Les Droits De L'homme En Chine Février 2017
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les droits de l’homme dans le monde les droits de l’homme en chine n° 114 Février 2017 2017 : Confrontations mondiales et droits de l’Homme en danger En Chine, à l’approche du XIXe congrès du relations sino-américaines. Les deux chefs PCC, la tendance observée depuis quatre d’État vont se rencontrer pour la première ans s’affirme. Le parti ne cesse de resserrer fois en juillet, lors du sommet du G20 à sa mainmise sur la presse, sur les autres Hambourg. On ignore dans quel climat se médias, sur l’internet, sur les ONG étrangères ; déroulera la rencontre mais en attendant, il ne supporte plus les défenseurs des comme l’a montré la conférence de Trump droits de l’Homme. En Europe occidentale, du 28 février, la Chine a deux raisons d’être l’issue des élections pour le pouvoir dans soucieuse : la première, c’est la perspective de les deux premières puissances n’a jamais droits de douane protecteurs qui gêneraient été aussi incertaine, ce qui sème le doute ses ventes sur le marché américain ; la sur la solidité des démocraties, avec une seconde, c’est la progression du budget montée un peu partout de l’extrême droite. militaire des États-Unis, qui pourrait amener Aux États-Unis enfin, les incertitudes la Chine à s’engager dans des dépenses sur les comportements présidentiels de recherche et d’armement dépassant et les contacts avec la « démocrature » ses capacités. Le supplément annoncé des russe ajoutent encore à la perplexité. dépenses américaines - 54 milliards de L’année 2017 – comme probablement les dollars - représente à lui seul l’équivalent du suivantes – sera marquée par l’évolution des budget de défense nippon. Déjà du côté des 01 contact : [email protected] les droits de l’homme en chine n° 114 faucons chinois, on estime début mars, à de la puissance nationale accumulée tant sur le l’ouverture des sessions parlementaires, que plan économique que militaire, de tirer parti du le budget militaire des années passées était repli des États-Unis et de prendre place dans trop serré et qu’il faudrait rehausser à 12 % l’espace ainsi dégagé. Plus question désormais la croissance projetée pour cette année. d’éviter les conflits, de rester à l’arrière, de se cantonner au débat d’idées et de s’occuper Le choc de deUX AMBITIoNS seulement des affaires du territoire. La Chine affirme son droit à codécider du monde et, s’il Dans cette confrontation avivée, les États-Unis s’agit d’unifier le pays en englobant Taïwan, ne feront guère de cadeaux à la Chine dont elle s’autorise à y procéder par la force ; quant ils continuent de dénoncer les « manipulations aux îles disputées de la mer du Sud, elle y de change et les pratiques de dumping », qui, installe ses bases et renforce sa marine. selon eux, priveraient d’emploi les Américains. Cette affirmation à l’extérieur a un volet En matière de sécurité, les deux pays interne : depuis quelques mois, le chef de s’affrontent à travers l’alliance militaire nippo- l’État et du Parti a haussé son statut. Il est américaine, les troupes installées en Corée du le « noyau central » autour duquel il faut faire Sud, la prolifération nucléaire de Corée du Nord bloc et qui doit avoir le dernier mot. Ce terme et la liberté de navigation en Mer de Chine. de noyau, utilisé auparavant par Mao Zedong Les ambitions des deux hommes et Deng Xiaoping (et brièvement par Jiang d’État sont en conflit ouvert : l’envie de Zemin) est extra statutaire et sans référence « redonner sa grandeur à l’Amérique » est institutionnelle. Mao Zedong n’était pas chef maintenant confrontée au « rêve chinois ». de l’État ; Deng Xiaoping n’était que président À usage interne, ce dernier terme est en de la Commission militaire du Comité central effet à peu près l’équivalent de « redonner du Parti. Mais ils avaient le dernier mot en tout, sa grandeur à la Chine », une grandeur comme aujourd’hui le voudrait Xi Jinping. qu’elle avait au fil des millénaires. Depuis la Conférence de Davos en ce début d’année, MeSUre eT relativITé plusieurs déclarations diplomatiques ont de LA pUISSANce chINoISe mis en lumière cette rivalité et les risques d’un affrontement, liés aux nouvelles Les prétentions de la Chine au vice- prétentions hégémoniques de la Chine. gouvernement du monde se sont affirmées A Davos d’abord, le chef du Parti Xi après que son produit intérieur brut a dépassé Jinping a suggéré que la Chine pourrait celui du Japon et qu’elle n’a plus eu au-dessus contribuer à maintenir l’ordre dans les d’elle que les États-Unis. Elle se targue échanges internationaux. Quelques jours maintenant d’être dans le monde la première plus tard, le 