libelld : Comitö R.F.A., ä I'adresse du Comit€ : :les ]emps Modernes >, 26, rue de Cond6, 75006 PARIS.

Permanence du Comit6 : mardi, de ä l7 h 30 INTERNATIONAL DE DEFENSE 19 heures - Vendredi, de 17 h 30 ä 19 heures. COMITE DES PRISONNIERS POLITIQUES Tdl6phone : 326-47-81, I'aprös-midi. EN EUROPE

Pröambule

Considdrant que : 1o Les luttes anti-impdrialistes et anti-fascistes se ddveloppent dans les pays du Tiers-Monde et dans les puissances occidentales, 2o Face ä ces luttes, on enregistre dans tous les Etats capitalistes I'adoption de diffdrentes mesu- res de restriction des droits civils et politiques, notamment dans le domaine judiciaire, 3o Dans plusieurs pays, des prisonniers politiques accusds d'avoir employd la violence, en partici- pant ä ces luttes, sont soumis de la part des pouvoirs ex6cutifs et judiciaires ä un r6gime sp6- cial de ddtention visant ä d6truire leur identit6, 4o Des Etats, tenus par leurs lois et les conven- tions internationales ä respecter les droits de I'homme, ont ddvelopp6 des formes scientifiques de torture, 5o Une forme nouvelle de torture est la privation sensorielle ajout6e ä l'isolement ä long terme et tendant ä la destruction de I'individu,

247 6o L'isolement.ä-fong terme combin6 avec la priva- tion sensorielle est employd de,puis pldsieurs anndes contre les prisonnieri politiques, en par- ticulier contre ceux de Ia FraCtion Ärmde R6uge en R.F.A., NOTES 7o Les droits de la ddfense 6t6 gravement ont trös l) Page 218, dixiöme ligne. - Rectificatif: ...aprös deux, entravds en R.F.A., par une loi spdciile, entrde trois, quatre annäes d'isolement social, on ne se le demande en vigueur le 1.' janvier 1.975, plus, on sait que... 2) Page 218, trente et uniöme ligne. - Rectificatif: ...ces Des avocats, universitaires, mddecins et 6crivains procös, comme procös ä grand spectacle... de France, Belgique, Hollande, Italie, Etats-Unis, 3) Page 219, vingt-cinquiöme ligne. - Rolf Heissler, Angleterre et R.F.A. ont decidd lib€r6 par !4ction du Mouvement du 2 juin en 6change de cr6er un Comitd du d6putö CDU Lorenz. international de ddfense des prisonniers politiques en Europe. 4) Page 220, derniöre ligne. - Rectificatif: ...1e procäs gonflä au rang d'un spectacle de la süretö de l'Etat... (Internationat),46, . Le bätiment dans lequel se d6roulera le procös sera {d1e91e lY.A.J. rue de Vaugi- le 16 avril. Doit procös portant rard, 75006 'inaugur6o s'y dÖrouler le Paris. T6l6phone : 033-31-49. sur I'exclusion de maitre Klaus Croissant de ses droits de döfenseurs d'Andreas Baader. Cette forteresse policiöre, dans laquelle se döroulera le "procös', doit döjä donner ä I'opinion publique l'image d'accus6 particuliörement dangereux. Le fait qu'un avocat y.soitjugö, ä huis clos, notons-le äu passage, montre la volont€ de la justice allemande et des services de süretö de I'Etat de cröer dans I'opinion publique I'asso- ciation accusös et avocats, tous deux jouissant du .privilöge' de cette forteresse policiöre. De nombreux avocats 6trangärs participeront au procö,s de Klaus Croissant, pr6c6dant cElui d'un autre avocat d6fendant des accus6s appartenant ä la R.A.F. Kurt Groenewold de Hambourg. Parmi ces &vocats... 5) Page 221, trente-septiöme ligne. - Rectificatif : ...d'un systöme clos, 6) Page 2?2, quatriöme ligne. - Rectificatif : ...d la phrase de Posser... (Posser: ministre de la Justice.) 7) Page 222, septiöme ligne. - Rectificatif: ...qui fait trainer en longueur I'instruction... Page 'r?6,fiente _,_ 8). et uniöme ligne. - Gabrielte Kröcyer, lib6röe par le mouvement du 2 juin, au cours de I'aciion oü fut 6chang6 le d6putö CDU Lorenz. 9) Pqge 727, seiziöme ligne. - Carstens, I'un des diri- geants Chr6tien D6mocrate, qui pröconise de ne pas nourrir artificiellement les prisonniers politiques en giöve de la faim, mais de les laisser mourir. 10) Page 227,vingtiöme ligne. - Rectificatif: Heinemann, ancien präsident de Ia Röpublique, a öcrit d {Jlrike Meinhof en lui demandant d'atäter la gräve de lafaim.

\-. - ,- -, --, TABLE DES MATIERES

ll) Page 227, trente-deuxiöme ligne. - Rectificatif : prisonnier portö Ruhland: ayant diffärentes accusations sur la PREFACE - Comitö contre la torture des R.A.F.; Ia gräce prösidentielle a ötö, en fait, un moyen de le faire parler en lui faisant percevoir la possibilitö de sortir prisonniers politiques en R.F.A. 7 prison. qui de Moyen laisse la porte ouverte ä toute construc- Klaus Croissant - Le procös de Stuttgart . 13 tion policiöre et revenant d fabriquer un tömoin selon les buts de l'accusation. Viktor Kleinkrieg - Les combattants anti- 12) Page 239, dix-huitiöme ligne. - Rectificatif: du imp6rialistes face ä la torture 23 peuple. Christian Sigrist - De Heidelberg au Cap-Vert ii 13) Page 240, cinquiöme ligne. - Rectificatif : Au lieu de ötait utile... ötait utilisable. LES METHODES D'EXTERMINATION ANALYSE ET DOCUMENTS Sjef Teuns - La torture par privation sensorielle 59 Nouveaux perfectionnements scientifiques des techniques de torture 69 COMITE, CONTRE LA TORTURE DES PRTSONNTERS POLITIQUES EN R.F.A. (HAMBOURG) La section silencieuse forme la plus dure des tortures par I'isolement . . Klaus Croissant - La justice et la torture par I'isolement 111 Lettres et documents des prisonniers 129 LA RE,SISTANCE DES PRISONNIERS A L'ExTERMINATION La gröve de la faim de 1974^1975 ...... 163 L'assassinat de Holger Meins 188 Christian Sigrist - Le nouveau fascisme €ta- tique et I'utilisation de la gröve de la faim ' pour exterminer des r6volutionnaires . . . z0s Ddclaration des prisonniers en gröve de la faim 2ll INTERVIEW ACCORDEE AU SPIEGEL PAR LES PRISONNIERS DE LA FRACTION ARMEE ROUGE R.A.F. (20 janvier 1975) COMITE CONTRE LA TORTURE DES PRISONNIERS POLITIQUES EN R.F.A.

. Achev6 d'imprimer sur les presses de Bernard Neyrolles - Imprimerie Lescaret, ä Paris, le 22 avril 1975.

Ddpöt l6gal: 26 trimestre 1975. Num6ro d'6diteur: 281.