*Titre : *Journal de l'année (. 1967)

*Titre : *Journal de l'année

*Éditeur : *Larousse (Paris)

*Date d'édition : *1967-2004

*Type : *texte,publication en série imprimée

*Langue : * Français

*Format : *application/pdf

*Identifiant : * ark:/12148/cb34382722t/date

*Identifiant : *ISSN 04494733

*Source : *Larousse, 2012-129536

*Relation : * http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34382722t

*Provenance : *bnf.fr

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Cet ouvrage est paru à l’origine aux Editions Larousse en 2004 ; sa numérisation a été réalisée avec le soutien du CNL.

Cette édition numérique a été spécialement recomposée par les Editions Larousse dans le cadre d’une collaboration avec la

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Chronologies et analyses downloadModeText.vue.download 4 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

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Janvier

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Le fioul du Prestige sur les côtes françaises

Le littoral landais et girondin est sali « d’innombrables galettes » de fioul, tandis que des boulettes d’hydro- carbures souillent les côtes des îles de Ré et d’Oléron en Charente-Maritime. Cette marée noire provient de l’épave du pétrolier Prestige qui a sombré le 19 no- vembre dernier au large des côtes nord-ouest de l’Espagne, avec 77 000 tonnes de fioul à son bord. Le pétrolier a perdu un quart de sa cargaison – quelque 80 tonnes de fioul par jour s’échappent encore de sa coque –, qui a provoqué une marée noire sur le lit- toral de Galice. Le tribunal de La Corogne demande une enquête sur l’attitude du gouvernement espa- gnol : il entend déterminer si « le chemin erratique » que Madrid a fait prendre au pétrolier après qu’une brèche s’est ouverte dans sa coque le 13 novembre a accru les risques de naufrage.

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Venezuela

Violentes manifestations à Caracas

Des violences font deux morts et au moins 78 bles- sés à Caracas lors d’une nouvelle manifestation de l’opposition réclamant le départ du président véné- zuélien Hugo Chavez. Ce dernier, toujours inflexible, se dit prêt à imposer la loi martiale, s’il le faut. Depuis la grève générale décrétée le 2 décembre dernier par l’opposition, les manifestations d’opposants et de partisans de Hugo Chavez se sont succédé. Le 6 décembre, trois personnes avaient été tuées lors d’une manifestation de l’opposition. La production pétrolière du pays, cinquième exportateur mondial, est actuellement paralysée. L’opposition dénonce la grave récession que connaît le Venezuela, avec un taux de chômage atteignant 17 % et une inflation de 30 %, et accuse le président de vouloir imposer un ré- gime autoritaire de gauche. Hugo Chavez a accepté un référendum sur sa présidence en août, à la moitié de son mandat de six ans, mais l’opposition réclame un référendum en février.

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Proche-Orient

Double attentat meurtrier à Tel-Aviv

Deux kamikazes se font exploser quasi simultané- ment dans le centre de Tel-Aviv, dans le secteur de l’ancienne gare routière, tuant au moins 19 autres personnes et faisant plus d’une centaine de blessés. Ce double attentat survient à trois semaines des élections générales israéliennes du 28 janvier. Il est revendiqué par le Djihad islamique et les Brigades des martyrs d’al-Aqsa, et c’est le premier perpétré au coeur de l’État hébreu depuis le 21 novembre : 11 personnes avaient alors péri dans l’explosion d’un bus à Jérusalem. L’Autorité palestinienne condamne ce double attentat et s’engage à « poursuivre tous ceux qui ont préparé ou commandité ces attaques ».

Grande-Bretagne

Découverte de traces de ricine à

Londres

La police découvre de traces de ricine, un poison potentiellement mortel, dans un mini-laboratoire clandestin installé dans un appartement londonien. Sept hommes d’origine nord-africaine, âgés de vingt à quarante ans, sont arrêtés. La ricine est un poison mortel à certaines doses, susceptible d’être utilisé comme arme biologique, bien qu’il soit difficile de le disséminer à grande échelle. Cette découverte relance les craintes d’attentats contre la Grande-Bre- tagne, engagée aux côtés des États-Unis dans leur action contre l’Irak.

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États-Unis

Plan de relance économique

Le président George W. Bush annonce un plan des- tiné à relancer l’économie : d’une part, le taux de chômage américain est remonté à son plus haut niveau depuis huit ans à 6 % au mois de novembre ; d’autre part, les États-Unis ont accusé en 2002, pour la première fois depuis 1997, un déficit budgétaire, qui a atteint 159 milliards de dollars. L’une des prin- cipales mesures porte sur la suppression totale de l’impôt sur les dividendes versés par les entreprises downloadModeText.vue.download 5 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

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à leurs actionnaires et devrait coûter à elle seule 300 milliards de dollars. Cette disposition est le plus contestée par l’opposition démocrate qui souligne qu’elle bénéficiera en premier lieu aux ménages les plus riches, ceux disposant d’actions, et creusera le déficit budgétaire. L’autre mesure principale prévoit la création de chèques personnels pour l’emploi per- mettant aux chômeurs de retrouver plus rapidement du travail, de financer des cours de recyclage, de payer pour la garde d’enfants et les frais de transport pendant qu’ils cherchent du travail, ce qui devrait concerner 1,2 million de personnes.

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France

Les salariés d’EDF-GDF contre la réforme des retraites

Invités par les syndicats à se prononcer sur le projet de réforme de leur régime de retraite spécifique, les salariés de la branche énergie – en particulier EDF et GDF – rejettent ce projet à l’issue d’une consultation, organisée à l’initiative de la CGT sous la forme d’un référendum dans toute la France. La CFDT, la CGC et la CFTC se sont déjà prononcées favorablement, mais s’étaient toutefois associées à la consultation. Le texte – négocié depuis octobre dernier – a été proposé une première fois à la signature par les organisations patronales du secteur le 20 décembre, mais la CGT a demandé un délai supplémentaire pour consulter les personnels. Il prévoit la création d’une caisse de retraite spécifique et le maintien du pouvoir d’achat des retraités de la branche, lequel s’accompagnerait toutefois d’une harmonisation des cotisations : les cotisations des salariés de la branche pourraient ainsi passer de 7,85 % à 12 %. Cette consultation consti- tuait un test avant d’entamer les négociations géné- rales sur les retraites entre les partenaires sociaux et le gouvernement, la réforme des retraites des indus- tries électriques et gazières étant nécessaire pour ouvrir le capital d’EDF et de GDF, mais surtout avant les négociations globales sur les retraites qui doivent commencer avec les partenaires sociaux au début de février. Le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin réaffirme la « forte détermination » du gouvernement sur le dossier des retraites, tandis que le ministre de l’Économie Francis Mer annonce que la réforme des retraites à EDF-GDF aura lieu malgré le « non » induit par le rejet des salariés de la branche énergie.

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Corée du Nord

Dénonciation du traité de non- prolifération nucléaire

Pyongyang annonce son retrait du traité de non- prolifération nucléaire (TNP). Le gouvernement com- muniste précise que « bien que nous nous retirions du traité de non-prolifération nucléaire, nous n’avons pas l’intention de produire des armes nucléaires et nos activités nucléaires seront limitées à des objectifs paci- fiques comme la production d’électricité ». Ce retrait est, d’une certaine manière, symbolique, puisque la Corée du Nord a déjà violé le TNP en décidant de réactiver son programme nucléaire en décembre, puis en expulsant les inspecteurs des Nations unies qui surveillaient ses installations nucléaires pour signaler toute infraction aux conventions interna- tionales. Cette annonce survient alors que les États- Unis attendaient une réponse de Pyongyang à leur offre de dialogue concernant le développement du programme nucléaire nord-coréen. Washington se déclare prêt à négocier un approvisionnement en énergie de la Corée du Nord si celle-ci arrête son pro- gramme de développement d’armes nucléaires. La Corée du Nord a rejoint le TNP en 1985 et avait mena- cé de s’en retirer en 1993, en raison des tensions que faisaient naître des soupçons sur son programme d’armement nucléaire. La crise s’était dénouée en 1994, la Corée du Nord ayant accepté de geler son complexe nucléaire en échange d’un accord énergé- tique avec les États-Unis.

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France

Un nouveau patron pour les Verts

Le Conseil national interrégional des Verts (CNIR, Parlement du parti) élit Gilles Lemaire secrétaire national du parti pour les deux ans à venir, en suc- cession de Dominique Voynet. Cet informaticien de cinquante et un ans obtient le soutien de 95,5 % des 120 membres du CNIR. Il dirigera un collège exécutif de quinze membres dominé par le nouveau tandem majoritaire Alain Lipietz-Maryse Arditi, à l’aile gauche. Gilles Lemaire s’est donné pour mission d’« impulser downloadModeText.vue.download 6 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

4 un nouvel élan » à la tête du parti, en tentant notam- ment de réconcilier des courants rivaux et en s’oppo- sant résolument au gouvernement Raffarin.

Cinéma

Mort de Maurice Pialat

Le cinéaste français Maurice Pialat décède à soixante- dix-sept ans des suites de problèmes rénaux. Il avait obtenu la palme d’or à Cannes pour son film Sous le soleil de Satan (1987). Révélé avec l’Enfance nue (1967), tourné avec des acteurs non professionnels, il avait connu le succès, notamment avec Nous ne vieillirons pas ensemble (1972) avec Jean Yanne (prix d’interpré- tation à Cannes), Loulou (1980), À nos amours (1983) et Van Gogh (1991). 12

États-Unis

Un gouverneur contre la peine de mort Quelques jours avant la fin de son mandat, le gouver- neur républicain de l’Illinois George Ryan annonce qu’il commue les peines de tous les condamnés à mort de l’État en perpétuité sans possibilité de libéra- tion conditionnelle. Il juge le processus de condam- nation à la peine capitale « arbitraire et capricieux et, de ce fait, immoral ». Les ordres de commutation concernent 167 personnes, dont 156 se trouvent dans le couloir de la mort. Il y a trois ans, George Ryan avait décrété un moratoire sur les exécutions capi- tales dans son État et il s’était engagé, depuis, dans une campagne pour réformer la peine de mort. Lors des élections de mi-mandat en novembre dernier, il n’avait pas brigué de second mandat. Il cède son fau- teuil de gouverneur au démocrate Rod Blagojevich, qui a critiqué la décision de commutation générale en la qualifiant de « grosse erreur ».

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Allemagne/France

Initiative franco-allemande pour les institutions européennes

À l’occasion d’une session plénière de la Convention sur l’avenir de l’ et en préalable aux célébra- tions du 40e anniversaire du traité de l’Élysée, Jacques Chirac et Gerhard Schröder définissent une posi- tion commune sur la réforme des institutions euro- péennes. Celle-ci prévoit l’élection du président de la Commission européenne par le Parlement, alors que celui du Conseil européen serait désigné par les chefs d’État et de gouvernement à la majorité qua- lifiée pour deux ans et demi, élection renouvelable une fois, ou pour cinq ans. Par ailleurs, la politique étrangère européenne « sera conduite par un respon- sable » doté d’une « double casquette » selon Gerhard Schröder, puisqu’il « sera rattaché au Conseil », mais « bénéficiera d’une fonction particulière lui donnant également une présence à la Commission européenne ». Les deux pays proposent aussi que les décisions de politique étrangère et de sécurité de l’Union soient toutes prises à la majorité qualifiée. « Une fois encore, nous avons démontré que le moteur germano-français, essentiel pour la construction européenne, fonctionnait bien », se félicite le président français Jacques Chirac. L’initiative franco-allemande permet à Paris et à Berlin d’aborder unis les débats au sein de la Convention qui doivent aboutir à une nouvelle Constitution eu- ropéenne en 2004.

Côte d’Ivoire Conférence en Île-de-France

Une rencontre franco-ivoirienne sur les négociations de paix en Côte d’Ivoire débute à Linas-Marcoussis dans l’Essonne. Le 14, le représentant du gouver- nement ivoirien et les chefs des deux mouvements rebelles de l’Ouest ont signé à Lomé un accord de cessation des hostilités. Le 19 septembre 2002, alors que le président Laurent Gbagbo était en visite offi- cielle en Italie, des groupes de soldats, qui devaient être prochainement démobilisés, s’étaient soulevés à Abidjan, Bouaké et Korhogo. Le 30 octobre, les pre- mières négociations directes entre le gouvernement du président ivoirien Laurent Gbagbo et les militaires en rébellion contre son régime s’ouvrent pour la pre- mière fois à Lomé sous les auspices du président to- golais Gnassingbé Eyadéma. Le 24 janvier, les partici- pants à la table ronde de Linas-Marcoussis sur la crise ivoirienne concluent un accord de paix, décidant notamment la mise en place d’un gouvernement de réconciliation nationale chargé du renforcement de l’indépendance de la justice, de la restauration de l’administration et des services publics, et du redres- sement du pays. Ce gouvernement sera dirigé par un Premier ministre de consensus et composé de représentants désignés par chacune des délégations ivoiriennes ayant participé à la table ronde, y compris les rebelles ivoiriens. L’attribution des ministères sera faite de manière équilibrée entre les parties pendant toute la durée du gouvernement. À la suite de l’ac- ceptation par le président ivoirien Laurent Gbagbo downloadModeText.vue.download 7 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

5 de l’accord de Marcoussis, de violentes manifesta- tions antifrançaises éclatent à Abidjan, tandis que des violences ethniques font plusieurs morts au nord de la Côte d’Ivoire. Les partisans de Laurent Gbagbo dénoncent les accords destinés à ramener la paix après plus de quatre mois de crise, dirigeant leur colère sur la communauté française. Le 31, la tension ne se relâchant pas, le ministère français des Affaires étrangères conseille aux ressortissants français « dont la présence en Côte d’Ivoire n’est pas indispensable de quitter le pays ». Il s’agit de la première recommanda- tion officielle d’évacuation depuis le début de la crise.

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Culture

Mort de Françoise Giroud

L’écrivain Françoise Giroud décède à Neuilly (Hauts- de-Seine) des suites d’un traumatisme crânien à l’âge de quatre-vingt-six ans. Elle a dirigé la rédaction du magazine féminin Elle avant de fonder, en 1953, l’hebdomadaire l’Express avec Jean-Jacques Servan- Schreiber. De 1974 à 1977, elle est secrétaire d’État à la Condition féminine puis au ministère de la Culture. Depuis 1983, elle était éditorialiste de télévision pour le Nouvel Observateur. Auteur d’une oeuvre littéraire abondante, elle était membre du jury du prix Fémina depuis 1992.

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Allemagne/France

40e anniversaire du traité franco- allemand

La France et l’Allemagne célèbrent quarante années d’« amitié » scellée le 22 janvier 1963 par le traité de l’Élysée. Le moteur franco-allemand « a bien redémar- ré », s’est félicité le président français Jacques Chirac, car, sans cette alliance franco-allemande, « l’Europe ronronne. Avec elle, l’Europe progresse » : en quelques mois, Paris et Berlin sont parvenus à un accord sur la réforme de la Politique agricole commune (PAC), puis à une position commune sur l’avenir des institutions européennes. La France et l’Allemagne plaident pour un assouplissement du Pacte de stabilité pour tenir compte davantage de la croissance, au lendemain de l’avertissement à la France et du blâme à l’Alle- magne adressés par les Quinze aux deux pays. Dans une « déclaration commune », le président Jacques

Chirac et le chancelier Gerhard Schröder soulignent que « la France et l’Allemagne sont conscientes d’exer- cer une responsabilité historique commune au service de l’Europe » et présentent leur « vision commune de l’Europe de demain », avant de détailler les mesures destinées à renforcer davantage la coopération franco-allemande : en particulier, les sommets fran- co-allemands prendront désormais la forme d’un « Conseil des ministres franco-allemand » ; la France et l’Allemagne instaurent un poste de « secrétaire général pour la coopération franco-allemande » dans chaque pays ; la France et l’Allemagne veilleront à adopter des positions communes dans les instances internationales, y compris le Conseil de sécurité des Nations unies ; Jacques Chirac et Gerhard Schröder entendent « renforcer la coordination » des politiques économiques franco-allemandes, en développant notamment des « positions communes sur les ques- tions fondamentales » telles que « celles du finance- ment des retraites, des systèmes de santé et du marché du travail » ; ils déclarent le 22 janvier « journée fran- co-allemande », qui sera consacrée « dans toutes les institutions de nos systèmes éducatifs à une présenta- tion de nos relations bilatérales, à la promotion de la langue du pays partenaire, à une action d’information sur les programmes d’échanges et de rencontres, ainsi que sur les possibilités d’étude et d’emploi dans le pays partenaire » ; ils s’engagent à mener une « action déterminée pour l’enseignement de la langue du pays partenaire » ; ils plaident pour l’élaboration de « projets visant à un rapprochement des législations sur le droit civil, notamment le droit de la famille ».

Pays-Bas

Élections législatives

Les résultats définitifs des élections législatives antici- pées aux Pays-Bas dénotent une progression des tra- vaillistes (PvdA) et des chrétiens-démocrates (CDA). Les premiers, avec 42 sièges sur 150 (contre 23 en 2002), demeurent en deuxième position derrière les chrétiens-démocrates, qui consolident leur place de premier parti avec 44 sièges. Ils vont donc vraisem- blablement conserver le poste de Premier ministre. La liste populiste Pim Fortuyn descend à 8 sièges. Le 15 mai 2002, la liste Pim Fortuyn avait raflé 26 sièges, portée par la vague d’émotion suscitée par l’assassi- nat de son leader dix jours avant le scrutin. Les slo- gans contre l’islam et les partis politiques tradition- nels du parti du sociologue populiste, chantre de la « lutte contre l’immigration », avaient alors séduit 1,6 million d’électeurs (sur 12 millions d’inscrits). Le parti libéral (WD), qui participait à la coalition gou- downloadModeText.vue.download 8 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

6 vernementale libérale, renforce sa position avec 28 sièges (contre 24).

Le 40e anniversaire du traité de l’Élysée

Les fastes commémoratifs du traité de 1963 ont étonné les observateurs, mobilisé les états-majors politiques mais laissé indiffé- rentes les opinions publiques.

Cette relance spectaculaire de la coopéra- tion franco-allemande s’arrêtera-t-elle aux développements de l’affaire irakienne ou bien trouvera-t-elle dans les conditions de l’élargisse- ment de l’Union européenne matière à se main- tenir ? Jamais, depuis l’arrivée au pouvoir du leader social-démocrate Gerhard Schröder à la chancellerie allemande en 1998, le couple fran- co-allemand n’a semblé fonctionner aussi bien. Les manifestations organisées pour célébrer le 40e anniversaire de la signature entre le chan- celier Konrad Adenauer et le président Charles de Gaulle, le 17 janvier 1962, d’un traité d’amitié et de coopération qui a fait date dans l’histoire diplomatique ont témoigné d’un sens du sym- bolique complexe : la réunion d’un conseil des ministres commun aux deux gouvernements s’est poursuivie à Versailles par celle de l’Assem- blée nationale et du Bundestag, dans ce lieu hautement chargé d’histoire pour les deux pays. De ce palais, la monarchie française a exercé un temps un magistère culturel sur tous les princes allemands et a parfois lancé des ordres terribles contre des Allemands, si l’on se rappelle les des- tructions du Palatinat. C’est aussi dans ce palais que s’est exprimée pour la première fois une Al- lemagne unifiée par la proclamation triomphale de l’empire, en 1871, achevant de faire des deux pays des ennemis héréditaires. Et c’est encore dans ces lieux que la revanche a résonné tragi- quement : comme l’a rappelé la presse d’outre- Rhin, Versailles est synonyme de malheur, la honte de Versailles, la « Versaillesschande », le traité de paix imposé en 1919.

Vers un rapprochement encore plus étroit

Mais la symbolique historique a, pour l’occa- sion, accouché d’une anticipation audacieuse, l’évocation futuriste d’une citoyenneté « fran- çallemande » dans le cadre d’une Europe dont la colonne vertébrale ne pourra être que l’axe Paris-Berlin. Idéalisation passagère d’un couple vieilli en retour d’âge ou recomposition straté- gique d’intérêts bien compris ? Nul doute que les partisans d’une Europe continentale forte, s’appuyant sur l’axe Paris-Berlin, doivent beau- coup à la politique américaine au Moyen-Orient. Sans elle, le refroidissement intervenu depuis le départ d’Helmut Kohl en 1998 dans les relations entre les deux parties n’aurait pas pu être sur- monté. Et ce n’est pas la présence de Mme Brigitte Sauzay dans l’entourage proche du chancelier qui aurait changé la détérioration progressive des rapports Chirac-Schröder, dont le point cri- tique culmine au sommet de Nice. Toutefois, la fuite en avant de l’Union européenne vers l’ad- hésion massive des pays de l’Europe centrale et de l’Est et le problème politique majeur posé par la candidature de la Turquie n’auraient pas manqué d’amener Allemands et Français à se rapprocher, à moins de vouloir mettre définiti- vement au rencard le moteur de la construction européenne. Un moteur qui, si l’on en croit l’ex- chancelier Helmut Schmidt, est mal en point. Dans un entretien au Monde publié à propos des commémorations, celui-ci n’hésite pas à décla- rer : « Aujourd’hui, le moteur franco-allemand de l’Europe n’existe plus. Les deux capitales parlent de ”renouveau”, mais il s’agit surtout d’une auto-intoxication. » Cette auto-intoxica- tion condamne-t-elle sans espoir les promesses contenues dans la déclaration commune : un appel au renforcement de la collaboration (pour assurer la réussite de la Convention sur l’avenir de l’Europe), des changements d’appellation chargés de symboliser un rapport de plus en plus étroit entre les deux pays (les sommets franco-allemands semestriels transformés en conseils des ministres franco-allemands) ou l’invention d’un nouveau symbole (le 22 janvier devenant la journée franco-allemande).

Un objectif audacieux

Plus originale, la volonté de porter l’effort au niveau des citoyens afin de traiter les problèmes délicats en suspens – la fréquentation de plus en plus rare de la langue de l’autre, l’harmonisation des droits de la famille (le cas des divorces de couples franco-allemands) – et de nourrir des ex- périences destinées, selon la formule adoptée, à « rendre la France et l’Allemagne plus solidaire » : downloadModeText.vue.download 9 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

7 la création d’un poste de secrétaire général pour la coopération franco-allemande qui sera char- gé de faciliter les nombreuses relations tissées entre les différentes administrations publiques, et, élément le plus spectaculaire, la possibilité à long terme de doter chaque citoyen français et allemand de la double nationalité. Un objec- tif audacieux qui s’appuie sur des bases réelles : une interdépendance croissante des économies et une complémentarité institutionnelle et his- torique. Mais cette base ne saurait suffire à nour- rir ce couple forcé par l’histoire récente et mena- cé par des tropismes différents : le grand large anglo-saxon et, occasionnellement, les sympa- thies blairistes de Schröder chez les Allemands, les rivages sud-méditerranéens et la solidarité francophone.

Une semaine avant les commémorations, le mardi 14 janvier, Paris et Berlin ont réussi à s’entendre sur une proposition commune pour le fonctionnement de la future Grande Europe. Chacune des parties ayant un objectif – la France, le renforcement du Conseil européen ; l’Allemagne, celui de la Commission européenne –, Paris et Berlin se sont rapprochés : le président de la Commission sera élu par le Parlement et le Conseil européen sera présidé par un président élu par le Conseil à la majorité simple. Com- muniquée au président de la Convention pour l’avenir de l’Europe présidée par l’ex-président Giscard d’Estaing, cette proposition inquiète les autres pays. Il est difficile en effet de convaincre les nouveaux adhérents que, sans la « Françalle- magne » initiée en 1963 et redessinée quarante ans plus tard, le Vieux Continent sera condamné à n’être qu’une « structure molle ».

SERGE COSSERON

LE FRANÇAIS ET L’ALLEMAND DANS

L’ENSEIGNEMENT SECONDAIRE

Le traité de 1963 stipulait que « les deux gouvernements reconnaissent l’importance essentielle [...] de la connaissance, dans chacun des deux pays, de la langue de l’autre. ». Quarante ans plus tard, le mes- sage est loin d’être passé dans la réalité. Bien au contraire, la place de l’allemand dans le système secondaire français est en crise. Il en est de même en Allemagne, où le français s’effondre devant l’anglais, même dans les régions frontalières, et seuls 5 % des lycéens présentent le français au bac- calauréat (le fameux Abitur). En France, dans le secondaire, l’allemand est devancé par l’espagnol. Et la chute des inscriptions s’est accélérée ces dernières années. En douze ans, les choix de l’allemand en 6e se sont effondrés de 40 % !

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Italie

Mort de Giovanni Agnelli

Giovanni Agnelli décède à l’âge de quatre-vingt- un ans des suites d’une longue maladie. Son décès coïncide avec une crise sans précédent pour Fiat, en raison des lourdes pertes de son secteur automobile. Le plus grand employeur privé de la péninsule est confronté à une accumulation de dettes et à une baisse de ses ventes. Le 7 novembre dernier, Fiat avait reconnu que sa branche automobile pourrait enregistrer quelque deux milliards d’euros de pertes nettes pour 2002. La disparition du patriarche de la famille fondatrice de l’empire Fiat va à présent don- ner lieu à des spéculations sur son successeur à la tête du groupe ou encore sur le fait de savoir si Fiat restera italienne.

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ONU

Remise du rapport des inspecteurs en Irak

Mohamed el-Baradeï, le patron de l’Agence inter- nationale de l’énergie atomique (AIEA), et Hans Blix, chef de la Commission de contrôle, de vérification et d’inspection de l’ONU (COCOVINU), remettent au Conseil de sécurité de l’ONU un rapport sur l’état de l’armement de l’Irak qui rend compte de plus de huit semaines d’inspections sur le sol irakien. Ce rapport doit déterminer l’attitude de nombreux pays, ainsi que du Conseil de sécurité, sur les suites à donner et sur une éventuelle intervention militaire en Irak. Hans Blix juge que Bagdad n’a « pas véritablement accepté » de coopérer, tandis que Mohamed el-Ba- radeï demande « quelques mois » de plus pour les recherches, précisant qu’aucun programme d’arme- ment atomique n’a été découvert. Selon Hans Blix, trois questions demeurent : quelle quantité d’armes non déclarées et intactes datant d’avant la guerre du downloadModeText.vue.download 10 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

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Golfe et peut-être d’après reste-t-il en Irak ? Qu’a-t-il pu être acheté ou produit illégalement depuis la fin de la guerre ? Comment le monde peut-il prévenir la production et le commerce d’armes de destruction massive à l’avenir ?

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Israël

Victoire du Likoud aux élections législatives

Le Likoud du Premier ministre Ariel Sharon remporte largement les élections législatives. Cent vingt sièges sont à pourvoir au Parlement. Le Likoud en obtient 37, le parti travailliste 19, le Shinuï 15, le Shas 11 (en- semble des « partis des faucons » 67, ensemble des « partis des colombes » et du centre 52). M. Sharon, au pouvoir depuis mars 2001, doit être choisi par le président israélien Moshe Katsav pour former un nouveau gouvernement ainsi qu’une coalition majo- ritaire au Parlement avant d’entamer un nouveau mandat. Il risque toutefois d’avoir le plus grand mal à former une coalition « aussi large que possible », le parti travailliste, qui a enregistré son pire score élec- toral, ayant réaffirmé son refus de faire partie de son gouvernement.

France

Le Sénat contre tous les clonages Le Sénat vote, à l’unanimité, une incrimination de « crime contre l’espèce humaine » en cas de transgres- sion de l’interdiction du clonage reproductif, lors de la discussion en première lecture du projet de loi sur la bioéthique. La transgression sera passible de trente ans de prison et de 7,5 millions d’euros d’amende. Une prescription de trente ans est prévue avec comme point de départ la majorité du clone. Le Sénat interdit aussi le clonage thérapeutique en adoptant l’amendement proposé par le ministre de la Santé Jean-François Mattéi dans le cadre de l’examen du projet de loi sur la bioéthique. La trans- gression de l’interdiction du clonage thérapeutique sera passible d’une peine de sept ans de prison et de 100 000 euros d’amende. « Le clonage thérapeutique constitue la porte ouverte au clonage reproductif », a souligné Jean-François Mattéi. Les socialistes et les communistes ont voté contre cet amendement, en demandant en vain l’autorisation du clonage théra- peutique au nom de la recherche médicale.

Vote de dépit en Israël

La victoire électorale d’Ariel Sharon ne tra- duit pas l’efficacité d’un programme, mais la fatalité d’une situation.

La reconduction au pouvoir du Likoud illustre le désarroi des électeurs tentés par le repli sécuritaire en raison de l’absence de perspectives de paix, sentiment que partagent les Palestiniens.

Victoire ambiguë du Likoud, défaite annon- cée du Parti travailliste, percée inattendue d’un parti champignon, le Shinouï : les résultats des élections législatives du 28 janvier reflètent assez fidèlement l’impasse dans laquelle se trouve aujourd’hui Israël. Impasse d’autant plus grave que les urnes ne semblent pas être, pré- cisément, le moyen d’en sortir. Les électeurs en sont conscients : le taux de participation – 67,8 % – est le plus bas jamais enregistré depuis la création de l’État hébreu. Comme si ce scrutin ne pouvait en aucune façon contribuer au règle- ment des problèmes économiques et de sécurité auxquels se trouve confronté Israël.

La formation du Premier ministre Ariel Sharon remporte 29,4 % des suffrages et 38 sièges sur 120 à la Knesset contre 19 lors du dernier scru- tin de mai 1999 – mais l’aile gauche du parti, conduite par David Lévy et Dan Meridor, faisait alors cavalier seul. Le Parti travailliste, conduit par Amram Mitzna, enregistre son plus mauvais résultat en ne recueillant que 14,5 % des voix et n’obtenant que 19 élus, soit six de moins que dans le Parlement sortant. C’est toute la gauche qui subit un revers. Ainsi, le parti laïque et paci- fiste Meretz de Yossi Sarid, avec 5,2 % des suf- frages, ne dispose plus que de 6 élus, perdant quatre sièges. Grand bénéficiaire de la consulta- tion, le parti de centre droit ultralaïque Shinouï, dirigé par Tommy Lapid, devient la troisième for- mation du pays avec 12,3 % des voix et 15 élus, soit 9 de mieux qu’en 1999. À droite, la formation regroupant les religieux orthodoxes séfarades, le Shass, est en recul avec 11 élus – il en perd 6. Les russophones d’extrême droite de l’Union nationale et les religieux ultranationalistes du Parti national religieux se maintiennent avec downloadModeText.vue.download 11 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

9 respectivement 7 et 6 élus – 1 de mieux dans ce dernier cas. Avec 9 élus, les partis arabes perdent 1 siège.

Des élections pour rien ?

Quatrième consultation depuis 1996, les élec- tions du 28 janvier étaient de nouveau des élections anticipées. Le Premier ministre avait décidé d’en avancer la convocation de dix mois après le retrait des travaillistes du gouverne- ment d’union nationale, en octobre 2002, de façon à ne pas demeurer l’otage de l’extrême droite, seule force politique lui permettant dé- sormais de disposer d’une majorité à la Knes- set. Or les travaillistes avaient promis, durant la campagne, de ne pas participer à un nouveau gouvernement d’union nationale avec le Likoud. Paradoxalement, la large victoire de ce dernier – et surtout la cuisante défaite des travaillistes – n’offre pas d’autre solution à Ariel Sharon que de pactiser de nouveau avec la droite extrême et religieuse. Alors : des élections pour rien ?

En Israël comme ailleurs, la guerre ne constitue décidément pas un terreau idéal pour le déve- loppement de la démocratie. Chaque candidat à la direction des affaires, qui promet la paix à ses concitoyens, est finalement jugé en fonction de sa capacité à assurer leur sécurité, objectif qui nécessite l’usage de moyens généralement fort étrangers à la fin initialement décidée. Lors de son élection, en janvier 2001, Ariel Sharon avait à son tour promis cette paix que les travaillistes conduits par Ehoud Barak venaient d’échouer à mettre en oeuvre. Deux ans plus tard, son action à la tête du gouvernement a abouti à la reconquête par l’armée de larges portions des territoires palestiniens autrefois autonomes, au prix d’un bilan humain qui, en 2002, aura atteint des records. Tout le paradoxe de la vie politique israélienne réside dans cette contradiction. Alors que la majorité des Israéliens continuent d’ap- prouver les propositions travaillistes de règle- ment de paix, ces mêmes électeurs reconduisent à la tête du gouvernement Ariel Sharon, seul sus- ceptible à leurs yeux de faire face à l’urgence de la situation que sa politique a largement contri- bué à créer.

Priorité à la sécurité

Exaspérés par la menace continuelle que font peser les attentats sur leur vie quotidienne, dé- semparés par l’absence de perspectives à court terme, tentés par le repli identitaire, les élec- teurs se sont donc tournés vers le seul parti dont la ligne paraît en phase avec la situation que connaît le pays : le Likoud et son programme accordant la priorité à la sécurité et prônant s’il le faut la séparation physique des communau- tés. Ce même désarroi et cette même absence d’espoir de paix conduiraient certainement au- jourd’hui les Palestiniens, s’ils y étaient invités, à plébisciter Yasser Arafat, qui demeure, comme Ariel Sharon, l’homme des périodes de crise. Dans l’angle opposé de l’échiquier politique, un candidat peu connu et un programme très mar- qué à gauche, alors que les travaillistes sortaient de vingt mois de cogestion des affaires avec la droite, ne conféraient pas à la formation des pères fondateurs d’Israël une très grande cré- dibilité. Le dépit a jeté certains électeurs dans les bras du Shinouï, un parti démagogue aux positions centristes, qui exalte une image passée d’un Israël riche, stable et souverain.

Le 27 février, Ariel Sharon présentera à la Knes- set, qui lui accordera sa confiance, un gouver- nement de coalition formé, outre le Likoud, des partis d’extrême droite ultranationalistes et reli- gieux du Parti national religieux et de l’Union na- tionale ainsi que du Shinouï, dont les dirigeants seront finalement revenus sur leur promesse de ne pas siéger au côté de ministres religieux.

ALAIN POLAK

AMRAN MITZNA

Si l’on en croit la presse politique israé- lienne, Amran Mitzna n’aurait qu’un défaut, celui d’être « un type bien ». Quelqu’un qui dit ce qu’il pense et fait ce qu’il dit. Bref, tout sauf un politicien armé pour déjouer les chausse-trappes d’une élection natio- nale. Fils d’émigrés allemands, Amran Mitzna est né en Israël en 1945. Général de réserve aux états de service irrépro- chables, maire d’une grande ville du pays. Haïfa, il était toutefois inconnu du grand public quand il a pris les rênes du Parti travailliste en novembre 2002. Au passé chargé du Premier ministre sortant, il voulait opposer l’image d’un homme neuf. Mais Amran Mitzna n’a ni la rouerie, ni le charisme d’Ariel Sharon. Il s’est attiré les critiques des éléphants du Parti travailliste qui ont fustigé son manque d’expérience et il a dû affronter les railleries de la presse, qui a mis en avant son côté yekke – sur- downloadModeText.vue.download 12 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

10 nom donné aux premiers immigrés juifs allemands à la rigueur hautaine. En défen- dant l’ouverture inconditionnelle de dis- cussions avec les Palestiniens et le déman- tèlement progressif des colonies juives à Gaza et en Cisjordanie, puis en rejetant d’avance toute participation à un gouver- nement d’union nationale, Amran Mitzna a fait preuve de son engagement et de son in- transigeance. Il s’est de ce fait coupé de la majorité de son électorat, plutôt centriste et prêt au compromis.

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France

Affaire Elf : Dumas relaxé

La cour d’appel de Paris relaxe l’ancien ministre des Affaires étrangères Roland Dumas dans un des volets de l’affaire Elf. Ce dernier était soupçonné de recel et complicité d’abus de biens sociaux au détriment du groupe pétrolier. En outre, elle lance un mandat d’arrêt contre l’ancien président d’Elf Loïk Le Floch- Prigent, condamné à trente mois d’emprisonnement ferme, et maintient en détention Alfred Sirven, ex-di- recteur des Affaires générales, qui écope de trois ans ferme et de 304 898 euros d’amende. L’ancienne maî- tresse de Roland Dumas, Christine Deviers-Joncour, est condamnée à dix-huit mois de prison ferme plus douze avec sursis – elle n’a effectué que six mois de détention provisoire.

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UE

Huit pays européens se rallient aux

États-Unis Les chefs de gouvernement de huit nations euro- péennes – Grande-Bretagne, Espagne, Italie, Portugal, Pologne, Hongrie, Danemark, République tchèque – rendent public un appel commun à se ranger au côté des États-Unis dans leur lutte contre l’Irak. Cet appel est publié dans le quotidien britannique The Times ainsi que dans douze autres quotidiens européens. Les huit signataires affirment que les rapports remis par les inspecteurs aux Nations unies montrent clai- rement que l’Irak continue sa stratégie de dissimula- tion. De son côté, le Parlement européen déclare que les « violations de la résolution 1441 [...] actuellement relevées par les inspecteurs en ce qui concerne les armes de destruction massive ne justifient pas le lancement d’une action militaire unilatérale » en Irak. Répondant à l’appel européen par l’intermédiaire du ministère de la Défense, Paris indique que cet appel relève « plus de l’affichage que de la substance ».

31

France

Condamnation pour euthanasie

La cour d’assises des Yvelines condamne l’infirmière Christine Malèvre à dix années de réclusion crimi- nelle pour avoir assassiné six de ses patients à l’hôpi- tal de Mantes-la-Jolie en 1997 et 1998. En revanche, elle l’acquitte de l’assassinat d’une septième de ses patientes. L’avocat général avait requis une peine qui ne soit pas inférieure à dix années de réclusion à l’encontre de l’accusée, qui encourait la réclusion criminelle à perpétuité. L’avocat de Christine Malèvre, Me Libman, avait plaidé l’acquittement total, souli- gnant que sa cliente « n’est ni une tueuse en série, ni une madone de l’euthanasie ».

Christine Malèvre, une infirmière seule face à ses juges

En juillet 1998, l’hôpital de Mantes-la-Jolie se voyait propulsé au coeur du débat sur l’euthanasie, dont allait devenir le porte- étendard l’une de ses infirmières, Chris- tine Malèvre, qui reconnaîtra avoir aidé plusieurs de ses patients à mourir.

Depuis, desservie par une médiatisation excessive et des rapports psychiatriques, l’égérie de la cause de l’euthanasie est apparue comme une « tueuse en série » devant répondre de 7 « assassinats » devant le tribunal de Versailles le 20 janvier. Cette évolution pèsera lourdement dans le verdict des jurés qui la condamnent à dix ans de réclusion criminelle le 31 janvier.

Une personnalité ambiguë Pourquoi et comment Christine Malèvre, jeune infirmière modèle, en est-elle venue à ôter la vie à plusieurs de ses patients, auxquels elle a par ailleurs prodigué, de l’avis de ses collègues, downloadModeText.vue.download 13 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

11 des soins d’une qualité exemplaire, pendant les presque trois années passées au service de neu- ropneumologie de l’hôpital de Mantes-la-Jolie où elle avait été affectée en août 1995 ? Près de cinq ans après qu’a éclaté l’affaire Malèvre, la question n’a cessé de hanter les familles des vic- times présumées de l’infirmière, qui se sont por- tées parties civiles dans le procès qui a débuté le 20 janvier devant la cour d’assises de Versailles. Et les diagnostics, divers, sinon contradictoires, des experts psychiatriques ne semblent pas avoir apporté de réponses satisfaisantes à ces interrogations. Malgré tous ses efforts oratoires, l’avocat n’a pu obtenir du jury qu’il concentre son attention « sur le geste et non sur la per- sonne qui le fait », si bien que la personnalité de sa cliente et les troubles mécanismes psychiques qui l’ont conduite jusqu’au banc des accusés ont dominé toutes les interventions, éclipsant le dé- bat sur l’euthanasie dont l’ex-infirmière avait été présentée comme le porte-étendard. Et les jurés de Versailles, refusant, sur les recommandations du parquet, de se laisser entraîner sur le terrain de l’euthanasie, ont jugé la personne avec sévé- rité, la condamnant à dix ans de réclusion crimi- nelle et à une interdiction définitive d’exercer sa profession d’infirmière.

Disséquée par les différents rapports des ex- perts psychiatriques, la personnalité ambiguë de l’accusée a relégué à l’arrière-plan de ce pro- cès la cause que certains prétendaient lui faire défendre. Et la médiatisation de cette affaire, devenue emblématique d’un débat public sur l’euthanasie encore très vif à l’époque, aura plu- tôt nui à Christine Malèvre, qui s’est exposée avec trop de complaisance aux projecteurs de l’actualité, au point de brouiller son image d’in- firmière compatissante cherchant à soulager des malades incurables.

« L’ange de la mort »

Depuis ce jour du 6 mai 1998 où elle a été dé- masquée et suspendue de ses fonctions par la direction de l’hôpital de Mantes-la-Jolie, qui saisissait dans le même temps le procureur de la République de Versailles de la multiplication suspecte de décès dans son service, l’infirmière s’est en effet enferrée dans des déclarations contradictoires qui devaient compromettre sa ligne de défense, fluctuant au gré des rapports psychiatriques mais aussi de l’image publique que ses apparitions et interventions média- tiques ont contribué à lui façonner. Si elle s’est dévoilée devant l’opinion dans son témoignage télévisé en septembre 1998, puis en mars 1999 dans son livre Mes aveux, sous les traits d’une infirmière zélée mais à la personnalité fragile et tourmentée, à ce point sensible aux souffrances de ses malades qu’elle voudra les abréger, cette image tend à se fissurer au fil de la procédure judiciaire, qui révèle des failles dans la com- passion militante affichée. Si nul ne conteste la fragilité de Christine Malèvre, soumise à rude épreuve au contact de malades en fin de vie et illustrée par sa tentative de suicide le soir même où elle a été confondue, le nombre de morts suspectes examinées par la justice et le com- portement de l’accusée face à la gravité de son geste tendent à la transformer en « ange de la mort », voire en tueuse en série, présumée cou- pable, selon une déclaration du juge du 16 juin 1999, d’« assassinats » dont le nombre reste à déterminer. Lors de ses premiers interrogatoires, elle admet avoir ainsi accéléré la mort d’une trentaine de patients, dont une vingtaine sans leur consentement, pour ensuite se rétracter et ne reconnaître que « quatre cas d’euthanasie active ». Mais les témoignages s’accumulent, soulignant la fréquence inhabituelle des décès dans l’hôpital de Mantes-la-Jolie quand l’infir- mière y exerçait, et recoupant les expertises psychiatriques, qui brossent un tableau acca- blant pour Christine Malèvre : celle-ci aurait été animée d’une « fascination morbide pour la maladie » doublée d’une hyperidentification à autrui et à sa souffrance qu’elle a abrégée de façon « préméditée », même si elle n’éprouvait aucun plaisir à donner la mort. Mais, malgré une dernière expertise psychiatrique plus nuancée qui reconnaîtra à l’accusée une propension à la compassion, le dossier ne relève déjà plus du débat sur l’euthanasie quand il parvient devant le tribunal, où Christine Malèvre est desservie par un ego démesuré jusque dans la compas- sion et qui, jusqu’au bout, la fera s’apitoyer sur elle-même sans parvenir à exprimer de remords face aux familles des victimes. L’absence mani- feste d’émotion dont elle fera preuve sur le banc des accusés n’incitera guère à la clémence les jurés, qui la reconnaîtront coupable de 6 des 7 assassinats dont elle est accusée, malgré les incertitudes concernant les circonstances exactes ayant entraîné la mort de ces patients parmi lesquels Christine Malèvre reconnaissait n’en avoir aidé que deux à mourir. Une froideur que le jury ne lui pardonnera pas, aussi sincères downloadModeText.vue.download 14 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

12 que puissent paraître les efforts de réinsertion de Christine Malèvre, étalés en couleurs dans l’hebdomadaire Paris Match où on la voyait aux côtés de son compagnon quelques jours avant le verdict. Un instant volé d’un bonheur et d’un amour retrouvés dont la justice a tenu à priver cette « voleuse de temps et d’amour ».

ULYSSE GARO

LE DÉBAT SUR L’EUTHANASIE

PASSE À LA TRAPPE

« Christine Malèvre observera de sa prison le débat national sur les soins palliatifs et l’euthanasie, qui s’est amplifié du fait de son sacrifice », déclarait l’avocat de la défense à l’énoncé de la peine qualifiée d’« énorme » prononcée contre sa cliente.

Pourtant, les rangs de ses partisans de la première heure, comme l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) et de nombreuses personnalités, se sont clairsemés depuis qu’ils ont pris conscience que le combat pour l’eutha- nasie ne pouvait se fourvoyer dans une cause perdue. La douleur des familles des victimes, qui la considèrent comme une « criminelle » pour avoir abrégé, de son propre chef, et sans les consulter, la vie de malades certes incurables, mais dont le pronostic vital n’était pas engagé à court terme, a pris le pas sur la « compassion » qu’ont voulu voir dans son geste ses par- tisans, escamotant ainsi le débat de fond sur l’euthanasie, que ce procès n’aura fina- lement guère fait avancer. downloadModeText.vue.download 15 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

13

Février

1

États-Unis Explosion de la navette Columbia

La navette américaine Columbia se désintègre peu avant son atterrissage, alors qu’elle survolait le Texas à plus de 60 000 mètres d’altitude. Les sept astronautes qu’elle transportait – six Américains, Rick Husband, Michael Anderson, Kalpana Chawla, William McCool, David Brown, Laurel Clark, et un Israélien, Ilan Ramon – sont morts. La navette Columbia, l’une des plus anciennes de la flotte américaine, effectuait son 28e vol. Elle était partie le 16 janvier pour une mis- sion d’expérimentation. C’est la première fois qu’une telle catastrophe se produit lors du retour sur terre de la navette. Celle-ci intervient dix-sept ans après l’explosion de la navette Challenger, le 28 janvier 1986, quelques secondes après le décollage. Les sept astronautes avaient trouvé la mort. Les missions de la NASA sont interrompues ; elles reprendront dès que l’origine de l’explosion aura été identifiée et les dé- fauts de la navette corrigés, affirme l’administrateur de la NASA Sean O’Keefe.

Columbia : seconde catastrophe pour la navette américaine

Dix-sept ans après l’explosion de Challenger, une nouvelle catastrophe spatiale endeuille les États-Unis, avec l’explosion de l’orbiteur Columbia à 63 km d’altitude, provoquant la mort des sept astronautes de son équipage.

Le 1er février, au terme d’une mission scien- tifique de seize jours qui s’est parfaitement déroulée, Columbia s’apprête à regagner la Terre avec son équipage de sept astronautes et, dans sa soute, le module de recherche Space- hab. L’atterrissage sur la piste du Centre spatial Kennedy, à cap Canaveral (Floride), est attendu à 14 h 16 UT. Une heure auparavant, au-dessus de l’océan Indien, l’équipage a, selon la procédure habituelle, procédé à l’allumage des moteurs pour que l’appareil, volant alors à 28 000 km/h, réduise sa vitesse, décroche de son orbite et amorce sa descente en vol plané dans l’atmos- phère. À partir de 13 h 54, alors que l’engin est en plein freinage aérodynamique, les ingénieurs au sol commencent à recevoir des informations anormales : il y a d’abord une perte de données des capteurs de température dans les systèmes hydrauliques des gouvernes de l’aile gauche, puis la perte des mesures de pression des pneus sur le train d’atterrissage gauche, enfin l’indication d’une surchauffe anormale de l’aile gauche, constatée également par l’équipage. À 14 h UT (9 h en Floride, 15 h en France), les communications entre la navette et le sol s’in- terrompent brutalement, tandis que Columbia survole le Texas, à 63 km d’altitude, à la vitesse de 20 000 km/h. Au sol, les curieux qui suivent la course de l’engin dans le ciel observent sa désintégration : près de vingt-deux ans après sa mise en service, et au retour de son 28e vol dans l’espace, Columbia disparaît avec ses occupants en un feu d’artifice tragique.

Les causes de l’accident

Des milliers de débris (représentant environ 20 t, soit 20 % de la masse de l’appareil) sont retrouvés au sol, principalement à l’est de la Louisiane et au Texas, et rapatriés à cap Canave- ral où ils sont assemblés dans un hangar, en un immense puzzle, et soigneusement examinés. Les enquêteurs procèdent également à l’étude approfondie de tous les enregistrements (radio, vidéo, radar) réalisés au cours du vol. Une ana- lyse détaillée du comportement aérodynamique de Columbia pendant sa descente vers le sol montre que l’appareil était déjà endommagé au moment de sa rentrée dans l’atmosphère, et que du plasma à haute température a pénétré dans l’aile gauche quelques minutes avant la perte de communication. D’autres éléments indiquent que des dégâts bien plus importants se seraient produits deux à trois minutes avant la perte de contact. À ce moment, Columbia pivotait sur son axe longitudinal dans le sens inverse de celui des aiguilles d’une montre et effectuait un mou- vement de lacet vers la gauche.

Différents scénarios sont envisagés pour expli- quer la catastrophe. Celui considéré comme le plus probable attribue l’origine du drame à un incident survenu 81 s après le décollage et dont les responsables du vol avaient minimisé les conséquences, à savoir le choc contre le bord d’attaque de l’aile gauche d’une pièce isolante de mousse rigide d’environ 50 cm sur 40 cm et downloadModeText.vue.download 16 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

14 pesant 1,2 kg, détachée du gros réservoir exté- rieur ; ce choc aurait provoqué une brèche dans les panneaux de protection thermique. Lors de la descente de l’orbiteur dans l’atmosphère, cer- taines de ses parties (nez, bord d’attaque des ailes et de la dérive, intrados...) sont portées à des températures très élevées par le freinage aérodynamique : leur protection thermique est assurée par un revêtement en carbone-carbone, qui s’échauffe jusqu’à 1 650 °C, ou par un assem- blage d’environ 24 000 tuiles isolantes en gra- phite-carbone (tuiles noires) ou en silice (tuiles blanches). Plusieurs de ces tuiles pourraient s’être détachées lorsque la pièce tombée du ré- servoir a percuté le bord de l’aile gauche, et cela aurait entraîné la cascade d’anomalies consta- tées dans les minutes ayant précédé la catas- trophe. Au-delà de cette hypothèse, certains ex- perts s’interrogent sur le rôle indirect qu’ont pu jouer dans le drame l’usure de Columbia (le plus ancien des orbiteurs de la navette, dont il avait effectué le vol inaugural, en avril 1981) ainsi que l’affaiblissement des efforts de sécurité induit par la réduction drastique du personnel affecté à la maintenance, en raison des restrictions bud- gétaires de la NASA. Le drame, en tout cas, est venu brutalement rappeler à l’opinion publique que, dans le domaine des vols spatiaux, la rou- tine n’existe pas et que le risque d’accident sub- siste toujours, malgré une fiabilité très élevée.

PHILIPPE DE LA COTARDIÈRE

LES VICTIMES DE LA CONQUÊTE SPATIALE

Constitué de cinq hommes et de deux femmes, l’équipage de Columbia com- prenait six Américains – Rick Husband, William McCool, Michael Anderson, David Brown, Kalpana Chawla (d’origine indienne). Laurel Clark (d’origine écos- saise) – et le premier astronaute israélien, Ilan Ramon. W. McCool, D. Brown, L. Clark et I. Ramon effectuaient leur premier vol spatial, portant à 430 le nombre de sujets lancés dans l’espace.

La destruction de Columbia représente le cinquième drame de l’exploration spatiale, en quarante-deux ans de vols habités. Ces accidents ont fait 21 victimes : 18 disparus en vol (treize Américains, quatre Russes et un Israélien) et 3 disparus lors d’une répé- tition au sol (tous Américains).

2

Venezuela

Fin de la grève générale

Lancée il y a deux mois par l’opposition pour obte- nir le départ du président vénézuélien Hugo Cha- vez, la grève « civique nationale » s’achève sauf pour l’industrie pétrolière, la première ressource du pays. Elle avait commencé le 2 décembre dernier à l’ins- tigation de l’opposition de droite, la Confédération des travailleurs du Venezuela (CTV) et la fédération patronale Fedecamaras, présidée par Carlos Fernan- dez. La table de négociation entre gouvernement et opposition, sous médiation du secrétaire général de l’Organisation des États américains (OEA) César Gaviria, avec le soutien d’un « groupe d’amis » (Brésil, États-Unis, Mexique, Chili, Espagne et Portugal), tente de trouver une solution électorale à la crise vénézué- lienne, qui a fait perdre à l’État plus de 4 milliards de dollars de recettes. Le 6, face au plongeon du bolivar (à 1,853 bolivar pour un dollar le 21 janvier), victime des fluctuations des marchés des changes et de l’instabilité politique, le président Chavez instaure un contrôle des échanges monétaires afin de soutenir la monnaie du pays. Le 26, Carlos Fernandez, président de la Fedecamaras, est placé en résidence surveillée pour rébellion civile et incitation à la délinquance.

4

France/Grande-Bretagne

25e sommet franco-britannique

Le 25e sommet franco-britannique réunit Tony Blair et Jacques Chirac dans la station balnéaire du Touquet (Pas-de-Calais). Les deux présidents s’entretiennent de leurs divergences sur la question irakienne ; ils n’ont pu que constater leur désaccord. Paris veut donner toutes leurs chances aux inspecteurs dans le cadre de la résolution 1441 adoptée à l’automne der- nier, Londres souhaite une seconde résolution rapide de l’ONU sur ce dossier. Les deux parties sont néan- moins d’accord sur la nécessité de passer par l’ONU pour désarmer le régime de Bagdad.

ONU

Côte d’Ivoire : l’ONU approuve l’accord de paix

Le Conseil de sécurité des Nations unies approuve l’accord de paix en Côte d’Ivoire le 24 janvier sous l’égide de la France entre rebelles et partis politiques downloadModeText.vue.download 17 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

15 ivoiriens, et apporte son soutien aux soldats français et à la force de paix de la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest qui tentent de rétablir l’ordre dans un pays dévasté par quatre mois de guerre civile. De son côté, le président ivoirien Laurent Gbagbo qua- lifie l’accord de Marcoussis de « texte de compromis ». Il estime qu’il s’agit d’une « base de travail », et affirme que les points non conformes à la Constitution du pays ne seront pas appliqués. Depuis la signature de l’accord, les partisans de M. Gbagbo ont violemment manifesté leur opposition à ce compromis et critiqué la France pour avoir donné la part belle aux rebelles, notamment pour l’attribution de certains ministères clés, notamment ceux de la Défense et de l’Intérieur. Dialogue difficile entre Paris et

Londres

La participation de Tony Blair aux prépara- tifs de guerre de George Bush contre l’Irak a jeté un froid dans les relations entre la

France et la Grande-Bretagne.

Initialement prévu le 3 décembre 2002, le sommet franco-britannique du Touquet s’est tenu le 4 février, maintenant les fils ténus d’un dialogue qui, pour avoir le mérite d’exister, n’en confirmera pas moins des divergences irréduc- tibles sur les grandes orientations de politique étrangère. Provoqué officiellement par les désaccords sur la Politique agricole commune (PAC), ce report n’aura guère permis d’apaiser les tensions. Le fossé n’a cessé de se creuser entre Paris et Londres alors que la Grande-Bretagne s’associe activement aux préparatifs de guerre engagés contre le régime de Bagdad par George W. Bush.

Divergences irakiennes

Les contentieux économiques liés à la PAC et au refus de Londres de renoncer à certains avan- tages financiers garantis par l’UE prennent rang d’anecdotes alors que l’imminence d’une guerre contre l’Irak agite le spectre d’une division de l’Europe. Autant dire que le climat européen et international semble moins propice encore à la réactivation d’un dialogue franco-britan- nique qui voudra se concentrer sur les maigres terrains d’entente susceptibles d’accueillir les fondations vacillantes d’une politique étran- gère européenne commune. Faute de compro- mis sur l’Irak, MM. Blair et Chirac s’évertueront à ne pas attiser les braises d’une crise qui couve depuis que les préparatifs de guerre et, au-de- là, la question des liens avec les États-Unis ont donné lieu à une polarisation de l’Europe entre le camp de la paix, avec à sa tête la France et l’Allemagne, et le camp de la guerre, conduit par la Grande-Bretagne, secondée par l’Espagne. Tandis que Paris et Berlin célébraient avec faste, les 22 et 23 janvier, le 40e anniversaire du traité de l’Élysée, revitalisant ainsi un couple franco- allemand ayant vocation à redevenir le moteur d’une Europe unie derrière lui contre cette guerre dénoncée par les opinions publiques à longueur de sondages, Londres fédérait les pays européens décidés à rallier les États-Unis. À l’axe pacifiste Paris-Berlin, qui se prolonge à Moscou, la Grande-Bretagne opposait, avec 7 autres pays européens signataires d’une déclaration com- mune le 30 janvier, un axe étroitement solidaire des États-Unis et de leurs projets militaires et politiques en Irak et au Moyen-Orient, renforcé le 6 février par 10 anciens pays de l’Est candidats à l’OTAN ou à l’UE. Mais avant de laisser parler les armes déployées par les contingents amé- ricains et britanniques massés aux portes de l’Irak, la bataille diplomatique fait rage au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, dont T. Blair ne désespère pas d’obtenir la caution, sous forme d’une « 2e résolution » prolongeant la « 1441 » que G.W. Bush juge, quant à lui, suffisante pour légitimer la guerre. Lors d’une réunion à la Mai- son-Blanche le 31 janvier, il lui aurait finalement fait accepter cette éventualité qui s’inscrira en arrière-plan du sommet du Touquet où chaque partie campera pourtant sur ses positions, tout en cherchant à éviter que les désaccords sur l’Irak ne viennent contrarier leurs relations et la poursuite de l’intégration européenne. Ainsi, Paris et Londres proclameront-ils leur volonté de renforcer la politique européenne de défense commune en proposant de doter l’UE d’une force aéronavale permanente, les deux pays s’associant dans la construction de porte-avi- ons. Mais ces professions de foi européennes seront vite balayées par l’évolution d’une crise irakienne qui tend à échapper au contrôle de l’ONU, où la France menace d’opposer son veto à une guerre qui serait déclenchée sans avoir laissé aux inspecteurs en désarmement le temps de mener à bien leur mission en Irak. T. Blair se résignera à passer outre une 2e résolution, et downloadModeText.vue.download 18 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

16 plaidera aux Açores, le 16 mars, aux côtés de Bush et de son homologue espagnol J. M. Aznar, la nécessité d’une guerre qui sera déclenchée quatre jours plus tard.

Ressentiment contre la France

Entraîné dans une fuite en avant militaire hors du cadre de l’ONU, T. Blair en voudra à la France de l’avoir placé dans une situation inconfor- table face à sa propre famille politique, le Parti travailliste, où il est critiqué, et à une opinion massivement opposée à la guerre. Après s’être présenté comme le médiateur privilégié entre l’UE et G.W. Bush, T. Blair n’avait pu que tempo- riser, avant de lancer ses troupes aux côtés des Américains, au risque de renforcer les soupçons d’un alignement sur Washington. Mais alors que le fracas des combats semble étouffer les cri- tiques des opposants à la guerre au Royaume- Uni, T. Blair a jugé utile de renouer le dialogue avec J. Chirac, lors d’un entretien téléphonique le 29 mars portant sur la reconstruction de l’Irak après la chute de Saddam Hussein. Si la force du lien transatlantique unissant Londres à Washing- ton s’exprime sur le champ de bataille irakien, les désaccords perceptibles entre les deux alliés sur la gestion de l’après-guerre tendent à ranimer la diplomatie européenne autour de la question du rôle de l’ONU : Londres, Paris et d’autres capitales européennes, refusant une mainmise américaine sur l’Irak, voudraient que celle-ci soit impliquée dans la paix. Reste que la politique européenne commune se remettra difficilement de cette crise, et qu’il faudra en passer par Londres pour tisser ce lien transatlan- tique durablement distendu avec la France sinon avec l’ensemble d’une UE qui sort marginalisée et divisée de cette épreuve, et affronte en situa- tion de faiblesse la période de l’après-guerre et la course à la reconstruction de l’Irak, propice à tous les marchandages.

GARI ULUBEYAN

GUERRE DES MOTS ET DES IMAGES

La crise irakienne a libéré les vieux dé- mons francophobes dans une certaine presse britannique qui n’a rien à envier, sur ce point, aux médias américains. Scel- lée par les armes, l’alliance américano-bri- tannique l’est aussi par la plume dans ces tabloïdes du groupe de presse de Rupert Murdoch, étroitement lié à G. W. Bush. Ces journaux ont déversé leur fiel à l’encontre de la France, accusée de couardise et de trahison, quitte à se mettre en porte-à-faux avec une opinion qui, au moins jusqu’à l’entrée en guerre des 40 000 soldats bri- tanniques, était massivement opposée à la guerre. Qualifiés de « grenouilles » outre- Manche, les Français, et le premier d’entre eux, Jacques Chirac, ont été rabaissés au rang de vers de terre dans ces journaux soumettant les relations franco-britan- niques au poids des mots et au choc des clichés.

6

France

Air Lib en faillite

La licence d’exploitation de la compagnie aérienne Air Lib vient à expiration à la date fixée par le Conseil supérieur de l’aviation marchande (CSAM) après le retrait du dernier candidat à la reprise – et le seul repreneur potentiel – de la compagnie aérienne surendettée, le groupe néerlandais IMCA. Ce der- nier conditionnait notamment sa reprise éventuelle de la compagnie française à l’achat à un bon prix de 29 Airbus A319 destinés à renouveler la flotte de la deuxième compagnie aérienne française. Faute d’avoir trouvé un accord avec Airbus, IMCA a décidé de jeter l’éponge. Air Lib se trouve de fait en cessation d’activité forcée et ses avions sont alors cloués au sol. Le 18, le tribunal de commerce de Créteil (Val-de- Marne) prononce finalement la liquidation d’Air Lib. Cette décision, qui va entraîner le licenciement des 3 200 salariés de la compagnie, marque la fin d’un feuilleton économico-social qui avait débuté par un premier dépôt de bilan en juin 2001, alors qu’Air Lib s’appelait encore AOM-Air Liberté.

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France

Poutine à Paris

Le président russe Vladimir Poutine est à Paris pour une visite d’État de trois jours. Évoquant la question tchétchène, Jacques Chirac plaide auprès de son homologue russe pour une « solution politique » à ce « conflit, auquel les populations civiles paient un lourd tribut ». Sur la question irakienne, Vladimir Poutine downloadModeText.vue.download 19 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

17 affirme que la Russie pourrait faire usage de son droit de veto au Conseil de sécurité de l’ONU « s’il le faut ». Il ajoute que « la guerre est toujours un ultime recours » et que, actuellement il n’en voit pas la « nécessité » : « La décision du Conseil de sécurité devra être prise en fonction des résultats du rapport [des inspecteurs de l’ONU]. »

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Cinéma

Mort de Toscan du Plantier

Le producteur Daniel Toscan du Plantier décède à l’âge de soixante et un ans des suites d’un malaise cardiaque à Berlin, où il assistait à la 53e Berlinade. Depuis 1988, il présidait Unifrance, organisme voué à la promotion du cinéma français sur la scène interna- tionale, une fonction qui avait fait de lui l’ardent dé- fenseur de l’« exception culturelle » et l’« ambassadeur infatigable du cinéma français » salué par le ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon. Comme pro- ducteur ou responsable de maison de production, il a travaillé avec certains des plus grands réalisateurs européens – notamment Ingmar Bergman (Fanny et Alexandre), Federico Fellini (Prova d’orchestra, la Cité des femmes, Casanova, E la nave va), Maurice Pialat (Sous le soleil de Satan, Van Gogh), Éric Rohmer (la Marquise d’O), François Truffaut (le Dernier Métro) – et s’était fait une spécialité du film-opéra (Carmen, Don Giovanni, Tosca, la Bohême).

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France

Modes de scrutin : Raffarin sort le 49-3 Le Premier ministre engage la responsabilité de son gouvernement devant l’Assemblée nationale sur la question du projet de loi réformant les modes de scrutin régional et européen en application de l’ar- ticle 49-3 de la Constitution. Cet article de la Consti- tution, qui n’avait plus été utilisé depuis 1996 sous le gouvernement d’Alain Juppé, permet d’imposer un vote bloqué sur un projet de loi, sauf si les dépu- tés votent une motion de censure. Jean-Pierre Raf- farin entend faire échec aux 12 000 amendements déposés par l’UDF et les partis de gauche, inquiets des risques de diminution de leur représentation aux futures élections : en effet, le nouveau mode de scrutin régional instaure une barre de 10 % des ins- crits, soit quelque 20 % des suffrages exprimés, pour qu’une liste puisse se maintenir au second tour. Le 15, l’Assemblée nationale repousse la motion de cen- sure déposée par 163 députés de l’opposition (PS, PC, Verts et le non-inscrit Émile Zuccarelli) pour ripos- ter à la décision de Jean-Pierre Raffarin de recourir à l’article 49-3. La motion de censure ne recueille que 177 voix, sur les 288 nécessaires pour renverser le gouvernement, soit la majorité des 577 députés. Malgré leur opposition à ce texte, les 30 députés de l’UDF n’ont pas voté la censure. La réforme des modes de scrutin régional et européen est adoptée.

Bolivie

Violentes émeutes

De violents affrontements entre l’armée et la police font 33 morts et près de 200 blessés en deux jours à La Paz. La fusillade a éclaté quand un détachement de l’armée a tenté de disperser avec des gaz lacry- mogènes une manifestation de plusieurs dizaines d’étudiants qui bombardaient le palais présidentiel, le palais Quemado, de jets de pierres. Le projet du gouvernement d’augmenter les impôts des fonc- tionnaires (dont les policiers) de 12 % est à l’origine de ces affrontements. Le président Gonzalo Sanchez de Lozada retire ce projet fiscal dès l’annonce des premières victimes. Le 19 février, le gouvernement démissionne et, le 20, un nouveau gouvernement de treize ministères au lieu de dix-huit est formé, dans le cadre de la réduction du train de vie de l’État.

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ONU

Nouveau rapport des inspecteurs en

Irak

Les chefs des inspecteurs en désarmement de l’ONU, MM. Hans Blix et Mohamed el-Baradeï, remettent un rapport d’étape au Conseil de sécurité de l’ONU. Les équipes d’inspecteurs « n’ont trouvé aucune arme » de destruction massive, « seulement un petit nombre d’ogives vides, qui auraient dû être déclarées et détruites », annonce le chef de la Commission de contrôle, de vérification et d’inspection des Nations unies (COCOVINU). Pour Mohamed el-Baradeï, direc- teur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), il n’y a pas de preuves non plus d’une activité nucléaire. La France, la Chine et la Rus- sie, membres permanents du Conseil, notent que les inspections progressent et plaident pour qu’elles se downloadModeText.vue.download 20 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

18 poursuivent. De son côté, le secrétaire d’État amé- ricain Colin Powell accuse l’Irak d’utiliser des « sub- terfuges » pour tromper la communauté internatio- nale et demande à l’ONU d’envisager sous peu des « conséquences graves » pour l’Irak.

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Grande-Bretagne

Inauguration d’un système de péage urbain à Londres

La municipalité de Londres instaure un droit de pas- sage de 5 livres (8 euros) par jour pour entrer dans le centre de Londres, un périmètre de 21 km 2 perpé- tuellement embouteillé qui comprend notamment la City, le quartier de la finance. D’après Ken Li- vingstone, le maire de Londres, ce droit de passage va réduire de 20 % le trafic dans cette zone et faire entrer 130 millions de livres (208 millions d’euros) par an dans les caisses des transports en commun. Selon lui, en centre-ville, la vitesse moyenne est de 16 km/h pendant la journée et les conducteurs passent plus de la moitié du temps dans les embou- teillages. Les personnes résidant dans la zone taxée bénéficieront d’une remise de 90 % et les personnes handicapées, les taxis, les véhicules d’urgence, les deux-roues et les véhicules à énergie alternative en seront exemptés. Pour contrôler la zone centrale de la capitale, un réseau de quelque 800 camé- ras photographiera les plaques d’immatriculation entre 7 h et 18 h 30 les jours de semaine et en les confrontant à une base de données nationale. Ceux qui n’auront pas payé leur dû auront jusqu’à minuit pour régulariser leur situation, avant de se voir infli- ger une amende pouvant aller de 40 à 80 livres (65 à 130 euros) s’ils attendent plus de deux semaines, et même 120 livres (200 euros) s’ils dépassent un délai de 28 jours.

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France

Sommet franco-africain

Paris accueille pour deux jours 42 chefs d’État ou de gouvernement africains pour le 22e sommet France-Afrique placé cette année sous le signe d’un « nouveau partenariat ». Le président Jacques Chirac entend sonner la « mobilisation » pour une « renais- sance africaine » et déclare que « le temps de l’impu- nité est fini » et que les auteurs d’exactions pourraient « être traduits devant la Cour pénale internationale » : la question de la sécurité et des droits de l’homme est d’ailleurs au menu de ce sommet, alors que plus de la moitié des pays participants sont en conflit. Il appelle également tous les Ivoiriens « au respect des engage- ments pris » le 24 janvier par les accords de Marcous- sis pour une réconciliation nationale. Le président ivoirien Laurent Gbagbo n’assiste pas au sommet, où il est représenté par le Premier ministre du gouverne- ment de transition Seydou Diarra. Le sommet est en effet quelque peu gâté par la crise ivoirienne et par la polémique entourant la venue du président zim- babwéen Robert Mugabe, accusé de pratiquer la tor- ture dans son pays. Une plainte a été déposée au par- quet de Paris à l’encontre du président zimbabwéen par des associations des droits de l’homme.

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Cinéma

28e édition des Césars

Le Pianiste de Roman Polanski, déjà palme d’or à Cannes, est le grand vainqueur de la 28e cérémonie des Césars 2003, raflant 7 des 10 prix des catégo- ries dans lesquelles il concourait : prix du meilleur film de l’année, de la réalisation, du meilleur acteur pour Adrian Brody dans le rôle du pianiste polonais Wladyslaw Szpilman, du meilleur son, de la meilleure musique, des meilleurs décors et de la meilleure pho- to. En dépit de ses 12 nominations et d’un très large succès auprès du public lors de sa sortie en salles, le film de François Ozon, 8 Femmes, est bredouille. En revanche, celui de la réalisatrice Zabou Breitman, Se souvenir des belles choses, obtient, quant à lui, 3 cé- sars : le prix de la première oeuvre de fiction, celui de la meilleure actrice (Isabelle Carré) et celui du meil- leur second rôle masculin (Bernard LeCoq) – le prix du meilleur second rôle féminin allant à Karin Viard. Chez les jeunes espoirs, ce sont Cécile De France et Jean-Paul Rouve qui ont été récompensés lors de cette 28e édition des Césars. Enfin, Parle avec elle, le long-métrage réalisé par le cinéaste espagnol Pedro Almodovar, est sacré meilleur film de l’Union euro- péenne et Bowling for Columbine, de Michael Moore, est distingué par le césar du meilleur film étranger. downloadModeText.vue.download 21 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

19

Enfin, l’actrice américaine Meryl Streep reçoit un cé- sar d’honneur pour l’ensemble de sa carrière.

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France

Tremblement de terre dans l’Est

Un séisme d’une magnitude de 5,4 sur l’échelle de Richter – qui en compte 9 – et d’une durée de 8 se- condes touche l’est du pays. Son épicentre est loca- lisé à 20 km au nord-ouest de Saint-Dié-des-Vosges. Ce secteur étant particulièrement connu pour sa sismicité active, les constructions sont adaptées aux secousses éventuelles. Aucun dégât important n’est signalé. Depuis dix ans, une douzaine de séismes d’amplitude comprise entre 4,4 et 5,6 sur l’échelle de Richter se sont produits en France. Le dernier séisme meurtrier s’est produit à Arette (Pyrénées-Atlan- tiques) le 13 août 1967, faisant un mort et plusieurs blessés et détruisant 340 maisons.

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ONU

Seconde résolution sur l’Irak

Les États-Unis, la Grande-Bretagne et l’Espagne dé- posent au Conseil de sécurité des Nations unies un nouveau projet de résolution énonçant que Saddam Hussein ne remplit pas les exigences de désarme- ment et prévoyant de « graves conséquences » pour l’Irak qui « n’a pas saisi la dernière opportunité qui lui était fournie par la résolution 1441 ». « Il n’y a aucune raison de changer notre logique, qui est une logique de paix, et de basculer dans une logique de guerre », sou- ligne le président Jacques Chirac : la France et l’Alle- magne « ne sont pas favorables à une nouvelle résolu- tion » sur l’Irak, ajoute-t-il.

France

Suicide du chef Bernard Loiseau

Bernard Loiseau, l’un des plus célèbres chefs cuisi- niers français, se donne la mort, à l’âge de cinquante- deux ans, à son domicile de Saulieu, en Côte-d’Or, où il était propriétaire d’un restaurant coté trois étoiles au Guide Michelin depuis 1991. Il avait commencé sa carrière à dix-sept ans comme apprenti chez les frères Troisgros à Roanne. Exceptionnellement doué, il devient chef à vingt et un ans, contribuant à élever la cuisine au rang d’art majeur.

Bernard Loiseau

Le suicide de Bernard Loiseau à l’âge de cinquante et un ans a profondément boule- versé le monde de la gastronomie. En même temps, les commentateurs se sont longue- ment interrogés sur ses causes. Anatomie d’un geste comparable à celui de Vatel.

Le suicide de Bernard Loiseau a signé le triomphe paradoxal de la haute gastrono- mie française. Aussitôt qu’elle a été connue, la mort du grand chef du restaurant La Côte d’Or, à Saulieu, a fait non seulement la une de tous les grands journaux français, et notamment la couverture du plus people des magazines que compte la presse hexagonale, Paris Match, mais aussi celle du New York Times, du Los Angeles Times et même du South China Mor- ning Post à Hongkong. Jamais un événement de ce type n’avait eu un tel retentissement. On était le lundi 24 février, à moins d’un mois du déclenchement de la seconde guerre du Golfe, et alors que le monde était suspendu aux faits et gestes de George W. Bush et de Saddam Hus- sein, le geste singulier d’un cuisinier français se donnant la mort recevait de la part des médias une couverture équivalente. La personnalité et le talent de Bernard Loiseau y entraient certes pour beaucoup. Mais l’importance accordée à cet événement semblait dépasser la personne même de Bernard Loiseau et signaler que la haute gastronomie, un plaisir réservé pourtant à une toute petite élite, s’était élevée dans la civilisation occidentale d’aujourd’hui au rang d’un art majeur, presque d’une religion. Et que la mort provoquée d’un de ses grands prêtres ne pouvait laisser personne indifférent, même par- mi la vaste majorité de ceux qui n’avaient jamais goûté sa cuisine.

Le plus doué de sa génération

Bernard Loiseau a joué un rôle de précurseur dans la haute gastronomie française. Et c’est peut-être de cela qu’il est mort. Il avait commen- cé cependant sa carrière le plus classiquement du monde, apprenti à dix-sept ans chez les frères Troisgros à Roanne (sa biographie officielle downloadModeText.vue.download 22 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

20 signale cependant deux bacs, « un bac d’eau chaude et un bac d’eau froide »), mais, très vite, il s’était distingué comme l’un des jeunes cuisi- niers les plus doués de sa génération. Il devient chef à vingt et un ans (comme d’autres furent généraux à vingt ans), et occupe cette fonction successivement dans deux restaurants parisiens de Claude Verger : La barrière de Clichy et La Barrière Poquelin. En 1975, Claude Verger le nomme gérant du restaurant de La Côte d’Or, dont il lui cède en 1982 les murs et le fond. En dix ans, Bernard Loiseau est devenu le successeur d’Alexandre Dumaine, qui avait fait de ce lieu, à partir des années 1930, un des temples de la gas- tronomie française. Situé sur la Nationale 6 (sur- nommé en son temps la « Paris Dumaine »), le restaurant La Côte d’Or est la première étape de la route qui relie la capitale à la Côte d’Azur. Mais avec le développement du transport aérien, le TGV et l’autoroute, Bernard Loiseau doit multi- plier les initiatives pour faire vivre un restaurant gastronomique dans une bourgade devenue un peu excentrée – et tout d’abord au niveau culi- naire, où sa cuisine épurée, soucieuse à la fois de respecter les produits et d’offrir une gastrono- mie la plus « légère » possible, en fait pendant toutes les années 1980 et 1990 l’un des cinq chefs français de référence. Ses efforts sont cou- ronnés en 1991 par l’obtention d’une troisième étoile au Michelin, l’hôtel adjacent au restaurant ayant été intégré au réseau des « Relais & Châ- teaux » en 1985. De nouveaux projets d’investis- sements conduisent Bernard Loiseau à chercher une formule de financement inédite dans la restauration : le recours au marché. En 1998, le « Groupe Bernard Loiseau S.A. » est introduit sur le second marché de la Bourse de Paris, ce qui permet de rassembler les fonds pour un déve- loppement qui va s’effectuer à marche forcée : ouverture en août 1998 du premier des restau- rants parisiens, Tante Louise, suivi par Tante Marguerite en juillet 1999 et Tante Jeanne en mai 2000. En même temps, Bernard Loiseau fait restructurer entièrement l’hôtel de La Côte d’Or, en y adjoignant une piscine et un centre de remise en forme dans le dessein d’orienter son groupe dans une direction plus « art de vivre », une orientation prise dès 1995 avec l’ouverture de la « boutique Bernard Loiseau », qui trouve un prolongement électronique avec une boutique en ligne sur le web. Enfin, pour accroître son volume d’affaires, Bernard Loiseau signe deux partenariats avec des industriels, le premier en

1998 pour créer des plats cuisinés au sein de la société Agis, le second en l’an 2000 pour assu- rer le conseil en restauration du groupe hôtelier suisse Manotel.

De moins bonnes critiques

En même temps qu’il multiplie ainsi les inves- tissements, Bernard Loiseau doit continuer d’attirer une riche clientèle à Saulieu. Le lieu devient un rendez-vous attitré du show-biz qui y séjourne souvent aux frais du restaurateur. C’est la rançon à payer pour continuer de faire exister La Côte d’Or sur la carte des itinéraires gour- mands. Trop concentré sur ses investissements et la promotion de son groupe, Bernard Loiseau abandonne-t-il alors un peu les fourneaux ? De moins bonnes critiques commencent à percer dans la presse spécialisée. La rumeur se répand qu’il pourrait perdre sa troisième étoile Michelin en 2003. Il n’en est rien, mais ces mauvais pré- sages interviennent à un moment délicat dans la vie de Bernard Loiseau : son groupe se trouve pour la première fois confronté à une forte baisse de profitabilité, due à l’augmentation des dotations aux amortissements consécutifs à son programme d’investissements. Il doit comp- ter également sur un endettement qui s’élève à trois millions d’euros, pour un résultat net qui tourne autour de 600 000 euros. Et la baisse d’activité due aux préparatifs de la guerre au Moyen-Orient n’arrange rien. Pourtant, il n’était pas dans la nature généreuse de Bernard Loiseau de fuir devant la difficulté et même si son carac- tère extraverti pouvait masquer une tendance profonde à la dépression, il était tout sauf suici- daire. Alors ? Alors les causes immédiates de son choix sont peut-être à chercher ailleurs, dans une décision à la fois stoïque et altruiste dont un communiqué, publié après sa mort par le conseil d’administration de son groupe, a ainsi rendu compte : « La totalité des emprunts souscrits par le groupe fait l’objet d’une couverture en cas de décès de son fondateur. Cette garan- tie a été confirmée par les compagnies d’as- surances et permettra de désendetter tota- lement le groupe en 2003. » Bernard Loiseau s’est donné la mort pour que vive son oeuvre. PIERRE RIVAL

FAUTIL BRÛLER LA CRITIQUE ?

Le suicide de Bernard Loiseau a fait au moins un dommage collatéral : les chro- niqueurs gastronomiques. Dès l’annonce downloadModeText.vue.download 23 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

21 de sa mort, le chef Paul Bocuse incrimine le guide GaultMillau, dont l’édition 2003 vient d’abaisser la note du restaurant La Côte d’Or. Jacques Pourcel, président de la chambre syndicale de la haute cuisine et chef du Jardin des Sens à Montpellier, surenchérit dans une lettre circulaire à ses adhérents : « Ce sont les journalistes qui ont tué Bernard Loiseau. » Et de s’en prendre au critique François Simon du Figaro qui avait affirmé dans un article que la troisième étoile Michelin de La Côte d’Or était sur la balance. Pour protester contre ces propos, qu’il juge outranciers, un autre grand chef, Alain Ducasse, démissionne alors de la chambre syndicale. Mais son désaccord passe inaperçu. Pour l’opinion et les médias, Bernard Loiseau est mort, victime de la critique.

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République tchèque

Un nouveau président de la République L’ancien Premier ministre libéral Vaclav Klaus, âgé de soixante et un ans, est élu président de la Répu- blique tchèque, au troisième tour du scrutin, face au professeur de philosophie Jan Sokol, soixante-six ans, chrétien et ancien dissident de la Charte 77 pour les droits de l’homme. Vaclav Klaus devance son adver- saire avec une courte majorité de 142 voix parmi les 280 députés et sénateurs présents.

Autriche

Un nouveau gouvernement avec l’extrême droite

Le président autrichien Thomas Klestil nomme for- mellement les 18 membres de la nouvelle équipe gouvernementale – 14 hommes et quatre femmes – sur proposition du chancelier Wolfgang Schüssel, qui conserve sa fonction, de même que, aux Affaires étrangères, Benita Ferrero-Waldner. Le parti conser- vateur du chancelier occupe 11 des 18 sièges. Le parti d’extrême droite autrichien (FPÖ) ayant accepté de reconduire sa participation au gouvernement avec les conservateurs, mise en place depuis février 2000, Herbert Haupt devient vice-chancelier. Il rem- place Susanne Riess-Passer, qui avait démissionné en septembre. La rupture de l’alliance des deux partis coalisés avait conduit le chancelier Schüssel à orga- niser des élections législatives anticipées le 24 no- vembre dernier. L’extrême droite, grande perdante de ces élections avec 10 % des voix contre 27 % au scrutin précédent, détiendra moitié moins de porte- feuilles qu’auparavant, avec trois ministres d’État. Le parti conservateur (ÖVP) avait remporté 42,3 % des suffrages. Après l’échec de ses négociations avec les Verts, Wolfgang Schüssel avait le choix entre les so- ciaux-démocrates (SPÖ), deuxième parti d’Autriche, et le FPÖ. downloadModeText.vue.download 24 sur 370

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Mars

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Pakistan

Arrestation d’un chef d’al-Qaida

Un haut responsable du réseau terroriste al-Qaida, Khalid Shaikh Mohammed, figurant sur la liste des personnes les plus recherchées par le FBI américain, est arrêté à Rawalpindi, près de la capitale pakista- naise Islamabad, lors d’une opération conjointe de la CIA et des agents de la sécurité pakistanaise. L’homme est remis aux autorités américaines. Il est décrit comme le cerveau opérationnel des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis. On le soup- çonne également d’être lié à l’attentat perpétré en avril 2002 contre une synagogue sur l’île tunisienne de Djerba ainsi que d’être impliqué dans l’enlève- ment et l’assassinat, en 2002, du journaliste améri- cain Daniel Pearl, correspondant du Wall Street Jour- nal en Asie du Sud.

2

Voile

La Suisse gagne la Coupe de l’America La Suisse avec son voilier Alinghi devient le premier pays européen à remporter la Coupe de l’America, le plus vieux trophée sportif du monde, grâce à une victoire 5-0 sur le tenant du titre, Team New Zealand en baie d’Auckland. Le défi suisse était barré par le skipper néo-zélandais Russell Coutts, qui avait offert la coupe à son pays en 1995, avant de la défendre victorieusement en 2000. La victoire d’Alinghi est aussi celle du milliardaire genevois Ernesto Berta- relli, trente-sept ans, qui a financé le voilier et recruté quelques-uns des meilleurs marins du monde.

Turquie

Non aux soldats américains

Le Parlement turc refuse de délivrer son autorisation au déploiement de 62 000 soldats, 255 avions et 65 hélicoptères américains en Turquie dans la pers- pective d’une guerre en Irak. En effet, le vote des députés et sénateurs en faveur du texte défendu par le gouvernement du Premier ministre Abdullah Gul n’a pas réussi à obtenir la majorité absolue par- mi les députés présents lors du vote. Le résultat du scrutin illustre à l’évidence les divisions de la classe politique turque concernant le soutien qu’il convient d’apporter à Washington pour une guerre rejetée par une écrasante majorité des Turcs. Ce vote en forme de rejet constitue également un revers pour la Mai- son-Blanche, qui estime que le déploiement de ces soldats en Turquie est absolument nécessaire pour ouvrir un front nord en cas de guerre contre l’Irak. En échange de ce déploiement, les États-Unis comp- taient accorder 15 milliards de dollars d’aides à la Turquie pour compenser l’impact d’une intervention militaire sur l’économie turque.

Algérie

Visite historique de Jacques Chirac

Le président français Jacques Chirac entame une vi- site d’État de trois jours en Algérie – la première d’un président français depuis l’indépendance en 1962 –, qui s’inscrit dans « la dynamique de refondation des relations franco-algériennes ». Accueilli chaleureuse- ment par la population, le chef de l’État plaide pour une « nouvelle alliance algéro-française » devant les représentants de l’Assemblée populaire nationale (chambre basse) et du Conseil de la nation (chambre haute), car la France et l’Algérie ont « une histoire com- mune avec ses ombres et ses déchirures mais aussi avec ses pages de vie et d’harmonie ».

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Philippines

Attentat islamiste

Au moins 15 personnes sont tuées et 50 blessées à Davao, dans le sud-est des Philippines, dans une explosion à l’aéroport international de cette ville si- tuée à 950 km au sud de Manille. La présidente Gloria Arroyo accuse des « terroristes » d’être responsables de l’explosion, la deuxième en moins d’un mois dans cette ville de 1,2 million d’habitants. Le gouverne- ment avait à l’époque accusé le principal mouve- ment séparatiste musulman philippin, le Front Moro islamique de libération (MILF), d’être responsable de cet attentat, mais les rebelles avaient démenti. Cet attentat confirme une dégradation croissante de la sécurité à Mindanao, la grande île méridionale de l’archipel philippin, où le tiers musulman de la popu- lation lutte pour son autonomie. Depuis les attaques downloadModeText.vue.download 25 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

23 du 11 septembre 2001, Mme Arroyo a choisi de jouer la carte d’une alliance étroite avec les États-Unis.

5

Israël

Attentat meurtrier à Haïfa

L’explosion d’une bombe déclenchée par un kami- kaze tue 15 personnes dans un bus à Haïfa. Le gouver- nement israélien fait savoir qu’il entend poursuivre sa stratégie d’incursions et de raids antiterroristes dans les territoires palestiniens.

9

Malte

« Oui » à l’Union européenne

Les Maltais votent en faveur de l’adhésion à l’Union européenne, avec 53,6 % de « oui » au cours du réfé- rendum consultatif, soit un peu plus de 19 000 voix d’écart avec le « non ». La participation au référen- dum s’est élevée à 91 % sur les quelque 300 000 élec- teurs appelés à voter. Le résultat est contesté par l’opposition, laquelle estime que le partenariat avec l’UE est meilleur que l’adhésion. Fort de ce résultat, le Premier ministre Eddie Fenech Adami devrait convo- quer des élections générales. Malte, le plus riche des dix aspirants à l’Union européenne (avec un produit intérieur brut de près de 10 000 euros par habitant), deviendra en mai 2004 le plus petit État membre : 316 km 2. Les autorités maltaises doivent signer le 16 avril à Athènes le traité d’adhésion à l’UE. Des dix pays candidats invités à entrer dans l’Union en 2004, Malte est le premier à avoir voté. Les neuf autres pays doivent décider dans les six prochains mois de leur adhésion à l’UE.

10 Corée du Nord

Lancement d’un nouveau missile

Après avoir décrété une zone d’exclusion maritime en mer du Japon du 8 au 11 mars, la Corée du Nord procède à un nouvel essai de missile sol-mer au large de sa côte est. Ce missile de courte portée serait sem- blable à celui tiré par la Corée du Nord le 24 février, à la veille de l’investiture du président sud-coréen

Roh Moo-hyun. Cet essai aurait pour objectif de for- cer Washington à négocier, Pyongyang exigeant des États-Unis un traité de non-agression et une aide économique.

11

Antonio Ferrara, un détenu de vingt-neuf ans condamné pour homicide et vol à main armée et fiché au grand banditisme, s’échappe grâce à des complices extérieurs du centre pénitentiaire de Fresnes (Val-de-Marne), qui ont attaqué le bâtiment au lance-roquette. Aucun blessé n’est à déplorer parmi le personnel pénitentiaire. Il s’agit de la qua- trième évasion en France depuis le début de l’année. Les surveillants pénitentiaires réclament des prisons « spéciales » pour les détenus dangereux.

France

Évasion violente à Fresnes

Pays-Bas

Inauguration de la Cour pénale internationale

Les 18 juges de la Cour pénale internationale prêtent serment et élisent leur président – le Canadien Phi- lippe Kirsch, spécialiste de droit international et auteur de plusieurs publications sur les cours et tri- bunaux internationaux –, donnant pour la première fois un visage à ce nouveau tribunal chargé de juger les auteurs de génocide et les criminels de guerre. Créée en 1998 par le traité de Rome, la nouvelle cour voit le jour dans un contexte marqué par l’hostilité des États-Unis, qui ont refusé de rejoindre la CPI et mettent en place, à un rythme accéléré, un maillage d’accords bilatéraux pour soustraire leurs ressortis- sants à la juridiction de la CPI.

Turquie

Erdogan Premier ministre de Turquie

Le dirigeant du Parti de la justice et du développe- ment (AKP), Recep Tayyip Erdogan, est nommé Pre- mier ministre par le président Ahmet Necdet Sezer pour former le 59e gouvernement de la République turque. Il prend le pouvoir à un moment crucial pour l’avenir de la Turquie et il hérite d’une situation économique précaire, qui limite sa marge de ma- noeuvre. Le nouveau chef du gouvernement devra en priorité résoudre la question du déploiement de troupes américaines en Turquie. Malgré l’échec de la première demande soumise au Parlement le 1er mars, downloadModeText.vue.download 26 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

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M. Erdogan demeure convaincu que la Turquie ne peut pas se permettre de rester sur la touche en cas de conflit à sa frontière et qu’elle doit coopérer avec les États-Unis. La Turquie entend envoyer ses propres troupes au nord de l’Irak pour empêcher les Kurdes irakiens de saisir les villes de Mossoul et de Kirkouk, ou de déclarer un État indépendant au nord de l’Irak.

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Serbie

Assassinat du Premier ministre

Le Premier ministre de Serbie Zoran Djindjic, cin- quante ans, meurt après avoir été gravement blessé par un tireur d’élite sur le parking du siège du gouver- nement serbe à Belgrade. Le gouvernement estime que les conditions sont réunies pour la proclamation de l’état d’urgence sur tout le territoire de la Serbie. Zoran Djindjic avait fait l’objet d’une tentative d’as- sassinat présumée le 21 février dernier. Les positions pro-occidentales et la volonté de réforme de Zoran Djindjic, qui faisait partie de la coalition d’opposition ayant entraîné la chute du président Slobodan Milo- sevic en octobre 2000, lui avaient attiré de nombreux ennemis. C’est lui qui avait ouvert la voie à l’extradi- tion en juin 2001 de Slobodan Milosevic vers le Tribu- nal pénal international (TPI) de La Haye où l’ancien dirigeant est actuellement jugé pour génocide et crimes contre l’humanité pour les atrocités perpé- trées en Croatie, en Bosnie et au Kosovo. Le lundi 24, l’assassin présumé du Premier ministre serbe est arrêté, indique le nouveau Premier ministre serbe Zoran Zivkovic : il s’agit de Zvezdan Jovanovic, sur- nommé Zveki, commandant adjoint de l’unité pour des opérations spéciales (JSO), connue sous le nom des « bérets rouges ».

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France

Mort de J.-L. Lagardère L’industriel Jean-Luc Lagardère, patron du groupe Lagardère, qui comprend entre autres fleurons Matra et Hachette, décède à l’âge de soixante-quinze ans à l’hôpital parisien Lariboisière. Il y avait été hospitalisé d’urgence le 8 mars dernier, victime d’une grave in- fection virale contractée à la suite d’une intervention chirurgicale à la hanche, le 27 février. Il a succombé à une maladie neurologique auto-immune rare, appe- lée encéphalomyélite aiguë disséminée.

Lagardère, de père en fils

Quelques semaines après la disparition de Giovanni Agnelli, le flamboyant patron de Fiat, meurt à son tour Jean-Luc Lagardère, P-DG de la holding homonyme qui contrôle, avec les Allemands, le premier groupe aéronautique européen, EADS, et le premier groupe européen d’édition, Hachette-Vivendi.

Tout commence en 1928 dans le Gers. Jean- Luc naît dans une famille gasconne, dont le père, ingénieur, officiera plus tard au sein de l’Of- fice national d’études et recherches aérospatiales. Le jeune homme héritera donc de la passion pa- ternelle pour les avions et suivra sans peine des études techniques à l’école Supélec, dont il sort diplômé au tournant des années 1950. Il entre alors chez Dassault. Jean-Luc, sportif au physique avantageux, est un homme pressé. Il a rencontré Sylvain Floirat et Marcel Chassagny, dirigeants de la société Matra, fournisseur de Dassault en matériel électronique. Il les rejoint en 1963 et, avec eux, il va faire de Matra sa rampe de lance- ment. Dans les années qui suivent, la société va s’imposer dans le domaine du matériel militaire et participer au lancement du premier satellite fran- çais, Astérix, comme à celui de la première fusée française, Diamant, en 1965. De quoi confirmer chez le fougueux ingénieur la fibre nationale et la volonté de devenir un grand opérateur industriel.

L’homme pressé

Cela passe par une recherche de la notoriété : Lagardère, qui est devenu directeur général de l’entreprise, lance alors celle-ci dans l’automo- bile, convaincu que c’est là le meilleur moyen d’obtenir une visibilité maximale. Dès 1969, Matra obtient un titre mondial en F1 avec Jackie Stewart au volant, puis trois titres aux 24 Heures du Mans de 1972 à 1974. Jean-Luc Lagardère est devenu un familier des allées du pouvoir. De nombreuses photos le montrent en compagnie du général de Gaulle, de Georges Pompidou et de Valéry Giscard d’Estaing. Il sait utiliser ces augustes relations. downloadModeText.vue.download 27 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

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Lagardère a mis un premier pied dans les médias dès 1974 en prenant le contrôle d’Europe 1 que possédait déjà son mentor, Sylvain Floirat. Il y fera s’épanouir toute une nouvelle génération de journalistes – Étienne Mougeotte, Gérard Car- reyrou, Anne Sinclair, Ivan Levaï, notamment –, mais, surtout, il donnera à l’information de la sta- tion un ton plus consensuel, moins impertinent vis-à-vis du pouvoir. Le pouvoir s’en souvient en 1980 en favorisant la reprise du géant de l’édi- tion Hachette par l’homme de Matra. Une reprise qui sera renforcée par l’absorption du groupe de magazines dirigé par Daniel Filipacchi, qui pos- sède déjà des titres prestigieux comme Elle et Paris-Match. Très vite, Hachette va devenir le n°1 mondial de la presse magazines.

Le Gascon possède désormais une solide pré- sence dans les trois secteurs clés de l’automo- bile, de la technologie et de la communication. Il a 53 ans, mais l’aventure est loin d’être achevée. La gauche est arrivée au pouvoir. Parmi ses pro- messes de campagne figure la nationalisation de Matra. Les relations de Lagardère se situent plu- tôt à droite de l’échiquier politique. Mais Pierre Mauroy, le Premier ministre et maire de Lille, tient à la réussite du métro de sa ville, construit par Matra. Lagardère obtiendra ainsi que son entreprise ne soit nationalisée qu’à 51 %, ce qui lui permettra, six ans plus tard, après l’alternance politique, de réaliser un joli coup de force : celui de devenir, à l’occasion de la reprivatisation de sa firme, l’actionnaire de référence, alors qu’il ne possède en propre que moins de 6 % du capital.

Les années 1980 et 1990 sont aussi celles de la communication triomphante. Lagardère entend y participer et veut sa chaîne de télévision. Il va pourtant manquer la privatisation de TF1 à laquelle il avait présenté sa candidature. Il croit enfin trouver l’occasion avec la reprise de la Cinq, abandonnée par son premier opérateur, le magnat de la presse écrite, Robert Hersant. Le désastre est au rendez-vous. La Cinq finit piteu- sement en 1992. Lagardère s’est trompé du tout au tout, voulant contrer frontalement TF1, alors qu’il aurait fallu définir un positionnement diffé- rent pour cette chaîne.

Une fin de vie somptueuse

Le Gascon sait rebondir et il profite de cet échec pour réorganiser son groupe. L’entreprise Matra- Hachette s’exprime désormais au travers d’une commandite par actions à deux têtes : Jean-Luc Lagardère, à titre personnel, et une société qu’il contrôle avec son fils Arnaud et ses principaux collaborateurs, ceux qu’on a appelés souvent les « Matra Boys » ou les « Lagardère Boys ».

Les dernières années de J.-L. L. vont être mar- quées par le double renforcement de sa pré- sence dans l’aéronautique et la communication. Le groupe vise la reprise de Thomson, qu’Alain Juppé avait estimé à moins d’un franc de valeur. La gauche, revenue au pouvoir en 1997, en donne le contrôle à Alcatel, au grand dam de Lagardère. Celui-ci va cependant recevoir une très grande compensation sur un autre dossier : en 1998, une vaste opération, chapeautée par les gouvernements allemand et français, abou- tit d’une part à la reprise d’Aérospatiale par le groupe Lagardère et, d’autre part, au rappro- chement de l’ensemble français de l’avionneur allemand DASA pour constituer le groupe EADS, n° 2 mondial de l’aéronautique. Avec seulement 15 % du capital de la holding française, Jean- Luc Lagardère devient coprésident, auprès de l’Allemand Jürgen Schrempp, de ce nouveau mastodonte.

2002 est l’année de l’édition. Après la déconfi- ture de Jean-Marie Messier à la tête de Vivendi Universal, son successeur, Jean-René Fourtou, cherche à se débarrasser des activités jugées non essentielles à la survie du groupe. Parmi celles-ci, le pôle édition (Larousse, Nathan, etc.). Malgré l’opposition d’une partie de la profes- sion, les autorités en place favorisent, une fois encore, la solution Hachette-Lagardère.

Après la mort de son père, Arnaud Lagardère prend la tête d’un groupe puissant et en bonne santé. Mais l’heure des choix viendra sans doute assez vite, entre le maintien tel quel du groupe ou le développement de son pôle communica- tion. Symboliquement, quelques jours après l’arrivée d’Arnaud, l’usine historique de Matra automobile à Romorantin ferme ses portes.

JULES LECHANC

LE GROUPE LAGARDÈRE

Médias

Chiffre d’affaires : 8 milliards d’euros Hachette livre : Fayard, Grasset, Hatier, Hachette jeunesse, Guide du routard, etc. downloadModeText.vue.download 28 sur 370 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

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Vup : Larousse, le Robert, Bordas, Nathan, Laffont, Pocket, etc.

Hachette Filipacchi Médias : Elle, Match, Première, la Provence, etc.

Hachette distribution services : premier distributeur de presse mondial (Virgin, Relay, etc.)

Lagardère Active : chaînes télé théma- tiques (Canal J), radios (Europe 1, RFM), production, distribution Hautes technologies Chiffre d’affaires : 4,3 milliards d’euros 15,14 % d’EADS, n° 2 mondial de l’aéronau- tique (Eurocopter, Airbus, Ariane) Automobile

Chiffre d’affaires : 782 millions d’euros- Matra automobile (en cours de sortie du groupe)

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République centrafricaine

Coup d’État

En l’absence du président Ange-Félix Patassé parti à Niamey pour assister à un sommet régional, les troupes du général Bozizé, ancien chef d’état-major limogé, entrent à Bangui sans rencontrer de réelle résistance. Les 350 hommes de la force de paix de la CEMAC (la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) n’ont pas pris part aux combats. Le général Bozizé s’autoproclame président de la République et annonce la suspension de la Consti- tution, la dissolution de l’Assemblée nationale et du gouvernement, ainsi qu’une période transitoire de « redressement national ». Il s’engage aussi à organi- ser à terme des élections démocratiques et transpa- rentes et se fixe pour priorité la lutte contre la bu- reaucratie gouvernementale et contre la pandémie de sida. La France déploie 300 soldats sur l’aéroport de Bangui pour contrôler son accès et permettre l’évacuation des étrangers. Le président Patassé avait survécu à cinq coups d’État.

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Irak

Sommet Bush, Blair et Aznar

Un sommet tripartite réunit George W. Bush, Tony Blair et José Maria Aznar dans l’archipel portugais des

Açores. Les trois alliés le plus proches sur la question irakienne examinent comment obtenir l’appui du Conseil de sécurité pour leur projet de résolution au- torisant le recours à la force contre le régime de Sad- dam Hussein. Dans le même temps, des centaines de milliers de pacifistes, notamment en France et aux États-Unis, se mobilisent dans le cadre d’une journée internationale contre la guerre en Irak.

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Irak

Ultimatum de Bush à Saddam

Pour la première fois depuis le début de la nouvelle crise irakienne à l’automne dernier, un ultimatum est fixé par les États-Unis, appuyés par l’Angleterre et l’Espagne, à Saddam Hussein pour désarmer : le président américain exige l’exil dans les 48 heures du président irakien et de ses deux fils. Le 18, les plus hautes instances dirigeantes irakiennes rejettent l’ultimatum américain. Washington considère que ce rejet signe la fin des efforts diplomatiques pour résoudre pacifiquement la crise irakienne.

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Proche-Orient

Abou Mazen, Premier ministre palestinien

Le numéro deux de l’OLP Abou Mazen (nom de guerre de Mahmoud Abbas) accepte le poste de Premier ministre sur proposition de Yasser Arafat au Comité exécutif de l’OLP. Âgé de soixante-huit ans, M. Mazen occupe actuellement le poste de secré- taire général du Comité exécutif de l’OLP et fait figure de bras droit de Yasser Arafat. Il dispose de trois semaines pour former un gouvernement et le présenter au Parlement. En cas d’échec à l’issue de cette période, le président de l’Autorité palestinienne sera contraint de désigner un remplaçant.

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Irak

Début de l’offensive américaine

Les forces terrestres américaines et britanniques pé- nètrent dans le sud de l’Irak, prenant, avec l’aide des downloadModeText.vue.download 29 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES 27 troupes britanniques, le contrôle de la ville portuaire irakienne d’Oum Qasr, à la frontière avec le Koweït. Il s’agit du début de la principale offensive des troupes alliées, nommée Opération Freedom Iraq par les États-Unis. La capitale irakienne est également bom- bardée. Le Parlement turc ouvre l’espace aérien du pays à l’aviation américaine. Le 24, les troupes de la coalition approchent à quelque 100 km de Bagdad. Le général Tommy Franks, commandant de l’opéra- tion, affirme alors que les forces américano-britan- niques ont rencontré une « résistance sporadique ».

Nigeria

Violences dans la région pétrolifère

Des violences se produisent au sud de la ville de Warri, dans la région du delta du Niger, et font une dizaine de morts, dont deux soldats et un officier. Elles obligent la compagnie anglo-hollandaise Shell, conformément aux mesures de sécurité, à fermer deux stations de pompage dans l’État nigérian du Delta, réduisant ainsi sa production de 30 000 barils par jour. Les travailleurs sont évacués. Les affronte- ments entre des militaires et des jeunes ont com- mencé le 13 mars, quand ces derniers ont barricadé les voies navigables et empêché la circulation des péniches et autres embarcations. Les jeunes des communautés des régions productrices de pétrole accusent les compagnies pétrolières de polluer leur environnement et de ne rien investir en retour. Celles- ci ont l’habitude de perturber l’exploitation pétrolière en signe de protestation. Ces affrontements se pro- duisent à moins d’un mois de la tenue de l’élection présidentielle à laquelle le chef de l’État sortant, le général Olusegun Obsanjo, entend se présenter.

Chronique d’une guerre annoncée

Désigné par les États-Unis comme la deu- xième cible – après l’Afghanistan – de la guerre contre le terrorisme, l’Irak est au coeur d’âpres polémiques entre les parti- sans de la guerre, conduits par Washington et Londres, et ses opposants, menés par la France, depuis la résolution du 8 novembre 2002 réintégrant la crise irakienne dans le cadre onusien.

Sur fond de préparatifs militaires, la bataille diplomatique fait rage à l’ONU, où le camp de la paix veut laisser ses chances au processus de désarmement, Américains et Britanniques cher- chant à rallier une coalition mandatée par l’ONU autour d’une guerre dont le but avoué est le renversement de Saddam Hussein autant que la neutralisation des armes de destruction massive qui lui sont imputées. Déclenchée le 20 mars, la guerre devra se passer d’une caution de l’ONU, qui sort très affaiblie de cette longue crise.

En finir avec Saddam Hussein

La deuxième guerre du Golfe aura bien lieu, qui terminera le « travail » de la première et en finira une fois pour toutes avec le régime de Saddam Hussein, que George Bush senior avait préféré épargner et que George W. Bush, devenu président des États-Unis dix ans après son père, veut chasser de Bagdad – sa présence étant ressentie comme un défi permanent et attentatoire à la sécurité de l’Amérique et du monde. L’éventualité, certes frappée du sceau d’une détermination américaine renforcée par le traumatisme des attentats du 11 septembre 2001, a vite pris figure de postulat alors que se précisaient la logique et les cibles de la « guerre contre le terrorisme » déclarée par les États-Unis et dont la campagne militaire contre l’Afghanis- tan, qui devait en déloger en décembre 2001 le régime des talibans et ses protégés d’al-Qaida et placer au pouvoir à Kaboul un gouvernement « ami », était présentée comme le prélude. À la spontanéité de cette opération de représailles, qui bénéficiait de l’aval déclaré ou tacite de la communauté internationale reconnaissant aux États-Unis le droit à la légitime défense exercé contre un pays passant pour le centre nerveux du terrorisme islamiste international, devait en effet succéder une stratégie concertée de l’admi- nistration américaine, s’appuyant sur ses idéolo- gues les plus conservateurs pour neutraliser la nébuleuse de forces occultes protégées par une série de pays jugés dangereux par Washington.

« États voyous »

Dès janvier 2002, dans son discours sur l’état de l’Union, le président Bush avait pointé du doigt les pays dits de « l’axe du mal », la Corée du Nord, l’Iran et l’Irak, ce dernier étant présenté comme l’élément le plus nocif d’un trio qui rassemble- rait les plus maléfiques des « États voyous » stig- matisés par la précédente administration. Dans la ligne de mire de G.W. Bush et des faucons du Pentagone, qui exercent une influence crois- sante sur la Maison-Blanche, l’Irak conserverait downloadModeText.vue.download 30 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004 28 toute sa capacité de nuisance, servie par des armes de destruction massive dont Saddam Hussein n’aurait jamais cessé la production de- puis sa défaite dans la guerre du Golfe de 1991, et constituerait donc une menace pour ses voi- sins et pour le reste de la planète s’il les mettait à la disposition du terrorisme international. Si Washington n’a pu établir la preuve d’une impli- cation du régime de Bagdad dans les attentats du 11 Septembre, ces accusations récurrentes ont alimenté une rhétorique guerrière qui vau- dra à l’administration Bush l’adhésion d’une grande partie de l’opinion américaine, obser- vant avec enthousiasme le déploiement d’un impressionnant dispositif militaire aux portes de l’Irak, pour qui l’année 2002 aura été un long sursis avant une inéluctable confrontation à laquelle le Congrès devait donner son feu vert en août. Restait à convaincre la communauté in- ternationale, et plus particulièrement ses parte- naires européens et musulmans, que la fameuse doctrine de « guerre préventive », définie par Washington à partir d’une interprétation plutôt libre de la résolution 1368 de l’ONU du 12 sep- tembre 2001 reconnaissant le droit à la légitime défense contre les auteurs des attentats et ceux qui les soutiennent, pourrait s’appliquer à l’Irak. Consciente des accusations d’unilatéralisme et d’hégémonisme dont elle fait l’objet dans son approche des réalités internationales, en butte à de pesants soupçons concernant les motivations d’une guerre aux forts relents pétroliers, et sou- cieuse plus prosaïquement de former une coali- tion dont elle sait pertinemment qu’elle n’aura jamais l’ampleur de celle constituée en 1991 pour chasser les troupes irakiennes du Koweït, l’administration Bush cherchera à doter d’un cadre légal la campagne militaire à venir contre l’Irak. Concédée au secrétaire d’État américain Colin Powell et au principal allié de Washington dans cette crise, le Premier ministre britannique Tony Blair qui prétend alors jouer un rôle de mo- dérateur auprès de Washington, cette démarche légaliste avait abouti, au terme de débats déjà vifs au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, à un texte de compromis voté à l’unanimité le 8 no- vembre 2002, appelant l’Irak à une coopération instantanée et inconditionnelle en vue de son désarmement. Entre-temps, Saddam Hussein, qui continue à défier les Américains en se faisant plébisciter à la présidence irakienne par un réfé- rendum le 15 octobre, avait accepté le 17 sep- tembre le retour en Irak des inspecteurs en dé- sarmement de l’ONU qui en avaient été chassés en 1998, espérant ainsi enfoncer un coin dans une coalition aux contours et à la motivation incertains et empêcher, ou au moins repousser, l’échéance d’une offensive militaire. Pourtant, malgré son caractère consensuel dû à un énoncé pour le moins évasif, la résolution 1461 ne devait pas faire illusion longtemps quant à sa capacité à faire revenir les Américains sur leurs positions bellicistes. Élaboré à l’initiative notamment de la France, qui tend dès lors à prendre la tête d’un front antiguerre au Conseil de sécurité dont elle assumera la présidence tournante en jan- vier 2003, ce texte donnera un droit de regard à l’ONU, mais il n’a aucun caractère dissuasif sur les États-Unis, qui ne tardent d’ailleurs pas à s’en prévaloir pour poursuivre leurs préparatifs mili- taires et légitimer la guerre annoncée.

Bataille diplomatique

Commence une âpre bataille diplomatique au sein du Conseil de sécurité et dans les couloirs de l’ONU, opposant deux interprétations contra- dictoires d’une résolution perçue comme une chance de sauver la paix ou comme un feu vert pour lancer la guerre, selon que l’on se trouve à Paris, à Moscou, à Pékin et à Berlin ou à Washing- ton. La Grande-Bretagne, qui ne désespère pas de jeter un pont entre la position inébranlable des États-Unis, apparemment isolés, et celle du front anti-guerre, massivement soutenue par l’opinion internationale, y compris britannique, déploie tous ses efforts en vue de soumettre à l’ONU une « 2e résolution » qui rendrait la guerre acceptable. Mais tandis que la commission d’inspection, de contrôle et de vérification de l’ONU, sous la conduite du Suédois Hans Blix, assisté de l’Égyptien Mohammed el-Baradei, chargé du volet nucléaire du désarmement ira- kien, reprend du service le 18 novembre 2002 dans les 700 sites d’Irak suspectés d’abriter des armes de destruction massive ou des preuves de la volonté du régime de s’en doter, un compro- mis semble de plus en plus improbable entre les deux camps : ceux qui, derrière la France, veulent donner toutes leurs chances aux inspections et s’en tiennent au principe du containment, qui verrait Saddam Hussein soumis à un système continu de surveillance, et ceux qui, derrière les États-Unis et la Grande-Bretagne, prônent un ultimatum au maître de Bagdad dont ils veulent en fait le départ. Ce sont deux logiques anta- gonistes qui s’affrontent au sein du Conseil de downloadModeText.vue.download 31 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

29 sécurité, mettant la diplomatie au service de la paix ou de la guerre. Une guerre que les Améri- cains semblent décidément vouloir, et qu’ils pré- parent activement, au vu des dizaines de milliers de soldats qui se déploient au Koweït – et il ap- paraît de moins en moins probable qu’ils les reti- reront avant d’avoir chassé Saddam Hussein de Bagdad. On ne se pose plus la question de savoir si cette guerre aura lieu, ni même quand, la mé- téorologie imposant aux stratèges américains de déclencher les hostilités au début du printemps, on se demande seulement si elle pourra bénéfi- cier de l’onction de l’ONU. Tous les débats sur le niveau de coopération de Bagdad, plus ou moins active, avec les inspecteurs de l’ONU, au fil des rapports qu’ils présenteront le 15 décembre 2002, le 27 janvier, puis le 7 mars, prennent l’allure de vaines arguties dès lors que les États- Unis considèrent la résolution 1461 comme un compte à rebours vers la guerre, alors que les pays du front anti-guerre y voient un moyen pour l’Irak d’y échapper pourvu qu’il se plie aux exigences de la communauté internationale.

Déclarations martiales

Tandis que les États-Unis multiplient les décla- rations martiales, entrant dans une logique de guerre à laquelle G.W. Bush a préparé son opi- nion dans son discours sur l’état de l’Union, la France émet l’éventualité d’un veto dès le 20 jan- vier, en marge d’une réunion ministérielle sur la lutte antiterroriste dont elle a eu l’initiative. Radicalisant sa position, elle ne veut pas d’une 2e résolution qui aurait pour seul but de conférer la légitimité de l’ONU à une guerre préméditée, dont l’objectif affiché, après avoir été la neutra- lisation des armes de destruction massive impu- tées au régime de Bagdad, se présente comme le renversement de celui-ci afin d’implanter en Irak une démocratie qui, par effet de domino, constituerait un modèle pour une région remo- delée et pacifiée. La guerre devrait ainsi laisser place à une pax americana qui n’inquiète pas seulement les voisins de l’Irak, mais aussi tous ceux qui soupçonnent les États-Unis de vouloir faire main basse sur les ressources pétrolières de ce pays, sous-exploitées depuis plus de douze ans en vertu d’un embargo – qui n’en permet l’exploitation et l’exportation que dans le cadre du programme « pétrole contre nourriture », re- conduit après de vifs débats en décembre 2002 – et convoitées par les compagnies américaines depuis que les relations se sont refroidies entre

Washington et l’Arabie Saoudite, premier pays exportateur.

Poussés par Tony Blair à mener la bataille diplo- matique pour une 2e résolution qui joue les ar- lésiennes, les Américains s’évertuent à rallier la coalition la plus vaste possible, qui leur permet- trait, quand bien même les Français, les Russes et les Chinois opposeraient un veto, de se pré- valoir de l’aval de la majorité des 15 membres du Conseil de sécurité de l’ONU. Une mission d’autant plus difficile que les sceptiques ne manquent pas et que les « preuves » avancées par Colin Powell le 5 février pour les convaincre de la menace de l’arsenal irakien, et de la collu- sion du régime de Bagdad avec Ben Laden, ne sont guère de nature à avoir raison de leur scep- ticisme, alors que, dans le même temps, l’admi- nistration américaine ignore les conclusions de la commission d’inspection, au risque de fouler aux pieds le principe et la légitimité mêmes de cet organisme.

La guerre des mots se durcit le 14 février quand, au détour du nouveau rapport de Hans Blix, le ministre français des Affaires étrangères Domi- nique de Villepin, plaidant devant la tribune de l’ONU en faveur de la poursuite des inspections, sera applaudi par l’assistance, provoquant la colère des États-Unis.

Alors que des millions de personnes manifestent contre la guerre à travers le monde, G.W. Bush ne désespère pourtant pas d’élargir une audience limitée jusque-là à la Grande-Bretagne et à la Bulgarie. Multipliant les pressions sur les pays alliés, notamment en Europe, où coup sur coup se sont fait entendre des déclarations de soutien à Washington, isolant ainsi le couple franco-al- lemand, G.W. Bush fait monter la pression le 6 mars en appelant les pays membres du Conseil de sécurité à choisir leur camp. J. Chirac relève le défi en annonçant que le texte proposé au vote se heurtera à un veto s’il se résume à un ultimatum. Quand le groupe des six « indépen- dants » du Conseil de sécurité, dont le Mexique et le Chili, annonce des abstentions en bloc pour échapper aux pressions des deux camps, il apparaît nettement que le camp de la guerre ne pourra pas obtenir la majorité formelle de 9 voix qui lui aurait permis de sauver la face.

La partie prend fin le 17 mars, quand Américains, Britanniques et Espagnols, après un sommet aux Açores, retirent leur projet de 2e résolution, met- tant ainsi un terme à une longue passe d’armes diplomatique qui cède la place à une veillée downloadModeText.vue.download 32 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

30 d’armes. De fait, l’ultimatum de 48 heures lancé par G.W. Bush à Saddam Hussein pour qu’il quitte le pouvoir ne laisse plus place au doute, d’autant que l’on recommande aux inspecteurs de l’ONU, dont le dernier rapport avait pourtant fait état de la coopération accrue du régime de Bagdad, et à tout le personnel onusien de plier bagage. Le président irakien ayant refusé de désarmer – c’est-à-dire, dans l’esprit des Américains, de rendre les armes –, les premiers raids aériens sont lancés le 20 mars sur Bagdad, sur des cibles témoignant de la volonté de Washington de l’éli- miner. L’opération américano-britannique pour la « libération de l’Irak » a commencé, sans l’aval de l’ONU, et avec la réprobation d’une grande partie de la communauté internationale et tout particulièrement du monde musulman, même si l’administration américaine se flatte d’avoir réuni une coalition d’une quarantaine de pays, dont la participation se réduit le plus souvent à un soutien purement verbal.

Si la France cristallise la colère des Américains, qui la rendent responsable de l’échec diploma- tique pour avoir fait obstruction aux procédures de légitimation, l’hostilité à la guerre est mani- feste jusque chez leurs alliés les plus proches, comme la Turquie, qui confirme le 21 mars son refus de laisser les forces américaines utiliser son territoire pour ouvrir un front du Nord qui prendrait en étau Bagdad depuis le Kurdistan irakien autonome. Cet autre revers n’entame pourtant aucunement la détermination des Américains à livrer une guerre dont les premiers dommages collatéraux auront frappé l’ONU, en en ébranlant durablement la crédibilité, provo- qué de profondes fractures dans l’UE et l’OTAN en voie d’élargissement, et renforcé le sentiment d’humiliation et les rancoeurs dans le monde musulman.

L’ONU en quête de crédibilité

G.W. Bush n’a cessé de répéter que l’ONU s’était discréditée dans l’affaire irakienne. La France porterait une part de responsabilité majeure dans l’échec diplomatique qui a réduit l’ONU au rôle de spectateur d’un conflit dont elle devrait être, par vocation, l’organe de règlement. Un procès qui fait pourtant bon marché des méca- nismes onusiens sur lesquels la France, et der- rière elle une grande partie de la communauté internationale, de la Ligue arabe aux non-ali- gnés, comptait s’appuyer pour gérer la crise irakienne. Soucieux de garder le contrôle de la

« partie », les États-Unis, pour leur part, n’ont pas vraiment voulu jouer le jeu, en ignorant le travail de la commission d’inspection, avançant leurs propres preuves de l’existence d’un arsenal irakien d’armes de destruction massive, fussent- elles peu convaincantes. Ils donneront ainsi l’im- pression d’avoir voulu utiliser l’ONU à seule fin de démonter les suspicions d’unilatéralisme que leur vaut l’application d’une doctrine de guerre préventive mise au service de leurs intérêts poli- tiques et économiques. Dans la logique amé- ricaine, l’ONU aurait donné des gages de son sérieux en cautionnant la guerre plutôt qu’en débattant de sa légitimité. Pourtant, en refusant de devenir la caisse de résonance de l’hyperpuis- sance américaine, l’ONU ne s’est pas désavouée sur le fond. Mais il lui reste à surmonter l’épreuve en jouant dans l’après-guerre irakien un rôle que lui conteste déjà Washington, notamment en reprenant la main sur la question clef de l’ins- pection des armes de destruction massive, qui a été le moteur de la guerre et qui commande la levée des sanctions.

PIERRE MARTIAL

UNE ARMÉE IRAKIENNE AUX ABONNÉS ABSENTS

La prise de Bagdad intervient trois se- maines après le début des opérations, le 9 avril. Tikrit, la ville de Saddam Hussein, tombe le 14. La guerre est finie. Brisée par des bombardements aériens massifs, l’ar- mée irakienne n’a pu opposer qu’une très faible résistance à la montée des forces blindées américano-britanniques, qui, par- tant du Koweït, ont franchi en quinze jours plus de 500 kilomètres. À aucun moment, l’usage d’armes chimiques n’est venu per- turber ce nouvel exemple de Blitzkrieg. Le commandement irakien a été dans l’inca- pacité d’opposer une résistance de niveau stratégique. Les ponts sur le Tigre et l’Eu- phrate sont restés intacts, tout comme l’aé- roport de Bagdad pris par la coalition sans coup férir. Sitôt qu’il est apparu que les forces de la garde républicaine, qui avaient écrasé le soulèvement de 1991, sont défini- tivement éliminées, les chiites de Bassora font bon accueil aux soldats britanniques, en charge de opérations dans ces secteurs, et se dotent de pouvoirs locaux. downloadModeText.vue.download 33 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

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UE

Sommet de l’UE

Les dirigeants européens se réunissent à Bruxelles pour discuter de la crise irakienne. Malgré leurs divi- sions, ils décident néanmoins d’adopter une décla- ration commune qui réaffirme le rôle fondamental des Nations unies dans les relations internationales et plaident pour « un mandat ferme » de l’ONU dans la perspective de l’après-guerre. En outre, ils soulignent l’« urgence » à « répondre aux besoins humanitaires essentiels qu’entraînera ce conflit ».

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Kyoto

Échec du Forum mondial de l’eau

Le sommet de l’eau se conclut sans qu’aucun enga- gement soit pris. Les ministres ont adopté une décla- ration rappelant la nécessité de combattre la pénurie de l’eau sur la planète, mais ils ne sont pas arrivés à prendre des engagements financiers.

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France

Premier cas de pneumopathie asiatique Un médecin français est hospitalisé à Paris à son retour de Hanoi. Il présente les symptômes du SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère), épidémie venue d’Asie qui a déjà fait 59 morts et quelque 1 610 ma- lades dans le monde. Le premier médecin à avoir identifié le SRAS, dans un hôpital d’Hanoi, décède à Bangkok : il s’agit de Carlo Urbani, prix Nobel de la paix en 1999 avec l’organisation Médecins sans fron- tières (MSF).

Slovénie

« Oui » à l’UE

Les électeurs slovènes approuvent très nettement par référendum l’entrée de leur pays dans l’OTAN et dans l’Union européenne en 2004. Le « oui » à l’Orga- nisation du traité de l’Atlantique Nord l’emporte avec 66,08 % des suffrages, celui à l’Union européenne re- cueille une confortable majorité de 89,66 % des voix. La Slovénie est éligible à l’ensemble des critères de convergence économique définis à Maastricht dans le cadre de l’union économique et monétaire (UEM). Il est vrai que ce petit pays peut se targuer de bons résultats sur le plan économique.

Tchétchénie

Référendum contesté

Les 530 000 électeurs tchétchènes approuvent par référendum un projet de constitution qui exclut toute négociation pour l’indépendance. Plus de 96 % des votants ont répondu « oui » à la question « Acceptez-vous la constitution de la république tchét- chène ? », tandis que 2,68 % ont voté contre. Mais ce référendum est contesté par les ONG et les indépen- dantistes tchétchènes, qui le considèrent comme « une farce » et dénoncent les falsifications opérées dans les bureaux de vote. Le président russe Vladimir Poutine estime pour sa part lundi que la question de « l’intégrité territoriale » de la Russie, c’est-à-dire celle de l’indépendance de la Tchétchénie, était doréna- vant « close ». Selon Moscou, la Constitution adoptée dimanche par la grande majorité des Tchétchènes stipule en effet l’appartenance « inaliénable » de la république séparatiste à la Russie.

Cinéma

Les 75e Oscars américains

La 75e cérémonie des Oscars donne lieu à plusieurs déclarations à propos de la guerre en Irak, notam- ment celle de Michael Moore, vainqueur de l’oscar du meilleur documentaire pour Bowling for Columbine, et celle d’Adrien Brody, vainqueur de l’Oscar du meil- leur acteur pour le Pianiste. Chicago remporte l’oscar du meilleur film, Nicole Kidman, celui de la meil- leure actrice pour The Hours, Roman Polanski, celui du meilleur réalisateur pour le Pianiste et Nowhere in Africa de Caroline Link (Allemagne), celui de meilleur film étranger.

Kyoto entre deux eaux

Réuni à Kyoto au milieu du mois de mars, le troisième Forum mondial de l’eau a élaboré des pistes concrètes pour mettre l’eau potable et l’assainissement à la disposition de tous.

Ce fut l’une des images les plus diffusées du conflit en Irak, et elle avait aussi sa part d’ironie. Comment oublier ce gamin irakien de Bassora, le visage en pleurs, tendant sa gourde downloadModeText.vue.download 34 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

32 pour quémander à boire, à travers un grillage, à des soldats américains impuissants ? Du 16 au 23 mars, au moment où les premiers missiles Tomahawk pleuvaient sur Bagdad et détrui- saient au passage quelques infrastructures hydrauliques irakiennes, plus de 10 000 repré- sentants venus de 160 pays se réunissaient à Kyoto (Japon) à l’occasion du IIIe Forum mondial de l’eau, après ceux de Marrakech (1997) et La Haye (2000). La manifestation, organisée par le Conseil mon- dial de l’eau – une structure privée basée à Paris, – s’inscrivait dans la continuité du sommet des Nations unies pour le développement durable de Johannesburg (septembre 2002). À ce titre, elle entendait définir une méthode pour at- teindre deux des objectifs affirmés six mois plus tôt en Afrique du Sud : réduire de moitié, à l’hori- zon 2015, le nombre de personnes privées d’eau potable (elles sont aujourd’hui 1,3 milliard) et celui des individus dépourvus d’assainissement et de sanitaires (2,3 milliards actuellement).

Car la crise de l’eau est telle qu’« elle menace plus d’êtres humains que les armes de des- truction massive », remarque William Cosgrove, vice-président du Conseil mondial de l’eau. On estime ainsi que 7 millions de personnes, dont 2 millions d’enfants, meurent chaque année de maladies dues à la contamination de l’eau. De plus, « 30 % de la population mondiale n’a pas assez d’eau », poursuit William Cosgrove. « En 2025, ce sera 50 %. En un siècle, la popu- lation mondiale a triplé, et les hommes, en particulier dans les pays riches, utilisent sept fois plus d’eau que naguère. À ce rythme, la planète ne pourra bientôt plus en fournir suffisamment ».

Une question d’infrastructures

À ces problèmes quantitatifs s’ajoutent de fortes inégalités de répartition. Si des pays comme l’Australie, le Brésil, la Russie ou ceux d’Europe occidentale n’ont pas à craindre pour l’avenir, le monde arabe est dans une situation particuliè- rement préoccupante, avec quatre des cinq pays les plus pauvres en eau. La palme revient sans doute à la bande de Gaza, avec seulement 52 m3 disponibles par an et par habitant (1 700 m 3, en moyenne, seraient nécessaires), et la nappe phréatique y est si surexploitée qu’un affaisse- ment est survenu, produisant une infiltration de l’eau de mer dans la nappe d’eau douce. Seule l’adduction peut alors remédier à ce type de situations, mais elle est coûteuse. Ainsi, un Afri- cain sur deux souffre du manque d’eau, non pas parce que le continent est globalement touché par la sécheresse, mais parce que personne n’y a encore financé les infrastructures néces- saires pour acheminer ou conserver l’eau qui s’y écoule : l’Afrique a cent fois moins de capa- cités de stockage que les États-Unis. Il existe en la matière un sous-investissement chronique. D’après la Banque mondiale, le secteur de l’eau ne compte que pour 5 % des investissements réalisés sur l’ensemble de la planète, à comparer aux 11 % drainés par l’énergie et aux 52 % en- gloutis par les télécommunications. Et l’eau ne bénéficie que de 57 milliards de fonds publics annuels, soit à peine 3 % de l’aide publique au développement. Autant d’insuffisances rele- vées dans un rapport sur le « financement des infrastructures mondiales d’accès à l’eau », que Michel Camdessus, ancien directeur du FMI, a rendu public au début du mois de mars à Paris. Pour celui-ci, l’équipement hydraulique « est un problème de terrain, qui se pose dif- féremment selon les cultures ». S’il requiert un investissement international massif, notamment de la part du secteur privé, sa bonne organisa- tion suppose aussi l’intervention de nombreux acteurs parapublics locaux.

Un impôt mondial de solidarité ?

À l’opposé de ces préoccupations, et comme il est désormais coutume, plusieurs dizaines d’ONG, réunies sous la bannière de l’« altermon- dialisation », ont organisé leur forum alternatif à Florence (Italie), les 21 et 22 mars. Dénonçant le rapport Camdessus, qui entérine selon elles la « privatisation » de l’adduction et de l’assai- nissement de l’eau à travers le monde, elles ont notamment plaidé en faveur d’un impôt mondial de solidarité, appelé à financer la gra- tuité de l’eau potable dans les régions les plus pauvres de la planète. Cette idée n’a cependant pas fait l’unanimité. « C’est un mauvais calcul de parler de l’eau gratuite », souligne ainsi Oli- vier Longué, directeur d’Action contre la faim Espagne. « Les initiatives qu’on met en place dans les villages quand on fore un puits sont souvent payantes, ce qui permet de garantir une durabilité, sinon personne n’entretient les pompes financées par tel ou tel programme et elles sont inutilisables au bout de deux ans. » Tenant compte de ces remarques, la déclaration finale du forum de Kyoto reprend les principales downloadModeText.vue.download 35 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

33 conclusions du rapport Camdessus et appelle à améliorer la gouvernance de l’eau, afin de la rendre équitable, transparente et efficace. Cela passe notamment par trois conditions : sécuri- sation des grands investissements privés inter- nationaux, notamment en matière de risques de change ; encouragement juridique et fiscal aux micro-investissements locaux ; réévalua- tion de l’aide publique internationale. Ces trois pistes, explorées conjointement, permettraient de raccorder quotidiennement 400 000 per- sonnes à un réseau de distribution d’ici 2015, rythme à soutenir si l’on veut tenir les objectifs de Johannesburg. Une petite gageure qui repré- senterait 100 milliards d’euros d’investissements supplémentaires par an. Une somme à la fois su- périeure aux efforts aujourd’hui consentis (soit 80 milliards d’euros par an) et équivalente à la moitié du coût de la dernière guerre en Irak.

BENJAMIN BIBAS

BARRAGES ET CONFLITS

Le Rapport mondial sur la mise en valeur des ressources en eau, publié en début d’année par l’Unesco, établit que le partage de l’eau est rarement à l’origine de conflits majeurs entre pays. Ainsi, sur 1 831 « inte- ractions » survenues depuis cinquante ans entre nations sur les questions d’eau, seules 37 ont donné lieu à des conflits violents. Ceux-ci surgissent notamment lorsqu’un barrage construit sur un fleuve par un pays prive du débit escompté un autre pays tra- versé par ce fleuve. Un contentieux oppose par exemple la Turquie et ses voisins syrien et irakien au sujet des eaux du Tigre et de l’Euphrate. L’eau du Nil est un enjeu de pou- voir entre l’Égypte, le Soudan et l’Éthiopie. L’Inde dispute les eaux de l’Indus au Pakis- tan et celles du Gange et du Brahmapoutre au Bangladesh. Quant à Israël, il est déjà intervenu militairement 18 fois lors de que- relles hydrauliques qui l’opposaient à ses voisins.

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France

Baisses d’impôt au programme

Jacques Chirac annonce que les baisses d’impôt se- ront poursuivies « dans la mesure de nos moyens », mais ne seront possibles qu’en cas de croissance. Lors de sa campagne présidentielle, le chef de l’État avait affiché sa volonté de diminuer les prélèvements obli- gatoires et s’était engagé à diminuer de 30 % l’impôt sur le revenu d’ici à 2007.

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France

Réélection de Bernard Thibault à la CGT Lors du 47e congrès de la CGT, Bernard Thibault est réélu à la tête de la confédération. Deux tiers des dé- légués ont adhéré aux orientations proposées par ce dernier, qui pourra donc continuer l’important travail de réforme entamé lors du 46e congrès. Les débats animés révèlent toutefois l’inquiétude des militants ainsi que les résistances aux évolutions les plus mar- quantes de la CGT face à l’identité nouvelle de leur syndicat.

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Rugby

Le Grand Chelem pour l’Angleterre

Grâce à une victoire sur l’Irlande obtenue sur le score sans appel de 42 points à 6 à Dublin, le XV de la Rose termine le Tournoi des Six Nations avec cinq victoires en cinq rencontres. L’Angleterre succède au palmarès à la France, vainqueur de l’édition 2002. downloadModeText.vue.download 36 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

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Avril

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Europe

Relève de l’OTAN par des forces de l’UE en Macédoine

Une force militaire de l’Union européenne (EUFOR), composée de 350 soldats, remplace les militaires de l’OTAN présents depuis deux ans en Macédoine afin d’assurer le maintien de la paix. Baptisée Concordia, cette mission doit poursuivre pendant six mois les actions menées par l’OTAN. Placés sous le comman- dement du général français Pierre Maral, les soldats sont issus de tous les pays de l’UE à l’exception du Danemark et de l’Irlande, attachés à leur neutralité. Modeste sur le plan militaire, cette force revêt une importance politique majeure. Elle constitue un test pour l’Europe de la défense. Il s’agit de la première manifestation concrète de la politique étrangère et de sécurité commune (PESC). Jusqu’à présent, l’UE s’était contentée de prendre la relève des forces de police de l’ONU en Bosnie. Si Concordia donne satisfaction, les Treize pourraient remplacer la Force de stabilisation de l’OTAN en Bosnie (SFOR), consti- tuée de 12 000 hommes, vers 2004. D’ici là, une force de réaction rapide destinée à regrouper à terme 60 000 soldats de l’UE devrait être opérationnelle dès le mois de mai pour des missions humanitaires ou de maintien de la paix. Selon un haut responsable euro- péen, « des forces de l’UE pourraient être déployées dans le Caucase ou en Afrique » à plus long terme.

3 France

Congrès du PCF

Le parti communiste français inaugure son Congrès à la Plaine-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), alors que sa direction doit faire face à une montée de la contestation après l’échec de Robert Hue, qui a re- cueilli moins de 3,5 % des suffrages au premier tour de la présidentielle, soit le plus bas score de l’histoire du PCF, et celui du PCF aux législatives. Les « ortho- doxes » reprochent à l’actuelle direction bicéphale Robert Hue - Marie-George Buffet d’avoir fait en 1997 le choix de la « gauche plurielle » et de la participa- tion au gouvernement, et contestent la « mutation » du parti engagée en 2000 par le président sortant. Ce dernier a décidé qu’il ne serait pas candidat à sa propre succession. Quant à l’ancienne ministre des Sports, tête de liste et candidate unique, elle entame une autocritique sur sa participation au gouverne- ment Jospin. Le 6, Marie-George Buffet est réélue secrétaire nationale. La seule liste soumise au vote, comportant les 222 membres du Conseil national du parti, est votée par 76,16 % des délégués, mais 23,84 % d’entre eux refusent leur aval à cette direc- tion en glissant un bulletin nul dans l’urne. Une liste concurrente de 31 noms pour le Conseil national, dé- fendue par le député de la Somme Maxime Gremetz, a même été présentée contre la liste défendue par la direction, avant que la Commission des candidatures n’annonce qu’une seule liste, celle de la direction, se- rait finalement soumise aux délégués, en application des statuts. La nouvelle secrétaire nationale lance un appel aux déçus du PCF pour qu’ils reviennent construire un « printemps du communisme ».

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Irak

Les Américains à l’aéroport de Bagdad L’aéroport international Saddam-Hussein, situé à 20 km au sud-ouest de Bagdad, est pris par les forces de la coalition américano-britannique à l’issue de vio- lents affrontements. Selon les autorités américaines, le contrôle de ce site va permettre son utilisation par les forces de la coalition et empêcher les dirigeants irakiens de s’en servir pour fuir par les airs. La journée est marquée par la première reddition massive de soldats irakiens – 2 500 parmi eux se sont rendus aux marines américains qui remontent vers la capitale irakienne. Le 5, les forces américaines entrent dans le centre de Bagdad pour effectuer des missions de reconnaissance.

Mathématiques

Un nouveau prix pour Jean-Pierre Serre Le mathématicien français Jean-Pierre Serre, âgé de soixante-dix-sept ans, reçoit le premier prix Abel, créé par l’Académie des sciences et des lettres de Norvège pour remédier à l’absence de prix Nobel de mathé- matiques. Ce prix porte le nom d’un mathématicien norvégien prodige, Niels Henrik Abel, mort prématu- rément à vingt-six ans en 1828. La médaille Fields était jusqu’à présent considérée comme la plus haute dis- tinction dans ce domaine de recherche. Jean-Pierre Serre, professeur au Collège de France, déjà titulaire downloadModeText.vue.download 37 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

35 de la médaille Fields et son plus jeune récipiendaire à vingt-huit ans, doit son prix Abel à « son rôle central dans l’élaboration de la forme moderne de nombreux domaines des mathématiques, notamment la topolo- gie, la géométrie algébrique et la théorie des nombres ».

Un mathématicien français inaugure le prix Abel

Le premier prix Abel, présenté comme le « prix Nobel des mathématiques », a été attribué le 3 avril par l’Académie des sciences et des lettres de Norvège à Jean-Pierre Serre, professeur honoraire au Collège de France, pour son « rôle central dans l’élaboration de la forme moderne de nombreux domaines des mathématiques ».

Ce prix, qui porte le nom du mathématicien norvégien Niels Henrik Abel dont on mar- quait le bicentenaire de la naissance en 2002, consacre la longue carrière du chercheur fran- çais de soixante-dix-sept ans dont les travaux sur les mathématiques abstraites, qui ont trouvé d’importantes applications, ont déjà été couron- nés par de nombreux prix.

Depuis 1901, le prix Nobel récompense chaque année les scientifiques, écrivains ou hommes politiques dont les oeuvres et travaux ont été jugés le plus méritoires. Curieusement, la très docte institution scandinave n’a jamais inscrit les mathématiques à son palmarès, un refus qui ne doit rien à la logique scientifique mais qui est motivé par un très volontaire oubli, dit-on, de son fondateur, l’inventeur de la dynamite Al- fred Nobel. Selon une anecdote rapportée dans les alcôves de l’institution, les mathématiques auraient fait les frais d’une basse vengeance du chimiste suédois, sa maîtresse Sophie Hess l’ayant abandonné pour son compatriote, le ma- thématicien Gosta-Magnus Mittag-Leffler. Tou- jours est-il qu’il a fallu attendre un siècle pour que cette lacune soit comblée et que justice soit enfin rendue aux mathématiques, qui se voient désormais gratifier d’une distinction qu’elles ne partageront avec aucune autre discipline scien- tifique, le prix Abel, fort généreusement doté de 770 000 euros, sous les auspices de la seule Aca- démie des sciences et des lettres de Norvège. Ce prix, en forme d’hommage au célèbre mathéma- ticien norvégien Niels Henrik Abel, a été inau- guré le 3 avril par le Français Jean-Pierre Serre.

Un palmarès impressionnant

À l’âge de soixante-dix-sept ans, le mathémati- cien français se voit ainsi récompenser pour sa « large contribution au progrès des mathéma- tiques durant plus d’un demi-siècle », consé- cration d’un long et brillant parcours scienti- fique jalonné de multiples prix, à commencer par la prestigieuse médaille Fields dont il est le plus jeune récipiendaire en 1954 pour ses tra- vaux en théorie des espaces analytiques com- plexes en collaboration avec Henri Cartan. Né le 15 septembre 1926 à Bages, dans les Pyrénées- Orientales, Jean-Pierre Serre a fait ses classes à l’École normale supérieure avant obtenir le titre de docteur ès sciences à la Sorbonne en 1951. Il accumulera ensuite les titres et les distinctions, poursuivant ses travaux de recherche au sein du CNRS où il occupe plusieurs postes tout en en- seignant, d’abord en qualité de maître de confé- rences à la faculté des sciences de l’université de Nancy, puis à partir de 1956 au Collège de France, dont il est aujourd’hui professeur honoraire. Commandeur de la Légion d’honneur et grand officier de l’ordre national du Mérite, membre de l’Académie des sciences, il a collectionné, après la médaille Fields, tous les prix existants dans le domaine des mathématiques : le prix Gaston-Ju- lia en 1970, le prix Balzan en 1985, la médaille d’or du CNRS en 1987, le prix Steele en 1995 et le prix Wolf en 2000. Le prix Abel vient donc com- pléter, ou plutôt enrichir, cet impressionnant pal- marès, qui témoigne de la fécondité du travail de Jean-Pierre Serre, récompensé par l’institution norvégienne « pour son rôle central dans l’éla- boration de la forme moderne de nombreux domaines des mathématiques ». Ses travaux dans le domaine de « la topologie, la géométrie algébrique, la théorie des nombres et l’étude de leurs propriétés élémentaires » ont été tout particulièrement salués à Oslo, où l’on a souligné les importantes applications qu’ont trouvées les contributions du chercheur français, même si ses efforts ont surtout porté sur des mathématiques plus abstraites. Les travaux de Jean Pierre Serre ont ainsi permis de mieux comprendre certains problèmes pratiques que posent « la crypto- graphie à clé publique et le développement de codes de corrections d’erreurs efficaces », dont la résolution passe par les équations poly- nomiales (en particulier dans des champs finis). downloadModeText.vue.download 38 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

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Annulations de crédits

Le prestige du prix Abel rejaillit sur l’ensemble de la communauté mathématique française, qui manque d’une certaine reconnaissance de la part du public hexagonal, en dépit de ses nombreux titres de gloire. Ainsi, six autres mathématiciens français ont été récompensés par la médaille Fields, dont Laurent Lafforgue en 2002. Mais si ce prix, qui couronne tous les quatre ans les meilleurs mathématiciens de moins de quarante ans, était considéré jusqu’ici comme un Nobel des mathématiques, il n’en avait ni la notoriété, ni le prestige et pâtissait d’une certaine confi- dentialité. Par ailleurs, la médaille Fields hono- rait plus un résultat significatif que l’ensemble d’une oeuvre, comme a vocation à le faire le prix Abel. Par son prestige et aussi par sa dotation, le prix Abel devrait donc rendre aux mathéma- tiques la place qui leur revient de droit dans la constellation des prix scientifiques. En récom- pensant un mathématicien français, il vient aussi rappeler le gouvernement de M. Raffarin à ses obligations envers la recherche, dont les moyens ont souffert de coupes budgétaires, mettant en péril certains secteurs. De nombreuses manifes- tations ont eu lieu au printemps pour soutenir la recherche publique, que les chercheurs ont jugée menacée par des annulations de crédit en décembre et en mars visant des organismes de recherche, suivies d’un gel des crédits de laboratoire perturbant leur fonctionnement. Face à cette levée de boucliers, que n’avait pas suffi à calmer la levée du gel pour une partie des organismes par le ministère de la Recherche, le Premier ministre avait tenté de rassurer les cher- cheurs le 14 avril, en promettant de tenir d’ici à 2007 les engagements de J. Chirac en faveur de la recherche.

MAURICE LAGÈBRE

NIELS HENRIK ABEL 18021829

À l’occasion du bicentenaire de sa nais- sance, les autorités norvégiennes ont sou- haité immortaliser par un prix le nom de Niels Henrik Abel, qui fut l’un des mathé- maticiens les plus brillants de son temps. Le roi de Suède Oscar II avait proposé l’idée un siècle plus tôt, mais elle avait été aban- donnée. Les découvertes mathématiques d’Abel ont permis de résoudre des pro- blèmes fondamentaux de son époque. Ses mémoires sur la résolution des équations algébriques, établissant l’inexistence des formules algébriques en vue de résoudre les équations polynomiales de degré 5 sur lesquelles portaient les recherches depuis le XIe siècle, ont ouvert la voie aux travaux de Klein et aux recherches actuelles sur les fonctions algébriques. C’est à lui que l’on doit les fonctions elliptiques et, plus généralement, les intégrales dites « abé- liennes », redécouvertes grâce notamment aux travaux de Riemann, qui révélera bien plus tard la profondeur des recherches d’Abel.

6

France

Premières élections des représentants musulmans

La première étape des élections des dirigeants du futur Conseil français du culte musulman (CFCM) est organisée dans les bureaux de vote mis à la disposi- tion par les mairies pour élire 31 des 157 membres de l’assemblée générale, 12 des 41 membres du conseil d’administration et une partie des directions régio- nales. Au total, 4 042 grands électeurs, représentant 992 des 1 316 lieux de culte recensés, sont appelés à désigner leurs représentants nationaux et régionaux au scrutin de liste proportionnel. Première instance représentative de l’islam de France, deuxième reli- gion nationale, le CFCM a vu le jour le 20 décembre sous la pression du ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy. Il doit permettre aux cinq millions de Fran- çais de confession musulmane de parler d’une seule voix après plus de trois ans de négociations. Deux as- sociations musulmanes, l’Union des associations mu- sulmanes de Seine-Saint-Denis (UAM-93) et la Coor- dination des musulmans, ont dénoncé « le caractère peu démocratique et la faible légitimité » des élections du CFCM, qu’elles ont appelé à boycotter. Le 13, les 17 régions qui n’avaient pas voté le 6 votent à leur tour, avec un fort taux de participation de 88,53 %. Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, le vain- queur du scrutin est la Fédération nationale des musulmans de France (FNMF), proche du Maroc, qui remporte 20 des 58 sièges du conseil d’administra- tion du CFCM, soit 34 % de sa représentation. L’Union des organisations islamiques de France (UOIF), proche des Frères musulmans, et considérée comme fondamentaliste, et ses affiliés, obtiennent 19 repré- sentants (32 %) et la Grande Mosquée de Paris (GMP), downloadModeText.vue.download 39 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

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15 (26 %). Dans l’assemblée générale, la FNMF aura 60 élus, l’UOIF 58 et la GMP 54.

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Cuba

Lourdes condamnations d’opposants

L’opposant Hector Palacios, leader de la dissidence cubaine, est condamné à vingt-cinq ans de prison. Il est l’un des promoteurs du projet Varela, une ini- tiative réclamant un référendum en vue de réformes démocratiques et pour lequel les autorités judi- ciaires cubaines avaient requis la prison à perpétuité. D’autres dissidents sont condamnés à des peines de quinze à vingt-cinq ans de prison pour collabo- ration avec les États-Unis, pour activités subversives et pour atteinte à la sécurité de l’État. Le gouverne- ment cubain a annoncé le 18 mars des « dizaines d’arrestations » de personnes liées à des tentatives de « complot » menées par le représentant américain à La Havane, évoquant l’application de lois « sévères contre des faits graves de complicité avec l’ennemi ». Le 15, 75 opposants déclarés coupables de collabora- tion avec des diplomates américains sont condam- nés à des peines allant de six à vingt-huit ans, pour un total cumulé de 1 454 années de prison, à l’issue de procès expéditifs. Une vingtaine de journalistes indépendants figurent parmi les condamnés. Ricardo Gonzalez, rédacteur en chef du magazine De Cuba, et le poète et journaliste Raul Rivero se sont chacun vu infliger vingt ans de réclusion criminelle. Le ministre cubain des Affaires étrangères, Felipe Perez Roque, affirme que l’hostilité croissante de Washington for- çait le régime à se protéger de l’opposition soutenue par les États-Unis pour saper le système communiste.

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Irak

Chute de Bagdad

Des troupes américaines progressant sur la rive orientale du Tigre parviennent dans le centre de Bagdad, où elles rejoignent des unités qui contrôlent la rive occidentale. Cette progression intervient alors que les combattants irakiens ont abandonné leurs positions dans les rues de ces quartiers et ont été chassés de la grande banlieue chiite de la ville, Saddam City, où des scènes de pillage ont été signa- lées. Des scènes de joie et de pillage sont observées mercredi dans l’est et le nord-est de Bagdad. D’autres scènes de pillage ont lieu dans tout le pays, à Bag- dad, Bassora ou Saddam City. Des forces américaines s’emparent du camp de formation de la milice du parti Baas, dans un quartier de l’ouest de la capitale irakienne, tandis que des chars américains circulent dans le centre de la capitale irakienne, devant l’hôtel Palestine, où résident les reporters couvrant le conflit irakien à Bagdad. Deux journalistes y ont d’ailleurs été tués la veille et plusieurs autres blessés par des tirs américains. Dans les jours qui suivent, l’anarchie s’étend dans la capitale irakienne, où des milliers de personnes se livrent à des pillages massifs sans que les soldats américains n’interviennent.

Espace

Succès d’Ariane 5

La fusée Ariane 5 « générique » place sur orbite de transfert géostationnaire deux satellites de télé- communications, Insat-3A pour l’Agence spatiale indienne et Galaxy XII pour l’opérateur international Panamsat. Elle était paralysée depuis le 11 décembre dernier, après l’échec du lancement de sa nouvelle version « 10 tonnes », plus puissante, qui avait été détruite en vol quelques minutes après avoir dévié de sa trajectoire de décollage, un échec dû à des fuites dans le circuit de refroidissement du moteur principal. C’est la deuxième mission d’une fusée Ariane pour l’année 2003, la 159e depuis la mise en service du lanceur européen en décembre 1979. Se- lon Arianespace, Ariane 5 « dix tonnes » ne reprendra pas du service avant le courant de l’année 2004, avec deux lancements de qualification prévus, et seule la version Ariane 5 « générique » sera utilisée tout au long de l’année 2003 pour placer des satellites sur orbite. Cinq ou six tirs sont prévus cette année à Kou- rou contre douze l’année dernière.

Aéronautique

Annonce de l’arrêt définitif du Concorde Trois ans après l’accident du 25 juillet 2000 qui avait fait 113 morts et après plus de vingt-six ans de ser- vice, Air France (5 avions) et British Airways (7 avions) annoncent l’arrêt de l’exploitation du supersonique en raison de la baisse de la demande, qui atteint seulement 20 % ces derniers mois. Cet arrêt pren- dra effet à compter du 31 mai pour Air France et du 1er novembre pour BA. La direction d’Air France assure que les incidents signalés depuis la remise en downloadModeText.vue.download 40 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

38 service du supersonique n’ont pas constitué un fac- teur de décision.

Les chars américains à Bagdad

Contre toute attente, les chars américains sont entrés au coeur de Bagdad sans ren- contrer de véritable résistance le 10 avril, scellant la chute du pouvoir irakien dont les responsables, à commencer par Saddam Hussein, ont disparu.

Mettant un terme à trois semaines d’une guerre qui a laminé l’armée irakienne, la bataille de Bagdad assure aux Américains et aux Britanniques le contrôle de l’Irak. Mais ils peinent à mettre en place une administration provisoire, en butte à une situation d’anarchie provoquée par des pillages et à l’hostilité d’une grande partie de la population, tandis que commence à l’ONU une autre bataille pour faire accepter le fait accompli à la communauté internationale.

La « mère des batailles »...

Engagée le 4 avril avec la prise aisée de l’aéroport Saddam-Hussein, la bataille de Bagdad n’a finale- ment pas eu lieu, faute d’une réelle résistance de la part d’une armée dont les meilleurs éléments étaient censés s’être retranchés dans la capitale irakienne, où n’a jamais cessé de battre le coeur d’un pouvoir aux abois depuis le déclenchement de l’offensive américano-britannique, le 20 mars. Annoncée comme la « mère des batailles » par le régime irakien qui prétendait réserver un accueil sanglant aux forces de la coalition, la bataille pour le contrôle de Bagdad a presque pris l’allure d’une promenade de santé pour les chars améri- cains qui, appuyés par une aviation exerçant un contrôle exclusif sur l’espace aérien irakien, péné- treront le 10 avril dans le centre de la capitale avec une facilité démentant les pronostics de bien des experts militaires. Après avoir enfoncé les lignes irakiennes déployées dans les faubourgs de Bag- dad, les blindés américains avaient pris position dès le 7 avril sur la rive droite du Tigre, occupant le vaste complexe présidentiel d’où ils pilonneront sans relâche les forces irakiennes encore capables de riposter sur l’autre rive, autour de l’hôtel Pales- tine. Dans Bagdad encerclée et investie jusque dans son centre par les forces américaines, la voix du régime, incarnée par l’incontournable ministre de l’Information Mohammad Sad Al-Sa- haf, continue pourtant à claironner des commu- niqués triomphalistes qui récusent l’évidence de la défaite. Réputées plus pugnaces, la fameuse garde républicaine et jusqu’aux unités spéciales de la garde prétorienne de Saddam Hussein ont joué les Arlésiennes, à Bagdad comme ailleurs, laissant un dernier carré de fedayins et autres combattants du djihad venus des quatre coins du monde musulman livrer seuls et démotivés cette guérilla urbaine dont on avait pensé qu’elle aurait pu changer le cours de la guerre. Il suffira de trois jours aux blindés américains pour réduire les der- nières poches de résistance, franchir le fleuve et prendre leurs quartiers sur la place centrale de Bagdad, sous les yeux des Bagdadis incrédules qui, dans leur très grande majorité, ont assisté aux combats en spectateurs et souvent en vic- times. Une population résignée, partagée entre un sentiment d’allégresse exprimé aussitôt par les chiites longtemps opprimés des faubourgs populaires de Saddam City, qui déboulonnent les statues du dictateur irakien, et l’humiliation de la défaite et de l’occupation militaire étrangère que celle-ci annonce. Le sentiment de rancoeur est gé- néral en revanche, contre cette armée américaine qui n’a pas fait de quartier, comme en témoigne le ballet incessant des ambulances qui amènent des blessés et des morts par centaines dans des hôpitaux démunis : si les blindés américains n’ont rencontré qu’une faible résistance, c’est sans doute parce que la population n’a pas voulu soutenir le régime, et, on l’apprendra plus tard, parce que quelques millions de dollars auraient eu raison de la combativité irakienne, au sommet de l’état-major, mais aussi parce que les forces anglo-américaines ont laminé l’armée irakienne, en employant la stratégie de la « colonne infer- nale » jusqu’à Bagdad, qui n’avait plus les moyens de s’opposer à un tel matraquage. La chute de Bagdad, après celle de Bassora, bastion chiite du Sud où les Britanniques ont réduit les dernières poches de résistance, suivie de peu par celles de Mossoul et de Kirkouk, les deux grandes villes pé- trolières du Nord investies par les peshmergas de la région autonome kurde assistés par des com- mandos spéciaux américains, marque donc la fin de la guerre.

... n’a pas eu lieu

Les États-Unis ont conjuré en trois semaines le spectre d’un nouveau Viêt Nam écarté défini- tivement le 14 avril, avec la prise presque sans downloadModeText.vue.download 41 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

39 combats de Tikrit, le fief de Saddam Hussein. Le 1er mai, G.W. Bush peut déclarer officiellement la fin de la guerre, mais la paix sera plus difficile à gagner pour les Américains et leurs alliés britan- niques, qui prétendent assumer seuls la remise en état de l’Irak en proie au chaos. Il faut pour cela que, malgré leur incapacité de trouver ces armes de destruction massive et ces preuves de la collusion avec al-Qaida, qui avaient été le nerf de la guerre, ils parviennent sans trop de difficul- tés à faire accepter à la communauté internatio- nale le fait accompli de leur mainmise sur l’Irak. Ce dont témoigne le vote le 22 mai par l’ONU de la résolution levant les sanctions contre l’Irak et confiant aux Américains la gestion d’un pays où les Nations unies joueront un rôle de sup- plétif. Toutefois, les États-Unis doivent encore convaincre les Irakiens qu’ils sont des « libéra- teurs », et non des « occupants » préoccupés avant tout de faire main basse sur un pétrole dont ils ont d’ailleurs pris soin d’épargner ou de restaurer au plus vite les infrastructures. Sauf en pays kurde, les soldats américains n’ont pas été accueillis à bras ouverts, y compris par les chiites majoritaires qui leur savent gré de les avoir débarrassés de trente-cinq années de dic- tature, mais sont pressés de les voir partir. Déci- dés à rester au moins un an pour mettre en place un gouvernement si possible démocratique, les Américains, assistés des Britanniques et des Polonais, auront fort à faire pour normaliser la situation dans un pays sinistré par la guerre, par douze années de sanctions économiques et des décennies de dictature. Leur impuissance à assurer l’ordre et la sécurité, la lenteur des tra- vaux de reconstruction, les cafouillages aussi qui ont marqué la mise en place de l’adminis- tration civile, d’abord confiée à l’ex-général Jay Garner qui sera remplacé au pied levé à la mi- mai par l’ambassadeur Paul Bremer à la tête de l’Autorité provisoire de la coalition (APC), n’ont pas vraiment contribué à instaurer un climat de confiance entre la nouvelle autorité et des Irakiens pressés de profiter pleinement de leur liberté retrouvée.

GÉRARD SANIER

DIFFICILE TRANSITION À BAGDAD

Sitôt Bagdad tombée, les Américains ont cherché à combler le vide d’un pouvoir exercé pendant trente-cinq ans par le seul parti Baas. Tout en lançant la traque des dignitaires du régime, l’administra- tion dirigée par Paul Bremer installée à Bagdad peine à trouver une relève poli- tique capable de recoller les morceaux de l’Irak sur le modèle de ce qui a été fait à Kaboul. Le Congrès national irakien (CNI) d’Ahmad Chalabi, homme lige des Améri- cains, est peu apprécié et peu représenta- tif en Irak. La nouvelle administration doit gérer seule les contradictions irakiennes, en composant avec les anciens du parti Baas, tout en venant à bout de la résis- tance, au risque d’attiser les rancoeurs de la population.

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Russie

Sommet tripartite

Vladimir Poutine accueille Jacques Chirac et Ge- rhard Schröder à Saint-Pétersbourg pour un som- met qui réunit les champions du « camp de la paix ». Moscou, Paris et Berlin doivent se concerter pour adopter une position commune après la chute du régime de Saddam Hussein, la prise de contrôle de l’Irak par la coalition américano-britannique après une guerre qu’ils avaient tenté d’empêcher. Les trois dirigeants entendent soutenir l’attribution du rôle dirigeant de l’ONU dans la reconstruction de l’Irak alors que les États-Unis lui assignent une tâche essentiellement humanitaire. Ils affirment en outre le rôle central de la communauté internationale. Ce sommet a été organisé au moment où le président américain George W. Bush et son allié, le Premier ministre Tony Blair, se retrouvent à Belfast pour faire le point de leur intervention militaire en Irak et pré- parer l’après-guerre.

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Hongrie

« Oui » à l’UE

83,8 % des électeurs hongrois approuvent l’entrée de leur pays dans l’Union européenne. La participa- tion au référendum est faible, 45,6 %. Le taux élevé d’abstention observé lors de ce référendum apparaît de nature à mettre en difficulté le gouvernement socialiste, conduit par Peter Medgyessy qui avait présenté la consultation comme une chance histo- rique de rejoindre la partie la plus aisée de l’Europe downloadModeText.vue.download 42 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

40 après quatre décennies dans le bloc communiste. Le gouvernement, qui avait débloqué cinq milliards de forints (23 millions d’euros) pour la campagne en faveur du « oui », s’attendait à une participation d’au moins 60 %. La Commission européenne salue ce résultat, estimant que « les électeurs hongrois ont ex- primé clairement leur choix de construire leur avenir au sein d’une Europe forte et unie » et que « cette décision marque la fin de la tragique séparation de la Hongrie de la famille européenne des nations démocratiques. » Les sondages prévoyaient une large victoire du « oui » lors de la consultation du 13 avril. Seule l’extrême droite avait fait campagne contre l’entrée du pays dans l’Union en mai 2004.

