Les Graffiti Des Prisonniers Sous L'occupation Mémoire Et Réflexions
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de la Fondation de la Résistance Reconnue d'utilité publique par décret du 5 mars 1993. Sous le Haut Patronage du Président de la République n° 86 – septembre 2016 – 5,50 € Dossier thématique Les graffiti des prisonniers sous l'Occupation Mémoire et réflexions 1. Brassard réglementaire d’Alger surchargé d’une étoile rouge et du sigle FTPF. 2. Brassard « officiel » du Mont- Mouchet ayant appartenu à René Ondet. Les brassards du Mont- Mouchet sont authentifiés par l’apposition du cachet de l’état-major des FFI d’Auvergne. 1 2 3. Brassard de l’escadron Roland du 11e régiment de Cuirassiers Collection Yannick Boyer, droits réservés reconstitué dans le Vercors (modèle Collection Maurice Bleicher, droits réservés. réglementaire de Londres). Histoire d’objets de la Résistance Cette nouvelle rubrique de La Lettre présentera, chaque trimestre, l’histoire d’un objet emblématique de la Résistance. Elle montrera comment ces objets ont marqué durablement l’histoire et la mémoire de la Résistance. Les lecteurs pour- ront retrouver d’autres objets de la Résistance commentés de la sorte grâce au musée de la Résistance en ligne www.museedelaresistanceenligne.org Les brassards de la Résistance 3 Musée de la Résistance de Vassieux-en-Vercors, droits réservés Dès l’automne 1943, le War Office se préoc- de la France. Pour pallier l’insuffisance de para- cupe de la question de la reconnaissance de la chutages de brassards, certains maquis ou unités qualité de belligérant aux « civils prenant les armes FFI fabriqueront leurs propres brassards plus ou fin mai 1944, à destination des maquisards du pour aider à la libération de leur pays (1) ». La solu- moins inspirés des modèles réglementaires. Mont-Mouchet. tion préconisée est de les équiper de brassards En France occupée, les premières consignes sur À ces brassards FFI, il faut ajouter ceux même si « personne ne sait quelle protection cela la conception des brassards émanent de l’État- des résistants « civils » relevant des comités leur accordera » (1). Cependant, l’État-major allié major national-FFI et datent du 25 mars 1944 : de libération (CDL, CLL ou du CPL) et qui s’oppose catégoriquement à l’envoi de brassards « brassard d’étoffe blanche portant au centre une croix semblent avoir surtout servi dans les premiers en France aux patriotes se trouvant derrière les de Lorraine (4) ». L’État major national-FFI reprend temps de l’après-libération, pendant la phase lignes ennemies, considérant que le brassard alors les préconisations d’Alger adressées aux d’installation des pouvoirs locaux résistants. n’est pas une protection suffisamment efficace. délégués civils et militaires quelques jours plus tôt. Ces derniers sont le plus souvent rapidement À partir du mois d’avril 1944, les télégrammes L’impression de la croix de Lorraine sur les confectionnés à partir de rubans d’inauguration provenant de France et à destination de Londres brassards fait l’objet de nombreuses discussions, ou d’écharpes d’élus. Après la Libération appa- insistent sur la nécessité de munir les FFI d’un qu’on peut relier à la volonté d’autonomie poli- raissent les brassards commémoratifs, parfois signe de reconnaissance, brassard ou insigne. tique de certaines tendances de la Résistance difficiles à différencier des brassards FFI. Le BCRA puis l’État-major FFI du général à l’égard du Gouvernement provisoire dirigé Même si de nombreux FFI, malgré le port de Koenig mettent tout en œuvre pour parvenir à par le général de Gaulle. Dans sa séance du leur brassard, ont été exécutés par les Allemands doter les résistants d’un signe de reconnaissance. 10 juillet 1944, le COMAC (5) prescrit « que comme « francs-tireurs » au regard de leur Ainsi, le 22 avril 1944, un concours est ouvert le signe distinctif des FFI sera fait d’un brassard conception très particulière du droit interna- à Londres pour la création d’un brassard des tricolore portant sur la couleur blanche les trois tional de la guerre, ces brassards ont sûrement FFI qui devra comporter : « l’insigne tricolore, la lettres FFI côte à côte (6) ». De même, le 14 juillet beaucoup fait pour le moral des maquisards croix de Lorraine et un écusson blanc dans lequel le 1944, le comité militaire national des FTP les plus éloignés du front, en leur donnant le destinataire pourra mettre une inscription de son prescrit de respecter les normes du brassard FFI sentiment d’appartenir bel et bien à la force choix telles que 12e région, Haute-Savoie… (2) » . défini par le COMAC. Le communiqué publié expéditionnaire alliée. Le 13 juin 1944, le Supreme Headquarters Allied dans France d’Abord le 24 juillet 1944 précise Fabrice Bourrée (3) Expeditionary Force (SHAEF )accepte d’équiper en outre que « toute autre indication en surcharge Voir aussi l'article p. 6 les FFI de brassards. Le 19 juin, le