« Touché par la grâce, sur un nuage, intou- chable… »

e livre explore le psychisme des plus grands Csportifs français. En les amenant à exprimer des sensations, des émotions et des expériences enfouies dans les méandres de leur mémoire, mais rarement – ou jamais – évoquées, Hubert Ripoll révèle et décrypte les mécanismes psychologiques qui sont la marque des champions, et notamment leur incroyable faculté à entrer dans un état second qui les porte au-dessus de leurs adversaires ; leur résilience ; leur capacité à inventer, à bricoler des routines mentales destinées à renforcer leur mémoire, à guider leur attention, à contrôler leur concentration, à engranger de la connaissance.

Fondateur du premier laboratoire français de psy- chologie cognitive appliquée au sport, Hubert Ripoll est professeur honoraire à la Faculté des sciences du sport de l’université d’Aix-Marseille. Il a travaillé auprès de plusieurs équipes de et avec de nombreux champions olympiques et champions du monde. AVEC LA CONTRIBUTION ORIGINALE DE :

Marc Alexandre, champion olympique de judo. Alexandre Biamonti, champion du monde de karaté. Alain Boghossian, champion du monde de football. Guerlain Chicherit, champion du monde de ski free- ride. Franck Dumoulin, champion olympique de tir au pistolet. Laura Flessel, championne olympique et championne du monde d’escrime. Pascal Gentil, vainqueur de la Coupe du monde de taekwondo. Nicolas Huguet, champion du monde de planche à voile. Loïc Leferme (†), recordman du monde de plongée en profondeur absolue. Sandrine Levet, championne du monde d’escalade. Thierry Lincou, champion du monde de squash. Bruno Martini, champion du monde de handball. Mahyar Monshipour, champion du monde de boxe anglaise. Éric Navet, champion du monde d’équitation de saut d’obstacles. Jackson Richardson, champion du monde de hand- ball. Thierry Tulasne, champion du monde junior de ­tennis. Hubert Ripoll

Le mental des champions Comprendre la réussite sportive Retrouvez l’ensemble des parutions des Éditions Payot & Rivages sur payot-­rivages.fr

Conception graphique : Sara Deux - Illustration : © Gianpaolo Pagni

© Éditions Payot & Rivages, , 2008 et 2012 pour l’édition de poche

ISBN : 978-2-228-92668-3 « Ce qui comptera dans trente ans, ce n’est pas que l’on dise : “Il a été à moins 171 mètres”, mais les valeurs que j’aurai véhiculées, et surtout, comment je l’aurai fait. Au-delà de l’ego, ce qui compte, ce n’est pas ce qu’on prend, ce sont les valeurs qu’on laisse. »

Loïc LEFERME Nice, le 9 mars 2006

AVANT-PROPOS

« Il faut surtout des qualités mentales. Les qualités techniques jouent mais à un degré moindre. À mes débuts, des joueurs avec des qualités techniques, il y en avait des wagons, et de meilleurs que moi ; par contre, il leur manquait le mental. Sans ce mental, et seu- lement avec mes qualités physiques, je pense que je n’y serais pas arrivé. » (Alain BOGHOSSIAN)

