Musique à

SanssouciÀ LA COUR DE FRÉDÉRIC LE GRAND FRANZ LISZT SanssouciMusic at

CD 1 JOHANN GOTTLIEB GRAUN (1703-1771) CD 2 (1685-1750) Ouvertüre und Allegro Graun WV A:XI:2 in D minor Musikalisches Opfer BWV 1079 A Musical Offering 1 | I. Ouvertüre (Lento - Allegro) 8’22 Regis Iussu Cantio Et Reliqua Canonica Arte Resoluta 2 | II. Allegro 3’25 1 | Ricercar à 3 (harpsichord) 5’36 Akademie für Alte Musik 2 | Canon Perpetuus super Thema Regium (2 harpsichords) 1’17 3 | Ricercar à 6 (harpsichord) 7’45 FRIEDRICH II ‘DER GROSSE’ (1712-1786) 4 | Canon ; quaerendo invenietis (harpsichord) ; [2 versions 4.1 et 4.2] 3’21 Sonata, per il Flauto traverso solo e Basso 5 | Canon à 4 (2 harpsichords) 2’17 ‘pour Potsdam’, no.190 in C minor 3 | I. Recitativo 2’09 Sonata Sopr’il Soggetto Reale (flute, violin and continuo) 4 | II. Andante et Cantabile 5’09 6 | Largo 5’54 5 | III. 1’29 7 | Allegro 5’53 8 | Andante 3’01 Akademie für Alte Musik Berlin 9 | Allegro 2’55 Christoph Huntgeburth, Antje Schurrock, flutes Raphael Alpermann, pianoforte 10 | Canon perpetuus (flute, violin and continuo) 2’36

6 Canones Diversi Super Thema Regium CARL PHILIPP EMANUEL BACH (1714-1788) 11 | 1. [Canon cancrizans] (harpsichord) 0’49 Concerto for harpsichords, strings and basso continuo in C major Wq 20 12 | 2. Violino in unisono (harpsichord, violin) 1’14 6 | I. [Without tempo marking] 10’44 13 | 3. Per motum contrarium (2 harpsichords) 0’43 7 | II. Adagio ma non troppo 8’12 14 | 4. Per Augmentationem, contrario motu (2 harpsichords) 1’05 8 | III. Allegro assai 5’27 Notulis crescentibus crescat Fortuna Regis Symphony in E flat major Wq 179 (1757-1762) 15 | 5. Ascendenteque Modulationis ascendat Gloria Regis (2 harpsichords) 3’22 9 | I. Prestissimo 4’15 16 | 6. Fuga canonica in Epidiapente (2 harpsichords) 2’06 10 | II. Larghetto 4’00 11 | III. Presto 2’40 Davitt Moroney, harpsichord, John Phillips, 1980 Janet See, flute, Roderick Cameron, 1982 Raphael Alpermann, harpsichord Akademie für Alte Musik Berlin John Holloway, violin, Michel de Hoog, 1985 Jaap ter Linden, cello, Bastian Muthesius, 1985 Martha Cook, harpsichord, John Phillips, 1985 Musique à

Qui n’associerait pas ce titre au tableau d’Adolph Menzel, Le Concert de flûte de Frédéric le Grand à régulièrement des concerts. Mais même si très peu d’invités eurent l’occasion d’entendre le roi jouer de la Sanssouci, peint en 1852 et qui représente Frédéric II (1712-1786) jouant du traverso ? Bien que Menzel flûte traversière, on sut bientôt dans les cercles de cour qu’il jouait parfaitement de cet instrument, grâce nous offre là la représentation quelque peu transfigurée que se faisait le xixe siècle du roi de Prusse, son notamment au philosophe et écrivain français Voltaire ou à la sœur de Frédéric Wilhelmine, mais aussi à tableau a marqué, par sa popularité, notre vision de la pratique musicale dans la résidence d’été du souverain. Francesco Algarotti et au Marquis d’Argens. Voltaire se rendit durant l’été 1750 à Sanssouci, où il fut décoré par Frédéric de l’ordre “Pour le mérite”, créé à vrai dire pour récompenser des performances militaires. Il Le premier serviteur de la Prusse dans les vignes du Seigneur dut cependant rendre cette décoration en 1753 après être tombé en disgrâce. On ne sait pas si Voltaire a Le roi avait lui-même réalisé plusieurs esquisses pour ce château, que son architecte Georges Wenceslas réellement logé dans la pièce du château de Sanssouci à laquelle il a donné son nom : durant son séjour, entre de Knobelsdorff érigea à partir de 1745. Les six vignes en terrasse implantées sur le versant méridional 1750 et 1753, il occupa en effet des appartements dans le château de la résidence de Potsdam. du potager de son père Frédéric Guillaume Ier (1688-1740) avaient été installées l’année précédente. Le château de la résidence d’été, de style rococo, fut inauguré dès le 1er mai 1747, même si à cette date, les Le roi répète ! douze pièces n’étaient pas encore toutes achevées – une caractéristique que le château partage d’ailleurs Les personnalités invitées au concert pénétraient dans le château par la cour d’honneur située à l’arrière de la avec le premier Opéra Royal de Prusse, puisque l’opéra de Berlin, lui non plus, n’était pas terminé lorsqu’il cour. Le château était partagé en une partie privée située dans l’aile est et une autre destinée à la représentation. fut inauguré en 1742 avec une représentation du dramma per musica de Carl Heinrich Graun Cleopatra Charles Burney, qui parcourait l’Europe depuis 1770 dans le cadre d’un voyage musical, arriva en 1772 à e Cesare. Surplombant les vignes en terrasse et situé en pleine nature, le château de plain-pied, presque Potsdam. Il fait partie des très rares invités étrangers qui furent autorisés à assister aux concerts de chambre modeste puisqu’il ne comprenait qu’un étage, avait vocation à devenir un refuge pour le roi et ses invités et de