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Canada

Victoire des libéraux au Québec

Le Parti libéral remporte les élections générales au Québec. Il met ainsi fin à huit ans de pouvoir du Parti québécois, favorable à la souveraineté de la province. Jean Charest, ancien avocat de quarante-quatre ans, issu des rangs du parti conservateur de l’ancien Pre- mier ministre canadien Brian Mulroney, est appelé à devenir le 34e Premier ministre québécois. Son parti occupera la majorité des 125 sièges de l’Assemblée nationale. Pour ce scrutin majoritaire uninominal à un tour, le Parti libéral du Québec (PLQ, centre droit) de Charest a totalisé 45,7 % des voix contre 33,3 % au Parti Québec (PQ, centre gauche) du Premier ministre sortant Bernard Landry et 18,4 % à l’Action démocratique du Québec (ADQ, droite), dirigée par un nouveau venu, Mario Dumont. Plusieurs petits partis se partagent les 2,6 % restants et ne comptent aucun élu. La participation s’est élevée à environ 70 % (78,32 % en 1998). La victoire des libéraux, fidèles au fédéralisme canadien, met entre parenthèses le pro- jet de souveraineté de la province défendu par le Parti québécois.

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France

Sarkozy contre le voile islamique

Nicolas Sarkozy est hué lors de son intervention à l’occasion du rassemblement de l’Union des orga- nisations islamiques de France (UOIF) au Bourget en Seine-Saint-Denis, alors que le ministre de l’Intérieur

évoquait la question du foulard et l’obligation pour tous de présenter une photo d’identité avec la tête nue. « La loi impose que, sur une carte nationale d’iden- tité, la photographie du titulaire soit tête nue, que cela soit celle d’une femme ou d’un homme », une obliga- tion qui s’impose aussi « aux religieuses catholiques », a-t-il rappelé. « Rien ne justifierait que les femmes de confession musulmane bénéficient d’une loi différente pour la carte nationale d’identité », a déclaré le mi- nistre. La Ligue du droit international des femmes (LDIF), créée en 1983 par Simone de Beauvoir, salue la fermeté de M. Sarkozy et « demande que cette fer- meté ne se limite pas à la photo qui est apposée dans les pièces d’identité et qu’elle s’étende à l’école et aux entre- prises, publiques et privées ».

Nigeria

Réélection du président Obasanjo

Le président sortant Olusegun Obasanjo, chrétien du Sud, est réélu dès le premier tour président de la République du Nigeria, avec environ 22 millions de voix, soit 61,7 % des suffrages. Le candidat ANPP, Muhammudu Buhari, musulman du Nord, recueille 11 millions de voix, soit 32,1 % des suffrages. Les dix-huit autres candidats se partagent le reste des suffrages, le seul à se voir attribuer un score notable étant l’ancien leader de la guerre sécessionniste du Biafra (1967-1970), Emeka Ojukwu, avec 1,2 million de voix et 3,35 %. Le Parti démocratique populaire (PDP) d’Obasanjo a également remporté une écra- sante majorité de sièges aux élections parlemen- taires organisées une semaine plus tôt, il obtient 27 postes de gouverneur sur 36. Toutefois, des soup- çons de fraude pesant sur les résultats du scrutin pré- sidentiel, les partis d’opposition, dont la principale composante, le Parti de tout le peuple du Nigeria (ANPP), rejettent ces résultats et menacent d’orga- niser des manifestations de masse. Il reste que l’UE souligne que, dans de nombreux États, « les standards minimaux pour des élections démocratiques n’ont pas été remplis ». Les observateurs de l’Union relèvent plusieurs cas de bourrage d’urnes, de « changement de résultats », des « taux de participation improbables » flirtant avec les 100 %. M. Obasanjo a été élu en 1999 au terme de quinze ans de régime militaire. Le Nige- ria, pays le plus peuplé d’Afrique et sixième produc- teur mondial de pétrole, n’a en effet jamais connu de downloadModeText.vue.download 43 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

41 transition réussie d’un régime civil à un autre depuis son indépendance en 1960.

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Chine

Crise politique due au SRAS

Alors que 12 nouveaux morts et 300 nouveaux cas de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) sont recen- sés en Chine, le ministre de la Santé Zhang Wenkang et le maire de Pékin Meng Xuenong sont démis de leurs fonctions au sein du Parti communiste pour avoir minimisé la propagation de la maladie. La Chine reconnaît ainsi l’ampleur du SRAS dans le pays. Les autorités chinoises ont été signalées par l’Organisa- tion mondiale de la santé (OMS) pour leur mauvaise gestion de la crise sanitaire. Les premiers cas de SRAS avaient été signalés en novembre dans la province méridionale de Canton, mais avaient été largement sous-estimés par Pékin. En tout, 1 807 personnes sont infectées en Chine. L’épidémie de pneumopa- thie atypique a déjà tué au moins 205 personnes dans le monde : 88 à Hongkong, 79 en Chine conti- nentale, 16 à Singapour, 14 au Canada, cinq au Viêt Nam, deux en Thaïlande et une en Malaisie.

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France

Marine Le Pen vice-présidente du FN

Passant outre les résultats des élections internes du XIIe congrès du FN qui écartaient sa fille Marine du comité central frontiste, Jean-Marie Le Pen la nomme vice-présidente du Front national et élargit le bureau politique à dix nouveaux membres, dont plusieurs proches de sa benjamine. Cette nomination consti- tue une réponse à la tentative de déstabilisation de sa fille Marine menée par les partisans du délégué général et numéro deux du parti, Bruno Gollnisch, lors de ce congrès.

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Irak

Pèlerinage chiite à Kerbala

Trois mille chiites irakiens en pèlerinage dans la ville sainte de Kerbala, dans le centre de l’Irak, participent

à une importante manifestation « contre l’occupation américaine ». Longtemps privés de pèlerinage à Ker- bala par le régime de Saddam Hussein, les chiites, qui représentent environ 60 % des 25 millions d’Irakiens, s’y sont rendus en masse pour fêter le retour de la liberté de culte. Ils ont commémoré le martyre de l’imam Hussein, figure centrale du chiisme et petit- fils de Mahomet, tué en 680 dans cette ville lors d’une bataille autour de la succession du prophète.

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Palestine

Compromis entre Arafat et Mahmoud

Abbas

Le Premier ministre palestinien Mahmoud Abbas et le président Yasser Arafat parviennent à conclure un accord sur la formation d’un gouvernement, qui doit encore être investi par le Parlement palestinien. La constitution d’un cabinet ouvre la voie à la pré- sentation par les États-Unis de « la feuille de route » pour la paix au Proche-Orient d’un plan de paix sur le Proche-Orient, un plan soutenu par la communauté internationale prévoyant notamment la création par étapes d’un État palestinien d’ici à 2005. Yasser Arafat était jusqu’alors réticent à céder certaines de ses prérogatives, notamment en matière de sécu- rité. Il contestait en particulier le choix de Moham- med Dahlan, ancien chef de la sécurité préventive à Gaza. Ce dernier occupera finalement, comme le souhaitait Mahmoud Abbas, les fonctions de ministre d’État chargé des affaires de sécurité. Sans l’appui du président palestinien, le gouvernement Abbas ne pouvait obtenir l’accord du Parlement, où le Fatah a une majorité confortable. Par ailleurs, un activiste du mouvement radical islamiste Hamas, âgé de dix- sept ans, est tué par des militaires israéliens dans le camp de réfugiés de Jénine, dans le nord de la Cis- jordanie. Ce nouveau décès porte à 3 179 le nombre de personnes tuées depuis le début de la seconde Intifada fin septembre 2000, dont 2 395 Palestiniens et 726 Israéliens.

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Irak

Reddition de Tarek Aziz

L’ancien vice-Premier ministre irakien Tarek Aziz se rend aux forces américano-britanniques en Irak. Il downloadModeText.vue.download 44 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

42 figure en 43e position sur la liste des 55 dignitaires irakiens les plus recherchés par le gouvernement des États-Unis. Son arrestation porte ainsi à douze le nombre de responsables irakiens interpellés par les troupes de la coalition. Âgé de soixante-sept ans, Tarek Aziz est la personnalité de l’ex-régime de Sad- dam Hussein la plus connue à l’étranger, notamment depuis la guerre du Golfe de 1990-1991.

France

Le plan de retraites de F. Fillon

Invité de l’émission politique « 100 minutes pour convaincre » sur la chaîne de télévision France 2, le ministre des Affaires sociales François Fillon précise les orientations retenues par le gouvernement pour « la réforme des retraites la plus importante depuis 1945 » et « la première qui va concerner tous les Fran- çais ». Il annonce que ces derniers, qu’ils soient ou non fonctionnaires, devront travailler près de qua- rante-deux ans en 2020 pour assurer leur retraite à taux plein. Selon le ministre, cette simple mesure rapportera six milliards d’euros au régime général à l’horizon 2020, comblant ainsi environ un tiers du déficit estimé à 15 milliards d’euros. Compte tenu de dépenses supplémentaires d’un milliard d’euros, le gouvernement prévoit de trouver les 10 milliards d’euros restants par « un transfert de cotisation de l’assurance chômage vers les retraites au fur et à mesure que la situation de l’emploi va s’améliorer dans notre pays ». « Une fois qu’on sera dans les déficits, c’est tout le système par répartition qui va exploser. On ne pourra plus le sauver », a expliqué M. Fillon, pour qui « le gou- vernement n’a pas le choix ». En cas de recul, « le dossier est planté au moins pour cinq ans », a-t-il averti. Dans ce contexte, le gouvernement a choisi de maintenir « le plus haut niveau de retraite possible » en jouant sur la seule variable d’ajustement possible, la durée de cotisation, a expliqué le ministre. M. Fillon prévoit toutefois quelques concessions destinées aux syn- dicats qui s’inquiètent du niveau futur des pensions, s’engageant notamment sur un niveau minimum moyen des retraites équivalant aux deux tiers du revenu d’activité et à 75 % pour les smicards.

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France

Plan en faveur des familles

Les partenaires sociaux et les associations familiales sont réunis pour la conférence annuelle de la famille. À cette occasion, Jean-Pierre Raffarin annonce un plan financé par la branche famille de la Sécurité sociale, qui comprend dix mesures nouvelles pour aider les parents de jeunes enfants à mieux concilier vies familiale et professionnelle. Ce plan représente un effort budgétaire supplémentaire de 1,2 milliard d’euros en 2006. Parmi les dix mesures annoncées pour 2004, la création de la Prestation d’accueil du jeune enfant (Paje) constitue la principale innova- tion. Cette allocation unique remplacera à partir du 1er janvier 2004 les cinq aides existantes. Elle devrait permettre à davantage de familles, notamment celles qui ont des revenus moyens, de mieux choi- sir leur mode de garde. Selon le gouvernement, plus de 90 % des parents de jeunes enfants (1,9 million sur 2,1 millions) toucheront l’allocation de base de la Paje, soit 200 000 nouveaux bénéficiaires par rap- port à aujourd’hui. Dans le cadre de la mise en place de la Paje, une prime à la naissance de 800 euros sera versée en une seule fois dès le septième mois de grossesse. Mais elle n’apportera rien de plus aux familles qui touchaient déjà l’Allocation pour jeune enfant (APJE), versée à partir du cinquième mois de grossesse. Autre mesure, un « complément de libre choix d’activité » de 340 euros mensuels sera versé dès le premier enfant aux mères ou aux pères qui prennent un congé parental pour élever leur enfant. L’Allocation parentale d’éducation (APE), auquel ce complément se substitue, n’est proposée aujourd’hui qu’à partir du deuxième enfant. En outre, afin de dé- velopper l’offre de garde, le gouvernement va lancer un « plan crèches » de 200 millions d’euros, qui per- mettra de créer 20 000 places supplémentaires. En effet, les 200 000 places existantes ne couvrent que 10 % des besoins. L’ensemble de ces mesures sera financé pour l’essentiel par l’excédent de la branche famille de la Sécurité sociale, qui atteignait 1,1 mil- liard d’euros en 2002. Le gouvernement compte sur ces mesures pour renforcer le « dynamisme démogra- phique » de la France, qui détient le deuxième taux de natalité d’Europe derrière l’Irlande, mais aussi pour contribuer à relancer la croissance et participer à la résolution du problème de financement des retraites.

Europe

Mini-sommet militaire quadripartite

Les représentants de la France, de l’Allemagne, de la Belgique et du Luxembourg se rencontrent à Bruxelles pour un mini-sommet consacré à la défense de l’Europe. Ils formulent des propositions qu’ils présenteront aux onze autres pays de l’Union européenne et qui seront débattues en juin dans le cadre du sommet européen de Thessalonique. Les downloadModeText.vue.download 45 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

43

Quatre affirment leur « conviction commune » que « l’Europe doit être capable de s’exprimer d’une seule voix et de jouer pleinement son rôle sur la scène interna- tionale ». À cette fin, il faut « donner un nouvel élan à la construction de l’Europe de la sécurité et de la défense ». Ils rappellent les « valeurs » et « idéaux » communs avec les États-Unis et soulignent que « le partenariat transatlantique demeure une priorité stratégique fon- damentale pour l’Europe » et « une condition nécessaire de la sécurité et de la paix mondiale ». Ils estiment que « le moment est venu de franchir une nouvelle étape dans la construction de l’Europe de la sécurité et de la défense fondée sur des capacités militaires européennes renforcées qui contribueront également à donner à l’Alliance atlantique une nouvelle vitalité et ouvriront la voie à une relation transatlantique renouvelée ».

Proche-Orient

Investiture de Mahmoud Abbas

Le Parlement palestinien approuve la composition du gouvernement Abbas. Cette approbation devrait ouvrir la voie à la publication du plan du Quartet (États-Unis, Union européenne, Russie, ONU) pour la paix au Proche-Orient. Peu avant la prestation de serment du Premier ministre palestinien Mahmoud Abbas à Ramallah, un kamikaze se fait exploser place de Tel-Aviv près de l’ambassade américaine, tuant quatre personnes, dont une jeune Française, et fai- sant 55 blessés. Cet attentat-suicide est revendiqué à la fois par le Hamas et par une milice liée au Fatah de Yasser Arafat.

Irak

À la recherche d’un gouvernement

À Bagdad, 300 responsables se réunissent pour ce qui s’apparente à un exercice de démocratie directe. Après sept heures de discussions, les participants s’engagent à mettre sur pied une autorité intérimaire, même si bien des questions demeurent, en particu- lier sur le rôle des États-Unis.

Proche-Orient : Abou Mazen sort de l’ombre

Cadre des premières heures du mouvement national palestinien, Abou Mazen – alias Mahmoud Abbas – s’est très tôt vu confier des responsabilités diplomatiques au sein de l’OLP. Un talent qu’il a développé dans l’ombre de Yasser Arafat et qui lui a valu d’être nommé en mars Premier ministre de l’Autorité palestinienne.

D’une façon assez incompréhensible, lorsque Abou Mazen a accepté le 19 mars de devenir le premier Premier ministre de l’Autorité pales- tinienne, la presse internationale a parlé d’avè- nement au pouvoir d’un inconnu. Peu connu, Abou Mazen l’était certes du grand public, qui ne l’avait jamais vu évoluer sur le devant de la scène. Mais les observateurs qui s’intéressent au conflit israélo-arabe avaient plus d’une fois en- tendu parler de cet homme de l’ombre qui, dès les années 1960, a joué un rôle crucial dans le mouvement national palestinien.

L’emprise du Fatah

Né en 1935 à Safed, au nord de ce qui était alors la Palestine mandataire britannique, le jeune Mahmoud Abbas – qui prendra plus tard le nom de guerre d’Abou Mazen – est contraint à s’exiler en Syrie avec sa famille en 1948, lors de la pre- mière guerre israélo-arabe. Vivant dans la pau- vreté, exerçant dès l’âge de treize ans des petits métiers pour financer ses études, il devient ins- tituteur avant de partir pour Moscou, où il sou- tient une thèse de doctorat d’histoire consacrée au sionisme. Au début des années 1960, Mah- moud Abbas vit au Qatar. Membre des premières heures du Fatah (littéralement « Mouvement de libération de la Palestine »), fondé en 1959 au Koweït par quelques étudiants palestiniens exilés et réunis autour d’un jeune ingénieur nommé Yasser Arafat, il est en charge à la fois du recrutement, de la collecte de fonds et des rela- tions avec les services secrets dans les émirats du Golfe. En 1964, il prend part à la création de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), réunion de divers mouvements palestiniens qui sera rapidement dominée par le Fatah.

Dès la fin des années 1970, il est à la tête du dé- partement des Relations nationales et interna- tionales de l’OLP. À un moment où celle-ci prône officiellement la « lutte armée » comme « seule voie » devant mener à la « libération totale de la Palestine », Abou Mazen croit déjà à la négocia- tion et consacre toute son énergie à un patient travail diplomatique : obtention de la procla- mation du « droit au retour » pour les juifs qui avaient fui le Maroc, le Soudan, l’Irak ou le Yémen depuis 1948, et surtout premiers contacts avec les intellectuels pacifistes israéliens. Cette acti- downloadModeText.vue.download 46 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

44 vité diplomatique, Abou Mazen va la décupler à partir des années 1980. En 1989, il est le principal artisan palestinien des premières rencontres is- raélo-palestiniennes de Tolède, en Espagne, puis il dirige deux ans plus tard les équipes de négo- ciateurs palestiniens à la conférence de Madrid.

Un artisan de la paix

Lorsque celle-ci s’enlise, il entame des pourpar- lers secrets en Norvège, qui débouchent sur les accords de reconnaissance mutuelle signés entre Israël et l’OLP à Oslo en 1993. C’est le début d’un « processus de paix » au sein duquel Abou Mazen joue un rôle très actif, au point d’être de plus en plus souvent cité comme successeur potentiel de Yasser Arafat à la tête de l’Autorité palestinienne. Mais le processus de paix capote et débouche, en septembre 2000, sur l’Intifada al-Aqsa. La répression menée par les gouver- nements israéliens successifs d’Ariel Sharon, la recrudescence des attentats palestiniens contre des civils déclenchent un engrenage de vio- lence dont Yasser Arafat est tenu responsable par Israël et par les États-Unis. Tenu à l’écart par Ariel Sharon et par l’administration américaine, le président palestinien est contraint d’accepter la nomination d’un Premier ministre. Parce qu’il s’était opposé à plusieurs reprises aux débor- dements armés de la seconde Intifada – « une erreur, avait-il dit, nuisant à la cause des Pa- lestiniens » –, Abou Mazen est un candidat for- tement appuyé par le gouvernement américain. Au printemps 2003, Abou Mazen hérite de la lourde tâche de répondre aux aspirations de son peuple – indépendance nationale sur l’intégra- lité des territoires occupés lors de la guerre des Six-Jours en 1967, règlement juste et durable de la question des réfugiés –, tout en devant com- poser avec le gouvernement le plus à droite de l’histoire d’Israël, une administration américaine à nouveau impliquée au Proche-Orient et un Yasser Arafat qui entend garder la plus grande partie possible de son pouvoir. Un conflit entre les deux hommes éclate assez vite. Portant sur le désarmement des milices palestiniennes, et donc sur la possible reprise d’une éventuelle insurrection armée, la querelle se cristallise sur la nomination de Mohammed Dahlan au poste de ministre des Affaires de sécurité.

Car Abou Mazen – qui a repris son vrai nom de Mahmoud Abbas pour ses nouvelles fonctions – a avant tout été nommé pour négocier la paix. À cette fin, la « feuille de route » concoc- tée par un « quartet » composé des États-Unis, de l’Union européenne, de la Russie et de l’ONU, et prévoyant l’avènement d’un État palestinien indépendant à l’horizon 2005, ne sera probable- ment pas un outil vain. De toute façon, le Pre- mier ministre palestinien a toujours considéré que son peuple serait le premier à bénéficier d’une position non violente. « Nous ne devons pas permettre à [Ariel Sharon] de nous ame- ner sur son terrain de prédilection, l’affronte- ment armé », expliquait-il aux cadres du Fatah quelques jours avant son adoubement fin avril par le Conseil national palestinien.

BENJAMIN BIBAS

MOHAMMED DAHLAN

Un des plus vifs différends ayant opposé Mahmoud Abbas à Yasser Arafat a porté sur la nomination, souhaitée par le Pre- mier ministre palestinien, de Mohammed Dahlan au poste de ministre de l’Intérieur. Âgé de quarante-trois ans, celui-ci est un cadre du Fatah – le parti de Yasser Arafat –, devenu en 1994 responsable de la sécu- rité préventive pour la bande de Gaza. À ce poste, il avait montré une réelle détermina- tion à mettre au pas les groupes islamistes radicaux et gagné sa place aux négocia- tions israélo-palestiniennes de Camp Da- vid en juillet 2000, puis de Taba en janvier 2001. Mais, à partir de cette date, il s’était élevé contre le manque de vision politique de Yasser Arafat, qui avait fini par obtenir sa démission. Au terme d’une âpre négo- ciation, Mahmoud Abbas a réussi à impo- ser Mohammed Dahlan comme ministre des Affaires de sécurité, lui-même cumu- lant finalement les fonctions de Premier ministre et de ministre de l’Intérieur. downloadModeText.vue.download 47 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

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Mai

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Espagne

Visite de Jean-Paul II

Le pape Jean-Paul II, qui fêtera ses quatre-vingt-trois ans ce mois, entame la cinquième visite de son pon- tificat en Espagne – la dernière remontait à 1993 –, son premier voyage à l’étranger depuis neuf mois. Il rencontre près de 600 000 jeunes venus le saluer dans la liesse sur la base militaire de Cuatro Vientos, près de Madrid, qu’il appelle à être des « ouvriers et des artisans de paix » et à rejeter « le nationalisme exa- géré, le racisme et l’intolérance ». Le 9, il célèbre une grande messe en plein air dans la capitale devant un million de croyants. Le souverain pontife proclame cinq nouveaux saints, deux prêtres et trois religieuses espagnols ayant vécu au XXe siècle. L’un d’eux, Pedro Poveda Castroverde, a été fusillé en 1936 dans les premiers jours de la guerre civile espagnole. Jean- Paul II exhorte la communauté catholique à retrouver la foi. « La foi chrétienne et catholique constitue l’identité du peuple espagnol », a-t-il dit. « Ne vous détachez pas de vos racines chrétiennes. Ce n’est que de cette façon que vous pourrez faire don au monde et à l’Europe de la richesse culturelle de votre histoire. »

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Espace

Atterrissage mouvementé pour Soyouz La capsule russe Soyouz ramenant les deux astro- nautes américains Donald Pettit et Kenneth Bower- sox et leur collègue russe Nikolaï Boudarine atterrit à plus de 400 km du lieu prévu. La rudesse et l’impré- cision de cet atterrissage n’avaient pas non plus été programmées par les responsables russes et amé- ricains, qui sont restés longtemps sans nouvelles de l’équipage en raison d’une rupture de la liaison radio. La descente du Soyouz ne s’est pas effectuée en pilotage manuel ou automatique mais en mode balistique, qui a révélé un problème de contrôle du vaisseau. Les astronautes américains étaient les premiers à emprunter le vaisseau russe pour revenir sur terre, au lieu de la navette, depuis l’accident de Columbia, le 1er février, désintégrée en rentrant dans l’atmosphère terrestre et tuant les sept membres d’équipage.

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France

Dalil Boubakeur, président du CFCM

Pour la première fois dans l’histoire de la République française, la communauté musulmane de France sera représentée au niveau national au sein du Conseil français du culte musulman (CFCM), qui vient d’élire le recteur de la mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, à la présidence. Fouad Alaoui, secrétaire général de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), et Mohamed Bechari, président de la Fédé- ration nationale des musulmans de France (FNMF), sont élus vice-présidents. Les 200 délégués réunis en son assemblée générale constitutive adoptent les statuts du CFCM, un mois après les élections des 6 et 13 avril, et entérinent la composition de la direction. La FNMF avait remporté 34 % des sièges du conseil d’administration, contre 32 % à l’UOIF et 26 % à la Mosquée de Paris. Le CFCM sera dirigé par un bureau de 16 membres, élus par un conseil d’administration de 60 membres, eux-mêmes désignés lors des élec- tions régionales. Il doit notamment se pencher sur les questions du foulard islamique, de la formation des imams ou de l’organisation de la fête de l’Aïd-el-Kébir.

Algérie

Changement de Premier ministre

Le président Bouteflika limoge son Premier ministre Ali Benflis, qu’il avait nommé en août 2000. De pro- fondes divergences, liées au contrôle du Front de libération nationale (FLN), dans la perspective de l’élection présidentielle de 2004, au règlement de la crise en Kabylie et au programme de privatisation op- posaient les deux hommes. Ali Benflis a fait du PFLN la première formation politique du pays, qui détient la majorité à l’Assemblée populaire nationale, dont il été nommé, lors du VIIIe congrès général du parti en mars dernier, secrétaire général pour cinq ans. Benflis est également pressenti candidat à l’élection prési- dentielle d’avril 2004. Il est remplacé à la tête du gou- vernement algérien par Ahmed Ouyahia, ministre d’État, âgé de cinquante et un ans, qui a exercé la fonction de Premier ministre entre décembre 1995 et décembre 1998. M. Ouyahia est secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), qui fait partie de la coalition gouvernementale sor- tante, dominée par le FLN, qui détient, à lui seul, la downloadModeText.vue.download 48 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

46 majorité absolue à l’Assemblée populaire nationale. Le 9, le nouveau Premier ministre Ahmed Ouyahia annonce la formation de son gouvernement, com- posé de 28 ministres et de 10 ministres délégués. Les principaux postes restent inchangés sauf pour ce qui concerne le ministère des Finances, confié au pro- fesseur Abdelatif Benachenhou, en remplacement de Mohamed Terbeche ; le ministère de l’Éducation nationale revient à Boubekeur Benbouzid et le minis- tère des Sports et de la Jeunesse à Mohamed Allalou, qui succède à Boubekeur Benbouzid.

Colombie

Nouvelles victimes des FARC

Enlevés le 21 avril 2002 alors qu’ils participaient à une marche pour la paix à Caicedo, le gouverneur de Me- dellin, Guillermo Gaviria, son conseiller pour la paix, l’ancien ministre de la Défense, Gilberto Echeverri, et 8 soldats sont assassinés par les FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie, guérilla d’obédience marxiste). Les FARC détiennent, dont certains depuis plus de cinq ans, 23 otages politiques, dont l’ex-can- didate écologiste à l’élection présidentielle, Ingrid Betancourt, 3 Américains, 47 officiers colombiens et 800 civils. La guerre civile qui ensanglante le pays depuis plus de trente-neuf ans a fait 200 000 morts. Environ 3 000 personnes sont également enlevées chaque année par les guérilleros.

6

France

Victoire de François Hollande au Parti socialiste

Après le vote de 99 636 des 129 445 militants (soit une participation qualifiée « d’exceptionnelle » de 76,95 %), la motion présentée par le premier secré- taire du Parti socialiste François Hollande conforte son avance sur ses concurrents pour le congrès de Dijon des 16-18 mai, avec 61,37 % des voix. La mo- tion de François Hollande devance celle de Nouveau Monde d’Henri Emmanuelli et Jean-Luc Mélenchon (16,88 %), celle du Nouveau PS de Vincent Peillon et Arnaud Montebourg (16,33 %), celle du patron de la fédération du Nord Marc Dolez (4,38 %) et celle d’Utopia (1,05 %). Cette large majorité assoit l’autorité de François Hollande, qui compte faire du congrès de Dijon le point de départ de la « reconquête » et du rassemblement de la gauche et lui permet d’envisa- ger d’imposer sa ligne « réformiste de gauche » sans avoir à rechercher une synthèse à tout prix avec ses opposants.

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Irak

Paul Bremer administrateur civil en chef de l’Irak

Le président américain George W. Bush nomme officiellement Paul Bremer administrateur civil pour l’Irak. Âgé de soixante et un ans, fonctionnaire au Dé- partement d’État, spécialiste du contre-terrorisme et protégé de l’ancien secrétaire d’État Henry Kissinger, Paul Bremer, qui remplace à ce poste le général à la retraite Jay Garner, devra superviser les efforts de re- construction entrepris par la coalition et le processus visant à permettre au peuple irakien de construire les institutions et les instances gouvernementales qui, selon la Maison-Blanche, guideront son avenir.

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France

Pollution du Prestige : une indemnisation à 15 %

Le Fipol (Fonds international d’indemnisation pour les dommages dus à la pollution par les hydrocarbures) annonce qu’il ne devrait rembourser les victimes du naufrage du pétrolier Prestige, dans un premier temps, qu’à hauteur de 15 % de l’estimation de leurs dommages. Le 6 février dernier, Mans Jacobsson, administrateur du Fipol, avait estimé à environ 1 mil- liard d’euros le coût total de cette catastrophe. Le Fipol, dont le siège est à Londres, a été créé en 1992 par l’Organisation maritime internationale (OMI) et regroupe 45 États. Il est financé par des contributions demandées à l’industrie pétrolière des pays membres et intervient pour couvrir le montant des dommages non payés par le propriétaire du navire à l’origine de la pollution ou par son assureur. Les autorités des trois pays concernés par les conséquences de la marée noire du Prestige (Espagne, Portugal, France) ainsi que d’autres États membres de l’Union européenne devraient donc financer le reste du remboursement des victimes, maires, pêcheurs, ostréiculteurs, respon- sables du secteur touristique, qui tous dénoncent le manque de moyens et le non-respect du principe pol- lueur-payeur. Le pétrolier Prestige, battant pavillon li- bérien mais immatriculé aux Bahamas, avait sombré le 19 novembre 2002 à 270 km de la côte galicienne, pro- downloadModeText.vue.download 49 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

47 voquant une grave marée noire sur le littoral espagnol, touchant également les côtes portugaise et française. Le 16, le Fipol décide de porter à un milliard d’euros le fonds d’indemnisation des victimes de pollutions, à partir de 2004 seulement. Cette décision n’est pas rétroactive. Il disposait jusqu’à présent d’un montant maximal de 171,5 millions d’euros pour indemniser toutes les victimes d’un sinistre.

États-Unis

Vers une levée des sanctions contre l’Irak

Washington présente devant le Conseil de sécurité de l’Organisation des nations unies un projet de réso- lution visant à la levée de toutes les sanctions impo- sées à l’Irak, sauf en ce qui concerne le volet militaire. Ce projet prévoit notamment la création d’un fonds spécial où seront versés les revenus du pétrole qui serviront de financement à la reconstruction du pays. Les États-Unis en auront la complète gestion pendant un an renouvelable à volonté. De plus, le pourcentage des revenus pétroliers irakiens versés au Fonds de compensation passera de 25 % à 5 %.

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Arabie saoudite

Attentats antiaméricains

Trois attentats-suicides sont perpétrés à Riyad dans trois complexes résidentiels où sont installés des étrangers, quelques heures avant la venue dans la capitale saoudienne du secrétaire d’État américain Colin Powell. Le nombre des victimes, selon les autori- tés saoudiennes, s’élève à 34 morts, dont 9 kamikazes, 7 Américains et un Britannique, et plus de 190 blessés. Le réseau terroriste al-Qaida revendique implicite- ment les attentats-suicides dans un message électro- nique adressé à l’hebdomadaire saoudien Al-Majallah. Le 18, le ministre saoudien de l’Intérieur annonce que quatre personnes semblant liées à al-Qaida sont arrê- tées dans l’enquête sur la série d’attentats-suicides.

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France Accord CFDT-CGC-gouvernement sur les retraites

Les négociations entre les représentants du gou- vernement – les ministres François Fillon (Affaires sociales) et Jean-Paul Delevoye (Fonction publique) – et les partenaires sociaux – CFDT et CGC – concluent un accord sur les retraites, qui constitue « un compro- mis acceptable ». La CFTC, la CGT, FO, la FSU et l’UNSA appellent à la poursuite du mouvement. Face à la contestation grandissante de son projet, depuis plu- sieurs semaines, le gouvernement a rempli une par- tie de son objectif : rompre l’unité syndicale contre la réforme des retraites. Il assure qu’il « est allé au bout des possibilités qui lui étaient ouvertes dans le cadre des équilibres financiers nécessaires pour assurer l’avenir des retraites ». De son côté, le Premier ministre Jean- Pierre Raffarin fait « appel à toutes les minorités qui au- jourd’hui ne respectent pas les pratiques républicaines à ne pas se mettre en faute vis-à-vis des usagers des ser- vices publics ». Le climat social est en effet loin d’être apaisé par cet accord minoritaire, signé des syndicats faiblement implantés dans le secteur public.

Argentine

Victoire de Nestor Kirchner

L’ex-président, Carlos Menem, âgé de soixante-seize ans, annonce son retrait du second tour de l’élec- tion présidentielle. La Commission électorale annule donc le scrutin et son rival Nestor Carlos Kirchner, qui n’avait obtenu que 22 % des suffrages lors du pre- mier tour, est déclaré président de la République. Nestor Kirchner, âgé de cinquante-trois ans, avocat et gouverneur de la province de Santa Cruz, en Patago- nie, du Parti justicialiste (péroniste comme son rival Carlos Menem), entame immédiatement des consul- tations en vue de former un gouvernement d’ici à dix jours. Il sera investi le 25 mai prochain pour un mandat de cinq ans.

Nestor Kirchner prend les rênes de l’Argentine

L’Argentine s’est dotée d’un nouveau pré- sident en la personne de Nestor Kirchner. Mais sa victoire, consécutive à l’abandon de son adversaire, l’ex-président Carlos Menem, n’est pas sans poser la question de la gouvernabilité de l’Argentine.

L’arrivée d’un chef de l’État issu des urnes a mis un terme à une parenthèse institution- nelle de dix-sept mois. On se souvient que son prédécesseur, Eduardo Duhalde, n’avait pas été downloadModeText.vue.download 50 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

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élu, mais désigné par le Congrès le 1er janvier 2002 dans une Argentine au bord du chaos.

Gouverneur de la province de Santa Cruz, le pé- roniste de centre gauche Nestor Kirchner a été proclamé président de la République argentine le 25 mai pour un mandat de quatre ans. Son ad- versaire néolibéral, l’ex-président péroniste Car- los Menem, a choisi en effet de renoncer à pour- suivre plus avant eu égard à la défaite annoncée par tous les sondages. Son retrait de la course à la présidence a donc rendu inutile le second tour de l’élection présidentielle prévu pour le 18 mai. L’annulation légale du second tour aura toute- fois privé M. Kirchner d’un triomphe promis par les enquêtes d’opinion et terni d’emblée son autorité et sa présidence, à laquelle ne sera asso- cié que son résultat de 22 % obtenu au premier tour. Dans ces conditions, le retour au suffrage universel n’a guère paru de nature à garantir la gouvernabilité de la troisième puissance latino- américaine, toujours en proie à une grave crise économique et sociale. Pour le second tour an- nulé, la plupart des sondages annonçaient, en moyenne, 70 % des suffrages pour Nestor Kirch- ner contre 30 % à l’ex-président Carlos Menem. La renonciation de Carlos Menem signifie aussi le triomphe absolu des sondages. En prédisant la défaite de Carlos Menem au second tour, ils l’ont incité au retrait. Les sondages auraient donc été l’un des facteurs décisifs de l’accession d’un can- didat – Nestor Kirchner – à la présidence d’un pays démocratique.

Se positionnant au centre gauche, Nestor Kirch- ner s’est élevé contre les groupes économiques qui ont « dévasté et extorqué » l’Argentine. Il a promis qu’il n’en serait pas la « proie ». Dans son discours de politique générale, M. Kirchner a affirmé le rôle central de l’État dans le déve- loppement économique, notamment par la mise en oeuvre d’un programme de grands travaux. Il a également promis une lutte « implacable » contre la corruption et s’est prononcé pour un renforcement du Mercosur, le marché commun régional. De son côté, le patronat a adopté une posture attentiste, non sans souligner que le nouveau président devait ressembler le plus possible au chef de l’État brésilien Lula et le moins possible à Hugo Chavez, le président populiste procubain du Venezuela. Plus large- ment, l’arrivée de M. Kirchner a été reçue avec optimisme dans un pays qui a vécu l’an dernier la pire crise de son histoire. Selon un sondage diffusé par le quotidien Clarin, le gouvernement

Kirchner suscite « l’espérance » chez 45,5 % des Argentins et « des attentes de change- ment » chez 15,5 %. Le même sondage montre que M. Kirchner et son très respecté ministre de l’Économie, Roberto Lavagna, figurent parmi les rares dirigeants jouissant d’une image positive au sein de l’opinion.

Asseoir son pouvoir politique

Arrivée au pouvoir dans un contexte inédit – et elle en a conscience –, la nouvelle administra- tion argentine du président Nestor Kirchner s’est engagée sur un chemin de construction politique peu orthodoxe si l’on s’en tient aux cri- tères argentins. Au point que nul ne peut antici- per le résultat de cette expérience, appuyée sur un caudillisme administratif dont la légitimité serait liée au succès de la gestion. Si, depuis des décennies, la gouvernabilité en Argentine – comme c’est le cas dans presque tous les pays « normaux » – s’est construite par le biais du parti politique qui obtenait les votes nécessaires et par les appuis obtenus – grâce au parti – parmi les législateurs et les gouverneurs, Nestor Kirch- ner, lui, s’est contenté de l’écharpe et du bâton présidentiels pour se sentir chef d’État et agir en tant que tel. Beaucoup espéraient qu’il en ap- pelle à un gouvernement d’unité nationale, ou que son cabinet reflète une alliance parlemen- taire et régionale. D’autres candidats auraient probablement procédé plus ou moins de cette dernière manière s’ils avaient gagné les élec- tions. À l’inverse, le président Kirchner a choisi de former un gouvernement de collaborateurs intimes, de ministres hérités de l’administration de transition et de fonctionnaires sans attaches partisanes trop visibles. De fait, très peu d’entre eux pouvaient se prévaloir d’un poids politique avant l’élection présidentielle. Le gouvernement de Nestor Kirchner a donc commencé à diriger le pays sans afficher cette faiblesse originelle. Très vite le nouveau président s’est employé à envoyer un message fort en direction de ceux qui pouvaient douter de sa volonté de s’attaquer aux maux dont souffre l’Argentine – et dont la corruption n’est pas le moindre. Ainsi, M. Kirch- ner a assurément consolidé son pouvoir en obte- nant le départ du président de la Cour suprême, Julio Nazareno, symbole de la corruption effré- née des années 1990. M. Nazareno, qui était sous le coup d’une procédure de destitution par le Parlement, a en effet présenté sa démission. Dé- but juin, M. Kirchner s’en est pris avec virulence à downloadModeText.vue.download 51 sur 370 CHRONOLOGIES ET ANALYSES

49 la Cour suprême, et en particulier à M. Nazareno, l’accusant d’avoir « pris en otage la gouver- nance du pays » et d’exercer des « pressions » sur son gouvernement. Rappelons que M. Naza- reno est un proche de l’ancien président Carlos Menem. Dans le même ordre d’idée, M. Kirchner a décidé d’ouvrir les archives des services secrets sur l’attentat contre la mutuelle juive AMIA, qui avait fait 85 morts et 300 blessés en 1994 à Bue- nos Aires. « Pour la première fois, un gouver- nement argentin a décidé que l’affaire AMIA était une affaire d’État », s’est félicité le prési- dent du centre juif, Abraham Kaul. Pour le repré- sentant de la communauté juive argentine, qui compte près de 300 000 membres, « c’est l’une des plus importantes nouvelles » depuis l’at- tentat, attribué à l’époque à l’organisation ter- roriste Hezbollah. Une vingtaine de personnes – dont des ex-policiers – avaient été inculpées.

Handicapé par une légitimité réduite par un pro- cessus électoral tronqué, le président Kirchner a tout d’abord choisi de renforcer son assise sur le plan politique.

PHILIPPE DE LA RESLE

 REDOLLARISATION  OU  PESIFICATION 

La Cour suprême d’Argentine a déclaré in- constitutionnelle, pour atteinte au droit de propriété, la « pesification » forcée d’avoirs à terme en dollars, ces derniers ayant été transformés par décret gouvernemental en pesos en janvier 2002. La sentence ne fait droit qu’à la demande d’un seul plaignant, la province de San Luis. Mais la jurispru- dence ainsi créée pourrait donner raison aussi à plus de 100 000 épargnants qui ont saisi la justice contre la « pesification » de leurs dollars.

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Maroc

Attentats islamistes

Cinq attentats sont perpétrés à Casablanca contre des intérêts étrangers et israélites, qui font 41 morts (dont 13 kamikazes) et une centaine de blessés. La totalité des 14 kamikazes qui ont participé à ces attentats seraient de nationalité marocaine et liés à un groupe islamiste interdit, Assirat Al Moustaqim (le Droit chemin), qui aurait des liens « avec un réseau terroriste international » dont plusieurs membres ont été arrêtés ces derniers mois et certains, condamnés pour meurtres. La plupart des kamikazes identifiés, âgés de vingt à vingt-quatre ans, sont originaires du quartier populaire de Sidi Moumen à Casablan- ca, considéré comme un des fiefs des militants des groupes islamistes salafistes marocains. Parmi les groupes salafistes suspectés figurent prioritairement Salafiya Jihadia (le Salafisme combattant) et Attakfir wal Hijra (Excommunication et retranchement), dont les services de sécurité marocains estiment qu’ils ont des « liens opérationnels » avec l’organisation al-Qaida. Les mesures de sécurité ont été renforcées dans tout le pays, notamment à la sortie des grandes villes et dans les aéroports. Une trentaine de personnes ont été arrêtées dans le cadre de cette enquête. Dimanche soir, des milliers d’islamistes ont manifesté devant le parlement de Rabat pour dire « non au terrorisme ».

Attentats terroristes au Maroc

Épargné jusqu’alors par le terrorisme inter- national, le royaume du Maroc a été frappé de plein fouet, dans la nuit du vendredi 16 au samedi 17 mai, à Casablanca, où une série de cinq attentats ont fait 41 morts et une centaine de blessés.

Les attaques à la bombe et à la voiture piégée ont frappé pour l’essentiel des restaurants, un hôtel, mais aussi un centre culturel juif et le consulat de Belgique de la ville. Une dizaine de kamikazes ont trouvé la mort et trois suspects, tous de nationalité marocaine, ont été arrêtés par la police. Les attentats se sont produits alors que les Marocains vivaient, depuis une semaine, au rythme des festivités organisées à l’occasion de la naissance, le 8 mai, du prince héritier Mou- lay Al-Hassan, premier fils du roi Mohammed VI. Interrogé sur un éventuel rapport entre les atten- tats de Casablanca et ceux de Riyad (Arabie saou- dite) qui avaient fait 34 morts le 12 mai, selon un bilan saoudien, Moustapha Sahel, le ministre de l’Intérieur, a souligné « la concomitance et la similitude du mode opératoire » entre ces deux séries d’actions. Le ministre a également affirmé que le but visé par les terroristes était de porter atteinte au processus démocratique au Maroc et à son « pluralisme » politique. « Le Maroc downloadModeText.vue.download 52 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

50 ne se laissera pas intimider par ceux qui ont choisi de tuer des innocents », a-t-il ajouté.

Lutter contre « l’obscurantisme »

Le 25 mai, musulmans, juifs, Arabes, Berbères, chrétiens, toutes les communautés marocaines se sont réunies à Casablanca lors d’une mani- festation rassemblant plusieurs dizaines de milliers de personnes contre le terrorisme. Une manifestation dont les islamistes modérés ont été les grands absents forcés, car accusés par certaines associations d’avoir créé un climat propice à la violence. Ainsi, le parti islamiste Justice et Développement (PJD, opposition) a dû renoncer.

Dans un discours diffusé à la radio et à la télé- vision le 29 mai, Mohammed VI a déclaré que « l’heure de la vérité avait sonné » pour ceux qui « exploitent la démocratie pour porter atteinte à l’autorité de l’État ». Le roi du Maroc a annoncé « la fin de l’ère du laxisme ». Sans les identifier, le souverain a pris à partie « cer- tains milieux » qui auraient fait « un mauvais usage de la liberté d’opinion » en se canton- nant dans une « opposition systématique aux orientations des pouvoirs publics ». Il a ajouté qu’il ferait tout ce qui est en son pouvoir pour lutter contre « l’obscurantisme », sans faire dévier le Maroc de sa marche « vers la démo- cratie et la modernité ». Les effets du discours du roi n’ont pas tardé à se faire sentir. Ainsi, le préfet de police de Casablanca a été remplacé par un militaire, un colonel des compagnies mobiles d’intervention (CMI), l’équivalent des CRS français. Le Parlement a adopté une loi antiterroriste qui renforce la marge de ma- noeuvre des forces de sécurité. La Chambre des représentants l’avait adoptée à la quasi-unani- mité quelques jours auparavant. De son côté, la Chambre des conseillers (Sénat) a suivi, avec 89 voix pour et 7 abstentions. Le texte a suscité la critique d’une partie de la société civile, qui le juge liberticide.

Une guerre sans merci contre le terrorisme

Le premier procès lié aux attentats terroristes du 16 mai et qui voyait comparaître 52 membres présumés du groupe intégriste marocain Sala- fia Jihadia a finalement été ajourné le 21 juillet, peu après son ouverture à Casablanca. La cour a accédé à la requête de la défense, qui réclamait un report pour pouvoir préparer ses plaidoiries. Les inculpés sont poursuivis pour « constitu- tion d’une association criminelle, atteinte à la sécurité intérieure de l’État, sabotage, homi- cide volontaire, dommage intentionnel cau- sant blessures et invalidité permanente ». Répartis en deux groupes, l’un étant directe- ment impliqué dans les attentats, l’autre ayant planifié des attaques similaires dans des villes telles que Marrakech, Agadir et Essaouira, les prévenus devront être jugés au fur et à mesure par les tribunaux de Casablanca, Rabat, Kenitra et Tanger, sur la base de la nouvelle loi anti- terroriste. Depuis les sanglantes attaques du 16 mai, les autorités marocaines ont donc choisi de déclarer une guerre sans merci à l’intégrisme islamiste. Le 12 juillet, la chambre criminelle de Casablanca a condamné à mort dix membres présumés de la Salafia, huit à la prison à per- pétuité et treize autres à des peines de prison allant d’un an à vingt ans. Sept autres Maro- cains ont été condamnés séparément, les 12 et 18 juillet, à dix ans de prison ferme pour appar- tenance à une « bande criminelle et atteinte à la sécurité de l’État ». À ceux qui seraient tentés de douter de la détermination des auto- rités marocaines à éradiquer le terrorisme, le ministre de la justice, Mohammed Bouzoubaa, a déclaré que plus de 700 personnes faisaient l’objet, au Maroc, de procédures judiciaires pour implication directe ou indirecte dans les attentats de Casablanca.

Un climat peu propice à la croissance

Les attentats de Casablanca ont mis à mal les prévisions économiques du royaume. Jusqu’au drame, les experts tablaient sur une croissance supérieure à 6 % pour 2003, grâce à des condi- tions climatiques idéales. Mais, au lendemain des attentats, les autorités marocaines envisa- geaient une croissance deux fois moindre. Il est vrai que les secteurs du tourisme, de l’artisanat et des transports supportent en premier les conséquences de l’insécurité. On sait aussi que l’impact psychologique sur le moral des inves- tisseurs a des effets dévastateurs sur le fonc- tionnement de l’économie. Les terroristes ont frappé à un moment où l’économie du royaume paraissait connaître de réelles difficultés. Trente ans après avoir lancé un ambitieux programme de développement industriel, les autorités ma- rocaines ont dû constater son échec. L’absence d’un marché intérieur suffisamment vaste pour downloadModeText.vue.download 53 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

51 que s’y développe une industrie moderne et compétitive aura sonné les espoirs du gouver- nement. Plus largement, la croissance écono- mique demeure en deçà de la croissance démo- graphique, au point que de nombreux experts estiment que la pauvreté regagne du terrain. Les autorités marocaines ont d’ailleurs pu véri- fier que ces attentats avaient un impact négatif sur la croissance.

GEORGES DE L’ENFERNAT

UNE LOI CONTRE LE TERRORISME

Parmi les principales mesures appelées à figurer dans le Code pénal et destinées à lutter contre le terrorisme – dont la défi- nition reste vague –, on retiendra plus particulièrement l’extension du délai de la garde à vue portée à douze jours (quatre jours renouvelables trois fois) : la possibilité de perquisitionner à toute heure du jour et de la nuit donnée à la police : celle d’intercepter plus facile- ment qu’auparavant le courrier et les conversations téléphoniques, de violer le secret bancaire : le renforcement des peines encourues.

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France

Congrès du PS et victoire de François

Hollande

Lors du Congrès du PS à Dijon, qui doit fixer la ligne politique du parti et renouveler ses instances diri- geantes pour les trois prochaines années, François Hollande, candidat à sa propre succession, reste premier secrétaire. Il présente la nouvelle direction du PS lors de la réunion du Conseil national, le « par- lement » socialiste désigné à la proportionnelle des résultats obtenus par les motions. Laurent Fabius reste numéro deux, François Rebsamen est numéro trois, et les députés Annick Lepetit et Julien Dray deviennent les nouveaux porte-parole. Pierre Mosco- vici s’occupera des questions internationales, Claude Bartolone de la communication, Marie-Noëlle Liene- mann des entreprises et Catherine Trautmann d’éco- nomie. Le président de SOS Racisme Malek Boutih prend en charge les « questions de société ».

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Algérie

Séisme meurtrier

Un tremblement de terre, d’une magnitude de 6,8 sur l’échelle ouverte de Richter, frappe la région d’Al- ger et de Boumerdès (50 km à l’est d’Alger), faisant au moins 2 200 morts et 5 000 blessés. Il a provoqué un grand mouvement de panique, jetant dans les rues des habitants surpris à l’heure du dîner. L’épicentre de la secousse, qui a eu lieu à 19 h 44, heure locale, a été signalé à 7 km au nord de la ville de Zemmouri, dans l’Est algérois. Il s’agit du séisme le plus fort enregistré dans le pays depuis celui d’une magnitude de 7,7 qui avait fait 5 000 morts à El-Asnam (rebaptisée Chlef à la suite de cette catastrophe), à quelque 160 km à l’ouest d’Alger, en 1980. Le gouvernement algérien annonce qu’il va débloquer 100 milliards au profit des victimes du séisme et ordonne la création d’une commission d’enquête pour déterminer la respon- sabilité des promoteurs immobiliers, accusés par la presse algérienne d’être en grande partie coupables d’avoir construit des villas et des immeubles sans se soucier aucunement des normes techniques.

Tremblement de colère en Algérie

Le séisme particulièrement meurtrier survenu en mai dans l’Est algérois est-il un séisme de trop ? Si la question avait un sens, les réactions de désespoir mêlé de révolte d’une population lassée de recourir aux arguments de la fatalité inciteraient à y répondre par l’affirmative.

La terre algérienne a souvent tremblé, ces der- nières années. Mêlées à celles des violences islamistes qui continuent d’ensanglanter le pays, les images de destructions, de désolation et de colère produites par les séismes récurrents ont fini par se banaliser. Le tremblement de terre qui a dévasté la région située à l’est d’Alger, le 21 mai, est toutefois d’une ampleur exceptionnelle. Près d’un demi-siècle après le séisme catastrophique d’Orléansville, demeuré dans toutes les mé- moires, la catastrophe s’est rapidement avérée downloadModeText.vue.download 54 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

52 la plus destructrice et la plus meurtrière depuis la secousse qui avait rasé El-Asnam en octobre 1980. La magnitude du séisme a atteint 6,7 sur l’échelle de Richter au plus fort de la secousse, dont la force tenait à la faible profondeur : une dizaine de kilomètres de la surface seulement. L’épicentre du séisme a été localisé au niveau de la ville de Thenia, à 70 km à l’est de la capitale, mais sa violence a été ressentie d’Alger à la Kaby- lie et jusqu’à la côte espagnole.

« Une véritable catastrophe » Du quartier algérois de Bab el-Oued à la capitale de la Kabylie, Tizi-Ouzou, en passant par toutes les bourgades de ce littoral très peuplé – Bou- merdès, Zemmouri, Rouiba –, les immeubles se sont effondrés comme des châteaux de cartes, engloutissant des familles entières sous les dé- combres à l’heure du dîner – beaucoup étaient rentrés pour regarder la retransmission télévisée d’une compétition sportive. « J’étais au balcon, je regardais vers le centre d’Alger lorsque j’ai vu comme un énorme nuage de poussière. J’ai été pris de vertige, puis l’immeuble a com- mencé à aller d’avant en arrière comme une balançoire, puis tous mes meubles sont tom- bés, le lustre du salon est sorti par la fenêtre », racontera Lounis, habitant de la banlieue de la capitale. De nombreuses victimes se sont trou- vées piégées dans des escaliers vacillants plon- gés dans le noir par les coupures d’électricité. Les survivants se sont rués dehors par dizaines de milliers, errant dans les rues, campant dans les jardins publics ou les écoles, fouillant à mains nues les décombres à la recherche de parents ensevelis, tremblant à chacune des répliques qui ont secoué la région jusqu’au lendemain. Après une nuit de recherche à la lueur des torches dans les amas de béton et de ferraille, les cadavres s’entassaient déjà par centaines dans les salles publiques des villes martyres, transformées en morgues. Le bilan s’établirait un mois plus tard à 2 300 morts et autant de disparus. Au matin du 22 mai, le tout nouveau Premier ministre, Ahmed Ouyahia, déclarait : « Nous sommes en train de gérer une véritable catastrophe. »

« Habitués à l’exceptionnel »

Les secours se sont organisés avec l’aide de nombreux pays étrangers qui ont dépêché des équipes de sauveteurs et envoyé des vivres, des médicaments, des couvertures. Le président Ab- delaziz Bouteflika, qui s’était aussitôt rendu sur les lieux du drame, a décrété un deuil national de trois jours. Toutefois, à côté des messages de recherche diffusés à longueur de journée par la radio nationale ont commencé à apparaître des témoignages de colère dénonçant la mauvaise qualité des constructions, la lenteur des secours ou, plus généralement, l’incurie du gouverne- ment. Sous ces expressions de révolte perçait le désespoir d’une population depuis trop long- temps victime d’une histoire et d’une nature violentes. « Depuis le séisme d’El-Asnam en 1980 jusqu’à la tragédie de Bab el-Oued en 2001, en passant par la vague d’attentats terroristes des années 1990, nous sommes presque habitués à l’exceptionnel », témoi- gnait ainsi un médecin de l’hôpital Mustapha d’Alger. Mais ces critiques de la population reflé- taient également une réalité très concrète. L’ur- banisation, tout d’abord. En Algérie, l’explosion urbaine a coïncidé, dans les années 1980, avec un passage sans transition à l’économie libérale. Le formidable essor de la construction durant ces années a obéi à des lois qui n’étaient pas celles de l’urbanisme et de l’architecture, mais plutôt de la spéculation et du profit maximal. Des habitations ne respectant aucune norme se sont ainsi élevées sur des terrains mal viabi- lisés, dans la plus totale anarchie, en l’absence de contrôle de l’État. Les secours, ensuite. L’arri- vée des sauveteurs venus de l’étranger a souvent précédé celle des services nationaux. L’essentiel des fouilles a été effectué par des volontaires dotés de maigres moyens.

Le 24 mai, le président Bouteflika, qui se rendait à Boumerdès, a été accueilli à coups de pierres et de slogans tels que « Pouvoir assassin ! ». La télévision n’en a rien montré. En réponse, le gouvernement algérien a promis d’ouvrir une enquête et d’accélérer l’acheminement de l’aide aux sinistrés. Et les bulldozers de l’armée sont venus remplacer les mains nues des sauveteurs, signe ô combien symbolique qu’il n’y avait plus aucun espoir de retrouver trace de vie.

CHRISTOPHE LANCELIN

LES PRÉCÉDENTS

Aux confins des plaques européenne et africaine, la côte algérienne constitue une zone d’activité sismique particuliè- rement sensible. L’histoire récente des séismes meurtriers, en Algérie, remonte à 1715. Cette année-là, 20 000 personnes pé- downloadModeText.vue.download 55 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

53 rissent dans la destruction de la capitale. En septembre 1954, Orléansville, entre Al- ger et Oran, est rasée par deux secousses espacées d’une semaine : 1 400 personnes trouvent la mort. Le sort va s’acharner contre la ville, reconstruite et rebaptisée El-Asnam : en octobre 1980, un séisme la frappe à nouveau, faisant 3 000 morts. En octobre 1989, c’est la région de Tipaza, à l’ouest d’Alger, qui est victime d’une secousse tellurique à l’origine d’une tren- taine de morts. Dans l’Ouest, Mascara est frappée en août 1994 – 172 morts – et Aïn Témouchent en décembre 1999 – 28 morts. Dans l’Est, Sétif en 1963 et 1975 ainsi que Constantine en 1985 ont aussi été le théâtre de séismes meurtriers. Enfin, en novembre 2001, Bab el-Oued a été dévasté par des coulées de boue consécutives non pas à un séisme, mais à de violentes pluies, qui ont fait près de mille morts.

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ONU

« Oui » français à la résolution sur l’Irak Le Conseil de sécurité des Nations unies adopte la résolution américano-britannique sur la levée des sanctions en Irak, à l’exception de la Syrie, seul pays arabe à y siéger, qui a boycotté les débats. La France, l’Allemagne et la Russie, les principaux opposants à la guerre en Irak, avaient annoncé qu’ils soutien- draient cette résolution. « Nous avons décidé [...] de voter pour cette résolution et de travailler à la recherche d’un consensus au sein du Conseil de sécurité » des Nations unies, avait déclaré le ministre français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, lors d’une conférence de presse à Paris au côté de ses homo- logues allemand et russe, Joschka Fischer et Igor Ivanov. Dominique de Villepin a par ailleurs estimé que l’adoption de cette résolution permettrait de « faire face à l’urgence, aux difficultés, aux incertitudes qui règnent aujourd’hui en Irak » sans pour autant « légitimer » l’intervention américano-britannique. Les trois chefs de la diplomatie ont salué dans une déclaration commune la volonté d’« ouverture et de travail en commun » des États-Unis, de la Grande-Bre- tagne et de l’Espagne et se sont félicités de ce que le projet ait pris en compte leurs préoccupations concernant notamment le rôle des Nations unies, qui seront « étroitement impliquées dans le processus poli- tique ». Le 23, le Conseil de sécurité de l’ONU vote la levée des sanctions internationales imposées à l’Irak depuis treize ans, à l’exception de celles concernant les armes, et octroie parallèlement aux forces d’occu- pation américano-britanniques un large contrôle de l’économie et de l’avenir politique du pays.

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Cinéma

Mort de Jean Yanne

Le comédien décède d’une crise cardiaque, à deux mois de son 70e anniversaire, dans l’ambulance qui le transportait au CHU de Reims. Producteur, écrivain, auteur compositeur, chanteur, humoriste, il restera comme l’acteur de Que la bête meure (1969) et le Bou- cher (1970), sous la direction de Claude Chabrol, et de Nous ne vieillirons pas ensemble de Maurice Pialat, qui lui vaut en 1972 le prix d’interprétation à Cannes, et comme le réalisateur de comédies satiriques – Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil (1972), les Chinois à Paris (1974), Chobizenesse et Liberté, égalité choucroute (1975).

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France

Manifestation contre le projet sur les retraites

La manifestation nationale pour la défense des retraites réunit 600 000 personnes à Paris – 300 000 selon la police. Malgré cette mobilisation massive, le ministre des Affaires sociales François Fillon oppose une nouvelle fin de non-recevoir aux syndicats en refusant toute renégociation de la réforme des re- traites. Il observe que les manifestants provenaient « pour l’essentiel » du secteur public. Selon lui, « c’est le secteur public qui ne veut pas de l’harmonisation entre le public et le privé. Et ça, c’est une revendication que nous ne pouvons pas accepter. »

Proche-Orient

Sharon accepte la « feuille de route »

Le gouvernement israélien approuve la « feuille de route » prévoyant la création d’un État palestinien d’ici à 2005. C’est la première fois qu’Israël approuve formellement l’idée de voir instaurer à terme un État arabe en Cisjordanie et à Gaza. Le Premier ministre Ariel Sharon a souligné que la « feuille de route » downloadModeText.vue.download 56 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

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était à ses yeux un « moindre mal », en réponse aux critiques de l’aile la plus nationaliste de son gouver- nement. Élaborée par les États-Unis, l’ONU, la Russie et l’Union européenne, la « feuille de route », qui a été remise officiellement aux protagonistes le 30 avril et que les Palestiniens ont déjà acceptée sans condi- tions, prévoit l’arrêt total des violences de l’Intifada, le gel de la colonisation israélienne des territoires occu- pés et la création d’un État palestinien d’ici à 2005.

Cinéma

La palme d’or à Gus Van Sant

Le jury du 56e Festival de Cannes présidé par Patrice Chéreau attribue deux prix prestigieux à Elephant de l’Américain Gus Van Sant, son dixième film : la palme d’or et le prix de la mise en scène. Interprété par des acteurs non professionnels, pour la plupart ado- lescents, Elephant est une fiction inspirée des actes de violence dans les lycées américains, notamment le drame qui s’est produit dans le lycée Columbine en 1999. Lointain (Uzak) du Turc Nuri Bilge Ceylan et les Invasions barbares du Canadien Denys Arcand obtiennent deux récompenses : prix d’interprétation masculine (Mehmet Emin Toprak et Muzaffer Ozde- mir) et Grand Prix (hiérarchiquement au deuxième rang du palmarès) pour le premier, prix d’interpréta- tion féminine (Marie-Josée Croze) et prix du scénario pour le second. À cinq heures de l’après-midi de l’Ira- nienne Samira Makhmalbaf obtient le prix du jury. Malgré une présence massive, les films français (cinq sur les 20 proposés en compétition) sont absents du palmarès.

Un printemps social agité sur fond de réforme des retraites

Mise en chantier dès la rentrée 2002 et lancée par Jacques Chirac le 6 janvier, la réforme du système des retraites donne lieu à un long bras de fer entre le gouvernement et les syndicats, qui en ressortent divisés.

Malgré six semaines d’un mouvement social sans précédent depuis 1995, le projet de loi est approuvé en Conseil des ministres le 28 mai et soumis le 10 juin à l’Assemblée, où l’opposi- tion prend le relais des syndicats pour batailler contre un texte que le gouvernement veut faire entériner avant les vacances parlementaires.

L’esprit de mai

La France a commémoré le 21 avril le premier anniversaire du traumatisme électoral qu’avait constitué au premier tour des présidentielles le score de Jean-Marie Le Pen qui, en éliminant Lionel Jospin, avait été promu rival du président sortant Jacques Chirac, grand vainqueur d’un se- cond tour aux allures de plébiscite le 5 mai. Mais, un an après, l’« esprit de mai » qui avait, dit-on, présidé à cette victoire d’un front républicain incarné par M. Chirac a fait long feu, emporté par les tensions sociales provoquées par une ré- forme du système des retraites que les syndicats et une partie de l’opinion percevront comme un fait accompli. Encouragé par l’aphasie d’une gauche encore sonnée par la double épreuve des présidentielles et des législatives, ce consen- sus mou avait survécu à une rentrée politique et sociale éclipsée par une actualité internationale brûlante dominée par les perspectives de guerre en Irak. La politique étrangère audacieuse de la France, qui a su tenir tête aux États-Unis dans un long et inégal bras de fer diplomatique, vaudra à M. Chirac un taux de popularité sans précédent dans une opinion publique réunie, par-delà les clivages politiques, dans un refus unanime de la guerre. Mais la vie politique nationale retrouvera ses droits avant même que la prise de Bagdad par les Américains le 10 avril n’annonce une accalmie dans le dossier irakien, faisant voler en éclats ce consensus.

Essoufflement

Le mouvement de protestation contre les réformes engagées sur le terrain social par le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin prendra d’autant plus d’ampleur que la colère syndicale avait été contenue et maintenue sous pression, pour exploser en un printemps social réveillant à droite le souvenir obsédant du mouvement de 1995 qui avait fait reculer Alain Juppé, alors Premier ministre. Mais, cette fois, pour le chef du gouvernement et au-delà pour le chef de l’État, il n’est pas question de transiger sur la réforme annoncée des retraites, inscrite dès janvier 2002 dans le programme électoral de l’Union en mouvement (UEM, future UMP) sous l’égide de François Fillon devenu ministre des Affaires sociales et auteur du projet de loi afférent qui s’imposera à la rentrée 2002 comme le chantier majeur de Matignon. Il y va de la crédibilité du gouvernement et de J. Chirac lui-même, qui a lancé le 6 janvier une réforme qualifiée de downloadModeText.vue.download 57 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

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« juste » et de « nécessaire », voire vitale pour la France, à la traîne de la plupart de ses par- tenaires européens sur le dossier des retraites. Au même moment, 7 syndicats emmenés par le tandem CGT-CFDT présentent un front uni pour annoncer une journée d’action le 1er février, sans toutefois contester la nécessité d’enga- ger une réforme des retraites pour laquelle ils entendent réaffirmer le respect du principe de répartition, contre une tendance générale à la capitalisation. Commence une longue épreuve de force entre le gouvernement de M. Raffarin, qui dessinait les contours du projet de loi en lançant le débat sur les retraites le 3 février, et des syndicats décidés à sauvegarder les acquis du système, tout en négociant les termes d’une indispensable réforme.

Mais la détermination affichée par le gouverne- ment, bien décidé à procéder à un alignement du public sur le privé, assorti d’un allongement du temps de cotisation et, à terme, d’une aug- mentation du montant des cotisations, laisse peu de place à la négociation, que M. Fillon n’engage que le 14 mai, au lendemain d’une journée de mobilisation sans précédent qui a rassemblé près de 2 millions de personnes à travers la France. Depuis les manifestations du 3 avril et du 1er mai, le mouvement, auquel se sont ralliés les enseignants mobilisés contre le projet de loi de décentralisation, radicalisant les grèves de la fonction publique qui para- lysent le pays, a pris une ampleur nationale. Pourtant M. Raffarin refuse de céder aux pres- sions de la rue, qui « ne gouverne pas », pré- cisera-t-il, misant sur l’essoufflement du mou- vement, d’autant que les négociations tardives et infructueuses avec les syndicats ont ouvert une brèche dans leur front unitaire, avec « le compromis acceptable » scellé entre M. Fillon et le dirigeant de la CFDT, François Chérèque. Le calcul se révélera exact : après la grande manifestation du 25 mai, le mouvement, mené par la CGT et FO, marque un repli visible lors de la journée de grèves et de manifestations du 3 juin, qui en sera le chant du cygne. La lassitude l’a emporté chez les grévistes, moins nombreux, sauf dans l’éducation, les transports et La Poste, à suivre un mouvement boudé par le privé. Quant aux enseignants, M. Sarkozy parvient à calmer leur colère en renvoyant à l’automne le projet de décentralisation, qui devrait se solder par le transfert aux collectivi- tés locales de personnels non enseignants de l’Éducation nationale. La réforme des retraites est donc lancée le 10 juin sur les rails d’un débat parlementaire qui voit les législateurs de l’opposition prendre le relais des syndicats et ferrailler à coups d’amendements, dans une vaine bataille procédurière dont le seul effet sera de retarder l’inéluctable adoption d’un texte renvoyé en session extraordinaire en juillet. Le dossier doit être bouclé avant les vacances parlementaires, en prévision d’une rentrée sociale qui promet d’être agitée. Car, s’il a gagné la partie, le gouvernement s’avance sur un terrain social miné, avec d’autres projets de loi en réserve, de la décentralisation de l’État à la réforme de l’université en passant par celle de l’assurance-maladie.

GILLES EUDES

SAUVER LA RÉPARTITION

Si la réforme des retraites a provoqué un tel tollé, c’est moins pour le principe, qui en a été admis jusque par la CGT, que sur la façon dont elle a été imposée par M. Raf- farin. Si le texte de 81 articles ne remet pas fondamentalement en cause le principe de la répartition, garant d’une solidarité inter- générationnelle menacée par la démogra- phie, il est soupçonné par les syndicats et par l’opposition d’entraîner une paupéri- sation de la société. L’alignement progres- sif de la durée d’assurance du public sur le privé, avec un passage de 37,5 ans à 40 ans d’ici à 2008, après quoi la durée de cotisa- tion, en tenant compte de l’allongement de l’espérance de vie, devra être ajustée et portée à 41 ans en 2012, figure au nombre des points les plus contestés de ce texte, dont les syndicats ont exigé qu’il prenne mieux en compte le concept de pénibilité du travail.

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Europe

Accord sur la navigation par satellite

L’Agence spatiale européenne (ESA) annonce que quinze États européens – la plupart des pays de l’Union européenne plus la Norvège et la Suisse – ont conclu un accord sur le lancement du pro- gramme Galileo de navigation par satellite après downloadModeText.vue.download 58 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

56 de difficiles négociations entre les différents par- tenaires. La Grande-Bretagne, les Pays-Bas et l’Alle- magne mettaient en cause la nécessité d’un tel système, tandis que l’Allemagne et l’Italie contes- taient l’ampleur de leur participation au projet. Le programme Galileo de navigation par satellite devrait assurer aux pays qui en bénéficieront une meilleure surveillance de la circulation routière, la localisation des transporteurs aériens, ferroviaires ou maritimes ou favoriser la synchronisation des échanges de données entre ordinateurs. Par ailleurs, ce programme, comme l’ont souligné ses promo- teurs, permettra de créer quelque 140 000 emplois et de relancer ainsi l’industrie spatiale européenne, frappée par la baisse de la demande sur le marché des télécommunications et de la construction de satellites.

France

La décentralisation dans l’Éducation en question

Le Premier ministre propose aux syndicats d’enga- ger « immédiatement et sans a priori » des discus- sions sur les « missions et les garanties statutaires » des personnels dans le cadre de la décentralisation. Les modalités de la décentralisation pour les tech- niciens, ouvriers de service et de santé (TOSS) sont au coeur du conflit qui oppose depuis plusieurs se- maines enseignants et gouvernement. Il charge les ministres de l’Éducation nationale Luc Ferry et de l’Intérieur Nicolas Sarkozy d’instaurer « la nécessaire discussion sur les missions, les garanties statutaires des personnels » et sur la mise en oeuvre du transfert de personnels non enseignants aux collectivités lo- cales. La décision de Jean-Pierre Raffarin intervient à l’issue d’une journée où plusieurs centaines de milliers de personnes ont de nouveau manifesté en France. Le 31, le gouvernement annonce le re- port à l’automne de la réforme des universités, qui visait à accroître leur autonomie et les pouvoirs des présidents.

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Europe

Blocage à la Convention sur l’avenir de l’Europe

Emmenés par le Danois Jens-Peter Bonde, treize re- présentants d’États « eurosceptiques » – les pays qui ont soutenu les États-Unis durant la guerre en Irak – présentent un projet alternatif à la réforme des ins- titutions proposée par Valéry Giscard d’Estaing dans le cadre de la Convention sur l’avenir de l’Europe. De son côté, le représentant du gouvernement espagnol, Alfonso Dastis, soutenu par huit autres gouvernements peu intégrationnistes – Royaume- Uni, Pologne, Danemark, Suède, Irlande, Autriche, Chypre, Lituanie – rédige une lettre demandant de ne pas rouvrir le débat sur la répartition des pouvoirs en Europe, à propos duquel les Quinze s’étaient opposés à Nice à la fin de 2000. Or, la révi- sion de Nice est, notamment pour M. Giscard d’Es- taing, indispensable à une vraie réforme de l’Union. Le président de la Convention souhaite revenir sur le principe d’un commissaire par pays, pour éviter la constitution d’une Commission pléthorique. Il propose que les voix au Conseil des ministres et les sièges au Parlement soient fonction du poids démographique, ce qui amoindrirait la surreprésen- tation des « petits pays ». Trois semaines avant la fin des travaux, les divisions entre les États menacent l’avenir de l’Europe commune.

Irak

Les ADM : un prétexte pour la guerre

Paul Wolfowitz, secrétaire adjoint américain à la Défense et numéro deux du Pentagone, reconnaît dans une interview au magazine Vanity Fair que la présence d’armes de destruction massive (ADM) en Irak « n’était pas la principale raison du conflit », lequel a été décidé pour des « raisons bureaucratiques ». Sept semaines après la fin de la guerre en Irak, au- cune arme de destruction massive n’y a été trouvée et aucune preuve n’a établi de liens entre le régime de Saddam Hussein et le réseau terroriste al-Qaida, deux des principales justifications avancées par Washington et Londres pour déclencher une guerre préventive contre ce pays. Autre raison à l’invasion de l’Irak, selon M. Wolfowitz : un renversement de Saddam Hussein permettait aux États-Unis de reti- rer leurs troupes d’Arabie saoudite, une présence qui constitue l’une des principaux griefs du réseau terroriste al-Qaida.

31

Football

Victoire d’Auxerre en Coupe de France

Auxerre remporte la finale de la 85e Coupe de France au Stade de France, à Saint-Denis, en battant le Paris Saint-Germain 2 buts à 1. Les deux équipes sont des downloadModeText.vue.download 59 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

57 spécialistes de l’épreuve qui se sont adjugé cinq des dix dernières éditions. « Il s’agit de ma troisième Coupe [1994 et 1996] en quatre essais sur une distance de vingt-quatre ans », déclare Guy Roux, l’entraîneur bourguignon. « Je la dispute depuis 1954-1955 en tant que joueur d’abord, où j’ai connu bien des fois des cirés au premier tour, puis en tant qu’entraîneur. J’apprécie d’autant plus cette victoire ce soir. Mais la plus belle finale que j’ai disputée est celle perdue en 1979. On avait amené Nantes aux prolongations avec des joueurs qua- siment amateurs qui travaillaient. » downloadModeText.vue.download 60 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

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Juin

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France

Sommet du G8 à Évian

Les huit membres du G8 (États-Unis, Russie, France, Al- lemagne, Grande-Bretagne, Italie, Japon et Canada) se retrouvent à Évian en Haute-Savoie pour discuter des moyens de relancer l’économie mondiale, mais aussi de la reconstruction de l’Irak, de la lutte contre le ter- rorisme, du sous-développement chronique des pays pauvres, du réchauffement climatique ou du sida. Parallèlement, ils accueillent sur les rives du lac Léman quatorze autres chefs d’État et de gouvernement des principaux pays émergents ou pauvres et des orga- nisations internationales afin d’instaurer avec eux un « dialogue élargi » sur la croissance et la coopération internationale et de montrer que le club des huit pays les plus riches n’est pas un « directoire du monde » cou- pé des réalités, selon les propos de Jacques Chirac. Les Huit affichent leur volonté de réconciliation symboli- sée par la poignée de main rapide mais symbolique échangée par Jacques Chirac et George W. Bush. Les invités exhortent les pays développés à accroître leur aide en direction du Sud. Au nom des Nations unies, Kofi Annan déplore que ceux-ci soient « encore loin » de l’objectif, défini en 2000 lors du sommet du Millé- naire, d’accroître de 50 milliards de dollars par an leur aide publique au développement. Il plaide pour des annulations plus importantes de la dette et pour un meilleur accès des pays pauvres aux marchés des éco- nomies les plus développées. De son côté, le président brésilien Lula présente son plan contre la faim dans le monde, financé par une taxe sur les ventes d’armes. Jacques Chirac se dit « totalement favorable » à cette proposition. Dans leur déclaration finale, les Huit se disent « confiants dans le potentiel de croissance de leurs économies ». Durant le sommet d’Évian, des dizaines de milliers de contestataires venant de Genève et d’Anne- masse défilent en Suisse et en France. Quelques inci- dents entre altermondialistes et policiers sont signalés.

3

Proche-Orient

Tournée de G. W. Bush

Le président américain George W. Bush entame une tournée de deux jours en Égypte et en Jordanie des- tinée à relancer le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens. À Charm el-Cheikh (Égypte), il s’entre- tient avec son homologue égyptien Hosni Mouba- rak, le prince héritier Abdallah d’Arabie saoudite, le roi Abdallah de Jordanie, le roi Hamad de Bahreïn et le Premier ministre palestinien, Mahmoud Abbas. Le 4, il rencontre Mahmoud Abbas et le Premier mi- nistre israélien Ariel Sharon à Aqaba (Jordanie) afin d’étudier les modalités d’application de la « feuille de route » élaborée par les médiateurs – États- Unis, Nations unies, Union européenne et Russie –, fixant pour objectif la création progressive d’un État palestinien d’ici à 2005. Les parties israélienne et palestinienne confirment leur volonté de respecter les règles de la feuille de route et de reprendre des négociations directes. Mahmoud Abbas s’engage à mettre fin au soulèvement armé contre l’occupation israélienne ; Ariel Sharon se déclare prêt à accepter un État palestinien possédant une continuité territo- riale et s’engage à « commencer immédiatement » à démanteler les colonies non autorisées. De leur côté, les dirigeants du Hamas et du Djihad islamique cri- tiquent l’attitude de Mahmoud Abbas, qui a promis de mettre fin à « l’Intifada armée » et renoncer au « ter- rorisme contre les Israéliens où qu’ils soient ».

George Bush à la recherche de la paix au Proche-Orient

Sitôt finie la guerre en Irak, G.W. Bush s’est attaché à relancer le processus de paix au Proche-Orient, dossier qu’il avait pourtant négligé depuis son investiture à la Maison-Blanche.

Le processus de paix au Proche-Orient a rat- trapé George W. Bush qui, depuis son arrivée à la Maison-Blanche, en janvier 2001, avait pris soin de se tenir à l’écart de ce dossier comme des grands sujets de politique étrangère dont il prétendait pouvoir s’exonérer, en orientant les États-Unis sur la voie d’un protectionnisme qui les aurait mis à l’abri du tumulte du monde, tout en leur permettant de continuer à en assumer le leadership économique. Mais le repli sur soi n’était plus de mise alors que le monde se rappe- lait violemment aux États-Unis avec les attentats du 11 septembre 2001, qui ont contraint le prési- dent américain à changer son fusil d’épaule et à accorder la priorité à une politique étrangère qui downloadModeText.vue.download 61 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

59 s’apparente à celle de la canonnière, au service de la sécurité du pays menacée par le terrorisme international.

Remodeler les Proche-Orient

Si G.W. Bush a pris soin d’écarter tout lien de cau- salité entre le conflit israélo-palestinien et le ter- rorisme islamiste qui s’en nourrirait et souvent s’en réclame en dénonçant la collusion entre les États-Unis et Israël, il a dû se pencher sur le dos- sier explosif du Proche-Orient autrement qu’en manifestant sa solidarité à l’égard d’Ariel Sharon, le Premier ministre israélien qui parvenait au pouvoir en même temps que lui, sur fond d’une seconde Intifada ruinant toute perspective de dialogue entre Israéliens et Palestiniens. Cette intervention devenait d’autant plus impérieuse que, après avoir fait victorieusement la « guerre contre le terrorisme » en Afghanistan puis en Irak, les États-Unis manifestaient une indiffé- rence persistante face à ce dossier et que les soupçons insistants de partialité en faveur de l’État hébreu risquaient d’exacerber l’hostilité du monde musulman à l’endroit des Américains et de ruiner ainsi les acquis des victoires militaires de Washington, qui ne cache pas ses intentions de remodeler le Proche-Orient en y insufflant les germes de la démocratie au mieux de ses intérêts pétroliers. Le 26 février, en pleins pré- paratifs de guerre contre l’Irak, G.W. Bush avait souligné la nécessité de renverser le régime de Saddam Hussein pour le remplacer par un pou- voir démocratique dont les bienfaits rejailliraient sur tout le Proche-Orient, à commencer par le conflit israélo-palestinien. La chute de Saddam Hussein, le 10 avril, allait donner les coudées franches au président américain pour mettre à exécution ce plan ambitieux, servi par la « feuille de route » conçue et adoptée, le 17 septembre 2002, par le « Quartet » réunissant les États-Unis, la Russie, l’UE et l’ONU. Ce plan par étapes de- vant conduire d’ici à 2005 à la création d’un État palestinien, postulat à partir duquel devront se régler les contentieux avec l’État hébreu, était rendu public le 30 avril, une semaine après que l’Autorité palestinienne a surmonté ses dissen- sions internes pour nommer Premier ministre Mahmoud Abbas – ou Abou Mazen –, un mo- déré ayant les faveurs de l’État hébreu et de la Maison-Blanche, qui estiment que Yasser Arafat s’est disqualifié en échouant à mettre un terme aux attentats. Si les responsables palestiniens ont accepté immédiatement la feuille de route,

Ariel Sharon ne s’y résignera que le 25 mai, en assortissant son application de 14 réserves. Entre-temps, le 22 mai, les États-Unis ont fait voter par l’ONU la résolution avalisant leur pré- sence en Irak et leur permettant d’y gérer, seuls ou presque, l’après-guerre. C’est donc en posi- tion de force que G.W. Bush a opéré son grand retour dans le dossier du Proche-Orient, prenant en charge une feuille de route qu’il prétend pilo- ter seul, avec d’autant plus d’assurance que les Américains peuvent, plus que leurs partenaires du Quartet, se prévaloir du respect des Israéliens et des Palestiniens, incapables de régler seuls leurs différends.

Sur les traces de Bill Clinton

Après trente-deux mois d’une Intifada qui a fait plus de 3 000 morts et continue à tuer chaque jour des Palestiniens et des Israéliens, le prési- dent Bush peut se permettre de marcher sur les traces de son père et de Bill Clinton, qu’il avait d’abord évité de suivre, pour relancer une né- gociation de paix depuis trop longtemps dans l’impasse. Dans la foulée d’une tournée qui l’a conduit du 30 mai au 2 juin en Pologne, en Rus- sie et à Évian pour le sommet du G8, G.W. Bush se rend le 3 juin à Charm el-Cheikh en Égypte pour faire cautionner la « feuille de route », certes avec des réserves, par quatre dirigeants arabes, le président égyptien Hosni Moubarak, le prince Abdallah d’Arabie saoudite, le roi de Jordanie Abdallah II, l’émir du Bahreïn Hamad ben Issa Al-Khalifa, président de la Ligue arabe qui avait pourtant appuyé en mars 2002 le plan de paix saoudien prévoyant la reconnaissance d’Israël en échange d’un retour aux frontières de 1967, mis au rancart en raison du rejet catégorique d’Israël. Ce soutien, même mesuré, constituait un préalable nécessaire à la rencontre qu’il aura le lendemain à Aqaba en Jordanie avec Ariel Sha- ron et Mahmoud Abbas, auprès desquels il s’est engagé à faire aboutir la feuille de route, dési- gnée comme « la plus haute priorité » du secré- taire d’État Colin Powell et de sa conseillère pour la sécurité Condoleezza Rice, une promesse as- sortie de mesures concrètes, comme l’envoi sur place d’un envoyé spécial, John Wolf, et d’une équipe de la CIA et du Département d’État. De leur côté, les Premiers ministres israélien et pa- lestinien sont invités à donner des signes de leur bonne volonté, le démantèlement des points de colonisation pour l’un, l’arrêt de la violence et des attentats pour l’autre. Mais ces tests se downloadModeText.vue.download 62 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

60 heurtent aux radicaux des deux camps, qui se livrent à une surenchère telle que les États-Unis devront hausser le ton et auront d’autant plus de mal, peut-être, à se faire entendre qu’ils ont fait cavalier seul dans ce dossier, en marginalisant les Européens, les Russes et l’ONU, leurs parte- naires du Quartet, réunis lors d’un sommet de pure forme le 22 juin à Chouneh, en Jordanie.

ULYSSE GARO

UN SUIVI DIFFICILE POUR

LA FEUILLE DE ROUTE

En relançant les négociations de paix au Proche-Orient, les Américains n’ont jamais cessé de privilégier l’angle sécuritaire qui prévaut à Washington. Aussi ont-ils mul- tiplié les pressions sur l’Autorité pales- tinienne pour qu’elle adoube Mahmoud Abbas, déterminé à mettre fin à l’Intifada armée, et pour que celui-ci tienne ses en- gagements en neutralisant les islamistes du Hamas, qui ont multiplié les attentats suicides, malgré le mur érigé par les Israé- liens, qui souligne le fait accompli de la Ligne verte de 1967 en englobant plusieurs colonies juives et en taillant à vif dans des localités palestiniennes. Mais les Amé- ricains ne veulent pas voir leurs efforts sapés par la politique sécuritaire d’Israël, qui avait mis en péril la feuille de route le 10 juin, en lançant un raid meurtrier à Gaza contre un chef du Hamas, qui en réchap- pera, provoquant une riposte sanglante du Hamas le lendemain à Jérusalem, tuant 17 personnes.

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Croatie

Visite de Jean-Paul II

Le pape se rend pour une visite de cinq jours – sa troi- sième – en Croatie, le centième voyage à l’étranger de son pontificat. Jean-Paul II aura passé 575 jours à l’étranger en incluant sa visite en Croatie, soit près d’un an et demi, depuis son élection le 16 octobre 1978. Ses déplacements l’ont conduit dans 129 pays et représentent une distance parcourue de plus de 1 160 000 km.

À Dubrovnik, il béatifie une religieuse, Marija Petko- vic, morte à Rome en 1966 après avoir fondé une communauté religieuse qui s’occupait des enfants en Croatie et en Amérique latine. Il salue « la vocation élevée » des mères et des épouses qui élèvent leurs enfants « et apportent amour et stabilité aux familles ». À Osijek, près de la frontière serbe, il célèbre une messe devant 150 000 fidèles.

6

République démocratique du

Congo

L’armée française en mission

Dans le cadre d’une mission de maintien de la paix sous mandat des Nations unies, la mission Artémis, un contingent de soldats français s’installe dans le nord-est de la République démocratique du Congo (Congo-Kinshasa). Il doit préparer le terrain pour l’arrivée d’une force de 1 700 soldats de l’Union eu- ropéenne destinée à stabiliser la région. De récents affrontements tribaux y ont fait plusieurs centaines de morts depuis le retrait des troupes ougandaises le 7 mai dernier. Le 14, les troupes françaises, qui ne peuvent tirer que pour se défendre, ripostent à des tirs dans la province d’Ituri, déchirée par une guerre interethnique entre Hemas et Lendus qui a fait des milliers de morts à Bunia et dans ses environs. L’Ituri recèle des ressources minières naturelles comme le coltan, utilisé dans la fabrication des téléphones por- tables, l’or, les diamants ou le bois.

8

Tennis

Henin et Ferrero vainqueurs

à Roland-Garros

La Belge Justine Henin-Hardenne, tête de série nu- méro quatre et âgée de vingt et un ans, remporte le simple dames des 102es Internationaux de France de tennis en battant en finale sa compatriote Kim Clijs- ters, tête de série numéro deux, 6-0, 6-4. C’est sa pre- mière victoire dans un tournoi du Grand Chelem. En demi-finale, Justine Henin-Hardenne avait écarté la favorite, l’Américaine Serena Williams, qui briguait un cinquième titre consécutif en Grand Chelem. Grâce à sa victoire, elle passe de la 4e place à la 3e, sa plus haute position dans la hiérarchie mondiale, au classe- ment du circuit WTA, derrière Serena Williams (États- Unis) et Kim Clijsters. Chez les messieurs, l’Espagnol Juan Carlos Ferrero, tête de série numéro trois et âgé downloadModeText.vue.download 63 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

61 de vingt-trois ans, remporte le tournoi des Internatio- naux de France de tennis à Roland-Garros en battant le Néerlandais Martin Verkerk 6-1, 6-3, 6-2. Sa victoire, la première dans un tournoi du Grand Chelem, inter- vient après deux demi-finales et une finale perdues depuis 2000 à Paris. Elle lui vaut la première place du classement de l’ATP Race.

Pologne

« Oui » à l’UE

Les électeurs polonais approuvent par référendum l’adhésion de leur pays à l’Union européenne en 2004 : 77,41 % d’entre eux ont dit « oui » à l’UE contre 22,59 %. Le taux de participation a atteint 58,82 % des 29,5 millions d’électeurs. Le président polonais Aleksander Kwasniewski se félicite de ce résultat, en déclarant : « Nous sommes de retour. Nous sommes de retour en Europe. » Avec cette victoire du « oui », la Pologne pourra entrer dans l’Union le 1er mai 2004 à l’occasion de l’élargissement à 25, le plus important à ce jour. Avec 38 millions d’habitants, la Pologne est le plus peuplé des dix pays candidats. Cinq d’entre eux (Hongrie, Slovaquie, Slovénie, Malte, Lituanie) ont déjà approuvé par référendum leur entrée dans l’UE.

Italie

Revers électoral pour Berlusconi

Deux semaines après avoir perdu la province de Rome, la coalition de droite du président du Conseil Silvio Berlusconi subit un nouveau revers lors d’élec- tions locales partielles dans lesquelles les électeurs étaient appelés à renouveler l’exécutif de deux des vingt régions d’Italie et votaient également pour le second tour dans trois provinces et 49 conseils municipaux. Dans les élections municipales, droite et gauche se partagent les six chefs-lieux de province en jeu : Trévise, Vicence et Sondrio pour la droite, Brescia, Pescara et Ragusa pour la gauche. Mais la coalition de droite perd l’élection la plus importante, en cédant la région du Frioul-Vénétie-Julienne où le candidat de centre gauche, Riccardo Illy, ancien maire de Trieste, domine la candidate de la Ligue du Nord, Alessandra Guerra.

9

Grande-Bretagne

Euro : Londres pas encore prête

Le ministre britannique des Finances Gordon Brown annonce devant la Chambre des communes la déci- sion de Londres de reporter l’adhésion à la zone euro, le gouvernement de Tony Blair considérant que le Royaume-Uni n’est pas encore prêt à adopter l’euro. Le gouvernement de Tony Blair se dit officiellement favorable au principe de l’adhésion à l’euro, mais il attend le moment opportun pour soumettre la ques- tion à référendum. En effet, les sondages d’opinion indiquent qu’une majorité de Britanniques est hostile à l’euro.

Les Britanniques toujours sceptiques face à l’euro

Dans un discours prononcé le 9 juin à la Chambre des communes, le chancelier de l’Échiquier, Gordon Brown, a dénié à l’éco- nomie britannique la capacité de rallier à court terme la zone euro.

S’il a donc été une fois encore reporté, cet ob- jectif s’inscrit néanmoins toujours à l’horizon du mandat de Tony Blair, qui s’est engagé per- sonnellement en faveur de l’adoption de la mon- naie européenne. Après la participation contro- versée de l’armée britannique à la guerre contre l’Irak, c’est un nouveau défi que devra relever le Premier ministre, en ayant raison du scepticisme tenace de l’opinion à l’égard de l’euro, qui doit faire l’objet d’un référendum dont le cadre sera défini à l’automne, et plus généralement de l’Europe.

Un échec pour Tony Blair

L’euro ne fait toujours pas recette en Grande- Bretagne. Se faisant l’écho des réserves de l’opi- nion et d’une grande partie de la classe politique britannique à l’égard de la monnaie européenne entrée en circulation dans douze pays de l’UE depuis le 1er janvier 2002, le chancelier de l’Échi- quier Gordon Brown a annoncé dans un discours prononcé le 9 juin devant la Chambre des com- munes que la Grande-Bretagne n’était pas en- core prête pour une adhésion au club de l’euro, faute de satisfaire pleinement aux cinq critères économiques et financiers que le royaume s’était fixés en octobre 1997 comme conditions de son intégration. Le verdict délivré par le ministre britannique des Finances est un mauvais coup pour le Premier ministre Tony Blair. Interve- nant à mi-mandat, l’annonce de Gordon Brown, downloadModeText.vue.download 64 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

62 qui renvoie à des jours meilleurs la tenue d’un référendum maintes fois reporté sur l’adhésion à la monnaie européenne, se présente en effet comme un désaveu des grands choix européens du chef du New Labour, qui bute décidément sur cette question de l’euro, qui résiste à ses talents reconnus de grand communicateur. En 1999 déjà, Tony Blair avait lancé à mi-parcours de son premier mandat une première campagne pour l’euro, qui était passée par pertes et profits de la campagne électorale. Cette fois encore, le report annoncé semble remettre en cause le processus d’intégration européenne qu’appelle de ses voeux le Premier ministre, même si, offi- ciellement, Gordon Brown n’a pas fermé la porte du club de l’euro. Procédant d’un laborieux com- promis avec son chancelier de l’Échiquier, aux côtés duquel il s’affichait le 10 juin lors d’une conférence de presse visant à sauver les appa- rences d’une unité de vue sur les questions eu- ropéennes, la décision de Tony Blair de tempo- riser s’assortit en effet de la possibilité toujours offerte aux Britanniques de se prononcer sur l’adhésion à l’euro lors d’un référendum qui fera l’objet d’un projet de loi prévu pour l’automne 2003. Le ministre des Finances lui-même, qui ne passe pas pour un Européen convaincu, a chanté les louanges de l’euro, dont il a souligné les avantages – notamment une baisse des taux d’intérêt et un doublement des échanges avec la zone euro en trente ans – pour une économie britannique qui ne donnerait pas encore pleine satisfaction dans 4 des 5 tests économiques constituant l’examen de passage à la monnaie européenne. Encore faut-il en convaincre les Britanniques, qui semblent moins prêts que leur économie à se mettre à l’heure de l’euro.

Un euroscepticisme largement partagé C’est là un nouveau défi pour Tony Blair, qui a réaffirmé son « désir d’euro » et sa volonté de voir la Grande-Bretagne s’inscrire au « coeur de l’Europe » en laissant enfin la livre sterling se fondre dans la monnaie européenne, contre vents et marées d’un euroscepticisme insulaire qui transcende les clivages politiques et s’ex- prime avec force dans la presse populaire. Après avoir essuyé la tempête provoquée jusque dans les rangs travaillistes par son engagement aux côtés des Américains dans la guerre contre l’Irak, le chef du New Labour doit cette fois affronter le manque d’enthousiasme des sujets de la Cou- ronne à l’égard d’une intégration plus poussée

à l’UE. La chute rapide du régime de Saddam Hussein n’a laissé qu’un court répit à Tony Blair, qui doit à présent rendre des comptes sur la légitimité d’une guerre qu’il avait justifiée par la nécessité de neutraliser un programme ira- kien d’armes de destruction massive toujours introuvables, au risque de se brouiller avec ses partenaires allemands et français au sein d’une Europe qui sort profondément divisée du conflit et dans laquelle il prétend cependant redonner à la Grande-Bretagne un rôle central. Des contra- dictions qui ne sont guère de nature à insuffler aux Britanniques le désir d’Europe affiché par Tony Blair, sur lequel les tabloïds tirent à boulets rouges. Le chef du New Labour semble pourtant prêt à relever le défi et à s’engager dans cette nouvelle bataille sur le double front de l’euro et de la Convention européenne, qui fédère les eurosceptiques désireux d’en découdre avec le gouvernement travailliste. Alors que s’éloigne la perspective d’un référendum sur l’euro, ceux-ci militent en faveur de la tenue d’un référendum sur la future Constitution européenne, dont les principes devaient être approuvés le 20 juin à Thessalonique, à la plus grande satisfaction de Tony Blair, qui a estimé avoir obtenu gain de cause sur les objections qu’il avait soulevées auprès de Valéry Giscard d’Estaing, le président de la Convention. Le Premier ministre, qui s’est félicité d’un texte qui donnerait raison à Londres sur « tous les principaux dossiers », singuliè- rement sur la question du maintien du vote à l’unanimité et donc de son droit de veto en ma- tière de fiscalité, de diplomatie et de défense, ne voit pas l’utilité d’un référendum sur la Conven- tion. Et il ne désespère pas de convaincre les Bri- tanniques que le passage à l’euro constituerait une autre victoire pour la Grande-Bretagne.

GEORGES CHEVRON

CINQ CRITÈRES POUR ADOPTER L’EURO

En octobre 1997, Londres a conditionné son entrée dans le club de l’euro à 5 cri- tères : une convergence durable entre les cycles économiques de la Grande-Bre- tagne et de la zone euro ; la flexibilité de l’économie par rapport à celle du conti- nent ; un effet positif sur l’investissement domestique et étranger ; un effet positif sur la croissance, la stabilité et l’emploi ; la compétitivité des services financiers de la City. Selon Gordon Brown, seul ce dernier downloadModeText.vue.download 65 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

63 critère aurait été rempli de « façon claire et non ambiguë », ce qui était déjà le cas en 1997. Selon le ministre, pour que la Grande- Bretagne puisse rallier l’euro, les efforts devront porter surtout sur les deux pre- miers critères, qui ont clairement échoué, leur amélioration entraînant mécanique- ment celle des deux autres critères.

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Proche-Orient

Menaces sur la « feuille de route »

L’armée israélienne rate sa tentative d’exécution ci- blée d’un dirigeant du Hamas à Gaza. Représentant l’aile dure du Mouvement de la résistance islamique et opposé à la fin des attentats contre Israël, Abdel Aziz Rantissi, numéro deux du Hamas, est le plus haut responsable politique du Hamas pris pour cible par Israël en près de trois ans d’Intifada. L’opération de Tsahal fait néanmoins deux morts et une vingtaine de blessés à Gaza, menaçant du même coup la « feuille de route » soutenue par Washington pour aboutir à une paix négociée au Proche-Orient. Si George W. Bush fait part de son « trouble », Mahmoud Abbas dénonce ce qu’il considère comme une attaque « ter- roriste ». Déjà contesté par plusieurs organisations palestiniennes qui lui reprochent des concessions trop vastes, le Premier ministre palestinien apparaît fragilisé par l’attaque israélienne. Le 11, au moins seize personnes sont tuées et soixante-dix blessées dans l’explosion de la bombe d’un kamikaze près d’un autobus dans le centre de Jérusalem-Ouest. Peu après, des hélicoptères israéliens effectuent un raid sur Gaza, faisant 7 morts.

France

Nouvelle journée d’action contre la réforme des retraites

De nombreuses manifestations contre les projets gouvernementaux de réforme des retraites et de dé- centralisation de l’Éducation nationale, à l’instigation de la CGT, de FO, de la FSU et de l’UNSA, ont eu lieu dans toute la France, réunissant un million et demi de personnes – 440 000 selon la police. Les manifes- tants réclament une nouvelle fois la réouverture des négociations sur la réforme des retraites. Face à cette mobilisation enseignante et aux menaces qui pla- nent sur le baccalauréat, le gouvernement renonce à décentraliser les conseillers d’orientation, méde- cins scolaires, assistantes sociales et psychologues, et débloque une enveloppe de 80 millions d’euros pour « améliorer le recrutement des assistants d’éduca- tion en direction des écoles primaires ». Ces personnels « resteront dans la fonction publique d’État », indique le ministre de l’Éducation Luc Ferry. En revanche, le transfert aux collectivités territoriales de la gestion des quelque 100 000 techniciens et ouvriers de ser- vice (TOSS) est maintenu.

12

Mis en cause devant la justice par le tueur en série Patrice Alègre, qui l’accuse d’être impliqué dans un meurtre de prostituée en 1992, l’ancien maire de Toulouse et actuel président du Conseil supérieur de l’Audiovisuel (CSA) Dominique Baudis dénonce un « complot politique ». Dans un article publié dans le Monde, M. Baudis indique qu’il « soupçonne [la famille Baylet] d’avoir mis en place une cellule spéciale chargée de le déstabiliser ». Jean-Michel Baylet, patron de la Dépêche du Midi, annonce le dépôt de trois plaintes avec constitution de partie civile contre le président du CSA.

France

Affaire Alègre : Baudis dénonce un

« complot politique »

Irak

Retour d’Ali Ben Hussein Prétendant au trône, Ali Ben Hussein revient en Irak après quarante-cinq ans d’exil. Les rares partisans d’une monarchie constitutionnelle y voient la fin de la dérive du pays.

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République tchèque

« Oui » à l’UE

Avec 77,33 % de « oui », les Tchèques, considérés comme la population la plus eurosceptique d’Europe centrale, plébiscitent finalement l’adhésion de leur pays à l’Union européenne ; 22,67 % des électeurs ont choisi de voter contre. C’est dans la capitale Prague et dans l’est du pays que les partisans de l’intégra- tion européenne ont été le plus nombreux (plus de 80 %). La participation – 55,21 % des électeurs inscrits – s’est révélée supérieure à ce qu’espéraient la plu- part des analystes politiques. La République tchèque, où aucun taux minimal n’était requis pour valider le downloadModeText.vue.download 66 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

64 référendum sur l’adhésion du pays à l’Union euro- péenne, a donc fait mieux que la Hongrie (45,6 % de participation au référendum) et la Slovaquie (52,1 %), mais moins bien que la Pologne (58,8%).

15

France

Succès des fondamentalistes aux

élections des CRCM

La Fédération nationale des musulmans de France (FNMF) est la grande gagnante des élections des conseils régionaux du culte musulman (CRCM) – 11 sièges sur 25 –, suivie de très près par l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), proche des Frères musulmans – 9 sièges. Le recteur de la mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, qui n’a emporté que deux régions, la Haute-Normandie et Rhône- Alpes, menace de démissionner de la présidence du tout jeune Conseil français du culte musulman (CFCM).

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Liberia

Cessez-le-feu Un cessez-le-feu est signé entre les rebelles libériens du Lurd (Libériens unis pour la réconciliation et la dé- mocratie) et les forces gouvernementales. Des négo- ciations politiques sont engagées pour aboutir sous trente jours à un accord de paix global qui dépouil- lera le président Charles Taylor de ses prérogatives de chef d’État, sous le coup d’une inculpation par les Nations unies : le Tribunal spécial de Sierra Leone le réclame, pour crimes contre l’humanité. Le Liberia, pays fondé par des esclaves américains affranchis il y a cent cinquante ans, réclame l’intervention des États-Unis pour mettre fin à une guerre civile décla- rée en 1999, mais jusqu’à présent Washington ne s’est engagée à fournir qu’une aide logistique à la future force de paix ouest-africaine.

Grande-Bretagne-Irak

Blair accusé d’usage sélectif d’informations

Robin Cook et Clare Short, tous deux démissionnaires de leur poste ministériel pour marquer leur désac- cord avec la position du gouvernement dans la crise irakienne, affirment devant une commission d’en- quête parlementaire britannique que les services secrets britanniques avaient assuré avant la guerre que l’Irak ne représentait pas de menace immédiate. Les deux anciens ministres de Tony Blair ont accusé le gouvernement d’avoir fait un usage sélectif des infor- mations des renseignements pour justifier l’entrée en guerre. Le 19, devant la Chambre des communes, le Premier ministre britannique se défend d’avoir exa- géré la menace que représentait l’Irak et réaffirme que le président Saddam Hussein représentait une menace pour le Moyen-Orient et le reste du monde.

France

Opération « Théo » à Auvers-sur-Oise

Plus de 150 personnes sont interpellées au siège européen des Moudjahidin du peuple iranien, à Auvers-sur-Oise dans le Val-d’Oise. Cette opération, baptisée « Théo », est dirigée contre le principal mou- vement d’opposition armée au régime de Téhéran, les Moudjahidin du peuple iranien en France. Cette organisation, qui figure, depuis mai 2002, sur la liste des mouvements terroristes dénoncés par l’Union européenne, est considérée par le ministère de l’Inté- rieur comme une base organisationnelle, logistique et opérationnelle au financement douteux. Avec l’intervention américaine en Irak, Auvers-sur-Oise serait devenue, selon le ministère de l’Intérieur, « le centre international, le PC mondial » du mouvement. La direction des Moudjahidin du peuple, installée principalement dans une base à une cinquantaine de kilomètres de Bagdad, avait commencé à replier certains cadres en Europe, et notamment en France. En Irak, un cessez-le-feu provisoire est intervenu entre Moudjahidin du peuple et Américains, mais, le 4 juin, le sous-secrétaire à la Défense Douglas Feith a assuré que les États-Unis n’avaient pas l’intention de s’appuyer sur ce groupe pour renverser le régime iranien. Depuis ce cessez-le-feu, le sort des moudja- hidin est l’un des sujets de tension entre Iraniens et Américains, Téhéran comptant sur la guerre en Irak pour se débarrasser d’eux.

18

UE

Sommet de Thessalonique

Le Conseil européen de Thessalonique approuve le projet de constitution européenne présenté par le président de la Convention, M. Valéry Giscard d’Estaing, et décide de convoquer la Conférence intergouvernementale (CIG) tout en en fixant le ca- downloadModeText.vue.download 67 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

65 lendrier. Ce projet de constitution de la future Union européenne élargie à 25 membres prévoit notam- ment la désignation d’un président par le Conseil à la majorité qualifiée pour un mandat de deux ans et demi renouvelable une fois et d’un ministre des Af- faires étrangères de l’Union. Un accord est conclu sur la promotion de la politique de l’immigration et du droit d’asile et une série de décisions ont été prises (appui financier, meilleure coordination, promotion de partenariat avec les pays tiers pour contenir l’im- migration clandestine, etc.). Un mandat est donné à Javier Solana pour approfondir son rapport sur la stratégie européenne de sécurité, afin de le présenter en décembre 2003.

Italie

Berlusconi à l’abri des poursuites judiciaires

La Chambre des députés vote par 302 voix contre 17 un texte accordant l’immunité au président du Conseil et aux quatre plus hauts dirigeants de l’État – le président, ceux des deux chambres du Parle- ment et celui de la Cour constitutionnelle – durant l’exercice de leur mandat. La promulgation de ce texte entraînera de fait la suspension du procès pour corruption de magistrats qui vise actuelle- ment Silvio Berlusconi à Milan. Silvio Berlusconi est accusé d’avoir versé des pots-de-vin à des magistrats romains pour influencer un jugement sur le rachat de la SME, une ancienne entreprise agroalimentaire nationale, en 1985, avant qu’il n’entame sa carrière politique. Le 30, le tribunal de Milan saisit la Cour constitutionnelle sur la loi accordant l’immunité au chef du gouvernement.

19

France

Non-lieu général dans l’affaire du sang contaminé

La chambre criminelle de la Cour de cassation confirme le non-lieu général rendu en juillet 2002 par la cour d’appel de Paris en faveur de trente personnes mises en examen dans l’affaire du sang contaminé. La décision clôt l’essentiel de l’affaire. La plus haute juridiction française estime qu’il n’existait pas de fon- dement juridique à la mise en examen des médecins, responsables de santé publique et conseillers minis- tériels impliqués dans l’affaire. L’arrêt répète qu’il ne peut y avoir d’empoisonnement si l’auteur des faits n’a pas agi « avec l’intention de donner la mort ». Il ajoute que les poursuites pour homicides et bles- sures involontaires ainsi que pour non-assistance à personnes en danger ont été écartées par la cour d’appel de Paris par une appréciation des faits que la Cour de cassation ne peut pas remettre en question.

Affaire du Crédit Lyonnais : Trichet relaxé

Le tribunal correctionnel de Paris relaxe Jean-Claude Trichet dans l’affaire du Crédit Lyonnais. Le gouver- neur de la Banque de France était soupçonné d’avoir participé à la falsification des comptes déficitaires du Crédit Lyonnais au début des années 1990. Il peut désormais briguer la présidence de la Banque cen- trale européenne : il est le seul candidat déclaré à la succession du Néerlandais Wim Duisenberg à la tête de l’institution.

21

France

Sarkozy et Raffarin chahutés en Corse

Jean-Pierre Raffarin et Nicolas Sarkozy sont contraints par des manifestants à Bastia (Haute-Corse) de tenir un meeting improvisé dans la plus grande confu- sion. Le Premier ministre et son ministre de l’Intérieur étaient venus convaincre les 190 000 électeurs corses de voter « oui » au référendum du 6 juillet sur le sta- tut de l’île de Beauté, dont l’issue était incertaine. Après ces incidents de samedi, le gouvernement décide de remplacer le préfet de Haute-Corse Éric Delzant par Jean-Luc Videlaine, jusqu’ici sous-préfet de Saint-Nazaire.

22

France

Incarcération de José Bové

José Bové est arrêté dans sa bergerie du Larzac par un commando de gendarmes de l’Aveyron. Le syndi- caliste agricole doit purger une peine de dix mois de prison ferme pour destruction de plants de riz et de maïs transgéniques. Il est transféré à la maison d’arrêt de Villeneuve-lès-Maguelonne (Hérault). Son arres- tation provoque la colère des militants de la Confé- dération paysanne, qui organisent plusieurs mani- festations en signe de protestation. Le ministre de la Justice Dominique Perben estime que, si le porte- downloadModeText.vue.download 68 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

66 parole de la Confédération paysanne « se trouve au- jourd’hui dans cette situation, c’est suite à des décisions qu’il a prises lui-même, puisqu’il a refusé de rencontrer le juge d’application des peines avant son incarcération, alors qu’il pouvait le faire ». Toutefois, il n’exclut pas que le représentant syndical puisse bénéficier de la grâce présidentielle le 14 Juillet prochain.

Bosnie

Visite du pape

Deux semaines après une tournée qui l’a conduit en Croatie, Jean-Paul II effectue sa seconde visite en Bosnie-Herzégovine, ce qui constitue en l’espèce son 101e déplacement à l’étranger. Il en appelle à la misé- ricorde de Dieu pour la « souffrance » infligée par des catholiques en ex-Yougoslavie et exhorte également les différentes communautés de Bosnie-Herzégo- vine, qui huit ans après la guerre restent sous admi- nistration internationale, à surmonter leurs divisions et à bâtir une société multiethnique solide. Lors de sa visite, le souverain pontife béatifie Ivan Merz, un intellectuel croate originaire de Banja Luka, qui avait fait voeu de célibat et consacré sa vie à l’Église au début du XXe siècle, jusqu’à sa mort en 1928, à trente- deux ans.

24

Irak Mort de soldats anglais

Six militaires britanniques sont tués et huit autres blessés lors de deux accrochages séparés près d’Al- Amarah, au nord de Bassora (sud de l’Irak). Depuis la fin officielle de la guerre, le 1er mai, le nombre des attaques et des actes de sabotage s’accroît en Irak et empêche les Irakiens de reprendre une vie normale. À cette date, au moins 61 soldats américains sont morts en Irak, dont 23 dans des attaques de type guérilla.

26

UE

Réforme de la PAC

À l’issue d’une troisième série de négociations sur la réforme de la politique agricole commune (PAC), les ministres européens de l’Agriculture réunis à Luxem- bourg annoncent une révision radicale de la PAC à partir de 2005 par un système de paiement unique direct aux exploitations. L’accord final prévoit notam- ment la réduction des subventions dans de nom- breux secteurs dont celui du beurre et du lait, notam- ment la baisse des prix d’intervention sur les produits laitiers à partir desquels l’UE soutient les agriculteurs en cas de chute des cours sur le marché.

La réforme conditionne l’octroi des aides à certains critères environnementaux et de sécurité alimen- taire. La volonté du commissaire européen Franz Fischler de couper dès 2004 le lien entre les aides directes aux agriculteurs et le niveau de production, puis de réorienter une partie des aides directes vers le développement rural, était le point le plus polé- mique du projet de réforme, auquel s’opposait le ministre de l’Agriculture français Hervé Gaymard. Seul le Portugal continue de s’opposer à cet accord après que la France, l’Italie, l’Espagne et l’Irlande ont déclaré qu’elles acceptaient ce compromis. L’actuelle PAC fai- sait l’objet de vives critiques, notamment du Canada, de l’Australie et des États-Unis, qui estimaient qu’elle violait les règles fixées par l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

La réforme de la PAC

L’enjeu était de taille : réformer la poli- tique agricole commune (PAC), qui, avec 43 milliards d’euros, représente à elle seule la moitié du budget communautaire de l’Union européenne.

Au terme de trois semaines de négociations souvent houleuses, les ministres de l’Agri- culture des Quinze sont parvenus le jeudi 26 juin à un accord qui doit entrer en vigueur dès janvier 2005. Présentée par la Commission européenne en juillet 2002, la réforme fait écho aux récri- minations des pays en voie de développement concernant les distorsions de la concurrence. Elle devrait permettre de glisser d’un modèle d’agriculture productiviste à une approche plus écologique et qualitative en entérinant notam- ment le principe de découplage des aides finan- cières du volume de la production (versement d’un paiement unique aux exploitations, indé- pendamment des quantités et des denrées pro- duites). Ces aides seraient désormais condition- nées au respect de critères environnementaux, sanitaires et sociaux. Seul le Portugal, opposé au volume des quotas de lait pour les Açores, conti- downloadModeText.vue.download 69 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

67 nuait à s’opposer à l’accord au lendemain de sa signature.

« Une nouvelle ère pour l’agriculture européenne »

Cette phrase, prononcée par le commissaire eu- ropéen à l’Agriculture Franz Fischler, résume la portée de cet accord. L’Europe, accusée d’inon- der les marchés avec ses surplus agricoles bon marché, envoie un signe fort aux États-Unis à la veille du sommet de l’Organisation mondiale du commerce qui doit se tenir en septembre à Cancún (Mexique) et où seront débattus les sou- tiens agricoles et les droits de douane. « L’UE a fait son devoir, c’est maintenant aux autres d’avancer », a lancé F. Fischler, laissant entendre que la balle était désormais dans le camp amé- ricain. Alors que les États-Unis, le Canada et l’Australie reprochaient au système actuel (plus forte est la production, plus importantes sont les subventions) de dégager des surplus, écoulés à perte sur les marchés étrangers et créant du même coup une concurrence déloyale, l’accord réussit à réconcilier les pays attachés au système des subventions (comme la France, principale bénéficiaire de la PAC) et les partisans de la ré- forme rangés derrière la Grande-Bretagne et les Pays-Bas. Néanmoins, les représentants des ONG, défenseurs des pays en voie de développement, ont tenu à tempérer la portée des changements, déplorant que l’agriculture européenne conti- nue à être en partie subventionnée. Pour eux, la réforme ne profitera qu’aux seuls membres du groupe dit « de Cairns » (Australie, Nouvelle- Zélande, Indonésie, Argentine, Brésil) mais peu, ou pas du tout, aux pays africains.

Principale opposante à la réforme, la France, première bénéficiaire de la manne communau- taire, avec ses 900 000 paysans, s’est néanmoins ralliée au texte final, acceptant, avec le soutien de l’Allemagne, une déconnexion partielle. Les deux pays pourront observer une période de transition jusqu’à 2007. Du côté des agricul- teurs, les premières oppositions n’ont pas tardé à s’exprimer, la signature de l’accord suscitant immédiatement un mouvement de colère. Pour la première fois depuis sa création en 1957, au moment du traité de Rome, la PAC n’est plus sy- nonyme d’aide à la production. Dominique Char- don, secrétaire général de la FNSEA, a exprimé « un sentiment de tristesse », estimant qu’il s’agissait d’une remise en cause des fondements de la PAC et d’une renationalisation en germe de la politique agricole, une certaine marge de manoeuvre étant laissée aux États membres dans l’application de cette « réforme à la carte ».

Le contenu de l’accord signé

Afin de dessiner ce nouveau cadre pour l’agri- culture européenne valable jusqu’en 2013, les ministres ont dû trancher le noeud gordien du découplage des aides directes du volume de la production pour lutter contre le productivisme (les agriculteurs n’étant plus incités à produire plus pour toucher les subventions). Alors que le commissaire Fischler était favorable à un décou- plage total, ce que refusait vigoureusement la France, l’accord prévoit finalement un décou- plage à hauteur de 75 % des sommes versées dans le secteur des céréales, 25 % des aides res- tant dépendantes de la production. Toutefois, les pays qui souhaiteraient appliquer un décou- plage total peuvent néanmoins le faire. Pour les bovins, deux options possibles : un couplage total pour la prime à la vache allaitante avec un découplage de 60 % de la prime à l’abattage ou un couplage total pour la prime à l’abattage. Pour les ovins et les caprins, enfin, le découplage touche 50 % de la prime actuelle.

Autre pierre d’achoppement : la baisse des prix d’intervention sur les céréales et les produits lai- tiers, à partir desquels l’UE soutient les agricul- teurs en cas de chute des cours. Pour l’orge, le maïs et le blé, ces prix resteront inchangés, mais certaines aides au stockage seront réduites de 50 % ; une réduction de 25 % des prix d’inter- vention sur le beurre est prévue sur quatre ans, et de 15 % sur trois ans pour le lait écrémé. Un certain nombre d’exceptions sont prévues qui, pour certaines, sont autant d’entorses à l’esprit communautaire : la Grèce obtient par exemple l’accroissement de ses quotas laitiers et le Por- tugal bénéficie de dérogations. C’est dans deux ans que sera dressé un état des lieux de la ré- forme du commissaire européen Fischler. En at- tendant, et dès 2007, le Conseil et la Commission discuteront chaque année de l’état des dépenses agricoles.

CÉLINE CABOURG

POURQUOI UNE TELLE RÉFORME ?

La politique agricole commune n’en est pas à son premier lifting depuis quarante-cinq ans. Au moment de sa création en 1957, l’objectif est d’accroître la productivité et downloadModeText.vue.download 70 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

68 de stabiliser les marchés. Avec, comme but ultime, l’autosuffisance d’une Europe meurtrie par la Seconde Guerre mondiale. Pour cela, la PAC bénéficie dès le début des années 1960 d’un fonds spécial pour finan- cer les dépenses : le FEOGA, fonds spécial d’orientation et de garantie agricole qui, très vite, absorbe la majeure partie du bud- get communautaire. En moins de dix ans, grâce notamment à la garantie d’un prix minimal pour de nombreux produits, aux subventions aux exportations, l’Europe est parvenue à son objectif d’autosuffisance alimentaire tout en maintenant les prix agricoles. Dès les années 1970 pour le lait et 1980 pour les céréales, apparaissent les premiers effets pervers liés à la surpro- duction. Dans les années 1980, les quotas mis en place s’avèrent insuffisants, et, en 1992, une première réforme consistant en une première baisse des prix est entérinée, remplacée en partie par des aides directes aux agriculteurs. Déjà l’OMC fuit pression pour supprimer les subventions à l’expor- tation. C’est au moment du sommet de Ber- lin en 1999 qu’est enregistrée la première inflexion notable : avec une baisse relative du poids de la PAC dans le budget euro- péen et un plafonnement à 43 milliards d’euros par an. Au fil des années, la PAC était devenue un gouffre qui engloutissait en 2002 43 % du budget européen.

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France Montée en pression des intermittents

Les intermittents du spectacle, qui continuent leurs actions coup de poing dans toute la France, sont expulsés de la grande halle du parc de la Villette où ils tenaient une assemblée. Ils appellent à « la créa- tion d’une coordination nationale » pour « bloquer les événements culturels » de l’été, accusant le gou- vernement d’avoir « choisi la répression ». Plus que jamais décidés à obtenir le retrait de la réforme de leur système d’assurance chômage, ils menacent d’empêcher l’organisation des Festivals d’Avignon, d’Aix-en-Provence et des Vieilles Charrues. Selon les termes du protocole du nouveau système d’assu- rance, les techniciens devront dorénavant cumuler 507 heures sur dix mois, et sur dix mois et demi pour les artistes, pour pouvoir ouvrir des droits, avec une durée d’indemnisation fixée à huit mois (243 jours). Auparavant, les intermittents du spectacle devaient cumuler 507 heures de travail sur douze mois pour bénéficier d’un an d’indemnisation.

30

Cinéma

Disparition de Katharine Hepburn

L’actrice américaine Katharine Hepburn décède à Old Saybrook, dans le Connecticut, à l’âge de quatre- vingt-seize ans. Surnommée « la première dame du cinéma américain », elle a joué dans plus de 50 films, dont huit sous la direction de George Cukor, et ob- tenu quatre oscars (Morning Glory, 1933 ; Devine qui vient dîner, 1967 ; Un lion en hiver, 1968 ; la Maison du lac, 1981) et douze nominations. Incarnation précoce de la femme libérée, elle fut un modèle pour de nombreuses femmes. Sa vie et sa carrière restèrent marquées par sa rencontre avec Spencer Tracy, qui deviendra son partenaire idéal à l’écran (9 films), mais aussi, clandestinement, dans la vie, car l’acteur, marié et catholique convaincu, refusera toujours de divorcer. downloadModeText.vue.download 71 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

69

Juillet

1

Irak

Multiplication des attentats antiaméricains Malgré le déclenchement d’une vaste opération des- tinée à éliminer la résistance, des soldats américains sont une nouvelle fois pris pour cibles par des tirs ennemis, dans le centre de Bagdad, qui font quatre morts et deux blessés. Le 3, dix soldats américains sont blessés dans divers incidents armés, notam- ment deux attaques à Bagdad. La recrudescence des actions contre les Américains conduit l’adminis- trateur en chef américain Paul Bremer à demander des renforts militaires. Le 4, des obus de mortier sont tirés sur une base américaine au nord de Bagdad, fai- sant 18 blessés parmi les marines, tandis qu’un autre militaire est abattu devant le musée de la capitale. Depuis la fin des affrontements majeurs annoncée le 1er mai par George W. Bush, 27 soldats américains ont été tués. Le président américain promet de punir sévèrement ceux qui s’en prennent aux forces améri- caines et commettent des actes de sabotage contre les infrastructures du pays. Il souligne que ces mani- festations d’hostilité n’empêcheront pas l’armée de poursuivre sa mission en Irak.

Chine

Manifestation pour les libertés à

Hongkong

Quelque 400 000 manifestants défilent à Hongkong contre un projet de loi, qui, selon eux, menace les li- bertés fondamentales, au nom du « salut de la liberté » et « contre l’article 23 ». Ce dernier, la principale dis- position combattue par les manifestants, est inclus dans un projet de loi contre la subversion, la sédition, la trahison et le vol de secrets d’État prévu dans la Constitution de Hongkong. Selon ses détracteurs, il est de nature à limiter les libertés politiques, reli- gieuses, de presse et d’expression sur le territoire de l’ancienne colonie britannique rétrocédée à la Chine le 1er juillet 1997, à l’instar de ce qui se passe en Chine continentale. Ils le considèrent également comme une remise en cause du principe « un pays, deux systèmes » qui doit garantir une large autonomie à Hongkong pendant cinquante ans après le retour dans le giron de Pékin en lui permettant de garder ses libertés civiques à l’occidentale et son économie capitaliste. Le 7, le chef de l’exécutif de Hongkong, Tung Chee-hwa, décide le report de la loi contes- tée, plongeant du même coup son gouvernement dans la crise la plus grave depuis la rétrocession de Hongkong.

2

Italie

Nouvel impair de Silvio Berlusconi Alors que Silvio Berlusconi vient d’entamer son semestre de présidence tournante de l’Union euro- péenne, il provoque un vif incident au Parlement européen en suggérant à Martin Schulz, un député social-démocrate allemand qui venait de le critiquer, de jouer « le rôle d’un kapo » dans un film italien en cours de réalisation sur les camps de concentration nazis. M. Schulz avait notamment déclaré craindre que « le virus du conflit d’intérêts italien soit transféré au niveau de l’Union européenne » ; il avait également reproché à M. Berlusconi de s’être mis à l’abri de poursuites pour corruption pendant la durée de son mandat grâce à l’immunité votée récemment par sa majorité au Parlement italien. Le gouvernement alle- mand juge « inacceptables » les propos du président du Conseil italien. Le 3, ce dernier déclare regretter ses propos au Parlement européen, tout en souli- gnant ne pas s’être excusé. Le chancelier allemand Gerhard Schröder considère dès lors que l’incident est clos.

3

France

Une mission pour la laïcité

Le président Jacques Chirac confie au Médiateur de la République, Bernard Stasi, la présidence d’une commission, placée directement sous son autorité, chargée de réfléchir sur la laïcité. Cette commission de réflexion, composée de vingt sages – notamment le philosophe Régis Debray, le sociologue Alain Tou- raine et le consultant Raymond Soubie –, devra re- mettre avant la fin de 2003 des propositions sur l’ap- plication du principe de laïcité dans la République. L’initiative du chef de l’État intervient alors que le débat sur la laïcité suscite depuis plusieurs mois de multiples prises de position : ainsi, en avril, le ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, a rappelé l’obligation downloadModeText.vue.download 72 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

70 pour tous de présenter une photographie d’identité avec la tête nue, et le ministre de l’Éducation natio- nale, Luc Ferry, jugeait pour sa part « souhaitable de légiférer » sur le port du voile à l’école.

4

France

Arrestation d’Yvan Colonna

Yvan Colonna, l’assassin présumé du préfet de Corse Claude Erignac – abattu par un commando le 6 fé- vrier 1998 à Ajaccio –, est arrêté dans la région de Porto-Pollo, près de Propriano, en Corse-du-Sud. Il avait échappé pendant plus de quatre ans à la justice française. Cette arrestation intervient alors que les membres du commando sont jugés depuis le 2 juin dernier par la cour d’assises spéciale de Paris, qui de- vra décider de poursuivre ou non le procès. Yvan Co- lonna est donc entendu dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat de Claude Erignac. Le 18, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris rejette les requêtes formulées par les avocats d’Yvan Colonna, qui contestaient la validité d’un mandat d’arrêt déli- vré contre lui le 24 mai 1999, donc celles de son inter- pellation et de l’incarcération qui en découlent. Yvan Colonna est écroué et mis en examen notamment pour « assassinat ».

Irak

Un message audio de Saddam Hussein La chaîne de télévision par satellite Al-Jazira diffuse un message audio attribué à Saddam Hussein, dans lequel l’ancien dictateur affirme se trouver toujours en Irak et promet de nouvelles attaques antiaméri- caines. La diffusion de ce message intervient alors que le gouvernement américain vient de proposer une récompense de 25 millions de dollars pour toute information permettant d’arrêter Saddam Hussein ou de confirmer sa mort, et de 15 millions de dol- lars pour toute information concernant ses deux fils, Oudaï et Qoussaï.

5

Russie

Attentat à Moscou

Vingt personnes sont tuées et une trentaine bles- sées dans une série d’explosions, provoquées par des femmes kamikazes lors d’un concert de rock donné dans le nord-ouest de Moscou et réunissant 40 000 spectateurs. Le ministre de l’Intérieur, Boris Gryzlov, établit un lien entre ces explosions et la gué- rilla indépendantiste tchétchène, indiquant qu’un passeport tchétchène avait été trouvé sur une des deux femmes kamikazes.

6

France

Victoire du « non » en Corse

À l’issue du référendum sur la réforme du statut de la Corse, le « non » l’emporte avec 50,9 % des suf- frages. La participation est de 60,8 %. Les deux dé- partements ont voté « non », les grandes villes aussi : Ajaccio à 52,38 %, Bastia à 70,77 %. Le ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, regrette que « les Corses aient choisi le statu quo ». Les 191 000 électeurs de l’île étaient appelés à se prononcer sur un référendum local inédit en France métropolitaine portant sur la réforme du statut de l’île, le quatrième projet en vingt-deux ans, deux jours après l’arrestation d’Yvan Colonna, tueur présumé du préfet Claude Erignac.

Tennis

Victoires de S. Williams et R. Federer à

Wimbledon

Pour leur sixième finale commune en Grand Chelem, les soeurs Williams s’affrontent en finale sur le central de l’All England Club de Wimbledon. C’est la cadette, Serena, qui s’impose (4/6, 6/4, 6/2) à son aînée, Venus, pour la seconde année consécutive. Chez les mes- sieurs, le Suisse Roger Federer remporte son premier titre du Grand Chelem en dominant l’Australien Mark Philippoussis (7/6, 6/2, 7/6).

Corse : la réforme en panne

Consultés par référendum le 6 juillet, les Corses ont rejeté par une courte majorité la réforme proposée par le gouvernement visant à ériger l’île en une collectivité territoriale unique.

« Approuvez-vous les orientations propo- sées pour modifier l’organisation institu- tionnelle de la Corse ? » Appelée le 6 juillet à se prononcer sur cette question posée par le downloadModeText.vue.download 73 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

71 gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, la Corse est ressortie profondément divisée de ce réfé- rendum régional, le premier du genre jamais or- ganisé en France, le « non » emportant la faveur des électeurs corses, par 50,98 % des suffrages.

Une bonne mobilisation

Une très courte majorité donc, mais néanmoins lourde de conséquences politiques dans l’île comme à Paris, où la victoire du « non » a sur- pris la quasi-totalité des acteurs politiques, en porte-à-faux avec un électorat corse qui s’était relativement bien mobilisé (60,52 % de partici- pation) pour rejeter un projet institutionnel se voulant consensuel. Car la réforme des institu- tions insulaires, en s’inscrivant dans le prolon- gement du processus de Matignon lancé par le gouvernement précédent dirigé par Lionel Jospin, prétendait rassembler l’ensemble de la classe politique et les citoyens corses autour du principe de la substitution d’une collectivité ter- ritoriale unique à l’actuelle région et aux deux départements. Héritant de l’ensemble des res- sources et charges des départements existants, la nouvelle entité corse devait être gérée par une direction unifiée, au grand dam des partisans du « non », qui craignaient que la réforme éloigne un peu plus la Corse de la France, et à la satis- faction des partisans du « oui », qui voulaient y voir une reconnaissance de la réalité insulaire corse. Prudent, le texte ne touchait pas à l’orga- nisation de l’État dans l’île, avec ses deux pré- fets de région siégeant à Ajaccio et à Bastia, les conseillers généraux devant être remplacés par des conseillers territoriaux, chargés d’appliquer, avec les représentants de l’ancienne administra- tion départementale, les orientations de la col- lectivité unique. Soucieux de remédier au déficit de coordination entre les différents échelons de l’administration dont souffre traditionnellement la Corse, comme l’indiquait l’audit administra- tif réalisé en juin, qui soulignait aussi la néces- sité de réduire les personnels des deux conseils généraux et les risques de clientélisme afférant, le projet présenté par le gouvernement péchait peut-être par excès de prudence, et sans doute surtout par l’ambiguïté et la confusion des inter- prétations auxquelles il avait donné lieu. Entre les arguments des adversaires de la réforme, qui lui reprochaient, pour les uns de distendre les liens entre l’île et le continent, pour les autres de procéder à un bricolage institutionnel inutile, et les assurances prodiguées par ses auteurs et par- tisans, qui en soulignaient les progrès sur la voie d’une meilleure intégration de la Corse dans la République ou sur celle de la reconnaissance de sa spécificité politique, les électeurs corses, troublés, ont été manifestement incapables de se faire une opinion plus tranchée. Quelques heures avant le scrutin, l’arrestation spectacu- laire d’Yvan Colonna, le tueur présumé du préfet Claude Erignac, et le triomphalisme affiché par Nicolas Sarkozy, promoteur de la réforme et de la politique corse du gouvernement, ont ajouté au trouble, surtout parmi l’électorat nationaliste, déjà réticent à suivre les consignes à voter « oui » de ses dirigeants.

Un échec pour le gouvernement

Le désaveu exprimé dans les urnes sera donc à l’aune d’un consensus qui rassemblait autour de ce projet de réforme la grande majorité des responsables politiques, sur l’île comme sur le continent, de droite comme de gauche. Person- nalité phare du gouvernement, Nicolas Sarkozy interprétera la défaite du « oui » comme un « échec personnel » qui vient égratigner une cote de popularité jusque-là au beau fixe. Pour Jean-Pierre Raffarin, dont le gouvernement tra- verse une période de turbulences sociales, no- tamment en raison de la réforme de la retraite, qui a dû peser aussi dans le référendum corse, la victoire du « non » constitue aussi un revers qui va au-delà de la question corse. Outre le fait que les électeurs corses ont pu saisir l’occasion de ce vote pour exprimer leur désaccord avec les grandes orientations nationales, c’est sa poli- tique de décentralisation, dont cette consulta- tion constituait la première expérimentation, qui est affectée par ce résultat. J. Chirac n’est pas épargné par la défaite du « oui », qu’il avait désigné comme « la meilleure manière d’affir- mer l’attachement des Corses à la France et à la République ». La formulation avait d’ail- leurs provoqué un certain malaise parmi les diri- geants nationalistes corses, eux aussi désavoués par leur électorat au lendemain d’un référendum qui donne un coup d’arrêt au processus de Mati- gnon, l’une des rares initiatives de l’ancienne majorité à avoir été approuvée par le nouveau gouvernement. En Corse même, le référendum a conforté un statu quo qui risque d’entraîner à nouveau l’île dans la spirale de la violence et de la répression, si une nouvelle dynamique politique ne vient pas relancer un dialogue moribond. Alors que l’UE s’apprête à accueillir downloadModeText.vue.download 74 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

72 dix nouveaux membres, la Corse a manqué son rendez-vous avec une Europe des régions, où elle aurait trouvé sa place auprès d’autres enti- tés régionales insulaires comme les Baléares, Madère ou la Sardaigne. Et la recrudescence des attentats durant l’été ne crée pas un climat pro- pice au compromis entre Paris et ses habitudes jacobines et des nationalistes corses tentés par le repli identitaire.

JACQUES FRANÇOIS

L’OMBRE D’YVAN COLONNA

Le 4 juillet, N. Sarkozy annonce l’arresta- tion, près d’une bergerie de Margaritaghia où il aurait trouvé refuge, d’Yvan Colonna, le tueur présumé du préfet Claude Erignac, en cavale depuis quatre ans. Mais la mé- daille a son revers, le nouveau succès de la politique sécuritaire de Sarkozy se payant d’un recul de sa politique corse. Cette ar- restation et l’enquête sur les complicités dont aurait bénéficié le fugitif pèsent lour- dement sur le cours et le verdict du procès ouvert à Paris depuis le 2 juin contre les membres du commando suspecté d’avoir organisé l’assassinat du préfet d’Ajaccio le 6 février 1998. L’affaire Colonna et les manipulations politiques auxquelles elle prêterait ont aussi pesé sur le référen- dum, modérant l’engagement des nationa- listes pour le « oui », toutefois majoritaire à Cargese, le village du fugitif. Enfin, elles susciteront un regain de violence dans l’île où les nationalistes relancent l’épreuve de force contre les autorités, comme en témoigne le siège de la gendarmerie de Luri par les habitants en septembre, après l’arrestation de jeunes accusés d’avoir jeté des engins incendiaires.

8

France

Avignon et Aix annulés

Stéphane Lissner, directeur du festival d’Art lyrique d’Aix-en-Provence, ainsi que Bernard Faivre d’Arcier, directeur du festival de théâtre et de danse d’Avi- gnon, annoncent l’annulation de l’édition 2003 de leurs festivals respectifs. C’est la première fois que le Festival d’Avignon, créé en 1947 par Jean Vilar, est annulé. Il avait été perturbé en mai 1968 mais avait pu se dérouler jusqu’au bout. « On ne peut pas organi- ser un festival sous la pression d’une grève reconductible au jour le jour », souligne Bernard Faivre d’Arcier en faisant référence au mouvement des intermittents du spectacle qui protestent contre la réforme de leur régime d’assurance chômage. Face à la détermina- tion des intermittents, le gouvernement est resté inflexible en lançant la procédure d’agrément du protocole d’accord signé le 27 juin par certains par- tenaires sociaux – la CGT, syndicat majoritaire dans le spectacle, et FO n’ont pas signé le document –, ce qui a déclenché une nouvelle épreuve de force avec les syndicats. La réforme, qui vise à assainir le déficit du régime spécifique des intermittents, pré- voit des conditions plus restrictives pour l’accès aux indemnités chômage. Le 17, le ministre de la Culture, Jean-Jacques Aillagon, annonce la création d’une mission d’expertise destinée à évaluer les besoins des festivals annulés ou gravement perturbés. Mais tout indique alors que les intermittents sont décidés à poursuivre le mouvement de protestation.

Un été sans festivals

Après dix ans de tentatives avortées pour réformer le statut des intermittents du spectacle, un protocole d’accord qui en modifie le régime voit le jour le 27 juin 2003.

À l’instar du Festival d’Avignon, la plupart des manifestations de l’été sont annulées les unes après les autres.

Le protocole d’accord a été signé par trois organisations patronales (le MEDEF, la Confé- dération générale des petites et moyennes en- treprises, ou CGPME, et l’Union professionnelle artisanale, ou UPA) et trois syndicats, la CFDT, la CFTC et la CGC. La CGT et FO refusant de para- pher le texte. Selon le régime des intermittents du cinéma, de l’audiovisuel et du spectacle, le nombre des bénéficiaires a doublé en dix ans. Ainsi, plus de 75 000 personnes ont été indem- nisées en 2002 sur un total de 135 000 salariés cotisants. Mais, alors qu’en 2002 les dépenses s’élevaient à 952 millions d’euros, les recettes plafonnaient à 124 millions. Soit un déficit de 828 millions d’euros. Refusant catégoriquement un nouveau statut, qu’ils jugent discriminatoire, des milliers d’intermittents s’organisent, se fé- downloadModeText.vue.download 75 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

73 dèrent en collectifs et optent pour l’annulation hautement symbolique du Festival d’Avignon le 10 juillet.

Une « erreur de cible »

À l’origine de la mobilisation, le nouveau texte prévoit une réduction de la durée de cotisation permettant d’ouvrir les droits à ce régime spé- cifique à dix mois pour les techniciens et à dix mois et demi pour les artistes (au lieu de douze précédemment), au cours desquels il leur faudra effectuer le même nombre d’heures de travail qu’auparavant : les fameuses 507 heures. L’autre point sévèrement contesté étant la réduction de la durée d’indemnisation, à huit mois contre douze précédemment.

Côté syndicats, les interprétations divergent et les fossés se creusent. Le conflit entre les négo- ciateurs et les opposants prolonge le scénario du débat sur les retraites. Pour les représentants de la CFTC, ce compromis, quoique imparfait, « a permis de sauver le régime des intermit- tents ». Ce n’est absolument pas le point de vue de Jean Voirin, secrétaire général de la fédéra- tion des syndicats CGT du spectacle (majori- taires dans le spectacle vivant) selon lequel « le rétrécissement des conditions d’entrée va se traduire par l’éviction de 30 % des alloca- taires ». À son appel, et à peine l’accord signé, le mot d’ordre de la mobilisation est lancé, des ma- nifestations s’improvisent dans toutes les villes et la menace de sévères perturbations plane sur les Festivals d’Aix et d’Avignon.

Les intermittents dénoncent l’« erreur de cible ». En effet, depuis une dizaine d’années, les chaînes de télévisons et les grandes stations radio, mais surtout les productions audiovi- suelles privées, ont abusivement sollicité ce statut pour leurs salariés de grille : infractions à la législation des CDD, petits arrangements internes sur le dos de l’UNEDIC en déclarant quinze jours un salarié qui a travaillé le mois. C’est ainsi qu’on trouve des intermittents embauchés depuis vingt ans pour la même chaîne et que des sociétés comme Disney ou Canal + ont dû, dans les années 1990, rendre des comptes et requalifier certains de leurs contrats. La moralisation est en marche sur les grandes chaînes de télévision. Le président de France Télévision, Marc Tessier, s’est enga- gé à plus de transparence pour 2004 dans un courrier au ministre de Culture, Jean-Jacques Aillagon.

Les regards convergent vers Avignon

En menaçant de faire grève pendant les festivals d’été, les intermittents entendent démontrer qu’ils occupent une place de choix dans la vie économique. La première manifestation touchée est le Festival Montpellier Danse, dont le directeur annonce le 29 juin l’annulation de l’événement, suivi par ses collègues du Festival de Marseille et des Tombées de la nuit de Rennes. Dès lors, tous les regards se tournent vers Avignon, festival le plus emblématique qui doit s’ouvrir le 8 juillet. Le 7, un manifeste, signé par 1 109 réalisateurs, techniciens, comédiens, appelle l’État à sauver le régime des intermittents. Certaines personna- lités se distinguent par leur opposition au mou- vement, comme Patrice Chéreau qui s’interroge en esthète : « Comment peut-on renoncer à jouer ? Les rues sont envahies par le silence et la mort, comme partout où des festivals ont été annulés. » Finalement après les Francofolies de La Rochelle, les Festivals d’Aix et d’Avignon sont annulés le 10 juillet par leurs responsables. Une première pour Avignon depuis sa création en 1947. À Aix, alors que le rideau retombe sur une Traviata chahutée par des sifflets et des pétards, Stéphane Lissner décide qu’il « n’était pas ac- ceptable de continuer ». En Avignon, ce devait être la journée de l’ouverture du « off », mais dès 17 heures un cortège de plusieurs milliers de per- sonnes défile sous la banderole : « la mort dans l’âme ». Puis vient l’heure de l’assemblée générale, au cours de laquelle 600 artistes et techniciens du « in » se prononcent majoritairement pour la reconduction de la grève. Le 10 juillet, Bernard Faivre d’Arcier reprend le mot d’ordre de la mani- festation gréviste, expliquant qu’il clôt le festival « la mort dans l’âme ». Alors que MEDEF et CGT se renvoient la balle des responsabilités, déjà on s’interroge sur la survie des festivals annulés. De son côté, le gouvernement ne fléchit pas. En Avi- gnon, alors que la direction du festival chiffre les pertes à plus de deux millions d’euros, la munici- palité s’engage à dégager une subvention excep- tionnelle. Le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin annonce la mise en place d’un programme natio- nal pour la pérennité des festivals et la création d’un Conseil national de l’emploi culturel. Ce que confirme Jacques Chirac dans son discours du 14 juillet : l’accord sera agréé – le 8 août – et appli- qué à partir du 1er janvier 2004. Dès septembre, la mobilisation change de ton, privilégiant les actions ponctuelles et ciblées.

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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

74

LES GRANDES DATES DU CONFLIT

– 27 juin : signature du protocole d’accord modifiant le système d’assurance chômage des intermittents entre trois organisations patronales (MEDEF, UPA, CGPME) et trois syndicats (CFDT, CFTC, CGC).

– 7 juillet : le ministre de la Culture annonce le maintien de l’actuel système d’indemni- sation jusqu’à fin 2003, le nouveau proto- cole n’entrant en application qu’à partir de 2004-2005.

– 8 juillet : nouvelle rencontre entre syndi- cats et patronat et signature d’un avenant du protocole d’accord sans la CGT et FO ; grève à l’appel de la CGT ; annulation de l’ouverture du Festival d’Avignon et sus- pension du Festival d’Aix.

– 9 juillet : le gouvernement engage la pro- cédure d’agrément ; annulation des Fran- cofolies de La Rochelle.

– 10 juillet : le Festival d’Aix et le « in » d’Avi- gnon sont annulés.

– 14 juillet : 650 artistes adressent une péti- tion au président Chirac, lequel déplore « l’épouvantable gâchis artistique humain et économique ».

– 16 juillet : annulation du Festival de Radio France Montpellier.

– 7 août : parution au JO du nouveau ré- gime de l’indemnisation du chômage des intermittents du spectacle.

– 12 août : la coordination des intermit- tents et précaires d’IDF dépose une plainte contre X pour « faux en écriture privée » avec constitution de partie civile devant le TGI de Paris. Elle conteste l’authenticité de l’avenant du 8 juillet.

11

France

Lourdes peines au procès Erignac

La cour d’assises spéciale de Paris condamne à la réclusion criminelle à perpétuité deux des huit hommes accusés d’avoir participé à l’assassinat du préfet de Corse, Claude Erignac. Deux autres préve- nus sont condamnés à trente années de réclusion, et les quatre derniers à des peines allant de quinze à vingt-cinq années de réclusion. À Ajaccio, des mili- tants nationalistes – un millier selon la police, 12 000 selon les organisateurs – rassemblés à l’appel du Comité anti-répression (CAR) apportent leur soutien aux militants condamnés.

17

République démocratique du

Congo

Gouvernement de transition

Azarias Ruberwa et Jean-Pierre Bemba, les chefs des deux principales rébellions congolaises, le Rassem- blement congolais pour la démocratie (RCD, allié du Rwanda) et le Mouvement pour la libération du Congo (MLC, soutenu par l’Ouganda), prêtent ser- ment à Kinshasa pour devenir vice-présidents du gouvernement de coalition qui doit mettre un terme à près de cinq années de guerre civile en République démocratique du Congo (RDC). Ils seront placés sous l’autorité du président Joseph Kabila. Les deux autres vice-présidents sont Abdoulaye Yerodia Nbombasi, un allié de M. Kabila, et Arthur Z’ahidi Ngoma, issu de l’opposition politique congolaise. La population espère que l’entrée en fonction de ce gouvernement marquera une étape importante vers la fin de la guerre civile qui ravage l’ancien Zaïre depuis 1998. En vertu de l’accord de paix conclu en décembre, le gouvernement s’est engagé à élaborer avant le 4 août un plan organisant la tenue d’élections libres d’ici à un an environ. Toutefois, la paix semble fragile car les combats se poursuivent en Ituri.

18

Royaume-Uni

Mort d’un expert en armement

L’expert britannique en armes bactériologiques David Kelly est retrouvé mort par la police : il se serait suicidé. Il était présenté comme la « source principale » d’un journaliste de la BBC qui a mis en cause la sincérité de Londres sur le dossier des armes de destruction massive. Ce conseiller du ministère de la Défense, âgé de cinquante-neuf ans, avait reconnu s’être entretenu avec le journa- liste de la BBC Andrew Gilligan qui a rapporté des allégations selon lesquelles des collaborateurs du gouvernement auraient manipulé des renseigne- ments pour « gonfler » le dossier accusateur de Londres sur les armes irakiennes. L’enquête de la BBC, rendue publique le 29 mai, a causé une tem- downloadModeText.vue.download 77 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

75 pête politique autour de la gestion du dossier des armes irakiennes par les services de M. Blair, favori- sant le déclenchement d’enquêtes parlementaires sur la question. Le Premier ministre écarte toute intention de démissionner. Le 24, la BBC déclare posséder un enregistrement de David Kelly, dans lequel il dit sa préoccupation sur la façon dont Downing Street a présenté le dossier de l’arme- ment irakien pour justifier la guerre.

Corse

Reprise des attentats

Quelques jours après le groupe Union des com- battants, un autre groupe, le FLNC des anonymes, annonce la rupture de la trêve des attentats qu’il observait depuis dix-sept mois et la reprise de « la lutte armée ». Le 20, un attentat endommage des lo- caux d’EDF dans un centre commercial de Furiani, en Haute-Corse, tandis que le FLNC (Front de libération nationale de la Corse) revendique le double attentat de Nice commis contre la Direction régionale des douanes et la Trésorerie générale de Nice, ainsi que celui qui a visé un bâtiment de la Direction départe- mentale de l’équipement, près de Bastia. L’affaire Kelly

Trois mois après la chute de Bagdad s’ou- vrait au Royaume-Uni une crise politique majeure sur fond de polémique, de soupçon et de drame. La première victime aura été un expert en armes biologiques du minis- tère de la Défense, le docteur David Kelly.

Le 17 juillet, le docteur David Kelly, cin- quante-neuf ans, expert en armes bacté- riologiques du ministère de la Défense, quitte son domicile d’Abingdon dans l’Oxfordshire, à quelque 70 km à l’ouest de Londres. Le lende- main matin, les policiers découvrent à proxi- mité de la propriété un cadavre correspondant à sa description. Le docteur David Kelly a suc- combé à une hémorragie après s’être tranché les veines. Une semaine auparavant, ce scien- tifique mondialement connu, avait été appelé à témoigner dans l’affaire des armes de des- truction massive (ADM) de Saddam Hussein, sur la possession desquelles Tony Blair avait justifié, le 3 septembre 2002, l’engagement du Royaume-Uni dans la guerre contre l’Irak.

Downing Street contre la BBC

Ce jour-là, au cours d’une conférence de presse, Tony Blair plaide pour une intervention militaire contre le régime de Saddam Hussein. Pour don- ner plus de crédibilité à ses propos, il commande à ses services un « dossier noir » sur l’armement dont dispose le dictateur irakien. L’homme lige du Premier ministre, Alastair Campbell, prend les choses en main.

Le 9 septembre 2002, Alastair Campbell préside une réunion sur la stratégie de communication sur l’Irak. C’est dans le cadre de cette réunion qu’un intervenant aurait affirmé que Saddam Hussein pouvait déployer ses armes chimiques et biologiques en quarante-cinq minutes. Une menace que Tony Blair met en avant afin d’obte- nir l’accord de la Chambre des communes pour engager les forces britanniques aux côtés des Américains. Mais dès la fin de la guerre, la ques- tion des armes chimiques irakiennes resurgit à l’initiative de la BBC : le dossier serait émaillé d’affirmations « infondées », sinon « exagé- rées ». Très vite, le ton monte entre la BBC et Downing Street.

Le 29 mai, Andrew Gilligan, un journaliste de la BBC, laisse entendre que le gouvernement aurait volontairement gonflé le dossier de l’armement en Irak. Il accuse Alastair Campbell d’avoir rendu « plus sexy » le rapport des services de rensei- gnements sur la menace que représenterait Bag- dad en y ajoutant notamment la précision du déploiement des armes, estimé à quelque qua- rante-cinq minutes. Interrogé sur ses sources, le journaliste refuse de livrer le nom de son informateur. Début juin, des fonctionnaires ano- nymes des services de renseignements accusent eux aussi le Premier ministre britannique d’avoir indûment musclé les informations relatives à la présence d’armes de destruction massive. D’anciens ministres démissionnaires – dont le secrétaire au Foreign Office Robin Cook et l’ex-ministre du Développement international Clare Short – reprochent directement à Tony Blair d’avoir trompé le pays sur l’existence de ces armes. Face aux multiples interrogations concernant la véracité des documents produits par le gouvernement, la commission des Affaires étrangères de la Chambre des communes ouvre une enquête sur les documents controversés. Parallèlement, la commission des Services de renseignements et de sécurité conduit sa propre investigation. downloadModeText.vue.download 78 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

76

Un bouc émissaire

C’est alors que Geoff Hoon, le ministre de la Défense, lance un pavé dans la mare. Il rapporte en effet que David Kelly lui a confié avoir ren- contré le journaliste le 22 mai pour parler de l’Irak. Ce qui est vrai, mais il extrapole toutefois en le désignant comme le confident possible du journaliste. De son côté, David Kelly nie, ne se reconnaissant pas dans les propos rapportés par Gilligan. Le 10 juillet, les gros titres de la presse britannique jettent son nom en pâture. Assez d’interrogations et de soupçons planent à ce moment sur l’expert pour que la commis- sion des Affaires étrangères de la Chambre des communes lui demande, cinq jours plus tard, de témoigner devant les députés.

L’audition tourne au supplice pour l’expert. Pour- tant il ne faut que quinze petites minutes pour que les députés comprennent que Kelly n’est pas la taupe recherchée par Downing Street. Ce que résume John Stanley, député travailliste, en déclarant que l’expert est « à l’évidence un bouc émissaire [...] désigné par le ministère de la Défense » pour justifier auprès des Bri- tanniques de plus en plus sceptiques l’engage- ment de leur pays dans la guerre contre l’Irak. Le très calme et discret David Kelly semble avoir surmonté la pression conjuguée des politiques et de la presse. Il n’en est rien. Deux jours après avoir été entendu par la Chambre, il se donne la mort. Une enquête doit déterminer s’il est oui ou non la victime directe de la controverse entre le gouvernement et la BBC. En voyage en Asie, Tony Blair annonce que c’est le juge lord Brian Hutton, un magistrat ayant acquis une longue expérience en Irlande du Nord, qui est chargé de l’enquête.

Selon un sondage, l’image de Tony Blair ne cesse de se détériorer et 59 % des Britanniques se rangent du côté de la BBC. À Londres, dans la salle 73 de la Haute Cour, les auditions du juge Hutton se succèdent. On retiendra cette phrase étonnante du Premier ministre britan- nique au juge : « Si les révélations de la BBC avaient été fondées, elles auraient justifié ma démission. » Alastair Campbell doit assu- mer le rôle de fusible. Conseiller confident de Tony Blair et chef d’orchestre des conseillers spéciaux, il donne sa démission le 29 août, dix jours après avoir témoigné devant le juge. Après cent dix heures d’audience et l’audition de 74 témoins, le dossier s’éclaire sur plusieurs points : la théorie du complot est balayée, le suicide ne faisant aucun doute. Tony Blair, après l’avoir nié dans un premier temps, recon- naît devant le juge que c’est dans son bureau qu’a été prise la décision de laisser filtrer le nom de Kelly du fait du discrédit frappant ses propres services. Il apparaît par ailleurs que l’expert n’aurait pas nominativement pointé du doigt Campbell et que c’est le journaliste qui lui aurait arraché le nom, mais que, comme d’autres, Kelly déplorait l’influence envahis- sante des conseillers spéciaux.

Au-delà du suicide de David Kelly, une ques- tion majeure est restée en suspens, qui risque d’entacher longtemps encore la vie politique britannique : l’éventuel gonflement du dossier sur les armes d’extermination irakiennes. Dans le quotidien le Monde daté du 7 octobre, Hans Blix, ancien chef de la Commission de contrôle, de vérification et d’inspection de l’ONU (Unmo- vic), déclarait que M. Bush et M. Blair, sans avoir menti, avaient « déformé ou surinterprété les faits ». Néanmoins, malgré la parution d’un livre de l’ancien ministre des Relations avec le Parle- ment, Robin Cook, selon lequel Tony Blair savait que l’Irak ne représentait pas une menace sé- rieuse en termes d’ADM, le Parti travailliste jouait au coude-à-coude avec les tories avec 33 % des intentions de vote.

CÉLINE CABOURG

21 Allemagne

Réforme du système de santé

Le gouvernement rouge-vert et l’opposition CDU- CSU s’entendent sur une réforme générale du sys- tème de santé en Allemagne, qui demandera de gros sacrifices aux cotisants de l’assurance mala- die. Les instances dirigeantes des grands partis ont approuvé le compromis obtenu par les deux négociateurs, la ministre sociale-démocrate de la Santé, Ulla Schmidt, et l’ex-ministre CSU de la Santé, Horst Seehofer. Dorénavant, l’assurance maladie ne couvrira plus les soins dentaires ; les assurés devront contracter une assurance annexe. Ceux qui consultent un médecin devront payer 10 euros par trimestre (actuellement les consultations sont gratuites). Le séjour à l’hôpital coûtera 10 euros par jour, au maximum 280 euros. À partir de 2007, la caisse de maladie ne payera plus d’indemnité de congé maladie : ici aussi, les assurés devront s’assu- downloadModeText.vue.download 79 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

77 rer eux-mêmes. L’assuré devra payer 10 % du prix du médicament, au maximum 10 euros par médi- cament. Cet ensemble de mesures permettra aux caisses d’économiser 10 milliards d’euros en 2004, le volume grimpant à 20 milliards en 2007. L’intention politique est de réduire les coûts salariaux annexes trop élevés en Allemagne. Avec la réforme, la cotisa- tion devrait descendre à terme de 14,4 % du revenu brut (l’employeur payant la moitié) à 13 %. Le com- promis est politiquement important. Normalement, le gouvernement aurait dû présenter un texte de loi qui aurait été rejeté par le Bundesrat, chambre des Länder dominée par la CDU, et ensuite la commis- sion de conciliation des deux chambres aurait été obligée de forger un compromis entre des posi- tions antagonistes. Or, dans le cas de la réforme de la santé, les deux grands camps politiques ont pré- féré trouver un compromis raisonnable en amont du chemin parlementaire. Beaucoup de commen- tateurs estiment qu’une grande coalition tacite droite-gauche gouverne le pays. Toutefois, l’opinion publique apprécie que l’opposition CDU-CSU ne fasse pas d’obstruction.

France

Le livret A à 2,25 %

Le ministre de l’Économie, Francis Mer, annonce que le taux de rémunération du livret A sera ramené de 3 % à 2,25 % à compter du 1er août, soit une baisse de 0,75 point. Ce taux, qui concerne environ 46 mil- lions de Français, n’avait pas été modifié depuis juillet 2000, date à laquelle le gouvernement Jospin l’avait relevé de 2,25 à 3 %. M. Mer affirme que cette déci- sion intervient en raison de la baisse des taux de la Banque centrale européenne et du « contexte d’infla- tion particulièrement favorable, qui devrait passer de 1,9 % à 1,5 % d’ici à la fin de l’année ». Les objectifs sont de relancer l’investissement, la consommation, et de redynamiser le logement social. La baisse des taux réglementés va dégager dix milliards d’euros, « une force de frappe de financement qui pourra s’investir dans l’économie ». Les livrets A, qui servent au finan- cement du logement social, peuvent être souscrits auprès de La Poste ou des Caisses d’épargne. Le montant total des fonds investis était de 113,8 mil- liards d’euros au 31 mai dernier. Au total, l’épargne réglementée (livret A, livret Bleu, livret Jeunes, Code- vi, plans d’épargne logement, livrets d’épargne popu- laire) représentait 262,7 milliards d’euros au 31 mai

2003, soit près de 17 % des revenus disponibles des ménages.

22

Irak

Les fils de Saddam Hussein abattus

Les fils de Saddam Hussein, Oudaï Saddam Hussein et son frère Qoussaï, sont tués lors d’un raid améri- cain contre une maison à Mossoul (à quelque 400 km au nord de Bagdad) où ils se cachaient. Numéro deux sur la liste américaine des dignitaires de l’ex-régime irakien les plus recherchés, ce dernier dirigeait avant la chute du régime, le 9 avril, le corps d’élite de la Garde républicaine. Il s’était vu confier en mai 2001 l’un des deux postes d’adjoint au chef du bureau militaire du parti Baas au pouvoir, aujourd’hui banni. Numéro trois toujours sur cette même liste, Oudaï Saddam Hussein était en charge des forces parami- litaires irakiennes, les Fedayin de Saddam. Son entrée en 2000 à l’Assemblée nationale lui avait donné un rôle politique, après les nombreux titres accumulés à la tête de médias, d’organisations sportives ou de jeunesse. Le 24, le Pentagone diffuse à Bagdad les photos montrant les cadavres des fils du président déchu. Le 25, des médecins légistes de l’armée amé- ricaine montrent à des journalistes les dépouilles des fils de l’ancien dictateur. Ces démarches sont desti- nées à convaincre l’opinion publique, en particulier irakienne, que les deux fils de Saddam Hussein ont bien été tués.

25

France

Chahut contre Chirac en Calédonie Au troisième et dernier jour de son voyage en Nou- velle-Calédonie, le président Jacques Chirac est accueilli à Koné, dans la province Nord de Nouvelle- Calédonie, par des manifestations hostiles d’indé- pendantistes regroupant quelques centaines de manifestants de l’USTKE (Union syndicale des travail- leurs kanaks et des exploités) et de l’Union calédo- nienne (indépendantiste). Les gendarmes répliquent avec des gaz lacrymogènes. Les indépendantistes demandent que ne soient autorisées à voter pour le référendum d’autodétermination que les personnes justifiant en 1998 de dix ans de résidence en Nou- velle-Calédonie. Le référendum d’autodétermination downloadModeText.vue.download 80 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

78 défini dans les accords de Nouméa de 1998 stipulait en effet que ne seraient autorisées à voter, à partir des élections provinciales de 2009 et lors du référendum d’autodétermination, que les personnes justifiant en 1998 de dix ans de résidence en Nouvelle-Calédonie. Or, cette disposition a depuis été censurée par le Conseil constitutionnel, au grand dam des indépen- dantistes qui souhaitaient ainsi se garder d’un afflux de « métros » (Français venus de métropole) pouvant faire basculer le rapport de force électoral.

