Olivier KAYSER Programme P 24

PLOMEUR (FINISTERE)

BEG AN DORCHENN

Campagne 1984

Sauvetage programme N° 1456 Site N° 29 171 002 Programme P 24 Olivier KAYSER, Conservateur à la Direction des Antiquités de Bretagne

PLOMEUR (FINISTERE)

BEG-AN-DORCHENN

++++

Campagne 1984

Sauvetage programmé N° 1456

Site N° 29 171 002 BEG-AN-DORCHENN - CAMPAGNE 1984

I - ENVIRONNEMENT ARCHEOLOGIQUE

Le patrimoine archéologique du pays se révèle très riche : rappelons l'important champ de menhirs, actuellement détruit, qui s'étalait entre la Madeleine (Penmarc'h) et Lestriguiou (Plomeur), les sépultures mégalithiques de Quelarn (Plobannalec), de Lestriguiou, de Kerugou (Plomeur), etc... Le Mésolithique est également bien repré- senté : sites du groupe Bertheaume à Kergalan, Kervouyen (), Kerbilaët (Ploneour-Lanvern) ; sites à trapèzes du Mésolithique récent à Ty-Lann, Ty-Nancien (Plovan), Porz-Carn (Penmarc'h). C'est dans ce contexte que se situe le site de Beg-an-Dorchenn (également connu sous le nom de La Torche) en Plomeur.

II - LE SITE

Il se présente comme une éminence rocheuse formant actuellement une presqu'île dans la Baie d' (Coordonnées Lambert, zone I : X = 99,50 à 100,20 ; Y = 336,40 à 336,65, parcelle A4 (609) du cadastre de Plomeur). Ce point élevé attira l'attention à plusieurs époques : il y a 6000 ans, une population de chasseurs-pêcheurs vint s'installer dans la partie nord-est ; leur séjour dura probablement plusieurs décen- nies, voire siècles, pendant lesquels ils accumulèrent un nombre impres- sionnant de débris de cuisine.

Durant le Néolithique, une sépulture mégalithique fut construite sur le sommet. - 2 -

A partir de 1 'Age du Bronze et pendant 1'Age du Fer, il semble que sur la partie occidentale s'est établi un village, ce qu'atteste- raient plusieurs dizaines de tessons de céramique recueillis en surface.

A l'époque contemporaine, une habitation existait au niveau du mégalithe, tandis qu'un blockhaus était construit à l'Est, au détriment de l'amas coquillier mésolithique.

L'évolution du site est liée aux balancements de l'Océan. Si la butte est actuellement battue par les flots, il ne faut pas perdre de vue que la ligne de rivage devait être à 2 km à l'Ouest lorsque les Mésolithiques vinrent s'installer. Le paysage actuel est donc fort dif- férent du préhistorique.

Des fouilles eurent lieu à Beg-an-Dorchenn à deux reprises. A la fin du XIXème siècle, P. DU CHATELLIER reconnaissait l'amas coquillier - dans lequel il découvrait une sépulture -, puis explorait le "dolmen". En I947-1950, P.R. GIOT fouilla plusieurs points du site, mettant en évi- dence un niveau mésolithique (l'amas coquillier), un niveau Bronze ré- cent et un niveau de 1'Age du Fer. Ses travaux portèrent également sur le mégalithe.

III - RAISONS DE LA FOUILLE

L'ensemble du site fait l'objet d'un double processus d'érosion : érosion naturelle (marées, vents, embruns) aggravée par une érosion d'o- rigine humaine (piétinement intensif et incontrôlé de ce site très tou- ristique). Il s'en suit donc une mise à nu de la couche archéologique après élimination du couvert végétal, puis sa destruction à court terme.

Si la couche mésolithique n'est pas encore piétinée, celle-ci est largement entamée par l'océan (100 m2 détruits depuis les fouilles de DU CHATELLIER) et elle apparaît en coupe dans la microfalaise. Bien in- - 3 -

» dividualisée, elle est attaquée par les grattouillages qui ont eu pour effet d'affaiblir cette coupe et de renforcer l'action destructrice des grandes marées.