On ne connaît de nos champions sportifs que leurs palmarès, quelques bribes de leurs vies, ou quelques frasques à la rubrique Ç people È des magazines. Pourtant, l’essentiel de leur génie est à l’intérieur d’eux-mêmes, enfoui dans leur mémoire, dans les interstices de leurs cerveaux, imbriqué dans leurs neurones. Quelquefois leurs émotions transpirent et l’on croit pouvoir les saisir. Il n’en est rien, les images sont déjà là. Images de réussite, images de gloire, titres, podiums, 10 / Le mental des champions médailles, feux des projecteurs, flashs, caméras en batterie, interviews, déclarations jetées à la hâte, quelques émotions en partage. C’est beaucoup, et pourtant ce n’est rien. J’ai eu le privilège de vivre auprès de ces cham- pions pendant une très longue partie de ma carrière de chercheur et j’ai rapidement su qu’un champion est une bibliothèque vivante, que sa parole doit être entendue, qu’il peut nous faire comprendre ses motivations, éprouver ses émotions, partager ses victoires. Ceci, je l’ai su dès 1976, lorsque j’ai créé à l’Institut national du sport et de l’éducation phy- sique (INSEP) le premier laboratoire français de psychologie cognitive appliquée au sport. L’équipe que je dirigeais alors étudiait les processus psy- chologiques impliqués dans le raisonnement et la décision en sport ; plus précisément certaines opérations telles que la perception visuelle, la mémoire, la concentration, l’attention, l’imagerie mentale. Au cours de ces recherches, j’ai pu étudier les meilleurs sportifs français, qui dans bien des cas étaient les meilleurs sportifs mondiaux dans leurs spécialités. J’ai tout de suite compris que les Numéros Un sont des individus exceptionnels dans tous les sens du terme. Cette spécificité m’appa- raissait clairement autant sur la base des tests que je pratiquais en laboratoire que d’après les investi- gations que je conduisais avec eux sur le terrain. En effet, leurs résultats étaient aussi différents de ceux de leurs suivants immédiats que leurs perfor- Avant-propos / 11 mances sportives. J’en arrivai à cette conclusion au demeurant banale : les Numéros Un sont des cas uniques, des êtres d’exception et leur réussite ne doit rien au hasard. J’ai souhaité, dans ce livre, approfondir cette question. Il me fallait pour atteindre cet objectif aller plus loin encore dans mes investigations, en éclairant les connaissances actuelles par les impressions que les Numéros Un eux-mêmes ont accepté de me confier ; parce que, au-delà de leurs exploits, leur parole a quelque chose d’exceptionnel qui mérite d’être connu. La méthode que j’ai adoptée a consisté à sou- mettre ces sportifs à des interviews qui avaient pour objectif de les amener à exprimer des sensations, des émotions et des expériences enfouies dans les méandres de leur mémoire, mais rarement, voire jamais, évoquées. J’ai donc adopté une approche clinique basée sur des interviews centrées sur les moments les plus importants de leurs carrières de champions. Cette approche devait répondre à certaines exi- gences : ¥ Les sportifs retenus devaient être ou avoir été Numéros Un : champion olympique, champion du monde, ou recordman du monde ; ¥ Les sports devaient être suffisamment variés pour permettre d’identifier les facteurs généraux de la réussite sportive ; ¥ Chaque question posée devait reposer sur une connaissance scientifiquement démontrée. 12 / Le mental des champions

Chaque interview, d’une durée de deux à trois heures, a permis à ces champions de revivre et de nous faire partager leurs histoires personnelles et les plus fabuleux moments de leur carrière. J’ai ensuite éclairé leurs réponses à la lumière des connaissances les plus actuelles de la psychologie du sport, en traitant les questions les plus impor- tantes pour comprendre les facteurs de la réussite sportive : motivation, traitement de l’information, prise de décision, concentration, attention, imagerie mentale, gestion du stress. J’ai donné une place prépondérante aux inter- views qui souvent disent bien plus qu’une longue argumentation, me limitant à établir des liens entre leurs réflexions et à donner les explications scien- tifiques qui permettent d’aller au-delà. Me voici arrivé au terme d’une entreprise pour- suivie pendant trois ans. J’en retiens d’abord tout le plaisir que ces sportifs hors normes, pourtant traqués par les médias, m’ont exprimé à participer à ces interviews. Ils m’ont dit n’avoir jamais été questionnés de cette façon, et que mes questions leur avaient souvent permis de comprendre certains aspects de leurs engagements, de leurs actions et de leurs victoires. Ils m’ont également souvent avoué que les sensations que je leur demandais de préciser leur avaient quelquefois parues tellement curieuses qu’ils n’avaient jamais osé en parler à personne avant, pas même à leurs entraîneurs ni à leurs proches. Avant-propos / 13