27

Cambodge

Élections au Cambodge

Le parti du Peuple cambodgien (PPC) du Premier ministre Hun Sen remporte une large victoire aux législatives, qui est immédiatement contestée par les royalistes du FUNCINPEC et par le PSR, le parti d’opposition de Sam Rainsy. Le PPC, qui passe pour la première fois au-dessus du seuil de 50 % lors d’élec- tions législatives, obtient 73 sièges, le FUNCINPEC 26 et le PSR 24, contre respectivement 64, 43 et 15 aux précédentes législatives de 1998. Il ne pourra toute- fois gouverner seul faute d’avoir atteint le nombre nécessaire des deux tiers des 123 sièges à pourvoir. La quête d’un partenaire s’annonce difficile.

Cyclisme

Le Tour du centenaire pour Lance

Armstrong

Le coureur américain Lance Armstrong, âgé de trente et un ans, remporte à Paris le centième Tour de France, devenant ainsi le cinquième champion crédité de cinq victoires dans l’histoire de la Grande Boucle, après Jacques Anquetil, Eddy Merckx, Ber- nard Hinault et Miguel Indurain. La course aura été durement disputée puisque le suspense a tenu en haleine tous les amoureux du vélo jusqu’à l’ultime contre-la-montre individuel final, disputé sur 49 km entre Pornic et Nantes à la veille de l’arrivée sur les Champs-Élysées. Lance Armstrong a enfin dominé son plus dangereux rival, l’Allemand Jan Ulrich. Avec une vitesse moyenne de 40,940 km/h, le Tour de France 2003 a été le plus rapide de l’histoire de la compétition.

28

France

Nouveaux incendies dans le Midi

Trois personnes trouvent la mort dans les incendies qui sévissent dans le Var – deux d’entre elles ayant été retrouvées carbonisées dans le massif des Maures, où un important incendie se propage entre Vidauban et le Plan-de-la-Tour. 8 000 hectares ont brûlé dans tout le Var. Le 17, un incendie s’était déclaré dans le même département, dévastant 10 000 hectares. Il s’agit des plus importants feux qu’ait connus le Var depuis 1990. Plus de 2 000 pompiers luttent contre le feu, appuyés par des moyens aériens et 300 véhi- cules. L’importance des incendies constitue « une première » en termes de violence de propagation et de simultanéité des feux. Un autre incendie ravage la Corse-du-Sud, qui a parcouru 2 000 hectares de maquis et de forêts en six jours. downloadModeText.vue.download 81 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

79

Août

1

France

Décès de Marie Trintignant

Marie Trintignant, âgée de quarante et un ans, décède d’un oedème cérébral à Neuilly (Hauts-de- Seine) « malgré la réanimation poursuivie depuis son arrivée à la clinique Hartmann », où la comédienne avait été transportée. Elle avait été rapatriée la veille en avion sanitaire médicalisé de Vilnius (Lituanie) à la demande de sa mère, qui voulait que sa fille meure en France. Stéphane Delajoux, le médecin chargé de son opération, avait alors déclaré qu’elle se trouvait en mort cérébrale. Dans le même temps, Bertrand Cantat, le chanteur du groupe français Noir Désir, âgé de trente-neuf ans, soupçonné d’avoir frappé Marie Trintignant à l’issue d’une violente dispute qui les opposait le 27 juillet dernier, a été transféré à l’hôpi- tal de la prison lituanienne où il est détenu « à cause de son état mental ». Dans le cadre de l’information judiciaire ouverte à l’encontre de Bertrand Cantat, le parquet de Paris délivre à la juge d’instruction Natha- lie Turquey un réquisitoire supplétif pour « coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans inten- tion de la donner », une qualification criminelle jugée devant une cour d’assises et passible d’une peine maximale de quinze ans de réclusion criminelle. Le 8, le parquet lituanien inculpe Bertrand Cantant de meurtre. Celui-ci encourt une peine allant de cinq à quinze ans de prison, selon la loi lituanienne. L’extra- dition vers la France de Bertrand Cantat est « impos- sible » tant que le chanteur « n’aura pas été jugé en Lituanie », déclare le procureur général de Vilnius, An- tanas Klimavicius. Les proches du chanteur ainsi que la famille Trintignant s’étaient déclarés « favorables » à un procès en France.

Trintignant-Cantat

C’est un triste fait divers, le fait divers de l’été, qui s’est déroulé dans la nuit de Vilnius, à 2 000 km de Paris. Ses protago- nistes : un couple en devenir – une actrice, un chanteur de rock, qui cultivaient la parole, en faisant leur métier. La parole, devenue acte, les a poussés hors limite.

L’actrice est morte, le chanteur est en prison.

Alors qu’elle achevait le tournage de Colette, un téléfilm pour France 2, à Vilnius, en Litua- nie, sous la direction de sa mère Nadine et de son frère Vincent, premier assistant réalisateur, la comédienne française Marie Trintignant a été hospitalisée le 27 juillet, dans un état jugé sérieux, après une dispute survenue pendant la nuit dans une chambre de l’hôtel Domina Plaza occupée par son ami Bertrand Cantat, le chan- teur du groupe rock français Noir Désir.

Un drame de la jalousie ?

Les deux artistes s’étaient rencontrés un an plus tôt, lors d’un concert du groupe à Vaison-la-Ro- maine. Ils ont tous deux mari, femme et enfants. Des conjoints qu’ils quittent bientôt pour enga- ger une liaison discrète, tout en conservant avec ces derniers des liens étroits, échanges d’en- fants obligent (quatre pour elle, deux pour lui). Ces liens seraient à l’origine de la querelle qui oppose le couple dans la nuit du 26 au 27 juil- let. Ainsi, l’ex-conjoint de Marie Trintignant est le cinéaste Samuel Benchetrit, sous la direction duquel elle vient de tourner Janis et John, une comédie dont ils doivent assurer ensemble la promotion à la rentrée. Ils communiquent, dit- on, par textos. Affective ou professionnelle, cette présence de l’ex-conjoint, jugée envahissante, est de nature à troubler la sérénité du couple. Est-ce elle qui mène à la dispute ? Peu importe. Seul Bertrand Cantat peut le dire.

La version de Bertrand Cantat

Selon sa version, le ton ayant monté entre eux, au sujet de leurs relations respectives avec leurs ex-conjoints, les deux artistes en viennent aux mains. Marie Trintignant, « sortie de ses gonds », aurait frappé la première ; Bertrand Cantat présentera des ecchymoses au thorax et à la lèvre. Sa réaction ? Des « gifles », deux « al- lers-retours », du plat et du revers de la main et non du poing, car il est « sorti de lui-même ». Puis il met sa compagne au lit, une compresse sur le front, et appelle Vincent Trintignant, qui vient immédiatement. Il est environ 6 h 30 : « Je pouvais apercevoir Marie dans la pénombre, allongée sur le dos. Elle respirait comme une personne qui dort. J’ai pu voir son visage tuméfié, avec un cocard sur l’oeil. » Mais il ne s’alarme pas encore. Pourtant, à 7 heures du downloadModeText.vue.download 82 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

80 matin, c’est bien du sang qui coule des lèvres de Marie Trintignant. Son frère appelle les urgences.

Un crime passionnel

Transportée à l’hôpital, l’actrice française est dans le coma. Elle subit une première opération neurochirurgicale, puis une seconde interven- tion de la dernière chance, deux jours plus tard, conduite par le neurochirurgien français Sté- phane Delajoux. Tandis que Bertrand Cantat est hospitalisé sous haute surveillance – il a tenté de mettre fin à ses jours – dans la prison litua- nienne de Lukiskiu, Marie Trintignant, plongée dans un coma « profond et irréversible », est rapatriée à Paris, où ses parents souhaitent la voir s’éteindre. Le 1er août tombe ce commu- niqué : « Marie Trintignant est décédée ce matin à 10 h 20 des suites d’un oedème céré- bral et ce, malgré la réanimation poursuivie depuis son arrivée à la clinique Hartmann [de Neuillly-sur-Seine]. » Le rapport d’autopsie est remis le 12 août à la juge d’instruction parisienne Nathalie Turquey, qui a reçu l’accord des autorités lituaniennes pour se rendre à Vilnius. Il ne laisse guère de doute et exclut une chute accidentelle comme origine de la mort. Avant de tomber dans le coma, Marie Trintignant a eu le nez cassé, elle a subi des lésions cérébrales similaires à celles du syndrome du « bébé secoué » ainsi que de mul- tiples traumatismes au visage.

Quant à Bertrand Cantat, il est pris dans l’en- grenage judiciaire. « Il a commis un crime grave qu’il reconnaît en partie », indique le juge lituanien chargé du dossier. Pour la dé- fense du leader de Noir Désir, l’un des enjeux principaux consistera à requalifier les faits de « crime » en « crime passionnel », passible de six ans au lieu de quinze ans de prison dans le code pénal lituanien. Mais le coeur de l’affaire, devant les juges, peut-il se résumer à cette seule et unique question : claques, gifles ou coups de poing ?

Tristesse et émotion

En France, l’émotion et le tourbillon médiatique provoqués par ce drame sont considérables : la mort d’une actrice dont la famille est géné- reusement impliquée dans le cinéma français depuis cinquante ans déclenche inévitable- ment la sympathie populaire et l’ire des fémi- nistes, qui en profitent pour dénoncer la vio- lence machiste, dont l’actrice devient la victime emblématique. La mort de l’actrice apparaît insupportable à tous ceux qui l’ont aimée. En publiant en librairie une longue lettre intitulée Ma fille, Marie, la réalisatrice Nadine Trinti- gnant ne cache pas ses intentions : « J’espère bien influencer le procès et je ne m’en cache pas, souligne-t-elle. Je souhaite que son meurtrier soit puni autant que possible. » Des propos qui portent atteinte au droit du chan- teur à la présomption d’innocence, a tranché la cour d’appel de Paris.

Quant aux fans de Bertrand Cantat, les uns sont consternés : comment quelqu’un comme Cantat a-t-il pu commettre un tel acte de folie ordinaire, un acte d’autant plus impardonnable que son image a toujours été extrêmement positive ? Les autres, partagés, fustigent la part de respon- sabilité des médias dans la désillusion qui les touche ; ils constatent qu’entre les paroles (no- tamment de chansons) et les actes l’adéquation n’est bien souvent qu’un mirage. Musicalement radical, politiquement engagé et néanmoins populaire, le grand groupe de rock français des années 1990 a peu de chances de survivre à la mort de Marie Trintignant. Sauf énorme surprise, Noir Désir appartient donc désormais à l’histoire du rock’n’roll, où il conservera malgré tout une place de choix.

La réponse de Bertrand Cantat à une ques- tion posée par un magazine lituanien à Vilnius, quelques jours avant le drame, renvoie a poste- riori à un gâchis exemplaire : « Qu’aimez-vous plus que la musique ? » : « Mon amour, la femme que j’aime. Rien, sinon la fille que j’aime. C’est la seule chose que j’aime plus que la musique. »

FRÉDÉRIC PERROUD

NOIR DÉSIR

– Début des années 1980 : le groupe Noir Désir se forme à Bordeaux, avec Bertrand Cantat (chant et guitare), Serge Teyssot- Gay (guitare), Denis Barthe (batterie) et Fred Vidalene (basse), auquel succédera Jean-Pierre Roy en 1995.

– 1989 : premier véritable album, « Veuillez rendre l’âme (à qui elle appartient) » étend leur audience.

– 1991 : volontairement aride, « Du ciment sous les plaines » désarçonne le public. downloadModeText.vue.download 83 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

81

– 1993 : avec « Tostaki », le groupe s’impose définitivement au grand public.

– 1998 : décroche ses deux premières Vic- toires de la musique.

– 2001 : « Des visages, des figures » (Vic- toire de l’album rock) dépasse le million d’exemplaires.

– 2002 : lors des 17es Victoires de la mu- sique, Cantat interpelle Jean-Marie Mes- sier, patron du groupe Vivendi Universal, la maison de disques de Noir Désir.

2

France

José Bové libéré Trois semaines après que Jacques Chirac a refusé une grâce totale, José Bové quitte la maison d’arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone (Hérault), où il pur- geait depuis le 22 juin dernier une peine de dix mois de prison ferme pour destruction de plants de riz et de maïs transgéniques. La veille, Danielle Mac- cioni, juge d’application des peines au tribunal de Montpellier, a ordonné sa libération : après un mois et demi de prison, le syndicaliste purgera le reste de sa peine « dans le cadre d’un chantier extérieur sans surveillance du personnel de l’administration péniten- tiaire ». Dans son ordonnance, la juge d’application des peines justifie sa décision en expliquant notam- ment que « les activités syndicales de José Bové, qui a été élu membre du comité national de la Confédéra- tion paysanne et son porte-parole au niveau national, doivent être prises en compte, dans la mesure où elles s’exercent dans le respect de la loi ». José Bové est sou- mis à plusieurs obligations : résider à Potensac (sa ferme, près de Millau) ; répondre aux convocations de la justice ; travailler auprès de l’APAL (Association pour l’aménagement du Larzac) ; obtenir l’autorisa- tion de la juge d’application des peines avant tout déplacement à l’étranger ; et pointer tous les quinze jours à la gendarmerie. Le parquet de Montpellier, opposé à l’aménagement de la peine de José Bové, aura attendu la dernière minute pour faire savoir qu’il ne faisait pas appel. Dès sa sortie de prison, le leader de la Confédération paysanne entame les ultimes préparatifs du rassemblement altermondia- liste prévu sur le plateau du Larzac.

3

UE

Le « faux chocolat » autorisé en France La directive européenne « cacao-chocolat » entre en vigueur en France. Elle autorise désormais l’adjonc- tion de six matières grasses végétales tropicales et étrangères au cacao (et dix fois moins chères que celui-ci) – illipé, huile de palme, sal, karité, kokum gurgi et noyau de mangue –, dans la limite de 5 % du produit fini. Toutefois, la directive impose que figure en caractères gras, à côté de la liste des ingrédients, soit la mention « chocolat pur beurre de cacao », soit la mention « contient des matières grasses végétales en plus du beurre de cacao ». Par cette mesure, la Commis- sion européenne entend harmoniser, au grand dam des amateurs de « vrai chocolat », les pratiques entre l’Hexagone et la plupart des autres pays européens, qui utilisent déjà les matières grasses végétales.

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Liberia

Entrée des forces nigérianes à Monrovia Un détachement composé de 300 soldats nigérians, premières troupes de la force ouest-africaine, se déploie à Monrovia, la capitale libérienne assiégée depuis près de deux mois par les rebelles du LURD (Libériens unis pour la réconciliation et la démo- cratie). Son arrivée préfigure l’envoi d’une force de maintien de la paix – 3 250 hommes promis par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) – chargée de mettre un terme à quatorze ans de guerre civile et de contrôler le dé- part du président libérien Charles Taylor, qui a promis de céder le pouvoir le 11 août prochain. Depuis la mi-juillet, les combats entre les rebelles du LURD et les forces fidèles au président Taylor dans le centre de Monrovia ont fait des centaines de victimes et au moins 200 000 déplacés. Le gouvernement libérien a posé deux conditions au départ de Charles Taylor : l’envoi d’un nombre suffisant de soldats de la paix sur le terrain pour faire cesser le conflit et la levée de l’inculpation du président pour crimes de guerre et de crimes contre l’humanité en Sierra Leone pro- noncée par le tribunal de l’ONU. Les États-Unis créent downloadModeText.vue.download 84 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

82 une équipe de liaison militaire pour le Libéria, qui est chargée de la communication entre les navires amé- ricains qui croisent au large de Monrovia et la force d’interposition de la CEDEAO.

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France

Canicule sur le territoire

La chaleur et le manque de précipitations continuent de faire sentir leurs effets sur l’ensemble du territoire français. Fleuves et lacs paient le prix d’un été excep- tionnel, alors qu’une majorité de départements a adopté des mesures de restriction. EDF subit à son tour les conséquences de la chaleur hors normes qui frappe la France. Le bâtiment principal abritant la tranche 1 de la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin), à l’intérieur duquel la température a at- teint 48 °C, a dû être aspergé d’eau afin de maintenir la fraîcheur nécessaire au fonctionnement sans dan- ger du réacteur. Au-delà de 50 °C, l’Autorité de sûreté nucléaire oblige à arrêter l’activité. Pour parer à cette urgence, les responsables de la centrale alsacienne décident de pomper dans la nappe phréatique du Rhin les 5 m3/h nécessaires. Cette situation de crise a déjà touché les centrales de la vallée du Rhône et du Sud-Ouest pour lesquelles EDF a annoncé le 29 juil- let dernier une réduction de la puissance. La séche- resse se constate un peu partout. Le niveau des cours d’eau continue de baisser, même si le déficit hydro- logique est minoré par la bonne tenue des nappes phréatiques, remplies par trois années consécutives de pluies abondantes. La prolongation de la canicule provoque un certain nombre de décès, notamment de personnes âgées. Les services d’urgence sont débordés. La responsabilité des pouvoirs publics est mise en cause. La direction générale de la santé assure ne posséder aucune statistique réelle. Le 15, le ministère de la Santé reconnaît l’ampleur de la catas- trophe sanitaire : « Le nombre de décès liés directement ou indirectement à la chaleur durant cette période peut être estimé comme se situant autour de 3 000 pour la France entière. » Le Premier ministre décide la mise en action du « plan blanc » pour les hôpitaux en Île- de-France face à l’afflux de victimes. Ce dispositif, élaboré pour faire face aux épidémies, catastrophes ou attentats, voire aux accidents nucléaires, radiolo- giques, biologiques ou chimiques, vise à mobiliser des moyens supplémentaires, en particulier en lits mais aussi en moyens de transport et en personnel. Le plan permet ainsi le maintien sur place du person- nel ou son rappel, et le transfert d’agents d’un service à l’autre.

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Indonésie

Carnage à Jakarta

Une explosion fait 10 morts et 150 blessés près de l’hôtel Marriott de Jakarta, en plein coeur du quartier d’affaires de la capitale. Selon la police, elle aurait été provoquée par une camionnette piégée stationnée dans le sous-sol de l’hôtel. Ouvert en 2001, le Mar- riott accueillait surtout des hommes d’affaires et des diplomates étrangers. Au moins trois d’entre eux auraient été tués. Les circonstances de cet attentat présentent quelques similitudes avec celles de l’at- taque terroriste de Bali, le 12 octobre dernier. Là aussi, l’explosion d’un véhicule piégé avait détruit un site fréquenté avant tout par des étrangers. À l’époque, c’est une boîte de nuit et un bar qui avaient été visés. Bilan : 202 morts, dont 88 touristes australiens et 22 britanniques. Les autorités de Jakarta avaient attribué ce carnage à une organisation islamiste radi- cale, la Jemaah Islamiyah (JI), et procédé à une vaste répression policière. La première hypothèse avancée par les autorités locales était celle d’un acte de repré- sailles de la JI, alors que la justice indonésienne est sur le point de rendre un premier verdict dans un procès visant plusieurs militants de la JI soupçonnés d’être impliqués dans l’attentat de Bali. Le 27 avril der- nier, une bombe avait explosé à l’aéroport de Jakarta quatre jours après l’ouverture du procès du chef pré- sumé de la JI, Abou Bakar Bachir. L’attentat avait fait onze blessés.

France L’État prend 31,5 % du capital d’Alstom Menacé par la faillite, le groupe Alstom obtient l’enga- gement financier de l’État et des banques. À la suite de négociations associant ses nombreux créanciers ainsi que le ministère de l’Économie et des Finances, l’entreprise conclut un plan de redressement qui se traduit par un renforcement de ses fonds propres de 2,8 milliards d’euros. L’entreprise évite l’asphyxie qui la guettait après des années d’une gestion et d’une stratégie de plus en plus tournées vers la rentabilité financière. Alors que l’endettement du groupe atteint des proportions considérables (5 milliards d’euros, pour 900 millions seulement de fonds propres), ses dirigeants redoutaient ouvertement la faillite. Le plan prévoit une augmentation de capital de 600 millions downloadModeText.vue.download 85 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

83 d’euros, souscrite pour moitié par l’État, une émission d’obligations remboursables en actions de 900 mil- lions d’euros, ainsi que des prêts bancaires pour 1,3 milliard d’euros. Entre ces prêts et la transforma- tion d’une partie de leurs créances en actions, une quarantaine de banques, françaises et étrangères, engagées dans Alstom, investissent donc quelque 2,3 milliards dans ce plan pour éviter la faillite de leur débiteur. Parallèlement, l’État injecte 300 mil- lions d’euros dans le groupe, qui lui permettront de détenir 31,5 % des actions. Le P-DG d’Alstom, Patrick Kron, justifie l’intervention de l’État en soulignant que « l’accord comprend des engagements de l’État, compte tenu des enjeux industriels, sociaux et financiers du dossier dans de nombreux pays, particulièrement en Europe ». Alstom emploie 110 000 personnes dans le monde, dont 75 000 en Europe. Philippe Jaffré, le directeur financier du groupe, précise toutefois que si l’État devient actionnaire, c’est « pour une durée courte, un, deux ou trois ans ».

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France

Grand rassemblement du Larzac

Le rassemblement organisé sur le plateau du Larzac contre la tenue de la cinquième conférence minis- térielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), au Centre des congrès de Cancún (Mexique) du 10 au 14 septembre, réunit pendant trois jours plus de 350 000 participants venus de toute la France. Les participants à ce rassemblement n’entendaient pas seulement constituer un front du refus, mais également rechercher les voies pour « transformer le monde unique d’exploitation et de destruction en plu- sieurs mondes possibles, nécessaires, justes, solidaires, durables et pacifiques, de remettre, au fond, l’homme et l’environnement au centre, là où les puissants et les riches entendent poursuivre leur mise à mort dans les périphéries de l’empire. »

Les altermondialistes au Larzac

Entre le contre-G8 d’Annemasse et le Forum social européen de Paris-Saint-Denis, la France a connu en 2003 une autre manifes- tation altermondialiste de taille, rassem- blant en août 300 000 militants de tous horizons sur le plateau du Larzac.

Une nouvelle nouvelle gauche est-elle née ?

En France, l’altermondialisme a le vent en poupe. Début juin, il y a eu la grande mani- festation d’Annemasse (Haute-Savoie), où envi- ron 100 000 personnes sont venues crier leur re- jet du G8 rassemblé non loin de là, à Évian. Début novembre, Paris et Saint-Denis ont accueilli des délégations altermondialistes venues d’Europe entière pour le deuxième Forum social euro- péen, déclinaison continentale du Forum social mondial de Porto Alegre (Brésil). Entre-temps, du 8 au 10 août, ce sont près de 300 000 mili- tants qui se sont rendus à L’Hospitalet-du-Lar- zac (Aveyron), pour manifester notamment leur défiance vis-à-vis de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), dont une réunion allait se tenir un mois plus tard à Cancún (Mexique).

« On ne touche pas au roquefort »

À l’initiative de ce rassemblement « Larzac 2003 », un réseau d’organisations non gou- vernementales comprenant notamment Attac (Association pour la taxation des transactions financières et pour l’aide au citoyen), G10-Soli- daire (confédération de syndicats appartenant à la mouvance SUD : Solidaire, unitaire, démo- cratique) et surtout la Confédération paysanne, emmenée par son charismatique porte-parole José Bové. Depuis trois décennies, José Bové est une figure de la lutte sociale. Sa condamnation à trois mois de prison ferme, il la doit au démon- tage d’un restaurant MacDonald’s qu’il avait organisé en 1999 à Millau (Aveyron), afin de pro- tester contre la pénalisation douanière, obtenue par les États-Unis, de certains produits agricoles européens, dont le roquefort. Or, sur le plateau du Larzac, « on ne touche pas au roquefort ». Trop d’éleveurs de brebis ont dû se battre pour continuer à en produire alors que l’État menaçait de les exproprier.

C’était il y a trente ans, en 1971, lorsque le mi- nistre de la Défense Michel Debré annonçait à la télévision l’extension de 3 000 à 17 000 hectares du camp militaire du Larzac. Les éleveurs n’ont pas supporté. Les plus irréductibles d’entre eux ont rédigé le « serment des 103 », par lequel ils s’engageaient à ne jamais vendre leur ferme à l’État. Deux ans plus tard, les conjurés recevaient l’aide massive d’une galaxie hétéroclite de 60 000 personnes, qui déferlaient sur le plateau. downloadModeText.vue.download 86 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

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Chrétiens de gauche « conscientisés », premiers écologistes, jeunes militants gauchistes, ouvriers des usines Lip en grève à Besançon, ou tout sim- plement francs-tireurs soixante-huitards en mal de nouveaux combats, tous venaient pour for- ger, avec les paysans locaux de tradition catho- lique, une étrange alliance de la contestation.

José Bové, tout juste vingt ans, en était. Tout comme il était de la suite des événements sur le Causse : soutien aux indépendantistes kanak, aux militants antinucléaires japonais, aux Pales- tiniens, aux sandinistes nicaraguayens. Autant de mouvements identitaires auxquels succède, en 2003, la lutte contre la mondialisation libérale des échanges.

« Larzac 2003 »

Mais les 300 000 militants qui se sont agglutinés sur les 100 hectares de champs concédés par des agriculteurs de la Confédération paysanne viennent de tous les horizons et de tous les com- bats, surtout ceux du printemps social très agité en France. Les syndicalistes qui se sont battus pour le maintien des 37,5 années de cotisation pour les retraites, les professeurs qui ont pro- testé contre la décentralisation de l’Éducation nationale, les intermittents du spectacle qui s’es- timent menacés, tous sont réunis pour exprimer une inquiétude à la fois plus vague et plus vaste. L’OMC est un peu l’épouvantail contre lequel se dressent tous ceux qui se sentent dépossédés de leur souveraineté politique et entraînés vers des horizons libéraux par des instances euro- péennes ou internationales censées être liées aux entreprises multinationales, et sur lesquelles ils n’ont guère de pouvoir de contrôle.

Dans ce contexte, Jean-François Copé, porte- parole d’un gouvernement de droite, évidem- ment pris à partie par le rassemblement, a beau jeu de stigmatiser le « retour d’une extrême gauche organisée surfant sur les appréhen- sions engendrées par la mondialisation » et voulant « paralyser la société française ». Il n’empêche que le mouvement mobilise au-delà des extrêmes, notamment chez les jeunes, qui trouvent là un mélange d’utopie et d’enthou- siasme, pour l’heure absent des partis de l’an- cienne « gauche plurielle » étrangement atone. D’ailleurs, les organisateurs de « Larzac 2003 » ne comptent pas s’arrêter là. « Il faut construire un discours global de dénonciation et de re- vendications concrètes », explique Jean-Émile Sanchez, secrétaire général de la Confédération paysanne, « car le lien entre les revendications du printemps et les exigences de l’OMC, c’est la marchandisation de toutes les activités hu- maines, y compris les services ».

Certes, José Bové a affirmé plusieurs fois n’avoir aucune ambition politique. Mais Jacques Niko- noff, qui a succédé à Bernard Cassen à la pré- sidence d’Attac après avoir quitté la direction du Parti communiste, a peut-être d’autres vues pour le mouvement altermondialiste. « Après le Larzac », affirme-t-il, « Attac se fixe deux objectifs : déconstruire l’idéologie néolibérale et réaliser un rassemblement majoritaire pour y parvenir ». De là à parler d’une nouvelle nou- velle gauche...

BENJAMIN BIBAS

MILITANT, TU NE TEUFERAS POINT

Sur le Causse s’est tenue le 15 août une autre forme de mobilisation collective, moins politique, mais également suscep- tible d’attirer des dizaines de milliers de jeunes : le Teknival, grande rave party dans la nature où les « teufeurs » « s’éclatent » pendant toute une nuit au son de la mu- sique techno. Au départ, la fête devait avoir lieu dans le camp militaire du Lar- zac. Les conditions de sécurité n’étant pas réunies, le ministère de l’Intérieur a voulu réquisitionner les terrains agricoles privés utilisés le week-end précédent pour le ras- semblement altermondialiste. Impossible, a répondu José Bové, évoquant des « ques- tions de lisibilité ». Une habitante locale était plus explicite : « Ce n’est pas le même genre de public. On passe de gens respon- sables à des personnes qui ne respectent rien. » Visiblement moins appréciés que les altermondialistes, les teknivaliers ont dû se résoudre à faire la fête au bord de l’autoroute A 75 en cours d’achèvement. 11

Liberia

Départ de Charles Taylor

Quatorze ans après son arrivée au pouvoir, Charles Taylor abandonne la présidence du Liberia au profit de son bras droit, Moses Blah. La pression internatio- nale et l’avancée des forces rebelles dans la capitale, downloadModeText.vue.download 87 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

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Monrovia, ont eu raison du chef de guerre, dont la lutte menée depuis 1989 pour parvenir au pouvoir puis celle conduite par ses opposants pour l’en délo- ger auront entraîné la mort d’environ 250 000 per- sonnes. Le soulagement provoqué par le départ de Charles Taylor risque cependant d’être de courte du- rée. La menace d’une reprise des affrontements mili- taires n’a jamais été aussi forte depuis l’arrivée de sol- dats de la force d’interposition d’Afrique de l’Ouest, l’Ecomil. La personnalité du nouveau président du Liberia, Moses Blah, constitue elle aussi une source de tensions. Ce dernier a pris une part active dans la guerre civile qui a déchiré le pays entre 1990 et 1997.

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États-Unis

Gigantesque panne d’électricité

Un problème technique dans une centrale électrique de Pennsylvanie déclenche une gigantesque panne d’électricité dans la région nord-est des États-Unis. New York et ses environs, Cleveland et Detroit, ainsi que Toronto, au sud-est du Canada, soit 50 millions d’habitants, sont plongés dans le noir. Une centaine de centrales – dont 22 réacteurs nucléaires – aux États-Unis et au Canada sont arrêtées et isolées du réseau électrique par leur système de sécurité. Les passagers des métros et des ascenseurs sont blo- qués, les avions cloués au sol et les feux de circulation éteints. Les Américains découvrent à cette occasion que leur réseau électrique est peut-être l’élément le plus vulnérable des installations importantes aux États-Unis. En cas d’incident, les interconnexions entre les réseaux répercutent les problèmes de proche en proche, et l’électricité doit être produite en temps réel puisqu’elle ne peut être stockée. Si la production ou la distribution cessent, l’alimentation s’interrompt immédiatement. Selon un spécialiste du réseau électrique, le mauvais état du système amé- ricain a des causes multiples : le coût de la moder- nisation des réseaux, l’opposition des défenseurs de l’environnement et celle des habitants, qui refusent souvent de voir des installations électriques instal- lées près de chez eux. Le Conseil nord-américain chargé de la fiabilité de l’électricité (North American Electric Reliability Council, NERC) rend la défaillance de trois lignes de transmission dans le nord de l’Ohio responsable de cette gigantesque panne de courant. Toutefois, celle-ci n’a pas entraîné de dégâts majeurs.

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Iran

Émeutes sanglantes

De violentes émeutes font 8 morts et 150 blessés dans la ville de Samirom, dans le centre de l’Iran. Les troubles ont été déclenchés par le projet d’un nouveau découpage administratif qui a provoqué une manifestation rassemblant au moins 3 000 per- sonnes. Les manifestants voulaient protester contre la décision du ministère de l’Intérieur de séparer de la ville de Samirom le village de Vardasht pour le ratta- cher à Samirom E-Sofla (Samirom du Sud), tous deux situés à l’extrême sud de la province d’Ispahan. Avec l’augmentation rapide de la population iranienne, le ministère de l’Intérieur procède régulièrement à de nouveaux découpages, qui sont souvent sources de vives tensions au sein des populations locales. Mais la violence des événements de Samirom est signifi- cative de la détérioration du climat social en Iran, se- coué encore en juillet dernier par des manifestations d’étudiants dans la capitale ainsi que dans plusieurs villes de province.

La mollarchie iranienne en sursis ?

Contesté à l’intérieur par une société civile désormais visible à l’échelle internatio- nale, contraint, à l’extérieur, de lâcher du lest sur le nucléaire et témoin impuissant de l’encerclement du pays parachevé par l’intervention américaine en Irak, le régime iranien paraît plus que jamais fragile.

Au printemps 2003, un événement est pas- sé inaperçu : au cours du scrutin local, les réformateurs iraniens ont subi leur première défaite électorale depuis que leur chef, l’actuel président de la République islamique Moham- mad Khatami, a accédé au pouvoir en 1997. Les Iraniens ont ainsi signifié leur lassitude quant à la lenteur des changements politiques dans un pays où les principaux leviers du pouvoir sont encore contrôlés par le clergé chiite conserva- downloadModeText.vue.download 88 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

86 teur et le Guide suprême de la révolution, l’aya- tollah Ali Khamenei.

La « main » de l’étranger

De fait, le modèle iranien de « démocratie » isla- mique s’apparente encore à une théocratie dans laquelle un Parlement élu au suffrage universel et majoritairement réformateur ne dispose pas d’un pouvoir réel, et où les libertés politiques sont régulièrement bafouées. Les dignitaires religieux n’ont de cesse de vouloir museler une presse indépendante d’une extraordinaire vita- lité. Et une répression souvent violente s’abat également sur la frange la plus politisée de la population, les intellectuels et les étudiants, qui réclament depuis 1999 l’instauration d’une véri- table démocratie. Cet été encore, ils étaient des milliers à se rassembler autour de l’université de Téhéran contre le « despotisme religieux », en scandant également « Khatami, démission ! » Radicalisé, le mouvement tend désormais à reje- ter l’ensemble de la classe dirigeante et, sur fond de crise économique, à gagner également les milieux plus défavorisés.

Le pouvoir iranien a classiquement dénoncé, dans ces troubles, une tentative de déstabilisa- tion téléguidée de l’étranger, en pointant la cou- verture « trop bruyante » de cette contestation par les télévisions en farsi contrôlées par des Iraniens exilés aux États-Unis. Outre le rôle joué par la diaspora, le courant démocratique iranien a également acquis une visibilité internationale avec l’attribution du prix Nobel de la paix à l’avo- cate Chirine Ebadi. Cette internationalisation de la société civile, attachée à la défense des droits de l’homme et des libertés fondamentales, fragi- lise davantage un régime en position déjà incon- fortable sur le plan international. L’intervention militaire anglo-américaine dans l’Irak voisin est venue parachever un processus de bouleverse- ment géopolitique qui a débuté avec l’effondre- ment de l’URSS au début des années 1990.

Le chiisme dans le miroir irakien

La République islamique est désormais encer- clée par le « Grand Satan ». Seul pays dans la région à avoir échappé à l’emprise américaine, l’Iran doit s’adapter à un nouveau rapport de forces. Placé début 2002 – pour le soutien qu’il apporterait aux groupes terroristes palestiniens et l’abri qu’il offrirait à certains membres d’al- Qaida – sur « l’axe du mal », Téhéran se préparait à expérimenter la nouvelle doctrine américaine de la « guerre préventive ». Cette éventualité semble désormais s’éloigner avec l’enlisement des troupes américaines en Irak et en Afghanis- tan. Et la deuxième guerre du Golfe n’a pas eu que des effets négatifs pour la République isla- mique : elle a mis à terre son principal ennemi extérieur dans la région, Saddam Hussein, et neutralisé les Moujahidine du peuple, seul mouvement d’opposition armée au régime de Téhéran, qui disposait de camps d’entraînement en Irak, tandis que les chefs politiques de cette organisation ont été arrêtés en France.

En outre, « l’après-Saddam » annonce la renais- sance de Nadjaf, qui pourrait reprendre sa place de première ville sainte du chiisme, après avoir été asphyxiée du temps du baasisme. Cette nou- velle donne est à double tranchant pour les mol- lahs de Qom, l’autre capitale (iranienne) de l’is- lam chiite. Si l’influence du chiisme ne peut que s’étendre dans la région, il est moins sûr que les théories concernant la mainmise des religieux sur les affaires publiques élaborées par les Ira- niens s’imposent en Irak. Leurs coreligionnaires irakiens récusent plus ou moins clairement la lé- gitimité d’un pouvoir absolu exercé par le clergé. Et certains ayatollahs « dissidents » ont, d’ores et déjà, rejoint Nadjaf en signe de protestation contre l’actuel régime iranien. C’est notamment le cas du très populaire petit-fils de Khomeyni, Hussein, qui a appelé à la séparation de la reli- gion et de l’État et qualifié l’actuel régime de Té- héran comme la « pire des dictatures ». L’émer- gence en Irak d’un centre du chiisme modéré pourrait donc contribuer à remettre en cause le pouvoir du clergé en Iran.

L’Iran, puissance nucléaire ?

Encerclé, le régime iranien a peut-être la tenta- tion de mettre au point une bombe atomique, comme s’en inquiète, depuis l’été 2003, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Lié depuis 1974 par le Traité de non-prolifération (TNP), l’Iran aurait développé un programme nucléaire civil et militaire. Sollicitées à plusieurs reprises au cours de l’été par l’organisation onu- sienne afin de signer, entre autres, le protocole additionnel au TNP permettant à ses inspecteurs d’effectuer des visites inopinées sur certains sites suspects, les autorités iraniennes ont refusé d’accéder à cette demande en espérant, selon certains observateurs, que ce refus déclenche- rait des attaques américaines ciblées, lesquelles permettraient de consolider un régime de plus downloadModeText.vue.download 89 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

87 en plus contesté. C’est finalement le scénario diplomatique qui semble s’être imposé avec la visite à Téhéran – dix jours avant l’expiration de l’ultimatum de l’AIEA conduisant éventuel- lement à la saisine du Conseil de sécurité – d’une troïka européenne inédite, rassemblant les ministres des Affaires étrangères français, britannique et allemand. Ceux-ci sont revenus avec un accord selon lequel les Iraniens se sont engagés à garantir le caractère purement civil de leurs activités nucléaires, en contrepartie d’une coopération internationale en la matière. Salué avec prudence, en particulier par les États-Unis, ce « pas positif », qui devra être suivi d’effets, témoigne sans doute de la volonté de Téhéran de s’acheter un certificat de bonne conduite aux yeux de la communauté internationale.

EMMANUEL CHICON

 LE PRIX NOBEL, CE N’EST PAS

TRÈS IMPORTANT 

L’attribution du prix Nobel de la paix 2003 à Chirine Ebadi n’a pas suscité l’enthou- siasme dans les rangs du pouvoir iranien. La télévision d’État a annoncé la nouvelle du bout des lèvres, l’agence officielle Irna y a consacré huit lignes. Les conservateurs, sans surprise, ont qualifié cette distinction d’« infamie » et le président Khatami a eu cette phrase curieuse : « le Nobel de la paix, ce n’est pas très important. Ce sont les prix scientifiques et littéraires qui comptent. » Les dix mille personnes venues attendre dans la liesse la lauréate à l’aéroport de Téhéran n’étaient visiblement pas de cet avis. Profitant de sa nouvelle aura inter- nationale, Chirine Ebadi a dédié son prix « au grand peuple d’Iran », et appelé dans la foulée à la libération de tous les prison- niers politiques. Demande non relayée par la presse d’État.

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Irak

Attentat contre le siège de l’ONU à Bagdad

Le siège des Nations unies à Bagdad est touché par un attentat à la voiture piégée. Il est situé dans le Ca- nal Hotel, près du monument des Martyrs, dans l’est de la capitale irakienne. Les inspecteurs en désarme- ment de l’ONU y avaient installé leur quartier général lors de leurs missions en Irak de 1991 à 1998, et avant la guerre en Irak, de novembre 2002 à mars dernier. L’explosion provoque l’effondrement d’une partie du bâtiment et fait 24 morts, dont le diplomate brési- lien Sergio Vieira de Mello, le représentant spécial de l’ONU en Irak, et une trentaine de blessés.

Proche-Orient

Attentat à Jérusalem

Un kamikaze se fait exploser à bord d’un autobus à Jérusalem, tuant 20 personnes dont six enfants, et faisant plus d’une centaine de blessés. L’attentat est revendiqué par le Djihad islamique et par le Hamas. C’est l’un des plus meurtriers perpétrés depuis près de trois ans d’Intifada et le plus grave coup porté à la « feuille de route », le plan de paix élaboré par le Quartet (États-Unis, Russie, ONU, Union européenne) et lancé le 4 juin par le président américain George W. Bush lors du sommet d’Aqaba, en Jordanie. En réponse à cet attentat, Israël gèle tous les contacts avec l’Autorité palestinienne ainsi que le transfert aux Palestiniens des villes de Jéricho et Kalkiliya en Cisjor- danie, qui allait avoir lieu prochainement. Le 21, Israël mène une série de raids contre des Palestiniens sus- pectés de terrorisme. Ainsi, Ismaïl Abou Chanab, un haut responsable du Hamas, est tué lors d’un raid à Gaza. L’armée israélienne n’avait plus conduit d’opé- rations ciblées contre des dirigeants palestiniens depuis la trêve signée le 29 juin par les principaux mouvements palestiniens. Le mouvement radical islamiste palestinien Hamas et le Djihad islamique annoncent la fin de la trêve dans les attaques contre Israël.

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France

Canicule : l’adresse de Chirac aux Français

À l’issue d’un Conseil des ministres de rentrée entiè- rement consacré aux dramatiques conséquences de la canicule qui s’est abattue sur la France, Jacques Chirac, dans une intervention télévisée solennelle, annonce que le gouvernement de Jean-Pierre Raf- farin présentera en octobre un plan pour remédier aux « insuffisances » mises en lumière par la vague de chaleur exceptionnelle du début du mois d’août et présenter les « propositions indispensables » pour ren- downloadModeText.vue.download 90 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

88 forcer la solidarité à l’égard des personnes âgées. La canicule pourrait avoir tué une dizaine de milliers de personnes, reconnaît le gouvernement. Le chef de l’État, dont le silence tout au long du drame a été critiqué, a exprimé à cette occasion sa « profonde soli- darité » à l’égard des victimes et rendu hommage à l’action des services de secours. Après cette « épreuve que partage toute la nation », « tout sera fait pour remé- dier aux insuffisances que nous avons constatées dans notre organisation sanitaire », a-t-il ajouté. Rappelant que de nombreuses personnes âgées « sont mortes seules à leur domicile », le chef de l’État appelle éga- lement les Français à faire preuve d’une plus grande solidarité à l’égard des plus fragiles.

Un été meurtrier

La canicule qui a frappé la France pendant la première quinzaine du mois d’août a pris l’allure d’une catastrophe sanitaire, provo- quant la mort de plus de 14 000 personnes, pour la plupart des personnes âgées.

Les maladresses des pouvoirs publics face à ce drame national ainsi que le silence du chef de l’État jusqu’à son retour de vacances le 20 août ont été à l’origine d’une grave crise politique, qui s’est amplifiée à mesure que s’alourdissait le bilan des victimes. Après les turbulences sociales du printemps, la crise de la canicule constitue une nouvelle épreuve pour le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, auquel elle ne laissera déci- dément pas de répit avant une rentrée sociale et politique qui s’annonce agitée.

Une surmortalité estivale...

À chaque été suffit sa peine... Et cette année encore, les conséquences humaines drama- tiques des dérèglements climatiques ont fait les gros titres de l’actualité estivale et rempli les rubriques nécrologiques. Après les inonda- tions catastrophiques de l’été 2002, la France et, dans une moindre mesure, plusieurs autres pays d’Europe occidentale ont subi la canicule la plus longue et la plus extrême observée de mémoire de météorologiste et aussi de démographe. Ain- si, selon des chiffres publiés début septembre par des chercheurs de l’Institut national des études démographiques (INED) et de l’Institut national de la statistique et des études écono- miques (Insee), l’été 2003 est le plus meurtrier depuis 1946, date à laquelle l’Insee a commen- cé à effectuer des statistiques mensuelles de décès. Au moins 54 070 personnes sont mortes en France en août 2003, contre 40 000 habi- tuellement. Cette surmortalité estivale, dont le décompte macabre a mobilisé tous les services concernés, se concentre sur la première quin- zaine du mois d’août, qui a connu des pics de chaleur sans précédent.

Si les agriculteurs ont tout particulièrement souffert de la sécheresse inhabituelle qui s’est abattue depuis le début de l’été sur les cam- pagnes françaises, grillant sur pied les récoltes, c’est l’ensemble de la population qui va ressentir les effets d’une chaleur qui devient caniculaire à partir du 3 août, dépassant à plusieurs reprises la barre des 45 °C et restant très élevée jusqu’au 14 août. Aggravée dans des villes – au nord sur- tout – peu préparées à ce type de températures par la pollution à l’ozone et par l’absence persis- tante de vent et de pluie, la chaleur suffocante prend l’allure d’une véritable épidémie, qui touche les catégories les plus vulnérables, per- sonnes âgées, malades et enfants en bas âge.

Tétanisée par un phénomène dont les incidences sanitaires relèguent à l’arrière-plan les enjeux climatologiques, la France tarde à sortir de la tor- peur de ces torrides vacances aoûtiennes pour réagir à une situation exceptionnelle, exigeant des solutions d’urgence.

... qui tourne à la crise politique

Et quand la France commence à prendre la mesure de la tragédie, au détour des chiffres annoncés par les pompes funèbres générales faisant état d’une surmortalité catastrophique et des cris d’alarme lancés par les urgentistes inca- pables de faire face à l’afflux de malades frappés d’hyperthermie, la canicule, en recul, a déjà pro- voqué une hécatombe dont le bilan se chiffre en milliers de victimes. Illustrant l’impréparation des pouvoirs publics face à cette catastrophe climatique, les images des cadavres, conservés dans des entrepôts ou des camions frigorifiques devenus des succursales des pompes funèbres, alimenteront la controverse sur la gestion des effets de la canicule par le gouvernement, qui tourne vite à la crise politique. Celle-ci ira en s’amplifiant à mesure que le décompte alourdit le bilan des victimes qui, de 1 500 morts annoncés par le ministre de la Santé Jean-François Mattei avant même la fin de l’épisode caniculaire, passe à 5 000, chiffre avancé comme « plausible » le downloadModeText.vue.download 91 sur 370 CHRONOLOGIES ET ANALYSES

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18 août par le ministre, pour s’établir autour de 11 500 à la fin août. Le gouvernement qui, après les longs mois de tension sociale du printemps, avait dû retarder son départ en vacances pour cause de réforme des retraites, se voyait donc contraint d’anticiper une rentrée politique que l’on prévoyait déjà chaude. Face aux accusations de l’opposition, il voudra jouer la carte de la transparence, tant sur le chiffre des victimes que sur les responsabilités dans la catastrophe sani- taire, qu’une commission d’enquête parlemen- taire sera chargée de déterminer. Pourtant, tout en reconnaissant certains dysfonctionnements, M. Mattei déclinera toute responsabilité directe, l’information n’étant pas remontée jusqu’à lui. En revanche, le directeur général de la santé, Lucien Abenhaïm démissionnera le 18 août pour stigmatiser les failles d’un système d’alerte dont le cloisonnement entre les services limite l’effi- cacité. Les tentatives de justification du gouver- nement, qui en appelle à la solidarité nationale à l’égard des personnes âgées dont la catastrophe sanitaire a illustré l’état d’abandon dans ces mai- sons de retraite où la canicule a été particuliè- rement meurtrière, non plus que les mesures annoncées notamment en faveur des urgen- tistes pour parer à de nouvelles épreuves, n’ont pu dissiper dans l’opinion le sentiment que les autorités n’ont pas réagi à la mesure du drame. Le gouvernement doit ainsi faire face à une crise de confiance qui n’épargne pas le chef de l’État, dont le pesant silence aux heures les plus graves de la canicule contribuera à faire baisser la cote de popularité. M. Chirac ne s’exprimera publi- quement que le 20 août, de retour du Québec où il passait ses vacances. Pourtant, l’ampleur d’un drame qui incite à la décence, le sentiment de culpabilité aussi, qui habite des Français montrés du doigt pour leur indifférence envers leurs aînés auxquels ils seraient prêts, comme le leur demande Jean-Pierre Raffarin, à donner un jour férié au titre de la solidarité, la fatigue, enfin, après un printemps social chaud et un été caniculaire, ont tiédi les ardeurs militantes lors d’une rentrée politique et sociale relativement calme. Mais la canicule n’en a pas moins fragilisé le gouvernement.

ALAIN POLAK

UN SYSTÈME SANITAIRE EN CRISE

Un rapport remis au début du mois de sep- tembre à M. Mattei par 4 experts a tenté de cerner les insuffisances structurelles du système sanitaire révélées par la cani- cule. L’Institut national de veille sanitaire (INVS), qui a compétence pour faire face à des problèmes épidémiologiques, est mon- tré du doigt parmi ces administrations qui ont été incapables de prendre la mesure de la réalité et de communiquer entre elles. Ce tableau inquiétant montre un système hos- pitalier en crise, des services d’urgence en pénurie chronique de moyens et des médecins généralistes qui n’étaient pas là pour prodiguer leurs conseils et soins à leurs patients les plus âgés, pour cause de vacances. Le rapport épargne M. Aben- haïm, estimant que la Direction générale de la santé qu’il dirigeait s’est « épuisée dans la recherche » de ces informations que M. Mattei l’accusait à demi-mot de n’avoir pas fait remonter jusqu’à lui. De- vant les députés, le ministre répétera le 11 septembre que son ministère « n’a rien su », et a préconisé des réformes « pour que cela ne recommence pas ».

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France

La compagnie aérienne Air Littoral en redressement judiciaire

La compagnie aérienne française Air Littoral, en dif- ficulté financière, demande l’ouverture d’une procé- dure de redressement judiciaire afin de permettre sa reprise par Wexford Capital LLC, un fonds d’inves- tissement américain basé à Greenwich (Connecti- cut) qui possède déjà deux compagnies aériennes, Frontier Airlines et Chautauqua Airlines, aux États- Unis. Associé à des partenaires européens, Wexford Capital LLC confirme « son intention d’acquérir 100 % du capital d’Air Littoral, en conservant la globalité du périmètre d’activité actuel de la société, en particulier les deux sites de Nice et de Montpellier ». De son côté, la direction d’Air Littoral souligne que l’abandon de sa dette publique envers l’État constitue « une condi- tion préalable et nécessaire pour l’ensemble des investis- seurs potentiels ayant manifesté leur intérêt ». Or l’État n’envisage cet abandon qu’« à la condition expresse de l’engagement ferme d’un investisseur crédible ». Depuis juin 2001, date de sa reprise par Marc Dufour, Air Lit- toral a subi la crise du secteur aérien et a pâti du dé- pôt de bilan de son ancien actionnaire Swissair, qui a laissé un impayé de 30 millions d’euros. En 2002, downloadModeText.vue.download 92 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004 90 la compagnie a enregistré une perte d’exploitation de 42 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 180 millions d’euros. En deux ans, Air Littoral a réduit le nombre de ses appareils de 39 à 32 et supprimé 30 % de lignes considérées comme non rentables, sans compter un plan social portant sur 30 % de l’effectif de la compagnie.

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France

R. Bachelot pour la chasse aux canards Dans un arrêté publié au Journal officiel, la ministre de l’Écologie, Roselyne Bachelot, autorise de nouveau la chasse aux canards et aux rallidés, deux espèces d’oiseaux migrateurs sur le littoral. C’est le troisième arrêté d’ouverture de la saison des migrateurs de Mme Bachelot, qui exerce la tutelle de la chasse. Les deux premiers, publiés le 26 juillet et le 8 août, ont été suspendus en partie ou en totalité par le Conseil d’État, comme contraires au droit européen sur la protection des migrateurs en période de nidification. Le nouveau texte confirme la date du 9 août pour le début des tirs des canards et des rallidés sur le lit- toral, en dépit de sa double censure par le Conseil d’État. L’Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS) adresse un nouveau recours en référé au Conseil d’État contre l’arrêté de la ministre de l’Écologie. « Le respect du droit et du principe de pré- caution voudrait que la chasse ouvre en France à partir du 1er octobre et qu’elle ferme au plus tard le 30 janvier. C’est le seul calendrier qui permettrait de répondre aux objectifs de la directive européenne Oiseaux », estime l’association.

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Inde

Attentat meurtrier à Bombay

Deux explosions font au moins 52 morts et plus de 150 blessés à Bombay, capitale économique de l’Inde. L’une des explosions s’est produite à la Porte de l’Inde, l’un des principaux sites touristiques au coeur de Bombay. L’autre explosion a secoué le bazar Zaveri, un marché de diamantaires originaires de la province du Gujarat, situé près d’un temple hindou. Le vice-Premier ministre indien Lal Krishna rappelle que des attentats du même type ont été perpétrés ces derniers mois par le Mouvement des étudiants islamiques de l’Inde (Simi, interdit), agissant aux côtés du groupe activiste Lashkar e-Taiba basé au Pakistan. L’Inde accuse également des activistes islamistes vivant au Pakistan et combattant le pouvoir indien au Jammu-et-Cachemire, seul État indien à majorité musulmane, d’être à l’origine d’attentats à la bombe et d’autres attaques.

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France

Plaidoyer de Raffarin à Bruxelles

Le Premier ministre français Jean-Pierre Raffarin plaide à Bruxelles, auprès de la Commission euro- péenne et de son président, Romano Prodi, la cause de la France sur plusieurs dossiers sensibles. Tout en réaffirmant « l’attachement » de la France au Pacte de stabilité et de croissance, Jean-Pierre Raf- farin réitère son engagement à réduire son déficit structurel en 2004 mais demande des « assouplisse- ments » dans le pacte pour en exclure les dépenses de recherche. Il maintient l’objectif de ramener le déficit budgétaire français sous le plafond de 3 % fixé par le Pacte de stabilité « dans le programme d’action de son gouvernement jusqu’à 2006 » – alors que Bruxelles demande à Paris de ramener les défi- cits publics de la France sous le seuil des 3 % dès 2004. En effet, en raison d’un ralentissement de la croissance, des baisses d’impôts décidées par le gouvernement et du déficit de la Sécurité sociale – 16 milliards d’euros sur les deux années 2002 et 2003 –, le déficit public dépassera à nouveau cette année le plafond des 3 % du PIB imposé par le pacte de stabilité. Faisant valoir que les dégâts des incendies de forêt et d’une sécheresse exception- nelle pèseront sur ces déficits, le Premier ministre demande à Bruxelles l’aide du Fonds de solidarité européen. « Au nom de la Commission, j’ai rappelé que nous n’avions pas d’autre choix que d’appliquer les règles du traité », déclare Romano Prodi. Le traité de Maastricht prévoit l’imposition de sanctions finan- cières pouvant aller jusqu’à 0,5 % du PIB en cas de violation pendant deux années consécutives des règles du pacte par un État membre.

Pour la suppression d’un jour férié Le gouvernement Raffarin avance « la piste de tra- vail » de la suppression de l’un des onze jours fériés du calendrier pour financer un plan « vieillissement et solidarité ». « C’est une des pistes parmi tant d’autres pour essayer de trouver une véritable solidarité dépen- downloadModeText.vue.download 93 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

91 dance dans la nation », indique le secrétaire d’État aux Personnes âgées, Hubert Falco, qui doit présen- ter en octobre son plan vieillesse après la canicule meurtrière de début d’août. Les cotisations sociales perçues au titre de ce nouveau jour travaillé seraient affectées au financement de l’aide aux seniors. Les professionnels du secteur vieillesse évaluent à 7 milliards d’euros le budget nécessaire pour rat- traper le retard en matière d’équipement dans les maisons de retraite. Le 8 mai, date anniversaire de la capitulation de l’Allemagne nazie, reste la date la plus avancée. En 1961, le général de Gaulle avait supprimé ce jour férié, puis, en 1975, Valéry Giscard d’Estaing en avait supprimé la commémoration. Les deux ont été rétablis en 1981 par le gouvernement socialiste de Pierre Mauroy.

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France

Bilan de la canicule : 11 435 morts

Selon une première estimation officielle de l’Insti- tut de veille sanitaire remise au ministre de la Santé, Jean-François Mattei, la surmortalité enregistrée entre le 1er et le 15 août – alors que l’Hexagone a été touché par une vague de canicule – est de 11 435 décès. De leur côté, les Pompes funèbres gé- nérales, qui représentent un quart du marché funé- raire dans le pays, confirment leur extrapolation de 13 000 décès supplémentaires au mois d’août par rapport à la même période en 2002 sur l’ensemble de la France.

Royaume-Uni

Démission de A. Campbell

Le directeur de la communication du Premier mi- nistre britannique Tony Blair, Alastair Campbell, qui est au centre du scandale créé par le suicide appa- rent du Dr David Kelly, donne sa démission. Alastair Campbell était mis en difficulté par la presse, qui l’accusait d’avoir alourdi le dossier sur les éventuelles armes de destruction massive irakiennes afin de donner des arguments décisifs au gouvernement de Londres quant à la nécessité de renverser par la force le régime de Bagdad. Toutefois, il affirme que ce départ était prévu de longue date. Le Premier mi- nistre rend hommage au travail d’Alastair Campbell en soulignant sa loyauté et en assurant que « l’image qui a été donnée de lui par une partie des médias a été une caricature ».

Irak

Assassinat d’un ayatollah chiite

Une voiture piégée explose durant la prière devant le mausolée d’Ali, le gendre du prophète Mahomet, dans la ville sainte chiite de Nadjaf (175 km au sud de Bagdad). Au moins 82 personnes sont tuées et 229 autres blessées. Parmi les victimes figure le chef de l’Assemblée suprême de la révolution islamique en Irak, l’ayatollah Mohammad Baqer Hakim, âgé de soixante-quatre ans, l’un des chefs spirituels des chiites irakiens, qui coopérait avec les forces amé- ricaines d’occupation. Celui-ci a passé vingt-trois ans en exil en Iran avant de rentrer en Irak. Le 31, quelque 300 000 fidèles entreprennent une marche entre Bagdad et Nadjaf en hommage au dirigeant chiite. La police irakienne annonce l’arrestation de 19 personnes liées à l’attentat, des étrangers en ma- jorité, ayant des liens avec al-Qaida et appartenant à la mouvance religieuse fondamentaliste sunnite wahhabite.

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France

Politiques et télé-réalité : veto de

J.-P. Raffarin

Le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, interdit aux membres de son gouvernement de participer à la nouvelle émission de « politique-réalité » préparée par TF1. La première diffusion de cette émission, bapti- sée provisoirement « 36 Heures », était prévue aux alentours du 15 octobre, et avait invité Jean-François Copé, porte-parole du gouvernement. Le principe de l’émission était d’immerger un homme politique pendant 36 ou 48 heures dans la vie d’une famille française. « Le Premier ministre n’apprécie pas ce genre d’émissions, il n’est pas favorable aux mélanges des genres », affirme l’entourage de Jean-Pierre Raffarin.

Athlétisme

Mondiaux à Paris : 7 médailles pour la France

En terminant deuxième de l’épreuve, derrière les États-Unis, le relais 4 × 400 m français (Raquil, Dia- gana, Djhone, Keita) rapporte sa septième médaille à la France. Le bilan est exceptionnel pour les Bleus : sept médailles, deux d’or (Eunice Barber en lon- downloadModeText.vue.download 94 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

92 gueur ; 4 × 100 m dames avec Girard, Hurtis, Felix et Arron), trois d’argent (Eunice Barber en heptath- lon ; Mehdi Baala sur 1 500 m ; 4 × 400 m messieurs), deux de bronze (Manuela Montebrun au lancer de marteau ; Marc Raquil sur 400 m). Les États-Unis ter- minent en tête ces Championnats du monde d’ath- létisme avec 20 médailles. Derrière eux, vient la Rus- sie (19 médailles). La France avec ses 7 médailles se classe à la cinquième place, précédée par l’Éthiopie et la surprenante Biélorussie (7 médailles également). 50 000 spectateurs par jour ont applaudi quelque 1 900 athlètes venus de 203 pays. downloadModeText.vue.download 95 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

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Septembre

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France

Trois pompiers brûlés vifs dans le Midi

Un pompier professionnel et deux volontaires, en- cerclés par les flammes, sont brûlés vifs au sud de Cogolin, dans le Var, où un incendie qui s’est déclaré la veille dans la région a détruit 4 500 ha de forêts depuis dimanche. Cet incendie était combattu par une dizaine d’avions bombardiers et deux mille pom- piers. En Haute-Corse, 8 000 à 10 000 ha ont brûlé en trois jours. Depuis le début de l’année 2003, plus de 55 000 hectares de forêts sont partis en fumée en France.

OMC

Accord sur les médicaments génériques Après cinq jours de négociations laborieuses et huit mois de blocage, les 146 pays membres de l’Orga- nisation mondiale du commerce (OMC) approuvent un accord, vital pour les pays pauvres, concernant la fourniture de médicaments génériques contre les maladies infectieuses. L’accord pourrait, à terme, faciliter l’importation par les pays pauvres de médi- caments génériques destinés à remédier aux prin- cipaux problèmes de santé, dont le paludisme, la tuberculose et le sida. Le texte de l’accord autorise les pays les plus démunis à contourner la législation sur les brevets. Ils pourront ainsi importer des médi- caments produits sous une forme générique, en par- faite réplique des médicaments originaux, lorsque la situation sanitaire l’exige. La législation actuelle autorise les pays dotés d’une industrie pharmaceu- tique nationale à abandonner les droits des brevets aux producteurs de génériques en cas de situation d’urgence, mais elle ne traite pas la question des pays qui ne sont pas en mesure de produire des médica- ments. Pour Jong Wook Lee, le nouveau directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), cet accord « est un grand pas en avant. Sur cette nouvelle base, nous pouvons continuer de travailler, afin que chaque personne qui a besoin de ces médicaments puisse y avoir accès à un prix abordable ». De leur côté, plusieurs ONG, comme Médecins sans frontières, émettent de sérieuses réserves portant notamment sur la complexité des procédures administratives à mettre en oeuvre par les pays concernés, ce qui limi- terait de beaucoup la disponibilité réelle des médica- ments génériques « dégriffés ».

L’OMC soigne son image avec les médicaments génériques

Après huit mois de blocage dû en grande partie aux pressions du lobby pharma- ceutique américain, les 146 membres de l’OMC ont donné leur accord le 30 août pour l’importation par les pays pauvres de médicaments génériques.

À dix jours de son sommet de Cancún, l’Orga- nisation mondiale du commerce a été soup- çonnée de vouloir rehausser son crédit grâce à cet accord qui a d’ailleurs suscité des critiques parmi certaines organisations, en raison des dif- ficultés liées à son application.

Une décision « historique »

Le 30 août, les 146 pays membres de l’OMC tom- baient enfin d’accord sur un compromis permet- tant de débloquer la question de la fourniture de médicaments aux pays pauvres. La dimension humanitaire de cet accord a finalement eu raison de l’obstination du gouvernement des États-Unis qui, sous la pression du puissant lobby d’une industrie pharmaceutique soucieuse de garder l’exclusivité de ses brevets, lui avait fait bar- rage pendant huit mois. Après la guerre contre l’Irak, la bonne volonté affichée par Washington répondait sans doute aussi à un souci de soigner l’image des États-Unis et de faire pièce aux accu- sations d’unilatéralisme. Une préoccupation par- tagée peut-être aussi par l’OMC, à dix jours de son sommet ministériel de Cancún, qui laissait présager d’âpres négociations entre pays riches et pays pauvres. Tels sont du moins les soupçons qu’ont éveillés cet accord chez les détracteurs de l’organisation, qui se demandent s’il ne s’agit pas d’une mesure cosmétique visant à présenter une OMC à visage humain. Ceux-ci n’ont vu qu’une « victoire des firmes pharmaceutiques occi- dentales » dans une décision qualifiée d’« his- torique » par le directeur général de l’OMC, le Thaïlandais Supachaï Panitchpakdi et les négo- ciateurs, qui en tirent argument pour justifier la nécessité d’une organisation capable de réguler le commerce international en laissant, lorsqu’il le faut, les intérêts humanitaires prendre le pas downloadModeText.vue.download 96 sur 370 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

94 sur ceux de la rentabilité économique. En vertu de cet accord, les pays pauvres pourront impor- ter des médicaments génériques pour répondre à des problèmes de santé publique, comme la pandémie de sida. Le principe de cet accord avait été admis dès la conférence de Doha en 2001, y compris par le gouvernement de G.W. Bush. Mais ce dernier avait depuis bloqué ce compromis, en raison des modalités de son application. Il fallait en effet pour mettre en pratique une telle déci- sion, surmonter les obstacles juridiques soulevés par la duplication de ces médicaments, protégés pour la plupart par des brevets qui en inter- disent la copie pendant vingt ans.

Sous la pression du sida

Or, l’épidémie de sida continue à décimer les populations dans les pays en développement, singulièrement dans l’Afrique subsaharienne, où vivent 30 des 42 millions de personnes frappées par la maladie dans le monde, et qui ne possè- dent aucune des infrastructures industrielles capables de produire les traitements adéquats. Pour répondre à cette demande urgente et vitale, il fallait donc autoriser les pays concer- nés les mieux à même de les produire, comme le Brésil et l’Inde, à les dupliquer et à les vendre aux pays les plus pauvres à des prix conformes à leurs maigres budgets. Ces pays n’ont en fait pas attendu l’accord de l’OMC pour annoncer la pro- duction de médicaments génériques et avaient mis la communauté internationale devant un fait accompli. Désormais, cette menace est levée, puisque, aux termes de l’accord, un pays ayant besoin d’un médicament pourra l’acheter à celui qui en produit le générique et les industriels des pays producteurs seront autorisés à l’exporter chez le pays demandeur sans avoir à demander la permission de la firme détentrice du brevet. Les spécialités médicales concernées sont toute- fois strictement définies et les traitements affé- rents sujets à des réglementations très sourcil- leuses. Sensible aux mises en garde de certains groupes pharmaceutiques, le gouvernement américain a ainsi suivi avec vigilance la rédaction du compromis, dont les nuances ont focalisé l’at- tention de la deuxième partie de la négociation. L’accent a été mis sur la vocation humanitaire de l’accord, les dévolutions de brevets devant se faire « de bonne foi », sans but commercial. Le conditionnement des médicaments concernés a été aussi minutieusement étudié, de telle sorte que les génériques ne puissent être réexportés ou revendus à profit. Si la discussion pointilleuse de ces détails trahis- sait un certain manque de confiance entre les membres de l’OMC, l’accord sur les médicaments génériques a été accueilli avec une totale mé- fiance par les altermondialistes, mais aussi par certaines ONG, qui redoutent d’avoir été le jouet d’une démonstration de bonnes intentions de la part de l’organisation, soucieuse de répondre à ceux qui l’accusent de servir les seuls intérêts des multinationales et des libéraux. Les détrac- teurs de l’OMC dénoncent l’ambiguïté juridique d’un accord dont l’application sera difficile pour des pays à faibles ressources, qui ne doivent pas s’attendre à recevoir du jour au lendemain une manne thérapeutique. Si cet accord relève d’une simple opération de relations publiques, celle-ci n’aura guère permis en tout cas à l’OMC de trouver grâce aux yeux de ses adversaires. Les réformistes de l’OMC ont voulu y voir quant à eux un encouragement à la veille des difficiles négociations de Cancún. Mais l’échec du som- met mexicain devait reléguer cet accord au rang d’un placebo, qui ne résistera pas aux profonds désaccords entre pays riches et pays pauvres sur les grands sujets litigieux.

ULYSSE GARO

DES RÉACTIONS CONTRASTÉES

Dès la conclusion de l’accord sur les médi- caments génériques, le nouveau directeur général de l’OMS, Jong Wook Lee, s’en félicitait devant un parterre de ministres de la Santé africains réunis lors d’une conférence régionale le 1er septembre à Johannesburg. « Un grand pas en avant » a-t-il dit, afin que « chaque personne qui a besoin de ces médicaments puisse y avoir accès à un prix abordable ». Le sida, la tu- berculose et la malaria sont les maladies infectieuses les plus ravageuses, singuliè- rement en Afrique, à être concernées par cette mesure qui répond à une « question vitale de droits de l’homme », selon la ministre de la Santé sud-africaine, Manto Tshabala-Msimang. Mais pour nombre d’ONG, dont Oxfam et Médecins sans fron- tières, il s’agit d’un « accord diplomatique destiné à sauver la face de l’OMC », les pays censés en profiter devant « suivre un véritable parcours du combattant ». downloadModeText.vue.download 97 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

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France

Le Lyonnais à l’amende

L’État français et le Crédit Lyonnais acceptent de plai- der coupables dans l’affaire Executive Life et de payer une amende record de 575 millions de dollars pour mettre fin à une procédure pénale. Le Consortium de réalisation (CDR), établissement public gérant les anciens actifs du Crédit Lyonnais, déclare qu’il est « parvenu à un protocole d’accord avec le parquet fédéral de Los Angeles visant à mettre fin à une enquête fédérale sur l’ancienne compagnie d’assurances Executive Life ». Le CDR aurait accepté de s’acquitter d’un règlement de 475 millions de dollars tandis que le Lyonnais verserait pour sa part quelque 100 millions de dol- lars. Le gouvernement souligne que le versement de l’amende n’aura « pas d’impact » sur le budget de l’État, d’autant que le montant de ladite amende aurait été provisionné depuis 1995, de manière à éviter un bru- tal déséquilibre des finances de l’établissement. La justice américaine accuse le Lyonnais d’avoir organisé en 1993, par portage illégal, la reprise d’Executive Life, alors que la loi interdisait à une banque de détenir plus de 25 % du capital d’une compagnie d’assurances. Le procureur fédéral de Los Angeles, Debra Yang, exigeait que le Lyonnais et le CDR s’acquittent d’une amende de 600 millions de dollars et plaident coupables pour mettre fin à l’inculpation prononcée fin juillet par une chambre de mise en accusation. Si elle était reconnue coupable de pratiques illégales par la justice améri- caine, la Banque française courait le risque de voir sa licence commerciale aux États-Unis suspendue par la Réserve fédérale, l’autorité de réglementation ban- caire américaine.

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France/Allemagne

Chirac et Schröder : « non » à Bush pour l’Irak

Lors d’une rencontre informelle à Dresde, dans le sud-est de l’Allemagne, le chancelier social-démo- crate Gerhard Schröder et le président Jacques Chirac émettent de sérieuses réserves sur le projet de réso- lution américain qui prévoit la création d’une force multinationale mandatée par l’Organisation des na- tions unies en Irak pour participer à l’effort de stabili- sation d’un pays en proie aux attaques quotidiennes contre les forces d’occupation et à la multiplication des attentats. La force multinationale que Washing- ton demande à l’ONU d’autoriser resterait sous étroit contrôle américain, même si l’ONU devra être tenue informée. Paris et Berlin estiment que ce projet, pré- senté la veille par Washington, n’accorde pas un rôle assez important aux Nations unies, puisqu’il ne prévoit pas un transfert des responsabilités militaires ou poli- tiques à l’ONU. « La proposition de résolution [...] nous paraît assez loin de ce qui nous semble l’objectif priori- taire, qui est le transfert de la responsabilité politique à un gouvernement irakien aussi rapidement que possible », souligne Jacques Chirac. La place de l’ONU en Irak est pour l’instant confinée, au titre de la résolution 1 483 adoptée le 22 mai, à un rôle de coordination humani- taire et de conseil politique.

France

Raffarin pour la poursuite des baisses d’impôt

Jean-Pierre Raffarin annonce une baisse de 3 % de l’impôt sur le revenu dans le budget 2004. Cet allè- gement portera à « près de 10 % » la baisse de l’impôt sur le revenu en deux ans, précise le Premier ministre. Celui-ci décide, par ailleurs, de revaloriser « de près de 500 millions d’euros » la prime pour l’emploi, impôt négatif versé aux contribuables les plus modestes. Le déficit public de la France atteindra les 4 % du produit intérieur brut (PIB) en 2003 et les baisses d’impôts an- noncées pour 2004 ne permettront pas de le ramener sous la barre des 3 % du PIB fixée par le pacte de stabi- lité. Le Premier ministre met donc au second plan la ré- duction des déficits exigée par Bruxelles, au risque de déclencher une grave crise avec les partenaires euro- péens de la France. Il affirme que « mon premier devoir, c’est l’emploi [...] ce n’est pas d’aller rendre des équations comptables et de faire des problèmes de mathématiques pour que tel ou tel bureau dans tel ou tel pays soit satis- fait ». Lorsque le commissaire européen au Commerce Pascal Lamy affirme qu’on « ne peut pas tricher avec des règles communes que l’on s’est données », Jean-Pierre Raffarin invite celui-ci à « s’en tenir à son mandat ».

Palestine

Démission de Mahmoud Abbas

Au terme de quatre mois d’exercice sous haute tension, le Premier ministre palestinien Mahmoud Abbas remet sa démission à Yasser Arafat. L’ancien numéro 2 de l’OLP avait accédé à sa fonction le 30 avril dernier sous la pression des États-Unis. Il ne s’était jamais entendu avec Y. Arafat sur le partage des pouvoirs, leur dernier désaccord portant sur le contrôle des forces de sécurité palestiniennes. Pour downloadModeText.vue.download 98 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

96 expliquer les raisons de sa démission, Mahmoud Ab- bas souligne « le manque de soutien (interne) pour la mise en oeuvre de la politique gouvernementale », ainsi que « la sévère et dangereuse incitation intérieure contre le gouvernement et l’obstruction à ses fonctions ». Il es- time également que « la réticence d’Israël à mettre en oeuvre ses engagements concernant la feuille de route et à prendre des mesures constructives » constitue un problème fondamental. Le départ de Mahmoud Ab- bas fait craindre une instabilité politique à la tête de l’exécutif palestinien et une nouvelle escalade de la violence. Malgré cette démission, les États-Unis réaf- firment leur engagement à réaliser le plan de paix international – la « feuille de route » – qu’ils ont éla- boré de concert avec la Russie, l’Union européenne et les Nations unies.

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Allemagne

Mort de l’égérie de Hitler

La cinéaste Leni Riefenstahl décède à Poecking, en Bavière, à l’âge de cent un ans. Artiste aux multiples facettes (danseuse, comédienne, réalisatrice, pho- tographe), elle était devenue la cinéaste préférée d’Adolf Hitler, officiellement chargée de filmer les événements symboliques du régime, comme les jeux Olympiques de Berlin dans les Dieux du stade (1936). Jugée « sympathisante » du parti nazi après la guerre, elle se consacre ensuite à la photographie, publiant notamment des reportages sur l’ethnie des Noubas (Soudan), et au film sous-marin, Impressionen unter Wasser (2002).

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Mexique

Sommet de l’OMC à Cancún

La cinquième conférence ministérielle de l’Orga- nisation mondiale du commerce se tient pendant quatre jours à Cancún, au Mexique. Elle a pour ob- jectif principal de dresser un bilan de l’avancement des négociations et des autres travaux requis par le programme de Doha pour le développement, dans le cadre du cycle de négociations lancé à la fin de 2001 à Doha, au Qatar. Le 14, les représentants des 146 États membres de l’OMC se séparent sur un constat d’échec portant sur les questions des inves- tissements étrangers et les lois antitrust. Les pays en voie de développement, très majoritaires à l’OMC, ont refusé d’aborder ces questions après que les pays riches ont eux-mêmes refusé de s’engager sur les suppressions des subventions agricoles à leurs producteurs et sur une ouverture plus large de leurs marchés. Les subventions accordées par les pays riches – 2,5 milliards de dollars par les États-Unis et 700 millions par l’Union européenne – sont accusées d’être à l’origine des baisses drastiques des prix dans les pays en développement. Le principe d’une nou- velle réunion des membres de l’OMC est acquis pour le mois de décembre.

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Suède

Assassinat d’une ministre

Trois jours avant le référendum sur l’euro, la ministre des Affaires étrangères Anna Lindh, âgée de qua- rante-six ans, succombe à ses blessures après avoir été poignardée par un inconnu dans un grand magasin du centre de Stockholm alors qu’elle s’y promenait à titre privé et sans garde du corps. Le 24, un suspect dénommé Mijailo Mijailovic, âgé de vingt-quatre ans, est arrêté par la police suédoise. Le dossier d’accusation à l’encontre de ce dernier devra être présenté au tribunal par les procureurs chargés de l’instruction le 24 octobre au plus tard. Anna Lindh était une fervente avocate du « oui » à l’euro dans la campagne du référendum sur l’adop- tion par la Suède de la monnaie européenne. Mal- gré son assassinat, le Premier ministre suédois Göran Persson déclare que le référendum suédois sur l’euro aura bien lieu le 14 prochain. Les observateurs se de- mandent si cet événement tragique aura un impact sur le cours du référendum concernant l’adhésion à l’euro, référendum où, selon les sondages, le « non » semble devoir l’emporter. Le 2 octobre, Anna Lindh est remplacée à la tête de la diplomatie suédoise par une autre femme, Laila Freivalds, du Parti social démocrate, ancienne ministre de la Justice de 1988 à 1991, puis de 1994 à 2000.

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ONU

Fin des sanctions contre la Libye

Le Conseil de sécurité des Nations unies adopte une résolution levant les sanctions imposées à la Libye. downloadModeText.vue.download 99 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

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Cette résolution met ainsi un terme à l’embargo sur les ventes d’armes et les liaisons aériennes vers la Libye ainsi qu’à une restriction du nombre de ses diplomates en poste, à un gel de ses avoirs financiers à l’étranger et à des restrictions sur l’importation des équipements pétroliers. Comme prévu, la France et les États-Unis se sont abstenus lors du vote ; les treize autres membres ont voté en faveur de cette résolution. Le Conseil de sécurité avait imposé ces sanctions à l’encontre de Tripoli en 1999, la Libye étant tenue pour responsable d’attentats contre des avions de ligne américain et français à la fin des années 1980. Ces sanctions ont été suspendues en 1999, après que Tripoli eut livré à la justice deux Libyens soupçonnés d’être impliqués dans l’attentat perpétré en 1988 contre le Boeing de la Pan Am, au-dessus de Lockerbie, en Écosse. La France, qui menaçait de rejeter cette résolution, a renoncé à utiliser son droit de veto à la suite de l’accord franco- libyen conclu le 11, accord qui prévoit l’indemnisation par Tripoli des familles des victimes de l’attentat contre le DC 10 d’UTA, le 19 septembre 1989, au-dessus du Niger.

13

France

Violences en Corse

Une centaine de manifestants cadenassent, pendant plusieurs heures, les accès de la brigade de gendar- merie de Luri, en Haute-Corse, pour s’opposer au transfert à Paris de cinq militants nationalistes pré- sumés. Ces derniers venaient d’être interpellés par les gendarmes dans le cadre d’une enquête ouverte à la suite du jet d’un cocktail Molotov contre la bri- gade de Luri, le 4 septembre dernier. Le procureur de Bastia Patrick Beau négocie la levée du dispositif. Mais après le transfert à Paris, le 13, de deux des cinq suspects, plusieurs dizaines de personnes masquées s’attaquent à la brigade et incendient plusieurs véhicules. Le colonel Roland Gilles, commandant la légion de gendarmerie de la Corse, rappelle que « les gendarmes en Corse ne font qu’appliquer la loi en arrêtant les auteurs présumés de tout acte délictuel ou criminel [...] en utilisant toutes les prérogatives que leur confère la loi ». Le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarko- zy rappelle, pour sa part, que « l’action déterminée de l’État ne s’arrêtera pas ».

14

Suède

« Non » à l’euro

Les quelque 7,1 millions d’électeurs suédois ré- pondent « Nej » à la question : « Estimes-tu que la Suède doive introduire l’euro comme monnaie ? » sou- mise à référendum par le gouvernement social-dé- mocrate du Premier ministre Göran Persson. 56,1 % des électeurs votent contre ce projet, 41,8 % l’ap- prouvent et 2,1 % rendent des bulletins blancs. Le taux de participation atteint 81,2 %. Malgré la victoire annoncée du camp du « non » par tous les instituts de sondage pendant la campagne référendaire, l’as- sassinat de la ministre des Affaires étrangères Anna Lindh, l’une des figures centrales du camp du « oui », avait fait planer l’incertitude sur l’issue du scrutin. Entrée dans l’Union européenne en 1995, la Suède avait refusé d’adhérer à l’Union économique et mo- nétaire lors de son lancement en 1999. Le résultat de ce référendum la laisse donc hors de la zone euro, comme c’est également le cas pour le Danemark et la Grande-Bretagne.

Irak

Visite de Colin Powell à Bagdad

Le secrétaire d’État Colin Powell arrive à Bagdad après une escale au Koweït et au lendemain d’une réunion infructueuse des cinq membres permanents du Conseil de sécurité sur l’avenir de l’Irak à Genève. C’est le plus haut responsable américain à se rendre en territoire irakien depuis le renversement du pré- sident Saddam Hussein par les forces américaines le 9 avril. Colin Powell se déclare optimiste quant à une amélioration de la situation sur le terrain, mais il refuse de se prononcer sur un calendrier politique de retour à la souveraineté irakienne. « La nouvelle me- nace, ce sont les terroristes qui tentent de s’infiltrer dans le pays avec l’objectif de perturber ce processus plein d’espoir (visant à ramener la démocratie en Irak), et nous ne les laisserons pas faire », précise-t-il. Les États-Unis sont en effet confrontés à une dizaine d’attaques quotidiennes contre leurs soldats, provenant d’étran- gers infiltrés et de combattants fidèles à Saddam Hussein. D’ailleurs, environ une heure avant l’arrivée du secrétaire d’État dans la capitale irakienne, un soldat américain a été tué et trois autres blessés par l’explosion d’une bombe placée au bord d’une route downloadModeText.vue.download 100 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

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à Falloudja, point chaud de la résistance à l’occupa- tion américaine situé à l’ouest de la capitale. Cette attaque porte à 72 le nombre de soldats américains tués en Irak depuis le 1er mai, date officielle de la fin des combats décrétée par le président George Bush.

Iran

Réexamen de la coopération nucléaire avec l’AEIA

Le gouvernement iranien se dit prêt à réexaminer la nature de sa coopération nucléaire avec la commu- nauté internationale dont le récent ultimatum a sou- levé un vif débat en Iran sur l’opportunité de renfor- cer, voire de poursuivre sa collaboration avec celle-ci. En effet, le 12, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AEIA) a donné jusqu’au 31 octobre à l’Iran pour faire la preuve qu’il ne développe pas clandesti- nement un programme d’armement nucléaire. L’Iran assure que son programme nucléaire est purement civil et que les particules d’uranium enrichi décou- vertes sur certains sites nucléaires par les inspec- teurs de l’AEIA proviennent de matériel importé et contaminé.

Le bourbier irakien

L’efficacité de la machine militaire amé- ricaine en Irak aura fait oublier un temps le contexte qui avait présidé à sa mise en mouvement. Disqualifiée alors, l’ONU repre- nait la main six mois plus tard.

Entre-temps, les soldats de la libération s’étaient mués en troupes d’occupation.

L’entrée des troupes américaines à Bagdad, la révélation de l’ampleur des crimes perpétrés par le régime de Saddam Hussein, les images des populations accueillant en libérateurs GI et ma- rines ont incontestablement concouru à modi- fier les perspectives et à brouiller les mémoires. Dans le miroir déformant de la victoire, les âpres débats sur le bien-fondé même de la guerre, la question de sa légitimité dès lors que les États- Unis avaient choisi de se passer de la bénédic- tion de l’ONU, sa justification par la présence hypothétique d’armes de destruction massive – sans oublier les liens supposés du régime de Saddam Hussein avec le réseau al-Qaida –, de tout cela, il ne restait rien. Ou presque. Ceux-là mêmes, simples citoyens, intellectuels, poli- tiques, qui s’étaient élevés contre l’intervention américaine paraissaient ébranlés par la nouvelle donne. La guerre en Irak devenait l’objet d’un étonnant escamotage : croisade américaine aux forts relents d’unilatéralisme manichéen, elle trouvait sur le terrain, avec l’écroulement du régime de Bagdad, une fin aux accents humani- taires. La planète ne venait-elle pas d’être débar- rassée d’un tyran de la pire espèce ? Dans ses fourgons, l’armée des États-Unis n’apportait-elle pas la Liberté ? La messe semblait dite, et seules quelques Cassandre se risquaient à évoquer un parallèle avec les armées de Napoléon, qui, pour avoir voulu exporter les idéaux de la Révolution, n’avaient fait que réveiller les nationalismes, ici et là, dans l’Europe des rois et des princes.

La fin des illusions

Le silence des armes devait donc ouvrir une nouvelle page de l’histoire en Irak. Pourtant, alors que les GI tentaient d’endosser l’habit des soldats de la paix, un enchaînement tragique de désordre et de violence s’est mis en place. Six mois après que la statue de Saddam Hussein a été mise à terre à Bagdad, un soldat américain mourait en moyenne chaque jour. Les auteurs d’attentats sont parvenus à tuer l’émissaire de l’ONU, Sergio Vieira de Mello, un dignitaire reli- gieux, Mohammad Baqer Hakim, et un membre du Conseil intérimaire de gouvernement (CIG), Akila Al-Hachimi. La résistance à la présence des soldats américains est multiforme. Outre les par- tisans de Saddam Hussein et les islamistes ins- pirés par al-Qaida, l’armée doit également faire face à ces citoyens ordinaires que l’occupation du pays pousse à prendre les armes. L’insécurité est devenue la préoccupation majeure de beau- coup d’Irakiens. À Bagdad surtout, il est de plus en plus souvent question d’assassinats, de viols, de kidnappings, de fusillades. Le processus de « débaasisation » a aussi contribué au chaos. Ce sont des millions de fonctionnaires et de soldats qui ont été jetés à la rue, alors que, pour la plu- part d’entre eux, la carte du parti n’était que le sésame indispensable pour pouvoir travailler et nourrir leur famille. Si la grande majorité de la population a pu se réjouir de la disparition d’un despote sanguinaire, saluant la fin du règne de la terreur, le « vide » que peine à combler l’occu- pation américaine se traduit par la diffusion d’un formidable déficit d’autorité – un sentiment qui fédère un nombre croissant d’Irakiens –, que les divergences entre la Maison-Blanche et l’ONU downloadModeText.vue.download 101 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

99 sur la reconstruction du pays ne paraissent pas de nature à combler.

Un président américain affaibli

En affirmant, le 2 octobre, « que l’ONU n’était pas prête à risquer la vie de son personnel pour un rôle secondaire en Irak », le secré- taire général des Nations unies, Kofi Annan, a choisi de s’opposer frontalement aux États-Unis. Alors que Washington prône le maintien de son contrôle du pays jusqu’au vote d’une nouvelle loi fondamentale et la tenue d’un scrutin mul- tipartite, dans un délai couramment évalué à deux années, M. Annan, défendant une position proche de celle de Paris et Berlin, réclame que les États-Unis abandonnent les rênes du pays dans trois à cinq mois aux Irakiens, qui se char- geraient d’élaborer une nouvelle Constitution et d’organiser des élections à terme. L’attitude de Washington envers l’ONU est surtout dépen- dante des tractations pour l’adoption par le Congrès d’une « rallonge » financière de 87 mil- liards de dollars réclamée par l’administration Bush pour financer sa politique en Irak. Au cas où le projet serait menacé de blocage au Capi- tole, le gouvernement américain pourrait alors adopter une attitude plus conciliante à l’égard des Nations unies. En sollicitant le Capitole, George W. Bush reconnaissait que la politique irakienne conduite par son administration était aussi une affaire intérieure. Parti en « croisade » avec la bénédiction de la majorité de ses conci- toyens, le président s’est retrouvé en situation de leur rendre des comptes dans le miroir de l’enli- sement des « boys » sur le sol irakien.

Très vite, comme il est d’usage outre-Atlan- tique, les machines à sonder les intentions des électeurs se sont mises à tourner. La vague de popularité qui avait porté le locataire de la Mai- son-Blanche dans les premières semaines de l’in- tervention devrait laisser sur la scène intérieure un président extrêmement affaibli dans la pers- pective de la prochaine élection, en novembre 2004. En chassant Saddam Hussein de ses palais, George Bush s’est peut-être interdit de retrouver les clés du sien.

GEORGES DE LA RESLE

QUE SONT LES ADM DEVENUES ?

Selon la BBC, un bilan d’étape du travail des 1 400 experts de l’Irak Survey Group (ISG) prouverait que les Irakiens n’avaient pas d’armes de destruction massive (ADM) au moment où George W. Bush et Tony Blair ont déclenché la guerre. Aucune trace de telles armes n’a été trouvée, ni même la plus infime quantité de matériel nucléaire, biologique ou chimique. Aucun « vecteur » (missile ou bombe) ni labora- toire destiné au développement des ADM n’a été découvert. Selon le même média britannique, le rapport de l’ISG juge hau- tement improbable que des ADM ou toute autre arme interdite aient été transférées et cachées dans des pays voisins, à com- mencer par la Syrie, qui a été suspectée d’en avoir accueilli. La teneur du rapport de l’ISG rejoindrait alors les conclusions de deux anciens inspecteurs de l’ONU en dé- sarmement, Rolf Ekeus et Hans Blix, selon lesquels l’Irak a probablement détruit son arsenal chimique et biologique après 1991.

15 France

Lancement du grand débat national sur l’éducation

Le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin installe la Commission d’une quarantaine de personnalités qui engagera le « débat national sur l’école ». Objectif : déboucher sur une révision de la loi d’orientation de 1989, socle du système éducatif actuel. Le ministre de l’Éducation nationale, Luc Ferry, précise le calen- drier du grand débat : dans un premier temps, un document de base sur « l’état de l’école », destiné à lancer la discussion, sera fourni par le Haut Conseil de l’évaluation de l’école, présidé par l’ancien direc- teur de cabinet de Jack Lang, Christian Forestier. Des débats décentralisés seront ensuite organisés dans les 70 000 établissements scolaires, dans les arrondis- sements, les conseils économiques et sociaux régio- naux et toutes les structures (partis politiques, syndi- cats...) qui le souhaiteront. Depuis les années 1990, la prise de conscience collective des problèmes du système éducatif a brisé le consensus sur l’école : ain- si, les statistiques montrent qu’un noyau incompres- downloadModeText.vue.download 102 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

100 sible de jeunes sortent du système chaque année sans qualification.

17

France

Affaire Alègre : Baudis disculpé

L’une des accusatrices du président du CSA Domi- nique Baudis dans l’affaire Alègre, l’ex-prostituée dénommée « Fanny », se rétracte lors d’une confron- tation avec l’ancien maire de Toulouse, qu’elle reconnaît n’avoir jamais vu, dans le bureau du juge d’instruction toulousain Thierry Perriquet. La jeune femme avait déclaré le 22 mars dernier avoir été vio- lée par plusieurs hommes dont un magistrat, Marc Bourragué, et l’ancien maire de Toulouse. « Je n’avais jamais vu cet homme, c’est la vérité. Et si j’ai menti, c’est parce que j’avais subi des pressions pour le faire, pour accuser monsieur Baudis », a précisé l’ex-prostituée. En revanche, « Fanny » maintient ses accusations contre Marc Bourragué. Le magistrat nie catégoriquement toute implication dans les faits mentionnés.

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France/Allemagne Plan commun de relance économique À l’issue d’un conseil des ministres franco-allemand coprésidé par le président Jacques Chirac et le chan- celier Gerhard Schröder, Paris et Berlin rendent public un document intitulé « l’Allemagne et la France en- semble pour plus de croissance en Europe ». Ce do- cument présente la contribution de Paris et de Berlin à « l’initiative de croissance européenne » proposée par la présidence italienne de l’Union européenne. Il énumère « 10 projets pour plus de croissance en Eu- rope » dans les domaines des télécommunications, des réseaux Internet à haut débit, de la recherche et du développement, des transports – notamment TGV, système de navigation par satellite – et du « développement durable ». « Ce qui ressort de cette réunion, c’est la conviction que nous partageons que l’Europe ne doit pas attendre la croissance mais qu’elle doit aller la chercher », explique Jacques Chirac. Par ailleurs, le document franco-allemand défend la poli- tique de baisse des impôts choisie par l’Allemagne et la France et attaque la Commission européenne sur ses « excès de réglementation », susceptibles de « mettre en danger » l’industrie européenne. Paris et Berlin s’engagent certes à poursuivre des réformes structurelles, notamment en matière de protection sociale et de marché du travail, et jugent prioritaire la « poursuite de la consolidation budgétaire, afin de ne pas transmettre une dette insoutenable aux générations futures » ; mais les deux capitales souhaitent un as- souplissement de l’application du pacte de stabilité européen, qui impose aux pays de l’euro de mainte- nir leurs déficits publics sous la barre des 3 % du PIB.

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Allemagne/France/Royaume-Uni

Entente cordiale à Berlin

Réunis à Berlin, Gerhard Schröder, Jacques Chirac et Tony Blair, qui ne s’étaient pas rencontrés à trois de- puis octobre 2001 – avant les profondes divergences qui ont opposé le couple franco-allemand et Londres sur la crise irakienne –, affichent une entente cordiale sur les principaux dossiers européens et internatio- naux, sauf sur celui de la crise irakienne, sur lequel les trois dirigeants font état de « désaccords persistants ». Toutefois, Gerhard Schröder et Tony Blair indiquent qu’ils souhaitent, comme la France, voir l’ONU jouer un rôle clef en Irak.

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Lettonie

« Oui » à l’Europe

Les quelque 1,4 million d’électeurs lettons approuvent l’adhésion de leur république à l’Union européenne. 67 % des votants ont répondu « oui », contre 32,3 % de « non ». Le taux de participation a été de 72,53 %. Ce vote clôt positivement la série de ratifications orga- nisée dans les dix nouveaux pays membres, qui ont désormais tous approuvé leur entrée dans l’Union le 1er mai 2004. Malte, la Slovénie, la Hongrie, la Lituanie, la Slovaquie, la Pologne, la République tchèque et l’Estonie se sont toutes prononcées en faveur de l’UE, tandis que Chypre n’a pas organisé de référendum.

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UE

Sauvetage d’Alstom : « oui » de Bruxelles

Après plusieurs semaines de tensions entre Paris et Bruxelles, le commissaire européen à la concurrence downloadModeText.vue.download 103 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

101

Mario Monti donne son feu vert au nouveau plan de l’État français pour la sauvegarde de l’entreprise Alstom, un plan réalisé à partir des exigences de la Commission européenne. Il justifie sa décision par le fait que « la France ne devient pas actionnaire dans l’immédiat », comme le prévoyait la première version du plan – un point qui avait provoqué le rejet de la première version de ce plan par les services du com- missaire à la concurrence. En revanche, ses équipes vont enquêter pour valider ou non l’entrée de l’État dans le capital du groupe industriel en difficulté. De leur côté, les 32 banques créancières acceptent éga- lement le nouveau plan. Le géant français des infras- tructures du transport et de l’énergie, qui emploie 110 000 personnes, va recevoir 3,2 milliards d’euros pour remettre ses finances en ordre, ce qui lui per- met d’échapper à une faillite immédiate. Sur le total de 3,2 milliards d’euros, ce qui représente une hausse de 400 millions par rapport au plan initial, l’État fran- çais apportera 800 millions, et les banques, le solde. Le renforcement des fonds propres du groupe pas- sera toujours par une augmentation de capital de 300 millions d’euros, au lieu des 600 millions initia- lement prévus. Mais, pour survivre, Alstom va devoir maintenant vendre certaines de ses activités. Le groupe sera déficitaire cette année (500 millions de pertes attendues sur le seul premier semestre) du fait de l’effondrement du carnet de commandes. C’est à partir des années 2005-2006 que le groupe anticipe une reprise de ses ventes.

23 États-Unis

Rencontre Bush-Chirac

Le président américain George Bush rencontre Jacques Chirac, qu’il n’avait pas vu depuis cinq mois, à la Mission américaine, située en face du bâtiment de l’ONU à New York. Mais c’est à l’ONU, à l’issue de la ren- contre, principalement consacrée au dossier irakien, que le président français déclare dans une confé- rence de presse que « sur les choses essentielles, on est d’accord », minimisant les divergences entre la France et les États-Unis, limitées selon lui au dossier irakien et loin de remettre en cause « l’amitié profonde » entre les deux pays. Au chapitre des convergences franco- américaines, Jacques Chirac évoque le thème de la non-prolifération des armes, « enjeu majeur du monde d’aujourd’hui et de demain ». Quelques minutes avant leur rencontre, les deux chefs d’État avaient pro- noncé devant la 58e Assemblée générale annuelle de l’ONU deux discours sensiblement différents, George Bush vantant le bien-fondé de l’intervention améri- caine en Irak, décidée sans l’aval de l’ONU, tandis que Jacques Chirac insistait sur le caractère irremplaçable et primordial des Nations unies dans le traitement des crises mondiales, déclarant notamment qu’« il n’y a pas d’alternative aux Nations unies ».

France

Les grands dossiers de J.-P. Raffarin

En clôture des journées parlementaires de l’UMP, le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin détaille son « agenda 2006 », à la fois catalogue de dix réformes pour « remettre la France dans le bon sens » et pro- gramme destiné à redonner une cohérence à l’action gouvernementale. Il s’engage à présenter un budget 2005 sous les 3 % de déficit public et annonce une réforme du « monopole » de l’ANPE. L’« agenda 2006 » comprend « dix grands dossiers » dont l’ambition est de « libérer les Français des insécurités, physiques, éco- nomiques et sociales » et d’« affirmer une dynamique d’ouverture ». Parmi ces dossiers, trois sont déjà déve- loppés : l’insécurité (avec l’objectif de faire reculer de 20 % les chiffres de la délinquance d’ici à 2006), l’emploi (avec la création d’« un million de contrats de travail pour les jeunes » d’ici à 2006) et l’apprentissage (avec un objectif de 500 000 apprentis en 2007). Le Premier ministre justifie la croissance zéro des dé- penses publiques par la nécessité de réorienter des « frais de fonctionnement » vers « l’investissement, pour créer de l’activité, pour créer de l’emploi ». Dans ce sens, l’État va vendre un million de mètres carrés apparte- nant à son patrimoine immobilier pour contribuer à la maîtrise des dépenses prévues par le budget 2004.

France Déficit historique pour la « Sécu »

La Commission des comptes de la Sécurité sociale (CCSS) annonce un déficit « historique » de l’assurance maladie, estimé à 8,9 milliards d’euros pour 2003 et à 13,6 milliards pour 2004. Pour la seule branche mala- die, le déficit prévisionnel est de 10,6 milliards d’euros pour 2003 et de 14,1 milliards pour 2004 « si aucune mesure correctrice n’est prise ». Le « trou » du régime général de la Sécurité sociale s’était inscrit au record de 10,3 milliards d’euros en 1995, avec un déficit de six milliards de la branche maladie. La CCSS relève l’effet conjugué d’une « croissance toujours vive des dépenses d’assurance maladie et accidents du travail » et d’un tassement des recettes dû au ralentissement économique depuis 2002. L’ampleur du déficit de l’assurance maladie est cependant liée à des « causes downloadModeText.vue.download 104 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

102 structurelles qu’un retour à une croissance meilleure ne fera pas disparaître », souligne la Commission. Quant au tabac, il a généré en 2003 des recettes nettement moindres qu’attendu, souligne-t-elle, la hausse des prix des cigarettes ayant eu « pour la pre- mière fois [...] un impact sensible sur la consommation ».

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France

Relance du débat sur l’euthanasie

Une mère de famille de quarante-huit ans, Marie Humbert, tente d’abréger les souffrances de son fils tétraplégique Vincent, âgé de vingt-deux ans, en introduisant des barbituriques dans sa perfusion au centre héliomarin de Berck-sur-Mer (Pas-de-Calais) où il était hospitalisé. Pompier volontaire, celui-ci avait été victime d’une sortie de route à l’issue d’un week-end de garde. Après plusieurs mois de coma, il est resté muet, aveugle, tétraplégique et ne peut communiquer avec son entourage qu’en effectuant des pressions de son pouce droit. Marie Humbert a commis son geste, qui relance le débat sur le droit à l’euthanasie en France, trois ans après l’accident de son fils et la veille de la publication du livre dicté par ce dernier, Je vous demande le droit de mourir. Le jeune homme, en bougeant le pouce de sa main droite, désignait une lettre de l’alphabet pour former des mots, puis des phrases. C’est ainsi qu’il a rédigé ce livre, une supplique pour le droit à l’euthanasie. Il avait également écrit une lettre au président Jacques Chirac, qui déclarait notamment : « Vous avez le droit de grâce, moi je vous demande celui de mourir. » Marie Humbert avait indiqué qu’elle allait prochainement aider son fils à mourir afin de respecter sa volonté et de mettre fin aux souffrances de celui-ci. Marie Hum- bert est placée en garde à vue au commissariat de Berck-sur-Mer et risque une mise en examen pour « assassinat », après la mort de son fils, plongé dans un coma profond et sous assistance respiratoire, à Berck-sur-Mer. Le ministre de la Justice Dominique Perben demande au parquet de Boulogne-sur-Mer de « faire preuve de la plus grande humanité dans l’application de la loi » concernant la mère de Vincent Humbert.

Assassinat d’un principal de collège

à La Ciotat

Clément Roussenq, principal du collège Virebelle de La Ciotat dans les Bouches-du-Rhône, est mor- tellement poignardé par « deux ou trois » individus sur le parking de l’établissement scolaire qu’il diri- geait. Selon la police, il a été victime d’un « véritable guet-apens ». Deux adolescents entendus comme témoins dans l’enquête sur ce meurtre sont remis en liberté sans qu’aucune charge ne soit retenue contre eux. Le ministre délégué à l’Enseignement scolaire, Xavier Darcos, dénonce un « crime prémédité », sou- lignant qu’il ne s’agissait pas à ses yeux d’une « af- faire scolaire ». Âgé de cinquante-cinq ans, Clément Roussenq était en poste depuis trois ans au collège Virebelle. Il était auparavant en fonction à Washing- ton (États-Unis).

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Italie

Gigantesque panne d’électricité

Une gigantesque coupure de courant touche l’en- semble des 57 millions d’habitants de la péninsule et provoque de nombreuses perturbations – seules la Sardaigne et quelques rares régions y ont échappé. La panne d’électricité géante a fait officiellement trois victimes. Un homme a été tué dans un accident de voiture à une intersection où les feux de signalisation étaient éteints et deux femmes âgées ont succombé à une chute dans les escaliers. Cette panne, la plus importante depuis 1994, serait due, selon les auto- rités italiennes, à une défaillance de lignes à haute tension en provenance de France et de Suisse, qui fournissent près de 17 % de l’électricité du pays. Le 29, la quasi-totalité des 103 provinces italiennes dis- posaient de nouveau d’électricité, hormis quelques- unes situées dans le sud de l’Italie.

Cinéma

Mort d’Elia Kazan Le cinéaste américain Elia Kazan décède à l’âge de quatre-vingt-quatorze ans à son domicile de Man- hattan. C’est après la Seconde Guerre mondiale qu’il entame sa carrière de réalisateur. Son premier grand film, en 1951, est Un tramway nommé désir, d’après Tennessee Williams, avec Marlon Brando et Vivien Leigh. En 1952, en pleine « chasse aux sorcières », il est appelé à témoigner devant la Commission des activités antiaméricaines et livre les noms de 17 per- sonnalités de Hollywood qui avaient été commu- downloadModeText.vue.download 105 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

103 nistes. Parmi les films qu’il a signés figurent Viva Za- pata ! (1952), Sur les quais (1954), À l’est d’Eden (1955).

Vatican

31 cardinaux désignés par le pape

Jean-Paul II nomme 31 nouveaux cardinaux, dont les moins âgés devraient participer à l’élection de son successeur. Presque tous ces nouveaux prélats ont moins de quatre-vingts ans, l’âge maximal auquel un cardinal peut participer à la réunion du collège des « cardinaux-électeurs » désignant un nouveau pape. Parmi eux figurent trois Français : les archevêques de Lyon, Mgr Philippe Barbarin, par ailleurs primat des Gaules, et de Marseille, Mgr Bernard Panafieu, ainsi que Mgr Jean-Louis Tauran, « ministre des Affaires étrangères » du Saint-Siège. Figurent également sur cette liste un Vietnamien, un Soudanais, des hauts responsables du Vatican, mais aussi des prélats ori- ginaires d’Italie, des États-Unis, d’Australie, d’Écosse, du Nigeria, d’Espagne, du Brésil, du Ghana, d’Inde, de Croatie, du Guatemala, de Hongrie, du Canada, de Suisse, de Belgique, de République tchèque ou de Pologne, pays natal du pape. En revanche, l’ar- chevêque Sean Patrick O’Malley, qui a récemment été nommé à la tête de l’archidiocèse de Boston après un scandale de pédophilie, ne fait pas partie des nouveaux cardinaux. Le Vatican n’a pas donné d’explication.

Le pape nomme trente nouveaux cardinaux

Alors que les problèmes de santé du pape posent la question de sa succession, le sou- verain pontife a annoncé le 28 septembre la création de trente cardinaux, dont trois Français.

Au terme de la cérémonie d’investiture qui se déroulait à Rome le 21 octobre, 26 des nouveaux prélats devaient rejoindre le collège composé désormais de 135 électeurs chargés de désigner en conclave le prochain pape à la suc- cession de Jean-Paul II. Le pape entend toutefois accomplir sa mission jusqu’à la fin, c’est-à-dire tant que « les forces du corps et de l’esprit » le lui permettront.

Le 24 septembre, Jean-Paul II a dû annuler précipitamment sa participation à l’audience publique des pèlerins de Rome sur la place

Saint-Pierre, relançant les spéculations sur son état de santé, particulièrement insistantes de- puis sa visite au début du mois en Slovaquie, où ses défaillances physiques avaient alarmé son entourage. Les « douleurs intestinales » invoquées pour expliquer cette absence à un rendez-vous hebdomadaire que le pape n’avait que rarement manqué en vingt-cinq années de pontificat se sont ajoutées à la longue liste des symptômes d’une aggravation de l’état de santé d’un homme atteint de la maladie de Parkinson depuis de longues années et dont le visage et l’attitude trahissent un affaiblissement accru au fil de ses apparitions publiques. Signe de cette détérioration de l’état physique du pape, ses bulletins de santé tendent à constituer l’essen- tiel des communiqués du Vatican, dont certains représentants préparaient les fidèles de l’Église catholique au pire, les appelant à la prière, tan- dis que les médias multipliaient les dossiers en forme de bilan sur un quart de siècle pontifical. C’est dans ce contexte alarmant, nullement dis- sipé d’ailleurs par la reprise de ses nombreuses activités, que le pape a annoncé la création de 30 nouveaux cardinaux au cours de son angélus le 28 septembre.

Une possible « renonciation »

Intervenant au lendemain de la cérémonie an- niversaire de la mort, en 1978, de Paul VI et de Jean-Paul Ier, qu’il présidait en la basilique Saint- Pierre après avoir reçu la présidente des Philip- pines Mme Arroyo, cette initiative n’est pas passée inaperçue dans un calendrier papal surchargé. Ce dernier a pourtant été maintenu, même s’il semble présumer des forces de cet homme âgé de quatre-vingt-trois ans, désormais incapable de se mouvoir et même de prononcer un dis- cours. Une initiative qui devait prendre tout son sens alors qu’a repris la rumeur d’une possible « renonciation » telle qu’elle est prévue dans le droit canon, même si la cérémonie d’investi- ture des cardinaux, anticipée au 21 octobre, a pu revêtir un caractère jubilaire en s’inscrivant dans le prolongement de la célébration de ses vingt- cinq ans de pontificat du 14 au 19 octobre. Car 26 des nouveaux cardinaux nommés par Jean- Paul II, dont trois Français, sont allés rejoindre le collège de ceux qui éliront le prochain pape au cours d’un conclave, auquel prendront donc désormais part 135 électeurs. On n’en est pas là et le pape n’a cessé de clamer, depuis le jour de ses soixante-quinze ans (âge de la démission downloadModeText.vue.download 106 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

104 pour tout évêque), qu’il irait jusqu’au bout de sa mission. À Cracovie le 18 août 2002, il avait prié pour que « les forces du corps et de l’esprit » lui permettent d’« accomplir jusqu’à la fin la mission que lui a confiée le Ressuscité ». Mais ses problèmes de santé l’ont amené à laisser à son entourage le plus proche des dispositions l’autorisant à intervenir si son « empêchement » (non prévu dans le droit) se révélait nécessaire au bien de l’Église. C’est ainsi la question de la succession qui est posée en filigrane derrière les nominations des cardinaux, qui revêtent donc un sens éminemment « politique », même si les observateurs du Vatican peinent à en décrypter la logique.

La question de la succession

Sans vouloir pénétrer les arcanes de la poli- tique vaticane, il apparaît qu’avec 66 barrettes pourpres de moins de quatre-vingts ans (limite d’âge des cardinaux électeurs), les Européens représentent presque la moitié du collège élec- teur. Les Latino-Américains viennent ensuite, avec 24 cardinaux, soit 18 % du collège élec- teur, suivis par les 14 cardinaux d’Amérique du Nord, l’Asie et l’Afrique comptant chacune 13 membres, loin devant l’Océanie, qui n’a que 4 cardinaux électeurs. Les Italiens viennent en tête du classement par nations avec 23 électeurs, suivis des États-Unis (11), des Espagnols (8), des Allemands (6), à égalité avec les Brésiliens, et des Français (5), à égalité avec les Polonais. Dans la nouvelle promotion, dont la moyenne d’âge est de soixante-cinq ans, 7 prélats sont actuel- lement en poste à la Curie romaine, 19 autres représentant des églises locales.

En Asie, le pape a mis à profit la timide ouver- ture religieuse au Viêt Nam, où s’esquisse une réhabilitation de l’Église bouddhiste, pour nom- mer le cardinal de Hô Chi Minh-Ville, Mgr Jean- Baptiste Pham Minh Mân, et il a témoigné son intérêt pour l’Afrique (controversé en raison de l’attitude du Vatican concernant le sida) en y nommant trois prélats, dont l’archevêque de La- gos (Nigeria), Mgr Anthony Olubunni Okogie, et l’archevêque de Khartoum (Soudan), Mgr Gabriel Zubeir Wako, qui accomplissent leur mission dans des conditions difficiles. Quatre des nou- veaux cardinaux sont âgés de quatre-vingt ans ou plus et ne pourront donc être des électeurs, mais ils ont été choisis parce que particulière- ment méritants, comme le dominicain suisse Georges Cottier, fidèle collaborateur de Jean-

Paul II et théologien de la Maison pontificale. Enfin, un 31e cardinal a été nommé in pectore, c’est-à-dire dans l’intimité du coeur du pape, qui n’en a révélé le nom ni au public ni à l’intéressé, un procédé qui vise à ne pas mettre en difficulté l’ecclésiastique ainsi promu alors qu’il se trouve dans une situation délicate du point de vue de la liberté religieuse. Quoi qu’il en soit, le pape n’en a rien laissé paraître à travers ces nominations de cardinaux qui traduiraient, selon un com- mentaire sans concession et dissonant du jour- nal italien l’Espresso, « un grand désordre. Le désordre des fins de règne ».

HÉLÈNE GAGNERAUD

TROIS NOUVEAUX CARDINAUX FRANÇAIS

Trois Français ont revêtu la pourpre car- dinalice le 21 octobre : Mgr Jean-Louis Tau- ran, soixante ans, originaire de Bordeaux, proche collaborateur du pape à la Curie romaine où il exerçait depuis 1990 la fonc- tion de ministre des Affaires étrangères du Saint-Siège ; Mgr Philippe Barbarin, cin- quante-deux ans, archevêque de Lyon et primat des Gaules depuis juillet 2002, au style novateur par sa proximité avec ses ouailles ; Mgr Bernard Panafieu, soixante- douze ans, archevêque de Marseille, où l’expérience du cosmopolitisme l’a conduit à présider le secrétariat pour les relations avec l’islam au sein de l’épiscopat français et à siéger au Vatican au Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux. Ces trois prélats ont rejoint le cardinal Jean-Marie Lustiger, archevêque de Paris, et le car- dinal Paul Poupard, président du Conseil pontifical pour la culture, dans le collège des électeurs qui compte désormais cinq Français.

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France

Ouverture du procès du financement du RPR

Le président de l’UMP et maire de Bordeaux Alain Juppé ainsi que 25 autres personnes se retrouvent devant le tribunal correctionnel de Nanterre (Hauts- de-Seine) pour l’affaire des emplois présumés fictifs de la Ville de Paris, de 1991 à 1995. Poursuivi pour downloadModeText.vue.download 107 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

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« prise illégale d’intérêt », l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac (1995-1997), âgé de cinquante- huit ans, risque jusqu’à cinq ans de prison ferme et 7 000 euros d’amende et, surtout, une peine d’iné- ligibilité, qui pourrait compromettre son avenir poli- tique. C’est la première affaire jugée d’une longue série de dossiers impliquant la Ville de Paris sous les mandats de Jacques Chirac (1977-1995). Parmi les 25 autres personnes jugées figurent d’ailleurs deux anciens trésoriers officiels de l’ex-parti chiraquien, Robert Galley et Jacques Boyon, ainsi que l’ancienne trésorière occulte présumée, Louise-Yvonne Casetta, déjà condamnée à six mois de prison avec sursis en décembre 2001 pour avoir touché d’un entrepreneur 340 000 francs, reversés au RPR. Selon l’accusation, le système des emplois fictifs a été mis en place dès la fin des années 1970 et a fonctionné de deux manières : soit la Ville de Paris prenait en charge directement les rémunérations de cadres du RPR (18 personnes identifiées par l’enquête), soit elle demandait à des entreprises privées qui passaient des marchés avec elle de le faire à sa place (28 personnes identifiées par l’enquête). C’est dans cette affaire qu’a été posée pour la première fois la question d’éventuelles pour- suites contre le président Chirac, après la découverte en 1999 d’une lettre signée de la main de l’ex-maire et semblant démontrer qu’il connaissait le système. Le 15 avril 1999, le premier juge d’instruction de l’af- faire, Patrick Desmure, a rendu une ordonnance où il se déclarait « incompétent » pour poursuivre Jacques Chirac. La Cour de cassation a ensuite confirmé l’im- munité du chef de l’État en octobre 2001.

Russie

Pas de signature du protocole de Kyoto Lors de la conférence sur les changements clima- tiques planétaires, qui se tient à Moscou du 29 sep- tembre au 3 octobre, Vladimir Poutine, qui avait af- firmé lors du Sommet mondial de Johannesburg, en septembre 2002, que son pays ratifierait le protocole de Kyoto, revient sur ses engagements. Ce protocole vise à réduire les émissions de gaz des pays riches de 5,2 % à l’horizon 2008-2012, par rapport à leur niveau de 1990. Peu convaincu par les arguments environ- nementaux des pays européens et des Nations unies, le président russe s’accorde un délai de réflexion « pour examiner minutieusement cette question ». 30

France

Fusion Air France-KLM

La compagnie française Air France et la compagnie néerlandaise KLM annoncent une alliance qui devrait donner naissance au printemps prochain au premier groupe européen de transport aérien. Ce rappro- chement, qui intervient soixante-dix ans après la création de la compagnie française, prendra la forme d’une offre publique d’échange d’Air France sur KLM. Cette OPE prévoit l’échange de 11 actions Air France et 10 bons de souscription d’actions Air France (BSA) contre 10 actions ordinaires KLM, ce qui valorise KLM à environ 784 millions d’euros, soit une prime de 40 % par rapport à son dernier cours de clôture. À terme, les actionnaires de la compagnie néerlandaise devraient détenir 19 % du nouveau groupe. La part de l’État français redescendrait alors de 54 % à 44 %, ce qui se traduirait par une privatisation de facto d’Air France. Les deux compagnies doivent néanmoins obtenir le feu vert de la Commission européenne. La compagnie italienne Alitalia pourrait se rappro- cher du nouveau groupe, mais seulement « à moyen terme », précisent KLM et Air France. downloadModeText.vue.download 108 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

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Octobre

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Littérature

Le Nobel à J. M. Coetzee

L’écrivain sud-africain John Maxwell Coetzee reçoit le prix Nobel de littérature 2003 pour une oeuvre « qui dans de multiples travestissements expose la complicité déconcertante de l’aliénation ». Les prix Nobel sont do- tés de 10 millions de couronnes suédoises (1,11 mil- lion d’euros) chacun, à se partager entre d’éventuels colauréats d’une même discipline.

4

Israël

Nouvel attentat suicide

Une femme kamikaze se fait exploser dans un restau- rant, dirigé par des Arabes, dans la station balnéaire de Haïfa au nord d’Israël, tuant 19 personnes, dont cinq enfants et quatre Arabes israéliens, et en bles- sant une cinquantaine d’autres. Ce nouvel attentat suicide se produit alors que, pour parer aux menaces terroristes, Israël a imposé un bouclage complet des territoires palestiniens à la veille de Yom Kippour (le jour du Pardon), fête la plus sacrée du judaïsme. L’at- tentat a été revendiqué par le Djihad islamique. Le 9 septembre dernier, un double attentat avait causé la mort de 15 personnes sur une base de l’armée près de et dans un café de Jérusalem.

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Proche-Orient

Double riposte israélienne

Après l’attentat suicide qui a fait 20 morts dans un restaurant de Haïfa, l’armée israélienne lance une double riposte contre des cibles supposées du Dji- had islamique en Syrie, pays qui n’avait pas été visé par une attaque de Tsahal depuis plus de vingt ans, et dans la bande de Gaza : à Djénine (Cisjordanie), la maison de la femme kamikaze palestinienne qui a provoqué l’attentat de Haïfa est dynamitée par l’armée. En s’attaquant à un camp d’entraînement du Djihad islamique situé à seulement 15 km au nord- ouest de la capitale Damas, l’État hébreu franchit une nouvelle étape dans ses représailles en frappant des cibles palestiniennes hors des Territoires, sur le sol d’un pays souverain.

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Médecine

Deux lauréats pour le Nobel

Le prix Nobel de médecine 2003 est décerné à l’Amé- ricain Paul Lauterbur, âgé de soixante-quatorze ans, de l’université de l’Illinois, et au Britannique sir Peter Mansfield, âgé de soixante-dix ans, qui enseigne au département de physique de Nottingham (Angle- terre). Les deux chercheurs sont récompensés pour leurs travaux sur l’imagerie par résonance magné- tique (IRM). Leurs « découvertes ont abouti à la caméra magnétique moderne, la tomographie par résonance magnétique, qui représente une grande avancée pour la médecine et la recherche médicale », déclare le comité Nobel. L’IRM permet d’examiner les organes du corps humain en trois dimensions et d’améliorer le dia- gnostic de nombreuses maladies. Aujourd’hui, plus de 60 millions d’examens de ce type sont effectués dans le monde chaque année.

ONU

Le projet de résolution sur l’Irak en question

La réunion du Conseil de sécurité des Nations unies concernant le projet de résolution américaine sur l’Irak s’achève sans véritables avancées. Pour plu- sieurs pays, ce texte ne donne pas à l’ONU un rôle assez important dans la reconstruction du pays. Les États-Unis parlent maintenant d’abandonner ce pro- jet qu’ils comptaient présenter au Conseil de sécurité. Le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, a quant à lui critiqué le projet de résolution, estimant que le rôle limité qu’il laisse aux Nations unies « ne vaut pas la peine de faire courir des risques importants au personnel de l’Organisation ». Le projet de résolution américain vise à entraîner davantage de pays à four- nir des troupes et une aide économique à l’Irak, qui toutefois resterait sous l’autorité de la coalition amé- ricano-britannique. Il prévoit la création d’une force multinationale sous mandat de l’ONU et commande- ment américain ; mais, contrairement aux demandes pressantes de la France, de l’Allemagne ou de la Rus- sie, il ne fixe pas d’échéance pour la restitution du downloadModeText.vue.download 109 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

107 pouvoir aux Irakiens et maintient l’ONU dans un rôle secondaire.

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Tchétchénie

Élection présidentielle contestée

Le chef de l’administration tchétchène pro-russe et candidat du Kremlin Akhmad Kadyrov est élu officiel- lement, au premier tour, président de la République avec 81,1 % des voix. L’ancien président Aslan Mas- khadov, élu en 1997, qualifie le scrutin « d’acte crimi- nel des forces d’occupation », et les organisations de défense des droits de l’homme, de « mascarade élec- torale ». Les quelque 30 000 militaires russes station- nés de manière permanente dans la région étaient autorisés à voter, de même que les réfugiés d’In- gouchie voisine. Ce scrutin présidentiel fait suite à un référendum organisé en mars dernier par le Kremlin, dans le cadre de son plan de « normalisation » de la Tchétchénie, et dans lequel les Tchétchènes avaient massivement approuvé un projet constitutionnel visant à réintégrer la république au sein de la Fédéra- tion de Russie avec un statut d’autonomie.

Physique

Un Nobel collectif Le prix Nobel de physique 2003 est décerné au Russe Vitaly L. Ginzburg, âgé de quatre-vingt-sept ans, et aux Américains Anthony J. Leggett, âgé de soixante- cinq ans, et Alexei Abrikosov, âgé de soixante-quinze ans pour leurs « travaux pionniers dans le domaine théorique des supraconducteurs et des suprafluides ». Les matériaux supraconducteurs ont la faculté de laisser passer le courant électrique sans opposer de résistance. Ils sont utilisés, par exemple, dans l’ima- gerie magnétique servant aux examens médicaux et, en physique, pour les accélérateurs de particules. Vitaly L. Ginzburg et Anthony J. Leggett sont profes- seurs à l’université de l’Illinois à Urbana-Champaing ; Alexei A. Abrikosov est chercheur à l’Argonne Natio- nal Laboratory, dans l’Illinois.

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Chimie

Le Nobel à deux Américains

L’Académie royale des sciences de Suède décerne le prix Nobel de chimie 2003 conjointement aux chercheurs américains Peter Agre, âgé de cinquante- quatre ans, et Roderick MacKinnon, âgé de qua- rante-sept ans, pour leurs découvertes concernant des canaux dans la membrane cellulaire, qui « ont permis d’élucider la façon dont les sels (des ions) et l’eau sont transportés à travers les parois de nos cellules ». « Ces découvertes nous permettent de comprendre par exemple comment le rein retire l’eau de l’urine primaire et comment les signaux électriques émis dans nos cel- lules nerveuses apparaissent et se propagent. Ceci est d’une importance capitale pour notre compréhension d’un grand nombre de maladies rénales, cardiaques, musculaires ou affectant le système nerveux. » Peter Agre, attaché à la Johns Hopkins University School of Medecine, de Baltimore, est récompensé « pour des études structurelles et mécanistiques sur les canaux à ions ». Roderick MacKinnon, professeur de neuro- biologie moléculaire et de biophysique à l’université Rockfeller de New York, est récompensé pour avoir réussi en 1998 à déterminer la structure spatiale d’un canal pour le potassium.

États-Unis

Arnold Schwarzenegger gouverneur de Californie

L’acteur hollywoodien républicain Arnold Schwarze- negger est élu au poste de gouverneur de l’État de Californie, avec 48 % des suffrages, contre 31 % pour le démocrate Cruz Bustamante et 13 % pour un autre candidat républicain, Tom McClintock. Son avance lui assure une large victoire face à 134 autres candidats. Il doit succéder au démocrate Gray Davis, dont la ré- vocation a été décidée par quelque 56 % des votants contre 44 % pour son maintien, moins d’un an après son entrée en fonction. Gray Davis est jugé en partie responsable de la dégradation des finances de l’État le plus riche des États-Unis, sixième économie de la planète en termes de produit intérieur brut, notam- ment en investissant lourdement dans l’éducation. Son déficit budgétaire atteint plus de 38 milliards de dollars. Ancien champion de culturisme, Arnold Schwarzenegger, âgé de cinquante-six ans, est né en Autriche et a obtenu la nationalité américaine en 1983. Il a épousé la journaliste Maria Shriver, membre du clan démocrate des Kennedy. Élu pour mettre en oeuvre un programme destiné à assainir les finances publiques californiennes, il devra composer avec un congrès californien dominé par les démocrates. Sur le plan national, l’élection d’un gouverneur républi- cain à la tête du « Golden Gate » qui vote tradition- nellement démocrate représente un atout de taille downloadModeText.vue.download 110 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

108 pour George W. Bush, candidat aux présidentielles de novembre 2004.

Économie

Le prix Nobel à un Américain et

à un Britannique

Le prix Nobel d’économie est attribué conjointe- ment à l’Américain Robert Engle, âgé de soixante ans, de l’université de New York, et au Britannique Clive Granger, âgé de soixante-neuf ans, de l’univer- sité de Californie, à San Diego, pour leurs travaux sur les méthodes d’analyse des séries temporelles de données économiques. En distinguant deux écono- mistes-statisticiens, l’Académie royale des sciences de Suède prend acte non seulement de l’importance croissante de l’analyse statistique pour la modélisa- tion des phénomènes économiques, mais aussi de la nécessaire sophistication des outils dans un envi- ronnement économique de plus en plus erratique : « Les lauréats de cette année ont développé au cours des années 1980 de nouvelles méthodes statistiques qui portent sur deux propriétés caractéristiques de beau- coup de séries temporelles : la volatilité saisonnière et la non-stationnarité », souligne l’Académie.

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Paix

Le Nobel à l’Iranienne Shirin Ebadi L’avocate et militante iranienne des droits de l’homme Shirin Ebadi, âgée de cinquante-six ans, reçoit le prix Nobel de la paix 2003. Elle est la pre- mière musulmane distinguée dans l’histoire du pres- tigieux comité. La distinction lui est attribuée « pour ses efforts en faveur de la démocratie et des droits de l’homme ». Shirin Ebadi a été la première femme à devenir juge en Iran sous le règne du chah, en 1974, mais elle a dû quitter son poste après la révolution islamique de 1979, les imams ayant décrété que les femmes étaient trop émotives pour diriger un tribu- nal. Elle oeuvre depuis pour la défense des droits des femmes et des enfants dans la société musulmane et fournit une aide juridique aux personnes persécu- tées en dépit des menaces dont elle a souvent fait l’objet. Il y a trois ans, elle a été emprisonnée pen- dant vingt-deux jours et condamnée à une peine de prison avec sursis pour avoir enregistré et diffusé sur cassette les « confessions » d’Amir Farshad Ebrahimi, qui parlait de son ancienne organisation d’extré- mistes islamistes, l’Ansar Hezbollah (les Partisans du parti de Dieu).

France

Relance de la question du voile à l’école Deux jeunes soeurs voilées, Lila, seize ans, et Alma, dix-huit ans, élèves de première et terminale, tem- porairement exclues du lycée Henri-Wallon d’Au- bervilliers depuis le 24 septembre en attendant la décision du conseil de discipline de l’établissement, sont renvoyées définitivement de leur lycée. L’admi- nistration estimait que le foulard qu’elle portait était un signe religieux ostentatoire. De nombreuses asso- ciations et organisations, dont le MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples), et la Ligue des droits de l’homme (LDH), s’étaient pro- noncées pour le maintien des deux élèves dans leur établissement. Fouad Alaoui, secrétaire général de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF, proche des Frères musulmans) et vice-président du CFCM, juge que le Conseil d’État dans son avis de 1989 s’était exprimé clairement en disant que le port du foulard en soi ne constituait pas un motif d’exclu- sion. Le ministre de l’Éducation nationale Luc Ferry déclare « approuver totalement l’équipe éducative et le proviseur » qui ont pris la décision d’exclusion.

Rugby

Ouverture de la Coupe du monde

La Coupe du monde s’ouvre à Sydney. Le 10, le match d’ouverture oppose l’Argentine à l’Australie, qui s’im- pose 24 à 8. Le lendemain samedi, à Brisbane, le XV tricolore bat les Fidji 61 à 18 en inscrivant 7 essais en match du premier tour de la Coupe du monde. Le 18, le XV de France domine le Japon à Townsville (Nord- Est) et, le 25, il assure sa participation aux quarts de finale de la Coupe du monde en remportant large- ment son troisième match aux dépens de l’Écosse (51-9) à Sydney.

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Bolivie

Violentes manifestations

À l’appel des syndicats et des étudiants, des manifes- tations sont organisées dans plusieurs villes du pays pour protester contre l’exportation de gaz naturel via le Chili, l’ennemi héréditaire contre lequel existe en Bolivie un profond ressentiment dû aux conflits frontaliers du passé. Les manifestants demandent la downloadModeText.vue.download 111 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

109 démission du président Sanchez de Lozada. Ce der- nier propose la tenue d’un référendum sur le projet d’exportation de gaz naturel. Les chefs de l’opposi- tion bolivienne, Evo Morales et Felipe Quispe, esti- ment que la proposition du gouvernement d’orga- niser ce référendum est insuffisante et maintiennent leur demande de démission du président.

Bolivie, la « guerre du gaz »

Attisée par la pauvreté et le nationalisme, la mobilisation contre l’exportation future, via le Chili, de gaz naturel bolivien vers l’Amérique du Nord, a vite revêtu un carac- tère politique, – ce sera le départ du prési- dent Gonzalo Sánchez de Lozada –, et aussi emblématique, en visant la globalisation.

Mouvement de protestation contre le projet du gouvernement d’exporter le gaz naturel bolivien vers le Mexique et les États-Unis via un port chilien, la « guerre du gaz » a commencé à mobiliser, à partir de la mi-septembre, la Confé- dération syndicale des travailleurs agricoles, les cocaleros (cultivateurs de coca) du charisma- tique Indien quechua Evo Morales, député du Mouvement vers le socialisme (MAS, deuxième force parlementaire) et la Centrale ouvrière boli- vienne, la COB, principal syndicat du pays. Très rapidement, des collectifs de professeurs, d’étu- diants, de commerçants, de mineurs, ainsi que des comités de quartier sont venus grossir les rangs des mécontents.

La « guerre du gaz » Dans un premier temps, le chef de l’État s’est employé à minimiser la contestation. Ne vou- lant voir en l’affaire qu’un conflit marginal, il a d’abord misé sur les dissensions traditionnelles entre Indiens quechuas et aymaras, ainsi que sur celles qui caractérisent les relations des commu- nautés andines et l’Est bolivien, plus occiden- talisé et davantage tourné vers l’exportation. Mais face à la détermination des manifestants, la « guerre du gaz » a pris une allure insurrection- nelle. Pour comprendre comment le pays a bas- culé dans le chaos au sujet d’une affaire relevant, a priori, de la politique économique, il convient de souligner la haute charge symbolique du gaz qui, en Bolivie, en fait un sujet explosif. Aux yeux des manifestants, les projets d’exportation sou- lèvent trois problèmes principaux.

Il s’agit, d’abord, d’une question de priorité sociale. Les contestataires estiment qu’il serait injuste d’exporter le gaz sans en faire bénéfi- cier auparavant les Boliviens eux-mêmes par des infrastructures domestiques et industrielles. Ensuite, la Bolivie ne percevrait que 18 % du montant de ses exportations de gaz, un pour- centage jugé insuffisant par l’opposition et par les syndicats. Enfin, le projet gouvernemental a réveillé une fibre nationaliste qui plonge ses racines dans l’histoire des relations avec le Chili voisin. Les Boliviens n’ont pas oublié que, lors de la guerre du Pacifique (1879-1883), la Bolivie avait dû céder au Chili sa façade océanique et plus de 100 000 km 2. Depuis, La Paz ne cesse de revendiquer l’accès au Pacifique. Aussi, la simple mention du Chili en tant que pays de transit du gaz national a littéralement enflammé la majo- rité des Boliviens. Il n’est pas indifférent de noter que les Boliviens ont manifesté leur hostilité à l’exportation du gaz en traitant le président Gonzalo Sánchez de Lozada de « vendeur de la patrie ».

Parallèlement à leurs revendications contre la marginalisation économique et sociale des populations autochtones, les protestataires se sont mobilisés contre l’éventuelle adhésion de la Bolivie à la future Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA). Par solidarité, des marchés de La Paz, où s’approvisionne la majorité de la po- pulation, ont fermé leurs portes. Pour sa part, la Fédération des producteurs a décidé de freiner l’entrée d’aliments dans la ville aussi longtemps que le gouvernement du président Gonzalo Sán- chez de Lozada n’acceptera pas de développer des infrastructures permettant aux Boliviens de bénéficier de leur gaz naturel avant qu’il ne soit exporté au Mexique et aux États-Unis, via un port chilien. Soumis à une intense pression de la rue, Gonzalo Sánchez de Lozada a d’abord affirmé qu’il ne démissionnerait pas. Promettant, à l’issue d’une réunion avec son cabinet et les chefs de l’armée, de « rétablir l’ordre » et de « mettre en déroute les séditieux », il s’est présenté comme la cible d’une tentative de putsch « financée de l’ex- térieur » et menée par la gauche autochtone, conduite par les leaders indiens Evo Morales et Felipe Quispe. Figures de proue de la « guerre du gaz », ces deux ex-candidats à la présidence – ils avaient obtenu à eux deux 27 % des suffrages downloadModeText.vue.download 112 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

110 exprimés lors de la présidentielle de juin 2002 – sont connus pour leur antiaméricanisme et leur hostilité à la globalisation. Evo Morales et Felipe Quispe sont en effet des adversaires résolus de l’économie de marché.

Le soutien des États-Unis

Alors que grèves et émeutes ont commencé à paralyser La Paz et plusieurs autres villes du pays – les organisations humanitaires dénombraient au moins 50 morts et près de 200 blessés à la mi-octobre –, le président Sánchez de Lozada, lâché par quatre de ses ministres, ne semblait plus pouvoir compter que sur un durcissement de l’intervention de l’armée et sur l’appui des États-Unis. Ces derniers ont averti, par l’intermé- diaire du porte-parole du département d’État, Richard Boucher, que « le peuple américain et son gouvernement appuient le président de la Bolivie démocratiquement élu, Gonzalo Sán- chez de Lozada, et ses efforts pour construire un futur plus prospère et juste pour tous les Boliviens ». Un soutien étayé par un ferme aver- tissement : « La communauté internationale et les États-Unis ne toléreront aucune inter- ruption de l’ordre constitutionnel et n’appuie- ront aucun régime que feraient surgir des moyens antidémocratiques. » Toujours selon M. Boucher, « la communauté internationale comprend et appuie les intérêts légitimes du peuple bolivien et le prie de les exprimer et de les promouvoir uniquement par des moyens démocratiques et pacifiques ». En offrant ainsi son soutien au président, Washington est deve- nue partie prenante dans la « guerre du gaz », rejetant implicitement sur l’opposition ethnique et syndicale bolivienne la responsabilité de la crise. L’internationalisation de la crise bolivienne passe aussi par l’Organisation des États améri- cains (OEA), que Condoleezza Rice, conseillère à la Sécurité nationale du président George W. Bush, a invitée à « donner son appui total à l’ordre constitutionnel en Bolivie ».

Dans l’espoir de faire baisser la tension, alors que tous les vols commerciaux à destination et au départ de l’aéroport international de La Paz ont été suspendus, le président Sánchez de Lozada a décidé, par décret, de ne pas ouvrir de nouveaux marchés au gaz bolivien (déjà exporté vers le Brésil), le temps d’un « dialogue entre Boli- viens et organisations de la société civile, de consultations et de débats », qui devaient se conclure avant le 31 décembre prochain. Mais, entretemps, l’ampleur des manifestations aura contraint le président à démissionner, laissant la place au vice-président Carlos Mesa.

BERNARD REYNES

DE VASTES RÉSERVES DE GAZ NATUREL

Alors que la pauvreté touche 60 % des 8,3 millions de Boliviens, le sous-sol du pays renferme les plus vastes réserves de gaz naturel d’Amérique du Sud après celles du Venezuela. Prévue à partir de 2006, l’exportation de gaz naturel bolivien liquéfié vers les États-Unis et le Mexique nécessite un investissement préalable de six milliards de dollars, dont la moitié en aménagements portuaires. La Bolivie n’ayant pas de fenêtre maritime, le Pérou et le Chili tentent chacun d’attirer cet in- vestissement. Les études de faisabilité in- diquent toutefois que l’exportation du gaz naturel bolivien via un port chilien serait plus rationnelle et rentable que via le Sud péruvien.

14

France

Mort de Léon Schwartzenberg

Le cancérologue Léon Schwartzenberg décède à Vil- lejuif à l’âge de soixante-dix-neuf ans. Député euro- péen (1989-1994) élu sur la liste socialiste, acquis à la cause des défavorisés – sans-papiers ou mal-logés –, il fut pendant neuf jours ministre délégué à la Santé en juin-juillet 1988.

Liberia

Un nouveau président

Le nouveau président, Gyude Bryant, âgé de cin- quante-quatre ans, est officiellement investi à Mon- rovia pour diriger le gouvernement de transition, qui dispose d’un peu plus de deux ans pour tourner définitivement la page de l’ère Taylor et de treize ans de guerre civile quasi ininterrompue. Il dirigera le gouvernement de transition où les trois factions armées – rebelles du Lurd (Libériens unis pour la ré- conciliation et la démocratie) et du Mouvement pour la démocratie au Liberia (Model), et héritiers de l’ère downloadModeText.vue.download 113 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

111

Taylor –, les 18 partis politiques du pays et la société civile sont représentés.

15

Astronautique

Le premier spationaute chinois

La Chine lance son premier vaisseau habité, baptisé Shenzhou 5. Le spationaute – ou « taïkonaute », selon la terminologie chinoise – est un lieutenant-colo- nel de trente-huit ans, Yang Liwei. Le lancement de Shenzhou 5 intervient après quatre lancements tests de fusées inhabitées qui ont été en orbite pendant près d’une semaine.

Proche-Orient

Trois Américains tués dans la bande de

Gaza

Trois Américains sont tués et un autre grièvement blessé dans une explosion déclenchée par un engin piégé qui vise un convoi diplomatique américain dans la bande de Gaza.

Le premier Chinois dans l’espace

Avec la mise en orbite, le 15 octobre, de son premier spationaute, Yang Liwei, un lieutenant-colonel de l’armée de l’air, qui accomplit 14 révolutions autour de la Terre à bord du vaisseau Shenzou 5, la Chine devient la troisième puissance mondiale à envoyer un homme dans l’espace quarante- deux ans après l’ex-Union soviétique.

Lancé à 1 h UT (9 h locales) de la base de Jiu- quan, dans le désert de Gobi, en Mongolie intérieure, par une fusée Longue Marche-2F, le vaisseau Shenzhou (Vaisseau divin, en chinois), un engin triplace de 8,5 m de long et pesant 7,8 t qui ressemble beaucoup au Soyouz russe, est d’abord placé sur une orbite de 250 km de périgée et 350 km d’apogée, inclinée de 42,4° sur l’équateur. Suivi par un réseau de stations de télécommunications situées en Chine, en Nami- bie et en Océanie ainsi que par quatre navires de poursuite (deux dans le Pacifique, un dans l’Atlantique et un dans l’océan Indien), il se cale ensuite sur une orbite circulaire à 343 km d’alti- tude. Au terme de 14 révolutions autour de la

Terre, le module orbital est largué, puis la cap- sule habitée entame sa descente vers le sol en freinant. À 145 km d’altitude, avant la traversée des couches denses de l’atmosphère, le module de propulsion est largué à son tour. Lorsque la capsule parvient à 10 km d’altitude, son para- chute principal (d’une surface de 1 200 m 2) s’ouvre. À un mètre du sol, des moteurs sont allumés pour réduire la vitesse d’atterrissage à 2-3 m/s. La capsule se pose finalement à 22 h 23 UT, à 4,8 km du point prévu, à quelque 350 km au nord-ouest de Pékin. Treize minutes plus tard, l’équipe de récupération arrive sur place. Un quart d’heure après, Yang Liwei sort de son habi- tacle. Jugé en parfaite santé par les médecins, il est aussitôt emmené à Pékin, où une cérémonie est organisée en son honneur.

Quatre vols automatiques préparatoires Les dirigeants chinois saluent l’événement avec emphase, le président Hu Jintao déclarant qu’il propulse son pays « au sommet de la science et de la technologie mondiales ». De fait, ce premier vol spatial habité vient concrétiser un rêve caressé par les autorités chinoises dès les années 1960, mais abandonné au cours de la décennie suivante faute de moyens financiers, puis relancé en 1992. Minutieusement préparé, il a été précédé par quatre vols automatiques, lors desquels un mannequin simulait la présence d’un spationaute. Le premier vol préparatoire fut celui de Shenzhou 1, lancé le 19 novembre 1999 ; sa capsule effectua 14 révolutions autour de la Terre, d’une durée totale de 21 h 11, tan- dis que son module orbital tourna autour de la Terre pendant huit jours. Puis, le 9 janvier 2001, fut lancé Shenzhou 2 ; sa capsule fut récupérée après 108 révolutions (6 j 18 h), tandis que son module orbital tourna autour de la Terre pen- dant huit mois (260 j) en permettant l’exécution de nombreuses expérimentations scientifiques ou techniques. Aucune photographie de la cap- sule n’ayant été publiée lors de son retour, il se peut que sa récupération ait échoué. Vint en- suite Shenzou 3, lancé le 25 mars 2002 ; sa cap- sule effectua également 108 révolutions et son module orbital resta en orbite environ sept mois (232 j), en autorisant lui aussi de nombreuses expérimentations. Enfin, le 29 décembre 2002 fut lancé Shenzhou 4, dont la capsule effectua encore 108 révolutions, tandis que son module orbital servit de cadre à une nouvelle série d’ex- downloadModeText.vue.download 114 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

112 périmentations pendant ses quelque huit mois (254 j) de vol autour de la Terre.

Des enjeux politiques, militaires et scientifiques

Depuis 1992, la Chine aurait investi 2,3 milliards de dollars dans le programme Shenzhou (une somme modique comparée au budget annuel de la NASA, voisin aujourd’hui de 15,5 milliards de dollars). Le vol de Yang Liwei marque l’achè- vement d’une première étape, caractérisée par le développement du vaisseau spatial. La se- conde étape comprendra des sorties extravéhi- culaires, l’amarrage entre deux vaisseaux, puis la réalisation d’une station orbitale monobloc vers 2008. Enfin, la troisième étape consistera en la construction d’une station modulaire destinée à être utilisée pendant longtemps. Dès 2004 de- vrait intervenir un second vol habité, avec deux taïkonautes qui resteront une semaine en orbite. En développant un tel programme, alors qu’elle a déjà lancé plusieurs dizaines de satellites de- puis 1970 et acquis la maîtrise non seulement du lancement mais aussi de la récupération d’engins spatiaux, la Chine poursuit plusieurs objectifs. Il s’agit en premier lieu pour elle d’as- seoir son image en tant qu’acteur majeur de la scène internationale et d’établir sa présence en orbite, alors que, pour des raisons politiques, elle n’est pas associée au programme de la Station spatiale internationale. Le second objectif est militaire : doté d’un hublot autorisant l’image- rie optique à haute résolution, le module orbi- tal du vaisseau Shenzhou, maintenu en orbite sept à huit mois, emporte vraisemblablement une caméra à résolution métrique qui en fait un satellite de reconnaissance très performant. Le troisième objectif est scientifique : avec le vais- seau Shenzhou, les Chinois peuvent désormais entreprendre un large éventail de recherches, dans des domaines tels que l’observation de la Terre, la géophysique, l’astrophysique, la phy- sique et la biologie en micropesanteur, etc. En- fin, Shenzhou constituera le vaisseau de trans- port qui assurera la desserte de la future station spatiale chinoise.

PHILIPPE DE LA COTARDIÈRE YANG LIWEI, UN ANCIEN PILOTE DE CHASSE

Né en 1965, à Huangzhong, dans la pro- vince de Liaoning (Nord-Est), d’un père économiste et d’une mère enseignante,

Yang Liwei est devenu pilote de l’armée de l’air en 1983. Dix ans plus tard, il figure au nombre des 14 futurs spationautes chinois sélectionnés parmi 2 000 pilotes d’environ trente ans, d’une taille de 1,70 m et d’un poids de 50 kg. Son entraînement s’effec- tue ensuite dans le complexe militaro-spa- tial de la Cité de l’espace de Pékin, entouré d’un secret total, même pour sa femme et son fils. Sa remarquable stabilité psycho- logique lui vaut d’être finalement choisi parmi trois finalistes pour devenir le Gaga- rine chinois.

Yang Liwei est le premier Chinois mais pas le premier asiatique envoyé dans l’espace. Avant lui, ont en effet séjourné en orbite autour de la Terre, le Vietnamien Pham Tuan en 1980, le Mongol Jugderdemyin Gourratcha en 1981, l’Indien Rakesh Shar- ma en 1984 et le Japonais Toyohiro Akiya- ma en 1990. Toutefois, ces derniers n’ont pas volé à bord de vaisseaux spatiaux de leur pays, mais de vaisseaux russes.

En chinois, spationaute se dit yuhangyuan (« navigateur de l’Univers »). Mais, dans les médias occidentaux, l’usage s’est éta- bli de désigner un spationaute chinois sous l’appellation de taïkonaute, mot forgé à Hongkong à partir du chinois taikong (« espace »).

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Vatican

Jean-Paul II : 25 ans de pontificat

Le pape célèbre le 25e anniversaire de son accession à la tête de l’Église sur les lieux mêmes où, archevêque de Cracovie, il avait entamé son pontificat en octobre 1978, mettant fin à quatre cent cinquante-cinq ans de règne italien au Vatican. Le 21, Jean Paul II clôture les cérémonies, qui l’ont vu présider à cinq audiences générales, trois messes et un concert.

France

Non à l’accord sur Executive Life

Le gouvernement français refuse la proposition américaine sur l’affaire Executive Life, impliquant le Crédit Lyonnais. Il exige davantage de garanties sur l’extinction des poursuites contre les parties downloadModeText.vue.download 115 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

113 françaises. Jean Peyrelevade, président du Lyon- nais depuis novembre 1993, est soupçonné d’avoir connu et couvert le rachat par « portage » illégal – c’est-à-dire par le biais d’un tiers – en 1993 de l’as- sureur californien Executive Life alors qu’à l’époque la loi américaine l’interdisait. Il a démissionné de la banque récemment pour pouvoir se défendre, ayant été exclu de l’accord par la justice américaine après le 2 septembre. Cet accord prévoyait le paie- ment d’une amende de 585 millions de dollars. Autre exclu de l’accord : l’homme d’affaires Fran- çois Pinault, dont la holding Artémis a racheté une partie des actifs d’Executive Life. Le 24, la justice américaine accorde un nouveau délai à l’État fran- çais pour signer un accord amiable sur l’affaire de la compagnie d’assurances californienne.

France

Trichet président de la BCE

Les chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne nomment officiellement, à l’unanimité, le Français Jean-Claude Trichet à la présidence de la Banque centrale européenne (BCE). Le gouverneur de la Banque de France succédera le 1er novembre au Néerlandais Wim Duisenberg, qui présidait aux destinées de la BCE depuis 1998.

ONU

Vote d’une résolution sur l’Irak

Le Conseil de sécurité de l’ONU vote à l’unanimité des 15 membres une nouvelle résolution sur l’Irak présen- tée par les États-Unis. Cette quatrième mouture d’un texte déposé début septembre autorise la création en Irak d’une force multinationale sous commande- ment unifié américain pour participer à la stabilité du pays, et demande au Conseil de gouvernement pro- visoire irakien de présenter d’ici au 15 décembre un calendrier pour rédiger une Constitution et tenir des élections. Elle demande aux États membres et aux institutions financières internationales de « renforcer leurs efforts » pour aider à la reconstruction. Aucun calendrier n’est fixé pour le retour de la souveraineté irakienne. Dans un texte commun, l’Allemagne, la France et la Russie expliquent avoir voté « dans un es- prit d’unité » le projet américain, jugeant qu’il consti- tue « un pas dans la bonne direction ». Les trois pays ajoutent cependant que « les conditions ne sont pas remplies pour qu’ils envisagent un engagement militaire et des contributions financières supplémentaires aux engagements déjà pris ».

17

Bolivie

Démission du président

Fragilisé depuis plusieurs semaines par une grave crise politique et sociale, le président Gonzalo Sán- chez de Losada démissionne de ses fonctions. Il est remplacé par son vice-président Carlos Mesa. Le départ du président, élu il y a quatorze mois, était devenu la principale revendication des manifesta- tions qui paralysent le pays depuis trois semaines. Les positions se sont radicalisées après la violente répression qui a fait au moins 65 morts ces derniers jours, notamment dans l’immense banlieue pauvre de La Paz, El Alto.

États-Unis/Japon

G. W. Bush à Tokyo

Le président américain George W. Bush entame une tournée en Asie, pour rallier la région à sa politique antiterroriste et à l’intervention de l’armée améri- caine en Irak. Le Japon annonce une enveloppe de 1,5 milliard de dollars pour la reconstruction de l’Irak en 2004.

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Suisse

Percée de la droite populiste

La droite populiste arrive en tête aux élections légis- latives suisses. L’Union démocratique du centre (UDC, hostile à l’immigration) et, dans une moindre mesure, le Parti socialiste (PS) ont progressé aux dépens des partis centristes. L’UDC gagne 11 sièges (62), tandis que les socialistes progressent d’un siège (58 sièges). Le Parti radical-démocrate (PRD, centre droit) perd 7 sièges et n’en détient plus que 48, suivi du Parti dé- mocrate-chrétien (PDC), qui, en perdant également 7 sièges, n’en aurait plus que 41. La percée de l’UDC trahit une montée des inquiétudes dans un pays frappé par la récession, la hausse du chômage et la chute du niveau de vie. L’UDC a fortement progres- sé au cours de la dernière décennie en s’appuyant sur son opposition à l’Union européenne et sur un programme populiste, proposant notamment des downloadModeText.vue.download 116 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004 114 baisses d’impôts et des règles très strictes en matière de droit d’asile.

Vatican

Mère Teresa béatifiée

Mère Teresa de Calcutta, la soeur des pauvres, est béatifiée par Jean-Paul II lors d’une cérémonie place Saint-Pierre, devant 300 000 fidèles. Cet événement ouvre la voie de la canonisation à la religieuse, qui s’était éteinte le 5 septembre 1997 à Calcutta, où elle a consacré sa vie aux déshérités, aux malades et aux mourants. La religieuse est le 1315e bienheu- reux proclamé par Jean-Paul II en vingt-cinq ans de pontificat.

20

Afrique

Alerte aux criquets

L’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) lance un appel à l’aide pour le nord de l’Afrique noire où une invasion de criquets pourrait « rapidement » ravager les cultures. Les trois principaux foyers d’infestation repérés par les experts sont le nord-ouest de la Mauritanie, le nord du Niger et le nord-est du Soudan.

Bosnie

Mort de l’ex-président Izetbegovic

L’ancien président musulman de Bosnie-Herzégo- vine Alija Izetbegovic décède à l’âge de soixante- dix-huit ans. Il avait pris sa retraite politique en l’an 2000 en raison de son état de santé déclinant et de la détérioration de ses rapports avec les Occidentaux.

21

Littérature

Le Goncourt en avance

Pour son centenaire, le jury du prix Goncourt cou- ronne, près de deux semaines avant la date prévue, Jacques-Pierre Amette pour la Maîtresse de Brecht. Le jury a expliqué qu’il regrettait que « l’écrivain bénéfi- ciaire de cette distinction exceptionnelle ne soit peut- être pas, à cause d’un ordre de dates et d’alternance, notre préféré parce que ce dernier aurait déjà été choisi par un autre jury. C’est pourquoi nous avons pris la liberté de faire connaître quelques jours en avance notre choix ».

Côte d’Ivoire

Assassinat du journaliste Jean Hélène

Jean Hélène, un journaliste français de Radio France Internationale (RFI), est abattu par un policier à Abi- djan devant un commissariat du centre-ville, alors qu’il attendait la libération de onze opposants arrêtés la semaine précédente pour implication présumée dans un complot d’assassinat visant le président Lau- rent Gbagbo.

Pays-Bas

TPI : nouvelle vague d’inculpations

Le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougos- lavie dévoile l’identité de quatre haut gradés des forces serbes – l’ancien chef d’état-major des forces armées Nebojsa Pavkovic, l’ancien comman- dant de corps d’armée Vladimir Lazarevic, l’ancien chef de la police Vlastimir Djordjevic et l’actuel responsable de la sécurité publique de Serbie, Sreten Lukic –, inculpés pour crimes de guerre au Kosovo. Ces derniers sont poursuivis pour crimes contre l’humanité et violations des règlements ou coutumes de guerre pendant la guerre du Kosovo (1998-1999).

France

Le président à Valenciennes

Jacques Chirac se rend à Valenciennes, pour une visite dans « la France d’en bas » axée sur la réhabi- litation urbaine, la politique sociale et l’intégration. Il est accueilli par le ministre délégué à la Ville et à la Rénovation urbaine, Jean-Louis Borloo, qui fut maire de Valenciennes de 1989 à 2002. Au cours de sa visite, il juge notamment « inacceptable » que « le progrès économique ne profite pas à tous » et affirme son re- fus d’une « France en marge », où « la fracture sociale menace de s’élargir en une fracture urbaine, ethnique et parfois religieuse ».

Iran

Nucléaire : Téhéran pour la transparence

L’Iran décide « de s’engager dans une coopération totale avec l’AIEA (l’Agence internationale de l’éner- gie atomique) pour satisfaire dans une transparence totale toutes les demandes et résoudre tous les pro- blèmes en suspens aux yeux de l’agence, et pour cla- downloadModeText.vue.download 117 sur 370 CHRONOLOGIES ET ANALYSES

115 rifier et remédier à tous les manquements possibles ». Les autorités iraniennes ont de surcroît affirmé que les armes nucléaires « n’avaient pas leur place dans la doctrine de défense de l’Iran et que son pro- gramme et ses activités nucléaires se sont inscrits dans un cadre exclusivement pacifique ». Concrètement, les conditions étant réunies, Téhéran « a décidé de signer le protocole additionnel » au Traité de non-prolifération, ce qui autorise un renforcement international du contrôle de ses activités nucléaires. L’Iran s’engage donc à tenir ses engagements sur le nucléaire, malgré la réticence d’une partie de son opinion, le jour même de l’expiration d’un ultima- tum lui enjoignant de prouver le caractère civil de son programme.

22

Espagne

Conférence des Donateurs

Lors de la conférence des Donateurs, à Madrid, les re- présentants des gouvernements et des organisations internationales promettent 40 milliards de dollars d’aide et de prêts sur cinq ans pour la reconstruction de l’Irak. Sur cette somme, 20 milliards de dollars ont été promis par les États-Unis et 700 millions d’euros par l’Union européenne. Selon les Nations unies et la Banque mondiale, 56 milliards de fonds seraient né- cessaires pour remettre sur pied l’Irak dans les quatre ans à venir.

23

Italie

Coup sévère contre les Brigades rouges La police annonce l’arrestation de six membres pré- sumés des Nouvelles Brigades rouges, soupçonnées de l’assassinat de deux conseillers gouvernemen- taux. Les quatre hommes et les deux femmes ont été appréhendés en Toscane et en Sardaigne. Les Nouvelles Brigades rouges, revendiquant l’héritage du groupe d’action directe d’extrême gauche qui terrorisa la Péninsule dans les « années de plomb », durant les décennies 1970-1980, ont revendiqué les deux assassinats.

24

Russie

Arrestation de Mikhaïl Khodorkovski Le patron du groupe pétrolier russe Ioukos, Mikhaïl Khodorkovski, est incarcéré notamment pour escro- querie et évasion fiscale. L’offensive contre Ioukos, ponctuée par une série de perquisitions, a commen- cé en juillet avec l’incarcération d’un de ses princi- paux actionnaires, Platon Lebedev, inculpé de fraude et évasion fiscale. Cette arrestation, qui intervient après plusieurs mois de tension à l’approche des législatives du 7 décembre et de la présidentielle de mars, semble constituer une démonstration de force du Kremlin à l’adresse des nombreux oligarques russes qui ont fait fortune grâce aux privatisations des années 1990. L’affaire Khodorkovski évoque celle de Vladimir Goussinski, un magnat des médias entré également en opposition avec Vladimir Poutine en 2000, ou encore celle de Boris Berezovski, désormais ennemi déclaré du maître du Kremlin.

Corse

Une roquette contre des CRS

Un tir de roquette, inerte mais symbolique, vise une caserne de CRS d’Ajaccio, tandis qu’une charge explosive est retrouvée devant une gendarmerie de Corse-du-Sud et que la plaque à la mémoire des deux gendarmes tués à Aleria en 1975 est détruite. Ces actions sont revendiquées par le FLNC-Union des combattants. C’est dans ce climat tendu que, le 30, le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy se rend dans l’île de Beauté, pour la dixième fois depuis son arrivée au ministère. Il plaide en faveur du dévelop- pement économique, social et culturel de la Corse grâce à « davantage d’autonomie, dans le cadre des ins- titutions existantes ». Il ajoute que « tous les insulaires doivent comprendre que le seul objectif des forces de sécurité consiste à éradiquer le régime de la peur devant la violence. Nous ne nous attaquons pas à des hommes ou à des idées mais à des pratiques mafieuses. L’action downloadModeText.vue.download 118 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

116 engagée ne s’arrêtera pas et la lutte sera gagnée sans excès, mais sans faiblesse ».

France

Remaniement du cabinet de Matignon Jean-Pierre Raffarin remanie son équipe à Matignon en remplaçant notamment son directeur de cabinet Pierre Steinmetz – jugé, en privé, comme « pas assez politique » par nombre de ministres –, par Michel Boyon, cinquante-sept ans, ancien président de Radio France (1995-1998), au profil jugé plus poli- tique. Pierre Steinmetz est nommé au Conseil d’État en Conseil des ministres. Selon une source gouver- nementale, en procédant à ce remaniement, le Pre- mier ministre espère remettre Matignon « en ordre de bataille » à l’approche des régionales, un scrutin de mi-mandat traditionnellement difficile pour tout gouvernement en place.

26

Irak

Vague d’attentats suicides à Bagdad

Le secrétaire adjoint américain à la Défense et numé- ro deux du Pentagone Paul Wolfowitz sort indemne d’une attaque à la roquette contre l’hôtel Rachid de Bagdad où il résidait. Le 27, une série d’attentats suicides sans précédent dans divers quartiers de la capitale irakienne vise le siège du Comité interna- tional de la Croix-Rouge et trois postes de police, faisant une quarantaine de morts, dont 34 Irakiens (26 civils et huit policiers), un soldat américain et les kamikazes, et plus de 200 blessés. C’est la journée la plus sanglante à Bagdad depuis le 1er mai, date à laquelle le président George W. Bush avait déclaré la fin des principaux combats en Irak. Des responsables américains de la défense pensent que des partisans de l’ancien régime et du président déchu Saddam Hussein sont derrière cette vague d’attentats. Le 30, le nombre de militaires américains tués en Irak de- puis l’annonce de la fin des hostilités dépasse celui du conflit lui-même, avec la mort de deux soldats dans une attaque au centre du pays. Celle-ci porte à 116 le nombre de militaires américains tués dans les combats depuis la fin des opérations ; pendant la guerre, qui avait commencé le 20 mars, 114 militaires ont été tués.

Espagne

Triomphe d’Aznar à Madrid

À cinq mois des élections législatives en Espagne, le Parti populaire (PP, centre droit) du chef du gou- vernement Jose Maria Aznar reprend le contrôle de la région de Madrid. Il remporte en effet la majorité absolue à la Communauté autonome de la région capitale lors d’un scrutin régional, où il obtient 57 des

111 sièges de l’Assemblée régionale, contre 45 au

Parti socialiste ouvrier espagnol et 9 à la Gauche unie.

La tête de liste du PP, madame Esperanza Aguirre Gil de Biedma, âgée de cinquante et un ans, deviendra la première femme à diriger la région de Madrid, après avoir été ministre de la Culture et de l’Éducation puis présidente du Sénat.

France

Un quai François-Mitterrand

Un quai longeant le Louvre, à Paris, porte désormais le nom de François Mitterrand. « Quai François Mit- terrand 1916-1996, président de la République française 1981-1995 » : tel est le texte de la plaque dévoilée par le maire de Paris Bertrand Delanoë (PS), avec la veuve de l’ancien chef de l’État, Danielle Mitterrand, ses fils Jean-Christophe et Gilbert, et sa fille Mazarine Pingeot. Initiateur de cet hommage critiqué à droite, mais aussi par certains Verts, le maire de Paris avait voulu une cérémonie « chaleureuse », centrée sur la figure du leader socialiste, de l’homme de culture, du réformateur dont il a salué « l’idéalisme pragmatique ».