Frédéric II. Dans son Journal d’un voyage musical, il ne décrit pas seulement le concert, mais l’ensemble à leur permettre une vie “sans souci”. Si à l’exception des années de guerre, Frédéric II n’y résida d’abord de sa visite au château. Entre cinq et six heures du soir, Burney fut conduit à la résidence par un officier de que de fin avril à début octobre, Potsdam devint peu à peu sa véritable résidence, de sorte qu’il s’éloigna la garde ; Burney souligne à cet égard que s’il n’avait pas été ainsi accompagné, il n’aurait certainement pas progressivement, et avec lui le centre décisionnel, de la cour de Berlin. pu pénétrer dans l’enceinte du château, dûment surveillée. Après avoir été conduit dans la résidence par un officier, Burney fut reçu dans la grande galerie par Henri de Catt, “lecteur” et intime de Frédéric, qui Quand la musique est un privilège accordé par le roi… l’accompagna durant le restant de la soirée. Depuis la galerie, il fut d’abord conduit dans un vestibule en Comme cela avait déjà été le cas lorsque, prince héritier, il résidait à Ruppin et à Rheinberg, Frédéric II avait stuc de marbre dans lequel dix colonnes corinthiennes reprennent l’agencement de la façade extérieure. De un emploi du temps parfaitement réglé, dans lequel la musique bénéficiait d’une place assurée : tous les soirs, là, le visiteur parvient, aujourd’hui encore, dans la prestigieuse salle de marbre elliptique, qui se distingue il s’adonnait à la musique avec ses musiciens de cour dans le cadre d’un concert de musique de chambre. Mais par sa coupole ronde revêtue d’or, selon le modèle du panthéon de Rome. Deux niches abritent des statues à la différence de la scène représentée par Menzel, il est très peu probable que Frédéric II ait joué devant un d’Apollon, dieu de la musique, et de Vénus. De Catt mena ensuite Burney dans les appartements privés du roi auditoire aussi nombreux, bien au contraire : en règle générale, il n’y avait pas de public. Il est malgré tout jusqu’à la salle d’audience contiguë à la salle de concert, qui donnait un avant-goût du cérémonial. Arrivé là, vraisemblable que toutes les personnes représentées dans le tableau de Menzel aient un jour été invitées à Burney dut attendre avec les musiciens de la chapelle de la cour l’ordre d’entrer et fut témoin d’un événement un concert – mais pas toutes en même temps. Lorsque des invités étaient autorisés à prendre part au concert intéressant, vu d’aujourd’hui : le roi était en train de répéter ! Burney relate ainsi l’épisode : “Cette pièce était de chambre, c’était sur invitation spéciale émanant du roi lui-même. Dans la plupart des cas, il s’agissait très proche de la salle de concert, dans laquelle j’entendais très distinctement sa Majesté exercer ses solfèges d’hôtes qui entretenaient déjà des liens étroits avec la cour, de parenté ou de proximité avec le roi – à l’instar sur sa flûte et travailler longuement ses passages difficiles avant qu’on n’appelât les musiciens.” Le salon de de l’historien Anton Balthasar König, de l’écrivain Jacob Friedrich Bielfeld, du “lecteur” royal Henri de Catt musique peut être considérée comme l’une des plus belles pièces du rococo frédéricien. Conformément au ou de la sœur préférée du souverain, la margravine Wilhelmine de Bayreuth. L’invitation au concert était la style rococo, que l’on appelle en français aussi le style “rocaille”, le salon de musique frappe avant tout par marque d’un privilège accordé par le roi et devenait ainsi un instrument de contrôle du cercle le plus intime. ses ornements généreux de style rocaille (c’est-à-dire en forme de coquillages) qui ornent les murs blancs Très exceptionnellement, des amateurs de musique éclairés comme le critique anglais Charles Burney ou des et les plafonds. Ils entourent les peintures murales ainsi que les miroirs qui donnent de l’espace à la pièce. mélomanes au poids politique important, comme l’Électrice Maria Antonia Walpurgis de Saxe, pouvaient On peut y admirer un paysage ainsi qu’une vue du château de Sanssouci d’Antoine Pesne et deux dessus-de- être invités aux concerts. L’épouse du roi, Élisabeth Christine de Brunswick-Wolfenbüttel-Bevern, ne porte de Charles Sylva Dubois représentant des paysages. Comme dans le tableau de Menzel, le pianoforte de mit pourtant jamais les pieds à Sanssouci. Frédéric l’avait épousée en 1733, alors qu’il n’était encore que Gottfried Silbermann (1746) et le pupitre de Frédéric soulignent la vocation de cette pièce. prince héritier, afin de pouvoir tenir sa première cour à Ruppin après avoir été arrêté à Küstrin par son père suite à l’échec de sa tentative de fuite de 1730. Après l’accession au trône de Frédéric en 1740, Élisabeth Christine vécut séparée de lui dans son château de Schönhausen près de Berlin, où elle organisait également