23 janvier, le directeur général puissance commerciale, la deuxième puissance du département des Affaires économiques économique et la troisième puissance internationales au sein du ministère des militaire. Mais après tout, il s’agit d’un effet Affaires étrangères, Zhang Jun, affirmait que la de masse lié à la démographie, qui n’a rien Chine, si on le lui demandait, serait disposée d’exceptionnel. Quand on est le pays le plus à jouer en ce domaine, un rôle dirigeant. peuplé du monde, il est assez normal qu’on Le 17 février, lors d’un séminaire sur arrive au premier rang dans plus d’un secteur. la sécurité nationale, Xi Jinping affirme En 2015, avec 19 % de la population de que la Chine doit « guider » le nouvel ordre la planète, elle ne fournit que 15 % du produit économique mondial. Il ne s’agit plus intérieur brut mondial, selon les statistiques simplement de « jouer un rôle » important de la Banque mondiale (10 983 milliards dans la construction de cet ordre mondial. de dollars sur 73 502). Certains contestent Ce rêve d’hégémonie, la Chine populaire ne ces chiffres et préfèrent les estimations en l’avait encore jamais eu. Certes Mao Zedong pouvoir d’achat (PPA) ; mais le résultat est avait des ambitions à l’échelle mondiale mais encore plus médiocre avec 20 778 milliards ce n’était pas de diriger la planète. Il désirait de P.I.B. en dollars sur un total mondial de « seulement » être à la tête des révolutions du 155 752, soit une part de 13 % de production Tiers monde et dénoncer l’embourgeoisement mondiale avec 19 % de population. soviétique. Deng Xiaoping ensuite voulait avant Quant au produit intérieur brut par tout que la Chine s’imprègne des potentiels de habitant, malgré ses taux de croissance l’Occident pour rattraper son retard ; il refusait faramineux pendant des décennies et qu’elle prenne la direction de quoi que ce une absorption énorme et sans égale soit et conseillait de ne jamais se mettre en d’investissements étrangers, la Chine se situait avant. Les prédécesseurs immédiats de Xi au soixante-quatorzième rang mondial en 2015 Jinping, d’allure assez modeste, cherchaient selon le FMI, juste derrière la Roumanie, le à s’intégrer à l’ordre mondial et prétendaient Brésil, les Maldives, le Gabon et la Russie ; plus ou moins en respecter les règles. et très loin derrière ses voisins, la Corée du Ce n’est plus le cas aujourd’hui : on Sud et Taïwan. Et encore ne tient-on pas est pour la première fois, avec Xi Jinping, compte de l’extrême inégalité des revenus, en présence d’une volonté d’accéder à qui a pour effet d’abaisser le niveau médian l’hégémonie mondiale. Il s’agit de tenir compte (le revenu du milieu) bien en dessous du 02 les droits de l’homme en chine n° 114 revenu moyen. On peut bien croire ici et là en rappelé que son pays était celui d’Europe Occident que la Chine est désormais un pays qui accueillait le plus d’investissements de classes moyennes, définitivement sorti de la République populaire et annoncé les de la pauvreté et riche au point de pouvoir débuts d’une « ère dorée » dans les relations racheter le monde entier ; mais dans l’Asie bilatérales. Tout le monde heureusement des environs, on ne s’y méprend pas : « On ne se complaît pas dans ces flagorneries. peut tromper le ciel et tromper la terre, mais L’ancien gouverneur de Hongkong Chris Patten on ne peut cacher la vérité à ses voisins ». faisait remarquer, la même semaine, que Première puissance commerciale, la son pays risquait de « vendre son honneur » Chine aurait aimé que sa monnaie occupe contre des accords commerciaux, en oubliant une place significative dans les échanges notamment les engagements pris autrefois internationaux. Mais les échanges en yuan ne pour Hongkong, en fermant les yeux sur les viennent qu’au sixième rang dans le monde scandaleux enlèvements et séquestrations car trop d’opacité entoure le mode de fixation par Beijing de libraires du territoire (2015- des cours du renminbi pour inspirer pleine 2016) et en faisant silence sur le renforcement confiance aux négociateurs de contrats. ininterrompu de la répression depuis 2012. De fait, la Chine est structurellement tenue à un double langage. S’agissant de prendre position sur les marchés extérieurs, elle demande qu’on lui fasse place au nom de libéralisme et des règles de l’Organisation mondiale du commerce. Mais si les capitaux étrangers veulent entrer chez elle, alors elle excipe de ses droits souverains. Elle préserve son protectionnisme administratif, sa structure d’entreprises d’État, la domination généralisée d’un parti qui se situe partout au-dessus des lois, qui refuse une fois pour toutes les élections libres et qui encadre toute la société civile.