Colombie

Un maire de gauche à Bogotá

À l’issue d’une campagne électorale pour les muni- cipales marquée par la violence et l’intimidation, Luis

Eduardo Garzon, âgé de cinquante-deux ans, ancien syndicaliste communiste, est le premier homme de gauche à être élu maire de Bogotá, avec 47 % des voix contre 40 % à son adversaire de centre droit Juan Lozano, un ancien journaliste soutenu par le gouver- nement. Il s’engage à oeuvrer pour les pauvres de la downloadModeText.vue.download 119 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

117 capitale colombienne, qui représentent environ la moitié des sept millions de ses habitants.

29

Grande-Bretagne

Le chef des tories déposé par ses pairs Le chef des conservateurs Iain Duncan Smith, qui n’a jamais réussi à déstabiliser le Premier ministre Tony Blair, démissionne, plongeant son parti dans une nouvelle crise qui pourrait durer plusieurs mois, le temps de trouver un successeur. La démission de Iain Duncan Smith était inéluctable après le vote d’une motion de défiance par la majorité des 165 dépu- tés conservateurs – 90 ont voté contre lui, 75 l’ont soutenu.

Maroc

Retraite politique pour Youssoufi

L’ancien Premier ministre marocain Abderrahmane Youssoufi présente sa démission du poste de Premier secrétaire de l’Union socialiste des forces populaires (USFP), sans expliquer les motifs de sa démission. An- cien opposant au régime de Hassan II, Youssoufi, âgé de soixante-dix-neuf ans, a été Premier ministre de mars 1998 à novembre 2002 dans le gouvernement dit « d’alternance démocratique ».

31

France

Alliance LCR-LO

Les deux organisations d’extrême gauche, la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) et Lutte ouvrière (LO), annoncent qu’elles feront listes communes lors des prochaines élections régionales et euro- péennes. En Île-de-France, c’est Arlette Laguiller (LO) qui devrait conduire la liste aux élections régio- nales, et Olivier Besancenot (LCR), celle des élections européennes. downloadModeText.vue.download 120 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

118

Novembre

3

France

Bayrou en solo pour les régionales

Se présentant comme un « défenseur du plura- lisme », François Bayrou juge « logique » pour l’UDF de présenter des listes autonomes aux élections régionales de mars, car, selon lui, « les Français ne retrouvent pas dans leur gouvernement les promesses de 2002 ». Il souligne que le scrutin de mars prochain sera « la seule occasion où le suffrage universel pourra envoyer un message à nos dirigeants avant 2007 ». Le 5, l’UDF désigne 20 « chefs de file » en vue des élections régionales des 21 et 28 mars prochains. François Bayrou sera lui-même tête de liste en Aqui- taine, où il pourrait faire face à l’UMP Xavier Darcos, ministre délégué à l’Enseignement scolaire. L’UDF, qui n’exclut pas de parvenir à des accords avec l’UMP dans des régions où le Front national pour- rait arriver en tête lors du premier tour de scrutin, se réunira en conseil national le 13 décembre à Issy- les-Moulineaux pour arrêter sa stratégie. Répondant aux critiques, venant notamment de l’UMP, selon lesquelles ces candidatures centristes risquent de diviser la majorité, le président de l’UDF a indiqué que les élections régionales doivent être celles du pluralisme au premier tour.

4

Russie

Un Américain nouveau patron de Ioukos

L’Américain d’origine russe Simon Koukes prend la tête du groupe pétrolier russe Ioukos, dont il était jusqu’alors président du conseil d’administration. Il succède à Mikhaïl Khodorkovski, incarcéré depuis son arrestation le 25 octobre en Sibérie pour fraude et évasion fiscale, et démissionnaire de ses fonctions. Le nouveau patron de Ioukos déclare qu’il ne prévoit « pas de changer le fonctionnement de l’entreprise étant donné qu’elle fonctionne normalement ». Les observa- teurs s’interrogent toutefois sur les conséquences qu’aura cette affaire sur la fusion prévue entre Ioukos et son concurrent Sibneft, qui doit donner naissance au quatrième groupe pétrolier mondial. En outre, le grand projet d’alliance avec un géant américain du pétrole tel qu’Exxon Mobil ou ChevronTexaco semble compromis.

France

IRA : arrestation de sympathisants bretons

La police interpelle cinq personnes, soupçonnées de liens avec l’IRA-Véritable (groupuscule républi- cain dissident de l’Armée républicaine irlandaise), dans les Côtes-d’Armor et en Seine-Maritime. Parmi ces cinq personnes figure un conseiller municipal divers droite de Guingamp, également membre d’un comité de jumelage entre Guingamp et Shannon (Irlande). Parallèlement, en Irlande, deux hommes sont arrêtés par les policiers irlandais dans une opération menée avec la police française contre l’IRA-Véritable. Lors de l’opération menée en France, les policiers de la Direction de la surveillance du territoire (DST) ont découvert une cache d’armes. Le 8, trois des Français interpellés, originaires des Côtes-d’Armor, sont mis en examen par le juge anti- terroriste parisien Gilbert Thiel pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste » – ils sont néanmoins libérés sous contrôle judiciaire. L’IRA-Véritable a été fondée en 1997 par des dissi- dents radicaux qui s’opposaient au cessez-le-feu décrété par l’IRA cette année-là et qui fut suivi peu après de l’accord de paix dit du Vendredi Saint (avril 1998). Le groupuscule a revendiqué l’attentat du 15 août 1998 à Omagh, en Irlande du Nord, qui a fait 29 morts et 200 blessés, le plus meurtrier en trente ans de violences.

5

France

Suppression du lundi de Pentecôte férié

Le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin annonce la suppression d’un jour férié, le lundi de Pentecôte, qui sera travaillé à compter de 2005. Cette mesure a pour objet de financer un programme d’action pour les personnes âgées et handicapées dépendantes sur quatre ans (2004-2007). Au total, la contribution des entreprises privées et des employeurs publics lors de ce lundi travaillé, à laquelle s’ajoutera une parti- cipation des revenus du patrimoine, devrait rappor- ter 1,9 milliard d’euros par an, alors que les besoins downloadModeText.vue.download 121 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

119 annuels des personnes dépendantes sont estimés à 2,1 milliards d’euros. Le Premier ministre a assuré que la différence serait prise en charge par le budget de la Sécurité sociale.

6

France

Éclatement de la

CFDT-Cheminots

Au terme d’un vote en assemblée générale extra- ordinaire, l’Union fédérale des cheminots CFDT (11 000 adhérents) annonce son départ de la confé- dération de François Chérèque. Cette décision est une conséquence de divergences dans le dossier des retraites qui avait vu le secrétaire général soutenir la réforme gouvernementale. 50,16 % des délégués ont voté le départ de la confédération contre 49,84 %. L’Union fédérale des cheminots CFDT perd ainsi son sigle CFDT pour devenir une Fédération des che- minots et activités complémentaires, une structure provisoire car la plupart des membres de la direction ne cachent pas leur intention de rejoindre la CGT. Les militants opposés à l’éclatement de l’Union fédérale se regroupent dans un Collectif national cheminots CFDT chargé de préparer la représentation de la CFDT aux élections professionnelles de mars 2004 à la SNCF.

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États-Unis

Fort rebond de l’économie américaine

Après une hausse de 7 % au deuxième trimestre et l’annonce d’une croissance de 7,2 % en rythme an- nuel au troisième trimestre, la productivité du travail dans le secteur privé non agricole a bondi de 8,1 % sur la période, toujours en rythme annuel, selon les don- nées publiées par le département du Travail. Cette progression est la plus importante jamais enregis- trée depuis le premier trimestre 2002. En outre, avec 126 000 postes de travail créés en octobre, l’écono- mie américaine a créé des emplois pour le troisième mois consécutif. Au total près de 286 000 postes on été créés depuis juillet. L’ensemble de ces chiffres est de nature à conforter le moral des ménages et donc la consommation, le principal moteur de l’activité américaine.

9

Japon

Koizumi vainqueur des élections

Le Parti libéral démocrate (PLD) perd sa majorité à la chambre basse de la Diète lors des élections législa- tives. Le PLD, qui domine la vie politique japonaise depuis 1955, conservera néanmoins le pouvoir puisque sa coalition tripartite demeure majoritaire à la Chambre des représentants, avec 275 sièges sur 480 (245 sièges au lieu de 247 pour le PLD). Le Parti démocrate, principale formation de l’opposition, réa- lise la plus forte progression et dispose désormais de 186 députés. Ce résultat permet au Premier mi- nistre Junichiro Koizumi, arrivé aux affaires en 2001, de demeurer à la tête du gouvernement. Le 19, la Chambre basse du Parlement japonais réélit ce der- nier au poste de Premier ministre. M. Koizumi s’en- gage à faire avancer son programme de réformes qui comprend des privatisations, des mesures destinées à assurer l’avenir du système de retraites et l’assainis- sement du secteur bancaire.

Arabie

Attentat à Riyad

Un attentat perpétré dans un complexe résidentiel, situé à l’ouest de Riyad près des principaux palais royaux et occupé par quelques familles françaises, italiennes, allemandes et saoudiennes, fait 17 morts et 127 blessés. Les forces de sécurité imputent l’at- tentat, qui n’a pas été revendiqué, au réseau al-Qaida d’Oussama ben Laden. L’ambassade et les consulats américains présents dans le pays avaient fermé leurs portes deux jours plus tôt à la suite d’informations en provenance des services de renseignements étrangers d’une « menace terroriste ». Trente-cinq per- sonnes ont été tuées le 12 mai dans un triple attentat suicide à Ryad.

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OMC

Acier : condamnation des États-Unis

Saisie d’une plainte de l’Union européenne, du Japon et de six autres puissances commerciales, l’Organisa- tion mondiale du commerce réaffirme son opposi- downloadModeText.vue.download 122 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

120 tion aux mesures de surtaxation des importations d’acier aux États-Unis, prises il y a plusieurs mois par l’administration Bush pour protéger son industrie sidérurgique. L’OMC demande à Washington de se conformer à ses obligations internationales. Si d’aven- ture les États-Unis refusaient de se plier à l’injonction de l’OMC, les plaignants pourraient à leur tour mettre en place des systèmes de rétorsion. Les autorités américaines considèrent que les mesures de surtaxes tarifaires de 8 % à 30 % appliquées pour trois ans sur certaines importations d’acier constituent des règles de sauvegarde compatibles avec la législation de l’OMC. Toutefois, elles ne peuvent ignorer que leur attitude mécontente nombre de représentants de l’industrie américaine qui, selon une étude, ont plus pâti que profité de ce protectionnisme.

12

France

Verdicts au procès Elf Le tribunal correctionnel de Paris condamne le P-DG d’Elf de 1989 à 1993, Loïk Le Floch-Prigent, à cinq ans de prison et à une amende de 375 000 euros pour « abus de biens sociaux ». Vingt-neuf des trente-sept prévenus sont également condamnés, dont 13 à des peines de prison ferme : les plus lourdement sanctionnés sont Alfred Sirven, ancien directeur des affaires générales d’Elf, qui écope de cinq ans de pri- son, et André Tarallo, ex-directeur Afrique du groupe, condamné à quatre ans ; l’ex-femme de Loïk Le Floch- Prigent, Fatima Belaïd, est condamnée à trois ans de prison, dont deux avec sursis, et un million d’euros d’amende, et Maurice Bidermann, ami personnel de Loïk Le Floch-Prigent, à trois ans de prison, dont deux avec sursis, et un million d’euros d’amende.

Mondialisation

Ouverture du Forum social européen

Le deuxième Forum social européen (FSE) – éma- nation du Forum social mondial (FSM) de Porto Alegre – s’ouvre dans quatre villes d’Île-de France, dont Saint-Denis. Le forum est « un espace ouvert de rencontres et d’échanges pour l’approfondissement de la réflexion entre une pluralité de mouvements sociaux et de citoyens », réunis autour d’une conviction qui les dresse face au « processus de mondialisation capitaliste », celle qu’une « autre Europe et un autre monde sont possibles ». Le FSE se clôt le 15 par une manifestation altermondialiste à Paris revendiquant « une Europe des droits dans un monde sans guerre », qui rassemble entre 40 000 et 100 000 personnes. Les membres du comité d’organisation, Pierre Khalfa, d’Attac, et Annick Coupé, du Groupe des Dix, notam- ment, se félicitent du « succès du FSE », deuxième ren- dez-vous de la société civile européenne, qui a draîné plus de 50 000 participants venus d’une soixantaine de pays, pendant trois jours, dans des centaines de débats, ateliers et séminaires.

France

J.-L. Debré favorable à une loi sur la laïcité

Le président de l’Assemblée nationale, Jean-Louis Debré (UMP), s’exprimant au nom de la mission d’in- formation parlementaire qu’il dirige, évoque la pers- pective de l’interdiction par « une disposition législa- tive » (projet ou proposition de loi, amendement) de tout signe d’appartenance religieuse et politique au sein de l’école publique. Créée en juin dernier, cette mission d’information parlementaire, qui réunit en son sein toutes les tendances politiques représentées sur l’échiquier national, était chargée de rendre ses conclusions d’ici à la fin de l’année, notamment sur la question du port de signes religieux à l’école. Un mois après la relance de la controverse autour du cas de deux élèves d’un collège d’Aubervilliers (Seine- Saint-Denis) exclues pour avoir refusé d’ôter leur voile à l’école, il déclare avoir « pris conscience de la nécessité de réaffirmer avec solennité et avec force le principe de la laïcité de l’État et de l’école publique ». Toutefois, l’idée de légiférer est loin de faire l’objet d’un consensus. Le président Jacques Chirac devrait trancher la question au vu des conclusions, attendues le mois prochain, de la commission présidée par Bernard Stasi sur la laïcité dont il avait demandé la création.

Irak

Attentat à Nassiriyah : 18 Italiens tués

Un attentat suicide au camion piégé vise la base ita- lienne de Nassiriyah, une ville chiite du sud de l’Irak, occupée notamment par des carabiniers. Le bilan est de 32 morts dont 18 Italiens et des civils irakiens. Le ministre italien de la Défense Antonio Martino, arrivé sur le site de l’attentat, accuse les loyalistes de Saddam Hussein et les terroristes d’al-Qaida. Il s’agit de l’attentat le plus meurtrier qui ait visé jusqu’ici d’autres membres de la coalition que les Américains, et des pertes les plus lourdes enregistrées en un seul incident par l’Italie depuis la Seconde Guerre mon- diale. 2 400 soldats italiens sont déployés dans le pays après que Washington eut proclamé la fin de la première phase des combats en mai. Ils avaient été downloadModeText.vue.download 123 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

121 relativement épargnés jusque-là par les attaques diri- gées jour après jour contre les troupes américaines. Allié résolu du président américain G. W. Bush, S. Ber- lusconi déclare que Rome maintiendra ses troupes en Irak malgré ce lourd bilan. Le 18, des dizaines de milliers d’Italiens assistent aux funérailles d’État des 19 victimes italiennes de l’attentat. La cérémonie se déroule dans la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, en présence du président de la République Carlo Aze- glio Ciampi.

15

Turquie

Double attentat à Istanbul

Deux attentats à la voiture piégée visant la syna- gogue de Neve Shalom, le plus important centre spi- rituel pour les 25 000 membres de la communauté juive en Turquie, ainsi qu’une autre synagogue fait 25 morts et près de 300 blessés à Istanbul, en plein shabbat, jour de repos hebdomadaire et de prière pour les juifs. Les attentats auraient été revendi- qués par un mouvement intégriste turc, le Front islamique des combattants du Grand Orient, connu sous le nom d’IBDA-C, auquel est imputé un atten- tat à la bombe qui a fait 10 blessés le 31 décembre 2000 dans le centre d’Istanbul. Toutefois, la police turque juge cette organisation extrémiste incapable de réaliser une telle attaque. Premier pays à majo- rité musulmane à reconnaître Israël en 1948, la Tur- quie entretient des relations militaires et politiques avec l’État hébreu. C’est aussi le seul pays à majorité musulmane dans l’OTAN et un allié des États-Unis au Moyen-Orient, ce qui lui vaut des inimitiés dans le monde arabe.

Le terrorisme déclare la guerre

à la Turquie

Alors qu’Ankara venait de renoncer à envoyer un contingent en Irak, une vague d’attentats suicides prenaient pour cible tour à tour deux synagogues et des intérêts britanniques les 15 et 20 novembre à Istanbul.

Dans la matinée du 15 novembre, les quartiers commerçants de Galata et de Sisli à Istanbul sont secoués presque simultanément par deux énormes explosions : devant les deux synago- gues dévastées de Beth Israël et de Neve Shalom, d’immenses cratères laissés par les camionnettes piégées utilisées par les kamikazes, attestent la violence des attentats. Les 400 kg d’explosifs dont étaient truffés les véhicules devaient tuer le plus de monde possible, en ce jour de shabbat qui réunissait de nombreux fidèles juifs dans ce quartier d’Istanbul où la communauté israélite, qui compte quelque 27 000 personnes, cohabite depuis cinq siècles avec les musulmans.

L’État turc visé

Les terroristes auront donc atteint leur objectif, le double attentat ayant fait 25 morts et plus de 300 blessés, majoritairement des musulmans. Pourtant, si la synagogue de Neve Shalom avait déjà été la cible d’un attentat tout aussi meur- trier en 1986, la communauté juive, tradition- nellement discrète dans un pays à 98 % musul- man, refusera de céder à la psychose d’un regain d’antisémitisme. Elle a sans doute payé le prix de la coopération accrue entre Ankara et Israël, mais à travers elle, c’est l’État turc et sa politique dans la région qui étaient visés. Une hypothèse confirmée le 20 novembre par une nouvelle vague d’attentats, frappant encore le quartier européen d’Istanbul. Ici, les poseurs de bombes prennent pour cible les intérêts britanniques, à travers le consulat de Grande-Bretagne et le siège de la banque HSBC. Le bilan est tout aussi lourd, et le consul britannique figure parmi la trentaine de morts.

Principale alliée militaire des États-Unis dans la guerre en Irak, la Grande-Bretagne est en effet frappée au moment même où G.W. Bush effec- tue une visite en grande pompe à Londres. La Turquie a donc été rattrapée par une guerre contre le terrorisme à laquelle elle avait évité de contribuer trop ouvertement. Le 21 mars, au len- demain même de l’offensive américano-britan- nique en Irak, le Parlement d’Ankara avait refusé le passage par le territoire turc des forces améri- caines, les privant ainsi d’une précieuse ligne de front qui leur aurait permis de prendre en étau Bagdad depuis les régions kurdes autonomes du nord de l’Irak, acquises aux États-Unis. Les Amé- ricains avaient alors dû se contenter de l’autori- sation de survol de la Turquie accordée à leurs bombardiers par le Premier ministre turc Racep Tayyip Erdogan, assortie peu après de l’ouver- ture d’un couloir permettant l’acheminement downloadModeText.vue.download 124 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

122 d’une aide logistique aux soldats américains en Irak. La question de l’aide militaire turque s’est à nouveau posée après la guerre proprement dite. Le 7 octobre, le Parlement turc donnait son feu vert à l’envoi d’un contingent, mais face au refus des différentes parties irakiennes, depuis les Kurdes jusqu’aux membres du gouvernement intérimaire pourtant alignés sur les États-Unis, Ankara devait faire machine arrière.

Dans la ligne de mire des islamistes

Cette volte-face n’aura donc pas suffi à épargner à la Turquie les contrecoups de la guerre contre le terrorisme menée par son allié américain en Irak. La Turquie redoutait qu’une guerre longue en Irak la déstabilise, après les douze années d’embargo qui avaient frappé son principal par- tenaire commercial. Le 1er mai, G.W. Bush avait déclaré la guerre officiellement finie, mais de- puis, la recrudescence des opérations de la gué- rilla anti-américaine a replongé l’Irak dans un cli- mat d’insécurité et de guerre. Dans ce contexte, Ankara tarde à recueillir les dividendes du transit d’un pétrole irakien dont les oléoducs condui- sant en Turquie sont régulièrement victimes d’actes de sabotage. Tributaire de l’évolution de la situation en Irak, la Turquie est ainsi dans la ligne de mire des islamistes, qui entendent lui faire payer l’ensemble de sa politique au Proche-Orient. L’arrivée au pouvoir à Ankara des islamistes dits modérés de l’AKP à la faveur des élections législatives de novembre 2002 n’a pas protégé le pays contre les foudres des islamistes radicaux ; bien au contraire, ces derniers ont à coeur de faire échouer une expérience de gou- vernement qui se réclame de l’islamisme tout en pactisant avec l’OTAN et avec l’UE. Et si la suren- chère de violence n’est pas de nature à renforcer ses assises dans la société turque, c’est manifes- tement en Turquie que la nébuleuse internatio- nale du terrorisme islamiste a recruté les exécu- tants de ces attentats. Accréditant en partie la toute première revendication des attentats du 15 novembre par un obscur Front islamique des combattants du Grand Orient (IBDA-C), les pre- miers éléments d’enquête soulevaient la ques- tion des liens d’al-Qaida avec les organisations locales. La police a remonté leur piste jusque dans les milieux islamistes de la ville de Bingol, dans le Sud-Est anatolien, frappée en mai par un tremblement de terre dévastateur. Mais cette fois, c’est un séisme d’une tout autre nature qui a frappé Istanbul.

ULYSSE GARO

LA TURQUIE RESSERRE SES LIENS

AVEC ISRAËL

Unis dans le deuil, juifs et musulmans ont défilé ensemble à Istanbul après les attentats contre les synagogues, et pour la première fois, un Premier ministre turc, qui plus est islamiste, a rendu visite au rabbinat d’Istanbul. M. Erdogan, islamiste certes modéré, illustrait par ce geste la spécificité de la Turquie dans la région, où elle passe pour être l’alliée d’Israël, ce qui suscite les inquiétudes et les critiques de ses voisins musulmans. Les liens avec l’État hébreu n’ont pas été remis en cause, et se sont même resserrés alors que se dé- gradaient les relations traditionnellement mauvaises avec la Syrie et l’Iran. Après avoir accueilli en juillet le président Moshe

Katzav et le chef de la diplomatie Sylvan

Shalom, la Turquie procédait en août à des manoeuvres aéronavales avec Israël et les États-Unis. Possédant la 2e armée de l’OTAN en nombre, Ankara s’est engagé dans un partenariat militaro-stratégique avec Israël, qui s’est traduit par d’impor- tants contrats d’armement. Entre 1993 et 2002, les échanges commerciaux non militaires entre les 2 pays sont passés de

90 millions à 1,3 milliard de dollars.

20

Turquie

Nouveaux attentats à Istanbul

Vingt-huit personnes sont tuées et plus de 400 bles- sées dans deux attentats suicide à la voiture piégée contre le consulat général britannique et le siège de la banque HSBC (Hongkong and Shanghai Banking

Corporation, deuxième groupe bancaire mondial implanté dans 79 pays) à Istanbul. Ces nouvelles explosions sont revendiquées au nom d’al-Qaida et downloadModeText.vue.download 125 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

123 du Front islamique des combattants du Grand Orient (IBDA-C).

Grande-Bretagne

Grande manifestation contre George

W. Bush

Alors que le président George W. Bush est en visite en Grande-Bretagne depuis la veille, la première depuis celle de Woodrow Wilson en 1918, entre 100 000 et 200 000 personnes manifestent à Londres pour dé- noncer « la politique impérialiste » du président améri- cain et protester contre l’occupation de l’Irak.

Géorgie

Résultat contesté des législatives

La Commission électorale annonce les résultats des élections législatives du 2 novembre, donnant la vic- toire au parti au pouvoir, Pour une nouvelle Géorgie, qui obtient 21,32 % des voix et 38 sièges au Parle- ment, suivi du Parti du renouveau d’Adjarie Aslan Abachidzé, avec 18,84 % des voix, et 33 sièges et du Mouvement national de Mikhaïl Saakachvili, 18,08 % des voix et 32 sièges qui « dénonce un coup du pou- voir » et « des résultats concoctés dans le bureau de Che- vardnadze ». L’opposition a d’ores et déjà contesté ces résultats proclamés trois semaines après un scrutin entaché de nombreuses irrégularités.

21

France

Vote du RMA

Les députés adoptent en première lecture l’article 35 du projet de loi Fillon créant le revenu minimum d’activité, contrat d’insertion destiné à encoura- ger les Rmistes à reprendre une activité. À compter du 1er janvier 2004, les personnes qui perçoivent le revenu minimum d’insertion depuis au moins un an pourront signer un contrat d’insertion RMA de 20 heures par semaine, renouvelable deux fois, pour une durée maximale de dix-huit mois. L’embauche sera conditionnée à la signature d’une convention entre le département et l’employeur. En contrepartie, les bénéficiaires toucheront une allocation forfaitaire du RMI et un complément à la charge de l’employeur, soit 545 euros net. Les cotisations sociales ne seront prélevées que sur le complément. François Fillon espère la signature d’au moins 100 000 contrats RMA l’an prochain.

22

France

Autonomie des universités : nouveau recul de Luc Ferry

Le ministre de l’Éducation nationale Luc Ferry re- nonce à présenter un projet de loi sur l’autonomie des universités dans les mois à venir, sous la pression des étudiants opposés au projet considéré comme un début de privatisation de l’Université. Il précise que « le dialogue » se « poursuivra » sur « les mesures nécessaires à mettre en oeuvre pour que notre service public puisse relever les défis de la concurrence interna- tionale ». Ce nouvel ajournement, après celui inter- venu en mai au moment où le mouvement social enseignant contre la décentralisation et les retraites menaçait de s’étendre aux universités, ne porte pas sur l’harmonisation européenne des diplômes, sou- mis à la contestation étudiante, dénommé LMD (licence, master, doctorat), déjà lancé par une ving- taine d’universités en France. Cette réforme LMD doit permettre de valider dans n’importe quel pays de l’Union européenne les diplômes sanctionnant les études supérieures avec trois niveaux principaux : la Licence (bac plus trois années d’études), le Master (à bac plus 5) et le Doctorat (bac plus 8), d’où son appellation de réforme LMD. Tout étudiant pourrait ainsi faire reconnaître son cursus à ces trois étapes, qu’il ait effectué ses études en France, en Italie, en Espagne, en Grande-Bretagne ou en Allemagne. Les syndicats étudiants qui contestent cette réforme ne s’attaquent pas à son principe et y sont d’ailleurs fa- vorables. Ils en critiquent les modalités d’application et craignent une remise en cause pure et simple de la valeur des diplômes nationaux actuels, sous couvert d’harmonisation européenne.

Rugby

Victoire de l’Angleterre dans la Coupe du monde

Auteurs du Grand Chelem dans le tournoi des Six-Na- tions, les Anglais ont abordé cette Coupe du monde avec confiance. Une posture qu’ont pu vérifier les downloadModeText.vue.download 126 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

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Australiens, les tenants du titre, qui ont dû s’incliner à l’issue d’une finale âprement disputée.

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Russie

Incendie meurtrier à Moscou

Trente-deux personnes au total périssent dans l’incendie d’une résidence universitaire à Moscou accueillant des étudiants étrangers.

Géorgie

Démission du président Chevardnadze Le président Édouard Chevardnadze, soixante- quinze ans, est contraint à la démission au terme d’une crise aiguë lancée par les élections législatives du 2 novembre. Il cède à la pression des milliers de militants et de sympathisants de l’opposition, qui s’étaient emparés la veille sans rencontrer de résis- tance policière du centre de Tbilissi, du Parlement et du siège de la présidence. Édouard Chevardnadze avait dirigé la république soviétique de Géorgie dès les années 1970 en qualité de Premier secrétaire du Parti et était revenu au pouvoir en 1992 après l’indé- pendance et après avoir été le ministre des Affaires étrangères de l’URSS pendant la perestroïka. Le lea- der de l’opposition Mikhaïl Saakachvili a salué l’atti- tude « courageuse » de M. Chevardnadze qui a permis de ne pas « faire couler le sang ».

France-Grande-Bretagne

Le président Jacques Chirac et le Premier ministre bri- tannique Tony Blair se retrouvent à Londres pour le 26e sommet franco-britannique annuel, sous le signe de « l’Entente cordiale », dans un contexte marqué par les attentats contre des intérêts britanniques à Istanbul et la visite en Grande-Bretagne du président américain George W. Bush. Ils s’efforcent de gom- mer leur différend sur l’Irak en lançant une nouvelle initiative en faveur de la défense européenne – en proposant la création d’une force de réaction rapide au service des Nations unies –, mais l’atlantisme in- défectible du Premier ministre britannique empêche pour l’heure tout accord sur une structure de com- mandement indépendante de l’OTAN.

Coup de théâtre en Géorgie

Les élections législatives du 2 novembre, entachées d’irrégularités, ont connu un dénouement inattendu le 23 novembre, avec la démission d’Édouard Chevardnadze, sous la pression des manifestants.

Douze ans après l’indépendance, cette fin de règne sans effusion de sang et dans la liesse marque un nouveau départ pour la Géor- gie, sans pour autant clarifier l’avenir d’un État morcelé et au bord de la faillite, tiraillé entre sa volonté de s’ancrer en Occident et les pressions de la Russie. Un peu plus de deux semaines après l’Azerbaïdjan, où le scrutin présidentiel contro- versé remporté par Ilham Aliev, le fils du prési- dent sortant, avait été suivi de manifestations violemment réprimées, la Géorgie a connu un scénario similaire.

Une corruption endémique

En Géorgie, comme en Azerbaïdjan, le scrutin avait donné lieu à des fraudes massives qui ont incité la population à en contester le résultat. Là s’arrête la comparaison : Édouard Chevardnadze et Gaïdar Aliev, représenté désormais par son fils Ilham, s’ils ont le même profil d’ancien apparat- chik soviétique ayant succombé aux sirènes de l’Occident une fois promus à la présidence de leurs républiques devenues indépendantes, s’ils ont la même conception autoritaire d’un pou- voir gangrené par la corruption, n’ont manifes- tement pas la même autorité sur leurs peuples. Ainsi, cédant à la pression de la rue après avoir tenté de s’accrocher à un pouvoir qu’il exerçait depuis trente ans, le président géorgien démis- sionne le 23 novembre. Il dira qu’il n’avait pas voulu prendre le risque de voir Tbilissi précipité à nouveau dans la guerre civile qui l’avait ensan- glanté entre 1990 et 1994. Mais avait-il le choix ? Contrairement à ce qui s’est passé en Azerbaïd- jan, les fraudes qui ont entaché le scrutin géor- gien n’ont pas suffi à accorder la victoire au parti présidentiel, Pour une Géorgie nouvelle. Crédité de 21,9 % des voix, il pouvait tout juste prétendre au titre de première formation du Parlement. Alors qu’à l’appel de l’opposition, rassemblée derrière Mikhaïl Saakachvili, leader du Mouve- ment national, (19,6 % des voix), la présidente du Parlement sortant Nino Bourjanadze et son pré- décesseur Zourab Jvania, du bloc Bourjanadze- downloadModeText.vue.download 127 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

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Démocrates (8 %) et le Parti travailliste (13 %), des manifestants exigeaient devant le Parlement de Tbilissi la démission de Chevardnadze, celui-ci se rendait le 11 novembre en Adjarie pour obte- nir le soutien d’Aslan Abachidze, chef incontesté de cette région autonome frondeuse. Avec 95 % des voix en Adjarie, le parti d’Abachidze, l’Union pour le renouveau, talonnait le parti présidentiel au niveau national avec 20,2 % des voix. C’est dire qu’Abachidze était un allié précieux autant que dangereux pour Chevardnadze, qui a eu la consolation d’être accueilli en héros par des Adjars, lesquels auraient bien voulu le voir venir en libérateur. Mais ce soutien conjoncturel n’a fait qu’accroître l’impopularité de M. Chevard- nadze, dont ces élections ont réduit le pouvoir comme peau de chagrin. Gangrené par la cor- ruption et autoritaire malgré quelques espaces de liberté, dans les médias notamment, comme l’a montré la campagne électorale, son pouvoir se limitait à Tbilissi, le reste du pays échappant depuis longtemps à son contrôle.

Lâché par les États-Unis Dilapidant de solides atouts, la Géorgie post- communiste a renoué, sous son règne, avec ces traditions féodales qui lui ont causé tant de torts durant son histoire, sous les formes modernes du clanisme et du clientélisme. Por- teur d’immenses espérances, Chevardnadze a été rattrapé par ces travers nationaux et n’a pu mettre au service de son pays son expérience de ministre des Affaires étrangères réformateur de l’URSS. Il doit la survie de son pays, morcelé par les séparatismes de l’Abkhazie et de l’Ossé- tie du Sud, et au bord de l’asphyxie, à la seule aide des États-Unis, mais sa conversion affichée aux principes occidentaux n’a pas vraiment convaincu. Son charisme l’a abandonné et il a eu beau proclamer sa volonté d’intégrer le camp occidental en se portant candidat à l’OTAN, pour nombre de Géorgiens, son passé d’apparatchik du KGB a finalement pris le dessus. Peu à peu lâché par ses alliés américains lassés de finan- cer un régime corrompu, le président géorgien tentera une dernière manoeuvre pour sauver son pouvoir jusqu’aux présidentielles de 2005, date à laquelle doit aussi théoriquement être mis en activité l’oléoduc reliant Bakou au terminal méditerranéen turc de Ceyhan, censé soulager de ses difficultés économiques la Géorgie sur le sol de laquelle il transite. Mais il n’avait plus les moyens d’attendre les retombées de ce pro- jet aussi ambitieux qu’aléatoire, inspiré par les Américains, soucieux de soustraire les richesses pétrolières du bassin de la mer Caspienne au contrôle des Russes. Pensant être toujours en mesure de contrôler le périlleux exercice d’équi- libriste entre les États-Unis, auxquels il a témoi- gné sa loyauté par une contribution militaire symbolique durant la guerre d’Irak, et la Russie à laquelle il doit donner des gages de bon voisi- nage, il s’était tourné vers celle-ci, qui mettait la main en juillet sur le système énergétique sinis- tré de Géorgie en s’engageant à mettre fin aux pénuries d’électricité. Cette ultime ruse ne per- mettra pas au « renard du Caucase » de sauver son pouvoir et épuisera son capital de sympa- thie aux États-Unis. Les Américains se sentiront encouragés à miser sur la nouvelle génération incarnée par Saakachvili, libéral convaincu qui a fait ses classes aux États-Unis, tandis que les Russes pousseront Chevardnadze vers la porte de sortie, prenant ainsi une option, sans trop y croire, sur la Géorgie de demain. Après s’être il- lustré aux yeux du monde comme le tombeur du mur de Berlin, Chevardnadze quitte donc l’his- toire de la Géorgie par la petite porte. C’est peut- être là son dernier titre de gloire : beaucoup veulent croire que son départ, sans effusion de sang, est la meilleure preuve de la démocratisa- tion qu’il se flatte d’avoir engagée en Géorgie. GEORGES CHEVRON

LES PRESSIONS DE LA RUSSIE

Chevardnadze avait désigné l’adhésion à l’OTAN comme un objectif prioritaire, qu’il espérait accessible en 2005. Un objectif ir- réaliste dans ces délais, et qui avait aggra- vé l’état des relations avec la Russie, déjà tendues en raison des menaces de séces- sion de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud, que Moscou est accusé de soutenir, et de la guerre de Tchétchénie, que la Géorgie est accusée d’encourager. La « guerre contre le terrorisme » a changé la donne, en per- mettant aux soldats américains de prendre pied en Géorgie pour aider l’armée à y tra- quer les islamistes. Mais la Russie est tou- jours présente en Géorgie, et elle a pris le contrôle du système énergétique géorgien qu’elle avait contribué à asphyxier. C’est le ministre russe des Affaires étrangères, Igor Ivanov, qui servira de médiateur pour aider Chevardnadze à céder le pouvoir à downloadModeText.vue.download 128 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

126 une nouvelle génération de dirigeants affi- chant très ouvertement leurs sympathies américaines tout en cherchant à ménager la susceptibilité de la Russie.

28

France

Amendement sur l’IVG

Les députés adoptent, en seconde lecture, le projet de loi sur la grande criminalité présenté par le garde des Sceaux, Dominique Perben, avec un amen- dement qui crée un nouveau délit d’« interruption involontaire de grossesse par maladresse, imprudence, inattention, négligence ». Cet amendement de Jean- Paul Garraud (UMP), sous-amendé par le rapporteur, Jean-Luc Warsmann, est voté à l’issue d’un débat ani- mé, l’opposition le considérant comme une atteinte au droit à l’interruption volontaire de grossesse. Le Mouvement français pour le planning familial (MFPF) estime que « cet amendement donnerait insidieuse- ment au foetus le statut juridique de personne, un acte juridique et politique qui pourrait, selon lui, demain, remettre en question le droit à l’avortement ».

29 Irak

Dix victimes parmi les alliés des États-

Unis

Dix personnes – sept agents de renseignement es- pagnols, deux diplomates japonais et un civil colom- bien venant de quatre pays différents –, tous associés aux États-Unis, périssent dans des attaques distinctes. Avant ces dernières disparitions, novembre avait déjà été marqué par la mort au combat de 74 soldats américains, sur un total de 301 depuis le 20 mars, date du premier bombardement sur Bagdad. À ce jour, quelque 12 pays ont perdu des ressortissants en Irak, qu’il s’agisse de civils ou de militaires, de travail- leurs humanitaires ou de journalistes. downloadModeText.vue.download 129 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

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Décembre

1

France

Inondations

Des pluies diluviennes s’abattent sur 19 départe- ments du Sud-Est et du Centre-Est, provoquant des inondations de forte ampleur et entraînant la mort de 5 personnes. Fortement touché, menacé par le Rhône, réceptacle de toutes les rivières gonflées, le département des Bouches-du-Rhône connaît une situation suffisamment grave pour que le préfet déclare avoir mis ses services « sur le pied de guerre » devant les prévisions météorologiques défavorables. Le 7 décembre, c’est au tour de la Loire d’être pla- cée sous haute surveillance, avec un dépassement des cotes d’alerte qui provoquent des inondations dans plusieurs départements, de la Nièvre au Loiret. Il s’agit des principales inondations enregistrées dans le sud-est de la France depuis quinze ans.

Proche-Orient

Plan de paix

Un millier de personnalités participent à Genève au lancement d’un nouveau plan de paix pour le Proche-Orient. Ce « pacte de Genève » est l’oeuvre de deux anciens négociateurs à Taba, l’Israélien Yossi Beilin et le Palestinien Yasser Abed Rabbo. Cette nou- velle proposition, qui contraint les forces politiques israéliennes à examiner d’autres voies de règlement du conflit, est fortement critiquée par le Premier ministre israélien Ariel Sharon. Le mouvement pales- tinien se trouve également divisé par cette initiative, rejetée par le Hamas et le Jihad islamique.

Le pacte de Genève : un plan de paix virtuel pour le Proche-Orient

Le document signé à Genève entre l’Israé- lien Yossi Beilin et le Palestinien Yasser

Abed Rabbo définit, pour la première fois, le cadre détaillé d’une paix possible au

Proche-Orient. Mais il souffre d’un handicap de taille : aucun des deux signataires n’est le représentant légal de son peuple.

C’est un étrange document qui a été rendu public, en présence de nombreuses person- nalités internationales, le 1er décembre à Ge- nève. Signé quelques semaines plus tôt sur les rives de la mer Morte en Jordanie, le « pacte de Genève » revêt tous les atours d’un plan de paix définitif entre Israël et l’Organisation de libéra- tion de la Palestine (OLP). L’accord se fonde sur les « paramètres Clinton » qui avaient présidé aux négociations entre le gouvernement israé- lien d’Ehoud Barak et l’Autorité palestinienne lors des sommets de Camp David (États-Unis), en juillet 2000, et de Taba (Égypte), en janvier 2001. En une cinquantaine de pages, il entend donner une réponse acceptée par les deux par- ties aux trois questions les plus délicates du conflit : les frontières entre Israël et un nouvel État palestinien, le statut de Jérusalem et l’avenir des réfugiés.

Jérusalem, capitale de deux États ?

Le texte prévoit la création d’un État palesti- nien sur la quasi-totalité de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, occupées par Israël depuis la guerre des Six-Jours de 1967. L’État hébreu garderait toutefois quelques gros blocs de colo- nies en Cisjordanie non loin de la « ligne verte » (marquant le cessez-le-feu de 1949) et autour de Jérusalem, cédant en échange un territoire israé- lien de superficie équivalente situé le long de la bande de Gaza. Divisée en deux et protégée par une « force multinationale », la ville de Jérusalem deviendrait la capitale des deux États. À Israël la partie ouest, ainsi que le quartier juif de la vieille ville incluant le mur des Lamentations ; à l’État palestinien la partie est, comprenant l’essen- tiel de la vieille ville et notamment le mont du Temple/esplanade des Mosquées. Sans recon- naître explicitement le « droit au retour » des réfugiés palestiniens, le pacte de Genève pro- pose de leur venir en aide de façon pragmatique. Grâce à la création d’un fonds de compensation, les réfugiés pourraient soit s’installer dans le nouvel État palestinien, soit continuer à habiter dans leur pays de résidence actuel, soit immigrer dans un État tiers demandeur, soit enfin, dans quelques cas isolés et acceptés par Israël, se réinstaller dans leur village d’origine désormais situé en territoire israélien. downloadModeText.vue.download 130 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

128

Tout a commencé en octobre 2001, lorsqu’un professeur suisse de philosophie, Alexis Keller, invite à Genève les deux principaux négocia- teurs de Taba : l’Israélien Yossi Beilin, ancien ministre de la Justice, et le Palestinien Yasser Abed Rabbo, ancien ministre de l’Information. Grâce aux facilités diplomatiques octroyées par le gouvernement suisse et aux subsides accordés par son père banquier, Keller arrive à convaincre les deux hommes de reprendre les discussions. Beilin et Abed Rabbo reçoivent bientôt le soutien discret de l’ancien président de la Knesset, Avraham Burg, de l’ex-leader tra- vailliste israélien Amram Mitzna, du ministre palestinien Qadoura Farès, du député pales- tinien Mohammed Ourani. Les pourparlers durent deux ans.

Timide soutien des États-Unis

La publication de ce plan de paix virtuel inter- vient à un moment stratégique pour Israël. Au pouvoir depuis février 2001, le Premier ministre Ariel Sharon est de plus en plus critiqué. Plu- sieurs généraux de Tsahal ont fait connaître leur réprobation de sa méthode forte employée dans les territoires occupés, et l’ancien chef de la Sécurité intérieure, Ami Ayalon, vient lui aussi de publier une proposition de paix. Surtout, ce sont les options à long terme d’Ariel Sharon qui inquiètent. Comme l’a noté l’universitaire américain Tony Judt dans un article publié en octobre dans la New York Review of Books, l’accroissement démographique palestinien ren- dra les Juifs minoritaires à l’horizon 2010 entre la Méditerranée et le Jourdain. Le gouvernement israélien doit donc choisir : soit il annexe les ter- ritoires occupés et Israël devient un État d’apar- theid, dans lequel une minorité juive domine la majorité palestinienne ; soit il s’en sépare, et Israël peut rester un État à la fois majoritaire- ment juif et démocratique. Mais il reste encore une troisième option, poursuit Tony Judt : Israël annexe les territoires qu’il souhaite en forçant les Palestiniens à partir, par un « nettoyage eth- nique » doux qui placerait durablement l’État hébreu aux marges de la communauté interna- tionale. Telle est la direction que semble avoir prise Ariel Sharon, qui orchestre depuis 2002 la construction d’un « mur de sécurité » en Cisjor- danie, appelé à enfermer 80 % de la population palestinienne dans trois enclaves formant 57 % de ce territoire. Parallèlement, Ariel Sharon s’ac- tive pour tenter de reprendre des négociations avec le nouveau Premier ministre palestinien Ahmed Qoreï.

Le pacte de Genève a été accueilli fraîche- ment par Ariel Sharon, qui a crié à la trahison. Et Yasser Arafat ne lui a apporté qu’un soutien timide. Les réactions internationales sont nette- ment plus enthousiastes. Les pays arabes dans leur ensemble supportent un texte qui reprend l’essentiel des propositions saoudiennes pour la paix publiées en 2002 à Beyrouth. Quant aux pays européens, ils ne tarissent pas d’éloges sur le texte. Mais la réaction des États-Unis est res- tée bien plus énigmatique. L’accord de Genève « peut être utile », a certes jugé le président George W. Bush, mais, à moins d’un an des élec- tions présidentielles, personne à Washington ne semblait avoir pris la décision de s’engager fer- mement derrière cette initiative.

BENJAMIN BIBAS

LA DÉCLARATION AYALONNUSSEIBEH

Le 25 juin, Ami Ayalon, ancien chef du Shin Bet (service de sécurité intérieure israélien), et Sari Nusseibeh, président de l’université Al-Qods de Jérusalem, ont lancé une campagne civile pour la paix in- titulée « La voix du peuple ». Leur but est de récolter plus d’un million de signatures de citoyens israéliens et palestiniens, au- tour d’une déclaration d’intention en six points : deux États pour deux peuples, Jérusalem capitale de deux États, fron- tières fondées sur la « ligne verte », droit au retour des réfugiés palestiniens dans un État palestinien démilitarisé, dès lors fin du conflit entre les deux peuples. À la mi-novembre, le texte comptait 118 000 si- gnatures israéliennes et 65 000 signatures palestiniennes.

2 France-États-Unis

Désaccord sur Executive Life

Le gouvernement français décide de ne pas signer d’accord avec la justice fédérale américaine dans l’affaire Executive Life, faute d’être parvenu à un accord global tel qu’il le souhaitait, incluant en par- ticulier François Pinault. Le ministre des Finances, downloadModeText.vue.download 131 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

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Francis Mer, estime que « malgré tous les efforts dé- ployés depuis plusieurs semaines, il n’a pas encore été possible d’aboutir à un accord répondant aux objectifs fixés par le gouvernement ». Le Crédit Lyonnais est soupçonné d’avoir organisé au début des années 1990, alors qu’il était une banque publique, le ra- chat de la compagnie d’assurances californienne en faillite Executive Life de façon illégale, par l’intermé- diaire de la mutuelle d’assurances MAAF. Par la suite, Artémis, holding de M. Pinault, a racheté 67 % de la compagnie, rebaptisée Aurora. Après deux mois de discussions, les négociations entre la France et la justice californienne ont échoué, Paris refusant une nouvelle fois de signer un accord excluant MM. Pi- nault et Peyrelevade. En l’absence d’un accord de dernière minute, les procureurs californiens pour- raient lancer une procédure pénale, qui s’ouvrirait à un moment délicat des relations entre Paris et Washington.

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France-Tunisie

Visite officielle de J. Chirac en Tunisie

À l’issue de sa visite officielle, Jacques Chirac salue les progrès accomplis par la Tunisie et les transfor- mations qu’elle a assumées et qui lui ont assuré la stabilité. Ainsi, le chef de l’État français a souligné « les efforts engagés et poursuivis par les autorités tu- nisiennes pour la modernisation de la Tunisie et pour la formation de sa jeunesse et de ses élites ». Jacques Chirac s’est également félicité des accords signés à l’occasion de sa visite, notant qu’ils constituent des « pas supplémentaires » pour le renforcement de la coopération bilatérale. Il s’agit, a-t-il indiqué, d’un accord sur la coopération dans le domaine touristique et de deux conventions pour le finan- cement par l’Agence française de développement d’un programme d’alimentation en eau potable en milieu rural et d’un programme national de réha- bilitation des quartiers populaires, les deux pour un montant global de 73 millions d’euros. Il a fait état également d’un accord à caractère consulaire et social concernant les échanges de jeunes pro- fessionnels et le service national pour les doubles nationaux français et tunisiens, ainsi que d’une convention bilatérale de sécurité sociale et de la mise à la disposition de la Tunisie d’une nouvelle facilité céréalière. Pour autant, c’est moins la liste des projets communs que les déclarations du pré- sident français sur les libertés qui aura marqué sa visite officielle. En déclarant que « le premier des droits de l’homme, c’est manger, être soigné, recevoir une éducation et avoir un habitat » et, que de ce point de vue, « la Tunisie est très en avance sur beau- coup de pays », le président français a suscité des remous, aussi bien en Tunisie qu’en France.

5

Russie

Attentat

Au moins trente-six personnes trouvent la mort et une centaine d’autres sont blessées lors d’un atten- tat suicide commis dans un train à destination de Minéralni Vodi, près de la ville d’Essentouki, dans la région de Stavropol, au nord-ouest de la Tchétché- nie. Cet attentat à l’explosif, qui a quasiment pul- vérisé un wagon de chemin de fer, survient deux jours avant les élections législatives qui doivent se tenir dans toute la Russie, le 7 décembre. Selon le ministère de l’Intérieur, il s’agit d’un attentat suicide commis par une femme kamikaze. De son côté, le parquet régional évoque un attentat commis par un homme. La chaîne de télévision russe RTR émet, pour sa part, l’hypothèse d’un engin explosif placé sous un wagon et télécommandé à distance. La même chaîne indique toutefois que, selon des témoins, deux personnes ont sauté du train peu avant l’explosion.

France

Retrait de l’amendement sur l’IVG

Après une semaine de vive polémique, le garde des Sceaux, Dominique Perben, annonce que l’amende- ment Garraud créant un délit d’interruption involon- taire de grossesse (IIG) est écarté. Le texte du député (UMP) de la Gironde Michel Garraud, qui a soulevé une tempête politique après son adoption à l’Assem- blée nationale le 27 novembre, lors de l’examen en deuxième lecture du projet de loi sur la criminalité, « pose plus de problèmes qu’il n’en règle, même s’il traite une vraie question qui est celle des violences faites aux femmes », souligne le garde des sceaux. L’amende- ment prévoyait de punir d’un an de prison et de 15 000 euros d’amende une interruption de gros- sesse provoquée par « une maladresse, une impru- downloadModeText.vue.download 132 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

130 dence, une inattention, une négligence ou un manque- ment à une obligation de sécurité ».

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Italie

Manifestation contre la réforme des retraites

À l’appel des trois principales centrales syndicales – la CGIL (à majorité communiste), la CISL (catho- lique) et l’UIL (socialiste) –, des centaines de milliers de personnes défilent dans les rues de Rome pour exiger du gouvernement de Silvio Berlusconi qu’il renonce à son projet de réforme des retraites. Ce dernier prévoit notamment d’augmenter la durée de cotisation nécessaire pour partir à la retraite. Si le pro- jet est adopté, à partir de 2008, il faudra justifier de quarante annuités ou être âgé de soixante-cinq ans (pour les hommes) et soixante ans (pour les femmes) pour avoir droit à un régime de retraite à taux plein. Actuellement, la loi permet de cesser le travail à cin- quante-sept ans avec trente-cinq ans de cotisation.

France

Manifestation des chômeurs

Quelque 5 000 chômeurs manifestent à Paris. C’est le plus grand défilé depuis la fin des années 1990 et la bataille pour la prime de Noël. Des centaines d’autres demandeurs d’emploi sont également descendus dans la rue en province, notamment à Toulouse, Gre- noble et Marseille. La baisse générale de l’indemnisa- tion qui doit entrer en vigueur à partir du 1er janvier 2004 explique le regain de mobilisation.

Les mesures décidées par le gouvernement et les partenaires sociaux touchent aussi bien les chô- meurs dits « en fin de droit » que ceux qui ont signé un pacte de retour à l’emploi en 2001-2002.

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Russie

Poutine, majoritaire à la Douma Les électeurs russes ont voté, comme le prévoyaient tous les sondages, pour le parti Edinaïa Rossia (Russie unie), le nouveau parti du pouvoir, créé par et pour le président Vladimir Poutine. Les communistes sont les grands perdants de ce scrutin avec 15 % des suf- frages. Ils paient notamment la stratégie déployée par la formation nationaliste de gauche, Rodina, qui a vu le jour quatre mois seulement avant la consul- tation dans le dessein de séduire l’électorat commu- niste. Avec 11 % des voix, Rodina (la Patrie) fait jeu égal avec le parti d’extrême droite (LDRP) de Vladimir Jirinovski. Disposant de la majorité à la Douma, le chef de l’État est en situation d’affronter avec séré- nité la prochaine élection présidentielle qui doit se dérouler le 14 mars 2004.

Antilles

Rejet du projet de collectivité locale

Les électeurs guadeloupéens et martiniquais re- fusent d’entériner le projet de collectivité territoriale unique. Le référendum organisé par le gouverne- ment, en application de la révision constitutionnelle liée à la décentralisation, se solde par un double refus : 72,98 % de « non » en Guadeloupe, 50,48 % en Martinique. Ce résultat est un désaveu pour les élus locaux, notamment en Guadeloupe où Mme Michaux- Chevry (UMP) avait mené campagne pour le « oui ».

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Zimbabwe

Rupture d’avec le Commonwealth

Le président Robert Mugabe annonce que le Zim- babwe se retire du Commonwealth. Une prise de position qui intervient alors que le Commonwealth a décidé de prolonger indéfiniment la suspension de l’ex-Rhodésie de l’organisation. Le Zimbabwe avait été écarté du Commonwealth après la réélection contestée du président Mugabe en mars 2002.

Un vote de routine pour Poutine

C’est sans surprise que le parti du président

Vladimir Poutine, Russie unie, a remporté une large victoire aux élections législatives du 7 décembre, qui lui assure une majorité absolue à la Douma.

Un scrutin sans surprise, donc. Si les commu- nistes apparaissent en net recul, ils repré- sentent toutefois la seule véritable opposition, les libéraux n’ayant pu avoir accès à la Douma. Couronnant une campagne aux accents natio- nalistes, sur fond de guerre contre le terrorisme tchétchène, puis contre les oligarques, cette vic- downloadModeText.vue.download 133 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

131 toire permet à Poutine d’aborder avec sérénité les présidentielles de mars 2004 et confirme la dérive autoritaire du pouvoir en Russie.

80 % d’opinions favorables

C’est peu d’écrire que la personnalité du pré- sident Poutine aura été déterminante dans la victoire de son parti, Russie unie, principale for- mation désormais d’une Douma monolithique acquise dans sa grande majorité au maître du Kremlin. Au zénith de sa popularité, avec plus de 80 % d’opinions favorables selon les sondages, le président russe est en effet le seul véritable vainqueur de ce scrutin législatif, le quatrième de l’ère post-soviétique, qui, pour la première fois, octroie au Kremlin une majorité constitu- tionnelle lui permettant d’exercer son contrôle absolu sur la Douma. Au point que la question qui se pose désormais est moins celle d’un deu- xième mandat de Poutine, quasi assuré, que celle d’un troisième, auquel il pourrait postuler à l’horizon 2008 pour peu qu’il modifie la Consti- tution à cet effet. M. Poutine en a les moyens, et Russie unie, née de l’alliance de petites for- mations centristes juste avant les précédentes législatives de 1999, ne peut les refuser à celui sans lequel elle n’existerait sans doute pas. C’est à l’image de force incarnée par Poutine que cette formation doit d’avoir fait sa percée à la Douma, en recueillant 36,7 % des voix au scrutin de liste proportionnel, qui détermine la moitié des sièges de la Chambre basse. Habile tacticien, toujours soucieux du culte de sa personnalité, qui ne saurait se compromettre sous une seule étiquette politique ni même avec un gouverne- ment dont il prend soin de se désolidariser, l’uti- lisant volontiers comme le bouc émissaire des promesses non tenues, Poutine avait joué une carte tout aussi nationaliste, en encourageant la promotion d’un autre parti, Rodina (Patrie), qui a créé la surprise en obtenant 9 % des voix. Une telle orientation ne pouvait que profiter au LDPR (Parti libéral démocrate de Russie) du trublion populiste et ultranationaliste Vladimir Jirinovski, qui se refait une santé en obtenant 11,8 % des voix, soit deux fois plus qu’en 1999, et devient la troisième formation de la Douma, juste derrière le Parti communiste (KPRF), en net recul. Avec 12,7 % des voix, le parti de Guennady Ziouganov incarne désormais seul à la Douma une opposition qui n’a plus qu’une poignée de représentants « libéraux », démocratiques et pro-occidentaux, le parti labloko de Gregory

Iavlinsky et l’Union des forces de droite (SPS) de Boris Nemtsov, laminés, n’ayant pu atteindre la barre des 5 % donnant accès à la Chambre basse.

Un nationalisme de guerre

Le Parti communiste est donc le grand perdant d’un scrutin qui a pourtant confirmé la nostalgie de l’électorat russe pour un empire soviétique défunt dont il se proclame l’héritier idéolo- gique, militant à ce titre pour sa reconstitution. Mais s’il s’est reconverti au nationalisme, au prix parfois de compromissions dans des alliances « brun rouge », le PC reste attaché à une idéo- logie marxiste-léniniste qui ne fait guère recette dans une société russe où le débat politique est d’une manière générale frappé de discrédit. Les communistes, enfin, n’ont pas échappé à la règle qui préside aux moeurs politiques russes, et, en se laissant tenter eux aussi par des alliances conjoncturelles avec les milieux d’affaires, ils ont brouillé un peu plus leur image. Élevé à l’école du KGB, le président Poutine et ses partisans étaient mieux à même de gérer ce fonds de com- merce nationaliste, dépouillé de ses oripeaux idéologiques, qui reprenait sans vergogne les attributs de l’empire soviétique, à commencer par l’hymne national, réhabilité en 2000. Pour parvenir à ses fins, le président Poutine dispose de toutes les ressources de l’administration, ces fameuses « ressources administratives », for- mule elliptique qualifiant les abus de pouvoir qui lui ont permis de renforcer son emprise sur une scène politique prenant l’allure d’un vaste champ de bataille. Se donnant pour mission de restituer son honneur et sa dignité à une Rus- sie trop longtemps humiliée depuis la chute de l’URSS, et adulé pour cela par une grande partie de la population malgré les difficultés écono- miques, Poutine exerce le pouvoir comme un général commande ses troupes. Les précédentes législatives avaient été remportées sur la pro- messe de venir à bout des rebelles tchétchènes ; malgré le simulacre d’élections qui ont placé au pouvoir à Groznyï un fidèle du Kremlin en octobre, la promesse n’a pas été tenue si l’on en juge à la recrudescence des attentats attribués aux kamikazes tchétchènes. Mais le président russe, fort de la caution internationale pour une guerre contre le terrorisme dont il se proclame le précurseur, est passé à une autre guerre, visant à mettre au pas cette fois les oligarques russes dont la toute-puissance financière et les ambitions politiques persistantes menaçaient la downloadModeText.vue.download 134 sur 370 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

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« verticale du pouvoir » exaltée par le Kremlin. Entre-temps, le Kremlin avait mené une autre guerre contre les médias indépendants, s’assu- rant le contrôle du processus électoral. Consta- tant l’usage intensif de l’appareil d’État et le favoritisme des médias ayant permis la victoire du parti présidentiel, les observateurs de l’OSCE chargés de superviser le scrutin dénonceront une « régression » de la démocratie. Défendant l’honneur blessé de la patrie, Poutine y verra au contraire « un nouveau pas dans le renforce- ment de la démocratie en Russie ».

GEORGES CHEVRON

UNE GUERRE CONTRE LES OLIGARQUES

Après s’être servi des magnats de la finance russe à l’origine d’un capitalisme sau- vage créateur de richesses et, surtout, de grandes fortunes, Poutine s’est attaché à juguler leurs ambitions politiques. D’abord en s’en prenant aux médias contrôlés par des oligarques qui les utilisaient pour dé- fier le Kremlin, puis en s’attaquant directe- ment à ces patrons d’industrie qui doivent leur puissance aux privatisations de l’ère Eltsine, dont la nouvelle classe dirigeante n’a obtenu que les miettes. L’homme le plus riche de Russie, Mikhaïl Khodorkov- ski, patron de la compagnie pétrolière Ioukos, paiera de sa liberté l’audace de s’être opposé à Poutine en finançant les libéraux. Incarcéré le 25 octobre, il démis- sionne depuis sa cellule de la présidence de Ioukos.

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Russie

Attentat meurtrier à Moscou

Moins de 48 heures après les élections législatives remportées par Russie unie, le parti du président Vladimir Poutine, Moscou est le théâtre d’un attentat suicide qui fait six morts – dont une femme kami- kaze – et 14 blessés. Les autorités russes attribuent cet attentat, qui visait selon elles la Douma, aux indé- pendantistes qui luttent depuis plus de quatre ans contre les troupes fédérales en Tchétchénie, alors que le chef de guerre, Chamil Bassaïev, a constitué un bataillon de « femmes martyres ». 11

France

Remise officielle du rapport de la commission sur la laïcité

Le médiateur de la République, Bernard Stasi, remet à Jacques Chirac le rapport de la commission sur la laïcité, dont le chef de l’État lui avait confié la prési- dence lors de l’installation de cette commission en juillet, en pleine polémique sur le voile islamique. En soulignant, le 21 octobre à Valenciennes, que « la laïcité n’est pas négociable », le président de la République avait indiqué attendre de la commis- sion « des propositions concrètes ». « J’en tirerai toutes les conséquences, en ayant recours, s’il le faut, à la loi », avait-il alors ajouté. Une loi rendue nécessaire, selon ses partisans, par les entorses aux règles de liberté et de tolérance dans l’espace public et particulière- ment à l’école, lieu essentiel de formation des jeunes de toutes croyances et de toutes origines. Dans son rapport, la Commission propose l’adoption d’une loi interdisant les signes religieux « ostensibles ». Cette loi prohiberait dans les écoles, collèges et lycées publics « les tenues et signes manifestant une appar- tenance religieuse ou politique ». Les signes religieux visés sont « les signes ostensibles tels que grande croix, voile et kippa », précise le texte, qui ajoute que les « signes discrets » (médailles, petites croix, étoiles de David, mains de Fatima, petits Corans) ne sont pas concernés. Parallèlement, la commission propose de décréter les fêtes juive de Kippour et musulmane de l’Aïd el-Kebir jours fériés dans toutes les « écoles de la République ». La loi interdirait également aux usagers des hôpitaux de « récuser du personnel soignant » et leur rappellerait le « respect des règles d’hygiène et de santé publique ».

13

Irak

Capture de Saddam Hussein

À 20 heures (heure locale), Saddam Hussein est cap- turé lors de l’opération « Aube rouge » lancée par une force de 600 hommes de la 4e division d’infanterie et des forces spéciales. C’est dans un « trou à rats », à côté d’une ferme située non loin de la ville d’Al- downloadModeText.vue.download 135 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

133

Daour, au sud de Takrit, que l’homme le plus recher- ché par les États-Unis, avec Oussama ben Laden, a été retrouvé. Un taxi rouge et blanc attendait à proxi- mité de la cachette où ont été trouvés deux kalach- nikovs, un pistolet et une somme de 750 000 dollars. L’arrestation s’est déroulée « sans qu’un seul coup de feu ne soit tiré : il n’y a eu aucune blessure », a déclaré le général Ricardo Sanchez, qui commande les forces américaines en Irak. « Il s’est montré coopératif pendant son arrestation et son examen médical. Il a montré qu’il est en bonne santé », a ajouté le général. L’arrestation de Saddam Hussein porte un coup dur à ses fidèles, notamment les Fedayin de Saddam. Ces derniers, soupçonnés de nombre d’opérations de guérilla contre les troupes de la coalition, n’avaient aucune autre stratégie que celle de son retour au pouvoir et de la restauration du régime. Vue de la Maison- Blanche, l’arrestation de Saddam Hussein, qui devrait à terme affaiblir la guérilla et la crainte qu’elle inspire dans la population irakienne, change brutalement la donne. Peu importe qu’on n’ait pas trouvé d’armes de destruction massive en Irak : pour une grande majorité des Américains, la capture de Saddam Hus- sein, ennemi de l’Amérique, suffit à valider la décision prise par Bush de partir en guerre.

Union européenne

Échec de la Constitution

La Conférence intergouvernementale (CIG), censée adopter le projet de Constitution peaufiné par Valéry Giscard d’Estaing et ses 104 conventionnels, tourne court, la Pologne et l’Espagne persistant à refuser la nouvelle répartition du pouvoir prévue au sein de la grande Europe. Le premier sommet de l’Union à 25 se solde donc par un échec, le double veto de l’Es- pagne et de la Pologne arrêtant net le processus d’in- tégration communautaire. C’est la première fois dans l’histoire de l’Union, vieille de plus de cinquante ans, que les États se séparent sur un tel constat d’échec. Ni Varsovie ni Madrid n’ont voulu réduire le pouvoir de blocage qu’ils ont acquis avec le traité de Nice de décembre 2000. Toute négociation sur le système de vote à 25 s’est révélée impossible : relever les seuils de la majorité qualifiée proposés dans le projet de Constitution (50 % des pays représentant 60 % de la population) aurait « mutilé » l’oeuvre de la Convention européenne, selon le mot de Valéry Giscard d’Estaing, puisque cela aurait rendu plus difficile la prise de dé- cision dans une Europe élargie. Paradoxalement, en se montrant inflexibles, l’Espagne et la Pologne ont renforcé le camp des opposants à l’élargissement en faisant la preuve qu’à vingt-cinq le compromis de- vient difficile, si ce n’est impossible. Le couple franco- allemand, même solidement uni, ne possède plus la capacité de forcer une décision, ce qui laisse l’Europe sans moteur.

14 Handball

Les Françaises, championnes du monde Quatre ans après leur échec face à la Norvège, les Françaises deviennent championnes du monde à Zagreb en battant la Hongrie sur le score de 32 à 29 après prolongations. Au terme d’un match excep- tionnel d’intensité, les « Bleues » ont effacé un écart de sept buts en l’espace de huit minutes pour arra- cher la prolongation sur un penalty de Leïla Lejeune.

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Haïti

Manifestations contre le président

Aristide

Le mouvement de colère qui s’est emparé des Haï- tiens depuis l’automne prend une ampleur sans précédent avec l’organisation d’une grande mani- festation dans les rues de Port-au-Prince, dirigée contre le président Jean-Bertrand Aristide. Ce dernier apparaît de plus en plus isolé, la répression dont il a fait grand usage jusqu’ici ne semblant plus à même de contenir ceux qui, toujours plus nombreux, récla- ment le départ d’un président déclaré « hors-la-loi » par une coalition d’organisations socioprofession- nelles. Pour la plupart des Haïtiens, le point de non- retour a été atteint le 5 décembre lorsqu’un groupe de « chimères », les hommes de main armés recrutés par le pouvoir dans les bidonvilles, a violemment attaqué la faculté des sciences humaines où les étu- diants manifestaient pacifiquement. Une trentaine de personnes ont été blessées, dont le recteur de l’université d’État d’Haïti, Pierre-Marie Paquiot, qui a eu les jambes brisées à coup de barres de fer. Des journalistes ont été agressés et les locaux de l’univer- sité saccagés.

D’une rare violence, l’assaut contre les étudiants a entraîné des démissions en série, dont celle de la ministre de l’Éducation nationale, Marie-Carmel Paul- Austin, de la ministre du Tourisme, Martine Deverson, de l’ambassadeur d’Haïti en République dominicaine, Guy Alexandre, et enfin du directeur général du mi- downloadModeText.vue.download 136 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

134 nistère de la Santé publique, le docteur Charles-Emile Hérard. Deux influents sénateurs de la Famille Lava- las, le parti présidentiel, dont l’ancien officier Dany Toussaint, ont choisi de rejoindre l’opposition. 17

France

M. Chirac prône le « sursaut républicain »

Six jours après la remise du rapport de la commis- sion Stasi, le chef de l’État défend, au cours d’une allocution de 35 minutes prononcée à l’Élysée devant quelque 400 personnes, le principe d’une loi inter- disant le port de signes religieux « ostensibles » dans les établissements scolaires. Concernant la loi sur les signes religieux à l’école, M. Chirac « estime que le port de tenues ou de signes qui manifestent ostensible- ment l’appartenance religieuse doit être proscrit dans les écoles, les collèges et les lycées publics ». « Les signes dis- crets, par exemple une croix, une étoile de David, ou une main de Fatima, resteront naturellement possibles. » « En revanche, les signes ostensibles ne seront pas admis. Le voile islamique, la kippa ou une croix de dimension mani- festement excessive n’ont pas leur place dans les enceintes des écoles publiques. » « Pour cela, une loi est nécessaire. [...] Je souhaite qu’elle soit pleinement mise en oeuvre dès la rentrée prochaine. » Sur les jours fériés juif et musul- man à l’école, le chef de l’État ne croit pas « qu’il faille ajouter de nouveaux jours fériés au calendrier scolaire, qui en compte déjà beaucoup. » Au sujet de l’enseignement du fait religieux à l’école, estimant que « le respect, la tolérance, l’esprit de dialogue s’enracineront avec la connaissance et la compréhension de l’autre », M. Chirac ajoute : « Il me paraît aujourd’hui primordial de dévelop- per l’enseignement du fait religieux à l’école. » Le service public est également concerné : « Nous devons réaffir- mer avec force la neutralité et la laïcité du service public. » Un « code de la laïcité » sera remis « à tous les fonction- naires et agents publics le jour de leur entrée en fonction ». « À l’hôpital, rien ne saurait justifier qu’un patient refuse, par principe, de se faire soigner par un médecin de l’autre sexe. Il faudra qu’une loi vienne consacrer cette règle pour tous les malades qui s’adressent au service public. » Après avoir rappelé que « l’égalité des chances a de tout temps été le combat de la République », le président déclare que, « en matière de droit des femmes, notre société a encore beaucoup de progrès à faire. La nouvelle frontière de la parité, c’est désormais l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. [...] Je compte m’y engager per- sonnellement dans les prochaines semaines. » Plus large- ment, M. Chirac annonce la création d’un observatoire de la laïcité « chargé d’alerter les Français et les pouvoirs publics sur les risques de dérive ou d’atteinte à ce principe essentiel. » Enfin, « une autorité indépendante chargée de lutter contre toutes les formes de discrimination sera ins- tallée dès le début 2004 ».

Parmi l’auditoire, on aura notamment remarqué la présence de neuf ministres, de quelques chefs de parti, dont Marie-George Buffet pour le PCF – mais ni le socialiste François Hollande ni l’UDF François Bayrou –, et celle des membres des commissions et missions en tout genre qui ont planché sur la laïcité. Les autorités éducatives, syndicales, hospitalières et religieuses – dont Dalil Boubakeur, président du CFCM et seul représentant des musulmans – ont également pris place dans la salle des fêtes de l’Élysée. Un texte devrait être adopté selon la procédure d’urgence, en janvier ou en février, afin d’être appliqué à la rentrée de septembre 2004.

22

France

Le Queen Mary 2 quitte Saint-Nazaire À peine deux ans après sa mise en construction par les chantiers de l’Atlantique, le Queen Mary 2 fait route vers le port de Vigo (Espagne). Il y restera à quai 24 heures, avant de mettre le cap sur son futur port d’attache, Southampton, où il est attendu le 27 décembre au matin. L’objectif de la Cunard, son propriétaire, est d’accoutumer l’équipage à la navigation, en profitant des conditions de mer du golfe de Gascogne en hiver. Ensuite, et jusqu’au 12 janvier, le paquebot ne fera plus que « quelques ronds dans l’eau » jusqu’à ce que la reine Élisabeth II le baptise le 8 janvier. Alors que la ville de Saint-Nazaire et les Chantiers de l’Atlantique envisageaient une fête à la dimension de ce vaisseau – le plus grand du monde –, ils ont finalement opté pour une cérémonie sobre et solennelle, un peu plus d’un mois après la chute d’une passerelle d’accès, qui a fait 15 morts et 28 blessés. La ville, meurtrie par ce drame, n’en est pas moins fière de montrer, avec Queen Mary 2, qu’elle garde le savoir-faire qui lui a permis de construire le Normandie et le France. D’ail- leurs, pas moins de 36 000 personnes – souvent des ouvriers, des anciens « compagnons » et des membres de leurs familles – se sont inscrites pour visiter le navire au cours du week-end du 20 et 21 décembre.

Libye

Transparence nucléaire

Le Premier ministre libyen Choukri Ghanem annonce que son pays est prêt à signer le protocole additionnel downloadModeText.vue.download 137 sur 370

CHRONOLOGIES ET ANALYSES

135 au Traité de non-prolifération nucléaire (TNP). Inter- rogé pour savoir si son pays allait signer ce protocole, qui autorise notamment des visites surprises des ins- pecteurs des Nations unies sur des sites nucléaires, M. Ghanem a répondu par l’affirmative : « Nous adhé- rons à notre engagement envers l’Agence internationale pour l’énergie atomique et avons l’intention d’obéir à ses règlements et d’honorer nos engagements, quels qu’ils soient. » La Libye a pris le monde par surprise en annon- çant qu’elle renonçait à tout programme d’armes de destruction massive (ADM), alors qu’elle avait toujours assuré qu’elle n’en possédait pas. Le 20 décembre, des responsables libyens ont rencontré à Vienne le direc- teur général de l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA), Mohamed el-Baradei, pour discuter de ces programmes d’ADM.

Football

Nedved, 48e Ballon d’Or

Plébiscité par un jury de journalistes européens, Pavel Nedved succède au Brésilien Ronaldo. Avec 190 points récoltés, le Tchèque de la Juventus de Turin devance l’attaquant des Gunners, Thierry Henry (128 points), et le défenseur italien du Milan AC, Pa- olo Maldini (123 points). Le millésime 2003 du Ballon d’Or fera date dans l’histoire de l’institution puisqu’il a un petit peu échappé à la tradition. D’habitude, le critère majeur retenu pour décrocher le trophée est l’obtention d’un titre majeur. L’année de leur plé- biscite, Ronaldo (2002) et Zidane (1998) avaient été champions du monde. Pour sa part, Sammer (Ballon d’Or en 1996) avait été champion d’Europe. Quant à Michael Owen (2001), il avait soulevé avec Liver- pool cinq coupes dans la même saison, dont l’UEFA et la coupe d’Angleterre. Quoi qu’il en soit, l’ancien stratège du Sparta Prague et de la Lazio aura ample- ment mérité cette distinction, lui qui a contribué de façon décisive à la belle campagne de la République tchèque lors des éliminatoires de l’Euro 2004.

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Proche-Orient

Violences meurtrières dans la bande de

Gaza

Huit Palestiniens trouvent la mort lors d’une incur- sion de l’armée israélienne à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, selon des sources sécuritaires et médicales palestiniennes. Ce décès porte à 3 666 le nombre de personnes tuées depuis le début de l’Intifada, à la fin du mois de septembre 2000, dont

2 743 Palestiniens et 856 Israéliens. Une vingtaine d’autres Palestiniens ont été blessés lors de l’incur- sion israélienne. Un porte-parole de l’armée israé- lienne affirme que cette incursion visait à « détruire des tunnels reliant la bande de Gaza à l’Égypte et utilisés pour la contrebande d’armes ». « Nous avons découvert 40 tunnels de ce genre depuis le début de l’année », a ajouté le porte-parole. Le 13 octobre, le chef de la diplomatie égyptienne, Ahmed Maher, avait rejeté comme « futiles et périmées » les accusations d’Israël selon lesquelles la contrebande d’armes passait par l’Égypte. L’opération à Rafah est intervenue quelques heures après une attaque palestinienne au cours de laquelle deux officiers israéliens, ainsi que deux assaillants palestiniens, ont été tués dans la bande de Gaza.

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France

Air France suspend des vols vers les

États-Unis

Le gouvernement français, saisi par les autorités amé- ricaines qui ont fait part de « risques d’attentats », dé- cide d’annuler six vols d’Air France assurant la liaison entre Paris et Los Angeles. Le lendemain, l’entourage du Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, fait valoir que « la menace sur l’aérien » et, en particulier, sur les vols annulés était « très forte » durant les fêtes de fin d’année. Matignon précise que les vols ont « dû être annulés en raison d’un faisceau de renseignements quant à des menaces terroristes ». Finalement, les vols d’Air France reprennent le 26, non sans que les listes des voyageurs n’aient été vérifiées de près par les enquêteurs français. Selon des sources policières, « aucun élément matériel ou humain – si infime serait- il – n’a été découvert. Il n’y a eu aucune garde à vue, aucune interpellation, aucune saisie opérée ».

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Pakistan

Attentat manqué contre le président

Le président pakistanais Pervez Musharraf échappe miraculeusement à Rawalpindi à un attentat sui- cide qui fait sept morts et 17 blessés, dont plusieurs policiers. Allié des États-Unis dans leur lutte contre le régime des talibans afghans, le général-président a déjà été la cible de deux attentats, en avril 2002 et downloadModeText.vue.download 138 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

136 le 14 décembre 2003. Les conséquences de la dispa- rition du président Musharraf – cible des islamistes radicaux qui lui reprochent son alignement sur les États-Unis – sont prises très au sérieux à Washing- ton, où l’on estime que le chef de l’État pakistanais est le dernier rempart qui empêche les islamistes de mettre la main sur l’arme nucléaire. En effet, la Maison-Blanche craint que les deux hommes qui succéderaient à M. Musharraf (le président du Sénat, Mohammed Soomro, et le chef d’état-major adjoint, le général Mohammed Yusuf) ne soient politique- ment faibles.

Proche-Orient

Violences

Un attentat suicide fait quatre morts à Petah Tikva, près de Tel-Aviv. Moins d’une demi-heure aupara- vant, un raid israélien dans la bande de Gaza avait coûté la vie à cinq personnes, dont Mekled Hmaid, le chef de la branche militaire du Djihad islamique palestinien. Le gouvernement israélien a dit que l’attentat suicide perpétré sur une autoroute non loin de Tel Aviv, le premier de cette gravité depuis près de trois mois, montrait que les Palestiniens restaient prêts à frapper au coeur de l’État juif. Pour sa part, le Premier ministre palestinien Ahmed Koreï condamne « cette phase de violence et de contre-violence », enga- geant les deux parties à observer un cessez-le-feu immédiat afin de relancer la « feuille de route » du Quartet international (États-Unis, Union européenne, Russie, Nations unies). Mais des activistes palestiniens annoncent des représailles sanglantes après la mort de Mekled Hmaid.

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Iran

Séisme meurtrier

La ville de Bam, située dans le Sud-Est iranien à quelque 1 100 km de Téhéran, est le théâtre d’un séisme de forte amplitude. La ville est détruite à 70 % et le nombre des victimes s’élève à environ 30 000 personnes. Des équipes de secours sont ar- rivées à Bam en provenance de Suisse, de Grande- Bretagne de Turquie, d’Italie, du Luxembourg, d’Azerbaïdjan, d’Espagne, de France, d’Ukraine et de Pologne. Les États-Unis ont offert leur aide, qui a été acceptée par les autorités iraniennes. L’Iran se trouve dans une région exposée à un danger sismique quasi permanent. L’ancienne Perse a connu de tout temps de terribles catastrophes : 30 000 victimes en 1641, 8 000 entre 1926 et 1950, 25 000 morts en 1978, quelque 1 100 et 1 600 morts respectivement en février et en mai 1997. Le tremblement de terre le plus meurtrier (40 000 morts) a eu lieu en juin 1990 dans les provinces de Ghilan et de Zandjan (au nord). D’une magnitude de 7,3 sur l’échelle de Richter, il avait dévasté en quelques secondes 2 100 km 2 com- prenant 27 villes et 1 871 villages.

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Serbie Poussée électorale des nationalistes

Les élections législatives anticipées voient la victoire du Parti radical (SRS), qui, avec 27,5 % des voix, de- vance le Parti démocratique de Serbie (DDS) de Vojis- lav Kostunica. Bien qu’il n’ait pas obtenu la majorité absolue, le SRS se pose d’emblée comme une force incontournable. De fait, comme le souligne son lea- der, Tomislav Nikolic, « personne ne pourra rien décider sans nous ». Pourtant, ni le DSS ni le Parti démocra- tique (DS, au pouvoir) n’envisageaient, au lendemain de la proclamation des résultats, une alliance avec les ultranationalistes du SRS. downloadModeText.vue.download 139 sur 370

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Dossiers Art et Culture downloadModeText.vue.download 140 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

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Pour la première fois depuis sa création, le 7 avril 1948, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a lancé une alerte sanitaire mondiale. Une procédure exceptionnelle justifiée par l’émergence d’une nouvelle maladie.

Sras, la planète en alerte PAUL BENKIMOUN JOURNALISTE AU Monde

Le 12 mars 2003, l’institution internationale a eu recours à cette procédure excep- tionnelle pour signaler « une forme grave et atypique de pneumonie au Viêt Nam, à Hongkong et dans la province de Canton, en Chine ». La maladie émergente que le monde va bientôt connaître sous le sigle Sras (pour « Syndrome res- piratoire aigu sévère ») s’est répandue en quelques semaines à travers la planète par le truchement des voyages aériens. La flambée épidémique aura atteint 8 098 personnes, dont 1 707 membres des person- nels soignants (21 %), et fait 774 décès, dont 349 en Chine, 299 à Hongkong, 43 au Canada et 37 à Taïwan.

● Le « cas zéro »

1 707 victimes, dont 349 en Chine, 229 à

Hongkong Quatre mois après le lancement de l’alerte, le 5 juillet 2003, l’OMS déclarait interrompue la chaîne de trans- mission interhumaine du Sras. Durant cet intervalle, l’agent de la maladie, un membre jusqu’ici inconnu de la famille des coronavirus, aura été identifié et des tests de confirmation du diagnostic mis au point. Un délai court qui s’explique par la coopération interna- tionale sans précédent contre la première nouvelle épidémie à l’âge de l’Internet. Tout commence vers la fin de l’année 2002 dans le sud de la Chine, dans la ville de Foshan, à 25 km au sud de la capitale de la province du Guangdong. Un homme d’affaires de quarante ans, dont l’activité professionnelle est de fournir des restaurants de poissons, présente un accès de fièvre le 16 novembre 2002. L’homme est hospitalisé et, au cours de son séjour, il contaminera quatre infirmières avant de guérir de sa mystérieuse affection. A posteriori, l’OMS l’identifiera comme le « cas zéro », duquel tout serait parti.

Un autre homme, vendeur de crevettes lui, contracte la maladie à Foshan et la disséminera à Canton. Un rapport chinois demande aux écoles, aux garderies et aux usines de mettre en quarantaine les personnes qui seraient infectées. L’avertissement est repris, le 27 novembre, par le Global Public Health Intelligence Network (GPHIN, Réseau global de renseignement sur la santé publique), qui surveille les phénomènes épidémiques dans le monde. Il n’entraîne cepen- dant pas d’inquiétude particulière. À cette saison de l’année, les épidémies de grippe sont habituelles en Chine. La maladie continue pourtant de se dévelop- per. Le fils d’un ancien membre de l’OMS se trouve à Canton. Il y reçoit un courriel décrivant « une maladie contagieuse étrange ». On lui signale qu’elle a « déjà fait plus de cent morts » en une semaine dans la province du Guangdong. Il relaie le message auprès du bureau de l’OMS à Pékin avec une note indiquant que « l’épi- démie ne doit pas être connue du public et médiatisée, mais sur place il y a un début de panique chez les gens, qui se ruent dans les pharmacies pour acheter tout ce qu’ils peuvent, pensant se protéger ».

● Premier message d’alerte

C’est le cas d’un ressortissant américain qui alerte l’ambassade de son pays à Pékin à propos d’« une étrange maladie et de beaucoup de morts à Canton ». L’ambassade des États-Unis transmet l’information par téléphone, le 10 février, au bureau pékinois de l’OMS. Ce dernier répercute le jour même ces infor- mations concordantes au bureau régional, installé à Manille (Philippines) et au siège de l’organisation à Genève. Le consulat du Japon à Canton rapporte lui aussi une épidémie de pneumonie atypique dans le sud de la Chine. Le 11 février, le ministère chinois de la Santé transmet à l’OMS un rapport décrivant une épidémie de 300 cas de syndrome respiratoire aigu, dont 5 mortels, dans la province du Guangdong, entre le 16 novembre et le 9 février. Un tiers de ma- lades font partie du personnel soignant et six villes sont touchées. Trois jours plus tard, le 14 février, les autorités sanitaires chinoises précisent à l’OMS que le nombre de cas de pneumonie atypique diminue et que la situation est « en passe d’être contrôlée ». Il ne s’agit, selon elles, ni de la maladie du charbon, ni de la peste pulmonaire, ni de la leptospirose, ni d’une fièvre hémorragique. Sans attendre ces précisions, dès le 11 février, l’OMS diffuse un premier message d’alerte sur une maladie respiratoire mystérieuse et potentiellement mortelle via le réseau informatique ProMED, auquel 20 000 scientifiques à travers le monde sont gratuitement abonnés. Tout aurait pu downloadModeText.vue.download 141 sur 370

DOSSIERS ART ET CULTURE

139 s’arrêter là et l’épidémie rester circonscrite à la Chine. C’était sans compter avec un mariage à Hongkong. Néphrologue à l’université Zhongsan de Canton, le Dr Liu Jianlun est invité à Hongkong pour le mariage d’un parent. Âgé de soixante-quatre ans, ce médecin a aidé à soigner, à l’hôpital Kwong Wah de Canton, des personnes atteintes de la pneumonie atypique qui flambe depuis novembre. Avec son épouse, il prend l’autocar le 21 février 2003 jusqu’à Hongkong. Un trajet de trois heures au terme duquel le couple descend à l’hôtel Métropole, dans le quartier de Kowloon. Au cours des vingt-quatre heures de son séjour à l’hôtel, le Dr Liu va à son tour présenter les signes de la pneumonie atypique et devenir une source de contamination.

L’enquête épidémiologique rétrospective permettra de constater que l’agent infectieux, le coronavirus encore inconnu à l’époque, a été transmis à 16 clients et visiteurs de l’hôtel Métropole. Des prélèvements effectués sur la moquette devant la chambre 911 et les ascenseurs montraient une forte présence du coronavirus, probablement dans des sécrétions respiratoires ou du vomi. Du matériel génétique du virus – mais pas de virus vivant – était encore présent dans des prélèvements effectués trois mois après le séjour du Dr Liu.

● L’hôtel Métropole

Un foyer de 200 cas dans une résidence de Hongkong

Parmi les 16 personnes contaminées au Métropole, plusieurs vont « exporter » la maladie. Mme Kwan Sui-Chu, soixante-dix ans, est venue de Toronto le 18 février avec son mari rendre visite à l’un de leurs fils. Deux jours après son retour au Canada, le 25 fé- vrier, Mme Kwan commence à présenter les signes de la maladie. Son état s’aggrave et elle meurt le 5 mars à son domicile. Son décès est alors imputé à une crise cardiaque. Un autre de ses fils, Tse Chi Kwai, qui partage le même domicile à Toronto, tombe à son tour malade et va être hospitalisé au Scarborough Grace Hospital, avec une suspicion de tuberculose. Il y décédera, mais son autopsie sera décisive. C’est par l’intermédiaire de cette famille que la maladie se ré- pand dans plusieurs hôpitaux de Toronto, décimant patients et soignants, trois semaines avant que l’OMS ait lancé son alerte mondiale.

Le même phénomène va se produire avec d’autres personnes ayant fréquenté l’hôtel Métropole : un vi- siteur habitant Hongkong et le beau-frère du Dr Liu, qui seront hospitalisés sur place, une hôtesse de l’air qui sera admise dans un hôpital de Singapour, et Johnny Chen. Ce dernier est un homme d’affaires sino-américain de quarante-huit ans, travaillant dans l’import-export de textiles à Hongkong. Du Métro- pole, il se rend à Hanoi. Sur place, fiévreux, toussant, il se présente le 26 février à l’Hôpital français de Hanoi, une clinique privée qui est l’établissement le mieux équipé de la capitale vietnamienne. Il est placé sous assistance respiratoire. Plusieurs médecins et infirmières vont s’occuper de lui jusqu’à son décès. Ils le paieront, pour certains, de leur vie. L’un d’entre eux, cardiologue exerçant dans le nord de la France, rentre précipitamment, contaminant vraisemblable- ment au moins trois personnes ayant voyagé dans le même avion que lui. Il décédera finalement à l’hôpi- tal de Tourcoing plusieurs semaines après son retour. Parmi les médecins qui ont soigné Johnny Chen figure le Dr Carlo Urbani. Il a fait partie en 1999 de la délégation de Médecins sans frontières venue cher- cher à Stockholm le prix Nobel de la paix décerné à l’organisation humanitaire. À Hanoi, il est présent au titre de l’OMS. Le Dr Urbani craint d’avoir affaire à une grippe aviaire, autrement dit à un virus mutant passé de l’oiseau à l’homme. Le virus baptisé H5N1 a été à l’origine de la grippe du poulet à Hongkong et les épidémiologistes redoutent qu’il entraîne une épi- démie particulièrement sévère chez l’homme. Carlo Urbani avise donc l’OMS à Genève, qui renforce alors son système d’alerte.

Parallèlement, l’OMS a envoyé une équipe en Chine. Arrivée à Pékin, celle-ci n’est cependant pas autori- sée par les responsables chinois à se rendre dans la province du Guangdong. Ce qui retardera d’autant l’enquête pour s’assurer d’une intuition qu’ont à Genève les responsables de l’OMS : l’épidémie dans le sud de la Chine et ce qui commence à se passer à Hongkong et à Hanoi sont des phénomènes liés.

● Alerte mondiale

Le responsable : un coronavirus différent de ceux déjà connus

Le 12 mars, donc, l’OMS lance son alerte mondiale. Le branle-bas est sonné. L’organisation internationale mobilise des équipes de cliniciens et d’épidémiolo- gistes, ainsi qu’un réseau de treize laboratoires. Elle va également émettre des recommandations sur les précautions à prendre dans les aéroports et pour la protection des personnels soignants qui com- mencent à payer un lourd tribut au combat contre la nouvelle maladie. Ce sera notamment le cas du Dr Urbani qui se rend à Bangkok, où il décédera le 29 mars. Le 30 mars, les autorités de Hongkong an- noncent un foyer de plus de 200 cas parmi les habi- tants d’une résidence nommée les Jardins d’Amoy. L’enquête montrera que la maladie, importée par un downloadModeText.vue.download 142 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

140 visiteur, se serait propagée par les canalisations des eaux usées.

La mobilisation médicale internationale est considé- rable. Alors que les scientifiques avaient plutôt l’habi- tude de publier d’abord leurs découvertes dans des revues médicales avant de partager leurs résultats, ils n’hésitent plus à échanger des données prélimi- naires. C’est qu’on ne sait pas encore à quel agent in- fectieux le monde a affaire. Le 15 mars, l’OMS donne un nom à la maladie : Syndrome respiratoire aigu sé- vère, ou Sras (« Sars » dans sa version anglaise), ce qui correspond bien au tableau de la maladie associant quatre éléments : une poussée fébrile à au moins 38 °C ; un ou plusieurs symptômes d’affection des voies respiratoires basses (toux, gêne respiratoire, es- soufflement) ; des signes radiologiques pulmonaires compatibles avec une pneumonie ou un syndrome de détresse respiratoire ; l’absence de tout autre dia- gnostic pouvant expliquer entièrement la maladie. Lors de l’autopsie de M. Tse Chi Kwai, le fils de la patiente qui a importé le Sras à Toronto, des prélè- vements des tissus respiratoires ont été effectués et envoyés dans un laboratoire canadien, ainsi qu’au Centre de contrôle des maladies d’Atlanta, le grand centre d’épidémiologie américain. Dans ces prélè- vements, les scientifiques identifient, le 16 avril, un virus de la famille des coronavirus. Celui-ci est diffé- rent de ceux déjà connus qui sont responsables de rhinopharyngites banales et plusieurs laboratoires montreront qu’il s’agit bien de l’agent causal du Sras ; ils le baptisent Sras-CoV.

À l’heure actuelle, les spécialistes sont sûrs qu’une ou plusieurs espèces animales servent de réservoir à ce virus, passé accidentellement chez l’homme. Des pe- tits mammifères, les civettes, que l’on vend pour leur viande sur des marchés chinois, sont soupçonnées, sans que des certitudes aient pu être acquises. En revanche, on sait que la maladie incube en moyenne 5 jours, avec une fourchette de 2 à 10 jours, et que la contagion se fait par les sécrétions respiratoires au moment où la personne présente des manifestations de la maladie, avec une contagiosité heureusement modérée. Les enfants ont peu été atteints. À l’in- verse, beaucoup de cas ont été contractés en milieu hospitalier.

La flambée épidémique aura donc été jugulée en moins de six mois, en associant méthodes tradition- nelles (isolement, quarantaine, etc.) et prouesses scientifiques. Cela s’est fait, cependant, au prix d’une crise internationale au coût colossal : plusieurs di- zaines de milliards de dollars. Des secteurs entiers, comme le transport aérien – déjà fragilisé après les attentats du 11 septembre 2001 – ou le tourisme dans les régions les plus concernées, ont été touchés de plein fouet.

C’est pour cela que le monde s’est rapidement de- mandé avec inquiétude si le Sras n’était pas destiné à devenir une affection saisonnière, avec un ou plu- sieurs foyers permanents, à partir desquels le virus pourrait à nouveau essaimer. L’OMS et les autorités sanitaires nationales ont donc travaillé à un dispositif d’alerte et de réponse rapide, dont l’intérêt dépasse le seul Sras, puisqu’il pourrait permettre de réagir face à une pandémie de grippe ou d’une autre mala- die infectieuse. Sans toutefois se bercer d’illusions. « Les caractéristiques cliniques non spécifiques du Sras, l’absence de test diagnostique rapide et fiable, capable de détecter le Sras-CoV dans les premiers jours de la maladie, et la survenue saisonnière d’autres affections respiratoires, notamment la grippe, peuvent compliquer la surveillance du Sras ou exiger un niveau de qualité et une intensité dont peu de systèmes de soins de santé dans le monde ont les moyens. Même avec les systèmes de surveillance les plus perfectionnés, le premier cas de Sras consécutif à la flambée pourrait échapper au dépis- tage précoce », reconnaît l’OMS. downloadModeText.vue.download 143 sur 370

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À peine plus d’une page pour l’une des plus importantes découvertes dans l’histoire de la biologie : la découverte de la structure en double hélice de l’ADN (acide désoxyribonucléique), le support de l’information génétique

Il y a 50 ans était percé le secret de la double hélice de l’ADN PAUL BENKIMOUN JOURNALISTE AU Monde

C’est la place qu’occupe dans le numé- ro 4 356 de la revue britannique Nature, daté du 25 avril 1953, la lettre adres- sée par deux chercheurs du laboratoire Cavendish à Cambridge, James Dewey Watson, un Américain qui venait d’avoir vingt-cinq ans, et le Bri- tannique Francis Harry Compton Crick, son aîné de douze ans. En page 737, démarrant sous les notes de la lettre précédente, la revue scientifique a regroupé trois articles sous le titre « Structure moléculaire des acides nucléiques ». Celui de Watson et Crick, intitulé « Une structure pour l’acide désoxyribonucléique », est en effet suivi de celui de Maurice Wilkins sur la « Structure moléculaire des acides désoxypentose nucléiques », cosigné par deux scientifiques du King’s College de Londres, et de celui écrit par Rosalind Franklin et un de ses collègues, également du King’s College de Londres, sur la « Configuration molécu- laire du thymonucléate de sodium ». Rédigés par les principaux protagonistes de la traque réussie des mystères de la structure de l’ADN, ces trois articles convergent vers un modèle de double hélice.

● Une structure à double hélice

Des travaux qui convergent vers un modèle de double hélice

Watson et Crick avancent, diagramme à l’appui, de la manière la plus élaborée, une structure en double hélice où deux chaînes composées de molécules d’un sucre, le désoxyribose, reliées par du phosphate, tournent en spirale comme les montants d’une échelle, dont les barreaux sont constitués par une paire de base. L’assemblage des paires de base est immuable : une base purique est unie à une base pyrimidique, l’adénine (A) étant ainsi toujours appa- riée à la thymine (T) et la guanine (G) à la cytosine (C). « Il ne nous a pas échappé que l’appariement spé- cifique que nous avons postulé suggère immédiate- ment un possible mécanisme de copie pour le matériel génétique », écrivent Watson et Crick dans l’antépé- nultième paragraphe de leur lettre (l’ajout serait dû à l’initiative de Crick). Signe qu’ils ont saisi les implica- tions potentielles de leur découverte.

Si celle-ci est le fruit d’une intense activité sur une année et demie, cette publication intervient près d’un siècle après l’isolement de l’ADN. En 1869, en effet, un scientifique suisse, Johan Friedrich Mies- cher, isolait une substance à partir de noyaux de globules blancs prélevés dans le pus déposé sur des bandages souillés. Il la baptise « nucléine », nom qui sera plus tard abandonné au profit de celui d’ADN. Pour autant, Miescher n’établi aucun lien entre la nucléine et les facteurs expliquant la transmission des caractères héréditaires, dont l’existence a été avancée par Gregor Mendel, qui a formulé quatre ans auparavant les premières lois de l’hérédité. Courant sur la première moitié du XXe siècle, une première phase de travaux scientifiques va commencer à lever le voile. Le terme de « gène » est proposé en 1909 par le Danois Wilhelm Johannsen pour désigner les facteurs imaginés par Mendel. L’année suivante, en travaillant sur la drosophile (ou mouche du vinaigre), l’Américain Thomas Hunt Morgan, futur prix Nobel de médecine 1933, démontre que les gènes sont situés sur les chromosomes, eux-mêmes faits de nucléine. L’étude de pneumocoques non virulents pouvant ac- quérir une virulence suggère à l’Anglais Fred Griffith l’idée d’un « facteur transformant ». Cette hypothèse sera avérée en 1944 par une équipe américaine, composée d’Oswald Avery, Colin McLeod et McLyn McCarthy, tous trois de l’Institut Rockefeller de New York, qui prouvent que l’ADN est bien le support de l’information génétique. Une découverte capitale, au point que beaucoup se demandent encore pour- quoi le jury qui a décerné en 1962 le prix Nobel de médecine conjointement à Watson, Crick et Wilkins « pour leurs découvertes concernant la structure molé- culaire des acides nucléiques et leur signification pour le transfert de l’information dans le vivant », en a oublié la contribution essentielle. Mais ce ne fut pas la seule injustice commise par ce jury.

● Le rôle oublié de Rosalind Franklin

À l’époque où ils sont publiés, les travaux d’Oswald Avery et de ses collègues suscitent le scepticisme. La communauté scientifique estime que l’ADN est une downloadModeText.vue.download 144 sur 370

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142 molécule trop simple pour constituer le support de l’hérédité. La tendance est d’imaginer que ce rôle crucial est tenu par des protéines. Enfin, en 1949, trois Français, Roger et Colette Vendrely et André Boivin, constatent que le noyau des cellules du corps (cel- lules somatiques), qui possèdent 23 paires de chro- mosomes, contient deux fois plus d’ADN que celui des cellules sexuelles (gamètes), seulement dotées de 23 chromosomes. Un argument de plus pour faire de l’ADN le support de l’hérédité.

La deuxième phase des recherches dans ce domaine s’ouvre en 1950 avec les travaux sur les bases pu- riques (A et G) et pyrimidiques (T et C) d’un biochi- miste autrichien, qui émigra aux États-Unis en 1934, Erwin Chargaff. Celui-ci établit que le rapport A+T sur C+G varie entre les espèces, mais est constant dans une espèce donnée. Il démontre également que les rapports A/T et C/G sont constants et quasiment égaux à un.

Le rôle de Chargaff ne s’arrête pas là. Il confie, en jan- vier 1951, des échantillons d’ADN bactérien, végétal et animal à Maurice Wilkins, qui dirige le laboratoire de cristallographie du King’s College, à Londres. Au mois de mai de la même année, lors d’une conférence au mois de mai à Naples, Wilkins montre quelques clichés de la diffraction d’un cristal d’ADN : ils sont d’assez mauvaise qualité, mais suffisamment impressionnants pour exciter l’intérêt du jeune James Watson, qui s’ennuie un peu dans un laboratoire de Copenhague où il est boursier. Watson réussit alors à être transféré en novembre 1951 au laboratoire Cavendish, à Cam- bridge. Il n’a pas un bureau pour lui seul, et doit parta- ger celui qu’occupe alors un physicien reconverti dans la biologie, Francis Crick. Lorsque les échantillons de Chargaff arrivent dans le laboratoire de Maurice Wil- kins, une jeune femme récemment mutée dans ce haut lieu de la cristallographie travaille déjà sur l’ADN. Elle s’appelle Rosalind Franklin. Issue d’une famille de banquiers londoniens, cette femme au caractère indé- pendant a exercé auparavant ses talents de cristallo- graphe en France. Ses relations avec Maurice Wilkins et, plus tard, avec Watson et Crick vont être orageuses, mais déterminantes pour le rôle qu’elle a joué dans la découverte de la structure de l’ADN.

James Watson assiste en décembre 1951 à une conférence où Rosalind Franklin présente ses clichés de la diffraction des rayons X par un cristal d’ADN. Contrairement à Wilkins, qui avait utilisé la forme non hydratée (dite « A ») d’un tel cristal, celle-ci a photo- graphié un cristal hydraté (forme « B »). La différence de qualité est spectaculaire et les clichés constituent un puissant argument en faveur d’une structure en hélice. En fait, sans que Watson (dont ce n’était pas la spécialité) le comprenne, les images de Rosalind Franklin suggèrent une double hélice « antiparal- lèle », dont les deux brins vont dans un sens opposé l’un à l’autre.

De retour à Cambridge, Watson et Crick s’attellent à construire une maquette en trois dimensions de ce qui pourrait être la structure de l’ADN. Ils partent sur une fausse route, et lorsqu’ils montrent à Mau- rice Wilkins et à Rosalind Franklin leur modèle de triple hélice, la jeune femme leur rit au nez. Watson et Crick ne se découragent pas pour autant, surtout que deux Américains, Al Hershey et Martha Chase, viennent apporter une pierre à l’édifice : ils corro- borent en effet les conclusions d’Oswald Avery en montrant que l’infection d’une bactérie par un virus appelé « phage » est due à la pénétration de l’ADN du phage. L’injection de cet ADN dans la bactérie suffit à voir se reproduire des particules virales. Déjà à l’étroit dans leur bureau au Cavendish Labo- ratory, Watson et Crick doivent y faire de la place, en septembre 1952, pour Peter Pauling, fils du presti- gieux chimiste américain Linus Pauling. Ce dernier est lui aussi sur la piste de la structure de l’ADN. En décembre, Pauling père évoque dans une lettre à son fils son modèle. Il lui adresse le 28 janvier 1953 une copie du manuscrit encore confidentiel qu’il a sou- mis à l’Académie américaine des sciences, laquelle devrait le publier le mois suivant. James Watson prend connaissance des hypothèses de Linus Pau- ling : celui-ci croit à un modèle de triple hélice. Le 30 janvier 1953, alors que Rosalind Franklin refuse de lui communiquer l’état d’avancement de son travail, Watson vient à Londres et se fait montrer en cachette par Maurice Wilkins le cliché de la forme B du cristal d’ADN qu’a pris la jeune femme. Dans le train qui le ramène à Cambridge, il le redessinera sur un journal. Décidément peu étouffés par les scrupules, Watson et Crick obtiennent, début février 1953, du cristallo- graphe Max Perutz communication du résumé confi- dentiel que Rosalind Franklin a fait de ses travaux à l’intention des autorités scientifiques britanniques. Ils y trouvent confirmation d’un modèle de double hélice aux brins de sens opposé. R. Franklin situe cor- rectement les groupements phosphate à l’extérieur du squelette de la molécule.

● Une course contre la montre

Le Nobel de médecine 1962 pour Watson, Crick et Wilkins

En 1983, le gène de la chorée de Huntington est localisé.

Comprenant qu’il s’agit d’une course contre la montre, Watson et Crick redoublent d’efforts. Le downloadModeText.vue.download 145 sur 370

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28 février, Watson finit par élucider l’appariement des bases A-T et G-C. Les deux compères se précipitent au pub voisin, The Eagle. Devant les clients médusés, Francis Crick annonce solennellement qu’ils viennent de découvrir « le secret de la vie ». Le 7 mars, Crick pose le dernier élément sur leur Meccano géant, haut de deux mètres, avec dix paires de bases sym- bolisées. Ils convient Maurice Wilkins à venir décou- vrir le modèle. Celui-ci se rend sur place et ne peut qu’en constater la pertinence. Il décline cependant la proposition de Watson et de Crick d’être cosignataire de l’article où ils font part de leurs travaux.

Pareille proposition n’a pas été faite à R. Franklin, à qui pourtant une bonne partie de la découverte est due. À deux doigts du but, celle-ci avait quitté le King’s College au début de l’année 1953. Elle devait par la suite se consacrer à l’étude d’un virus, celui de la mosaïque du tabac. Elle décéda à l’âge de trente- sept ans, le 16 avril 1958, d’un cancer de l’ovaire, favorisé sans doute par des expositions répétées aux rayons X. Oubliée, comme Avery, par le jury du prix Nobel, elle finit par recevoir un hommage de la part de James Watson dans son livre la Double Hélice, publié en 1968.

Paradoxalement, la publication de Watson et de Crick n’entraîna pas une profusion d’articles sur l’ADN et sur la double hélice. Néanmoins, des travaux furent menés dans différentes directions : propriétés phy- siques de l’ADN, méthodes d’extraction, composition des différentes cellules d’un même organisme (afin de savoir si elles contenaient toutes le même ADN), dégâts induits par le rayonnement ultraviolet et les rayonnements ionisants, et implication dans la syn- thèse des protéines.

Ces travaux débouchèrent sur la compréhension du rôle de l’ADN, mais aussi de l’ARN (acide ribonu- cléique, dont la structure est formée par une chaîne unique), dont la séquence des bases puriques et pyrimidiques détermine la succession des acides aminés composant les différentes protéines. En 1961, le code génétique gouvernant cette synthèse est élucidé par Marshall Nirenberg. Une nouvelle étape est franchie au début des années 1970 avec les méthodes du génie génétique. Il devient alors possible de cloner des fragments de génome et de les cultiver dans des bactéries, ainsi génétiquement modifiées. La première grande traduction de ce nou- veau mouvement fut la localisation en 1983 du gène de la chorée de Huntington, qui sera identifié dix ans plus tard. Ces travaux donnèrent le coup d’envoi au projet de décryptage du génome humain, entamé à partir de 1988. Cet immense travail devait débou- cher en 2001. Après avoir décripté les génomes de divers organismes, les chercheurs – parmi lesquels le moins enthousiaste n’est pas James Watson (Fran- cis Crick se concentrant sur des recherches sur le système nerveux central) – arrivent à la conclusion que le génome humain est composé non pas de 100 000 gènes, mais de seulement 30 000, et donc beaucoup plus proche qu’on ne le pensait de celui de diverses espèces animales.

● De riches perspectives d’avenir

Les visions réductionnistes en prennent un coup : la complexité n’est pas due au nombre de gènes mais aux interactions complexes entre eux et avec les protéines. De même, la vision simpliste « un gène, une protéine » a été remise en question par le fait qu’un même gène peut gouverner la synthèse de plusieurs protéines. En outre, il apparaît que des gènes peuvent suppléer des gènes déficients. Quant aux théories, idéologiquement connotées, qui cher- chaient à identifier les gènes de certains comporte- ments, de l’alcoolisme à l’homosexualité, l’histoire les a renvoyées aux oubliettes.

Cinquante ans après la publication de Watson et de Crick, l’aventure scientifique se poursuit. La tech- nique de la réaction de polymérisation en chaîne (PCR, ou Polymerase Chain Reaction, mise au point par l’Américain Kary Mullis, qui a reçu le prix Nobel de médecine en 1993 pour cela) est aujourd’hui cou- ramment employée pour obtenir de longues chaînes d’ADN à partir d’un simple fragment. Elle permet de détecter avec certitude la présence d’un matériel génétique connu dans un prélèvement.

Même si la thérapie génique, visant à corriger les ano- malies génétiques à l’origine de certaines maladies, n’a pas encore tenu ses promesses, les perspectives d’avenir demeurent riches. Ironie de l’histoire, beau- coup de scientifiques voient aujourd’hui les espoirs les plus consistants dans la protéomique, l’étude des protéines, qui avait été un peu oubliée, éblouis que nous étions par l’épopée de la génétique. downloadModeText.vue.download 146 sur 370

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L’année 2004 sera dédiée à la Chine.

Mais c’est le XXIe siècle tout entier qui devrait consacrer la montée en puissance de la Chine, acteur désormais majeur de la scène internationale dont elle s’applique à observer les règles du jeu.

L’irrésistible ascension de la Chine

GARI ULUBEYAN JOURNALISTE INDÉPENDANT

Signe de l’intégration dans un monde globa- lisé, l’entrée dans l’OMC en automne 2001 a donné à la direction communiste, en place à Pékin depuis mars 2003, les moyens de concrétiser les ambitions nationales, en faisant preuve d’une certaine modération, notamment lors de la crise irakienne. Dotée de tous les attributs d’une grande puissance économique, diplomatique, mili- taire et aussi spatiale, depuis le vol habité du 15 oc- tobre, la Chine poursuit son ascension, guidée par un pragmatisme placé au service d’un nationalisme qui transcende les idéologies. ● Le défi de la mondialisation

Une puissance qui devrait marquer profondément le cours du XXIe siècle.

Les jeux Olympiques de 2008 à Pékin : une grande victoire nationale.

Le XXe siècle finissant avait renvoyé l’écho insistant d’annonces prophétiques prédisant, souvent sur le ton de Cassandre, un destin de superpuissance à la Chine, dont l’éveil ferait trembler le monde, pour re- prendre le titre d’un ouvrage français célèbre publié dans les années 1970, alors que ce pays pauvre mais à l’immense potentiel, ne serait-ce que par le poids démographique, était encore emprisonné dans le carcan du dogme maoïste. Un quart de siècle après la mort de Mao Zedong, dont les héritiers ont préservé la figure iconique et la conception pyramidale d’un pouvoir monopolisé par le Parti communiste tout en en sapant les fondations idéologiques, la Chine, de puissance virtuelle, est devenue une puissance ca- pable de rivaliser avec les plus grands, et qui devrait, de l’avis de tous, marquer profondément le cours du XXe siècle.

Après une période de latence, qu’elle a mise à profit pour liquider les séquelles de la Révolution cultu- relle sous l’impulsion de Deng Xiaoping, inspirateur de ce grand bond en avant qui propulsera le pays dans l’ère de l’économie de marché, au prix d’un grand écart idéologique avec les principes de Mao, la Chine a relevé avec succès le défi de la mondiali- sation, en entrant dans l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à l’automne 2001. Obtenue au terme d’un laborieux processus de quatorze ans, l’entrée dans le temple du libre-échange illustrait l’intégration de la Chine dans un monde globalisé sous l’effet de la circulation toujours plus dense des produits comme des idées, dont elle acceptait les règles du jeu, en espérant les mettre au service de ses ambitions nationales. L’adhésion à l’OMC aura surtout un impact symbolique, certes considérable, la Chine ayant déjà déployé un certain nombre d’ef- forts pour s’adapter à ses exigences. Au-delà pour- tant, cette adhésion la plaçait devant ses responsa- bilités nouvelles, et plus contraignantes, de grande puissance reconnue comme telle par la commu- nauté internationale, qui en attend plus de coo- pération. Mais pour la Chine, elle constitue avant tout le moyen de participer plus activement à une compétition mondiale dans laquelle elle s’est déjà largement investie, et dont les jeux Olympiques de 2008 à Pékin se présentent comme la métaphore sportive, et aussi économique, eu égard aux retom- bées considérables, en devises comme en termes d’image, d’un événement glorifié déjà comme une grande victoire nationale. ● Changement de ton dans la continuité

De l’émulation socialiste qui avait galvanisé la pre- mière génération de Chinois bercés par les ensei- gnements du Petit Livre rouge, la Chine est ainsi pas- sée, sans états d’âme, à une concurrence capitaliste dont le XVIe congrès du PCC, en novembre 2002, avait adapté les règles aux réalités politiques par- ticulières du pays. Principal artisan de la transition vers l’économie de marché, le timonier Jiang Zemin avait alors fait prendre au PC un tournant historique en l’ouvrant aux entrepreneurs privés et en inté- grant ainsi le fait capitaliste à son idéologie, avant de passer la barre à une nouvelle équipe dirigeante. Hu Jintao, investi à la tête du régime le 15 mars, et le nouveau Premier ministre Wen Jiabao, élu quelques jours avant à la succession de Zhu Rongji par l’As- semblée nationale, devront maintenir prudemment downloadModeText.vue.download 147 sur 370

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145 le cap fixé par Jiang Zemin. En sa qualité de chef des armées, ce dernier se pose comme le garant de l’héritage idéologique qu’il a légué au parti, en l’es- pèce du concept des « trois représentativités » – le PCC doit représenter les forces productives les plus avancées, la culture la plus avancée et les intérêts des larges masses –, et veille à ce que son succes- seur, auprès duquel il a nommé son protégé, Zeng Qinghong, au poste de vice-président, ne brusque pas le cours de réformes. Si une nouvelle géné- ration s’est installée aux commandes du régime, censée exercer une direction plus moderne et plus conforme aux aspirations des Chinois, sa marge de manoeuvre reste donc limitée et il ne faudra guère en attendre des initiatives spectaculaires à court terme. Mais sous l’effet conjugué de la dynamique interne des réformes et d’une conjoncture interna- tionale marquée par la solidarité avec les États-Unis dans la guerre contre le terrorisme, un changement de ton est perceptible à Pékin. L’actualité, nationale et internationale, était pourtant riche en événe- ments qui constituent autant d’épreuves pour le nouveau timonier et son équipe, depuis la guerre en Irak jusqu’aux manifestations de Hongkong en passant par l’épidémie de Sras (syndrome respira- toire aigu sévère), sans oublier la lancinante ques- tion de Taïwan.

EFFORTS DE TRANSPARENCE

Après le scandale, en 2001, du trafic de sang contaminé qui a propagé le sida dans le Shanxi, la politique de santé chinoise a été encore mise en cause en février, avec l’apparition du Sras dans le Guangdong, le Shanxi et à Hongkong. Si à Hon- gkong des mesures drastiques sont prises pour enrayer cette pneumopathie atypique sans re- mède connu, Pékin ne s’attaque à l’épidémie qu’à partir du 13 avril, alors qu’elle a déjà tué au moins 70 personnes sur les 1 500 contaminées. Comme toute l’Asie, Pékin vit dans la psychose de l’épidé- mie, qui paralyse l’économie. Sous le feu des cri- tiques, le régime renonce aux vieilles habitudes de rétention de l’information pour éradiquer le fléau, en concertation avec l’OMS. Quand, le 25 avril, une délégation française conduite par M. Raffarin visite Pékin, la guerre bat son plein contre une épidémie que l’OMS déclare maîtrisée en juillet. L’effort de transparence dans la divulgation des chiffres des malades du Sras s’est exprimé aussi dans le do- maine militaire. Ainsi le 2 mai, l’armée a annoncé le naufrage d’un sous-marin avec 70 marins à son bord dans le nord de la mer de Chine.

● Un sens nouveau de la diplomatie

La Chine joue les médiateurs auprès de la

Corée du Nord.

La crise irakienne donnera ainsi l’occasion à la Chine de mettre en pratique sa nouvelle conception des relations internationales. Après avoir exprimé sa solidarité avec les Américains dans la lutte contre le terrorisme, au lendemain des attentats du 11 sep- tembre 2001, la Chine a déployé tous ses efforts pour que la guerre d’Irak ne vienne pas torpiller le rapprochement ainsi opéré. Le 1er avril 2001, la colli- sion entre un avion espion américain et un chasseur chinois au large de l’île de Hainan avait provoqué une vive tension entre les deux puissances de part et d’autre de l’océan Pacifique, alors pressenti comme le théâtre d’une « nouvelle guerre froide ». Cet incident, sur fond de pressions militaires accrues de Pékin sur Taïwan, avait conforté les États-Unis dans l’opinion que la Chine était leur « concurrent stratégique », sus- pecté de fournir en armes les pays dits « de l’axe du mal » et autres « États voyous ». Cette époque semble désormais révolue depuis que la guerre contre le ter- rorisme a désigné la Chine comme un partenaire stra- tégique des États-Unis. Et la Chine s’est employée à resserrer ses liens avec Washington, en gardant profil bas tout au long de la crise diplomatique causée, au sein du Conseil de sécurité de l’ONU dont elle est un membre permanent, par les préparatifs de guerre en Irak. Tout en s’opposant à toute solution militaire, elle a évité de s’aligner trop ouvertement sur la France, la Russie et l’Allemagne dans le front antiguerre, laissant ainsi comprendre au secrétaire d’État américain Colin Powell, en visite le 24 février à Pékin, que son refus de la guerre ne prendrait pas la forme d’un veto. C’est donc avec prudence que la nouvelle direction chinoise s’est opposée à l’unilatéralisme des États- Unis. Mais les « intérêts d’État » de la Chine lui dic- taient de ne pas heurter de front les Américains dans le dossier irakien, pour se concentrer sur la scène ré- gionale, où l’appelait une autre crise, provoquée par le chantage à l’arme nucléaire de son encombrant voisin et allié, la Corée du Nord. Les déclarations intempestives du régime de Pyongyang, se van- tant en octobre 2002 de mettre en oeuvre un pro- gramme nucléaire militaire, avaient ouvert un autre front contre un autre pays de « l’axe du mal ». Mais les Américains, engagés militairement en Irak, veulent encore croire aux vertus du dialogue plutôt que de prendre le risque d’une confrontation hasardeuse avec le régime nord-coréen. Sollicitée par Washing- downloadModeText.vue.download 148 sur 370

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146 ton pour user de son influence sur Pyongyang, la Chine répondra avec d’autant plus d’empressement qu’elle redoute les conséquences d’une escalade militaire et de la course aux armements que provo- querait le programme nucléaire de la Corée du Nord, s’il se concrétisait. Après avoir accueilli la reprise d’un dialogue entre les Américains et les Nord-Coréens en avril, la Chine s’impliquera davantage dans le proces- sus de négociations en présidant à Pékin le 29 août une rencontre entre les représentants des deux Co- rées, du Japon, de la Russie et des États-Unis. Le som- met s’est soldé par le seul engagement de la Corée du Nord à poursuivre un dialogue multilatéral qu’elle avait jusque-là refusé, en vue d’obtenir des garanties de sécurité en échange de son désarmement.

● Pragmatisme, nationalisme et rivalité avec les Américains

En inaugurant ses débuts de médiateur dans une crise internationale, la Chine cultivait son image de puissance régionale responsable, par souci de laquelle elle s’est aussi abstenue de provoquer mili- tairement Taïwan, sans pour autant renoncer à voir l’île nationaliste réintégrer son giron. Elle prenait du même coup ses marques dans un monde dont elle exalte la dimension multipolaire, avec le même pragmatisme qui avait vu la Chine de Mao militer en faveur du polycentrisme dans le monde com- muniste. Dépouillé de ses attributs idéologiques, ce pragmatisme est placé au service d’un nationalisme qui reste le meilleur allié du régime, et dont l’écono- mie tend à devenir le fer de lance, plutôt que l’appa- reil militaro-industriel. La Chine a ainsi réfréné ses gesticulations militaires dans le détroit de Formose et mis un bémol à ses revendications territoriales, notamment à l’encontre des Philippines concernant les îles Spratley, pour multiplier les accords écono- miques et commerciaux avec des partenaires de plus en plus diversifiés. Afin de consolider son influence, la Chine pencherait en faveur d’une conception mul- tilatéraliste des relations internationales, sous l’égide de l’ONU. Mais depuis la crise irakienne, la doctrine diplomatique chinoise semble moins attachée au principe de la loyauté onusienne. En témoigne un revirement notable à l’égard du G8, dénoncé comme le « club des riches » par le régime de Pékin jusqu’à ce que le président Hu Jintao accepte l’invitation de Jacques Chirac à participer à un dialogue Nord-Sud en marge du sommet d’Évian le 10 juin. Entraînée par la dynamique irrépressible de son développement économique, la Chine semble désireuse de réviser son mode de relations avec les grands de la planète, et est prête pour cela à oublier une rhétorique tiers- mondiste qui l’a longtemps désignée comme le porte-parole des pays en voie de développement face aux pays riches, avec lesquels elle entend établir un dialogue stratégique équilibré, comme l’exigent ses « intérêts d’État ».

● Force de frappe économique sur fond de malaise social

448 milliards de dollars d’investissements directs étrangers en 2002.

L’attitude de Pékin lors du sommet de l’OMC à Cancún en septembre, et le mois suivant lors de l’Assemblée annuelle du Forum des pays de l’Asie-Pacifique (Apec) à Bangkok, trahit l’ambiguïté de la place de la Chine sur la scène internationale, où sa montée en puissance est tendue vers l’objectif presque ouver- tement affiché d’égaler, voire de dépasser les États- Unis. Dans nombre de secteurs, singulièrement la haute technologie, la Chine est devenue très compé- titive, au point par exemple d’éclipser les concurrents japonais et sud-coréens sur le marché de l’électro- nique, qu’elle devrait complètement dominer à l’ho- rizon 2008. Premier atelier de la planète, d’où sortent des produits désormais plus soucieux de la qualité, la Chine attire plus que jamais les investisseurs. Elle talonne les États-Unis en termes d’investissements directs étrangers, dont le volume est passé de 25 mil- liards de dollars en 1990 à 448 milliards en 2002 (sans compter Hongkong, qui en totalise presque autant). Pourtant, la force d’attraction exercée par la Chine sur les milieux d’affaires étrangers, illustrée en novembre par le mariage du français Thomson avec le chinois TCL, s’appuie pour l’instant plus sur le bas coût de la main-d’oeuvre que sur un marché encore à l’état de promesse. Les produits étrangers, même fabriqués en Chine, ne pénètrent encore que très faiblement un immense marché, brandi comme un appât par le régime de Pékin, qui préfère les réexporter, notam- ment vers les États-Unis, son principal partenaire commercial, absorbant le quart de ses exportations. Terre d’élection de la délocalisation, la « Chine-ate- lier » présente donc une vitrine capitaliste derrière laquelle la plus grande partie de sa population offre sa force de travail à bas prix, tandis que les milieux d’affaires et une classe moyenne très minoritaires quoique en expansion ont été gagnés aux moeurs consuméristes. La compétitivité des produits chinois repose sur les épaules de cette main-d’oeuvre plé- thorique, vivant souvent en lisière du seuil de la pau- vreté, et dont les paysans fournissent les plus gros contingents. Un réservoir apparemment inépuisable de près de 800 millions de ruraux, poussés vers les villes-champignons par un exode rural continu que le marché de l’emploi n’est pas en mesure de résor- downloadModeText.vue.download 149 sur 370

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147 ber, malgré les investissements étrangers et une poli- tique de grands travaux dont le gigantesque barrage des Trois-Gorges est le fleuron. Les efforts du gouver- nement pour restructurer un secteur public en dés- hérence sont aussi la cause d’une hausse du nombre des chômeurs, qui approcherait les 20 %, soit bien plus que les 7 % admis par les chiffres officiels.

Loin des principes égalitaristes fondateurs, c’est bien une société à deux vitesses, avec des disparités criantes, qui se met en place en Chine, où souffle un vent de contestation sans précédent, traduisant l’émergence d’une société civile capable de s’orga- niser malgré l’interdiction de toute opposition poli- tique, comme l’a montré la mobilisation syndicale dans l’usine Tiehejin de Liaoyang au printemps 2002, dont les leaders ont été jugés un an après.

Talon d’Achille du dragon chinois, cette vague nais- sante de contestation place le régime de Pékin devant ses contradictions. Pour l’endiguer, il devra bien se résoudre à faire davantage bénéficier la population des fruits d’une croissance qui doit tant aux capitaux étrangers ; mais comment maintenir ceux-ci et continuer à attirer les investisseurs tout en améliorant les salaires et les conditions de travail des ouvriers chinois ? Plus fondamentalement, le régime communiste devra franchir le pas qui le sépare d’un capitalisme qui n’ose encore dire son nom en passant d’une économie de production à une réelle écono- mie de consommation et de marché, plus ouvert à la concurrence des produits étrangers. La balance commerciale chinoise en pâtira sans doute, ce qui ne déplaira d’ailleurs pas aux principaux partenaires économiques de la Chine, les États-Unis comme l’UE, dont la balance est déficitaire et qui pressent pour cela Pékin de réévaluer le yuan, arrimé au dollar pour garantir la compétitivité des produits chinois. Mais c’est peut-être dans le domaine politique que les conséquences des mutations à venir seront les plus visibles.

● Les limites du système politique

Pour l’heure, le régime de Pékin utilise sa force de frappe économique en multipliant les accords com- merciaux et de libre-échange, comme avec les pays de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), tremplin régional dans sa course au leadership planétaire. C’est aussi sur l’arme économique qu’il semble miser désormais pour faire rentrer dans son giron Taïwan, dont les hommes d’affaires investissent à tour de bras sur le continent. Pour le régime de Pékin, le principe « un pays, deux systèmes », qui avait présidé à l’intégration de Hongkong, vaut aussi pour Taïwan. Mais ses tenta- tives de normalisation politique dans l’ex-colonie bri- tannique, qui ont provoqué des manifestations d’une ampleur sans précédent en juillet, le contraignant à reculer tout en resserrant ses liens économiques par un accord de libre-échange, ne rassurent guère Taïwan sur les intentions de Pékin.

À l’extérieur comme à l’intérieur, la Chine est confron- tée aux limites d’un « système » dont la schizoph- rénie constitue le principal obstacle à sa montée en puissance, qui dépend désormais de sa capa- cité à le réformer et à solder les comptes d’un passé maoïste douloureux, auquel des millions de victimes chinoises et tibétaines ont payé un lourd tribut entre 1950 et 1976, et qui survit encore aujourd’hui dans l’archipel du laogai, le goulag chinois. Le régime ne peut éternellement faire l’économie d’une ouver- ture politique que les profondes mutations sociales rendent inévitable. Il lui faut accepter les règles du jeu démocratique et mettre en place les institutions permettant le dialogue politique et social, sans ou- blier la couverture sociale qu’il doit à des millions de déshérités que le socialisme de marché – ou plutôt – le capitalisme « aux caractéristiques chinoises » a laissés sur le bas-côté de la route. Les ambitions de puissance planétaire de la Chine l’appellent par ail- leurs à confirmer ses bonnes intentions affichées, en pesant de tout son poids pour désamorcer les risques nucléaires dans la péninsule coréenne, en cessant ses menaces d’intervention armée contre Taïwan, en laissant sa liberté à Hongkong, mais aussi en acceptant les normes internationales en matière de lutte contre la prolifération nucléaire, contre les financements douteux et autres pratiques fraudu- leuses, comme la contrefaçon, au centre du sommet Chine-UE de novembre.

Le régime de Pékin peut certes aussi, sous l’impulsion d’une vieille garde toujours vigilante, se lancer dans une fuite en avant dans le nationalisme, seul véritable ciment désormais d’une société chinoise débar- rassée de ses oripeaux idéologiques, qui exalte ses champions sur les stades comme dans l’espace. Mais une telle option risquerait de ruiner les acquis de la Chine, dotée désormais de bien des atouts d’une grande puissance. Reste à savoir si ses ambitions ne feront pas perdre le sens de la mesure à l’empire du – juste – Milieu, qui se situe à la croisée des chemins, en ce début de XXIe siècle.

HONGKONG S’ACCROCHE À SA SPÉCIFICITÉ

Attachés à la spécificité de leur « région adminis- trative spéciale », garante de leurs libertés poli- tiques et économiques depuis 1997, les habitants de Hongkong étaient 500 000 à manifester le downloadModeText.vue.download 150 sur 370

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1er juillet, au 6e anniversaire de la rétrocession de l’ex-colonie britannique, contre un projet de loi inspiré par Pékin visant à intégrer à la législation locale un article contre la subversion, la sécession et la trahison. Devant l’ampleur de la contesta- tion, Pékin demandera à Tung-Chee-hwa, le chef du gouvernement local à sa dévotion, de retirer l’article de l’ordre du jour législatif. Dans le même temps, Pékin resserrait ses liens économiques avec Hongkong par un accord de libre-échange. Mais les habitants de l’ancienne colonie, qui manifes- taient à nouveau le 9 juillet, semblent décidés à maintenir la pression sur le gouvernement local affaibli par la crise, dont ils réclament des élections au suffrage universel. downloadModeText.vue.download 151 sur 370

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Le processus paraissait impossible. Pourtant, deux cents personnes réunies à Bruxelles de février 2002 à juin 2003 ont réussi à rédiger une constitution européenne.

Mais il reste à l’imposer aux dirigeants des États membres de l’Union et aux Européens eux-mêmes.

La longue marche de la Constitution européenne MARIE-FRANÇOISE MASSON JOURNALISTE À la Croix Il est des scènes qui marquent l’importance d’un événement. Bruxelles, 28 février 2002 : droit devant son pupitre, face à l’hémicycle comble du Parlement européen, Valéry Gis- card d’Estaing inaugure la convention pour l’avenir de l’Europe qu’il préside et qui s’est vue chargée de la rude tâche de rédiger un projet de constitution européenne. D’emblée, l’ancien président de la République française, jouant avec enthousiasme la carte de l’Européen convaincu – ne fut-il pas député dans ce même Parlement ? –, passe au fil de son discours de l’allemand au français et du français à l’anglais, sans oublier de saluer dans les autres lan- gues de l’Union européenne tous les représentants présents, s’attirant par là même les applaudissements chaleureux de l’auditoire. Bruxelles, 6 juin 2003 : dans le même hémicycle, Valéry Giscard d’Estaing bran- dit un document de plusieurs dizaines de pages et remercie l’assistance de son travail, provoquant de nouveaux applaudissements avant que chacun des acteurs présents, coupe de champagne en main, célèbre le consensus obtenu à l’issue d’un long et régulier travail de seize mois.

● Vingt-huit pays représentés

Tout commence lors du sommet de Laeken en décembre 2001.

Le fonctionnement des institutions est devenu illisible.

Qui, lorsque l’idée a germé de faire écrire un texte majeur pour l’Europe par plus de deux cents per- sonnes venant de vingt-huit pays du Vieux Conti- nent, aurait parié ne serait-ce qu’un euro sur le succès d’une telle entreprise ? Peu de monde. C’est en effet en décembre 2001, au sommet de Laeken, un château cossu installé dans les faubourgs de Bruxelles, que les chefs d’État et de gouvernement des quinze pays membres de l’Union européenne ont arrêté ce nouveau principe de travail. La rédac- tion de la future constitution européenne ne serait pas conduite par un groupe de juristes prestigieux concoctant dans le fond de leur bureau un texte dif- ficile à lire par les citoyens. Le travail se ferait au vu et au su de tous les Européens et serait confié non seulement à des représentants des trois institutions communautaires (Commission, Parlement, Conseil), mais aussi à des membres des Parlements nationaux et des différents gouvernements, sachant que, pour ces deux dernières catégories, les représentants se- raient issus des quinze États membres, des dix futurs entrants en mai 2004 et des trois autres pays (Rou- manie, Bulgarie et Turquie) qui attendent encore à la porte. De plus, chacun des conventionnels aurait un suppléant également présent dans l’hémicycle et ayant par là même voix au chapitre. Enfin, pour éviter la cacophonie, le sommet de Laeken nommait pré- sident de cette instance celui qui s’était porté candi- dat, Valéry Giscard d’Estaing, mais l’encadrait de deux vice-présidents, l’ancien président du Conseil italien Giulio Amato, spécialiste du droit constitutionnel, et l’ancien Premier ministre belge Jean-Luc Dehaene, fin connaisseur des arcanes communautaires. Les trois hommes s’entourant eux-mêmes d’un praesi- dium, sorte de bureau chargé de mettre en forme les textes, et d’un secrétariat dirigé par un diplomate hors pair, le Britannique John Kerr.

Cette armée mexicaine, complexe à conduire à bon port, s’est avérée essentielle. Le modèle communau- taire européen – fondé dès 1957 sur le consensus, autrement dit sur la décision prise à l’unanimité des États membres – avait été élaboré pour six pays. Certes, il était parvenu à s’adapter lorsque l’Union était passée à dix, à douze puis à quinze membres. Mais à vingt-cinq, on s’acheminait vers le blocage to- tal. De plus, au fil des élargissements, la raison d’être de l’Union s’était diluée. L’idée de créer un espace de paix, fondé sur la réconciliation entre belligérants et échafaudé par des pères fondateurs venus de pays sortis exsangues de la guerre et décidant de mettre en commun leur outil industriel, n’était plus essen- tielle aux yeux des arrivants successifs. Pour eux, l’Europe était d’abord un marché prospère où cha- cun voulait obtenir une part du gâteau. La fracture idéologique s’annonçait plus grande encore avec des pays qui venaient de vivre un demi-siècle de disette de l’autre côté du rideau de fer. Enfin, le fonction- downloadModeText.vue.download 152 sur 370

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150 nement même des institutions, d’une complexité inextricable, était devenu illisible, chaque nouvelle réforme ayant donné lieu à un nouveau texte : traité de Rome instaurant la Communauté économique européenne, acte unique de Luxembourg instaurant le grand marché intérieur, traité de Maastricht créant l’Union européenne et lançant la monnaie unique, traité d’Amsterdam mettant en place l’espace de sécurité de Schengen. Si bien que, d’empilements de textes en empilements de jargons techniques, seuls quelques technocrates s’y retrouvaient encore sur les rôles respectifs des instances communautaires ou sur la détermination de la sphère propre de pou- voir de chacun des États. À titre d’exemple, lorsque la convention européenne fit demander aux spécia- listes de Bruxelles de combien d’outils législatifs ils disposaient pour faire passer une réforme, aucun ne fut capable de donner le même nombre. Il était donc grand temps de rassembler les ensembles épars dans un même document fédérateur en élaguant ce qui n’avait plus cours et en affirmant sur la base de quels grands principes les Européens tenaient à vivre ensemble. Bref, il fallait une constitution européenne. Mais comment la rédiger ?

● Un mélange d’improvisation et d’organisation

Le premier réflexe avait été, en 2000, d’utiliser la for- mule habituelle. Celle de la conférence intergouver- nementale. Autrement dit, se mettre d’accord autour d’un texte obtenu lors d’une réunion des chefs d’État et de gouvernement. Mais la dernière conférence en date à Nice, en décembre 2000, avait laissé un goût de cendres tant les égoïsmes de chaque État s’étaient exacerbés, aucun dirigeant ne voulant en rabattre face aux autres. À l’inverse, une discrète initiative avait eu une heureuse issue. L’Union européenne, qui voulait à la même époque se doter d’une sorte de charte des droits de l’homme et du citoyen, avait dé- cidé de confier ce travail à la fois à des juristes et à des hommes politiques. Le groupe, appelé convention, formé de parlementaires et d’experts venant de tous horizons et de tous pays, avait, à l’issue de plusieurs mois de réflexions et de débats, accouché d’un texte remarquable et consensuel – la Charte européenne des droits fondamentaux – que les dirigeants des États membres n’avaient pu ensuite que caution- ner. Le mélange d’hommes et de femmes d’univers différents apprenant peu à peu à s’estimer et à se comprendre avait fait merveille. L’idée de reprendre la méthode pour la future constitution fut adoptée presque sans discussion.

Les débats sur la convention sont alors menés pen- dant seize mois dans un mélange d’improvisation et d’organisation. À ceux qui veulent aussitôt se lancer dans la rédaction d’un texte et sont prêts à en dé- coudre sur le nouvel échafaudage des pouvoirs, Valé- ry Giscard d’Estaing répond que ce groupe a d’abord besoin de se connaître. Pendant plusieurs mois, et à raison de séances de deux jours toutes les quatre semaines, l’hémicycle ne résonne que de discours. Mais une maïeutique se met en place. À l’été 2002, on passe à la phase des petits groupes de travail, chacun s’adjugeant une question particulière : sim- plification des textes, Europe sociale, gouvernance économique, défense commune. À chaque fois, il s’agit de déterminer jusqu’où Bruxelles peut aller et ce qui doit être du domaine propre de chaque pays. À l’automne 2002, Giscard présente le squelette de la future constitution, où viendront se loger une à une les mesures adoptées en groupes, puis discutées en assemblée générale et rédigées par le praesidium. Entre ceux qui veulent donner davantage de pou- voirs aux instances communautaires (les fédéralistes) et ceux qui s’y refusent (les souverainistes), entre les chantres du libéralisme et les défenseurs des services publics, entre ceux qui rêvent d’une Europe avec une défense propre et ceux qui se contentent du bouclier américain, le dialogue n’est pas évident. La discussion, notamment entre ceux qui veulent introduire dans le préambule la référence à Dieu (qui sera rejetée), et ceux qui veulent évoquer l’héritage des religions (qui sera adopté sans citer explicitement le christia- nisme), fait ainsi l’objet de débats loin d’être clos. En février 2003, au pire moment de la crise irakienne – l’UE étant divisée en deux camps, celui opposé à une guerre et celui décidé à se joindre au combat avec les États-Unis –, la convention songe à suspendre ses travaux. En fait, la crise aura une issue heureuse : celle de convaincre tout le monde de la nécessité de créer un nouveau poste, celui de ministre européen des Affaires étrangères chargé d’élaborer une politique commune en ce domaine. Mais c’est évidemment sur le schéma institutionnel que le consensus sera le plus difficile à élaborer.

CONSTITUTION, MODE D’EMPLOI

Outre le préambule, le projet de traité formant la nouvelle constitution européenne est divisé en quatre parties. La première partie est consacrée à la structure des institutions ; la deuxième reprend la charte des droits fondamentaux, autrement dit les droits et devoirs des citoyens européens ; la troisième traite des politiques et du fonctionne- downloadModeText.vue.download 153 sur 370

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151 ment de l’Union ; la quatrième aborde les disposi- tions générales et finales.

Dans deux domaines essentiels, l’effort de simpli- fication est certain : le texte définit précisément ce qui est de la compétence exclusive de l’Union européenne, le domaine où l’Union ne peut avoir que des actions de coordination avec les États membres et le domaine où les compétences sont partagées ; le texte réduit par ailleurs le nombre d’instruments juridiques. Dorénavant seules sub- sistent en matière européenne les lois, les lois- cadres, les règlements et les décisions. La réforme des institutions comporte six mesures phares :

– La nouvelle majorité qualifiée au sein des Conseils des ministres européens pour adop- ter un texte est constituée par la moitié des États membres, à condition qu’ils représen- tent au moins 60 % de la population de l’Union européenne.

– La présidence tournante de l’Union européenne prend fin. Le nouveau président du Conseil des chefs d’État et de gouvernement serait élu à la majorité qualifiée. Le projet de traité reste en revanche très flou sur l’organisation des futurs Conseils des ministres (transports, finances, agri- culture, etc.). Il ne dit pas combien de formations subsisteront, ni comment les présidences de ces conseils seront réparties entre les États membres.

– La Commission resterait composée d’un repré- sentant par État membre mais 15 membres seule- ment auraient le droit de vote.

– Un ministre des Affaires étrangères est nommé par le Conseil européen à la majorité qualifiée pour donner plus de cohérence et de visibilité à l’action extérieure de l’Union.

– Le pouvoir du Parlement est renforcé en matière budgétaire, commerciale et en matière d’accords internationaux.

– Sur l’initiative d’au moins un million de citoyens européens issus d’un nombre significatif d’États, la Commission peut être invitée à soumettre une proposition.

● Logique des grands pays contre logique des petits

La « ligne jaune » : déterminer jusqu’où Bruxelles peut aller.

La Communauté européenne de défense : « une armée apatride » et une « Babel militaire ».

L’Union européenne repose en effet sur un triptyque de pouvoirs : la Commission, le Conseil et le Parle- ment. La Commission est la gardienne des traités.

Responsable de l’application de la politique com- munautaire, elle est la seule à pouvoir proposer des projets de loi qu’adopte le Conseil composé des ministres de chaque gouvernement concerné par le sujet examiné : ministres de l’Agriculture si l’on se penche, par exemple, sur les aides agricoles, ministres des Finances lorsque vient en débat la politique éco- nomique, etc. Enfin, le Parlement est l’institution qui représente les citoyens. Il vote le budget et peut cen- surer la Commission. Dans un pays ordinaire, on dirait que la Commission est le gouvernement, le Conseil des ministres, une sorte de Sénat, de chambre haute représentant les États, tandis que le Parlement serait la chambre basse. En fait, dans l’Union européenne, c’est beaucoup plus complexe, chacun des États membres tenant à garder une part de pouvoir dans chaque institution. La Commission est ainsi com- posée d’au moins un représentant de chacun des pays (deux pour les grands). C’est dire si l’élabora- tion des textes législatifs se fait aussi à l’aune des intérêts de chaque État. De même, outre le Conseil des ministres, se réunit quatre fois par an un Conseil européen, composé des chefs d’État et de gouver- nement, qui prend les décisions ultimes s’imposant à tous, une sorte de présidence collective : c’est ce Conseil européen qui tranchera en fin de compte sur le contenu de la Constitution. Enfin, dernier signe que les gouvernants de chaque pays veulent garder la main, le Parlement n’a, sur de nombreux textes lé- gislatifs, qu’un pouvoir de consultation. Pourtant, ce triple et original attelage a permis que, doucement et dans le consensus, les États lâchent peu à peu des parcelles de leur souveraineté : la monnaie, la poli- tique migratoire, la surveillance des frontières et le commerce sont aujourd’hui communautaires, et ce n’est pas rien.

Mais, au sein d’une Europe aux histoires de plus en plus diverses, deux logiques de l’évolution des insti- tutions s’opposent. La première, souvent menée par une majorité de grands pays, veut faire du Conseil européen l’organe leader de l’Union : elle milite donc pour introduire dans la future constitution un prési- dent élu par ses pairs pendant une durée fixe, au lieu de l’actuelle présidence tournante tous les six mois ; de même, elle veut restreindre le vote à l’unanimité au profit d’une majorité qualifiée où chaque État ne serait pas égal, mais pèserait en fonction du poids de sa population. La seconde logique, soutenue par une majorité de petits et moyens pays, veut faire de la Commission l’organe phare : elle est réticente à l’élection d’un président du Conseil qui ferait de la Commission une haute fonction publique, et de son président, qui lui a un mandat fixe, un simple downloadModeText.vue.download 154 sur 370

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152 exécutant ; surtout, elle ne veut pas entendre parler d’une composition restreinte de la Commission dans laquelle chaque pays n’aurait donc plus son mot à dire. La solution proposée par le projet de consti- tution en juin 2003 ne satisfait personne à 100 %. Mais elle est adoptée par les conventionnels, signe que l’on est arrivé à un consensus : le président du Conseil européen serait dorénavant élu, sans être aussi omnipotent que l’auraient voulu certains pays ; la Commission restera composée d’un commissaire par pays, mais ces derniers n’auront pas tous en même temps le droit de voter au sein de la structure. Bref, le projet clair et lisible présenté aux chefs d’État et de gouvernement au sommet de Thessalonique (Grèce) est, depuis, la base de discussion entre les dif- férents États. Car, pour exister, le texte final doit être adopté à l’unanimité par tous les pays membres. Si le lieu de la signature d’un tel document est d’ores et déjà trouvé – Rome, là où fut adopté en 1957 le premier texte européen –, la date de la cérémonie et le contenu du texte restent ouverts. En effet, les mêmes logiques qui opposent petits et grands États, fédéralistes ou souverainistes, renaissent sans cesse depuis septembre 2003. Pourtant, en remettant son ouvrage à chaque dirigeant, Valéry Giscard d’Estaing a fait cette mise en garde : son projet était « à la fois insuffisant, mais inespéré car la convention était allée aussi loin qu’il était possible et toute correction mettrait en péril un fragile et miraculeux équilibre obtenu ». Un équilibre qu’il faudra ensuite faire adopter par les populations européennes consultées pour la plupart par référendum dans les années à venir. Et cela est une autre histoire.

QUI SE SOUVIENT DE LA CED ?

Le 26 octobre 1950, le gouvernement Pleven fait voter par l’Assemblée nationale le principe d’une « armée européenne » (343 voix contre, 225 venant des communistes et des gaullistes). Le 27 mai 1952, le gouvernement Pinay signe le traité de Paris établissant la Communauté européenne de défense (CED) ; le 30 août 1954, le gouverne- ment Mendès France soumet le projet de ratifi- cation du traité à l’Assemblée nationale. Celle-ci vote une question préalable entraînant le rejet du projet (pour le rejet : 99 communistes, 67 gaul- listes sur 73 ; 53 socialistes sur 105 ; 44 radicaux sur 100 ; 44 modérés sur 136). Ce projet prévoyait notamment un pacte d’assistance mutuelle en cas d’agression contre l’un des six États membres, des forces européennes de défense intégrées, des ins- titutions politiques, un protocole relatif aux rela- tions avec l’OTAN (autant de mesures aujourd’hui en germe dans le projet de constitution). Mais, pour les communistes, la CED était alors « une arme brandie contre l’URSS, patrie du socialisme » et, pour les gaullistes, elle serait « un des instruments d’une stratégie américaine » fabriquant une « armée apa- tride » et une « Babel militaire ». Quant à Pierre Men- dès France, signe que les socialistes n’étaient pas plus enthousiastes, « refusant de participer à un vote qui divise profondément l’Assemblée et l’opinion », il avait laissé l’Assemblée « prendre la décision qui lui appartient ». La Constitution européenne venait de prendre cinquante ans de retard.

LES FRANÇAIS : EUROPHOBES OU

EUROPHILES ?

Selon un sondage du 8 octobre 2003, près des trois quarts des Français (74 %) pensent que le président Jacques Chirac devrait décider d’organiser un réfé- rendum sur la Constitution de l’Union européenne. Les plus demandeurs sont les sympathisants du FN et du MNR (84 %), devant les électeurs de gauche (75 %) et de la droite parlementaire (68 %) ; 22 % ne jugent pas nécessaire ce référendum et 4 % ne se prononcent pas. – Les Français europhobes ? 61 % des personnes interrogées auraient voulu être consultées sur l’élargissement de l’Europe, projet ratifié par l’Assemblée nationale et concernant l’impact sur l’économie française ; 47 % pensent que la construction européenne a favorisé la croissance ; 46 % jugent au contraire qu’elle l’a plutôt gênée.

– Les Français europhiles ? Pour six Français sur dix, la construction européenne est une « source d’espoir ». Plus d’un Français sur deux souhaite l’élection d’un président de l’Europe au suffrage universel ; 71 % souhaiteraient qu’il existe « une armée européenne ». downloadModeText.vue.download 155 sur 370

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Entrée en vigueur le 1er juillet 2002, la Cour pénale internationale est la première juridiction permanente compétente pour juger les responsables de crimes internationaux.

Elle s’est mise au travail au printemps 2003, mais saura-t-elle convaincre les États de l’aider à rendre la justice ?

Les difficiles premiers pas de la CPI

BENJAMIN BIBAS ET EMMANUEL CHICON

Sise à La Haye (Pays-Bas), la Cour pénale internationale (CPI) est la première juridic- tion permanente compétente pour juger les responsables de génocide, de crimes contre l’humanité ou de crimes de guerre commis depuis le 1er juillet 2002, date d’entrée en vigueur du Statut de Rome. Ce texte, fondateur de la CPI, a été signé en 1998 par 139 États. Au printemps 2002, ils étaient 60 à l’avoir ratifié, chiffre minimal pour que la Cour soit créée. Fin 2003, les États parties à la Cour étaient désormais 92, se répartissant entre les pays du Sud, surtout africains et latino-américains, et le vieux Continent, dont la totalité des 25 membres de l’Union européenne.

Géographiquement, la Cour est donc loin d’être uni- verselle : ni la Chine, ni la Russie, ni les États-Unis, pour ne citer que les États les plus puissants, ne sont par- ties au Statut de Rome. L’universalité de la CPI n’est pas davantage juridique. Sa compétence est limitée aux crimes commis sur le territoire des États parties au Statut ou par leurs ressortissants, sauf à être saisie par le Conseil de sécurité des Nations unies. ● Droit d’ingérence

La Cour n’en est pas moins devenue opérationnelle au cours du premier semestre 2003. L’Assemblée des États parties, organe politique qui encadre le fonctionnement de la Cour et vote son budget (53 millions d’euros en 2004), a d’abord élu ses dix- huit juges, dont l’origine géographique représente la diversité des traditions juridiques du globe. Puis les magistrats ont nommé à leur tête le Canadien Philippe Kirsch, devenu président de la CPI. Pour le procureur, en charge de la politique des poursuites, le choix de l’Assemblée s’est porté sur l’Argentin Luis Moreno Ocampo. Le greffe, enfin, a été confié au Français Bruno Cathala, qui doit notamment mettre en place une division d’aide aux témoins et aux vic- times ainsi qu’un Barreau pénal international.

Selon Philippe Kirsch, la CPI entend devenir un ins- trument de prévention des conflits. Héritière des tribunaux internationaux, depuis Nuremberg jusqu’à ceux qui ont vu le jour dans les années 1990 (voir encadré), la Cour consacre la responsabilité pénale individuelle et récuse l’immunité des chefs d’État ou des ministres devant les crimes imprescriptibles qui relèvent de sa compétence. La Cour est également contemporaine de l’avènement d’un nouvel ordre mondial censé reposer sur le « droit d’ingérence », qui selon l’expression de Bernard Kouchner, cofondateur de Médecins sans frontières, doit s’opposer à « la théorie archaïque de la souveraineté des États, sacralisée en protection des massacres ». Aussi le Statut de Rome institutionnalise-t-il, pour la première fois, le rôle des organisations non gouvernementales (ONG), qui ont activement soutenu la création de la CPI et dont les rapports pourront inspirer les investigations du pro- cureur. Corrélativement, et c’est une autre innovation majeure, la Cour octroie aux victimes le droit de parti- ciper à la procédure dès le stade de l’enquête et celui d’être indemnisées.

● La résistance des États-Unis

Porteuse d’avancées indéniables, la CPI doit d’ores et déjà surmonter plusieurs obstacles. À commencer par la « guerre » que les États-Unis mènent actuelle- ment contre une institution qu’ils estiment potentiel- lement hostile à leurs intérêts. Le président américain George W. Bush s’est empressé d’annuler la signature du Statut de Rome de son prédécesseur : les Améri- cains ont toujours plaidé pour une Cour placée sous le contrôle exclusif du Conseil de sécurité de l’ONU. Ils n’acceptent pas que celle-ci puisse également être saisie par un État partie ou par le procureur, et refusent tout autant que la compétence de la CPI s’étende territorialement aux crimes commis par des individus non ressortissants des pays ayant ratifié. En outre, l’Assemblée des États parties doit, au cours d’une conférence de révision programmée en 2009, intégrer au Statut de Rome le crime d’agression, pers- pective qui ne peut que gêner une administration américaine adepte de la « guerre préventive ».

Débutée à l’été 2002, l’offensive américaine contre la CPI repose d’abord sur une loi interdisant toute forme de coopération américaine avec la Cour (Ame- rican Service Members’ Protection Act). Dans la fou- lée, l’administration Bush a fait voter par le Conseil de sécurité des résolutions interdisant à la CPI de poursuivre les membres des opérations onusiennes de maintien de la paix, ressortissants des pays qui n’ont pas ratifié le Statut de Rome. Cette pression downloadModeText.vue.download 156 sur 370

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154 apparaît d’autant plus problématique que la Cour négocie actuellement un accord de coopération avec l’ONU selon lequel les forces sous mandat onu- sien devraient prêter main-forte au personnel de la CPI : protection, sécurité des témoins, arrestation des suspects. Enfin, les États-Unis ont fait signer de nombreux accords bilatéraux octroyant aux citoyens américains une exemption de poursuites devant la CPI. Soixante-huit pays approchés, dont la moitié sont des États parties au Statut de Rome à l’instar de la Colombie, avaient été sensibles aux arguments de Washington à l’automne 2003, les autres perdant le bénéfice de l’aide militaire américaine. « La Cour a été créée de manière permanente. Les environnements poli- tiques, eux, évoluent », estime toutefois Philippe Kirsch pour nuancer cette opposition américaine actuelle.

● La question de la compétence universelle

Les États parties de la CPI étaient au nombre de 92 en 2003.

Les 25 membres de l’UE reconnaissent les statuts de la CPI.

L’autre obstacle que la Cour devra franchir pour as- seoir sa crédibilité est tout aussi politique. Dépour- vue de moyens coercitifs pour contraindre un pays récalcitrant à coopérer, la CPI, loin d’abolir la souve- raineté des États, entend fonctionner en complé- mentarité avec les juridictions nationales. La CPI, en effet, n’a aucune priorité sur les justices nationales. Elle n’intervient que si les États ne peuvent pas, le plus souvent à la suite d’un conflit, ou ne souhaitent pas exercer leur compétence – deux occurrences définies à l’article 17 du Statut, et soumises à l’appré- ciation du procureur. Or, jusqu’à présent, cette com- plémentarité n’est possible qu’avec 20 États parties, ceux qui ont achevé la transposition du Statut de Rome dans leur législation nationale. Une opération d’autant plus importante qu’elle inclut des méca- nismes de compétence universelle, selon lesquels un pays ayant ratifié les Conventions de Genève de 1949 (sur les crimes de guerre) et de 1984 (contre la torture) doit poursuivre ou extrader tout auteur de crimes internationaux et ce, indépendamment de sa nationalité.

Au sein de l’Union européenne, la Belgique a été le premier pays à mettre en oeuvre la compétence universelle dans une loi votée en 1993. Des victimes rwandaises du génocide de 1994 se sont saisies de ce texte pour faire condamner à Bruxelles quatre de leurs compatriotes en 2001. C’est également en vertu de cette loi belge qu’ont été déposées plusieurs cen- taines de plaintes visant des personnalités politiques de haut rang, au nombre desquelles l’actuel Premier ministre israélien Ariel Sharon, pour sa responsabi- lité présumée dans les massacres commis à Sabra et Chatila en 1982. Mais devant les complications diplo- matiques, et notamment sous la pression des États- Unis alertés par une plainte visant l’actuel secrétaire d’État Colin Powell pour sa participation en tant que général en chef des armées américaines à la pre- mière guerre du Golfe (1991), le texte a été amendé en août 2003 dans un sens beaucoup plus restrictif. L’Espagne apparaît également en pointe en matière de compétence universelle : en juillet 2003, le juge Baltasar Garzon a réussi à convaincre le Mexique d’extrader l’ex-militaire argentin Ricardo Cavallo, afin qu’il réponde devant la justice madrilène de crimes commis pendant la dictature (1976-1983). Une pre- mière, suivie en septembre par la mise en accusation d’une trentaine de membres d’al-Qaida.

En France, plusieurs affaires sont actuellement ins- truites au titre de la compétence universelle : l’une d’entre elles vise le général tortionnaire mauritanien Ely Ould Dah ; une autre, des hauts dignitaires du « Congo-Brazzaville », dont l’actuel président Denis Sassou Nguesso. Mais le projet de loi d’adaptation au Statut de la CPI, en cours de discussion intermi- nistérielle et qui entend (enfin) inclure les crimes de guerre dans le Code pénal français, est critiqué. La Commission nationale consultative des droits de l’homme lui reproche notamment de réserver « au Ministère public l’exclusivité du déclenchement des poursuites pour les infractions commises à l’étranger », sans que les victimes aient leur mot à dire. En clair, ce projet contiendrait en germe la mort de la compé- tence universelle en France.

RWANDA

À Arusha (Tanzanie), les procès du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), créé en 1994, manquent également de lisibilité. Certes, dès 1998, l’ancien Premier ministre rwandais Jean Kambanda a été condamné à perpétuité. Et Théoneste Bago- sora, ex-directeur de cabinet du ministre de la Dé- fense et considéré comme le principal « cerveau » d’un génocide qui a fait plus de 800 000 morts, est actuellement en cours de jugement. Mais là aussi, l’accusation du procureur Carla Del Ponte patine. Dans un pays où les anciens génocidaires sont nombreux, la protection des témoins est difficile, ce qui encourage le mutisme. Et le gouvernement rwandais est peu enclin à coopérer : à terme, le président Paul Kagamé, ancien chef du Front downloadModeText.vue.download 157 sur 370

DOSSIERS ART ET CULTURE

155 patriotique rwandais (FPR), pourrait lui aussi être inquiété par le TPIR pour les massacres commis à la fin de l’année 1994, en représailles au génocide. Afin de clarifier la stratégie de l’accusation, Carla Del Ponte a été remplacée en septembre par le Gambien Hassan Boubacar Jallow.

● Le dossier congolais

En dépit des nombreuses difficultés qui s’annoncent, la Cour a toutefois commencé à travailler. Après avoir étudié les quelque 500 communications parvenues à La Haye depuis le 1er juillet 2002, le procureur Ocam- po a décidé de s’intéresser, dans un premier temps, au conflit qui ensanglante l’Ituri, en République démo- cratique du Congo (RDC). Rassemblant une panoplie d’atrocités, allant des exécutions sommaires aux viols collectifs en passant par les mutilations et le canni- balisme, il implique, en outre, un certain nombre d’entreprises africaines, européennes et moyen- orientales qui profiteraient du conflit pour exporter illégalement des ressources minières. Se fondant sur une lecture ambitieuse de l’article 25 du Statut préci- sant que la CPI est compétente pour juger toute per- sonne physique qui « apporte son concours à la com- mission » d’un crime connu par la Cour, « y compris en fournissant les moyens de cette commission », Luis Moreno Ocampo entend remonter toute la chaîne des responsabilités dans un crime de masse, sans omettre les responsables financiers. En insistant sur le rôle de ceux-ci, le procureur de la CPI semble éga- lement soucieux de montrer que sa juridiction n’est pas l’expression d’un néo-impérialisme judiciaire qui se limiterait à faire tomber les ressortissants d’États faibles. Le gouvernement de transition de la RDC, constitué le 30 juin sous la pression du Conseil de sécurité et auquel participent les principaux chefs des mouvements rebelles impliqués dans des mas- sacres, a certes déclaré sa volonté de coopérer avec la communauté internationale en vue de rétablir la paix. Mais il n’a pas pour autant exprimé sa volonté de saisir la CPI dans le cas de l’Ituri.

YOUGOSLAVIE

Depuis une dizaine d’années, le Conseil de sécurité des Nations unies a mis en place trois tribunaux spéciaux pour connaître des crimes de génocide, des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre commis dans des conflits internes au cours des années 1990.

Le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougos- lavie (TPIY) de La Haye (Pays-Bas), créé en 1993, a déjà condamné 39 responsables militaires et politiques sur les 44 procès qu’il a menés. Mais celui de Slobodan Milosevic, premier ancien chef d’État à comparaître devant un tribunal, est confus. Depuis le début des dépositions en février 2002, il aura fallu dix-huit mois à l’accusation pour présenter toutes ses preuves, et elles n’ont guère convaincu. Geoffrey Nice, substitut britannique au procureur suisse Carla Del Ponte, s’est notam- ment heurté à la collaboration très aléatoire des États concernés, en particulier de la Serbie. De plus, Milosevic a choisi de se défendre lui-même, sans avocat, ce qui lui permet de gagner du temps et de transformer les contre-interrogatoires en spectacles médiatiques. downloadModeText.vue.download 158 sur 370

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L’organisation de l’islam en France, un objectif poursuivi par les pouvoirs publics depuis une quinzaine d’années, est devenue une réalité en 2003 avec la création du Conseil français du culte musulman.

