Sir Basil Zaharoff» (Annexe 2)
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Hellenic_exofillo_2_2015_Layout 1 23/6/16 12:42 μ.μ. Page 1 2 ETUDES HELLENIQUES HELLENIC STUDIES LA DIASPORA GRECQUE THE GREEK DIASPORA Edited by / Sous la direction de Stephanos Constantinides With associate editor / Avec la collaboration de Thalia Tassou Contributors / Contributions de Jean Catsiapis Stephanos Constantinides Michael Damanakis Dimitrios Filippou Dionysia Kontoyiannis ETUDES HELLENIQUES / HELLENIC STUDIES Theodosia Michelakakis Dimitrios Filippou George Kanarakis Alexander Kitroeff Louiza Christodoulidou Volume 23, No 2, Autumn / Automne 2015 2 2015 Hellenic Studies 2_2015_me leukes_Hellenic 2-2012 23/6/16 1:50 μ.μ. Page 105 Sir Basil Zaharoff (1849-1936) Le Mystérieux Grec-Ottoman Jean Catsiapis* ABSTRACT Basil Zaharoff, the famous arms dealer of World War lived a life full of mysteries, which Jean Catsiapis endeavoured to decipher. As a friend of political leaders of Greece and France, he was able to serve the interests of these countries while achieving personal financial gain in the armed conflicts in which he was involved. Basil Zaharoff, considered the richest man in the world in his time, has preserved all his life the secret of his origins and his personal life. RÉSUMÉ Basil Zaharoff, le célèbre marchand de canons de la première guerre mondiale a vécu une vie pleine de mystères, que Jean Catsiapis s’est efforcé de décrypter. Ami des dirigeants politiques de la Grèce et de la France, il a su servir les intérêts de ces pays tout en réalisant des profits financiers personnels des conflits armés dans lesquels il s’est impliqué. Bazil Zaharoff, considéré, à cette époque, comme l’homme le plus riche du monde, a su préserver toute sa vie le secret de ses origines et de sa vie personnelle. La vie de Basile Zaharoff est pleine de mystères. Cet homme cultivait lui- même le goût du secret en se refusant à dévoiler les éléments relatifs à sa propre personne. Comme l’indique une note de la Direction de la Sûreté générale de France (Annexe 4) «Les 38 premières années de la vie de M. Zaharoff sont un mystère impénétrable». Les activités commerciales de ce Grec - Ottoman - ainsi désigné par des rapports de la police française - étaient souvent dissimulées sous couvert de sociétés qu’il contrôlait mais où il n’apparaissait pas. * Université de Paris X Nanterre 105 Hellenic Studies 2_2015_me leukes_Hellenic 2-2012 23/6/16 1:50 μ.μ. Page 106 Études helléniques / Hellenic Studies La jeunesse de Zaharoff De nombreuses rumeurs ont couru sur les origines de Zaharoff dont certaines ont été alimentées par l’intéressé lui- même. Selon la version la plus courante Zaharoff est un Grec de l’Empire ottoman dont la famille a fui Constantinople en 1821 1 pour échapper à un pogrom. Cette famille réfugiée à Odessa pour certains et à Kichinev (Bessarabie) pour d’autres a russifié son nom de Zacharias ou Zachariadis en Zaharoff ou Zacharoff. Zaharoff a eu trois sœurs, Sébastienne, Zoé et Chariclée. Selon un curieux certificat de baptême authentifié le 23 décembre 1892 par le Patriarche œcuménique, Zaharoff est né le 6 octobre 1849 à Moukhlios, un faubourg de Constantinople (voir Annexe 1). Une autre version émane d’un certain Haim Manelewitsch Sahar, se faisant appeler Hyman Barnett Zaharoff, petit cordonnier à Birmingham, qui a tenté toute sa vie de se faire reconnaître comme le fils de Zaharoff. Selon cet homme né en Lituanie son père Manuel Zahar aurait obtenu la nationalité russe pour éviter la confiscation de ses biens. De fait, Manuel Zahar ou Basile Zaharoff aurait fait fortune en vendant un million de fusils allemands «Mauser» à l’Empire ottoman et craignait d’être dépossédé de sa fortune par le ministre turc avec qui il avait traité cette vente d’armes. Robert Neumann, auteur d’une biographie de Zaharoff explique que Manuel Zahar était certainement juif et qu’il s’était fait baptiser comme le lui aurait dit ce «fils». 2 La famille de Zaharoff de retour d’exil s’établit à Constantinople dans le quartier pauvre de Tatavla. On prête de nombreux métiers au jeune Basile: pompier ambulant avec une pompe à incendie enroulée autour de son corps, qui pillait les lieux incendiés, ou encore guide pour étrangers, dépouillant ses clients en leur donnant de la fausse monnaie en échange des francs ou des livres sterling qu’il recevait d’eux. Selon la police française (voir Annexe 4) le jeune Basile était un «bandit», qui aurait purgé une peine de 18 mois de prison en Egypte où il travaillait comme employé de banque. La plupart des biographes de Zaharoff affirment que celui-ci ayant vidé la caisse de son oncle, M. Sevastopoulos, un marchand d’étoffes, s’était enfui en Angleterre où poursuivi devant un tribunal londonien en 1873 et ayant été mis en prison il parvint à se disculper. On lui prête ces propos: «Frustré par mon oncle de ma part de bénéfices, je me crus en droit de prélever sur la caisse commune la somme qui me revenait». 