Pour ma part, je croyais connaître presque tout d’eux avant de commencer ce travail ; quelle n’était pas ma naïveté, et quelle ne fut pas ma surprise en entendant leurs incroyables déclarations. Mes échanges avec certains d’entre eux se sont pour- suivis au-delà de ce livre. Je leur témoigne ici ma très grande gratitude pour le temps qu’ils m’ont consacré et pour la grande confiance qu’ils m’ont témoignée. Rassembler ainsi les témoignages de seize cham- pions totalisant soixante et un titres et vingt-six podiums olympiques ou mondiaux constitue une entreprise inédite, tant dans la littérature scienti- fique que dans la presse sportive destinée au grand public. Au-delà de mon projet initial, qui visait à informer le large public des passionnés de sport, j’ai la conviction que cet ouvrage permettra aux pratiquants, aux entraîneurs, aux coachs et aux intervenants en psychologie du sport, de porter un regard nouveau sur les sportifs d’exception et de mieux comprendre les déterminants de la réussite sportive. Enfin, au-delà de ce livre et des moments lumi- neux que j’ai passés avec ces êtres d’exception, il y a le souvenir heureux de ma rencontre avec Loïc Leferme, ce 9 mars 2006, dans ce bel après-midi ensoleillé de printemps. Je lui dédie mon livre.

Seize champions d’exception

Marc ALEXANDRE Marc Alexandre pratiquait le judo dans la caté- gorie des moins de soixante-cinq kilos (de 1984 à 1986), puis des soixante et onze kilos. Il est né le 30 octobre 1959 à Paris. Il a été médaille d’or aux Jeux olympiques de Séoul, médaille de bronze aux Jeux olympiques de Los Angeles, médaille d’argent aux championnats du monde en 1987, à Essen, champion d’Europe en 1984, champion d’Europe par équipes en 1986 et 1988, vice-champion d’Europe par équipes en 1985, médaille de bronze aux championnats d’Europe en 1986 et 1989.

Alexandre BIAMONTI Alexandre Biamonti pratiquait le karaté. Il est né le 30 novembre 1973 à Aix-en-Provence. C’est l’un des karatékas les plus titrés au monde. Il a 16 / Le mental des champions

été vainqueur de la Coupe du monde en 1997, champion du monde en 1998, et troisième aux championnats du monde en 2000. Il a été six fois champion d’Europe de 1995 à 2000 et cinq fois champion d’Europe par équipe (1993, 1995, 1996, 1999, 2000). Il a gagné les plus pres- tigieux tournois de karaté au monde et a été six fois champion de France.

Alain BOGHOSSIAN Alain Boghossian pratiquait le football comme milieu de terrain. Il est né le 27 octobre 1970 à Digne. Il jouait au poste de milieu de terrain. Il a été champion du monde de football en 1998 à Paris et a obtenu vingt-six sélections en équipe de France. Il a remporté la Coupe de l’UEFA en 1999 avec le Parma Associazione Calcio (Italie) et la Coupe d’Italie en 1999 et 2001, avec ce même club. Il a joué à l’Olympique de Marseille, au FC Istres, à Naples, à la Sampdoria de Gênes, au Parma Associazione Calcio et à l’Espanyol Barcelone.

Guerlain CHICHERIT Guerlain Chicherit pratique le ski freeride et le rallye automobile. Il est né le 20 mai 1978 à Paris. Il a été champion du monde de ski freeride en 1999, 2000, 2002, 2006 et 2007. Il a été cham- pion de France des rallyes en 2003, vainqueur du Trophée Andros en 2003 et a couru deux fois le Dakar comme pilote officiel de BMW. Il a égale- Seize champions d’exception / 17 ment été champion de France de judo cadet en 1993, champion de France de roller hockey en 1995 et vainqueur de la Coupe de France de bosses en 1996.

