Les Fakirs Khāksārs D'iran
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Les fakirs Khāksārs d’Iran (2 ème partie): Rémanence ou revivalisme jalali tardif? Pierre D HEROUVILLE 1ère publication en 2010 Version 12.0 , Septembre 2016 Résumé : le présent article recoupe les rares sources littéraires spécialisées pour une ébauche historique de l’ordre des fakirs Khāksārs d’Iran (lignage, histoire et rituels). Ces recoupements spéculatifs évoquent notamment le mécanisme d’assimilation mal connu des branches orthodoxes Sohrawardiyyah et Rishiyyah par les hétérodoxes Qalandar s, respectivement en Inde du nord et au Cachemire. En annexe 12, l’auteur propose une traduction du Traité anonyme « Resal’-e Fakriyyah » (litteralement, le « traité du dénuement ») , que les historiens tiennent pour l’une des rares Règles de l’ordre connue. 1ère partie : http://inthegapbetween.free.fr/pierre/report_derviches/khaksariyyah.pdf 2ème partie : http://inthegapbetween.free.fr/pierre/report_derviches/khaksariyyah_vol2.pdf Mots clés : derviches, qalandars, hétérodoxie, orthodoxie, malamatisme, shivaisme "La civilisation arabe est, sauf erreur, la seule où l'immense majorité des écrivains qui ont dit quelque chose est composée d'étrangers, d'hôtes, divinement adoptés, mawali . Et la tradition religieuse musulmane est la seule, sauf erreur, où l'on croit que les hommes de sacrifice et de prière, les amis du Dieu d 'ABRAHAM, qui entretiennent la vie spirituelle et matérielle de la Communauté islamique, sont des étrangers à l'arabisme, des hôtes encore: ghuraba, des enfants perdus au-delà des frontières visibles. Puissent ils en rencontrer, en adopter,"Fi Sabil Allah", et beaucoup; parmi nous." [Louis MASSIGNON] PREMIERE PARTIE 1 Règles et symboles 1.1 Futuwwatnameh de la Khāksāriyyah 1.1.1 Les rites de l’ordre 1.1.1.1.Emprunts de soufisme d’inspiration corporatistes 1.1.1.2 Une initiation en sept étapes 1.1.2 Les rites d’initiation 1.1.3 Dans les futuwwatnameh connexes… 1.2 La brûlure-pochoir 1.3 Autres signes distinctifs 2 Performances et réunions 2.1 Autour de la mendicité… 2.2 Du Tamat au Naqqali 2.3 L’art profane du Naqqali 2.4 La Sama (audition ) et le zekr occasionnel ( Mir taheri - gholam alishahiyyah ) Conclusions Lectures citées Annexes DEUXIEME PARTIE 3. Silsilah : des mythes à la realit é 3.1 Le lignage « Doudeh Ajam » 3.1.1 L’ère « biblique » de la doudeh Ajam 3.1.1.1 ADAM 3.1.1.2 Uways QARANI 3.1.2 De MUHAMMAD aux Safavides 3.1.2.1 Le Prophète MUHAMMAD (d. 632 AD) 3.1.2.2 L’imam ALI (599-661 AD) 3.1.2.3 Salman « FARSI » 3.1.2.4 Habib AJAM 3.1.2.5 Qanbar ALI 3.1.2.6 Shah NEMATULLAH VALI 3.1.2.7 La question safavide 3.1.2.8 Abul al-Fazl ibn Mubarak, dit « Abolfazl ALAMI » (1551-1602 AD) 3.1.2.9 Sheikh BAHA’I (1547-1621) 3.1.2.10 Les métaphysiciens 3.2 Les lignages « Abu-Torabi » 3.2.1 L’imam ALI 3.2.2 Salman « FARSI » et les sahaba 3.2.2.1 Salman « FARSI » 3.2.2.2 Mahmud PATILI, clone et Abdals 3.2.2.3 Dede ROSHAN, dit « Zazan », « Abu Amir o Farsi » 3.2.2.4 L’Imam Zeyn Al Abidin « AL-SAJJAD » (« Sirmang Zanjir Pa ») 3.2.3 Les lignages RA’I, abu torabi et les premiers malamati 3.2.3.1 La Ra’iyyah 3.2.3.2 Abu TORAB « NAKSHEBI » 3.2.3.3 Doost ALI SHAH (Marv) 3.2.3.4 La Qalaiyyah 3.2.4 L’ere des Morshed s : la vraie branche soufie? 