L’organisation du culte musulman en France SOLENN DE ROYER JOURNALISTE À la Croix

En 1806, Napoléon avait réuni les notables juifs et les avait enjoints de s’entendre pour créer le Consistoire israélite français. Le Consistoire existe toujours aujourd’hui, aux côtés de la Conférence des évêques français ou de la Fédération des protestants de France. Jusqu’à présent, les musulmans étaient les seuls à ne pas dis- poser d’instance de représentation qui leur permette, au même titre que les autres religions, de bénéficier du libre exercice du culte tel qu’il est garanti par la loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Églises et de l’État. La création d’une telle instance, visant à l’organisation de l’islam de France, est un objectif qu’ont inlassablement poursuivi les pouvoirs publics ces quinze dernières années.

● Un islam de plus en plus visible

La France compte entre trois et cinq millions de musulmans, ce qui fait de l’islam la deuxième religion du pays. L’arrêt officiel de l’immigration de travail en 1974 et l’intensification des politiques de regrou- pement familial ont contribué à rendre irréversible l’enracinement des immigrés. Parallèlement, les mu- sulmans ont évolué dans leur manière de concevoir et de pratiquer leur religion : si « les pères » de la pre- mière génération de l’immigration pratiquaient dans la discrétion (ils pensaient être de passage dans une société d’accueil qu’ils ne voulaient pas choquer), ce n’est plus le cas de leurs enfants ou de leurs petits-en- fants, qui revendiquent une double identité : Français et musulmans. Autrefois cantonné dans la sphère privée, l’islam s’inscrit donc désormais dans l’espace public. Durant les années 1980, la multiplication des signes de la pratique religieuse témoigne de cette évolution : l’islam, en France, devient visible. Parallè- lement, la loi de 1981 qui facilite la création d’associa- tions consacre l’émergence de multiples associations musulmanes, qui sont toujours plus actives, tant sur le plan culturel que cultuel. Souvent sollicité, l’État doit répondre aux revendications des musulmans concernant le port du voile à l’école ou dans l’Admi- nistration, la nourriture halal dans les cantines sco- laires ou la construction de carrés musulmans dans les cimetières. La demande croissante de lieux de culte incite le gouvernement à poser la question du statut juridique du culte musulman et de l’applica- tion à l’islam de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État.

● Une communauté musulmane divisée En 1990, Pierre Joxe, alors ministre de l’Intérieur, crée donc le Conseil de réflexion sur l’islam en France (CORIF), une sorte de conseil de sages regroupant quinze membres choisis par le ministre ou cooptés. Ces responsables associatifs, universitaires ou hauts fonctionnaires de culture musulmane sont chargés de faire des propositions aux pouvoirs publics. C’est par exemple à l’initiative du CORIF qu’ont été créés les premiers carrés musulmans dans les cimetières (circulaire de février 1991). Mais le CORIF n’est pas en mesure de jouer le rôle d’entité représentative des musulmans de France. Or, il s’agit toujours pour les pouvoirs publics de trouver des interlocuteurs légitimes au sein d’une communauté musulmane divisée, éclatée en une quinzaine de nationalités d’origine (Maghreb, Turquie, Afrique noire) et une multitude de chapelles associatives. Dès son arrivée place Beauvau en 1993, Charles Pasqua change de politique. Il abandonne le CORIF au profit d’un sou- tien inconditionnel à la Mosquée de Paris (financée par l’Algérie), avec l’espoir d’imposer son recteur comme l’interlocuteur privilégié des pouvoirs publics. La Mosquée de Paris ouvre ainsi en 1994 un institut de formation des imams (en 1990, sur 500 imams recensés, 4 % seulement sont citoyens français et la plupart ont été formés à l’étranger !). C’est un échec. L’institut cesse rapidement son activité, faute de sub- vention et en raison du coût de ses formations. En 1995, Dalil Boubakeur tente également de mettre sur pied une fragile coordination nationale des musul- mans de France. In fine, les pouvoirs publics ne par- viennent pas à faire de la Mosquée de Paris un pôle de rassemblement.

● J.-P. Chevènement lance l’« istichara » En 1999, Jean-Pierre Chevènement change de mé- thode et lance une « consultation des représentants des principales sensibilités musulmanes sur l’organisa- tion du culte islamique en France ». À cette consulta- tion (en arabe, istichara) sont associées les grandes downloadModeText.vue.download 159 sur 370

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157 fédérations – Mosquée de Paris, Union des organisa- tions islamiques de France (UOIF, proche des Frères musulmans), la Fédération nationale des musulmans de France (FNMF, à dominante marocaine), le mou- vement missionnaire du Tabligh –, les grandes mos- quées pilotées par l’étranger – Évry, Mantes-la-Jolie, Lyon, Marseille et Saint-Denis de la Réunion –, ainsi que des personnalités « qualifiées », choisies pour leurs compétences. Les Turcs, d’abord réticents, vien- dront se joindre au processus, ainsi que les Africains. Jean-Pierre Chevènement pose comme préalable de toute négociation la signature d’un texte inti- tulé « Principes et fondements juridiques régissant les rapports entre les pouvoirs publics et le culte musulman ». Pour le ministre, il s’agit là de « faire confirmer aux signataires leur reconnaissance des lois de la République » et d’affirmer « qu’il n’existe pas de conflits de principe entre la tradition du culte musul- man et l’organisation légale des cultes en France ». Le 28 janvier 2000, la quasi-totalité des personnalités et mouvements sollicités acceptent de signer le docu- ment. La démarche du ministère de l’Intérieur reçoit ainsi l’aval d’un éventail assez complet de l’islam fran- çais : de l’UOIF, très conservatrice, à des personnali- tés modérées, comme le grand mufti de Marseille, Soheib Bencheikh. Jean-Pierre Chevènement, qui réaffirme que « la République française respecte l’islam comme elle respecte les autres religions », insiste pour que cette « consultation » ne soit pas imposée par l’État mais soit bien le reflet de « l’auto-organisation des musulmans dans le cadre des lois qui sont celles de la République ». Le gouvernement propose ensuite de travailler sur des sujets qui appellent des solutions concrètes et rapides : création éventuelle d’associations cultuelles, création de nouveaux lieux de culte, ou statut des re- ligieux. Trois groupes de travail associant des experts musulmans, des représentants des différentes admi- nistrations concernées et l’Association des maires de France sont ainsi créés. Le départ de Jean-Pierre Chevènement se produit au moment où la consul- tation est sur le point de déboucher. Les participants adressent d’ailleurs une lettre au gouvernement de- mandant la poursuite de la démarche engagée. Da- niel Vaillant, qui succède à Jean-Pierre Chevènement, s’y engage. Le 3 juillet 2001, le processus marque une avancée de taille : à l’issue de délicates négociations, les partenaires de la consultation aboutissent en effet à la signature d’un accord-cadre sur l’organisation fu- ture du culte musulman. L’accord prévoit un système d’élections assez complexe à partir des mosquées et des salles de prière, à l’inverse de la procédure suivie en Belgique, où chaque musulman a la possibilité de voter s’il le souhaite. La future instance représentative trouve également un nom : ce sera le Conseil français du culte musulman (CFCM). Et un statut : celui d’une association loi de 1901.

Ce sont les événements du 11 septembre 2001 qui vont accélérer le processus, alors que 60 % de la po- pulation française exprime sa crainte face à l’islam et aux musulmans. De leur côté, ces derniers ressentent et vivent mal l’amalgame latent entre islam et terro- risme. Mais alors même qu’en France les représen- tants musulmans ont unanimement condamné les attentats perpétrés contre les États-Unis, les événe- ments du 11 septembre donnent des arguments aux adversaires de la consultation. La parole se libère : le grand mufti de Marseille, Soheib Bencheikh, accuse les pouvoirs publics d’être irresponsables et complai- sants à l’égard des milieux musulmans les plus fonda- mentalistes. Il qualifie le Tabligh de « secte » et l’UOIF d’« antichambre de l’islamisme le plus radical ». De son côté, la Mosquée de Paris ne cesse de demander un report des échéances électorales, d’abord fixées au 26 mai 2002, puis au 23 juin 2002, et menace de quit- ter la consultation. Celle-ci s’enlise donc une nouvelle fois, écartelée entre deux tendances rivales : un islam modéré, originaire d’Afrique du Nord, et un islam transnational qui puise ses sources dans des mou- vements fondamentalistes comme celui des Frères musulmans d’Égypte, interdit dans de nombreux pays musulmans.

● Nicolas Sarkozy est pressé d’organiser l’islam de France

« La situation des musulmans dans notre pays n’est pas bonne ». Quand il s’installe place Beauvau en juin 2002, Nicolas Sarkozy hérite du dossier dans un contexte toujours très tendu à l’égard des musulmans. « La situation des musulmans dans notre pays n’est pas bonne », serine le ministre. Il reçoit d’abord individuellement chacun des membres de la consultation, avant de les réunir tous le 20 juin. Le nouveau ministre affirme être prêt à poursuivre le processus de la consultation, tout en acceptant que tout travail accompli puisse être remis en question. Sa méthode : mélanger une part d’élec- tions et une part de cooptation pour faire émerger une future instance représentative équilibrée. Son objectif : qu’aucun courant de pensée ne prenne le pas sur les autres et que les femmes, ainsi que les minorités, soient représentées.

● Le séminaire de Nainville-les-Roches

Tout s’accélère encore avec le séminaire de Nain- ville-les-Roches. Les 19 et 20 décembre, Nicolas downloadModeText.vue.download 160 sur 370

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Sarkozy réunit les musulmans de la consultation à huis clos au château de Nainville, propriété pri- vée du ministère de l’Intérieur. Le ministre espère parvenir à l’arraché à mettre sur pied une instance représentative de l’islam de France, qui puisse satisfaire les différentes tendances concernées. Le 9 décembre 2002, un premier accord – une sorte de pacte de non-agression – avait été conclu entre les trois principales fédérations (FNMF, Mosquée de Paris et UOIF) pour organiser le futur Conseil fran- çais du culte musulman. Dix jours plus tard, derrière les grilles du château de Nainville-les-Roches, les fédérations rivales, les grandes mosquées et les per- sonnalités qualifiées parviennent enfin à se mettre d’accord sur la composition du bureau exécutif du futur CFCM. Il s’agit là d’une avancée considérable. L’élection de Dalil Boubakeur, recteur de la Mosquée de Paris, à la tête du CFCM est désormais admise par tous. Le ministère de l’Intérieur tenait en effet à ce que le CFCM soit présidé par le représentant d’un is- lam modéré, et implanté en France depuis plusieurs générations, quoique peu représentatif. La FNMF et l’UOIF obtiennent quant à elles les vice-présidences de l’instance représentative. Selon les protago- nistes, le séminaire est un succès. Aux yeux de Dalil Boubakeur, l’accord est « historique ». Seule femme supposée siéger au bureau du CFCM, Bétoule Fek- kar-Lambiotte démissionne pourtant deux mois plus tard, reprochant à Nicolas Sarkozy de privilé- gier l’UOIF, qu’elle juge « parfaitement rétrograde ». Bétoule Fekkar-Lambiotte sera remplacée par Dou- nia Bouzar, membre de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) et auteur d’un livre sur les nouveaux prédicateurs musulmans. D’autres détracteurs du CFCM contestent également le choix non démocra- tique des membres du bureau exécutif du Conseil. D’autres, enfin, insistent sur le fait que l’islam de France, organisé ou pas, reste sous influence des pays d’origine, comme le Maroc ou l’Algérie.

● Les élections du CFCM et des CRCM

Le 23 février 2003, c’est en tenue de jogging, à l’issue d’un week-end de discussion place Beauvau, que le ministre de l’Intérieur annonce qu’un accord a enfin été trouvé sur le fonctionnement du Conseil du culte musulman, ainsi que sur l’organisation des élections. Ces dernières sont fixées aux 6 et 13 avril suivants.

Le vote va s’opérer en deux temps : neuf Régions voteront le 6 avril – l’Alsace, l’Aquitaine, la Bretagne, le Centre, la Corse, l’Île-de-France (ouest), le Limou- sin, la Basse-Normandie et les Pays de la Loire ; les autres régions voteront le dimanche suivant. Le découpage correspond aux régions administratives, sauf pour l’Île-de-France, qui est découpée en trois. La composition du bureau du CFCM a déjà été déci- dée le 20 décembre à Nainville-les-Roches, mais le scrutin va permettre de connaître les tendances des lieux de cultes au plan national. Les élections ont donc lieu aux dates prévues. Le grand mérite de ce scrutin, commentent les observateurs, est d’avoir abouti. Car la première victoire du CFCM est d’abord symbolique. Ce succès est toutefois confirmé par la très forte participation au vote, supérieure à 88,5 %. Les résultats sont sans surprise : ils consacrent la défaite de la Mosquée de Paris. Le gagnant officiel du scrutin est la Fédération nationale des musul- mans de France (FNMF), soutenue par le Maroc et plus traditionaliste que la Mosquée de Paris : elle obtient 16 sièges sur 41 au conseil d’administration du CFCM. Mais, pour beaucoup, c’est l’UOIF, proches des Frères musulmans, et très active en banlieue, qui sort vainqueur. Elle obtient 13 sièges au conseil d’administration (contre 6 seulement pour la Mos- quée de Paris) et remporte la présidence de trois des conseils régionaux du culte musulman (CRCM) les plus importants : l’Île-de-France centre (Paris et la petite couronne), la Région PACA et l’Alsace. En tout état de cause, le vote est historique puisque, pour la première fois, les musulmans de France ont élu leurs propres instances de représentation en désignant, pour partie, les membres du tout nou- veau CFCM. Visage officiel de la seconde religion de France, cette structure, dont les membres ont été élus pour deux ans, sera l’interlocuteur des pouvoirs publics, à l’échelon national et régional, pour tout ce qui touche de près ou de loin au culte musulman : la formation des imams en France, la construction des mosquées, l’organisation des fêtes religieuses comme celle de l’Aïd-el-Kébir, l’envoi des aumôniers musulmans dans les prisons.

Les autres grandes confessions religieuses expri- ment leur satisfaction, à l’issue de ces élections qui dotent enfin la France d’un corps représentatif pour l’organisation du culte musulman. Le grand rabbin de France, Joseph Sitruk, se félicite que le gouver- nement ait pu mener à bien ce projet. Il ajoute tou- tefois que cette « représentation logique des fidèles musulmans ne s’étend pas à tous les musulmans, qui sont des citoyens comme les autres, mais seulement à ceux qui s’intéressent aux questions religieuses ». Jean- Marie Lustiger, archevêque de Paris, met en garde, lui aussi, contre la tentation de poser la question de l’immigration maghrébine en la réduisant à celle de l’islam. downloadModeText.vue.download 161 sur 370

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L’ORGANISATION DU CFCM

L’instance représentative des musulmans de France est composée par le CFCM et les 25 CRCM (un par Région administrative).

Le premier est chargé de définir les orientations de principe et de dialoguer avec les pouvoirs pu- blics au niveau ministériel. Les CRCM sont chargés d’appliquer ces principes et de dialoguer au niveau local. Le CFCM exerce un droit de suspension d’une décision d’un CRCM.

Le CFCM est composé de trois instances : une assemblée générale de 197 membres (dont les trois quarts sont élus), un conseil d’administration de 64 membres (dont les deux tiers sont élus), un bureau élu par le conseil d’administration.

Les 25 CRCM comprennent trois instances : une assemblée générale composée par les délé- gués des lieux de culte de la région (leur nombre est proportionnel à la superficie de la salle de prière), un conseil d’administration, un bureau élu par les délégués.

LE BUREAU DU CFCM

Président

Dalil Boubakeur (Mosquée de Paris)

Vice-présidents Fouad Alaoui (UOIF) et Mohamed Bechari (FNMF)

7 représentants des grandes fédérations Mosquée de Paris (GMP) : dirigée par Dalil Bou- bakeur, elle prône un islam modéré. Inaugurée en 1926, sous contrôle du gouvernement algérien, elle gère une centaine de lieux de culte.

Union des organisations islamiques de France (UOIF) : soutenue par les pays du Golfe, elle est proche des Frères musulmans qui prônent la « réislamisation par le bas » de la société.

Fédération nationale des musulmans de France (FNMF) : ses cadres, soutenus par le Maroc, dé- fendent un islam traditionaliste.

Invitation et mission pour la foi et la pratique : mou- vement piétiste prosélyte et fondamentaliste.

Fédération française des associations islamiques d’Afrique, des Comores et des Antilles (FFAIACA) : représente un islam africain éparpillé et peu organisé.

Comité de coordination des musulmans turcs de France (CCMTF) : contrôlé par la Turquie, il est sur- tout implanté dans l’est de la France.

5 représentants des grandes mosquées Mosquée de Mantes-la-Jolie Centre culturel islamique d’Évry Grande Mosquée de Lyon Grande Mosquée du sud de la France (Al Islah) Grande Mosquée de Saint-Denis de la Réunion

2 personnalités Soheib Bencheikh, grand mufti de Marseille Dounia Bouzar, de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), qui remplace Mme Bétoule Fekkar- Lambiotte, démissionnaire.

● Les premiers pas du CFCM

La question du voile islamique divise le CFCM.

L’euphorie post-électorale passée, le Conseil fran- çais du culte musulman doit commencer à travailler. Début octobre 2003, à l’occasion de la deuxième réu- nion de son conseil d’administration, le CFCM met en place une dizaine de commissions de travail. L’une d’elles proposera des orientations sur l’enseignement du fait islamique à l’école, et s’occupera du dossier des établissements privés confessionnels. Une autre commission entend s’intéresser à l’émission consa- crée à la foi musulmane sur France 2. Les autres com- missions traiteront de sujets tels que la formation des imams, celle des aumôniers musulmans, l’attri- bution du label « halal », le financement du CFCM, les problèmes liés au pèlerinage de La Mecque, ceux concernant les célébrations des différentes fêtes, ou encore le dialogue interreligieux. Mais c’est sur la question du voile que l’avis du CFCM est le plus attendu, le cabinet de Nicolas Sarkozy n’ayant de cesse d’exiger une position officielle de l’« islam fran- çais ». C’est chose faite, depuis le 12 octobre, date à laquelle son conseil d’administration assure dans un communiqué que les jeunes filles qui portent le voile se conforment à une « prescription religieuse ». Le Conseil français du culte musulman ajoute qu’il « demande avec force l’application du principe de laï- cité et l’avis du Conseil d’État de 1989 » selon lequel le port du voile à l’école ne constitue pas à lui seul un motif de sanction. En rédigeant son communiqué, le CFCM a donc choisi de ne pas retenir la suggestion de l’UOIF de préciser que le port du voile relève de la liberté individuelle. Dalil Boubakeur enfonce le clou, en soulignant que légiférer pour interdire le voile à l’école serait « une erreur profonde » et en demandant que le CFCM ou les conseils régionaux soient sollici- tés à chaque affaire de voile. Début septembre, Nico- las Sarkozy avait invité les responsables musulmans à « réfléchir au rayonnement du CFCM, une instance downloadModeText.vue.download 162 sur 370

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160 très jeune mais dont tout le monde attend beaucoup ». L’avenir dira si le CFCM, vieux rêve des ministres de l’Intérieur successifs, et finalement accouché aux for- ceps en cette année 2003, parviendra à jouer sereine- ment son rôle d’instance représentative des musul- mans de France, tout en restant dans le strict respect de la laïcité à la française. downloadModeText.vue.download 163 sur 370

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Le cinéma français a été fragilisé en 2003. Peu de grands films à succès, un tassement de la fréquentation d’environ 8 % par rapport à l’année passée, des petites diminutions des parts du cinéma français et la crise des intermittents du spectacle, qui inquiète la profession.

Le journal du cinéma RAPHAËL BASSAN CRITIQUE DE CINÉMA, REVUE Europe

L’année 2003 n’a pas été celle des masto- dontes mais plutôt un cru où les films de qualité n’ont pas manqué. On note cepen- dant peu de révélations de nouveaux auteurs mais la confirmation de cinéastes matures comme Alain Corneau (Stupeurs et tremblements), Claude Chabrol (la Fleur du mal), Gus Van Sant (Ele- phant) ou Clint Eastwood (Mystic River). Sans parler de courants, on peut affirmer que les oeuvres autour de la jeunesse déboussolée et les films sociaux ont marqué l’année.

● Le cinéma français

172 millions d’entrées pour le cinéma français en 2003

Une production française qui fait la part belle aux drames intimistes Une razzia de césars pour le Pianiste de Roman Polanski

L’année s’ouvre par l’étonnante trilogie de Lucas Bel- vaux (Un couple épatant, Cavale et Après la vie) qui s’attache au destin de quelques personnages et, en choisissant tel ou tel événement, en tire respective- ment une comédie, un thriller et un mélodrame. Le soupçon amoureux, le retour d’un ancien terroriste (proche des Brigades rouges) et la vie intime d’un policier et de sa femme droguée – protagonistes qu’on retrouve dans les trois opus avec des rôles plus ou moins importants – tissent une vision assez dure de la situation sociale et politique en France en ce début de décennie.

Cinéaste remarqué il y a peu, comme Lucas Belvaux, Bruno Dumont (Grand Prix du Jury à Cannes en 1999 pour l’Humanité) élabore, de manière inattendue, avec Twentynine Palms, un film d’angoisse particu- lièrement troublant avec une écriture cinématogra- phique qu’on croyait peu apte à s’acclimater aux fictions américaines. Fidèle à son style épuré, le réa- lisateur suit un couple en voiture (un photographe et sa compagne) à travers de vastes étendues déser- tiques. La femme demeure étrangère, pas seulement en raison de la langue, mais aussi psychologique- ment, à l’homme et aux événements. Toutefois, une singulière sensualité les lie jusqu’au moment où un événement imprévisible se produit qui fait basculer les spectateurs dans l’horreur. Le mérite de Dumont, si on le compare à ses collègues américains, c’est de faire surgir de nulle part une angoisse très dense plu- tôt que de farcir son film d’effets gratuits.

Ancienne documentariste, Julie Bertucelli met en scène, avec Depuis qu’Otar est parti..., une séduisante fable, à cheval entre la France et la Géorgie, ou trois femmes – sa mère, sa soeur et sa nièce – attendent l’hypothétique retour d’Otar (en fait décédé). Il en résulte trois admirables et sensibles portraits de femmes. Après avoir révélé Isild Le Besco avec le moyen-métrage la Puce (1998), Emmanuelle Bercot s’attaque, avec pudeur, à un sujet difficile dans Clé- ment : l’amour d’une femme de trente ans pour un adolescent. La cinéaste évite la plupart des écueils liés au traitement d’un pareil sujet dans un film qui sonne juste. Avec les Corps impatients, de Xavier Gian- noli, nous avons une autre approche de la jeunesse que celle qui prévaut dans le cinéma américain (très désespérée comme nous le verrons dans Elephant de Gus Van Sant). Une jeune fille, rôle admirable- ment tenu par Laura Smet (fille de Nathalie Baye et de Johnny Hallyday), atteinte du cancer, lutte avec désespoir pour conserver l’amour de son compa- gnon séduit par une amie commune. Un film à la fois tendre et physique. Parallèlement aux travaux réussis de ces jeunes cinéastes, on note, en 2003, le retour de cinéastes confirmés comme Claude Chabrol, Ray- mond Depardon, Alain Corneau, Patrice Chéreau et Jacques Rivette avec des films très forts.

Dans la Fleur du mal, Chabrol s’attaque encore une fois à la bourgeoisie provinciale. Autour d’Anne (mer- veilleuse Nathalie Baye), qui mène avec désinvolture et cynisme une campagne électorale, évolue une galerie de personnages peu reluisants. Des tracts anonymes accusant la tante Line d’assassinat jettent le trouble dans la famille qui se défend comme elle peut, jusqu’au dénouement fatal. La Fleur du mal est certainement un des films les plus noirs de Chabrol, un de ceux où il y a le moins de place pour l’espoir. La dernière oeuvre d’un vieil homme machiavélique et talentueux.

À mi-chemin du documentaire et de la fiction, Ray- mond Depardon esquisse (c’est le terme juste tant tout est suggéré ici) avec Un homme sans l’Occident, downloadModeText.vue.download 164 sur 370

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162 un splendide poème en noir et blanc rappelant le photographe de génie qu’il est. Le prétexte – plutôt que le thème – du film tourne autour de la vie d’Alifa, un homme libre du désert, dans les années 1920, au Tchad, alors que la colonisation française approche. Des messages très forts passent, mais jamais de ma- nière unilatérale. C’est un film témoignage tant par le fond que par la forme. Le cas d’Alain Corneau est assez particulier. Étiqueté cinéaste d’action, notam- ment avec le fort réussi Série noire (1979), il change totalement de style dix ans plus tard avec Nocturne indien, une adaptation remarquable et intériorisée du roman de l’écrivain italien Antonio Tabucci. On note la même acuité du regard dans Stupeur et tremble- ments, une relecture personnelle de l’autobiographie d’Amélie Nothomb, qui cerne, avec discernement et humour, les restes de l’esprit « féodal » dans le Japon contemporain des bureaucrates. Tout cela est vu à travers les yeux d’une jeune Belge amenée à tra- vailler dans une entreprise nippone, et à narrer ses problèmes avec sa supérieure qui ne comprend – nous semble-t-il – que le langage de l’autorité et de la hiérarchie. Mais celle-ci découvre un autre monde au contact de la jeune Européenne, par l’intermé- diaire d’une complicité amoureuse qu’elle se refuse à admettre. Rapports difficiles également entre deux frères qui s’étaient perdus de vue dans Son frère de Patrice Chéreau. Thomas, l’aîné, débarque chez Luc à l’improviste et lui demande de l’aider car il est très malade. Luc est surpris, car tout les sépare : notam- ment Thomas a du mal à admettre l’homosexualité de son cadet. Pourtant, de ces jalousies, de ces haines rentrées va émerger et se formaliser un amour latent, un amour caché qu’aucun des deux protagonistes ne soupçonnait.

Délaissant la mise en scène à grand spectacle du type la Reine Margot (1994), Patrice Chéreau retourne à un cinéma intimiste, dur, qui l’avait fait remarquer en 1983 avec l’Homme blessé. Son frère est une oeuvre âpre et poignante.

Au cours des années 1970, Jacques Rivette s’était exercé au fantastique avec Duelle. Il voulait réaliser une tétralogie, mais seuls Duelle et Noroît furent achevés. Le tournage d’Histoire de Marie et Julien fut interrompu au bout de quelques jours. Le cinéaste reprend le sujet près de trente ans plus tard et le mène à terme. Plus qu’une aventure fantastique entre un homme et une revenante (parfaite Emma- nuelle Béart), Histoire de Marie et Julien est un film d’amour très sensuel. D’une sensualité qu’on trouve rarement chez Rivette. Signalons, pour terminer, l’excellent film d’animation franco-canadien de Syl- vain Chomette, les Triplettes de Belleville, à la fois stylisé

(rien à voir avec le poli formel des cartoons améri- cains), cocasse, poétique et absurde. Pour l’anecdote, quelques femmes tournent autour d’un cycliste tota- lement déshumanisé et qui ne peut vivre (ou sur- vivre) sans son vélo, sans, comme Sisyphe, « rouler » perpétuellement. Remarquable !

Comme on l’a vu, la production française de l’année 2003 est essentiellement tournée vers les drames intimistes avec, toutefois, de fortes connotations sociales. Sociales mais rarement politiques. La vie culturelle française a été nettement perturbée dès le mois de juin par ce qu’on appelle désormais le « cas des intermittents du spectacle ». Ces derniers étaient soumis à une législation particulière qui leur permettait, entre deux films ou entre deux pièces de théâtre, ou simplement lors de répétitions non rémunérées d’être pris en charge à des conditions particulières par les ASSEDIC. Un accord signé le 26 juin entre trois syndicats et le MEDEF remet en cause un certain nombre d’avantages, notamment l’obligation pour l’intermittent de cotiser plus tout en étant moins indemnisé. Ce qui frappe en pre- mier les productions fragiles et, à moyen terme, vise à réduire le choix d’oeuvres proposées aux citoyens par une concentration autour des productions les plus cossues. Cela touche acteurs et techniciens. Une mobilisation sans précédent a eu lieu et continue encore en décembre 2003 pour le retrait de ce texte jugé fatal par la profession. Il est encore trop tôt pour mesurer les effets pervers de ce texte sur la création cinématographique. Il semble que le gouvernement ne veuille pas céder puisqu’il a laissé – fait sans précé- dent – le festival d’Avignon, vitrine culturelle majeure, se dissoudre sans intervenir.

LES CÉSARS

– Meilleur film de l’année : le Pianiste de Roman Polanski

– Meilleur réalisateur : Roman Polanski pour le Pianiste

– Meilleur acteur : Adrien Brody dans le Pianiste – Meilleure actrice : Isabelle Carré dans Se souve- nir des belles choses – Meilleur acteur dans un second rôle : Bernard Le Coq dans Se souvenir des belles choses – Meilleure actrice dans un second rôle : Karin Viard dans Embrassez qui vous voudrez – Meilleur jeune espoir masculin : Jean-Paul Rouve dans Monsieur Batignole – Meilleur jeune espoir féminin : Cécile de France dans l’Auberge espagnole downloadModeText.vue.download 165 sur 370

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– Meilleur scénario original ou adaptation : Cos- ta-Gavras, Jean-Claude Grumberg pour Amen – Meilleur son : Jean-Marie Blondel, Gérard Har- dy, Dean Humphreys pour le Pianiste – Meilleur montage : Nicolas Philibert pour Être et avoir

– Meilleurs costumes : Philippe Guillotel, Tanino Liberatore, Florence Sadaune pour Astérix et Obé- lix : mission Cléopâtre – Meilleurs décors : Allan Starski pour le Pianiste – Meilleure photo : Pawel Edelman pour le Pianiste

– Meilleure musique de film : Wojciech Kilar pour le Pianiste

– Meilleure première oeuvre de fiction : Se souve- nir des belles choses de Zabou Breitmann – Meilleur court-métrage : Peau de vache de Gé- rald Hustache-Mathieu – Meilleur film étranger : Bowling for Columbine de Michael Moore – Meilleur film de l’Union européenne : Parle avec elle de Pedro Almodovar – César d’honneur : Meryl Streep, Spike Lee, Ber- nadette Lafont

● Aux États-Unis

Les vétérans se sont peu renouvelés cette année, mais nous ont donné parfois des oeuvres fortes. Le spectateur est un peu mitigé face à Gangs of New York de Martin Scorsese. Celui-ci dresse un por- trait inquiétant de la ville au milieu du XIXe siècle où gangsters et délinquants dominent. Le film mélange combats et rixes « intimistes » sur le modèle de Mean Streets (1973), un des premiers films de Scorsese, et un goût de la saga calqué sur le modèle du Parrain de Francis Ford Coppola. Une oeuvre louable, mais qui laisse insatisfait.

Après bien des échecs et une carrière en dents de scie, l’ex-scénariste de Scorsese, Paul Schrader, refait sur- face avec Autofocus, une oeuvre intrigante et aboutie. Le film décrit la descente aux enfers d’un Américain moyen qui découvre les séductions de l’argent et du sexe grâce à sa réussite professionnelle. Écrit ainsi, simplement, cela paraît banal. Mais on sent, dans le film, la lutte du personnage, un scénariste à succès, pour ne pas plonger dans la « déshumanisation ». Schrader reste toujours marqué par une éducation puritaine, d’où la position ambiguë dans laquelle il place ses personnages attirés et effrayés par d’autres valeurs, celles du « mal ». On constate une rupture du même ordre face à un étiolement et à une mécani- sation de l’action propres au cinéma contemporain américain dans Mystic River de Clint Eastwood. Trois amis ont vécu une aventure traumatisante dans leur enfance et ne se revoient plus qu’occasionnellement. Celui qui fut victime d’un viol ne s’en est jamais remis. Ils se retrouvent quand la fille de l’un d’entre eux a été tuée. Eastwood se préoccupe moins de suspense (la réponse est connue dès le début) que de l’analyse poussée de chacun de ses personnages, le tout situé dans une Amérique où les valeurs vacillent. Cela fai- sait longtemps que Clint Eastwood ne nous avait pas gratifiés d’un film aussi parfait.

Cinéaste totalement atypique, responsable d’une oeuvre farouchement personnelle, Steven Soder- bergh se livre, avec Solaris, à un pari a priori irréali- sable, faire une nouvelle version du célèbre film que Tarkovski réalisa en 1972 en réponse au fameux 2001, l’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick. Soderbergh s’attache moins à l’aspect space opera du roman de Stanislav Lem qu’à décrire, dans des conditions bien particulières, une passion amoureuse, un peu à la dimension de l’univers. Largement incompris, Solaris fera certainement parler de lui dans quelques années. Totalement opposé à ce projet, on trouve The Matrix Reloaded d’Andy et Larry Wachowski, film dans lequel les éléments de scénario ne sont que des prothèses à l’émergence d’un nouveau langage totalement visuel. En bridant une intrigue, forcément pauvre et redondante, en la réduisant à une épure, les frères Wachowski arrivent à concilier spectateurs ordinaires et critiques. Voulant renouveler leur exploit, ils récidi- vent avec un troisième Matrix Revolutions qui tourne un peu à vide.

L’Amérique livre tous les ans son quota de films so- ciaux, « engagés », et cela même dans les périodes politiques les moins favorables. Avec la Vie de David Gale, Alan Parker réalise un film ambigu sur la sup- pression de la peine de mort. Un journaliste jusqu’au- boutiste se fait condamner pour un crime qu’il n’au- rait apparemment pas commis. Le système judiciaire est ébranlé lorsqu’on apprend que sa victime s’est suicidée. Mais s’est-elle vraiment suicidée ? Si Parker n’arrive pas à nous convaincre à un niveau social ou moral, il démontre de manière insidieuse que la ma- nipulation est toujours possible et que des innocents paient toujours.

Ron Shelton réalise, en revanche, avec Dark Blue, un film de contestation sociale « classique ». Alors qu’on juge les meurtriers présumés de Rodney King (un Noir assassiné dans des conditions troubles en 1992), un policier des brigades spéciales, qui a lui-même trempé dans des affaires louches, s’aperçoit que son chef couvre les crimes de deux de ses indicateurs afin d’avoir un contrôle sur les délinquants de Los Angeles, et aussi pour en tirer des profits financiers. downloadModeText.vue.download 166 sur 370

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Suspense et démonstration sont rondement menés dans ce film nécessaire.

Avec Elephant de Gus Van Sant et Ken Park de Larry Clark et Ed Lachman, nous entrons dans un terri- toire que les Américains ont souvent privilégié dans leurs films : le mal de vivre de la jeunesse. S’inspirant d’une tuerie qui eut lieu dans un lycée de Colum- bine (États-Unis) en avril 1999, Gus Van Sant en tire un film choral où les divers protagonistes (des col- légiens ordinaires) sont longuement scrutés dans leurs occupations quotidiennes jusqu’au moment où la violence surgit, soudaine, inexplicable. La fas- cination exercée par le film de Van Sant provient du fait qu’il refuse l’explication sociologique. Il y a, de-ci de-là, quelques clés éparses, mais pas de vision glo- bale. À notre avis, Elephant n’est pas vraiment un film achevé, mais un brillant exercice de style qui laisse en suspens un grand nombre de questions. Ken Park est très différent dans la mesure où ce film s’attache, en profondeur, à décrire la vie de quelques adoles- cents dont l’ami vient de se suicider. Si l’oeuvre jongle avec les clichés – peut-on faire autrement en traitant ce type de sujet ? –, il « surdramatise » les situations et nous montre, en fin de compte, des personnages très fragiles qui, par manque de critères, en arrivent au meurtre.

● Ailleurs

Les productions en provenance d’Asie arrivent tou- jours nombreuses sur le marché français. Le vétéran japonais Takeshi Kitano demeure un des cinéastes préférés de la critique. Deux de ses films furent à l’affiche en 2003 : le superbe et onirique Dolls, et le très lourd et surestimé Zatoichi, remake d’une série populaire nippone des années 1960 qui décrit les aventures d’un masseur aveugle très fin bretteur. On est frappé par le fait que Kitano aborde son sujet au premier degré sans sa distance et son humour habi- tuels. Le film japonais le plus marquant est certaine- ment 19, une première oeuvre due à Kazushi Wata- nabe. Cynisme, sens de l’absurde dominent ce film qui décrit la saga de trois « voyous philosophes » qui prennent un adolescent en otage dans leur voiture. Ce dernier finit par éprouver de la sympathie pour ses tyrans.

Après une longue éclipse due à de grandes difficul- tés politiques et sociales, l’Amérique latine refait par- ler d’elle. Si la Cité de Dieu du Brésilien Fernando Mei- relles aborde à nouveau, avec un très grand réalisme, le problème des adolescents tueurs des favelas, il en va autrement du film argentin de Diego Lerman, Tan de repente. C’est un long road-movie, où deux filles homosexuelles prennent en charge une vendeuse de grande surface. L’univers antagoniste des trois personnages se dilue au fur et à mesure qu’une série d’intrigues vient se greffer sur le canevas de base. Mais c’est Japon, du Mexicain Carlos Reygadas, qui nous paraît l’oeuvre la plus aboutie et la plus intri- gante du lot. Un homme arrive dans un village perdu pour se donner la mort. Il vivra une très étrange pas- sion charnelle avec une vieille femme.

Enfin, Dogville de Lars von Trier n’a pu atteindre son but. Ce cinéaste doué, qui a commencé dans le ba- roque (Element of Crime, 1984), a tenté divers styles. La structure théâtrale qui sous-tend Dogville ne permet pas au film de se développer et nous avons l’impression d’un vain exercice de style comme si von Trier cherchait la nouveauté technique avant de s’intéresser au propos de son film. La grande surprise nous vint en fin d’année avec Good Bye Lenin, de l’Al- lemand Wolfgang Becker, qui développe avec intelli- gence une fiction autour de la chute du mur de Ber- lin. Espérons que ce film remettra l’Allemagne sur le devant de la scène, une place qu’elle a perdue depuis la mort de Fassbinder, il y a une vingtaine d’années. Si 2003 n’a pas été l’année des grandes révélations, elle a consolidé, en France et aux États-Unis, le travail de quelques cinéastes confirmés. Peu de nouveaux talents sont apparus et les « enfants prodiges » d’hier

– Quentin Tarantino (Kill Bill) et les frères Coen (Intolé- rable cruauté) – nous ont déçu. Tarantino n’arrive pas à se détacher de ses obsessions d’adolescent pour le film de genre. Ce qui fonctionnait encore il y a quelques années tourne à l’exercice de style. Quant à Intolérable cruauté, c’est une comédie sophistiquée qui aurait pu être tournée par n’importe quel artisan.

PALMARÈS DE CANNES

– Palme d’or : Elephant (Gus Van Sant) – Grand Prix du jury : Uzak (Nuri Bilge Ceylan, Turquie)

– Mise en scène : Gus Van Sant pour Elephant – Actrice : Marie Josee Croze dans les Invasions barbares (Denys Arcand, Canada) – Acteurs : Muzaffer Ozdemir, Mehmet Emin To- prak dans Uzak – Scénario : Denys Arcand pour les Invasions barbares

– Prix du jury : À 5 heures de l’après midi (Samira Makhmalbaf, Iran) – Caméra d’or 2003 : Reconstruction (Christoffer Boe, Danemark) – Mention spéciale : Osama (Sedigh Barmak, Iran) downloadModeText.vue.download 167 sur 370

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La littérature nationale connaîtrait-elle son automne, comme on dit l’automne d’une vie ? Elle que l’on résume plus que jamais à l’événement qui rythme chaque mois de septembre : l’immuable rentrée littéraire – sa pléthore et les prix y afférents.

1 300 nouveaux livres à la rentrée littéraire : toujours plus !

La saison littéraire en France FRÉDÉRIC PERROUD CRITIQUE LITTÉRAIRE

Au point de la parer des couleurs de saison – grisaille et morosité –, faute d’enjeux, de perspectives ou, tout simplement, de capacité de renouvellement. Donc, tout aurait déjà été dit ? On aurait fait le tour de toutes les manières de le dire ? Plus rien de nouveau à ajouter ? Un point de vue pessimiste auquel les premiers inté- ressés, éditeurs et auteurs, entendent, marché oblige, opposer l’évidence du nombre, du toujours plus. En cela, la cuvée 2003 ne déroge pas à la règle.

Une évidence qui se traduit, depuis une dizaine d’an- nées (364 titres à la rentrée 1994), par des records d’édition. Toujours plus, tel semble le mot d’ordre constant de l’édition, ne serait-ce que pour continuer à faire de la France une nation littéraire : les librairies sont encore nombreuses et bien approvisionnées, leur choix est vaste, leur influence ne cesse de croître depuis la disparition du rendez-vous d’Apostrophes, l’annonce du Goncourt est retransmise en direct dans les journaux télévisés. Faut-il s’en plaindre ? Mais près de 700 romans français et étrangers (une progression de 4 % par rapport à l’an passé), quelque 600 essais et documents, 1 300 nouveaux livres pour la rentrée littéraire 2003. Qu’en faire, que lire, que choisir ? Comment trier le bon grain du marais, plat et sans envergure, celui qui n’apporte rien, qui n’anticipe rien, celui dont le nombril – encore qu’un monde puisse s’y cacher – tient lieu de veine, de substance et de style, celui dont les thèmes sont éculés, celui qui déballe moins qu’il n’emballe... Rien d’indigne dans cette littérature au demeurant. Et, en admettant que tout écrivain est un névrosé qui en- robe son trouble dans l’écriture, toute névrose étant honorable, il n’est pas question de lui ôter son public.

Tout est affaire de collaboration : entre les éditeurs et le public, les premiers se chargeant de sélectionner, selon leur intuition ou au petit bonheur, les auteurs qu’ils jugent dignes de satisfaire l’appétit littéraire du second, l’ensemble étant régi par un incertain calcul de probabilité. Abondance de nouveautés ne nuit pas, tant que l’offre est multiple et diversifiée et la de- mande décemment soutenue. Mais surabondance... c’est-à-dire lorsque la production dépasse ce que le « marché » peut absorber. Si seulement cette sura- bondance constituait un gage de profusion d’idées, d’ambitions, de styles, d’engagements... Dans Fahren- heit 451 de Bradbury, la société brûlait les livres. La nôtre fait mieux : elle les publie.

Qu’importe, au fond, si, au sein de cette marée roma- nesque, quelques îlots auront émergé, emporté, ému ou marqué leur lecteur pour, au minimum, l’éternité. Après tout, si les livres-qui-changent-la-vie étaient plus nombreux que les livres-que-c’est-pas-la-peine, on devrait le savoir depuis longtemps.

Et le rôle de la critique dans le jardin des lettres ? Extraire les pépites de la glaise, pour la version valo- risante ; s’arracher les cheveux, pour la version réa- liste, devant le flot littéraire qui la submerge et que, ayant perdu son ancien caractère de majesté et de prévalence, elle n’est plus en mesure à elle seule d’encadrer. Face à la marée de papier, lecteur parmi d’autres lecteurs, fort de son endurance, le critique livre les résultats de sa pêche effectuée au plaisir de la découverte, avec seulement quelques longueurs d’avance sur ses semblables, ses frères.

PRIX LITTÉRAIRES 2003

– Grand Prix roman de l’Académie française Jean-Noël Pancrazi Tour est passé si vite – Prix Décembre Régis Jauffret Univers, univers – Prix Femina Sijie Dai le Complexe de Di – Prix Femina - Essai Jean Hatzfeld Une saison de machettes – Prix Femina - Roman étranger Magda Szabo la Porte – Prix Goncourt Jacques-Pierre Amette la Maîtresse de Brecht – Prix Goncourt des Lycéens Yann Apperry Farrago – Prix Interallié Frédéric Beigbeder Windows on the World – Prix Médicis Hubert Mingarelli Quatre Soldats downloadModeText.vue.download 168 sur 370

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– Prix Médicis - Essai Michel Schneider Morts imaginaires – Prix Médicis - Roman étranger Enrique Vila-Matas le Mal de Montano – Prix Renaudot Philippe Claudel les Âmes grises – Prix Renaudot - Essai Yves Berger Dictionnaire amoureux de l’Amérique

● Auteurs contre éditeurs

Un plaisir qui débouche parfois sur une surprise, laquelle, cette fois, n’est pas strictement du ressort de la littérature, mais plutôt de ses moeurs, telles qu’on les pratique du côté de Saint-Germain-des-Prés. Elle nous vient d’un petit livre de Marie-Odile Beauvais, laquelle se demande dans le très ulcéré Discrétion as- surée comment un éditeur peut publier un écrivain et ne rien faire pour vendre son livre. L’auteure raconte le traitement qui lui fut infligé lorsqu’elle publia son premier roman dans une auguste maison de la rue des Saints-Pères, en 1995, en même temps qu’un cer- tain Yann Moix. Ce n’est certes pas le livre de l’année, mais ce règlement de comptes au vitriol a au moins le mérite de rompre l’omerta qui règne sur certaines pratiques éditoriales. D’aucuns insisteraient sur le pa- radoxe consistant à raconter une histoire de ses bides littéraires et à en faire un succès ; d’autres constate- raient suavement que ce lavage de linge sale porte moins sur l’édition parisienne que sur la naïveté de l’auteur déçu. Plutôt que le son du clairon, Jean-Noël Pancrazi choisit la nuance de sa petite musique, dans Tout est passé si vite, pour décrire la foire aux vanités du petit monde littéraire parisien et les liens ambigus entre un auteur et son éditeur. Une foire aux vanités avec laquelle Daniel Pennac a pris ses distances – ses relations avec le microcosme lui en donnent les moyens –, le temps de reprendre son souffle et de se renouveler, après l’immersion dans le prenant uni- vers des Malaussène et son risque d’enfermement. Il revient dans une grande entreprise romanesque, le Dictateur et le hamac, un récit de fiction gigogne, qui mêle réflexion sur le travail de création littéraire et innombrables péripéties. Pour en terminer sur le chapitre des relations auteurs-éditeurs, on pense à François Prunier, auteur, ou victime, désigné(e) d’un livre programmé pour être « dérangeant voire scan- daleux », selon son éditeur, Stock. Le jury du prix Sade pourrait bien trouver dans ce premier roman d’ap- prentissage d’un genre particulier, où l’auteur décrit la découverte de ses pulsions déviantes, un succes- seur idéal à son lauréat 2003, le très controversé Il entrerait dans la légende de Louis Skorecki.

● Les 11 septembre

L’année écoulée est plutôt considérée comme un cru de raconteurs d’histoires, avec un vrai retour de la narration, qui s’opère aux dépens du pur récit. L’auto- fiction cède un peu de son territoire à l’hyperréalisme et aux faits de société. Les romanciers français se seraient enfin décidés à se confronter avec les réa- lités sociales et politiques d’une époque troublée – notamment par les attentats. Ceux du 11 septembre 2001 sont au coeur de plusieurs ouvrages. Depuis deux ans, ils font un tabac au rayon essais et docu- ments. Pourquoi n’investiraient-ils pas le créneau du roman ? Didier Goupil raconte, dans le Jour de mon retour sur Terre, le cauchemar d’un survivant ; Jean- Jacques Greif Nine Eleven, un inégal « romanquête » à partir des confessions des élèves de la Stuyvesant High School, située à quelques pâtés de maisons des tours. Dans 11 septembre, mon amour, Luc Lang ins- crit lui aussi la tragédie dans une perspective roma- nesque, qui met en scène sa vision de l’Amérique, dénonçant ses excès et sa violence. Très attendu, Fré- déric Beigbeder se tire honorablement du piège qu’il s’est lui-même tendu, explorant, au passage, l’hyper- réalisme, un genre de plus en plus en vogue, nourri de scènes crues et sauvages, d’où peut naître une réelle émotion. Windows on the World narre l’histoire croisée d’un père de famille et de ses deux fils, au sommet du World Trade Center, le matin du 11 sep- tembre 2001, et d’un jeune dandy français attablé au sommet de la tour Montparnasse. Un maelström de mots, qui agace le lecteur par son torrent de narcis- sisme et le séduit par son énergie atomique. ● Dire la guerre

Représenter la guerre est l’autre grand défi que relèvent les écrivains. La guerre récente, celle qui fit rage dans les Balkans dans Océane et les barbares de Sylvie Matton. Celle qui ravagea l’Afrique dans l’essai Une saison de machettes de Jean Hatzfeld. Hatzfeld avait déjà écrit, à propos du génocide rwandais, un pur chef-d’oeuvre constitué par des récits de resca- pés, Dans le nu de la vie. Celui qu’il publie cette année en constitue la suite naturelle. Il a recueilli les témoi- gnages des bourreaux de la tragédie rwandaise pour tenter de percer à jour les ressorts humains d’une des pires tragédies du XXe siècle. La guerre totale, la Grande Guerre, on la trouve dans la nouvelle trilogie de Max Gallo et dans deux romans qui racontent le front et l’arrière. Dans la guerre d’Alice Ferney est une vaste fresque qui met en scène une famille de paysans landais prise par le tourbillon meurtrier du downloadModeText.vue.download 169 sur 370

DOSSIERS ART ET CULTURE

167 premier conflit mondial. Dans cette chronique de la désolation, elle tisse en contrepoint un autre chant, un chant d’amour et d’innocence. Les Âmes grises de Philippe Claudel se passe à l’est de la France, dans un village situé sur la route du front. Éprouvant mais émouvant, le roman explore les petites lâchetés du quotidien et les intenses douleurs de la vie qui broie les âmes, quelles qu’en soient la couleur et la teinte, guerre ou pas guerre. La sortie de la Maîtresse de Brecht de Jacques-Pierre Amette, prix Goncourt, a provoqué un coup de tonnerre dans le landerneau des lettres : à la surprise générale, le jury Goncourt a pris tout le monde de court et, deux semaines avant la date initialement prévue (le 3 novembre), il a décerné son prix à Amette, un habitué des der- nières sélections. Le but de la manoeuvre, présentée comme une facétie par l’illustre jury, était de prendre de vitesse le Grand Prix de l’Académie française, décerné le 23 octobre. Les plus outrées en tout cas furent les dames du Femina, qui virent dans le coup d’éclat des Goncourt la rupture cavalière du pacte de non-agression informel passé voici quelques années pour régler définitivement les problèmes de priorité calendaire. Quoi qu’il en soit, le Goncourt d’Amette fait vivre ses personnages dans une atmosphère aus- si froide – le Berlin-Est de 1948 – que la guerre dont ils se font les acteurs.

● Dans l’air du temps

Côté actualité, l’inspiration est inépuisable : les socio- logues devront faire face à une rude concurrence, qui se penche sur les grandes tempêtes de 1999 (Jean- Guy Soumy), la mort de lady Di (Laurence Cossé), les SDF (Dominique Sampiero), l’immigration (Fatou Diome), la téléréalité et les médias (Gilles Martin- Chauffier). Dans le roman de ce dernier, Silence, on ment, on parle aussi de la société d’en bas, celle qui préoccupe moins les politiques, sauf à proximité des échéances électorales. Adieu à la France qui s’en va de Jean-Marie Rouart, suite de tableaux et de réflexions sur des moments d’une vie, constitue une véritable « mythologie française » dont l’Olympe s’y nomme Panthéon, les dieux et les héros Jeanne d’Arc et de Gaulle, Drieu la Rochelle et Romain Gary, les sans- culottes de Valmy, les képis blancs de Cao Bang, le capitaine Dreyfus et le jardinier Raddad. Une France, redoute l’auteur, qui est retournée à « cette nuit bar- bare » d’où elle jaillit au temps de saint Rémi. Une ville de Denis Robert peint un monde-miroir qui nous ressemble et nous effraie et nous fascine, immense Big Brother omniscient d’un univers construit comme la plus inouïe des introspections intellectuelles, à la manière d’un certain Georges Perec. Plus modeste, l’Histoire de Chirac (pas l’homme, mais une ville de

Lozère) d’Éric Holder, sous le vernis de l’intrigue, est un joli petit palimpseste et une ode au granite, à la lauze, aux mélèzes, aux monts de Margeride, ancien pays de loups. Un des rares coins de France où on peut avoir l’impression de revenir quelques années en arrière, avant que l’homme ne devienne « envieux, replié sur lui-même, distrait, dangereux ».

● Asies

L’Asie est très tendance, même au rayon lettres. Le Personne de Linda Lê est une histoire de fou, où des repères sont placés pour mieux déboussoler le lec- teur, des vérités révélées pour mieux le fourvoyer, pendant que l’auteure, tapie dans l’ombre du récit, en maîtrise la malicieuse construction. Le Complexe de Di, prix Femina, qui titre à partir d’un jeu de mots sur le complexe d’OEdipe, se situe du côté de l’hu- mour, limite farfelue et loufoque. On n’a pas échappé à la surmédiatisation de Shan Sa et de son Impératrice (Albin Michel), un roman que se sont arraché deux éditeurs à coup de procès : le scandale littéraire de la rentrée, mais surtout une nouvelle étape inspirée qui mène Shan Sa au coeur de la Chine éternelle.

● Amours, désamours

La description de l’amour, de préférence volatile, reste encore le thème littéraire le plus exploité. An- téchrista d’Amélie Nothomb met en scène un nou- veau duel. Après la journaliste et l’écrivain, le laid et la belle, l’Occidentale pleine de bonne volonté et la vicieuse japonaise, c’est cette fois l’affronte- ment entre une jeune fille rêveuse et trop sage et une jeune fille solaire et extravertie, attirant irrésis- tiblement l’amour de tous et de toutes. Beaucoup d’adolescents s’y reconnaîtront. Tant qu’il y aura du rhum de François Cérésa est un roman sur les men- songes qui embellissent la vie, une fresque nos- talgique sur l’amour, la filiation, Saint-Germain des Prés et l’éducation sentimentale d’un jeune homme qui, le jour venu, se souvient... White de Marie Dar- rieussecq ausculte des scientifiques à la recherche de poussières cosmiques qui vivent une histoire d’amour dite à plusieurs voix par de fantomatiques narrateurs. Loin des clichés, Darrieussecq poursuit une recherche exigeante vers un renouvellement du romanesque. Camille Laurens, dans l’Amour, roman, cherche à sonder deux thèmes essentiels : l’amour et le roman, annoncés d’emblée dans le titre, en se prenant elle-même pour objet d’étude. Un roman plutôt désenchanté, aux phrases longues et amples qui suggèrent un paradis vraiment perdu que seul l’amour de la langue peut aider à retrou- ver. Avec Faire l’amour, Jean-Philippe Toussaint nous livre le récit d’une rupture amoureuse, celle d’un downloadModeText.vue.download 170 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

168 couple séduisant qui s’étreint une dernière fois pour se remémorer la première fois, dans une sorte de lune de miel à l’envers. La Constante de Hubble de Stéphanie Janicot considère le couple comme une galaxie. Mais les lois de la cosmologie peuvent-elles vraiment permettre de comprendre les trahisons et les incompréhensions que l’amour suscite ? Un roman plaisant qui a au moins le mérite de poser un questionnement clair sur la vie de couple. Trauma d’Hélène Duffau est un livre court, rageur, le récit d’une femme violée qui n’est plus qu’une immense cicatrice, et qui cherche à se venger. De Les anges brûlent de Thibault de Montaigu, fils de Françoise Gallimard et neveu d’Antoine, on a dit qu’il s’agis- sait du nouveau Bonjour tristesse et, de son auteur, le nouveau Sagan au masculin. Son premier roman rappelle un peu Bret Easton Ellis, mais dans le XVIe arrondissement de Paris. En tout cas, le texte de Thibault de Montaigu est féroce, plein d’une lucidi- té malsaine. La Révélation de Pierre Mérot fait le récit très drôle et très méchant d’un naufrage humain entre misère enseignante, amours massacrées et libations sans fin.

● Histoires

Le roman historique, comme toujours, se porte bien. Patrick Rambaud livre le dernier volume de sa trilogie impériale (l’Absent), qui décrit l’atmosphère fin de règne, prélude au premier exil de l’Empe- reur. Une transcription minutieuse des états d’âme des uns et des autres plus que des péripéties poli- tiques et militaires de ces semaines cruciales. Pierre Combescot récrit l’affaire du Collier de la reine dans les Diamants de la guillotine, l’un des épisodes pré- curseurs de la Révolution, avec un brio et une sen- sibilité dignes du Siècle des lumières. L’auteur, en particulier, confirme la thèse qu’il n’y a évidemment pas une seule raison au plus violent séisme poli- tique que la France ait jamais connu. Avec C’est ainsi que les hommes vivent, Pierre Pelot l’emporte dans la catégorie poids lourds. L’auteur, fasciné d’ordinaire par les hommes préhistoriques, raconte ici la guerre de Trente Ans dans l’est de la France. Un élégant premier roman de Martine Mairal, l’Obèle, narre le coup de foudre littéraire du vieux Montaigne pour la jeune Marie de Gournay. Elle lui consacrera le reste de sa vie en devenant éditrice des Essais et femme de lettres.

● Attrait de l’étranger

En littérature, on va chercher ailleurs ce qui nous manque ici. De ce point de vue, les Anglo-Saxons tiennent toujours le haut du pavé. Quoique, sur ce registre, le match de la France contre le reste du monde est inégal puisque, de l’étranger, ne nous parvient que la crème de ce qui y a été déjà publié et critiqué. Le jeune prodige irlandais de New York Colum McCann revisite, dans une brûlante biogra- phie fictive, la vie de Rudolf Noureev dans Danseur. Dans cette aventure littéraire de recréation d’un mythe, McCann fait danser les mots pour dire celui qui était la danse incarnée. L’Anglais Ian McEwan a fait sensation dans son pays avec Expiation. L’auteur illustre dans ce récit généreux sa parfaite maîtrise du jeu romanesque, de l’art du rebondissement, mais aussi un indiscutable talent à plonger dans les âmes et les consciences de ses personnages, sans oublier le défi permanent lancé au lecteur. Avec Cosmopo- lis, Don DeLillo réalise une miniature savoureuse, une sorte de conte moderne, cruel et allégorique sur les abîmes de la société contemporaine. Récom- pensé par le prix Pulitzer, Middlesex de Jeffrey Euge- nides, auteur il y a neuf ans de Virgin Suicides, est un « roman hybride », mi-épopée, mi-récit intime. Des années 1920 aux années 1970, une description des États-Unis, de la société américaine sur trois géné- rations et une illustration au quotidien du melting pot. La Nostalgie de l’ange d’Alice Sebold est un exer- cice littéraire attachant dont la narratrice est une jeune fille assassinée lorsqu’elle avait quatorze ans. Depuis, elle veille sur les siens, spectatrice de tous ces instants qui viennent ponctuer une vie et qui auraient dû rythmer la sienne. Deux hispanisants, enfin, au milieu de cette déferlante anglo-saxonne. Avec Clara et la pénombre, José Carlos Somoza, auteur de la Caverne des idées (2002), un polar pla- tonicien, revient avec une nouvelle enquête d’une écriture limpide aux mille niveaux d’interprétation, une histoire terrible et fascinante, et, toujours, son interrogation sur la création, l’art et ses dérives. Dans Vivre pour la raconter, Gabriel García Márquez raconte la « fiction » de ses années de formation. Plus qu’un document, une création littéraire huma- niste qui apporte une pierre indispensable à l’oeuvre du père du « réalisme magique ». « La vie n’est pas ce qu’on a vécu, mais ce dont on se souvient et comment on s’en souvient », prévient-il d’emblée.

J. M. COETZEE,

PRIX NOBEL DE LITTÉRATURE

Un deuxième prix Nobel de littérature pour l’Afrique du Sud : après Nadine Gordimer en 1991, c’est John Maxwell Coetzee que l’Académie sué- doise a distingué. Son nom circulait depuis long- temps pour l’attribution de cette prestigieuse dis- downloadModeText.vue.download 171 sur 370

DOSSIERS ART ET CULTURE

169 tinction. Auteur d’une oeuvre complexe, souvent sujette à polémique, J. M. Coetzee succède au Hongrois Imre Kertész. Son style dépouillé et tran- chant est volontiers comparé à ceux de Beckett ou de Kafka. « Les romans de J. M. Coetzee se caracté- risent par une composition astucieuse, des dialogues condensés et une brillance analytique », indique le comité de l’Académie. Quatrième Africain à obtenir le Nobel de littérature depuis 1980, J. M. Coetzee est né au Cap en 1940 au sein d’une famille anglo- allemande. Il débute sa carrière d’écrivain en 1974 avec la publication de Dusklands (Terres de cré- puscule). Ses premiers livres sont marqués par les années d’apartheid et, dans les suivants, l’Afrique du Sud est omniprésente. Son roman En attendant les barbares (1980) le rend célèbre sur la scène lit- téraire internationale. « Un thriller politique dans la lignée de Joseph Conrad, où la candeur ouvre la porte à l’horreur », note le jury du Nobel. J. M. Coetzee est le seul écrivain à avoir reçu deux Booker Prize, en 1983 et en 1999. downloadModeText.vue.download 172 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

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Hasard du calendrier, l’année 2003, placée en France sous le signe méditerranéen de l’Algérie, a offert au public une série d’expositions très en couleurs.

Expositions 2003, une année solaire LOUIS JAMIN

Entre l’exotisme polynésien (« Gauguin à Tahiti » au Grand Palais) et les explosions chromatiques du Russe Marc Chagall, du Tchèque Frantisek Kupka ou du Chinois Zao Wou-ki, jusqu’aux vibrations solaires des « Ori- gines de l’abstraction » présentées au musée d’Orsay, la programmation des musées a voulu exorciser les aléas d’une météo de plus en plus capricieuse, avec des expositions plongées dans des bains de lumière.

● Figures du temps et d’antan

Après Raphaël, le musée du Luxembourg, à Paris, accueillait, d’octobre à février, le grand maître de la Renaissance Sandro Botticelli (1445-1510) en réunis- sant, sous la coupe de l’historien d’art Daniel Arasse, une vingtaine de peintures et quelques dessins réali- sés pour la cour des Médicis. Faute de pouvoir dépla- cer les grands panneaux sur bois, le fameux Printemps ou la Naissance de Vénus, inamovibles chefs-d’oeuvre restés aux Offices de Florence, l’exposition a recen- tré son propos sur la peinture profane et religieuse réalisée pour les intérieurs des palais florentins. Redé- couverte du XIXe siècle, Botticelli trouve ici à dialoguer avec certains de ses contemporains (Filippo Lippi, Piero di Cosimo) dans une série de Vierge à l’enfant, de portraits stylisés et de tableaux mythologiques où il s’affirme en maître d’un art de la chair évanescente, subtil, ornemental : un art tout en finesse.

Est-ce la même « minutie » qui habite, quelques siècles plus tard, Magritte (1898-1967), l’artiste belge surréaliste, auquel la galerie nationale du Jeu de paume consacrait une exposition (11 février-9 juin) rassemblant près de 150 peintures, dessins, sculp- tures et photographies ? Daniel Abadie, le commis- saire et directeur du Jeu de paume – dont on vient d’annoncer la transformation, à partir de 2004, en centre d’art consacré à l’image (photographie, vidéo, etc.) –, a décidé d’insister sur les aspects de l’oeuvre le plus en phase avec l’évolution contemporaine de l’art : rapport de l’écrit à l’image préfigurant l’art conceptuel, obsession pour l’objet, vocabulaire de l’affiche et distanciation froide face à la réalité annon- çant les enjeux du pop art. L’exposition rétrospective commence en 1925, elle se termine avec la mort de l’artiste dans la fin des années 1960. On y retrouve tout l’univers énigmatique de Magritte, ses paysages surréalistes peuplés de créatures étranges, hommes au manteau noir et chapeau melon, ou femmes nues, maisons où l’intimité devient très vite fantas- matique et le décor, oppressant par son silence ou ses couleurs saturées.

C’est curieusement, mais dans un tout autre registre, à cette même saturation étrange de l’image que joue, au cours des années 1960-1970, le courant hyperréa- liste américain présenté, au cours de l’été, sur les ci- maises du musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg (« Hyperréalismes. USA. 1965-1975 »). Et c’est à l’historien d’art Jean-Claude Lebensztejn que l’on doit cette sortie du purgatoire d’un mouvement pictural souvent considéré comme réactionnaire. On y découvre quatre artistes européens qui dialoguent avec une vingtaine d’artistes américains, avec des oeuvres dont le « photoréalisme » réintroduisait en force l’idée de trompe- l’oeil contre laquelle s’était in- surgée la peinture moderne, de Cézanne à l’abstrac- tion. En moins de dix ans, du milieu des années 1960 au début des années 1970, l’hyperréalisme connaît un succès public et marchand fulgurant, alors que la critique avisée lui oppose un refus condescendant, à l’exception de quelques meneurs du pop art. Le déclin fut aussi fulgurant que la flambée, laissant ce courant, jugé trop populaire, dans le purgatoire d’une histoire de l’art plus canonique. On y découvre une nébuleuse d’artistes plus hétéroclite qu’il n’y paraît derrière ce parti pris « photographique », avec un curieux travail d’inventaire que se répartissent, telle une encyclopédie visuelle du monde contem- porain, les artistes de cette mouvance (visages pour Chuck Close, reflets de vitrines pour Richard Estes, néons urbains pour Robert Cottingham). En fait, une curieuse orgie de banalités, minutieusement dépeintes dans les moindres détails, qui sont autant de commentaires, mi-fascinés, mi-désabusés, devant une époque industrielle à la recherche de nouvelles icônes, d’une nouvelle virtuosité.

● Les couleurs du Grand Palais

C’est d’icône qu’il faudrait à nouveau parler à propos de l’exposition « Marc Chagall, connu et inconnu » présentée de mars à juin aux galeries nationales du Grand Palais. Plus de trente ans après la der- nière grande rétrospective parisienne, quelque 170 oeuvres de Marc Chagall (1887-1985) permet- taient de retracer l’itinéraire pictural et spirituel d’un downloadModeText.vue.download 173 sur 370

DOSSIERS ART ET CULTURE

171 artiste fortement marqué par sa culture russe et juive, resté en marge des avant-gardes de son époque (cubisme, abstraction, surréalisme) pour mieux être fidèle à un univers personnel peuplé de mytholo- gies bibliques. Une exposition qui, au-delà d’une rétrospective, souhaite présenter des aspects moins « connus » de son oeuvre, notamment son rapport à l’art décoratif. Jean-Michel Foray, le commissaire de l’exposition, a ainsi privilégié les salles consacrées aux grandes décorations pour le théâtre, signe d’un profond désir de synthèse des arts où la dimension monumentale d’une peinture faite de couleurs vives participe à cette échappée du spectateur dans la dimension du rêve. L’exposition réunit aussi de nombreux dessins, aspect certes plus « inconnu » de son travail, mais pas toujours le plus réussi, avec de nombreuses « redites » chez un artiste dont tout le vocabulaire semble avoir été mis entièrement en place avant la Première Guerre mondiale et qui, trop souvent, se contente de faire « du » Chagall. Après Chagall, Gauguin ; après le berceau de la Russie na- tale, le paradis retrouvé des îles tropicales, avec, pour point commun, l’orchestration des couleurs. C’est donc dans le cadre du très attendu centième anni- versaire de la mort de Paul Gauguin (1848-1903) que le Grand Palais accueillait la grande exposition de la rentrée (4 octobre-19 janvier) consacrée à « L’atelier des tropiques », la période tahitienne de l’artiste. La toile monumentale D’où venons-nous ? Que sommes- nous ? Où allons-nous ?, frise de près de 4 m de long entreprise par Gauguin aux îles Marquises en 1897 est venue spécialement du Musée de Boston, par- tenaire de cette manifestation. Elle trône, tel un trophée, au milieu de l’exposition, entre des photo- graphies d’époque, une cinquantaine de tableaux et quelques manuscrits, tous exécutés pendant ce séjour polynésien. Toutes sont chargées de couleurs et d’énergie, aucune d’entre elles ne dénotent la fra- gilité de l’artiste durant cette période ultime et diffi- cile de sa vie. Aucune trace de souffrance, tout juste un sentiment de mélancolie qui plane sur ces pay- sages tahitiens. Peignant avec peu de matière, faute de moyens, dans une facture « maigre » comme il le disait lui-même, Gauguin nous livre un jardin d’Éden auquel il ne pourra accéder, où l’harmonie entre les corps et la nature parvient à dépasser les difficultés physiques, les inquiétudes spirituelles de la vie. Né au Pérou, il vient mourir à Atuona, dans les îles Mar- quises où il était venu chercher un paradis terrestre après avoir découvert ces pays exotiques lors de l’Exposition universelle de 1889. Gauguin part pour Tahiti, « merveilleux pays dans lequel je voudrais, dit-il, y terminer mon existence avec tous mes enfants. » Il y mourra, non sans avoir peint ses plus beaux chefs- d’oeuvre de maturité, après la majestueuse période d’innovations de Pont-Aven. C’est vers Pont-Aven qu’il faut revenir pour comprendre l’influence de Gauguin, au passage du siècle, sur une génération de jeunes peintres parisiens, les nabis. Paul Sérusier, l’un d’eux, revient de Bretagne avec un petit tableau, le Talisman (1888, musée d’Orsay), peint sous les conseils de Gauguin. Les couleurs sont franches, par- fois antinaturalistes ; elles annoncent l’explosion des fauves. Édouard Vuillard est l’un des peintres de cette génération. Le Grand Palais lui consacre une rétros- pective. On y découvre dans les premières salles des petits tableautins, portraits ou intérieurs intimistes, construits sur des aplats de couleur surprenants de modernité, avec une mise en page très forte. Mais l’on ne suivra pas les arguments du commissaire Guy Cogeval, confinant au paradoxe, soutenant que les portraits mondains des dernières décades (1920- 1930) sont modernes et ironiques, alors que l’artiste a manifestement abandonné tout projet de modernité depuis 1910 pour confiner sa peinture intimiste dans un goût pour le moins académique, que même une lecture postmoderne n’arrive pas à sortir de son clas- sicisme confortable, voire réactionnaire. On se serait, en quelque sorte, suffi du rez-de-chaussée et des si belles salles de la période nabi.

C’est dans ce paradoxe entre modernité et classi- cisme qu’il faudrait classer Jean Cocteau (1889-1963), auquel le Centre Georges-Pompidou, dans le cadre du cinquantième anniversaire de sa mort, consacrait une exposition. Figure protéiforme, poète en tout, dans l’écriture, le roman et le théâtre, mais aussi le dessin, la peinture, la céramique et le cinéma, Coc- teau explose les catégories sans toutefois échap- per à un maniérisme qui le poursuivit dans toutes ses activités. Relire le XXe siècle à travers lui est une bonne chose. Était-il cependant nécessaire de lui consacrer le sixième étage du centre, dévolu aux grandes expositions, dont on attendrait un peu plus de risque ? La programmation 2003 du Centre Pom- pidou, entre Jean Cocteau et Nicolas de Staël, deux classiques peut-être trop « classiques », se frotte peu à la modernité. Est-ce la loi des chiffres qui prime ? De nombreuses plumes s’en sont offusquées. On attend et espère une reprise en main.

● Abstractions

Le cas du peintre Nicolas de Staël (1914-1955) est typique de ces figures du moderne. Artiste à la destinée tragique et au physique herculéen, issu d’une famille aristocratique russe contrainte à l’exil en 1917, ayant traversé de nombreuses périodes de misère froide avant de connaître la downloadModeText.vue.download 174 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

172 reconnaissance, puis isolé à Antibes où une pro- fonde dépression le pousse au suicide en mars 1955, Nicolas de Staël est l’archétype du mythe moderne. On découvre en lui une figure atypique ayant rencontré à la fois le succès public et la reconnaissance critique, malgré les nombreux dé- bats sur sa supposée « trahison » de l’abstraction, au cours des années 1950. C’est à la suite de sa rencontre avec le peintre italien Alberto Magnelli, artiste majeur de l’abstraction géométrique, que de Staël abandonne une facture réaliste noire, existentialiste. Les oeuvres qui suivront marquent son style : des formes maçonnées dans une pein- ture chargée de matière, peinte au couteau, dans des teintes parfois sourdes, parfois très colorées, toujours très lumineuses – ce qu’il appelle un « paysagisme abstrait ». On y reconnaît encore des lignes d’horizon, des toits, parfois des objets dans des natures mortes. Le peintre est toujours à la limite ténue entre abstraction et figuration, sur une ligne de crête qui est pour lui une ligne de tension, surtout depuis un choc visuel, devenu mythique dans sa biographie : un match de foot- ball au Parc des Princes dont le peintre s’inspirera ensuite dans une série de tableaux très lyriques. On pense à l’artiste abstrait Robert Delaunay, qui, avant de produire ses Formes circulaires (1913), toiles totalement abstraites, avait peint le souve- nir d’un match de rugby dans une oeuvre intitulée l’Équipe de Cardiff (aujourd’hui, l’un des fleurons de la collection du musée d’Art moderne de la Ville de Paris). Le charme et la séduction de ces formes, mi- abstraites, mi-figuratives, qui parfois s’aventurent vers des sujets assez convenus (bord de mer, nu couché, natures mortes) font que l’on hésite à reconnaître dans ce grand démiurge de la couleur un véritable pionnier. On pourrait dire exactement la même chose des toiles du peintre chinois Zao Wou-ki (né en 1921 et installé en France depuis 1948) auquel la galerie nationale du Jeu de paume consacrait une grande exposition rétrospec- tive (14 octobre-7 décembre). C’est à nouveau d’atmosphère et de lumière que l’on peut parler, tant son travail est totalement porté vers l’effluve impressionniste de matière, le bain vaporeux de couleur. Les verrières du Jeu de paume se prêtent assez bien à ces jeux de clair et d’obscur, mais aussi de transparence dont il a trouvé, dès son arrivée en Europe, un écho dans les somptueuses aqua- relles de Paul Klee. Avec Vent, peint en 1954, Zao Wou-ki abandonne définitivement la figuration au profit de masses colorées, où le dessin et la calli- graphie ont disparu. Il rejoint le grand mouvement de l’abstraction lyrique qui domine la scène pari- sienne des années 1950, au point de faire de lui, sans le vouloir, l’un des grands représentants de l’école de Paris.

La Fondation Maeght proposait au public estival de Saint-Paul-de-Vence une grande exposition sur « La Russie et les avant-gardes » (2 juillet-5 novembre). On se rappelle, il y a quelques années déjà, le succès public de l’exposition organisée au Musée de Nantes sur un sujet similaire, mais, malgré son titre, les avant-gardes, suprématistes et constructivistes, res- taient peu présentes. Ce n’est pas le cas de la somp- tueuse exposition organisée par Jean-Louis Prat qui offre au public une série impressionnante de chefs- d’oeuvre de Nathalie Gontcharova, Kazimir Male- vitch, El Lissitsky, et d’autres artistes moins connus, voire jamais vus en France. On y découvre un milieu artistique d’avant la révolution en totale ébullition, profondément marqué par l’esprit de l’utopie et les mouvements picturaux européens (fauvisme, cubisme et futurisme), dont le vocabulaire et les ruptures sont assimilés avec une rapidité déconcer- tante. C’est dans la tension, très fertile, entre le désir de se frotter à la modernité occidentale et celui de préserver une identité culturelle russe ou orientale, que se crée en une vingtaine d’années stratégiques (1905-1925) un ensemble d’oeuvres à la modernité très haute en couleur. On découvre ainsi, tout au long de ce parcours, combien les artistes russes cherchent à repenser entièrement les fonctions de la représentation plastique tout en puisant dans la force primitive d’un art populaire, autochtone (inté- rêt renouvelé pour l’art des icônes, pour l’estampe populaire, l’art de la rue et des colporteurs). C’est, dans les deux cas, la simplification géométrique des volumes qui l’emporte, menant les peintres d’un héritage cézannien jusqu’aux formes les plus radicales du suprématisme de Malevitch, un Carré noir sur fond blanc (1915), par exemple. Là, l’art de l’icône se défait définitivement de la représentation figurative du divin pour accéder, dans l’immédia- teté de la forme primaire et l’infini du blanc, à une dimension supérieure, accessible à l’oeil humain. Le peintre y déclare la naissance d’un nouveau monde, le « monde sans objet » de la « pure sensibilité ». La puissance radicale de ces formules va séduire, très vite, de nombreux artistes russes (Popova, Rodtchenko, Lissitsky) avant que ne s’opposent rapidement deux camps, suprématisme d’un côté, prônant une lecture plus spirituelle et plastique de l’oeuvre, constructivisme de l’autre, mettant l’art et sa « culture des matériaux » au service de la révolu- tion communiste. Rapidement, le clan des construc- downloadModeText.vue.download 175 sur 370

DOSSIERS ART ET CULTURE

173 tivistes, aidé par le pouvoir politique qui se met en place, impose la disparition de l’autonomie des arts au profit d’un productivisme où l’artiste-ouvrier nourrit le progrès de la production industrielle ou de la propagande (ainsi des somptueuses affiches et des photomontages de Rodtchenko). Malevitch se voit dans l’obligation d’abandonner, dans les années 1927-1930, son vocabulaire géométrique de croix, carrés et cercles, jugés trop gratuits voire spiritualistes, au profit d’une figuration stylisée qui annonce déjà la mise en pièces de l’avant-garde sous la brutalité stalinienne.

C’est moins au développement qu’aux sources de l’abstraction que le musée d’Orsay consacrait, en fin d’année (5 novembre-22 février), une importante ex- position. Privilégiant le dialogue arts et sciences, aux dépens d’une interprétation spiritualiste (elle aussi décisive dans les premiers pas de l’art non figuratif), l’exposition « Aux origines de l’abstraction, 1800- 1914 » proposait au public un florilège de tableaux modernes, de Friedrich et Turner à Kupka, Delau- nay ou Kandinsky. Ouvrant avec Goethe, le poète romantique mais aussi auteur d’un important traité des couleurs publié en 1810, cette archéologie de l’abstraction montre combien les pionniers de cette « peinture pure », loin de s’arracher au réel, plongent dans la vibration du monde, celle de la lumière mais aussi celle du son, pour ne plus faire du tableau qu’une symphonie de couleurs et de lignes : une exposition lumineuse sous les verrières d’Orsay. downloadModeText.vue.download 176 sur 370

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Au-delà des mouvements des intermittents du spectacle, qui ont contraint de grands festivals de musique à l’annulation, l’avenir de certains étant même plus ou moins en danger, c’est sous le signe d’Hector Berlioz que s’est placé le millésime 2003.

Sous le signe de Berlioz BRUNO SERROU ACADÉMIE CHARLES-CROS

Berlioz, « le mal-aimé », du moins en France. Car, au-dehors de nos frontières, le com- positeur dauphinois est considéré comme le plus grand des musiciens romantiques français. Il est en tout cas l’indispensable chaînon entre Jean-Philippe Rameau et Claude Debussy. C’est donc avec faste que le bicentenaire Berlioz a été célé- bré, de Tokyo à New York et Salzbourg, en passant par Sydney, Londres et Paris, ainsi que dans le Dauphiné, où il est né le 11 décembre 1803. Au-delà de l’anec- dote ridicule du transfert annulé de ses cendres au Panthéon, les célébrations du bicentenaire ont per- mis de mesurer combien Berlioz compte aujourd’hui, tant sa pensée se révèle d’une étonnante contempo- ranéité. Excessif et novateur, tout en restant intime- ment ancré dans la tradition et la pensée des anciens, le compositeur demeure le modèle de l’artiste dans la société. Et si cette commémoration a suscité une série de publications biographiques et analytiques impressionnante, ce sont en fait ses propres oeuvres qui se sont imposées comme les plus fondamen- tales pour la connaissance de sa personnalité et de la vie culturelle, artistique et musicale de l’Europe du XIXe siècle.

● Vérité troyenne

Si Benvenuto Cellini, premier opéra de Berlioz, n’a pas eu les honneurs de la scène, devant se contenter de deux concerts, l’un en début de saison à l’Orchestre de Paris – qui a passé pour le bicentenaire une di- zaine de commandes d’oeuvres nouvelles à autant de jeunes compositeurs –, l’autre à l’Orchestre na- tional de France en décembre, l’hybride de cantate scénique et de symphonie avec voix la Damnation de Faust a connu à Genève une lecture décapante avec le dramaturge Olivier Py. Pour ce dernier, Faust, homme de savoir dont la soif de connaissance est inextinguible, sait aussi que « seule la connaissance sensible est susceptible de déchirer le voile ». La vision de Py ramène à l’homme médiéval, « qui est dans l’image en tant que représenté et parce que l’image n’est pas po- sée devant lui, mais autour de lui dans la cathédrale », et à l’homme de la Renaissance pour qui l’image n’est plus que « le témoin de ce qu’il a perdu ». Malgré sa violence, la lecture de Py, subtile et polymorphe, est d’une singulière magnificence. Jouant du noir et blanc, elle suscite de somptueux tableaux faits de crépuscule et de lumière, par le biais d’ombres chinoises et de figurines, les seules taches de cou- leur étant celles du feu incandescent de l’enfer et l’immense escalier d’or par lequel Marguerite accède au paradis. Mais l’événement du bicentenaire Berlioz restera l’entrée au répertoire de nombreux théâtres du grand oeuvre qu’est l’opéra les Troyens. Cet « enfant de douleur » qui préoccupa Berlioz pendant un quart de siècle a longtemps été réputé immontable, son auteur même devant accepter de le tronçonner en deux parties et d’y faire des coupes importantes. Représenté au Metropolitan Opera de New York, au Festival de Salzbourg, à l’Opéra d’Amsterdam et à l’Opéra de Leipzig, notamment, c’est surtout la pro- duction du Théâtre du Châtelet qui était attendue. Donnés dans leur quasi-intégralité pour la première fois à Paris, les Troyens n’ont rien du mastodonte si décrié, et, sans ce tunnel qu’est le ballet du quatrième acte, l’ouvrage, quoique de forme classique et peu novateur, est d’une saisissante beauté, enchaînant scènes, tableaux, airs, ensembles et choeurs tous plus somptueux les uns que les autres. En fait, Ber- lioz, pénétré de littérature classique, de Virgile jusqu’à Shakespeare, obéit à l’esprit de ses modèles, dont il traduit musicalement l’essence. Dans sa propre scé- nographie, le metteur en scène grec Yannis Kokkos signe un spectacle d’une incontestable beauté es- thétique, avec cet immense miroir incliné qui auto- rise d’amples mouvements de foule, noir et tragique dans la première partie, blanc et sensuel dans la seconde. Si l’on relève des détails irritants comme les treillis et les armes à feu au milieu d’une foule vêtue d’habits d’une époque plus ou moins « antique », et, surtout, le ballet, l’ensemble de la production est fort cohérent. Sir John Eliot Gardiner dirige avec foi, une maîtrise du discours et de la nuance qui maintient d’un bout à l’autre les sens du spectateur en éveil. La distribution de solistes est quasi idéale, avec, côté femmes, Anna Caterina Antonacci, Cassandre bou- leversante à la voix pleine et au somptueux velours, Susan Graham, Didon à la voix souple, ample et sculpturale, et, côté hommes, Ludovic Tézier, excel- downloadModeText.vue.download 177 sur 370

DOSSIERS ART ET CULTURE

175 lent Chorèbe, Laurent Naouri, grand prêtre et Iopas d’anthologie, et Topi Lehtipuu, Hylas déchirant.

● Saison russe

Qui s’attache un tant soit peu à Berlioz sait combien la musique russe lui doit. C’est donc tout naturelle- ment que le Théâtre du Châtelet, qui a été le premier à accueillir en France opéras et ballets russes impor- tés par Serge Diaghilev, revient régulièrement sur ce qui a largement contribué à son renom dans le domaine classique. Neuf ans après un premier retour, avec notamment le Coq d’Or de Rimski-Korsakov re- pris à l’automne 2002, cette même scène proposait deux oeuvres coproduites avec le Théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg, l’une fort célèbre, Eugène Onéguine de Tchaïkovski, l’autre beaucoup moins, le Démon d’Anton Rubinstein.

Dans la réalisation de Patrice Caurier et Moshe Leiser, le premier ouvrage souligne les mérites du théâtre de troupe. Il résulte en effet d’un travail de longue haleine qui a permis aux deux metteurs en scène de réussir la gageure d’imposer une vraie direction d’acteur à un Opéra pourtant réputé réfractaire au théâtre, mais ici remarquablement servi par la co- hésion entre solistes, choeur et orchestre qui, tous, chantent dans leur jardin. En outre, côté voix, la conti- nuité de la tradition de l’école russe du chant semble assurée, les aînés, toujours en forme, passant le relais à de jeunes artistes que le Mariinski, sous l’impulsion de Valeri Gergiev, semble attirer à foison.

Le Démon de Rubinstein (1829-1894) n’a été présenté qu’une seule fois en France, en 1911, au Théâtre Sa- rah-Bernhardt. Rubinstein était un immense pianiste, comparable à un Liszt ou à un Busoni. Il est aussi le fondateur du Conservatoire de Saint-Pétersbourg, premier centre de pédagogie musicale de l’histoire de la Russie. Compositeur russe de culture occiden- tale, il refusait la singularité slave, au point de rejeter Glinka et, surtout, le groupe des Cinq, qui le lui rendra bien, au profit de son élève Tchaïkovski. Cet « opéra féerique » est le reflet de l’éclectisme de ce compo- siteur dont l’influence se porta jusqu’en Occident. Touffue mais frémissante, l’orchestration évoque Schumann et Wagner. On décèle aussi des tournures annonçant Tchaïkovski. Adapté de Lermontov, le livret conte l’histoire du diable à qui la rédemption est promise s’il tombe amoureux d’une jeune femme prête à s’offrir à lui. Malgré son désir de bonté, il ne peut résister à sa nature maléfique. L’élue meurt sans avoir rien concédé, condamnant ainsi le diable à l’errance éternelle. La mise en scène de Lev Dodin ne sert pas l’ouvrage, se contentant d’une mise en place de masses chorales qui se meuvent tels des soldats de plomb dans une scénographie granitique.

La distribution est dominée par l’excellent baryton Evgueny Nikitin, et, surtout, par la splendide Marina Mescheriakova.

Cette Saison russe s’achevait sur une Fiancée du tsar de Rimski-Korsakov produite par le Grand-Théâtre de Bordeaux qui s’est révélée particulièrement déce- vante. Si bien que l’événement lyrique régional est venu de Toulouse, avec une production extraordi- naire de tension et de vérité théâtrale de Lulu d’Alban Berg qui, depuis la version historique de Pierre Bou- lez et Patrice Chéreau à Garnier (1979), n’a connu en France de lecture plus aboutie que cette vision d’un érotisme exacerbé proposée par Pet Halmen. Ce der- nier a placé l’action au coeur d’un vaste amphithéâtre de faculté de médecine. Brutale, l’atmosphère de cette Lulu met singulièrement en relief l’univers glauque auquel se confronte Lulu, être pur que seuls le regard et la concupiscence des hommes cor- rompent. La distribution de chanteurs-acteurs donne à ce spectacle une grandeur unique. On retrouve en effet quelques vieux routiers, comme Franz Mazura, aujourd’hui Schigloch, hier Dr Schön de Boulez et Chéreau, Wolfgang Schöne, qui campe le Dr Schön partout dans le monde, mais aussi Katarine Goeldner, émouvante comtesse Geschwitz, et, surtout, Marisol Montalvo, à la voix aussi souple que le corps, Lulu mobile et féline, dont la plastique est à la dimension du personnage.

● Création

Côté musique contemporaine, l’actualité a été abon- dante, à défaut d’être consistante, la réussite n’ayant pas toujours été au rendez-vous. Oublions le piètre intérêt de la programmation du festival Présences de Radio France pour nous attacher à la troisième création mondiale en six ans de l’Opéra de Paris, qui a réuni les suffrages avec Perelà, Uomo di fumo de Pas- cal Dusapin. Pour son quatrième ouvrage scénique, ce compositeur de quarante-sept ans s’est fondu dans le moule de l’opéra traditionnel, en choisis- sant, contrairement aux précédents, de conter une véritable histoire. En deux heures, autour de la figure christique de Perelà, homme de fumée enfanté par trois mères qui se donne tout entier à l’humanité, cette dernière le payant en retour de son injustice rachetée par l’amour d’une femme, Dusapin sollicite la diversité des sentiments et situations dont dispose le théâtre lyrique, airs, duos, ensembles, scènes, mou- vements de foule, etc. Le livret en italien – qu’il a lui- même écrit à partir de Il Codice di Perelà (1911) d’Aldo Palazzeschi – a suggéré au compositeur un orchestre doué d’une vie autonome. Il émane de l’ouvrage au- tant d’onirisme que de jouissance sonore, une écri- ture vocale qui ne joue jamais contre le chanteur. La downloadModeText.vue.download 178 sur 370

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176 lecture qu’en a faite le metteur en scène Peter Muss- bach instille à la belle figure de Perelà une présence singulièrement humaine, tel un Jacques Tati éperdu restant accroché à sa valise comme à une bouée, sans doute conscient de n’être que de passage.

Déception en revanche pour le troisième ouvrage scénique de Philippe Manoury (1952), la Frontière. Composée dans le cadre d’une résidence au Carré Saint-Vincent d’Orléans, l’oeuvre adopte la forme d’un opéra de chambre. Las, le compositeur s’appuie sur un texte de Daniela Langer qui découle d’un Mae- terlinck archaïsant et qui laisse dubitatif. Économe et efficace, la scénographie conçue par Yoshi Oïda se réduit à un simple quadrilatère à trappes métalliques dissimulant des accessoires qui situent l’action. Il est difficile de juger de la qualité des chanteurs dans ces pages qui laissent peu de place à la vocalité.

Autre rendez-vous marquant, la création au Festi- val de Salzbourg puis au Festival Musica de Stras- bourg de la pénultième scène de Sonntag aus Licht, ultime journée du cycle d’opéras Licht que Karlheinz Stockhausen (1928) a commencé en 1977. Écrite pour huit voix et synthétiseur, Düfte-Zeichen est un concentré des sept jours du cycle. Solos, duos et trios s’enchâssent, soutenus par des sonorités d’orgue, le tout égrenant les jours de la semaine jusqu’à ce qu’Eva, la mère originelle, rejoigne l’assemblée pour une prière à Michael, l’homme positif invoqué comme l’enfant Dieu. On sait depuis 1950 combien Stockhausen possède l’art de la voix. Ici, impossible de résister à la diversité des modes d’expression, au traitement du verbe, à la magnificence de l’entrelacs de la polyphonie.

Parmi les autres créations marquantes, trois oeuvres de Suzanne Giraud (1958) annonciatrices de l’opéra qui sera créé en octobre prochain, un douloureux cycle de quatre mélodies pour baryton et piano, le Bel Été, sur le poème éponyme d’Yves Bonnefoy ; un brillant recueil de douze pièces pour clarinette et vio- loncelle Duos pour Prades en hommage au fondateur du Festival de Prades, le violoncelliste Pablo Casals, et à son actuel directeur, Michel Lethiec ; le ludique et complexe Envoûtements VI pour percussions créé au Festival Musica par les Percussions de Strasbourg. Sans oublier le concerto pour trompette et orchestre de l’Argentin Martin Matalon (1958), Trame V, page dont chaque partie est placée sous le signe d’une sourdine qui octroie au soliste autant de couleurs inédites, Matalon jouant délicatement de la masse des couleurs et des timbres de son orchestre, dont il dispose tel un peintre de sa palette.

Des compositeurs de cette envergure incitent à l’optimisme quant à l’avenir de la création et à la pé- rennité de son sens étymologique. Surtout lorsque l’on écoute à côté l’oeuvre d’un Krzysztof Penderecki, qui, à l’occasion de ses soixante-dix ans, a été célébré partout dans le monde tel un démiurge, alors que l’on ne peut que constater combien ce musicien, conforté par la notion de rentabilité et par l’aisance matérielle, se fourvoie en optant pour la facilité.

● Heurs et malheurs

Parmi les productions marquantes de l’Opéra de Paris, les Boréades de Rameau, qui, pour son entrée à Garnier, ont dû une fois de plus subir le mauvais sort qui s’acharne sur elles depuis 1764, puisqu’une panne de secteur en a interrompu à deux reprises le déroulement. En outre, William Christie poussa tant ses Arts florissants à la virtuosité que les approxi- mations ont été nombreuses, et l’acidité des cordes propre aux ensembles baroques a gommé la dimen- sion prophétique de l’ouvrage. Côté distribution, la perfection a été quasiment atteinte, le seul bémol étant la prestation de Barbara Bonney, peu à l’aise dans le rôle d’Alphise. Reste la mise en scène de Robert Carsen, que l’oeuvre n’a pas particulièrement inspiré.

Autre ouvrage depuis longtemps attendu, Guillaume Tell de Rossini, qui n’avait pas été donné depuis trois quarts de siècle à l’Opéra de Paris – pour lequel le compositeur italien a pourtant composé cet ultime ouvrage scénique. Cette production ne peut hélas convaincre le public contemporain de la viabilité de cet archétype d’un genre que l’on essaie régu- lièrement de remettre au goût du jour. La mise en scène de Francesca Zambello ne fait que souligner cette obsolescence. La vision désuète de l’Améri- caine interroge, car tant de kitsch conduit à se de- mander si elle a joué la carte du suranné ou si elle n’a su que faire de l’ouvrage. Mais Zambello atteint les sommets de la banalité dans le Trouvère de Verdi, où elle sombre carrément dans le ridicule, avec ce décor de science-fiction venu de quelque Planète des singes. Mais le spectacle a heureusement été sauvé par Roberto Alagna, qui, après un premier acte en demi-teinte, s’est montré d’une aisance à couper le souffle, et par Zelico Lucic, de loin le plus crédible – sans doute parce que arrivé au tout dernier moment. Richard Strauss a en revanche été particulièrement choyé en fin d’année sur les deux scènes de l’Opéra de Paris. Tout d’abord à Bastille, avec Salomé mise en scène par Lev Dodin, qui s’impose ici comme un grand directeur d’acteurs et un fin analyste de la psy- chologie humaine. Sa princesse de Judée est un être mi-enfant mi-femme qui casse son jouet, objet de ses désirs charnels dont elle n’a pas encore pleinement conscience alors même qu’elle découvre l’amour. downloadModeText.vue.download 179 sur 370

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Jochanaan, prophète empli de l’illumination divine, est la victime expiatoire de ce passage de l’enfance au premier âge adulte. Tous les personnages sont repliés sur eux-mêmes, indifférents aux événements et au monde qui les entoure – à l’exception d’Hérode, que les rumeurs de l’épopée messianique inquiètent pour lui-même. Chris Merritt est un Hérode impres- sionnant, Anja Silja, inoubliable Salomé de Wieland Wagner, est une Hérodiade décadente à souhait, Falk Struckmann un Jochanaan engoncé dans ses convic- tions. Mais c’est sur les magnifiques épaules de Karita Mattila que repose l’essence de la production. Port impérial, actrice de premier ordre, la soprano fin- landaise, qui fait ici une extraordinaire prise de rôle, est tout simplement la jeune princesse de Judée. À Garnier, c’est Ariane à Naxos, qui fait un retour remar- qué à l’affiche de l’Opéra de Paris dix-sept ans après sa dernière apparition à Favart. La vision de Laurent Pelly, téméraire quant à la forme mais respectueuse quant au fond, permet à la musique d’atteindre son équilibre grâce à une vision de théâtre sur le théâtre conforme à la volonté des auteurs. L’émotion, la grâce, l’humour, la farce, la vie animent cette pro- duction où l’on retrouve avec joie Natalie Dessay en Zerbinetta, qui revient en beauté après son accident vocal qui l’a tenue éloignée de la scène pendant plus d’un an. On aura remarqué également la superbe prestation de la jeune mezzo-soprano Sophie Koch.

LUCIANO BERIO (1925-2003)

Mort à Rome le 27 mai 2003 à l’âge de soixante- dix-sept ans, Luciano Berio était l’un des rares com- positeurs de la génération des années 1920 à faire l’unanimité. Créateur parmi les plus féconds et célébrés du dernier demi-siècle, chantre de la plu- ralité, il était rapidement devenu l’une des figures tutélaires de la musique d’aujourd’hui. Des tradi- tions extra-européennes jusqu’au jazz et aux mu- siques rock, ses emprunts aux cultures du monde ont été multiples et ont participé sans ambiguïté à son écriture virtuose. Né le 24 octobre 1925 à Oneglia (Ligurie), Berio a été pendant plus de qua- rante ans le chef de file de la musique italienne. Après avoir fondé au début des années 1950, avec Bruno Maderna et Luigi Nono, le Studio di fono- logia musicale de la RAI de Milan, où il signa l’un des premiers chefs-d’oeuvre de la musique élec- troacoustique, Thema (Omaggio a Joyce), il avait introduit l’ordinateur à l’Ircam, créé en 1976 à Paris par Pierre Boulez dont il a été l’un des tout pre- miers collaborateurs. Il s’enorgueillissait pourtant de persister à écrire à la table, et de ne considérer l’informatique que comme élément susceptible d’enrichir la palette sonore. La voix était l’un de ses modes d’expression privilégiés, « instrument naturel » dont il a pu étudier toutes les capacités avec sa première femme, Cathy Berberian, pour qui il composa des oeuvres admirables, et qu’il a su exploiter dans des partitions sur des textes de ses amis, notamment Umberto Ecco, dont l’OEuvre ouverte a marqué son esthétique personnelle. « Je suis contre la notion d’oeuvre objet fini, disait Berio. Une oeuvre est un signal sur un parcours, comme une étape à Rome au cours d’un voyage de Paris à Pékin. » C’est ce besoin de « balises » qui le conduisait à se retourner sur les musiques du passé. Après avoir longtemps estimé qu’écrire un opéra était l’acte le plus réactionnaire, il avait fini par se lancer au début des années 1980 dans l’écriture de grandes partitions scéniques. « On ne peut plus raconter d’histoire à l’Opéra, soutenait Berio. Brecht, qui ne comprenait rien à la musique, a su percevoir que si l’on veut éviter le grotesque d’une situation à l’opéra, par exemple un personnage qui meurt en chantant, il faut que le public chante avec lui. » downloadModeText.vue.download 180 sur 370

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Tous les ans, c’est la même chose : on clame que l’année finie n’a rien à voir avec celles qui ont précédé.

C’est souvent exagéré. Cependant, 2003 aura dérogé à la règle.

2003, l’année de tous les dangers DIDIER MÉREUZE JOURNALISTE À la Croix

Si la création s’est montrée aussi riche que par le passé, ses douze mois auront été ceux de tous les dangers, marqués par la crise des intermittents qui a conduit à l’annulation du plus prestigieux des festivals de théâtre : Avignon. Du jamais vu ! Pourtant, 2003 avait superbement com- mencé avec Peter Brook qui reprenait en français, au Théâtre des Bouffes du Nord, la mise en scène qu’il avait créée en anglais quelques mois plus tôt. Taillant dans le texte, redécoupant des scènes, il ramenait la tragédie shakespearienne à l’essentiel. Aux côtés du Jamaïcain Adrian Lester (Hamlet), on retrouvait les comédiens habituels de Brook, tels l’Américain Bruce Meyers et l’Africain Sotigui Kyouaté...

Quinze jours plus tard, Patrice Chéreau se confron- tait à Phèdre de Racine, après cinq ans d’absence des plateaux de théâtre. Un événement ! Inaugurant la nouvelle salle du Théâtre national de l’Odéon (les anciens entrepôts de l’Opéra de Paris, boulevard Berthier), Chéreau a signé un spectacle éblouissant de violence dense et magnifique. Sous un éclairage crépusculaire de fin du monde, toutes les passions, toutes les pulsions se donnaient libre cours. Vêtus pour la plupart de grands manteaux intemporels, les comédiens donnaient aux vers une existence étonnamment charnelle, au contact direct avec les spectateurs. Le rôle-titre devait être tenu par Isabelle Adjani. Cette dernière ayant déclaré forfait, Chéreau a fait appel à Dominique Blanc, actrice en communion permanente avec le reste de la distribution.

● Permanence de la tragédie

Pendant que Phèdre triomphait à Paris, une autre tragédie de Racine résonnait avec une force égale à Nanterre : Andromaque, mise en scène par Jean- Louis Martinelli. Là encore, les spectateurs étaient installés des deux côtés du plateau. Là encore, la dis- tribution se révélait exceptionnelle dans sa maîtrise des vers comme des silences auxquels ne répondait que le bruit lointain du ressac de la mer. Habillés « à l’antique », revu et corrigé par le XVIIe siècle, les comé- diens semblaient surgir de tableaux de maître, se consumant sans fin sur l’or du sable répandu sur le sol.

De quoi instituer 2003 l’année de la tragédie ? En par- tie. Tandis qu’à Lyon l’Italien Luca Ronconi installait le Prométhée enchaîné d’Eschyle dans le cadre pres- tigieux du Théâtre antique de Fourvière, Médée était triplement célébrée à Paris et dans la région pari- sienne. Au Théâtre du Rond-Point se jouait la Médée Kali de Laurent Gaudé, créée par Myriam Boyer, in- candescente. Au Théâtre des Amandiers de Nanterre, la Médée de Max Rouquette, éclairée aux couleurs de l’Afrique par Jean-Louis Martinelli, poursuivait avec des comédiens et des musiciens du Burkina son in- terrogation sur le tragique commencée avec Andro- maque. À Chaillot, c’était la Medea d’Euripide, mise en scène par Deborah Warner. Interprété en anglais, surtitré en français, le spectacle était porté par une actrice fabuleuse : Fiona Shaw. Comme surgie d’un film de Ken Loach, cette dernière était « lionne folle de rage », et simple femme, emportée par ses pul- sions animales et sauvages, prête à tout.

● Les leçons du théâtre étranger

Dans ce même Théâtre national de Chaillot, on a pu retrouver Fiona Shaw, toujours mise en scène par Deborah Warner, avec The Power Book. Accompa- gnée des comédiennes Pauline Lynch et Saffron Bur- rows, elle menait sur les pistes du réel et du virtuel la double histoire d’une passion entre deux femmes et d’une vie qui veut devenir roman. Utilisant ordina- teurs et écrans vidéo, le spectacle tenait de la magie. Une vraie leçon de théâtre, et ce n’est pas la seule que les metteurs en scène venus de l’étranger auront donnée plusieurs fois cette année. À commencer par le Russe Piotr Fomenko, invité du Festival d’Automne et du Théâtre des Gémeaux à Sceaux avec Nuits égyptiennes d’après Pouchkine. Interprété en russe (surtitré en français) par des acteurs pour la plupart formés dans l’« atelier » du « maître » à Moscou, cette célébration du théâtre, plus fort que la vraie vie, s’accompagne d’un jeu à la grâce et à l’évidence permanentes.

Une grâce et une évidence qui auront été la marque du Maître et Marguerite du Polonais Krystian Lupa, invité au Théâtre national de l’Odéon. Son adapta- tion du roman de Boulgakov succédait à celle, chic et choc, du directeur de la Volksbühne, le Berlinois Frank Castorf, programmée par la Maison de la Culture de Bobigny. Tels des funambules sur le fil des émotions, une trentaine de comédiens (dont Lupa lui-même) downloadModeText.vue.download 181 sur 370

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étaient les guides fabuleux de ce spectacle en dix heures, aussi fascinant dans les scènes intimistes que dans les séquences spectaculaires.

Sont encore à citer : le Songe d’une nuit d’été du Polo- nais Warlikowski au Centre dramatique national de Nice ; Supermarket de Biljina Srbijanovic, mis en scène par l’Allemand Thomas Ostermeier au TNP de Villeur- banne ; ou Tragedia endogonida de Romeo Castelluc- ci, à Paris. Sixième partie d’une suite en neuf épisodes créés chacun dans une ville européenne différente, ce dernier spectacle déroutant rompait avec toutes les habitudes, embrassant en une succession de visions sidérantes mythes et inconscient. Pas de texte, ici, mais des images fortes (des voitures qui chutent sur le sol du plafond, haut de onze mètres) et une bande-son très sophistiquée. Porté par des gestes à la lenteur extrême, le théâtre se faisait ici cérémonial troublant, laissant le spectateur perplexe, en proie à des sensations diffuses, obsédantes, qui reviendraient le hanter longtemps après la fin de la représentation.

● Théâtre d’art et création

De même que le Maître et Marguerite, cette produc- tion a été présentée au Théâtre national de l’Odéon, décidément haut lieu du théâtre d’art sous la direc- tion de Georges Lavaudant, à qui l’on doit l’une des créations les plus singulières de la saison, El Pelele, de Jean-Christophe Bailly. Construit à partir de tableaux et d’esquisses de Goya, ce parcours initiatique d’un jeune homme, guide du géant mythologique Orion qui se perd dans la grande ville, tenait autant du conte philosophique que de la rêverie poétique. Parmi les autres productions de l’Odéon, il faut rete- nir le Dépeupleur de Beckett, habité par Serge Merlin, et les Barbares de Gorki, sortis de l’oubli par Patrick Pineau, comédien complice de Lavaudant et metteur en scène de cette saga de la vie de province dans la Russie du XIXe siècle. De quoi réconforter ceux qui s’inquiètent de l’état de la création en France. Si la Co- médie-Française a marqué le pas, alternant réussites (les Papiers d’Aspern par Jacques Lassalle au Vieux-Co- lombier, Papa doit manger de Marie N’Daye, mis en scène par André Engel dans la salle Richelieu) et pro- ductions médiocres (la Nuit des rois de Shakespeare par Seweryn), le Théâtre de la Ville a invité à l’enchan- tement avec Mangeront-ils ? d’Hugo, mis en scène par Benno Besson dans les décors magiques de Jean- Marc Stehlé. Au Centre dramatique national de Gen- nevilliers, Bernard Sobel a associé en un audacieux diptyque, Peut-on tout dire ?, une oeuvre chinoise du XIIIe siècle – Le seigneur Guan va au banquet –, et une tragédie grecque – les Sept contre Thèbes – pour traiter de la guerre et de la façon de répondre à sa menace. À la Maison de la Culture d’Amiens, Jacques Osinski a éclairé d’un regard tendre-amer la tragédie du Richard II de Shakespeare. Au Théâtre national de Bretagne, à Rennes, la « Baraque Dromesko » a mis en rêverie l’écriture de Serge Valetti, tandis que Stanislas Nordey faisait imploser l’univers de Feydeau avec une Puce à l’oreille joyeusement cauchemardesque. Au Théâtre national Sorano, à Toulouse, Jacques Nichet a réveillé la mémoire des soldats russes morts en Afghanistan avec les Cercueils de zinc, pendant que, au Centre dramatique national de Besançon, Sylvain Maurice adaptait pour le théâtre l’Adversaire d’Emma- nuel Carrère, et que, au Centre dramatique régional de Lorraine, à Thionville, Stéphanie Loïk abordait avec Pit-bull, de Lionel Spycher, la question des jeunes des banlieues sur les rythmes du hip-hop.

● L’aventure exemplaire du Théâtre national de la Colline

Et puis, bien sûr, il y a le Théâtre national de la Colline qui, d’année en année, poursuit à Paris son explo- ration exemplaire des voies de la création contem- poraine. On l’a vu avec les Prétendants de Jean-Luc Lagarce, racontant une journée dans une institution théâtrale de province, à l’heure de son changement de directeur. Sur le fil d’une écriture extraordinaire- ment tricotée, la pièce plonge au coeur de la France profonde de la culture et des rapports ambigus qu’elle entretient avec les artistes et les responsables institutionnels – Ville, État, Régions, etc. Écrite en 1992, elle n’avait jamais été jouée. Jean-Pierre Vincent lui a donné vie avec une distribution férocement al- lègre, soulignant l’acuité de son actualité. Le syndicat de la critique dramatique ne s’y est pas trompé : il lui a décerné son grand prix 2003.

De quoi faire pendant à Variations sur la mort du Norvégien Jon Fosse, mises en scène dans la même salle par Claude Régy, poursuivant sa recherche d’un théâtre ascétique à partir de cette histoire de suicide d’une jeune fille dont les parents sont séparés. Sur un sol éclairé d’un rectangle de lumière, les comédiens aux gestes lents se faisaient musiciens et danseurs d’une parole entraînant au plus profond de l’être, aux frontières de l’humain, là où les repères s’estompent. Des Prétendants à Variations sur la mort, la distance est grande. Elle est significative du souci d’ouverture d’Alain Françon, directeur du Théâtre de la Colline, lui-même n’hésitant pas à établir un pont entre XIXe et XXIe siècle avec Petit Eyolf d’Ibsen et Si ce n’est toi d’Edward Bond. Daté de 1894, Petit Eyolf évoque le séisme qui bouscule des parents après la mort acci- dentelle de leur enfant. Écrite à l’orée du XXIe siècle par Bond, Si ce n’est toi projette dans un pays de lende- main d’apocalypse, dirigé d’une main de fer par un downloadModeText.vue.download 182 sur 370

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180 pouvoir invisible brisant tout lien social ou familial, interdisant tout souvenir.

De l’une à l’autre pièce, on a retrouvé chez Alain Françon le même souci de rigueur sobre tant dans la mise en scène que dans la direction d’acteurs, qui semblent jouer à nu, n’ayant pour seules armes que leur voix et leur corps. Accompagnée notamment de Jacques Bonnaffé dans Petit Eyolf et de Luc-Antoine Diquéro dans Si ce n’est toi, Dominique Valadié s’est montrée digne des plus grandes comédiennes du siècle. À la voir, on pensait à la trogne d’Helen Weigel, la compagne de Brecht, interprétant Mère Courage.

● Les « petits théâtres qui bougent »

Dans les « petits théâtres qui bougent » – salles al- ternatives, laboratoires ou havres pour petites com- pagnies et jeunes créateurs –, la création n’aura pas été en reste. C’est vrai du Théâtre de la Bastille avec Déshabillage, comédie mortelle, écrit et mis en scène dans une atmosphère baroque par Jean-Michel Rabeux, ou Tracteur de Heiner Müller, qui a révélé une toute jeune metteuse en scène : Irène Bonnaud. C’est vrai du Centre dramatique de Montreuil où Gil- berte Tsaï, directrice du lieu, a créé Sur le vif, rêverie philosophique et ludique de Jean-Christophe Bailly sur le monde animal et l’animalité de l’homme. C’est vrai, encore, du Théâtre de la Tempête, où Philippe Adrien a accueilli le Procès ivre (une oeuvre inédite de jeunesse de Bernard-Marie Koltès inspirée de Crimes et châtiments), déniché par Anita Psichiarini, et Loki, trompeur des dieux, saga fantasque de la mythologie scandinave adaptée par un jeune auteur metteur en scène plein de promesses, Laurent Rogero.

Mais là encore, un lieu se distingue, le Théâtre de la Cité internationale. Sous l’impulsion de Nicole Gau- tier, sa directrice, cette adresse est devenue incon- tournable pour un public avide de recherche, de jamais vu. Ainsi en fut-il avec les Aveugles de Mae- terlinck, mis en théâtre et en vidéo par le Canadien Denis Marleau, comme il en fut avec Plan B, défiant les lois de l’équilibre, proposé par d’anciens élèves de l’école de cirque du Lido, à Toulouse, ou avec À l’ombre des pinceaux en fleurs d’Odile Darbelley et de Michel Jacquelin conduisant sur les pistes déli- rantes de la création artistique et plastique où le mystère de la toile blanche se conjugue avec celui du geste spontané, aux frontières de l’art brut et de l’art conceptuel.

Il n’empêche que le plus beau pari théâtral de l’année aura été l’intégrale du Soulier de satin, proposée par Olivier Py au Centre dramatique national d’Orléans : onze heures d’émotion et de vie, d’invention et de générosité entraînant sur les terres de l’aventure humaine autant que spirituelle – ou plutôt sur ses mers, tant la barque du théâtre prenait des allures de bateau ivre. Brassant le rire et les larmes, avec des moments bouleversants d’intensité, le spectacle pre- nait des airs de poème immense. En pleine harmonie avec l’indication de Claudel – « la scène de ce drame est le monde » –, la scénographie ouvrait toutes grandes les portes de l’imaginaire, avec ses tréteaux évoquant des églises baroques, et son or, omniprésent jusque sur les armures. Autour du couple formé par Jeanne Balibar et Philippe Girard (Prouhèze et Rodrigue), la distribution faisait corps.

● Les repêchés d’Avignon

« Le pire n’est pas toujours sûr », écrit Claudel dans le Soulier de satin. Le meilleur peut arriver aussi. Pro- grammé dans un festival d’Avignon annulé, Bartabas a dû attendre l’automne pour présenter chez lui, à Aubervilliers, Loungta, sa dernière création. Tout en couleurs chaudes et flamboyantes, en cavalcades et en mouvements à l’épure parfaite, cet opéra céré- moniel pour cavaliers masqués et chevaux dansants se référait au Bardo Thodol (le Livre des morts tibé- tains, guide pour « bien mourir »), aux accords de la musique et des chants rituels des moines tibétains venus tout exprès du monastère de Gyuto. Invités aussi malheureux d’Avignon, Ariane Mnouchkine et le Théâtre du Soleil ont proposé en novembre les deux parties du Dernier Caravansérail (Odyssées). Ponctué d’extraits de « vraies » lettres et de discours officiels, le spectacle racontait en une suite de say- nètes des bribes d’existences de clandestins prêts à tout pour fuir leur pays. Peurs, viols, vols, départs pré- cipités, tout était dit et montré, tel qu’il est donné à voir sur les écrans de télévision ou à lire dans les jour- naux, mais recréé à partir d’interviews réalisées par Ariane Mnouchkine auprès de réfugiés des camps de Sangatte en France, de Villawood en Australie, de Lombok en Indonésie. Ce sont ces témoignages qui ont été ensuite repris, reformulés par les trente-cinq comédiens de la Troupe du Soleil tout au long d’un travail d’improvisations élaborées sur le mode de la création collective. Loin du simple fait divers ou du document brut, Mnouchkine a su retrouver les che- mins de la fable aux images chargées d’émotion.

● Vedettes sur les planches

Pendant ce temps, que faisaient les vedettes ? Elles ont continué à caracoler sur les planches pour le grand bonheur du public : Michel Piccoli a inter- prété Tchekhov sous la direction de Peter Brook aux Bouffes du Nord dans Ta main dans la mienne, mon- tage de lettres échangées entre l’écrivain russe et son épouse, la comédienne Olga Knipper. Sami Frey a réenfourché son vélo au Théâtre de la Madeleine downloadModeText.vue.download 183 sur 370

DOSSIERS ART ET CULTURE

181 pour la reprise de Je me souviens d’après Georges Pe- rec, créé quinze ans plus tôt. Fabrice Luchini est passé de l’Athénée au Théâtre Antoine pour prolonger le succès de Knock. Jean-François Balmer a rendu un hommage sensible à Baudelaire avec Baudelaire dit par Balmer au Théâtre du Ranelagh, et André Dusso- lier a célébré le sport et ses exploits dans les Athlètes dans leur tête, d’après des chroniques de l’écrivain journaliste Paul Fournel. Dans ce même Théâtre du Rond-Point, on aura pu retrouver Jean-Pierre Cassel dans l’adaptation théâtrale du film Festen, mis en scène par Daniel Benoin, directeur du Centre drama- tique national de Nice, et par deux fois Pierre Arditi, d’abord aux côtés d’Ariane Ascaride dans Mathilde de Véronique Olmi, puis en solitaire dans Une leçon de savoir-vivre de Jean-Claude Grumberg ; Philippe Cau- bère y a évoqué le torero Nimeno II avec Recouvre-le de lumière et Pierre Richard s’y est raconté lui-même avec Détournement de mémoire.

À quelques mois d’écart, Danielle Darrieux dans Oscar et la dame, à la Comédie des Champs-Élysées, puis Bernard Giraudeau et Charlotte Rampling dans Petits Crimes conjugaux, au Théâtre Édouard-VII, auront été les interprètes heureux de l’auteur à la mode – Éric- Emmanuel Schmitt. Rétrospectivement, cependant, le spectacle le plus sensible dans la mémoire du spectateur de cette année 2003 restera les Poèmes à Lou réunissant pour la dernière fois sur la scène, au- tour des textes d’Apollinaire, Jean-Louis Trintignant et sa fille Marie.

XVIes MOLIÈRES 2003

– Molières d’honneur : l’actrice Giselle Casadesus et le metteur en scène Alfredo Arias – Meilleur comédien : Thierry Fortineau dans Gros Câlin

– Meilleure comédienne : Danielle Darrieux dans Oscar et la dame en rose – Meilleur comédien dans un second rôle : Mi- chel Duchaussoy dans Phèdre – Meilleure comédienne dans un second rôle : Annie Sinigalia dans Poste restante – Révélation théâtrale masculine : Marc Fayet dans Un petit jeu sans conséquence – Révélation théâtrale féminine : Valérie Karsen- ty dans Un petit jeu sans conséquence – Meilleur metteur en scène : Stéphane Hillel pour Un petit jeu sans conséquence – Meilleur spectacle de création française : Un petit jeu sans conséquence – Meilleur spectacle du secteur privé : Un petit jeu sans conséquence – Meilleur spectacle du secteur public : Phèdre – Meilleur auteur francophone vivant : Victor Haïm pour Jeux de scène – Meilleure adaptation d’une pièce étrangère : Pascale de Boysson pour le Regard de Murray Schisgal

– Meilleur one-man-show ou spectacle de sketches : Shirley & Dino – Meilleur spectacle musical : le Quatuor avec Sur la corde rêve – Meilleur créateur de lumières : Dominique Bru- guière pour les lumières de Phèdre – Meilleur décorateur : Jean-Marc Stehlé pour l’Enfant Do

– Meilleur créateur de costumes : Christian Gasc pour l’Éventail de Lady Windermere downloadModeText.vue.download 184 sur 370 downloadModeText.vue.download 185 sur 370

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Sports et

Résultats downloadModeText.vue.download 186 sur 370 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

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ARMSTRONG, SCHUMACHER, FEDERER ET LES AUTRES...

Certes, ils ont laissé planer le suspense. Parce que leur domination n’est plus si écrasante. Parce qu’ils n’ont plus leurs jambes de vingt ans et que la concurrence les a, plus que de cou- tume, poussés à se surpasser. Mais en attendant l’avènement de leurs successeurs, le premier titre d’un Juan-Pablo Montoya ou la victoire dans le Tour d’un Jan Ullrich, Michael Schumacher et Lance Armstrong sont restés maîtres chez eux.

Le premier s’est emparé d’un sixième titre consé- cutif en F1, un record qui relègue le légendaire Juan Manuel Fangio au rang de simple dauphin. Le second est entré dans le club des quintuples vain- queurs du Tour de France, devenant le premier à remporter ses succès de manière consécutive.

Les inamovibles Schumacher et Armstrong déto- nent presque dans une année sportive marquée par le renouvellement, voire le chambardement. Ainsi, le tennis, privé du retraité Pete Sampras, s’est trouvé d’autres idoles avec Roger Federer, Andy Roddick et Juan-Carlos Ferrero, tous victorieux de leur premier titre du Grand Chelem. En athlétisme, les Mondiaux de Paris ont consacré de nouvelles stars comme Kim Collins, vainqueur du 100 m, ou Carolina Kluft, la pimpante héroïne du décathlon. Mais changement de génération ne signifie pas forcément déconta- mination... L’athlétisme reste pollué par le dopage, comme l’a montré à l’automne le scandale de la THG, une substance dopante désormais décelable dont le dépistage rétroactif devrait faire beaucoup de tort à la réputation des athlètes.

Le rugby s’est également offert une petite révolu- tion en 2003. Pour la première fois depuis sa créa- tion en 1987, la Coupe Webb Ellis décernée au vainqueur du Mondial a franchi l’équateur pour rejoindre une vitrine de l’hémisphère Nord. L’Angle- terre, favorite, a su supporter la pression d’un exil de deux mois aux antipodes et dominer en finale l’Australie, nation hôte et tenante du titre. Déçus de leur quatrième rang, les Français ont pourtant montré de belles choses, six mois après un Tournoi raté. Il y a des quatrièmes places anecdotiques et d’autres qui coûtent cher. En basket, les vice-cham- pions olympiques français ont ainsi perdu leur billet pour les JO d’Athènes en échouant à monter sur la troisième marche du podium européen.

Le plus extravagant bouleversement qu’ait connu la saison sportive est intervenu dans la hiérarchie de la voile. Traditionnellement disputée entre l’Océanie et les États-Unis, la Coupe de l’America a été rem- portée par... la Suisse. Ajoutés à cet exploit helvète, les succès remportés par les joueuses de tennis belges Justine Henin-Hardenne et Kim Clijsters, numéros 1 et 2 mondiales, confirment que la taille d’un pays n’est pour rien dans ses résultats.

Une année sans foot ? Non, on jouait en 2003 les éliminatoires de l’Euro 2004. La France y a réussi un sans-faute, donnant rendez-vous au Portugal où elle défendra son titre en juin.

COUPE DU MONDE (du 10 octobre au 22 novembre en Australie)

Passée l’indigeste phase éliminatoire, la Coupe du monde a offert du spectacle et une finale à suspense, dénouée dans la dernière minute des prolongations. Pour la première fois, la Coupe Webb Ellis déménage dans l’hémisphère Nord grâce à la victoire des Anglais sur les tenants du titre et organisateurs australiens. Un triomphe logique.

L’Angleterre ne l’a pas volé

Durant des semaines, ses supporters ont tremblé au souvenir des dernières marches sur lesquelles le XV de la Rose a souvent trébuché. « Si l’on ne gagne pas celle-là », entendait-on de Londres à Sydney, « on ne gagnera jamais. »

Mais les Anglais l’ont fait, confirmant leur supré- matie sur le rugby mondial et leur statut de favo- ris. Auteurs du Grand Chelem dans le tournoi des Six-Nations en 2003, ils restaient sur quatre succès consécutifs devant leurs rivaux de la finale, les Aus- traliens, battus 20 à 17 après prolongations (14-14 après 80 min). Mieux, depuis février 2000, les An- glais avaient remporté 42 victoires en 47 matches. Priorité absolue de l’entraîneur Clive Woodward depuis son arrivée aux commandes en 1997, ce premier titre mondial est le fruit de l’expérience des cadres de l’équipe à qui il a conservé sa confiance contre vents et marées. Mais il est surtout dû au talent d’un homme, Jonny Wilkinson, buteur exceptionnel – avec 113 points réussis durant la compétition –, excellent organisateur de l’attaque downloadModeText.vue.download 187 sur 370

SPORTS ET RÉSULTATS

185 et élu meilleur joueur de l’année par la fédération internationale. La victoire de l’Angleterre, c’est également celle d’une certaine philosophie basée sur la défense, d’un jeu de plus en plus technique et de moins en moins spectaculaire. « Ennuyeux », disait, au lende- main de la défaite de son équipe, une presse aus- tralienne immédiatement remise en place par Clive Woodward : « Et alors ? Cette méthode nous permet de gagner. »

France : Les espoirs déçus

Avant d’en arriver à ce dénouement, finalement attendu, la Ve Coupe du monde avait, comme les précédentes, souligné le fossé entre les cinq à six meilleures équipes et le reste du monde en propo- sant des rencontres bien insipides lors des matches de poule – si l’on excepte Angleterre-Afrique du Sud (25-9) ou le très serré Irlande-Australie (17-16). Les 40 premières rencontres du Mondial se sont conclues sur des résultats sans surprise et, parfois, de véritables raclées comme celle reçue par la Namibie de la part de l’Australie (142 à 0). Il a fallu attendre les quarts de finale pour réellement trem- bler et s’enflammer, notamment lorsque la France a corrigé l’Irlande 43 à 21, réveillant les espoirs de ses supporters. Après le jeu produit par les hommes de Bernard Laporte, on s’est en effet mis à rêver d’un bégaiement de l’histoire, quatre ans après la vic- toire historique en demi-finale du Mondial sur les All Blacks. Mais en demi-finales, les Anglais étaient bien trop forts pour des Bleus en panne de forme, finalement battus 24 à 7. Impérial lors des premiers matches, le buteur métronome Frédéric Michalak, deuxième meilleur marqueur derrière Wilkinson avec 103 points, avait perdu son rythme sous la pluie de Sydney.

Démotivés, représentés par leur équipe réserve, les Français recevaient même une raclée de la part des Néo-Zélandais lors du match pour la 3e place

(40-13), leur plus large défaite lors d’une Coupe du monde.

Le Sud bredouille

Outre l’Afrique du Sud, loin du niveau qui lui avait permis de conquérir le trophée mondial chez elle en 1995, les équipes de l’hémisphère Sud espé- raient mieux de ce Mondial. Jamais en effet la

Coupe Webb Ellis n’avait franchi l’équateur en seize ans d’existence. L’Australie, victorieuse en 1991 et 1999, voulait être la première nation à conserver son titre. Elle n’est pas passé loin, trébuchant sur le pied magique du buteur Wilkinson, le style de joueur qui, justement, aurait pu permettre aux Walabies d’amé- liorer leur efficacité au jeu au pied. Développant un jeu offensif jusqu’à sa demi-finale, l’Australie s’est ensuite repliée sur une stratégie défensive pour les deux derniers matches.

La Nouvelle-Zélande, lauréate de la première édi- tion en 1987 et malheureuse depuis lors, est, quant

à elle, restée fidèle à son nouveau style. Auteurs du plus grand nombre de points et d’essais, les Blacks ont toutefois négligé l’indispensable jeu défensif à la faveur du beau geste et du spectacle, symbolisés par Doug Howlett, Mils Muliaina et Joe Rokocoko, auteurs de 20 essais à eux trois. Une attitude pleine de panache, certes, mais qui ne compte guère à l’heure des bilans. downloadModeText.vue.download 188 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

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ATHLÉTISME

À l’image de son point d’orgue, les Championnats du monde organisés à Paris, la saison 2003 d’athlé- tisme a été riche en émotions mais pauvre en per- formances chronométriques. Seuls trois records du monde ont été battus, tous par des athlètes fémi- nines et, outre le 400 m haies, dans des disciplines récentes, le 3 000 m steeple et le saut à la perche.

Plus que tous les autres, ce sont les sprinteurs qui, un an après le record du monde de Tim Montgo- mery (9″ 78), sont restés en deçà des canons de leur discipline à l’image de Kim Collins, vainqueur sur- prise du 100 m mondial en 10″ 07, devant de bien faibles rivaux. Mais une compétition d’athlétisme privée de record du monde n’est pas forcément de piètre qualité. Pour une fois, les stars du sprint ont cédé la vedette à des héros plus discrets qui ont su livrer d’homériques bagarres et l’emporter avec panache.

Du spectacle avant tout

Parmi les images de Paris 2003, on retiendra ainsi la course acharnée et vaine d’Eunice Barber pour rattraper l’invincible Suédoise Carolina Kluft à l’hep- tathlon, devant un public partagé et enthousiaste. Battue après avoir tout donné, la Française a fina- lement remporté une médaille d’or inattendue à la longueur, surclassant la concurrence lors de son ultime tentative. Touchante aussi, l’attitude du Ma- rocain Hicham El Guerrouj envers son dauphin du 1 500 m Mehdi Baala, superbe de courage. Après avoir remporté sa 77e victoire en 80 courses et son quatrième titre mondial, le roi du demi-fond, également deuxième du 5 000 m, s’est emparé dans les tribunes du fils de Baala, son ancien com- patriote, pour lui faire faire un tour d’honneur qui fut l’un des moments les plus émouvants de ces Mondiaux. Test grandeur nature en vue de la can- didature de Paris à l’organisation des jeux Olym- piques 2012, les IXe Championnats du monde ont été une véritable fête populaire suivie par quelque 500 000 spectateurs, dans le Stade où les Français avaient remporté la Coupe du monde de football 1998. Comme El Guerrouj – désigné athlète mas- culin de l’année –, Allen Johnson sur 110 m haies, Felix Sanchez sur 400 m haies, Maria Mutola sur 800 m ou Hestrie Cloete – athlète féminine de l’an- née – à la hauteur ont su conserver leur couronne mondiale. La Mexicaine Ana Guevara a confirmé sa suprématie sur 400 m, tandis que l’Italien Giu- seppe Gibilisco, fut vainqueur au Stade de France de son premier concours de niveau international à la perche. À l’inverse, plusieurs héros vivaient leur crépuscule : Haile Gebrselasie, battu sur sa distance fétiche, le 10 000 m, par son compatriote Kenenisa Bekele, Johnatan Edwards ou Gabriela Szabo écar- tés des podiums du triple saut et du demi-fond. En l’absence de Marion Jones et de Konstantin Kente- ris et en raison de la méforme du triple champion du monde du 100 m Maurice Greene, de Tim Mon- tgomery et de Zhanna Block, le sprint a connu un véritable renouvellement de génération avec des athlètes qui auront encore tout à prouver en 2004 comme Kim Collins, John Capel mais aussi Kelli White.

Paris rattrapé par les scandales

Sacrée sur 100 et 200 m, cette dernière aurait pu être la grande dame des Championnats du monde sans son contrôle positif, au soir du 100 m, à un stimulant mineur. Le cas Kelli White, qui était susceptible de déboucher sur une confiscation de ses médailles au terme d’une longue procédure, a choqué en raison du palmarès de l’intéressée. Mais d’autres affaires plus sérieuses ont terni la saison et les Champion- nats du monde. Cinq athlètes ont été ainsi contrôlés positifs à l’EPO au cours de 2003. Parmi eux le Fran- çais Fouad Chouki l’a été à Paris et a mis en porte- à-faux son équipe, réputée pour être l’une des plus virulentes en matière de lutte antidopage.

Le contrôle positif de Chouki a jeté une ombre sur le bilan tricolore, pourtant le meilleur de son histoire aux Championnats du monde. Avec sept médailles dont deux en or, la France se place au cinquième rang du classement des nations, largement devan- cée par les États-Unis (20 podiums) et la Russie (19) mais faisant jeu égal avec l’Éthiopie et la Biélorus- sie (7). Une fois n’est pas coutume, l’Allemagne, la Grande-Bretagne et l’Espagne, toutes trois très décevantes, se laissent devancer par la France au bilan final.

Héroïne des Bleus, Eunice Barber a réussi un magnifique doublé et, grâce à sa victoire à la lon- gueur, inspiré le relais féminin qui a décroché l’or quelques minutes après le sacre de Barber. Ce titre du 4 × 100 m est un superbe lot de consolation pour la championne d’Europe Muriel Hurtis, qui attendait mieux qu’une quatrième place sur 200 m. À l’argent de Baala sur 1 500 m et de Barber à l’hep- tathlon est venu s’ajouter le dernier jour celui du relais 4 × 400 m, emmené par le vétéran Stéphane Diagana. Enfin le surprenant Marc Raquil sur 400 m et Manuela Montebrun au marteau ont remporté une médaille de bronze. downloadModeText.vue.download 189 sur 370

SPORTS ET RÉSULTATS

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AUTOMOBILE

Schumi au sixième ciel

En arrachant un sixième titre mondial des pilotes, Michael Schumacher a fait voler en éclat le plus symbolique des records : l’Argentin Juan Manuel Fangio, légende de la formule 1, est relégué au se- cond rang avec ses cinq couronnes. « Schumi » est désormais seul au sommet.

Le sacre de l’Allemand n’a pas été aisé, contraire- ment au scénario de 2002, saison sans suspense décidée à six courses de la fin. Cette fois, il a fallu at- tendre l’ultime épreuve, à Suzuka, pour connaître le nom du champion du monde. Malgré une huitième place peu habituelle, le sortant a conservé son titre après un début de saison très difficile et un bilan de seulement six victoires contre onze en 2002.

Talonné par une ribambelle de jeunes et talentueux pilotes, le Finlandais Kimi Raikkonen (sur Mc-Laren) et le Colombien Juan Pablo Montoya (sur Williams) entre autres, Schumacher a dû, tout au long de la saison, faire étalage de sa science du pilotage et de sa force de caractère pour l’emporter. L’une des victoires les plus symboliques du champion de Ker- pen restera sans doute celle d’Imola, remportée quelques heures après le décès de sa mère.

La Fédération internationale, lassée du cavalier seul des Ferrari au cours des dernières saisons, avait en outre imposé un certain nombre de handicaps et de pressions à la Scuderia et à son pilote vedette pour relancer le suspense. Les changements de règlement et de barème intervenus en début de saison étaient ainsi ouvertement destinés à relan- cer l’intérêt du championnat du monde en péna- lisant les « Rouges ». Malgré tout, Schumacher s’est imposé pour la quatrième fois consécutive, la qua- trième fois sur Ferrari après avoir obtenu ses deux premiers titres mondiaux avec Benetton en 1994 et 1995. L’écurie italienne, relancée justement par l’arrivée de Schumacher à la fin des années 1990, obtient elle son cinquième titre consécutif chez les constructeurs.

Grâce à ce nouveau titre, Michael Schumacher améliore encore des records : nombre de titres mondiaux, de victoires (70 dont 51 avec Ferrari) loin devant Alain Prost (51), de meilleurs tours, de rapidi- té, de points, de tours et kilomètres en tête, etc. Seul le Brésilien Ayrton Senna, disparu en 1994, reste le détenteur du record des pole positions.

Arrivé sur le circuit en 1991, Schumacher ne compte pas s’arrêter là. À presque trente-cinq ans, il n’affi- chait en fin de saison 2003 aucune intention de rac- crocher et son contrat chez Ferrari court jusqu’en 2006. La saison 2004 s’annonce donc passionnante avec les ambitions affichées par la jeune garde, les Montoya, Raikkonen, Alonso et Ralf... Schumacher – de détrôner le maître.

Solberg bat Loeb d’un cheveu

Le championnat du monde des rallyes a été lui aussi très animé et est resté indécis jusqu’à la dernière épreuve de la saison. Dauphin du Finlandais Grön- holm en 2002, Petter Solberg (sur Impressa Subaru) s’est imposé sur le fil pour devenir le premier Nor- végien à décrocher le titre mondial des pilotes de rallyes, devançant d’un point le Français Sébastien Loeb (Xsara Citroën) et de 9 points le vétéran Carlos Sainz, lui aussi en course pour le titre jusqu’à la fin. À vingt-neuf ans, Loeb fut la révélation de l’édition 2003 – sa première saison pleine sur le circuit – et peut tout de même se satisfaire d’avoir offert à son équipe le titre mondial des constructeurs. Citroën met ainsi fin à la série de succès de sa rivale Peu- geot, sacrée en 2000, 2001, 2002, et qui fut souvent malheureuse cette année à l’image du tenant du titre Marcus Grönholm, finalement sixième chez les pilotes. Ce titre est le premier en rallye pour la marque aux chevrons qui a préféré jouer la pru- dence lors de l’ultime épreuve – celle de Grande- Bretagne –, privant ainsi Loeb d’un sacre potentiel chez les pilotes.

BASKET Les Bleus recalés

Vice-champions olympiques à Sydney, en 2000, les basketteurs français n’iront pas défendre leur rang à Athènes en 2004. La décevante quatrième place décrochée à l’Euro suédois, au terme d’un match de classement contre l’Italie décisif pour l’attribution du dernier ticket olympique, interdit toute préten- tion à la bande de Tony Parker. En demi-finale, les Bleus n’ont plié que dans les dernières minutes face à la Lituanie, futur vainqueur du titre européen, mais se sont montrés, sur l’ensemble de l’épreuve, beaucoup trop dépendants de Parker, le champion NBA élu meilleur arrière du tournoi.

Invaincus, les Baltes se sont appuyés à l’inverse sur un jeu collectif à toute épreuve pour bâtir leur suc- cès. En finale, ils ont assez nettement dominé l’Es- pagne (93 à 84) pour terminer la compétition avec la meilleure attaque (90,2 points de moyenne) et downloadModeText.vue.download 190 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

188 le plus grand nombre de passes décisives (17,2 par match). Avec Sarunas Jasikevicius, désigné meilleur meneur et surtout meilleur joueur de l’Euro, et Sau- lius Stombergas, meilleur ailier, la Lituanie dispose en outre de remarquables individualités.

Finaliste malheureuse, l’Espagne du pivot Pau Gasol a confirmé son statut de grand Européen, quatre ans après sa médaille d’argent suivie d’une troi- sième place en 2001. Championne d’Europe en 1999, l’Italie, malgré un début de tournoi calami- teux, renoue elle avec le succès après quatre ans de passage à vide. Avec la France, la Serbie-Monténé- gro, championne du monde et d’Europe en titre, et l’Allemagne de Dirk Nowitzki sont à ranger au rayon des grandes déceptions.

Parker au sommet

Malheureux en Europe, Tony Parker a crevé l’écran aux États-Unis. Sacré champion NBA avec les San Antonio Spurs, il est devenu le premier Français et le quatrième Européen à remporter un titre dans la prestigieuse Ligue américaine.

Victorieux des New Jersey Nets par 4 victoires à 2, les Spurs emmenés par Tim Duncan, meilleur joueur de la phase finale, remportent ainsi un second titre après celui de 1999.

Autre événement de la saison de NBA, la troisième retraite de Michael Jordan, âgé de quarante ans, devrait être la bonne. Après avoir annoncé la fin de sa carrière en 1993 et 1999, Jordan, dix fois meilleur marqueur de la saison NBA, a fait ses adieux sur une défaite de son dernier club, les Washington Wizards. Grâce à quinze années passées au sommet du bas- ket mondial, fort de six titres décrochés avec les Chicago Bulls, Jordan, détenteur en outre de nom- breux records et de deux titres olympiques, était devenu, bien avant sa retraite, une légende vivante de son sport.

Barcelone et Bodiroga, rois d’Europe

Sur les parquets européens, le titre de meilleur club est revenu à Barcelone qui a ainsi effacé cinq échecs en finale de l’Euroligue et des précédentes formules de la Coupe d’Europe. Les Catalans ont dominé en finale les Italiens de Trévise 76 à 65. Meilleur joueur de la finale pour la deuxième année consécutive, Dejan Bodiroga fut décisif dans la victoire du Barça, tout comme Sarunas Jasikevicius au tir.

Chez les dames, le club russe d’Ekaterinbourg, créé en quelques mois grâce au soutien de riches spon- sors, a dominé de justesse les tenantes du titre de Valenciennes en finale de l’Euroligue 82 à 80.

Dans le championnat de France, le chassé-croisé entre Villeurbanne et Pau-Orthez s’est poursuivi en 2003. Après leur titre national conquis en 2001 puis perdu en 2002 face aux mêmes adversaires, les Pyrénéens ont remporté la finale par deux victoires à une. Les Palois ont par ailleurs réussi le doublé grâce à leur victoire en finale de la Coupe de France. Chez les dames, Valenciennes a conservé son titre de champion de France en dominant Tarbes.

BOXE

Jones dans l’histoire

L’Américain Roy Jones a inscrit son nom dans l’his- toire de la boxe en subtilisant au Portoricain John Ruiz son titre de champion du monde WBA des lourds. À trente-quatre ans, Jones est en effet le second mi-lourd après Michael Spinks à réussir sa montée en remportant un titre dans la catégorie reine. Chez les poids moyens, la catégorie de ses débuts, il est également le premier à réussir un tel parcours, ce qui lui vaut un bilan de 48 victoires pour une défaite, et le respect du roi des lourds, le Britannique Lennox Lewis. Ce dernier a pénible- ment conservé sa ceinture WBC face à l’Ukrainien Vitali Klitschko.

Autre star de la boxe mondiale, le super-welter amé- ricain Oscar de la Hoya a lui perdu ses titres WBA- WBC au profit de son compatriote S. Mosley, au terme d’un combat à l’arbitrage très contesté.

Vedettes de combats sans enjeu, les Américains Myke Tyson et Evander Holyfield ont connu des fortunes diverses. Myke Tyson, encore poursuivi par la justice pour faillite personnelle et diverses rixes, a mis son compatriote Clifford Etienne K.-O. après 49 secondes de combat et remporté ainsi la 50e vic- toire de sa carrière. En revanche, le vétéran Evan- der Holyfield, quarante et un ans, a été poussé à l’abandon et peut-être à la retraite par James Toney, le champion IBF des lourds-légers venu se faire la main chez les lourds.

CYCLISME

Armstrong au panthéon

En remportant son cinquième Tour de France, Lance Armstrong n’a pas battu de record, il a « seule- ment » égalé celui de quatre légendes du cyclisme qui l’accueillent dans ce qui est désormais le club downloadModeText.vue.download 191 sur 370

SPORTS ET RÉSULTATS

189 des cinq : Jacques Anquetil, Eddy Merckx, Bernard Hinault, Miguel Indurain.

Cinq hommes à cinq victoires.

Comme Indurain, Armstrong a, en outre, réussi l’exploit de remporter ses succès consécutivement. Mais ce Tour 2003, disputé sous la canicule, ne fut pas, à l’inverse des précédents, une partie de plai- sir pour l’Américain de trente et un ans, qui l’avait emporté pour la première fois en 1999, année de son retour sur le circuit après un cancer. Attaqué par des rivaux décomplexés, mis en confiance par ses apparentes défaillances et sa forme moins flam- bante qu’à l’accoutumée, Armstrong a compensé par une extraordinaire intelligence tactique et la fidélité sans faille de ses équipiers de l’US Postal.

L’épreuve, qui fêtait ses cent ans d’existence, a été indécise jusqu’à la veille de l’arrivée sur les Champs- Élysées. De l’avis des experts, ce Tour, qui a une nouvelle fois battu des records de rapidité avec une moyenne de 40,94 km/h pour 3 426 km, a livré le plus beau spectacle depuis l’édition 1989, qui avait vu triompher Greg LeMond avec 8 secondes d’avance sur Laurent Fignon. Cinq ans après le trem- blement de terre de l’affaire Festina et un an après la troisième place du Lituanien Raimundas Rumsas, convaincu depuis lors de dopage, la cuvée 2003 a été épargnée par les scandales.

Ullrich ressuscité

L’Allemand Jan Ullrich, victorieux de l’épreuve en 1997, est miraculeusement revenu à son meilleur niveau, malgré plus d’un an d’arrêt de la compéti- tion, pour échouer, au classement final, à 1 minute du vainqueur – le plus petit écart depuis 1989 –, prenant la deuxième place de la compétition pour la cinquième fois de sa carrière. Dans le premier contre-la-montre du Tour, Ullrich avait infligé une punition à Armstrong, spécialiste du chrono, relé- gué à 1 min, 36 s. Mais, pour n’avoir pas cru assez tôt en ses chances, et privé d’une équipe solide, l’Allemand a laissé filer une possible victoire finale. Le coureur du Kazakhstan Alexandre Vinokourov, a lui aussi montré son meilleur visage, terminant troi- sième à plus de 4 min mais décrochant le prix de la combativité. Une distinction qui aurait également pu revenir à l’Américain Tyler Hamilton, quatrième du Tour malgré une fracture partielle de l’épaule subie dès le départ de l’épreuve.

Grâce notamment à une victoire d’étape à Morzine suivie d’une journée en jaune, le Français Richard Virenque, toujours adulé par le public du Tour, a remporté un sixième titre de meilleur grimpeur, rejoignant ainsi Federico Bahamontes et Lucien Van Impe dans la légende de la Grande Boucle. Après l’abandon au pied des Alpes de l’Italien Alessandro Petacchi, victorieux de quatre sprints dans la pre- mière semaine, le maillot vert est revenu à l’Aus- tralien Baden Cooke. Petacchi et Simoni, victorieux d’une étape, ont sauvé l’honneur des Italiens, à la peine dans ce Tour du centenaire, avec Ivan Basso, 7e, meilleur concurrent au classement général. En l’absence de Joseba Beloki, l’un des favoris tombé la première semaine, les Espagnols ont également déçu, manquant le podium pour la première fois depuis 1999.

Bettini garde son bien

Si les cyclistes du sud de l’Europe ont marqué le pas lors du Tour de France, ils ont en revanche bien réussi lors de leurs tours nationaux (Gilberto Simoni au Giro, Roberto Heras à la Vuelta) et dans les courses d’un jour. À Hamilton, au Canada, le Basque Igor Astarloa, vingt-sept ans, est devenu champion du monde sur route, offrant à l’Espagne un troisième titre mondial en cinq ans (après ceux d’Oscar Freire en 1999 et 2001). Il a, du même coup, soufflé le titre au grand favori, l’Italien Paolo Bet- tini, finalement quatrième, et qui s’est consolé en conservant le trophée du vainqueur de la Coupe du monde, qu’il avait déjà remportée en 2002. Vic- torieux de Milan-San Remo, des grandes classiques de Hambourg et de San Sebastian, Bettini est le pre- mier coureur à gagner trois manches de la Coupe du monde la même année depuis la création de l’épreuve en 1989.

Enfin, malheureux sur le Tour de France, le Bri- tannique David Millar, roi du chronomètre, a conquis son premier titre sur son épreuve de pré- dilection en devenant champion du monde du contre-la-montre.

ÉQUITATION

La surprise Touzaint

En tête dès le début de l’épreuve, le jeune cavalier français Nicolas Touzaint, vingt-trois ans, a brûlé la politesse à la quadruple championne d’Europe et favorite, Pippa Funnell, pour remporter la médaille downloadModeText.vue.download 192 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

190 d’or du concours complet lors des Championnats d’Europe.

Maîtres incontestés de la discipline, les cavaliers britanniques ont dominé sans surprise le concours par équipes, s’adjugeant le titre européen pour la cinquième fois consécutive. Derrière, les Français et les Belges complètent un podium qui leur ouvre la voie des jeux Olympiques d’Athènes.

Si les Britanniques règnent sur le concours complet, le saut d’obstacles est toujours l’affaire des Alle- mands. En effet, ces derniers se sont imposés sans rencontrer de véritable résistance lors de l’épreuve par équipes. En individuel, Ludger Beerbaum, le roi de la spécialité, a cependant dû céder sa place habituelle – la première – à son jeune compatriote Christian Ahlmann et se contenter d’une médaille d’argent. Enfin, dans l’épreuve du dressage, l’Alle- mande Ulla Salzgeber a conservé son titre euro- péen grâce à son célèbre cheval Rusty.

ESCRIME

L’Italie revient fort

Nation de tradition, l’Italie a largement dominé les championnats du monde d’escrime de La Havane en remportant pas moins de huit médailles et trois titres. La donne aurait peut-être été différente si les Russes, triomphateurs des championnats du monde en 2002 où ils avaient conquis six titres sur douze en jeu, n’avaient été handicapés cette année par un problème technique : d’abord disqualifiés, les Russes ont en effet été ensuite réadmis dans la compétition après être arrivés avec 24 heures de re- tard à Cuba, en raison de l’annulation de leur avion. Un contretemps qui a nettement gêné les tireurs lors des épreuves individuelles. S’ils ont été aidés par la méforme de leurs adversaires, titulaires tout de même de quatre médailles au total, les Italiens ont néanmoins réalisé une belle compétition grâce à leurs champions confirmés, comme la fleuret- tiste Valentina Vezzali, mais aussi grâce à leurs plus jeunes escrimeurs.

Une fois de plus, les médailles mondiales sont presque en totalité revenues aux tireurs européens. À domicile, les Cubains ont fait pâle figure et seuls la Chine (3 médailles) et l’Azerbaïdjan (1 médaille) sont venus empêcher un carton plein européen.

Derrière l’Italie et la Russie, l’Ukraine, avec deux titres, a tiré son épingle du jeu alors que la France, avec quatre médailles, a déçu, malgré le titre de l’épéiste Fabrice Jeannet.

FOOTBALL

Lyon, deuxième

Aucun club n’avait réussi cela depuis le grand OM – couronné entre 1989 et 1992, preuve de la versatilité d’un football français qui a connu sept champions différents en dix ans. En 2003, le Lyon de Grégory Coupet, Sonny Anderson, Vikash Dhorasoo ou Éric Carrière a donc accompli un petit exploit en conservant le titre national conquis l’année précé- dente pour la première fois de son histoire.

Au terme d’une saison à suspense, l’OL, entraîné par Paul Le Guen s’est imposé avec le plus petit des écarts sur Monaco et trois points sur l’OM, après avoir opéré un redressement spectaculaire en fin de championnat pour remonter de la cinquième (26e journée) à la première place. Modèle de régula- rité depuis cinq ans, Lyon, toujours recalé avant les phases finales de la Ligue des champions, a désor- mais l’ambition d’ouvrir son palmarès européen.

Dauphin, après avoir longtemps mené le bal, Mo- naco peut se satisfaire d’avoir eu dans les rangs le meilleur buteur de la saison de Ligue 1, Shabani Nonda (26 buts) et d’avoir assuré directement sa place en Ligue des champions.

Derrière le trio de tête, quelques grosses pointures ont déçu

Perdant de l’année, le Paris-Saint-Germain a connu une saison catastrophique émaillée par les mau- vais résultats et les luttes d’influence. Onzième en Ligue 1, son plus mauvais résultat depuis quinze ans, le P.S-G de Ronaldinho, transféré à l’intersaison à Barcelone, a perdu l’ultime chance de s’aligner en Coupe d’Europe en s’inclinant devant Auxerre en finale de la Coupe de France. Luis Fernandez, le di- recteur sportif, et Laurent Perpère, le président des Parisiens, ont quitté le club sur cet échec, alors que Guy Roux, entraîneur historique d’Auxerre, s’adju- geait une troisième Coupe de France.

Une année italienne

Sur le front de la Coupe d’Europe, l’année 2003 a été marquée par la résurrection des clubs italiens, au nombre de trois en demi-finales de la Ligue des champions. Pour mémoire, en 2001 et 2002, l’Italie ne comptait aucun club en quarts de finale.

Dans le premier duel, le Milan AC a éliminé son voisin et rival de l’Inter, mais c’est la Juventus de Turin, sacrée championne d’Italie peu auparavant, qui a véritablement créé la surprise en dominant les Espagnols du Real Madrid, favoris de l’épreuve avec downloadModeText.vue.download 193 sur 370

SPORTS ET RÉSULTATS

191 leur équipe de rêve, riche notamment de Ronaldo, Zidane, Raul, Morientes, Roberto Carlos.

La finale, symbole dans sa deuxième partie du cé- lèbre « catenaccio » à l’italienne, s’est jouée aux tirs au but après un match conclu sur le score de 0 à 0. C’est finalement le Milan AC de l’Ukrainien Che- vchenko qui s’est imposé pour remporter la sixième Ligue des champions (auparavant Coupe des clubs champions) de son histoire.

En Coupe de l’UEFA, le FC Porto a, lui, conquis un deuxième trophée européen (seize ans après sa vic- toire en C1) en dominant le Celtic Glasgow.

Le feuilleton Beckham

Malgré son échec à conserver le trophée de la Ligue des Champions conquis en 2002, le Real Madrid est resté le club vedette de la saison sur le plan euro- péen. Non seulement parce que les Madrilènes ont conquis un 29e titre de champion d’Espagne mais surtout parce qu’ils ont poursuivi leur très média- tique politique de recrutement en s’allouant les services de la star de Manchester, David Beckham. Le montant de ce transfert, qui a tenu en haleine durant quatre mois tous les passionnés de football, est finalement raisonnable : Beckham, icône publi- citaire tout autant que joueur de foot, rejoint Ma- drid pour 35 millions d’euros (dont 10 indexés sur les performances), soit tout de même 40 de moins que le prix payé par le même club pour acquérir Zinedine Zidane. Un investissement forcément payant pour un joueur qui fait vendre jusqu’en Asie des produits dérivés par centaines de milliers.

La France relève la tête Désastreux en 2002, le bilan 2003 de l’équipe de France de football est à l’inverse impeccable. Sous la houlette de Jacques Santini, les champions d’Europe en titre ont remporté tous leurs matches des éliminatoires de l’Euro 2004 au Portugal, où ils défendront le seul titre qu’il leur reste.

Outre les matches qualificatifs pour l’Euro, les Bleus n’ont disputé, et remporté, qu’une seule compéti- tion en 2003 : la Coupe des confédérations orga- nisée en France. De cette épreuve, ce n’est pas le palmarès que l’on retiendra mais plutôt la mort sur le terrain, au cours de la demi-finale, du Camerou- nais Marc-Vivien Foe, victime d’un arrêt cardiaque. Un décès brutal, en direct à la télévision, qui n’a pas manqué de relancer le débat sur les calendriers de plus en plus chargés et les rythmes insoutenables imposés aux joueurs de haut niveau.

GOLF

L’année des surprises

Jamais une saison de golf n’avait été aussi ouverte, aussi généreuse envers les seconds rôles du circuit. Les quatre tournois du Grand Chelem ont en effet sacré quatre hommes qui n’avaient jamais aupara- vant triomphé dans l’un de ces tournois majeurs.

Victorieux du Masters, le plus prestigieux d’entre eux, Mike Weir est devenu le premier Canadien à remporter une épreuve du Grand Chelem. Deux mois plus tard, l’Américain Jim Furyk s’imposait dans l’US Open. Son compatriote Ben Curtis a, lui, créé une immense surprise en dominant le British Open, le premier tournoi majeur auquel il participait. 396e mondial avant l’épreuve, le jeune homme de vingt-six ans s’est retrouvé 35e au lendemain de sa victoire, soit le plus grand bond jamais réalisé dans le classement mondial depuis sa création en 1986. Enfin, la quatrième levée du Grand Chelem, le championnat USPGA, a été gagnée par un autre Américain, Shaun Micheel, qui un mois auparavant luttait pour sa survie sur le circuit, faute de résultats. Et Tiger Woods dans tout ça ? Le numéro 1 mondial a vécu une année « sans », réussissant son meilleur résultat au British Open dont il a pris la 4e place. 15e au Masters, 20e à l’US Open et surtout 39e à l’USPGA, où il a rendu la plus mauvaise carte sur le sol amé- ricain depuis sa carrière amateur, à 12 coups du vainqueur, l’Américain, en tête du classement aux gains du circuit PGA pendant quatre ans, a même été détrôné par le Fidjien Vijay Singh qui a empoché 7,5 millions de dollars en 2003, contre 6,6 pour le Tigre.

GYMNASTIQUE

Khorkina, troisième La Russe Svetlana Khorkina est devenue la première gymnaste de l’histoire à remporter un troisième titre de championne du monde du concours indi- viduel, lors des Mondiaux organisés en Californie, à Anaheim. À vingt-quatre ans, la jeune femme, en retrait sur le plan physique et technique mais artis- tiquement supérieure depuis sa collaboration avec le Bolchoï, s’est imposée grâce à sa performance au sol devant l’Américaine Carly Patterson, de neuf ans sa cadette. Médaillée d’or en 1997 et 2001, d’argent en 1995 et de bronze en 1999, Khorkina a également bénéficié de la clémence de juges qui downloadModeText.vue.download 194 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

192 la soutiennent depuis sa mésaventure de Sydney : la mauvaise installation d’un agrès l’y avait privée d’un titre olympique mérité. À Athènes, en 2004, la Russe tentera de décrocher l’or olympique avant une retraite annoncée. Le succès de Khorkina a quelque peu masqué la contre-performance de la Russie et des pays de l’Est en général chez qui la relève semble absente. Khorkina et le vétéran Alexei Nemov, par exemple, n’ont pas de succes- seurs évidents et la Roumanie, quintuple cham- pionne du monde par équipes chez les dames, n’a pas remporté un seul titre mais seulement des médailles d’argent.

Les États-Unis et l’Asie en force

Profitant du déclin des pays de l’ancien bloc com- muniste, les États-Unis, la Chine et le Japon ont fait le plein de médailles à Anaheim. Sous la houlette de l’ancienne Roumaine Martha Karolyi, le pays hôte a remporté pour la première fois de son his- toire le titre du concours général individuel grâce à Paul Hamm, également vainqueur au sol, et celui du concours par équipes féminin. Les Chinois se sont imposés dans le concours par équipes masculin. Actifs partout dans le monde, les entraîneurs origi- naires des pays de l’Est ont permis une internationa- lisation de la gymnastique. En Californie, le symbole de cette ouverture d’une discipline longtemps cir- conscrite à une demi-douzaine de pays fut la Bré- silienne Daiane dos Santos, sacrée championne du monde au sol et entraînée par un Ukrainien.

HANDBALL

Montpellier au zénith

Premier club français à avoir jamais atteint la finale de la Ligue des champions, compétition de clubs la plus prestigieuse, Montpellier a bien cru devoir se contenter de ce rang de finaliste. Inexpérimentés par rapport aux Espagnols de Pampelune, emme- nés par Jackson Richardson et déjà sacrés en 2001, les joueurs de Patrice Canayer semblaient avoir laissé passer leur chance au match aller.

Battu 19 à 27 en Espagne, Montpellier devait en effet réaliser un exploit en remontant un handi- cap jamais rattrapé par aucun club à ce stade de la compétition. Transcendés, les Héraultais ont fait mieux dans leur salle, infligeant un cinglant 31-19 à leurs rivaux lors du match retour pour devenir les premiers Tricolores champions d’Europe. Parmi les hommes clés d’une équipe couronnée par ailleurs championne de France pour la sixième fois depuis 1995, le buteur Mickael Guigou et le gardien inter- national Thierry Omeyer.

Motivé par l’exemple, le club féminin de Besançon ouvrait quelques jours plus tard une autre ligne du palmarès français, remportant la Coupe des coupes en battant le Spartak Kiev en finale.

La Croatie retrouvée

Grâce à ces titres européens à la fois inédits et ines- pérés, la saison internationale 2003 restera comme une bonne cuvée pour le handball français. D’au- tant plus que près de trois mois auparavant une partie des joueurs de Montpellier avaient contribué au bon parcours des Bleus nouvelle génération lors des Championnats du monde disputés au Portugal. Battus par les Allemands en demi-finale, les Fran- çais, tenants du titre depuis 2001, ont rempli leur contrat en battant l’Espagne pour la médaille de bronze.

Après un début de tournoi chaotique, à l’image de sa réputation de championne imprévisible, la Croatie s’est imposée en finale face à l’Allemagne, prouvant son retour au premier plan après son titre olympique de 1996.

HOCKEY SUR GLACE

Le Canada plus solidaire

C’est avec une équipe de gamins sans beaucoup d’expérience internationale que le Canada a rem- porté le 21e titre mondial de son histoire, en Fin- lande, six ans après sa dernière victoire aux Mon- diaux. Preuve de l’immensité du réservoir canadien, seuls deux joueurs titrés à Helsinki, Ryan Smyth et Eric Brewer, faisaient partie de l’équipe sacrée championne olympique l’année précédente, à Salt Lake City. Surmotivés, les « bizuths » de l’entraîneur Andy Murray, également coach de Los Angeles, ont réussi un sans-faute, terminant le tournoi invaincus après avoir montré un formidable esprit collectif et un jeu basé sur la solidité et la puissance physique. Finalistes malheureux, battus par le but en or de l’excellent Anson Carter, les Suédois alignaient eux à l’inverse une équipe de vieux briscards, rompus aux matchs internationaux et à la NHL, la ligue nord-américaine. Avec Mats Sundin, meilleur joueur du tournoi, et Peter Forsberg, meilleur joueur au downloadModeText.vue.download 195 sur 370

SPORTS ET RÉSULTATS

193 monde, ils disposent toutefois de plus riches individualités.

En arrachant la médaille de bronze à leurs anciens frères tchèques, les Slovaques ont prouvé que leur titre de champions du monde 2002 ne devait rien au hasard et se sont installés durablement dans la hiérarchie du hockey mondial. Première de son groupe en première division, la France retrouve l’élite, en compagnie du Kazakhstan, et disputera les Championnats du monde A en République tchèque en 2004 alors que la Biélorussie et la Slovénie sont relégués.

JUDO

L’Asie maîtresse chez elle

Emmenée par le pays hôte, victorieux de neuf mé- dailles dont six en or, l’Asie a été la grande domi- natrice des Championnats du monde de judo. Le Japon en tête mais également la Chine, la Corée du Sud et, dans une moindre mesure, la Corée du Nord et l’Iran ont remporté au total treize des seize médailles d’or distribuées lors de la compétition, les trois autres revenant à l’Allemagne, Cuba et l’Argentine.