Par ailleurs, l'aspect scientifique de l'opération est loin d'être négligeable. Quatre amas coquilliers mésolithiques sont actuelle- ment connus en . Celui de la Pointe Saint-Gildas (Loire-Atlanti- que) fut détruit il y a quelques années, sans avoir pu être étudié de façon satisfaisante. Ceux de Téviec et Hoëdic (Morbihan) furent fouillés à la fin des années 20 et au début des années 30 par,les époux PEQUART et révélèrent les nécropoles que l'on sait ; très bien fouillés pour l'époque, ils ne peuvent bien sûr bénéficier des techniques moder- nes d'investigation et s'ils ont permis d'isoler la culture dite "tévié- cienne", ils n'en présentent qu'une vision très partielle.

Le quatrième est bien entendu celui de Beg-an-Dorchenn dont les lambeaux sont les derniers éléments pour nous permettre d'apprécier le mode de vie d'une population côtière de la fin du Mésolithique (en at- tendant de découvrir de nouveaux amas coquilliers, s'il en reste). L'intérêt en est d'ailleurs renforcé par le fait que cette population serait en voie de néolithisation (présence d'animaux domestiques ; da- tations C 14 : GRN 2001 = 5970 + 80 BP ; GSY 65 = 5440 + 400 BP, d'après les fouilles de GI0T).

IV - LA CAMPAGNE 1984

La Municipalité de Plomeur, propriétaire du terrain, ayant ac- cordé son autorisation, un sauvetage programmé s'est déroulé sans inter- ruption du 5 au 27 septembre 1984, sous la responsabilité d' 0. KAYSER, Conservateur à la Direction des Antiquités de Bretagne.

L'équipe de fouilleurs se composait de : Mme M.J. BRUNET, M. Y. DONGUY, Melle S. FORD, MM. B. LAGUNE, J.-M. LAPEYRE, M. LE G0FFIC, Melle S. LEMETAYER, MM. T. OLLIVIER, F. QUERAT, G. RAYNAUD, A. RAYER, G. SA0UTER, P. ZANCHETTA. - 4 -

11 m2 furent ouverts dans la couche mésolithique (fig. 3), celle- ci n'étant pas encore atteinte ailleurs, mais une tranchée liée à la pré- sence du blockhaus la traversait sur la bande C, sur 50 cm de large. Chaque vestige décelé dans l'amas coquillier (hormis les coquillages) était repéré en trois dimensions ; les déblais étaient sassés à l'eau, au double tamis, les objets pouvant être replacés par quart de mètre carré et 5 à 8 cm de niveau.

V - LA STRATIGRAPHIE (fig. 4)

f . ' V Un sondage réalisé en CI 203 révèle la stratigraphie suivante, qu'on a retrouvée dans les autres carrés, sauf bouleversements dûs à la tranchée allemande et une structure protohistorique dont on reparlera plus loin.

0 - 0,15 m = C1 : terre sableuse indurée avec petits galets, couleur brune.

0,15 - 0,40 m = C2 : couche sableuse avec nombreux gastéropodes terrestres, couleur gris-rose.

0,40 - 0,95 m = C3 : couche dunaire, avec réseau de précipitations,

couleur brun très pâle.

0,95 - 1,30 m = C4 : amas coquillier, couleur brun-gris très foncé.

1,30 m - ? = C5 : terre argileuse, couleur jaune.

- COUCHE I

De formation récente, elle a livré des morceaux de fer, un bou- ton d'uniforme et quelques silex dont un grattoir sur éclat cortical et un trapèze asymétrique court. - 5 -

- COUCHE 2

On l'a retrouvée sur toute la surface de la fouille. Sa consti- tution semble remonter à la Protohistoire. Sur les bandes CII-CIII, un amas de pierres, sans organisation apparente, fut rencontré (fig. 5). Celles-ci, d'origine locale, ne présentent aucun caractère particulier, excepté un bloc cylindrique qui fut peut-être une meule inachevée. Le matériel mobilier recueilli se répartissait comme suit :

. Çéramigue : Plusieurs micro-tessons de poterie commune, dont un à parois lustrées, sont attribuables à l'Age du Fer ; un fragment d'anse d'amphore a également été trouvé.

. Lithigue : Il y avait de nombreux silex en position se- condaire : nuclei, éclats, lamelles. Quelques outils attribuables au ni- veau mésolithique sont remarquables : un burin dièdre, trois troncatures, un trapèze de Téviec, un trapèze symétrique long, un trapèze symétrique à troncatures concaves, un triangle scalène à petite troncature concave, une lame Montbani. j

• Qyïlll®9§_9§§§y£ : Un objet sur os long fendu à partie ac- tive mousse est le seul outil en os découvert dans ce niveau. En assez bon état de conservation, il peut également provenir du niveau mésolithi- que (photo 9).

