LE VOYAGE EN GRECE

Edites par la Societe NEPTOS, XVir CROISIERE DU " PATRIS II" PRINTEMPS 1935 II AVRIL - 3 MAI

LE VOYAGE EN GRECE

CAHIERS PERIODIQUES DE TOURISME

EDITES PAR LA SOCIETE "NEPTOS", A PARIS

Correspondant de V'Office HelUnique du Tourisme Reprisentant des Chemins de fer de I'&tat HelUnique, de la Compagnie de Navigation Nationale de Grke et de la Compagnie HelUnique de Cabotage

PRINTEMPS 1935

ITINERAIRE : NEPTOS S. Α., 4, RUE DE L'ECHELLE, PARIS-I" OPERA : 61-21, 6l-22 PALERME. AGRIGENTE, MONREALE, CATANE, TAORMINE, SYRACUSE, CORFOU, CATACOLO, OLYMPIE, GYTHION, MISTRA, SANTORIN, CRETE, CNOSSOS, , SAMOS, LESBOS, ANDROS, DELOS, MYCONOS, LE PIREE, ATHEENES, NAUPLIE, MYCENES, TIRYTHE, LiPIDAURE, ΙΤΕΑ, DELPHES.

POUR TOUS RENSEIGNEMENTS S'ADRESSER A LA SOCIETE "NEPTOS" 4, Rue de I'ichelle, PARIS (ler Arr.) Telephone : OP^RA 61-21. 61-22. A Γ image des jeunes filles de Thassos, la Grece^ toute paree de bijoux d'ecume et de marbre offre aux voyageurs la main ten due du Peloponnese-?. ... Et sur le double plateau des mers Egee eL· Ionienne les fruits de Cephalonie, de Zante, de^> Corfou et les etoiles des Cyclades^. ample robe cloche, semblable a celle de nos re&angulaire qu'elles ont ouvree de leurs mains a'ieules a crinolines. Elle se coiffe d'un « hennin » et drapee elles-memes sur leurs epaules; les unes bariole et son corselet, qu'on dirait de velours, ont seulement le chiton replie en haut, attache monte haut et droit derriere la nuque comme par des fibules et dont le retombe jusqu'a un « col a la Me- la taille; de plus fri- dicis ». Nous la leuses ont super­ retrouvons au spec­ pose a ce vetement tacle, paree, pom- une autre draperie ponnee, ses beaux (1'himation) tantot cheveux ondules disposee comme un formant bouffants chale sur les deux et accroche - cceur epaules, tantot pas- comme une dame see sous le bras droit de 1900. et rejetee sur l'e- Mais viennent paule gauche. ensuite les guerres Pourtant, sur les FRESQUE DU PALAIS DE'CNOSSOS (15ΟΟ AV. J.-C.) et les invasions qui cotes de la molle bouleversent, a la Asie, les femmes fin du second mille­ avaient garde le V Art et la Mode dans la Grece Antique naire, cette civili­ gout du luxe et de sation raffinee, l'ornement. L'un presque decadente. des effets de la po­ Certains de nos grands couturiers recherchent ne saurait etre independante de son epoque : Les conquerants litique ionienne de acmellement dans l'art de Phidias le secret des elle fait partie integrante du mouvement acheens et hellenes, Pisistrate sera d'in- lignes harmonieuses et calmes, general de l'art. qui vivent sous le troduire leurs mo­ suivant ainsi Γ esprit de notre f Chez les peuples primitifs, les regime patriarcal, des a Athenes. C'est epoque qui, apres des annees de hommes ne sont pas moins pares ne font pas a la pourquoi presque vie trop ardente et un peu de- que les femmes qui partagent femme la part aussi toutes les charman- sordonnee, a besoin de retrouver ·'·; leurs conditions d'existence et belle. lis exigent tes Cores de Γ Acro- la stabilite. sont astreintes aux memes beso- d'elle des vertus de pole montrent tant N'en deplaise aux philosophes gnesqu'eux : tatouages, ceintures bonne epouse, ex- d'artifice dans l'ar- austeres, la mode a plus de lois et coiffures de feuillages et de perte aux travaux rangement de leur que de caprices, la preuve, c'est plumes, colliers et bracelets, bou- de la maison, quel chevelure. C'est que parmi toutes les fantaisies cles dans les oreilles et dans le nez, que soit le rang TANAGRA pourquoi elles por­ qu'inventent nos couturiers, les sont communs aux deux sexes. qu'elle occupe. tent ces chitons le- unes sont viables et les autres ne Les habitants de la Grece et Nausicaa lave son gers faits du lin le le sont pas. des iles ont connu cette periode linge a la riviere et ne se distingue de ses sui- plus fin, si longs qu'il faut les relever de la main; Soumise a la fois aux necessites barbare. Mais, des le deuxieme vantes que par sa grace; Penelope tisse elle- et aussi le plus souvent ces courts himations bro- materielles et au mouvement des millenaire avant notre ere, la meme une etoffe decoree qu'on appelle a tort des de toutes parts et disposes en plis irreguliers, FIGURINE CRETOISE (ΐ8θΟ AV. J.-C.) idees, la mode vestimentaire se civilisation cretoise a rendu hom- tapisserie, et nous voyons frequemment, sur les qui ont perdu leur utilite pratique et ne sont doit de maintenir un juste equi- mage a la femme, non seulement vases du vie siecle avant J.-C, de belles jeunes plus qu'une parure. a cause de son role de mere, mais aussi pour libre entre des exigences souvent contradidloires, filles allant puiser de l'eau a la fontaine. Leurs II fallait la dure epreuve des guerres mediques son charme, pour sa beaute, peut-etre meme avant qu'entrent en jeu les considerations esthe- cheveux tombent librement, leurs robes simples pour decider les Atheniennes a renoncer a ces pour son esprit. Elle nous apparait vetue d'une tiques. De ce dernier point de vue meme, elle et droites sont formees par une etoffe de laine charmants et vains ornements. Revenant a la

4 5 simple etoffe de laine, elles surent exprimer par Au contraire, la jeune fille laconienne, spor­ son drape toute la noblesse et toute la majeste de tive comme ses freres, portera le petit chiton, LA BEAUTE GRECQUE leur cite, que la vicloire venait de mettre a la tete s'arretant aux genoux et retenu sous les seins par Entre le Pont de la Concorde et le Pont de l'Alma, « site et d'admiration, — elle n'avait jamais vu un si bel homme du monde grec. C'est ce costume qui est le plus une large ceinture. sur le bateau-mouche, j'ai rencontre l'Hermes de « — oubliait de faire semblant de fuir en chantant. Mais le « charme de la belle n'opera pas moins vite et ils s'aimerent si connu, pour avoir ete immortalise par Phidias. Dans leur ardeur a disputer le prix de la course Praxitele. Profil moelleux et net sous 1'indefrisable aux « fort qu'ils n'eurent pas d'enfants. Un dieu bien inspire ne boucles drues, ceil langoureux, bouche [dedaigneuse, ces jeunes personnes devaient meme parfois re- « voulut pas qu'une si merveilleuse union demeurat sterile : En realite, cette nouvelle conception du vete- ce trop joli brun, mon compagnon de navigation, « il fit, par metamorphose, des deux amants inseparables les ment feminin a dure bien moins longtemps duire a moins encore leur costume et Atalante etait armenien; disons, pour parler comme un livre, « deux outils qui s'unissent aux mains du sculpteur, et jamais « couple ne fut plus fecond que e e qu'il appartenait a la race « al- qu'on ne le croit d'ordinaire. Des le iv siecle nousapparait, surunvasedu v siecle avant notre « celui-la. » pine-armenoide », representee avant J.-C, nous constatons une tendance gene- ere, vetue d'un « deux pieces » que nos baigneu- en Grece des l'epoque neolithi- La nature, a-t-on dit, imite rale a l'allongement des figures et la mode ses les plus osees ont spontanement reconstitue. que... Mais les anthropologues l'art. Ce paradoxe se verifie nous assurent que les vrais en Grece. La tradition veut Ainsi, dans ce pays qui le premier fut epris de accentue ce caractere par affeclation d'elegance. Grecs de 1'Histoire, les Grecs que Praxitele ait modele son Le chiton n'est toujours qu'un re&angle d'etoffe liberte individuelle et connut la joie de l'art, la authentiques, furent de purs Aphrodite nue a l'image de « Aryens », des « Indo-Ger- mais, dispose autrement, il prend toutes sortes mode evolua un peu de la meme maniere qu'au Phryne. Mais, apres une etude mains », comme disent nos voi- approfondie de l'ceuvre du d'aspeclsjusqu'adevenirrobeatraine.Suredeson temps de nos a'ieules, alors que, tout en conser- sins del'Est. Jen'endoute plus celebre sculpteur, un savant effet, une Tanagreenne se retourne d'un mouve­ vant la tradition de sa province, chaque femme depuis que j'ai fait la connais- danois a conclu recemment sance en Alsace d'un colosse que la statue etait anterieure ment gracieux et ressemble a s'y meprendre a recherchait sans cesse dans la multitude des blond qui ressemblait eton- au pretendu modele; il faut ces coquettes du Second Empire parees de leur formes, l'expression la plus subtile de sa beaute. namment a Γ « Apollon de Cas- done croire que la belle cour- sel» dieu magnifique sorti des tisane ne se devoila devant le chale des Indes, qu'a dessinees Constantin Guys. M. CHEVALIER-VEREL. mains du jeune Phidias. jury populaire qu'apres etre Les Doriens, les plus grecs devenue semblable a la deesse. des Grecs, preferaient les blon­ A Athenes, le mimetisme an­ des et meme les blonds. Achil- cestral opere encore des mira­ le etait blond, comme Mene- cles; il y a peu, les jeunes fem- las. Blondes aussi Aphrodite et mes y montraient une ele­ Helene. Et pourtant, c'est de gance manieree, tres hellenis­ Sparte que nous est venue tique. La mode nouvelle les cette belle jeune fille qui fut, il incline depuis quelques an­ y a quelques annees,« Miss Eu­ nees vers i'archa'isme; et, je rope ». J'aime assez en l'occur- me souviens que, non sans rence cette appellation hybri- quelque pedantisme, nous de car cette beaute, brune de avions pu dater de 490 avant cheveux et d'yeux etait blonde J.-C, le type de Miss de prestance et d'allure. 1930· Qui croit encore aux races C'est par la puissance de pures? Aucun metal pur-or, 1'exemple que se forme et se argent ou cuivre, n'a la beau­ maintient un type ethnique HERMES DE PRAXITELE (OLYMPIE) te, la sonorite, la resistance toujours reconnaissable mal- d'un alliage. Mais il y a, dans gre ses variations, comme le l'art ou dans la nature, des melanges particulierement theme d'une symphonie; et cette continuite de type savoureux et qui evoquent l'idee de noblesse et de pu- atteste visiblement la perennite du genie de la race rete, comme le son d'un cloche, la patine d'un bronze, (en prenant le mot dans son sens le plus large; et les jambes d'une americaine. La beaute pure n'existe d'ailleurs la puissance d'une race se confond avec celle pas et le type grec est une invention moderne. Ce qui de la civilisation qu'elle cree et se mesure a sa capacite fait la force et le charme de la vie et de l'art, ce sont d'assimilation). leurs imprevisiblesrenouvellements. On n'explique pas La Grece a un bel avenir, s'il est vrai qu'elle a con­ plus le miracle grec qu'un coup de roulette et aucune serve 1'acuite d'esprit et le sens plastique des anciens martingale n'aboutira a refaire l'Europe. A 1'origine Hellenes. Et il n'est pas necessaire que ses hommes de tout melange heureux, il y a l'aventure et l'amour d'Etat ressemblent physiquement a Pericles si, dans et j'imagine qu'un mytographe hellenistique aurait pu les campagnes cretoises, de jeunes paysans — j'en raconter ainsi l'histoire de la sculpture grecque : connais plusieurs — ont encore la sveltesse musclee et le profil spirituel des Minoens et si, dans les escarpe- « La pointe fine et le lourd marteau que le sculpteur manie, ments du Parnasse, Endymion diademe d'un foulard n'ont pas toujours ete tels que nous les voyons. Ce furent, sombre precede a grands pas le mulet sur lequel, autrefois, un geant aux cheveux clairs venu d'Hyperboree sur une nef rapide, et une petite sirene, couronnee d'algues som- noblement assise, Selene berce sa rustique reverie. bres, qui chantait au bord de la mer. Le jeune homme, en tirant son vaisseau sur la plage, heurta la sirene qui, de curio- Jean CHARBONNEAUX.

