Charlotte Gainsbourg Niels Schneider Benoit Jacquot
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CHARLOTTE NIELS GAINSBOURG SCHNEIDER UN FILM DE BENOIT JACQUOT D’après MARGUERITE DURAS LES FILMS DU LENDEMAIN présente CHARLOTTE NIELS GAINSBOURG SCHNEIDER UN FILM DE BENOIT JACQUOT D’après MARGUERITE DURAS PRESSE FRANCE • 2020 • DURÉE 1H31 • 1.85 / 5.1 • VISA N°151 483 ANDRÉ-PAUL RICCI et TONY ARNOUX Assistés de PABLO GARCIA-FONS 6, rue de la Victoire - 75009 Paris Tél. : 01 48 74 84 54 [email protected] DISTRIBUTION LES FILMS DU LOSANGE 22, av. Pierre 1er de Serbie - 75116 Paris Tél. : 01 44 43 87 16 / 17 / 25 Photos et Dossier de presse téléchargeables sur © Christophe Beaucarne / Les Films du Lendemain © Christophe Beaucarne / Les www.filmsdulosange.fr www.filmsdulosange.com Années 60. Une villa de vacances, au bord de la mer, hors saison. Une femme, Suzanna Andler, 40 ans, mariée, mère. Son jeune amant, le premier, Michel. La solitude, les doutes, l’envie de liberté, les choix de la vie. Et l’amour. D’après la pièce de Marguerite Duras (1968) © Christophe Beaucarne / Les Films du Lendemain © Christophe Beaucarne / Les 5 | SUZANNA ANDLER PROPOS DE BENOIT JACQUOT e dois beaucoup à Marguerite Duras. La le Soleil (1971). On lui avait dit que j’admirais première fois que j’ai sonné chez elle, ces films, leur force neuve et singulière, elle Jen 1972, j’avais une vingtaine d’années. cherchait quelqu’un pour l’aider à entreprendre Depuis longtemps déjà j’avais décidé de ses films à venir, un “bras droit” disait-elle. faire des films, “du cinéma” comme elle Quand elle a ouvert sa porte, elle m’a regardé disait. Je passais ma vie à rêvasser des films un bref moment avant le moindre mot, et elle a improbables, et cette vie je la gagnais en ri franchement, et du coup moi aussi, comme si assistant toute sorte de cinéastes. C’était on se reconnaissait – elle m’a fait entrer. Dans plus ou moins intéressant, souvent amusant, les deux ans qui ont suivis, je l’ai aidé à réaliser et je sais bien que ça me servait surtout à me trois films, Nathalie Granger (1972), La Femme distraire de ce que je voulais vraiment. M.D. du Gange (1973), India Song (1974), et je n’ai à ce moment-là n’écrivait pas, ou plutôt elle fait que ça. On se voyait, on se téléphonait tous écrivait les scénarios de films qu’elle tournait les jours, tout le temps en fait. Il y avait une dans des conditions économiques restreintes, bande Duras rassemblée film après film, un un ou deux films chaque année. foyer amical autour de Marguerite et ses films. Quand le film était tourné, alors seulement J’ai vite su qu’elle adorait le cinéma comme une elle écrivait, d’après le film, le livre que publiaient raison d’être ensemble, mais que la plupart des Gallimard ou Minuit. Cette déroute voulue de films, sauf exceptions, ne lui disaient rien ou l’ordinaire consécution livre-film me troublait pire. Moi, c’était le contraire, et s’ensuivaient et m’attachait. Elle n’aimait pas les films qu’on des discussions, voire des disputes, intermi- avait tiré de ses livres (Barrage contre le nables. D’où peut-être, ce geste d’elle qui a été Pacifique, Le Marin de Gibraltar, Dix Heures et ma chance : me remettre à moi, qui y croyais, demie du Soir en Été, Moderato Cantabile…). ce qu’elle attribuait au “cinéma”, et dont elle Parfois elle aimait Hiroshima mon Amour, mais préférait se décharger, pourvu que la confiance pas forcément. Elle a donc pris son taureau règne. C’est ainsi qu’on voit sur les photos de par les cornes, pour faire elle-même La Musica ces tournages, tout proches de la caméra, deux © Christophe Beaucarne / Les Films du Lendemain © Christophe Beaucarne / Les (1967), puis Détruire, dit-elle (1969) et Jaune jeunes hommes aux cheveux longs, moi-même 6 | SUZANNA ANDLER 7 | SUZANNA ANDLER et Bruno Nuytten (qui a été l’opérateur de mon -pêché de l’appeler. Un matin, c’est elle qui m’a premier film), près d’eux une jeune femme aux téléphoné comme si on s’était quittés la veille. cheveux courts, Geneviève Dufour (qui est la Elle m’a demandé, pressante comme toujours, scripte de mes films encore maintenant), ils de venir la voir à Trouville. Là-bas, on s’est filment Jeanne Moreau ou Delphine Seyrig, promené, on a parlé pendant des heures, sans Gérard Depardieu ou Michel Lonsdale – répit, sans fatigue. Je lui ai proposé de faire un pendant qu’une petite dame assez âgée, qui film avec elle, sur ce qu’elle me racontait, sur ce a l’air de passer par