Chez les Japonais, les quatre champions du monde de 2001 (les deux stars : Kose Inoue chez les hommes, Ryoko Tamura chez les dames ainsi que Masae Ueno et Noriko Anno) ont conservé leur titre. Mais le plus symbolique pour les Nippons a été conquis par l’ancien mi-lourd Keiji Suzuki dans l’épreuve reine, celle des toutes catégories, qui avait échappé à leur domination aux JO de Sydney et aux Mondiaux 2001. Ancien roi de la catégorie, le Russe Alexandre Mikhaylin a été éliminé prématurément. Conséquence logique de ce retour en force japo- nais et de l’excellente tenue des Cubains, victorieux d’une seule épreuve mais lauréats de huit médailles au total, l’Europe a montré en cette occasion un pâle visage. Après les six titres conquis à Munich, elle n’en a remporté qu’un seul grâce à l’Allemand Florian Wanner en moins de 81 kg. Chez les Français, les deux champions du monde de 2001 ont perdu leur couronne mais l’équipe ramène tout de même cinq médailles d’argent. Le bilan est pire pour la Russie qui échange ses trois médailles d’or contre quatre de bronze.

Tamura unique

On se souvient qu’à Munich en 2001, Ryoko Tamura était entrée dans l’histoire en décrochant un cin- quième titre mondial consécutif, exploit inédit chez les hommes et chez les femmes. Devant son public, la petite Japonaise, également championne olym- pique en 2000, a amélioré son score, remportant une sixième médaille d’or en moins de 48 kg en battant en finale la Française Frédérique Jossinet. En 2001, Tamura avait contribué à sauver l’honneur du Japon reparti d’Europe avec « seulement » quatre titres. Deux ans plus tard, toujours avec elle, les maîtres du judo mondial se sont rachetés.

MOTO

Rossi sans faute

Pour sa dernière saison avec Honda, l’Italien Valen- tino Rossi a à nouveau marqué les esprits en décro- chant une troisième couronne consécutive dans la catégorie reine où il court depuis quatre ans. Déjà deux fois champion du monde en 125 cm 3 en 1997 et en 250 en 1999, Rossi a remporté neuf courses sur seize cette saison – contre 11 en 2002 –, mais il a fait preuve surtout d’une étonnante régularité, ne ratant pas une fois le podium. Sacré à deux courses de la fin de la compétition, il s’est imposé lors de l’ultime épreuve sur le circuit de Valence, le seul qui manquait à son palmarès.

À vingt-quatre ans, le roi de la MotoGP a dominé cette année deux de ses coéquipiers de Honda disposant de machines identiques, l’Espagnol Sete Gibernau et l’Italien Max Biaggi, prouvant ainsi que c’est bien sa science du pilotage qui fait la différence.

Le quintuple champion du monde est également l’homme des records. Avec 52 podiums en MotoGP, il talonne l’Américain Randy Mamola, 54 fois classé mais jamais sacré champion du monde ; avec un ratio de 31 victoires sur 62 départs, Rossi est égale- ment le roi de la rentabilité.

Dans les catégories inférieures, la course aux titres a été plus âpre, notamment en 250 cm 3. Vice-cham- pion du monde en 125 en 2002 et champion du monde en 2001, le pilote de San Marin Manuel Pog- giali s’est imposé de justesse en 250. En 125 cm 3, l’Espagnol Daniel Pedrosa a été un peu plus domi- nateur, s’assurant du titre à deux courses de la fin de la saison. downloadModeText.vue.download 196 sur 370 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

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NATATION

Popov retrouve son trône

Roi du sprint dans les années 1990, Alexander Po- pov faisait figure jusqu’au mois de juillet 2003 de sympathique préretraité auprès de ses adversaires. À trente et un ans, le Russe n’avait remporté aucun titre sur la distance reine, le 100 m libre, depuis 1998 et les Mondiaux de Perth. À Barcelone, dans la ville où il s’était révélé onze ans plus tôt en triomphant lors des jeux Olympiques, celui que l’on appelle le « tsar » a retrouvé sa couronne au terme d’une course superbe. Mieux, il a triomphé de coriaces adversaires : Pieter Van den Hoogenband, le Néer- landais champion olympique et recordman du monde de la discipline, l’Australien Ian Thorpe, en progrès constants en sprint, et l’Américain Jason Lezak, l’étoile montante du 100 m.

Motivé par son troisième titre mondial du 100 m – un record –, Popov est désormais un candidat de premier ordre pour l’emporter lors des jeux Olym- piques d’Athènes et devenir ainsi le premier triple champion olympique de la distance.

Phelps bat Spitz.

Mais si la performance du Russe Alexander Popov est exceptionnelle, le véritable héros des Mondiaux de Barcelone restera le polyvalent Michael Phelps, sacré meilleur nageur de la compétition par la fédération internationale. Le jeune Américain de dix-huit ans a battu cinq records du monde (200 m papillon, 100 m papillon, 200 m quatre nages [deux fois] et surtout le 400 m quatre nages battu de 1 seconde 64/100) et remporté quatre titres et une médaille d’argent. Pour mémoire, son célébrissime compatriote Marc Spitz n’avait amélioré que quatre records individuels lors de son triomphe aux jeux Olympiques de Munich, en 1972.

Déjà plus jeune nageur à battre un record du monde – le 200 m papillon à l’âge de quinze ans –, Phelps est également devenu en Espagne le pre- mier à battre deux records du monde de disciplines différentes dans la même journée.

La collection du phénomène aurait pu s’allonger s’il avait participé au très relevé relais 4 × 100 m 4 nages remporté par ses compatriotes, record du monde à la clé. Mais, preuve de la richesse de l’équipe améri- caine, c’est son rival Ian Crocker qui lui a été préféré pour le papillon. La veille du relais en effet, Crocker avait subtilisé à Phelps son tout nouveau record du 100 m papillon !

Et de trois pour Thorpe et Hackett

Les exploits américains, largement vainqueurs au classement par nations, feraient presque oublier les autres stars de la natation. Si Pieter Van den Hoo- genband, malgré ses trois médailles, est passé à côté de la victoire – comme lors des Mondiaux 2001 –, Ian Thorpe a, lui, rempli son contrat en décro- chant trois titres – 200 m, 400 m, et 4 × 200 m – sans pour autant réaliser de performance chronomé- trique notable. Son compatriote Grant Hackett a, lui, décroché un troisième titre consécutif sur 1 500 m.

Stockbauer insatiable

Les nageuses ont été plus avares en records du monde que leurs homologues masculins. L’Austra- lienne Leisel Jones a amélioré celui du 100 m brasse, mais c’était en demi-finale et son effort lui a sans doute coûté le titre. L’Américaine Amanda Beard sur 200 m brasse n’a, elle, pu qu’égaler la meilleure marque mondiale.

La véritable reine de Barcelone restera l’Allemande Hannah Stockbauer, trois fois victorieuse en trois courses : les 400, 800 et 1 500 m libre. Inge de Bruijn et Yana Klochkova ont, elles, réussi le minimum re- quis par leur statut. La Néerlandaise s’est imposée sur 50 m libre et papillon, tandis que l’Ukrainienne dominait comme à son habitude les épreuves de quatre nages.

Les Français ont réalisé des championnats en demi- teinte. Leader de l’équipe, le champion d’Europe Franck Esposito a signé un catastrophique 27e temps en série du 200 m papillon, sa distance de prédilection. Sur 200 m dos, Simon Dufour a confirmé sa place dans la hiérarchie mondiale en remportant le bronze, la seule récompense pour les Tricolores. Enfin à noter que le Tunisien Oussama Mellouli a décroché, grâce à sa troisième place en 400 m 4 nages, la première médaille africaine – ex- cepté l’Afrique du Sud – et arabe de l’histoire de la natation.

PATINAGE

Kwan se console

Un an après la désillusion des jeux Olympiques de Salt Lake City, l’Américaine Michelle Kwan a pris sa revanche à Washington en remportant un cin- quième titre de championne du monde. Grande fa- vorite pour un titre olympique qui manquait encore à son palmarès, la Californienne avait laissé passer downloadModeText.vue.download 197 sur 370 SPORTS ET RÉSULTATS

195 sa chance, paralysée par l’enjeu. Ce nouveau titre mondial a même redonné de l’ambition à la meil- leure patineuse des années 1990. Après avoir dit formellement « non » aux Jeux, elle n’excluait plus l’idée de tenter une nouvelle fois sa chance aux JO de 2006. Médaillée d’or olympique surprise en 2002, sa compatriote Sarah Hugues, en perdition, a en revanche confirmé l’impression que son sacre dans l’Utah n’était qu’un feu de paille.

Chez les hommes, le Russe Evgueni Plushenko a lui aussi effacé la déception olympique en s’adju- geant, après celui décroché en 2001, un second titre mondial. Comme chez les dames, où manquait la vice-championne olympique russe Irina Slutskaya, la compétition masculine certes était légèrement dévalorisée par l’absence d’Alexeï Yagoudine, le Russe tenant des titres mondial et olympique.

En danse sur glace, discipline appauvrie par les retraites de plusieurs couples de premier plan, notamment les champions olympiques français Anissina-Peizerat, l’or est revenu aux Canadiens Bourne-Kraatz, éternels seconds enfin propulsés au premier plan pour leur dernière apparition chez les amateurs.

Marqués par la création de la WSF, une fédération internationale rivale de l’historique ISU, les premiers Championnats du monde disputés après le scan- dale olympique de Salt Lake City n’ont pas vraiment contribué à réhabiliter la discipline. Le nouveau système de notation et l’instauration du principe d’anonymat pour le jury n’ont pas convaincu les observateurs, preuve que les juges, et avec eux tout le patinage, auront du mal à retrouver leur crédibi- lité perdue.

RUGBY

L’Angleterre triomphe de ses démons

Le douzième Grand Chelem réussi par l’Angleterre dans le Tournoi des Cinq-, puis des Six-Nations, le premier depuis 1995, est sans doute le plus cher au coeur de l’équipe de la Rose. À trois reprises en effet, ces dernières années, les Anglais avaient frôlé l’ex- ploit, avant d’échouer lors de leur dernier match : en 1999, ils avaient buté sur le pays de Galles, en 2000 sur l’Écosse et en 2001 sur l’Irlande, par leur nervosité le mythique « carton plein » rugbystique ; la France avait ainsi réussi le premier Grand Chelem de l’histoire du Tournoi des Six-Nations, en 2002.

En 2003, les hommes de Clive Woodward ont été largement supérieurs à leurs adversaires de l’hé- misphère Nord. Réguliers, réalistes, implacables en défense, les coéquipiers du capitaine Martin John- son avaient fait de ce rendez-vous une répétition générale en vue de la Coupe du monde automnale en Océanie, sans pour autant le prendre à la légère. Les chiffres sont éloquents : l’Angleterre a affiché la meilleure attaque (173 pts marqués), la meilleure défense (46 pts encaissés) et a marqué le plus grand nombre d’essais (18).

En grande partie grâce au talent du demi d’ouver- ture et buteur Johnny Wilkinson, meilleur réalisa- teur du tournoi avec 77 pts, l’équipe épouvantail a atomisé l’Écosse, l’Italie et l’Irlande lors du dernier match, alors que le pays de Galles, pourtant cuil- lère de bois, et la France sont parvenus à limiter les dégâts. Et pour affirmer encore un peu sa grandeur retrouvée, l’Angleterre est allée s’imposer en juin sur le terrain des All Blacks à Wellington (15-13), puis chez les Australiens à Melbourne (25-14) lors d’une tournée préparatoire à la Coupe du monde dont elle est devenue du même coup l’un des favoris.

La France se cherche

Alors que les Anglais paradaient, l’équipe de France, battue notamment par l’Irlande durant le tournoi, a peiné lors du premier semestre à retrouver la moti- vation et le niveau qui lui avaient permis de réaliser le Grand Chelem en 2002. Les absences de Fabien Galthié, Pieter De Villiers et Tony Marsh ont pesé sur le groupe de Bernard Laporte, bien servi pourtant par l’ouvreur Frédéric Michalak et le buteur Dimitri Yachvili.

Au début de l’été, la France a encaissé trois défaites en trois matches de préparation au Mondial. Battus deux fois en Argentine, les Bleus ont logiquement plié, malgré un match plein de panache, devant des All Blacks en quête de revanche après leur défaite face à l’Angleterre.

Après avoir dominé la France, les All Blacks se sont à nouveau vengés deux mois plus tard de cet affront en remportant le Tournoi des Tri-Nations, qui décide de la hiérarchie de l’hémisphère Sud. Invaincus en quatre rencontres, les Néo-Zélandais ont impres- sionné, « punissant » leurs deux adversaires sur des scores fleuves (52-16 à Pretoria face à l’Afrique du Sud, puis 50 à 21 à Sydney face à l’Australie).

Toulouse du rire aux larmes

Le Stade toulousain aurait pu être le héros de la sai- son 2003. En dominant Perpignan 22 à 17 lors d’une finale de Coupe d’Europe 100 % tricolore, l’équipe d’Émile Ntamack a remporté un second titre conti- downloadModeText.vue.download 198 sur 370 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

196 nental, sept ans après sa victoire sur Cardiff. Seuls les Anglais de Leicester avaient jusqu’alors réussi le doublé en Coupe d’Europe.

Quelques jours plus tard, Toulouse, seize fois cham- pion national, redescendait de son nuage en finale du Championnat de France, battu 32 à 18 par le Stade français. Les Parisiens, qui retrouvaient les Sudistes en finale soixante-seize ans après leur der- nier affrontement à ce stade du Championnat de France, ont remporté un onzième titre national, le troisième depuis leur retour parmi l’élite en 1997.

SKI

Kostelic impériale.

Même si Janica Kostelic n’a pas réédité, en 2003, sa razzia olympique, elle restera sans conteste la vedette de la saison. À Salt Lake City, la Croate avait raflé trois titres. Lors des Championnats du monde de Saint-Moritz, un an plus tard, elle s’est contentée de deux médailles d’or, en combiné et slalom, « handicapée » par un genou douloureux. Intouchable lorsqu’elle veut bien skier à son meil- leur niveau, l’ancienne slalomeuse est devenue une véritable polyvalente. Ses adversaires l’ont appris à leurs dépens, perdant tout espoir de remporter le classement général de la Coupe du monde dès le milieu de la saison. Les Dorfmeister – championne du monde de Super-G –, Montillet – victorieuse du classement Super-G –, Paerson – meilleure géan- tiste de la saison – ont dû se disputer les accessits, en Coupe du monde comme aux Mondiaux.

Eberharter toujours au sommet

Sacrée championne du monde de descente, la Canadienne Mélanie Turgeon a créé l’une des rares surprises de Saint-Moritz, les autres podiums reflétant la hiérarchie d’un hiver une nouvelle fois dominé par les skieurs autrichiens. Et si Michael Walchofer a, comme Turgeon, opportunément remporté la première descente de sa carrière pour s’adjuger le titre mondial, ce ne fut que la confir- mation de sa grande régularité. Le champion toutes catégories de la saison reste Stephan Eberharter, champion du monde de Super-G douze ans après son premier titre mondial et lauréat du classement général de la Coupe du monde pour la deuxième année consécutive après une bagarre passionnante avec l’Américain Bode Miller, de huit ans son cadet. Double champion du monde en Suisse – géant, combiné –, Miller a confirmé à vingt-cinq ans son statut de grande star du ski pour les années à venir et annoncé son intention de gagner dans le futur dans toutes les disciplines.

Enfin, l’exploit de l’hiver 2003 a été réalisé par Her- mann Maier. L’Autrichien, dont la carrière semblait condamnée après un grave accident de moto et une menace d’amputation de la jambe, est revenu sur le circuit l’espace de quelques semaines, triom- phant à Kitzbühel et décrochant aux Championnats du monde une médaille d’argent inespérée dans le Super-G. Maier contre Miller, c’est peut-être l’affiche alléchante des saisons à venir.

TENNIS

Les jeunes s’installent

Déjà amorcé depuis plusieurs saisons, le change- ment de génération dans le tennis masculin s’est accéléré en 2003. À vingt et un ans, l’Américain Andy Roddick est devenu à l’issue du Masters le deuxième plus jeune joueur de l’histoire à terminer l’année numéro un mondial. Le record est encore détenu par l’Australien Lleyton Hewitt, numéro un à vingt ans en 2001 et à nouveau meilleur joueur du monde en 2002 avant de connaître une « année sans » cette saison.

Victorieux de l’US Open, son premier titre en Grand Chelem, Roddick est le sixième Américain à occuper ce poste depuis le début de l’ère Open après Jimmy Connors, John McEnroe, Jim Courrier, Pete Sampras et Andre Agassi.

L’autre révélation de la saison restera

Roger Federer

Impérial sur terre battue au printemps, le Suisse de vingt et un ans a raté son rendez-vous à Roland Gar- ros avant de triompher à Wimbledon et aux Mas- ters, deux de ses sept titres de l’année. Il échoue à 32 points de Roddick à la Champion’s Race mais le futur duel entre les deux joueurs s’annonce palpi- tant. Troisième au classement mondial, l’Espagnol Juan-Carlos Ferrera a confirmé son talent sur terre battue en remportant les Internationaux de France mais a échoué, en finale, à offrir la Coupe Davis à son pays. Seul trentenaire de l’élite, Andre Agassi a empêché une domination sans partage des plus jeunes en s’imposant lors de l’Open d’Australie. Son rival historique Pete Sampras a, lui, mis fin à un faux suspense au mois d’août en annonçant la fin de sa downloadModeText.vue.download 199 sur 370

SPORTS ET RÉSULTATS 197 carrière. Absent des courts durant toute l’année, il se retire dans la discrétion mais avec le plus beau palmarès de tous les temps et un record de 14 vic- toires dans les tournois du Grand Chelem, dont 7 à Wimbledon.

Le saladier retourne en Australie

Finaliste malheureux à Wimbledon, le revenant Mark Philippoussis a été le principal artisan de la victoire australienne en finale de la Coupe Davis. Opposés aux Espagnols à Melbourne, Philippous- sis et son compère Lleyton Hewitt ont profité de l’avantage certain offert par le gazon, une surface inadaptée au jeu de leurs adversaires, pour rempor- ter la 28e Coupe Davis de l’histoire de leur pays.

Chez les dames, la Fed Cup, disputée sur le même modèle que la Coupe Davis, a été remportée par la France, déjà victorieuse en 1997. Amélie Mauresmo et Mary Pierce ont largement dominé, à Moscou, une équipe américaine privée il est vrai de ses meil- leures joueuses.

Henin tout en haut, la Belgique à l’honneur La saison féminine 2003 aura été marquée par les apparitions à éclipse des soeurs Williams et le mano à mano entre les joueuses belges Justine Henin-Hardenne et Kim Clijsters. Après les deux coups d’éclat de Serena Williams, victorieuse en Australie et à Wimbledon mais blessée – comme sa soeur Venus – durant la seconde partie de l’année, Henin-Hardenne et Clijsters se sont disputé les autres titres, à l’avantage de la première, lauréate de huit tournois WTA dont deux du Grand Chelem. À Roland Garros puis à l’US Open, Henin-Hardenne, vingt et un ans, a dominé sa compatriote en finale pour terminer l’année à la première place du classe- ment mondial. Clijsters, victorieuse du Masters, s’est consolée en devenant la première femme à franchir la barre des 4 millions de dollars de gain sur une seule saison.

TENNIS DE TABLE

De vrais Championnats de Chine

Comme en 2001 à Osaka (Japon), les Champion- nats du monde 2003 disputés à Paris ont tourné à la démonstration de la part des Chinois. Avec 14 médailles sur les 20 distribuées, les pongistes de l’empire du Milieu font exactement aussi bien qu’il y a deux ans. Chez les dames, la finale du simple s’est ainsi jouée, comme prévu, entre les deux meilleures mondiales, Wang Nan et Zhang Yining, d’ailleurs associées pour remporter le titre du double fémi- nin. En double mixte, la Chine a fait un sans-faute, s’adjugeant quatre médailles sur quatre.

L’unique, mais énorme, déception, la meilleure na- tion du monde l’a vécue dans le simple messieurs, cédant le titre conquis par Wang Liqin il y a deux ans. À la surprise générale, et après avoir sauvé quatre balles de match en quarts de finale contre le tenant du titre, c’est l’Autrichien Werner Schlager qui s’est imposé en finale devant un Sud-Coréen pour passer de la sixième à la première place mon- diale. Numéro 1 mondial à l’heure de la compéti- tion, l’Allemand Timo Boll est lui reparti bredouille. La France a elle aussi terminé ses Mondiaux à do- micile sur un « zéro médaille ». Et à trente-quatre ans, Jean-Philippe Gatien, champion du monde en 1993, a achevé dès les 32es de finale ce qui pourrait bien être la dernière compétition internationale de sa carrière.

VOILE

La Suisse au sommet

Le défi suisse a réussi l’impossible. En ridiculisant le Defender New Zealand par cinq victoires à zéro, le Challenger Alinghi est devenu le premier bateau eu- ropéen depuis 1851 à remporter la Coupe de l’Ame- rica, plus ancienne compétition sportive moderne.

Cette victoire est d’abord celle d’un homme à la volonté de fer

Ernesto Bertarelli, magnat de l’industrie pharmaceu- tique helvétique, avait lancé trois ans auparavant le pari fou de construire un bateau compétitif pour cette épreuve dominée depuis toujours par les Américains et les marins des antipodes. Pour mettre toutes les chances de son côté, Alinghi avait ensuite débauché le skipper néo-zélandais Russell Coutts, déjà vainqueur avec un bateau néo-zélandais en 1995 et 2000 et qui entre dans le club très fermé des lauréats de trois Coupes consécutives. Seuls Char- lie Barr, au début du XXe siècle, et Harold Vanderblit, dans les années 1930, avaient réussi un tel triplé.

À la tête d’un équipage rassemblant des marins d’une quinzaine de nationalités, très soudés et très efficaces sur le plan tactique, Coutts a remporté 32 régates sur les 35 disputées entre la Coupe Louis Vuitton – la compétition permettant de désigner le downloadModeText.vue.download 200 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

198

Challenger – et l’America au cours de laquelle il a affronté un skipper qu’il avait formé. Deux mois après le triomphe d’Alinghi, un autre marin a rapporté à la Suisse un nouveau trophée de choix. Bernard Stamm, originaire du canton de Vaud bien que Breton d’adoption, s’est en effet imposé dans l’Around Alone, la course autour du monde en solitaire avec escales, grâce notamment à une im- pressionnante science de la météo et d’excellentes options tactiques à bord de Bobst Group-Armor Lux.

VOLLEY

Les Bleus entre deux

Vice-champions du monde en Allemagne au mois de septembre au terme d’un formidable parcours et d’une grande finale contre les Italiens, les vol- leyeurs français ont échoué sur le dernier obs- tacle de la saison. Lors de la Coupe du monde au Japon, tournoi qualificatif pour les jeux Olympiques d’Athènes, l’équipe de France n’est pas parvenue à prendre l’une des trois premières places qualifica- tives abandonnées au Brésil, à l’Italie et à la Serbie et a dû retarder l’hypothétique obtention d’un ticket olympique.

Aux JO comme au Japon, les Italiens seront les principaux adversaires des champions du monde brésiliens. Du moins si l’on se fie à ce qu’a mon- tré la « Squadra » lors de l’Euro où elle n’a perdu aucun match pour conquérir un cinquième titre continental.

Troisièmes à l’Euro, les Russes ont brillé en club rem- portant la Ligue des Champions grâce à la victoire surprise de Belgorod sur les Italiens de Modène, quatre fois lauréats du trophée.

En France, le club de Paris Volley a été sacré cham- pion pour la quatrième fois consécutive. downloadModeText.vue.download 201 sur 370

SPORTS ET RÉSULTATS

199

ATHLÉTISME

CHAMPIONNATS DU MONDE

(Paris, 23-31 août)

MESSIEURS

100 m

1. K. Collins (Saint-Kitts) 10″ 07 2. D. Brown (Trinidad) 3. D. Campbell (G-B) 200 m

1. J. Capel (É-U) 20″ 30 2. D. Patton (É-U) 3. S. Suetsugu (Jap.) 400 m

1. J. Young (É-U) 44″ 50 2. T. Washington (É-U) 3. M. Raquil (Fr.) 800 m

1. A. D. Said Guerni (Alg.) 1′ 44″ 81 2. Y. Borzakovski (Russie) 3. M. Mulaudzi (Afr. du S.) 1 500 m

1. H. El Guerrouj (Maroc) 3′ 31″ 77 2. M. Baala (Fr.) 3. I. Heshko (Ukr.) 5 000 m

1. E. Kipchoge (Kenya) 12′ 52″ 79 2. H. El Guerrouj (Maroc) 3. K. Bekele (Éth.) 10 000 m 1. K. Bekele (Éth.) 26′ 49″ 57 2. H. Gebreselassie (Éth.) 3. S. Sihine (Éth.) Marathon 1. J. Gharib (Maroc) 2 h 08′ 31″ 2. J. Rey (Esp.) 3. S. Baldini (Ital.) 2 h 09′ 14″ 110 m haies 1. A. Johnson (É-U) 13″ 12 2. T. Trammell (É-U) 3. Liu Xiang (Chine) 400 m haies 1. F. Sanchez (Rép. Dom.) 47″ 25 2. J. Woody (É-U) 3. P. Iakovakis (Grèce) 3 000 m steeple 1. S. Saaeed Shaheen (Qatar) 8′ 04 2. E. Kemboi (Kenya) 3. E. Martin (Esp.)

20 km marche 1. J. Perez (Équ.) 1 h 17′ 21″ 2. F. Javier Fernandez (Esp.) 3. R. Rasskazov (Russie) 50 km marche 1. R. Korzeniowski (Pol.) 3 h 36′ 03″ 2. G. Skurygin (Russie) 3. A. Erm (All.) Hauteur

1. J. Freitag (Afr. du S.) 2,35 m 2. S. Holm (Suède) 3. M. Boswell (Can.) Perche

1. G. Gibilisco (Ital.) 5,90 m 2. O. Brits (Afr. du S.) 3. P. Kristiansson (Suède) Longueur 1. D. Phillips (É-U) 8,32 m 2. J. Beckford (Jam.) 3. Y. Lamela (Esp.) Triple saut 1. C. Olsson (Suède) 17,72 m 2. Y. Betanzos (Cuba) 3. L. Sands (Baham.) Poids

1. A. Mikhnevich (Biél.) 21,69 m 2. A. Nelson (É-U) 3. Y. Bilonog (Ukr.) Disque

1. V. Alekna (Lit.) 69,69 m 2. R. Fazekas (Hongr.) 3. V. Kaptyukh (Biél.) Marteau 1. I. Tikhon (Biél.) 83,05 m 2. A. Annus (Hongr.) 3. K. Murofushi (Jap.) Javelot

1. S. Makarov (Russie) 85,44 m 2. A. Varnik (Est.) 3. B. Henry (All.) Décathlon 1. T. Pappas (É-U) 8 750 pts 2. R. Sebrle (Rép. tchèq.) 3. D. Karpov (Kazakh.) Relais 4 × 100 m 1. États-Unis 38′ 06″ 2. Grande-Bretagne 3. Brésil Relais 4 × 400 m 1. États-Unis 2′ 58″ 88 2. France 3. Jamaïque downloadModeText.vue.download 202 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

200

DAMES

100 m

1. K. White (É-U) 10″ 85 2. T. Edwards (É-U) 3. Z. Block (Ukr.) 200 m 1. K. White (É-U) 22″ 05 2. A. Kapachinskaya (Russie) 3. T. Edwards (É-U) 400 m

1. A. Guevara (Mex.) 48″ 89 2. L. Fenton (Jam.) 3. A. Mbacke Thiam (Sén.) 800 m

1. M. Mutola (Moz.) 1′ 59″ 89 2. K. Holmes (G-B) 3. N. Khrushchelyova (Russie) 1 500 m

1. T. Tomashova (Russie) 3′ 58″ 52 2. S. Ayhan (Turq.) 3. H. Tullett (G-B) 5 000 m

1. T. Dibaba (Éth.)14′ 51″ 72 2. M. Dominguez (Esp.) 3. E. Masai (Kenya) 10 000 m 1. B. Adere (Éth.) 30′ 04″ 18 2. W. Kidane (Éth.) 3. S. Yingjie (Chine) 100 m haies 1. P. Felicien (Can.) 12″ 53 2. B. Foster (Jam.) 3. M. Mckelvy (É-U) 400 m haies 1. J. Pittman (Austr.) 53″ 22 2. S. Glover (É-U) 3. Y. Pechonkina (Russie) 20 km marche 1. Y. Nikolayeva (Russie) 1 h 26′ 52″ 2. G. O’Sullivan (Irl.) 3. V. Tsybulskaya (Biél.) Marathon

1. C. Ndereba (Kenya) 2 h 23′ 55″ 2. M. Noguchi (Jap.) 3. M. Chiba (Jap.) Hauteur

1. H. Cloete (Afr. du S.) 2,06 m 2. M. Kuptsova (Russie) 3. K. Bergqvist (Suède) Perche

1. S. Feofanova (Russie) 4,75 m 2. A. Becker (All.) 3. Y. Isinbayeva (Russie)

Longueur 1. E. Barber (Fr.) 6,99 m 2. T. Kotova (Russie) 3. A. Bobby George (Inde) Triple saut 1. T. Lebedeva (Russie) 15,18 m 2. F. Mbango Etone (Cam.) 3. M. Martinez (Ital.) Poids

1. S. Krivelyova (Russie) 20,63 m 2. N. Ostapchuk (Biél.) 3. V. Pavlysh (Ukr.) Disque

1. I. Yatchenko (Biél.) 67,32 m 2. A. Kelesidou (Grèce) 3. E. Voggoli (Grèce) Javelot

1. M. Manjani-Tzelíli (Grèce) 66,52 m 2. T. Shikolenko (Russie) 3. S. Nerius (All.) Marteau

1. Y. Moreno (Cuba) 73,33 m 2. O. Kuzenkova (Russie) 3. M. Montebrun (Fr.) Heptathlon 1. C. Kluft (Suède) 70,01 pts 2. E. Barber (Fr.) 3. N. Sazanovich (Biél.) Relais 4 × 100 m 1. France 41″ 78 2. États-Unis 3. Russie Relais 4 × 400 m 1. États-Unis 3′ 22″ 63 2. Russie 3. Jamaïque

TABLEAU DES MÉDAILLES downloadModeText.vue.download 203 sur 370

SPORTS ET RÉSULTATS

201

ATHLÈTES DE L’ANNÉE IAAF

MESSIEURS Hicham El Guerrouj (Maroc)

DAMES

Hestrie Cloete (Afr. du S.)

LAURÉATE DU JACKPOT DE LA

GOLDEN LEAGUE Maria Mutola (Moz.)

RECORDS DU MONDE AU 31 DÉCEMBRE 2003

MESSIEURS

DAMES

AUTOMOBILE

GP AUSTRALIE

(Melbourne, 9 mars)

1. D. Coulthard (G-B/McLaren-Mercedes)

2. J.-P. Montoya (Col./Williams-BMW)

3. K. Raikkonen (Finl./McLaren-Mercedes) downloadModeText.vue.download 204 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

202

GP MALAISIE

(Kuala Lumpur, 23 mars) 1. K. Raikkonen 2. R. Barrichello (Brés./Ferrari) 3. F. Alonso (Esp./Renault)

GP BRÉSIL

(São Paulo, 11 avril) 1. G. Fisichella (Ital./Jordan-Ford) 2. K. Raikkonen 3. F. Alonso

GP SAINT MARIN

(Imola, 20 avril) 1. M. Schumacher (All./Ferrari) 2. K. Raikkonen 3. R. Barrichello

GP ESPAGNE

(Barcelone, 4 mai) 1. M. Schumacher 2. F. Alonso 3. R. Barrichello

GP AUTRICHE

(Spielberg, 18 mai) 1. M. Schumacher 2. K. Raikkonen 3. R. Barrichello

GP MONACO (Monte-Carlo, 1er juin) 1. J.-P. Montoya 2. K. Raikkonen 3. M. Schumacher

GP CANADA

(Montréal, 15 juin)

1. M. Schumacher 2. R. Schumacher 3. J.-P. Montoya

GP EUROPE

(Nürburgring, 29 juin) 1. R. Schumacher 2. J.-P. Montoya 3. R. Barrichello

GP FRANCE

(Magny-Cours, 6 juillet) 1. R. Schumacher 2. J.-P. Montoya 3. M. Schumacher

GP GRANDEBRETAGNE

(Silverstone, 20 juillet) 1. R. Barrichello

2. J.-P. Montoya

3. K. Raikkonen

GP ALLEMAGNE

(Hockenheim, 3 août) 1. J.-P. Montoya 2. D. Coulthard 3. Jarno Trulli (Ital./Renault)

GP HONGRIE

(Budapest, 24 août) 1. F. Alonso 2. K. Raikkonen 3. J.-P. Montoya

GP D’ITALIE

(Monza, 14 septembre) 1. M. Schumacher 2. J.-P. Montoya 3. R. Barrichello downloadModeText.vue.download 205 sur 370 SPORTS ET RÉSULTATS

203

GP ÉTATSUNIS

(Indianapolis, 28 septembre) 1. M. Schumacher 2. K. Raikkonen 3. H.-H. Frentzen (All/Sauber-Petronas)

GP JAPON

(Suzuka, 12 octobre) 1. R. Barrichello 2. K. Raikkonen 3. David Coulthard

CHAMPIONNAT DU MONDE DE

FORMULE 1

CLASSEMENT

Pilotes

1. M. Schumacher (All.) 93 pts 2. Kimi Raikkonen (Finl.) 91 pts 3. Juan Pablo Montoya (Col.) 82 pts 4. Rubens Barrichello (Brésil) 65 pts 5. Ralf Schumacher (All.) 58 pts Constructeurs 1. Ferrari 158 pts 2. Williams-BMW 144 pts 3. McLaren-Mercedes 142 pts 4. Renault 88 pts 5. BAR-Honda 26 pts

CHAMPIONNAT DU MONDE DES

RALLYES

CLASSEMENT

Pilotes

1. P. Solberg (Norv.) 72 pts 2. S. Loeb (Fr.) 71 pts 3. C. Sainz (Esp.) 63 pts 4. R. Burns (G-B) 58 pts 5. M. Martin (Est.) 49 pts Constructeurs 1. Citroën 160 pts 2. Peugeot 145 pts 3. Subaru 109 pts 4. Ford 93 pts 5. Skoda 23 pts

BASKET PRO A

Finale

Pau-Orthez bat Villeurbanne 2 victoires à 1 (95-73, 78-102, 74-66)

LIGUE FÉMININE

Finale

Valenciennes bat Tarbes 2 victoires à 0

COUPE DE FRANCE

Finale

Pau-Orthez bat Gravelines 82 à 74

EUROLIGUE

MESSIEURS

DU 9 AU 11 MAI À BARCELONE

Finale Barcelone (Esp.) bat Trévise (Ital.) 76 à 65 Demi-finales Trévise bat Sienne (Ital.) 65 à 62 Barcelone bat CSKA Moscou (Russie) 76 à 71

Match pour la 3e place Sienne bat CSKA Moscou 79 à 78

DAMES

DU 11 AU 13 AVRIL À BOURGES

Finale

Ekaterinbourg (Russie) bat Valenciennes (Fr.) 82 à 80 Demi-finales Ekaterinbourg bat Brno (Rép. tch.) 74 à 65 Valenciennes bat Bourges (Fr.) 89 à 57 Match pour la 3e place Brno bat Bourges 93 à 54

NBA

Finale

San Antonio Spurs battent New Jersey Nets 4 victoires à 2 downloadModeText.vue.download 206 sur 370 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

204

CHAMPIONNAT D’EUROPE

(Suède, 5 au 14 septembre) Finale

Lituanie bat Espagne 93 à 84 Demi-finales Lituanie bat France 74 à 70 Espagne bat Italie 81 à 79 Match pour la 3e place Italie bat France 69 à 67

BOXE

LES GRANDS COMBATS DE L’ANNÉE

Lourds le 22 février à Memphis (sans enjeu) M. Tyson (É-U) bat C. Etienne (É-U) par K.- O. à la 1re reprise.

Lourds WBA le 2 mars à Las Vegas R. Jones (É-U) bat J. Ruiz (Porto Rico) aux points.

Super-welters WBA, WBC le 3 mai à Las Vegas O. de la Hoya (É-U) bat Y. Campas (É-U) par K.-O. technique à la 7e reprise.

Super-moyens WBA, IBF le 14 juin à Magdebourg S. Ottke (All.) bat D. Starie (G-B) aux points.

Lourds WBC le 21 juin à Los Angeles L. Lewis (G-B) bat V. Klitschko (Ukr.) par arrêt de l’arbitre à la 6e reprise.

Welters WBA, WBC le 13 juillet à Las Vegas R. Mayorga (Nic.) bat V. Forrest (É-U) aux points.

Super-moyens WBA, IBF le 7 septembre à Erfurt S. Ottke (All.) bat M. Larsen (Dan.) aux points.

Super-welters WBA, WBC le 14 septembre à Las Vegas S. Mosley (É-U) bat O. de la Hoya (É-U) aux points. Lourds IBF le 20 septembre à Uncasville C. Byrd (É-U) bat F. Oquendo (Porto Rico) aux points.

Lourds le 5 octobre à Las Vegas (sans enjeu) J. Toney (É-U) bat E. Holyfield (É-U) par arrêt de l’arbitre à la 9e reprise.

LES PRINCIPAUX COMBATS DES

FRANÇAIS

Lourds-légers WBA le 1er mars à Las Vegas J.-M. Mormeck (Fr.) bat A. Gurov (Ukr.) par arrêt de l’arbitre à la 8e reprise.

Mi-lourds WBA le 8 mars à Marseille M. Sahnoune (Fr.) bat B. Girard (Fr.), par arrêt de l’arbitre à la 7e reprise.

Moyens WBC/WBA/IBF le 29 mars à Philadelphie B. Hopkins (É-U) bat M. Hakkar (Fr.) par abandon à l’appel de la 9e reprise.

Super-coqs WBA le 4 juillet à Poitiers M. Monshipour (Fr.) bat S. Medjkoune par K.-O. à la 12e reprise.

CYCLISME

CHAMPIONNATS DU MONDE

(Hamilton, Canada, 7-12 octobre)

MESSIEURS

Sur route

1. I. Astarloa (Esp.), les 258,3 km en 6 h 30′ 19″ 2. A. Valverde (Esp.) à 05″ 3. P. Van Petegem (Belg.) à 05″ Contre-la-montre 1. D. Millar(G-B), les 41 km en 51′ 17″ 2. M. Rogers (Austr.) à 1′ 25″ 3. U. Peschel (All.) à 1′ 25″

DAMES

Sur route

1. S. Ljungskog (Suède), les 123 km en 3 h 16′ 06″ 2. M. Melchers (P-B) m.t.

3. N. Cooke (G-B) m.t.

Contre-la-montre 1. J. Somarriba (Esp.), les 20,5 km en 28′ 23″ downloadModeText.vue.download 207 sur 370

SPORTS ET RÉSULTATS

205

2. J. Arndt (All.) à 10″ 3. Z. Zabirova (Russie) à 26″

LES GRANDES COURSES À ÉTAPES

Paris-Nice (10-16 mars) 1. A. Vinokourov (Kazakh.) 23 h 30′ 04″ 2. M. Zarrabeitia (Esp.) à 43″ 3. D. Rebellin (Ital.) à 54″ Tirreno-Adriatico (13 19 mars) 1. F. Pozzato (Ital.) 29 h 45′ 22″ 2. D. Di Luca (Ital.) à 4″ 3. R. Marzoli (Ital.) à 12″ Tour de Romandie (30 avril – 4 mai) 1. T. Hamilton (É-U) en 18 h 06′ 37″ 2. L. Dufaux (Suisse) à 33″ 3. F. Perez (Esp.) à 38″ Tour d’Italie (10 mai – 1 juin) 1. G. Simoni (Ital.) en 89 h 32′ 09″ 2. S. Garzelli (Ital.) à 7′ 06″ 3. Y. Popovych (Ukr.) à 7′ 11″ Tour d’Allemagne (3 – 9 juin) 1. M. Rogers (Austr.) en 28 h 49′ 58″ 2. J. Azevedo (Port.) à 1′ 19″ 3. A. Vinokourov (Kazakh.) à 1′ 52″ Dauphiné Libéré (9-15 juin) 1. L. Armstrong (É-U), en 29 h 31′ 53″ 2. I. Mayo (Esp.) à 1′ 12″ 3. D. Millar (G-B) à 2′ 47″ Tour de Suisse (16-25 juin) 1. A. Vinokourov (Kazakh.) en 36 h 38′ 58″ 2. G. Guerini (Ital.) à 1′ 14″ 3. O. Pereiro (Esp.) à 1′ 28″ Tour d’Espagne (7-28 septembre) 1. R. Heras (Esp.) en 69 h 31′ 52″ 2. I. Nozal (Esp.) à 0′ 28″ 3. A. Valverde (Esp.) à 2′ 25″

LES GRANDES COURSES D’UN JOUR

Milan-San Remo* (22 mars) 1. P. Bettini (Ital.), les 297 km en 6 h 44′ 43″ 2. M. Celestino (Ital.) m.t.

3. L. Paolini (Ital.) à 02″ Tour des Flandres* (6 avril) 1. P. Van Petegem (Belg.), les 255 km en 6 h 18′ 48″ 2. F. Vandenbroucke (Belg.) à 02″ 3. S. O’Grady (Austr.) à 19″ Gand-Wevelgem (9 avril) 1. A. Klier (All.), les 204 km en 4 h 29′ 00″ 2. H. Vogels (Austr.) m.t.

3. T. Boonen (Belg.) m.t.

Paris-Roubaix* (14 avril) 1. P. Van Petegem (Belg.), les 261 km en 6 h 11′ 35″ 2. D. Pieri (Ital.) m.t.

3. V. Ekimov (Russie) m.t.

Amstel Gold Race* (20 avril) 1. A. Vinokourov (Kazakh.), les 250,7 km en 6 h 01′ 03″ 2. M. Boogerd (P-B) à 04″ 3. D. Di Luca (Ital.) à 04″ Flèche Wallonne (23 avril) 1. I. Astarloa (Esp.), les 199,5 km en 4 h 39′ 17″ 2. A. Osa (Esp.) à 16″ 3. A. Shefer (Kazakh.) à 56″ Liège-Bastogne-Liège* (27 avril) 1. T. Hamilton (É-U), les 258,5 km en 6 h 28′ 50″ 2. I. Mayo (Esp.) à 12″ 3. M. Boogerd (P-B) à 14″ HEW Cyclassics* (3 août) 1. P. Bettini (Ital.), les 253,2 km en 5 h 58′ 20″ 2. D. Rebellin (Ital.) m.t.

3. J. Ullrich (All.) m.t.

Clasica San Sebastian* (9 août) 1. P. Bettini (Ital.), les 227 km en 5 h 44′ 42″ 2. I. Basso (Ital.) m.t.

3. D. Di Luca (Ital.) m.t.

Championnat de Zurich* (17 août) 1. D. Nardello (Ital.), les 236,6 km en 5 h 55′ 30″ 2. J. Ullrich (All.) à 0′ 06″ 3. P. Bettini (Ital.) 0′ 11″ Paris-Tours* (5 octobre) 1. E. Zabel (All.), les 257,5 km en 5 h 24′ 55″ 2. A. Petacchi (Ital.) m.t.

3. S. O’Grady (Austr.) m.t.

Tour de Lombardie* (18 octobre) 1. M. Bartoli (Ital.), les 249 km en 6 h 29′ 41″ 2. A. Lopeboselli (Ital.) à 0′ 02″ 3. D. Frigo (Ital.) 1′ 35″

CLASSEMENT FINAL

DE LA COUPE DU MONDE

1. P. Bettini (Ital.) 365 pts 2. M. Boogerd (P-B) 220 3. P. Van Petegem (Belg.) 219 downloadModeText.vue.download 208 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

206

CHAMPIONNATS DE FRANCE

(Plumelec, 23-29 juin)

MESSIEURS

Course en ligne D. Rous Contre-la-montre E. Seigneur

DAMES

Course en ligne S. Huguet Contre-la-montre J. Longo

TOUR DE FRANCE

(5-27 juillet)

LES CLASSEMENTS

Points B. Cooke (Austr.) Montagne R. Virenque (Fr.) Équipes CSC Jeunes D. Menchov (Russie) Combativité A. Vinokourov (Kazakh.) Classement général 1. L. Armstrong (É-U) 83 h 41′ 12″ 2. J. Ullrich (All.) à 1′ 01″ 3. A. Vinokourov (Kazakh.) à 4′ 14″ 4. T. Hamilton (É-U) à 6′ 17″ 5. H. Zubeldia (Esp.) à 6′ 51″ 6. I. Mayo (Esp.) à 7′ 06″ 7. I. Basso (Ital.) à 10′ 12″ 8. C. Moreau (Fr.) à 12′ 28″ 9. C. Sastre (Esp.) à 18′ 49″ 10. F. Mancebo (Esp.) à 19′ 15″ Les vainqueurs d’étapes B. Mc Gee (Austr./Prologue) A. Petacchi (Ital./1e, 3e, 5e, 6e) B. Cooke (Austr./2e) US Postal (4e clm/équipe) R. Virenque (Fr./7e) I. Mayo (Esp./8e) A. Vinokourov (Kazakh./9e) J. Pill (Dan./10e) J.-A. Flecha (Esp./11e)

J. Ullrich (All./12e clm) C. Sastre (Esp./13e) G. Simoni (Ital./14e) L. Armstrong (É-U/15e) T. Hamilton (É-U/16e) S. Knaven (P-B/17e) Les porteurs du maillot jaune B. Mc Gee (Austr./1e-3e) J.-P. Nazon (Fr./4e) V.-H. Pena (Col./5e-7e) R. Virenque (Fr./8e) L. Armstrong (É-U/9e-20e)

LES FRANÇAIS CHAMPIONS DU

MONDE SUR PISTE

Vitesse messieurs L. Gané Keirin messieurs L. Gané

ÉQUITATION

CHAMPIONNATS D’EUROPE

DRESSAGE

HICKSTEAD, GRANDEBRETAGNE, 13

17 AOÛT

1. U. Salzgeber (All./Rusty) 244,09 pts 2. J. Brink (Suède/Briar) 230,12 pts 3. B. Ferrer-Salat (Esp./Beauvalais) 227,95 pts

SAUT D’OBSTACLES

DONAUESCHIGEN, ALLEMAGNE, 2024 AOÛT

Individuel

1. C. Ahlmann (All./Coester) 11,55 pts 2. L. Beerbaum (All./Goldfever) 11,59 pts 3. M. Ehning (All./For Pleasure) 12,01 pts Par équipes 1. Allemagne 15,15 pts 2. France 25,30 pts 3. Suisse 28,86 pts

CONCOURS COMPLET

DUBLIN, 1721 SEPTEMBRE

Individuel

1. N. Touzaint (Fr./Galan de sauvagère) 35,00 pts

2. L. Algotsson (Suède/Stand by me) downloadModeText.vue.download 209 sur 370

SPORTS ET RÉSULTATS

207

40,80 pts

3. P. Funnell (G-B/Walk on star) 44,40 pts Par équipes 1. Grande-Bretagne 147,60 pts 2. France 160,20 pts 3. Belgique 196,00 pts

ESCRIME

CHAMPIONNATS DU MONDE

(La Havane, 5-12 octobre)

MESSIEURS

Fleuret 1. P. Joppich (All.) 2. S. Vanni (Ital.) 3. A. Cassara (Ital.) B. Guyart (Fr.) Épée

1. F. Jeannet (Fr.) 2. M. Khvorost (Ukr.) 3. U. Robeiri (Fr.) V. Zakharov (Biél.) Sabre

1. V. Lukachenko (Ukr.) 2. M. Covaliu (Roum.) 3. A. Montano (Ital.) D. Ferjancsik (Hongr.) Fleuret par équipes 1. Italie 2. Russie 3. Allemagne Épée par équipes 1. Russie 2. Allemagne 3. Suède Sabre par équipes 1. Russie 2. Hongrie 3. Ukraine

DAMES

Fleuret 1. V. Vezzali (Ital.) 2. S. Gruchala (Pol.) 3. R. Scarlat (Roum.) A. Mohamed (Hongr.) Épée

1. N. Conrad (Ukr.) 2. M. Nisima (Fr.)

3. C. Cascioli (Ital.) Li Na (Chine) Sabre 1. D. Mihai (Roum.) 2. Tan Xue (Chine) 3. G. Marzocca (Ital.) Aleksandra Socha (Pol.) Fleuret par équipes 1. Pologne 2. Russie 3. Roumanie Épée par équipes 1. Russie 2. Allemagne 3. Hongrie Sabre par équipes 1. Italie 2. Chine 3. Azerbaïdjan

FOOTBALL

MATCHES AMICAUX DE L’ÉQUIPE DE

FRANCE

À Saint-Denis, le 12 février République tchèque bat France 2 à 0 À Saint-Denis, le 30 avril France bat Égypte 5 à 0 À Genève, le 20 août France bat Suisse 2 à 0

COUPE DES CONFÉDÉRATIONS

À Lyon, le 18 juin France bat Colombie 1 à 0 À Saint-Étienne, le 20 juin France bat Japon 2 à 1 À Saint-Denis, le 22 juin France bat Nouvelle-Zélande 5 à 0 À Saint-Denis, le 26 juin France bat Turquie 3 à 2 À Saint-Denis, le 29 juin (finale) France bat Cameroun 1 à 0

ÉLIMINATOIRES EURO 2004

À Lens le 29 mars France bat Malte 6 à 0 À Palerme le 2 avril France bat Israël 2 à 1 downloadModeText.vue.download 210 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

208

À Saint-Denis, le 6 septembre

France bat Chypre 5 à 0

À Ljubljana, le 10 septembre

France bat Slovénie 2 à 0

À Saint-Denis, le 11 octobre

France bat Israël 3 à 0

CHAMPIONNAT DE FRANCE

PALMARÈS 20022003

Champion de France

Olympique lyonnais

Coupe de France

A.J. Auxerre bat Paris Saint-Germain 2 à 1

Coupe de la Ligue

Monaco bat Sochaux 4 à 1

Qualifiés pour la Ligue des champions

Lyon, Monaco, Marseille

Qualifiés pour la Coupe de l’UEFA

Bordeaux, Sochaux, Auxerre, Lens

Rétrogradés en Ligue 2

Le Havre, Sedan, Troyes

Promus en Ligue 1 Toulouse, Le Mans, Metz

Meilleurs buteurs du championnat

1. S. Nonda (Monaco) 26 buts

2. Pauleta (Bordeaux) 23

3. D. Drogba (Guingamp) 17

CHAMPIONNAT DE FRANCE 20012002

CLASSEMENT

FOOT EUROPÉEN

LIGUE DES CHAMPIONS

Finale (Manchester, 28 mai) Milan AC (Ital.) bat Juventus de Turin (Ital.) 0 à 0, 3 t.a.b. à 2

COUPE DE L’UEFA

Finale (Séville, 21 mai) FC Porto (Port.) bat Celtic Glasgow (Écosse) 3 à 2 a.p. downloadModeText.vue.download 211 sur 370

SPORTS ET RÉSULTATS

209

CHAMPIONNATS NATIONAUX

Champion d’Italie Juventus de Turin Champion d’Angleterre Manchester United Champion d’Espagne Real Madrid Champion d’Allemagne Bayern de Munich

GOLF

MASTERS

(Augusta, États-Unis, 10-13 avril) 1. M. Weir (Can.) 281 pts (vainqueur en barrage) 2. L. Mattiace (É-U) 281 pts 3. P. Mickelson (É-U) 283 pts

US OPEN

(Olympia Fields, États-Unis, 12-15 juin) 1. J. Furyk (É-U) 272 pts 2. S. Leaney (Austr.) 275 pts 3. M. Weir (Can.) 279 pts

BRITISH OPEN

(Sandwich, 17-20 juillet) 1. B. Curtis (É-U) 283 pts 2. V. Singh (Fidji) 284 pts 3. T. Bjorn (Dan.) 284 pts

USPGA

(Rochester, États-Unis, 14-17 août) 1. S. Micheel (É-U) 276 pts 2. C. Campbell (É-U) 278 pts 3. T. Clark (Afr. du S.) 279 pts

GYMNASTIQUE

CHAMPIONNATS DU MONDE

(Anaheim, États-Unis, 17-25 août)

MESSIEURS

Concours général 1. P. Hamm (É-U) 57,774 pts 2. Yang Wei (Chine) 3. H. Tomita (Jap.) Sol

1. P. Hamm (É-U) 9,762 pts J. Jovtchev (Bulg.) 3. K. Shewfelt (Can.) Cheval d’arçons 1. Teng Haibin (Chine) 9,762 pts T. Kashima (Jap.) 3. N. Kryukov (Russie) Anneaux

1. J. Jovtchev (Bulg.) 9,787 pts D. Tombakos (Grèce) 3. M. Morandi (Ital.) Saut de cheval 1. Li Xiaoping (Chine) 9,818 pts 2. M. Dragulescu (Roum.) 3. K. Shewfelt (Can.) Barres parallèles 1. Li Xiaoping (Chine) 9,825 pts 2. Huang Xu (Chine) A. Nemov (Russie) Barre fixe 1. T. Kashima (Jap.) 9,775 pts 2. I. Cassina (Ital.) 3. A. Nemov (Russie) Concours par équipes 1. Chine 171,996 pts 2. États-Unis 3. Japon 170,708

DAMES Concours général 1. S. Khorkina (Russie) 38,124 pts 2. C. Patterson (É-U) 3. Zhang Nan (Chine) Poutre

1. Fan Ye (Chine) 9,812 pts 2. C. Ponor (Roum.) 3. L. Ezhova (Russie) Sol

1. D. dos Santos (Brésil) 9,737 pts downloadModeText.vue.download 212 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

210

2. C. Ponor (Roum.) 3. E. Gomez (Esp.) Saut de cheval 1. O. Chusovitina (Ouz.) 9,481 pts 2. Kang Yun-mi (CdN) E. Zamolodchikova (Russie) Barres asymétriques 1. H. Vise (É-U) 9,612 pts C. Memmel (É-U) 3. E. Tweddle (G-B) Concours par équipes 1. États-Unis 112,573 pts 2. Roumanie 3. Australie

HANDBALL

CHAMPIONNATS DU MONDE

(Portugal, 20 janvier–2 février) Demi-finales Allemagne bat France 23 à 22 Croatie bat Espagne 39 à 37 a.p.

Match pour la 3e place France bat Espagne 27 à 22 Finale

Croatie bat Allemagne 34 à 31

LIGUE DES CHAMPIONS

MESSIEURS

Finale

Montpellier (Fr.) bat Pampelune (Esp.) 19 à 27 (aller), 31 à 19 (retour)

DAMES Finale

Ljubljana (Slovén.) bat Valence (Esp.) 27 à 30 (aller), 36 à 28 (retour)

CHAMPIONNAT DE FRANCE

1. Montpellier 74 pts 2. Chambéry 69 pts 3. Créteil 66 pts

HOCKEY

CHAMPIONNATS DU MONDE

(Finlande, 26 avril–11 mai) Finale

Canada bat Suède 3 à 2 Demi-finales Suède bat Slovaquie 4 à 1 Canada bat République tchèque 8 à 4 Match pour la 3e place Slovaquie bat République tchèque 4 à 2

CHAMPIONNAT DE FRANCE

Finale

Rouen bat Amiens 3 victoires à 1

JUDO

CHAMPIONNATS DU MONDE

(Osaka, Japon, 11-14 septembre)

MESSIEURS

– 60 kg 1. Choi Min-Ho (CdS) 2. C. Fallon (G-B) 3. T. Nomura (Jap.) A. Lounifi (Tun.) – 66 kg 1. A. Miresmaeili (Iran) 2. L. Benboudaoud (Fr.) 3. Y. Arencibia (Cuba) M. Dzhafarov (Russie) – 73 kg 1. Lee Wang Hee (CdS) 2. D. Fernandes (Fr.) 3. V. Makarov (Russie) J. Neto (Port.) – 81 kg 1. F. Wanner (All.) 2. S. Aschwanden (Suisse) 3. R. Krawczyk (Pol.) A. Budolin (Est.) – 90 kg 1. Hwang Hee Tae (CdS) 2. Z. Zviadauri (Géorg.) downloadModeText.vue.download 213 sur 370

SPORTS ET RÉSULTATS

211

3. C. Honorato (Brésil) S. Kukharenka (Biél.) – 100 kg 1. K. Inoue (Jap.) 2. G. Lemaire (Fr.) 3. I. Makarou (Biél.) M. Sabino (Brésil) + 100 kg 1. Y. Muneta (Jap.) 2. D. Van Der Geest (P-B) 3. T. Tmenov (Russie) Y. Sotnikov (Ukr.) Toutes catégories 1. K. Suzuki (Jap.) 2. I. Pertelson (Est.) 3. A. Tangriev (Ouz.) M. Miraliyev (Azerb.)

DAMES

– 48 kg 1. R. Tamura (Jap.) 2. F. Jossinet (Fr.) 3. D. Carrion (Cuba) N. Sansay (Turq.) – 52 kg 1. A. Savon (Cuba) 2. A. Euranie (Fr.) 3. Y. Yokosawa (Jap.) R. Imbriani (All.) – 57 kg 1. Kye Sun Hui (CdN) 2. Y. Boenisch (All.) 3. D. Gravenstijn (P-B) Y. Lupetey (Cuba) – 63 kg 1. D. Krukower (Arg.) 2. D. Gonzalez (Cuba) 3. A. Van Harnier (All.) Y. Scapin (Ital.) – 70 kg 1. M. Ueno (Jap.) 2. R. Leyen Zulueta (Cuba) 3. E. Bosch (P-B) A. Boehm (All.) – 78 kg 1. N. Anno (Jap.) 2. Y. Laborde (Cuba) 3. E. Silva (Brésil) E. San Miguel (Esp.) + 78 kg 1. Sun Fuming (Chine) 2. M. Tsukada (Jap.) 3. K. Bryant (G-B) T. Donguzashvili (Russie)

Toutes catégories 1. Tong Wen (Chine) 2. K. Bryant (G-B) 3. M. Kovacevic (Serb. Mont.) D. Beltran (Cuba)

MOTO

CHAMPIONNAT DU MONDE DE

VITESSE

CLASSEMENT FINAL

MotoGP 1. V. Rossi (Ital.) 357 pts 2. S. Gibernau (Esp.) 277 pts 3. M. Biaggi (Ital.) 228 pts 250 cm 3

1. M. Poggiali (San Marin) 249 pts 2. R. Rolfo (Ital.) 235 pts 3. T. Elias (Esp.) 226 pts 125 cm 3

1. D. Pedrosa (Esp.) 223 pts 2. A. de Angelis (San Marin) 166 pts 3. H. Barbera (Esp.) 164 pts

NATATION

CHAMPIONNATS DU MONDE

(Barcelone, 20-27 juillet)

MESSIEURS

50 m libre 1. A. Popov (Russie) 2″ 92 2. M. Foster (G-B) 3. P. Van den Hoogenband (P-B) 100 m libre 1. A. Popov (Russie) 48″ 42 2. P. Van den Hoogenband (P-B) 3. I. Thorpe (Austr.) 200 m libre 1. I. Thorpe (Austr.) 1′ 45″ 14 2. P. Van Den Hoogenband (P-B) 3. G. Hackett (Austr.) 400 m libre 1. I. Thorpe (Austr.) 3′ 42″ 58 2. G. Hackett (Austr.) 3. D. Coman (Roum.) downloadModeText.vue.download 214 sur 370 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

212

800 m libre 1. G. Hackett (Austr.) 7′ 43″ 82 2. L. Jensen (É-U) 3. I. Chervynskyi (Ukr.) 1 500 m libre 1. G. Hackett (Austr.) 14′ 43″ 14 2. I. Chervynskyi (Ukr.) 3. E. Vendt (É-U) 50 m brasse 1. J. Gibson (G-B) 27″ 56 2. O. Lisogor (Ukr.) 3. M. Flaskay (Hongr.) 100 m brasse 1. K. Kitajima (Jap.) 59″ 78 (RM) 2. B. Hansen (É-U) 3. J. Gibson (G-B) 200 m brasse 1. K. Kitajima (Jap.) 2′ 02″ 42 (RM) 2. I. Edmond (G-B) 3. B. Hansen (É-U) 50 m dos

1. T. Rupprath (All.) 24″ 80 (RM) 2. M. Welsh (Austr.) 3. J.-G. Zandberg (Afr. du S.) 100 m dos 1. A. Peirsol (É-U) 53″ 61 2. A. Vyatchanin (Russie) 5″ 92 (RE) 3. M. Welsh (Austr.) 200 m dos 1. A. Peirsol (É-U) 1′ 55″ 92 2. G. Kozulj (Croatie) 3. S. Dufour (Fr.) 50 m papillon 1. M. Welsh (Austr.) 23″ 43 (RM) 2. I. Crocker (É-U) 3. E. Korotychkine (Russie) 100 m papillon 1. I. Crocker (É-U) 50″ 98 (RM) 2. M. Phelps (É-U) 3. A. Serdinov (Ukr.) 5″ 59 (RE) 200 m papillon 1. M. Phelps (É-U) 1′ 54″ 35 2. T. Yamamoto (Jap.) 3. T. Malchow (É-U) 200 m 4 nages 1. M. Phelps (É-U) 1’56″ 04 (RM) 2. I. Thorpe (Austr.) 3. M. Rosolino (Ital.) 400 m 4 nages 1. M. Phelps (É-U) 4′ 09″ 09 (RM) 2. L. Cseh (Hongr.) 4′ 10″ 79 (RE) 3. O. Mellouli (Tun.) 4 × 100 m libre 1. Russie 3′ 14″ 06 2. États-Unis 3. France 4 × 200 m libre 1. Australie 7′ 08″ 58 2. États-Unis 3. Allemagne 4 × 100 m 4 nages 1. États-Unis 3′ 31″ 54 (RM) 2. Russie 3′ 34″ 72 (RE) 3. Japon

DAMES

50 m libre 1. I. de Bruijn (P-B) 24″ 47 2. A. Mills (Austr.) 3. L. Lenton (Austr.) 100 m libre 1. H.-M. Seppala (Finl.) 54″ 37 2. J. Henry (Austr.) 3. J. Thompson (É-U) 200 m libre 1. A. Popchanka (Biél.) 1′ 58″ 32 2. M. Moravcova (Slovaq.) 3. Yang Yu (Chine) 400 m libre 1. H. Stockbauer (All.) 4′ 06″ 75 2. E. Risztov (Hongr.) 3. D. Munz (É-U) 800 m libre 1. H. Stockbauer (All.) 8′ 23″ 66 2. D. Munz (É-U) 3. R. Cooke (G-B) 1 500 m libre 1. H. Stockbauer (All.) 16′ 00″ 18 (RE) 2. H. Peirsol (É-U) 3. J. Henke (All.) 50 m brasse 1. Luo Xuejuan (Chine) 30″ 67 2. B. Hanson (Austr.) 3. Z. Baker (G-B) 100 m brasse 1. Luo Xuejan (Chine) 1′ 06″ 80 2. A. Beard (É-U) 3. L. Jones (Austr.) 200 m brasse 1. A. Beard (É-U) 2′ 22″ 99 2. L. Jones (Austr.) 3. Qi Hui (Chine) 50 m dos

1. N. Zhivanevskaya (Esp.) 28″ 48 2. I. Hlavackova (Rép. tchèq.) 3. N. Inada (Jap.) downloadModeText.vue.download 215 sur 370

SPORTS ET RÉSULTATS 213

100 m dos 1. A. Buschschulte (All.) 1′ 00″ 50 2. L. Oernstedt (Dan.) 3. K. Sexton (G-B) 200 m dos 1. K. Sexton (G-B) 2′ 08″ 74 2. M. Hoelzer (É-U) 3. S. Komarova (Russie) 50 m papillon 1. I. de Bruijn (P-B) 25″ 84 2. J. Thompson (É-U) 3. A.-K. Kammerlin (Suède) 100 m papillon 1. J. Thompson (É-U) 57″ 96 2. O. Jedrzejczak (Pol.) 3. M. Moravcova (Slovaq.) 200 m papillon 1. O. Jedrzejczak (Pol.) 2′ 07″ 56 2. E. Risztov (Hongr.) 3. Y. Nakanishi (Jap.) 200 m 4 nages 1. Y. Klochkova (Ukr.) 2′ 10″ 75 2. A. Mills (Austr.) 3. Zhou Yafei (Chine) 400 m 4 nages 1. Y. Klochkova (Ukr.) 4′ 36″ 74 2. E. Risztov (Hongr.) 3. B. N. Caslaru (Roum.) 4 × 100 m libre 1. États-Unis 3′ 38″ 09 2. Allemagne 3. Australie 4 × 200 m libre 1. États-Unis 7′ 55″ 70 2. Australie 3. Chine 4 × 100 m 4 nages 1. Chine 3′ 59″ 89 2. États-Unis 3. Australie

RECORDS DU MONDE AU

31 DÉCEMBRE 2003

MESSIEURS downloadModeText.vue.download 216 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

214

DAMES

PATINAGE CHAMPIONNATS DU MONDE

(Washington, 24-30 mars)

MESSIEURS

1. E. Plushenko (Russie)

2. T. Goebel (É-U)

3. T. Honda (Jap.)

DAMES

1. M. Kwan (É-U)

2. E. Sokolova (Russie)

3. F. Suguri (Jap.)

COUPLES

1. Xue Shen/Hongbo Zhao (Chine)

2. T. Totmianina/M. Marinin (Russie)

3. M. Petrova/A. Tikhonov (Russie)

DANSE SUR GLACE

1. S.-L. Bourne/V. Kraatz (Can.) 2. I. Lobacheva/I. Averbukh (Russie) 3. A. Denkova/M. Staviyski (Bulg.)

RUGBY

TOURNOI DES SIXNATIONS

Les rencontres Italie – Pays de Galles 30 - 22 Angleterre – France 25 - 17 Écosse – Irlande 6 - 36 Italie – Irlande 13 - 37 Pays de Galles – Angleterre 9 - 26 France – Écosse 38 - 3 Irlande – France 15 - 12 Écosse – Pays de Galles 30 - 22 Angleterre – Italie 40 - 5 Pays de Galles – Irlande 24 - 25 Angleterre – Écosse 40 - 9 Italie – France 27 - 53 France – Pays de Galles 33 - 5 Écosse – Italie 33 - 25 Irlande – Angleterre 6 – 42

CLASSEMENT

MATCHS DE L’ÉQUIPE DE FRANCE

Tournée dans l’hémisphère Sud À Buenos Aires, le 14 juin Argentine bat France 10 à 6 À Buenos Aires, le 20 juin Argentine bat France 33 à 32 À Christchurch, le 28 juin Nouvelle-Zélande bat France 31 à 23 downloadModeText.vue.download 217 sur 370

SPORTS ET RÉSULTATS

215

COUPE D’EUROPE

(Dublin, 24 mai) Finale

Toulouse (Fr.) bat Perpignan (Fr.) 22 à 17

TRINATIONS

(du 12 juillet au 16 août) Au Cap, le 12 juillet Afrique du Sud bat Australie 26 à 22 À Pretoria, le 19 juillet Nouvelle-Zélande bat Afrique du Sud 52 à 16

À Sydney, le 26 juillet Nouvelle-Zélande bat Australie 50 à 21 À Brisbane, le 2 août Australie bat Afrique du Sud 29-9 À Dunedin, le 9 août Nouvelle-Zélande bat Afrique du Sud 19 à 11

À Auckland, le 16 août Nouvelle-Zélande bat Australie 21 à 17 Classement 1. Nouvelle-Zélande 18 pts 2. Australie 6 3. Afrique du Sud 4

CHAMPIONNAT DE FRANCE

Finale

Stade français bat Toulouse 32 à 18

LA Ve COUPE DU MONDE DE RUGBY

(Australie 10 octobre-22 novembre)

MATCHES DU PREMIER TOUR

GROUPE A

Australie – Argentine 24 - 8 Irlande – Roumanie 45 - 17 Argentine – Namibie 67 - 14 Australie – Roumanie 90 - 8 Irlande – Namibie 64 - 7

Argentine – Roumanie 50 - 3 Australie – Namibie 142 - 0 Irlande – Argentine 16 - 15 Roumanie – Namibie 37 - 7 Australie – Irlande 17 - 16

Qualifiés Australie, Irlande

GROUPE B

France – Fidji 61 - 18 Écosse – Japon 32 - 11 Fidji – États-Unis 19 - 18 France – Japon 51 - 29 Écosse – États-Unis 39 - 15 Fidji – Japon 41 - 13 France – Écosse 51 - 9 États-Unis – Japon 39 - 26 France – États-Unis 41 - 14 Écosse – Fidji 22 - 20 Qualifiés France, Écosse

GROUPE C

Afrique du Sud – Uruguay 72 - 6

Angleterre – Géorgie 84 - 6

Samoa – Uruguay 60 - 13

Angleterre – Afrique du Sud 25 - 6

Samoa – Géorgie 46 - 9

Afrique du Sud – Géorgie 46 - 19

Angleterre – Samoa 35 - 22

Uruguay – Géorgie 24 - 12

Afrique du Sud – Samoa 60 - 10

Angleterre – Uruguay 111 - 13

Qualifiés

Angleterre, Afrique du Sud

GROUPE D

Nouvelle-Zélande – Italie 70 - 7 Pays de Galles – Canada 41 - 10 Italie – Tonga 36 -12 Nouvelle-Zélande – Canada 68 – 6 Pays de Galles – Tonga 27 - 20 Italie – Canada 19 - 14 Nouvelle-Zélande – Tonga 91 - 7 Pays de Galles – Italie 27 - 15 Canada – Tonga 24 - 7 Nlle-Zélande – Pays de Galles 53 - 37 Qualifiés

Nouvelle-Zélande, Pays de Galles

QUARTS DE FINALE

Nelle-Zélande – Afrique du Sud 29 - 9 Australie – Écosse 33 - 16 France – Irlande 43 - 21 Angleterre – Pays de Galles 28 - 17

DEMIFINALES

Australie – Nouvelle-Zélande 22 - 10 Angleterre – France 24 - 7 downloadModeText.vue.download 218 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

216

FINALE

Angleterre – Australie 20 - 17 (a.p.)

MATCH POUR LA 3e PLACE

Nouvelle-Zélande – France 40 - 13

STATISTIQUES

Record de points marqués dans un match 142 (Australie bat Namibie 142 à 0) Record de points marqués Nouvelle-Zélande (361) Record d’essais marqués par une équipe Nouvelle-Zélande (52) En 48 matches, 2 835 points ont été mar- qués, dont 332 essais (moyenne 59 points dont 6,9 essais par match) Meilleurs marqueurs d’essais Doug Howlett et Mils Muliaina (N-Z) 7 Meilleur marqueur Jonny Wilkinson (Ang.) 113 Nombre de spectateurs 1,8 million en 48 matches

SKI

CHAMPIONNATS DU MONDE

(Saint-Moritz, Suisse, 2-16 février) MESSIEURS

Descente 1. M. Walchofer (Autr.) 2. K.A. Aamodt (Norv.) 3. B. Kernen (Suisse) Super-G 1. S. Eberharter (Autr.) 2. H. Maier (Autr.) et B. Miller (É-U) Géant 1. B. Miller (É-U) 2. H. Knauss (Autr.) 3. E. Schlopy (É-U) Slalom 1. I. Kostelic (Croatie) 2. S. Zurbriggen (Suisse) 3. G. Rocca (Ital.) Combiné 1. B. Miller (É-U) 2. L. Kjus (Norv.) 3. K.A. Aamodt (Norv.)

DAMES

Descente 1. M. Turgeon (Can.) 2. C. Rey-Bellet (Suisse) et A. Meissnitzer (Autr.) Super-G 1. M. Dorfmeister (Autr.) 2. K. Clark (É-U) 3. J. Mendes (É-U) Géant

1. A. Paerson (Suède) 2. D. Karbon (Ital.) 3. A. Forsyth (Can.) Slalom 1. J. Kostelic (Croatie) 2. M. Schild (Autr.) 3. N. Hosp (Autr.) Combiné 1. J. Kostelic (Croatie) 2. N. Hosp (Autr.) 3. M. Oester (Suisse)

COUPE DU MONDE

MESSIEURS

Général

1. S. Eberharter (Autr.) 1 333 pts 2. B. Miller (É-U) 3. K. A. Aamodt (Norv.) Descente S. Eberharter (Autr.) Super-G S. Eberharter (Autr.) Géant M. von Gruenigen (Suisse) Slalom K. Palander (Finl.)

DAMES

Général

1. J. Kostelic (Croatie) 1 570 pts 2. K. Putzer (Ital.) 3. A. Paerson (Suède) Descente M. Dorfmeister (Autr.) Super-G C. Montillet (Fr.) Géant A. Paerson (Suède) Slalom J. Kostelic (Croatie) downloadModeText.vue.download 219 sur 370

SPORTS ET RÉSULTATS

217

TENNIS

INTERNATIONAUX D’AUSTRALIE

(Melbourne, 13-26 janvier)

SIMPLE MESSIEURS

Demi-finales R. Schuettler (All.) bat A. Roddick (É-U) 7-5, 2-6, 6-3, 6-3

A. Agassi (É-U) bat W. Ferreira (Afr. du S.) 6-2, 6-2, 6-3 Finale

Agassi bat Schuettler 6-2, 6-2, 6-1

SIMPLE DAMES

Demi-finales V. Williams (É-U) bat J. Henin-Hardenne (Belg.) 6-3, 6-3 S. Williams (É-U) bat K. Clijsters (Belg.) 4-6, 6-3, 7-5 Finale

S. Williams bat V. Williams 7-6 (7/4), 3-6, 6-4

DOUBLE MESSIEURS

Finale M. Llodra/F. Santoro (Fr.) battent M. Knowles/D. Nestor (Baham./Can.) 6-4, 3-6, 6-3

DOUBLE DAMES

Finale

S. Williams/V. Williams (É-U) battent V. Rua- no Pascal/P. Suarez (Esp./Arg.) 4-6, 6-4, 6-3

DOUBLE MIXTE

Finale

M. Navratilova/L. Paes (É-U/Inde) battent E. Daniilidou/T. Woodbridge (Grèce/Austr.)

INTERNATIONAUX DE FRANCE

(Roland-Garros, 26 mai-8 juin)

SIMPLE MESSIEURS

Demi-finales

M. Verkerk (P-B) bat G. Coria (Arg.) 7-6 (7/4), 6-4, 7-6 (7/0) J.-C. Ferrero (Esp.) bat A. Costa (Esp.) 6-3, 7-6 (7/5), 6-4 Finale

Ferrero bat Verkerk 6-1, 6-3, 6-2

SIMPLE DAMES

Demi-finales K. Clijsters (Belg.) bat N. Petrova (Russie) 7-5, 6-1

J. Henin-Hardenne (Belg.) bat S. Williams (É-U) 6-2, 4-6, 7-5 Finale

J. Henin-Hardenne bat K. Clijsters 6-0, 6-4

DOUBLE MESSIEURS

Finale

B. Bryan-M. Bryan (É-U) battent P. Haarhuis- E. Kafelnikov (P-B/Russie) 7-6 (7/3), 6-3

DOUBLE DAMES

Finale

K. Clijsters-A. Sugiyama (Belg./Jap.) battent V. Ruano Pascual-P. Suarez (Esp./Arg.) 6-7 (5/7), 6-2, 9-7 DOUBLE MIXTE

Finale

L. Raymond-M. Bryan (É-U) battent E. Likhovtseva-M. Bhupathi (Russie/Inde) 6-3, 6-4

WIMBLEDON

(23 juin – 6 juillet)

SIMPLE MESSIEURS

Demi-finales

M. Philippoussis (Austr.) bat S. Grosjean (Fr.) 7-6 (7/3), 6-3, 6-3 R. Federer (Suisse) bat A. Roddick (É-U) 7-6 (8/6), 6-3, 6-3 Finale

Federer bat Philippoussis 7-6 (7/5), 6-2, 7-6 (7/3)

SIMPLE DAMES

Demi-finales S. Williams (É-U) bat J. Henin-Hardenne (Belg.) 6-3, 6-2 V. Williams (É-U) bat K. Clijsters (Belg.) 4-6, 6-3, 6-1 Finale

S. Williams bat V. Williams 4-6, 6-4, 6-2

DOUBLE MESSIEURS

Finale

T. Woodbridge-J. Bjorkman (Austr./Suède) battent M. Bhupathi-M. Mirnyi (Inde/Biél.) 3-6, 6-3, 7-6 (7/4), 6-3 downloadModeText.vue.download 220 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

218

DOUBLE DAMES

Finale

K. Clijsters-A. Sugiyama (Belg./Jap.) battent V. Ruano Pascual-P. Suarez (Esp./Arg.) 6-4, 6-4

DOUBLE MIXTE Finale

M. Navratilova-L. Paes (É-U/Inde) battent A. Rodianova-Andy Ram (Russie/Isr.) 6-3, 6-3

US OPEN

(25 août – 7 septembre)

SIMPLE MESSIEURS

Demi-finales J.-C. Ferrero (Esp.) bat A. Agassi (É-U) 6-4, 6-3, 3-6, 6-4

A. Roddick (É-U) bat D. Nalbandian (Arg.) 6-7 (4/7), 3-6, 7-6 (9/7) 6-1, 6-3 Finale

Roddick bat Ferrero 6-3, 7-6 (7/2), 6-3

SIMPLE DAMES

Demi-finales K. Clijsters (Belg.) bat L. Davenport (É-U) 6-2, 6-3

J. Henin-Hardenne (Belg.) bat J. Capriati (É- U) 4-6, 7-5, 7-6 (7/4) Finale

Henin-Hardenne bat Clijsters 7-5, 6-1

DOUBLE MESSIEURS

Finale

J. Bjorkman-T. Woodbridge (Suède/Austr.) battent B. Bryan-M. Bryan (É-U) 5-7, 6-0, 7-5

DOUBLE DAMES

Finale

V. Ruano Pascual-P. Suarez (Esp./Arg.) battent S. Kuznetskova-M. Navratilova (Russie/É-U), 6-2, 6-3

DOUBLE MIXTE

Finale

K. Srebotnik-B. Bryan (Slovén./É-U) battent L. Krasnoroutskaya-D. Nestor (Russie/Can.) 5-7, 7-5, 7-6 (10/5)

MASTERS MESSIEURS

HOUSTON, 1016 NOVEMBRE

Demi-finales A. Agassi (É-U) bat R. Schüttler (All.) 5-7, 6-0, 6-4

R. Federer (Suisse) bat A. Roddick (É-U) 7-6 (7/2), 6-2 Finale

Federer bat Agassi 6-3, 6-0, 6-4

DAMES

LOS ANGELES, 310 NOVEMBRE

Demi-finales K. Clijsters (Belg.) bat J. Capriati (É-U) 4-6, 6-3, 6-0

A. Mauresmo (Fr.) bat J. Henin-Hardenne (Belg.) 7-6 (7/2), 3-6, 6-3.

Finale

Clijsters bat Mauresmo 6-2, 6-0

CLASSEMENT DE LA CHAMPION’S RACE ATP AU 31 DÉCEMBRE 2003

1. Andy Roddick (É-U) 907 pts 2. Roger Federer (Suisse) 875 pts 3. Juan-Carlos Ferrero (Esp.) 841 pts 4. Andre Agassi (É-U) 685 pts 5. Guillermo Coria (Arg.) 666 pts 6. Rainer Schuettler (All.) 641 pts 7. Carlos Moya (Esp.) 456 pts 8. David Nalbandian (Arg.) 412 pts 9. Mark Philippoussis (Austr.) 323 pts 10. Sébastien Grosjean (Fr.) 322 pts

CLASSEMENT WTA AU 31 DÉCEMBRE 2003

1. Justine Henin-Hardenne (Belg.) 6 628 pts

2. Kim Clijsters (Belg.) 6 553 pts 3. Serena Williams (É-U) 3 916 pts 4. Amélie Mauresmo (Fr.) 3 194 pts 5. Lindsay Davenport (É-U) 2 990 pts 6. Jennifer Capriati (É-U) 2 766 pts 7. Anastasia Myskina (Russie) 2 581 pts 8. Elena Dementieva (Russie) 2 383 pts 9. Chanda Rubin (É-U) 2 328 pts 10. Ai Sugiyama (Japon) 2 235 pts downloadModeText.vue.download 221 sur 370 SPORTS ET RÉSULTATS

219

COUPE DAVIS

(du 28 au 30 novembre à Melbourne) Finale

Australie bat Espagne 3 victoires à 1

FED CUP

(du 21 au 23 novembre à Moscou) Finale

France bat États-Unis 4 victoires à 1

TENNIS DE TABLE

CHAMPIONNATS DU MONDE

(Paris, 19-25 mai)

SIMPLE MESSIEURS

1. W. Schlager (Autr.) 2. Joo Se-hjuk (CdS) 3. Kong Linghui (Chine) et K. Kreanga (Grèce)

SIMPLE DAMES

1. Wang Nan (Chine) 2. Zhang Yining (Chine) 3. Li Ju (Chine) et T. Boros (Croatie)

DOUBLE MESSIEURS

1. Wang Liqin/Yan Sen (Chine) 2. Wang Hao/Kong Linghui (Chine) 3. Ma Lin/Qin Zhijian (Chine) et Oh Sang- eun/Kim Taek-soo (CdS)

DOUBLE DAMES

1. Wang Nan/Zhang Yining (Chine) 2. Niu Jianfeng/Guo Yue (Chine) 3. Suk Eun-mi/Lee Eun-mi (CdS) et Li Jia/Li Ju (Chine)

DOUBLE MIXTES

1. Ma Lin/Wang Nan (Chine) 2. Liu Guozheng/Bai Yang (Chine) 3. Wang Hao/Li Nan (Chine) et Qin Zhijian/ Niu Jianfeng (Chine)

VOILE COUPE DE L’AMERICA

(Auckland, janvier-mars) Alinghi (Suisse) bat New-Zealand (N-Z) 5 victoires à 0

AROUND ALONE

(arrivée Newport le 1er mai) 1. B. Stamm (Suisse/Bobst Group-Armor Lux) 17 j 19 h 30 min 10 s 2. S. Bianchetti (Ital./Tiscali) 3. T. Dubois (Fr./Solidaires)

SOLITAIRE DU FIGARO

(arrivée Saint-Nazaire le 22 août) 1. A. Le Cléac’h (Fr./Créaline) 327 h 08 min 19 s 2. A. Gautier (Fr./Foncia) à 13 min M. Desjoyeaux (Fr./Géant) à 1 h 26 min 7 s

VOLLEY

CHAMPIONNAT DE FRANCE

Finale

Paris Volley bat Tours 2 victoires à 1

COUPE DE FRANCE

Finale

Tours bat Poitiers 3 sets a 1

LIGUE DES CHAMPIONS

(Milan, 22-23 mars) Demi-finales

Belgorod (Russie) bat Paris Volley (Fr.) 3 à 2 Modène (Ital.) bat Kedzierzyn (Pol.) 3 à 1 Finale

Belgorod bat Modène 3 à 0 Match pour la 3e place Kedzierzyn bat Paris Volley 3 à 0 downloadModeText.vue.download 222 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

220

CHAMPIONNAT D’EUROPE

(Allemagne, 1-14 septembre) Demi-finales Italie bat Russie 3 à 0

France bat Serbie-Monténégro 3 à 2 Finale Italie bat France 3 à 2

Match pour la 3e place Russie bat Serbie-Monténégro 3 à 0

COUPE DU MONDE

(Japon, 15-30 novembre) 1. Brésil 22 pts 2. Italie 20 3. Serbie-Monténégro 20 downloadModeText.vue.download 223 sur 370 downloadModeText.vue.download 224 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

Statistiques downloadModeText.vue.download 225 sur 370

STATISTIQUES

223

AFGHANISTAN

Superficie : 650 000 km 2 Population (hormis la capi- tale) : 23 897 000 hab.

Capitale : Kaboul 2 454 400 hab.

Chef du gouvernement provi- soire : Hamid Karzai Organisation administrative : 30 provinces Langues officielles : pachto, dari

Religion : islam Monnaie : afghani ➡ HISTORIQUE

1879 : traité de Gandamak, ins- tituant une tutelle anglo-russe sur le pays.

1921 : déclaration d’indépendance.

1973 : renversement de la monarchie. 1978 : prise du pouvoir par le PC.

1979-1989 : intervention soviétique.

1992 : chute des communistes et prise du pouvoir par les moudjahidin.

1994 : les talibans prennent Kaboul.

2001 : chute des talibans.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 40 hab./km 2 Part de la population urbaine : 21,5 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 43,5 %, 15- 65 ans 51,8 %, + 65 ans 4,7 % Taux de natalité : 46,72 ‰ Taux de mortalité : 20,55 ‰ Taux de mortalité infantile : 161,3 ‰ Espérance de vie : hommes 46 ans, femmes 47 ans Défense Total forces armées : 429 000 hommes

➡ TENDANCES

Le départ des talibans, remplacés par un gouvernement soutenu par les Américains, n’a pas rame- né la paix attendue. La violence et l’insécurité sont redevenues le lot quotidien de l’Afghanistan.

Kaboul doit une paix relative à la seule présence de l’ISAF passée en août sous commandement de l’OTAN. Le pays attend que le rôle de cette force internationale soit étendu aux autres régions.

AFRIQUE DU SUD

Superficie : 1 221 000 km 2 Population : 45 026 000 hab.

Capitales : Pretoria (capitale administrative), Le Cap (siège du Parlement) 854 616 hab. (2 800 000 hab. dans l’agglomération), Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État et du gouver- nement : (président de la République) Thabo Mbeki Organisation administrative : 9 provinces Langues officielles : zoulou, xhosa, venda, tswana, tsonga, swazi, sotho, pedi, ndebele, anglais, afrikaans Religions : protestantisme, Églises indigènes, animisme Monnaie : rand

➡ HISTORIQUE

1814 : la pays passe sous administration britannique.

1899-1902 : guerre des Boers.

1910 : création de l’Union sud-africaine, sous mandat britannique.

1912 : création de l’ANC. downloadModeText.vue.download 226 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

224

1948 : instauration de l’apartheid.

1985 : instauration de l’état d’urgence.

1990 : F. De Klerk léga- lise l’ANC et libère Nelson Mandela.

1994 : victoire de l’ANC aux élections ; Nelson Mandela président du pays.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 34 hab./km 2 Part de la population urbaine : 50,2 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 34 %, 15-65 ans 60,3 %, + 65 ans 5,7 % Taux de natalité : 26,26 ‰ Taux de mortalité : 12,24 ‰ Taux de mortalité : infantile 59,2 ‰

Espérance de vie : hommes 47 ans, femmes 50 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 113 milliards de $ PNB/hab. : 2 600 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 3 % Taux annuel d’inflation (2000) : 10 %

Structure du PIB : 4,5 % pour l’agriculture, 38,5 % pour l’industrie, 56,9 % pour les services

Dette extérieure : 25 222 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 69 950 hommes Budget de la Défense 1,5 % du PIB

Éléments du niveau de vie Analphabétisme 18,2 % Apport en calories 2 933 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400)

Automobiles : 106/1 000 hab.

Téléphones : 107/1 000 hab.

Télévisions : 109/1 000 hab.

➡ TENDANCES

Bien que l’Afrique du Sud repré- sente à elle seule quelque 40 % de l’activité économique de l’Afrique sub-saharienne, de nombreux problèmes structu- rels obèrent toute perspective d’amélioration à court terme. Le développement économique se trouve littéralement freiné par le climat de violence et d’insécurité dans lequel baigne le pays.

ALBANIE

Superficie : 29 000 km 2 Population : 3 166 000 hab. Capitale : Tirana 279 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État : (Président de la République) Alfred Moisiu Chef du gouvernement : Fatos Nano

Organisation administrative : 36 districts Langue officielle : albanais Religions : islam, christianisme Monnaie : lek

➡ HISTORIQUE

1912 : l’indépendance du pays est arrachée à l’Empire ottoman.

1939-1944 : occupation du pays par les Italiens puis par les Allemands.

1946 : l’Albanie devient une république socialiste.

Le président Enver Hoxha institue un régime collectiviste et se rapproche de la Chine maoïste.

1990 : chute du régime communiste.

1992 : le politicien de centre droit Sali Berisha est élu à la présidence.

1997 : l’ancien communiste Rexhep Medjani succède à Sali Berisha.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 123 hab./km 2 Part de la population urbaine : 41,0 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 30 %, 15-65 ans 61 %, + 65 ans 9 % Taux de natalité : 16,23 ‰ Taux de mortalité : 5,54 ‰ Taux de mortalité : infantile 25 ‰ Espérance de vie : hommes 69 ans, femmes 75 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 4,41 milliards de $ PNB/hab. : 1 120 $ Taux annuel d’inflation (2002) : 5,3 %

Structure du PIB : 52,6 % pour l’agriculture, 26 % pour l’indus- trie, 21,4 % pour les services Dette extérieure : 706 millions de $ Défense Total forces armées : 54 000 hommes Budget de la Défense 2,3 % du PIB downloadModeText.vue.download 227 sur 370

STATISTIQUES

225

➡ TENDANCES

L’Albanie a montré qu’elle enten- dait s’engager – fût-ce lentement – sur la voie d’une intégration eu- ropéenne suspendue aux critères définis par Bruxelles. Convaincu de la bonne volonté du gouver- nement albanais, Bruxelles a dé- cidé d’ouvrir des négociations en vue de la conclusion d’un accord de stabilisation et d’association. En attendant de pouvoir re- joindre l’Union européenne, l’Al- banie devrait frapper aux portes de l’OTAN, qui semble davantage à portée de ses ambitions.

ALGÉRIE

Superficie : 2 380 000 km 2 Population : 31 000 000 hab.

Capitale : Alger (1 885 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Abdelaziz Bouteflika Chef du gouvernement : Ahmed Ouyahia Organisation administrative : 48 wilayas Langue officielle : arabe Religion : islam Monnaie : dinar algérien

➡ HISTORIQUE

1857 : domination de la France sur l’ensemble du pays.

1930 : création des mou- vements nationalistes et islamistes.

1945 : émeute lourdement réprimée à Sétif.

1954 : début de la guerre d’indépendance.

1962 : indépendance de l’Algérie.

1965 : Houari Boumediene renverse Ahmed Ben Bella.

1988 : émeutes réprimées dans le sang.

1991 : le Front islamique du salut (FIS) remporte le premier tour des élections législatives.

Le processus électoral est alors interrompu.

1992 : assassinat du président Boudiaf.

1999 : élection d’Abdelaziz Bouteflika.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 13 hab./km 2 Part de la population urbaine : 59,6 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 34,8 %, 15- 65 ans 59,2 %, + 65 ans 6 % Taux de natalité : 25,34 ‰ Taux de mortalité : 5,59 ‰ Taux de mortalité : infantile 42,8 ‰

Espérance de vie : hommes 69 ans, femmes 72 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 54 milliards de $ PNB/hab. : 1 720 $

Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 3,1 % Taux annuel d’inflation (2002) : 1,4 %

Structure du PIB : 11,4 % pour l’agriculture, 50,7 % pour l’industrie, 37,9 % pour les services

Dette extérieure : 30 921 mil- lions de $ Taux de chômage : 26,4 % Défense Total forces armées : 122 000 hommes Budget de la Défense 3,8 % du PIB ➡ TENDANCES

À l’approche des présidentielles d’avril 2004, la vie politique algé- rienne a montré des signes de normalisation. Le limogeage en mai du Premier ministre Ali Ben- flis, qui faisait de l’ombre au prési- dent Bouteflika, aura eu le mérite de donner plus de transparence

à la compétition pour le pouvoir.

En juin, les chefs de file du mou- vement de contestation kabyle ont été remis en liberté et, le mois suivant, ce sont les chefs histo- riques du FIS qui sortaient de pri- son. Mais le séisme meurtrier du

22 mai et la menace persistante des islamistes ont contribué à ali- menter les griefs de la population envers un pouvoir et une classe politique accusés de n’avoir su exploiter les potentialités du pays ni en partager les richesses. downloadModeText.vue.download 228 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

226

ALLEMAGNE

Superficie : 357 000 km 2 Population : 82 476 000 hab.

Capitale : Berlin 3 324 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État : (Président de la République) Johannes Rau Chef du gouvernement : Gerhard Schröder Organisation administrative : 16 Länder Langue officielle : allemand Religions : protestantisme, catholicisme Monnaie : euro

➡ HISTORIQUE

1871 : proclamation à Ver- sailles de l’Empire allemand, sous domination prussienne.

1918 : défaite de l’Allemagne et abdication de l’empereur Guillaume II. Proclamation de la République de Weimar.

1933 : arrivée de Hitler au pouvoir.

1945 : défaite de l’Allemagne et occupation du pays par les troupes alliées.

1948 : blocus de Berlin par les Soviétiques.

1961 : érection d’un mur sépa- rant les deux côtés de Berlin par les autorités d’Allemagne de l’Est. 1991 : réunification des deux Allemagnes.

1998 : le chancelier démo- crate-chrétien Helmut Kohl, au pouvoir depuis 1982, est remplacé par le social-démo- crate Gerhard Schröder.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 235 hab./km 2 Part de la population urbaine : 87,3 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 15,5 %, 15-65 ans 68,1 %, + 65 ans 16,3 %

Taux de natalité : 9,4 ‰ Taux de mortalité : 10,77 ‰ Taux de mortalité : infantile 4,9 ‰

Espérance de vie : hommes 74 ans, femmes 80 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 1 870 milliards de $ PNB/hab. : 22 670 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 0,2 % Taux annuel d’inflation (2002) : 1,3 %

Structure de la population active : agriculture 3,2 %, mines et industrie 36,5 %, services 60,2 % Structure du PIB : 1 % pour l’agriculture, 30,9 % pour l’industrie, 68 % pour les services Dette brute : 63,1 % du PIB Taux de chômage : 7,9 % Défense Total forces armées : 322 800 hommes Budget de la Défense 1,2 % du PIB

Éléments du niveau de vie

Nombre d’habitants pour

1 médecin 294

Apport en calories 3 330 par jour et par hab. (norme FAO :

2 400)

Automobiles : 79/1 000 hab.

Téléphones : 550/1 000 hab.

Télévisions : 564/1 000 hab.

➡ TENDANCES

Reconduit de justesse à la tête de la chancellerie le 22 septembre

2002, Gerhard Schröder a com- mencé son deuxième mandat dans un climat social délétère, alourdi par un bilan économique confirmant les tendances à la récession et aux déficits. La gra- vité de la situation économique a toutefois valu au chancelier, déjà dopé par le soutien de l’opinion à son refus de cautionner la guerre contre l’Irak, un certain consen- sus de la classe politique, depuis ses alliés verts jusqu’à l’opposition chrétienne-démocrate, autour de réformes structurelles jugées indispensables pour sortir du rouge la première puissance éco- nomique de l’UE. C’est ainsi qu’il a soumis le 18 juin au Bundestag un texte visant à réformer le sys- tème de santé. downloadModeText.vue.download 229 sur 370 STATISTIQUES

227

ANDORRE

Superficie : 465 km 2 Population : 71 000 hab.

Capitale : Andorre-la-Vieille 25 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : régime parlementaire Chef de l’État : (Coprince) Joan Enric Vives ; Jacques Chirac Chef du gouvernement : Marc Forné Molné Organisation administrative : 7 paroisses Langue officielle : catalan Religion : catholicisme Monnaies : peseta espagnole, peseta andorrane, franc français

➡ HISTORIQUE

1278 : la principauté se place sous la double suzeraineté de l’évêque d’Urgel et du comte de Foix.

1607 : les droits du comte de Foix sont transmis au souve- rain français.

1993 : la principauté se dote de sa première Constitution écrite et entre à l’ONU.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 147 hab./km 2 Part de la population urbaine : 93 %

ANGOLA

Superficie : 1 246 700 km 2 Population : 13 625 000 hab.

Capitale : Luanda (2 200 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État et du gouver- nement : (président de la République) José Eduardo Dos Santos Organisation administrative : 18 provinces Langue officielle : portugais Religions : protestantisme, catholicisme Monnaie : kwanza

➡ HISTORIQUE 1482 : arrivée des premiers colons portugais.

1920 : le Portugal domine l’ensemble du pays.

1961 : première insurrection nationaliste.

1975 : indépendance de l’Angola.

1979 : mort du premier prési- dent Agostino Neto. Son suc- cesseur Eduardo Dos Santos, du MPLA, passe un accord provisoire avec le mouvement rebelle de l’UNITA.

1992 : premières élections libres. Succès pour Dos San- tos et pour le MPLA. La guerre civile continue.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 10 hab./km 2 Part de la population urbaine : 33,6 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 48,2 %, 15- 65 ans 47,3 %, + 65 ans 4,5 % Taux de natalité : 47,80 ‰ Taux de mortalité : 18,75 ‰ Taux de mortalité : infantile 117,7 ‰ Espérance de vie : hommes 45 ans, femmes 48 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 9,19 milliards de $ PNB/hab. : 660 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 17,1 % Structure du PIB : 6,9 % pour l’agriculture, 77,1 % pour l’industrie, 16,1 % pour les services

Dette extérieure : 10 160 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 110 500 hommes Budget de la Défense 5,6 % du PIB ➡ TENDANCES

L’Angola du président José Eduardo dos Santos a connu une downloadModeText.vue.download 230 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

228 année sans heurts majeurs. Sans doute lui en faudra-t-il d’autres de cette sorte pour arriver à initier un développement compromis par des années de guerre. Il est vrai que, malgré la manne pétrolière, la situation sociale est réellement catastrophique. Ainsi, plus de 30 % des enfants meurent avant d’avoir atteint cinq ans et que 40 % souffrent de malnutrition.

ANTIGUAET

BARBUDA

Superficie : 442 km 2 Population : 73 000 hab.

Capitale : Saint John’s 25 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Roi) Élisa- beth II représentée par James B. Carlisle Chef du gouvernement : Lester Bird

Organisation administrative : 7 paroisses

Langue officielle : anglais Religion : protestantisme Monnaie : dollar des Caraïbes orientales ➡ HISTORIQUE

1860 : les deux îles sont réunies sous la domination britannique.

1981 : indépendance du pays.

1994 : Lester Bird succède comme premier ministre à son père Vere, lui-même au pou- voir depuis 1946 (sauf entre 1971 et 1976).

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 153 hab./km 2 Part de la population urbaine : 36,6 %

Taux de natalité : 20,38 ‰ Taux de mortalité : 5 ‰ Taux de mortalité : infantile 17,3 ‰

Espérance de vie : hommes 72 ans, femmes 78 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,647 milliard de $ PNB/hab. : 9 390 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : – 3,7 % Structure PIB : 3,9 % pour l’agriculture, 19,2 % l’industrie, 76,8 % les services Défense Total forces armées : 150 hommes Budget de la Défense 0,6 % du PIB

ARABIE SAOUDITE

Superficie : 2 150 000 km 2 Population : 24 217 000 hab.

Capitale : Riyad 3 324 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : monarchie Chef de l’État et du gouver- nement : (Roi) Fahd ibn Abd al-Aziz al-Saud Organisation administrative : 13 provinces Langue officielle : arabe Religion : islam Monnaie : riyal saoudien

➡ HISTORIQUE

1819 : l’Empire ottoman domine le pays.

1902 : Ibn Séoud entreprend l’unification du pays.

1974 : accords préférentiels avec les États-Unis.

1975 : assassinat du souverain.

1989 : application de la loi islamique.

1995 : incidents de frontière avec le Yémen. downloadModeText.vue.download 231 sur 370

STATISTIQUES

229

1996 : le prince Abdallah devient régent du royaume.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 9 hab./km 2 Part de la population urbaine : 85,1 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 42,9 %, 15- 65 ans 52,3 %, + 65 ans 4,8 % Taux de natalité : 33,66 ‰ Taux de mortalité : 4,14 ‰ Taux de mortalité : infantile 20,6 ‰

Espérance de vie : hommes 71 ans, femmes 74 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 181 milliards de $ PNB/hab. : 8 460 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 2,1 % Taux annuel d’inflation (2002) : – 0,4 %

Structure du PIB : 6,2 % pour l’agriculture, 44,6 % pour l’industrie, 49 % pour les services Défense Total forces armées : 105 500 hommes Budget de la Défense 10,9 % du PIB

➡ TENDANCES

Barrages routiers, fouilles, protec- tion des lieux sensibles, particu- lièrement les bâtiments publics et les lieux de résidence fréquen- tés par les étrangers, ont témoi- gné de la volonté des autorités de mener une lutte sans merci contre le terrorisme. Sur le plan économique, les autorités ont manifesté la volonté de diversi- fier les activités afin de réduire le déficit budgétaire et de créer des emplois. Une réorientation ren- due nécessaire par la baisse des recettes pétrolières.

ARGENTINE

Superficie : 2 780 000 km 2 Population : 38 428 000 hab.

Capitale : Buenos Aires 11 900 000 hab. dans l’agglomération Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État et du gouverne- ment : (président de la Répu- blique) Nestor Kirchner Organisation administrative : 23 provinces, 1 district fédéral Langue officielle : espagnol Religion : catholicisme Monnaie : peso argentin

➡ HISTORIQUE

1816 : indépendance par rap- port à l’Espagne.

1946 : Juan Domingo Perón président de la République.

Il est déposé par une junte militaire en 1955.

1973 : réélection de Perón.

1976 : coup d’État militaire ; instauration de la dictature. 1982 : la guerre des Malouines contre la Grande-Bretagne précipite la chute de la junte.

1983 : élection de Raúl Alfonsin.

1989 : Carlos Menem lui succède.

1999 : après l’échec du Parti justicialiste (péroniste) de Menem en 1997, Fernando de la Rúa succède à celui-ci.

2001 : démission de de la Rúa.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 13 hab./km 2 Part de la population urbaine : 89,6 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 27,7 %, 15- 65 ans 59 %, + 65 ans 13,3 % Taux de natalité : 19,24 ‰ Taux de mortalité : 7,95 ‰ Taux de mortalité : infantile 20 ‰

Espérance de vie : hommes 70 ans, femmes 77 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 154 milliards de $ PNB/hab. : 4 060 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : – 11 % Taux annuel d’inflation (2002) : 25,6 %

Structure du PIB : 4,6 % pour l’agriculture, 28,2 % pour l’industrie, 67,1 % pour les services

Dette extérieure : 123 221 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 70 500 hommes Budget de la Défense 1,0 % du PIB

Éléments du niveau de vie Analphabétisme 3,8 % Apport en calories 3 136 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400) downloadModeText.vue.download 232 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

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Automobiles : 127/1 000 hab. Téléphones : 191/1 000 hab. Télévisions : 219/1 000 hab.

➡ TENDANCES

L’Argentine s’est dotée d’un nou- veau président en la personne de Nestor Kirchner. L’arrivée d’un chef de l’État issu des urnes a mis un terme à une parenthèse insti- tutionnelle de dix-sept mois. Son prédécesseur, Eduardo Duhalde, n’avait pas été élu, mais désigné par le Congrès le 1er janvier 2002 dans une Argentine au bord du chaos. Mais la victoire de M. Kirch- ner, consécutive à l’abandon de son adversaire, l’ex-président Car- los Menem, n’est pas sans poser la question de la gouvernabilité de l’Argentine.

ARMÉNIE

Superficie : 29 800 km 2 Population : 3 061 000 hab.

Capitale : Erevan (1 284 000 hab.)

Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Robert Kotcharian Chef du gouvernement : Adra- nik Markarian Organisation administrative : 37 districts ruraux Langue officielle : arménien Religion : Église arménienne Monnaie : dram arménien ➡ HISTORIQUE XVe siècle : les Turcs se rendent maîtres de l’Arménie.

1829 : la Russie annexe l’Arménie orientale.

1915 : génocide de près de 1,5 million d’Arméniens par les Turcs.

1918 : l’Arménie orientale pro- clame son indépendance.

1920 : la nouvelle république est soviétisée et la région du Karabakh est rattachée à l’Azerbaïdjan.

1991 : nouvelle proclamation de l’indépendance.

1992-1995 : conflit avec l’Azerbaïdjan.

➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 135 hab./km 2 Part de la population urbaine : 69,7 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 23,7 %, 15-65 ans 63,1 %, + 65 ans 13,2 %

Taux de natalité : 10,75 ‰ Taux de mortalité : 7,64 ‰ Taux de mortalité : infantile 15,4 ‰

Espérance de vie : hommes 71 ans, femmes 78 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 2,43 milliard de $ PNB/hab. : 790 $

Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 12,9 % Taux annuel d’inflation (2002) : 1,1 %

Structure du PIB : 28,7 % pour l’agriculture, 32,6 % pour l’industrie, 38,7 % pour les services

Dette extérieure : 666 millions de $ Défense Total forces armées : 53 400 hommes Budget de la Défense 3,4 % du PIB ➡ TENDANCES

Les élections générales du 5 mars et du 25 mai ont reconduit le pouvoir en place. Par ailleurs, en Arménie comme en Azer- baïdjan, la relance du proces- sus de règlement du conflit du Haut Karabagh a été reportée au lendemain des élections. De nouveau en charge des affaires, le gouvernement retrouve la question de la dette et doit enga- ger les réformes pour attirer les investissements. downloadModeText.vue.download 233 sur 370

STATISTIQUES

231

AUSTRALIE

Superficie : 7 700 000 km 2 Population : 19 731 000 hab.

Capitale : Canberra 368 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Roi) Élisa- beth II représentée par Michael Jeffery

Chef du gouvernement : John Howard

Organisation administrative : 2 territoires, 6 États Langue officielle : anglais Religions : protestantisme, catholicisme Monnaie : dollar australien

➡ HISTORIQUE

1901 : l’Australie accède au statut de Commonwealth of Australia.

1914-1918 : 60 000 soldats australiens sont tués lors de la Première Guerre mondiale (30 000 lors de la Seconde).

Années 60 et 70 : forte expan- sion économique et gouverne- ments libéraux.

1983 : retour des travaillistes au pouvoir. 1988 : relâchement des liens avec la Grande-Bretagne.

1996 : le conservateur John Howard nouveau Premier ministre.

2000 : par référendum, les Aus- traliens rejettent la transforma- tion du pays en république.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 2 hab./km 2 Part de la population urbaine : 84,7 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 20,5 %, 15-65 ans 63,2 %, + 65 ans 16,3 %

Taux de natalité : 13,13 ‰ Taux de mortalité : 7,59 ‰ Taux de mortalité : infantile 5,2 ‰

Espérance de vie : hommes 76 ans, femmes 82 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 387 milliards de $ PNB/hab. : 19 740 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 3,8 % Taux annuel d’inflation (2000) : 4,5 %

Structure de la population active : agriculture 5,2 %, mines et industrie 22,1 %, services 72,7 % Structure du PIB : 28 % pour l’industrie Dette brute : 33,6 % du PIB Taux de chômage : 3,7 % Défense Total forces armées : 55 200 hommes Budget de la Défense 1,7 % du PIB

Éléments du niveau de vie Nombre d’habitants pour 1 médecin 400 Apport en calories 3 001 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400) Automobiles : 485/1 000 hab. Téléphones : 505/1 000 hab. Télévisions : 495/1 000 hab.

➡ TENDANCES

La lutte contre l’immigration et la poursuite de la libéralisation de l’économie ont constitué les principales tâches du gouverne- ment australien conduit par John Howard. Ce dernier a choisi de soutenir les États-Unis au sujet de l’intervention en Irak, prenant à revers une opinion a priori hostile au cavalier seul américain. Sur le plan économique, l’année 2003 aura été un bon millésime. Le taux de croissance de l’Australie la place au deuxième rang des pays de l’OCDE, juste derrière l’Irlande.

AUTRICHE

Superficie : 84 000 km 2 Population : 8 116 000 hab.

Capitale : Vienne (2 100 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel downloadModeText.vue.download 234 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

232

Chef de l’État : (Président fédéral) Thomas Klestil Chef du gouvernement : Wol- fgang Schüssel Organisation administrative : 9 États fédérés Langue officielle : allemand Religion : catholicisme Monnaie : euro

➡ HISTORIQUE 1918-1920 : démantèlement de l’empire des Habsbourg.

1920 : proclamation de la Ré- publique fédérale d’Autriche.

1938 : rattachement (Anschluss) de l’Autriche à l’Allemagne nazie. 1945 : proclamation de la IIe République fédérale d’Autriche.

1986 : élection à la présidence de Kurt Waldheim contesté pour son passé nazi.

1995 : adhésion de l’Autriche à l’Union européenne.

2000 : constitution d’un gou- vernement de coalition avec l’extrême droite.

➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 98 hab./km 2 Part de la population urbaine : 64,6 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 16,6 %, 15-65 ans 62,7 %, + 65 ans 20,7 %

Taux de natalité : 9,65 ‰ Taux de mortalité : 10 ‰ Taux de mortalité : infantile 4,7 ‰

Espérance de vie : hommes 75 ans, femmes 81 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 1 905 milliards de $ PNB/hab. : 23 390 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 0,9 %

Taux annuel d’inflation (2000) : 2,4 %

Structure de la population active : agriculture 2,2 %, mines et industrie 32,9 %, services 64,9 % Structure du PIB : 1,5 % pour l’agriculture, 30,5 % pour l’industrie Dette brute : 63,1 % du PIB Taux de chômage : 6,4 % Défense Total forces armées : 40 500 hommes Budget de la Défense 0,8 % du PIB

Éléments du niveau de vie Nombre d’habitants pour 1 médecin 357 Apport en calories 3 343 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400)

Automobiles : 469/1 000 hab.

Téléphones : 492/1 000 hab.

Télévisions : 497/1 000 hab.

➡ TENDANCES Six mois après la chute du gou- vernement issu de l’alliance « noir-bleu », et bien que le FPÖ soit sorti affaibli des élections lé- gislatives, le chancelier Wolfgang Schüssel a pris le risque de faire appel à son ancien partenaire. Un risque politique dont les consé- quences pourraient bien échap- per au chef du gouvernement dans un contexte économique et social particulièrement tendu sur fond de réformes des retraites, qui absorbent 14,5 % du PIB – le système des retraites est l’un des plus onéreux d’Europe. Pourtant, l’Autriche reste la quatrième na- tion la plus riche d’Europe : après trente ans de déficit, le pays est aujourd’hui sur la voie de l’équi- libre budgétaire.

AZERBAÏDJAN

Superficie : 87 000 km 2 Population : 8 370 000 hab.

Capitale : Bakou 1 720 000 hab.

(1 936 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Ilham Aliev Chef du gouvernement : Artur Rasizade Organisation administrative : 65 régions, 1 république auto- nome, 11 villes Langue officielle : azéri Religion : islam chiite Monnaie : manat azerbaïdjanais ➡ HISTORIQUE

1828 : annexion du nord du pays par la Russie. downloadModeText.vue.download 235 sur 370

STATISTIQUES

233

1920 : soviétisation du pays.

1991 : proclamation de l’indépendance.

1992 : conflit avec l’Armé- nie pour la possession du Karabakh.

1993 : Gueidar Aliev, ancien secrétaire du Parti communiste accède à la présidence.

Il déjoue deux tentatives de putsch en 1994 et 1995.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 92 hab./km 2 Part de la population urbaine : 57 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 29 %, 15-65 ans 60,5 %, + 65 ans 10,5 % Taux de natalité : 14,7 ‰ Taux de mortalité : 6,73 ‰ Taux de mortalité : infantile 29,3 ‰

Espérance de vie : hommes 68 ans, femmes 75 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 5,81 milliards de $ PNB/hab. : 710 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 10,6 % Taux annuel d’inflation (2002) : 2,8 %

Structure de la population active : agriculture 30,3 %, mines et industrie 35,5 %, services 31,2 % Structure du PIB : 23,3 % pour l’agriculture, 35,4 % pour l’industrie, 31,2 % pour les services Dette extérieure : 504 millions de $ Défense Total forces armées : 69 900 hommes Budget de la Défense 2,8 % du PIB

➡ TENDANCES

Le scrutin du 15 octobre 2003 a entériné la nature dynastique du pouvoir en portant Ilham Aliev à la présidence, où il succède à son père Gueïdar, gravement ma- lade. Cette victoire entachée de fraudes a été saluée à Bakou par des manifestations violemment réprimées. Sur le plan écono- mique, les restructurations et les privatisations sont restées à l’état de projet.

BAHAMAS

Superficie : 13 900 km 2 Population : 314 000 hab.

Capitale : Nassau 214 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Roi) Élisa- beth II représentée par Ivy Dumont

Chef du gouvernement : Perry Christie

Organisation administrative : 21 districts

Langue officielle : anglais Religion : protestantisme Monnaie : dollar des Bahamas ➡ HISTORIQUE

1718 : l’archipel devient une colonie britannique.

1964 : constitution d’un gouver- nement autonome.

1973 : indépendance de l’archipel. 1987 : malgré la découverte de l’implication de hauts digni- taires de son parti (le PLP) dans un important trafic de cocaïne, Lynden O. Pindling est réélu pour la cinquième fois au poste de Premier ministre.

1992 : le leader du MLN accède au pouvoir.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 30 hab./km 2 Part de la population urbaine : 88,1 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 29,6 %, 15- 65 ans 62,4 %, + 65 ans 8 % Taux de natalité : 19,12 ‰ Taux de mortalité : 4,94 ‰ Taux de mortalité : infantile 17,2 ‰

Espérance de vie : hommes 70 ans, femmes 76 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 4,53 milliards de $ PNB/hab. : 14 960 $ Taux annuel d’inflation (2002) : 1,9 % Défense Total forces armées : 860 hommes Budget de la Défense 0,6 % du PIB downloadModeText.vue.download 236 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

234

BAHREÏN

Superficie : 660 km 2 Population : 724 000 hab.

Capitale : Manama 162 000 hab. dans l’agglomération Nature de l’État et du régime politique : monarchie Chef de l’État : (Émir) Hamad ibn Isa Al Khalifa Chef du gouvernement : Kha- lifa ibn Salman Al Khalifa Organisation administrative : 12 régions Langue officielle : arabe Religion : islam Monnaie : dinar de Bahreïn ➡ HISTORIQUE

XVIe siècle : occupation portugaise.

XVIIe siècle : occupation perse.

1914 : protectorat britannique.

1971 : proclamation de l’indépendance.

1973 : élaboration d’une Constitution, suspendue sine die depuis 1975.

1981 : adhésion au Conseil de coopération du Golfe.

1996 : émeutes et attentats.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 966 hab./km 2 Part de la population urbaine : 91,8 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 28,2 %, 15- 65 ans 67,1 %, + 65 ans 4,7 % Taux de natalité : 19,8 ‰ Taux de mortalité : 3,58 ‰ Taux de mortalité : infantile 14,4 ‰

Espérance de vie : hommes 71 ans, femmes 76 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 7,25 milliards de $ PNB/hab. : 11 130 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 4,1 % Structure du PIB : 0,93 % pour l’agriculture, 43,31 % pour l’industrie, 55,75 % pour les services Défense Total forces armées : 11 000 hommes Budget de la Défense 4,8 % du PIB ➡ TENDANCES

L’émir Cheikh Hamad, qui s’était décrété roi en février 2002, a conduit en 2003 une politique tout en finesse sur fonds de guerre contre le régime de Sad- dam Hussein. Il lui a en effet fallu ménager et l’allié américain et une population largement hos- tile à l’intervention « Liberté pour l’Irak ». Ainsi, Manama a accepté d’accueillir le commandement de la Ve flotte américaine.

BANGLADESH

Superficie : 143 000 km 2 Population : 146 736 000 hab.

Capitale : Dacca 9 000 000 hab. dans l’agglomération Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État : (Président de la République) Lajuddin Ahmed Chef du gouvernement : Kha- leda Zia

Organisation administrative : 5 divisions Langue officielle : bengali Religion : islam Monnaie : taka

➡ HISTORIQUE

1757 : domination britannique.

1947 : partage du Bengale en deux : la partie orientale est dévolue au Pakistan, tandis downloadModeText.vue.download 237 sur 370

STATISTIQUES

235 que la partie occidentale va à l’Inde. 1971 : après une guerre contre le Pakistan, le Bengale oriental devient le Bangladesh.

1975 : assassinat du leader historique cheik Mujibur Rahman.

1991 : rétablissement du sys- tème parlementaire.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 981 hab./km 2 Part de la population urbaine : 24 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 38,7 %, 15- 65 ans 56,4 %, + 65 ans 4,9 % Taux de natalité : 27,98 ‰ Taux de mortalité : 9,59 ‰ Taux de mortalité : infantile 67 ‰

Espérance de vie : hommes 60 ans, femmes 61 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 48,5 milliards de $ PNB/hab. : 360 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 4,4 % Taux annuel d’inflation (2002) : 2,4 %

Structure de la population active : agriculture 63,2 %, mines et industrie 9,6 %, ser- vices 27,2 % Structure du PIB : 25,3 % pour l’agriculture, 24,3 % pour l’industrie, 50,5 % pour les services

Dette extérieure : 15 125 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 137 000 hommes Budget de la Défense 1,8 % du PIB

➡ TENDANCES

Engagé depuis son arrivée au pouvoir en 2001 dans la lutte contre la criminalité, le gouver- nement de Khaleda Zia n’a guère obtenu de résultats. Il aura été plus heureux dans ses efforts pour stabiliser l’environnement macroéconomique, comme en témoigne une croissance esti- mée à 5 % en 2003.

BARBADE

Superficie : 431 km 2 Population : 270 000 hab.

Capitale : Bridgetown 133 000 hab. dans l’agglomération Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Roi) Élisa- beth II représentée par Clifford Husbands Chef du gouvernement : Owen Arthur

Organisation administrative : 11 paroisses Langue officielle : anglais Religion : protestantisme

Monnaie : dollar de la Barbade ➡ HISTORIQUE

1966 : ancienne colonie britannique, l’île proclame son indépendance.

1994 : Owen Arthur succède à L. Erksine Sandiford comme Premier ministre.

1998 : O. Arthur propose la constitution d’une fédération des îles de la région.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 620 hab./km 2 Part de la population urbaine : 49,5 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 20,7 %, 15-65 ans 65,9 %, + 65 ans 13,4 %

Taux de natalité : 13,62 ‰ Taux de mortalité : 8,22 ‰ Taux de mortalité : infantile 10,9 ‰ Espérance de vie : hommes 73 ans, femmes 78 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 2,61 milliards de $ PNB/hab. : 9 750 $ Taux annuel d’inflation (2002) : 1,5 %

Structure de la population active : agriculture 4,7 %, mines et industrie 19,6 %, services 75,7 % Dette extérieure : 644 millions de $ Défense Total forces armées : 610 hommes Budget de la Défense 0,4 % du PIB downloadModeText.vue.download 238 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

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BELGIQUE

Superficie : 30 500 km 2 Population : 10 318 000 hab.

Capitale : Bruxelles 134 395 hab. (1 100 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Roi) Albert II Chef du gouvernement : Guy Verhofstadt Organisation administrative : 3 régions Langues officielles : néerlan- dais, français, allemand Religion : catholicisme Monnaie : euro

➡ HISTORIQUE

1831 : reconnaissance défini- tive de l’indépendance de la Belgique.

1945 : adhésion à l’ONU, au Benelux (1948) et à l’OTAN (1949). 1951 : Baudouin Ier succède à son père Léopold III.

1958 : le pacte scolaire met fin à l’opposition entre l’Église catholique et les partis libéral et socialiste.

1960 : indépendance du Congo.

1977 : le pacte d’Egmont dé- coupe le pays en trois régions semi-autonomes : Flandre, Wallonie, Bruxelles.

1993 : la Belgique devient un État fédéral. Albert II suc- cède sur le trône à son frère Baudouin Ier.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 312 hab./km 2 Part de la population urbaine : 97,2 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 17,3 %, 15-65 ans 60,6 %, + 65 ans 22,1 %

Taux de natalité : 11,1 ‰ Taux de mortalité : 10,51 ‰ Taux de mortalité : infantile 4,2 ‰

Espérance de vie : hommes 75 ans, femmes 81 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 240 milliards de $ PNB/hab. : 23 250 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 0,7 % Taux annuel d’inflation (2000) : 1,6 %

Structure de la population active : agriculture 2,3 %, mines et industrie 26 %, ser- vices 73 % Structure du PIB : 1,5 % pour l’agriculture, 27,8 % pour l’industrie, 70,8 % pour les services

Dette brute : 115,9 % du PIB Taux de chômage : 7 % Défense Total forces armées : 41 750 hommes Budget de la Défense 1,1 % du PIB

Éléments du niveau de vie

Apport en calories 3 543 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400)

Automobiles : 433/1 000 hab. Téléphones : 468/1 000 hab. Télévisions : 454/1 000 hab.

➡ TENDANCES

Les Belges ont assumé avec détermination leur opposition à une intervention américaine uni- latérale en Irak. Tout au long de la crise, la population, les médias et la quasi-totalité de la classe poli- tique se sont accordés pour pri- vilégier les moyens de pression diplomatiques qui permettent d’éviter le recours à la force. Une détermination dont ont tenu compte les partis politiques lors des élections législatives de mai. Celles-ci ont vu la victoire des so- cialistes et des libéraux, lesquels ont formé une nouvelle coalition sous la conduite de Guy Verhofs- tadt, le Premier ministre sortant. downloadModeText.vue.download 239 sur 370

STATISTIQUES

237

BELIZE

Superficie : 23 000 km 2 Population : 256 000 hab.

Capitale : Belmopan 6 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Reine) Élisa- beth II représentée par Colville Young

Chef du gouvernement : Said Musa Organisation administrative : 6 districts Langue officielle : anglais Religion : catholicisme Monnaie : dollar de Belize ➡ HISTORIQUE 1862 : la région passe sous contrôle britannique.

1981 : proclamation de l’indépendance.

1993 : signature d’un traité de non-agression avec le Gua- temala, qui avait longtemps contesté l’indépendance de Belize.

1994 : les forces britanniques quittent définitivement le territoire.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 11 hab./km 2 Part de la population urbaine : 53,4 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 38,4 %, 15- 65 ans 55,6 %, + 65 ans 6 % Taux de natalité : 30,06 ‰ Taux de mortalité : 4,21 ‰ Taux de mortalité : infantile 30 ‰

Espérance de vie : hommes 70 ans, femmes 74 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,75 milliard de $ PNB/hab. : 2 960 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 3,5 % Taux annuel d’inflation (2002) : 1,2 %

Structure du PIB : 18,6 % pour l’agriculture, 25 % pour l’indus- trie, 56,3 % pour les services Dette extérieure : 383 millions de $ Défense Total forces armées : 1 050 hommes Budget de la Défense 1,3 % du PIB ➡ TENDANCES Le gouvernement a fait de la diversification de la production agricole et du développement du tourisme l’axe de sa politique économique et sociale. En dépit de la croissance, le pays manque toujours de devises. Il est vrai que recettes tirées des privatisations n’ont pas suffi à combler le déficit budgétaire.

BÉNIN

Superficie : 113 000 km 2 Population : 6 736 000 hab.

Capitale : Porto-Novo 213 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime présidentiel Chef de l’État et du gouverne- ment : (Président de la Répu- blique) Mathieu Kérékou Organisation administrative : 6 départements Langue officielle : français Religions : catholicisme, animisme Monnaie : franc CFA

➡ HISTORIQUE

1883 : la France signe un accord de protectorat avec le roi Toffa.

1904 : le Dahomey devient une colonie française.

1960 : indépendance du Dahomey.

1975 : le Dahomey devient la République populaire downloadModeText.vue.download 240 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

238 un redéploiement des activités vers le port de Cotonou. du Bénin, d’obédience marxiste-léniniste.

1990 : proclamation de la République du Bénin, avec une nouvelle Constitution reconnaissant le multipartisme.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 55 hab./km 2 Part de la population urbaine : 41,5 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 46,4 %, 15- 65 ans 49,4 %, + 65 ans 4,2 % Taux de natalité : 40,08 ‰ Taux de mortalité : 13 ‰ Taux de mortalité : infantile 80,6 ‰

Espérance de vie : hommes 51 ans, femmes 55 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 2,5 milliards de $ PNB/hab. : 380 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 5,8 % Taux annuel d’inflation (2002) : 2,3 %

Structure du PIB : 37,9 % pour l’agriculture, 13,8 % pour l’industrie, 48,3 % pour les services

Dette extérieure : 1 624 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 4 800 hommes Budget de la Défense 1,3 % du PIB ➡ TENDANCES Les élections législatives par- tielles qui se sont déroulées le 30 mars 2003 ont vu une large victoire des formations soutenant le président Mathieu Kérékou.

L’économie du pays a profité de la crise en Côte d’Ivoire, grâce à

BHOUTAN

Superficie : 47 000 km 2 Population : 2 257 000 hab.

Capitale : Thimbu 28 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : monarchie Chef de l’État : (Roi) Jigme Singye Wangchuck Chef du gouvernement : Lyonpo Jigmi Thinley Organisation administrative : 20 districts Langue officielle : tibétain Religion : bouddhisme Monnaies : roupie indienne, ngultrum ➡ HISTORIQUE

1910 : accord de semi-protec- torat avec la Grande-Bretagne.

1959 : de nombreux réfugiés tibétains affluent au Bhoutan.

1971 : le Bhoutan entre à l’ONU.

1979 : les réfugiés tibétains sont sommés de prendre la nationalité bhoutanaise ou de rentrer au Tibet.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 17 hab./km 2 Part de la population urbaine : 6,9 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 42,7 %, 15- 65 ans 50,8 %, + 65 ans 6,5 % Taux de natalité : 38,4 ‰ Taux de mortalité : 9,78 ‰ Taux de mortalité : infantile 53,6 ‰

Espérance de vie : hommes 60 ans, femmes 63 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,505 milliard de $ PNB/hab. : 590 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 7,7 % Taux annuel d’inflation (2002) : 5 %

Structure du PIB : 37,7 % pour l’agriculture, 36,7 % pour l’industrie, 25,6 % pour les services

Dette extérieure : 89 millions de $ downloadModeText.vue.download 241 sur 370 STATISTIQUES

239

BIÉLORUSSIE

Superficie : 208 000 km 2 Population : 9 895 000 hab.

Capitale : Minsk 1 800 000 hab. dans l’agglomération Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Aleksandr Loukachenko Chef du gouvernement : Ser- gueï Sidorski Organisation administrative : 6 provinces Langues officielles : russe, biélorusse Religion : orthodoxie Monnaie : rouble biélorusse ➡ HISTORIQUE

1793 : après le partage de la Pologne, la Biélorussie est annexée par la Russie.

1919 : soviétisation du pays.

1941-1944 : occupation allemande.

La moitié de la population est anéantie.

1991 : indépendance de la Bié- lorussie, qui forme la CEI avec la Russie et l’Ukraine.

1994 : le nouveau président Aleksandr Loukachenko insti- tue un régime autoritaire et se rapproche de la Russie.

➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 48 hab./km 2 Part de la population urbaine : 70,7 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 18,7 %, 15-65 ans 62,4 %, + 65 ans 18,9 % Taux de natalité : 9,23 ‰ Taux de mortalité : 13,2 ‰ Taux de mortalité : infantile 12,5 ‰

Espérance de vie : hommes 62 ans, femmes 74 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 13,5 milliards de $ PNB/hab. : 1 360 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 4,7 % Taux annuel d’inflation (2002) : 42,6 %

Structure du PIB : 12,9 % pour l’agriculture, 42,1 % pour l’industrie, 45 % pour les services

Dette extérieure : 1 162 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 80 900 hommes Budget de la Défense 0,9 % du PIB ➡ TENDANCES Aux marges d’une Europe élar- gie, la Biélorussie a continué de perpétuer le modèle soviétique sous la férule du président Lou- kachenko. Un régime autoritaire qui s’installe dans la durée dans un pays en autarcie, où l’éco- nomie montre les signes d’une reprise. En effet, la Biélorussie a confirmé sa position de produc- teur performant d’armements, de tracteurs et d’outils de haute précision, sans réussir à endiguer la pauvreté.

BIRMANIE

Superficie : 678 000 km 2 Population : 49 485 000 hab.

Capitale : Ran- goon 2 513 023 hab.

(4 196 000 hab. dans l’agglomération) Chef de l’État et du gouverne- ment : général Than Shwe Organisation administrative : 7 provinces, 7 États Langue officielle : birman Religion : bouddhisme Monnaie : kyat ➡ HISTORIQUE

1886 : la Birmanie devient une province de l’Empire britan- nique des Indes. downloadModeText.vue.download 242 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

240

1937 : la Birmanie est sépa- rée des Indes britanniques et s’achemine vers une semi-autonomie.

1942-1945 : occupation japonaise.

1948 : l’Union birmane accède à l’indépendance. Les minori- tés karen et kachin entrent en dissidence.

1962 : le président U Nu est déposé par l’armée.

1988 : l’armée reprend le pouvoir.

1990 : des élections ont lieu, mais les militaires refusent d’accepter la victoire de la Ligue nationale pour la démo- cratie dirigée par Aung San Suu Kyi.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 68 hab./km 2 Part de la population urbaine : 27,3 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 33,1 %, 15- 65 ans 67,2 %, + 65 ans 6,8 % Taux de natalité : 25,76 ‰ Taux de mortalité : 9,35 ‰ Taux de mortalité : infantile 87,2 ‰

Espérance de vie : hommes 58 ans, femmes 61 ans Indicateurs socio-économiques Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 5,5 % Taux annuel d’inflation (2002) : 46,9 %

Structure du PIB : 58,6 % pour l’agriculture, 10,4 % pour l’industrie, 30,9 % pour les services

Dette extérieure : 5 074 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 429 000 hommes Budget de la Défense 2,1 % du PIB

➡ TENDANCES

Un an après avoir été remise en liberté au terme de fortes pres- sions internationales, madame Aung San Suu Kyi, chef de file de la Ligue nationale pour la démo- cratie, a de nouveau été assignée à résidence. Une mesure qui semble refermer la timide ouver- ture amorcée par les autorités birmanes.

BOLIVIE

Superficie : 1 100 000 km 2 Population : 8 808 000 hab.

Capitales : Sucre 172 000 hab., La Paz 1 480 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime présidentiel Chef de l’État et du gouver- nement : (Président de la République) Carlos Mesa Organisation administrative : 9 départements Langues officielles : quechua, espagnol, aymara Religion : catholicisme Monnaie : boliviano

➡ HISTORIQUE

1825 : indépendance de la Bolivie, Simon Bolivar premier président.

1884 : le Chili enlève toute façade maritime au pays.

1952 : arrivée au pouvoir de Paz Estenssoro.

1964 : Paz Estenssoro est renversé par les militaires.

1985 : retour au pouvoir de Paz Estenssoro.

1992 : un accord avec le Pérou redonne au pays un accès à la mer.

1997 : retour au pouvoir par les élections de l’ancien dictateur Hugo Bánzer, qui s’engage à éradiquer la culture de la coca.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 8 hab./km 2 Part de la population urbaine : 61,9 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 39,6 %, 15- 65 ans 54,2 %, + 65 ans 6,2 % Taux de natalité : 32,4 ‰ Taux de mortalité : 9,11 ‰ Taux de mortalité : infantile 55,6 ‰

Espérance de vie : hommes 60 ans, femmes 64 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 7,86 milliards de $ PNB/hab. : 900 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 2,5 % Taux annuel d’inflation (2002) : 0,9 %

Structure du PIB : 18,4 % pour l’agriculture, 18,1 % pour l’industrie, 63,5 % pour les services

Dette extérieure : 5 247 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 32 500 hommes downloadModeText.vue.download 243 sur 370

STATISTIQUES

241

Budget de la Défense 2,1 % du PIB

➡ TENDANCES

De violentes manifestations ont de nouveau ponctué l’année économique et sociale de la Boli- vie. Confronté à une grave crise de gouvernabilité, le régime du président Gonzalo Sanchez de Lozada – élu en 2002 – a été ac- culé à la démission sous la pres- sion de la rue. Le président Gon- zalo Sanchez de Lozada a laissé le pouvoir à Carlos Mesa Gisbert, qui a formé un gouvernement ne comptant aucun ministre repré- sentant un parti politique.

BOSNIE

HERZÉGOVINE

Superficie : 51 100 km 2 Population : 4 161 000 hab.

Capitale : Sarajevo 522 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel

Chef de l’État : Borislav Paravac (président de la prési- dence collégiale) Dragan Covic Suleiman Tihic Organisation administrative : 2 entités

Langue officielle : serbo-croate Religions : orthodoxie, islam, catholicisme Monnaie : mark convertible ➡ HISTORIQUE XVe siècle : conquête de la région par les Ottomans.

1878 : la Bosnie-Herzégovine sous contrôle de l’Empire austro-hongrois.

1914 : assassinat de l’archi- duc François-Ferdinand à Sarajevo.

1918 : intégration au nouveau royaume de Yougoslavie. 1946 : devient une des six républiques autonomes de la République de Yougoslavie.

1992 : guerre civile avec les Serbes.

1995 : accords de Dayton instituant la Fédération croato- musulmane et la République serbe de Bosnie.

➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 76 hab./km 2 Part de la population urbaine : 42,6 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 18,9 %, 5-65 ans 66,2 %, + 65 ans 14,9 %

Taux de natalité : 12,78 ‰ Taux de mortalité : 7,41 ‰ Taux de mortalité : infantile 13,5 ‰

Espérance de vie : hommes 71 ans, femmes 75 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 5,23 milliards de $

PNB/hab. : 1 270 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 3,9 % Défense Total forces armées : 86 000 hommes Budget de la Défense 4,6 % du PIB

➡ TENDANCES La Bosnie-Herzégovine attend avec impatience une intégration à l’Union européenne suspendue à l’amélioration de son économie et à la normalisation des relations entre ses composantes eth- niques. Des exigences rappelées par le pape lors de son voyage en juin à Banja Luka. Les ravages causés par la guerre sont encore bien visibles et l’aide internatio- nale est loin de suffire à relancer l’économie du pays. On estime qu’il faudra attendre quinze ans avant de retrouver les niveaux de production de 1989. BOTSWANA

Superficie : 570 000 km 2 Population : 1 785 000 hab. downloadModeText.vue.download 244 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

242

Capitale : Gaborone 254 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État et du gouver- nement : (Président de la République) Festus Mogae Organisation administrative : 10 districts Langue officielle : anglais Religions : protestantisme, animisme Monnaie : pula

➡ HISTORIQUE

1885 : protectorat britannique.

1960 : semi-autonomie.

1966 : proclamation de l’indépendance.

1977 : remplacement du rand sud-africain par une monnaie nationale.

1997 : le Botswana porte devant la Cour internationale de justice son différend avec la Namibie sur le contrôle des eaux de l’Okavango.

1998 : élection de Festus Mogae, qui entend poursuivre la politique démocratique de ses prédécesseurs.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 3 hab./km 2 Part de la population urbaine : 49,8 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 42,1 %, 15- 65 ans 53,4 %, + 65 ans 4,5 % Taux de natalité : 32,62 ‰

Taux de mortalité : 14,86 ‰

Taux de mortalité : infantile

67,2 ‰

Espérance de vie : hommes

40 ans, femmes 39 ans

Indicateurs socio-économiques

PNB : 5,1 milliards de $

PNB/hab. : 2 980 $

Taux de croissance annuelle du

PIB (2002) : 2,6 %

Taux annuel d’inflation (2002) :

5,5 %

Structure du PIB : 3,6 % pour l’agriculture, 45,4 % pour l’industrie, 51 % pour les services

Dette extérieure : 562 millions de $

Défense

Total forces armées :

9 000 hommes

Budget de la Défense 4,2 % du PIB

➡ TENDANCES

La perspective des élections générales prévues pour l’année

2004 a largement conditionné la vie politique, l’opposition se montrant particulièrement offen- sive à l’égard du président Festus Mogae. On verra dans la vitalité des débats politiques un hom- mage à l’un des rares régimes d’Afrique où la démocratie n’est pas un mot creux.

BRÉSIL

Superficie : 8 512 000 km 2 Population : 178 470 000 hab.

Capitale : Brasília 2 043 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime présidentiel Chef de l’État et du gouver- nement : (Président de la République) Luiz Inacio Lula da Silva

Organisation administrative : 1 district fédéral, 26 États Langue officielle : portugais Religion : catholicisme Monnaie : real ➡ HISTORIQUE

1500 : découverte du Brésil par Pedro Alvares Cabral.

1522 : colonie portugaise.

1822 : Pierre Ier proclame l’indépendance du Brésil.

1891 : établissement d’une république fédéraliste et laïque.

1930 : coup d’État militaire ; Getúlio Vargas instaure un régime autoritaire. downloadModeText.vue.download 245 sur 370

STATISTIQUES

243

1956-1964 : les présidents Kubitschek, Quadros et Goulart mènent des politiques réformatrices.

1964 : les militaires reprennent le pouvoir.

1985 : les civils reviennent aux affaires avec l’élection du président Tancredo Neves.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 20 hab./km 2 Part de la population urbaine : 80,7 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 28,8 %, 15- 65 ans 63,4 %, + 65 ans 7,8 % Taux de natalité : 20,04 ‰ Taux de mortalité : 7,23 ‰ Taux de mortalité : infantile 38,3 ‰

Espérance de vie : hommes 63 ans, femmes 71 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 497 milliards de $ PNB/hab. : 2 850 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 1,5 % Taux annuel d’inflation (2002) : 8,4 %

Structure de la population active : agriculture 27,3 %, mines et industrie 18,3 %, services 54,3 % Structure du PIB : 8,6 % pour l’agriculture, 30,6 % pour l’industrie, 60,8 % pour les services

Dette extérieure : 193 663 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 291 000 hommes

Budget de la Défense 1,7 % du PIB

Éléments du niveau de vie

Analphabétisme 16,7 %

Nombre d’habitants pour

1 médecin 714 Apport en calories 2 938 par jour et par hab. (norme FAO :

2 400)

Automobiles 84/1 000 hab.

Téléphones 107/1 000 hab. Télévisions 220/1 000 hab.

➡ TENDANCES

Investi en janvier, le président

Lula s’est trouvé rapidement en proie à une grave crise écono- mique et sociale, qu’il a tenté de juguler en appliquant un pro- gramme d’austérité surveillé par le FMI ce qui lui a valu de nom- breuses critiques, y compris dans les rangs de sa propre formation politique, le Parti des travailleurs, sans pour autant entamer sa cote de popularité. Sur le plan exté- rieur, le président a de nouveau défendu l’idée que l’intégration sud-américaine permettra au sous-continent de mieux dé- fendre ses intérêts face aux États- Unis et à l’Union européenne. Il a ainsi proposé aux présidents de la région d’établir « un parle- ment du Mercosur qui serait élu directement par les électeurs de nos pays ».

BRUNEI Superficie : 5 765 km 2 Population : 358 000 hab.

Capitale : Bandar Seri Begawan 85 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : monarchie Chef de l’État et du gouver- nement : (Sultan) Hassanal Bolkiah

Organisation administrative : 4 districts Langue officielle : malais Religion : islam Monnaie : dollar de Brunei ➡ HISTORIQUE

1888 : protectorat britannique.

1963 : le Brunei refuse de rejoindre l’Indonésie.

1984 : proclamation de l’indépendance.

1985 : création du Brunei National Democratic Party (BNDP).

1988 : dissolution du BNDP par le sultan. downloadModeText.vue.download 246 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

244

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 61 hab./km 2 Part de la population urbaine : 71,6 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 31,9 %, 15- 65 ans 63 %, + 65 ans 5,1 % Taux de natalité : 20,86 ‰ Taux de mortalité : 3,05 ‰ Taux de mortalité : infantile 8,6 ‰

Espérance de vie : hommes 73 ans, femmes 78 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 7,75 milliards de $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 3 % Défense Total forces armées : 5 000 hommes Budget de la Défense 7,3 % du PIB

➡ TENDANCES

Les querelles familiales à la Cour et les luttes de pouvoir, dont l’Agence d’investissement à l’étranger a été le centre, ont constitué l’actualité politique. Sur le plan de la diversification éco- nomique, rendue nécessaire par l’épuisement à terme des gise- ments pétroliers, le sultanat n’a guère réussi à concrétiser dans les faits une volonté maintes fois affichée.

BULGARIE

Superficie : 111 000 km 2 Population : 7 897 000 hab.

Capitale : Sofia 1 192 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Gueorgui Parvanov Chef du gouvernement : Si- méon de Saxe-Cobourg-Gotha Organisation administrative : 9 districts Langue officielle : bulgare Religions : orthodoxie, islam Monnaie : lev

➡ HISTORIQUE XIVe siècle : conquête du pays par les Ottomans.

1878 : autonomie d’une grande partie du pays.

1908 : Ferdinand de Saxe- Cobourg proclame l’indépen- dance complète du pays et prend le titre de tsar.

1946 : proclamation de la République et instauration d’un régime socialiste.

1990 : rétablissement du pluralisme.

1991 : abolition de la Constitu- tion communiste.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 74 hab./km 2 Part de la population urbaine : 69,3 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 15,7 %, 15-65 ans 62,6 %, + 65 ans 21,7 %

Taux de natalité : 8,05 ‰ Taux de mortalité : 13,48 ‰ Taux de mortalité : infantile 15,2 ‰

Espérance de vie : hommes 68 ans, femmes 75 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 14,1 milliards de $ PNB/hab. : 1 790 $ Taux annuel d’inflation (2002) : 5,8 %

Structure du PIB : 15,1 % pour l’agriculture, 23,4 % pour l’industrie, 61,5 % pour les services

Dette extérieure : 9 858 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 80 760 hommes Budget de la Défense 2,2 % du PIB ➡ TENDANCES Après un soutien controversé aux États-Unis en Irak, la Bulga- rie s’est vu confirmer son entrée dans l’Union européenne pour 2007. Mais elle doit encore se mettre aux normes économiques et institutionnelles de l’Europe.

L’inflation et le chômage restent downloadModeText.vue.download 247 sur 370

STATISTIQUES

245 en effet élevés en dépit des nom- breuses réformes entamées.

BURKINA FASO

Superficie : 275 000 km 2 Population : 13 002 000 hab.

Capitale : Ouagadougou 1 130 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président) Blaise Compaoré Chef du gouvernement : Para- manga Ernest Yonli Organisation administrative : 45 provinces Langue officielle : français Religions : islam, animisme Monnaie : franc CFA

➡ HISTORIQUE 1899 : les Français occupent l’ensemble de la région.

1960 : indépendance de la Haute-Volta.

1966 : l’armée prend le pouvoir.

1983 : le capitaine Thomas Sankara dirige le Conseil national de la révolution et engage une politique progressiste.

Le pays est rebaptisé Burkina Faso.

1987 : Thomas Sankara est tué lors d’un coup d’État mené par le capitaine Blaise Compaoré.

1991 : établissement d’une nouvelle Constitution et tenue d’une élection présidentielle que remporte le chef de l’État sortant, Blaise Compaoré.

➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 40 hab./km 2 Part de la population urbaine : 18 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 48,7 %, 15- 65 ans 46,5 %, + 65 ans 4,8 % Taux de natalité : 43,92 ‰ Taux de mortalité : 18,59 ‰ Taux de mortalité : infantile 86,6 ‰

Espérance de vie : hommes 44 ans, femmes 46 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 2,64 milliards de $ PNB/hab. : 220 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 5,2 % Taux annuel d’inflation (2002) : 2,7 %

Structure du PIB : 31,3 % pour l’agriculture, 28,3 % pour l’industrie, 40,4 % pour les services

Dette extérieure : 1 297 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 10 000 hommes Budget de la Défense 2,3 % du PIB

➡ TENDANCES La guerre civile qui fait rage en Côte d’Ivoire a conduit les auto- rités du Burkina à prendre langue avec leurs homologues ivoi- riennes. Ces dernières ont accusé le Burkina Faso d’épauler la rébel- lion, ce que le gouvernement de Ouagadougou a démenti.

BURUNDI

Superficie : 28 000 km 2 Population : 6 825 000 hab.

Capitale : Bujumbura 321 000 hab.

Chef de l’État : Dominitien Ndayizeye Organisation administrative : 15 provinces Langues officielles : kirundi, français Religions : catholicisme, animisme Monnaie : franc du Burundi ➡ HISTORIQUE

XVIIe siècle : établissement d’un État.

1890 : colonisation allemande.

1916 : colonisation belge.

1962 : indépendance du Burundi. downloadModeText.vue.download 248 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

246

1966 : abolition de la royauté et établissement d’une république.

1972 : les violences entre Hutus et Tutsis font 300 000 victimes.

1987 : le major Pierre Buyoya prend le pouvoir.

1993 : le civil hutu Melchior N’Dadaye est élu à la prési- dence puis est assassiné.

1996 : après des années de violences, le major Buyoya reprend le pouvoir.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 260 hab./km 2 Part de la population urbaine : 8,7 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 47,6 %, 15- 65 ans 48,1 %, + 65 ans 4,3 % Taux de natalité : 41,08 ‰ Taux de mortalité : 19,89 ‰ Taux de mortalité : infantile 111,5 ‰ Espérance de vie : hommes 41 ans, femmes 43 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,704 milliard de $ PNB/hab. : 100 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 4,1 % Taux annuel d’inflation (2002) : – 1,4 % Structure du PIB : 52,2 % pour l’agriculture, 17,3 % pour l’industrie, 30,5 % pour les services

Dette extérieure : 1 066 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 45 500 hommes Budget de la Défense 5,6 % du PIB

➡ TENDANCES

L’année 2003 a vu le passage du témoin au sommet de l’État entre le Tutsi Pierre Buyoya et le Hutu Domitien Ndayizeye, tandis que se déployait parallèlement une force de maintien de la paix de l’Union africaine (MAB). Toute- fois, la situation sécuritaire restait compromise par les rebelles du FDD.

CAMBODGE

Superficie : 181 000 km 2 Population : 14 144 000 hab.

Capitale : Phnom Penh 984 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Roi) Norodom Sihanouk Chef du gouvernement : Hun Sen

Organisation administrative : 20 provinces, 3 municipalités autonomes Langue officielle : khmer

Religion : bouddhisme Monnaie : riel ➡ HISTORIQUE

1863 : protectorat français.

1945 : invasion japonaise.

1953 : indépendance du Cambodge.

1970 : renversement du roi Norodom Sihanouk par le général Lon Nol, soutenu par les Américains. 1975 : les Khmers rouges prennent le pouvoir. Près de deux millions de Cambodgiens périssent.

1978 : le Viêt Nam envahit le pays et établit un gouverne- ment qui lui est favorable.

1991 : un accord se fait entre les différentes familles poli- tiques pour organiser à terme des élections libres.

1993 : les communistes remportent les élections ; Sihanouk redevient roi.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 67 hab./km 2 Part de la population urbaine : 15,6 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 43,9 %, 15- 65 ans 51,7 %, + 65 ans 4,4 % Taux de natalité : 32,38 ‰ Taux de mortalité : 12,68 ‰ Taux de mortalité : infantile 72,5 ‰

Espérance de vie : hommes 52 ans, femmes 55 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 3,48 milliards de $ PNB/hab. : 280 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 4,5 % Taux annuel d’inflation (2002) : 3,3 %

Structure du PIB : 51 % pour l’agriculture, 14,5 % pour downloadModeText.vue.download 249 sur 370

STATISTIQUES

247 l’industrie, 34,3 % pour les services

Dette extérieure : 2 129 mil- lions de $

Défense Total forces armées :

149 000 hommes

Budget de la Défense 4,1 % du PIB

➡ TENDANCES

Les élections législatives qui se sont déroulées en juillet n’ont guère modifié le paysage poli- tique cambodgien. Ainsi, le Pre- mier ministre sortant, Hun Sen, a renoué pour cinq ans avec la direction du pays. On retiendra surtout de l’année écoulée le déblocage de principe du futur procès des chefs khmers rouges. Sur le plan économique, la crois- sance est certes soutenue, mais le pays reste sous perfusion de l’aide internationale. Le gou- vernement entend favoriser les investissements publics et déve- lopper les infrastructures.

CAMEROUN

Superficie : 475 000 km 2 Population : 16 018 000 hab.

Capitale : Yaoundé 1 440 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Paul Biya Chef du gouvernement : Peter Mafany Musonge Organisation administrative : 10 régions Langues officielles : français, anglais

Religions : protestantisme, catholicisme, animisme Monnaie : franc CFA ➡ HISTORIQUE 1868 : protectorat allemand.

1916 : tutelle franco-britannique.

1961 : indépendance du Came- roun français. Le Cameroun britannique se divise en une partie rattachée au Nigeria et une autre qui rejoint le Came- roun indépendant.

1972 : le président Ahidjo transforme le Cameroun fédé- ral en république unitaire, afin de souder les musulmans du Nord et les chrétiens du Sud.

1982 : Paul Biya succède à Ahmadou Ahidjo.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 32 hab./km 2 Part de la population urbaine : 48,1 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 43,1 %, 15- 65 ans 51,3 %, + 65 ans 5,6 % Taux de natalité : 37,52 ‰ Taux de mortalité : 12,43 ‰ Taux de mortalité : infantile 79,3 ‰

Espérance de vie : hommes 50 ans, femmes 52 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 8,75 milliards de $ PNB/hab. : 560 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 4,3 % Taux annuel d’inflation (2002) : 4,5 %

Structure du PIB : 43,5 % pour l’agriculture, 18,6 % pour l’industrie, 37,8 % pour les services

Dette extérieure : 9 293 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 22 100 hommes Budget de la Défense 1,6 % du PIB

➡ TENDANCES

Le Cameroun a célébré le 20 mai 2003 le 31e anniversaire de l’avè- nement de l’État unitaire dans un contexte marqué par des menaces de dissidence. Sur le plan économique, le Cameroun a réussi à assainir son appareil pro- ductif au prix d’une sévère cure downloadModeText.vue.download 250 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

248 d’austérité alliée à un programme ambitieux de privatisations.

CANADA

Superficie : 9 975 000 km 2 Population : 31 510 000 hab.

Capitale : Ottawa 323 340 hab.

(1 000 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Roi) Éli- sabeth II représentée par Adrienne Clarkson Chef du gouvernement : Jean Chrétien

Organisation administrative : 10 provinces, 3 territoires Langues officielles : français, anglais

Religions : protestantisme, catholicisme Monnaie : dollar canadien ➡ HISTORIQUE

1608 : Samuel de Champlain fonde Québec.

1763 : les Britanniques chassent les Français du Canada.

1840 : les Britanniques unifient le Canada.

1931 : autonomie complète du Canada au sein du Commonwealth.

1987 : l’accord « du lac Meech » octroie au Québec le statut de « société distincte ».

1992 : le Canada adhère à l’ALENA.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 3 hab./km 2 Part de la population urbaine : 77 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 19,1 %, 15-65 ans 64,2 %, + 65 ans 16,7 %

Taux de natalité : 11,1 ‰ Taux de mortalité : 7,07 ‰ Taux de mortalité : infantile 5,4 ‰

Espérance de vie : hommes 76 ans, femmes 82 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 700 milliards de $ PNB/hab. : 22 300 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 3,4 % Taux annuel d’inflation (2002) : 2 %

Structure de la population active : agriculture 3,9 %, mines et industrie 23,2 %, services 73 % Dette brute : 89,8 % du PIB Taux de chômage : 6,8 % Défense Total forces armées : 60 600 hommes Budget de la Défense 1,0 % du PIB

Éléments du niveau de vie Nombre d’habitants pour 1 médecin 476

Apport en calories 3 056 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400)

Automobiles : 440/1 000 hab. Téléphones : 609/1 000 hab. Télévisions : 714/1 000 hab.

➡ TENDANCES

Nullement affecté par les vicissi- tudes de l’économie mondiale, le

Canada a continué de recueillir les fruits des mesures d’austérité mises en place par le gouverne- ment de Jean Chrétien depuis le début des années 1990. Fort de cette prospérité économique, le Premier ministre canadien, qui devra passer le relais après les élections de 2004, s’est per- mis de prendre ses distances avec Washington, notamment pour ce qui concerne la guerre contre l’Irak. Le Canada n’en a pas moins affirmé sa volonté de participer activement à la

« guerre contre le terrorisme », comme en témoigne la présence massive de soldats canadiens en

Afghanistan. downloadModeText.vue.download 251 sur 370

STATISTIQUES

249

CAPVERT

Superficie : 4 000 km 2 Population : 463 000 hab.

Capitale : Praia 76 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Pedro Pires Chef du gouvernement : José Maria Neves Organisation administrative : 2 districts Langue officielle : portugais Religion : catholicisme Monnaie : escudo du Cap-Vert

➡ HISTORIQUE XVe siècle : établissement des Portugais dans l’île. Ceux- ci y font venir des esclaves d’Afrique.

1956 : création d’un mouve- ment séparatiste sous l’impul- sion d’Amilcar Cabral : le Parti africain de l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert.

1975 : indépendance de l’île.

1990 : instauration du multipartisme.

1992 : adoption d’une nouvelle Constitution.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 106 hab./km 2 Part de la population urbaine : 60,6 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 39,3 %, 15- 65 ans 54,2 %, + 65 ans 6,5 % Taux de natalité : 35,53 ‰ Taux de mortalité : 6,39 ‰ Taux de mortalité : infantile 49,6 ‰

Espérance de vie : hommes 66 ans, femmes 72 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,59 milliard de $ PNB/hab. : 1 290 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 4,6 % Taux annuel d’inflation (2002) : 1,8 %

Structure du PIB : 12 % pour l’agriculture, 16,4 % pour l’industrie, 71,6 % pour les services

Dette extérieure : 220 millions de $ Défense Total forces armées : 1 100 hommes Budget de la Défense 1,6 % du PIB ➡ TENDANCES Bien que le pays soit largement dépendant de l’aide extérieure, dont celle des États-Unis, le gou- vernement de José Mario Neves n’a pas hésité à critiquer vive- ment l’intervention américaine en Irak. Sur le plan économique, le FMI a salué le programme de réformes mis en place par le Pre- mier ministre José Maria Neves en octroyant au pays un prêt de 2 millions d’euros.

CENTRAFRICAINE

RÉPUBLIQUE

Superficie : 620 000 km 2 Population : 3 865 000 hab.

Capitale : Bangui 622 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république Chef de l’État : (Président de la République) François Bozizé Chef du gouvernement : Abel Goumba

Organisation administrative : 16 préfectures, la capitale Langue officielle : français Religions : protestantisme, catholicisme, animisme Monnaie : franc CFA ➡ HISTORIQUE

1905 : la France instaure la colonie de l’Oubangui-Chari.

1960 : indépendance de la République centrafricaine.

1965 : coup d’État mili- taire mené par Jean Bédel Bokassa. downloadModeText.vue.download 252 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

250

1976 : Bokassa se proclame empereur.

1979 : l’ancien président David Dacko dépose Bokassa avec l’aide de la France.

1981 : coup d’État militaire d’André Kolingba.

1993 : élection à la présidence d’Ange-Félix Patassé.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 6 hab./km 2 Part de la population urbaine : 40,8 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 43 %, 15-65 ans 50,9 %, + 65 ans 6,1 % Taux de natalité : 36,06 ‰ Taux de mortalité : 18,68 ‰ Taux de mortalité : infantile 93,3 ‰

Espérance de vie : hommes 43 ans, femmes 45 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 1,01 milliard de $ PNB/hab. : 260 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 2 % Taux annuel d’inflation (2002) : 3,1 %

Structure du PIB : 55,1 % pour l’agriculture, 19,6 % pour l’industrie, 25,3 % pour les services

Dette extérieure : 885 millions de $ Défense Total forces armées : 2 650 hommes Budget de la Défense 3,7 % du PIB

➡ TENDANCES

C’est à la sixième tentative que le président de la République cen- trafricaine, Ange-Félix Patassé, a été renversé par un coup d’État fomenté par son ancien chef d’état-major, le général François Bozizé. Ce dernier hérite d’un pays classé parmi les moins avancés du continent noir, litté- ralement asphyxié par le service de la dette et par le sida. Tous les programmes mis en place depuis 1986 par les bailleurs de fonds ont échoué, et une grande partie des réformes n’a jamais été appliquée.

CHILI

Superficie : 757 000 km 2 Population : 15 805 000 hab.

Capitale : Santi- ago 5 000 000 hab. dans l’agglomération Nature de l’État et du régime politique : république à régime présidentiel Chef de l’État et du gouver- nement : (Président de la République) Eduardo Ricardo Lagos Escobar Organisation administrative : 13 régions Langue officielle : espagnol Religion : catholicisme Monnaie : peso chilien

➡ HISTORIQUE

XVIe siècle : début de la conquête espagnole. Les guerres contre les Indiens vont durer jusqu’au XIXe siècle.

1818 : indépendance du Chili, obtenue avec l’appui des troupes argentines.

1891 : instauration du régime parlementaire.

1964 : élection du démo- crate-chrétien Eduardo Frei qui amorce une politique de nationalisations et de réforme agraire.

1970 : victoire de la gauche, dirigée par Salvador Allende.

1973 : renversement du gou- vernement de gauche par une junte militaire dirigée par le général Pinochet et soutenue par les Américains.

1989 : le démocrate-chrétien Patricio Alwyn est élu à la présidence. 1998 : arrestation à Londres du général Pinochet.

2002 : suspension des poursuites contre le général Pinochet.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 20 hab./km 2 Part de la population urbaine : 85,4 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 28,5 %, 15-65 ans 61,3 %, + 65 ans 10,2 %

Taux de natalité : 17,83 ‰ Taux de mortalité : 5,59 ‰ Taux de mortalité : infantile 11,6 ‰

Espérance de vie : hommes 73 ans, femmes 79 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 66 milliards de $ PNB/hab. : 4 260 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 2 % downloadModeText.vue.download 253 sur 370

STATISTIQUES

251

Taux annuel d’inflation (2002) : 2,5 %

Structure de la population active : agriculture 17,1 %, mines et industrie 24,8 %, services 58,1 % Structure du PIB : 8,4 % pour l’agriculture, 34,2 % pour l’industrie, 57,4 % pour les services

Dette extérieure : 31 440 mil- lions de $ Taux de chômage 5,3 % Défense

Total forces armées : 93 000 hommes Budget de la Défense 2,6 % du PIB

Éléments du niveau de vie

Analphabétisme 4,8 % Apport en calories 2 810 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400)

Automobiles : 71/1 000 hab.

Téléphones : 180/1 000 hab.

Télévisions : 215/1 000 hab.

➡ TENDANCES

Trente ans après le renversement du gouvernement de Salvador

Allende, le Chili du président

Ricardo Lagos Escobar a offert l’image d’un pays maîtrisant de lieux en mieux son économie.

Ainsi, en dépit des répercussions de la crise argentine, le Chili s’est distingué par sa discipline fiscale, une dette publique peu élevée, le haut niveau de son épargne et la consolidation d’une stabilité politique acquise depuis le retour

à la démocratie, en 1991. Mais la grande affaire de l’année écoulée restera le traité de libre-échange conclu avec les États-Unis.

CHINE

Superficie : 9 600 000 km 2 Population : 1 210 000 000 hab.

