Document generated on 09/24/2021 10:18 p.m.

24 images

Entretien avec Jake Eberts Yves Rousseau

Number 64, December 1992, January 1993

URI: https://id.erudit.org/iderudit/22635ac

See table of contents

Publisher(s) 24/30 I/S

ISSN 0707-9389 (print) 1923-5097 (digital)

Explore this journal

Cite this document Rousseau, Y. (1992). Entretien avec Jake Eberts. 24 images, (64), 62–62.

Tous droits réservés © 24 images inc., 1992 This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online. https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/

This article is disseminated and preserved by Érudit. Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal, Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to promote and disseminate research. https://www.erudit.org/en/ Contrechamp

ENTRETIEN AVEC JAKE EBERTS

propos recueillis par Yves Rousseau

ue peuvent avoir en com­ films pout la plupart bien expéditives des jeunes fauves- Gilliam, Bootman), comment Q mun , tournés et interprétés, reposant producteuts du film d'Altman Ebetts pattage-t-il le pouvoir? Gandhi, sur un budget extrêmement The Player, film qu'il dit avoir «Quand j'ai envie de travailler et ? Facile, confortable et un matériel scé- aimé quoiqu'il considère la avec un cinéaste, je sais déjà que ces films ont raflé au cours des naristique assez solide traitant réalité hollywoodienne bien pire je peux lui faire confiance. Je ne dix dernières années l'Oscar le de gtands sujets d'envergure que celle décrite par Altman. vais pratiquement jamais sut le plus convoité : celui du meilleur mondiale. En un mor, c'est du «C'est encore plus cynique», plateau. Par contre je suis très film, celui que le producteur cinéma classique, parfois jusqu'à dira-t-il. Il a pourtant l'habi­ présent avant le toutnage et installe sur sa cheminée. Mais si l'académisme. tude de fréquenter les requins, j'aime beaucoup aller dans la on ajoute à cette liste des titres Derrière cette œuvre se ayant commencé sa carrière salle de montage, où je suis de comme The Name of the Rose, cache un producteur exécutif, comme gestionnaire à Wall très près le travail, c'est là qu'on The Killing Fields, The Ad­ Jake Eberts, né à Montréal en Street et à Londres. C'est au est le plus près du produit final ventures of Baron Munchau­ 1941, ayant passé son enfance coûts de son séjout londonien et que beaucoup de décisions sen, The Emerald Forest, au Saguenay-Lac Saint-Jean. De qu'il approche le cinéma: il importantes se prennent.» Black Robe et Hope and Glory, passage à Québec avec Robert réunit des fonds avec des amis Couvert d'Oscars (ses films on est en face d'une famille de Redford dans le cadre d'une (une toute petite somme) pour ont eu soixante nominations et films représentant une tendance projection-bénéfice de leur financer le dessin animé de long vingt-six statuettes) il semble importante du cinéma améri­ nouveau film A River Runs métrage Watership Down de plus facile pour lui de trouver cain des années 80, quelque Through It au profit de l'Union Martin Rosen, où perce déjà une de l'argent qu'un bon sujet. chose comme une opposition Québécoise pour la Conserva­ préoccupation environnemen­ Même le grave échec financier institutionnelle aux excès du tion de la Nature, Jake Eberts a tale. Le film marche bien et la de Munchausen ne l'a pas ttiomphalisme reaganien, une pu nous accorder une trop production lui plaît mais il n'est directement affecté. «J'avais certaine vision du monde plus courte entrevue dans une loge pas question de se greffer à un vendu le film à la Columbia humaniste (certains diront bien- du Grand Théâtre de Québec «major». Il choisit ses sujets en avant sa sottie pour un prix pensante), prônant des valeurs pendant la projection du film. fonction d'affinités personnelles couvrant largement les frais de de tolétance, se méfiant des Personnage affable, décon­ et de rencontres avec des cinéas­ production et j'avais une garan­ extrêmes et portant l'embryon tracté et disponible, s'exprimant tes, pas sur un résumé de vingt- tie de bonne fin. C'est Colum­ d'un discours environnemental. dans un bon français, Eberts n'a cinq mots. bia qui a perdu de l'argent, pas Sur le plan formel, ce sont des pas l'apparence ni les manières Il fonde en 1977 une moi.» société indépendante, Goldcrest, Eberts me parie ensuite de qui profite du désarroi des son dernier bébé, A River Runs «majors» pour se faufiler sur le Through It, où semble-t-il, les marché américain par le biais de volontés de Redford et les la série B d'auteur en produisant siennes se fondaient comme les des films commerciaux à petits gouttes d'eau dans la rivière. budgets avec des cinéastes «Sans s'être concertés, nous comme John Carpenrer (Escape voulions tous les deux faire ce from New York) er Joe Dante film. J'avais beaucoup aimé le (The Howling). La courbe des roman et en faisant des recher­ budgets s'étant depuis affolée à ches pour acheter les droits, j'ai la hausse, reviendrait-il à des appris que Robert les avait films impliquant de plus petites déjà.» mises? «Je ne dis pas non au Redford avait trouvé son principe mais de nos jours, les producteur et Eberts son réali­ distributeurs ne soutiennent pas sateur. De mon côté, j'allais les petites productions. Aux aborder d'autres questions USA, hors des très grandes lorsque l'attaché de presse vint villes, ces films ne sont pas mettre un terme à l'entrevue. La montrés. La pression des grosses ronde des médias se poursuivait productions pour occuper les et Jake Eberts, producreur à écrans est trop forte.» succès né à Montréal, assurait Travaillant avec des cinéas­ avec professionnalisme le service tes à forte personnalité (Joffé, après-vente. •

62 N°64 24 IMAGES