Fonds De La Filature De Vincey À Portieux
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ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DES VOSGES 80 J Fonds de la filature de Vincey à Portieux (1890-1981) Répertoire numérique établi par Philippe LÉONETTI et Alain PIERRE Actualisé par Isabelle CHAVE directrice des Archives départementales des Vosges (2010) Sous la direction de Mireille-Bénédicte BOUVET, conservatrice du patrimoine, directrice des Archives départementales des Vosges Épinal, 1992 INTRODUCTION ___________________________________________________________________________ Constitution du fonds Le fonds 80 J regroupant les archives de la filature de Vincey a fait l’objet d’un don de la société Boussac Saint frères en juin-juillet 1992 aux Archives départementales des Vosges et a été classé aux mois de juillet et août 1992. Les archives de la filature étaient restées sur site, lors de la fermeture de l’usine en 1981, sauf les registres du personnel, qui ont regagné le siège central de la société Boussac-Saint frères. Après dix années d’abandon, durant lesquelles des dommages importants ont amputé ce fonds, à l’issue d’une manifestation organisée en l’honneur du centenaire de l’usine, le gérant de la société Boussac-Saint frères fit don aux Archives départementales des Vosges, sous condition que les locaux qui les contenaient, c’est-à-dire les grands bureaux et les caves, fussent débarrassés. Grâce à l’aide technique de la mairie de Vincey, le transfert des documents qui pouvaient être sauvegardés, malgré les ravages des pillards qui avaient récupéré le mobilier en jetant les archives au sol, malgré l’eau et malgré les rongeurs, fut réalisé au mois de juillet 1992. Trois tonnes de documents, dans un état de pourriture qui ne permettait aucune restauration, ont dû être détruits. Les épaves, représentant 75 ml, transférées aux Archives départementales des Vosges, justifiaient le traitement exceptionnel qui leur a été appliqué. Les pièces de la constitution de l’affaire, des dossiers techniques, les notes d’études de produits nouveaux et de la difficile gestion de la crise sociale des années 1970 ont pu être retrouvés. Le fonds de la filature de Vincey est le seul, quoique incomplet, de ces filatures à l’anglaise qui ait pu être conservé. Les bâtiments de Fraize, d’Habeaurupt et de Saint-Étienne ont disparu, ainsi que leurs archives. Quelques pièces ont pu être prélevées à Fraize avant le passage des démolisseurs. Il importait donc d’œuvrer rapidement pour la conservation du témoignage d’une facette importante sinon primordiale de l’industrie textile des Vosges. Il faut en rendre hommage à mes collaborateurs qui ont travaillé dans des conditions particulièrement difficiles : MM. Braux, Doyen, Léonetti, Marotel, Pierre et Vincent. Les archives ont été classées selon le cadre préconisé par Bertrand Gilles pour les archives industrielles. Les deux fonds de la société cotonnière de l’Est et du comptoir de l’industrie cotonnière ont été mêlés durant l’activité de la filature et n’ont donc point été dissociés lors du tri. Le tableau synoptique des deux fonds [annexe II] permettra aux chercheurs de retrouver rapidement les documents selon leur provenance d’origine. Intérêt historique du fonds À partir de 1872, l’industrie textile s’installe dans la vallée de la Moyenne Moselle, où la ligne de chemin de fer relie depuis 1857 Nancy à Épinal. L’arrivée des industriels alsaciens et l’essor des marchés coloniaux contribuent au développement de la production textile des Vosges. La construction du canal de l’Est (1874-1883) permet le transport des denrées pondéreuses et fournit au canton de Charmes un atout supplémentaire. En 1890, l’année même où se créait à Épinal le syndicat cotonnier de l’Est, devenu peu après le syndicat textile de l’Est, une société franco-anglaise, la société cotonnière de l’Est, faisait part au maire de Portieux de son intention d’acquérir le terrain dit du Pré le Noyer. Constituée sous forme anonyme par les associés Garcin, Massard, Lings et compagnie, elle fit construire entre le canal de l’Est, la ligne de chemin de fer et la route nationale, en bordure des communes de Portieux et de Vincey1, une filature « à l’anglaise ». Le nouveau bâtiment fit partie d’une série d’usines à l’architecture triomphale, qui mêlait l’utilitaire aux réminiscences historiques, telles, pour les Vosges, les usines d’Habeaurupt (commune de Plainfaing), Fraize, La Gosse (Golbey), Saint-Étienne-lès-Remiremont, Les Longines (Saulxures-sur- Moselotte) ou encore Laveline-devant-Bruyères… 1 D’où la terminologie de filature de Vincey sise sur le territoire de Portieux. 