Franck DUMOULIN Franck Dumoulin pratique le tir au pistolet à 10 mètres et à 50 mètres. Il est né le 13 mai 1973 à Denain. Il a participé à quatre olympiades et a été champion olympique de tir au pistolet à 10 mètres aux Jeux olympiques de en 2000. Il a obtenu quatre podiums lors des champion- nats du monde dont deux victoires au tir au pis- tolet à 10 mètres, à Milan en 1994 et à Lahti en 2002. Il a été champion du monde de tir au pisto- let à 50 mètres à Barcelone en 1998. Il totalise cinq podiums européens dont deux victoires, vingt et un podiums en Coupe du monde dont dix victoires, huit podiums lors des finales des Coupes du monde dont deux victoires.

Laura FLESSEL-COLOVIC Laura Flessel-Colovic pratique l’escrime et tire à l’épée. Elle est née le 6 novembre 1971 à Pointe- à-Pitre. C’est l’escrimeuse française la plus titrée. Elle a remporté en individuel : une médaille d’or aux Jeux olympiques d’Atlanta en 1996, une médaille d’argent aux Jeux olympiques d’Athènes en 2004, une médaille de bronze aux Jeux olym- piques de Sydney en 2000, deux titres de cham- pionne du monde à La Chaux-de-Fonds en 1998 18 / Le mental des champions et à Séoul en 1999, deux médailles d’argent : à La Haye en 1995 et à Nîmes en 2001. Elle est recordwoman du nombre de victoires en Coupes du monde (vingt et une victoires) et a été trois fois vainqueur du circuit de Coupes du monde (2002, 2003 et 2004). Elle a été championne d’Europe à Gand en 2007, vainqueur des Masters à Rome en 1996, à Padoue en 1999, à Levallois- Perret en 2005 et en 2007. Elle a été cinq fois championne de France entre 1998 et 2007. Elle a remporté par équipes : une médaille d’or aux Jeux olympiques d’Atlanta en 1996, une médaille de bronze aux Jeux olympiques d’Athènes en 2004, trois médailles d’or aux championnats du monde : à La Chaux-de-Fonds en 1998, à Leipzig en 2005 et à Saint-Pétersbourg en 2007, deux médailles d’argent : à La Haye en 1995 et à Turin en 2006, une médaille de bronze au Cap en 1997. Elle a remporté la Coupe d’Europe des clubs champions à Budapest en 1998 et dix titres de championne de France entre 1993 et 2007.

Pascal GENTIL Pascal Gentil pratique le taekwondo dans la catégorie des poids lourds. Il est né le 15 mai 1973 à Paris. Il a obtenu trois victoires en Coupe du monde : à Lyon en 2000, au Japon en 2001 et au Vietnam en 2002. Il a été champion d’Europe à Zagreb en 1994, à Eindhoven en 1998 et à en 2005. Il a été médaille de bronze aux Jeux olympiques de Sydney en 2000 et d’Athènes en 2004. Il a été treize fois champion de France. Seize champions d’exception / 19

Nicolas HUGUET Nicolas Huguet pratique la planche à voile olympique en série Mistral One. Il navigue actuel- lement en série Neil Pryde Rsx. Il est né le 13 sep- tembre 1976 à Clamart. Il a été classé premier mondial au classement international ISAF en 2002 et a obtenu la consécration suprême aux cham- pionnats du monde de planche à voile en 2005 à Palerme. Il a été troisième des championnats du monde en 2004 et cinquième en 2001. Il a été troisième aux championnats d’Europe en 2006, cinquième en 2000 et en 2001. Il a été champion de France en 1997 et en 2000.