. F_a_u_n_e_ : La couche renfermait peu de coquillages. Des vestiges de mammifères étaient en mauvais état de conservatioh ; parmi ceux-ci, des restes de suidé ont été reconnus. Signalons enfin la présence d'une ver- tèbre de poisson.

La "structure" de pierres continuait hors de la fouille, à l'Est comme à l'Ouest. Cependant, au niveau des carrés Cil 202 - CIîI 202, celle- ci s'épaississait et était directement posée sur la couche 4. Son démon- - 6 -

tage révéla une sépulture creusée dans l'amas coquillier, et remplie par les mêmes déblais. L'individu (photo 7), dont l'état de conservation est moyen, gisait allongé sur le dos, dans le sens Nord-Nord-Est / Sud-Sud- Ouest, la tête au Sud-Sud-Ouest. Le membre supérieur droit était le long du corps, tandis que l'avant-bras gauche était replié sur le bassin. Les jambes convergeaient au niveau des chevilles. La face avait éclaté sous l'effet de la pression d'un bloc de pierre ; quelques dents ont pu être récupérées : toutes présentent une usure avancée. Ce squelette a été pré- levé pour étude par un spécialiste. Hormis quelques éclats de silex du niveau préhistorique et deux micro-tessons, aucun mobilier n'accompagnait l'inhumation qui, pensons-nous, est à mettre en liaison ayec l'habitat protohistorique de la plate-forme occidentale. A titre anecdotique, si- gnalons la présence d'un trapèze asymétrique court dans le remplissage de la boîte crânienne.

- COUCHE 3

En dehors de la zone de la sépulture, cette couche dunaire re- couvrait uniformément l'amas coquillier. Archéologiquement, elle était stérile.

- COUCHE 4

Nous examinerons plus loin, dans le détail, cette couche que constitue l'amas coquillier.

- COUCHE 5

Quelques éléments de l'amas étaient infiltrés dans la partie su- périeure de cette couche qui formait le sol lorsque les premiers Mésoli- thiques sont venus s'installer ici. Elle correspond à la couche de "mo- nastirien et solifluxion wurmienne" décrite par GIOT. VI - L'AMAS COQUILLIER

Il n'a été fouillé complètement que sur le carré CI 203 où la couche avait une puissance de 0,35 m en moyenne (DU CHATELLIER fait état d'une épaisseur de couche de I m dans une partie actuellement dé- truite). Quelques charbons de bois ont pu être prélevés à la base, en vue d'une datation C 14. La couche était riche en matériel, avec une concentration verticale dans les dix centimètres supérieurs et à la base, le mobilier étant plus clairsemé entre ces deux niveaux. D'autre part, une grande structure de pierres a pu être mise en évidence sur 8 m2. f

" LA STRUCTURE (photos I à 5 et fig. 6)

Il s'agit d'un lit de grosses pierres roulées et de galets pouvant dépasser les 50 cm de long. Cette structure appartient bien au niveau mésolithique et ne fait pas partie de la "structure" protohis- torique, même si les différentes pierres sont en contact dans la zone de la sépulture : dix à quinze centimètres d'amas coquillier la recou- vraient (cf. photo 1). D'autre part toutes les pierres de la structure mésolithique sont rubéfiées, ce qui n'est pas le cas de celles de la couche 2. Un matériel abondant fut rencontré à sa surface et entre les blocs où gisaient également de nombreux blocs de quartz éclatés sous l'effet de la chaleur (ce qui ne semblait pas être le cas de la majo- rité des silex).

Il ne semble y avoir qu'une couche de blocs, comme le laisse apparaître la coupe réalisée par les terrassiers allemands lors de la dernière guerre. La forme de cette structure ne nous est pas encore connue : elle n'existait pas sur le carré CI 203 et une partie du carré CI 202 ; au Nord, elle est bouleversée par les remaniements protohisto- riques ; au Sud (bande IC) et à l'Ouest (bande 199), elle continue dans la partie non fouillée cette année. - 8 -

- LE MOBILIER LITHIQUE (tableau I)

Plusieurs centaines d'artefacts ont été rencontrés, parmi les- quels 272 produits laminaires-lamellaires, 81 nuclei, 115 outils. Leur ré- partition spatiale (fig. 7) n'a rien de remarquable pour l'instant, l'es- pace fouillé étant encore trop restreint. Le matériau utilisé est princi- palement le silex recueilli dans les cordons de galets locaux ; les autres roches employées sont excessivement rares : quelques produits en quartz et quartzite montrent des traces de débitage indubitables.