3 MUSIQUE À SANSSOUCI français 4 Adolph von Menzel, Concert de flûte de Frédéric le Grand à Sanssouci, 1852, huile sur toile, Berlin, Alte Nationalgalerie. akg-images. “Son jeu dépassait tout…” Les sonates, en revanche, visaient à l’époque de Frédéric davantage à distraire les amateurs et dilettantes et Les concerts n’avaient lieu qu’en temps de paix, même si le roi pratiquait également la musique aussi dans servaient également de morceaux d’apprentissage. Dans la composition de ses sonates pour flûte, Frédéric son campement. Jusqu’en 1773, on peut se représenter les concerts conformément à la description qu’en fait suivit le modèle de Giuseppe Tartini, qui n’utilise pas, comme il était courant de le faire, une structure en Kurd von Schöning : “Avant le concert, qui débutait d’ordinaire vers six heures, il s’exerçait un quart d’heure, quatre parties, mais compose des sonates en trois mouvements. Ainsi, presque toutes les sonates de Frédéric puis jouait trois concertos, en écoutait un de Quantz, ou un solo de violoncelle, ou un air interprété par l’un comptent trois mouvements : le plus souvent, deux mouvements rapides encadrent un mouvement lent. En des chanteurs, après quoi en règle générale, la musique s’arrêtait pour la journée.” règle générale, et conformément à ce qu’exigeaient les théoriciens de l’époque, ses sonates se distinguent par o Apprécier aujourd’hui la qualité du jeu musical de Frédéric à la flûte n’est pas chose aisée. Mais même Burney, des mélodies légères et agréables. La Sonate n 190 en do mineur fait partie des quelques rares sonates dont que sa qualité de musicien anglais dispensait d’une obligation de flatter le roi, eut le jugement suivant : “Son on se demande si elles n’auraient pas pu être composées après son accession au trône. Un élément en faveur embouchure est nette et égale, son doigté brillant et son goût pur et simple […]. Bref, son jeu surpasse en de cette hypothèse : les trois récitatifs instrumentaux de la première partie, marquée par des changements plusieurs points tout ce que j’avais entendu jusqu’alors parmi les amateurs et même parmi les flûtistes de tempi. C’est également une caractéristique des Sonates prussiennes pour clavier Wq 48 de Carl Philipp professionnels.” La manière qu’avait Frédéric de jouer les adagios faisait l’objet d’éloges très particuliers de la Emanuel Bach, que celui-ci ne dédia pourtant à Frédéric II qu’après son accession au trône en 1740. Cette part de ses contemporains. Cela ne surprend pas, car l’interprétation des adagios était considérée à l’époque argumentation semble cependant ignorer que Frédéric recourt non seulement dans cette sonate-ci, mais comme l’un des critères permettant de reconnaître un “vrai musicus”, un musicien véritable. C’est Johann également dans trois autres à cette fonction du récitatif. Un dernier élément de nature à enflammer le débat : Joachim Quantz en personne, le maître de flûte de Frédéric, qui dans sa méthode de flûte traversière en avait la similitude du mouvement final de la sonate de Frédéric avec le célèbre thème de fugue qu’il proposa à Jean fait un critère déterminant permettant de distinguer le musicien du simple mélomane. Sébastien Bach lorsque celui-ci se rendit en visite à Sanssouci en 1747.

L’art de la gouvernance et celui des sons : le roi compositeur Le vieux Bach face à Frédéric : L’Offrande musicale Frédéric II n’était pas seulement un flûtiste passionné, il était aussi compositeur. Parmi ses œuvres, on ne Trois ans avant sa mort, Jean Sébastien Bach, qui occupait depuis 1723 les fonctions de Kantor de l’église compte pas moins de 121 sonates pour flûte ainsi que six concertos. Les sonates furent probablement toutes Saint-Thomas de Leipzig, se rendit avec son fils Wilhelm Friedemann au château de Sanssouci où son fils composées avant son accession au trône, alors qu’il était prince héritier. Ruppin et Rheinsberg avaient été pour Carl Philipp Emanuel était musicien de cour. À propos de ce séjour très discuté de Bach à Sanssouci, on peut lui des lieux d’étude, dans lesquels il pouvait travailler son rôle de futur roi. Les talents de composition d’un lire dans les Berlinische Nachrichten, un journal berlinois, le commentaire suivant daté du 11 mai 1747 : prince étant alors considérés comme autant d’éléments permettant de se faire une idée de ses talents d’homme “On apprend de Potsdam que le célèbre maître de chapelle de Leipzig, Monsieur Bach, y est arrivé dimanche d’état et sa capacité à gouverner, il n’est pas étonnant qu’à l’époque même où il entendait faire preuve de dernier dans l’intention d’avoir le plaisir d’entendre la célèbre musique du Roi de Prusse. Le soir, à l’heure son “potentiel en matière de gouvernement”, Frédéric prit des leçons de composition et se mit lui-même à où commence habituellement le concert de musique de chambre dans les appartements royaux, on annonça écrire de la musique. Pour la pratique de gouvernement d’un prince, la maîtrise de l’harmonie et des règles qui à Sa Majesté que le maître de chapelle