Loïc LEFERME Loïc Leferme pratiquait la plongée « no limits ». Il est né le 28 août 1970 à Malo-les-Bains. Il a battu cinq fois le record du monde, le portant de moins 137 mètres, le 5 juin 1999, à moins 171 mètres, le 30 octobre 2004. Loïc Leferme est décédé au cours d’un entraînement, à Ville- franche-sur-Mer, le 11 avril 2007.

Sandrine LEVET Sandrine Levet pratique l’escalade en bloc et en difficulté. Elle est née le 22 juillet 1982 à Bon- neville. C’est la reine incontestée de l’escalade en bloc, où elle a tout remporté. Elle a été cham- pionne du monde en 2003. Elle a remporté cinq fois la Coupe du monde, en 2000, 2001, 2003, 20 / Le mental des champions

2004 et 2005. Elle a été championne d’Europe en 2002.

Thierry LINCOU Thierry Lincou pratique le squash. Il est né le 2 avril 1976 à la Réunion. Il a été champion du monde en 2004, numéro un mondial en 2005, vice-champion du monde en 2003, champion du monde universitaire en 1998 et en 2000. Par équipes, il a été vice-champion du monde univer- sitaire en 1998 et en 2000, vice-champion du monde en 2003, médaille de bronze en 2005 et en 2007. Il a été dix fois champion de France et il a remporté dix-neuf tournois internationaux sur le circuit PSA (Professional Squash Association).

Bruno MARTINI Bruno Martini pratiquait le handball en tant que gardien de but. Il est né le 3 juillet 1970 à Salon-de-Provence. Il a gardé deux cent deux fois les buts de l’équipe de France. Il a été champion du monde en 1995 et en 2001, médaille de bronze aux championnats du monde en 1997 et en 2003. Il a remporté la Ligue des champions avec le Montpellier HB en 2003 et la Coupe des coupes avec l’OM-Vitrolles en 1993. Il a été cham- pion de France en 1994, 1996, 2002 et 2003 et vainqueur de la Coupe de France en 1993, 1998, 2001, 2002 et 2003. Il a successivement joué au SMUC, au SMUC-Vitrolles, à l’OM-Vitrolles, à Istres, à Pontevedra (Espagne), aux Spacers Toulouse, Seize champions d’exception / 21

à Cangas (Espagne), au HC Wuppertal (Allemagne), au Montpellier HB, au Paris Handball, à l’USAM Nîmes.

Mahyar MONSHIPOUR KERMANI Mahyar Monshipour Kermani pratiquait la boxe anglaise en catégorie super-coq. Il est né le 21 mars 1975 à Téhéran. C’est un des plus pres- tigieux boxeurs français. Il a disputé trente-trois combats et en a gagné vingt-huit, dont dix-huit avant la limite. Il a remporté six titres de cham- pion du monde entre 2003 et 2005, et trois titres de champion d’Europe en 2002 et 2003.

Éric NAVET Éric Navet pratique l’équitation de saut d’obs- tacles. Il est né le 9 mai 1959 à Bayeux, en Nor- mandie. Il a été médaille d’or individuelle aux championnats d’Europe juniors de La Tour- de-Peilz (Suisse) en 1977, avec Brooklyn, médaille d’or individuelle aux Jeux équestres mondiaux de Stockholm (Suède), en 1990, avec Quito de Baussy, médaille d’or individuelle aux champion- nats d’Europe à La Baule (France) en 1991, avec Quito de Baussy, numéro un mondial sur la World Ranking List en 1992, vainqueur avec l’équipe de France de la Samsung Super Ligue en 2004. Il a été médaille d’or par équipes aux Jeux équestres mondiaux de Stockholm en 1990, avec Quito de Baussy, et aux Jeux équestres mondiaux de Jerez de la Frontera (Espagne) en 2002, avec Dollar du 22 / Le mental des champions

Mûrier. Il a été médaille de bronze par équipes aux Jeux olympiques de Barcelone en 1992, avec Quito de Baussy, médaille de bronze par équipes aux championnats d’Europe à Gijón (Espagne) en 1993, avec Quito de Baussy, médaille d’argent par équipes aux Jeux équestres mondiaux de La Haye en 1994, avec Quito de Baussy, médaille d’argent par équipes aux Jeux équestres mon- diaux de Rome en 1998, avec Atout d’Isigny, médaille d’argent individuelle aux Jeux équestres mondiaux de Jerez de la Frontera, en 2002, avec Dollar du Mûrier.