2 La manufacture de Vincey est un vaste bâtiment rectangulaire, construit à partir d’une ossature en béton, remplie par des briques rouges à Vincey (jaunes à Fraize). Haut de quatre étages, avec un toit plat, formant réserve d’eau en cas d’incendie, le bâtiment de Vincey est flanqué de deux tours, l’une crénelée, l’autre coiffée d’une toiture tronquée à quatre pans. Les façades sont rythmées par des fenêtres géminées autrefois largement ouvertes, naguère remplies par des parpaings pour satisfaire aux normes modernes de climatisation. Ce bâtiment, connu sous le terme de Vincey I, fut équipé en 1891 de matériel d’origine anglaise, fourni par Platt, dont certains éléments restèrent jusqu’à la fermeture de 1981. Des agrandissements successifs, en particulier la construction de Vincey II, permirent de porter la capacité à 92 000 broches classiques et 3 600 broches de retords en 1929. En raison de son intérêt architectural, le bâtiment, l’un des rares survivants de la série des filatures à l’anglaise, a été inscrit à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques en 1991. Après une première série de difficultés qui contraignirent à la fermeture de l’usine, la filature est louée, en octobre 1936, au comptoir d’industrie cotonnière et entre par achat, le 1er novembre 1938, dans le groupe Boussac, qui acquit, au lendemain de la crise de 1929, une quinzaine d’établissements en Alsace et en Lorraine. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, et jusqu’en 1963, de nombreuses acquisitions renouvellent le parc de machines. D’importants travaux de climatisation sont réalisés. La filature tente alors de diversifier sa production par la fabrication de fils synthétiques. Mais depuis 1955 et l’amenuisement du marché colonial, l’industrie textile connaît des difficultés que renforce la crise du pétrole de 1974. Le transfert de matériel et les échanges de fournitures entre les différentes usines du groupe ne permirent pas de maintenir le site de Vincey qui ferma le 1er octobre 1981. Depuis lors, des sociétés diverses (matériel pédagogique, unité de stockage du commerce alimentaire, publiciste) et un musée privé de l’armement des deux guerres mondiales occupent et entretiennent les locaux industriels, empêchant le formation d’une friche, et maintiennent une activité économique locale. Conditions de communication du fonds Par extension des délais applicables à la communication des archives publiques à la date d’entrée du fonds aux Archives départementales, un délai de 30 ans de non communicabilité a été appliqué à l’ensemble des dossiers, à compter de la date de clôture du dossier. Ce délai a été porté à 120 ans à compter de la date de naissance pour tout ce qui concerne le personnel. Mireille-Bénédicte Bouvet, 1992. Nota bene. La loi du 15 juillet 2008, modifiant les délais de communicabilité des archives publiques, a rendu caduque ce délai de 30 ans, ici appliqué par extension à un fonds d’archives privées. Les dossiers du fonds 80 J sont donc communicables, à l’exception - toujours par extension des modalités de communication en vigueur pour les archives publiques - des articles concernant le personnel, auxquels peut être appliqué le délai de communicabilité de 50 ans, protégeant désormais la vie privée [cotes 80 J 84, 80 J 88-89, 80 J 92, 80 J 96-97, 80 J 99-104 et 80 J 111, pour le dossier « Accidents du travail, 1959-1974 »], plutôt que celui de 120 ans (rapporté à 100 ans en 2008), qui porte uniquement sur les dossiers de personnel, typologie non représentée stricto sensu dans le fonds. Isabelle Chave, 2010. 3 ORIENTATIONS BIBLIOGRAPHIQUES ___________________________________________________________________________ « L’avenir de l’industrie textile », Relations, bulletin trimestriel du Centre d’action sociale des Vosges, 1965 [Arch. dép. Vosges, JPL 740]. COLLET (Vital), Les communes du canton de Charmes, Épinal, 1905 [Arch. dép. Vosges, in-8° 2553]. DOYEN (Jean-Pierre), Les villes-usines de la Moyenne Moselle, Épinal, Société d’émulation des Vosges, 1983 [Arch. dép. Vosges, Br 4993]. DOYEN (Jean-Pierre), Le patrimoine industriel du département des Vosges, Épinal, Centre départemental de documentation pédagogique, 1983-1986, 2 vol. [Arch. dép. Vosges, Br 7763]. GAIRE (abbé Léon), Vincey, historique de l’usine, l’une des dernières nées du groupe Boussac (1890-), 1978, 72 p. [Arch. dép. Vosges, Br 4719]. POULL (Georges), L’industrie textile vosgienne (1765-1981), Rupt-sur-Moselle, chez l’auteur, 1984 [usines vosgiennes du groupe Boussac-Saint frères, p. 211-232 ; Vincey, p. 255-228]. 4 SOURCES COMPLÉMENTAIRES ___________________________________________________________________________ Archives nationales Site de Roubaix/Centre des Archives du monde du travail Entrée 1987003 Fonds Boussac Saint-Frères En 1903, Marcel Boussac (1889-1980) prend la direction de la Société d’impression des Vosges et de Normandie. Pendant la guerre, chargé des fournitures militaires à l’Intendance, il fait rouvrir les principales usines des Vosges. En 1917, le Comptoir de l’industrie cotonnière, qu’il a créé en 1911, devient une société anonyme et prend le contrôle de plusieurs filatures et tissages des Vosges. Ce fonds révèle principalement les contributions de guerre des entreprises du groupe Boussac sous forme d’impôts de guerre. La production à usage militaire n’apparaît pas. Son étude reste délicate à appréhender : les commandes se répartissaient officieusement entre les usines du groupe.