Bach venait d’arriver à Potsdam et qu’il se tenait justement devant permettent de résoudre les dissonances en consonances était considérée comme un atout majeur. Les deux ses appartements, attendant que Sa Majesté veuille bien l’autoriser à assister au concert. Sa Majesté donna Sonates de Coburg, retrouvées en 2012 et qui font partie des cinq seuls manuscrits autographes conservés, immédiatement l’ordre de le faire entrer et, lorsque celui-ci fut entré, Sa Majesté s’installa au pianoforte montrent que le roi n’était pas seulement capable d’écrire la partie mélodique, mais aussi de composer lui- où elle donna elle-même, sans aucune préparation, un thème au maître de chapelle Bach en lui demandant même les parties d’accompagnement. Son maître de concert Johann Gottlieb Graun et son maître de flûte d’inventer une fugue sur celui-ci. Le maître de chapelle y réussit si bien que non seulement Sa Majesté en Quantz lui seront cependant certainement venus en aide et l’auront aidé à corriger telle ou telle erreur. Les conçut un grand plaisir, mais que toutes les personnes présentes en furent impressionnées et restèrent concertos pour flûte de Quantz sont parmi les premières œuvres originales destinées à cet instrument. Il fallut admiratives. Monsieur Bach trouva le thème qui lui avait été proposé d’une telle beauté qu’il souhaite en faire attendre ses compositions pour que la flûte devienne en Allemagne un instrument soliste populaire. une fugue dans les règles de l’art, qu’il fera ensuite imprimer.” Deux mois à peine après cette visite, Jean D’un point de formel, Frédéric II suit, dans ses propres concertos, le modèle de ceux de Vivaldi. Mais il modifia Sébastien Bach publiait l’Offrande Musicale BWV 1079. Cet ensemble comprenant deux fugues intitulées le modèle vivaldien classique du concerto pour instrument soliste en confiant aux passages solistes des thèmes “Ricercar”, dix canons dont une “Fuga canonica” avec la partie supérieure réalisée en canon, ainsi qu’une propres, très dominants, qui ne suivent pas ceux de l’orchestre. Frédéric, qui jouait lui-même les parties sonate en trio pour flûte, violon et basse continue, se fonde sur le Thema Regium donné à Sanssouci, un solistes de ses propres concertos, permettait ainsi à la flûte d’occuper une position dominante par rapport thème complexe de huit mesures en do mineur. Au-dessus des fugues, Bach nota l’acrostiche latin “Regis à l’orchestre, donnant par là-même à ses concertos pour flûte une dimension représentative très marquée. Iussu Cantio Et Reliquia Canonica Arte Resoluta” (“Sur ordre du Roi, la mélodie et le reste résolus selon l’art du canon”), dont les initiales composent le terme de “Ricercar” (“chercher”), significatif pour l’ensemble de l’œuvre. Le thème, très caractéristique pour la musique de Jean Sébastien Bach, est-il l’œuvre exclusive du Roi, ou fut-il, bien que les récits n’aillent pas en ce sens, influencé par Carl Philipp Emanuel Bach ? La question est aujourd’hui encore controversée et donne lieu à de nombreuses spéculations.

5 MUSIQUE À SANSSOUCI français 6 Potsdam, Château de Sanssouci, le salon de musique, 1745-47, akg-images. C. P. E. Bach : “Le plus grand musicien” – au petit salaire Johann Gottlieb Graun : maître de concert d’une chapelle de compositeurs À partir de 1740, Carl Philip Emmanuel Bach accompagna en qualité de premier claveciniste (la cour en Le maître de concert Johann Gottlieb Graun, frère du maître de chapelle de la cour Carl Heinrich Graun, est comptait deux) les concerts royaux quotidiens. Il avait été sollicité dès 1738 par le prince héritier pour sa cour le premier musicien de la chapelle du prince héritier à avoir bénéficié d’un poste fixe. Ce violoniste bénéficia de Rheinsberg, mais tout porte à croire que malgré cet engagement, il n’a pas séjourné entre 1738 et 1740 dès octobre 1732 d’un congé de la part du prince Auguste Frédéric de Waldeck-Pyrmont pour se rendre à à Rheinsberg, où ce poste était déjà occupé par Christoph Schaffrath. Un second claveciniste ne fut rendu Ruppin. Johann Gottlieb Graun était l’un des disciples de Johann Georg Pisendel, qui eut une forte influence nécessaire qu’après l’accession au trône et le développement de deux résidences, l’une à Berlin et l’autre à formatrice sur lui. Avec son prédécesseur Jean-Baptiste Volumier, celui-ci, en sa qualité de maître de concert, Potsdam. avait fait de la chapelle de la cour de Dresde l’un des meilleurs orchestres d’Europe. Lors d’une visite à la cour “[C. P. E] Bach est le plus grand musicien au monde”, c’est ce que le compositeur Johann Adolf Hasse, très d’Auguste II en 1728, Frédéric, alors prince héritier, avait découvert la chapelle de la cour de Dresde qui lui apprécié de Frédéric II, aurait dit à celui-ci lors d’une visite à Potsdam. C’est du moins ce que relate Carl servit de modèle lorsqu’il se mit en tête de constituer sa propre chapelle. Après Johann Gottlieb