COUREUSE LACONIENNE (v» AV. J.-C.) 7 Sycione, elles n'en seduisirent pas moins a leur sont sapees a la base et le monde remis en ques• arrivee Melampe et Bias, rejetons d'une illustre tion, les magiciens jouent leur derniere carte sur famille de rois-magiciens. la coquetterie. Le parfum d'une inconnue Dans les soins de la coiffure, on pourrait aussi revele si elle est saturnienne ou apollinienne, trouver la tendance a cette dualite. « On appe- grande amoureuse ou bonne commergante : la lait Keras; dit Mary Tibaldi Chiesa, une espece femme adopte le parfum de son signe. Le Tau- d'accoutrement selon lequel les cheveux etaient reau a l'encens, le Cancer le camphre, le Scor• releves sur les tempes en imitation des cornes, pion l'opoponase, le Berceau l'euphorbe, le tel qu'on les voit souvent sur la tete des faunes Poisson le thym, la Vierge le santal. Les epoques et des satyres ». D'autres femmes portaient les de l'annee, les jours de la semaine donnent leur cheveux tombant sur les epaules et ranges en arome aux adolescents. bandeaux des deux cotes du visage. Ou bien les Lorsque le gymnase et les promenades au cheveux divises sur le front en deux bandeaux bord du Cephise ne suffisaient pas a assurer ondules reunis derriere la tete par un simple l'harmonie et la souplesse du corps, lorsque les lien. Les jeunes gens laissaient descendre leurs exces d'agneaux rotis a la graisse de queue de cheveux en meches ondulees sur le dos ou sur les brebis arroses de Samos faisaient apparaitre epaules. lis entrelagaient des spirales de fils l'arthritisme ou lorsque les dartres et les lepres metalliques pour rendre stables meches et e rongeaient la peau, les grecs avaient les sources boucles. A partir du v siecle, l'influence asia- dont les eaux differentes etaient goutees par les tique cesse et les hommes portent les cheveux connaisseurs comme de veritables crus. (Bar- courts et sans artifices. tholdy dans son « Voyage en Grece » a trouve En somme, les artifices jouirent toujours de la d'authentiques hydromanes). C'est, a l'Acro- plus grande faveur dans la Grece antique. Les corynthe, la source Pirene nee sous le sabot de cremes de beaute etaient composees de terre et Pegase, a Delphes Castalie et Cassotis, a Thebes de miel. Les fards pour les cils et sourcils etaient Ares, a Mycenes Parseia, a Athenes Clepsydre importes d'Egypte. Le corps etait oint d'huiles et Callirhoe. Certaines donnent l'immortalite. et d'aromates. Les femmes passaient sur leur D'autres seulement guerissent. Sources sulfu- visage une sorte de talc adherent, compose de reuses des Thermopyles, d'Aidipsos, Sources qui terre de Chio ou de Samos brassee dans du guerissent la lepre, comme celle des nymphes vinaigre, puis lavee longuement pour en separer Anigrides, en Triphylie. Sources thermales pres l'acide et la rendre impalpable. II nous est reste des nombreux temples d'Asclepios. de rares mais subtiles recettes. Voici une simple VITRINE DU MUSEE DE CNOSSOS creme composee de pate d'orge du Liban Rien, dans la vie courante de la Grece d'orbe, d'ceuf frais de flamand, de poudre de, antique, n'etait en desaccord avec une creation corne de cerf tombee au printemps, d'oignon permanente de beaute corporelle. C'etait, — de narcisse, de gomme, de farine et de miel. c'est encore, si Ton veut bien voir, — le pays des Joues delicieuses au gout, visages comestibles. adolescents, des femmes aux seins hauts, des La coutume du baiser n'est-elle pas nee du vieillards robustes. Et je pense a cette tablette FARDS ET ARTIFICES desir de gouter ces peaux aphrodisiaques et d'argile que j'ai trouvee en fouillant les collines sucrees ? d'Astipalae, dans cette ile de Cos oil les courants egyptiens et asiatiques croisaient sans cesse leurs Produit de Beaute! Rien ne peut dire l'exci- influences. Un poete inconnu y revendique pour Faut-il voir l'origine et le succes du maquil- pencher la balance vers notre a&uel ministre de tant rapprochement de ces deux mots; le der• la femme de son amour une au moins de ces lage dans ce concours de beaute qui reunit sur la Beaute? Sans ce choix, nous eussions peut- nier, sublime abstraction, la Beaute, le premier series de qualites. Le choix me parait juste. Je le l'Olympe aux temps mythiques les sommites du etre cheri a tout jamais les jeunes filles echeve- pharmaceutique et experimental, evoquant les traduis : lees, a la peau fumante et brunie. Mais sans college des dieux? Callimaque nous dit qu'a pots, officines et pommades : et c'est celui-ci qui doute faut-il entrevoir dans cette aventure le cette competition pour le prix de beaute, Venus produit celle-la. Le fil de fer, la terre et la corne double visage apollinien et dionysiaque de la « Trots choses noires : cheveux, cils, pupilles. Trots et Minerve etaient favorites. Les preparatifs des rapee s'unissent pour donner au visage la beaute grecque, l'alternance de l'harmonie com- choses blanches : cornee, dents, paume des mains. deux candidates furent differents. Le carmin, le supreme retouche, lui permettre d'entrer dans khol, le blanc de baleine composerent patiem- posee et du dechainement. Trots choses rouges : langue, levres, gencives. Trois cette lignee divine, la Beaute. Entente secrete des choses rondes : cou, avant-bras, chevilles. Trois choses ment devant le miroir une Venus aux levres II n'est pas douteux que, des les temps pri- visages avec la couleur, les seves et les huiles, hautes, aux sourcils arques, au teint de lait. mitifs, ces deux aspects, correspondant aux deux Ungues : dos, doigts, membres. Trois choses etroites : premier pas de la grace feminine vers le Cosmos sourcils, nez, sexe. Trois choses larges : front, yeux, Minerve, dedaignant le miroir meme des eaux, poles de 1'a.me antique, coexistaient. Les cultes qui la transmue en valeur universelle. fit une longue course. Devant le jury, elle arriva de Dionysos Zagreus livraient aux forets des thorax. Trois choses charnues : joues, cuisses, mollets. haletante, teint vif, cheveux fous, gorge bat- femmes hurlantes et farouches, et si les filles du Mais la jeunesse grecque nous livre bien Trois choses petites : oreilles, fesses, seins. tante. Quelque Zeus libidineux, quelque Pegase roi Pretus — deux folles — parcoururent d'une d'autres ententes avec le macrocosme. Cepen- piaffant, quelque deesse cacochyme firent-ils seule haleine dix lieues a la course depuis dant qu'au grand siecle d'Athenes les divinites Gaston BAISSETTE.

9 8 gardiens du domaine; c'est a savoir : le pere, la more et ciaient guere de faire tout le trajet du quai jusqu'au trois ou quatre petits enfants. Imaginez ce que c'eut ete paquebot pour transporter une ou deux personnes seule- que de vivre dans de pareilles conditions aupres d'une ment. Au bout de cinq a dix minutes toutefois, nous com- famille napolitaine, les reprimandes bruyantes de la mere, mencames de trouver le temps long et de les objurguer les imprecations du pere, les hurlements de la marmaille, de nous conduire. Comme ils semblaient ne pas nous le vacarme de tout cela! Mais nos voisins, eux, ne criaient entendre, mes objurgations devinrent de plus en plus jamais; ils ignoraient ce ton d'irritation et de mauvaise vigoureuses, —jusqu'a tant que l'un d'eux prit les avirons humeur qui est de regie dans les classes populaires des en haussant les epaules et en me regardant : « Napoleon, autres pays; ils parlaient entre eux sur un ton modere de va! » dit-il avec un sourire... Et cet autre jour encore oil conversation. Et sans doute les paysans, les ouvriers ont nous trouvames, en rentrant a la maison, toutes les lampes en Grece des disputes epiques, ils echangent des injures allumees et filant jusqu'au plafond! Nous reunimes les homeriques, ils entrent dans des coleres terribles, mais ce servantes pour leur faire des reproches. Incapable de par- sont la des accidents en quelque sorte; le ton courant, ler leur langage, je me contentais d'appuyer par une mi- ordinaire des propos est, encore une fois, celui de la con­ mique appropriee les remontrances que leur faisait ma versation... Ah! c'est bien agreable! compagne. Sans doute ma mimique depassait-elle un peu Et puis il y a quelque chose encore qui m'enchante dans cette mesure que les Grecs savent toujours garder, car au ce peuple. Dieu sait combien de malentendus cree parfois bout d'un instant je vis la plus jeune des servantes qui entre nos voisins transalpine et nous une habitude a semblait avoir quelque peine a garder son serieux, et si je laquelle nous ne renoncerions pour rien au monde (Dieu ne me fusse tenu coi sur le champ, les remontrances se merci) et qui est celle de plaisanter. Ces voisins dont je fussent terminees en un rire general. Ah! mefions-nous de parle ont l'habitude de prendre tout au serieux. Chez les l'ironie grecque. Grecs, il n'en va pas de la sorte; l'ironie du peuple est II est bien d'autres charmes de ce peuple aime des delicieuse. Je me vois encore, a Candie, comme je voulais dieux. Je ne saurais les dire, mais je souhaite bien vive- regagner le bateau. La barque dans laquelle j'etais monte ment de les eprouver encore... attendait d'autres voyageurs, car les rameurs ne se sou- Jacques BOULENGER.