Capitale : Pékin 11 400 000 hab. dans l’agglomération Nature de l’État et du régime politique : république, régime socialiste Chef de l’État : (Président de la République) Hu Jintao Chef du gouvernement : Wen Jiabao

Organisation administrative : 3 municipalités, 1 région administrative, 22 provinces, 5 régions autonomes, 2 régions spéciales Langue officielle : chinois Religions : taoïsme, confucia- nisme, bouddhisme Monnaie : yuan

➡ HISTORIQUE

1911 : instauration de la République.

1927 : rupture entre le Guo- mindang de Tchang Kaï-chek et le PC.

1931 : invasion de la Mand- chourie par le Japon.

1949 : fondation de la Répu- blique populaire de Chine.

1958 : le « Grand Bond en avant » accentue la collectivi- sation du pays.

1966 : lancement de la « Révolution culturelle prolétarienne ».

1969 : affrontements frontaliers avec l’URSS et rapprochement avec les États-Unis.

1976 : mort de Mao Zedong.

1977 : Deng Xiaoping devient le chef effectif de la Chine.

1989 : répression sanglante du mouvement démocratique.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 134 hab./km 2 Part de la population urbaine : 31,6 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 24,8 %, 15-65 ans 65,1 %, + 65 ans 10,1 %

Taux de natalité : 15,64 ‰ Taux de mortalité : 6,95 ‰ Taux de mortalité : infantile 36,5 ‰

Espérance de vie : hommes 68 ans, femmes 72 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 1 210 milliards de $ PNB/hab. : 940 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 8 % Taux annuel d’inflation (2002) : – 0,8 %

Structure de la population active : agriculture 49,1 %, mines et industrie 19,5 %, services 31,3 % Structure du PIB : 17,6 % pour l’agriculture, 49,3 % downloadModeText.vue.download 254 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

252 pour l’industrie, 33 % pour les services

Dette extérieure : 146 697 mil- lions de $ Taux de chômage : 3 %

Défense Total forces armées : 2 480 000 hommes Budget de la Défense 1,1 % du PIB

Éléments du niveau de vie Analphabétisme 18,5 % Nombre d’habitants pour 1 médecin 1 062 Apport en calories 2 844 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400)

Automobiles : 3/1 000 hab.

Téléphones : 56/1 000 hab.

Télévisions : 205/1 000 hab. ➡ TENDANCES

La Chine a poursuivi son inté- gration dans un monde glo- balisé, dont elle a accepté les règles en adhérant à l’OMC, ce qui la contraint à des efforts de transparence – dans la gestion de l’épidémie de Sras – et de modération – face aux manifesta- tions de Hongkong. La direction communiste oeuvre patiemment en vue de hisser la Chine au rang des grandes puissances. Le prag- matisme est le maître-mot d’une diplomatie qui a gardé profil bas durant la crise irakienne, pour mieux s’impliquer dans 1e pro- cessus de règlement de la crise nord-coréenne qui est pour Pékin le premier terrain d’exercice d’une médiation internationale.

CHYPRE

Superficie : 9 251 km 2 Population : 802 000 hab.

Capitale : Nicosie 193 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république Chef de l’État et du gouverne- ment : (Président de la Répu- blique) Tássos Papadhópoulos Organisation administrative : 6 districts Langues officielles : turc, grec Religions : islam, christianisme Monnaie : livre chypriote

➡ HISTORIQUE

1878 : l’Empire ottoman cède l’île à la Grande-Bretagne.

1960 : indépendance de Chypre.

1975 : la minorité turque crée un État dissident au nord. Pro- clamé indépendant en 1983, cet État n’est reconnu que par la Turquie.

1987 : Chypre devient un État associé à l’Union européenne.

1996 : violents affrontements intercommunautaires. ➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 82 hab./km 2 Part de la population urbaine : 56,3 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 23,1 %, 15-65 ans 61,2 %, + 65 ans 15,7 %

Taux de natalité : 13,38 ‰ Taux de mortalité : 7,32 ‰ Taux de mortalité : infantile 7,7 ‰

Espérance de vie : hommes 76 ans, femmes 80 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 9,37 milliards de $ Taux de croissance annuelle du PIB : (2002) 2 % Taux annuel d’inflation (2002) : 4,1 %

Structure de la population active : agriculture 10,9 %, mines et industrie 25 %, ser- vices 64,1 % Dette extérieure : 3 213 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 10 000 hommes Budget de la Défense 5,6 % du PIB ➡ TENDANCES

L’ouverture de la « ligne verte » qui divise Chypre en deux sec- teurs – grec au sud, turc au nord – a été la grande affaire de l’an- née 2003. Pour autant va-t-elle réussir là où trois plans de l’ONU ont échoué ? Rien n’est moins sûr car toute solution au problème de cette île se heurte toujours au contentieux gréco-turc. downloadModeText.vue.download 255 sur 370

STATISTIQUES

253

COLOMBIE Superficie : 1 140 000 km 2 Population : 44 222 000 hab.

Capitale : Bogotá 6 200 000 hab. dans l’agglomération Nature de l’État et du régime politique : république à régime présidentiel Chef de l’État et du gouver- nement : (Président de la République) Andrés Alvaro Uribe Vélez Organisation administrative : 32 départements, 1 district Langue officielle : espagnol Religion : catholicisme Monnaie : peso colombien

➡ HISTORIQUE

1819 : après les victoires de Bolivar contre les troupes espagnoles, l’indépendance du pays est proclamée.

1948 : sanglante guerre civile entre libéraux et conservateurs.

Années 60 et 70 : apparition de guérillas marxisantes.

Années 80 : le trafic de la cocaïne devient un enjeu national.

1982 : élection de Belisario Betancur ; loi d’amnistie.

1994-1998 : présidence d’Ernesto Samper.

1998 : élection du conservateur Andrés Pastrana.

2002 : élection d’Álvaro Uribe à la présidence de la République.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 40 hab./km 2 Part de la population urbaine : 73,5 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 32,8 %, 15- 65 ans 60,3 %, + 65 ans 6,9 % Taux de natalité : 23,18 ‰ Taux de mortalité : 5,79 ‰ Taux de mortalité : infantile 25,6 ‰

Espérance de vie : hommes 67 ans, femmes 74 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 80 milliards de $ PNB/hab. : 1 830 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 1,6 % Taux annuel d’inflation (2002) : 6,3 %

Structure du PIB : 12,8 % pour l’agriculture, 26 % pour l’indus- trie, 61,2 % pour les services Dette extérieure : 31 777 mil- lions de $ Taux de chômage : 12,1 % Défense Total forces armées : 144 000 hommes Budget de la Défense 2,8 % du PIB

➡ TENDANCES

Le président Alvaro Uribe, dont le père a été tué lors d’une tentative d’enlèvement, avait pris ses fonc- tions en 2002 en promettant de durcir l’action gouvernementale face au mouvement de guérilla le plus ancien et le plus important d’Amérique latine. Un an plus tard, les Forces armées révolu- tionnaires de Colombie (FARC, marxistes) faisaient toujours la « une » des médias. L’assassinat, le 5 mai 2003, de l’ex-ministre de la Défense, Gilberto Echeverri, du gouverneur de la province d’Antioquia, Guillermo Gaviara, ainsi que de huit membres des forces armées, a montré que les chances de renouer un dialogue avec les guérillas restaient bien minces.

COMORES

Superficie : 1 900 km 2 Population : 768 000 hab.

Capitale : Moroni 44 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république Chef de l’État et du gouverne- ment : (Président de la Répu- blique) Azali Assoumani Organisation administrative : 3 gouvernorats Langues officielles : français, arabe downloadModeText.vue.download 256 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

254

Religion : islam Monnaie : franc des Comores ➡ HISTORIQUE

1886 : protectorat français.

1975 : indépendance des Comores, à l’exception de Mayotte.

1989 : assassinat du président Abdallah.

1992 et 1995 : tentatives de coup d’État.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 244 hab./km 2 Part de la population urbaine : 32,6 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 43 %, 15-65 ans 52,8 %, + 65 ans 24,2 % Taux de natalité : 33,74 ‰ Taux de mortalité : 9,35 ‰ Taux de mortalité : infantile 67 ‰

Espérance de vie : hommes 59 ans, femmes 62 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,228 milliard de $ PNB/hab. : 390 $ Structure du PIB : 39,4 % pour l’agriculture, 13,1 % pour l’industrie, 47,5 % pour les services

Dette extérieure : 197 millions de $ ➡ TENDANCES

Les Comores du colonel-prési- dent Azali Assoumani, au pouvoir depuis avril 2002, ont renoué avec la stabilité économique. Ce qui laisse entrevoir le début d’une reprise économique, comme a pu le confirmer le FMI qui estime que l’archipel est sorti de la récession. Toutefois, la paupéri- sation touche encore 80 % de la population.

CONGO RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE

Superficie : 2 345 000 km 2 Population : 52 771 000 hab.

Capitale : Kins- hasa 1 664 309 hab.

(4 400 000 hab. dans l’agglomération) Chef de l’État et du gouver- nement : (Président de la République) Joseph Kabila Organisation administrative : 1 municipalité, 10 régions Langue officielle : français Religions : protestantisme, Églises indigènes, catholicisme Monnaie : franc congolais

➡ HISTORIQUE

1885 : colonisation belge.

1960 : indépendance du Congo (République démocratique).

1963 : échec de la sécession du Katanga.

1965 : le président Kasavubu est déposé par le général Mobutu.

1971 : le pays est rebaptisé Zaïre.

1977 et 1978 : appel aux troupes françaises pour mater les opposants.

1997 : le leader de la rébel- lion soutenue par le Rwanda, Laurent-Désiré Kabila, prend le pouvoir.

2001 : assassinat du président Kabila auquel succède son fils.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 22 hab./km 2 Part de la population urbaine : 30 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 48,8 %, 15- 65 ans 46,7 %, + 65 ans 4,5 % Taux de natalité : 45,32 ‰ Taux de mortalité : 14,71 ‰ Taux de mortalité : infantile 77,2 ‰

Espérance de vie : hommes 45 ans, femmes 47 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 5,05 milliard de $ PNB/hab. : 90 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 3 % Taux annuel d’inflation (2002) : 25,7 %

Structure du PIB : 10,4 % pour l’agriculture, 49,1 % pour l’industrie, 40,5 % pour les services

Dette extérieure : 12 330 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 55 900 hommes Budget de la Défense 4,5 % du PIB downloadModeText.vue.download 257 sur 370

STATISTIQUES

255

➡ TENDANCES

Rébellions, pouvoir en place, opposition politique et société civile se sont attelés à former une fragile coalition chargée de réu- nifier et de pacifier le pays. Mais il aura fallu l’intervention en juin de 1 200 soldats européens pour ramener un semblant de paix en Ituri, une province du nord-est du pays en proie à une guerre interethnique.

CONGO

Superficie : 342 000 km 2 Population : 3 724 000 hab.

Capitale : Brazzaville 937 579 hab. (1 000 000 hab. dans l’agglomération) Chef de l’État et du gouverne- ment : Denis Sassou-Nguesso Organisation administrative : 10 régions, la capitale Langue officielle : français Religions : protestantisme, catholicisme Monnaie : franc CFA

➡ HISTORIQUE

1886 : colonisation par la France.

1960 : indépendance de la République du Congo.

1969 : instauration d’un régime marxiste.

1992 : retour au régime républicain.

1997 : Denis Sassou-Nguesso reprend le pouvoir avec l’aide des troupes angolaises.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 8 hab./km 2 Part de la population urbaine : 61,7 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 46,3 %, 15- 65 ans 48,6 %, + 65 ans 5,1 % Taux de natalité : 43,6 ‰ Taux de mortalité : 15,8 ‰ Taux de mortalité : infantile 65,8 ‰

Espérance de vie : hommes 46 ans, femmes 50 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 2,23 milliard de $ PNB/hab. : 700 $ Structure du PIB : 9,5 % pour l’agriculture, 57 % pour l’indus- trie, 33,3 % pour les services Dette extérieure : 5 071 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 10 000 hommes Budget de la Défense 3,0 % du PIB

➡ TENDANCES

Après avoir légitimé par les urnes en 2002 son coup de force de 1997, le président Denis Sassou Nguesso a bénéficié d’une année politique 2003 dégagée, s’offrant le luxe d’installer la Haute Cour de justice. Toutefois, le pouvoir en place n’a pas réussi à réduire les miliciens ninjas du pasteur Ntou- mi, qui ont continué de semer la terreur dans la région de Pool, dans le sud-ouest du pays.

CORÉE DU NORD

Superficie : 120 500 km 2 Population : 22 664 000 hab.

Capitale : Pyongyang 3 187 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république, régime socialiste Chef de l’État : (Chef de la Commission de défense natio- nale) Kim Jong-il Chef du gouvernement : Pak Pong-ju

Organisation administrative : 13 municipalités, 9 provinces Langue officielle : coréen Religion : bouddhisme Monnaie : won nord-coréen

➡ HISTORIQUE

1910 : annexion de la Corée par le Japon.

1945 : entrée des troupes russes jusqu’au 38e parallèle. downloadModeText.vue.download 258 sur 370 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

256

1948 : proclamation de la Corée du Nord.

1950 : la Corée du Nord envahit le Sud avec l’appui de l’URSS et de la Chine.

1953 : reconnaissance des deux États séparés.

1993 : la Corée du Nord rejette le traité de non-prolifération nucléaire.

1994 : mort du Kim Il-sung, remplacé au pouvoir par son fils Kim Jong-il.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 194 hab./km 2 Part de la population urbaine : 60 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 26,5 %, 15- 65 ans 63,5 %, + 65 ans 10 % Taux de natalité : 19,58 ‰ Taux de mortalité : 5,36 ‰ Taux de mortalité : infantile 39,1 ‰

Espérance de vie : hommes 59 ans, femmes 62 ans Défense Total forces armées : 1 082 000 hommes Budget de la Défense 9,2 % du PIB

➡ TENDANCES

La Corée du Nord a poursuivi son bras de fer avec Washington, en se livrant à un chantage à l’arme nucléaire, présenté comme sa meilleure garantie contre une of- fensive américaine comme celle qu’a connue l’Irak. Finalement, les menaces du régime nord-coréen auront incité les Américains à la modération.

CORÉE DU SUD Superficie : 99 000 km 2 Population : 47 700 000 hab.

Capitale : Séoul 10 776 201 hab.

(18 000 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Roh Moo-hyun Chef du gouvernement : Goh Kun

Organisation administrative : 5 municipalités, 9 provinces, la municipalité de la capitale Langue officielle : coréen Religion : bouddhisme Monnaie : won ➡ HISTORIQUE

1948 : Syngman Rhee, premier président de la Corée du Sud.

1950 : appui des États-Unis contre l’invasion de la Corée du Nord.

1961 : le général Park Chung- hee s’empare du pouvoir.

1987 : démocratisation du régime.

1998 : élection du civil démo- crate Kim Dae-jung.

➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 475 hab./km 2 Part de la population urbaine : 81,2 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 20,8 %, 15- 65 ans 68,2 %, + 65 ans 6,7 % Taux de natalité : 14,06 ‰ Taux de mortalité : 6,23 ‰ Taux de mortalité : infantile 7,1 ‰

Espérance de vie : hommes 69 ans, femmes 77 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 473 milliards de $ PNB/hab. : 9 930 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 6,1 % Taux annuel d’inflation (2002) : 2,3 %

Structure de la population active : agriculture 11 %, mines et industrie 31,3 %, services 57,7 %

Structure du PIB : 5,7 % pour l’agriculture, 42,9 % pour l’industrie, 51,3 % pour les services Dette brute : 11 % du PIB Taux de chômage : 4,3 % Défense Total forces armées : 672 000 hommes Budget de la Défense : 3,1 % du PIB ➡ TENDANCES

Les célébrations du 50e anniver- saire de la fin de la guerre ont été marquées à Séoul par un rap- prochement inattendu avec les États-Unis de la part du président Roh Moohyun. En effet, ce der- downloadModeText.vue.download 259 sur 370

STATISTIQUES

257 nier a dû tempérer l’anti-américa- nisme de ses concitoyens.

COSTA RICA

Superficie : 51 000 km 2 Population : 4 173 000 hab.

Capitale : San José 988 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime présidentiel Chef de l’État et du gouver- nement : (Président de la République) Abel Pacheco de la Espriella Organisation administrative : 7 provinces Langue officielle : espagnol Religion : catholicisme Monnaie : colón costaricain

➡ HISTORIQUE 1821 : la colonie espagnole obtient son indépendance.

1913 : première élection d’un président au suffrage universel.

1953 : le président Ferrer pra- tique une politique réformiste et obtient des avantages des entreprises américaines implantées dans le pays.

1987 : accord de bon voisinage avec le Guatemala, le Nicara- gua et le Honduras.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 70 hab./km 2 Part de la population urbaine : 47,6 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 32,4 %, 15- 65 ans 60,1 %, + 65 ans 7,5 % Taux de natalité : 21,02 ‰ Taux de mortalité : 3,83 ‰ Taux de mortalité : infantile 10,9 ‰

Espérance de vie : hommes 75 ans, femmes 79 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 16,2 milliards de $ PNB/hab. : 4 100 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 2,8 % Taux annuel d’inflation (2002) : 9,1 %

Structure de la population active : agriculture 21,8 %, mines et industrie 23,1 %, services 60,1 % Structure du PIB : 10,6 % pour l’agriculture, 36,5 % pour l’industrie, 52,9 % pour les services

Dette extérieure : 3 548 mil- lions de $ Taux de chômage : 5,7 % Défense Total forces armées : 7 000 hommes Budget de la Défense : 0,6 % du PIB ➡ TENDANCES

Passé la période de grâce qui avait suivi son élection à la pré- sidence en mai 2002, Abel Pa- checo paraissait bien en peine, un an plus tard, d’afficher un programme politique cohérent, comme l’ont montré les grèves et les mouvements sociaux qui ont affecté le secteur public au printemps 2003. Toutefois, le bilan économique du gouverne- ment aura été plutôt positif, avec une reprise – certes timide – de la croissance après deux années de récession, due notamment à la progression de la demande interne et à la bonne tenue du tourisme.

CÔTE D’IVOIRE

Superficie : 322 000 km 2 Population : 16 631 000 hab.

Capitale : Yamoussoukro 155 803 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Henri Laurent Gbagbo

Chef du gouvernement : Sey- dou Diarra Organisation administrative : 16 régions Langue officielle : français downloadModeText.vue.download 260 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

258

Religions : islam, christia- nisme, animisme Monnaie : franc CFA

➡ HISTORIQUE

1893 : début de la colonisation française.

1960 : indépendance du pays. Félix Houphouët-Boigny pre- mier président.

1990 : abolition du régime de parti unique.

1993 : mort d’Houphouët-Boi- gny, remplacé par Henri Konan Bédié.

1999 : le général Gueï s’empare du pouvoir.

2000 : le socialiste Laurent Gbagbo remporte l’élection présidentielle. Le général Gueï est chassé du pouvoir par la rue.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 49 hab./km 2 Part de la population urbaine : 45,8 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 42,1 %, 15- 65 ans 52,9 %, + 65 ans 5 % Taux de natalité : 36,6 ‰ Taux de mortalité : 16,15 ‰ Taux de mortalité : infantile 80,8 ‰

Espérance de vie : hommes 46 ans, femmes 47 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 10,3 milliards de $ PNB/hab. : 610 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 0,5 % Taux annuel d’inflation (2002) : 3,5 %

Structure du PIB : 26 % pour l’agriculture, 26,4 % pour l’industrie, 47,6 % pour les services

Dette extérieure : 15 609 mil- lions de $

Défense Total forces armées : 13 900 hommes Budget de la Défense : 1,0 % du PIB

➡ TENDANCES La paix conclue le 4 juillet 2003 n’aura pas résisté à l’épreuve des arrières-pensées, ni le pouvoir ni les rebelles n’entendant appli- quer les accords de Marcoussis.

La mort du journaliste français Jean Hélène, tué d’une balle dans la tête par un policier le 21 octobre, a entraîné un raidis- sement des relations entre Paris et Abidjan.

CROATIE

Superficie : 56 500 km 2 Population : 4 428 000 hab.

Capitale : Zagreb 890 000 hab. dans l’agglomération Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Stipe Mesic

Chef du gouvernement : Ivica Racan

Organisation administrative : 20 comtés Langue officielle : croate Religion : catholicisme Monnaie : kuna

➡ HISTORIQUE 1918 : la Croatie est détachée de l’Empire austro-hongrois pour être intégrée au nouveau royaume yougoslave.

1941 : occupation allemande et constitution d’un régime de collaboration.

1945 : intégration de la Croatie dans le nouvel État yougoslave.

1991 : proclamation de l’indé- pendance et combats avec la Serbie.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 80 hab./km 2 Part de la population urbaine : 57,3 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 18 %, 15-65 ans 61,8 %, + 65 ans 20,2 % Taux de natalité : 10,35 ‰ Taux de mortalité : 11,49 ‰ Taux de mortalité : infantile 8,1 ‰

Espérance de vie : hommes 69 ans, femmes 77 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 20,3 milliards de $ PNB/hab. : 4 640 $ Taux annuel d’inflation (2002) : 2,2 %

Structure du PIB : 8,6 % pour l’agriculture, 32 % pour l’indus- trie, 59,4 % pour les services Dette extérieure : 6 842 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 61 000 hommes downloadModeText.vue.download 261 sur 370

STATISTIQUES

259

Budget de la Défense : 5,9 % du PIB

➡ TENDANCES

La Croatie a posé sa candida- ture à l’Union européenne en février. Mais l’Union européenne a choisi de mesurer la sincérité des convictions européennes de Zagreb à l’aune de ses progrès en matière de démocratisation : ces derniers auront été jugés insuffisants en raison de son peu d’empressement à coopérer avec le Tribunal pénal international. La question du retour des réfugiés – séquelle des guerres yougoslaves des années 1990 – a peu évolué au cours de l’année écoulée.

CUBA

Superficie : 111 000 km 2 Population : 11 300 000 hab.

Capitale : La Havane 2 256 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république, régime socialiste

Chef de l’État et du gouverne- ment : (Président du Conseil d’État) Fidel Castro Organisation administrative : 1 municipalité, 14 provinces Langue officielle : espagnol Religion : catholicisme Monnaie : peso cubain

➡ HISTORIQUE

1898 : indépendance de Cuba à la suite de la guerre entre l’Espagne et les États-Unis.

Protectorat américain de fait sur l’île.

1952 : retour au pouvoir de Fulgencio Batista.

1958 : Fidel Castro s’empare du pouvoir.

1961 : invasion manquée de Cuba par des exilés soutenus par les Américains.

1962 : rapprochement avec l’URSS.

1994 : afflux de réfugiés cubains vers les États-Unis.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 102 hab./km 2 Part de la population urbaine : 75,2 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 21,2 %, 15-65 ans 65,1 %, + 65 ans 13,7 %

Taux de natalité : 13,25 ‰ Taux de mortalité : 7,03 ‰ Taux de mortalité : infantile 7,3 ‰

Espérance de vie : hommes 74 ans, femmes 78 ans Défense Total forces armées : 65 000 hommes Budget de la Défense : 2,7 % du PIB

➡ TENDANCES

Cuba aura connu en 2003 une vague de répression politique d’une ampleur considérable, le gouvernement de Fidel Castro ayant manifestement voulu réaf- firmer son emprise sur le destin de ses concitoyens. En faisant taire la dissidence, les autorités cubaines ont anéanti l’embryon de société civile qui avait semblé se mettre en place ces dernières années. Face aux sanctions prises par l’UE, Castro a organisé des manifestations de rue rassem- blant en juin plusieurs centaines de milliers de personnes.

DANEMARK

Superficie : 43 000 km 2 Population : 5 364 000 hab.

Capitale : Copenhague (1 300 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Roi) Marguerite II downloadModeText.vue.download 262 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

260

Chef du gouvernement : Anders Fogh Rasmussen Organisation administrative : 2 municipalités, 14 comtés Langue officielle : danois Religion : protestantisme Monnaie : couronne danoise

➡ HISTORIQUE 1814 : perte de la Norvège.

1849 : promulgation d’une Constitution démocratique.

1864 : le Danemark perd le Slesvig-Holstein et Kiel. 1924 : les sociaux-démocrates s’installent durablement au pouvoir.

1940 : occupation allemande.

1973 : entrée dans l’UE.

1993 : adhésion par référen- dum au traité de Maastricht sans participation à l’euro.

➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 126 hab./km 2 Part de la population urbaine : 85,3 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 18,3 %, 15- 65 ans 61,7 %, + 65 ans 20 % Taux de natalité : 12,25 ‰ Taux de mortalité : 11,69 ‰ Taux de mortalité : infantile 5 ‰

Espérance de vie : hommes 73 ans, femmes 78 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 163 milliards de $ PNB/hab. : 30 290 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 1,6 % Taux annuel d’inflation (2000) : 2,9 %

Structure de la population active : agriculture 3,7 %, mines et industrie 26,8 %, services 69,5 % Dette brute : 59,5 % du PIB Taux de chômage : 4,7 % Défense Total forces armées : 24 300 hommes Budget de la Défense 1,5 % du PIB

Éléments du niveau de vie Nombre d’habitants pour 1 médecin 344 Apport en calories 3 808 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400)

Automobiles : 331/1 000 hab.

Téléphones : 633/1 000 hab. Télévisions : 574/1 000 hab.

➡ TENDANCES Le petit royaume du Dane- mark a de nouveau affiché une bonne santé économique, dont a témoigné une croissance sou- tenue tirée par des exportations solides et une forte progression du secteur des biotechnologies.

Sur le plan extérieur, l’année

écoulée a été marquée par le soutien du gouvernement de centre droit, conduit par Aders

Fogh Rasmussen, à l’intervention américaine en Irak. Par ailleurs, le gouvernement a paru gêné dans la conduite de sa politique euro- péenne car il doit s’appuyer, au

Parlement, où il est minoritaire, sur une formation d’extrême droite, le Parti du peuple danois, foncièrement eurosceptique.

DJIBOUTI

Superficie : 23 000 km 2 Population : 703 000 hab.

Capitale : Djibouti (423 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du ré- gime : république à régime présidentiel Chef de l’État : Ismaïl Omar Guelleh

Chef du gouvernement : Dileita Mohamed Dileita Organisation administrative : 5 districts Langues officielles : français, arabe Religion : islam Monnaie : franc de Djibouti

➡ HISTORIQUE

1862 : protectorat français.

1888 : création de la ville de Djibouti.

1967 : maintien par référendum dans la République française.

1977 : indépendance de Djibouti.

1991 : rébellion des Afars et quasi-guerre civile. downloadModeText.vue.download 263 sur 370

STATISTIQUES

261

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 28 hab./km 2 Part de la population urbaine : 83,1 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 43,2 %, 15-65 ans 51,3 %, + 65 ans 5,5 %.

Taux de natalité : 36,7 ‰ Taux de mortalité : 14,83 ‰ Taux de mortalité : infantile 117 ‰

Espérance de vie : hommes 46 ans, femmes 48 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,59 milliard de $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 2,6 % Structure du PIB : 3,6 % pour l’agriculture, 20,5 % pour l’industrie, 75,8 % pour les services

Dette extérieure : 284 millions de $ Défense Total forces armées : 8 400 hommes Budget de la Défense 5,1 % du PIB

➡ TENDANCES

Les élections législatives organi- sées en janvier ont vu la victoire, sans surprise, des partisans du régime du président Ismaël Omar Guelleh, avec 62,2 % des suf- frages exprimés. Ce dernier a su profiter de la guerre menée par les États-Unis contre le terrorisme international, obtenant pour Djibouti de solides aides finan- cières, soit une véritable rente de situation.

DOMINICAINE RÉPUBLIQUE

Superficie : 48 400 km 2 Population : 8 745 000 hab.

Capitale : Saint-Domingue (3 300 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime présidentiel Chef de l’État et du gouver- nement : (Président de la République) Hipólito Mejía Organisation administrative : 29 provinces, 1 district Langue officielle : espagnol Religion : catholicisme Monnaie : peso dominicain

➡ HISTORIQUE

1697 : partage de l’île entre la France (Haïti) et l’Espagne.

1861 : indépendance de la République dominicaine, confirmée en 1865.

1930 : Rafael Trujillo prend le pouvoir et institue une dicta- ture qui devait durer 31 ans.

1961 : assassinat de Trujillo.

1963 : le président de gauche Juan Bosch est renversé.

1986 : retour au pouvoir du candidat conservateur Joaquin Balaguer.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 174 hab./km 2 Part de la population urbaine : 64,4 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 33,5 %, 15- 65 ans 59,6 %, + 65 ans 6,6 % Taux de natalité : 24,04 ‰ Taux de mortalité : 5,3 ‰ Taux de mortalité : infantile 36,3 ‰

Espérance de vie : hommes 69 ans, femmes 73 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 20 milliards de $ PNB/hab. : 2 320 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 3,8 % Taux annuel d’inflation (2002) : 5,2 %

Structure de la population active : agriculture 14,8 %, mines et industrie 23,2 %, services 62 % Structure du PIB : 11,3 % pour l’agriculture, 34,3 % pour l’industrie, 54,3 % pour les services

Dette extérieure : 4 239 mil- lions de $ Taux de chômage : 15,9 % Défense Total forces armées : 24 500 hommes Budget de la Défense 0,4 % du PIB

➡ TENDANCES Dès son investiture en août 2000, le nouveau président de centre gauche Hipólito Mejía avait re- vendiqué l’étiquette d’« ami des downloadModeText.vue.download 264 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

262 pauvres ». Trois ans plus tard, ni la poussée du chômage, ni les cou- pures de courant quotidiennes ne semblaient avoir entamé la popularité du chef de l’État.

DOMINIQUE

Superficie : 751 km 2 Population : 79 000 hab.

Capitale : Roseau 24 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État : (Président de la République) Nicholas Liverpool Chef du gouvernement : Pierre Charles

Organisation administrative : 10 paroisses Langue officielle : anglais Religion : catholicisme Monnaie : dollar des Caraïbes orientales

➡ HISTORIQUE

1763 : colonie britannique.

1978 : proclamation de l’indépendance.

1980-1995 : alternance au pou- voir du Parti travailliste et du Parti dominicain de la liberté.

Réussite de la réforme agraire et de l’ouverture au tourisme.

Liens étroits avec les États- Unis et la France.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 97 hab./km 2 Part de la population urbaine : 70,7 %

Taux de natalité : 20,18 ‰ Taux de mortalité : 7 ‰ Taux de mortalité : infantile 15,8 ‰

Espérance de vie : hommes 74 ans, femmes 78 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,228 milliard de $ PNB/hab. : 3 180 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : – 0,3 % Taux annuel d’inflation (2002) : 0,85 %

Structure du PIB : 18,5 % pour l’agriculture, 22,5 % pour l’industrie, 59 % pour les services

Dette extérieure : 98 millions de $

ÉGYPTE

Superficie : 1 000 000 km 2

Population : 71 931 000 hab.

Capitale : Le Caire (9 900 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Hosni Moubarak Chef du gouvernement : Atef Ebeid

Organisation administrative : 26 gouvernorats Langue officielle : arabe Religion : islam Monnaie : livre égyptienne

➡ HISTORIQUE

1517 : province de l’Empire ottoman.

1914 : protectorat britannique.

1922 : indépendance de l’Égypte.

1952 : instauration de la République.

1954 : prise du pouvoir par Gamal Abdel Nasser.

1967 : défaite devant Israël et perte du Sinaï.

1979 : traité de paix avec Israël.

1980 : assassinat d’Anouar el-Sadate. Hosni Moubarak lui succède.

➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 63 hab./km 2 Part de la population urbaine : 45 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 35,4 %, 15- 65 ans 58,3 %, + 65 ans 6,3 % Taux de natalité : 25,5 ‰ Taux de mortalité : 6,79 ‰ Taux de mortalité : infantile 40,5 ‰

Espérance de vie : hommes 65 ans, femmes 68 ans Indicateurs socio-économiques downloadModeText.vue.download 265 sur 370

STATISTIQUES

263

PNB : 98 milliards de $ PNB/hab. : 1 470 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 2 % Taux annuel d’inflation (2002) : 2,5 %

Structure de la population active : agriculture 34,2 %, mines et industrie 21,6 %, services 44,1 % Structure du PIB : 17,4 % pour l’agriculture, 31,5 % pour l’industrie, 51 % pour les services

Dette extérieure : 29 849 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 450 000 hommes Budget de la Défense 2,4 % du PIB

➡ TENDANCES

Soucieuse de limiter le contre- coup économique de la guerre contre l’Irak, l’Égypte du prési- dent Hosni Moubarak s’est asso- ciée aux projets américains pour la paix au Proche-Orient. Mais les responsables égyptiens se mé- fient du volet politique du plan américain, qui prétend engager les pays de la région sur la voie de la démocratie.

ÉMIRATS ARABES

UNIS

Superficie : 80 000 km 2 Population : 2 995 000 hab.

Capitale : Abu Dhabi 242 975 hab. (927 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : monarchie Chef de l’État : (Président du Conseil suprême des souverains) Zayid ibn Sultan al-Nahyan Chef du gouvernement : Mak- tum ibn Rachid al-Maktum Organisation administrative : 7 Émirats Langue officielle : arabe Religion : islam Monnaie : dirham ➡ HISTORIQUE 1892 : protectorat britannique.

1971 : indépendance des six émirats. Constitution d’un État fédéral avec Abu Dhabi comme capitale.

1979 : Abu Dhabi tente d’impo- ser un pouvoir unitaire.

1993 : appui à l’accord israélo-palestinien.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 34 hab./km 2 Part de la population urbaine : 85,5 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 26 %, 15-65 ans 68,9 %, + 65 ans 5,1 % Taux de natalité : 17,54 ‰ Taux de mortalité : 2,88 ‰ Taux de mortalité : infantile 10,9 ‰

Espérance de vie : hommes 74 ans, femmes 77 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 49,2 milliards de $ PNB/hab. : 18 060 $ Défense Total forces armées : 64 500 hommes Budget de la Défense 8,0 % du PIB

➡ TENDANCES

Enrôlés au lendemain des atten- tats du 11 septembre 2001 par les États-Unis sous la bannière de la lutte contre le terrorisme interna- tional, les Émirats arabes unis ont observé l’intervention américaine contre l’Irak avec une grande attention. Pour le reste, l’or noir a continué d’assurer à la fédération un excellent niveau de vie. downloadModeText.vue.download 266 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

264

ÉQUATEUR

Superficie : 270 670 km 2 Population : 13 003 000 hab.

Capitale : Quito 1 754 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime présidentiel Chef de l’État et du gouverne- ment : (Président de la Répu- blique) Lucio Gutierrez Organisation administrative : 21 provinces Langue officielle : espagnol Religion : catholicisme Monnaie : sucre ➡ HISTORIQUE 1830 : indépendance de l’Équateur.

1934 : élection du président de gauche Velasco Ibarra.

Renversé l’année suivante il revient plusieurs fois au pouvoir.

1972 : coup d’État militaire.

1995 : nouvelle guerre frontalière avec le Pérou, qui s’achève vite sur un retour au statu quo.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 45 hab./km 2 Part de la population urbaine : 64,3 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 33,8 %, 15- 65 ans 59,3 %, + 65 ans 6,9 % Taux de natalité : 24,4 ‰ Taux de mortalité : 5,97 ‰ Taux de mortalité : infantile 41,5 ‰

Espérance de vie : hommes 68 ans, femmes 71 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 19 milliards de $ PNB/hab. : 1 450 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 3 % Taux annuel d’inflation (2002) : 12,6 %

Structure du PIB : 12,2 % pour l’agriculture, 37,5 % pour l’industrie, 50,4 % pour les services

Dette extérieure : 14 918 mil- lions de $ Taux de chômage : 9,2 % Défense Total forces armées : 57 100 hommes Budget de la Défense 2,0 % du PIB ➡ TENDANCES Six mois après son investiture en janvier 2003, l’état de grâce semblait terminé pour Lucio Gutierrez. Pour avoir choisi de se soumettre aux règles du FMI, le chef de l’État équatorien rassem- blait, à la fin de l’année 2003, près de 70 % d’opinions défavorables.

Il est vrai que, gangrené par une corruption et une instabilité poli- tique permanentes, l’Équateur détient le record des ex-prési- dents détenus ou exilés.

ÉRYTHRÉE Superficie : 120 000 km 2 Population : 4 141 000 hab.

Capitale : Asmara 514 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État et du gouverne- ment : (Président de la Répu- blique) Issayas Afeworki Organisation administrative : 10 provinces Langues officielles : tigrigna, arabe

Religions : islam, Église copte éthiopienne Monnaie : nakfa

➡ HISTORIQUE

1890 : colonisation italienne.

1952 : retour à l’Éthiopie.

1970 : création du Front popu- laire de libération de l’Érythrée (FPLE), qui participera à la chute de la dictature Mengistu.

1993 : proclamation de l’indépendance. downloadModeText.vue.download 267 sur 370

STATISTIQUES

265

1998-2001 : guerre frontalière avec l’Éthiopie.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 40 hab./km 2 Part de la population urbaine : 18,4 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 43,9 %, 15- 65 ans 51,4 %, + 65 ans 4,7 % Taux de natalité : 39,1 ‰ Taux de mortalité : 14,39 ‰ Taux de mortalité : infantile 82,4 ‰ Espérance de vie : hommes 49 ans, femmes 52 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,67 milliard de $ PNB/hab. : 160 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 1,6 % Structure du PIB : 9,2 % pour l’agriculture, 29,5 % pour l’industrie, 61,1 % pour les services

Dette extérieure : 76 millions de $ Défense Total forces armées : 180 000 hommes Budget de la Défense 23,9 % du PIB

➡ TENDANCES

Le gouvernement n’a pas des- serré son étau sur la population.

De nouveau, le pays a frôlé le pire, car si les récoltes se sont révélées meilleures en 2003 qu’en 2002, cela n’aura pas suffi à enrayer la grave crise humanitaire qui a touché ce petit pays pauvre de la Corne de l’Afrique.

ESPAGNE

Superficie : 505 000 km 2 Population : 41 060 000 hab.

Capitale : Madrid 2 882 860 hab.

(4 100 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Roi) Juan Carlos Ier de Bourbon Chef du gouvernement : José María Aznar Organisation administrative : 17 communautés autonomes Langue officielle : espagnol Religion : catholicisme Monnaie : euro

➡ HISTORIQUE

1923 : coup d’État du général Primo de Rivera.

1931 : proclamation de la république.

1936 : victoire aux élections du Front populaire. Le général Franco déclenche la guerre civile.

1939 : Franco se proclame Caudillo, chef de l’État, à vie.

1940 : l’Espagne reste en dehors du conflit mondial.

1975 : mort de Franco. Retour progressif à la démocratie.

Juan Carlos roi d’Espagne.

1982 : l’Espagne adhère à l’OTAN.

1986 : membre de la Commu- nauté économique européenne (CEE).

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 79 hab./km 2 Part de la population urbaine : 77,4 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 14,7 %, 15-65 ans 63,5 %, + 65 ans 21,8 %

Taux de natalité : 9,27 ‰ Taux de mortalité : 9,34 ‰ Taux de mortalité : infantile 5,3 ‰

Espérance de vie : hommes 75 ans, femmes 82 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 594 milliards de $ PNB/hab. : 14 430 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 2 % Taux annuel d’inflation (2000) : 3,4 %

Structure de la population active : agriculture 8,4 %, mines et industrie 30 %, ser- vices 61,7 % Structure du PIB : 2,9 % pour l’agriculture Dette brute : 73,3 % du PIB Taux de chômage : 14,1 % Défense Total forces armées : 186 500 hommes Budget de la Défense 1,0 % du PIB

Éléments du niveau de vie Analphabétisme 2,9 % Nombre d’habitants pour 1 médecin 238 downloadModeText.vue.download 268 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

266

Apport en calories 3 295 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400)

Automobiles : 389/1 000 hab. Téléphones : 403/1 000 hab. Télévisions : 404/1 000 hab.

➡ TENDANCES

En butte à un vaste mouvement de contestation pour sa gestion approximative de la crise du pétrolier Prestige – dont le fuel a pollué de vastes zones littorales de Galice – et son soutien aux États-Unis dans la guerre contre l’Irak de Saddam Hussein, le chef du gouvernement espagnol José Maria Aznar n’a pu éviter le recul de son Parti populaire lors des élections municipales et régio- nales de mai. Il compte pour- tant sur son bilan économique, meilleur en Espagne que chez la plupart de ses partenaires euro- péens, pour mener à la victoire aux législatives de mars 2004 son dauphin désigné le 1er sep- tembre, Mariano Rajoy.

ESTONIE

Superficie : 45 000 km 2 Population : 1 323 000 hab.

Capitale : Tallinn 404 000 hab.

Principale ville (hormis la capi- tale) : Tartu 107 303 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État : (Président de la République) Arnold Ruutel Chef du gouvernement : Juhan Parts

Organisation administrative : 15 districts Langue officielle : estonien Religion : protestantisme Monnaie : couronne estonienne ➡ HISTORIQUE

1561 : l’Estonie est partagée entre la Suède et la Pologne.

1721 : le pays est intégré à l’Empire russe.

1920 : indépendance de l’Estonie.

1940 : intégration dans l’URSS.

1991 : proclamation de l’indépendance.

1995 : accord d’association avec l’Union européenne.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 34 hab./km 2 Part de la population urbaine : 78,9 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 17,7 %, 15-65 ans 62,1 %, + 65 ans 20,2 %

Taux de natalité : 8,7 ‰ Taux de mortalité : 13,58 ‰ Taux de mortalité : infantile 9,7 ‰

Espérance de vie : hommes + 65 ans, femmes 76 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 5,61 milliards de $ PNB/hab. : 4 130 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 5 % Taux annuel d’inflation (2002) : 4,3 % Structure du PIB : 7,2 % pour l’agriculture, 27,9 % pour l’industrie, 64,8 % pour les services

Dette extérieure : 658 millions de $ Défense Total forces armées : 4 800 hommes Budget de la Défense 1,1 % du PIB ➡ TENDANCES

Les Estoniens ont massivement voté le 14 septembre en faveur de l’adhésion de leur pays à l’UE, consacrant la rupture de cette petite République balte avec son passé soviétique. Le taux de participation a atteint 63 %. Ce même jour, les Suédois rejetaient l’euro. « Le printemps est arrivé en Estonie, nous sommes de retour en Europe », s’est réjoui le Premier ministre Juhan Parts. downloadModeText.vue.download 269 sur 370

STATISTIQUES

267

ÉTATSUNIS

Superficie : 9 364 000 km 2 Population : 294 043 000 hab.

Capitale : Washington 527 059 hab. (3 700 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime présidentiel Chef de l’État et du gouverne- ment : (Président de la Répu- blique) George W. Bush.

Organisation administrative : 1 district, 50 États Langue officielle : anglais Religions : protestantisme, catholicisme Monnaie : dollar des États-Unis

➡ HISTORIQUE 1917 : les États-Unis entrent dans la guerre en Europe.

1929 : crise à Wall Street.

1933 : F. D. Roosevelt est élu président des États-Unis.

1941 : Les États-Unis entrent en guerre contre le Japon.

1960 : J. F. Kennedy élu à la présidence.

1963 : assassinat de Kennedy.

1975 : défaite des États-Unis au Viêt Nam.

1991 : intervention militaire contre l’Irak (guerre du Golfe).

2000 : le républicain George W. Bush succède au président démocrate Bill Clinton.

2001 : attentats contre New York et Washington.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 30 hab./km 2 Part de la population urbaine : 77 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 21,7 %, 15-65 ans 62,2 %, + 65 ans 16,1 %

Taux de natalité : 14,7 ‰ Taux de mortalité : 8,48 ‰ Taux de mortalité : infantile 6,8 ‰

Espérance de vie : hommes 74 ans, femmes 80 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 10 110 milliards de $ PNB/hab. : 35 060 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 1,6 % Taux annuel d’inflation (2002) : 3,38 %

Structure de la population active : agriculture 2,7 %, mines et industrie 23,9 %, services 73,4 % Dette brute : 56,7 % du PIB Taux de chômage : 4 % Défense Total forces armées : 1 371 500 hommes Budget de la Défense 3,2 % du PIB

Éléments du niveau de vie Nombre d’habitants pour 1 médecin 384 Apport en calories 3 642 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400)

Automobiles : 521/1 000 hab.

Téléphones : 644/1 000 hab.

Télévisions : 805/1 000 hab.

➡ TENDANCES

L’année 2003 aura été dominée par l’intervention militaire des États-Unis en Irak. Une interven- tion qui a divisé la communauté internationale, mettant notam- ment à mal les liens transatlan- tiques avec la France. Faciles vain- queurs, les Américains n’ont pas réussi à se transformer en soldats de la paix, tout en refusant de passer le flambeau de la recons- truction politique et économique en Irak aux mains des Nations unies. Soutenu par une grande majorité de ses concitoyens à l’orée de cette aventure militaire, le président George W. Bush a vu sa popularité s’éroder au fil de la détérioration de la situation sur le terrain. L’absence d’armes de destruction massive, dont la présence était censée justifier l’intervention contre le régime de Saddam Hussein, n’aura fait que fragiliser la position du président Bush qui abordera donc l’élec- tion de 2004 dans de mauvaises conditions. downloadModeText.vue.download 270 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

268

ÉTHIOPIE Superficie : 1 100 000 km 2 Population : 70 678 000 hab.

Capitale : Addis-Abeba : (2 639 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république Chef de l’État : (Président de la République) Wolde-Giyorgis Chef du gouvernement : Meles Zenawi

Organisation administrative : 1 municipalité, 9 États Langue officielle : amharique Religions : islam, Église copte éthiopienne Monnaie : birr éthiopien

➡ HISTORIQUE

1889 : couronnement de Mene- lik II, fondateur d’Addis-Abeba.

1935 : occupation italienne.

1942 : libération de l’Éthiopie par les Britanniques.

1974 : renversement de Haïlé Sélassié Ier par une junte militaire.

1977 : le colonel Men- gistu instaure un régime autoritaire se réclamant du marxisme-léninisme.

1983 : aide internationale pour lutter contre la famine.

1991 : chute de Mengistu et instauration d’un régime démocratique.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 63 hab./km 2 Part de la population urbaine : 17,2 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 45,2 %, 15- 65 ans 50,1 %, + 65 ans 4,7 % Taux de natalité : 44,44 ‰ Taux de mortalité : 19,8 ‰ Taux de mortalité : infantile 106,1 ‰ Espérance de vie : hommes 41 ans, femmes 43 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 6,42 milliards de $ PNB/hab. : 100 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 5 % Taux annuel d’inflation (2002) : – 7,2 %

Structure de la population active : agriculture 88,5 %, mines et industrie 2 %, ser- vices 9,5 % Structure du PIB : 52,3 % pour l’agriculture, 11,1 % pour l’industrie, 36,5 % pour les services

Dette extérieure : 10 078 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 325 000 hommes Budget de la Défense 2,2 % du PIB ➡ TENDANCES

Trois ans après la signature à Alger d’un accord mettant fin au conflit avec l’Érythrée, les tensions demeuraient vives en Éthiopie. En effet, la paix parais- sait avoir du mal à s’imposer dans ce pays qui figure toujours au cinquième rang des États les plus pauvres d’Afrique.

FIDJI

Superficie : 18 300 km 2 Population : 839 000 hab.

Capitale : Suva 196 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État : (Président de la République) Ratu Josefa Iloilo Chef du gouvernement : Laise- nia Qarase Organisation administrative : 4 divisions, 1 dépendance Langue officielle : anglais Religion : protestantisme Monnaie : dollar fidjien

➡ HISTORIQUE 1648 : découverte du groupe d’îles par le navigateur hollan- dais Tasman.

1874 : annexion par les Britanniques.

1970 : accession à l’indépendance.

1987 : coup d’État militaire. downloadModeText.vue.download 271 sur 370

STATISTIQUES

269

1990 : Constitution privilégiant les droits des Mélanésiens par rapport à ceux des Indiens.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 44 hab./km 2 Part de la population urbaine : 48,6 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 33,3 %, 15- 65 ans 61 %, + 65 ans 5,7 % Taux de natalité : 21,73 ‰ Taux de mortalité : 4,49 ‰ Taux de mortalité : infantile 17,5 ‰

Espérance de vie : hommes 71 ans, femmes 75 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 1,78 milliard de $ PNB/hab. : 2 160 $ Taux annuel d’inflation (2002) : 1,09 %

Structure du PIB : 17,9 % pour l’agriculture, 29 % pour l’indus- trie, 53,1 % pour les services Dette extérieure : 213 millions de $ Défense Total forces armées : 3 500 hommes Budget de la Défense 1,3 % du PIB

FINLANDE

Superficie : 338 000 km 2 Population : 5 207 000 hab. Capitale : Helsinki 555 174 hab. (1 100 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Tarja Halonen Chef du gouvernement : Matti Vanhanen Organisation administrative : 6 provinces Langues officielles : suédois, finnois

Religion : protestantisme Monnaie : euro ➡ HISTORIQUE

1809 : intégration de la Fin- lande dans l’Empire russe.

1917 : proclamation de l’indépendance.

1941 : la Finlande se range du côté des Allemands contre l’URSS.

1947 : neutralisation de fait de la Finlande.

1956-1981 : présidence d’Urho Kaleva Kekkonen.

1995 : entrée de la Finlande dans l’Union européenne.

1999 : adhésion à la zone euro.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 17 hab./km 2 Part de la population urbaine : 66,7 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 18 %, 15-65 ans 62,1 %, + 65 ans 19,9 % Taux de natalité : 11,1 ‰ Taux de mortalité : 9,73 ‰ Taux de mortalité : infantile 4 ‰

Espérance de vie : hommes 74 ans, femmes 81 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 122 milliards de $ PNB/hab. : 23 510 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 1,6 % Taux annuel d’inflation (2000) : 3,4 %

Structure de la population active : agriculture 7,1 %, mines et industrie 27,5 %, services 65,5 % Structure du PIB : 3,7 % pour l’agriculture, 33 % pour l’indus- trie, 63,3 % pour les services Dette brute : 49,8 % du PIB Taux de chômage : 9,8 % Défense Total forces armées : 31 700 hommes Budget de la Défense 1,5 % du PIB

Éléments du niveau de vie Nombre d’habitants pour 1 médecin 357 Apport en calories 2 916 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400)

Automobiles : 379/1 000 hab.

Téléphones : 556/1 000 hab.

Télévisions : 519/1 000 hab. downloadModeText.vue.download 272 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

270

➡ TENDANCES

L’année écoulée a vu la victoire du Parti du centre aux élections législatives qui se sont déroulées en mars. Le nouveau Premier mi- nistre, madame Anneli Jaatteen- maki, n’aura pu savourer son suc- cès que peu de temps, puisque trois mois plus tard elle devait démissionner et laisser les rênes à Matti Vanhanen. Le gouverne- ment a présenté un budget 2003 en équilibre, en dépit du ralentis- sement de l’économie. Le chô- mage (9 %) et le vieillissement de la population constituent tou- jours les principaux points noirs. FRANCE

Superficie : 549 000 km 2 Population : 61 911 000 hab.

Capitale : Paris 2 147 857 hab.

(9 600 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Jacques Chirac Chef du gouvernement : (Premier ministre) Jean-Pierre Raffarin

Organisation administrative : 21 régions, 1 collectivité territoriale Langue officielle : français Religion : catholicisme Monnaies : euro

➡ HISTORIQUE 1875 : fondation de la IIIe République.

1914-1918 : guerre contre l’Allemagne.

1936 : victoire du Front populaire.

1940 : occupation allemande.

1946 : fondation de la IVe République.

1954 : défaite en Indochine et début de la guerre d’Algérie.

1958 : retour au pouvoir du général de Gaulle et fondation de la Ve République.

1960-1962 : décolonisation de l’Afrique francophone.

1968 : manifestations mas- sives de la jeunesse et des syndicats.

1981 : élection de François Mitterrand à la présidence de la République.

1995 : Jacques Chirac succède à F. Mitterrand. 1997 : Lionel Jospin, Premier ministre.

➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 107 hab./km 2 Part de la population urbaine : 75,4 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 18,7 %, 15-65 ans 60,8 %, + 65 ans 20,5 %

Taux de natalité : 12,7 ‰ Taux de mortalité : 9,27 ‰ Taux de mortalité : infantile 5 ‰

Espérance de vie : hommes 75 ans, femmes 82 ans

Indicateurs socio-économiques PNB : 1 343 milliards de $ PNB/hab. : 22 010 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 1,2 % Taux annuel d’inflation (2002) : 1,9 %

Structure de la population active : agriculture 4,5 %, mines et industrie 25,6 %, services 69,9 % Structure du PIB : 3 % pour l’agriculture, 25 % pour l’indus- trie, 72 % pour les services Dette brute : 66,5 % du PIB Taux de chômage : 9,5 % Défense Total forces armées : 317 300 hommes Budget de la Défense 2,1 % du PIB

Éléments du niveau de vie Nombre d’habitants pour 1 médecin 344 Apport en calories 3 551 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400)

Automobiles : 442/1 000 hab.

Téléphones : 575/1 000 hab.

Télévisions : 589/1 000 hab.

➡ TENDANCES Sur le plan intérieur, l’année écoulée a vu s’éroder la popula- rité du Premier ministre, sur fonds de marasme économique et de montée en puissance du chô- mage. La difficile mise en place de la réforme des retraites, suivie par celle, non moins probléma- tique, du régime des intermit- tents du spectacle, n’auront pas peu contribué à la dégradation de l’image du chef du gouverne- ment. Assumant le rôle classique de fusible que lui réservent les institutions de la Ve république, J.-P. Raffarin n’a pas totalement épargné le chef de l’État dans sa chute. Après avoir occupé le devant de la scène diplomatique downloadModeText.vue.download 273 sur 370

STATISTIQUES

271 dans son bras de fer avec les États-Unis dans le cadre de l’inter- vention en Irak, Jacques Chirac a été rattrapé par les problèmes intérieurs – gestion de la cani- cule, gronde des enseignants, etc. – qui lui ont rappelé qu’il reste l’inspirateur de la politique du gouvernement.

GABON

Superficie : 268 000 km 2 Population : 1 329 000 hab.

Capitale : Libreville 523 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Omar Bongo Chef du gouvernement : Jean- François Ntoutoume-Emane Organisation administrative : 9 provinces Langue officielle : français Religions : protestantisme, catholicisme Monnaie : franc CFA ➡ HISTORIQUE 1843 : colonisation française. 1849 : fondation de Libreville.

1960 : indépendance du Gabon.

1967 : accession au pouvoir d’Omar Bongo.

1990 : démocratisation du régime et instauration timide du multipartisme.

1998 : nouvelle réélection d’Omar Bongo contestée par l’opposition.

➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 5 hab./km 2 Part de la population urbaine : 80,3 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 40,2 %, 15- 65 ans 51,1 %, + 65 ans 8,7 % Taux de natalité : 35,86 ‰ Taux de mortalité : 15,95 ‰ Taux de mortalité : infantile 80 ‰

Espérance de vie : hommes 51 ans, femmes 54 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 4,03 milliards de $ PNB/hab. : 3 120 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : – 0,1 % Taux annuel d’inflation (2002) : 0,2 %

Structure du PIB : 7,8 % pour l’agriculture, 41,2 % pour l’industrie, 51,1 % pour les services

Dette extérieure : 4 284 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 4 700 hommes Budget de la Défense 2,0 % du PIB ➡ TENDANCES Le gouvernement du président Omar Bongo a mis en chantier un projet de révision constitu- tionnelle justifié par le besoin de maîtriser le coût des élections. Il est vrai que la situation écono- mique du Gabon n’a cessé de se dégrader depuis le milieu des années 1990, un déclin indexé sur l’effondrement des recettes fiscales (générées par l’exploita- tion pétrolière.

GAMBIE

Superficie : 11 300 km 2 Population : 1 426 000 hab.

Capitale : Banjul 229 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État et du gouverne- ment : (Président de la Répu- blique) Yahya Jammeh Organisation administrative : 1 municipalité, 5 divisions Langue officielle : anglais Religion : islam Monnaie : dalasi ➡ HISTORIQUE

1857 : colonisation britannique.

1965 : accession à l’indépendance. downloadModeText.vue.download 274 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

272

1967 : accord d’association avec le Sénégal.

1970 : proclamation de la République.

1980 : troubles sociaux dans le pays.

1982-1989 : confédération avec le Sénégal.

1994 : coup d’État militaire diri- gé par le lieutenant Jammeh.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 125 hab./km 2 Part de la population urbaine : 31,8 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 40,3 %, 15- 65 ans 54,5 %, + 65 ans 5,2 % Taux de natalité : 40,6 ‰ Taux de mortalité : 17,43 ‰ Taux de mortalité : infantile 115 ‰

Espérance de vie : hommes 52 ans, femmes 55 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,392 milliard de $ PNB/hab. : 280 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 4,7 % Taux annuel d’inflation (2002) : 7,1 %

Structure du PIB : 31,4 % pour l’agriculture, 13 % pour l’indus- trie, 55,7 % pour les services Dette extérieure : 430 millions de $ Défense Total forces armées : 800 hommes Budget de la Défense 3,5 % du PIB ➡ TENDANCES Sous les effets conjugués des tensions avec le Sénégal et d’une forte sécheresse, la situa- tion économique de la Gambie a continué de se dégrader dans un climat politique peu propice aux réformes. La croissance a été insuffisante pour contrer la pres- sion démographique.

GÉORGIE

Superficie : 70 000 km 2 Population : 5 126 000 hab.

Capitale : Tbilissi (1 400 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime présidentiel Chef de l’État et du gouverne- ment : (Président de la Répu- blique) Nino Bourdjanadze Organisation administrative : 13 municipalités, 2 républiques autonomes, 63 cercles Langue officielle : géorgien Religion : orthodoxie Monnaie : lari ➡ HISTORIQUE

1801 : début de l’intégration de l’espace géorgien dans l’Empire russe.

1918 : proclamation d’une république indépendante.

1921 : invasion de la Géorgie par l’Armée rouge.

1991 : proclamation de l’indépendance.

1992 : Edouard Chevard- nadze reprend le pouvoir ; guerre contre les dissidents d’Abkhazie.

1999 : attentat contre le prési- dent Chevardnadze.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 78 hab./km 2 Part de la population urbaine : 60,2 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 20,5 %, 15-65 ans 60,8 %, + 65 ans 18,7 % Taux de natalité : 9 ‰ Taux de mortalité : 9,34 ‰ Taux de mortalité : infantile 17,6 ‰

Espérance de vie : hommes 69 ans, femmes 77 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 3,35 milliards de $ PNB/hab. : 650 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 5,4 % Taux annuel d’inflation (2002) : 5,6 %

Structure du PIB : 36 % pour l’agriculture, 12,9 % pour l’industrie. 51,1 % pour les services

Dette extérieure : 1 446 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 26 300 hommes Budget de la Défense 1,2 % du PIB downloadModeText.vue.download 275 sur 370

STATISTIQUES

273

➡ TENDANCES

Le président de la Géorgie, Edouard Chevardnadze, et son gouvernement ont perdu le contrôle du Parlement au pro- fit de l’opposition à l’issue des élections législatives qui se sont déroulées le 2 novembre, et qui ont été entachées, selon l’OSCE, de graves irrégularités.

GHANA

Superficie : 240 000 km 2 Population : 20 922 000 hab.

Capitale : Accra 949 100 hab.

(1 700 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république Chef de l’État et du gouver- nement : (Président de la République) John Kufuor Organisation administrative : 10 régions Langue officielle : anglais Religions : islam, christia- nisme, animisme Monnaie : cedi

➡ HISTORIQUE 1874 : colonisation britannique.

1957 : accession à l’indépendance.

1960 : Kwame Nkrumah premier président de la République.

1981 : prise du pouvoir par une junte militaire dirigée par le capitaine Jerry Rawlings.

2001 : John Kuofor succède à Jerry Rawlings.

➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 83 hab./km 2 Part de la population urbaine : 37,9 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 40,6 %, 15- 65 ans 54 %, + 65 ans 5,1 % Taux de natalité : 30,04 ‰ Taux de mortalité : 9,43 ‰ Taux de mortalité : infantile 62,1 ‰

Espérance de vie : hommes 57 ans, femmes 59 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 5,45 milliards de $ PNB/hab. : 270 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 4,5 % Taux annuel d’inflation (2002) : 14,5 %

Structure du PIB : 35,6 % pour l’agriculture, 25,3 % pour l’industrie, 39,1 % pour les services

Dette extérieure : 5 982 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 7 000 hommes Budget de la Défense 0,9 % du PIB

➡ TENDANCES

La préparation des élections générales de 2004 a largement conditionné la vie politique au cours de l’année. Ce qui n’a pas empêché la diplomatie gha- néenne de s’impliquer avec efficacité en Côte d’Ivoire et au Liberia.

GRANDEBRETAGNE

Superficie : 253 500 km 2 Population : 59 251 000 hab.

Capitale : Londres (7 600 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Roi) Élisabeth II Chef du gouvernement : Anthony Blair, dit Tony Blair Organisation administrative : 4 divisions historiques Langue officielle : anglais Religions : protestantisme, anglicanisme Monnaie : livre sterling

➡ HISTORIQUE

1940 : Winston Churchill organise la résistance du pays contre l’Allemagne. downloadModeText.vue.download 276 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

274

1945 : les travaillistes gagnent les élections et instaurent l’État providence.

1979 : Margaret Thatcher impose une politique libérale au pays et limite le pouvoir des syndicats.

1997 : le travailliste Tony Blair devient Premier ministre et met en oeuvre une politique assez peu différente de celle de Mme Thatcher, mais plus favorable à l’Europe.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 246 hab./km 2 Part de la population urbaine : 89,4 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 19 %, 15-65 ans 60,4 %, + 65 ans 20,6 % Taux de natalité : 11,78 ‰ Taux de mortalité : 10,79 ‰ Taux de mortalité : infantile 5,4 ‰

Espérance de vie : hommes 75 ans, femmes 80 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 1 486 milliards de $ PNB/hab. : 25 250 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 1,6 % Taux annuel d’inflation (2002) : 2,2 %

Structure de la population active : agriculture 1,9 %, mines et industrie 26,9 %, services 71,3 % Dette brute : 56,6 % du PIB Taux de chômage : 5,5 % Défense Total forces armées : 212 400 hommes

Budget de la Défense 2,7 % du PIB

Éléments du niveau de vie

Apport en calories 3 237 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400)

Automobiles : 371/1 000 hab. Téléphones : 540/1 000 hab. Télévisions : 448/1 000 hab.

➡ TENDANCES

La guerre en Irak, dans laquelle la Grande-Bretagne s’est enga- gée aux côtés des États-Unis, malgré l’opposition de l’opinion et au risque de graves divisions dans l’Union européenne, a valu

à Tony Blair une impopularité croissante. L’absence d’armes de destruction massive en Irak, dont la menace avait pourtant servi

à justifier la guerre, a provoqué une crise de confiance aggravée par le scandale lié au suicide de

David Kelly, un expert en arme- ments qui avait confié à la presse ses doutes sur la réalité de cette menace. Mais M. Blair, dont les projets ont été contrariés, sur la conversion à l’euro comme sur la réforme des services publics, entendant relever le défi, n’a pas semblé ébranlé. Ainsi, lors de son congrès en septembre, le Labour s’est dit finalement prêt à le suivre de nouveau pour la reconquête de la confiance, voire pour un troisième mandat en 2006.

GRÈCE

Superficie : 132 000 km 2 Population : 10 976 000 hab.

Capitale : Athènes (3 100 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État : (Président de la République) Konstandínos Stefanópoulos, dit Kostís Stefanópoulos Chef du gouvernement : Konstandínos Simitis, dit Kós- tas Simitis Organisation administrative : 13 régions, 1 république Langue officielle : grec Religion : orthodoxie Monnaie : euro

➡ HISTORIQUE

1832 : aidée par la France, la Grande-Bretagne et la Russie, la Grèce arrache son indépen- dance à l’Empire ottoman.

1936 : dictature du général Metaxás.

1941 : occupation allemande. 1949 : fin de la guerre civile. downloadModeText.vue.download 277 sur 370

STATISTIQUES

275

1967 : putsch militaire des colonels.

1974 : retour de la démocratie et fin de la monarchie.

1981 : adhésion à l’Union européenne.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 82 hab./km 2 Part de la population urbaine : 59,9 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 15,1 %, 15-65 ans 61,5 %, + 65 ans 23,4 %

Taux de natalité : 9,38 ‰ Taux de mortalité : 9,63 ‰ Taux de mortalité : infantile 6,3 ‰

Espérance de vie : hommes 75 ans, femmes 81 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 124 milliards de $ PNB/hab. : 11 660 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 4 % Taux annuel d’inflation (2000) : 3,2 %

Structure de la population active : agriculture 20,3 %, mines et industrie 22,9 %, services 56,9 % Dette brute : 106,3 % du PIB Taux de chômage : 10,1 % Défense Total forces armées : 165 670 hommes Budget de la Défense 3,2 % du PIB

Éléments du niveau de vie Analphabétisme 3,3 % Apport en calories 3 575 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400)

Automobiles : 223/1 000 hab.

Téléphones : 516/1 000 hab.

Télévisions : 220/1 000 hab.

➡ TENDANCES

Assumant à partir du 1er jan- vier pour six mois la présidence de l’UE, la Grèce a pu faire la démonstration de son sens des responsabilités européennes dans un contexte tendu, du fait de la guerre en Irak. Le sommet d’Athènes en avril a néanmoins été l’occasion de recoller les morceaux d’une Europe en voie d’élargissement, et celui de Thes- salonique en juin a donné lieu à un accord de principe sur l’ouver- ture de l’UE aux pays balkaniques. Le débat européen a vite cédé la place à la campagne pour les législatives du printemps 2004, sur fond de préparatifs des jeux Olympiques d’Athènes.

GRENADE

Superficie : 344 km 2 Population : 80 000 hab.

Capitale : Saint George’s 35 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Roi) Élisa- beth II représentée par Daniel Williams

Chef du gouvernement : Keith Mitchell

Organisation administrative : 6 paroisses Langue officielle : anglais Religion : catholicisme Monnaie : dollar des Caraïbes orientales

➡ HISTORIQUE

XVIIIe siècle : colonisation française.

1762 : colonie britannique.

1974 : indépendance de la Grenade.

1979 : un coup d’État amène Maurice Bishop au pouvoir.

1983 : à la suite du rapproche- ment de la Grenade de Cuba, les États-Unis interviennent militairement dans l’île.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 285 hab./km 2 Part de la population urbaine : 37,5 %

Taux de natalité : 25,26 ‰ Taux de mortalité : 6 ‰ Taux de mortalité : infantile 24 ‰

Espérance de vie : hommes 69 ans, femmes 76 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,356 milliard de $ PNB/hab. : 3 500 $ Taux annuel d’inflation (2002) : 1,5 %

Structure du PIB : 8,1 % pour l’agriculture, 22,2 % pour l’industrie, 79,7 % pour les services

Dette extérieure : 105 millions de $ downloadModeText.vue.download 278 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

276

GUATEMALA

Superficie : 109 000 km 2 Population : 12 347 000 hab.

Capitale : Guatemala 3 242 400 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime présidentiel Chef de l’État et du gouver- nement : (Président de la République) Oscar Berger Organisation administrative : 22 départements Langue officielle : espagnol Religion : catholicisme Monnaie : quetzal

➡ HISTORIQUE 1822 : intégration dans l’Empire mexicain.

1839 : indépendance du pays.

1944 : révolution et arrivée au pouvoir d’un gouvernement de gauche.

1954 : renversement du prési- dent Jacobo Arbenz Guzmán, qui avait tenté de promouvoir une réforme agraire.

1963 : guerre civile larvée et pouvoir assumé par les militaires.

1985 : retour des civils au pouvoir.

1989 : négociations entre les autorités et la guérilla.

1996 : arrêt de la guerre civile.

➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 102 hab./km 2 Part de la population urbaine : 39,5 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 43,6 %, 15- 65 ans 51,1 %, + 65 ans 5,3 % Taux de natalité : 33,82 ‰ Taux de mortalité : 7,38 ‰ Taux de mortalité : infantile 41,2 ‰

Espérance de vie : hommes 62 ans, femmes 68 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 20,9 milliards de $ PNB/hab. : 1 750 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 2 % Taux annuel d’inflation (2002) : 6,3 % Structure du PIB : 23,1 % pour l’agriculture, 20,2 % pour l’industrie, 56,7 % pour les services

Dette extérieure : 4 086 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 31 400 hommes Budget de la Défense 0,7 % du PIB ➡ TENDANCES

Bien qu’elle ne figurât que sur les dernières pages de l’agenda poli- tique 2003, l’élection présiden- tielle du 28 décembre a dominé l’année écoulée. On en retiendra, bien sûr, la victoire au second tour de scrutin d’Oscar Berger à la tête de la coalition de droite Grande alliance nationale, mais aussi l’éviction, dès le premier tour en novembre, de l’ancien dictateur Rios Montt.

GUINÉE

Superficie : 250 000 km 2 Population : 8 480 000 hab.

Capitale : Conakry 1 824 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république Chef de l’État et du gouverne- ment : (Prés. de la République) Lansana Conté Premier ministre : Lamine Sidime

Organisation administrative : 8 gouvernorats Langue officielle : français Religions : islam, animisme Monnaie : franc guinéen

➡ HISTORIQUE

1866 : colonisation française.

1958 : indépendance de la Guinée. Sékou Touré, premier président du pays, institue un régime autoritaire.

1984 : mort de Sékou Touré. Le colonel Lansana Conté lui succède. downloadModeText.vue.download 279 sur 370

STATISTIQUES

277

1998 : réélection contestée par l’opposition de Lansana Conté.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 30 hab./km 2 Part de la population urbaine : 32,1 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 44,1 %, 15- 65 ans 51,5 %, + 65 ans 4,4 % Taux de natalité : 39,62 ‰ Taux de mortalité : 17,47 ‰ Taux de mortalité : infantile 114,4 ‰ Espérance de vie : hommes 46 ans, femmes 47 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 3,14 milliards de $ PNB/hab. : 410 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 4,2 % Structure du PIB : 23,9 % pour l’agriculture, 37,4 % pour l’industrie, 38,7 % pour les services

Dette extérieure : 3 520 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 9 700 hommes Budget de la Défense 1,5 % du PIB

➡ TENDANCES La Guinée a choisi de se doter d’une charte électorale destinée à assurer une meilleure transpa- rence des scrutins. Sur la scène extérieure, on retiendra l’implica- tion de la Guinée dans la chute du président du Liberia, Charles Taylor.

GUINÉEBISSAU

Superficie : 36 125 km 2 Population : 1 493 000 hab.

Capitale : Bissau 274 000 hab.

Principales villes (hormis la capitale) : Gabu 7 803 hab., Bafata 13 429 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république Chef de l’État : (Président de la République) Henrique Rosa Chef du gouvernement : Artur Sanha

Organisation administra- tive : 3 provinces, 1 secteur autonome Langue officielle : portugais Religions : islam, animisme Monnaie : franc CFA ➡ HISTORIQUE

1879 : colonisation portugaise.

1962 : guérilla antiportugaise dirigée par Amilcar Cabral.

1973 : indépendance de la Guinée-Bissau.

1980 : coup d’État et libéralisa- tion limitée du régime.

1998 : tentative de putsch.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 42 hab./km 2 Part de la population urbaine : 23,3 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 43,5 %, 15- 65 ans 50,9 %, + 65 ans 5,6 % Taux de natalité : 40,92 ‰ Taux de mortalité : 19,91 ‰ Taux de mortalité : infantile 121,2 ‰ Espérance de vie : hommes 43 ans, femmes 45 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,193 milliard de $ PNB/hab. : 150 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : – 4,2 % Taux annuel d’inflation (2002) : 3,3 % Structure du PIB : 62,3 % pour l’agriculture, 11,8 % pour l’industrie, 26 % pour les services

Dette extérieure : 921 millions de $ Défense Total forces armées : 9 250 hommes Budget de la Défense 2,8 % du PIB ➡ TENDANCES Au pouvoir depuis février 2000, le président Kumba Yala a été ren- versé en septembre par un coup d’État militaire dirigé par le géné- ral Vérissimo Seabra Correia. Ce dernier, qui s’est autoproclamé président par intérim, a promis d’organiser des élections dès que les conditions seront remplies. downloadModeText.vue.download 280 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

278

GUINÉE

ÉQUATORIALE

Superficie : 28 100 km 2 Population : 494 000 hab.

Capitale : Malabo 31 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république Chef de l’État : (Président de la République) Teodoro Obiang Nguema Mbasogo Chef du gouvernement : Cán- dido Mutatema Rivas Organisation administrative : 2 régions Langue officielle : espagnol Religion : catholicisme Monnaie : franc CFA ➡ HISTORIQUE 1778 : colonie espagnole.

1968 : indépendance du pays. Macías Nguema institue un régime dictatorial.

1978 : coup d’État et renverse- ment du président Nguema.

1985 : entrée du pays dans la zone franc.

1991 : le pays se dote d’une nouvelle Constitution ; institu- tion du multipartisme, mais de graves violations des droits de l’homme continuent.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques

Densité : 16 hab./km 2

Part de la population urbaine :

47 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 43,7 %, 15-

65 ans 52,8 %, + 65 ans 6 %

Taux de natalité : 40,04 ‰

Taux de mortalité : 16,27 ‰

Taux de mortalité : infantile

98,8 ‰

Espérance de vie : hommes

49 ans, femmes 52 ans

Indicateurs socio-économiques

PNB : 0,327 milliard de $

PNB/hab. : 700 $

Taux de croissance annuelle du

PIB (2002) : 31,2 %

Structure du PIB : 23,1 % pour l’agriculture, 67,1 % pour l’industrie, 9,6 % pour les services

Dette extérieure : 283 millions de $

Défense

Total forces armées :

1 320 hommes

Budget de la Défense 1,1 % du PIB ➡ TENDANCES Le président Teodoro Obiang

Nguema a célébré le 3 août le

24e anniversaire de son arrivée au pouvoir par un coup d’État, le

3 août 1979. Avec l’exploitation du pétrole, la croissance a litté- ralement fait un bond, dont les

Guinées attendent toujours de toucher les dividendes.

GUYANA

Superficie : 215 000 km 2 Population : 765 000 hab.

Capitale : Georgetown 275 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État : (Président de la République) Bharrat Jagdeo Chef du gouvernement : Samuel Hinds Organisation administrative : 10 régions Langue officielle : anglais Religions : protestantisme, hindouisme, anglicanisme Monnaie : dollar de la Guyana ➡ HISTORIQUE

1814 : colonie britannique.

1966 : indépendance de la Guyana. Forbes Burnham institue un régime autoritaire et procubain.

1991 : état d’urgence.

1992 : les élections amènent au pouvoir Cheddi Jagan, qui libéralise l’économie. downloadModeText.vue.download 281 sur 370

STATISTIQUES

279

1997 : la veuve de Jagan lui succède au pouvoir.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 4 hab./km 2 Part de la population urbaine : 37,6 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 30,6 %, 15- 65 ans 62,5 %, + 65 ans 6,9 % Taux de natalité : 21,18 ‰ Taux de mortalité : 7,39 ‰ Taux de mortalité : infantile 52,5 ‰

Espérance de vie : hommes 61 ans, femmes 67 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,651 milliard de $ PNB/hab. : 840 $ Dette extérieure : 1 611 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 1 600 hommes Budget de la Défense 0,7 % du PIB

➡ TENDANCES

L’année écoulée aura été placée sous le signe de l’apaisement politique avec le retour au Parle- ment des députés du PNC (op- position) et une diminution des tensions communautaires entre les Afro-Guyanais et les Hindous.

Toutefois, la criminalité n’a pas marqué le pas. HAÏTI

Superficie : 27 750 km 2 Population : 8 326 000 hab.

Capitale : Port-au-Prince (1 500 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Jean-Bertrand Aristide

Chef du gouvernement : Yvon Neptune

Organisation administrative : 9 départements Langues officielles : français, créole Religions : vaudou, catholicisme Monnaie : gourde ➡ HISTORIQUE

1697 : colonie française.

1791 : Toussaint Louverture prend la tête de la révolte des esclaves.

1806 : Jean-Jacques Dessa- lines proclame l’indépendance.

1915 : débarquement des troupes américaines.

1957 : François Duvalier ins- taure un régime dictatorial.

1986 : exil du président Jean-Claude Duvalier, fils de François.

1990 : élection du père Jean- Bertrand Aristide.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 283 hab./km 2 Part de la population urbaine : 35,1 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 40,6 %, 15- 65 ans 53,8 %, + 65 ans 5,6 % Taux de natalité : 30,7 ‰ Taux de mortalité : 12,45 ‰ Taux de mortalité : infantile 61,3 ‰

Espérance de vie : hommes 51 ans, femmes 56 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 3,68 milliards de $ PNB/hab. : 440 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : – 1,7 % Taux annuel d’inflation (2002) : 8,7 %

Structure du PIB : 29,4 % pour l’agriculture, 22,2 % pour l’industrie, 48,4 % pour les services

Dette extérieure : 1 057 mil- lions de $ Défense

Budget de la Défense 1,3 % du PIB

➡ TENDANCES Les querelles politiques et la vio- lence ont de nouveau constitué le quotidien de l’île caraïbe. Pri- vée de l’aide extérieure depuis les élections de 2000, contestées par l’opposition et la communauté internationale, Haïti poursuit son downloadModeText.vue.download 282 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

280 enlisement dans la crise. Une situation qui paraît inextricable.

HONDURAS

Superficie : 112 000 km 2 Population : 6 941 000 hab.

Capitale : Tegucigalpa 950 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime présidentiel Chef de l’État et du gouverne- ment : (Président de la Répu- blique) Ricardo Maduro Joest Organisation administrative : 18 départements Langue officielle : espagnol Religion : catholicisme Monnaie : lempira ➡ HISTORIQUE

1821 : indépendance du pays.

1932-1948 : dictature de Tibur- cio Carías Andino.

1963 : coup d’État militaire.

1990 : les sandinistes du Nica- ragua quittent le pays.

1994 : plusieurs dirigeants politiques sont assignés pour corruption.

1997 : vive agitation sociale.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 56 hab./km 2 Part de la population urbaine : 51,7 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 41,8 %, 15- 65 ans 53,1 %, + 65 ans 5,1 % Taux de natalité : 31,86 ‰ Taux de mortalité : 5,39 ‰ Taux de mortalité : infantile 33,1 ‰

Espérance de vie : hommes 67 ans, femmes 72 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 6,21 milliards de $ PNB/hab. : 920 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 2 % Taux annuel d’inflation (2002) : 7,7 %

Structure du PIB : 16,2 % pour l’agriculture, 31,9 % pour l’industrie, 51,9 % pour les services

Dette extérieure : 4 698 mil- lions de $ Taux de chômage : 3,2 % Défense Total forces armées : 8 300 hommes Budget de la Défense 0,6 % du PIB ➡ TENDANCES Un an après avoir succédé au président libéral Carlos Flores, Ricardo Maduro n’avait guère avancé sur le chemin des ré- formes. Partisan de la « tolérance zéro » à l’égard d’une criminalité littéralement galopante, le nou- vel homme fort du Honduras ne pouvait, là non plus, se prévaloir de résultats significatifs.

HONGRIE

Superficie : 93 000 km 2 Population : 9 877 000 hab.

Capitale : Budapest 1 825 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État : (Président de la République) Ferenc Madl Chef du gouvernement : Peter Medgyessy Organisation administrative : 22 municipalités, 19 comtés, la municipalité de la capitale Langue officielle : hongrois Religions : protestantisme, catholicisme Monnaie : forint

➡ HISTORIQUE

1687 : le royaume est intégré dans l’empire des Habsbourg.

1918 : indépendance.

1919 : éphémère « République des conseils » de Béla Kun.

L’amiral Horthy lui succède et instaure une dictature. downloadModeText.vue.download 283 sur 370

STATISTIQUES

281

1941 : entrée en guerre contre l’URSS au côté de l’Allemagne nazie.

1947 : instauration d’une répu- blique socialiste. 1956 : soulèvement antisoviétique.

1991 : retrait total des troupes soviétiques.

1999 : adhésion à l’OTAN.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 109 hab./km 2 Part de la population urbaine : 63,8 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 16,9 %, 15-65 ans 63,4 %, + 65 ans 19,7 % Taux de natalité : 9,4 ‰ Taux de mortalité : 13,68 ‰ Taux de mortalité : infantile 8,7 ‰

Espérance de vie : hommes 66 ans, femmes 75 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 54 milliards de $ PNB/hab. : 5 280 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 3,3 % Taux annuel d’inflation (2002) : 5,3 %

Structure de la population active : agriculture 8 %, mines et industrie 33,4 %, services 57 %

Structure du PIB : 5,1 % pour l’agriculture, 33,5 % pour l’industrie, 61,5 % pour les services Taux de chômage : 6,5 % Défense Total forces armées : 43 440 hommes Budget de la Défense 1,3 % du PIB

➡ TENDANCES

Après Malte et la Slovénie, la Hon- grie a confirmé par référendum le 12 avril sa volonté d’intégrer l’Union européenne. Si les élec- teurs ne se sont guère mobilisés pour ce scrutin, c’est moins par manque d’enthousiasme que parce qu’ils considèrent déjà leur pays comme faisant partie de l’Europe, malgré le grand écart persistant entre le niveau de vie des Hongrois et celui des habi- tants de l’Europe occidentale. Par ailleurs, le pays connaît de fortes disparités entre les secteurs agri- coles et industriels, d’une part, et entre ses différentes régions, d’autre part.

INDE

Superficie : 3 268 000 km 2 Population : 1 065 462 000 hab.

Capitale : New Delhi Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État : Abdul Kalam

Chef du gouvernement : Atal Behari Vajpayee Organisation administrative : 7 territoires, 25 États Langues officielles : hindi, anglais

Religions : islam, hindouisme Monnaie : roupie indienne

➡ HISTORIQUE 1858 : rattachement à la Couronne.

1947 : indépendance de l’Inde et partition avec le Pakistan.

1948 : assassinat de Gandhi.

1965 : guerre avec le Pakistan pour le contrôle du Cachemire.

1971 : nouvelle guerre avec le Pakistan lors de la sécession du Bangladesh.

1998 : le parti du Congrès perd les élections.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 336 hab./km 2 Part de la population urbaine : 28,1 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 33,5 %, 15- 65 ans 58,9 %, + 65 ans 7,6 % Taux de natalité : 25,75 ‰ Taux de mortalité : 8,88 ‰ Taux de mortalité : infantile 74,7 ‰

Espérance de vie : hommes 62 ans, femmes 64 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 502 milliards de $ PNB/hab. : 480 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 4,9 % Taux annuel d’inflation (2002) : 4,3 %

Structure du PIB : 27,7 % pour l’agriculture, 26,3 % pour l’industrie, 46 % pour les services

Dette extérieure : 94 404 mil- lions de $ downloadModeText.vue.download 284 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

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Défense Total forces armées : 1 173 000 hommes Budget de la Défense 2,1 % du PIB

Éléments du niveau de vie Analphabétisme 48 % Apport en calories 2 415 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400) ➡ TENDANCES

Les efforts du gouvernement pour normaliser les relations avec le Pakistan ont amorcé une timide détente dans la région.

Mais la situation est restée ten- due dans le Cachemire indien tandis que pesait la menace isla- miste à Bombay, où un attentat a fait 50 morts le 25 août.

INDONÉSIE

Superficie : 1 900 000 km 2 Population : 219 883 000 hab. Capitale : Jakarta 11 018 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république Chef de l’État et du Gouverne- ment : (Président de la Répu- blique) Megawati Sukarnoputri Organisation administrative : 7 unités géographiques Langue officielle : indonésien Religion : islam Monnaie : rupiah ➡ HISTORIQUE

1816 : début de la colonisation néerlandaise.

1941 : conquête japonaise.

1945 : proclamation de l’indépendance.

1965 : sanglante répression mi- litaire contre les communistes.

1967 : le général Suharto remplace Sokarno, le père de l’indépendance, à la tête de l’État.

1977 : les difficultés sociales contraignent Suharto à la démission.

1999 : l’islamiste modéré A. Wahid remplace Jusuf Habi- bie à la présidence.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 114 hab./km 2 Part de la population urbaine : 39,8 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 30,8 %, 15- 65 ans 61,6 %, + 65 ans 7,6 % Taux de natalité : 22,42 ‰ Taux de mortalité : 7,55 ‰ Taux de mortalité : infantile 39,5 ‰

Espérance de vie : hommes 64 ans, femmes 68 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 150 milliards de $ PNB/hab. : 710 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 3,7 %

Taux annuel d’inflation (2002) : 11,9 %

Structure de la population active : agriculture 45 %, mines et industrie 17,2 %, services 37,8 % Structure du PIB : 19,5 % pour l’agriculture, 43,3 % pour l’industrie, 37,3 % pour les services

Dette extérieure : 136 174 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 298 000 hommes Budget de la Défense 0,9 % du PIB

➡ TENDANCES

Désignée par Washington comme le 2e front de la guerre contre le terrorisme, l’Indonésie a sévi contre les islamistes après l’attentat sanglant de Bali d’oc- tobre 2002. Mais les islamistes défiaient à nouveau le pouvoir indonésien par un attentat à Dja- karta le 5 août. Une radicalisation qui leur vaut l’hostilité de la majo- rité des Indonésiens, mais qui exploite les tensions parcourant l’archipel, dont l’économie reste fragile. downloadModeText.vue.download 285 sur 370

STATISTIQUES

283

IRAK Superficie : 434 000 km 2 Population : 25 175 000 hab.

Capitale : Bagdad (4 400 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république Chef de l’État et du gouver- nement : (Président de la République) administration civile américaine Organisation administrative : 18 gouvernorats Langue officielle : arabe Religion : islam Monnaie : dinar irakien

➡ HISTORIQUE

XVIe siècle : conquête ottomane.

1920 : mandat britannique sur le pays.

1930 : indépendance du pays, sous contrôle britannique.

1958 : coup d’État militaire et abolition de la monarchie.

1977 : Saddam Hussein s’empare de tous les pouvoirs.

1990 : invasion du Koweït.

1991 : les troupes irakiennes sont vaincues par une force internationale menée par les Américains.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 52 hab./km 2 Part de la population urbaine : 76,3 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 41,6 %, 15- 65 ans 53,8%, + 65 ans 4,6 % Taux de natalité : 31,82 ‰ Taux de mortalité : 8,48 ‰ Taux de mortalité : infantile 63,5 ‰

Espérance de vie : hommes 58 ans, femmes 60 ans Défense Total forces armées : 429 000 hommes

➡ TENDANCES

L’entrée des troupes améri- caines à Bagdad, la révélation de l’ampleur des crimes perpétrés par le régime de Saddam Hus- sein, les images des populations accueillant en libérateurs GI et marines ont incontestablement concouru à modifier les perspec- tives et à brouiller les mémoires.

L’efficacité de la machine mili- taire américaine en Irak aura fait oublier un temps le contexte qui avait présidé à sa mise en mou- vement. Disqualifiée alors, l’ONU tentait de reprendre la main six mois plus tard. Entre-temps, les soldats de la libération s’étaient mués en troupes d’occupation.

Six mois après que la statue de Saddam Hussein a été mise à terre place Al-Ferdaous, à Bag- dad, un soldat américain mourait en moyenne chaque jour.

IRAN

Superficie : 1 650 000 km 2 Population : 69 920 000 hab.

Capitale : Téhéran 7 225 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État et du gouverne- ment : (Président de la Répu- blique) Ali Mohammad Khatami Organisation administrative : 26 provinces Langue officielle : persan Religion : islam Monnaie : rial iranien

➡ HISTORIQUE

1907 : zones d’influence britan- nique et russe en Perse.

1921 : coup d’État de Reza Khan, fondateur de la dynastie pahlavi. downloadModeText.vue.download 286 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

284

1951 : le Premier ministre Mossadegh tente une politique progressiste.

1953 : destitution de Mossa- degh par le chah, soutenu par les Américains.

1979 : chute de la monarchie et établissement d’une république islamiste menée par l’ayatollah Khomeyni.

1980 : guerre avec l’Irak.

1988 : cessez-le-feu.

1997 : élection à la présidence de la République de l’islamiste modéré Khatami.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 39 hab./km 2 Part de la population urbaine : 61,1 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 347,4 %, 15- 65 ans 57,4 %, + 65 ans 5,2 % Taux de natalité : 20,6 ‰ Taux de mortalité : 5,47 ‰ Taux de mortalité : infantile 35,9 ‰

Espérance de vie : hommes 70 ans, femmes 72 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 112 milliards de $ PNB/hab. : 1 710 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 6 % Taux annuel d’inflation (2002) : 15,5 %

Structure du PIB : 20,09 % pour l’agriculture, 31,2 % pour l’industrie, 47,9 % pour les services

Dette extérieure : 11 816 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 545 600 hommes Budget de la Défense 3,0 % du PIB

➡ TENDANCES

Entre les pressions des Occiden- taux et celles de la rue, le régime iranien s’engage timidement sur la voie de compromis dont sa survie semble dépendre. Si une ouverture politique n’est pas à l’ordre du jour à Téhéran, où les conservateurs détiennent l’es- sentiel du pouvoir, les craintes de mesures de rétorsion américaines et la médiation européenne ont provoqué une percée diploma- tique, en octobre, avec l’enga- gement de l’Iran à se conformer aux exigences de la commu- nauté internationale pour ce qui concerne le développement de son programme nucléaire.

IRLANDE

Superficie : 70 000 km 2 Population : 3 956 000 hab.

Capitale : Dublin 985 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Mary McAleese Chef du gouvernement : Bertie Ahern

Organisation administrative : 4 provinces Langues officielles : gaélique, anglais Religion : catholicisme Monnaie : euro

➡ HISTORIQUE

1541 : le souverain anglais prend le titre de roi d’Irlande.

1846 : la famine ravage le pays.

1916 : soulèvement nationaliste. 1921 : les comtés du Nord (Ulster) sont maintenus au sein de la Grande-Bretagne.

1937 : proclamation de la Constitution irlandaise, sous l’autorité d’Eamon De Valera.

1973 : entrée de l’Irlande dans l’Union européenne.

1985 : assouplissement des lois sur le divorce et sur l’avortement.

1998 : nouvel accord anglo- irlandais pour tenter de mettre un terme à l’agitation en Ulster.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 54 hab./km 2 Part de la population urbaine : 58,8 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 21,6 %, 15-65 ans 63,2 %, + 65 ans 15,2 %

Taux de natalité : 14,2 ‰ Taux de mortalité : 8,43 ‰ Taux de mortalité : infantile 6 ‰

Espérance de vie : hommes 74 ans, femmes 79 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 93 milliards de $ PNB/hab. : 23 870 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 5,9 % downloadModeText.vue.download 287 sur 370

STATISTIQUES

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Taux annuel d’inflation (2000) : 5,6 %

Structure de la population active : agriculture 10,4 %, mines et industrie 28,4 %, services 61,7 % Dette brute : 56,6 % du PIB Taux de chômage : 4,2 % Défense Total forces armées : 11 500 hommes Budget de la Défense 1,0 % du PIB

Éléments du niveau de vie Nombre d’habitants pour 1 médecin 476 Apport en calories 3 636 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400)

Automobiles : 272/1 000 hab.

Téléphones : 411/1 000 hab.

Télévisions : 409/1 000 hab.

➡ TENDANCES

L’Irlande est l’un des pays qui ont largement bénéficié des aides de l’Union européenne. Son adhésion à l’Europe en 1973 s’est traduite par un décollage éco- nomique spectaculaire qui lui a permis de juguler les deux fléaux séculaires de l’île : le chômage et l’émigration. Mais le vent a tourné et, fortement touchée par le ralentissement mondial, l’Irlande est entrée dans une spirale infla- tionniste de nature à remettre en cause sa compétitivité.

ISLANDE

Superficie : 103 000 km 2 Population : 290 000 hab.

Capitale : Reykjavík Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Ólafur Ragnar Grímsson Chef du gouvernement : Davìd Oddsson Organisation administrative : 9 régions Langue officielle : islandais Religion : protestantisme Monnaie : couronne islandaise ➡ HISTORIQUE 1380 : l’Islande est rattachée au Danemark.

1918 : indépendance de l’Islande. 1940-1944 : occupation par les Alliés.

1944 : proclamation de la république.

1949 : adhésion à l’OTAN.

1958 : problème de zones de pêche avec la Grande-Bretagne.

1980 : élection à la présidence de Mme Vigdis Finnbogadôttir, réélue en 1984, 1988 et 1992.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 3 hab./km 2 Part de la population urbaine : 92 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 23,3 %, 15-65 ans 61,6 %, + 65 ans 15,1 %

Taux de natalité : 14,8 ‰ Taux de mortalité : 6,7 ‰ Taux de mortalité : infantile 4,5 ‰

Espérance de vie : hommes 77 ans, femmes 82 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 7,94 milliards de $ PNB/hab. : 27 970 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : – 0,5 % Taux annuel d’inflation (2000) : 5,2 %

Structure de la population active : agriculture 8,5 %, mines et industrie 25,4 %, services 65,5 % Dette brute : 45,6 % du PIB Taux de chômage : 2,9 % Défense Total forces armées : 240 hommes Budget de la Défense 1,2 % du PIB ➡ TENDANCES

Les élections législatives de mai 2003 se sont soldées par la recon- duction au pouvoir de la coali- tion sortante, ce qui a permis au Premier ministre, David Oddsson, de retrouver sa place. Sur le plan économique, le millésime 2003 aura de nouveau confirmé que downloadModeText.vue.download 288 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

286 l’Islande reste l’un des pays les plus riches d’Europe occidentale.

ISRAËL

Superficie : 21 000 km 2 Population : 6 433 000 hab.

Capitale : Jérusalem (selon la Knesset) Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État : (Président de la République) Moshe Katzav Chef du gouvernement : Ariel Sharon

Organisation administrative : 6 districts Langues officielles : hébreu, arabe

Religions : judaïsme, islam Monnaie : shekel

➡ HISTORIQUE

1917 : le ministre britannique Arthur Balfour stipule l’instal- lation en Palestine d’un foyer national juif.

1922 : mandat britannique sur la Palestine.

1948 : proclamation de l’État d’Israël. Première guerre israélo-arabe.

1956 : deuxième guerre israélo-arabe.

1967 : troisième guerre israélo-arabe.

1973 : quatrième guerre israélo-arabe. 1977 : pour la première fois la droite (Likoud) remplace au pouvoir les travaillistes.

1979 : paix séparée avec l’Égypte.

1995 : assassinat du Premier ministre Rabin.

2001 : le conservateur (Likoud) Ariel Sharon succède au tra- vailliste Ehud Barak.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 296 hab./km 2 Part de la population urbaine : 91 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 28,3 %, 15-65 ans 58,5 %, + 65 ans 13,2 %

Taux de natalité : 21,48 ‰ Taux de mortalité : 6,16 ‰ Taux de mortalité : infantile 5,9 ‰

Espérance de vie : hommes 76 ans, femmes 80 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 107 milliards de $ PNB/hab. : 16 750 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : – 1 % Taux annuel d’inflation (2002) : 1,1 %

Taux de chômage : 7,7 % Défense Total forces armées : 173 500 hommes Budget de la Défense 6,7 % du PIB

➡ TENDANCES

Le processus de paix israélo-pa- lestinien, auquel le Premier mi- nistre Ariel Sharon s’est toujours montré défavorable, n’aura pas progressé au cours de l’année écoulée. Le plan dit « feuille de route », adopté par le quartet réunissant États-Unis, UE, ONU et Russie, sera, quant à lui, resté lettre morte. L’édification du mur de défense contre les tentatives d’infiltrations palestiniennes s’est poursuivie : sans pour autant apporter la sécurité à Israël – ce dont ont témoigné de nombreux attentats meurtriers –, ce mur a privé de fait la Cisjordanie de quelque 7 % de son territoire.

ITALIE

Superficie : 301 000 km 2 Population : 57 423 000 hab.

Capitale : Rome (2 700 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État : (Président de la République) Carlo Azeglio Ciampi downloadModeText.vue.download 289 sur 370

STATISTIQUES

287

Chef du gouvernement : Silvio Berlusconi Organisation administrative : 20 régions Langue officielle : italien Religion : catholicisme Monnaie : euro

➡ HISTORIQUE 1861 : proclamation du royaume d’Italie.

1915 : entrée de l’Italie dans le conflit mondial au côté des franco-anglais.

1922 : arrivée de Benito Mus- solini au pouvoir.

1935 : guerre en Éthiopie.

1943 : chute de Mussolini.

1946 : proclamation de la répu- blique par référendum.

1948-1953 : Alcide De Gasperi au pouvoir. 1957 : adhésion de l’Italie au Marché commun.

1978 : assassinat du prési- dent du Conseil Aldo Moro, favorable à un rapprochement avec les communistes.

1991 : disparition du PCI.

1992 : assassinat du juge Falcone et opération « mains propres » menée par les juges contre la corruption.

➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 196 hab./km 2 Part de la population urbaine : 66,9 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 14,3 %, 15-65 ans 61,6 %, + 65 ans 24,1 % Taux de natalité : 9,3 ‰ Taux de mortalité : 10,39 ‰ Taux de mortalité : infantile 5,4 ‰

Espérance de vie : hommes 75 ans, femmes 82 ans Indicateurs socio-économiques

PNB : 1 098 milliards de $ PNB/hab. : 18 960 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 0,4 % Taux annuel d’inflation (2002) : 2,6 %

Structure de la population active : agriculture 6,8 %, mines et industrie 32 %, ser- vices 61,2 % Structure du PIB : 3,1 % pour l’agriculture, 9,4 % pour l’industrie, 67,6 % pour les services

Dette brute : 119,9 % du PIB Taux de chômage : 10,5 % Défense Total forces armées : 265 500 hommes Budget de la Défense 1,5 % du PIB

Éléments du niveau de vie Analphabétisme 1,9 % Nombre d’habitants pour 1 médecin 181 Apport en calories 3 504 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400)

Automobiles : 571/1 000 hab.

Téléphones : 447/1 000 hab.

Télévisions : 446/1 000 hab.

➡ TENDANCES L’année écoulée aura été mou- vementée sur le front social, le nombre des journées perdues pour grève ayant atteint un niveau record. Les difficultés de Fiat et le changement d’action- naires de Mediobanca, première banque d’affaires du pays, ont modifié la donne du paysage économique. Avec une crois- sance atone, une inflation mal maîtrisée et un chômage en hausse, la « machine » écono- mique a connu de sérieux ratés.

De plus, la présidence italienne de l’UE s’est ouverte en juillet sur fond de crise avec Berlin après que M. Berlusconi eut fait une remarque extrêmement désobli- geante à l’endroit d’un député allemand.

JAMAÏQUE

Superficie : 11 425 km 2 Population : 2 651 000 hab.

Capitale : Kingston 103 771 hab.

Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Reine) Élisa- beth II représentée par Howard Felix Hanlan Cooke Chef du gouvernement : Perci- val James Patterson Organisation administrative : 14 divisions Langue officielle : anglais Religion : protestantisme Monnaie : dollar de la Jamaïque ➡ HISTORIQUE

1655 : colonie britannique.

1962 : indépendance du pays. downloadModeText.vue.download 290 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

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1972 : le PNP, plus à gauche, succède au pouvoir au Parti travailliste.

1980 : approfondissement de la crise économique et de la violence sociale.

1989 : retour au pouvoir du lea- der du PNP, Michael Manley, converti aux dogmes libéraux en économie.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 240 hab./km 2 Part de la population urbaine : 55,6 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 31,5 %, 15- 65 ans 58,9 %, + 65 ans 6,6 % Taux de natalité : 21,9 ‰ Taux de mortalité : 5,92 ‰ Taux de mortalité : infantile 19,9 ‰

Espérance de vie : hommes 73 ans, femmes 77 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 7,37 milliards de $ PNB/hab. : 2 820 $ Taux annuel d’inflation (2002) : 6,5 %

Structure du PIB : 6,6 % pour l’agriculture, 32,1 % pour l’industrie, 61,3 % pour les services

Dette extérieure : 3 913 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 2 830 hommes Budget de la Défense 0,8 % du PIB

➡ TENDANCES

Le cercle vicieux dans lequel s’est engagée la Jamaïque paraît de plus en plus difficile à briser : le pays a besoin de réformes de fond pour sortir de la récession, mais la conjoncture sociale inter- dit de mettre en oeuvre tout ce qui pourrait ressembler à un plan d’austérité.

JAPON

Superficie : 373 000 km 2 Population : 127 654 000 hab.

Capitale : Tokyo (11 930 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Empereur) Akihito

Chef du gouvernement : Juni- chiro Koizumi Organisation administrative : 47 préfectures Langue officielle : japonais Religions : shintoïsme, bouddhisme Monnaie : yen

➡ HISTORIQUE

1854 : arrivée de l’amiral américain Perry et ouverture forcée du Japon au commerce international.

1905 : victoire contre la flotte russe.

1927 : arrivée des ultranationa- listes au pouvoir.

1941 : déclaration de guerre aux États-Unis.

1945 : capitulation du Japon.

1955 : constitution du Parti libéral-démocrate (conserva- teur) au pouvoir pour près de 40 ans.

1990 : intronisation du nouvel empereur Akihito.

➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 336 hab./km 2 Part de la population urbaine : 78,7 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 14,7 %, 15-65 ans 62,1 %, + 65 ans 23,2 %

Taux de natalité : 9,6 ‰ Taux de mortalité : 7,97 ‰ Taux de mortalité : infantile 3,3 ‰

Espérance de vie : hommes 77 ans, femmes 84 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 4 266 milliards de $ PNB/hab. : 33 550 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 0,3 % Taux annuel d’inflation (2002) : 0,9 %

Structure de la population active : agriculture 5,3 %, mines et industrie 33,1 %, services 61,6 % Structure du PIB : 1,9 % pour l’agriculture, 38 % pour l’industrie Dette brute : 97,3 % du PIB Taux de chômage : 4,7 % Défense Total forces armées : 236 300 hommes Budget de la Défense 0,9 % du PIB downloadModeText.vue.download 291 sur 370

STATISTIQUES

289

Éléments du niveau de vie

Nombre d’habitants pour

1 médecin 555

Apport en calories 2 905 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400)

Automobiles : 374/1 000 hab. Téléphones : 479/1 000 hab. Télévisions : 684/1 000 hab.

➡ TENDANCES

Sous la pression d’une crise éco- nomique persistante, plus d’ail- leurs que sous l’impulsion du réformateur Yunichiro Koizumi, dont la cote de popularité n’a cessé de chuter depuis qu’il a ac- cédé à la tête du gouvernement nippon en avril 2001, le Japon s’ouvre sur le monde. Tandis que les investisseurs étrangers, long- temps ignorés, sont appelés au chevet d’une économie malade, l’archipel renonce à l’autarcie pour afficher des ambitions de puissance mondiale, en brisant au passage certains tabous pacifistes.

JORDANIE

Superficie : 92 000 km 2 Population : 5 473 000 hab.

Capitale : Amman 965 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Roi) Abd Allah II ou Abdallah II Chef du gouvernement : Fay- sal al-Fayez Organisation administrative : 12 gouvernorats Langue officielle : arabe Religion : islam Monnaie : dinar jordanien ➡ HISTORIQUE 1922 : mandat britannique sur la région.

1949 : création du royaume hachémite de Jordanie.

1951 : assassinat du roi Abdallah. Son fils Husayn lui succède. 1970 : affrontements sanglants entre les troupes royales et les Palestiniens.

1991 : la Jordanie appuie l’Irak pendant la guerre du Golfe.

1994 : paix avec Israël.

1999 : mort du roi Husayn. Son fils Abdallah lui succède.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 53 hab./km 2 Part de la population urbaine : 73,6 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 40 %, 15-65 ans 55,5 %, + 65 ans 4,5 % Taux de natalité : 30,06 ‰ Taux de mortalité : 4,6 ‰ Taux de mortalité : infantile 22,6 ‰

Espérance de vie : hommes 70 ans, femmes 73 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 9,08 milliards de $ PNB/hab. : 1 760 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 4,9 % Taux annuel d’inflation (2002) : 1,8 %

Structure du PIB : 2,4 % pour l’agriculture, 25,6 % pour l’industrie, 72 % pour les services

Dette extérieure : 8 234 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 104 000 hommes Budget de la Défense 5,3 % du PIB

➡ TENDANCES

La Jordanie a affiché une bien- veillante neutralité à l’égard des États-Unis lors de la guerre contre l’Irak. Une attitude qui devrait compenser le manque à gagner de la chute du régime de Sad- downloadModeText.vue.download 292 sur 370 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

290 dam Hussein pour l’économie jordanienne.

KAZAKHSTAN

Superficie : 2 717 000 km 2 Population : 15 443 000 hab.

Capitale : Astana 303 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Noursoultan Nazarbaev Chef du gouvernement : Danial Akhmetov Organisation administrative : 19 provinces Langue officielle : kazakh Religions : orthodoxie, islam Monnaie : tenge ➡ HISTORIQUE

1740 : colonisation russe.

1880 : début de l’afflux de pay- sans russes et ukrainiens.

1920 : intégration dans l’URSS.

Années 30 : la famine tue plus d’un million de personnes.

1991 : indépendance du Kazakhstan.

1995 : le président Nazar- baïev dissout le Parlement et prolonge son mandat jusqu’en 2000.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 6 hab./km 2 Part de la population urbaine : 56,4 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 27 %, 15-65 ans 61,8 %, + 65 ans 11,2 % Taux de natalité : 14,2 ‰ Taux de mortalité : 8,53 ‰ Taux de mortalité : infantile 42,1 ‰

Espérance de vie : hommes 59 ans, femmes 70 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 22,3 milliards de $ PNB/hab. : 1 510 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 9,5 % Taux annuel d’inflation (2002) : 5,9 %

Structure du PIB : 10,5 % pour l’agriculture, 32,4 % pour l’industrie, 57,1 % pour les services

Dette extérieure : 4 278 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 65 800 hommes Budget de la Défense 1,1 % du PIB ➡ TENDANCES

Les richesses énergétiques du Kazakhstan déterminent une politique étrangère marquée par le clientélisme, qui fait pendant à la corruption régnant dans ce pays, où la Russie opère un retour en force.

KENYA

Superficie : 583 000 km 2 Population : 31 987 000 hab.

Capitale : Nairobi 2 310 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république Chef de l’État et du gouver- nement : (Président de la République) Mwai Kibaki Organisation administrative : 7 provinces, 1 municipalité Langue officielle : swahili Religions : protestantisme, catholicisme, animisme Monnaie : shilling du Kenya ➡ HISTORIQUE

1895 : protectorat britannique.

1952 : révolte des Mau-Mau. 1963 : indépendance du Kenya. Jomo Kenyatta, Pre- mier ministre.

1978 : mort de Kenyatta.

Daniel Arap Moi lui succède.

1990 : instauration du régime de parti unique.

2002 : élection de Mwai Kibaki. downloadModeText.vue.download 293 sur 370

STATISTIQUES

291

➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 52 hab./km 2 Part de la population urbaine : 32,2 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 43,5 %, 15- 65 ans 52,3 %, + 65 ans 4,2 % Taux de natalité : 34,72 ‰ Taux de mortalité : 12,21 ‰ Taux de mortalité : infantile 58,7 ‰

Espérance de vie : hommes 47 ans, femmes 48 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 11,3 milliards de $ PNB/hab. : 360 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 1,2 % Taux annuel d’inflation (2002) : 2 %

Structure du PIB : 23,2 % pour l’agriculture, 16,2 % pour l’industrie, 60,5 % pour les services

Dette extérieure : 6 486 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 24 200 hommes Budget de la Défense 2,0 % du PIB ➡ TENDANCES Élu avec 70 % des voix, Mwai Kibaki a pris ses fonctions le 1er janvier 2003. Le président sor- tant, l’autocrate Daniel Arap Moi, a accepté le verdict des urnes, donnant ainsi l’exemple d’une alternance dans la paix, malgré la déroute de sa formation, la KANU, le parti au pouvoir depuis l’indé- pendance en 1963.

KIRGHIZISTAN

Superficie : 199 000 km 2 Population : 5 138 000 hab.

Capitale : Bichkek 619 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république Chef de l’État : (Président de la République) Askar Akaïev Chef du gouvernement : Niko- lai Tanaïev Organisation administrative : 6 provinces Langue officielle : kirghiz Religion : islam Monnaie : som ➡ HISTORIQUE

1864 : intégration Empire russe.

1918 : intégration dans l’URSS.

Années 50-60 : fermeture ou destruction des lieux sacrés de l’islam soufi.

1991 : indépendance du Kirghi- zistan ; élection à la prési- dence d’Askar Akaïev.

1996 : le président Akaïev fait approuver par référendum le renforcement de ses pouvoirs.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 25 hab./km 2 Part de la population urbaine : 33,6 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 33,9 %, 15- 65 ans 57,1 %, + 65 ans 9 % Taux de natalité : 21,02 ‰ Taux de mortalité : 7,36 ‰ Taux de mortalité : infantile 37 ‰

Espérance de vie : hommes 63 ans, femmes 72 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 1,45 milliard de $ PNB/hab. : 290 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : – 0,5 % Taux annuel d’inflation (2002) : 2,1 %

Structure du PIB : 37,7 % pour l’agriculture, 26,7 % pour l’industrie, 35,6 % pour les services

Dette extérieure : 928 millions de $

Défense Total forces armées : 9 200 hommes Budget de la Défense 1,6 % du PIB

➡ TENDANCES

L’autoritarisme du président Akaïev fait le lit de l’opposition, y compris islamiste. La présence de soldats occidentaux depuis 2001 n’a pas encouragé la démocrati- sation dans un pays que la dis- parition de l’URSS a privé de son principal débouché. downloadModeText.vue.download 294 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

292

KIRIBATI

Superficie : 900 km 2 Population : 88 000 hab.

Capitale : Tarawa 32 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État et du gouverne- ment : (Beretitenti) Anote Tong Organisation administrative : 3 groupes d’îles Langue officielle : anglais Religions : protestantisme, catholicisme Monnaie : dollar australien

➡ HISTORIQUE

1892 : placé sous protectorat britannique.

1979 : indépendance (les îles Ellice ont constitué en 1975 le Tuvalu). Le budget de ce micro-État est assuré à 98 % par l’aide internationale, notamment britannique.

➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 121 hab./km 2 Part de la population urbaine : 38,7 %

Taux de mortalité : infantile 60 ‰

Indicateurs socio-économiques PNB : 0,077 milliard de $ PNB/hab. : 810 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 2,7 %

KOWEÏT

Superficie : 17 800 km 2 Population : 2 521 000 hab.

Capitale : Koweït (1 190 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : monarchie Chef de l’État : (Émir) Djabir al- Ahmad al-Djabir al-Sabah Chef du gouvernement : Saad al-Abdallah al-Salim al-Sabah Organisation administrative : 5 gouvernorats Langue officielle : arabe Religion : islam Monnaie : dinar koweïtien ➡ HISTORIQUE

1756 : l’émirat passe sous le contrôle de l’Empire ottoman.

1914 : protectorat britannique.

1922 : un traité avec les Saoudiens fixe les frontières de l’émirat.

1961 : indépendance du Koweït.

1990 : invasion irakienne.

1991 : libération du pays par les Américains et leurs alliés.

1992 : rétablissement du Parle- ment régulièrement suspendu depuis 1975.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 108 hab./km 2 Part de la population urbaine : 97,5 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 31,3 %, 15- 65 ans 64,3 %, + 65 ans 4,4 % Taux de natalité : 21,6 ‰ Taux de mortalité : 2,22 ‰ Taux de mortalité : infantile 10,8 ‰

Espérance de vie : hommes 74 ans, femmes 80 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 37,4 milliards de $ PNB/hab. : 18 270 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : – 0,9 % Taux annuel d’inflation (2002) : 2 %

Structure du PIB : 0,4 % pour l’agriculture, 53,3 % pour l’industrie, 46,23 % pour les services Défense Total forces armées : 15 300 hommes Budget de la Défense 10,6 % du PIB ➡ TENDANCES La guerre américaine en Irak a constitué l’actualité politique au Koweït, un pays où le souvenir de l’intervention de 1991 est encore downloadModeText.vue.download 295 sur 370

STATISTIQUES

293 vif. Dans ces conditions, on ne s’étonnera pas du soutien officiel des autorités de l’émirat au com- bat de la Maison-Blanche contre le régime de Saddam Hussein. Les élections législatives du 5 juil- let ont vu la défaite des candidats libéraux et la montée en puis- sance des islamistes.

LAOS

Superficie : 236 800 km 2 Population : 5 657 000 hab.

Capitale : Vientiane 640 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république, régime socialiste Chef de l’État : Khamtay Siphandone Chef du gouvernement : Boun- gnang Volachit Organisation administrative : 16 provinces, 1 préfecture Langue officielle : lao Religion : bouddhisme Monnaie : kip

➡ HISTORIQUE 1887 : protectorat français.

1945 : invasion japonaise.

1954 : indépendance du pays.

1958 : guerre civile entre royalistes, neutralistes et communistes.

1975 : abolition de la mo- narchie et instauration d’un régime communiste.

1991 : libéralisation limitée du régime.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 22 hab./km 2 Part de la population urbaine : 22,9 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 42,7 %, 15- 65 ans 51,7 %, + 65 ans 5,6 % Taux de natalité : 37,8 ‰ Taux de mortalité : 13,44 ‰ Taux de mortalité : infantile 88 ‰

Espérance de vie : hommes 53 ans, femmes 56 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 1,71 milliard de $ PNB/hab. : 310 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 5,7 % Taux annuel d’inflation (2002) : 10,6 %

Structure du PIB : 52,1 % pour l’agriculture, 21,3 % pour l’industrie, 26,4 % pour les services

Dette extérieure : 2 320 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 29 100 hommes Budget de la Défense 3,8 % du PIB ➡ TENDANCES

Échaudé par les attentats perpé- trés en 2000 et 2001 par la mino- rité Hmong, anticommuniste, le régime avait durci son attitude à l’égard de ce qui pouvait ressem- bler à une quelconque critique. Pourtant, après avoir marqué le pas en 2002, les attentats ont de nouveau repris en 2003.

LESOTHO

Superficie : 30 355 km 2 Population : 1 802 000 hab.

Capitale : Maseru 109 382 hab.

Nature de l’État et du régime politique : monarchie Chef de l’État : (Roi) Letsie III Chef du gouvernement : Bethuel Pakalitha Mosisili Organisation administrative : 10 districts Langues officielles : sotho, anglais

Religions : protestantisme, catholicisme Monnaie : loti ➡ HISTORIQUE 1884 : protectorat britannique, mais le pays conserve une réelle autonomie et n’est pas intégré dans l’Union sud-africaine. downloadModeText.vue.download 296 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

294

1966 : indépendance du Basutoland qui devient le Lesotho.

1986 : coup d’État favorable au rapprochement avec Pretoria.

1990 : rétablissement de la monarchie.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 69 hab./km 2 Part de la population urbaine : 27,2 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 39,3 %, 15- 65 ans 54,2 %, + 65 ans 6,5 % Taux de natalité : 33,82 ‰ Taux de mortalité : 12,1 ‰ Taux de mortalité : infantile 111,2 ‰ Espérance de vie : hommes 44 ans, femmes 45 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,981 milliard de $ PNB/hab. : 470 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 4,2 % Taux annuel d’inflation (2002) : 12,3 %

Structure du PIB : 11,4 % pour l’agriculture, 42 % pour l’indus- trie, 46 5 % pour les services Dette extérieure : 660 millions de $ Défense Total forces armées : 2 000 hommes Budget de la Défense 2,5 % du PIB

➡ TENDANCES Longtemps réputé pour son instabilité politique, le Lesotho semble s’être assagi. Doté d’une confortable majorité parlemen- taire, le gouvernement du roi Letsie III a fait de la lutte contre la corruption une de ses priorités.

LETTONIE

Superficie : 64 000 km 2 Population : 2 307 000 hab.

Capitale : Riga 775 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État : (Président de la République) Vaira Vike-Freiberga Chef du gouvernement : Einars Repse

Organisation administrative : 7 municipalités, 26 districts Langue officielle : letton Religions : protestantisme, orthodoxie, catholicisme Monnaie : lats letton

➡ HISTORIQUE

1721 : la Livonie, de confession luthérienne, est intégrée dans l’Empire russe.

1918 : proclamation de l’indé- pendance. Combats entre bolcheviques et corps francs allemands.

1921 : la Lettonie entre à la SDN.

1940 : invasion soviétique.

1941-1944 : occupation alle- mande, puis intégration dans l’URSS.

1991 : proclamation de l’indépendance.

1995 : accords avec l’Union européenne.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 39 hab./km 2 Part de la population urbaine : 69 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 17,4 %, 15-65 ans 61,7 %, + 65 ans 20,9 %

Taux de natalité : 7,75 ‰ Taux de mortalité : 14 ‰ Taux de mortalité : infantile 13,6 ‰

Espérance de vie : hommes 64 ans, femmes 76 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 8,13 milliards de $ PNB/hab. : 3 480 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 6,1 % Taux annuel d’inflation (2002) : 1,9 %

Structure du PIB : 4 % pour l’agriculture, 27,6 % pour l’industrie, 68,4 % pour les services

Dette extérieure : 503 millions de $ Défense Total forces armées : 5 730 hommes Budget de la Défense 0,6 % du PIB

➡ TENDANCES

Les électeurs lettons ont approu- vé à leur tour, le 20 septembre, l’entrée de leur pays dans l’Union européenne. Après l’adhésion à l’Organisation du traité de l’At- lantique Nord, la nette victoire du « oui » est venue confirmer l’ancrage à l’Occident de la Répu- blique balte, qui doit faire face downloadModeText.vue.download 297 sur 370

STATISTIQUES

295 aux pressions accrues de la Russie dans le domaine économique.

LIBAN Superficie : 10 400 km 2 Population : 3 653 000 hab.

Capitale : Beyrouth (1 900 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État : (Président de la République) Émile Lahoud Chef du gouvernement : Rafic Hariri

Organisation administrative : 6 gouvernorats Langue officielle : arabe Religions : islam, christianisme Monnaie : livre libanaise ➡ HISTORIQUE

1516 : intégration dans l’Empire ottoman.

1921 : mandat français.

1943 : proclamation de l’indépendance et instauration d’un partage du pouvoir entre chrétiens et musulmans.

1958 : guerre civile et interven- tion américaine.

1978 : guerre civile entre propalestiniens et phalanges chrétiennes.

1983 : contrôle du pays par la Syrie.

1990 : échec de la rébellion du général chrétien Michel Aoun.

1998 : Émile Lahoud, soutenu par la Syrie, devient président de la République.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 418 hab./km 2 Part de la population urbaine : 89,3 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 31,1 %, 15- 65 ans 60,4 %, + 65 ans 8,5 % Taux de natalité : 20,68 ‰ Taux de mortalité : 6,42 ‰ Taux de mortalité : infantile 17,2 ‰

Espérance de vie : hommes 68 ans, femmes 72 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 17,7 milliards de $ PNB/hab. : 3 990 $ Structure du PIB : 12,4 % pour l’agriculture, 26,5 % pour l’industrie, 61 % pour les services

Dette extérieure : 5 036 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 67 900 hommes Budget de la Défense 3,6 % du PIB ➡ TENDANCES

Les ondes de choc de la guerre en Irak ont été ressenties au Liban avec d’autant plus d’acuité que son protecteur syrien s’est trouvé dans le collimateur des États-Unis. Alors que les tensions persistent au sud entre le Hezbol- lah et Israël, les Libanais se sont préparés sans enthousiasme à l’élection présidentielle de 2004 et aux législatives de 2005.

LIBERIA

Superficie : 110 000 km 2 Population : 3 367 000 hab.

Capitale : Monrovia 479 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république Chef de l’État et du gouver- nement : (Président de la République) Gyude Bryant Organisation administrative : 13 comtés Langue officielle : anglais Religions : christianisme, animisme Monnaie : dollar libérien

➡ HISTORIQUE

1822 : installation dans le pays d’esclaves noirs américains libérés.

1847 : proclamation de l’indé- pendance du Liberia. downloadModeText.vue.download 298 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

296

1944-1971 : présidence de William Tubman.

1979 : émeutes d’extrême gauche, appuyées par la Gui- née. Mort du président Tolbert.

1984 : le président intéri- maire Samuel Doe rétablit le multipartisme.

1990 : guerre civile très meurtrière.

1997 : Charles Taylor accède à la présidence.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 32 hab./km 2 Part de la population urbaine : 44,3 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 42,7 %, 15- 65 ans 52,8 %, + 65 ans 4,5 % Taux de natalité : 44,58 ‰ Taux de mortalité : 16,48 ‰ Taux de mortalité : infantile 79,3 ‰

Espérance de vie : hommes 46 ans, femmes 48 ans Indicateurs socio-économiques Dette extérieure : 2 012 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 5 300 hommes

➡ TENDANCES

Ancien chef de guerre dans le précédent conflit au Liberia (1990-1996), le président Charles Taylor a choisi de quitter le pou- voir sous la pression des rebelles. Il laisse un pays dévasté, écono- miquement exsangue, au bord d’une catastrophe sanitaire.

LIBYE

Superficie : 1 760 000 km 2 Population : 5 551 000 hab.

Capitale : Tripoli 1 822 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république Chef de l’État et du gouverne- ment : (Leader révolutionnaire) Muhammar al-Kadhafi ou al-Qadhafi Organisation administrative : 13 municipalités Langue officielle : arabe Religion : islam Monnaie : dinar libyen

➡ HISTORIQUE

XVIe siècle : intégration dans l’Empire ottoman.

1911 : début de la colonisation italienne.

1943 : administration franco-britannique.

1951 : proclamation de l’indé- pendance. Idriss Ier souverain.

1969 : fin de la monarchie.

Muhammar al-Kadhafi prend le pouvoir et nationalise le pétrole en 1971.

1972 : éphémère union avec l’Égypte, le Soudan et la Syrie.

1986 : bombardements américains.

1991 : embargo international contre le pays.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 3 hab./km 2 Part de la population urbaine : 87,1 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 33,9 %, 15- 65 ans 60,6 %, + 65 ans 5,5 % Taux de natalité : 28,42 ‰ Taux de mortalité : 4,6 ‰ Taux de mortalité : infantile 25,2 ‰

Espérance de vie : hommes 69 ans, femmes 73 ans Défense Total forces armées : 65 000 hommes Budget de la Défense 1,9 % du PIB

➡ TENDANCES

Manifestement désireux d’offrir une image moins sulfureuse de son pays, le colonel Muam- mar Kadhafi a fini par accéder aux demandes d’indemnisation formulées par les familles des victimes de l’attentat de Locker- bie (270 morts, le 21 décembre

1998). Une décision qui ouvre les portes à la levée des sanctions internationales pesant encore contre la Libye. Mais c’est incon- testablement l’élection de la Li- bye à la présidence de la 59e ses- sion de la Commission des droits de l’homme de l’Organisation downloadModeText.vue.download 299 sur 370

STATISTIQUES

297 des nations unies qui a constitué la surprise de l’année.

LIECHTENSTEIN Superficie : 160 km 2 Population : 34 000 hab.

Capitale : Vaduz 7 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Prince) Hans Adam II

Chef du gouvernement : Otmar Hasler

Organisation administrative : 11 communes Langue officielle : allemand Religion : catholicisme Monnaie : franc suisse

➡ HISTORIQUE

1699 : la famille comtale des Liechtenstein érige la région en principauté.

1921 : union monétaire avec la Suisse.

1989 : mort du prince Fran- çois-Joseph II. Son fils Hans Adam II lui succède.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 200 hab./km 2 Indicateurs socio-économiques Structure du PIB : 2 % pour l’agriculture, 45 % pour l’indus- trie, 53 % pour les services

➡ TENDANCES

L’avenir politique du Liechtens- tein aura été tout entier sus- pendu au référendum organisé en mars 2003 sur les pouvoirs du prince Hans Adam II. L’ayant fina- lement emporté, ce dernier n’a pas mis à exécution sa menace de quitter le pays en cas d’échec.

LITUANIE

Superficie : 65 000 km 2 Population : 3 444 000 hab.

Capitale : Vilnius 579 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Rolandas Paksas Chef du gouvernement : Algir- das Brazauskas

Organisation administrative : 22 districts urbains, 44 districts ruraux

Langue officielle : lituanien Religion : catholicisme Monnaie : litas lituanien ➡ HISTORIQUE

1569 : hégémonie polonaise.

1795 : intégration dans l’Empire russe.

1917 : proclamation de l’indépendance.

1941 : occupation allemande.

1944 : intégration dans l’URSS.

1990 : proclamation de l’indépendance.

1995 : accords avec l’Union européenne.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 57 hab./km 2 Part de la population urbaine : 68,3 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 19,5 %, 15-65 ans 61,9 %, + 65 ans 18,6 %

Taux de natalité : 9,8 ‰ Taux de mortalité : 11,92 ‰ Taux de mortalité : infantile 8,9 ‰

Espérance de vie : hommes 67 ans, femmes 77 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 12,7 milliards de $ PNB/hab. : 3 660 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 5,9 % Taux annuel d’inflation (2002) : 0,3 %

Structure du PIB : 8,8 % pour l’agriculture, 31,8 % pour l’industrie, 59,5 % pour les services

Dette extérieure : 1 540 mil- lions de $ downloadModeText.vue.download 300 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

298

Défense Total forces armées : 12 130 hommes Budget de la Défense 1,4 % du PIB ➡ TENDANCES

Consultés par référendum le 10 mai, les électeurs lituaniens ont approuvé massivement l’entrée dans l’Union européenne de leur pays, dont l’adhésion à l’Organisation du traité de l’Atlan- tique Nord complète l’ancrage en Occident.

LUXEMBOURG

Superficie : 2 586 km 2 Population : 453 000 hab.

Capitale : Luxembourg 79 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Grand-duc) Henri

Chef du gouvernement : Jean- Claude Juncker

Organisation administrative : 3 districts Langues officielles : luxem- bourgeois, français, allemand Religion : catholicisme Monnaie : euro ➡ HISTORIQUE

1815 : le grand-duché est lié aux Pays-Bas.

1831 : partage entre la Bel- gique et les Pays-Bas.

1867 : État neutre et indépendant.

1949 : abandonne sa neutralité et adhère à l’OTAN.

1957 : membre fondateur du Marché commun.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 166 hab./km 2 Part de la population urbaine : 91 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 18,7 %, 15-65 ans 61,9 %, + 65 ans 19,4 %

Taux de natalité : 12,9 ‰ Taux de mortalité : 9,6 ‰ Taux de mortalité : infantile 5,6 ‰

Espérance de vie : hommes 74 ans, femmes 80 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 17,2 milliards de $ PNB/hab. : 38 830 $ Taux annuel d’inflation (2000) : 3,2 %

Structure de la population active : agriculture 2,6 %, mines et industrie 25,6 %, services 71,8 % Structure du PIB : 0,7 % pour l’agriculture, 20,8 % pour l’industrie, 78,4 % pour les services Taux de chômage : 2,4 % Défense

Total forces armées :

768 hommes

Budget de la Défense 0,6 % du PIB

Éléments du niveau de vie

Analphabétisme 2,6 % Apport en calories 3 681 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400)

Automobiles : 562/1 000 hab. Téléphones : 669/1 000 hab. Télévisions : 381/1 000 hab. ➡ TENDANCES

Le Luxembourg a obtenu en jan- vier, sous certaines conditions, le maintien du secret bancaire sur lequel repose sa prospérité. Tout en donnant des gages de bonne conduite européenne, le Grand- Duché s’est associé aux efforts de la France, de l’Allemagne et de la Belgique pour constituer une défense commune.

MACÉDOINE

Superficie : 25 700 km 2 Population : 2 056 000 hab.

Capitale : Skopje 485 000 hab. downloadModeText.vue.download 301 sur 370

STATISTIQUES

299

Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Boris Trajkovski Chef du gouvernement : Branco Crvenkoski Langue officielle : macédonien Religion : orthodoxie Monnaie : denar ➡ HISTORIQUE 1391 : intégration dans l’Empire ottoman.

1913 : partage de la région entre la Grèce, la Serbie et la Bulgarie (qui n’en reçoit qu’une petite partie).

1945 : intégration dans la nou- velle Yougoslavie.

1991 : proclamation de l’indépendance. Hostilité de la Grèce. 1997 : poussées sécession- nistes de la minorité albanaise.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 79 hab./km 2 Part de la population urbaine : 61,6 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 22,6 %, 15- 65 ans 63 %, + 65 ans 14,4 % Taux de natalité : 14,48 ‰ Taux de mortalité : 7,73 ‰ Taux de mortalité : infantile 16 ‰

Espérance de vie : hommes 71 ans, femmes 75 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 3,46 milliards de $ PNB/hab. : 1 700 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 0,1 % Taux annuel d’inflation (2002) : 2,4 %

Structure du PIB : 11,6 % pour l’agriculture, 35,2 % pour l’industrie, 53,2 % pour les services

Dette extérieure : 1 542 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 16 000 hommes Budget de la Défense 4,8 % du PIB ➡ TENDANCES Depuis le 1er avril, l’Union euro- péenne a pris le relais de l’OTAN pour veiller au maintien de la paix entre les communautés slave et albanaise. Une présence militaire discrète qui prépare le terrain à une intégration de la Macédoine dans l’Union européenne.

MADAGASCAR

Superficie : 587 000 km 2 Population : 17 404 000 hab.

Capitale : Antananarivo 1 507 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel

Chef de l’État : (Président de la République) Marc Ravalomanana Chef du gouvernement : Jacques Sylla Organisation administrative : 6 provinces Langues officielles : malgache, français Religions : protestantisme, catholicisme, animisme Monnaie : franc malgache

➡ HISTORIQUE

1885 : protectorat français.

1947 : violente répression du mouvement indépendantiste.

1960 : proclamation de l’indépendance.

1973 : le président Tsiranana se retire au profit du général Ramanantsoa.

1982 : émeutes et pillages.

1993 : élection du président civil, Albert Zafy.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 26 hab./km 2 Part de la population urbaine : 29 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 44,7 %, 15- 65 ans 50,6 %, + 65 ans 4,7 % Taux de natalité : 40,7 ‰ Taux de mortalité : 10,81 ‰ Taux de mortalité : infantile 91,5 ‰

Espérance de vie : hommes 53 ans, femmes 56 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 3,91 milliards de $ PNB/hab. : 240 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : – 11,9 % Taux annuel d’inflation (2002) : 4,5 % Structure du PIB : 30 % pour l’agriculture, 13,8 % pour downloadModeText.vue.download 302 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

300 l’industrie, 56,2 % pour les services

Dette extérieure : 4 105 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 21 000 hommes Budget de la Défense 1,1 % du PIB

➡ TENDANCES

En renouant avec la France, Madagascar a fermé la crise politique ouverte en 2002 avec la victoire contestée de Marc Ravalomanana lors de l’élection présidentielle. Il reste au gouver- nement à libéraliser une écono- mie, dont le secteur informel est hypertrophié, et à réformer une administration corrompue.

MALAWI

Superficie : 118 000 km 2 Population : 12 105 000 hab.

Capitale : Lilongwe 765 000 hab. dans l’agglomération

Nature de l’État et du régime politique : république à régime présidentiel Chef de l’État et du gouverne- ment : (Président de la Répu- blique) Elson Bakili Muluzi Organisation administrative : 3 régions Langue officielle : anglais Religions : protestantisme, catholicisme, animisme Monnaie : kwacha

➡ HISTORIQUE 1859 : Livingstone découvre le lac Malawi.

1889 : protectorat britannique. 1964 : proclamation de l’indépendance.

1967 : premier État africain à reconnaître l’Afrique du Sud.

1993 : le président Kamuzu Banda contraint d’instituer le multipartisme.

1994 : Elson Bakili Muluzi rem- porte l’élection présidentielle.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 115 hab./km 2 Part de la population urbaine : 23,6 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 46,3 %, 15- 65 ans 49,1 %, + 65 ans 4,6 % Taux de natalité : 45,92 ‰ Taux de mortalité : 23,2 ‰ Taux de mortalité : infantile 130,1 ‰ Espérance de vie : hommes 39 ans, femmes 40 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 1,73 milliard de $ PNB/hab. : 160 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 1,8 % Taux annuel d’inflation (2002) : 14,1 %

Structure du PIB : 37,6 % pour l’agriculture, 17,8 % pour l’industrie, 44,6 % pour les services

Dette extérieure : 2 206 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 5 000 hommes Budget de la Défense 1,2 % du PIB

➡ TENDANCES

Les grandes manoeuvres en vue de l’élection présidentielle qui doit se dérouler en 2004 ont em- poisonné la vie politique. Ainsi, brutalités, arrestations inopinées ont largement concouru à entre- tenir un climat déjà bien lourd.

MALAYSIA

Superficie : 330 000 km 2 Population : 24 425 000 hab.

Capitale : Kuala Lumpur 1 378 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire downloadModeText.vue.download 303 sur 370

STATISTIQUES

301

Chef de l’État : Syed Sirajjudin ibni al-Mahrun Syed Putra Jamalullail Chef du gouvernement : Maha- thir bin Mohamad Organisation administrative : 2 territoires fédéraux, 13 États Langue officielle : malais Religion : islam Monnaie : dollar de la Malaisie

➡ HISTORIQUE

1867 : début de la domination britannique.

1941 : invasion japonaise.

1957 : proclamation de l’indé- pendance. Abdul Rahman, Premier ministre.

1963 : Sarawak et le Sabah rejoignent la Fédération malaise.

1965 : sécession de Singapour.

1969 : émeutes de la minorité chinoise.

1981 : Mahathir Mohamad, Premier ministre.

1998 : la fédération est la proie d’une sévère crise économique.

➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 69 hab./km 2 Part de la population urbaine : 56,7 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 34,1 %, 15- 65 ans 59,3 %, + 65 ans 6,6 % Taux de natalité : 24,4 ‰ Taux de mortalité : 4,78 ‰ Taux de mortalité : infantile 10,3 ‰

Espérance de vie : hommes 70 ans, femmes 75 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 86 milliards de $ PNB/hab. : 3 540 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 4,2 % Taux annuel d’inflation (2002) : 1,8 %

Structure de la population active : agriculture 19,8 %, mines et industrie 31,8 %, services 48,4 % Structure du PIB : 10,7 % pour l’agriculture, 46 % pour l’indus- trie, 43,4 % pour les services Dette extérieure : 47 228 mil- lions de $ Taux de chômage : 2,5 % 79 644 millions de $ dont machines et matériel de trans- port 60 % Défense Total forces armées : 105 000 hommes Budget de la Défense 2 % du PIB

➡ TENDANCES

L’année politique s’est dérou- lée dans l’ombre portée de la guerre américaine en Iraq contre laquelle le Premier ministre, le

Dr Mahathir, s’est opposé avec une très grande vigueur. Le chef du gouvernement a annoncé son retrait de la politique, en octobre.

MALDIVES

Superficie : 300 km 2 Population : 318 000 hab.

Capitale : Malé 72 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État et du gouver- nement : (Président de la République) Maumoon Abdul Gayoom

Organisation administrative : 19 districts, la capitale Langue officielle : divehi Religion : islam Monnaie : rufiyaa

➡ HISTORIQUE

1796 : domination britannique.

1887 : instauration d’un protec- torat britannique.

1965 : proclamation de l’indépendance.

1968 : abolition par référendum du sultanat et instauration de la république.

1976 : évacuation des der- nières forces britanniques. downloadModeText.vue.download 304 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

302

1988 : appel à l’Inde pour contrecarrer une tentative de putsch.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques

Densité : 898 hab./km 2

Part de la population urbaine : 26 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 43,7 %, 15-

65 ans 51 %, + 65 ans 5,3 %

Taux de natalité : 28,96 ‰

Taux de mortalité : 7,19 ‰

Taux de mortalité : infantile

37,3 ‰

Espérance de vie : hommes

67 ans, femmes 69 ans

Indicateurs socio-économiques

PNB : 0,598 milliard de $

PNB/hab. : 2 090 $

Taux de croissance annuelle du

PIB (2002) : 4,3 %

Taux annuel d’inflation (2002) :

2 %

Dette extérieure : 160 millions de $

Défense

Total forces armées :

700 hommes

MALI

Superficie : 1 240 000 km 2 Population : 13 007 000 hab.

Capitale : Bamako 646 163 hab. (1 131 000 dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Amadou Toumani Touré Chef du gouvernement : Moha- med Ag Hamani Organisation administrative : 8 régions, 1 district Langue officielle : français Religions : islam, animisme Monnaie : franc CFA ➡ HISTORIQUE 1857 : début de la colonisation française.

1960 : proclamation de l’indépendance. Modibo Keita, premier président.

1968 : coup d’État de Moussa Traoré. Instauration du régime de parti unique.

1991 : émeutes et renverse- ment de M. Traoré.

1992 : rétablissement du multipartisme.

Élection d’Alpha Oumar Konaré. Il est réélu en 1997.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 9 hab./km 2 Part de la population urbaine : 29,4 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 46,1 %, 15- 65 ans 48,2 %, + 65 ans 5,7 % Taux de natalité : 46,24 ‰ Taux de mortalité : 15,95 ‰ Taux de mortalité : infantile 120,5 ‰ Espérance de vie : hommes 41 ans, femmes 44 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 2,77 milliards de $ PNB/hab. : 240 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 9,6 % Taux annuel d’inflation (2002) : 4,9 %

Structure du PIB : 46,5 % pour l’agriculture, 16,7 % pour l’industrie, 36,8 % pour les services

Dette extérieure : 2 945 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 7 350 hommes Budget de la Défense 1,6 % du PIB

➡ TENDANCES Un an après son élection à la pré- sidence, Amadou Toumani Touré bénéficiait toujours d’un large crédit. Le Mali, qui a renoué avec la croissance depuis quelques an- nées, a obtenu un allègement de downloadModeText.vue.download 305 sur 370

STATISTIQUES

303 sa dette de 675 millions de dollars consenti par le FMI.

MALTE

Superficie : 316 km 2 Population : 394 000 hab.

Capitale : La Valette 14 020 hab. (102 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État : (Président de la République) Guido de Marco Chef du gouvernement : Edward Fenech Adami, dit Eddie Fenech Adami Organisation administrative : 6 régions Langues officielles : maltais, anglais Religion : catholicisme Monnaie : livre maltaise ➡ HISTORIQUE

1530 : Charles Quint cède l’île aux chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, qui prennent le nom de chevaliers de Malte.

1800 : colonie britannique.

1941 : blocus et bombarde- ments allemands.

1962 : Malte entre dans le Commonwealth. 1964 : indépendance de l’île.

1974 : Malte devient une république.

1990 : Malte pose sa candida- ture à l’Union européenne.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 1 184 hab./km 2 Part de la population urbaine : 90,3 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 20,2 %, 15- 65 ans 62,8 %, + 65 ans 17 % Taux de natalité : 11,98 ‰ Taux de mortalité : 7,7 ‰ Taux de mortalité : infantile 7 ‰

Espérance de vie : hommes 75 ans, femmes 80 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 3,64 milliards de $ PNB/hab. : 9 210 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 2,7 % Taux annuel d’inflation (2002) : 2,2 %

Dette extérieure : 1 034 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 1 900 hommes Budget de la Défense 0,8 % du PIB ➡ TENDANCES Malte rejoindra l’UE en 2004. Ain- si en ont décidé près de 54 % des électeurs lors du référendum du 9 mars 2003. Les législatives du 12 avril ont vu la victoire du Parti nationaliste du Premier ministre sortant Edward Fenech Adami (51,7 %).

MAROC

Superficie : 710 000 km 2 Population : 30 566 000 hab.

Capitale : Rabat 623 457 hab.

(1 496 000 dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Roi) Mohammed VI Chef du gouvernement : Driss Jettou

Organisation administrative : 7 régions économiques Langue officielle : arabe Religion : islam Monnaie : dirham marocain

➡ HISTORIQUE

1906 : début du protectorat français.

1912 : l’Espagne obtient le Rif.

1933 : résistance des Berbères du Haut-Atlas.

1953 : la France dépose le sultan Mohammed V. downloadModeText.vue.download 306 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

304

1955 : rétablissement du sultan.

1956 : proclamation de l’indépendance.

1961 : intronisation de Hassan II.

1963 : guerre frontalière avec l’Algérie.

1965 : affaire Ben Barka.

1971 : attentat contre le roi.

1975 : la « Marche verte » aboutit à l’annexion du Sahara occidental.

1998 : le socialiste A. Yusufi, Premier ministre.

1999 : mort de Hassan II. Son fils lui succède. ➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 63 hab./km 2 Part de la population urbaine : 55,3 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 34,7 %, 15- 65 ans 58,9 %, + 65 ans 6,4 % Taux de natalité : 24,5 ‰ Taux de mortalité : 6,73 ‰ Taux de mortalité : infantile 42,1 ‰

Espérance de vie : hommes 65 ans, femmes 69 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 35,4 milliards de $ PNB/hab. : 1 190 $ Taux annuel d’inflation (2002) : 2,8 %

Structure du PIB : 15,3 % pour l’agriculture, 33,1 % pour l’industrie, 51,4 % pour les services

Dette extérieure : 19 321 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 196 300 hommes Budget de la Défense 4,0 % du PIB

➡ TENDANCES

Resté jusqu’ici à l’abri du terro- risme international, le royaume du Maroc a été frappé de plein fouet, dans la nuit du vendredi 16 au samedi 17 mai, à Casablanca, où une série de cinq attentats ont fait au moins 41 morts et une centaine de blessés. Les autorités marocaines s’attendaient à ce que ces attentats aient un impact négatif significatif sur une crois- sance déjà insuffisante à pallier la pression démographique. Il est vrai que, malgré la dévaluation du dirham intervenue en 2002, l’industrie marocaine apparaît insuffisamment compétitive. La pauvreté continue donc de ga- gner inexorablement du terrain et le Maroc recule toujours dans les classements mondiaux de développement. MARSHALL ÎLES

Superficie : 181 km 2 Population : 53 000 hab.

Capitale : Majuro (33 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république

Chef de l’État et du gouver- nement : (Président de la Républ.) Kessai Note Organisation administrative : 2 groupes d’îles Langue officielle : anglais Religion : protestantisme Monnaie : dollar des États-Unis

➡ HISTORIQUE

1898 : possession espa- gnole, les Marshall passent à l’Allemagne.

1918 : les îles sont placées par la SDN sous mandat du Japon.

1944 : conquises par les Américains.

1979 : les îles Marshall se dotent d’une Constitution.

1986 : les îles accèdent à l’in- dépendance sauf en matière de défense.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 255 hab./km 2 Part de la population urbaine : 71,3 %

Taux de mortalité : infantile 26 ‰ Indicateurs sociaux-économiques PNB : 0,125 milliard de $ PNB/hab. : 2 190 $ downloadModeText.vue.download 307 sur 370

STATISTIQUES

305 MAURICE ÎLE

Superficie : 2 040 km 2 Population : 1 221 000 hab.

Capitale : Port Louis 145 584 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État : (Président de la République) Anerood Jugnauth Chef du gouvernement : Paul Béranger Organisation administrative : 5 municipalités, 9 districts Langue officielle : anglais Religions : islam, hindouisme, catholicisme Monnaie : roupie mauricienne ➡ HISTORIQUE XVIIe siècle : colonisation par les Hollandais.

1715 : les Français s’emparent de l’île.

1814 : la France cède l’île aux Britanniques.

1968 : proclamation de l’indépendance.

1971 : état d’urgence, à la suite des manifestations d’Indiens et de créoles.

1990 : gouvernement de coali- tion entre les deux partis.

➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 579 hab./km 2 Part de la population urbaine : 41,1 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 25,6 %, 15- 65 ans 65,4 %, + 65 ans 9 % Taux de natalité : 17,3 ‰ Taux de mortalité : 6,45 ‰ Taux de mortalité : infantile 16 ‰

Espérance de vie : hommes 67 ans, femmes 75 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 4,67 milliards de $ PNB/hab. : 3 850 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 5,3 % Taux annuel d’inflation (2002) : 6 %

Structure du PIB : 6,2 % pour l’agriculture, 32,5 % pour l’industrie, 61,2 % pour les services

Dette extérieure : 2 472 mil- lions de $

Défense Total forces armées : 1 300 hommes Budget de la Défense 0,3 % du PIB ➡ TENDANCES

La prestation de serment du président Sir Anerood Jugnauth a constitué le moment fort de la vie politique à Maurice. Quant à l’opposition, elle a durci le ton, estimant que le peuple sou- haitait des élections générales anticipées.

MAURITANIE

Superficie : 1 080 000 km 2 Population : 2 893 000 hab.

Capitale : Nouakchott Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Maaouya Ould Sid Ahmed Taya Chef du gouvernement : Sghair Ould M’Bareck Organisation administrative : 12 wilayas, 1 district Langue officielle : arabe Religion : islam Monnaie : ouguiya

➡ HISTORIQUE

1920 : colonie française.

1960 : proclamation de l’indépendance.

1961 : le président Ould Dad- dah instaure le régime de parti unique. 1978 : coup d’État militaire.

1989 : affrontements intereth- niques entre Sénégalais et Mauritaniens.

1991 : nouvelle Constitution et instauration du multipartisme. downloadModeText.vue.download 308 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

306

1992 : libéralisation du régime et élection présidentielle.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 3 hab./km 2 Part de la population urbaine : 56,4 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 44,1 %, 15- 65 ans 51,2 %, + 65 ans 4,7 % Taux de natalité : 39,12 ‰ Taux de mortalité : 13,27 ‰ Taux de mortalité : infantile 96,7 ‰

Espérance de vie : hommes 52 ans, femmes 56 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 1,16 milliard de $ PNB/hab. : 410 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 4,2 % Taux annuel d’inflation (2002) : 4 %

Structure du PIB : 25,2 % pour l’agriculture, 29,3 % pour l’industrie, 45,5 % pour les services

Dette extérieure : 2 453 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 15 650 hommes Budget de la Défense 2,6 % du PIB

➡ TENDANCES

Face à une opposition désu- nie, le chef de l’État sortant, Maaouya Ould Taya, a remporté sans grande surprise l’élection présidentielle qui s’est tenue en novembre. Aussi est-ce bien da- vantage la tentative de putsch du

8 juin qui a retenu l’attention des observateurs.

MEXIQUE

Superficie : 1 970 000 km 2 Population : 103 457 000 hab.

Capitale : Mexico (16 900 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime présidentiel Chef de l’État et du gouver- nement : (Président de la République) Vicente Fox Organisation administrative : 1 district fédéral, 31 États Langue officielle : espagnol Religion : catholicisme Monnaie : peso mexicain

➡ HISTORIQUE

1519 : début de la colonisation espagnole menée par Hernán Cortés.

1821 : proclamation de l’indé- pendance. Le général Agustin de Iturbide se proclame empe- reur sous le nom de Agustin Ier.

1876 : coup d’État de Porfiro Díaz.

1913 : soulèvement révolu- tionnaire de Pancho Villa et Emiliano Zapata.

1934-1940 : présidence Cár- denas. Mise en place d’une politique progressiste.

1982 : grave crise économique.

1992 : intégration du Mexique dans l’ALENA.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 51 hab./km 2 Part de la population urbaine : 74,2 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 33,1 %, 15- 65 ans 60 %, + 65 ans 6,9 % Taux de natalité : 26,56 ‰ Taux de mortalité : 5,06 ‰ Taux de mortalité : infantile 28,2 ‰

Espérance de vie : hommes 69 ans, femmes 75 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 597 milliards de $ PNB/hab. : 5 910 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 0,9 % Taux annuel d’inflation (2002) : 5 %

Structure de la population active : agriculture 23,2 %, mines et industrie 22,7 %, services 54,1 % Structure du PIB : 5 % pour l’agriculture, 28,2 % pour l’industrie, 66,8 % pour les services Taux de chômage : 4,5 % Défense Total forces armées : 178 770 hommes Budget de la Défense 0,5 % du PIB

Éléments du niveau de vie Analphabétisme 10,4 % Nombre d’habitants pour 1 médecin 666 Apport en calories 3 137 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400) downloadModeText.vue.download 309 sur 370

STATISTIQUES

307

Automobiles : 92/1 000 hab. Téléphones : 96/1 000 hab. Télévisions : 219/1 000 hab.

➡ TENDANCES

En butte à l’obstruction du PRI, l’ancien parti au pouvoir, le pré- sident Vicente Fox n’a pu enga- ger les réformes indispensables au redressement économique d’un pays en proie à la pauvreté ; celle-ci touche environ 40 % de la population. Le marché inté- rieur apparaît trop faible pour résister aux ralentissements économiques américain, puis mondial. Un accord avec l’Union européenne a permis une aug- mentation de 10 % des échanges internationaux avec cette partie du monde. Le président a fait les frais de cette conjoncture lors des législatives du 6 juillet, qui ont fra- gilisé son pouvoir.

MICRONÉSIE

ÉTATS FÉDÉRÉS DE

Superficie : 707 km 2 Population : 109 000 hab.

Capitale : Palikir

Nature de l’État et du régime politique : république

Chef de l’État et du gouverne- ment : (Président de la Rép.)

Joseph Urusemal

Organisation administrative :

4 États

Langue officielle : anglais

Religion : christianisme

Monnaie : dollar des

États-Unis

➡ HISTORIQUE

1686 : colonisation espagnole.

1918 : mandat japonais.

1947 : mandat américain.

1986 : les États fédérés accè- dent à l’indépendance. ➡ STATISTIQUES

Données démographiques

Densité : 166 hab./km 2

Part de la population urbaine :

28,1 %

Structure de la population par

âge : 0-14 ans 40 %, 15-65 ans

56,9 %, + 65 ans 3,1 %

Taux de natalité : 26,82 ‰

Taux de mortalité : infantile

29,6 ‰

Espérance de vie : hommes

66 ans, femmes 70 ans

Indicateurs socio-économiques

PNB : 0,242 milliard de $

PNB/hab. : 1 980 $

MOLDAVIE

Superficie : 34 000 km 2 Population : 4 267 000 hab.

Capitale : Kichinev 655 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Vladimir Voronin Chef du gouvernement : Vasile Tarlev

Organisation administrative : 10 municipalités, 40 districts Langue officielle : roumain Religion : orthodoxie Monnaie : leu moldave

➡ HISTORIQUE

1812 : la région est cédée par l’Empire ottoman à l’Empire russe. 1918 : annexion par la Roumanie.

1940 : intégration de la Molda- vie dans l’URSS.

1991 : proclamation de l’indé- pendance ; appartenance à la CEI.

1994 : victoire aux élec- tions législatives du parti du président Mircea Snegur (ex-communiste). downloadModeText.vue.download 310 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

308

➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 130 hab./km 2 Part de la population urbaine : 46,1 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 23,1 %, 15-65 ans 63,2 %, + 65 ans 13,7 %

Taux de natalité : 11,68 ‰ Taux de mortalité : 10,75 ‰ Taux de mortalité : infantile 20,5 ‰

Espérance de vie : hommes 63 ans, femmes 70 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 1,67 milliard de $ PNB/hab. : 460 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 7,2 % Taux annuel d’inflation (2002) : 5,3 %

Structure du PIB : 25,1 % pour l’agriculture, 21,6 % pour l’industrie, 53,3 % pour les services

Dette extérieure : 1 040 mil- lions de $

Défense Total forces armées : 10 650 hommes Budget de la Défense 0,9 % du PIB ➡ TENDANCES

L’année écoulée aura été domi- née par les élections locales qui ont vu la victoire du Parti com- muniste avec 41 % des suffrages.

Pour le reste, les autorités mol- daves ont gardé les yeux rivés sur l’année 2007, qui doit voir la Roumanie intégrer l’UE.

MONACO

Superficie : 2 km 2 Population : 34 000 hab.

Capitale : Monaco 1 234 hab.

Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle Chef de l’État : (Prince) Rainier III Chef du gouvernement : Patrick Leclercq Organisation administrative : 4 quartiers Langue officielle : français Religion : catholicisme Monnaie : euro, franc français

➡ HISTORIQUE

XIIe siècle : Monaco dans l’orbite génoise.

1297 : la famille Grimaldi établit sa seigneurie.

1865 : Monaco se place sous la protection de la France, avec laquelle est conclue une union douanière.

1911 : proclamation d’une Constitution.

1949 : mort de Louis II. Son petit-fils Rainier lui succède.

1993 : la principauté de Monaco est admise à l’ONU.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 16 410 hab./km 2 Part de la population urbaine : 100 % Indicateurs sociaux-économiques PNB : 0,87 milliard de $ PNB/hab. : 26 925 $

MONGOLIE

Superficie : 1 565 000 km 2 Population : 2 594 000 hab.

Capitale : Oulan-Bator 740 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Natsagyn Bagabandi Chef du gouvernement : Nam- baryn Enkhbayar Organisation administrative : 21 provinces, 1 municipalité Langue officielle : khalkha Religion : bouddhisme Monnaie : tugrik downloadModeText.vue.download 311 sur 370

STATISTIQUES

309

➡ HISTORIQUE 1911 : la Mongolie-Intérieure reste chinoise, tandis que la Mongolie-Extérieure devient autonome.

1921 : la Mongolie reçoit l’appui de l’Armée rouge.

Mise en place d’une politique socialiste.

1990 : premières élections libres. Le Parti au pouvoir renonce au marxisme.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 2 hab./km 2 Part de la population urbaine : 63 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 35,2 %, 15- 65 ans 59,2 %, + 65 ans 5,6 % Taux de natalité : 21,08 ‰ Taux de mortalité : 6,54 ‰ Taux de mortalité : infantile 58,2 ‰

Espérance de vie : hommes 65 ans, femmes 68 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 1,09 milliard de $ PNB/hab. : 440 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 3,4 % Taux annuel d’inflation (2002) : 0,2 %

Structure du PIB : 31,6 % pour l’agriculture, 29,6 % pour l’industrie, 38,8 % pour les services

Dette extérieure : 718 millions de $ Défense Total forces armées : 9 100 hommes Budget de la Défense 2,3 % du PIB

➡ TENDANCES

La Mongolie a dû faire face à des aléas climatiques qui ont péna- lisé un développement encore embryonnaire. Les tensions avec la Chine se sont atténuées. Pour le reste, la préparation des élec- tions législatives de 2004 a mon- tré l’enracinement profond de la démocratie.

MOZAMBIQUE

Superficie : 785 000 km 2 Population : 18 863 000 hab.

Capitale : Maputo 931 591 hab. (3 025 000 dans l’agglomération) Nature de l’État : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : Joaquim Chissano Chef du gouvernement : Pas- coal Mocumbi Organisation administrative : 1 municipalité, 10 provinces Langue officielle : portugais Religions : catholicisme, animisme Monnaie : metical ➡ HISTORIQUE

1895 : colonisation portugaise.

1964 : début de la guérilla.

1975 : indépendance ; Samora Machel, président ; instau- ration par le FRELIMO d’un régime marxiste-léniniste ; guerre civile avec le RENAMO.

1986 : Joaquim Chissano, président.

1990 : nouvelle Constitution ; instauration du multipartisme.

1992 : accord de paix avec le RENAMO.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 22 hab./km 2 Part de la population urbaine : 38,9 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 43,9 %, 15- 65 ans 51 %, + 65 ans 5,1 % Taux de natalité : 40,4 ‰ Taux de mortalité : 18,78 ‰ Taux de mortalité : infantile 127,7 ‰ Espérance de vie : hommes 42 ans, femmes 44 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 3,87 milliards de $ PNB/hab. : 210 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 9,9 % Taux annuel d’inflation (2002) : 16,8 %

Structure du PIB : 33 % pour l’agriculture, 25,2 % pour l’industrie, 41,8 % pour les services

Dette extérieure : 5 991 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 5 100 hommes Budget de la Défense 1,9 % du PIB downloadModeText.vue.download 312 sur 370 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

310

➡ TENDANCES

Les aléas climatiques ont de nouveau grippé la « machine » économique mozambicaine. Après les grandes inondations de 1999-2000 et la sécheresse de 2002, cette année a vu le centre et le sud du pays balayés par un terrible cyclone.

NAMIBIE

Superficie : 825 000 km 2 Population : 1 987 000 hab.

Capitale : Windhoek 147 056 hab. (202 000 dans l’agglomération) Nature de l’État : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État et du gouver- nement : Samuel Nujoma, dit Sam Nujoma Organisation administrative : 13 régions Langue officielle : anglais Religion : protestantisme Monnaie : namibien ➡ HISTORIQUE 1884 : protectorat allemand.

1920 : mandat de l’Union sud-africaine.

1966 : l’ONU prive l’Afrique du Sud de son mandat ; le SWAPO lance la lutte armée ; soutien des troupes cubaines.

1990 : indépendance de la Namibie. Sam Nujoma, prési- dent de la République.

1998 : différend avec le Botswana à propos du partage des eaux de l’Okavango.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 2 hab./km 2 Part de la population urbaine : 30,4 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 43,7 %, 15- 65 ans 50,7 %, + 65 ans 5,6 % Taux de natalité : 34,6 ‰ Taux de mortalité : 13,54 ‰ Taux de mortalité : infantile 64,7 ‰

Espérance de vie : hommes 50 ans, femmes 50 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 3,25 milliards de $ PNB/hab. : 1 780 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 2,7 % Taux annuel d’inflation (2002) : 11,3 %

Structure du PIB : 12,8 % pour l’agriculture, 32,6 % pour l’industrie, 54,5 % pour les services Défense Total forces armées : 9 000 hommes Budget de la Défense 2,6 % du PIB

➡ TENDANCES La préparation de l’élection prési- dentielle prévue pour 2004 a oc- cupé la classe politique d’autant que le chef de l’État sortant, Sam

Nujoma, au pouvoir depuis mars 1990, a choisi de renoncer à bri- guer un quatrième mandat.

NAURU

Superficie : 21 km 2 Population : 13 000 hab.

Capitale : Yaren Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État et du gouver- nement : (Président de la République) René Harris Organisation administrative : 14 districts Langues officielles : nauruan, anglais

Religion : protestantisme Monnaie : dollar australien

➡ HISTORIQUE 1888 : protectorat allemand.

1920 : mandat de la SDN.

1945 : tutelle de l’ONU.

1968 : indépendance de Nauru.

Son espace maritime couvre 320 000 kilomètres carrés.

1998 : Bernard Dowiyogo président de la République et Premier ministre. downloadModeText.vue.download 313 sur 370

STATISTIQUES

311

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 538,5 hab./km 2 Part de la population urbaine : 100 %

NÉPAL

Superficie : 140 000 km 2 Population : 25 164 000 hab.

Capitale : Katmandou 669 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Roi) Gyanendra Chef du gouvernement : Surya Bahadur Thapa Organisation administrative : 5 régions Langue officielle : népalais Religion : hindouisme Monnaie : roupie népalaise

➡ HISTORIQUE

1801 : protectorat britannique.

1923 : indépendance du Népal.

1951 : instauration d’une monarchie constitutionnelle.

1962 : renforcement des pou- voirs du monarque.

1991 : élections multipartites.

1994 : instabilité politique.