Graun, il fit Friedrich Zelter, directeur de la Singakademie de Berlin dans son Hommage à Frédéric le Grand. Hasse également venir à Ruppin d’autres élèves de Pisendel. Ainsi, après la mort d’Auguste II en 1733, ce furent faisait allusion à deux symphonies de Bach en mi mineur, Wq 177 et Wq 178. Dans la mesure où le goût de les violonistes Franz Benda et Georg Czarth ainsi que le violoncelliste Christoph Schaffrath qui quittèrent Frédéric, qui suivait le style galant, n’était pas compatible avec le style de C. P. E. Bach, celui-ci n’occupa la chapelle de Dresde pour rejoindre Ruppin. Le nombre relativement important de compositeurs parmi les pas de position-clé parmi les musiciens de sa cour, ce qui lui valut d’être nettement moins bien payé que ses musiciens de la chapelle de Frédéric en fit bientôt une caractéristique significative, et son niveau musical collègues Carl Heinrich Graun et Johann Gottlieb Graun. En tant que maître de chapelle et maître de concert, très élevé en était l’expression. Parmi ses contemporains, Johann Gottlieb Graun jouissait d’une excellente ils gagnaient 2000 thaler par an, tandis que C. P. E. Bach devait se contenter d’un revenu de 300 thaler. Il réputation, notamment en tant que compositeur de musique instrumentale. Les différentes distributions gagnait même moins que ses deux élèves Christoph Nichelmann et Johann Friedrich Agricola. L’absence de pour lesquelles sont composées ses symphonies soulignent qu’elles furent écrites pour différents lieux reconnaissance de la part de Frédéric II poussa C. P. E. Bach à prendre en 1768 la succession de son parrain disposant de différentes conditions d’exécution. Bien qu’il suive généralement des modèles italiens dans ses Georg Philipp Telemann à Hambourg, où il put relever de nouveaux défis en tant que directeur de la musique. symphonies, Graun composa également des ouvertures dans le style français. Parmi elles, son Ouverture en ré Zelter lui-même estimait que c’est durant les années passées au service de Frédéric II que C. P. E . Bach avait mineur Graun WV A:XI:2:I en deux mouvements, composée d’un mouvement lent suivi d’une fugue rapide. composé ses meilleures œuvres, et que c’est à ce moment également que son “divin talent au clavier [avait été] Dans la mesure où le style français était apprécié à la cour de Frédéric, on peut supposer que cette ouverture d’autant plus reconnu”. Si C. P. E. Bach n’occupait pas une position centrale lors des concerts de Sanssouci, ne fut pas écrite à la cour de Dresde, mais au plus tard vers 1750. il trouva dans les milieux musicaux bourgeois de Berlin la reconnaissance qu’il méritait. Ainsi son Concerto pour clavecin et orchestre à cordes Wq 20 en Ut Majeur a-t-il sans doute été donné lors de concerts privés Coda : le castrat du roi ou dans le cadre d’académies de musique à Berlin. C. P. E. Bach fréquentait en effet la “Musikaussübende À la mort de Johann Joachim Quantz, le maître de flûte que Frédéric II appréciait tant, le 12 juillet 1773, Gesellschaft” de Johann Philipp Sack, organiste de l’église de la cour et de la cathédrale, et la “Musikalische et après que l’on eut en vain tenté de le remplacer par son élève le flûtiste Augustinus Neuff, les concerts Assemblée” de Christian Friedrich Schale, qui fut entre 1741 et 1745 second organiste de la cour. Il est de chambre accompagnés d’un simple ensemble à cordes et au besoin d’un basson comme instrument tout à fait possible que la Symphonie pour deux hautbois, deux cors, cordes et basse continue en Mi bémol d’accompagnement furent abandonnés et remplacés par des prestations solistes accompagnées au clavier. Majeur (Wq 179) de C. P. E. Bach ait également été donnée dans ce cadre. Elle fait partie de ses “Symphonies Le roi lui-même joua encore jusqu’au déclenchement de la guerre de succession de Bavière (1778-1779). berlinoises” et fut écrite en 1757 durant la Guerre de Sept Ans. À l’origine, C. P. E. Bach l’avait uniquement Mais lorsque les concerts reprirent après la fin du conflit, seul le castrat Giovanni Coli se produisit encore, destinée à un ensemble à cordes. Ce n’est qu’après son départ pour Hambourg qu’il y ajouta les parties pour accompagné au piano par Carl Friedrich Christian Fasch ou Johann Christian Schramm. Avec ses airs instruments à vent, qui lui ouvraient de nouveaux horizons en matière de timbre comme de nuances. préférés, Coli a pu proposer à Frédéric II dans ses dernières années, à l’instar de Farinelli auprès du roi d’Espagne Philippe V, un refuge lui autorisant quelque détente et un “lieu de mémoire” rappelant les temps passés. Frédéric mourut le 17 août 1786 dans un fauteuil de son cabinet de travail, mitoyen du salon de musique, au château de Sanssouci. Son souhait d’être enterré dans un caveau sur la terrasse supérieure, aux côtés de ses chiens, ne fut exaucé qu’en 1991, car son neveu et successeur Frédéric Guillaume II s’y était opposé.