Ρ AYS ANNE DE LESBOS Simos Hnulzeos

CHARMES DU PEUPLE GREC

J'aime le peuple grec, je l'aime a cause de son hospita- qui ait circule en Grece et qui n'ait eprouve la bonne lite, de son esprit et de son ironie qui le font si parent du grace charmante qu'a le peuple a recevoir chez lui l'etran- peuple francais, a cause de sa mesure surtout, autant dire ger qui passe? de son gout, et pour une quantite d'autres raisons que jene Un autre charme du peuple grec, c'est son tacl, sa me­ sais pas et qui sont sans doute les plus importantes. sure, que les Alexandrine louaient deja chez Homere et Je crois que presque partout jadis les peuples consido- que nous pourrions louer encore jusque chez le dernier raient comme un devoir essentiel de bien accueillir l'etran- cireur de bottes d'Athenes. Un jour, a Naxos, nous avions ger, mais quels sont ceux qui ont conservee intacle aujour- invite a diner sur le bateau des paysans. Ces pauvres gens d'hui cette vertu-la, du moins dans notre Europe? lis n'avaient jamais vu tant de couverts, tant d'assiettes et sont bien rares. Les touristes — ceux du moins qui s'inte- tant de services. Ils regardaient soigneusement comment ressent a autre chose en Grece qu'aux musees et aux nous faisions, et ils nous imitaient scrupuleusement. Au ruines celebres, et qui sont entres en relations avec d'au­ total, ils se sont tires de l'epreuve de la facon la plus bril- tres personnages que les portiers d'hotels, — ceux-la lante, et personne ne se fut doute, a voir cette famille, savent que le peuple hellene pratique l'hospitalite avec modeste sans doute, mais vetue avec le soin et la proprete une bonne grace charmante. II m'est arrive plus d'une rigoureuse des iles, que ce fussent la des gens qui n'avaient fois qu'on me fit passer au premier rang au defile d'une jamais eu jusque la l'occasion d'entrer dans un restaurant. procession ou a quelque autre spectacle populaire alors Et ce ta

10 APHRODITE AU MIROIR

La Grece est, sans doute, de tous les pays du le proverbe, « ne pouvait pas aller a Corinthe », rnonde, celui qui peuple son Olympe du plus ce qui voulait dire qu'il fallait beaucoup d'or magnifique cortege de divinites feminines. En pour se permettre de gouter aux plaisirs de la recompense d'une piete qui rendait au senti­ cite des luxures. Les courtisanes corinthiennes, ment du beau un culte aussi devot, ces memes en effet, dit une epigramme de l'Anthologie, deesses semblent s'etre fait un plaisir de quitter « n'ecoutent jamais les cris des pauvres; mais, parfois Γ Olympe pour l'Attique, de s'y rendre des qu'un riche leur adresse la parole, elles se presentes dans la beaute des femmes et de les couchent ». Elles excellaient par leurs charmes a parer du charme de leurs graces. A force de attirer et seduire les armateurs les plus riches; et, prier et d'aimer ces deesses, a force de les consi- funestes autant que les Sirenes, ces « corsaires derer et de les admirer dans les formes parfaites de Kypris » ne les congediaient qu'au moment, que surent leur donner le genie des poetes et le dit-on, oil ils se trouvaient aussi nus qu'Ulysse ciseau des sculpteurs, la fine race des femmes devant Nausicaa. Pour mieux arriver a leurs grecques opera le miracle de se creer a leur res- fins, ces docles et madrees vendeuses de caresses semblance et d'incarner physiquement leur ne plaignaient point leurs peines. Le soin de image. leur toilette, quand elles voulaient briller, etait Bien plus, chaque categorie de femmes eut sa d'un raffinement interminablement complique, deesse en titre; chaque attitude de vie son equi­ et il ne leur fallait pas moins, parait-il, d'un jour valence divine, et chaque geste son repondant entier pour se baigner, se parfumer, s'epiler, se celeste. Hera, l'auguste epouse de Zeus, se farder, se coiffer. Quant au costume, c'etait un reconnaissait dans la saine et robuste majeste art encore plus delicat, car les courtisanes ne qui honorait la mere de famille et la femme s'habillaient, dit-on, que pour sembler plus feconde. Les fines chevilles et la taille elegante et nues. L'amour pourtant ne perdait point ses svelte de la chaste Artemis se retrouvaient dans droits, ni les larmes non plus. La belle Sa- le corps souple et gracile des jeunes filles d'Athe- mienne, Bacchis, nous raconte Athenee, avait nes. La tragique douleur de celles des meres qui un amant qui, avant de la quitter pour suivre avaient perdu leur enfant, se modelait sur le une rivale, lui fit don d'un collier de grand prix : visage de la Mere d'afflictions, de cette Demeter « Je prefererais, repondit Bacchis en pleurant, dont la souffrance atroce sut neanmoins garder le rude collier de tes etreintes! » Hyperide nous cette tranquille mesure, cette digne melancolie raconte aussi que la meme Bacchis aux yeux de et cette grave et sobre simplicite qui preside volupte vit un jour arriver chez elle un person- aux adieux que se font, avant de se quitter, les nage vetu de pourpre et d'or. C'etait un Satrape morts dont les steles peuplaient le Ceramique. de Perse qui venait lui offrir et son cceur et son trone. Chose remarquable, dans cette civilisation grecque si eprise de la beaute masculine, ce fut — II me plairait certes, repondit Bacchis, pourtant une deesse, Aphrodite, qui devint la d'etre riche et puissante; mais il me plait davan- supreme incarnation du Beau. Elle etait la tage de me blottir en silence sous le manteau, Beaute, selon la chair et l'esprit, la reine de la meme rape, de mon amant. » grace et la souveraine de l'amour et de la Cette meme Bacchis, ajoute-t-on, s'enamoura volupte. d'un poete indigent. Comme un riche armateur Divinisees par les poetes, ses pretresses, lui proposait, si elle quittait son poete, une fas- qu'elles aient ete des courtisanes sacrees comme tueuse opulence, la fine Samienne repondit a Corinthe ou de fibres amoureuses comme cer- simplement : taines favorites d'Athenes, firent a son exemple — J'aime mieux la misere avec mon amant de l'amour un culte, de la volupte un rite, de la que la richesse sans sa douce presence. beaute une purification. A la verite, tout le monde, comme l'affirmait Mario MEUNIER.

E. Seraf APHRODITE (MUSEE NATIONAL D'ATHENES) 13 LES METEORES Boissonnas

Solitude de la Grece

Le paysage grec se mit a bouger tout a coup. Des montagnes surgissant de toutes parts animerent la surface terrestre de la Grece. Des forets naquirent dans le desordre des pentes. Des rochers faits au tour et polis comme des statues s'eleverent au-dessus des plaines chaotiques, comme aux temps prosperes de la mythologie. A travers la lumiere du matin, des ports blanchirent lentement au creux des golfes. Une Grece bucolique, sylvestre et crepusculaire, peuplee d'architectures ruinees, de plages blondes, de villes brillantes et ouvertes apparut soudain aux yeux du voyageur. Le pays imaginaire, la Grece faussement ideale, issue des reves des annees scolaires se perdit au fond de sa memoire. Une Grece presente, palpable et qu'on le veuille croire ou non, une Grece toujours physiquement la meme, re'vela sa realite pathetique a la place de sa propre construction abstraite,faite de noms illustres et de carton. Ces belles photographies de Boissonnas sont le temoignage fidele de ce miracle. IIy manque pourtant une image, une image sans laquelle il m'est impossible d'evoquer ce pays de la solitude. Un paysage ou il n'y aurait que I'essen- tiel : la terre avec sa peau tendue et la lumiere. Solitude de la Grece. Des milliers de touristes pourraient venir se meler a cecoin de la terre. Ils ny passeraient pas moins inapergus. Ce coin n'en resterait pas moins solitaire.