Jackson RICHARDSON Jackson Richardson pratique le handball en tant que demi-centre. Il est né le 14 juin 1969 à Saint-Pierre (Réunion). C’est le joueur de handball français le plus titré de tous les temps. Il totalise plus de quatre cents sélections en équipe de France. Il a gagné deux titres de champion du monde, en 1995 et en 2001. Il a été médaillé de bronze aux Jeux olympiques de Barcelone en 1992, vice-champion du monde en 1993, triple médaillé de bronze aux championnats du Monde, en 1997, 2003 et 2005. Il a remporté la Super Coupe d’Europe avec le San Antonio Pampelune et deux Coupes d’Europe des Clubs vainqueurs de coupes, en 1993 avec l’OM-Vitrolles, et en 2004 avec le San Antonio Pampelune. Il a rem- porté la coupe d’Europe des villes en 2000 avec le TV Grosswallstadt. Il a également remporté Seize champions d’exception / 23 deux titres de champion de France (1994, 1996), deux titres de champion d’Espagne (2003, 2005), deux Coupes de France (1993, 1995), une Coupe d’Espagne (2001) et deux Super Coupes d’Espagne (2001, 2002). Il a été nommé joueur IHF (Interna- tional Handball Federation) de l’année (1995), meilleur joueur du championnat du monde (1990), meilleur demi-centre du championnat du monde (1995), meilleur demi-centre du championnat d’Europe (2000), meilleur étranger du champion- nat d’Espagne (2001, 2002), meilleur demi-centre du championnat d’Espagne (2003, 2004, 2005), joueur français du siècle (classement de la FFHB). Il a joué successivement à Saint-Pierre de la Réu- nion, au Paris-Asnières (France), à l’OM-Vitrolles (France), au TV Groswallstadt (Allemagne), au San Antonio Pampelune (Espagne), au Chambéry Savoie Handball (France).

Thierry TULASNE Thierry Tulasne pratiquait le tennis. Il est né le 12 juillet 1963 à Aix-les-Bains. Il a gagné l’Orange Bowl en 1978 et a été champion du monde junior en 1980. Il a remporté les Internationaux de Wim- bledon juniors en 1980, les Internationaux d’Italie juniors en 1980 et la Coupe Galéa en 1980. Il a remporté cinq tournois en Grand Prix et a été classé numéro dix mondial. Il a été entraîneur de l’équipe de France qui remporta la Coupe Davis en 2001.

1 Numéro Un sinon rien

« Je me suis dit tout le temps que je serais un jour Numéro Un, oui tout le temps. Je me rappelle exactement à quel moment je l’ai formulé pour la première fois. C’était à six ans, dans la cour de l’école où logeaient mes parents qui étaient enseignants. J’étais fan de Bruce Lee et je sortais avec mon frère pour rejouer les combats qu’on venait de voir à la télé. Cet après-midi-là, il m’a dit : “Tu crois qu’un jour tu vas faire des films ?” Je lui ai répondu : “Je vais être champion du monde de karaté”, je n’avais que six ans. » (Alexandre BIAMONTI)

« À cinq ans, dès que j’ai commencé à faire du sport. J’ai pratiqué plusieurs sports, judo, ski, rallye, avec toujours le désir d’être le premier, et je l’ai été. J’ai voulu tout 26 / Le mental des champions

gagner et j’ai tout gagné. [...] Dans ma tête, je ne pouvais pas ne pas être un jour Numéro Un. » (Guerlain CHICHERIT)