, . Débitage |

Nuclei : Les 81 nuclei se répartissent entre nuclei unipolaires (33), nuceli informes (29), nuclei à enlèvements croisés (8), nuclei sur enclume (7), nucleus prismatique angulaire (1), nucleus brûlé indétermina- ble (1). Les variétés pyramidales, discoïdes, globuleuses sont totalement absentes.

Le passage du simple galet rapporté au campement au nucleus à enlèvements croisés, en passant par le nucleus informe, puis le nucleus unipolaire, se fait de manière continue. Le nucleus informe ne présente parfois qu'un ou deux enlèvements destinés à vérifier la qualité du silex. L'étape suivante consistait à détacher quelques éclats, mais le galet res- tait à peine entamé. Avec le nucleus unipolaire, toute une face du galet présente des enlèvements - parfois lamellaires - à partir d'un seul plan de frappe, la face opposée restant brute de débitage. Par la suite, une facette de débitage faisait office de plan de frappe pour un, puis plu- sieurs enlèvements, ce qui menait au nucleus à enlèvements croisés.

Une autre petite série est celle des nuclei à enlèvements bi- polaires dûs à un débitage pratiqué sur enclume. Ils ont l'aspect de piè- ces esquillées : il y a d'ailleurs continuité entre ces nuclei et les quel- ques pièces esquillées classées dans l'outillage. La série correspond au débitage côtier défini par R. JOUSSEAUME, mais apparemment, elle ne cons- titue pas un fond très important, contrairement au site analogue de Ker- hillio, par exemple. _ 9 _

Lames et lamelles : On compte 55 lames et 214 lamelles, entières ou fragmentées (+ 3 débris indéterminables), ce qui implique l'appartenance de l'industrie à un groupe à tendance laminaire - lamellaire. Les lames sont le plus souvent courtes en raison de la matière première employée (galets de silex marins de faible volume). La majorité des produits bruts résulte d'un débitage irrégulier, mais il semble que les meilleures lames et lamelles ont été employées dans la confection d'outils. Quelques frag- ments de lamelles aux bords droits et parallèles, à deux ou trois facettes, indiquent la connaissance du style de Montclus-Montbani. * • i

- L'OUTILLAGE

La série compte 101 outils identifiables, 8 fragments d'armatures et 4 d'outils communs ; on peut aussi y ajouter un percuteur sur galet oblong et un galet plat biseauté (photo 6). Voir le décompte par carré, d'après la liste-type élaborée par J.-G. R0Z0Y, au tableau I.

Grattoirs : Il n'y en a que deux, l'un sur courte lame (C 202,9), l'autre sur lame raccourcie de débitage Montclus-Montbani - ce grattoir ap- partient d'ailleurs au sous-groupe "g/uvùtoin de. Montcliu", défini par le G.E.E.M. en 1975 - (Cil 201, 11).

Perçoirs-burins : Un seul perçoir sur micro-éclat (C 202, 116). Les burins n'apparaissent pas ici, mais on sait qu'ils existent à Beg-an- Dorchenn : un dièdre trouvé dans la couche 2, un dièdre récolté en surface près du chantier, un dièdre représenté dans R0Z0Y, 1978, pl. 228, n° 8.

Eclats retouchés : Nous avons ici la classe la plus importante quantitativement. Cela va de l'éclat peu utilisé à l'éclat avec retouche d'aménagement. - 10 -

Esquilles : Peu abondants, il n'est guère possible de déter- miner si nous avons affaire ici à de véritables outils ou s'il faut les rattacher à la série des nuclei réalisés sur enclume (cf. supra).

Divers : Une pièce pédonculée en quartzite (CI 203, 126), un éclat à coche clactonienne (CI 201, 25), un petit éclat à retouches abrup- tes sur un côté (C 202, 117), un éclat à retouches semi-abruptes alternes sur l'extrémité distale : perçoir cassé ? (Cil 202, 24), un fragment de pièce à cran - sans doute pièce retouchée sur-encochëe - (CI 201, 31) constituent ce groupe. irî," " .1

Lames retouchées : Les outils sont réalisés sur courtes lames peu régulières, et dans un cas sur lame de débitage Monte!us-Montbani (C 200, 60). En ce qui concerne les lames à retouches continues, on cons- tatera que ces dernières sont inverses.