F. TERIADE.

15 LE PIREE Boissonnas

CORFOU Boissonnas

LE PINDE (THESSALIE) Boissonnas GORTYNE (CRETE) Boissonnas MUR CYCLOPEEN (EPIRE) Boissonnas elle se refusait a croire qu'une Francopoulos ait Apollonius de Thyane, ne fut pas plus surpris jamais quitte Naxos pour suivre un etranger. lorsque le fantome lui apparut rase, alors qu'il Quant a MUe de Sommaripa, elle m'avoua l'imaginait avec une barbe, que je ne le fus moi- soudain avoir lu la nouvelle de Gobineau dans meme par 1'apparition de Sophia, la nouvelle une traduction grecque. Mais ce ne pouvait etre Akrivie. la, pensait-elle, qu'un conte fantaisiste. A sa Au seuil du portail, je n'etais plus le lecleur SOPHIA connaissance, aucun des Pyrgos de l'ile ne por• complice de Norton, mais, exile du reve et par• tait les armes des Francopoulos. Peut-etre en ticipant en quelque sorte d'une action rajeunie, cherchant du cote de je me retrouvais Norton Langares on trouverait lui-meme. Tous les voyageurs en Grece ont lu la ravis- destin et leur elan qui portait le cceur jusqu'a la un indice; mais e'etait Le Pyrgos au milieu sante nouvelle Akrivie Phrangopoulo qui figure gorge prend le nom de pressentiment ou de pre• loin, il fallait des mulets de la cour comme un de dans les Souvenirs de Voyage, de Gobineau. Je ne monition selon la duree, breve ou longue, qui lle et M de Sommaripa, immense, semblait inha- connais pas d'histoire d'amour plus charmante. precede leur accomplissement. n'y etant allee qu'une bite. Devant moi, un C'est Gerard de Nerval dans les Cyclades. C'est C'est une de ces premonitions qui m'achemina fois dans son enfance, escalier de pierre por- « Sylvie » a Naxos. par des detours pareils a ceux du reve vers n'en avait garde qu'un tant une passerelle, reste l'archipel grec et m'y fit decouvrir, en la per• Si Ton peut imaginer dans le cadre de marbre vague souvenir. du pont-levis, permet- que constitue la porte du temple de Dionysos, le sonne de Sophia de Naxos, la reincarnation De toute evidence, on tait d'acceder a la porte fantome mouvant d'Ariane mele aux dauphins lyrique d'Akrivie. se souciait peu du d'entree qui pergait qui cement de leurs jeux l'ilot de Palati, si la Les evenements qui determinerent le premier charme d'une arriere- l'edifice au centre de sa ville de Naxos propose encore, comme un sou• depart offriraient la matiere d'un de ces veri- parente disparue; on fa£ade. J'allais me deci• venir de Thesee, en s'etageant jusqu'a l'Apano tables romans ou l'avenir se manifeste par inter• tenait a laisser Akrivie der a en gravir les pre• Castro qui la couronne, le veritable labyrinthe ferences : signes conjugues, solicitations impre- a son obscure legende mieres marches lorsque oil le visiteur egare ne se retrouvera qu'en se vues, hasards depistes, — bref, toute une etrange et Ton me faisait poli- Sophia parut. Elle laissant guider par la pente naturelle de la col- conspiration, toute une filature a rebours, c'est- ment sentir que ces s'arreta un instant sur line jusqu'a la mer, le centre de File par contre a-dire proposant constamment a mes pas une vieilles histoires de fa• la passerelle, me consi- garde, comme l'amande, le germe antique de la piste nouvelle et aboutissant a la fin a ce sillage mille ne me regardaient dera en souriant, puis, poesie; et les greffes conjuguees de Byzance et d'ecume, qui paraphait derriere le paquebot qui pas. II n'y avait pas a avec une grace indefi- de Venise font refleurir au pied du mont Zea m'emportait, l'imprevisible manifestation du insister. nissable, elle descendit une mythologie plus romanesque, plus humaine, bonheur grec. l'escalier en accompa- si pres de nous et si touchante avec ses temples Ceux des ledleurs de ce cahier qui l'ont eprou- Je n'en continuais pas moins mes recherches. gnant chaque pas d'un aux coupoles coloriees, et ses pyrgos creneles de ve comme moi, savent que l'enthousiasme peut geste des bras qui res- la double come du Minotaure. exceptionnellement se permettre d'user de pa• Je suivis pas a pas le heros de Gobineau et, semblait a la fois a un C'est dans l'un de ces pyrgos que l'officier de reils raccourcis. D'ailleurs, sans tricherie, pour- en confrontant les peri- battement d'ailes et a la marine Norton, le compagnon de voyage de rait-on s'exprimer autrement? peties du recit avec la plus spontanee des reve• Gobineau, trouva Akrivie et l'enleva. On sait relation exa&e du voya• rences. maintenant que le capitaine de la goelette • ge de Buchon, je decou- anglaise n'etait autre que le pere de Lafcadio Elle se posa litterale- vris, a une douzaine de Hearn. Et rien ne me surprit moins et ne m'emut Je debarquais a Naxos quelques jours avant ment a mes pieds. kilometres du port et au J'avais devant moi davantage que cette decouverte qui me permit la Paque grecque, en 1931. J'appris aussitot que centre de l'ile, le fa- une petite fille sans age, de reconnaitre, et de trouver reunis en la meme la derniere descendante des Francopoulos — s meux chateau d'Akrivie. personne, l'auteur de « Feuilles de Litteratures Phrangopoulo n'etant qu'une deformation litte- plus jeune certes que II correspondait en tous etranges » et le fils de la divine Akrivie. raire qui signifie d'ailleurs : fils de — l'Akrivie de Norton, s'etait alliee a une ancienne famille venitienne points a la description du livre et son authen- mais paree a n'en point douter du meme visage ticite n'etait pas douteuse puisqu'au-dessus du merveilleux. Ses cheveux boucles flottaient sur le • de l'ile, les de Sommaripa, et qu'elle habitait avec sa fille l'Apano Castro qui n'est autre que grand portail y figuraient, sculptees dans le col marin de sa robe et elle me regardait avec des marbre, les armoiries des Francopoulos. yeux trop grands pour elle, des yeux qui m'em- Je revais de Naxos. l'antique demeure des dues de Naxos. pechaient de rejeter d'un coup mon uniforme On se fit une fete de me'recevoir. On m'offrit suppose et ma romanesque personnalite. • des confitures, de l'eau-de-vie de citron et Ton On dit que la nature imite l'art. Que la vie ecouta jusqu'au bout le recit des aventures est un songe... — Je m'appelle Sophia, dit-elle en fra^ais, et II n'est pas rare qu'un desir desinteresse se d'Akrivie. Je crus neanmoins discerner dans Je serais plutot porte a croire qu'en certains ce monsieur est mon pere. trouve comble par un brusque enchantement. l'attitude de Mme de Sommaripa et, par contre- lieux et dans certaines circonstances, comme Le pere de Sophia se tenait derriere moi et me Je parle d'un de ces desirs qui se distinguent mal coup, dans celle de sa fille, une certaine gene et dans les ceremonies occultes, la vie imite le reve, tendait la main. Je remarquais qu'entre deux des aspirations profondes, qui s'accompagnent aussi une grande reserve dans leurs reponses. le reve la vie, et ainsi indefiniment, en une suite doigts de l'autre main il serrait delicatement par toujours d'un rayonnement euphorique et fina- Mme de Sommaripa avait bien entendu parler d'echos alternes et d'images parallelement refle- 1'extremite de ses ailes un papillon de nuit. Son lement s'identifient avec l'essence meme de autrefois d'une jeune fille qui... Mais s'appelait- chies. regard allait du papillon a sa fille, et il souriait l'etre. lis s'averent sensibles au magnetisme du elle Akrivie? Elle ne pouvait le dire. En toutcas, Et certes, le magicien Eliphas Levi, evoquant en me montrant le chemin.

24 25 — Mon pere s'excuse de ne pas parler le fran- qui permettait, de l'interieur, d'acceder au som- gais, dit Sophia en chantant ses mots a la grec- met de la tour. Cette echelle mobile etait celle que, mais vous lui feriez un grand chagrin en que descendit Akrivie devant Norton. On 1'en- n'acceptant pas son hospitalite. levait a la derniere extremite, lorsque le chateau Sophia reprit son vol dans l'escalier et son etait cerne par les barbaresques et que ses habi­ pere, tenant toujours le bombyx au bout des tants en etaient reduits a chercher un ultime doigts, me fit signe de la suivre et de le preceder. refuge sur la terrasse. Lorsque j'entrai, les femmes comme autrefois Celle-ci, rigoureusement carree, defendue par se tenaient dans la premiere salle blanche et ses creneaux fourchus, etait en terre legere toute voutee. Elles s'occupaient, parmi des paniers de fleurie de marguerites. II y avait dans un coin mais et d'oranges, a des travaux de tissage et de un fut de colonne provenant de quclque temple broderie. Sophia, apres m'avoir presente a mine. On se servait de ce ΐΓοηςοη de marbre 1'une d'elles qui etait sa mere, me fit elle-meme pour aplanir le sol de la terrasse apres les pluies. les honneurs de la maison. Elle s'empressa de Sophia prevenait toutes mes questions. Elle allait preparer le cafe turc non sans m'avoir offert au de creneau en creneau, me designant du doigt, prealable, pour me faire patienter, tout ce derriere les bois d'oliviers et de cypres, les vil­ qu'elle avait pu trouver : fruits, confitures, lages lointains et pourtant si nets, si precis de loukoum, ouzo... contours dans la lumiere egeenne, qu'on distin- Enfin, satisfaite des soins dont elle m'entou- guait les moindres details de leur architecture rait, elle vint s'asseoir aupres de moi et me confia rediligne et toutes les nuances de leurs coupoles. qu'elle apprenait le franQais a l'ecole des Ursu- Je ne pouvais me decider a quitter ce lieu, qui lines de Naxos et que son plus cher desir serait de demeure pour moi le plus beau du monde. Pour­ voir Paris. Elle ajouta : « J'irai peut-etre un jour tant la nuit tombait et Sophia me faisait obser­ si Dieu le veut. Mais je n'ai que neuf ans. » ver que les paysans de Tregeia, coiffes du bon­ On lui en eut donne davantage sans retran- net rouge Phrygien, rentraient au village, assis cher a sa jeunesse, tant elle semblait etrangere a sur les anes minuscules. son age. Pourtant, elle trahit tout a coup cet Nous redescendimes et je pris conge de mes attrayant prestige et se revela l'enfant qu'elle hotes en promettant de revenir. Sophia m'ac- etait encore. Ce fut lorsqu'elle m'apporta, avec compagna jusqu'au petit ruisseau de Chalki qui CHENES DU MONT IDA (CRETE) Boissonnas une sorte de naivete religieuse, l'objet qui devait coule entre des orangers geants. etre pour elle le symbole du merveilleux occi­ — Voyez, dit-elle, et elle me montra les tor- dental : une boite a musique du siecle dernier, tues. sur laquelle tournait une petite danseuse de por- Nous nous quittames. Je regagnai Naxos, puis celaine. Athenes, et je ne devais revoir Sophia qu'au Pendant que la poupee dansait sur l'air trem- printemps dernier. Quattendrais-je de la Grece? blant d'un clavecin d'insecle, Sophia, a genoux devant elle, ne quittait pas mes regards. Et je ne Je ne puis mieux illustrer ces souvenirs, neces- Je n'attendais rien de la Grece. Je n'en attendais rien parce que fen attendais trop. Nourri de ses poetes et de ses pouvais me defendre d'un trouble leger qui, der- sairement incomplets, qu'en y joignant une historiens, de ses sages et de ses philosophes, abreuve par la splendeur inegalee de ses sculpteurs et de ses architefles, riere la candeur de la fillette, atteignait la photographie de Sophia que son pere me remit comment oserait-on esperer d'une visite aux seules mines de tant de grandeur, une emotion egale a la notion constituee femme naissante. (J'ai su depuis, par la Supe- au Piree. On n'en verra pas les couleurs, mais autant par les longues etudes que par Vintrepide imagination. rieure des Ursulines, combien les petites insu- Sophia la coloria elle-meme, en copiant sans Tout cela estfini et ne vit plus que dans les livres, les musees et dans le rive, nous disait-on et se disait-on. laires sont precoces — et ma jeune hotesse en doute le maquillage de la petite ballerine de Or, le miracle, le nouveau miracle hellenique, ce fut qu'au retourje me trouvai saoul de plus de beaute que je particulier.) porcelaine. n'en avais rive jamais. Je connaissais les livres, les chefs-d'wuvre de marbre, de bronze et de pierre, je connaissais les La danse finie, Sophia, toujours silencieuse, chants et les preceptes etje rapportais la notion combien plus pathetique encore, puisqu 'encore vivante et efficace, du alia ranger dans sa chambre le precieux jouet. Je conviens, en concluant, de la dispropor­ Mais, quand elle reparut, c'etait elle qui dansait tion qu'il y a entre ce simple recit et les conside­ lieu oil tout cela naquit et naquit tout naturellement car les alieux » sont lesperes des hommes, des choses et des acles. en fredonnant un air populaire des iles oil il est rations plus vastes qui le precedent. Mais cette Le paysage grec, dont f espere avoir un jour le loisir de deceler le secret, la lumiere hellenique que tant d'autres question de la mere d'une fiancee qui fait tenir disproportion n'est qu'apparente. Et je n'ai ont chantee, le magne'tisme de certains points telluriques, agissent toujours et expliquent qu'ily ait eu la une vertu la lune dans la flamme d'une bougie. voulu projeter de lumiere qu'en ce point oil le creatrice et, positivement, une revelation. — Venez, dit-elle, nous verrons toute la cam- sens de vivre rejoint avec plus de lucidite la fan- Qui ne songe, Vayant vue unefois, a retourner en Grece? pagne. taisie errante du destin. Pour moi, ce n'est pasy revenir en touriste dontje reve, maisy sojourner, y vivre de longs jours et, sans hate, me Elle me prit la main et me conduisit a 1'echelle Roger VITRAC. plonger dans cet enseignement, dans ces influences du climat et des dieux qui bondissent toujours au pied des Phae- driades comme sur les rives incomparables de V Alphee. Et pour revoir, car les dieux sont aussi dans ce sourire, le bel accueil que nous offre partout le perpetuel sourire des enfants grecs pour qui, le voyageur semble toujours je ne sais quel envoye celeste. Gabriel BOISSY.