là, regarde avec attention qu’elle me montrait. Aussitôt dit, aussitôt fait : ce spectacle qui lui semble aussi inopiné c’était une dernière fois, on s’en doutait, mais qu’inévitable. Et c’est ainsi que sans rien c’était une joie. Il y a eu deux films, La Mort formuler dans ce sens, elle m’a mis au pied de du Jeune Aviateur Anglais et Écrire. Selon son mon mur : immédiatement après le tournage de usage, elle en a fait un livre. Et puis voilà. India Song, je me suis isolé dans sa maison Le texte de Suzanna Andler a été publié de Neauphle pour écrire le scénario de mon en mai 1968. La pièce a été représentée fin premier film, produit par son producteur, avec 1969 à Paris, Marguerite Duras affichant son une équipe qui était déjà la sienne. indifférence à l’égard de cette création. Ensuite j’ai fait mes films qui heureusement De mémoire, en 1994, ce bout de conver- n’étaient pas les siens, du coup on se voyait sation entre elle et moi : moins constamment, mais nécessairement je crois. Elle a fait Le Camion (1977), puis Navire B.J. : Pourquoi cette mise au coin de Suzanna Night (1978), que je pense être un de ses plus Andler, tu ne veux pas en entendre parler... beaux films, pas seulement parce que c’est un M.D. : C’est pas ça, je peux en parler... dialogue entre elle et moi, un témoignage de B.J. : Vas-y, dis-moi... notre amitié “à travers le temps”, comme elle M.D. : C’est pas sorcier : c’était pas le moment. l’écrit. C’est par mon entremise que Claude tu comprends pas, ça, le moment ? Berri l’a convaincue de laisser L’Amant devenir B.J. : Si, si... N’empêche... un film. Il y a eu le projet, assez vite écarté, que M.D. : Pourquoi tu l’aimes, cette Suzanna, dis- je le réalise. Plus tard, un accident médical l’a voir... plongée dans un coma de plusieurs mois. Ses B.J. : C’est très émouvant, plus directement proches ne pensaient pas la revoir vivante, émouvant... moi le premier. Au point que lorsqu’elle s’est M.D. : Ah voilà voilà... et quoi encore ? réveillée, pendant des semaines je me suis em- B.J. : C’est du Boulevard Racinisé... © Christophe Beaucarne / Les Films du Lendemain © Christophe Beaucarne / Les 9 | SUZANNA ANDLER © Christophe Beaucarne / Les Films du Lendemain © Christophe Beaucarne / Les M.D. : Qu’est-ce que ça veut dire, Grands Plus généralement, au-delà de l’extension Dieux ? de la scène aux décors dits naturels, je pense B.J. : Souvent, en français, on lit, on entend, on que le théâtre (ce faux-frère) met le cinéma voit du Racine Boulevardisé, là c’est l’inverse, devant sa propre liberté : au spectacle déroulé et ça m’émeut beaucoup. pour un spectateur en principe fixé à une place M.D. : Bon, alors fais-le. immobile, on substitue le point de vue librement B.J. : Fais quoi ? mobile, à 360 degrés si l’on veut, d’une caméra M.D. : Fais un film, tu fais des films, tu te sers qui entraine, pour un spectateur tout aussi fixe, de bouquins, jamais des miens. un déplacement imaginaire, rapprochant ou B.J. : On est trop amis... élargissant, contournant ou affrontant, selon M.D. : Taratata, c’est pas une raison, fais un les inflexions de ce qui se joue alors non plus film avec Suzanna Andler, comme ça je verrai... sur scène mais à l’écran. B.J. : Tu verras quoi ? Je voudrais, avec la complicité d’acteurs de M.D. : Ce que tu me dis là, si c’est vrai... haut niveau, trouver les figures successives B.J. : (sans réfléchir) Bon, d’accord Marguerite. d’une géométrie mentale, sentimentale – M.D. : Tu me promets ? maison au bord de la mer, du jour à la nuit, B.J. : Oui. parcourue de travellings, de plans larges ou M.D. est morte peu après. Je n’ai pas fait serrés, de rumeurs à l’arrière des mots, aux le film Suzanna Andler, ni aucun autre d’après aguets de Suzanna Andler. Duras. Un ami commun, à qui M.D. avait dit ma Et donc, tenir ma promesse. ■ promesse, me l’a rappelée récemment : c’est la raison intime de mon vœu aujourd’hui. BENOIT JACQUOT 10 | SUZANNA ANDLER 11 | SUZANNA ANDLER Films du Lendemain © Christophe Beaucarne / Les EXTRAIT DE LA PIÈCE MICHEL (Temps.) On pourrait croire votre situation difficile, même…infernale. Mais on se trompe. Il te manquait un amant ? C’est tout. (Temps.) Tu as un amant Suzanna. SUZANNA Oui. (Temps.) Ça a été un changement très grand. (Elle sourit.) Au début… j’étais débordée. MICHEL Au début ? SUZANNA Naturel terrifiant Le temps de m’habituer à cette idée. Silence. SUZANNA Je dois te dire. (Arrêt, rire bref.) C’était la première fois que je trompais Jean.