3 106 Hellenic Studies 2_2015_me leukes_Hellenic 2-2012 23/6/16 1:50 μ.μ. Page 107 Volume 23, No. 2, Autumn / Automne 2015 A sa sortie de prison Zaharoff se rend à Athènes et fait la connaissance de Stéphanos Skoulidis, qui va jouer un rôle important dans la suite de sa carrière 4. Zaharoff marchand de canons La carrière internationale de Zaharoff comme marchand de canons commence en octobre 1877 lorsqu’il est embauché grâce à S. Skoulidis en tant que représentant dans les Balkans du fabricant d’armes suédois Thorsten Nordenfelt. Zaharoff parvient au début des années 1880 à vendre plusieurs sous-marins Nordenfeldt à propulsion à vapeur; un à la Grèce, deux aux Turcs. Ces trois sumersibles, que Zaharoff vend en proposant à ses clients des crédits étalés sur plusieurs années couleront au bout de quelques sorties. La firme Maxim qui fabrique une mitrailleuse très performante s’avère un concurrent dangereux pour Nordenfelt. En 1888 Zaharoff se fixe à Paris, qui devient le centre de ses affaires, et orchestre le rapprochement entre Nordenfelt et Maxim puis réussit en 1897 à la reprise de ces entreprises par le groupe anglais Vickers pour donner naissance à un géant de l’armement. De la sorte le marchand de canons peut présenter un catalogue d’armes d’une grande diversité avec des facilités de crédits aux Etats désireux de s’armer. Son champ d’action, outre la péninsule balkanique et l’Empire ottoman, va s’étendre en 1898 à l’Espagne en guerre avec les Etats-Unis à propos de Cuba et surtout à la Russie, qui après sa désastreuse défaite face au Japon en 1905 doit rebâtir sa flotte. Zaharoff crée à Tsaritsyne sur la Volga un gigantesque complexe industriel voué à la production d’armement et dont Vickers détient la majorité des parts 5. A vrai dire les affaires de Zaharoff l’amènent à travailler avec de nombreux pays d’Europe, d’Asie et des Amériques: l’Italie avec la fondation en 1906 de la Vickers-Terni, la France avec Schneider et les aciéries d’Hénécourt, le Japon où Zaharoff réussit à s’entendre avec l’allemand Krupp, les Etats-Unis où est vendue la mitrailleuse Maxim, et aussi de nombreux pays en guerre d’Amérique latine, Bolivie, Paraguay, Venezuela, Panama, Colombie. C’est la corruption qui explique principalement la réussite de Zaharoff: il couvre de son argent les hommes politiques qui dirigent les Etats avec lesquels il commerce. C’est notamment en Russie que le célèbre marchand de canons pratique sur une grande échelle son système de pots de vin en gratifiant de sa générosité les épouses ou les maitresses des décideurs publics. C’est aussi par 107 Hellenic Studies 2_2015_me leukes_Hellenic 2-2012 23/6/16 1:50 μ.μ. Page 108 Études helléniques / Hellenic Studies une habile politique de crédit que Zaharoff arrache des marchés grâce aux banques qu’il fonde et qui prêtent à ses acheteurs les sommes nécessaires à leurs dépenses d’armement: la Banque d’ Athènes, la Banque commerciale de la Méditerranée à Constantinople, l’Express Bank à Paris et la New Ionic Bank à Smyrne. Marchand d’armes et banquier, Zaharoff a aussi été soupçonné d’espionnage et d’avoir eu la qualité d’agent secret de l’Intelligence Service vers 1875 . Son succès auprès des femmes lui aurait permis aussi de pouvoir s’introduire dans l’administration de sociétés d’armement, comme la Vickers-Maxim (Annexe 4). Zaharoff et la première guerre mondiale Au début du XXème siècle l’Angleterre et l’Allemagne modernisent leurs armées. Zaharoff participe avec la Vickers à la politique d’armement de ces deux pays. Celui-ci décide de se ranger aux côtés de l’Angleterre et de la France lorsqu’éclate la première guerre mondiale. Conformément au décret du 27 septembre 1914, qui interdit le commerce avec l’ennemi, Zaharoff membre du conseil d’administration de la société française des torpilles Whitehead, qui comprenait d’importants capitaux allemands, dénonça lui-même ces intérêts afin de se mettre en accord avec le droit français en temps de guerre. Comme l’écrit Jean Marie Moine 6 la première guerre mondiale a été l’apogée et l’apothéose, «the perfect flower» de la carrière de Zaharoff, la réalisation de son «rêve», «virtuellement le ministre des munitions de tous les alliés»; celui- ci leur aurait fourni 4 cuirassés, 3 croiseurs, 62 torpilleurs, 2328 canons, 100 000 mitrailleuses, 5500 avions pour un bénéfice de 3 milliards 400 millions de francs dont 67% à inscrire à son nom. C’est par la propagande, notamment en France où il s’est établi le 14 mars 1888, que Zaharoff réussit à susciter la ferveur des peuples en faveur de la guerre, ce qui lui permet de réaliser les très importantes commandes d’armement pour les sociétés qu’il contrôle.