« Je pense que je me le suis toujours dit, mais jamais à haute voix. » (Laura FLESSEL)

« Je me le suis dit très tôt. [...] C’était ça ma motivation, réussir, être le meilleur ; Numéro Un. » (Bruno MARTINI)

Ces réponses à ma question : Ç Quand vous êtes- vous dit pour la première fois : je serai Numéro Un ? È sont édifiantes. Ces sportifs ne le sont pas devenus par hasard. Être Numéro Un est inscrit en eux dès l’enfance. Il leur faudra pourtant quelques années pour transformer leur désir en réalité. Ce temps est variable, court chez certains, plus long chez d’autres. Écoutons ces mêmes champions répondre à ma question : Ç Quand avez-vous su que vous pouviez être Numéro Un ? È

« Il m’a fallu attendre quelques années, pas beaucoup, pour savoir que je pouvais l’être. Je m’en souviens comme si c’était aujourd’hui, j’avais à peine neuf ans. Je devais rencontrer un adversaire qui m’avait battu précédemment. Mon père m’avait dit avec insistance et détermination : “Tu vas le battre ! Tu vas le battre !”, mais moi, j’avais la pétoche. Pourtant, je pensais que si je per- Numéro Un sinon rien / 27

dais ce combat, je ne pourrais pas être champion du monde. C’est la première fois que je me suis dépassé et on a fait match nul. C’est à ce moment que je me suis dit : “Je peux être champion du monde.” Ce n’était qu’un simple inter-club et pourtant, c’est là que j’ai eu le déclic, que j’ai su que je pouvais être champion du monde. » (Alexandre BIAMONTI)

« Mais c’est sûr, dès sept ans, oui à sept ans, je savais que je pouvais tout gagner, j’étais là pour ça. L’important n’était pas de participer, c’était de gagner. Il en est tou- jours de même aujourd’hui. » (Guerlain CHICHERIT)

« Après avoir gagné au fleuret à Cuba, j’ai pensé que j’avais le potentiel pour réussir, mais je connaissais aussi mes lacunes et je n’osais pas dire que j’allais gagner. » (Laura FLESSEL)

Ces témoignages sont on ne peut plus explicites, la volonté d’être les premiers tenaille au cÏur ces champions, et ils n’ont de cesse de passer du mythe à la réalité. Il s’agit donc pour eux d’une quête de tous les jours, alimentée par une obsession de domi- nation, inscrite très tôt en eux, pouvant aller dans les cas extrêmes jusqu’à bousculer le sens même de la vie, quitte à frôler la mort. Je me rappelle 28 / Le mental des champions l’attitude douloureuse de Guerlain Chicherit, mimant le moment où il risqua sa vie pour être Numéro Un. Je me rappelle l’émotion qui le tra- versa lorsqu’il me dit :

« J’ai connu des moments de doute, des moments terribles. Par exemple en 2001, aux championnats du monde qui se dérou- laient à Tignes, chez moi, devant mon public. L’enjeu était monstrueux, j’étais à cette époque le meilleur, tout me réussissait, j’étais devenu presque prétentieux, je savais que j’allais gagner, car je pouvais faire des choses que les autres ne faisaient pas. Tout le monde, médias, sponsors me voyaient gagner. Je n’avais pas le droit à l’erreur. Tout ça a été trop loin. [...] Je prends tous les risques, je suis le seul à y aller, quatre-vingt- quinze pour cent de rocher, cinq de neige, des sauts de quinze, vingt mètres, arrivées sur des plaques de quatre, cinq mètres de neige, et en dessous, cinq cents mètres de barres rocheuses. J’étais devenu trop préten- tieux et, fatalement, je suis tombé. Ça a été terrible. [...] Au moment où je suis tombé, je savais que je pouvais y laisser la vie, pour- tant, j’ai pensé : “Merde ! je ne serai pas champion du monde.” »