; 1*

Lamelles retouchées : On notera la bonne proportion des la- melles cassées dans ou au-dessus d'une coche, ce qui correspond peut-être à une technique de fabrication des armatures - la technique du microburin paraissant totalement délaissée -. Une seule lamelle cassée à troncature oblique : ce nombre paraît surprenant dans une industrie à trapèzes domi- nants : peut-être ce point pourra-t-il être élucidé si les fouilles se poursuivent.

Armatures (fig. 7) : Au nombre de 25, dont 8 fragments, elles sont essentiellement constituées par la classe des trapèzes. Les trapèzes portés au N° 104 - y compris ceux trouvés hors stratigraphie - ne corres- pondent pas réellement à la définition du trapèze de Téviec : "Trapèze, asymétrique dont les deux troncatures ¿¡ont nettement concaves" (G.E.E.M., 1969) : en effet, la grande troncature est rectiligne, la petite concave ; il s'agit probablement d'une forme évolutive du trapèze de Téviec. Même remarque pour les pièces du N° 102 (trapèze de Monte!us-Court : petite troncature concave, grande troncature droite). - 324 -

Le triangle scàlène à petite troncature concave s'inscrit dans cette même série ; il dérive de ces trapèzes par réduction de la petite base et non pas des scalènes des stades dIus anciens du Mésoli- thique. On remarquera par ailleurs les dimensions de cette pièce (Cil 201, 66).

Une pointe à base non retouchée (CI 203, 89) complète cette série : ce type archaïque ne doit pas surprendre, on le retrouve dans tous les gisements du Téviécien.

f . I; : f Lames Montbani : Elles sont réalisées sur produits de débi- tage de styles divers avec retouches parfois inverses.

- LES VESTIGES ORGANIQUES

L'accumulation de coquillages a permis la conservation de quelques vestiges fauniques. Ceux-ci sont tr^s fragmentés et assez cor- rodés toutefois.

• Qyti nage ,__garur§s

Un petit fragment d'os travaillé a été découvert en CI 203, mais les trop faibles dimensions interdisent toute identification. Plus intéressante est une pointe (CI 201, 125) (fig. 7, photo 10), longue de 49 mm, large de 6 mm environ (objet assez corrodé), épaisse de 2 à 3 mm ; la base est légèrement biseautée ; quelques traces de polissage sont en- core perceptibles vers la pointe. Ce tyDe est apparemment nouveau dans le Mésolithique breton.

Quelques coquillages perforés ont également été recueillis : deux "LùttosUna obtuAcuta.", trois "patMa" (photo 8). - 12 -

• Autres

Parmi les restes, qui seront confiés pour étude à un spé- cialiste, la présence d'un cervidé (ceAviu eXaphuA) a pu être reconnue.

Plusieurs vertèbres de poisson ont été relevées, mais celles- ci demeurent encore peu nombreuses. Les occupants du site de Beg-an-Dorchenn ont également consommé du crabe.

• Q99ylIlË9§§

Une étude quantitative s'avère très ardue : plusieurs di- zaines de mètres cubes ont été rejetés par les Mésolithiques; dont une bonne partie est actuellement détruite. De plus, la grande majorité est extrêmement fragmentée, avec des degrés différents suivant les espèces. Néanmoins, une approche qualitative est toujours possible.

Les deux espèces dominantes sont incontestablement les ber- niques (pateMaj et les coques (c.

VII - CONCLUSIONS - PERSPECTIVES

Le site de Beg-an-Dorchenn demeure un élément clef pour l'étude de la néolithisation de l'Armorique. Sur ce plan, nous attendons beaucoup des futures datations C 14 - confirmant ou infirmant celles dé- jà connues - et de l'examen de la faune.

L'outillage lithique est celui qu'on retrouve dans la majo- rité des sites de transition Mésolithique final - Néolithique ancien, avec dominance des armatures trapézoïdales et présence des lames et lamelles denticulées, dites "L Montba.nl".

Plusieurs caractères négatifs différencient cette industrie des cultures plus ou moins contemporaines : absence des microburins (rem- placés par la technique de l'encoche sur lamelle ?) ; ignorance de l'ar- mature à éperon, de l'armature à retouches basai es inverses plates, de la flèche du Châtelet, etc...