26 27 theatre de Dionysos au pied de l'Acropole et le site feutre dans sa poche, reprend sa chambre noire et son sacre de Delphes. Car rien n'est plus apollinien que le pied a coulisse et s'en va. La Grece presente ses mer- premier, rien n'est plus dionysiaque que l'autre. veilles en toute simplicite, et j'oserai qualifier d'har- Lorsqu'on s'asseoit sur les gradins de marbre du monieux cet accord entre la vie quotidienne et la vie theatre de Dionysos, de ce marbre tiede et doux qui perpetuee de ces ruines magistrales qui demeurent semble palpiter, on voit alors s'associer la Nature a toujours dans l'instant, au confluent toujours tragique l'ceuvre de l'homme, car Ton constate que les mon- du devenir et de l'immuable. tagnes environnantes et le ciel meme viennent lui A Delphes aussi, les montagnes demeurent les donner sa signification complete et magnifier son memes, et les gorges et les forets; et toujours dans le existence, dans laquelle se sont deja concretisees les ciel planent les aigles. Ici regne Apollon, mais quoi de harmonies numerales de l'architedure. Le Grec ne plus dionysiaque que ce lieu sacre? Ici se trouvait s'aneantit pas dans la Nature non plus qu'il ne l'asser- l'omphalos, centre de l'Univers, oil se reconcilient vit; mais en s'accordant avec elle, il garde ainsi lui- toutes les contradictions. L'oracle parlait au nom meme sa propre autonomic et realise la plenitude de d'Apollon, mais Dionysos invaincu hantait les forets. son etre. Existe-t-il de site plus sauvage — et plus harmonieux ? Ce sont toujours les memes montagnes, c'est tou- Car l'harmonie veritable exprime la totalite de l'Uni­ jours le meme ciel. Le theatre est mine, mais les sieges vers et l'Univers n'est pas une chose mediocre. Peut- de marbre sont plus confortables, oui, plus intelli- etre etait-ce a Eleusis que cette harmonie atteignait sa gemment confortables que les fauteuils du Para­ plus vaste ampleur et sa plus haute exaltation. mount. Et rien ici ne salit la vue. Des citoyens helle- La-bas, les processions ne parcourent plus la voie niques s'asseoient 9a et la sur les gradins autour de eleusinienne, ici l'oracle delphique s'est tu. Mais les l'orchestre a jamais deserte. lis lisent le journal, ou sites demeurent, ensembles de ruines intemporelles et revent, ou bien ne font rien du tout. Un photographe d'une nature toujours vivante, d'ceuvres toujours ambulant arrive; il pose son appareil et, sortant une vivantes et d'une nature immuable — multiples har­ paire de ciseaux de sa poche, decoupe le bord effrange monies. de son chapeau; il met soigneusement l'anneau de Raymond QUENEAU.

HARMONIES GRECQUES

C'est malheureux tout de meme d'avoir des pre- vrai1. Le miracle grec qu'etait-ce, sinon la perte de juges! Parce qu'on est tres ferre sur la poesie fran$aise tout sens metaphysique ? il y avait bien la de quoi depuis 1870 et la peinture catalane de ces dernieres s'extasier! La beaute grecque c'etait l'avachissement annees, on imagine que la Grece c'est de la crotte; et de la statuaire de basse-epoque et nul doute qu'on ne si Ton s'aventure sur cette terre « classique », on vou- vit alors dans l'eglise de la Madeleine un authentique dra bien condescendre a admirer les « idoles » des exemple de l'harmonie grecque. Car harmonie sem- Cyclades qui sont en effet fort belles, les idoles comme blait vouloir dire mediocrite. les Cyclades; mais la condescendance ne descendra Est-ce notre faute si nous avons eu de mauvais pro- pas plus bas que le ixe ou le vme siecle. fesseurs ? II faut dire qu'on nous a bien tannes avec le miracle Nietzsche, qui etait un professeur genial, nous grec et la priere sur l'Acropole. Et avec l'harmonie apprit dans ce livre si intelligent, I'Origine de la Tra- grecque. Mais la faute n'en etait qu'aux estheticiens gedie, que l'harmonie supreme enseignee par la Grece du type Winckelmann qui prenaient la Grece pour naissait du traite conclu entre Dionysos et Apollon. une province de Γ Empire romain, pour ne pas parler II existe deux endroits oil Ton peut comprendre et de ces historiens malfaisants qui confondaient le revivre cette « lutte de principes » et en voir la resolu­ siecle de Pericles et le siecle de Louis XVI. Ces tion harmonieuse, harmonie dans laquelle chacun messieurs donnaient pour expression de l'hellenisme d'eux reste lui-meme et devient aussi l'autre : le le plus pur, le sous-alexandrinisme croupissant de la Rome imperiale, cette culture a l'usage d'entrepre- 1. Quant a l'alexandrinisme veritable, il £tait lui-meme mi- connu; tout comme Byzance, cette autre manifestation essentielle de neurs de batisses, les meilleurs in the World, il est l'hellenisme.

SIEGE D'HADRIEN (THEATRE DE DIONYSOS) Boissonruu 28 C'est sur la route qui mene a Mistra que je geance retentit aux echos du Taygete et que rencontrai une seconde Helene, non plus enfant maint coup de couteau reglat cette affaire la? mais jeune fille. Je m'arretai un instant a la contempler et je Elle m'apparut dans le cadre d'une porte songeais a la parole de Properce : « Ο Sparte, ouvrant sur un jardin d'orangers. Elle etait nous admirons les usages de tes gymnases oil les La Nouvelle Helene blonde, et je laisse a penser a quels jeux le soleil jeunes filles s'exercent nues, sans deshonneur,