Lena van der Hoven Traduction : Elisabeth Rothmund

7 MUSIQUE À SANSSOUCI français The King is practising! Guests invited to the chamber concerts entered the palace through the Cour d’honneur at the rear of the courtyard Music at Sanssouci side. The palace was divided into a representative and a private section in the east wing. Charles Burney, who had been travelling across Europe on a musical journey since 1770, arrived in Potsdam in 1772. He was among the few Reading this title, who does not think at once of Adolph Menzel’s oil painting A Flute Concert of (foreign) guests who were allowed to visit Frederick’s chamber concerts. In his travel journal, entitled The Present at Sanssouci (1852) with its depiction of Frederick II (1712-86) playing the traverso? Although Menzel’s painting State of Music in Germany, he described not only the concert but his entire visit to the palace. Between five and six in idealises the Prussian King through the eyes of the nineteenth century, its popularity has influenced our view of the evening Burney was led into the residence by a guardsman – his account underlines the fact that he could not have musical practice in the Prussian summer palace. entered the closely guarded palace without this escort. After the officer had led Burney inside, he was welcomed to the palace in the Long Gallery by Frederick’s reader and confidant Henri de Catt, who accompanied him for the rest ’s first servant in the vineyard of the Lord of the evening. From the gallery, he was ushered first into the Entrance Hall, a vestibule executed in marble stucco, The King himself had made sketches for the palace, which was built by his architect Georg Wenzeslaus von which reproduces the exterior façade in ten Corinthian columns. From there, the visitor passes even today into the Knobelsdorff from 1745 onwards. The six terraced vineyards on the south side of the royal kitchen garden of his magnificent oval Marble Hall, which is distinguished by its gilded round cupola modelled on the Pantheon in Rome. father Frederick William I (1688-1740) had been laid out in the previous year. The summer palace in Rococo Niche statues of Apollo, the god of music, and Venus can be admired in the hall. From the Marble Hall de Catt led style was already inaugurated on 1 May 1747, although all twelve rooms were not yet completed at that time. It may Burney through the King’s private chambers to the Audience Room, which preceded the Concert Room and conveyed be mentioned in passing here that this is something the palace has in common with the first royal opera house in a ceremonial character. Once there, Burney had to wait with the musicians of the royal musical establishment (the Prussia, since the Berlin Opera too had opened in only a semi-finished state – with Carl Heinrich Graun’s dramma Kapelle) for permission to enter and thus witnessed an incident that is interesting from today’s perspective: the King per musica Cleopatra e Cesare in 1742. The almost modest-looking, single-storey palace overlooking the terraced was practising! Burney writes: ‘This apartment was contiguous to the concert-room, where I could distinctly hear vineyards and surrounded by nature was intended to be a refuge for the King and his invited guests – to afford them his majesty practising Solfeggi on the flute, and exercising himself in difficult passages, previous to his calling in the a life ‘sans souci’ (without a care). Although Frederick II initially lived there only from late April to early October band.’ The Concert Room may be regarded as one of the finest examples of Frederician Rococo. In accordance with (except in years when he was on campaign), Potsdam increasingly became his true residence. As a result of this, the the Rococo style, also known in French as ‘Rocaille style’, the room impresses the spectator with its lavish golden monarch – and thus the decision-making centre – moved away from the Berlin court community. Rocaille (i.e. shell-shaped) ornaments entwined on the white walls and ceiling. They swirl around the wall mirrors and murals, which add volume to the room. One may admire both a landscape and a view of Sanssouci Palace by Antoine When music was a mark of the King’s favour . . . Pesne and two overdoors with landscapes by Charles Sylva Dubois. As in Menzel’s oil painting, the fortepiano by As had already been the case when he was Crown Prince in Ruppin and Rheinsberg, Frederick II organised his time Gottfried Silbermann (1746) and Frederick’s music stand point to the function of the room. according to a strict daily schedule. Music had a fixed place in this timetable: every evening he played in a chamber concert with his court musicians. But unlike the scene portrayed by Menzel, it should not be assumed that Frederick ‘His performance surpassed any thing . . .’ played before such a large group of guests. Quite the contrary: in general no audience attended the concerts at all. The concerts took place only in times of peace, although the King also played music in camp during his military Nevertheless, it is likely that all the individuals depicted by Menzel were invited to a concert at some stage – just campaigns. In the years up to 1773 one can imagine the concerts as described by Kurd von Schöning: ‘Before not all together. If guests were allowed to participate in the chamber concert, it was only by special invitation of the the concert, which usually started at six, he practised for a quarter of an hour; then he played three concertos, and King. In most cases, these were people who were already connected with the court as a family member or confidant sometimes also heard one played by Quantz, or a solo violoncello piece, or a singer perform an aria, after which in of the King, such as the historian Anton Balthasar König, the writer Jacob Friedrich von Bielfeld, Frederick’s general the music for the day came to an end.’ ‘reader’ Henri de Catt or his favourite sister Margravine Wilhelmine of Bayreuth. An invitation to a chamber concert It is not easy today to assess the quality of Frederick’s flute playing. But even Burney, who as an English writer on betokened the King’s favour and was thus an instrument of control of the court inner circle. In especially rare cases, music did not have to flatter the King, judged as follows: ‘His embouchure was clear and even, his finger brilliant, connoisseurs of music like the English music critic and historian Charles Burney or politically important music- and his taste pure and simple. . . . in short, his performance surpassed, in many particulars, any thing I had ever lovers like the Electress Maria Antonia Walpurgis of Saxony were invited to the concerts. Frederick’s wife Elisabeth heard among Dilettanti, or even professors.’ The King’s adagio playing, especially, was frequently singled out for Christine of Brunswick-Wolfenbüttel-Bevern, however, never set foot in Sanssouci Palace. He had married her in favourable comment by his contemporaries. This is not surprising, since the performance of adagio movements was 1733, when he was Crown Prince, in order to hold his first real court in Ruppin, after having been placed under still regarded at this time as the distinguishing characteristic of a ‘true musicus’. No less an authority than Frederick’s house arrest in Küstrin by his father following his failed escape attempt in 1730. Once Frederick came to the throne teacher Johann Joachim Quantz, in his treatise Versuch einer Anweisung, die Flöte traversière zu spielen (Essay in 1740, Elisabeth Christine lived apart from the King at Schönhausen Palace in Berlin, where she too regularly in instruction on playing the transverse flute), had cited this as a criterion differentiating such players from mere hosted concerts of music. But even if only a few guests heard the King himself performing on the flute, knowledge amateurs. of his playing spread through all manner of disseminators, among them the French philosopher and writer Voltaire and Frederick’s sister Wilhelmine, but also Francesco Algarotti and the Marquis d’Argens within the court. In the summer of 1750 Voltaire travelled to Sanssouci, where he received from Frederick’s hands the insignia of the Order ‘Pour le Mérite’, which had actually been instituted for military achievements. He was, however, stripped of it in 1753 after falling out of favour. It is unclear whether Voltaire ever actually lived in the ‘Voltaire Room’ named after him at Sanssouci Palace, since he had rooms at the City Palace in Potsdam during his stay from 1750 to 1753.