La comparaison logiquement attendue avec le Téviécien du site ëponymp et de Hoëdic est assez difficile à établir, le mobilier de ces deux sites n'ayant pas été conservé intégralement. Toutefois, le style de Montbani n'y apparaît pas encore, semble-t-il ; les armatures archaïques (pointe à base non retouchée) et les scàlènes y sont plus nom- breux. Si Beg-an-Dorchenn appartient à la même famille, ce gisement en représente un stade évolué.

Les meilleures comparaisons peuvent être établies avec Ty- Nancien en Plovan (distant d'une douzaine de kilomètres à vol d'oiseau), où les armatures sont semblables, mais où la céramique pourrait être présente, et avec Kerhillio en Erdeven, dans le Morbihan (tableau 2) : la confrontation des diagrammes cumulatifs des deux sites (Kerhillio : tri ROZOY, 1978 ; Beg-an-Dorchenn : diagramme provisoire, à préciser et modifier en fonction des travaux ultérieurs) montre une identité des - 14 -

deux ensembles, les différences jouant surtout au niveau des burins (mais on sait qu'ils existent en dehors de la fouille à B.A.D.), des lamelles encochëes (plus nombreuses à B.A.D.) et des lamelles tronquées (plus nom- breuses à Kerhillio), des triangles (plus nombreux à Kerhillio) et des lames Montbani (plus nombreuses à B.A.D.)=

Une nouvelle intervention est envisageable en 1985 ; les grands axes de recherche seront les suivants :

, . - Meilleure définition de l'industrie lithique.

- Décapage intégral et identification de la structure de pierres rubéfiées.

- Acquisition de plus amples informations sur la faune consommée.

Cette opération s'intégrerait dans une campagne de protec- tion et de mise en valeur de la presqu'île de Reg-an-Dorchenn, sur l'i- nitiative du Département.

Automne 1984

Olivier KAYSER ::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::c c c c cr'cr cr çf çijçjjçu::;::;:: n ZOO 201 202 203 200 201 202 203 200 201 202 "TOTAL Gnattoin, bout di ime., count : : '. i i '. : : : : ; : : : j Gnattoin ARC.COU/LCÂ. : : : : : : : : : : 1 : : ; ; Eclot gpalz de.nUe.ult '.'.'.'.'.'. 1 '.'.'.'.'. '.: 1 Eciat mince dervticuii : : ; : : : ; : I : i : : j : : i :: 6 Eclat mince tnonqul ; : : I ; : ; : : ; : ; ; ; ; i Eclat mince AeXouchl • : : 3 '. 1 : 2 I 3 '. 1 : 2 '. 3 : 2 '. 3 '. :.' 20 veA^oin. : : : i : : : : : : : : :; j pièce eóquiuée :2'. : : i : : : : i : i : 1 : ;: 6 Vlvenz ouXilz coimuni ', ; '. 1 '. '. 12'. '. 1 '. '. 1 '.'. 5 Lame cL tAoncaXuAe concave t '. '.I'll ; '. '. '. : ; ; ; 2 Lame à Xwncatune nectclLgne '. 1 '. : '. : .' : : : '. 1 : : : 2 Lame 3. AeXouc.hu AlgulilAe.i : : '. 1 ', Î : : I 2 ! ; : 3 Lameiie à bond abattu paAtiei : : : : : :/.: : : : : :: j Lamelle à neXouchez paAXiellez nigulilAeJ, '. '. i : i : : ; : : I : i : ; : :: 6 Lamelle à neXouchez continua : ', : : : : : : : ; ; i : ; ; Lamelle bondit : l ; : ; ; , ; : : ; ; ; ; ; Lamelle ci coche unique '. : : : ; '.Il : : : : I : : 2 Lamelle cazzle au-dezzuz d'une coche '.'.I'. '.'.'.'.'.'.'. 1 '.'. 1 Lamelle cazzle danz une coche '. 1 '. '. '. 1 '. '. 1 '. 1 '. '. '.!'. '.: 5 Lamelle i tnoncaXune tnanzvenzale '. 1 : '. 1 '. : ', 1 '. '. '. 1 : :: 4 Lamelle cazzêe. à tAoncaXuAe oblique : I : : : : : : : : : : : î Pointe à tnoncatune tnlz oblique I'.'.'.'.'.'.'. 1 ', '.'. '.'. 1 Triangle ¿caline à petite tAonc. concave' '.'.'.','.'.'.:: 1. y. 1 Tnaplze nectangle couaX : : '. 1 '. I ; ; : : ', 1 '. '. : 2 TrapèzeTw.pize zymiXAique iijmltAiquz long couax '.'.'.'.'.'.': i '. i ', : : ;. 1: '.','.': : ;. ; '.'. :: 1 2 Trapèze 4ymêXAlque à Xnonc. obliquez '.'.'.'.'.'.'.'. 1 '. : '. '.'. 1 Tnaplze zymltAique â tAonc. concave.i '. '. ! : : 3 : '. 1 '. '. 1 '. '. 2 '.'. 7 TnapizeTnaplze de de Montciui Tiviec couax :: :: i :: :: :: i :: i ;: :: i :: :: :: ::: : 22 Lame i cochez multiple* unllaXlnalez : : : : : : i : : : :: I ::::: Lamelle â cochez multiplez unitaXlnalez '. '. 1 ; : : II'.'.'. : I : ; : : : Lamelle à AeX. pantiellez unilaXÎnalez : : 1 '. : ; : i : : : : : : 2 : : : : : Lamelle à netouch&i jumeliez '. '. '. : :::::: i : 1 : : : : : Lame à neXouchez jumeliez '.'.'. 1 '.'.'.'.'.','.', '.: l ::::: Lamelle à cochez décaliez '.'.'.'.'.'.'. 1 '.'.'.'. '.'. 1 ::::: Lame ì neXouchez dicaiiez : : : : : : i : : ? : : : : : 2 : : : : : Lamelle à neXouchez décaliez '.'.'.'. 1 '.'.'.'.'.'.'. '.'. 1 : : : : : total : 6 : s :i2 : s : s : 9 :i4 : 6 :ii : 7 :: 101 Fnagmentz d'anmatunez : ! '.'•'. 1 '. 1 '. 1 3 '. 2 '. '. : S fnagmentz d'ouXilz I I '. I '. : ', 1 '. 3 '. '. :: 4 GaleXz utitczlz '. '. : ', 1 ', '. 1 '. ', \ : 2