— Sont-elles jolies ? molle et nonchalante qu'elle a de glisser sur les C'est la question qu'elles me posent avant de dalles de marbre des trottoirs d'Athenes, des­ s'informer de la couleur du marbre des Propy- cend en ligne a peine sinueuse des belles cane- lees. phores des panathenees. Elle porte son petit — Sont-elles jolies ? Sont-elles brunes comme feutre ou sa paille legere avec cet air qu'on voit Leda, blondes comme Helene de Sparte? Et aux porteuses de corbeille de la frise du Par­ l'arete de leur nez prolonge-t-elle la ligne de thenon. Mais les talons hauts ont tout gate, et il leur front ? faut etre fanatise par un violent philhellenisme C'est la curiosite qu'elles ont quand je reviens — c'est mon cas — pour retrouver cet air de de Grece et qu'elles m'entourent, anxieuses qu'il canephores aux passantes de la rue Phidias ou y ait a Athenes des femmes plus jolies qu'elles. de la rue Sophocle. Mais oui, bien sur, il y a des jolies femmes en Grece comme il y a des jolies femmes au Por­ tugal, en Ecosse, en Hongrie, en Lithuanie, A Sparte, j'ai passionnement cherche parmi ailleurs aussi. Toutefois, la beaute grecque est les dames que je rencontrais au cours de mes une beaute noble et cette noblesse de beaute la promenades celle qui me donnat un instant est si peu repandue en Europe qu'il est agreable l'illusion d'etre un nouveau Paris. Ce n'etait pas de s'arreter a la considerer. que j'attendisse de me trouver face a face avec Qui n'a point vu a Corfou les femmes du vil­ une creature sortie d'un ceuf a la fa9on d'Helene, lage de Gastouri aller a la fontaine ne peut com- fille de Leda. On m'avait enseigne qu'Helene prendre pourquoi tout collegien fut amoureux etait si belle qu'enfant deja, elle enflammait les de Nausicaa. Elles glissent sur l'herbe des oli­ cceurs, et que Thesee, l'ayant vue danser au vettes comme les dames des tableaux de temple d'Artemis a l'age ou nos Helenes jouent P.-P. Prud'hon, sans ecraser une fourmi, sans au cerceau, l'enleva et lui fit, en gage de son dcplacer la hampe d'une graminee; et quand admiration, une fille appelee Iphigenie. Je n'etais elles regagnent leur maison, alourdies de la pas si exigeant. Je decouvris une premiere He­ pleine cruche qu'elles portent sur la tete, elles lene allant d'un pas leger par les lauriers de PAYSANNE DES II.ES Delanglade prennent aplomb des orteils et du talon sur le l'Eurotas; elle pouvait avoir dix ans : c'est, en sol avec la force tranquille des jeunes filles de Laconie, un age qui a, depuis longtemps, passe du Peloponnese se livrait autour de cette cheve- au milieu des lutteurs. » Mais ce n'etait qu'une l'Erechtheion. Elles passent, la tete est immobile celui du cerceau. Aussi bien cette enfant etait- lure : c'est ainsi qu'en nos climats le soleil de songerie... sur le socle du cou, la hanche est mouvante a elle ornee des plus gracieux attraits : sa poitrine juillet chauffe et dore les gerbes moissonnees. Que d'autres Helenes n'ai-je point croisees sur peine, mais le regard est remuant, vif, pene­ etait ronde et haute comme celle des kore de Son bras droit, haut leve, s'appuyait a la tige mon chemin! Elles s'appelaient Vasiliki, Lou- l'Acropole; ses jambes artemisiennes etaient trant, et si le mari ne se trouve point dans les torse et pelante d'un vieux ceps de vigne; sa louka, Marika, Angeliki. Quel que fut leur nom, faites pour la poursuite du cerf et du chevreuil, parages, une douceur furtive glisse dans l'ombre main gauche etait posee a la hanche; le corps quelle que fut la teinte de leurs cheveux, elles ses mains pour cueillir les pommes des Hespe- de leurs cils quand elles vous croisent, et c'est etait abandonne dans une pose de nonchalance etaient Helene par ce je ne sais quoi de fatal rides, ses bras — autant que je les pouvais entre - et de mollesse qui lui donnait un air de placidite alors qu'on songe a cette Nausicaa dont on qu'elles portaient dans leur regard, dans leur voir par les accrocs de sa tunique — pour porter et de calme attente. revait sur les bancs du college. demarche, dans leur sourire, et qui jetait les sans faiblesse 1'enfant que Thesee lui eut fait. Je Les Atheniennes de la rue Hermes ne portent Qu'attendait-elle en ses dix-huit ans cette hommes dans la fureur de la passion. la saluai d'un gentil kali mera auquel elle repon- pas sur la tete une cruche d'eau claire; mais la nouvelle Helene, sinon que des jeunes hommes Oui, les Grecques sont jolies. Mais elles ont dit par un murmure, et je connus au son de sa grace cambree de leur demarche rappelle celle se la disputassent, que l'un d'eux 1'epousat, que Fame forte, et c'est ce qui les rend belles entre voix que cette jeune Spartiate abritait deja en des filles de Gastouri. Soyez sur que mainte les autres en eussent du depit, qu'un etranger toutes. elle-meme les puissances de l'amour. jeune femme qui vous surprend par la fagon passat par la et l'enlevat, que le cri de la ven- Maurice BEDEL.

30 31 PHOTO DE D Ε LPH ES SIMPLE AOUT Ε Χ Ε Μ Ρ L Ε

1934 Je descendais du Stade de sa necessite : de la parcelle Delphes : ses architeftes con- elementaire au plus grand sentirent a perdre pres de la organe, de la feuille de lau-

m moitie des places afin de lais- rier a la montagne, du chant DELOS Μ<™ Milas DELOS Ai « Milas ser contribuer au spectacle rythme des seches cigales a des jeux la lente monodie la vaste mer, du plus petit Cette Grece du mois d'aout 1934 ne ressemblera jamais moment, par surprise, a travers des jumelles, Marseille modulee des montagnes. detail de l'architecture a la a aucune autre. Merveilleux prestige de ce pays! Minus­ et les cotes de France. Je venais de m'asseoir au masse imposante du Par- cule dans l'espace, presqu'infini dans le temps et pour qui Les autres, ont cet air a la fois triste, fanfaron, apeure Theatre, un touriste lisait a nasse, de la finemoulur e a cet chaque instant a le poids de Tor. Mouvant et immobile, et confiant, de tous ceux qui partent pour decouvrir un d'autres Promethee. Ce essaim de grands aigles lents il se recree a chaque minute, toujours a son point extreme pays nouveau. Une fraternite encore timide les lie les uns n'etait pas sa voix qu'on en- et surs qui planent sur la de densite. Les trois, les quatre, les mille dimensions de aux autres. lis se sont mis a cent cinquante pour inventer tendait, mais une grande voix vallee, tout, de l'element aux l'espace reel, de la poesie, de la legende. Reel par la pierre, un pays ideal : un reve de pierres brulantes, d'eaux doree qui semblait emaner elements, tout se soumet de divin par l'air, magique par tout. fraiches, de femmes souriantes, et qui disparaitra avec la de la vasque immense duval, bonne grace a plus haut que fin du voyage. et les paroles retentissaient soi: a la haute idee de l'uni­ Cette croisiere leur semblera, dans le cours de leur vie, marmoreennes, et muries te qui domine tout. Ici s'im- comme une ile mysterieuse, un morceau detache de leur comme des statues antiques. pose naturellement, que e suis alle en Grece comme on dit : II faut en finir. enfance qui errait a leur recherche depuis Homere dans toute reussite implique que Lien n'etait commence. J'arrivai aupres du Tresor i l'espace et contre lesquels ils sont venus se delicieusement des Atheniens, seul edifice furent obeies les lois fonda- blesser. encore debout sur la colline mentales du monde : que du sancluaire. tout est necessaire a tout et Quand je me suis rencontre a Thassos, je me suis de- Je tournais autour du petit qu'il n'y a pas de details insignifiants. mande par quelle folie, jusqu'au mois d'aout 1934, je On ne revient jamais en Grece. On la gagne une fois edifice, je le prenais par tous DELPHES Ozenfant m'etais pris pour moi-meme. pour toutes. On 1'attend sans le savoir comme on attend les bouts : de loin, de plus Done, je rodais autour du la femme qui vient vers vous a travers l'avenir; comme on loin, de pres, de plus pres tresor des Atheniens, je bra- attend, en dormant, la mort. Comme Rimbaud attendait encore, sous le nez de ses corniches, je grimpais le flanc de quais mon Ontoscope et je cherchais pour la plaque le les Illuminations et Mozart Don Juan. la colline pour le contempler autrement : tout changeait. moment le plus synthetique de la piece qui se jouait. Mais J'ai fait des des avec trois petits cubes de marbre trou- Voir Delphes, et naitre. Mais sous les angles les plus varies c'etait toujours aussi c'etait toujours divers et aussi sobrement eloquent. Je ves a Delos... L'avenir est a moi! bien. Je m'assis : si je bougeais un peu les yeux, deja tout vivais la pensee que : « l'art est la variete dans l'unite ». se mouvait; le moindre mouvement de ma tete modifiait Je sentais que je n'avais pas encore trouve le lieu de l'accord total qui resumerait autant que le peut une pho­ Devant le Parthenon, la tete se delivre; les idees mi- continuement les positions relatives de l'edifice et des tographic mes bonheurs de Delphes. Tout a coup, apres La Grece est-elle bien un pays? Plutot un instant de roitent; l'intelligence s'ebroue. Tout le monde se sent choses voisines ou lointaines et c'etait encore et toujours bien des visees, conduit par les lignes du temple et celles du chacun de nous, la minute de la grace; la seconde oil les pret a decouvrir une nouvelle dimension de l'espace; comme une belle musique melodieuse que chantait un paysage, subitement je declenchai : sur la glace depolie des sont en l'air. une nouvelle theorie de la lumiere. Tout y est section chceur de formes cristallines : celles agencees par l'archi- du reflex je venais de voir les lignes des roches Phoe- d'or et accord parfait. te&e et celles du grand site delphique. Si je me penchais, l'architrave s'articulait sur Tangle nerveux des murs, si je driades continuer exactement celles du Tresor : voyez les Devant VHermes de Praxitele, tous les jeunes gens se A mesure que le bateau descend vers l'Orient et vers la me levais, la fuite des rempants se levait avec moi, et toute cretes de la Flamboyante poursuivre rigoureusement les dehanchent, posent la jambe comme vous savez... legende, le coeur de tous les passagers descend vers l'en- la vaste Delphes accompagnait le mouvement; des amities rempants, et la Rousse ajouter ses modulations a la decla­ fance. Tout devient mystere. Mystere d'un bracelet qui La chair se sublime et 1'esprit se laisse prendre a la main. entre les triglyphes et les profils des montagnes nais- ration laconique du fronton : l'accord parfait jouait avec sonne; mystere d'un journal qui bat de l'aile sur des On reste « la-bas » comme une statue invisible, comme saient; d'autres jeux varies de perspectives commencaient la parfaite entente de l'individu et du milieu. genoux; mystere triste d'un collier qui se brise et se repand une equation gravee dans le vent et Ton ne renvoie en si je me courbais. La mathematique des blocs contrastait France qu'une apparence. Votre regard est capte par la courbe des roches de en perles sur le pont; mystere comique d'un panama avec les rocailles et les rocs renforcaient Γ exactitude des gauche, choit le long de l'arete verticale du cube, hesite presque de l'lnstitut que le vent entraine a la mer. Tout prismes. parmi les ruines, le regard grimpe sur le bord extreme de est miroitant et pourtant secret. Tout est marbre et feuil- La petite maison de marbre blanc en tout autre lieu la muraille, s'engage sur la pente du toit, fait un d6tour lage. Tout est Antigone et Hippolyte. II faut venir a Tous, nous avons compris qu'il y avait un secret essen- que la Grece, a Nimes par exemple, eut ete la vedette pour contourner le fronton, et part enfin tumultueusement Delphes pour tuer Shakespeare. tiel a Eleusis. Nous n'avons pu en douter. II s'est abattu egoiste et le reste rien qu'un decor sacrifie ici, en Hellade, sur les vagues de la Flamboyante. C'est une symphonic sur nous comme un vol d'aigles. Personne n'avait envie je n'eusse pu penser que ce centre architecture etait autre Ainsi, partout en Grece, la nature toute en courbes, de le connaitre. On le sentait en soi. On etait sur de sa chose qu'un des acleurs soumis a l'unite de la piece s'ajoute par des liaisons intimes aux ceuvres rectilignes entiere : depuis les brindilles et le lezard courant a mes des hommes, fait ainsi l'union et contribue a la sommation Un soir, a Thassos, une barque errait autour du bateau. presence. pieds, jusqu'au fond de Thorizon, tout etait coherent, de tous les contraires et des affinites en un meme temps, Deux voix jeunes et graves chantaient la serenade de Pourquoi serait-ce le secret de quelque chose ? unanime et necessaire, et moi meme, comme en symbiose pour un meme regard. Schubert. Deux voix qui paraissaient se caresser dans C'est LE SECRET. avec le temple et le paysage, je pensais collaborer. Et de l'air, s'elever ruisselantes de l'eau... Le plus stupide du Et les archite<5tes Grecs le voulurent qui courberent fait, par mes mouvements, je collaborais. bord ressemblait a Ulysse au passage des sirenes... subtilement les marches du Parthenon et l'entablement, Dans un an, vous croirez que je suis heureux de vous Partout en Grece, la nature s'interesse, participe aux ou pencherent certaines des colonnes afin de faire epouser revoir. Je ne vous reverrais pas vous, mais une epave de monuments des hommes; elle y preside. Car tout en Grece par leur Temple les collines, les montagnes, la plaine de mon bienheureux naufrage. preside : je veux dire que chaque chose, du plus menu 1'Attique, la mer du Peloponnese et l'orbe de l'hoziron. Ceux qui ne sont pas murs pour 1'enchantement, ce element au plus vaste tout est distinct: et semble avoir la sont ceux qui s'obstinent k voir encore, jusqu'au dernier Andr6 de RICHAUD. connaissance et comme la fierto de son individualite par OZENFANT.