8 MUSIC AT SANSSOUCI english Statesmanship and musicianship: the King as composer Frederick II was not only an avid flautist, however, but also a composer. His compositions include no fewer than 121 flute sonatas and six flute concertos. The sonatas were probably composed exclusively during his time as Crown Prince. Ruppin and Rheinsberg had served him as places of study where he could shape his prestige as future king. Since it was thought that a prince’s ability to compose permitted inferences to be drawn as to his ability to govern, it is not surprising that, at the very time when he wanted to demonstrate his ‘governing potential’, Frederick received instruction in composition and wrote music himself. Understanding of harmony and of the rules by which dissonance can be resolved to consonance was regarded as a particular asset for a prince’s good governance. The two ‘Coburg’ Sonatas, rediscovered in 2012, which are among the only five surviving autographs of Frederick, show that he was capable not only of writing the melodic line, but also of composing the accompanying voices himself. Nevertheless, his Konzertmeister Johann Gottlieb Graun and his flute teacher Quantz must certainly have been on hand to help and correct him when necessary. The flute concertos of Quantz were among the first original works for the new instrument. It was his compositions that popularised the flute in Germany as a solo instrument. In formal terms, Frederick II modelled his flute concertos on those of Antonio Vivaldi. But he modified the classical Vivaldian model of the solo concerto by giving the solo passages their own pervasive themes, which are independent of the tutti themes. In so doing he allowed the flute, which he played himself, to assume a more dominant position in relation to the orchestra in his compositions, and gave his flute concertos a representative character. By contrast, in the time of Frederick II sonatas fulfilled the function of diverting amateurs and dilettantes, and also served as exercises for students. In composing his flute sonatas, Frederick took as his blueprint the type used by Giuseppe Tartini, who did not adopt the widespread four-movement structure in his sonatas, but composed works in three movements. So almost all Frederick’s sonatas too consist of three movements in the sequence fast – slow – fast. As a rule, in accordance with the prescriptions of contemporary theorists, they are characterised by light and pleasant melodies. Frederick’s Sonata no.190 in C minor is one of the few concerning which there is discussion as to whether it could have been composed after he came to the throne. One reason for this lies in the three instrumental recitatives found in the first movement and marked by tempo changes. This is also a feature of Carl Philipp Emanuel Bach’s ‘Prussian’ Sonatas for keyboard Wq 48, which the composer only dedicated to Frederick after his accession in 1740. But this argument overlooks the fact that Frederick used the device of the recitative not only here, but also in three other sonatas. The debate is further fuelled by the similarity between the finale of Frederick’s sonata and the famous theme he gave Johann Sebastian Bach as a fugue subject when the latter visited Sanssouci in 1747. Old Bach at Frederick’s court: a Musical Offering Three years before his death, Johann Sebastian Bach, who had been Kantor of St Thomas’s Church in Leipzig since 1723, travelled with his eldest son Wilhelm Friedemann to visit Sanssouci Palace, where his second son Carl Philipp Emanuel was employed. Here is what the Berlinische Nachrichten of 11 May 1747 has to say about this oft-discussed visit: ‘We hear from Potsdam that last Sunday the celebrated Kapellmeister from Leipzig, Herr Bach, arrived with a view to enjoying the pleasure of hearing the excellent Royal Music there. In the evening, at about the time when the customary chamber music in the Royal apartments usually begins, His Majesty was informed that Kapellmeister Bach had arrived at Potsdam and was waiting in His Majesty’s antechamber for His Majesty’s most gracious permission to hear the music. His August Self immediately gave orders for Bach to be admitted, and, when he entered, went to the so-called Forte and Piano, and condescended, in His Most August Person

Anton Graff, Frederick II, King of Prussia, 1781, oil on canvas, Potsdam, Sanssouci Palace, akg-images.