1996 : rébellion dans le nord- ouest du pays.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 164 hab./km 2 Part de la population urbaine : 11,6 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 41 %, 15-65 ans 53,1 %, + 65 ans 5,9 % Taux de natalité : 33,72 ‰ Taux de mortalité : 10,92 ‰ Taux de mortalité : infantile 70,9 ‰

Espérance de vie : hommes 58 ans, femmes 58 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 5,62 milliards de $ PNB/hab. : 230 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 0,8 % Taux annuel d’inflation (2002) : 3 %

Structure du PIB : 41,17 % pour l’agriculture, 21,3 % pour l’industrie, 36,9 % pour les services

Dette extérieure : 2 398 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 46 000 hommes Budget de la Défense 0,8 % du PIB ➡ TENDANCES

Le conflit qui oppose depuis 1996 les rebelles maoïstes et les forces de l’ordre a fait, selon les autorités, plus de 8 000 morts, dont 330 depuis la fin de la trêve, le 27 août 2003. Une guerre civile dont les conséquences sur la croissance – sans doute moins de 1 % en 2003 – sont véritablement catastrophiques. NICARAGUA

Superficie : 148 000 km 2 Population : 5 466 000 hab.

Capitale : Managua 959 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime présidentiel Chef de l’État et du gouverne- ment : (Président de la Répu- blique) Enrique Bolaños Organisation administrative : 16 départements Langue officielle : espagnol Religion : catholicisme Monnaie : córdoba oro ➡ HISTORIQUE

1821 : proclamation de l’indépendance.

1934 : assassinat de San- dino, leader de la guérilla antiaméricaine. downloadModeText.vue.download 314 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

312

1936 : début de la dictature d’Anastasio Somoza.

1979 : renversement de Somoza.

1984 : élection à la présidence de Daniel Ortega, leader du mouvement sandiniste.

1985 : embargo américain.

1990 : élection de Violetta Cha- morro, leader de l’opposition.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 41 hab./km 2 Part de la population urbaine : 55,8 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 42,6 %, 15- 65 ans 52,8 %, + 65 ans 4,6 % Taux de natalité : 30,38 ‰ Taux de mortalité : 5,85 ‰ Taux de mortalité : infantile 35,7 ‰

Espérance de vie : hommes 66 ans, femmes 71 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 2,05 milliard de $ PNB/hab. : 400 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 1 % Taux annuel d’inflation (2002) : 4,4 %

Structure du PIB : 31,6 % pour l’agriculture, 22,8 % pour l’industrie, 45,7 % pour les services

Dette extérieure : 5 677 mil- lions de $ Taux de chômage 13,3 % Défense Total forces armées : 16 000 hommes Budget de la Défense 1,3 % du PIB

➡ TENDANCES Déjà largement entamée lors de la première année de sa pré- sidence, la crédibilité d’Enrique

Bolaños a semblé se déliter lit- téralement sous l’effet conjugué de la décélération de l’économie – aggravation du chômage et du sous-emploi – et du blocage politique. Ainsi, la formation présidentielle n’a pas ratifié les choix du chef de l’État lors de la nomination des juges de la Cour suprême.

NIGER

Superficie : 1 267 000 km 2 Population : 11 972 000 hab.

Capitale : Niamey 403 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Mamadou Tandja Chef du gouvernement : Hama Amadou Organisation administrative : 2 communautés urbaines, 7 départements Langue officielle : français Religion : islam Monnaie : franc CFA ➡ HISTORIQUE 1900 : colonisation française.

1960 : proclamation de l’indépendance.

1974 : coup d’État et remplace- ment du président Diori par le colonel Kountché.

1992 : instauration d’une nouvelle Constitution et du multipartisme.

1995 : accord de paix avec les rebelles touareg.

1996 : coup d’État du général Maïnassara.

1999 : assassinat de Maï- nassara ; Mamadou Tandja, président.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 8 hab./km 2 Part de la population urbaine : 20,1 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 49,9 %, 15- 65 ans 46,8 %, + 65 ans 3,3 % Taux de natalité : 51,2 ‰ Taux de mortalité : 16,94 ‰ Taux de mortalité : infantile 125,7 ‰ Espérance de vie : hommes 44 ans, femmes 48 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 2,01 milliard de $ PNB/hab. : 170 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 3 % Taux annuel d’inflation (2002) : 2,7 %

Structure du PIB : 40,7 % pour l’agriculture, 17,2 % pour l’industrie, 42,1 % pour les services

Dette extérieure : 1 579 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 5 300 hommes Budget de la Défense 1,3 % du PIB downloadModeText.vue.download 315 sur 370

STATISTIQUES

313

➡ TENDANCES

Pays particulièrement déshérité, le Niger du président Mamadou Tanja a pu compter cette année sur l’aide de l’Union européenne et de prêts importants du FMI et de la Banque mondiale, sans oublier la visite, en octobre, de Jacques Chirac.

NIGERIA

Superficie : 924 000 km 2 Population : 124 009 000 hab.

Capitale : Abuja 423 391 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république Chef de l’État et du gouverne- ment : (Président de la Répu- blique) Olusegun Obasanjo Organisation administrative : 1 territoire, 36 États Langue officielle : anglais Religions : protestantisme, islam, Églises indigènes, catholicisme Monnaie : naira

➡ HISTORIQUE 1885 : colonisation britannique.

1960 : proclamation de l’indépendance.

1967 : les Ibos chrétiens pro- clament l’indépendance de la province du Biafra.

1970 : fin de la sécession bia- fraise après une guerre civile très meurtrière.

1979 : bref retour des civils au pouvoir. 1993 : les militaires refusent le retour des civils au pouvoir. Le général Abacha institue une dictature de fait.

1999 : élection du général à la retraite Obasanjo.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 136 hab./km 2 Part de la population urbaine : 43,1 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 45,1 %, 15- 65 ans 50,1 %, + 65 ans 4,8% Taux de natalité : 39,84 ‰ Taux de mortalité : 14,7 ‰ Taux de mortalité : infantile 78,5 ‰

Espérance de vie : hommes 47 ans, femmes 48 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 38,7 milliards de $ PNB/hab. : 290 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 0,5 % Taux annuel d’inflation (2002) : 12,9 %

Structure du PIB : 32,7 % pour l’agriculture, 46,8 % pour l’industrie, 20,4 % pour les services

Dette extérieure : 28 455 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 94 000 hommes Budget de la Défense 1,2 % du PIB

➡ TENDANCES

Le président sortant Olusegun Obasanjo a été réélu le 22 avril au premier tour d’un scrutin en- taché de sérieuses irrégularités. Nanti d’une confortable majo- rité à l’assemblée, il doit redresser une situation économique cala- miteuse, 70 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté.

NORVÈGE Superficie : 325 000 km 2 Population : 4 533 000 hab.

Capitale : Oslo 482 555 hab.

(978 000 dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Roi) Harald V Chef du gouvernement : Kjell Magne Bondevik Org. administrative : 19 départements Langue officielle : norvégien Religion : protestantisme Monnaie : couronne norvégienne downloadModeText.vue.download 316 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

314

➡ HISTORIQUE

1815 : acte d’Union avec la Suède.

1905 : rupture avec la Suède.

1940 : invasion allemande ; collaboration dirigée par Quisling.

1949 : adhésion à l’OTAN.

1972 : rejet de l’adhésion au Marché commun.

1994 : 2e rejet de l’adhésion à l’UE.

➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 15 hab./km 2 Part de la population urbaine : 75,1 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 19,8 %, 15-65 ans 60,6 %, + 65 ans 19,6 %

Taux de natalité : 12,88 ‰ Taux de mortalité : 10,17 ‰ Taux de mortalité : infantile 4,5 ‰

Espérance de vie : hommes 76 ans, femmes 81 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 172 milliards de $ PNB/hab. : 37 850 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 1,6 % Taux annuel d’inflation (2000) : 3,1 %

Structure de la population active : agriculture 4,8 %, mines et industrie 23,7 %, services 71,6 % Structure du PIB : 2,3 % pour l’agriculture, 35,7 % pour l’industrie, 62 % pour les services Dette brute : 33,4 % du PIB Taux de chômage : 3,5 % Défense Total forces armées : 31 000 hommes Éléments du niveau de vie Nombre d’habitants pour 1 médecin 357

Apport en calories 3 350 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400)

Automobiles : 399/1 000 hab. Téléphones : 621/1 000 hab. Télévisions : 433/1 000 hab.

➡ TENDANCES

Au pouvoir depuis octobre 2001, le gouvernement de centre droit, minoritaire au Parlement, aura eu, cette année encore, toutes les peines du monde à mener sa politique. Quoi qu’il en soit, le bon fonctionnement de la « ma- chine » économique, dont les pétrodollars constituent le princi- pal carburant, a permis à la Nor- vège d’afficher des résultats que lui envient les pays de l’Union européenne. On comprend que la Norvège ne soit guère pressée de rejoindre l’UE.

NOUVELLE

ZÉLANDE

Superficie : 270 000 km 2 Population : 3 875 000 hab.

Capitale : Wellington 157 647 hab. (341 000 dans l’agglomération)

Nature de l’État : monarchie constit. à régime parlementaire Chef de l’État : (Roi) Élisa- beth II représentée par Silvia Cartwright Chef du gouvernement : Helen Clark

Organisation administrative : 2 îles

Langue officielle : anglais Religions : protestantisme, catholicisme Monnaie : dollar néo-zélandais ➡ HISTORIQUE 1840 : colonisation britannique.

1907 : statut de Dominion britannique.

1984 : le Premier ministre David Lange entreprend de libéraliser l’économie.

1990 : union douanière avec l’Australie.

1991 : protestation des Maoris contre leur statut ; victoire de la gauche aux élections législatives.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 14 hab./km 2 Part de la population urbaine : 85,7 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 23 %, 15-65 ans 61,4 %, + 65 ans 15,6 % Taux de natalité : 14,89 ‰ Taux de mortalité : 7,84 ‰ Taux de mortalité : infantile 6,2 ‰

Espérance de vie : hommes 75 ans, femmes 80 ans Indicateurs sociaux-économiques PNB : 53 milliards de $ PNB/hab. : 13 710 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 4,2 % Taux annuel d’inflation (2000) : 2,6 % downloadModeText.vue.download 317 sur 370

STATISTIQUES

315

Structure de la population active : agriculture 8,5 %, mines et industrie 23,8 %, services 67,6 % Taux de chômage : 6 % Défense Total forces armées : 9 530 hommes Budget de la Défense 1,4 % du PIB

➡ TENDANCES

Un an après avoir retrouvé son fauteuil de Premier ministre, madame Helen Clark bénéficiait d’un horizon politique dégagé et d’une conjoncture économique favorable, dont témoigne une croissance soutenue.

Le pouvoir d’achat des ménages a continué de progresser et les taux d’intérêt ont suivi les taux américains à la baisse. Seule ombre au tableau, la défaite du défi néo-zélandais à l’issue de la finale de la Coupe de l’America dans la baie d’Auckland.

OMAN

Superficie : 212 000 km 2 Population : 2 851 000 hab.

Capitale : Mascate 51 969 hab. (887 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : monarchie Chef de l’État et du gouverne- ment : (Sultan) Qabus ibn Said Organisation administrative : 8 provinces Langue officielle : arabe Religion : islam Monnaie : rial omanais ➡ HISTORIQUE 1949 : découverte de pétrole ; appui britannique.

1967 : pétrole sous contrôle de l’État.

1970 : le sultan Ibn Said prend le pouvoir et donne le nom d’Oman au sultanat.

1976 : cessez-le-feu avec la rébellion.

1980 : installation d’une base américaine.

➡ STATISTIQUES Données démographiques

Densité : 11 hab./km 2

Part de la population urbaine :

82,3 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 44,1 %, 15-

65 ans 51,7 %, + 65 ans 4,2 %

Taux de natalité : 28,18 ‰

Taux de mortalité : 4,13 ‰

Taux de mortalité : infantile

22,9 ‰

Espérance de vie : hommes

72 ans, femmes 75 ans

Indicateurs socio-économiques

PNB : 10,53 milliards de $ PNB/hab. : 4 940 $

Taux de croissance annuelle du

PIB (2002) : 1,9 %

Taux annuel d’inflation (2002) :

– 0,7 %

Dette extérieure : 3 602 mil- lions de $

Défense

Total forces armées :

43 500 hommes

Budget de la Défense 11,9 % du PIB

➡ TENDANCES Le petit sultanat pétrolier a pour- suivi au cours de l’année 2003 sa politique de diversification éco- nomique, notamment en relan-

çant un secteur agricole, jusque- là délaissé, et en valorisant ses réserves halieutiques. Dans le même ordre d’idées, les autorités entendent promouvoir un tou- risme encore embryonnaire. downloadModeText.vue.download 318 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

316

OUGANDA

Superficie : 237 000 km 2 Population : 25 827 000 hab.

Capitale : Kampala 874 241 hab. (1 212 000 dans l’agglomération) Nature de l’État : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État et du gouver- nement : (Président de la République) Yoweri Kaguta Museveni Organisation administrative : 4 régions Langue officielle : anglais Religions : catholicisme, ani- misme, anglicanisme Monnaie : shilling ougandais ➡ HISTORIQUE

1894 : protectorat britannique.

1962 : indépendance.

1966 : Milton Obote prend tous les pouvoirs.

1971 : coup d’État du général Idi Amin Dada qui instaure une dictature.

1979 : chute d’Amin Dada.

1986 : Yoweri Museveni prend le pouvoir et se fait confirmer par élection en 1996.

➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 108 hab./km 2 Part de la population urbaine : 13,9 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 49,2 %, 15- 65 ans 47 %, + 65 ans 3,8 % Taux de natalité : 46,26 ‰ Taux de mortalité : 21,65 ‰ Taux de mortalité : infantile 93 ‰

Espérance de vie : hommes 42 ans, femmes 42 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 5,91 milliards de $ PNB/hab. : 250 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 6,6 % Taux annuel d’inflation (2002) : – 2 %

Structure du PIB : 44,4 % pour l’agriculture, 17,8 % pour l’industrie, 37,8 % pour les services

Dette extérieure : 3 708 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 30 000 hommes Budget de la Défense 2,0 % du PIB ➡ TENDANCES

L’Ouganda est l’un des rares pays d’Afrique à avoir soutenu l’inter- vention américaine en Irak. Une position qui lui a valu la visite du président George W. Bush, lequel ne tarit pas d’éloge sur le président Yoweri Museveni, surnommé le « petit chéri » des

États-Unis.

OUZBÉKISTAN

Superficie : 447 000 km 2 Population : 26 093 000 hab.

Capitale : Tachkent 2 148 000 hab. dans l’agglomération Nature de l’État : république Chef de l’État : (Président de la République) Islam Karimov Chef du gouvernement : Otkir Soultanov Langue officielle : ouzbek Religion : islam Monnaie : soum ouzbek ➡ HISTORIQUE

1868 : protectorat russe.

Années 1920 : intégration dans l’Union soviétique.

1929 : séparation d’avec le Tadjikistan.

1991 : indépendance ; Islam Karimov, président ; ten- sions sociales ; désastres écologiques et montée de l’islamisme.

➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 59 hab./km 2 downloadModeText.vue.download 319 sur 370 STATISTIQUES

317

Part de la population urbaine : 37,2 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 36,3 %, 15- 65 ans 56,6 %, + 65 ans 7,1 % Taux de natalité : 23,1 ‰ Taux de mortalité : 6,61 ‰ Taux de mortalité : infantile 36,7 ‰

Espérance de vie : hommes 66 ans, femmes 73 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 11,5 milliards de $ PNB/hab. : 450 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 2,8 % Structure du PIB : 32,9 % pour l’agriculture, 24,5 % pour l’industrie, 42,6 % pour les services

Dette extérieure : 2 760 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 74 000 hommes Budget de la Défense 0,8 % du PIB

➡ TENDANCES

Sous l’oeil des Occidentaux, le ré- gime autoritaire d’Islam Karimov esquisse une démocratisation peu convaincante. Les difficultés économiques et la corruption en- tretiennent un mécontentement qui profite aux islamistes.

PAKISTAN

Superficie : 803 000 km 2 Population : 153 578 000 hab.

Capitale : Islamabad 340 286 hab. (1 068 000 dans l’agglomération) Nature de l’État : république à régime parlementaire Chef de l’État : (Président de la Rép.) Pervez Mucharraf Chef du gouver. : Mir Zafarullah Khan Jamali Organisation administra- tive : 4 provinces, 1 territoire, 2 zones contrôlées, la capitale fédérale

Langues officielles : ourdou, anglais Religion : islam Monnaie : roupie pakistanaise ➡ HISTORIQUE

1947 : indépendance à la suite de la partition avec l’Inde.

1949 : fin de guerre avec l’Inde à propos du Cachemire.

1958 : coup d’État du général Ayyub Khan.

1965 : deuxième guerre avec l’Inde.

1971 : indépendance du Pakis- tan oriental (Bangladesh) et nouveaux affrontements avec l’Inde.

1977 : démission d’Ali Bhutto, exécuté en 1979.

1988 : Benazir Bhutto, Premier ministre.

1990 : Benazir Bhutto est déposée.

1998 : essais nucléaires pakistanais.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 175 hab./km 2 Part de la population urbaine : 36,5 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 41,8 %, 15- 65 ans 52,4 %, + 65 ans 5,8 % Taux de natalité : 34,48 ‰ Taux de mortalité : 7,76 ‰ Taux de mortalité : infantile 86,5 ‰

Espérance de vie : hommes 62 ans, femmes 64 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 59 milliards de $ PNB/hab. : 410 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 4,6 % Taux annuel d’inflation (2002) : 3,1 %

Structure de la population active : agriculture 55,8 %, mines et industrie 9,6 %, ser- vices 34,6 % Structure du PIB : 27,2 % pour l’agriculture, 23,5 % pour l’industrie, 49,4 % pour les services

Dette extérieure : 29 664 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 587 000 hommes Budget de la Défense 5,1 % du PIB downloadModeText.vue.download 320 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

318

➡ TENDANCES

De nouveau l’année écoulée a montré que le « projet démo- cratique » cher au général prési- dent Pervez Moucharraf peine à s’incarner dans la réalité, au point que l’opposition – islamistes et libéraux confondus – a choisi de bloquer toute vie politique. Une attitude qui manifestement ne paraît pas de nature à déstabiliser un pouvoir comptant surtout sur le soutien que lui accordent des États-Unis en échange de sa col- laboration dans la lutte contre le terrorisme islamiste. Sur le plan économique, le gouvernement a mis en place, sous la pression du FMI, une politique de rigueur destinée à contenir le déficit bud- gétaire et la dette publique.

PALAU

Superficie : 487 km 2 Population : 20 000 hab.

Capitale : Koror 14 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république Chef de l’État et du gouver- nement : (Président de la République) Thomas Esang Remengesau Jr

Langues officielles : palauan, anglais Religion : christianisme Monnaie : dollar des États-Unis

➡ HISTORIQUE

XVIe siècle : découverte des îles.

1899 : rachat par l’Allemagne à l’Espagne.

1919-1945 : mandat japonais.

1947 : tutelle américaine.

1994 : proclamation de l’indépendance et admission à l’ONU.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 41 hab./km 2 Part de la population urbaine : 72,1 %

PANAMÁ

Superficie : 77 000 km 2 Population : 3 120 000 hab.

Capitale : Panamá (948 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime présidentiel Chef de l’État et du gouver- nement : (Président de la République) Mireya Moscoso de Gruber Organisation administrative : 9 provinces, 1 territoire spécial Langue officielle : espagnol Religion : catholicisme Monnaie : balboa

➡ HISTORIQUE

XVIe siècle : colonisation espagnole.

1903 : indépendance. 1914 : ouverture du canal construit par les Américains.

1968 : Omar Torrijos au pouvoir.

1989 : le général Noriega an- nule le résultat des élections ; intervention militaire des États- Unis qui capturent Noriega.

1991 : accord avec les États- Unis sur le contrôle du trafic de drogue.

1993 : restitution du canal par les Américains.

➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 38 hab./km 2 Part de la population urbaine : 56 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 31,3 %, 15- 65 ans 60,6 %, + 65 ans 8,1 % Taux de natalité : 21,06 ‰ Taux de mortalité : 5,12 ‰ Taux de mortalité : infantile 18,6 ‰

Espérance de vie : hommes 72 ans, femmes 76 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 11,8 milliards de $ downloadModeText.vue.download 321 sur 370

STATISTIQUES

319

PNB/hab. : 4 020 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 0,5 % Taux annuel d’inflation (2002) : 1 %

Structure du PIB : 6,8 % pour l’agriculture, 16,9 % pour l’industrie, 76,3 % pour les services

Dette extérieure : 6 338 mil- lions de $ Taux de chômage : 13,4 % Défense Total forces armées : 11 800 hommes Budget de la Défense 1,3 % du PIB

➡ TENDANCES

Confronté depuis 2001 à un Par- lement où l’opposition est majori- taire, l’exécutif a vu son action en- travée. Une marge de manoeuvre contrainte qui, conjuguée à la baisse croissante de popularité de la présidente Mireya Moscoso, a dessiné une année politique en demi-teinte pour un pays dont la richesse reste essentiellement adossée à l’activité du canal.

PAPOUASIE

NOUVELLEGUINÉE

Superficie : 463 000 km 2 Population : 5 711 000 hab.

Capitale : Port Moresby 193 242 hab. (293 000 dans l’agglomération) Nature de l’État : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Reine) Élisa- beth II représentée par Silas Atopare Chef du gouv. : Michael Somare

Organisation administrative : 19 provinces, 1 district Langue officielle : anglais Religions : protestantisme, catholicisme, animisme Monnaie : kina ➡ HISTORIQUE

1828 : colonisation hollandaise.

1885 : colonisation britannique du Sud-Est.

1969 : la partie orientale est intégrée dans l’Indonésie. 1975 : indépendance de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, membre du Commonwealth.

1990 : sécession de l’île de Bougainville qui proclame son indépendance. Guerre civile et cessez-le-feu en 1998.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 10 hab./km 2 Part de la population urbaine : 17,1 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 40,1 %, 15- 65 ans 55,8 %, + 65 ans 4,1 % Taux de natalité : 31,14 ‰ Taux de mortalité : 9,83 ‰ Taux de mortalité : infantile 62,1 ‰

Espérance de vie : hommes 58 ans, femmes 59 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 2,82 milliards de $ PNB/hab. : 530 $ Taux annuel d’inflation (2002) : 7,5 %

Structure du PIB : 29,6 % pour l’agriculture, 46,1 % pour l’industrie, 24,4 % pour les services

Dette extérieure : 2 272 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 4 300 hommes Budget de la Défense 0,7 % du PIB

➡ TENDANCES Un an après les élections mouve- mentées de 2002 les investisseurs répugnaient toujours à placer leurs capitaux dans une nation jugée politiquement instable. downloadModeText.vue.download 322 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

320

PARAGUAY Superficie : 407 000 km 2 Population : 5 878 000 hab.

Capitale : Asunción (794 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État et du gouverne- ment : Nicanor Duarte Frutos Organisation administrative : 7 départements, 1 district Langues officielles : guarani, espagnol Religion : catholicisme Monnaie : guarani ➡ HISTORIQUE

XVIe siècle : colonisations espa- gnole et portugaise.

1811 : proclamation de l’indépendance.

Années 1920 et 1930 : conflits armés avec la Bolivie pour le désert du Chaco.

1954 : coup d’État du général Stroessner.

1989 : renversement de Stroessner.

1992 : nouvelle Constitution, plus démocratique.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 13 hab./km 2 Part de la population urbaine : 55,3 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 39,5 %, 15- 65 ans 55,2 %, + 65 ans 5,3 % Taux de natalité : 29,74 ‰ Taux de mortalité : 5,43 ‰ Taux de mortalité : infantile 37 ‰

Espérance de vie : hommes 68 ans, femmes 72 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 6,44 milliards de $ PNB/hab. : 1 170 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : – 3,9 % Taux annuel d’inflation (2002) : 10,5 %

Structure du PIB : 29,1 % pour l’agriculture, 26,2 % pour l’industrie, 44,6 % pour les services

Dette extérieure : 2 052 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 20 200 hommes Budget de la Défense 1,0 % du PIB ➡ TENDANCES

L’agenda politique 2003 aura été chargé avec, d’une part, la pro- cédure de destitution engagée à l’encontre du président Luis Gon- zalez Macchi, et, d’autre part, la tenue de l’élection présidentielle qui a vu la victoire de Nicanor Duarte, le candidat du parti Colo- rado, qui hérite d’une économie en pleine récession.

PAYSBAS

Superficie : 34 000 km 2 Population : 16 149 000 hab.

Capitale : Amsterdam 734 594 hab. (1 100 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Reine) Béatrice Chef du gouv. : Jan Peter Balkenende Organisation administrative : 12 provinces Langue officielle : néerlandais Religions : protestantisme, catholicisme Monnaies : euro, florin néerlandais

➡ HISTORIQUE

XVIe siècle : tutelle espagnole.

1648 : l’Espagne recon- naît l’indépendance des Provinces-Unies. 1815 : après la période de domination française, les downloadModeText.vue.download 323 sur 370

STATISTIQUES

321

Pays-Bas et la Belgique sont unis en un seul royaume.

1831 : indépendance de la Belgique.

1957 : membre fondateur du Marché commun.

1992 : se prononce pour l’UEM.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 466 hab./km 2 Part de la population urbaine : 89,3 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 18,3 %, 15-65 ans 63,4 %, + 65 ans 18,3 %

Taux de natalité : 12,6 ‰ Taux de mortalité : 8,71 ‰ Taux de mortalité : infantile 4,5 ‰

Espérance de vie : hommes 75 ans, femmes 81 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 387 milliards de $ PNB/hab. : 23 960 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 0,3 % Taux annuel d’inflation (2000) : 2,5 %

Structure de la population active : agriculture 3,7 %, mines et industrie 22,2 %, services 74,1 % Structure du PIB : 3,1 % pour l’agriculture, 27,1 % pour l’industrie Taux de chômage : 2,7 % Défense Total forces armées : 56 380 hommes Budget de la Défense 1,9 % du PIB

Éléments du niveau de vie Apport en calories 3 259 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400)

Automobiles : 372/1 000 hab.

Téléphones : 564/1 000 hab.

Télévisions : 497/1 000 hab.

➡ TENDANCES

Il aura fallu 125 jours pour voir les Pays-Bas dotés d’un nouveau gouvernement après la chute du précédent, qui n’avait duré que trois mois, et des élections légis- latives organisées le 22 janvier. Le nouveau chef du gouvernement, Jan Peter Balkenende, a pris la tête d’une coalition de chrétiens- démocrates, de libéraux et de réformateurs. Sous l’impulsion de Gerrit Zalm, le ministre des Fi- nances, un plan d’économies de 15 milliards d’euros a été mis au point, en vue d’un retour à l’équi- libre des finances publiques en 2007. Il prévoit une réforme des systèmes de chômage et d’inca- pacité de travail.

PÉROU

Superficie : 1 285 000 km 2 Population : 27 167 000 hab.

Capitale : Lima (6 800 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel

Chef de l’État et du gouverne- ment : (Président de la Répu- blique) Alejandro Toledo Organisation administrative : 1 province constitutionnelle, 24 départements Langues officielles : quechua, espagnol Religion : catholicisme Monnaie : sol ➡ HISTORIQUE 1531 : début de la conquête espagnole, avec Pizzaro.

1824 : indépendance du pays.

1963 : l’armée impose à la pré- sidence Belánde Terry contre Haya de la Torre, fondateur de l’APRA (gauche).

Années 1980 : guérilla maoïste du Sentier Lumineux.

1990 : Alberto Fujimori élu à la présidence.

1995 : guerre frontalière contre l’Équateur.

2001 : Alejandro Toledo, président.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 20 hab./km 2 Part de la population urbaine : 72,4 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 33,4 %, 15- 65 ans 59,4 %, + 65 ans 7,2 % Taux de natalité : 24,4 ‰ Taux de mortalité : 6,45 ‰ Taux de mortalité : infantile 37,4 ‰

Espérance de vie : hommes 66 ans, femmes 71 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 55 milliards de $ PNB/hab. : 2 050 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 5,2 % Taux annuel d’inflation (2002) : 0,2 % downloadModeText.vue.download 324 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

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Structure du PIB : 7,2 % pour l’agriculture, 37,5 % pour l’industrie, 55,3 % pour les services

Dette extérieure : 30 496 mil- lions de $ Taux de chômage : 7,7 % Défense Total forces armées : 115 000 hommes Budget de la Défense 1,2 % du PIB

Éléments du niveau de vie Analphabétisme 11,3 % Apport en calories 2 310 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400)

Automobiles : 58/1 000 hab.

Téléphones : 68/1 000 hab.

Télévisions : 106/1 000 hab.

➡ TENDANCES

Une année sociale particulière- ment brûlante pour le Pérou, où, pour faire face à la multiplication des grèves, le président Alejan- dro Toledo a dû déclarer l’état d’urgence. Alors que le gouver- nement vante les bonnes per- formances de l’économie péru- vienne, parmi les meilleures de la région, les syndicats lui opposent la grande misère de la majorité de la population. En effet, la moi- tié des Péruviens doivent vivre avec moins de 1 euro par jour.

PHILIPPINES

Superficie : 300 000 km 2 Population : 79 999 000 hab.

Capitale : Manille 1 087 800 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime présidentiel Chef de l’État et du gouver- nement : (Président de la République) Goria Arroyo Organisation administrative : 15 régions Langue officielle : tagal Religion : catholicisme Monnaie : peso philippin

➡ HISTORIQUE 1543 : colonisation espagnole.

1898 : guerre hispano-améri- caine ; guérilla antiaméricaine.

1946 : proclamation de l’indépendance.

1965-1986 : présidence de Ferdinand Marcos.

1986 : élection de Cory Aquino, qui démocratise les institutions.

➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 249 hab./km 2

Part de la population urbaine : 57,7 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 37,5 %, 15- 65 ans 57 %, + 65 ans 5,5 % Taux de natalité : 27,44 ‰ Taux de mortalité : 5,8 ‰ Taux de mortalité : infantile 29 ‰

Espérance de vie : hommes 67 ans, femmes 71 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 81 milliards de $ PNB/hab. : 1 020 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 4,6 % Taux annuel d’inflation (2002) : 3,1 %

Structure de la population active : agriculture 49 %, mines et industrie 18,4 %, services 32,6 % Structure du PIB : 17,7 % pour l’agriculture, 30,3 % pour l’industrie, 52 % pour les services

Dette extérieure : 45 433 mil- lions de $ Taux de chômage 7,9 % Défense Total forces armées : 110 000 hommes Budget de la Défense 1,5 % du PIB

➡ TENDANCES

La révolte des soldats, dont Manille a été le théâtre en juillet 2003, s’est terminée sans effu- sion de sang et par le retour des mutins dans leurs casernes. Un dénouement heureux dont la présidente, Mme Gloria Arroyo, a pu légitimement se féliciter. downloadModeText.vue.download 325 sur 370

STATISTIQUES

323

POLOGNE

Superficie : 313 000 km 2 Population : 38 587 000 hab.

Capitale : Varsovie 1 643 203 hab. (2 269 000 dans l’agglomération) Nature de l’État : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Aleksander Kwasniewski Chef du gouvernement : Les- lek Miller Organisation administrative : 49 voïévodies Langue officielle : polonais Religion : catholicisme Monnaie : zloty

➡ HISTORIQUE

XVIIIe siècle : partages succes- sifs entre l’Autriche, la Prusse et la Russie.

1918 : Pilduski proclame l’indé- pendance du pays.

1939 : occupation allemande.

1945 : la Pologne devient une république populaire.

1956 : émeutes ouvrières et appel à W. Gomulka pour diriger le pays.

1980 : grèves ouvrières à Gdansk et création par Lech Walesa du syndicat Solidarité. 1981 : instauration d’un « état de guerre ».

1990 : proclamation de la répu- blique de Pologne.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 127 hab./km 2 Part de la population urbaine : 5,2 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 19,2 %, 15-65 ans 64,2 %, + 65 ans 16,6 %

Taux de natalité : 104 ‰ Taux de mortalité : 9,86 ‰ Taux de mortalité : infantile 9,1 ‰

Espérance de vie : hommes 69 ans, femmes 77 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 177 milliards de $ PNB/hab. : 4 570 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 1,3 % Taux annuel d’inflation (2002) : 1,9 %

Structure de la population active : agriculture 20,6 %, mines et industrie 31,9 %, services 47,5 % Structure du PIB : 3,9 % pour l’agriculture, 35,8 % pour l’industrie, 60,3 % pour les services Taux de chômage : 16,1 % Total forces armées : 240 650 hommes Budget de la Défense 2,1 %

➡ TENDANCES

Consultés par référendum les 7 et 8 juin, les Polonais ont approuvé l’entrée de leur pays dans l’UE.

Mais les difficultés économiques et une corruption endémique, ainsi que les ondes de choc des divisions survenues au sein de l’Europe à l’occasion de la guerre en Irak, ont éclipsé le scrutin, qui n’a que faiblement mobi- lisé les électeurs. Pour les Polo- nais, l’entrée dans l’UE devrait coïncider avec un autre scrutin attendu avec impatience, les législatives, qui ont été avancées au printemps 2004 en raison de l’impopularité record du Premier ministre Lezsek Miller.

PORTUGAL

Superficie : 92 000 km 2 Population : 10 062 000 hab.

Capitale : Lisbonne 663 394 hab. (3 826 000 dans l’agglomération) Nature de l’État : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Jorge Sampaio Chef du gouvernement : José Manuel Durâo Barroso Organisation administra- tive : 2 régions autonomes, 5 territoires Langue officielle : portugais Religion : catholicisme Monnaies : euro, escudo portugais downloadModeText.vue.download 326 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

324

➡ HISTORIQUE

1910 : proclamation de la république.

1932 : Oliveira Salazar, Pre- mier ministre.

1933 : promulgation d’une Constitution corporatiste et nationaliste.

1968 : M. Caetano succède à Salazar ; début des guerres coloniales.

1974 : chute du salazarisme et début de la « révolution des OEillets » 1975 : indépendance des colonies.

1986 : adhésion à l’Union européenne.

1992 : adhésion à l’Union éco- nomique et monétaire.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 109 hab./km 2 Part de la population urbaine : 62,8 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 16,7 %, 15-65 ans 62,5 %, + 65 ans 20,8 %

Taux de natalité : 11,6 ‰ Taux de mortalité : 10,67 ‰ Taux de mortalité : infantile 6,1 ‰

Espérance de vie : hommes 72 ans, femmes 79 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 109 milliards de $ PNB/hab. : 10 840 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 0,5 %

Taux annuel d’inflation (2000) : 2,9 %

Structure de la population active : agriculture 13,7 %, mines et industrie 31,5 %, services 54,8 % Dette brute : 57,7 % du PIB Taux de chômage : 4,2 % Défense Total forces armées : 49 700 hommes Budget de la Défense 1,5 % du PIB

Éléments du niveau de vie Analphabétisme 10,4 % Nombre d’habitants pour 1 médecin 333 Apport en calories 3 658 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400)

Automobiles : 288/1 000 hab.

Téléphones : 402/1 000 hab.

Télévisions : 326/1 000 hab.

➡ TENDANCES Le gouvernement de centre droit conduit par le Premier ministre José Manuel Durâo Bar- roso – au pouvoir depuis avril 2002 – a poursuivi une politique d’assainissement des finances publiques dans un contexte économique marqué par une croissance atone. Bien décidées à contrôler les dérapages bud- gétaires, les autorités ont choisi de couper dans les dépenses publiques.

QATAR

Superficie : 11 400 km 2 Population : 610 000 hab.

Capitale : Al-Dawha 217 294 hab. (391 000 dans l’agglomération) Nature de l’État : monarchie Chef de l’État et du gouver- nement : (Émir) Hamad ibn Khalifa al-Thani Organisation administrative : 9 municipalités Langue officielle : arabe Religion : islam Monnaie : riyal du Qatar

➡ HISTORIQUE

1868 : établissement de la dynastie des al-Thani, qui passe des accords avec les Britanniques.

1971 : l’émirat proclame son indépendance en dehors des Émirats arabes unis.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 51 hab./km 2 downloadModeText.vue.download 327 sur 370

STATISTIQUES

325

Part de la population urbaine : 92,3 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 26,7 %, 15- 65 ans 70,2 %, + 65 ans 3,1 % Taux de natalité : 14 ‰ Taux de mortalité : 3,69 ‰ Espérance de vie : hommes 74 ans, femmes 75 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 9,51 milliards de $ PNB/hab. : 15 570 $ Taux annuel d’inflation (2002) : 1,7 % Défense Total forces armées : 11 800 hommes Budget de la Défense 10,9 % du PIB

➡ TENDANCES

Émirat plutôt discret, le Qatar a connu en 2003 les feux de l’actualité sur fond de conflit en

Irak. En effet, c’est à proximité de Doha que les Américains ont installé une base militaire d’où devaient partir les premiers élé- ments de la force d’intervention.

ROUMANIE

Superficie : 237 000 km 2 Population : 22 334 000 hab.

Capitale : Bucarest 2 054 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Ion Iliescu Chef du gouvernement : Adrian Nastase

Organisation administrative : 1 municipalité, 40 districts Langue officielle : roumain Religion : orthodoxie Monnaie : leu ➡ HISTORIQUE XIVe siècle : suzeraineté ottomane.

1877 : proclamation de l’indépendance. 1940 : gouvernement de collaboration avec les Alle- mands conduit par le général Antonescu.

1947 : abdication du roi Michel et proclamation de la répu- blique populaire.

1965 : Nicolae Ceaucescu accède au pouvoir.

1989 : insurrection populaire et chute de Ceaucescu.

1990 : l’ancien communiste Iliescu est élu président de la République.

➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 97 hab./km 2 Part de la population urbaine : 55,9 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 18,3 %, 15-65 ans 62,9 %, + 65 ans 18,8 %

Taux de natalité : 10,45 ‰ Taux de mortalité : 11,46 ‰ Taux de mortalité : infantile 22,1 ‰

Espérance de vie : hommes 66 ans, femmes 73 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 41,3 milliards de $ PNB/hab. : 1 850 $ Taux annuel d’inflation (2002) : 22,5 %

Structure du PIB : 15,5 % pour l’agriculture, 31 % pour l’indus- trie, 53,5 % pour les services Dette extérieure : 10 442 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 207 000 hommes Budget de la Défense 2,3 % du PIB

➡ TENDANCES Invitée à intégrer l’Union euro- péenne en 2007, la Roumanie tente de rehausser une image ternie par la corruption. Les élec- tions de 2004 exercent aussi une forte pression sur le gouverne- ment, qui a pourtant du mal à se défaire de mauvaises habitudes pesant sur l’économie du pays.

Toutefois, le retour de la crois- sance s’est confirmé en 2003, downloadModeText.vue.download 328 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

326 un mouvement favorisé par la consommation des ménages.

RUSSIE

Superficie : 17 075 000 km 2 Population : 143 246 000 hab.

Capitale : Moscou (8 930 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Vladimir Poutine Chef du gouvernement : Mikhail Kassianov Organisation administrative : 49 régions, 1 région autonome, 21 républiques, 6 territoires, 2 villes de statut fédéral, 10 districts autonomes Langue officielle : russe Religion : orthodoxie Monnaie : rouble russe

➡ HISTORIQUE

1922 : création de l’URSS ; la Russie n’est plus qu’une répu- blique parmi d’autres.

1990 : proclamation de la sou- veraineté de la Russie au sein de l’URSS.

1991 : élection de Boris Eltsine à la présidence de la Russie ; fin de l’Union soviétique et création de la CEI à laquelle adhèrent les ex-républiques soviétiques, à l’exception de la Géorgie et des pays Baltes. 1993 : répression armée contre la rébellion des parlementaires.

1996 : réélection de Boris Eltsine.

2000 : élection de Vladimir Poutine à la présidence de la Russie.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 9 hab./km 2 Part de la population urbaine : 77,3 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 18 %, 15-65 ans 63,5 %, + 65 ans 18,5 % Taux de natalité : 9,05 ‰ Taux de mortalité : 13,88 ‰ Taux de mortalité : infantile 16,8 ‰

Espérance de vie : hommes 60 ans, femmes 72 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 308 milliards de $ PNB/hab. : 2 140 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 4,3 % Taux annuel d’inflation (2002) : 16 %

Structure du PIB : 6,6 % pour l’agriculture, 37,7 % pour l’industrie, 55,7 % pour les services

Dette extérieure : 125 645 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 1 004 100 hommes Budget de la Défense 3,0 % du PIB

Éléments du niveau de vie

Analphabétisme 0,5 %

Nombre d’habitants pour

1 médecin 263

Apport en calories 2 704 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400) Automobiles : 120/1 000 hab. Téléphones : 183/1 000 hab. Télévisions : 377/1 000 hab.

➡ TENDANCES

Le remaniement ministériel inter- venu en avril 2003 – et le renfor- cement du poids des forces de sécurité dans l’appareil d’État qui l’a accompagné – n’a guère ému une population qui sait que les décisions se prennent au niveau du président Vladimir Poutine.

De même, les élections législa- tives de décembre 2003 n’ont pas réellement mobilisé les Russes. Il est vrai que, donné favori, le parti présidentiel, Russie unie, s’est adjugé la victoire, frôlant même la majorité absolue à la Douma. Les communistes et les libéraux auront été les grands perdants de ce scrutin. Sur le plan extérieur, on retiendra la position du pré- sident Poutine, qui s’est montré opposé à la guerre menée en Irak par les États-Unis. downloadModeText.vue.download 329 sur 370

STATISTIQUES

327

RWANDA

Superficie : 26 338 km 2 Population : 8 387 000 hab.

Capitale : Kigali 369 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république Chef de l’État : (Président de la République) Paul Kagamé Chef du gouvernement : Ber- nard Makuza Organisation administrative : 12 préfectures Langues officielles : rwanda, français, anglais Religions : protestantisme, catholicisme, animisme Monnaie : franc rwandais ➡ HISTORIQUE

1916 : colonisation belge.

1962 : indépendance.

1973 : coup d’État du général Habyarimana.

1990 : guérilla du FPR, à majo- rité tutsie.

1993 : accord avec le FPR.

1994 : l’avion du président est abattu ; massacre massif des Tutsis (et des Hutus modérés) par les Hutus ; les forces du FPR, commandées par Paul Kagamé, prennent le pouvoir.

➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 337 hab./km 2 Part de la population urbaine : 6,1 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 44,3 %, 15- 65 ans 51,5 %, + 65 ans 4,2 % Taux de natalité : 44,94 ‰ Taux de mortalité : 20,96 ‰ Taux de mortalité : infantile 119,2 ‰ Espérance de vie : hommes 40 ans, femmes 41 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 1,85 milliard de $ PNB/hab. : 230 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 7,3 % Taux annuel d’inflation (2002) : 2 %

Structure du PIB : 45,7 % pour l’agriculture, 20,5 % pour l’industrie, 33,8 % pour les services Dette extérieure : 1 111 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 37 000 hommes Budget de la Défense 6,1 % du PIB ➡ TENDANCES

On a voté en août à l’occasion de la première élection prési- dentielle multipartite organisée depuis le génocide de 1994. Si le président sortant, Paul Kagame, a retrouvé son siège sans sur- prise, en revanche son score – 95,05 % des suffrages – a sus- cité une levée de boucliers dans l’opposition.

SAINTELUCIE

Superficie : 616 km 2 Population : 149 000 hab.

Capitale : Castries 13 615 hab.

(57 000 dans l’agglomération) Nature de l’État : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Reine) Élisa- beth II représentée par Perlette Louisy

Chef du gouvernement : Kenny Anthony

Organisation administrative : 11 quartiers Langue officielle : anglais Religion : catholicisme Monnaie : dollar des Caraïbes orientales ➡ HISTORIQUE

1814 : l’île de Sainte-Lucie est attribuée aux Britanniques.

1979 : proclamation de l’indé- pendance ; alternance au pou- voir de l’UWP (United Workers’ Party) et du SLLP (Saint Lucia Labour Party). downloadModeText.vue.download 330 sur 370 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

328

1988 : adoption d’une législa- tion sévère contre le trafic de stupéfiants.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 253 hab./km 2 Part de la population urbaine : 37,7 %

Taux de natalité : 19,3 ‰ Taux de mortalité : 6 ‰ Taux de mortalité : infantile 13,1 ‰

Espérance de vie : hommes 71 ans, femmes 73 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,64 milliard de $ PNB/hab. : 4 120 $ Taux annuel d’inflation (1999) : 5,35 %

SAINTKITTS

ETNEVIS

Superficie : 261 km 2 Population : 42 000 hab.

Capitale : Basseterre 12 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire

Chef de l’État : (Reine)

Élisabeth II représentée par

Cuthbert Sebastian

Chef du gouvernement : Denzil

Douglas

Organisation administrative :

2 États Langue officielle : anglais

Religion : protestantisme

Monnaie : dollar des Caraïbes orientales

➡ HISTORIQUE

1783 : colonie britannique.

1992 : Nevis menace de faire sécession.

1997 : vote de Nevis en faveur de l’indépendance.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques

Densité : 114 hab./km 2

Part de la population urbaine :

34,1 %

Taux de natalité : 19,22 ‰

Taux de mortalité : 10 ‰

Taux de mortalité : infantile

22 ‰

Espérance de vie : hommes

68 ans, femmes 73 ans

Indicateurs socio-économiques

PNB : 0,293 milliard de $

PNB/hab. : 6 370 $

SAINTMARIN

Superficie : 61 km 2 Population : 28 000 hab.

Capitale : Saint-Marin Nature de l’État et du régime politique : république Chef de l’État et du gouver- nement : (deux capitaines- régents élus tous les six mois par le Grand Conseil) Organisation administrative : 9 districts Langue officielle : italien Religion : catholicisme Monnaie : euro, lire italienne

➡ HISTORIQUE

1815 : reconnaissance de l’État de Saint-Marin par le Congrès de Vienne.

1849 : Garibaldi se réfugie à Saint-Marin.

1862 : premier traité d’amitié de Saint-Marin avec l’Italie ; renouvelé en 1897, 1939, 1953 et 1971.

1988 : Saint-Marin adhère au Conseil de l’Europe.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 433 hab./km 2 downloadModeText.vue.download 331 sur 370

STATISTIQUES

329

Part de la population urbaine : 99,4 %

Indicateurs socio-économiques PNB : 0,4 milliard de $ PNB/hab. : 17 000 $

SAINTVINCENTET

LES GRENADINES

Superficie : 388 km 2 Population : 120 000 hab.

Capitale : Kingstown 15 908 hab. (28 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Reine) Élisabeth II représentée par Frederick Ballantyne Chef du gouver. : Ralph Gonsalves Organisation administrative : 6 paroisses Langue officielle : anglais Religion : protestantisme Monnaie : dollar des Caraïbes orientales

➡ HISTORIQUE

XVIIIe siècle : colonisation par la Grande-Bretagne.

1979 : proclamation de l’indépendance, au sein du Commonwealth.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 293 hab./km 2 Part de la population urbaine : 53,5 %

Taux de natalité : 17,92 ‰ Taux de mortalité : 7 ‰ Taux de mortalité : infantile 17,7 ‰

Espérance de vie : hommes 70 ans, femmes 77 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,329 milliard de $ PNB/hab. : 2 820 $

SALOMON ÎLES

Superficie : 30 000 km 2 Population : 477 000 hab.

Capitale : Honiara 68 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire

Chef de l’État : (Reine) Élisa- beth II représentée par John Lapli

Chef du gouvernement : Allan Kemakeza Organisation administrative : 7 provinces, 1 territoire Langue officielle : anglais Religion : protestantisme Monnaie : dollar des îles Salomon

➡ HISTORIQUE 1885 : protectorat britannique.

1942 : invasion japonaise.

1978 : indépendance de l’archipel.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 15 hab./km 2 Part de la population urbaine : 19,2 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 44,8 %, 15- 65 ans 51 %, + 65 ans 4,2 % Taux de natalité : 34,1 ‰ Taux de mortalité : 3,98 ‰ Taux de mortalité : infantile 20,7 ‰

Espérance de vie : hommes 69 ans, femmes 73 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,254 milliard de $ PNB/hab. : 570 $ Taux annuel d’inflation (2002) : 9,3 %

Dette extérieure : 135 millions de $ downloadModeText.vue.download 332 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

330

SALVADOR

Superficie : 21 000 km 2 Population : 6 515 000 hab.

Capitale : San Salvador 413 546 hab. (1 408 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État : république à régime présidentiel Chef de l’État et du gouver- nement : (Président de la République) Francisco Flores Pérez

Organisation administrative : 14 départements Langue officielle : espagnol Religion : catholicisme Monnaie : colón salvadorien

➡ HISTORIQUE

1523 : colonisation espagnole.

1841 : proclamation de l’indépendance.

1972 : « guerre du football » avec le Honduras ; accentua- tion de la crise économique et politique.

1979 : putsch conduit par des officiers réformistes.

1980 : coup d’État de Napo- léon Duarte ; guerre civile ; les

États-Unis soutiennent le camp présidentiel contre la rébellion marxiste.

1988 : le parti d’extrême droite ARENA remporte les élections.

1992 : accord de paix civile sous l’égide de l’ONU.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 297 hab./km 2 Part de la population urbaine : 46,3 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 35,6 %, 15- 65 ans 57,2 %, + 65 ans 7,2 % Taux de natalité : 26,92 ‰ Taux de mortalité : 6,11 ‰ Taux de mortalité : infantile 26,4 ‰

Espérance de vie : hommes 67 ans, femmes 72 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 13,5 milliards de $ PNB/hab. : 2 080 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 2,3 % Taux annuel d’inflation (2002) : 1,9 %

Structure de la population active : agriculture 40,4 %, mines et industrie 25,2 %, services 34,4 % Structure du PIB : 10,3 % pour l’agriculture, 29,4 % pour l’industrie, 60,3 % pour les services

Dette extérieure : 3 282 mil- lions de $ Taux de chômage 8 % Défense Total forces armées : 24 800 hommes Budget de la Défense 0,9 % du PIB ➡ TENDANCES

Au pouvoir depuis 1999, le chef de l’État, Francisco Florès, a vu son étoile pâlir en 2003, ce qu’at- teste la percée de l’opposition aux élections législatives et muni- cipales de mars. Faisant à cette occasion jeu égal avec l’Arena, le FMLF se trouve en situation de pouvoir bloquer toutes les initia- tives du gouvernement.

SAMOA

Superficie : 2 842 km 2 Population : 178 000 hab.

Capitale : Apia 34 126 hab.

(38 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État : monarchie Chef de l’État (O le Ao le Malo) : Malietoa Tanumafili II Chef du gouvernement : Tuilaepa Sailele Malielegaoi Organisation administrative : 11 districts Langues officielles : samoan, anglais

Religion : protestantisme Monnaie : tala ➡ HISTORIQUE

1920 : mandat néo-zélandais.

1962 : accession à l’indépendance. downloadModeText.vue.download 333 sur 370

STATISTIQUES

331 1970 : adhésion des Samoa au Commonwealth.

1976 : adhésion à l’ONU.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 60 hab./km 2 Part de la population urbaine : 21,4 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 41,2 %, 15- 65 ans 52 %, + 65 ans 6,8 % Taux de natalité : 30,3 ‰ Taux de mortalité : 4,96 ‰ Taux de mortalité : infantile 25,9 ‰

Espérance de vie : hommes 66 ans, femmes 72 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,25 milliard de $ PNB/hab. : 1 420 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 1,9 % Taux annuel d’inflation (2002) : 8 %

Dette extérieure : 156 millions de $

SÃO TOMÉ E

PRÍNCIPE

Superficie : 964 km 2

Population : 161 000 hab.

Capitale : São Tomé 66 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Fradique de Menezes Chef du gouvernement : Maria das Neves Organisation administrative : 2 provinces Langue officielle : portugais Religion : catholicisme Monnaie : dobra

➡ HISTORIQUE 1493 : colonisation portugaise.

XVIe siècle : révoltes d’esclaves.

1800 : introduction du caféier dans les plantations.

1876 : abolition de l’esclavage.

1975 : proclamation de l’indépendance.

1977 : rapprochement du bloc socialiste.

1990 : rétablissement du multipartisme.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 151 hab./km 2 Part de la population urbaine : 45,9 %

Taux de mortalité : infantile 50 ‰

Espérance de vie : hommes 62 ans, femmes 67 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,045 milliard de $ PNB/hab. : 290 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 5 % Structure du PIB : 20,6 % pour l’agriculture, 17 % pour l’indus- trie, 62,5 % pour les services Dette extérieure : 261 millions de $

SÉNÉGAL

Superficie : 197 000 km 2 Population : 10 095 000 hab.

Capitale : Dakar 2 079 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Abdoulaye Wade Chef du gouvernement : Idrissa Seck Organisation administrative : 10 régions Langue officielle : français Religion : islam Monnaie : franc CFA

➡ HISTORIQUE

1659 : début de la colonisation française.

1960 : proclamation de l’indé- pendance ; Léopold Sédar Senghor président.

1962 : tentative de coup d’État de Mamadou Dia.

1981 : Abdou Diouf succède à L. S. Senghor.

1982 : début de la rébellion sécessionniste en Casamance. downloadModeText.vue.download 334 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

332

➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 48 hab./km 2 Part de la population urbaine : 46,7 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 44,3 %, 15- 65 ans 51,5 %, + 65 ans 4,2 % Taux de natalité : 38,46 ‰ Taux de mortalité : 13,03 ‰ Taux de mortalité : infantile 56,8 ‰

Espérance de vie : hommes 51 ans, femmes 54 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 4,68 milliards de $ PNB/hab. : 470 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 2,4 % Taux annuel d’inflation (2002) : 2,2 %

Structure du PIB : 18 % pour l’agriculture, 25,5 % pour l’industrie, 56,4 % pour les services

Dette extérieure : 3 671 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 11 000 hommes Budget de la Défense 1,4 % du PIB

➡ TENDANCES

En cette année sans échéances électorales, le président Abdou- laye Wade s’est rappelé ses pro- messes en matière de grands travaux et d’investissements, en choisissant de lever les fonds né- cessaires sur le marché intérieur plutôt qu’en se tournant vers les bailleurs de fonds internationaux.

Quant à la crise de la Casamance, elle perdurait en dépit d’une tan- gible accalmie.

SEYCHELLES

Superficie : 410 km 2 Population : 81 000 hab.

Capitale : Victoria 24 324 hab.

(28 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État et du gouverne- ment : (Président de la Répu- blique) France Albert René Organisation administrative : 23 districts Langues officielles : français, créole, anglais Religion : catholicisme Monnaie : roupie des Seychelles

➡ HISTORIQUE 1756 : l’archipel devient une colonie française.

1814 : colonisation britannique.

1976 : proclamation de l’indé- pendance dans le cadre du Commonwealth.

1977 : le président France Albert René instaure un régime socialiste.

1992 : rétablissement du multipartisme.

1993 : proclamation d’une Constitution démocratique. ➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 178 hab./km 2 Part de la population urbaine : 62,9 %

Taux de mortalité : infantile 15 ‰

Indicateurs socio-économiques PNB : 0,538 milliard de $ PNB/hab. : 6 530 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : – 2,4 % Taux annuel d’inflation (2002) : 6 %

Structure du PIB : 4,1 % pour l’agriculture, 23,9 % pour l’industrie, 72 % pour les services

Dette extérieure : 149 millions de $ Défense Total forces armées : 450 hommes Budget de la Défense 1,8 % du PIB

SIERRA LEONE

Superficie : 72 000 km 2 Population : 4 971 000 hab.

Capitale : Freetown 822 000 hab. downloadModeText.vue.download 335 sur 370

STATISTIQUES

333

Chef de l’État et du Gouverne- ment : Ahmad Tejan Kabbah Organisation administrative : 3 provinces, 1 circonscription Langue officielle : anglais Religions : islam, animisme Monnaie : leone ➡ HISTORIQUE 1808 : colonie britannique.

1961 : indépendance.

1978 : instauration du parti unique. 1980 : le général Joseph Mo- moh est élu à la présidence.

1991 : début de la guerre civile.

1998 : la force d’intervention ouest-africaine, dominée par le Nigeria, rétablit le président Ahmad Tejan Kabbah dans ses fonctions.

2000 : reprise de la guerre civile ; intervention de forces britanniques.

2001 : signature d’un énième accord de cessez-le-feu.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 69 hab./km 2 Part de la population urbaine : 35,9 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 44,2 %, 15- 65 ans 51 %, + 65 ans 4,8 % Taux de natalité : 45,14 ‰ Taux de mortalité : 25,93 ‰ Taux de mortalité : infantile 146,3 ‰ Espérance de vie : hommes 36 ans, femmes 39 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,725 milliard de $ PNB/hab. : 140 $ Taux annuel d’inflation (2002) : – 2,2 % Structure du PIB : 42,6 % pour l’agriculture, 26,7 % pour l’industrie, 30,7 % pour les services

Dette extérieure : 1 149 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 3 000 hommes Budget de la Défense 0,6 % du PIB ➡ TENDANCES

L’année écoulée aura vu la Sierra Leone s’installer dans la paix. Élu avec 70,3 % des suffrages en mai 2002, le président Ahmad Tejan Kabbah s’est employé à consoli- der son pouvoir. SINGAPOUR

Superficie : 618 km 2 Population : 4 253 000 hab.

Capitale : Singapour 3 567 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) S. R. Nathan Chef du gouvernement : Goh Chok Tong

Langues officielles : tamoul, malais, chinois, anglais Religion : taoïsme Monnaie : dollar de Singapour

➡ HISTORIQUE

1832 : Singapour devient une colonie britannique.

1942 : occupation japonaise.

1959 : Singapour accède à l’autonomie.

1963 : intégration à la Fédéra- tion de Malaisie.

1965 : indépendance de Sin- gapour, qui reste membre du Commonwealth ; le président Lee Kuan Yew instaure un régime autoritaire ; participe à la création de l’ASEAN ; proche des États-Unis et du Japon.

1993 : élection de Ong Teng Cheong à la présidence.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 6 384 hab./km 2 Part de la population urbaine : 100 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 21,9 %, 15-65 ans 67,5 %, + 65 ans 10,6 %

Taux de natalité : 12,8 ‰ Taux de mortalité : 4,91 ‰ Taux de mortalité : infantile 4,6 ‰

Espérance de vie : hommes 76 ans, femmes 80 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 86 milliards de $ PNB/hab. : 20 690 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 2,5 % Taux annuel d’inflation (2000) : 1,4 %

Structure de la population active : agriculture 0,2 %, mines et industrie 30,3 %, services 69,5 % downloadModeText.vue.download 336 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

334

Structure du PIB : 0,2 % pour l’agriculture, 35,8 % pour l’industrie, 64,1 % pour les services Taux de chômage : 2,4 % Défense Total forces armées : 73 000 hommes Budget de la Défense 4,5 % du PIB ➡ TENDANCES

La cité-État a connu une nouvelle année difficile. Pénalisées par le ralentissement de la conjonc- ture internationale et privées de débouchés, les exportations ont enregistré un recul très marqué.

Afin de faire face à une crise sans précédent, les autorités ont choisi de jouer la fiscalité à la baisse.

SLOVAQUIE

Superficie : 49 000 km 2 Population : 5 402 000 hab.

Capitale : Bratislava 451 272 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État : (Président de la République) Rudolf Schuster Chef du gouvernement : Mikuláš Dzurinda Organisation administrative : 8 régions Langue officielle : slovaque Religion : catholicisme Monnaie : couronne slovaque ➡ HISTORIQUE 1918 : intégration dans la Tchécoslovaquie.

1939 : monseigneur Tiso dirige un État slovaque proche des Allemands.

1993 : scission à l’amiable avec la République tchèque.

➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 112 hab./km 2 Part de la population urbaine : 57,3 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 19,5 %, 15-65 ans 65,1 %, + 65 ans 15,4 %

Taux de natalité : 10,4 ‰ Taux de mortalité : 9,63 ‰ Taux de mortalité : infantile 8 ‰

Espérance de vie : hommes 69 ans, femmes 77 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 21,4 milliards de $ PNB/hab. : 3 950 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 4,4 % Taux annuel d’inflation (2002) : 3,3 %

Structure du PIB : 4,5 % pour l’agriculture, 35,2 % pour l’industrie, 60,2 % pour les services

Dette extérieure : 9 989 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 44 880 hommes

Budget de la Défense 2,0 % du PIB ➡ TENDANCES

Les 16 et 17 mai, la Slovaquie était le 5e des 10 pays devant entrer dans l’UE en mai 2004 à se pro- noncer par référendum sur cette question déterminante pour le pays. C’est avec une économie assainie et une scène politique stabilisée qu’elle va franchir ce pas décisif.

SLOVÉNIE

Superficie : 20 200 km 2 Population : 1 984 000 hab.

Capitale : Ljubljana 280 146 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Janez Drnovšek Chef du gouvernement : Anton Rop

Organisation administrative : 12 régions Langue officielle : slovène downloadModeText.vue.download 337 sur 370

STATISTIQUES

335

Religion : catholicisme Monnaie : tolar ➡ HISTORIQUE

1278 : domination autrichienne.

1918 : intégration à la Yougos- lavie, nouvellement créée à l’issue des traités de paix.

1991 : proclamation de l’indépendance ; guerre contre l’armée yougoslave ; appui diplomatique allemand ; la Slo- vénie reste ensuite en dehors du conflit régional.

1998 : la Slovénie commence des négociations pour l’adhé- sion à l’Union européenne.

➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 99 hab./km 2 Part de la population urbaine : 50,3 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 15,9 %, 15-65 ans 64,9 %, + 65 ans 19,2 %

Taux de natalité : 8,95 ‰ Taux de mortalité : 10,19 ‰ Taux de mortalité : infantile 5,6 ‰

Espérance de vie : hommes 71 ans, femmes 79 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 19,6 milliards de $ PNB/hab. : 9 810 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 2,9 % Taux annuel d’inflation (2002) : 7,5 %

Structure du PIB : 3,7 % pour l’agriculture, 38,4 % pour l’industrie, 57,8 % pour les services

Dette extérieure : 4 031,1 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 9 550 hommes

Budget de la Défense 1,1 % du PIB

➡ TENDANCES

Les Slovènes ont mis le cap sur l’Occident en approuvant par référendum le 23 mars leur adhé- sion à l’UE et dans l’OTAN, prévue pour 2004. Le président Janez Drnovsek, élu le 1er décembre 2002, accompagnera ce proces- sus historique.

SOMALIE

Superficie : 638 000 km 2 Population : 9 890 000 hab.

Capitale : Muqdisho 500 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : régime transitoire Chef de l’État : (Président de la République) Salat Hassan Chef du gouvernement : Hasan Farah Organisation administrative : 18 régions Langues officielles : somali, arabe Religion : islam Monnaie : shilling somalien

➡ HISTORIQUE 1887 : colonie britannique à Aden.

1905 : colonie italienne.

1950 : mandat de l’ONU sur l’ex-Somalie italienne.

1960 : indépendance et unifica- tion des deux Somalies.

1969 : putsch du général Siyad Barre.

1991 : chute de Siyad Barre ; guerre civile ; sécession de l’ex-Somalie britannique.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 15 hab./km 2 Part de la population urbaine : 27,1 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 48 %, 15-65 ans 48,1 %, + 65 ans 3,9 % Taux de natalité : 51,38 ‰ Taux de mortalité : 18,45 ‰ Taux de mortalité : infantile 112,7 ‰ Espérance de vie : hommes 46 ans, femmes 49 ans Indicateurs socio-économiques Dette extérieure : 2 561 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 225 000 hommes ➡ TENDANCES

Dans une Afrique où les zones d’instabilité et d’insécurité sont légions, la Somalie occupe mal- heureusement une place de choix. À bien des égards, ce pays n’est plus qu’une fiction géogra- phique dont les contours sont sans cesse redessinés par des chefs de guerre dont beaucoup n’ont guère intérêt à s’engager dans un processus de réconcilia- tion nationale et de paix. Seule la downloadModeText.vue.download 338 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

336 criminalité aura fait cette année des progrès.

SOUDAN

Superficie : 2 506 000 km 2 Population : 33 610 000 hab.

Capitale : Khartoum 924 505 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État et du Gouver- nement : (Président de la République) Omar Hassan al-Bachir Organisation administrative : 26 États Langue officielle : arabe Religions : islam, animisme Monnaie : dinar soudanais ➡ HISTORIQUE 1898 : condominium anglo- égyptien ; domination britan- nique de fait.

1956 : proclamation de l’indé- pendance ; début de rébellion séparatiste du Sud.

1985 : putsch et chute du prési- dent Mimayri.

1989 : nouveau putsch mené par une junte militaire pro-islamiste.

1998 : bombardement américain.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 12 hab./km 2 Part de la population urbaine : 35,1 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 40,1 %, 15- 65 ans 54,4 %, + 65 ans 5,5 % Taux de natalité : 33,14 ‰ Taux de mortalité : 11,55 ‰ Taux de mortalité : infantile 77,7 ‰

Espérance de vie : hommes 54 ans, femmes 57 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 11,5 milliards de $ PNB/hab. : 350 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 5 % Taux annuel d’inflation (2002) : 6 %

Dette extérieure : 16 326 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 79 700 hommes Budget de la Défense 3,1 % du PIB

➡ TENDANCES Les négociations engagées en 2002 pour mettre fin à la guerre civile, qui, vingt ans durant, a opposé les rebelles du SPLA et les forces gouvernementales – près d’un million et demi de morts et quatre millions de personnes déplacées – ont connu bien des soubresauts au cours de l’année écoulée. Toutefois, sous la pres- sion des États-Unis, aucun des protagonistes n’a pris le risque de quitter la table des négociations.

SRI LANKA

Superficie : 66 000 km 2 Population : 19 065 000 hab.

Capitale : Colombo 615 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république Chef de l’État : (Président de la République) Chandrika Banda- ranaïke Kumaratunga Chef du gouvernement : Ranil Wickremesinghe Organisation administrative : 9 provinces Langues officielles : tamoul, cinghalais Religions : hindouisme, bouddhisme Monnaie : roupie de Sri Lanka ➡ HISTORIQUE 1796 : colonisation britannique.

1948 : indépendance.

1971 : début de guerre civile.

1974 : début de l’insurrection armée des Tamouls. downloadModeText.vue.download 339 sur 370

STATISTIQUES

337

1987 : le gouvernement demande l’appui de l’Inde.

1994 : élection à la présidence de Chandrika Kumaratunga, qui parvient à stabiliser la situation.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 294 hab./km 2 Part de la population urbaine : 23,3 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 26,3 %, 15- 65 ans 64,4 %, + 65 ans 9,3 % Taux de natalité : 17,42 ‰ Taux de mortalité : 5,74 ‰ Taux de mortalité : infantile 20,1 ‰

Espérance de vie : hommes 71 ans, femmes 76 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 15,9 milliards de $ PNB/hab. : 840 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 3,7 % Taux annuel d’inflation (2002) : 8,8 %

Structure de la population active : agriculture 39,4 %, mines et industrie 23,4 %, services 37,2 % Structure du PIB : 20,7 % pour l’agriculture, 27,3 % pour l’industrie, 52,1 % pour les services

Dette extérieure : 7 638 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 115 000 hommes Budget de la Défense 4,3 % du PIB

➡ TENDANCES

Les pourparlers de paix entre le gouvernement de Colombo et les rebelles tamouls n’avaient guère avancé malgré les efforts de la Norvège et la promesse de la communauté internationale de soutenir financièrement le pays en cas de progrès sur le che- min de l’apaisement.

SUÈDE

Superficie : 450 000 km 2 Population : 8 876 000 hab.

Capitale : Stockholm (1 600 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Roi) Charles XVI Gustave Chef du gouvernement : Göran Persson

Organisation administrative : 21 comtés Langue officielle : suédois Religion : protestantisme Monnaie : couronne suédoise

➡ HISTORIQUE

1812-1905 : union avec la Norvège.

1907 : instauration progres- sive d’une législation sociale avancée.

1939-1945 : neutralité de la Suède. 1971 : refus d’adhésion au Marché commun.

1975 : nouvelle Constitution ; la monarchie demeure cantonnée à un rôle représentatif.

1986 : assassinat du Premier ministre Olof Palme.

1991 : gouvernement de centre-droit.

1995 : adhésion à l’Union européenne.

1999 : adhésion à l’UEM.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 22 hab./km 2 Part de la population urbaine : 83,3 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 18,2 %, 15-65 ans 59,4 %, + 65 ans 22,4 %

Taux de natalité : 9,85 ‰ Taux de mortalité : 11,14 ‰ Taux de mortalité : infantile 3,4 ‰

Espérance de vie : hommes 77 ans, femmes 82 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 222 milliards de $ PNB/hab. : 24 820 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 1,9 % Taux annuel d’inflation (2000) : 1 %

Structure de la population active : agriculture 2,8 %, mines et industrie 26 %, ser- vices 71,3 % Dette brute : 75,5 % du PIB Taux de chômage : 5,9 % Défense Total forces armées : 53 100 hommes Budget de la Défense 2,1 % du PIB

Éléments du niveau de vie downloadModeText.vue.download 340 sur 370 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

338

Nombre d’habitants pour

1 médecin 322

Apport en calories 3 160 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400)

Automobiles : 418/1 000 hab. Téléphones : 679/1 000 hab. Télévisions : 478/1 000 hab. ➡ TENDANCES

Ce fut « non ». La question de l’adhésion à la zone euro, posée par voie de référendum en septembre, a dominé l’année politique 2003. Bien que remplis- sant toutes les conditions pour participer à la monnaie unique, la Suède a confirmé la position adoptée en décembre 1997. La mort de l’europhile ministre des Affaires étrangères Anna Lindh, agressée quatre jours avant le référendum n’aura pas provoqué un sursaut du « oui ».

SUISSE

Superficie : 41 293 km 2 Population : 7 169 000 hab.

Capitale : Berne 124 412 hab.

(344 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État : république Chef de l’État et du gouverne- ment : (Président de la Confé- dération) Pascal Couchepin Organisation administrative : 23 cantons Langues officielles : italien, français, allemand Religions : protestantisme, catholicisme Monnaie : franc suisse ➡ HISTORIQUE 1848 : proclamation d’une Constitution fédérale.

1874 : introduction du droit de référendum. 1939-1945 : neutralité de la Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale.

1945-2000 : partage du pouvoir politique entre partis socia- liste, radical-démocratique et conservateur chrétien-social.

1992 : rejet par référendum de l’adhésion à l’Union européenne.

➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 180 hab./km 2 Part de la population urbaine : 67,7 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 16,7 %, 15- 65 ans 62 %, + 65 ans 21,3 % Taux de natalité : 10,57 ‰ Taux de mortalité : 8,76 ‰ Taux de mortalité : infantile 4,8 ‰

Espérance de vie : hommes 77 ans, femmes 83 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 274 milliards de $ PNB/hab. : 37 930 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 0,1 %

Taux annuel d’inflation (2000) : 1,6 %

Structure de la population active : agriculture 4,7 %, mines et industrie 26,8 %, services 68,6 % Taux de chômage : 3,9 % Défense Total forces armées : 27 670 hommes Budget de la Défense 1,3 % du PIB ➡ TENDANCES L’année économique 2003 n’aura pas été un bon millésime, la Suisse se trouvant à nouveau en récession. Les élections législa- tives du 19 octobre ont donné lieu à un séisme politique : l’Union démocratique du centre (UDC), dirigée par le populiste et antieuropéen Christophe Blocher, est devenue le premier parti de la Confédération, avec 27,7 % des voix et 55 sièges – sur les 200 que compte l’Assemblée –, dépassant de justesse le Parti socialiste (54 sièges). downloadModeText.vue.download 341 sur 370

STATISTIQUES

339

SURINAME

Superficie : 163 265 km 2 Population : 436 000 hab.

Capitale : Paramaribo 233 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État et du Gouverne- ment : (Président de la Répu- blique) Ronald Venetiaan Organisation administrative : 10 districts Langue officielle : néerlandais Religions : islam, hindouisme, catholicisme Monnaie : florin de Suriname

➡ HISTORIQUE

1667 : colonie hollandaise.

1975 : proclamation de l’indépendance.

1980 : coup d’État militaire.

1987 : proclamation d’une Constitution démocratique.

1989 : accords de paix avec la guérilla du sud et de l’est du pays.

1990 : nouvelles guérillas et coup d’État.

1996 : élection à la présidence de Jules Wijdenbosch.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 3 hab./km 2 Part de la population urbaine : 73,4 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 30,5 %, 15- 65 ans 61,4 %, + 65 ans 8,1 % Taux de natalité : 23,68 ‰ Taux de mortalité : 6 ‰ Taux de mortalité : infantile 25,7 ‰

Espérance de vie : hommes 68 ans, femmes 73 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,828 milliard de $ PNB/hab. : 1 960 $ Taux annuel d’inflation (2002) : 28,3 % Défense Total forces armées : 1 800 hommes

➡ TENDANCES Revenu au pouvoir en 2000, le président Ronald Venetiaan a connu une année économique et sociale bien difficile, marquée par un accroissement du déficit budgétaire et une augmentation de la dette. Sur le plan extérieur, la confirmation du rapprochement avec les Pays-Bas et la reprise des relations avec le Guyana ont dominé l’agenda diplomatique.

SWAZILAND

Superficie : 17 363 km 2 Population : 1 077 000 hab.

Capitale : Mbabane 73 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : monarchie Chef de l’État : (Roi) Mswati III Chef du gouvernement : Bar- nabas Sibusiso Dlamini Organisation administrative : 4 districts Langues officielles : swazi, anglais

Religions : protestantisme, animisme Monnaie : lilangeni ➡ HISTORIQUE

1906 : le Swaziland devient un protectorat britannique. 1968 : proclamation de l’indépendance.

1983 : la reine Ntombi succède à Sobhuza II.

1986 : Mswati III monte sur le trône ; il maintient de bons rapports avec l’Afrique du Sud et refuse toute démocratisation du régime. downloadModeText.vue.download 342 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

340

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 59 hab./km 2 Part de la population urbaine : 26,1 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 41,6 %, 15- 65 ans 53,1 %, + 65 ans 5,3 % Taux de natalité : 36,3 ‰ Taux de mortalité : 9,21 ‰ Taux de mortalité : infantile 91,7 ‰

Espérance de vie : hommes 46 ans, femmes 47 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 1,29 milliard de $ PNB/hab. : 1 180 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 1,6 % Taux annuel d’inflation (2002) : 12,5 %

Structure du PIB : 18,7 % pour l’agriculture, 41,6 % pour l’industrie, 39,6 % pour les services

Dette extérieure : 368 millions de $

➡ TENDANCES

On a voté cette année au pays du roi Mswati III, qui dirige le dernier régime de monarchie absolue du continent africain. Un vote sans grande importance, puisque les partis d’opposition sont interdits – seuls les syndicats sont tolérés – et que les résultats tardaient à ve- nir, sous prétexte que trois sièges faisaient l’objet d’une contesta- tion portée devant la justice.

SYRIE

Superficie : 185 000 km 2 Population : 17 800 000 hab.

Capitale : Damas (2 100 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État : (Président de la République) Bachar el-Assad Chef du gouv. : Muhammad Naji al-Otari Organisation administrative : 14 gouvernorats Langue officielle : arabe Religion : islam Monnaie : livre syrienne ➡ HISTORIQUE

1516 : domination ottomane.

1920-1943 : mandat de la France.

1941 : le général Catroux proclame l’indépendance de la Syrie au nom de la France libre.

1948 : la Syrie participe à la première guerre israélo-arabe.

1963 : le parti Baath prend le pouvoir.

1970 : Hafiz el-Assad à la tête du pays.

1967 : occupation du Golan par Israël.

1985 : contrôle politique du Liban.

2000 : Bachar el-Assad suc- cède à son père après la mort de celui-ci.

➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 85 hab./km 2 Part de la population urbaine : 54 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 40,8 %, 15- 65 ans 54,5 %, + 65 ans 4,7 % Taux de natalité : 28,88 ‰ Taux de mortalité : 4,86 ‰ Taux de mortalité : infantile 22,3 ‰

Espérance de vie : hommes 67 ans, femmes 72 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 19,2 milliards de $ PNB/hab. : 1 130 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 2,7 % Taux annuel d’inflation (2002) : 1,5 %

Dette extérieure : 20 865 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 316 000 hommes Budget de la Défense 8,3 % du PIB

➡ TENDANCES

Le « nouveau concept straté- gique » mis en oeuvre par les États-Unis à la faveur de la guerre en Irak a soumis la Syrie à fortes pressions. Marginalisée, redou- tant d’être la prochaine cible de Washington, la Syrie est tentée downloadModeText.vue.download 343 sur 370

STATISTIQUES

341 par un repli sur soi qui se traduit par un gel des timides réformes entreprises par le gouvernement du président Bachar el-Assad.

TADJIKISTAN

Superficie : 143 000 km 2 Population : 6 245 000 hab.

Capitale : Douchanbe 528 600 hab. Principale ville : (hormis la ca- pitale) Khodjent 163 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Imamoli Rakhmonov Chef du gouvernement : Akil Akilov

Organisation administrative : 3 régions, 1 région autonome Langue officielle : tadjik Religion : islam Monnaie : rouble tadjik

➡ HISTORIQUE 1868 : protectorat russe.

1920 : proclamation de la République populaire de Boukhara.

1929 : le Tadjikistan, république au sein de l’URSS.

1991 : indépendance ; démis- sion du président Nabiev ; guerre civile.

1994 : élection d’Imamoli Rakhmonov à la tête de l’État.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 44 hab./km 2 Part de la population urbaine : 27,5 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 39,4 %, 15- 65 ans 53,8 %, + 65 ans 6,8 % Taux de natalité : 22,02 ‰ Taux de mortalité : 6,88 ‰ Taux de mortalité : infantile 53,3 ‰

Espérance de vie : hommes 66 ans, femmes 72 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 1,15 milliard de $ PNB/hab. : 180 $ Dette extérieure : 901 millions de $ Défense Total forces armées : 7 000 hommes ➡ TENDANCES La présence de soldats occiden- taux depuis la guerre d’Afghanis- tan n’a guère encouragé la démo- cratisation du régime, même si l’aide financière apportée depuis a quelque peu amélioré la situa- tion. Toutefois, le pays demeure l’un des plus pauvres du monde, 80 % de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté.

TAÏWAN

Superficie : 36 000 km 2 Population : 21 700 000 hab.

Capitale : Taïpei (2 700 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Chen Shui-bian Chef du gouvernement : Yu Shyi-kun

Organisation administrative : 5 municipalités, 2 municipalités spéciales, 16 districts Langue officielle : chinois Religion : bouddhisme Monnaie : dollar de Taïwan ➡ HISTORIQUE

1895 : colonie japonaise.

1945 : restitution de l’île à la Chine.

1949 : le gouvernement du Guomindang se retire à Taïwan, sous la direction de Tchang Kaï-chek.

1975 : mort de Tchang Kaï- chek, son fils lui succède. downloadModeText.vue.download 344 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

342

1986 : le multipartisme est établi.

1991 : fin officielle de l’état de guerre civile entre Taïwan et la Chine continentale.

1996 : élection de Lee Teng- hui, dont le programme natio- naliste heurte Pékin.

2000 : élection de Chen Shui-bian.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 602,7 hab./km 2 Structure de la population par âge : 0-14 ans 21 %, 15-65 ans 70 %, + 65 ans 9 % Taux de natalité : 14 ‰ Défense Total forces armées : 376 000 hommes Budget de la Défense 2,9 % du PIB

➡ TENDANCES

Si le régime de Pékin a évité les provocations à l’encontre de Taïwan, il n’a pas renoncé à faire rentrer la Chine nationaliste dans son giron. Dans cette perspec- tive, Pékin a continué de privi- légier l’arme économique. En effet, la Chine populaire compte pouvoir neutraliser les velléités indépendantistes, toujours plus ou moins ouvertement affichées par Taïwan, en attirant en Chine continentale les investisseurs de l’île, dont l’économie devient ainsi chaque année de plus en plus dépendante de celle de la république populaire de Chine.

TANZANIE

Superficie : 940 000 km 2 Population : 36 977 000 hab.

Capitale : Dar es-Sa- laam 1 651 900 hab.

(1 800 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république Chef de l’État et du gouver- nement : (Président de la République) Benjamin William Mkapa

Organisation administrative : 25 régions Langues officielles : swahili, anglais

Religions : islam, catholicisme, animisme Monnaie : shilling tanzanien ➡ HISTORIQUE

1880 : protectorat britannique sur Zanzibar.

1891 : protectorat allemand sur le reste du pays.

1961 : indépendance au sein du Commonwealth.

1964 : le Tanganyika et Zanzi- bar fusionnent pour former la Tanzanie.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 37 hab./km 2 Part de la population urbaine : 31,7 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 45 %, 15-65 ans 51 %, + 65 ans 4 % Taux de natalité : 40 ‰ Taux de mortalité : 15,3 ‰ Taux de mortalité : infantile 72,7 ‰

Espérance de vie : hommes 44 ans, femmes 46 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 9,61 milliards de $ PNB/hab. : 280 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 5,9 % Taux annuel d’inflation (2002) : 4,7 %

Structure du PIB : 44,8 % pour l’agriculture, 15,4 % pour l’industrie, 39,8 % pour les services

Dette extérieure : 7 177 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 34 000 hommes Budget de la Défense 1,2 % du PIB ➡ TENDANCES

La situation économique a conti- nué de se dégrader sous l’effet de récoltes médiocres et d’une fréquentation touristique en baisse. La croissance en a souf- fert, n’offrant à la pression démo- graphique qu’un dérisoire rem- part. Un bien mauvais millésime que complique la présence d’un million de réfugiés, venus pour la plupart du Burundi, pays avec downloadModeText.vue.download 345 sur 370

STATISTIQUES

343 lequel la Tanzanie entretient des relations tendues.

TCHAD

Superficie : 1 284 000 km 2 Population : 8 598 000 hab.

Capitale : N’Djamena 998 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Idriss Déby Chef du gouvernement : Moussa Faki Organisation administrative : 14 préfectures Langues officielles : français, arabe

Religions : protestantisme, islam, catholicisme, animisme Monnaie : franc CFA

➡ HISTORIQUE 1895 : colonisation française. 1960 : indépendance.

1967 : rébellion armée au nord du pays, sous l’égide du Frolinat.

1975 : Félix Tombalbaye ren- versé par un coup d’État.

1978 : le chef du Frolinat, His- sène Habré, devient Premier ministre.

1983 : l’ancien président Oueddeï se rapproche de la Libye ; intervention militaire française.

➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 6 hab./km 2 Part de la population urbaine : 23,5 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 46,5 %, 15- 65 ans 48,6 %, + 65 ans 4,9 % Taux de natalité : 44,58 ‰ Taux de mortalité : 17,7 ‰ Taux de mortalité : infantile 116 ‰

Espérance de vie : hommes 47 ans, femmes 50 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 1,76 milliard de $ PNB/hab. : 220 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 10,9 % Taux annuel d’inflation (2002) : 4,5 %

Structure du PIB : 36 % pour l’agriculture, 14,7 % pour l’industrie, 49,3 % pour les services

Dette extérieure : 1 026 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 25 000 hommes Budget de la Défense 4,0 % du PIB

➡ TENDANCES Deux ans après avoir retrouvé son fauteuil présidentiel, Idriss Déby disposait d’un horizon politique dégagé – favorisé par les divisions de l’opposition – et, surtout, de bonnes perspectives économiques sur fond de manne pétrolière. Mais si l’or noir mobi- lise désormais l’essentiel des in- vestissements de l’État, la disette sévit dans les campagnes.

TCHÈQUE RÉPUBLIQUE

Superficie : 79 000 km 2 Population : 10 236 000 hab.

Capitale : Prague 1 226 568 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État : (Président de la République) Václav Klaus Chef du gouvernement : Vladi- mir Sipdla Organisation administrative : 1 municipalité, 7 régions Langue officielle : tchèque Religions : protestantisme, catholicisme Monnaie : couronne tchèque ➡ HISTORIQUE 1918 : proclamation de la République tchécoslovaque.

1939 : occupation allemande.

1948 : le pays devient une république populaire. downloadModeText.vue.download 346 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

344

1968 : occupation du pays par les troupes du Pacte de Varsovie.

1990 : élections libres ; Václav Havel, chef de l’État.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 133 hab./km 2 Part de la population urbaine : 64,7 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 16,4 %, 15-65 ans 65,2 %, + 65 ans 18,4 % Taux de natalité : 8,7 ‰ Taux de mortalité : 11,07 ‰ Taux de mortalité : infantile 5,4 ‰

Espérance de vie : hommes 71 ans, femmes 78 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 57 milliards de $ PNB/hab. : 5 560 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 2 % Taux annuel d’inflation (2002) : 1,8 %

Structure de la population active : agriculture 5,8 %, mines et industrie 41,6 %, services 52,5 % Taux de chômage : 8,9 % Défense Total forces armées : 58 200 hommes Budget de la Défense 1,9 % du PIB

➡ TENDANCES

Consultés par référendum le 15 juin, les électeurs tchèques ont approuvé l’adhésion de leur pays à l’Union européenne en mai 2004. Toutefois, les électeurs ont montré un enthousiasme limité pour un rendez-vous euro- péen auquel Prague s’était pré- paré depuis longtemps.

THAÏLANDE

Superficie : 514 000 km 2 Population : 62 833 000 hab.

Capitale : Bangkok (6 700 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Roi) Bhumibol Adulyadej, roi sous le nom de Rama IX

Chef du gouvernement : Thak- sin Shinawatra Organisation administrative : 75 provinces, 1 municipalité Langue officielle : thaï Religion : bouddhisme Monnaie : baht ➡ HISTORIQUE

1950 : Bhumibol souverain ; le pays se rapproche des États-Unis.

1962 : rébellion communiste et intervention américaine.

1976 : l’armée s’installe dura- blement au pouvoir.

1992 : manifestations san- glantes en faveur de la démo- cratie ; révision de la Consti- tution ; le civil Chuan Leekpai, Premier ministre.

1997 : grave crise économique.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 118 hab./km 2 Part de la population urbaine : 21,3 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 26,7 %, 15- 65 ans 65,2 %, + 65 ans 8,1 % Taux de natalité : 16,98 ‰ Taux de mortalité : 6,69 ‰ Taux de mortalité : infantile 20,8 ‰

Espérance de vie : hommes 67 ans, femmes 71 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 122 milliards de $ PNB/hab. : 1 980 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 5,2 % Taux annuel d’inflation (2002) : 0,6 %

Structure du PIB : 10,5 % pour l’agriculture, 40 % pour l’indus- trie, 49,5 % pour les services Dette extérieure : 93 416 mil- lions de $ Taux de chômage : 0,9 % Défense Total forces armées : 306 000 hommes Budget de la Défense 1,5 % du PIB ➡ TENDANCES

En capturant en août le chef pré- sumé d’un mouvement islamiste indonésien, la Thaïlande a contri- bué à une guerre contre le terro- downloadModeText.vue.download 347 sur 370

STATISTIQUES

345 risme, tout en ayant longtemps affirmé que celle-ci ne la concer- nait pas. Bangkok a accueilli en octobre le sommet de l’APEC.

TOGO

Superficie : 56 600 km 2 Population : 4 909 000 hab.

Capitale : Lomé (513 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Étienne Gnas- singbé Eyadéma Chef du gouvernement : Koffi Sama

Organisation administrative : 5 régions Langue officielle : français Religions : catholicisme, animisme Monnaie : franc CFA

➡ HISTORIQUE

1919 : mandats français et britannique.

1956 : le Togo anglais vote en faveur de son rattachement au Ghana.

1960 : indépendance.

1998 : réélection contestée du général Eyadéma.

➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 84 hab./km 2 Part de la population urbaine : 32,8 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 44,3 %, 15- 65 ans 50,8 %, + 65 ans 4,9 % Taux de natalité : 38,16 ‰ Taux de mortalité : 15,42 ‰ Taux de mortalité : infantile 74,8 ‰

Espérance de vie : hommes 48 ans, femmes 50 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 1,28 milliard de $ PNB/hab. : 270 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 2,6 % Taux annuel d’inflation (2002) : 4,8 %

Structure du PIB : 41,3 % pour l’agriculture, 21 % pour l’indus- trie, 37,7 % pour les services Dette extérieure : 1 339 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 6 950 hommes Budget de la Défense 2,2 % du PIB ➡ TENDANCES

Année électorale, 2003 a vu le président sortant, Gnassingbé Eyadéma, retrouver son fauteuil avec 57,22 % des suffrages à l’is- sue du scrutin du 1er juin. Le chef de l’État a également retrouvé une situation économique bien mauvaise à laquelle il devra faire face sans le soutien des bailleurs de fonds.

TONGA

Superficie : 700 km 2 Population : 104 000 hab.

Capitale : Nukualofa 28 900 hab. (37 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État : monarchie Chef de l’État : (Roi) Taufáahau Tupou IV Chef du gouv. : Lavaka ata Ulukalala Organisation administrative : 5 divisions Langues officielles : tonga, anglais

Religion : protestantisme Monnaie : páanga ➡ HISTORIQUE

1875 : première Constitution.

1900 : le royaume des Tonga devient un protectorat britannique.

1970 : proclamation de l’indé- pendance dans le cadre du Commonwealth.

1985 : appui aux essais nucléaires français. downloadModeText.vue.download 348 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

346

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 138 hab./km 2 Part de la population urbaine : 37,4 %

Taux de mortalité : infantile 22 ‰

Indicateurs socio-économiques PNB : 0,143 milliard de $ PNB/hab. : 1 410 $ Taux annuel d’inflation (2003) : 3,5 %

Structure du PIB : 37,1 % pour l’agriculture, 12,2 % pour l’industrie Dette extérieure : 61 millions de $

TRINITÉET

TOBAGO

Superficie : 5 128 km 2 Population : 1 303 000 hab.

Capitale : Port of Spain 44 222 hab. (53 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État : république à régime parlementaire Chef de l’État : (Président de la République) Georges Maxwell Richards

Chef du gouvernement : Patrick Manning Organisation administrative : 4 municipalités, 11 régions Langue officielle : anglais Religions : protestantisme, catholicisme Monnaie : dollar de Trinité-et-Tobago

➡ HISTORIQUE 1532 : colonie espagnole.

1763 : colonie britannique.

1962 : indépendance au sein du Commonwealth.

1976 : promulgation de la Constitution.

1987 : Tobago obtient son autonomie interne.

➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 252 hab./km 2 Part de la population urbaine : 73,6 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 25 %, 15-65 ans 65,4 %, + 65 ans 9,6 % Taux de natalité : 15,2 ‰ Taux de mortalité : 5,9 ‰ Taux de mortalité : infantile 12,5 ‰

Espérance de vie : hommes 70 ans, femmes 75 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 8,55 milliards de $ PNB/hab. : 6 490 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 5,2 % Taux annuel d’inflation (2002) : 3,8 %

Structure du PIB : 1,9 % pour l’agriculture, 39,7 % pour l’industrie, 58,3 % pour les services

Dette extérieure : 2 161 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 2 700 hommes

Budget de la Défense 1,4 % du PIB

TUNISIE

Superficie : 164 000 km 2 Population : 9 832 000 hab.

Capitale : Tunis (774 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république Chef de l’État : (Président de la République) Zine el-Abidine Ben Ali

Chef du gouv. : Mohamed Ghannouchi Organisation administrative : 23 gouvernorats Langue officielle : arabe Religion : islam Monnaie : dinar tunisien

➡ HISTORIQUE

1574 : domination ottomane.

1883 : protectorat français.

1956 : proclamation de l’indé- pendance ; Habib Bourguiba, Premier ministre.

1957 : proclamation de la répu- blique ; politique de laïcisation. downloadModeText.vue.download 349 sur 370

STATISTIQUES

347

1987 : déposition du président Habib Bourguiba par le général Zine el-Abidine Ben Ali.

2000 : contestation grandis- sante du régime autoritaire de Ben Ali.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 61 hab./km 2 Part de la population urbaine : 64,8 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 29,7 %, 15- 65 ans 61,9 %, + 65 ans 8,4 % Taux de natalité : 16,8 ‰ Taux de mortalité : 6,73 ‰ Taux de mortalité : infantile 25,5 ‰

Espérance de vie : hommes 71 ans, femmes 74 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 19,6 milliards de $ PNB/hab. : 2 000 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 1,9 % Taux annuel d’inflation (2002) : 3,1 %

Structure du PIB : 12,8 % pour l’agriculture, 28,1 % pour l’industrie, 59 % pour les services

Dette extérieure : 11 323 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 35 000 hommes Budget de la Défense 1,7 % du PIB ➡ TENDANCES

Arrivé au pouvoir en 1987 après avoir écarté Habib Bourguiba pour cause de « sénilité », Zine el-Abidine Ben Ali pourrait bien voir sa présidence écourtée pour raison de santé. Jamais les appa- ritions du chef de l’État à la télé- vision nationale n’ont été aussi rares. Une absence médiatique suffisamment remarquée pour que la question de la succession – certes formulée à bas mots – ait commencé à se poser. En atten- dant la réponse, le régime n’a guère desserré son emprise sur une société qui reste sous haute surveillance.

TURKMÉNISTAN

Superficie : 488 000 km 2 Population : 4 867 000 hab. Capitale : Achgabat 407 000 hab. (525 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État et du gouverne- ment : (Président de la Répu- blique) Saparmourad Niazov Organisation administrative : 5 régions Langue officielle : turkmène Religion : islam Monnaie : manat

➡ HISTORIQUE

1863 : annexion par l’Empire russe.

1918 : république indépen- dante soutenue par les Britanniques.

1920 : intégration dans l’Union soviétique.

1991 : proclamation de l’indépendance.

1992 : Saparmourad Niazov élu à la tête de l’État ; il fait prolonger son mandat par référendum jusqu’en 2002.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 10 hab./km 2 Part de la population urbaine : 44,7 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 37,6 %, 15- 65 ans 55,9 %, + 65 ans 6,5 % Taux de natalité : 20,55 ‰ Taux de mortalité : 7,25 ‰ Taux de mortalité : infantile 48,6 ‰

Espérance de vie : hommes 63 ans, femmes 70 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 6,65 milliards de $ PNB/hab. : 1 200 $ Dette extérieure : 1 771 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 17 000 hommes Budget de la Défense 0,4 % du PIB ➡ TENDANCES

Toujours isolé sur la scène inter- nationale, le régime autoritaire du président Saparmourad Niazov a poursuivi sa répression contre les opposants réels ou supposés. Sur le plan économique, les richesses gazières du pays lui permettent cependant de sortir progressive- ment de son autarcie. Toutefois, downloadModeText.vue.download 350 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

348 faute de réformes structurelles, la croissance reste fragile.

TURQUIE

Superficie : 780 000 km 2 Population : 71 325 000 hab.

Capitale : Anka- ra 2 782 200 hab.

(3 203 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État : république à régime parlementaire Chef de l’État : (Président de la République) Ahmed Necdet Sezerl

Chef du gouvernement : Recep Tayyip Erdogan Organisation administrative : 79 départements Langue officielle : turc Religion : islam Monnaie : livre turque

➡ HISTORIQUE

1920 : Mustafa Kemal élu à la tête de l’État.

1923 : instauration de la répu- blique ; politique de laïcisation et de modernisation du pays.

1952 : la Turquie adhère à l’OTAN.

1982 : nouvelle Constitution limitant les libertés.

1984 : début de la rébellion kurde.

1987 : demande d’adhésion à l’Union européenne.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 84 hab./km 2 Part de la population urbaine : 74,1 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 30 %, 15-65 ans 61,6 %, + 65 ans 8,4 % Taux de natalité : 20,77 ‰ Taux de mortalité : 6,44 ‰ Taux de mortalité : infantile 38,5 ‰

Espérance de vie : hommes 67 ans, femmes 72 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 174 milliards de $ PNB/hab. : 2 500 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 6,7 % Taux annuel d’inflation (2002) : 45 %

Structure de la population active : agriculture 41,9 %, mines et industrie 23,4 %, services 34,7 % Structure du PIB : 15,5 % pour l’agriculture, 29,7 % pour l’industrie, 54,8 % pour les services Taux de chômage : 6,6 % Défense Total forces armées : 639 000 hommes Budget de la Défense 1,4 % du PIB

➡ TENDANCES

Au pouvoir depuis les élections de novembre 2002, les islamistes modérés de l’AKP entendent poursuivre la démocratisation du pays et confirmer son ancrage en Occident, dans un contexte international et régional tendu du fait de la guerre en Irak. Tan- dis que l’on assiste à une timide relance de l’économie turque, le nouveau gouvernement s’est efforcé d’adapter la législation aux normes européennes, dans la perspective du rendez-vous fixé à fin 2004 pour l’ouverture des négociations d’adhésion à l’Union européenne.

TUVALU

Superficie : 24 km 2 Population : 11 000 hab.

Capitale : Funafuti 6 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Roi) Élisa- beth II représentée par Faima- laga Luka Chef du gouvernement : Sau- fatu Sopoanga downloadModeText.vue.download 351 sur 370

STATISTIQUES

349

Organisation administrative : 8 atolls

Langue officielle : anglais Religion : protestantisme Monnaie : dollar australien

➡ HISTORIQUE

1892 : protectorat britannique.

1975 : les îles Elice se sépa- rent des îles Gilbert.

1978 : proclamation de l’indé- pendance de Tuvalu ; le pays vit de l’aide internationale.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 475,6 hab./km 2 Part de la population urbaine : 46 %

UKRAINE

Superficie : 604 000 km 2 Population : 48 523 000 hab. Capitale : Kiev 2 670 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Leonid Koutchma Chef du gouvernement : Viktor Ianoukovitch Organisation administrative : 2 municipalités, 24 provinces, 1 république Langue officielle : ukrainien Religion : orthodoxie Monnaie : hryvnia ➡ HISTORIQUE 1667 : partage de l’Ukraine entre la Pologne et la Russie.

1917 : indépendance.

1922 : intégration dans l’URSS.

1941 : occupation allemande.

1944 : retour à l’URSS.

1946 : Staline intègre l’Église uniate à l’Église orthodoxe.

1991 : proclamation de l’indépendance.

1994 : élection de Leonid Koutchma à la présidence.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 86 hab./km 2 Part de la population urbaine : 67,9 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 17,8 %, 15-65 ans 61,7 %, + 65 ans 20,5 %

Taux de natalité : 8,98 ‰ Taux de mortalité : 13,99 ‰ Taux de mortalité : infantile 15,3 ‰

Espérance de vie : hommes 62 ans, femmes 73 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 37,7 milliards de $ PNB/hab. : 770 $ Taux annuel d’inflation (2002) : 0,8 %

Structure de la population active : agriculture 19,7 %, mines et industrie 60,6 %, services 19,7 % Structure du PIB : 12,8 % pour l’agriculture, 38,4 % pour l’industrie, 48,8 % pour les services

Dette extérieure : 10 901 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 311 400 hommes Budget de la Défense 1,4 % du PIB ➡ TENDANCES

En butte à un vaste mouvement de contestation concernant notamment la corruption et la dérive autoritaire du régime, le président ukrainien Leonid Koutchma a choisi de mobili- ser ses troupes à l’approche de l’élection présidentielle d’octobre 2004. Ce climat pré-électoral a eu pour effet d’exacerber les rivalités entre les puissants clans politico- financiers qui courtisent la Russie. downloadModeText.vue.download 352 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

350

URUGUAY

Superficie : 177 500 km 2 Population : 3 415 000 hab.

Capitale : Montevideo 1 236 707 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État et du gouverne- ment : (Président de la Répu- blique) Jorge Luis Batlle Organisation administrative : 19 départements Langue officielle : espagnol Religion : catholicisme Monnaie : peso uruguyen ➡ HISTORIQUE

1828 : proclamation de l’indé- pendance ; la vie politique est rythmée par l’opposition entre colorados (libéraux) et blancos (conservateurs).

1963 : début de la guérilla urbaine conduite par les Tupamaros.

1976 : coup d’État militaire.

1984 : retour des civils au pouvoir.

1994 : Julio Sanguinetti élu à la tête de l’État ; la gauche parvient à remettre en cause le bipartisme traditionnel.

2000 : élection à la présidence de Jorge Batlle, centre droit.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 19 hab./km 2 Part de la population urbaine : 91 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 24,8 %, 15- 65 ans 58 %, + 65 ans 17,2 % Taux de natalité : 16,4 ‰ Taux de mortalité : 9,42 ‰ Taux de mortalité : infantile 13,1 ‰

Espérance de vie : hommes 70 ans, femmes 78 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 14,8 milliards de $ PNB/hab. : 4 370 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : – 10,8 % Taux annuel d’inflation (2002) : 14 %

Structure du PIB : 5,7 % pour l’agriculture, 27,2 % pour l’industrie, 67,2 % pour les services

Dette extérieure : 6 652 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 25 600 hommes Budget de la Défense 1,3 % du PIB

➡ TENDANCES

Après cinq années de récession et une crise majeure du système financier, l’Uruguay a perdu 80 % de ses réserves monétaires, son PIB a chuté de 11 %, l’inflation a atteint un taux de 26 % et le chô- mage touche 19 % de la popu- lation active. Une situation qui explique la baisse de popularité du président Jorge Batlle. L’année écoulée a vu se multiplier les mouvements de grèves, notam- ment à l’initiative de la centrale syndicale PIT-CNT. Sur le plan extérieur, Jorge Batlle a confirmé qu’il entendait privilégier le rap- prochement avec les États-Unis, fût-ce au détriment de ses liens avec le Mercosur.

VANUATU

Superficie : 12 200 km 2 Population : 212 000 hab.

Capitale : Port-Vila 31 800 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État : (Président de la République) John Bani Chef du gouvernement : Edward Natapei Organisation administrative : 6 provinces Langues officielles : français, bishlamar, anglais Religion : protestantisme Monnaie : vatu

➡ HISTORIQUE

1906 : condominium franco-britannique. downloadModeText.vue.download 353 sur 370

STATISTIQUES

351

1980 : proclamation de l’indépendance ; sécession

éphémère de l’île d’Espeiritu

Santo.

1991 : Maxime Carlot, franco- phone, succède au pasteur

Walter Lini à la tête de l’État.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques

Densité : 16 hab./km 2

Part de la population urbaine :

19,8 %

Structure de la population par

âge : 0-14 ans 42 %, 15-65 ans

53 %, + 65 ans 5 %

Taux de natalité : 30,96 ‰

Taux de mortalité : 6,11 ‰

Taux de mortalité : infantile

28,5 ‰

Espérance de vie : hommes

64 ans, femmes 67 ans Indicateurs socio-économiques

PNB : 0,221 milliard de $

PNB/hab. : 1 080 $

Taux de croissance annuelle du

PIB (2002) : – 0,3 %

Taux annuel d’inflation (2002) :

2,2 %

VATICAN

Superficie : 0,44 km 2

Population : 524 hab. Principale ville : Cité du Vati- can 766 hab.

Chef de l’État et du gouverne- ment : (Pape) Jean-Paul II

Langue officielle : italien Religion : catholicisme Monnaie : euro, lire italienne

➡ HISTORIQUE

1443 : Rome devient définitive- ment le siège de la papauté.

1870 : le nouveau royaume d’Italie dissout les États pontificaux.

1929 : accords de Latran entre Pie IX et Mussolini reconnais- sant l’État indépendant du Vatican.

VENEZUELA

Superficie : 912 050 km 2 Population : 25 699 000 hab.

Capitale : Caracas (3 000 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État et du gouverne- ment : (Président de la Répu- blique) Hugo Chávez Frías Organisation administrative : 4 zones fédérales, 20 États Langue officielle : espagnol Religion : catholicisme Monnaie : bolívar

➡ HISTORIQUE

1556 : colonisation espagnole.

1830 : indépendance.

1959 : le président Rómulo Betancourt consolide les insti- tutions démocratiques.

1993 : le président Pérez desti- tué pour corruption.

1998 : l’ex-colonel puts- chiste Hugo Chávez élu à la présidence. downloadModeText.vue.download 354 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

352

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 27 hab./km 2 Part de la population urbaine : 86,6 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 34 %, 15-65 ans 59,4 %, + 65 ans 6,6 % Taux de natalité : 24,26 ‰ Taux de mortalité : 4,66 ‰ Taux de mortalité : infantile 18,9 ‰

Espérance de vie : hommes 70 ans, femmes 76 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 103 milliards de $ PNB/hab. : 4 090 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : – 8,9 % Taux d’inflation (2002) : 22,4 % Structure de la population active : agriculture 14,1 %, mines et industrie 22,6 %, services 63,2 % Défense Total forces armées : 79 000 hommes Budget de la Défense 1,3 % du PIB

➡ TENDANCES

Renversé le 12 avril 2002 puis ramené au pouvoir deux jours plus tard, le président Hugo Chavez a continué de mener en 2003 une politique qui aura fait la quasi-unanimité contre elle. C’est sur fond de dégradation éco- nomique et sociale que le chef de l’État a choisi de présenter la candidature du Venezuela au Mercosur.

VIÊTNAM

Superficie : 335 000 km 2 Population : 81 377 000 hab. Capitale : Hanoï 3 734 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république, régime socialiste Chef de l’État : (Président de la République) Tran Duc Luong Chef du gouvernement : Phan Van Khai Organisation administrative : 61 provinces Langue officielle : vietnamien Religions : catholicisme, bouddhisme Monnaie : dông ➡ HISTORIQUE

1883 : protectorat français.

1930 : création du Parti com- muniste indochinois par Hô Chi Minh.

1945 : début de la guerre d’Indochine.

1954 : indépendance ; partage du pays en deux.

1975 : défaite des Américains et réunification du pays sous domination communiste.

1978 : invasion du Cambodge.

1995 : adhésion à l’ASEAN.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 238 hab./km 2 Part de la population urbaine : 19,6 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 33,4 %, 15- 65 ans 59,1 %, + 65 ans 7,5 % Taux de natalité : 19,9 ‰ Taux de mortalité : 6,83 ‰ Taux de mortalité : infantile 33,6 ‰

Espérance de vie : hommes 66 ans, femmes 71 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 34,9 milliards de $ PNB/hab. : 430 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 5,8 % Structure du PIB : 25,4 % pour l’agriculture, 34,5 % pour l’industrie, 40,1 % pour les services

Dette extérieure : 21 629 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 484 000 hommes Budget de la Défense 9,1 % du PIB ➡ TENDANCES

Encouragé par le modèle chinois, le Viêtnam a mis le cap sur l’OMC, dont il espère devenir membre en 2005. Cette perspective incite la nouvelle direction communiste à entreprendre des réformes éco- nomiques et administratives downloadModeText.vue.download 355 sur 370

STATISTIQUES

353 pour adapter le pays aux normes du commerce mondial.

YÉMEN

Superficie : 485 000 km 2 Population : 20 010 000 hab.

Capitale : Sanaa 1 303 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Ali Abdallah al-Salih

Chef du gouvernement : Abd al-Qadir Bajamal Organisation administrative : 17 provinces Langue officielle : arabe Religion : islam Monnaie : rial yéménite ➡ HISTORIQUE

1839 : protectorat britannique sur Aden et le sud du pays.

1967 : indépendance du sud du pays. 1979 : conflit armé entre les deux Yémen.

1990 : réunification du pays ; le général nordiste al-Salih, président.

1994 : guerre civile entre nordistes et sudistes ; séces- sion sudiste enrayée par les troupes d’al-Salih.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 32 hab./km 2 Part de la population urbaine : 24,5 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 50,1 %, 15- 65 ans 46,3 %, + 65 ans 3,6 % Taux de natalité : 39,76 ‰ Taux de mortalité : 10,43 ‰ Taux de mortalité : infantile 62,5 ‰

Espérance de vie : hommes 55 ans, femmes 57 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 9,36 milliards de $ PNB/hab. : 490 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 4,3 % Taux annuel d’inflation (2002) : 12,2 %

Structure du PIB : 17,5 % pour l’agriculture, 40,5 % pour l’industrie, 42 % pour les services

Dette extérieure : 3 856 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 66 300 hommes Budget de la Défense 6,5 % du PIB

➡ TENDANCES Allié des États-Unis dans la lutte contre le terrorisme international, le Yémen du président Ali Abdal- lah Saleh a dû faire face à une opinion publique hostile, dans sa grande majorité, à l’intervention américaine contre l’Irak. Et pour ajouter aux difficultés de Sanaa, dix terroristes impliqués dans l’attentat contre l’USS Cole en 2000 se sont échappés de prison.

YOUGOSLAVIE

Superficie : 102 200 km 2 Population : 10 527 000 hab.

Capitale : Bel- grade 1 136 786 hab.

(1 482 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État : république à régime parlementaire Chef de l’État : (Président de la République) Vojislav Kostunica Chef du gouvernement : Dra- gisa Pesic Organisation administrative : 2 républiques (Serbie et Monténégro) Langue officielle : serbe Religions : orthodoxie, islam, catholicisme Monnaie : dinar yougoslave ➡ HISTORIQUE 1929 : le royaume des Serbes, Croates et Slovènes prend le nom de Yougoslavie. downloadModeText.vue.download 356 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

354

1945 : Tito constitue la Répu- blique socialiste fédérative de Yougoslavie.

1992 : éclatement de la Yougoslavie dirigée par Slo- bodan Milosevic ; guerre en Bosnie-Herzégovine.

1998 : répression serbe contre la majorité albanophone du Kosovo.

1999 : intervention de l’OTAN.

2000 : élection de Vojislav Kostunica.

2001 : transfert de Milosevic à La Haye. ➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 104,1 hab./km 2 Part de la population urbaine : 52 %

Structure pop. par âge : 0-14 ans 20 %, 15-65 ans 61,7 %, + 65 ans 18,3 % Taux de natalité : 11,57 ‰ Taux de mortalité : 9,63 ‰ Taux de mortalité : infantile 13 ‰

Espérance de vie : hommes 70 ans, femmes 75 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 11,6 milliards de $ PNB/hab. : 1 400 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 4 % Dette extérieure : 15 107 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 108 700 hommes Budget de la Défense 6,2 % du PIB ➡ TENDANCES

La Yougoslavie a cédé la place à la Serbie-Monténégro le 4 février, mettant officiellement un terme à l’ère Milosevic, le procès de ce dernier se déroulant toujours à

La Haye. La Serbie, qui a mis le cap sur l’UE, est toujours en proie à l’instabilité politique, qui ne contribue pas à sortir le pays de la crise économique.

ZAMBIE

Superficie : 746 000 km 2 Population : 10 812 000 hab.

Capitale : Lusaka 1 640 000 hab.

Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État et du gouverne- ment : (Président de la Répu- blique) Levy Mwanawasa Organisation administrative : 9 provinces Langue officielle : anglais Religions : protestantisme, catholicisme, animisme Monnaie : kwacha ➡ HISTORIQUE

1899 : colonisation britannique.

1964 : la Rhodésie du Nord accède à l’indépendance sous le nom de Zambie ; Kenneth Kaunda devient le premier chef de l’État.

1990 : retour au multipartisme.

1991 : Frederick Chilula rem- porte à l’élection présidentielle.

2002 : Levy Mwanawasa est élu président.

➡ STATISTIQUES

Données démographiques Densité : 13 hab./km 2 Part de la population urbaine : 39,5 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 46,5 %, 15- 65 ans 49 %, + 65 ans 4,5 % Taux de natalité : 40,78 ‰ Taux de mortalité : 20,05 ‰ Taux de mortalité : infantile 79,6 ‰

Espérance de vie : hommes 38 ans, femmes 39 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 3,46 milliards de $ PNB/hab. : 330 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : 3 % Taux annuel d’inflation (2002) : 22,2 %

Structure du PIB : 24,6 % pour l’agriculture, 24,5 % pour l’industrie, 50,9 % pour les services

Dette extérieure : 6 758 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 21 600 hommes Budget de la Défense 1,5 % du PIB

➡ TENDANCES Une tentative de destitution du président et une réforme de la Constitution ont marqué l’année politique. Sur le plan écono- mique, les pénuries alimentaires dues à la sécheresse, la montée du chômage consécutive aux privatisations et les progrès de downloadModeText.vue.download 357 sur 370

STATISTIQUES

355 l’épidémie de sida ont contribué à dresser un bien sombre tableau.

ZIMBABWE

Superficie : 390 000 km 2 Population : 12 891 000 hab.

Capitale : Harare 1 184 169 hab.

(1 500 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État et du gouver- nement : (Président de la

République) Robert Gabriel Mugabe

Organisation administrative : 10 provinces Langue officielle : anglais Religions : protestantisme, catholicisme, animisme Monnaie : dollar du Zimbabwe

➡ HISTORIQUE

1911 : constitution de la Rhodésie du Sud, sous tutelle britannique.

1965 : Ian Smith proclame l’indépendance de la Rhodé- sie ; rupture avec la Grande- Bretagne et guérilla noire.

1980 : fin du pouvoir blanc ; le pays prend le nom de Zimbabwe et Robert Mugabe devient Premier ministre. 1984 : instauration du parti unique.

1992 : début de nationalisation des terres appartenant aux fermiers blancs.

➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 31 hab./km 2 Part de la population urbaine : 34,6 %

Structure de la population par âge : 0-14 ans 45,2 %, 15- 65 ans 50,1 %, + 65 ans 4,7 %

Taux de natalité : 30,12 ‰ Taux de mortalité : 17,36 ‰ Taux de mortalité : infantile 55 ‰

Espérance de vie : hommes 41 ans, femmes 40 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 6,16 milliards de $ PNB/hab. : 480 $ Taux de croissance annuelle du PIB (2002) : – 12,8 % Taux annuel d’inflation (2002) : 140 %

Dette extérieure : 4 961 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 39 000 hommes Budget de la Défense 3 % du PIB

➡ TENDANCES

Un an après avoir retrouvé son fauteuil présidentiel à l’issue d’un scrutin particulièrement controversé, Robert Mugabe n’en finissait pas de faire face au désenchantement et à la colère de la majorité de la population, n’hésitant pas à lancer les forces de l’ordre contre la moindre ma- nifestation d’hostilité à son égard dans un pays économiquement sinistré. downloadModeText.vue.download 358 sur 370

Nécrologies downloadModeText.vue.download 359 sur 370 NÉCROLOGIES

357

AGNELLI (Gianni)

Industriel italien

Villar Perosa (près de Turin), 12 mars 1921 -

Turin, 24 janvier 2003

Petit-fils du fondateur de Fiat, il entame sa carrière dans la société familiale en 1943 en tant que vice-président, après avoir passé un diplôme de droit qui lui vaudra l’un de ses nombreux surnoms : « l’avvocato ». En 1966, il prend véritablement les rênes du groupe et ne les lâchera plus jusqu’en 1996, date à laquelle il passe la main, mais conserve le titre de « pré- sident d’honneur ». C’est avec lui que Fiat de- vient le premier groupe industriel italien, étend ses activités à de nombreux secteurs autres que l’automobile (des machines agricoles à la métallurgie, en passant par l’aéronautique et les machines-outils) et prend une dimension in- ternationale. Les difficultés financières, la mort de son neveu Alberto en 1997, qu’il avait choisi comme son successeur, puis le suicide de son fils, en 2000, assombrissent les dernières an- nées de sa vie.

AMIN DADA (Idi)

Homme politique ougandais

Koboko, vers 1923 - Djeddah (Arabie Saou- dite), 16 août 2003

Ancien soldat des troupes coloniales britan- niques et ancien boxeur, il monte en grade après l’indépendance de l’Ouganda, en 1962. Neuf ans plus tard, avec le soutien de la Grande- Bretagne, inquiète de l’orientation socialiste du président Obote, il met sur pied un coup d’État et prend le pouvoir. Il institue alors un régime de terreur, multipliant cruautés et exécutions. Après une opération militaire ratée contre la Tanzanie, il fuit le pays pour un exil définitif.

BATTEUX (Albert)

Footballeur français

Reims, 2 juillet 1919 - Grenoble, 28 février

2003 Il entame une carrière de joueur de football professionnel en 1937 et rejoint en 1948 la sélection nationale. En 1950, il devient entraî- neur du club le plus prestigieux de l’époque, le Stade de Reims, à la tête duquel il obtien- dra cinq titres de champion et une Coupe de

France. Devenu entraîneur national, il mènera les Tricolores à la troisième place de la Coupe du monde 1958. Il terminera sa carrière avec Saint-Étienne, obtenant à nouveau quatre titres de champion et deux Coupes de France, entre 1967 et 1970. Il exercera une grande influence sur nombre d’entraîneurs, de Robert Herbin à Aimé Jacquet.

BÉRANGER (François)

Chanteur français

Amilly (Loiret), 28 août 1937 - Sauve (Gard),

14 octobre 2003

Fils d’un ouvrier de chez Renault, où il tra- vaillera lui-même plus tard, il fait son service pendant la guerre d’Algérie. Cette expérience le marquera pour la vie et exacerbera chez lui la veine contestataire. Il se lance dans la chan- son après Mai 68, dans un style marqué par la tradition de Bruant, et connaît le succès avec son premier enregistrement Tranche de vie, relatant ses expériences personnelles. Suivront plusieurs autres succès comme « Natacha », « Mamadou m’a dit » ou « le Tango de l’ennui ».

BERIO (Luciano)

Compositeur italien

Oneglia, 24 octobre 1925 - Rome, 27 mai 2003

Compositeur prolifique et chef d’orchestre, d’abord adepte du sérialisme, il se livre ensuite à des recherches sur les sonorités des instru- ments et de la voix. Pionnier de la musique électro-acoustique en Italie, il compose de la musique vocale (Circles, 1960), instrumentale (Sequenze, 1962-1995) et théâtrale (La Vera Storia, 1982). Il tente de faire la synthèse entre les différentes strates historiques de la musique occidentale (Sinfonia, 1968).

BLANCHOT (Maurice)

Écrivain français

Quain, 22 septembre 1907 - Mesnil-Saint-De- nis, 21 février 2003 Son engagement le conduit à militer d’abord dans les rangs de l’extrême droite. Sa rencontre en 1941 avec Georges Bataille est déterminante. En 1942, il s’engage dans la Résistance et faillit être exécuté par les nazis en 1944. M. Blanchot signera par la suite le Manifeste des 121 sur downloadModeText.vue.download 360 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

358 la guerre d’Algérie – pour le droit à l’insoumis- sion – et de nombreuses pétitions en faveur des étudiants de Mai 1968 ou encore contre les lois Debré sur l’immigration. Essayiste et auteur de fictions, il laisse une oeuvre critique parmi les plus importantes du XXe siècle. Ses analyses ont renouvelé la lecture d’écrivains majeurs comme Kafka, Mallarmé, Bataille, Rilke ou Hölderlin. Il est l’auteur de romans tels que Thomas l’obscur (1941), le Dernier Homme (1957), d’essais et de récits parmi lesquels l’Entretien infini (1969), l’Amitié (1971), le Pas au-delà (1973) et l’Écri- ture du désastre (1980).

BOURIN (Jeanne)

Romancière française

Paris, 13 janvier 1922 - Mesnil-le-Roi (Yve- lines), 19 mars 2003

Licenciée d’histoire, elle se passionne très tôt pour le Moyen Âge et la civilisation courtoise. Elle publie en 1963, à plus de quarante ans, son premier roman Le bonheur est une femme, récit historique romancé, dont elle se fait très vite une spécialité. En 1966, son roman Très Sage Héloïse est couronné par l’Académie française, mais c’est en 1979, grâce au succès considé- rable de la Chambre des dames, qu’elle est définitivement consacrée par le grand public. Vendu à quelque 2 millions d’exemplaires, ce roman met en scène la vie des femmes de la haute société du Moyen Âge, période de prédi- lection de l’écrivain. Depuis, elle enchaîne les best-sellers, parmi lesquels le Jeu de la tenta- tion (1981), les Pérégrines (1989), les Compa- gnons d’éternité (1992).

BRONSON (Charles Buchinky, dit Charles)

Comédien américain

Ehrenfeld (Pennsylvanie), 3 novembre 1921 - Los Angeles, 30 août 2003

Fils d’un mineur lituanien émigré aux États- Unis, il travaille lui-même à la mine. Il s’oriente ensuite vers le cinéma après avoir servi dans l’aviation durant la Seconde Guerre mondiale. Il débute dans des comédies avant d’imposer son physique de dur dans Chasse au gang (1954). Suivent une série de succès, dont le Jugement des flèches (1956), les Sept Mer- cenaires (1960), la Grande Évasion (1963), les Douze Salopards (1967) et Il était une fois dans l’Ouest (1968). Dans les années 1970, il connaît un regain de succès en incarnant à plu- sieurs reprises des rôles de justiciers partisans de l’autodéfense (le Flingueur, en 1972, ou Un justicier dans la ville, en 1974).

BRUMEL (Valeri)

Athlète soviétique

Tolbuzino (Sibérie), 14 avril 1942 - Moscou,

26 janvier 2003

D’origine ukrainienne, il détient le record du monde de saut en hauteur de 1961 à 1971 (2,28 m en 1963) il est champion d’Europe en 1962 et obtient la médaille d’or aux jeux Olym- piques deux ans plus tard. Il est l’un des der- niers pratiquants du rouleau ventral, avant l’arri- vée du « Fosbury flop ».

CARTER (Bennett Lester, dit Benny)

Musicien de jazz américain

New York, 8 août 1907 - Los Angeles, 12 juillet 2003

Né dans une famille de musiciens, il apprend d’abord la trompette avant de choisir le saxo- phone alto pour rejoindre l’orchestre de June Clark en 1924. Il est un musicien déjà reconnu, quand il devient chef de groupe en 1928. Tout au long de sa carrière qui s’est étalée sur plus de six décennies, il est considéré comme un des meilleurs solistes en jazz et comme un arrangeur de grand talent. Il s’est produit ou a écrit des morceaux avec les premières grandes stars du jazz, notamment Benny Goodman, Count Basie, Duke Ellington et Dizzy Gilles- pie. Parmi ses principaux albums, citons Crazy Rhythm (avec Coleman Hawkins, 1938), I’m in the Mood for Swing (avec Lionel Hampton, 1938) ou The King (1976).

CASH (Johnny) Chanteur de country music américain

Kingsland (Arkansas), 26 février 1932 - Nash- ville, 12 septembre 2003

Issu d’une famille de paysans pauvres, il forme à Memphis en 1954 son premier groupe et signe un contrat avec Sun Records, le label d’Elvis Presley. Deux ans plus tard, il connaît un premier succès avec « I Walk The Line ». Celui downloadModeText.vue.download 361 sur 370

NÉCROLOGIES

359 qu’on appellera l’« homme en noir » ne quitte plus le devant de la scène, croisant la route de Bob Dylan et imposant son image de rebelle et de justicier converti à l’église baptiste. Excellent guitariste, doté d’une voix grave et profonde, il reste comme l’un des auteurs de chansons les plus inventifs de la country music américaine.

CECCALDI (Daniel)

Comédien français

Meaux, 25 juillet 1927 - Paris, 27 mars 2003

Élève d’Henri Rollan et de Tania Balachova, il débute sur scène en 1946, puis mène de front une carrière théâtrale (surtout des pièces de boulevard) et à l’écran. Longtemps cantonné dans les seconds rôles au cinéma, il trouve dans les années 1970 et 1980, grâce aux films de Pascal Thomas, des personnages à sa mesure, comme Pleure pas la bouche pleine (1973) ou les Maris, les femmes, les amants (1989). Il y incarne parfaitement le Français moyen, souvent dépassé par les événements. En 1981, il réalise un unique film, Jamais avant le mariage.

CLAVEAU (André)

Chanteur français

Paris, 1915 - Brassac (Tarn), 13 juillet 2003

Doté d’un beau physique et d’une voix de ba- ryton, il débute comme chanteur de charme à la fin des années 1930, dans le sillage de Jean Sablon. Il connaît un très grand succès après la Libération avec des chansons comme les Yeux d’Elsa et Cerisier rose et pommier blanc.

CONSTANTIN (Constantin Hokloff, dit Michel)

Comédien français

Banlieue parisienne, 13 juillet 1924 - Dragui- gnan, 29 août 2003

Fils d’un immigré russe, il débute comme ou- vrier chez Renault, puis crée une entreprise et devient journaliste à l’Équipe, tout en intégrant l’équipe de France de volley-ball, dont il fut, un temps, le capitaine. Le cinéaste Jacque Becker le remarque et lui donne un premier rôle dans le Trou (1960). Michel Constantin impose ensuite sa grande silhouette dans de nombreux films d’action ou des comédies, dont les Grandes Gueules (1965), Ne nous fâchons pas (1965), le Deuxième Souffle (1966), Laisse aller, c’est une valse (1970), Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ (1982) ou encore les Mor- falous (1984).

CRUZ (Celia)

Chanteuse cubaine

La Havane, 21 octobre 1921 - Fort Lee (New

Jersey), 16 juillet 2003

Elle débute dans les années 1940 en chantant à la radio cubaine. À sa sortie du conservatoire de La Havane, où elle étudie de 1947 à 1950, elle parvient à s’imposer comme la chanteuse d’un des groupes cubains le plus en vue, la Sonora Matancera. C’est avec ce groupe de lé- gende qu’elle arpente l’Amérique latine pendant quinze ans. Au moment de l’arrivée de Fidel Castro au pouvoir, elle quitte Cuba et s’installe aux États-Unis (1960), où elle devient une fi- gure de proue de l’anti-castrisme. En 1966, elle rejoint l’orchestre de Tito Puente. Surnommée la « reine de la salsa », elle a enregistré plus de 70 albums et a joué dans plusieurs films. En 1994, elle reçoit des mains du président des États-Unis, Bill Clinton, la médaille nationale des arts.

DERAY (Jacques Desrayaud, dit Jacques)

Cinéaste français

Lyon, 19 février 1929 - Boulogne-Billancourt,

10 août 2003 Fils d’industriel, il envisage d’abord une car- rière de comédien. En 1952, il décide de pas- ser derrière la caméra et devient l’assistant, entre autres, de Jean Boyer, Henri Verneuil, Gilles Grangier, Luis Buñuel, etc. Il réalise son premier film en 1960, le Gigolo, une comédie sentimentale. Il se spécialise par la suite dans le film policier et dirige dans de nombreux films Alain Delon, son acteur fétiche, ainsi que Jean- Paul Belmondo ou Lino Ventura. Citons parmi ses principaux films : la Piscine (1968), Borsa- downloadModeText.vue.download 362 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

360 lino (1969), Flic Story (1975), Trois Hommes à abattre (1980).

DIB

(Mohammed)

Écrivain algérien

Tlemcen (Algérie), 21 juillet 1920 - La Celle-

Saint-Cloud, 2 mai 2003

Orphelin de père, il est initié à la culture fran- çaise par son instituteur français. En 1951, il épouse une Française et adhère au PCF, pour peu de temps. Son premier roman, la Grande Maison, paraît en 1952 et obtient le prix Fé- néon : il décrit l’atmosphère de l’Algérie rurale de la fin des années 1930. En 1959, il est ex- pulsé d’Algérie par les autorités coloniales, pour ses activités militantes, et s’installe en France. Débute alors un long exil sans retour au cours duquel il publiera de nombreux ouvrages. Il laisse en effet une oeuvre importante, consti- tuée de romans (le Maître de chasse, 1973), de recueils de poèmes (Ombre gardienne, 1961, ou Omneros, 1975), mais aussi de nouvelles, de théâtre et de contes pour enfants. Il obtient en 1994 le grand prix de la francophonie décer- né par l’Académie française pour l’ensemble de son oeuvre.

DRUCKER (Jean)

Manager dans l’audiovisuel

Vire (Calvados), 12 août 1941 - Saint-Rémy- de-Provence, 18 avril 2003 Ancien élève de l’ENA, il entre à l’ORTF en 1970, comme conseiller technique auprès de la direction générale ; c’est le début d’une longue carrière dans l’audiovisuel français public et pri- vé, qui le conduira successivement à la tête de la SFP en 1975, de RTL en 1980, de France 2 en 1985. En 1987, il cofonde une nouvelle chaîne M6, qu’il parvient à installer durablement dans l’audiovisuel français en l’espace d’une dizaine d’années. En 2000, il est contraint de quitter la gestion opérationnelle de la chaîne et devient président de son conseil de surveillance. Il est le frère de l’animateur vedette des écrans, Mi- chel Drucker.

FRANÇOIS (Jacques)

Comédien français

Paris, 16 mai 1920 - id., 25 novembre 2003

De mère américaine et élevé chez les jésuites, il se lance à vingt et un ans sur les planches au côté d’Elvire Popesco après avoir suivi les cours de René Simon. Aussi bien au boule- vard que sur les grandes scènes classiques, il impose son personnage un peu guindé à la diction parfaite et au langage châtié. Il se fera également connaître au cinéma, mais en res- tant cantonné aux seconds rôles.

GIBB (Maurice)

Artiste de variétés britannique

Île de Man, 22 décembre 1949 - Miami, 12 jan- vier 2003

Il grandit en Australie, où sa famille est venue s’installer, lorsqu’il avait neuf ans. En 1962, il fonde avec son jumeau Robin et leur frère aîné Barry l’un des trios pop les plus célèbres, The Bee Gees. Multi-instrumentiste et arrangeur, il est le plus musicien des trois et le son du groupe lui doit beaucoup. Marqué par la pop britannique et les sons du rhythm’n’blues, le groupe déploie des harmonies vocales sophis- tiquées dans un registre plutôt aigu. Des mélo- dies romantiques comme « Massachusetts » (1967) ou « I Started a joke » (1969), à la veine disco de la bande originale du film culte Satur- day Night Fever (1978), les Bee Gees ont mar- qué la pop des années 1960 et 1970.

GIROUD (Françoise)

Journaliste et femme politique française

Genève, 21 septembre 1916 - Neuilly-sur- Seine, 19 janvier 2003

Ayant très tôt perdu son père, elle exerce di- vers métiers avant de participer à la Libération au début de l’hebdomadaire Elle avec Hélène Lazareff. En 1953, elle fonde, avec Jean- Jacques Servan-Schreiber, l’Express, dont elle devient directrice de la rédaction puis de la pu- blication (1971-1974). Défenseur des droits de la femme, elle a été secrétaire d’État à la Condi- tion féminine (1974-1976), puis à la Culture downloadModeText.vue.download 363 sur 370

NÉCROLOGIES

361

(1976-1977). Elle est l’auteur d’ouvrages sur le cinéma, sur le journalisme et la politique. Elle multiplie aussi les biographies de femmes au destin hors du commun (Marie Curie, Cosima Wagner, Lou Andreas Salomé, etc.), et laisse des textes plus autobiographiques, parmi les- quels Leçons particulières (1990). Elle restera pour des millions de Françaises l’archétype de la femme moderne.

HABY (René)

Homme politique français

Dombasle-sur-Meurthe (Meurthe-et-Moselle), 9 octobre 1919 - 6 février 2003

Depuis son premier poste d’instituteur obtenu à dix-neuf ans, il gravit tous les échelons du ministère de l’Éducation nationale et arrive à la tête de ce dernier en 1974 ; il conservera son portefeuille près de quatre ans. Il est le promo- teur du « collège unique » : sa réforme supprime les filières en sixième et cinquième et unifie les collèges d’enseignement général (CEG) et les collèges d’enseignement spécialisé (CES). En 1978, il est élu député de Meurthe-et-Moselle, puis il devient conseiller général l’année sui- vante et, en 1985, vice-président du Conseil général de Meurthe-et-Moselle ; il quitte la vie politique en 1988.

HEPBURN (Katharine)

Actrice américaine

Hartford (Connecticut), 12 mai 1907 - Fenwick (Connecticut), 29 juin 2003

Elle débute au cinéma en 1932 dans Héritage, de George Cukor, et signe un contrat avec la RKO. Dans la foulée, elle tourne cinq films pour la firme, dont Morning Glory qui lui vaut son premier oscar en 1933. Sa carrière est alors lancée et sera exemplaire : elle peut en effet se prévaloir d’un palmarès étonnant, comme en témoignent douze nominations aux oscars et quatre statuettes remportées pour ses interpré- tations dans Devine qui vient dîner ? (1967), Un lion en hiver (1968) et la Maison du lac (1981). Femme de tête, elle impose sa forte person- nalité dans ses choix et parvient à incarner un type de féminité hors norme dans des comé- dies brillantes souvent signées de son mentor George Cukor (Sylvia Scarlett, Indiscrétions, Madame porte la culotte...). L’année 1942 est marquée par sa rencontre avec Spencer Tracy, qui devient son partenaire à la ville comme à l’écran. Dans les années 1950, elle sera encore l’interprète inoubliable de deux grands films : African Queen de John Huston et Soudain l’été dernier de Joseph L. Mankiewicz.

HILL (Christopher)

Historien britannique

York, 6 février 1912 - Oxfordshire, 24 février

2003

Historien marxiste, il est l’un des spécialistes mondiaux du XVIIe siècle et laisse une oeuvre considérable (plus de vingt ouvrages et des centaines d’articles). Sa première contribution, la Révolution anglaise, 1640 (1940), démontre que le mouvement social anglais était compa- rable à la Révolution française de 1789.

HOPE (Bob)

Acteur américain

Eltham (Grande-Bretagne), 29 mai 1903 - Tolu- ca Lake (Californie) 27 juillet 2003

Fils de maçon anglais émigré aux États-Unis, il débute comme chanteur et danseur de cla- quettes. Il s’impose à Broadway dès le début des années 1930 puis rejoint Hollywood, où il connaît son premier grand succès cinématogra- phique avec le Mystère de la maison Norman, en 1939. Les triomphes s’enchaînent ensuite, aux côtés de Bing Crosby et de Dorothy Lamour. Sa vogue dure jusque dans les années 1950. Ensuite, il effectue de nombreuses tournées patriotiques auprès des troupes américaines.

IZETBEGOVIC (Alija) Homme politique musulman bosniaque

Bosanski Samac (Bosnie du Nord), 8 août

1925 - Sarajevo, 19 octobre 2003

Avocat de formation, il milite très jeune au sein des groupes nationalistes bosniaques musul- mans, ce qui lui vaut plusieurs incarcérations. Il fonde en 1990 le SDA pour représenter les Musulmans de Bosnie, qu’il va diriger pendant le conflit qui éclate en 1992. En 1995, il signe les accords de Dayton et devient le président de la partie croato-musulmane de l’État bosniaque downloadModeText.vue.download 364 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

362 qui voit alors le jour. Il se retire de la vie politique en 2000.

JAPRISOT (Jean-Baptiste Rossi, dit Sébastien)

Écrivain français

Marseille, 4 juillet 1931 - Vichy, 4 mars 2003

Né dans une famille d’immigrés napolitains, il écrit son premier roman les Mal Partis, alors qu’il est encore sur les bancs du lycée. Publié en 1950, ce livre suscite les éloges de Roger Nimier et d’Antoine Blondin et remporte un grand succès. Après un détour par la publicité, il décide de se lancer dans le roman policier et prend pour pseudonyme Sébastien Japrisot, anagramme de son nom. Le succès est immé- diat avec Compartiment tueurs et Piège pour Cendrillon (grand prix de littérature policière en 1963). Il se partage par la suite entre l’écriture romanesque (Un long dimanche de fiançailles, prix Interallié 1991) et le cinéma, pour lequel il écrit de nombreux scénarios (Adieu l’ami en 1968, Histoire d’O en 1975, ou encore l’Été meurtrier en 1985).

JOSSELIN (Jean-François Ratinaud, dit Jean-François)

Écrivain et journaliste français

Brest, 1939 - id., 2 avril 2003

Chroniqueur à l’Express puis au Nouvel Observateur, il est l’auteur de romans remplis d’ironie et de tendresse, Quand j’étais star (1976), l’Enfer et Cie, qui lui vaut le prix Médi- cis en 1982, la Mer au large (1987), etc., d’une pièce de théâtre, la Fortune du pot (1993), et d’un recueil de nouvelles, Après la nuit, la nuit (1989).

KAZAN (Elia Kazanjoglou, dit Elia)

Réalisateur de cinéma américain

Istanbul, 7 septembre 1909 - New York,

28 septembre 2003

Né dans une famille grecque d’Anatolie, il émigre aux États-Unis à l’âge de quatre ans. Il fréquente les milieux intellectuels liés au com- munisme et assure ses premières mises en scène de théâtre à la fin des années 1940. De- venu une coqueluche de l’avant-garde, il passe vite à la mise en scène cinématographique. Son premier grand film est Un tramway nommé désir, avec Marlon Brando, en 1951. Suivront plusieurs chefs-d’oeuvre du cinéma américain, dont Viva Zapata ! (1952), Sur les quais (1954), À l’est d’Eden (1955), Baby Doll (1960), Ame- rica, America (1963) et l’Arrangement (1969), d’après son propre roman. Personnage com- plexe et ambitieux, il reste marqué par les dé- nonciations qu’il a faites de certains de ses amis communistes lors de la période maccarthyste.

KOSIK (Karel)

Philosophe tchèque

Prague, 26 juin 1926 - id., 21 février 2003

Issu d’une famille ouvrière, il milite très jeune au Parti communiste tchèque. Engagé dans la résistance contre le nazisme, il est arrêté en 1944 et déporté. Après la guerre, il choisit d’étudier la philosophie et publie en 1962 la Dialectique du concret. Salué comme un apport majeur au renouveau de la théorie critique, cet ouvrage lui vaut une reconnaissance mondiale. Il est, en 1968, une des figures du « Printemps de Prague », ce qui lui vaudra son exclusion du PC et de son poste à l’université, qu’il ne retrou- vera qu’en 1989.

KRASUCKI (Henri)

Syndicaliste français

Wolomin (Pologne), 2 septembre 1924 - Paris, 24 janvier 2003 Issu d’une famille ouvrière de militants com- munistes, il arrive très jeune en France avec ses parents. Fin 1940, il adhère aux Jeunesses communistes et participe à la Résistance ; il est arrêté en 1943 et déporté. Ouvrier métallurgiste à son retour des camps, il devient secrétaire de l’union départementale CGT de la Seine en 1949. En 1961, il est membre du bureau confé- déral de la CGT. De 1982 à 1992, il occupe le poste de secrétaire général de la CGT, où il succède à Georges Séguy. Il devient en 1986 downloadModeText.vue.download 365 sur 370

NÉCROLOGIES

363 vice-président de la Fédération syndicale mon- diale (FSM).

LAGARDÈRE (Jean-Luc)

Industriel français

Aubiet (Gers), 10 février 1928 - Paris, 14 mars 2003

Diplômé de Supelec, il commence sa carrière chez Dassault. En 1963 il entre chez Matra, dont il devient le directeur général et qu’il lance dans l’aventure du sport automobile, ouvrant ainsi à la société d’armement les marchés mon- diaux. À partir de 1974, il prend pied dans la communication avec Europe 1, puis, en 1980, dans l’édition avec Hachette. En 1987, il tente, en vain, d’acquérir TF1 que le gouvernement vient de privatiser. Sa deuxième incursion dans le monde de la télévision avec le rachat de « La Cinq » se solde par un échec : la chaîne doit cesser d’émettre deux ans plus tard. En qua- rante ans, Jean-Luc Lagardère est parvenu à forger un puissant groupe aux activités très diversifiées dans les médias (Elle, Télé 7 jours, Paris Match), la communication (Europe 1), l’édition (Hachette et Vivendi Publishing, acquis en 2002), l’aéronautique (Airbus, Ariane), l’ar- mement (Eurocopter, Matra) et l’automobile ; il a eu aussi un rôle déterminant dans la création du géant aéronautique et de défense européen (EADS). Son fils Arnaud lui succède aussitôt après son décès.

LOISEAU (Bernard)

Cuisinier français

Chamalières, 13 janvier 1951 - Saulieu, 24 février 2003

Issu d’une famille modeste, après avoir fait son apprentissage notamment chez les frères Troisgros, il s’installe en 1975 à Saulieu à l’hôtel de La Côte-d’Or. Il est aussi un homme d’affaires avisé qui multiplie ses activités : ouverture de boutiques à son nom dont il fait une marque, lancement de produits dérivés, publication de livres, ouverture de trois restau- rants à Paris (Tante Louise, Tante Marguerite et Tante Jeanne), commercialisation dans les grandes surfaces de plats cuisinés sous vide. En 1991, il obtient trois étoiles au Guide Miche- lin : c’est la consécration, pour ce chef cuisinier exigeant, qui choisit pourtant de se donner la mort douze ans plus tard. Sans doute n’aura-t-il pas supporté d’avoir été rétrogradé par le guide GaultMillau qui venait de le noter 17 (contre 19 précédemment).

LUX (Maurice Guy, dit Guy)

Animateur et producteur de télévision français

Paris, 21 juin 1919 - Neuilly-sur-Seine, 12 juin 2003

Après des études à l’école Estienne, à l’École des arts appliqués et aux Beaux-Arts, il se lance dans la chanson comme compositeur et parolier. En 1952, il commence sa carrière à la télévision (RTF) et se spécialise dans la création de jeux (Intervilles, Jeux sans fron- tières, Interneige, Intercontinents, ainsi que le Schmilblick). Sa passion pour la chanson en fait aussi un des inventeurs de grandes émissions de variétés (Palmarès de la chanson, dans les années 1960 et 1970). Au début des années 1980, il crée sa société de production, People production, et lance notamment La Classe, sur France 3.

MERTON (Robert King)

Sociologue américain

Philadelphie, 4 juillet 1910 - New York,

23 février 2003

Grande figure de la sociologie américaine, il est un des maîtres de la méthode fonctionna- liste. Dans la lignée d’Émile Durkheim et de Par- sons, il estime que les individus ou les groupes sont conduits à adopter des comportements en fonction des informations dont ils disposent et selon les motivations et les valeurs des milieux sociaux auxquels ils appartiennent. Parmi ses ouvrages, on distingue les Éléments de théorie et de méthodes sociologiques (1949).

MIQUEL (Jean-Pierre)

Metteur en scène de théâtre français

Neuilly-sur-Seine, 22 janvier 1937 - Vincennes, 22 février 2003

Diplômé d’études supérieures en sciences politiques, il découvre le théâtre à l’université, en participant au Théâtre antique de la Sor- bonne de 1956 à 1963. En 1971, il est chargé par Pierre Dux de mener la programmation de downloadModeText.vue.download 366 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

364 l’Odéon, ce qu’il fera jusqu’en 1978, date à laquelle il prend la tête du Centre dramatique national de Reims. À partir de 1983, il dirige le Conservatoire national supérieur d’art dra- matique. Nommé administrateur général de la Comédie-Française en 1993, il marque son passage par d’importants travaux de rénova- tion (salle Richelieu) et par l’ouverture d’une troisième salle, le Studio-Théâtre.

MODIGLIANI (Franco)

Économiste américain

Rome, 1918 - Cambridge (Massachusetts),

25 septembre 2003

Après des études de droit et d’économie en Italie, il quitte ce pays à la suite des lois antisé- mites prises par le gouvernement de Mussolini. Il s’installe aux États-Unis, où il prend la natio- nalité américaine et devient professeur d’éco- nomie. Il étudie plus particulièrement les cycles de la vie de l’épargne et le fonctionnement des marchés financiers. Ses travaux lui valent le prix Nobel d’économie en 1985.

PECK (Gregory)

Acteur américain

La Jolla (Californie), 5 avril 1916 - Los

Angeles, 12 juin 2003 Il commence des études de médecine, avant d’opter pour l’art dramatique. En 1944, il accepte un premier rôle au cinéma dans Days of Glory de Jacques Tourneur, afin, dira-t-il par la suite, de payer sa facture de dentiste. David Selznick perçoit le potentiel du comédien et s’emploie à lui faire jouer des contre-emplois comme dans la Maison du docteur Edwards d’Alfred Hitchcock ou Duel au soleil de King Vidor, où il incarne un tueur cynique, hautain et violent. Pourtant c’est son image de héros modèle que l’on retrouve dans nombre de westerns, films d’aventure ou comédies romantiques de cette époque : Un homme de fer (1949) d’Henri King, Le monde lui appartient (1952) de Raoul Walsh, Vacances romaines (1953) de William Wyler... Au début des années 1950, il refuse de signer un contrat avec la MGM. Il mène alors une car- rière d’une remarquable cohérence qui, en dépit de quelques échecs (Moby Dick, 1956, de John Huston), est marquée jusqu’à son terme par de grands succès : la Femme modèle (1957), de Vincente Minnelli, les Canons de Navarone (1961), et les Nerfs à vif (1962), de Jack Lee Thomson.

PHILLIPS (Sam)

Producteur de musique américain

Florence (Alabama), 21 avril 1919 - Memphis, 29 juillet 2003

Après avoir travaillé comme disc-jockey, il fonde son premier label en 1950, avant de créer Sun Records, spécialisé dans la country music et le blues électrique. Il produit les pre- miers enregistrements d’Elvis Presley en 1954 et 1955, puis continuera dans cette veine avec des artistes comme Carl Perkins.

PIALAT (Maurice)

Réalisateur de cinéma français

Cunhlat (Puy-de-Dôme), 31 août 1925 - Paris, 11 janvier 2003

Fils d’un marchand de bois, de vin et de char- bon ruiné, il connaît une enfance marquée par les conflits de famille et la pauvreté. Délaissant sa première vocation de peintre, il arrive au ciné- ma en pleine nouvelle vague – dont il ne fera ja- mais partie –, en réalisant des courts métrages, comme L’amour existe (1960), récompensé à la Mostra de Venise, puis des petits films pour la télévision et un feuilleton, la Maison des bois, diffusé en 1971. Il doit patienter une dizaine d’années avant de pouvoir tourner son premier long métrage, l’Enfance nue (1969). Dans tous ses films, Pialat peint les sentiments émus et exacerbés d’individus déchirés : Nous ne vieilli- rons pas ensemble (1972), la Gueule ouverte (1974), Loulou (1980), À nos amours (1983), qui révèle une jeune actrice talentueuse, San- drine Bonnaire, Sous le soleil de Satan (1987), palme d’Or du Festival de Cannes, Van Gogh (1991), le Garçu (1995).

PRIGOGINE (Ilya)

Chimiste et philosophe belge d’origine russe

Moscou, 25 janvier 1917 - Bruxelles, 28 mai

2003

Ayant fui le nouveau régime russe en 1921, sa famille choisit de s’installer en Belgique. En 1941, il obtient son doctorat de chimie à l’Uni- downloadModeText.vue.download 367 sur 370

NÉCROLOGIES

365 versité libre de Bruxelles (ULB), où il passera l’essentiel de sa vie de chercheur. Il introduit en thermodynamique les notions d’instabilité et de chaos, et apporte une contribution fondamen- tale aux sciences physiques et biologiques par ses recherches sur la réversibilité des proces- sus ; de là, il propose une nouvelle méthodolo- gie pour la démarche scientifique (la Nouvelle Alliance, les Métamorphoses de la science, écrit en collaboration avec la philosophe Isa- belle Stengers, 1979). En 1977, il a reçu le prix Nobel de chimie.

RHEIMS (Maurice)

Commissaire-priseur et écrivain français

Versailles, 4 janvier 1910 - Paris, 6 mars 2003

Diplômé de l’école du Louvre, il devient com- missaire-priseur en 1935. Pendant la guerre, à Alger, il commande en second le premier commando de parachutistes de la France libre. Cofondateur du RPF en 1947, il retrouve son métier de commissaire-priseur et procède alors aux plus grandes ventes des collections fran- çaises et internationales jusqu’en 1972, date à laquelle il vend son étude. Le 20 mai 1976, il est élu à l’Académie française au fauteuil de Ro- bert Aron. Il est également l’auteur de romans, comme la Main (1962) ou le Saint-Office (1983).

RIEFENSTAHL (Leni)

Cinéaste et photographe allemande

Berlin, 22 août 1902 - Bavière, 8 septembre

2003

Elle débute comme danseuse puis comme actrice dans des films à caractère sportif. En 1932, elle tourne son premier film, la Lumière bleue, sur la légende des Dolomites. Elle de- vient proche d’Adolf Hitler et réalise pour lui un film de propagande célèbre, le Triomphe de la volonté, en 1935. Elle filme ensuite les jeux Olympiques de Berlin, en 1936, avec des moyens colossaux. Après la guerre, elle par- vient à se faire blanchir par la commission de dénazification, sans pour autant renier ses ac- tions passées. Elle connaît un nouveau succès dans les années 1970 en effectuant des repor- tages photos de grand talent chez les Noubas du Soudan.

ROSTOW (Walt)

Historien et économiste américain

New York, 7 octobre 1916 - Austin (Texas),

13 février 2003

Né dans une famille d’émigrés russes socia- listes, il devient professeur au MIT (Massachu- setts Institute of Technology) en 1950. Dix ans plus tard, il publie son ouvrage principal, les Étapes de la croissance, dans lequel il décrit les cinq phases historiques marquant, selon lui, le développement économique.

SCHLESINGER (John)

Cinéaste britannique

Londres, 16 février 1926 - Palm Springs (Cali- fornie), 25 juillet 2003

Après un début de carrière au cinéma comme acteur, il commence à réaliser à la fin des an- nées 1950 des séries TV pour la BBC et des documentaires. Son premier long métrage, Un amour pas comme les autres, obtient un lion d’Or au Festival de Venise en 1962. En 1963, il dirige pour la première fois Julie Christie dans Billy le menteur. Suivront Darling en 1965 et Loin de la foule déchaînée en 1967. En 1969, il part aux États-Unis tourner Macadam Cowboy, son chef-d’oeuvre, qui obtient trois oscars. De retour en Grande-Bretagne, il retrouve Dustin Hoffman pour le thriller Marathon man (1976). Il réalise ensuite Yanks (1979), les Envoûtés (1987) et Madame Sousatzka (1988), tous mar- qués par une vision sombre et décalée de la société. Dans les années 1990, il tourne des thrillers plus conventionnels comme Fenêtre sur Pacifique et Au-delà des lois.

SCHWARTZENBERG (Léon)

Cancérologue français

Paris, 2 décembre 1923 - Villejuif, 14 octobre

2003

Après avoir participé à la Résistance, il de- vient médecin, spécialiste du cancer. Fortement engagé dans plusieurs combats sociaux et poli- tiques, il prend position en faveur de l’euthana- sie. En 1991, il sera même suspendu quelque temps du conseil de l’Ordre pour avoir publique- downloadModeText.vue.download 368 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

366 ment déclaré avoir aidé un patient en phase ter- minale à mourir afin d’abréger ses souffrances – le Conseil d’État annulera cette suspension en 1993. Il est nommé ministre de la Santé dans le gouvernement de Michel Rocard en juil- let 1988. Il ne reste que neuf jours à ce poste, ayant exprimé des positions divergentes à pro- pos de la drogue et de la lutte contre le sida. Il est élu député européen de 1989 à 1994. Il se manifeste constamment en faveur des dés- hérités, notamment des sans-logis et des sans- papiers. Il avait fondé avec l’évêque Jacques Gaillot l’association Droits devant !

SEGUNDO (Francisco Repilado Munoz, dit Compay)

Musicien cubain

Siboney, près de Santiago, 1907 - La Havane, 13 juillet 2003

Ce fils de cheminot a exercé plusieurs métiers, notamment rouleur de cigares, avant d’être dé- finitivement rattrapé par la musique en 1934. Il invente même un instrument, « l’harmonico », guitare à sept cordes doubles, qui ne le quittera plus. En 1948, il crée avec Lorenzo Hierrezuelo le duo Los Compadres (les compères), dans lequel il chante la deuxième voix, dite « segun- da », acquérant ainsi le surnom qui le rendra célèbre. Il quitte le groupe à la fin des années 1950 pour jouer sous son propre nom. Venu très tardivement à la notoriété internationale, Compay Segundo est notamment révélé par le film Buena Vista Social Club de Wim Wenders, sorti en 1999.

SIMONE (Eunice Kathleen Waynon, dite Nina)

Chanteuse américaine

Tryon (Caroline du Nord), 21 février 1933 -

Carry-le-Rouet (Bouches-du-Rhône), 21 avril

2003

Elle débute comme pianiste de club, et chante des standards de gospel, de blues et de jazz. En 1959, elle enregistre « My Baby Just Cares for me », qui deviendra sa chanson symbole, ou encore « I love You Porgy », autre tube planétaire. Elle atteint l’apogée de sa carrière dans les années 1960, lorsqu’elle enchaîne les enregistrements et les tournées mondiales ; elle s’engage aussi dans les combats pour les droits civiques et compose après la mort de Martin Luther King, en 1968, « Why ? The King of Love is Dead ». Après le jazz, puis le rhythm’n’blues et la chanson soul, elle s’oriente dans les années 1970 vers le répertoire pop et donne en 1972 une version de « My Way », qui sera son ultime succès. Elle interprète égale- ment des chansons françaises, dont « Ne me quitte pas », de Jacques Brel.

SORDI (Alberto)

Acteur et réalisateur italien

Rome, 15 juin 1919 - id., 25 février 2003

Il se fait connaître à l’âge de quatorze ans en devenant la doublure italienne d’Oliver Hardy après avoir remporté un concours. Quatre ans plus tard, il fait ses premiers pas devant la ca- méra (Il Feroce Saladino de Mario Bonnard), mais sa carrière n’explose réellement qu’au début des années 1950 avec Courrier du coeur (1952) de Federico Fellini, qu’il retrouve un an plus tard pour Les Vitelloni. Ayant joué dans plus de 200 films en cinquante ans de carrière, il incarne parfaitement l’Italien moyen, joyeux et roublard, notamment dans les comédies de Dino Risi, le Signe de Vénus, le Veuf, ou de Luigi Comencini, la Belle de Rome, l’Argent de la vieille. En 1966, il passe à la réalisation avec Fumo di Londra. Suivra une quinzaine de films (Drôles de couples, Rencontres interdites...).

STACK (Robert)

Acteur américain

Los Angeles, 13 janvier 1919 - id., 14 mai 2003

Issu d’une famille d’artistes, il fait ses débuts à l’écran en 1939 et devient deux ans plus tard une star grâce au succès de Nice Girl. Il apparaît alors dans des westerns, des films de guerre, et tourne To be or not to be d’Ernst Lubitsch, qui sait saisir l’ambiguïté de ce comé- dien au visage angélique. Quand les États-Unis entrent en guerre, il rejoint l’armée. En 1952, il joue dans le premier film tourné en 3-D, Bwana Devil, énorme succès au box-office. Pourtant, il ne parvient pas à regagner son statut d’avant- guerre. Il tourne cependant dans quelques chefs-d’oeuvre comme Écrit sur du vent (1956) ou la Ronde de l’aube (1957) – où il incarne à merveille la fêlure qui se cache derrière la downloadModeText.vue.download 369 sur 370

NÉCROLOGIES

367 façade clinquante de l’Amérique des années 1950 – de Douglas Sirk. Pour le grand public, il restera avant tout le légendaire Eliot Ness dans la série télé culte les Incorruptibles.

TOSCAN DU PLANTIER (Daniel)

Producteur de cinéma français

Chambéry, 7 avril 1941 - Berlin, 11 janvier

2003

En 1975, il entre chez Gaumont comme di- recteur général et y développe un cinéma de création, sans frontières : Fellini, Tarkovski, Pia- lat, Bergman, Rohmer, Truffaut ou Kurosawa. En 1983-1984, les pertes considérables de la Gaumont lui valent d’être remercié l’année sui- vante. En 1988, il prend la présidence d’Uni- france, organisme chargé de l’exportation du film français.

TRINTIGNANT (Marie) Comédienne française

Paris, 21 janvier 1962 - Neuilly-sur-Seine,

1er août 2003

Fille de Nadine, cinéaste, et de Jean-Louis, comédien, elle débute très jeune au cinéma, près de son père, dans Mon amour, mon amour (1967), réalisé par sa mère. Elle obtient en 1979 un premier rôle marquant dans Série noire d’Alain Corneau. Claude Chabrol fait d’elle un personnage complexe dans Une affaire de femmes (1988) et, surtout, Betty (1992). Elle revient aussi régulièrement sur les planches et notamment avec son père, dans Comédie sur un quai de gare, de Samuel Benchetrit. Lors du tournage d’un téléfilm dirigé par sa mère en Lituanie, elle tombe dans un coma profond à la suite d’une violente dispute avec son ami, Ber- trand Cantat, le chanteur du groupe Noir Désir. Ramenée à Paris, elle s’éteindra quelques heures plus tard.

TREVOR-ROPER (Hugh)

Historien britannique

Glanton, 15 janvier 1914 - Oxford, 26 janvier

2003

Historien de renom très précoce, il travaille pour les services secrets britanniques durant la Seconde Guerre mondiale. Chargé d’établir les conditions exactes de la mort de Hitler en

1945, il publie ensuite un livre très remarqué, les Derniers Jours de Hitler. Il poursuit ensuite une carrière d’historien du monde d’après la Renaissance.

URIS (Léon)

Écrivain américain

Baltimore, 3 août 1924 - Shelter Island (État de New York), 21 juin 2003

Fils d’un émigré polonais, il interrompt ses études très tôt afin de s’engager dans les ma- rines. Ses romans, souvent des best-sellers, seront plusieurs fois adaptés au cinéma : Battle Cry, qui raconte l’histoire de la reconquête des îles du Pacifique par les marines, sera mis en images par Raoul Walsh ; les Collines de la co- lère (1955) donneront le film d’Otto Preminger Exodus ; ou encore Topaz (1967), roman d’es- pionnage qui sera adapté deux ans après sa parution par Alfred Hitchcock sous le titre l’Étau. VASQUEZ MONTALBAN (Manuel)

Écrivain espagnol

Barcelone, 1939 - Bangkok, 18 octobre 2003

Engagé à gauche, il connaît les geôles fran- quistes à la fin des années 1950. Il s’essaie à l’écriture, d’abord avec des textes avant-gar- distes, puis accède à la notoriété en inventant, dans J’ai tué Kennedy (1972), le personnage de Pepe Carvalho, un privé qui s’interroge et interroge le monde. Suivront de nombreux romans qui feront de lui un des maîtres du policier moderne et de la littérature espagnole contemporaine.

WHITE (Barry)

Chanteur de soul américain

Gaveston (Texas), 12 septembre 1944 - Los

Angeles, 4 juillet 2003

Servi par une voix de basse, profonde et sensuelle, il est l’auteur de nombreux succès, comme « You’re the First, the Last, my Eve- rything », « Can’t Get enough of your Love » ou encore « Let the Music Play ». Après une adolescence difficile (délinquance et prison), il débute en travaillant pour des labels soul de Los Angeles, comme musicien et chercheur de talents. En 1969, il préside à la formation d’un trio vocal féminin, Love Unlimited. Sa carrière downloadModeText.vue.download 370 sur 370

JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004

368 culmine dans les années 1970 : après la sortie de son premier album I’ve Got so Much to Give (1973), il enchaîne les succès et tourne sur tous les continents.

YANNE (Jean Gouyé, dit Jean)

Comédien, réalisateur et auteur français

Paris, 18 juillet 1933 - près de Reims, 23 mai

2003

D’abord journaliste à l’ORTF, où il entre en 1952, il rejoint très vite la troupe de fantaisistes réunie autour d’Yves Robert au cabaret de La Rose rouge. Il y met au point son personnage de râleur, puis fait des débuts fracassants à la radio. En 1964, il commence une carrière au cinéma (la Vie à l’envers d’Alain Jessua) et tourne pour Claude Chabrol deux de ses plus beaux films (Que la bête meure et le Bou- cher, 1969), mais aussi pour Jean-Luc Godard (Week-end, 1967) et Maurice Pialat (Nous ne vieillirons pas ensemble, prix d’interprétation à Cannes en 1971). Dans les années 1970, il fait ses premiers pas derrière la caméra avec Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, qui connaît un grand succès public. Cependant, il n’a jamais abandonné sa carrière d’acteur, donnant leur chance à de jeunes réalisateurs, comme Rémi Waterhouse (Je règle mon pas sur le pas de mon père) ou Pascal Bonitzer (Petites Coupures).