32 33 ITINERAIRE DE LA CROISIERE DU " PATRIS II"

PPJNTEMPS 1935 (11 AVRIL-3 MAI) LE

11 avril : Depart de MARSEILLE a midi. 22 Arrivee a RHODES a 8 h. Debarquement, et PRINTEMPS EN GRECE 12 — En mer. visite de la ville a pied. Visite du Musee. Retour a bord. Dejeuner. Apres-midi — Arrivee a PALERME a h. Debarquement 13 7 libre. Depart a 19 h. pour SAMOS. a 9 h. Visite de la ville : Palais Royal, Cappclla Palatina, S. Giovanni degli 23 Arrivee a VATHY a 7 h. Debarquement et Eremiti, Jardin Botanique; visite du Mu­ promenade, en auto. Retour par TIGANI. Ε η Grece, le prin temps et la lumiere explosent see. Dejeuner a bord. Dejeuner a bord. Apres-midi libre. De­ Depart a 15b., en auto, pour la Cathe- part a 18 h. pour LESBOS. du meme coup. drale, les Catacombes et MONREALE. Arrivee a MYTILENE a h. Debarque­ Retour le soir a bord. Depart a 20 h. pour 24 7 Et visiter la Grece au pr in temps, c'est sur prendre PORT EMPEDOCLE. ment a 8 h. Promenade, en auto, a Yera. Retour a bord. Dejeuner. Depart parmi les temples et les fleurs le secret de cet envou- 14 — Arrivee a PORT EMPEDOCLE a 8 h. Debar­ a 13 h. pour ANDROS. quement et visite d'AGRiGENTE. Retour tement rapide qui chaque annee se renouvelle, eter- le soir a bord. Depart a 19 h. pour 25 Visite des lies de ANDROS, DELOS, MYCONOS. CATANE. Depart a 21 h. pour Le Piree. nellementfidele a son genie. 15 — Arrivee a CATANE a 8 h. Debarquement et 26 Arrivee au PIREE a 7 h. Debarquement a depart, en auto, pour TAORMINE. Visite 8 h. 30 et depart, en auto, pour ATHE- Mimosas de Corfou, anemones d^Olympie, ai­ du Theatre Grec. Dejeuner et retour a NES. Visite de la ville et du Musee. Dejeu­ CATANE. Embarquement. Depart a mi- ner a l'hotel de la Grande-Bretagne. guilles vertes de Daphni, cerisiers et vignes de Sparte, nuit pour SYRACUSE. L'apres-midi visite de l'Acropole. 16 — Arrivee a SYRACUSE a 7 h. Debarquement a JV. B. — Le soir, Vendredi saint, on asphodeles de Phcestos, grenadiers de Delphes, vous 8 h. Visite de la ville. Depart a midi pour pourra assister a la ceremonie de l'Epi- CORFOU. taphe. compos ez avec Ρ essence blanche de la mer et Pi mm obi- 17 — Arrivee a CORFOU a 13 h. Debarquement a 27 — Matinee libre. Depart a 15 h., en auto, lite toute en reflets du marbre ce faisceau de lumiere 14 h. Visite de la ville, et depart, en auto, pour DAFNI et ELEUSIS. Retour le soir a pour PALEOKASTRITSA. Retour le soir a Athenes. que le prisme de Pair repand egalement sur le Reve bord. Depart a 20 h. pour CATACOLO. 28 — Dimanche de Paques, libre. (Excursions 18 — Arrivee a CATACOLO a 8 h. Debarquement facultatives au Mont PARNES, SOUNION, et PHistoire. et depart, par train special pour OLYM- CORINTHE). Depart du bateau a 22 h. PIE. Visite des Sanctuaires et du Musee. Visiter la Grece au printemps, c'est cueillir la Dejeuner a l'hotel Spap. Retour a CATA­ 29 — Arrivee a NAUPLIE a 7 h. Debarquement et COLO a 17 h. Embarquement et depart a depart, en auto, a 8 h. Visite de TY- Fable dans son nid, depister la sirene a mi-chemin du 19 h. pour GYTHION. RYNTHE et de MYCENES. Retour a NAU­ PLIE vers midi. Dejeuner a bord. Depart 19 — Arrivee a GYTHION a 8 h. Debarquement et poisson et de la femme. Cest voir la To is on d'Or en a 14 h., en auto, pour EPIDAURE. Re­ depart, en auto, pour MISTRA. Dejeuner tour le soir a bord, et depart a 21 h. et retour, l'apres-midi, a bord. Depart a herbe. pourITEA. 19 h. pour SANTORIN. R. V. 20 — Arrivee a SANTORIN a 6 h. Debarquement a 30 — Arrivee a ITEA a 7 h. Debarquement a 8 h. 8 h. Visite de la ville (PHYRA). Retour a et depart en auto pour DELPHES. Visite bord. Dejeuner et depart a 13 h. pour des Sanctuaires et du Musee. Dejeuner a CANDIE. bord. Depart a 14 h. pour Marseille. 21 — Arrivee a CANDIE a 6 h. Debarquement a ier mai : En mer. 8 h. 30. Visite du Musee et de CNOSSOS. 2 — En mer. Retour a bord. Dejeuner. Apres-midi libre. Depart a 18 h. pour RHODES. 3 — En mer et arrivee a 14 h. a MARSEILLE.

34 TEMOIGNAGES IMAGLNAIRES BANQUE OTTOMANE DE JEUNES FILLES FONDEE EN 1863 Capital: 10 millions de livres sterling dont la moitie versee