Lamellez biuXez enXllnez '. 4 '. 1 \ 1 : 2 : 1 : 2 : 7 : 4 : : 2 \ 3 '.'. 27 Extnémixéz pnotumiez \ 2 : 2 : 6 : 3 '.' & : io \2i : is : 3 : 9 : :: 77 Fnagmentz mlziaux : : 2 6 : 1 ! 3 :13 '. 15 :11 : J : 11 : 5 : : 6S ExxnimUiz diztaiez '. 3 : : 6 : i : : 5 : 9 :11 : i : 2 : 4 : : 42 TOTAL LAMELLES BRUTES ! 9 i 5 ! 19 i 7 ! 10 ''.30 ''.52 :41 '. 5 ''.24 \l2 i: 214 Lrnez bnuXez entilnez '. : '. 1 '. 1 '. 1 '. 2 '. 1 '. : : : : : 6 eKinimixiz pnoximaiez : : 3 : i : 3 : 2 : 2 : 6 : 5 : : 3 : 1 :: 26 Fnagmentz mizla.uK ; '. 1 '. 3 '. 2 '. '. '. 2 : 2 : 2 : I : 1 :: 14 Extnlmitlz diztaiez : 2 '. '. 1 '. 2 '. : '. 3 '. : '. : 1 '.'. S TOTAL LAMES BRUT-ES '. 2 l 4 \ 6 \ S l 3 l 4 112 '. 7 l 2 ' 4 l 3 '.'. 55 Pnoduitz laminaiAez ou itmeiiainez non idénti'^iablez '. '. 1 '. '. '. '. '. 2 '. '. ! : '. '. 3

Tableau 1 : Décompte de l'outillage trouvé dans la couche 4, par carré. GRATTOIRS ECLATS PERCOIRS DJVERS UNES LAMELLES RET. RET. BURÏHS o.c. JET. t'' i / 7