3.2.4.1 « Shah Abd’allah AL-KAF » 3.2.4.2 Ibrahim MORSHED "KAZERUNI" : la Morshediyyah (Fars) et les khatib s 3.2.4.3 Shah Jamal « Chermineh Push » d’ Hansi (Inde) : un maillon chishti 3.2.4.4 La Danyaliyyah 3.2.5 L’ affiliation à la Sohrawardiyyah 3.2.5.1 Ant écédents de La Sohrawardiyyah en Inde 3.2.5.2 De la Bukhariyyah à la Jalaliyyah (Inde) 3.2.5.2.1 Fondation de la Bukhariyyah 3.2.5.2.2 La sa’dat khorasani , épine dorsale du modèle sohrawardi sindhi 3.2.5.3 L’hypothèse Marwandi 3.2.5.3.1 Les « Bodlo Bahar », ou « Taleb » (Sehwan Sharrif) : pure survivance shivaïte ? 3.2.5.4 La Iraqiyyah (Multan) 3.2.5.5 Les branches de la Jalaliyyah (Inde): un sohrawardisme perverti par le sadduhisme 3.2.5.5.1 La Miran Shahiyyah, 3.2.5.5.2 Les Tchihil Tan de Lahore 3.2.5.5.3 La Zainiyyah 3.2.5.5.4 La Murtazaviyyah 3.2.5.5.4.1 La Rasuliyyah (Uttar Pradesh) 3.2.5.5.4.2 Des Khāksārs au Maharashtra ? 3.2.5.5.4.3 La Jalaliyyah de Muhamad Shah ALAM (d.1475 AD), 3.2.5.5.4.3.1 Les renonçants travestis de la branche Suhagiyyah ( 3.2.5.5.4.3.2 la branche Ismaili Shahiyya : 3.2.5.5.4.4 La Rasulshahiyyah (Inde): des saddus sohrawardis ? 3.2.5.5.5 Des saddhus rishi à l'ascése oecuménique de la Khākiyyah (Cachemire). 3.2.5.5.5.1 Surkh ALISHAH, un chaînon manquant au Sindh 3.2.5.5.5.2 Genese du rishi sme musulman au Cachemire 3.2.5.5.5.3 Rishi s musulmans et sa'dat kubrawi: conflit inter-religieux & inter- ethnique 3.2.5.5.5.4 Attraction des sohrawardis cachemiris pour le rishi sme musulman? 3.2.5.5.5.5 Sultaniyyah/ Mahbubiyyah : l’osmose avérée entre jalali sme et rishi sme 3.2.5.5.5.6 La Khākiyyah : humilité et ascése démonstrative 3.2.5.5.5.7 De la Janiyyah aux Khāksārs Khākiyyah-Janiyyah (Cachemire): . 3.2.5.5.5.8 La Khāksāriyyah – Mahsumalishahiyyah 3.2.5.5.5.9 La Khāksāriyyah --Gholamalishahiyyah Conclusions Lectures citées Annexes Nous avons abordé dans la première partie l’identité des derviches errants Khāksār dans ses pratiques. La présente section traite de leurs origines prétendues, et distingue les lignages spirituels qui sont enseignés dans l’ordre. Toutefois, il est à retenir une difficulté particulière à extraire du discours actuel une cohérence historique vraisemblante. En nous attachant ici à deux fils conducteurs généalogiques, nous explorons en fait l’Idéal mystique de cette tradition, sur fond supposé de discours identitaire. 3. Silsilah : des mythes à la realit é La Khāksāriyyah est injustement m éconnue de la litt érature historique. En Iran, la première mention historique connue en remonte à MAST ALISHAH (d. 1837) 1. Retracer son origine est une gageur au regard des prétentions historiques que formulent ses membres. De loin en loin, les sources [ADHAMI, 1958] et surtout [MODARRES-CHAHRDAHI, 1979] prétendent l’appartenance de très nombreux soufis, mais également de souverains éminents ou de grands métaphysiciens iraniens. Les origines supposées constituent par conséquent trois hypothèses : Selon le lignage