lle Nous avons pose ά un groupe de jeunes filles, eleves d'un Et voici la reponse de M Lilly Obermann PARIS MARSEILLE lycee parisien, quelques questions sur I'ide'e qu'elles se font de (14 ans) : 7, rue Meyerbeer 38, rue Saint-Ferreol 13, place Massena la Grece antique, d'apres ce qu'elles ont lu, appris ou vu dans « J'aime la Grece qui est, de toutes les nations de les musees ou dans Paris. ISTAMBUL LONDRES MANCHESTER 1'antiquite, celle qui nous a laisse les souvenirs artis- Ces jeunes Parisiennes ont eu la grace de nous faire par- Galata-Yenicami-Beyoglu 26, Throgmorton Street E. C. 2 56-60, Cross Street tiques les plus beaux. venir leurs reponses ecrites, reponses qui portent toute la frai- « Au musee du Louvre nous pouvons admirer des TURQUIE — fiGYPTE — PALESTINE — PERSE — MfiSOPOTAMIE — CHYPRE cheur de leurs 12, 14, 15 annees. statues merveilleuses comme « la Vicloire de Samo- Les void : FILIALE POUR LA GRECE : thrace », des reproductions des principales ceuvres BRITISH FRENCH DISCOUNT BANK Ltd retrouvees a Delphes. « Aimez-vous la Grece? » « A travers les revolutions, la Grece continue d'offrir LE PIREE ATHENES SALONIQUE Sur cette premiere question, Mlle Jacqueline Ver- au monde civilise, un ideal unique de raison libre 40, boulevard Miaoulis 26, boulevard de PUniversite (Agence de la Banque Oltomane) rier, nous repond : et souriante, de poesie, de grace, de mesure et d'har- monie supremes. AUTRES BANQUES AFFILIEES « Je me fais certainement une idee fausse de la « Comment ne pas vouloir connaitre tout cela? SYRIE YOUGOSLAVIE ROUMANIE Grece moderne, car je ne la vois qu'a travers son C'est mon secret desir... » Banque de Syrie et du Grand-Liban Banque Franco-Serbe Bank of Roumania Ltd passe. Pour le pays lui-meme, je l'aime comme on aime le soleil, la beaute sous toutes ses formes. « Aimez-vous la Grece mademoiselle Mallet? Pour leurs lettres de credits et leurs accreditifs, les voyageurs en Grke trouvent toutes facilites — Voudriez-vous aller en Grece? Pourquoi? ou? (13 ans) Et pourquoi? Aux meilleures conditions, ά la — C'est mon plus cher desir. Pourquoi? Mais parce — J'aime la Grece parce qu'elle a des monuments BRITISH FRENCH DISCOUNT BANK Ltd que c'est un pays de soleil, un pays qui a un passe, et merveilleux et une mythologie tellement interessante. quel passe! Parce que des souvenirs doivent surgir a Elle est le berceau des civilisations occidentales et on Ainsi que toutes autres operations de banque : achat de monnaies et de devises, ordres de bourse, location de coffres-forts (Fichet). chaque pierre. Quant au lieu, je choisirais une de ces sent son influence jusque dans le midi de la France. iles aux noms chantants Mytilene, Chio... — J'aimerais a visiter les villes grecques, Athenes, — Que pensez-vous des monuments pseudo-grecs Sparte et surtout, faire les voyages d'Ulysse, en par- de Paris? tant d'lthaque sur la cote occidentale de la Grece — Je pense qu'il leur manque l'ambiance, la et en visitant successivement toutes les etapes du clarte, le ciel bleu, 1'espace. Surtout, il leur manque grand voyageur. » d'etre en ruines et d'avoir leur histoire. — Queries sont les difEcultes de 1'etude du grec? « Et vous, mademoiselle Papineau? (15 ans) Une F aLrique Modele pour 1 Industrie des Cigarettes en G rece L'utilite ? L'aimez-vous ? — J'ai encore fait trop peu de grec pour apprecier — Oui, beaucoup. Elle se presente a mon imagina­ les auteurs, mais je sais tres bien que, s'il n'y avait pas tion comme un pays de reve avec son ciel pur, son d'accents, j'aimerais encore plus le grec. Et je l'aime climat doux, ses nombreuses ruines temoins du temps "Papastratos Cigarette Manufacturing C°" d'autant plus qu'il me permet de comprendre mieux oil la Grece brillait de tout son eclat et cette opposi­ le fransais. tion oil elle nous est representee, tantot avec ses ravins — Qu'en pensez-vous de sa mythologie ? rocailleux et sauvages, tantot avec son littoral a la LE PIRtE — A mon avis, Athena etait trop sage, Apollon vegetation abondante et variee. Je l'aime enfin par la trop parfait et Junon trop jalouse. Je leur prefere poesie. La Fabrique la plus moderne, au point Je vue technique, dans le monde entier Artemis ou Dionysos, sans lequel il n'y aurait pas de — Voudriez-vous aller la voir? theatre... » — Oh oui! Quel beau reve serait-ce! Entrevoir dans la penombre d'un bois l'ombre fuyante du dieu Sur les memes questions, voici la reponse de Pan ou de quelques satyres, ou Hotter parmi l'ecume VISITEUI(S EN GI&CE! Mlle Rose Lederman (16 ans) : blanche de la mer la chevelure des Nereides et s'il « Oui j'aime la Grece, parce que la Grece a ete le est toujours vrai que Zeus lance la foudre du haut de Fumez les Cigarettes " Papastratos-Hellas". Elles sont fournies aux plus berceau de la civilisation antique. Elle a exerce son POlympe. Mais j'ai bien peur que le bruyant progres influence sur les autres pays et en particulier sur n'ait chasse au loin ces gracieuses images!... grandes Regies de 1 Europe. Elles sont importees dans presque toutes les Rome. Je l'aime aussi par ses monuments, sa mytho­ — Quels auteurs preferez-vous ? logie, ses philosophes, ses ecrivains. — Lucien et Homere. Lucien m'attire par son capitales du monde. Elles sont faoriquees avec des tatacs de meilleur choix. « J'aimerais beaucoup aller en Grece, visiter Athe- esprit etincelant, ses observations penetrantes et mali- nes, l'ile de Crete et les Cyclades. Voir la beaute cieuses. Son idee ingenieuse des « Dialogues des vraie des vieux vestiges de notre civilisation, car tous Morts » me plait mieux, comme etant plus coloriee, Visites a la Fabnque du Piree ajmises de ΙΟ keures a 12 keures et

36 Chemins de Fer de I'Etat Hellenique BANQUE D'ATHENES SOCIETE ANONYME FONDEE EN 1893 Direction Generale : S, Rue du Trois-Septembre SIEGE SOCIAL : ATHENES ADRESSE TELEGRAPHIQUE : CHEFER^TAT

108 AGENCES EN GRECE 6 AGENCES A L'ETRANGER (ANGLETERRE, EGYPTE, CHYPRE) EN EXPLOITATION

LIGNES PRINCIPALIS : RELATIONS INTERNATIONALES BANQUE AFFILIEE AUX ETATS-UWS a) Lignes normales : 1291 kilometres Wagons-lits directs LE PIREE-ATHENES-THESSALONIKI-GHEVGHELI New-York, Ν. Y. The Bank of Trust C° ATHENES-PARIS viaTRIESTE, , LAUSANNE THESSALONIKI-FLORINA-KREMENIA (tous les jours) 205, West 33 rd St THESSALONIKI-ALEXANDROUPOLIS ATHENES-PARIS via VIENNE, ZURICH (trois fois par semaine) CORRESPONDANTS DANS TOUTE LA GRECE EMBRANCHEMENTS: ET LES PRINCIPALES VILLES DU MONDE ATHENES-PRAHA- INOI - CHALKIS, LIANOKLADI - LAMIA - STYLIS (trois fois par semaine) b) Ligne etroite (0,60) : 67 kilometres ATHENES-VIENNE SARAKLI-STRAVROS (une fois par semaine) Toutes Operations de Banque aux Meilleures Conditions

LES HOTELS LAMPS A BANQUE POPULAIRE SocUti Anonyme fondee en 1905

SIEGE A ATHENES : BOULEVARD DE L'UNIVERSITfi ADRESSE TELEGRAPHIQUE : " POPBANK " POUR LE SIEGE CENTRAL ET TOUTES SES SUCCURSALES 11 La Grande Bretagne DIRECTEUR GENiRAL : DENYS LOVERDO SERVICE DES ETRANGERS EMISSION DE " TRAVELLERS CHEQUES " — LETTRES DE CREDIT it 11 LOCATION DE COMPARTIMENTS DE COFFRES-FORTS RENSEIGNEMENTS COMMERCIAUX Le Petit Palais TOUTES OPERATIONS DE BANQUE ET DE BOURSE SUCCURSALES :

LE PIREE — SALONIQUE _ JANINA — LAMIA — AEGHION (Vostitza) ATHENES PATRAS — VOLO — LARISSA — CANDIE (Crate) — SERRES Correspondants aux principales villes de l'Etranger et de la Grece COMPAGNIE DE NAVIGATION NATIONALE DE GRECE CROISIERES Siege Social : Place Karaiskaki, LE PIREE VISITANT LA GRECE EN 1935 LIGNE DE LA MEDITERRANEE :

β/β « PATRIS II » — « ANDROS » DATES NAVIRES DEPARTS DEPARTS DE MARSEILLE TROIS FOIS PAR MOIS, DIRECTEMENT 18 Janvier MESSAGERIES MARITIMES de Marseille. POUR LE PIREE, BEYROUTH, JAFFA, ALEXANDRIE ET VICE-VERSA. 26 — "CONTE GRANDE" New-York. 2 fevrier MESSAGERIES MARITIMES Marseille. Villefranche. LIGNE TRANSATLANTIQUE : 10 — " AQUITANIA " 15 — MESSAGERIES MARITIMES Marseille. β/β « BYRON » 9 mars "ATLANTIS" Southampton. DEPARTS DU PIREE POUR LISBONNE, NEW-YORK ET VICE-VERSA. 11 " MILWAUKEE " Venise. IS "GENERAL VON STEUBEN" Genes. «5 MESSAGERIES MARITIMES Marseille. Pour tous renseignements, s'adresser a : 19 " AQUITANIA " Villefranche. 22 "HOMERIC" . PARIS .. .. « NEPTOS » S. Α., 4, rue de l'Echelle. BEYROUTH.. HITTI Freres, P. Ο. B., 511. — 27 "SATURNIA" New-York. Venise. MARSEILLE. « NEPTOS » S. Α., 1, rue de la Republique. — HAIFFA.. .. HITTI Freres. 4avri l " GENERAL VON STEUBEN" ALEXANDRIE.. .. AL. CALAMBOKIDES, P. Ο. B. 1447. 4 "MILWAUKEE" Genes. 6 "ATLANTIS" Southampton. 7 MESSAGERIES MARITIMES Marseille. 8 "SATURNIA" . 11 — "PATRIS II" Marseille. II — "MONTE-ROSA" Genes. 23 — " MILWAUKEE " Venise. 24 — "GENERAL VON STEUBEN" Venise. 5 mai "MONTE-ROSA" Venise. COMPAGNIE HELUNIQUE DE CABOTAGE s. a. 10 " STRATHAIRD " Londres. — 10 — MESSAGERIES MARITIMES Marseille. I I — "GENERAL VON STEUBEN" Genes. Marseille. DEPARTS REGULIERS BI-HEBDOiMADAlRES DE BR1NDISI 24 — MESSAGERIES MARITIMES 7 jum " ARANDOWSTAR " Southampton. Pour SANTI 40 — CORFOU — PATRAS — LE PIREE 8juillet "GENERAL VON STEUBEN" Breme-Vigo. Tous les Lundis et Jeudis a 5 heures p. m. 19 — MESSAGERIES MARITIMES Marseille. Paquebots de grande vitesse : « MACEDONIA » et « FRINTON » 25 — "GENERAL VON STEUBEN" Venise. 28 — " OCEANIA " Trieste. 2 aout MESSAGERIES MARITIMES . Marseille. DEPARTS REGULIERS DU PIREE A LETKANGER 10 "SATURNIA" Genes. Pour BRINDISI, tous les Mardis et Samedis; — Pour IZMIR, tous les Lundis; 10 " VICEROY OF INDIA " Londres. ALEXANDRIE, tous les Mardis; 16 MESSAGERIES MARITIMES . Marseille. Pour CHYPRE, SYRIE, PALESTINE, PORT-SAID, ALEXANDRIE, tous les Samedis. 17 "GENERAL VON STEUBEN" Genes. 30 "ARANDORA STAR" Southampton. 3i "STRATNAVER" Southampton. DEPARTS REGULIERS QUOTIDIENS DU PIREE 3i "VULCANIA" Trieste. Pour les Ports principaux de la Grece 2septembre " GENERAL VON STEUBEN" Genes. et departs frequents pour les autres Ports et lies de la Grece 18 — "GENERAL VON STEUBEN" Venise. 28 — "ATLANTIS" (Mediterranee) 12 odobre " ARANDORA STAR " Southampton. REPR^SENTANT A PARIS : S.A. « NEPTOS » 18 — "ATLANTIS " (Mediterranee) 9 novembre MESSAGERIES MARITIMES . Marseille.