? BEG AN D 3RCHEN N \ . .. , .. ^S KERI IILUO

[y J

/

i h- /

pgjKïïS LAMELLES RET- POINTES A BASE 0. LAMES ET ! I A BASE SEGMENTS A DOS TRIANGLE! CQUV. RETOUCHEE TRAPEZES M. LAMELLES 0 MOHTBAHl 4¿riV I |, • »i «i M .« fl i« il ai «4—1M B .11 iiH Ui U t»É 1» M1 M1 1>1 1 11 NU MK HPEJ ».1 H « »i, Lu i» ,JH ,.l J.1 L» 1M M1 ,II iiL..i Ui .*.„ .J» 1L-J—i— T11 L _K »1 tl M 11 » « « M M MU II H « K «1 11 <>

Tableau 2 : Diagrammes comparés de l'outillage de Beg-an-Dorchenn (trait fin) et de Kerhillio, tri Rozoy (trait discontinu). i

FecUMe Pointe de PenwaA.a'h 3-4

rat an~üorch«n

jointe de la Torche ft Korfeunteun~>/'

/Poull Coq'

.Kerloc'h • Musée, de Kerloc'h

lostalloc'h Batte Youtalivei '/Kerbervet, Marài/di^eïœ/s ' 'Prat ar Calloc'h. Kervilon |

Buz-Bu Kerameil Léon^uit Kélourn -Kerganten É.Kerguiilan,

«Karliguísirrc 'KèreilacJ Rusúeyerí<.

Groj/m/Hj m Kerontec Rucroazic1 Cadortc Bassa Plate

'fezánnou. 'oulflállec Kervellac J 'Men Ménez

Kerfézec ínirrinrriv

^t.FK^llì? Grov/e- .* . .rJSKViu Petite -Chômez Praz- •. v k

o

LA TORCHE

6QS

v» — — "

PLOMEUR Finistère Section A4 Echelle 1/2000 3

FRONT DE FALAI5E

Fig. 3 : surface fouillée en 1984. BEG AN DORCHENN

4 : coupe stratigraphique; carré CI 203, nord . La couche 4 est celle de 1'amas coquil1ier. •H in 0) a

Fig. 5 : "Structure protohistorique"; les carrés de fouille donnent l'échelle : 1 x 1 m. o

Fig. 6' Structure prise dans l'amas coquillier, les carrés de fouille donnent l'échelle : 1 X 1 m. /

• •* . I

• m

> . qQ . • > ; - t> Q « - n ^ o "» -i< D • | • i o t '• 2 , S t J S ï » 3 S L > • • a . I • * « >-££ • •I -Î .ChD. a a — . d l'a • . I . • . * • fn • I «

« * • I •« H • V • • « > • . ; ' il I .I. i I a I D ' I «a • + l .' f > i I • *' i a . i • # \ . P • • • • a > o . -a • M a.

a '

i : . . i i . + i • + < i • ° • .. i > i

la cf »• l

Fig. 7 : Répartition des artefacts dans la couche 4 ; les carrés de fouille donnent l'échelle : 1 X 1 m. o

Fig. 8 : armatures et pointes en os ; les armatures prises dans l'encadré ont été découvertes hors de la couche 4 (le trapèze x 5 était dans le remplissage du crâne protohistorique). y

Fig. 9 : Beg-an-Dorcherm dans son contexte mésolithique. Les datations sont prises B.P. On n'a pas de datation pour Ty-Nancien, Kerhillio (probablement con- temporains de Beg-an-Dorchenn) et Téviec (plus ou moins synchrone avec Hoëdic). Pas d'industrie de type mésolithique à Curnic où la datation a été prise sur un foyer. PLOMEUR (FIvúMlfiz)- Bzg-an-Vo^ckznn I9S4

7- . StswutLghJipkLz - UotoA ¿a AtAuctuAz phÁJ>z demi, t'amai, coquUZtíeA.

1- . Iluz d' znòzmbZz dz ùl AtsiucXu/iz mzAoLLtkíquz.

FLOMEUR (F-ítvú*-tè-ie.) - Bz.Q-a.n-V o ic.hz.nn î 9S4

SípultuA-n piotokiòtosUqun c^ieaóée dayu> l'amai, coquúZtieA. PLOMEUR Irmüßwl - Stg-an-Vozchdnn 19¿4

S. Fmjuaza de. ¿a coucke. 4 : - en haut : littofùna. - m bcu> i pattila..

PLOMEUR [Tiiiiòttm) - Beg-an-VoAckenn

Plomeur IBeg-an-Dorchenn

10. Pointe, en o& (couche. 4).