9 MUSIC AT SANSSOUCI english and without any preparation, to play a theme for Kapellmeister Bach, which the latter was to execute in a frequented the ‘Musikausübende Gesellschaft’ (Society for the performance of music) run by the palace and fugue. The aforementioned Kapellmeister did this so felicitously that not only was His Majesty pleased to cathedral organist Johann Philipp Sack and the ‘Musikalische Assemblée’ of Christian Friedrich Schale, show his satisfaction thereat, but also all those present were seized with astonishment. Herr Bach found the second chamber harpsichordist from 1741 to 1745. His Symphony for two oboes, two horns, strings and theme given to him so exceedingly fine that he intends to set it down on paper as a properly ordered fugue and basso continuo in E flat major Wq 179 might also have been played in these surroundings. It is one of his have it engraved on copper.’ ‘Berlin Symphonies’ and was written in 1757, during the Seven Years War. C. P. E. Bach originally conceived Two months after returning home Johann Sebastian published the Musical Offering BWV 1079. This the symphony for strings. It was only after his departure for Hamburg that he added wind parts, which offered collection consists of two fugues headed ‘Ricercar’, ten canons including a ‘Fuga canonica’ whose top line is him new potential for moulding timbres and dynamics. realised in canon, and a trio sonata for flute, violin and continuo. All these pieces are based on the complex eight-bar Thema Regium (royal theme) in C minor submitted to Bach at Sanssouci. Above the fugues Bach Johann Gottlieb Graun: Konzertmeister in a Kapelle of composers marked the Latin acrostic ‘Regis Iussu Cantio Et Reliqua Canonica Arte Resoluta’ (‘At the behest of the Frederick’s Konzertmeister, Johann Gottlieb Graun, brother of the Kapellmeister Carl Heinrich Graun, was King, the melody and the rest resolved by canonic art’), the initials of which form the word ‘Ricercar’ (search), the first tenured musician of the Crown Prince’s Kapelle. Back in October 1732, when he was a violinist in a highly significant term for the Musical Offering. Whether the theme, which is very characteristic of J. S. the employ of Prince August Friedrich zu Waldeck und Pyrmont, he was given leave of absence to travel to Bach, actually came from the King alone or was perhaps (contrary to the eyewitness accounts) influenced by Ruppin. J. G. Graun was a pupil of Johann Georg Pisendel, who had a powerful formative impact on him. Carl Philipp Emanuel Bach, is still today a matter for speculation. Along with his predecessor as Konzertmeister Jean-Baptiste Volumier, Pisendel had made the court ensemble (Hofkapelle) one of the finest orchestras in Europe. Frederick had become acquainted with the C. P. E. Bach: ‘the greatest musician’ – on a small salary group on a visit to the Dresden court of Augustus II in 1728, when he was Crown Prince, and it became Carl Philipp Emanuel Bach, as the first of the two chamber harpsichordists, had accompanied the King’s his model in building his own Kapelle. After Johann Gottlieb Graun, he brought more Pisendel students nightly concerts since 1740. The Crown Prince had already been summoned to to Ruppin. Thus, after the death of Augustus II in 1733 the violinists Franz Benda and Georg Czarth and the Rheinberg court in 1738, but despite this appointment he probably the cellist Christoph Schaffrath also came from Dresden. The relatively high number of composers among did not reside in Rheinberg between 1738 and 1740, since Christoph Frederick’s tenured musicians soon became a distinguishing characteristic of his Kapelle and was reflected Schaffrath already occupied the same functions there. A second chamber in its high musical standards. J. G. Graun enjoyed a good reputation among his contemporaries, notably as harpsichordist only became necessary in practice after Frederick’s a composer of instrumental music. The varied scoring of his symphonies indicates that they were written for accession, when the King had two seats of residence, in Berlin and different places with different performing conditions. Although he generally adopted Italian models in his Potsdam. symphonies, he also composed overtures in the French style. One of these is his two-movement Overture in ‘[C. P. E.] Bach is the greatest musician in the world’, the composer D minor GraunWV A:XI:2:I, consisting of a slow section and a fast fugue. Since the French style held sway at Johann Adolf Hasse (whom Frederick II esteemed highly) is said to Frederick’s court, is may be assumed that the work was not composed at the Dresden court, but at Sanssouci, have told the King on a visit to Potsdam. These words are reported no later than 1750. by Carl Frederick Zelter, director of the Berlin Singakademie, in his Gedenkrede auf Friedrich den Großen (Eulogy of Frederick the Great). Hasse was alluding here to Bach’s two symphonies Coda: the King’s eunuch After Frederick’s esteemed flute teacher Johann Joachim Quantz died on 12 July 1773 and fruitless efforts in E minor Wq 177 and Wq 178. Since Frederick’s taste, which were made to replace him with the flautist and Quantz pupil Augustinus Neuff, chamber concerts with a inclined to the style galant, was not compatible with the style of C. simple string section and optional bassoonist as an accompanying instrument were abandoned. Henceforth P. E. Bach, the latter did not in the King’s view occupy a key position the chamber concerts were challenged by individual solo performances with keyboard accompaniment. The among his court musicians, and was significantly less well paid than King himself continued to play the flute until the outbreak of the War of the Bavarian Succession (1778- his colleagues Carl Heinrich Graun and Johann Gottlieb Graun. They 79). When the concerts resumed in June, after the war, they consisted solely of appearances by the soprano earned 2000 thalers a year each, as Kapellmeister and Konzertmeister castrato Giovanni Coli, with keyboard accompaniment by Carl Friedrich Christian Fasch or Johann Christian respectively, while Bach had to settle for only 300 thaler. He even received Schramm in alternation. Coli’s function may possibly have been, as with the famous castrato Farinelli and the Alfred Lemoine, C. P. E. Bach, Lithograph a lower salary than his two students Christoph Nichelmann and Johann Frederick after a lost original, 1867, Spanish King Philip V, to offer Frederick a refuge for relaxation and a remembrance of earlier times in the last Berlin, Sammlung Archiv für Kunst Agricola. In view of Frederick II’s lack of appreciation, in 1768 Bach moved to years of his life by performing his favourite arias. Frederick II died in Sanssouci Palace on 17 August 1786 und Geschichte, akg-images. Hamburg to succeed his godfather Georg Philipp Telemann as that city’s director of in an armchair in his study, which was adjacent to the Concert Room. His wish to be buried beside his dogs music, a post that offered him new challenges. in a vault on the highest of the terraced vineyards was granted only in 1991, since his nephew and successor Zelter himself deemed that C. P. E Bach had composed his best works at Frederick’s court and that his ‘divine Frederick William II had opposed the idea. keyboard playing [had been] all the more acknowledged’. Although Bach did not play a central role in the court concerts at Sanssouci Palace, however, he did receive the recognition he deserved in the town musical Lena van der Hoven circles in Berlin. His Concerto for harpsichord and strings in C major Wq 20, composed in 1746, may well Translation: Charles Johnston have been heard in private performances or in academies (public concerts) in Berlin, for we know that he

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