Khāksār-Abu Torabi , l’ordre iranien serait plutôt, du 18 ème au milieu du 20 ème siécle, l’émanation tardive de la Jalaliyyah en Iran et en Irak : elle descendrait directement de la Jalaliyyah ouzbèke / cachemiri, et son histoire emprunte aux lignages indiens de cette dernière. A ce titre, l’hagiographie d’au mois trois des quatre branches iraniennes emprunte aux mailles kubrawi – ou Uwaysi - de la silsilah « dhahabiyyah »2. Nommément, nous parlons ici d’une hagiographie quasi- commeune aux ordres iraniens suivants : - La Khāksāriyyah-(Jalaliyyah)-Abu Torabiyyah, souvent surnommée « Gholam- alishaiyyah - La Khāksāriyyah-Mahsum-Alishahiyyah, émanation tardive de la première. - La Khāksāriyyah-« Nurai(yyah) », qui semble être née au Cachemire d’une tentative de syncrétisme entre la Khāksāriyyah-Abu Torabiyyah et le mahdisme soufi de la confrérie (kubrawi- ) nurbakhshiyyah au 16 ème siècle. Pour diverses raisons, l’histoire moderne de la Khāksāriyyah - Abu Torabiyyah parodie ensuite, depuis 1770 AD environ, l’hagiographie d’un autre ordre: la Nimatullahiyyah , qui, elle aussi, se (ré)installait en Iran depuis l’Inde, à la même époque. Les scories de la Khāksāriyyah en Inde et au Pakistan constituent l’essentiel du présent chapitre 4. Dans la littérature occidentale, ces Khāksārs Jalali s d’Iran apparaissent tardivement : chez Richard GRAMLICH 3. Dans une seconde hypothése, l’ordre, continu depuis la Prophétie mahommétane, serait 100% persan et serait demeuré dissimulé à diverses époques. En effet, Nur Ad-Din MODARRES CHAHARDAHI (1918-1995) corrobore l’existence de branches khāksār parallèles à la lignée Abu- Torabi 4 se réclamant de tels lignages « cachés » : c’est la silsilah 5 « Ajam » disparues à l’ère qajar 6. Le 1Cf GRAMLICH, Richard, “Die schiitischen Derwischorden Persiens ” (teil 1, Wiesbaden, 1965). 2Lire infra , ANNEXE1 3 Cf “Die schiitischen Derwischorden Persiens” (teil 1, Berlin, 1965). 4 Cf [MODARRES CHAHRDAHI, 1979] 5 Littéralement, le terme arabe de silsilah (pers. chaîne) se traduit par « doudeh » en persan 6 Cf [MODARRES CHAHRDAHI, 1979]. Cet auteur évoque aussi d’autres silsilah de sa’adat, toutes empruntées aux Ahl-e Haqq kurdes d’Iran, vraisemblablement à la faveur des échanges contemporains entre ces deux groupes. lignage disputable de la (Doudeh) Ajam atteste éventuellement de reliquats de la Qalandariyyah , que BATESTI attestait encore à Mashhad 7 dans les années 1960-70, et qui aurait pû y précèder la Khāksāriyyah Gholam-alishahiyyah (Motahariyyah) . La « Doudeh Ajam » nous intéresse ici au chapitre 2. Troisième hypothèse, enfin, corolaire de la seconde : en sus des antécédents historiques habituels relatifs à la futuwwat ( ex : ayyar, fiti han, qalandar ), [TAHERI, 2012] déplore l’insignifiance historique de l’ordre et relève chez diverses sources la possibilité d’un enracinement historique chez les mendiants « Banu Sassan » 8. Pour complèter ce tableau, mentionnons l’influence tardive mais essentielle des groupes kurdes Ahl- e Haqq sur les diverses branches khāksāriyyah depuis leur réimplantation dans l’Ouest iranien à la fin du 18 ème siècle.