général Koenig est interdite ». annonce par télégramme au général Cochet que Des industriels mettent leurs entreprises à la (1) AN 3AG2/457, note du War Office, 5 novembre 1943. le brassard des FFI a été adopté. La première disposition de la Résistance pour confectionner (2) AN 3AG2/457, note du commandant Lejeune, chef commande est alors envoyée à l’intendant général les brassards. Ainsi, Roger Zoller, chef d’état- du Bloc Opérationnel du BCRA de Londres, 22 avril d’Alger pour la fabrication de 50 000 brassards qui major des FFI de Seine-et-Oise Sud et adminis- 1944. seront à livrer aux Services spéciaux d’Alger. En trateur d’une manufacture de confection, utilise (3) Commandement suprême interallié. parallèle, Londres lance également la fabrication ses propres machines pour confectionner clan- (4) « Instructions générales sur l’organisation des FFI », de brassards. Le premier parachutage de 14 000 destinement 60 000 brassards FFI. À Épernay 25 mars 1944, archives privées Jean Louis Rolland. brassards a lieu le 24 juin 1944. Les services (Marne), l'ingénieur Henri Rondeaux conçoit (5) Comité d'Action Militaire du Conseil national d’Alger semblent se cantonner principalement à une machine pour imprimer les brassards. Dans de la Résistance. la partie sud du territoire alors que les brassards de le Rhône, à Tarare, ce sont 8 000 brassards qui (6) PV de la réunion du COMAC du 10 juillet 1944, Londres vont être répartis sur une grande partie sont confectionnés par une entreprise locale, AN 72 AJ 2306, fonds Jean de Vogüe. En couverture : Ce graffiti a été laissé dans la casemate n°17 du fort de Romainville par un groupe de 9 jeunes FTP de Crépy-en-Valois arrivé au fort de Romainville le 3 juillet 1943 avant d’être déportés le 16 août de la même année. La trace de leur passage en ces lieux se dégrade rapidement. Aujourd’hui seuls deux noms restent très lisibles. En l’absence de mesures rapides, ils sont voués à une disparition prochaine. Seule la trace photographique témoignera alors de leur existence. Jérémy Cuenin / Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis. 2 2 La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 86 - septembre 2016 Le mot du Président 1. Brassard réglementaire d’Alger surchargé d’une étoile rouge et du sigle FTPF. 2. Brassard « officiel » du Mont- Mouchet ayant appartenu à René n juin dernier, nous avons eu l’heureuse surprise de découvrir Ondet. Les brassards du Mont- Sommaire que le sujet d’histoire du Diplôme national du brevet proposait Mouchet sont authentifiés par aux candidats de classe de troisième d’étudier un extrait du l’apposition du cachet de l’état-major E journal clandestin L’étudiante française. Organe de liaison de l’Union féminine des FFI d’Auvergne. DOSSIER THÉMATIQUE universitaire daté du 1er février 1944. Ce document historique issu des 3. Brassard de l’escadron Roland collections du musée de la Résistance nationale à Champigny-sur-Marne Les graffiti des prisonniers sous l’Occupation du 11e régiment de Cuirassiers a fait l’objet, très récemment, d’une numérisation et d’une mise en ligne reconstitué dans le Vercors (modèle ■ Les graffiti de résistants dans les prisons ..p. I sur le site Gallica de la Bibliothèque nationale de France (BnF). Le choisir est donc un résultat indirect du vaste chantier, initié par la Fondation de réglementaire de Londres). ■ Pour en savoir plus ...................................... p. V la Résistance dès 2009 consistant à numériser le corpus le plus étendu ■ La collecte de traces fragiles : l’exemple possible de la presse clandestine parue en France entre 1940 et 1945 en des graffiti du fort de Romainville ............ p. VI vue de le rendre accessible gratuitement au grand public via internet. DR ■ Deux publications de la Libération Cette valorisation offi- sur les graffiti ....................................... p. VII cielle nous a été droit au cœur et sonne comme une ■ Les graffiti des portes des cellules reconnaissance pour cette Le mot du Président de la Gestapo de Grenoble ................... p. VIII entreprise au long cours, peu connue du grand public mais ô combien utile pour les futures ■ Les graffiti des juifs détenus au camp générations. Car au-delà de l’utilité de cette base documentaire pour la recherche historique nous de Drancy (Cité de la Muette) ............. p. VIII voyons de la sorte tout son intérêt dans le cadre d’une exploitation pédagogique. Depuis plusieurs Musée de la Résistance de Vassieux-en-Vercors, droits réservés années, la Fondation a encouragé les enseignants à s’emparer de cette ressource, notamment dans le cadre du Concours national de la Résistance et de la Déportation. Ainsi, en 2015, elle a présenté Mémoire et réflexions et commenté cinquante titres de la presse clandestine numérisée sur Gallica liés au thème du - Histoire d’objets de la Résistance .............p. 2 Concours 2015-2016 : « Résister par l’art et la littérature ».